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Channel: Histoire de la Bibliophilie
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La Librairie selon les Dorbon

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Vadans (1900)
Les Dorbon sont originaires de Vadans [Jura], dans le val d’Arbois, sur la rive droite de la Cuisance, où ils étaient cultivateurs et vignerons. Vers le milieu du XVIIIe siècle, une branche s’installa à 3 km au nord-ouest, au village de Molamboz.

Jean-Claude-Théodore Dorbon y est né le 12 novembre 1845, dans la maison de ses grands-parents paternels, située au lieu-dit « le quart des Côtes ».

Molamboz (2020)
Le village de Molamboz, bâti en amphithéâtre sur le revers occidental d’un mamelon qui s’incline sur la vallée de la Cuisance, comptait alors 340 habitants ; les habitations, ombragées d’arbres, étaient groupées, très grandes, bien construites en pierre et couvertes en tuiles plates ou creuses ; construit sur la pente de l’éminence du village, l’ancien château, acheté par la commune en 1843, renfermait la mairie, le presbytère, le logement de l’instituteur et la salle d’étude.


Théodore Dorbon était l’aîné d’Antoine Dorbon (1816-1884) et de Jeanne Boisvert (1824-1890), mariés à Molamboz le 3 février 1845. Antoine Dorbon était le benjamin – et 2ejumeau - des neuf enfants de Jean-François Dorbon (1780-1853) et de Françoise Vercez (1775-1846), mariés à Molamboz le 10 ventôse An VII [28 février 1799].

Cour du 13 rue Visconti, avec la célèbre vigne de Racine (1875)
Arrivé à Paris, Théodore Dorbon était devenu libraire. Il habitait au 13 rue Visconti [VIe, détruit en 1942] – longtemps considéré comme la dernière maison habitée par Racine, alors que celui-ci est mort au 24 de la même rue – quand, le 21 juin 1877, il épousa Hélène-Étiennette-Jeanne-Henriette Pichegru, née à Spa [Belgique] le 14 décembre 1853, fille de Pierre-Louis-Altème Pichegru et de Henriette-Gérardine Prinsen.

20 rue Bonaparte (avril 2019)


Le 10 juillet suivant, il déclara la fondation de sa librairie au 20 rue Bonaparte [VIe] et employa son frère cadet Henri, né le 9 février 1855 à Molamboz, pour le seconder. Ses collègues Joseph-Alfred Gougy (1830-1890), 42 rue Mazarine, et Adolphe-Aimé Patay (1835-1923), 10 rue Bonaparte, spécialisé dans la littérature chansonnière, étaient alors ses amis intimes.

In Physiologie des quais de Paris, p. 275
« Il y a déjà plusieurs années est mort, rue Bonaparte, dans la maison du libraire Leroux, M. le vicomte de Lastic Saint-Jal. Cet éclat de la vieille roche s’était fait bouquiniste en chambre et trouvait le moyen de gagner quelque argent. Chaque après-midi, il courait dans Paris, visitant les marchands de bric-à-brac, les marchands de papier, les pensions, les couvents même, où son nom lui donnait ses entrées. Il promettait des commissions aux intermédiaires, et offrait directement ses services aux amateurs désireux de se défaire de leurs livres, précieux ou non. Il arrivait ainsi à avoir tous les jours chez lui une quantité de livres nouveaux, que les bouquinistes allaient visiter le matin. […]
Il était très prodigue de détails sur son origine, sa vie et ses travaux. Il aimait à raconter qu’en Angleterre, il était considéré comme un des plus grands savants français, que ses fouilles et les travaux qu’elles avaient provoqués avaient relégué au second plan Boucher de Perthes et le marquis de Nadaillac. Pour peu qu’on poussât au delà la conversation, on apprenait qu’il était le plus grand jour d’échecs de France, et que, pendant un temps, il avait fait courir tout Paris au café de la Régence. A l’entendre, il rendait aux personnes à qui il voulait bien faire l’honneur de vendre des livres, des services inestimables. “ N’avait-il pas fait la fortune de Dorbon, alors libraire rue Bonaparte, contribué à celle de Rouquette et de Fontaine, sans oublier Morgand ? – Quant à ce pauvre Dumaine, le libraire militaire, il est trop évident que, sans M. de Lastic, il n’aurait jamais pu se tirer d’affaire.” » [sic]
(Octave Uzanne. Physiologie des quais de Paris. Paris, May et Motteroz, 1893, p. 273-276)

6 rue de Seine (1867)
Photographie Charles Marville
La librairie de Théodore Dorbon, dit « Dorbon père », fut transférée en 1890 au 6 rue de Seine [VIe], où avait exercé autrefois Jean-Baptiste Le Normant (1765-1832), imprimeur-libraire, ami et éditeur de Chateaubriand, puis son fils : « Librairie ancienne et moderne de livres rares et d’occasion. Littérature, histoire, archéologie, beaux-arts, architecture. Livres à gravures. Catalogues mensuels à prix marqués. Achat de bibliothèques au comptant ». À partir de 1892, la librairie eut comme voisin, au niveau du n° 8 qui n’existait pas, un éditeur de photographies, A. Foncelle. Quotidiennement, Théodore Dorbon faisait, avec sa femme, la tournée des bouquinistes des quais et se rendait acquéreur de tout ce qui pouvait avoir une petite valeur sur un catalogue ; la mort prématurée de sa femme le 10 septembre 1892, dans sa 40e année, mit fin à ses excursions sur les quais. 

Dernier catalogue de "Dorbon père"
Il ne tarda pas à la rejoindre, le 14 janvier 1895, âgé de 49 ans, laissant deux fils : François-Louis, né le 26 mars 1878, âgé de presque 17 ans, et Lucien-Henri, né le 29 janvier 1882, âgé de presque 13 ans.

Dans l’attente de pouvoir succéder à leur père, leur oncle Henri Dorbon prit la direction de la Maison qu’il n’avait pas quittée depuis sa fondation. 


Ce fut Henri Dorbon qui acheta la bibliothèque de Stanislas de Guaita (1861-1897) et qui en publia le catalogue : Stanislas de Guaita et sa bibliothèque occulte (Paris, Dorbon, 1899, in-8, [3]-[1 bl.]-VI-[1]-[1 bl.]-299-[1 bl.] p. et 6 pl. h.-t., 2.227 + 10 doubles [bis] – 2 manquants = 2.235 lots), avec une « Table des noms d’auteurs, traducteurs et annotateurs et des ouvrages anonymes ».

Rue de Seine : numéros 8 et 6, de gauche à droite (1912)
Photographie Archives de Paris
En 1900, Lucien Dorbon, encore mineur [la majorité était alors à 21 ans], reprit la librairie d’ancien fondée par son père, que son oncle continuait à administrer : son voisin, Mulder, éditeur de photographies, avait succédé à Foncelle en 1895. 


La librairie possédait alors un important stock de plus de 250.000 volumes anciens et modernes en tous genres et éditait toujours un catalogue mensuel.
Le 10 octobre 1905, Lucien Dorbon épousa Marcelle-Yvonne Bernard, née le 30 novembre 1884 à Cherbourg [Manche], fille de Henri Bernard et de Marguerite-Gabrielle-Marie Lotte, receveuse des Postes : Henri Dorbon, son oncle, et Henri Raverot, son cousin, tous deux libraires 6 rue de Seine, se trouvaient parmi les témoins. Laurent Ollivier, éditeur de photographies, succéda à Mulder en 1906.
Marcelle Bernard étant décédée brutalement dans sa 22e année, le 21 juillet 1906, Lucien Dorbon se remaria, le 27 février 1908, à Brest [Finistère], à Marcelle-Rose-Marie Le Lan.


En 1912, Lucien Dorbon publia le Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes(3 vol. in-8), par Albert-L[ouis] Caillet I. C. [Ingénieur Civil] (1869-1922), mais se détacha assez rapidement de l’occultisme.


En 1932, la librairie du 6 rue de Seine déménagea au 156 boulevard Saint-Germain [VIe].

Départ de Laurent Ollivier (14 octobre 1938)
 Photographie Jean Fischer-Roger-Viollet

6 rue de Seine (mai 2019)
En 1938, la Documentation photographique Roger-Viollet succéda à Ollivier et finit par occuper l’ensemble du rez-de-chaussée de l’immeuble du 6 rue de Seine.
Dans les années 1950, Pierre Berès (1913-2008) acheta la librairie du boulevard Saint-Germain, « pour les trésors qui dormaient dans la cave », mais lui conserva le nom de Lucien Dorbon, même après la mort de ce dernier, qui arriva, le 20 octobre 1960, en son domicile du 156 boulevard Saint-Germain.


Lucien Dorbon a utilisé un ex-libris [92 x 85 mm], gravé par Georges Noyon (° 1881), originaire de Cherbourg, d’après un dessin d’Alphonse Monchablon (1835-1907) : un vieux lecteur, vu de dos, au milieu de ses livres amoncelés, avec la devise « + Cherchez + et + vous + trouverez + » et la légende « Ex-Libris Lucien Dorbon ».

Portrait de Louis Dorbon (Liège, 4 juillet 1913), par Armand Rassenfosse
En 1900, Louis Dorbon, dit « Dorbon Aîné », était en stage de librairie en Angleterre. Furieux d’avoir été évincé par son frère cadet, il ne le vit plus jamais, malgré le dédommagement financier qu’il reçut. 

45 quai des Grands Augustins
En 1910, pendant les inondations, à gauche ; en 2019, à droite



Il fonda sa librairie en 1902, au 45 quai des Grands Augustins [VIe], dans un immeuble de cinq étages, construit en 1780. 

53 ter quai des Grands Augustins (14 juillet 1913)
In Le Béton armé, septembre 1913, p.131


53 ter quai des Grands Augustins (2019)


Elle fut transférée l’année suivante au 53 ter quai des Grands Augustins : « Catalogues mensuels franco sur demande, achat au comptant de livres anciens et modernes de tous genres, littérature, philosophie, sociologie, histoire, beaux-arts, blason, chasse, provinces de France, sciences occultes, livres illustrés, manuscrits avec et sans miniatures ».

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche
En 1904, Louis Dorbon fit faire un ex-libris [70 x 53 mm], posthume, par Albert Robida (1848-1926), pour le coller sur les ouvrages de la bibliothèque de Gustave Larroumet (1852-1903) qu’il mit en vente.



(1905)
Photographie L'Oeil de Mercure



En 1908, il débuta une collection appelée « Les Bibliophiles fantaisistes », avec Nos élégances, par Marcel Boulenger :

« Dans l’état actuel de la librairie, les éditeurs français se refusent à publier tout ouvrage qui n’entre pas dans les dimensions du volume courant à 3 fr. 50 ou qui ne respecte pas les conventions les plus plates et les préjugés à la mode.
Or le Rouge et le Noir de Stendhal dépasse les dimensions du 3.50, le Hasard du Coin du Feu de Crébillon le fils les atteint difficilement, et Tribulat Bonhomet de Villiers de l’Isle-Adam ferait tomber en convulsions un très grand nombre d’éditeurs. Il semble donc que l’on puisse, avec quelque apparence de raison, offrir au public des ouvrages en dehors des séries auxquelles nous sommes habitués.
En conséquence, les Bibliophiles fantaisistes se sont proposé, à la manière des éditeurs anglais ou américains, de publier des ouvrages de formats et de genres les plus divers.
Nous avons eu le rare plaisir de voir notre initiative comprise par un certain nombre d’auteurs déjà célèbres : MM. Marcel et Jacques Boulenger, René Boylesve, François de Curel, Louis Laloy, Paul Margueritte, Nozière, Henri de Régnier, Laurent Tailhade, Jérôme et Jean Tharaud, dont nous avons publié ou publierons des œuvres avant le 1er janvier 1910.
Chacun de nos volumes est imprimé avec les caractères, le format et le papier qui nous semblent le mieux convenir au sujet. Nous arrivons ainsi à offrir à nos souscripteurs des ouvrages qui, par la manière seule dont ils sont présentés, constituent déjà des ouvrages de bibliophile.
Ils sont toujours tirés à 500 exemplaires numérotés à la presse.
Les souscripteurs s’engagent à verser une somme de 5 francs pour chaque volume qui leur est remis par la poste contre remboursement. La souscription annuelle ne s’élève jamais au-dessus de 50 francs et la Société se réserve, s’il est publié plus de dix volumes par an, de les offrir aux membres souscripteurs.
Les exemplaires non souscrits sont mis dans le commerce à un prix variable, mais qui ne s’abaisse jamais au-dessous de 7 francs 50.
Les souscription [sic] pour la première année courrent [sic] du 1eroctobre 1908. M. Eugène Marsan, administrateur de la Société (11bis rue Poussin, Paris XVIe), est chargé de les recevoir. »
(In Jacques Boulenger. Ondine Valmore. Paris, Dorbon Ainé, 1909)  



Le jour de Pâques, le dimanche 27 mars 1910, la librairie et l’appartement de Louis Dorbon, absent, furent cambriolés par ses employés.  

« Avec une audace déconcertante, des cambrioleurs se sont introduits dimanche après-midi dans l’appartement de M. Louis Dorbon, libraire, 53 ter, quai des Grands-Augustins, parti pour passer les fêtes de Pâques dans sa propriété d’Orry-la-Ville, dans l’Oise.
M. Bleynie, commissaire de police du quartier de la Monnaie, informé vers six heures du soir par des voisins que la porte du magasin était grande ouverte, se rendit aussitôt avec son secrétaire, M. Dumont, à l’endroit indiqué, et constata que tout avait été mis à sac, tant dans les magasins et bureaux du rez-de-chaussée que dans l’appartement du premier étage auquel on accède par un escalier.
Les tiroirs avaient été fracturés, les armoires et les bureaux éventrés et bouleversés. Des gravures de valeur gisaient à terre, lacérées à coups de couteau, tandis que, dans un coin, de vieux livres et d’antiques fascicules avaient été jetés pêle-mêle.
Les cambrioleurs-vandales avaient ensuite pénétré dans la salle à manger, car cinq verres vides se trouvaient encore sur la table, à côté d’une poussiéreuse bouteille de Bordeaux, choisie par les bandits pour se réconforter.
M. Dorbon, prévenu télégraphiquement du vol dont il était victime, accourut, et, en présence de M. Bleynie, fit l’inventaire de ce qui avait été dérobé.
Tous les bijoux et toute l’argenterie ont disparu, ainsi que de nombreuses gravures et une grande quantité de volumes de valeur. Le montant du vol atteint au bas mot 40,000 francs.
Poursuivant son enquête, le magistrat instructeur reçut les dépositions de deux personnes qui, vers quatre heures de l’après-midi, aperçurent un individu à la fenêtre du premier étage. Elles purent en fournir un signalement assez complet.
Le service de la Sûreté a mis aussitôt plusieurs inspecteurs en campagne, et le service anthropométrique a relevé diverses empreintes digitales, tant sur les meubles fracturés que sur les verres dans lesquels les bandits avaient bu. »
(« Une Librairie mise à sac par de hardis Cambrioleurs ». In Le Journal, mercredi 30 mars 1910, p. 3)

« Dans la nuit du dimanche au lundi de Pâques, M. Dorbon, éditeur-bouquiniste, quai des Grands-Augustins, 53 ter, s’était absenté de Paris. A son retour, il trouva son magasin et son appartement entièrement dévalisés : 3,500 francs de mandats-poste, émanant de ses clients, et 20,000 francs de livres rares, de bijoux et de linge avaient disparu.
L’enquête entreprise par le service de la Sûreté permit de savoir qu’on était entré chez M. Dorbon par la porte principale de l’établissement donnant sur le quai des Grands-Augustins et dont le verrou intérieur avait été laissé ouvert à dessein. C’était donc parmi les employés qu’il fallait rechercher les coupables.
Une active surveillance fut exercée, et les auteurs du cambriolage furent surpris par deux inspecteurs de la Sûreté, déguisés en maçons, au moment où, au domicile d’un des employés, ils chargeaient sur un fiacre les objets volés.
Les cambrioleurs au nombre de cinq : Justin Baudot, vingt-huit ans, comptable, boulevard Saint-Germain ; Léon Louët, vingt-huit ans, comptable, rue Jean-de-Beauvais ; Léon Sarre, vingt-six ans, employé de commerce, rue Saint-Martin, et leurs maîtresses : Juliette Breton, trente-quatre ans, couturière, rue du Vert-Bois, et Geneviève Mattei, vingt-quatre ans, rue de la Grande-Truanderie, ont été amenés avec leur butin au service de la Sûreté.
Juliette Breton et Geneviève Mattei avaient reçu pour leur part tout le linge dérobé.
Tous les livres précieux ont été retrouvés chez les inculpés ; les autres, qui avaient été déposés en consigne à la gare d’Orsay, ont été saisis.
Au cours d’une perquisition opérée chez Baudot par M. Hamard, le magistrat a découvert un attirail complet et moderne de cambrioleur, ainsi qu’un trousseau de soixante-dix-huit clefs perfectionnées s’adaptant aux serrures dites à “ pompes ”.
Toute la bande est au Dépôt. »
(« Un Éditeur dévalisé par ses Employés ». In Le Journal, mardi 12 avril 1910, p. 4)

19 boulevard Haussmann (mai 2019)
En 1912, expropriée par la Compagnie générale des omnibus de Paris, pour installer son siège social, la librairie Dorbon-Aîné déménagea au 19 boulevard Haussmann [IXe]. 




(1927)

Dans le catalogue de la librairie figuraient des ouvrages de Albert Robida, Henri Boutet, colonel Albert de Rochas, Alexandre Saint-Yves d’Alveydre, Gérard Encausse dit « Papus », Léon Tolstoï, Albert Marignan, Xavier Privas, Dr Émile Mauchamp, Jules Bois, Maurice Barrès, François de Curel, Edmond Jaloux, Frédéric Bargone dit « Claude Farrère », Paul Margueritte, Henry Bordeaux, Francis Durand dit « Francis de Miomandre », Marcel et Jacques Boulenger, René Boylesve, Sacha Guitry 


et le Manuel de l’amateur d’estampes du XVIIIe siècle (Paris, Dorbon-Aîné, s. d. [1910], in-8, [3]-[1 bl.]-447-[1 bl.] p. et 1 frontispice et 105 pl. h.-t.), par Loys Delteil (1869-1927), expert à l’Hôtel Drouot, comprenant la description de 1.819 estampes en noir et en couleurs, la désignation de 795 artistes, peintres et graveurs, et donnant 2.379 prix d’adjudication des ventes des dernières années.  

(1911)

(1913)

La librairie Dorbon-Aîné était devenue la plus connue de toutes celles qui étaient spécialisées en sciences occultes.


Louis Dorbon utilisait un ex-libris [60 x 50 mm] gravé par Albert Robida, portant « LIVRE PLVS QVE LOVIS DORBON ».


Dans les années 1920, Louis Dorbon réalisa la réimpression de l’édition de 1860-1865, en 6 vol. in-8, par Firmin-Didot frères, fils et Cie, du Manuel du libraire et de l’amateur de livres (Paris, Dorbon-Aîné, s. d.), par Jacques-Charles Brunet (1780-1867), en 9 volumes in-8, dont 2 vol. de Supplément[réimpression de l’édition de 1878-1880, par Firmin-Didot et Cie], par Pierre Deschamps (1821-1906) et Gustave Brunet (1805-1896), et un Dictionnaire de géographie ancienne et moderne [réimpression de l’édition de 1870, par Firmin-Didot frères, fils et Cie], par Pierre Deschamps.

Bas relief polychrome, par Antoine Bourdelle (1861-1929),
 pour orner la façade du pavillon du livre de l'Exposition de 1925
 Musée Bourdelle, Paris
En 1926, Louis Dorbon fut nommé chevalier de la Légion d’honneur au titre de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, première exposition d’envergure après la Première Guerre mondiale.


La célèbre Bibliotheca esoterica. Catalogue annoté et illustré de 6707 ouvrages anciens et modernes qui traitent des sciences occultes […] comme aussi des sociétés secrètes (Paris, Dorbon-Aîné, s. d., in-8, [3]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-656-[2] p.) fut publiée en 1939. Durant la guerre, les livres furent préservés dans la réserve de la librairie, sur laquelle les scellés avaient été apposés.
Resté célibataire, Louis Dorbon est décédé le 9 octobre 1956, en son dernier domicile, 91 rue Manin [XIXe]. Jean Guille reprit la librairie jusqu’en 1974.











Charles Nodier aurait 240 ans !

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Jean-Charles-Emmanuel Nodier est né à Besançon [Doubs], le 29 avril 1780, de Suzanne Paris et de Antoine-Melchior Nodier (1738-1808), avocat au Parlement de Besançon. Il fut légitimé, ainsi que sa soeur Jeanne-Claude-Elisabeth (1784-1865), lors du mariage de ses parents, le 12 septembre 1791.


Sa maison natale n'existe plus. La maison familiale, au 11 rue Neuve (aujourd'hui rue Charles Nodier), à Besançon [Doubs], est celle de son grand-père, Joseph Nodier.


Le Tableau de la Croix qui a rendu célèbre le graveur rémois Jean Colin (1623-1701)

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L’identification des graveurs français ou étrangers, ayant porté le nom de J. Colin ou Collin et ayant exercé dans la seconde moitié du XVIIe siècle, paraît impossible.

Qui était Johann Collin, graveur né à Anvers [Belgique], ayant travaillé en Hollande, à Rome, à Paris et en Angleterre ? Charles Le Blanc, ancien employé au département des estampes de la Bibliothèque impériale (Manuel de l’amateur d’estampes. Paris, P. Jannet, 1856, t. II, p. 39), lui a attribué LeTableau de la Croix(Paris, F. Mazot, 1651), sans autre explication que la date de 1682 sur un portrait étranger au livre – seule date d’activité connue dudit Collin - et sur l’ignorance de la date d’un exemplaire de ce livre édité par Chiquet. Le même Charles Le Blanc perd d’ailleurs toute crédibilité quand, en particulier, il attribue à Collin d’Anvers le portrait de Jacques Thurer [i. e. Thuret], chanoine, vicaire général et official de Reims, signé « J. Colin Sculp Remis ». 
Qui était un autre Jean Colin, graveur au burin, qui a travaillé à Reims [Marne] de 1660 à 1696, toujours selon Charles Le Blanc (Ibid., p. 35) ?
En outre, quelle signification doit-on accorder à l’orthographe changeante de leur patronyme ?

Les études du négociant Maxime Sutaine (1805-1864) sur les artistes rémois ont eu longtemps le mérite d’avoir été les seules réalisées. Mais elles trahissent l’absence de sérieuses recherches biographiques, défaut de bon nombre d’historiens du XIXe siècle, ce qui empêche l’analyse profonde de l’œuvre, toujours sous l’influence de l’environnement familial autant que professionnel.
De Jean Colin, graveur rémois du XVIIe siècle, Maxime Sutaine ne nous a fait connaître qu’une liste incomplète de ses œuvres - montrant une activité entre 1665 et 1668 -, que son patronyme prenait plus souvent un « l » que deux, et que, né à Reims dans la première moitié du siècle, « l’année précise de sa mort n’est pas plus connue que celle de sa naissance ».


Jean Colin est décédé à Reims, sur la paroisse Saint-Étienne, le 4 février 1701, à l’âge de 78 ans. Il est donc né en 1623, vraisemblablement à Reims, les actes des baptêmes de cette année ayant été perdus.
Sa veuve, Jeanne Moreau, qualifiée de « très âgée et caduc » [elle avait 75 ans] dans une délibération du Conseil de Ville du 1er octobre 1708, mourut sur la même paroisse le 1er février 1710. Elle avait été baptisée en l’église Saint-Étienne le 23 avril 1633 et était la fille de Jeanne Dubois et de Edme Moreau, graveur châlonnais installé à Reims vers 1620, neveu du célèbre ingénieur topographe Claude Chastillon.

Le 14 mars 1661, Jean Colin reçut de sa belle-mère, veuve, une maison à Reims, rue du Collège des Bons-Enfants, et une autre à Montaneuf, hameau de la commune de Sermiers [Marne], avec trois hommées de vignes. Apparemment excédé par des problèmes financiers, Jean Colin fut condamné en 1666 pour avoir traité de banqueroutier le sieur Legentil, huissier, et s’être efforcé de frapper sa femme !


Jean Colin, qui signe « J. Colin » les actes des registres des baptêmes-mariages-sépultures, eut 9 enfants de Jeanne Moreau, tous nés à Reims : Jeanne-Marie (5 avril 1654), Louise-Marie (8 avril 1655), Nicolas (14 octobre 1657), Élisabeth (28 avril 1660), Nicaise (28 mars 1663), Pérette (14 septembre 1666) et François (1669) furent baptisés en l’église Saint-Étienne ; le baptême de Jeanne, née le 2 septembre 1668, eut lieu « au logis » le jour de sa naissance ; l’acte de baptême de Jean (1656) n’a pas été retrouvé.

Jean Colin succéda à son beau-père, Edme Moreau, qui officiait rue Saint-Étienne, près le Collège des Bons-Enfants, et qui décéda en 1648. Il était dans le quartier des imprimeurs, où exerçaient Augustin Pottier (1609-1659), actif de 1649 à 1659, puis son fils Nicolas Pottier (1644-1725), actif de 1667 à 1725, héritiers de Nicolas Bacquenois, à l’enseigne du Lion ; Jean Multeau, actif de 1652 à 1693, à l’enseigne de l’Imprimerie royale ; Protais Lelorain (1648-1691), actif de 1674 à 1691, à l’enseigne du Nom de Jésus.

Jean Colin exerça de 1649 à 1700, d’après les gravures connues aujourd’hui. La concordance des dates et des lieux d’édition permet de lui attribuer 46 pièces signées « J. Colin » ou « J. Collin », dont :


Des portraits : Louis Brulart de Sillery, signé « Jo. Colin. Sculp. Remis. 1667. ». 


Claude Coquebert, seigneur d’Agny, signé « Jo. Colin Scul. Remis. » et daté 1678. 


Pierre Bachelier de Gentes, dans La Vie de Monsieur Bachelier de-Gentes (Reims, Nicolas Pottier, 1680, in-8, [38]-285-[1 bl.] p.). Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, dans les Instructions et prières chrétiennes tirées de l’Ecriture Sainte et des Saints Pères de l’Eglise (Reims, François Godard, 1700) ; dans le même ouvrage se trouvent une Annonciation et un Christ en croix gravés par Colin.

Des armoiries : page [4] du Discours funèbre, sur la mort de très-illustre et vertueuse dame, Madame Marie-Charlotte de Coucy comtesse de Grand-Pré (Reims, Augustin Pottier, 1658, in-4, 48 p.). Au titre du Panegyricus eminentissimo principi Antonio Barberino S. R. E. camerario, cardinali episcopo Praenestino, archiepiscopo duci Remensi (Reims, Jean Multeau, 1668, in-4, 62-[2] p.).

Des monuments : le temple de Janus, d’après le peintre rémois Jean Hélart (1618-1685), qui illustre Le Triomphe du soleil, ou le Feu de joye fait à Reims, devant l’Hôtel de Ville, pour la paix générale de l’année 1679 (Reims, Nicolas Pottier, 1679, in-4, 8 p.). Une statue du roi Louis XIV érigée dans le jardin des Arquebusiers, eau-forte sans signature, et une gravure signée représentant la statue de Mars, respectivement p. 16 et p. [22] du Recueil des pièces qui se sont faites pour le prix général rendu à Reims & tiré le 15. Juin, l’an 1687 (Reims, Jean Lelorain, 1687, in-4, 15-[2 bl.]-3-[1 bl.]-[1]-30 p.).


Des images de piété : image de Saint Nicolas, signée « J. Collin », réutilisée en 1745 par Régnauld Florentain (1687-1763) dans L’Office de Saint Nicolas, évêque de Myre.

Des figures pour des thèses.




Des ex-libris.

Photographie BnF
Un Plan de la ville, cité et université de Reims [72 x 125 cm] : daté 1665, tiré à 31 exemplaires. Après diverses modifications topographiques et changement complet de la décoration, Colin réutilisa les quatre cuivres gravés par Hugues Picart (1587-1664), d’après le dessin de Jacques Cellier, organiste de la cathédrale, qui avaient servi à faire imprimer 36 exemplaires du premier plan de la ville de Reims par Nicolas Constant en 1619 et intitulé Pourtraict de la Ville. Cité, et Université de Reims [67 x 119 cm]. Le plan de Colin fut retiré en 1844 par le libraire rémois Martin-Joseph Quentin-Dailly (1805-1861). En 1930, le graveur Abel Jamas (1862-1940) fit une copie du plan de Colin, à la suite de la perte des cuivres originaux dans l’incendie de l’Hôtel de Ville en 1917.


Le Tableau de la Croix représenté dans les cérémonies de la S.te messe ensemble le trésor de la dévotion aux soufrances [sic] de N.re S. I. C. le tout enrichi de belles figures (Paris, F. Mazot, 1651 [i. e. 1652], in-8, [97]-[1 bl.] p.). 


Page de titre : au-dessus du titre, gravure représentant le Christ au jardin des oliviers, signée en bas à gauche « J. Collin. fe ». P [5] : portrait de Charles de l’Aubespine, signé en bas à gauche « G d Geÿn scul », originaire d’Anvers. 


Page [7] : gravure représentant Dieu le Père et Jésus adorés par les anges et portant le titre « Les Litanies », signée en bas à gauche « J. Collin. fe. ». Suivent 39 planches montrant des scènes de la Passion, en concordance avec la célébration de la messe ; ces figures seraient des copies d’originaux éditées à l’étranger ; en regard, et par conséquent au recto, se trouvent des encadrements gravés qui, seuls, seraient l’œuvre de Jean Colin. Ces pièces sont suivies d’un buste de « Iesus admirabilis » non signé, d’une page gravée de « Litaniæ de nomine Iesu » signée en bas à gauche « I. Durant. f », d’un buste de « Mater amabilis » non signé, d’une page gravée de « Litaniæ B. Virginis » non signée, de huit pages numérotées des « Septem psalmi pœnitentiales » avec des encadrements gravés non signés, deux pages d’oraisons avec encadrements non signés 


et une page pour l’ « Extraict du Privilège du Roy », en date du 9 juin 1651, avec la mention « Achevé d’imprimer ce 20.e Septembre 1652. »


Un second tirage de 1651 présente un privilège daté du « 20.e Septembre 1653 ».
La 2eédition de François Mazot est de 1653.


Celle de Jacques Chiquet (1673-1721), sans date, est des environs de 1700.




En 1651, 1653 et vers 1700, des tirages ont été faits avec la gravure « Le Pape s’approche de l’Autel », au lieu de celle de « Le Prestre s’approche de l’Autel », p. [8].

Le fils de Jean Colin, deuxième du nom, né en 1656 et décédé sur la paroisse Saint-Étienne le 26 avril 1703, a vraisemblablement travaillé dans l’atelier de son père. Il a signé « Collin le fils » les frontispices de deux livres imprimés à Reims : L’Alliance de la justice et la paix représentée en un feu de joye(Reims, Barthélemy Multeau [« le Jeune »], 1697, in-4, [1]-8 p.), et Mars pacifique ou l’alliance de Mars et de la paix (Reims, Veuve de Jean Multeau [Jeanne Barenger], 1698, in-12, [20]-140-[8] p.).











Émile Nourry (1870-1935), libraire d’ancien, historien et philosophe

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Tour de Drousson (XIVe siècle)



D’une famille de laboureurs originaire de Drousson, hameau de la commune de Saint-Denis-de-Péon [Saône-et-Loire] - rattachée à la commune de Curgy depuis le 12 août 1818 -, passée à Saint-Pantaléon en 1801, puis à Autun en 1870, Émile-Dominique Nourry est né dans cette dernière ville, le 6 décembre 1870, 27 place du Champ de Mars, au coin de l’avenue de la Gare [avenue Charles De Gaulle].


27 place du Champ de Mars (à gauche) et avenue de la Gare
Ses parents, Dominique Nourry (1842-1915), voyageur de commerce, et Marie Bourillot (1846-1926), demoiselle de magasin, fille d’un charron, s’étaient mariés à Autun le 15 janvier 1870. Devenu marchand papetier, Dominique Nourry déclara sa librairie à Autun le 12 mars 1871, 27 place du Champ de Mars, 


qu’il déménagea, vers 1880, à environ 100 m, au 17 avenue de la Gare.

La profession de ses parents contribua vraisemblablement à donner l’amour des livres à Émile Nourry. Il s’intéressa très tôt à la botanique, passion qu’il partagea avec son père, et s’inscrivit pour l’année 1888 à la Société d’histoire naturelle d’Autun. Après des études théologiques au grand séminaire d’Autun, puis au séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux [Hauts-de-Seine], Émile Nourry renonça au professorat pour la librairie ancienne, la recherche folklorique et l’édition.

Place Saint-Etienne, Dijon.
La librairie est au rez-de-chaussée de la première maison à gauche.


Il fut employé 10 place Saint-Étienne [place du Théâtre] à Dijon, dans la librairie de Gustave Lamarche (1840-1899) : celui-ci avait succédé le 1er juillet 1874 à son père, Antoine Lamarche (1811-1882), successeur lui-même, le 21 juillet 1837, de son ancien patron, Victor Lagier (1788-1857), moyennant la somme de 60.000 francs. À cette époque, Émile Nourry publia, sous son nom, la traduction qu’il avait faite de l’anglais de James-Mark Baldwin : Le Développement mental chez l’enfant et dans la race (Paris, Félix Alcan, 1897, in-8). Ce fut lui qui déclara à l’état civil le décès de son employeur, le 17 juin 1899. 


Il lui succéda, rejoint aussitôt par son frère, Joseph Nourry.

La librairie de Thomas Le Meur, successeur de Alfred Bellais, 10 place Saint-Etienne, Dijon
Collection Christian Le Meur
Ce dernier, né à Autun le 6 octobre 1875, se maria le 13 avril 1901 à Asnières-sur-Seine [Hauts-de-Seine] et mourut le 17 novembre 1965 à Lyon [Rhône], où il s’était installé en 1925, laissant la librairie de Dijon à Alfred Bellais († 1929), auquel succéda Thomas Le Meur :

Librairie de Joseph Nourry, 3 rue du Bât-d'Argent, Lyon
 « Mes relations avec celui, qui fut pendant plus de cinquante ans, le maire de Lyon, sont nées au 3 de la rue du Bât-d’Argent dans la Librairie de Joseph Nourry, frère du grand libraire parisien, Emile Nourry, éditeur d’Alfred Loisy et ami de Maurice Garçon. Le père Nourry, à la barbe fleurie, que les Lyonnais chercheurs et bibliophiles ont connu, m’a appris à aimer les livres, et je lui conserve une reconnaissance infinie. Autodidacte, Joseph Nourry était un répertoire vivant des bons auteurs. Aussi, le Président Herriot venait souvent le matin, vers 10 heures, pour s’évader du travail municipal. Le père Nourry mettait ainsi de côté les ouvrages de choix, qui pouvaient plaire à son éminent client. Edouard Herriot recherchait plutôt les textes, il n’était sensible à la reliure que lorsqu’elle correspondait à la qualité de l’écriture.
Ainsi, Joseph Nourry avait découvert un magnifique exemplaire du “ Discours sur l’Histoire Universelle ”. C’est pour le Président, m’avait-il dit, en me le faisant admirer. Je me trouvais dans le magasin, quand il présenta l’exemplaire au maire de Lyon. “ C’est pour moi ? ”dit ce dernier en prenant le livre dans ses fortes mains, devenues brusquement caressantes. Feuilletant, page après page, il se mît à lire de cette voix de bronze, le dernier chapitre. La prose magnifique de l’évêque de Meaux semblait s’élever de la chaire d’une cathédrale. »
(Pierre Antoine Perrod. L’Honneur d’être dupe. Henri Colliard (1915-1945). Roanne, Horvath, 1982)

(in-8, XVI-326 p., 1.685 lots)

11 rue des Saints-Pères, Paris VI (mai 2019)
 Le 8 décembre 1899, Émile Nourry fut admis à la Société bourguignonne de géographie et d’histoire. Après son mariage à Paris [XIXe], le 4 décembre 1902, avec Caroline Fesquet, née à Autun le 9 mars 1863, il ouvrit l’année suivante une librairie à Paris, au 11 rue des Saints-Pères [VIe], dans un immeuble construit en 1882. Il se fit connaître en publiant, sous le pseudonyme de « P. [Pierre] Saintyves », La Réforme intellectuelle du clergé et la liberté d’enseignement (Paris, Nourry, 1904, in-12). Dès lors, il conserva ce pseudonyme pour ses publications.

14 rue Notre-Dame de Lorette, Paris IX (juillet 2019)


Il déménagea sa librairie en 1906 au 14 rue Notre-Dame-de-Lorette [IXe], dans un immeuble construit en 1859, qui prit le nom de « Librairie critique ». 



Ce fut alors qu’il publia son livre fameux : Les Saints successeurs des dieux(Paris, Nourry, 1907, in-8), première pierre d’un édifice où il se montra féru des mythes et des contes. Suivirent : Les Vierges Mères et les Naissances miraculeuses (Paris, Nourry, 1908, in-12), Le Discernement du miracle. Le Miracle et les Quatre Critiques : 1° Critique historique ; 2° Critique scientifiqueCritique philosophiqueThéologie critique [sic] (Paris, Nourry, 1909, in-8).

62 rue des Ecoles, Paris V, près le boulevard Saint-Michel

Photographie Jean Hélias


La librairie déménagea, pour la dernière fois, en 1910, au 62 rue des Écoles [Ve], dans un immeuble construit en 1865. Émile Nourry fut admis membre titulaire de la Société d’histoire naturelle d’Autun, à la séance du 19 mars 1911. La même année, il devint membre de la Société préhistorique française, où il se fit inscrire membre à vie en 1919. Il devint gérant de la Revue anthropologique en 1921, maître de conférences à l’École d’anthropologie de Paris en 1923, expert en douane en 1925. Il fut élu président du Syndicat de la librairie ancienne et moderne le 26 mai 1925 et président fondateur de la Société du folklore français en 1930.

Emile Nourry

Veuf de Caroline Fesquet le 30 décembre 1922, Émile Nourry avait épousé Jeanne Grillot, née au Creusot [Saône-et-Loire] le 11 janvier 1880 : mais celle-ci décéda très prématurément de maladie le 20 juillet 1925. Le 28 mai 1927, Émile Nourry épousa en troisièmes noces, à Paris [XVIIIe], Camille-Zélia-Victoire Quinchon, née le 23 avril 1889 à Suresnes [Hauts-de-Seine], inspectrice des écoles maternelles.

Saintyves poursuivit ses publications personnelles : Les Reliques et les Images légendaires(Paris, Mercure de France, 1912, in-12) ; La Simulation du Merveilleux(Paris, Ernest Flammarion, 1912, in-12) ; La Guérison des verrues. De la magie médicale à la psychothérapie (Paris, Nourry, 1913, in-8) ; La Force magique. Du mana des primitifs au dynamisme scientifique (Paris, Nourry, 1914, in-8) ; Les Responsabilités de l’Allemagne dans la guerre de 1914(Paris, Nourry, 1915, in-12) ; Le Mystère des Évangiles (Paris, Nourry, 1916, in-8, 110 ex. numérotés H. C.) ; Essai sur les grottes dans les cultes magico-religieux et dans la symbolique primitive (Paris, Nourry, 1918, in-12) ; Rondes enfantines et quêtes saisonnières. Les Liturgies populaires (Paris, Édition du Livre mensuel, 1919, in-12) ; Les Origines de la médecine. Empirisme ou magie ? (Paris, Nourry, 1920, in-8) ; L’Éternuement et le Bâillement dans la magie, l’ethnographie et le folklore médical (Paris, Nourry, 1921, in-8) ; Essais de folklore biblique. Magie, mythes et miracles dans l’Ancien et le Nouveau Testament (Paris, Nourry, 1922, in-8) ; Les Contes de Perrault et les Récits parallèles (Paris, Nourry, 1923, in-8) ; La Légende du docteur Faust (Paris, H. Piazza, 1926, in-12), « A la mémoire de Jeanne Nourry le dernier livre que j’aie écrit dans la douce atmosphère de sa chaude affection » ; Apologie du folklore ou de la science de la tradition populaire (Paris, Nourry, 1927, in-8) ; Mes deux visites à Glozel (Paris, Nourry, 1927, in-8, H. C.), où il expose les raisons qui lui inspirèrent un doute sur l’authenticité des objets préhistoriques trouvés en 1924 à Glozel [Allier] ; Le Massacre des Innocents ou la Persécution de l’Enfant prédestiné (Paris, Rieder, 1928, in-8) ; En marge de la Légende dorée. Songes, miracles et survivances (Paris, Nourry, 1930, in-8) ; Les Cinquante Jugements de Salomon ou les Arrêts des bons juges d’après la tradition populaire (Paris, Domat-Montchrestien, F. Loviton et Cie, 1933, in-12) ; Corpus du folklore des eaux en France et dans les colonies françaises(Paris, Nourry, 1934, in-8, 200 ex.) ; Corpus du folklore préhistorique en France et dans les colonies françaises (Paris, Nourry, 1934-1935, 2 vol. in-8).


Parallèlement, entre 1897 et 1935, il publia une centaine d’articles, dans de nombreuses revues : Annales de philosophie chrétienne, Revue des traditions populaires, Revue des études ethnographiques et sociologiques, Revue moderniste internationale, Bulletin de laSociété d’histoire naturelle d’Autun, La Revue des idées, Revue de l’histoire des religions, Æsculape, Revue de l’Université de Bruxelles, Revue d’histoire et de littérature religieuses, Mercure de France, Bulletin de la Société préhistorique française, Revue archéologique, Revue anthropologique, Revue d’ethnographie et des traditions populaires, Revue de folklore français.


Ses activités d’éditeur s’orientèrent vers la publication d’ouvrages de cynégétique : Chasseurs du temps passé (1910), Les Gentilshommes chasseurs (1922), Un capitaine de Beauvoisis (1925), par le marquis Théodore de Foudras (1800-1872) ; Le Savoir-Vivre à la chasse (1911), 


Les Chasses du lièvre (1928), par Michel Anty ; La Vénerie royale (1929), par Robert de Salnove (1597-1670) ; Les Ruses du braconnage (1926), par L. Labruyerre ; Les Chasses au marais (1929), par Robert Villatte des Prûgnes (1869-1965) ; Traité sur l’art de chasser avec le chien courant (1929), par le comte Jacques Boisrot de Lacour (1758-1832) ; 

Photographie BnF
Bibliographie des ouvrages français sur la chasse (1934), par Jules Thiébaud.


Il publia aussi des textes liés à la crise moderniste, conflit d’idées au sein de l’Église catholique, déclenché en 1902 par l’abbé Alfred Loisy (1857-1940). Celui-ci, excommunié en 1908, donna 26 titres à Nourry, de 1909 à 1934 : Leçon d’ouverture du cours d’histoire des religions au Collège de France (1909), Jésus et la tradition évangélique (1910), À propos d’histoire des religions(1911), L’Évangile selon Marc (1912), Choses passées (1913), Guerre et religion (1915), Mors et vita (1916), 


L’Épître aux Galates(1916), La Religion (1917), Les Mystères païens et le Mystère chrétien (1919), La Paix des nations et la Religion de l’avenir(1919), De la discipline intellectuelle (1919), Les Actes des apôtres(1920), Essai historique sur le sacrifice (1920), Le Quatrième Évangile(1921), Les Livres du Nouveau Testament (1922), L’Apocalypse de Jean(1923), La Morale humaine (1923), L’Évangile selon Luc (1924), 


L’Église et la France (1925), Religion et humanité (1926), Mémoires pour servir à l’histoire religieuse de notre temps (1930-1931), La Religion d’Israël (1933), La Naissance du christianisme (1933), Y-a-t-il deux sources de la religion et de la morale ? (1933), Le Mandéisme et les origines chrétiennes (1934).


Émile Nourry publia également des textes liés à l’érudition ésotérique : La Kabbale juive (1923), 


Les Rose-Croix lyonnais au XVIIIe siècle (1929), Traduction intégrale de Siphra Di-Tzeniutha. Le Livre secret (1930), par Paul Vulliaud (1875-1950) ; 


Le Tarot des imagiers du Moyen Âge(1927), Les Mystères de l’art royal (1932), par Oswald Wirth (1860-1943), ancien secrétaire de Stanislas de Guaita (1861-1897).  


Chevalier de la Légion d’honneur en 1934 et, depuis peu, membre à vie de la Société des Africanistes, Émile Nourry mourut le samedi 27 avril 1935, 8 bis rue Léon Delhomme, Paris [XVe], après une opération chirurgicale et de longues souffrances.
Ses obsèques eurent lieu le mardi 30 avril, en l’église Saint-Lambert de Vaugirard [XVe], suivies d’une cérémonie au cimetière du Père Lachaise, avant d’être inhumé au cimetière de Verrières-le-Buisson [Essonne].

« Comme on le sait, M. Nourry unissait les caractères d’un folkloriste scientifique avec la vocation pratique d’éditeur et de libraire en ouvrages anciens. Il bénéficia ainsi d’occasions uniques de se familiariser avec la littérature du folklore et il en profita pour réunir une bibliothèque de la plus grande valeur concernant la science à laquelle il a consacré sa vie. Cette bibliothèque, monument de son savoir et de son activité, est actuellement réunie et artistement disposée dans sa charmante propriété de Verrières, dans les environs de Paris [« Clair Logis », place du Poulinat, Verrières-le-Buisson]. Les longues rangées de volumes bien reliés et bien ordonnés sur les rayons sont vraiment un spectacle impressionnant pour le folkloriste et lui donnent idée de la patience, du savoir et de l’habileté qui ont été nécessaires pour sa formation. C’est, en vérité, probablement l’une des bibliothèques du Folklore les plus complètes et les mieux ordonnées du monde. Telle quelle, elle forme un splendide instrument pour l’étude de cette science. Aussi, dans l’intérêt du Folklore, est-il fort désirable que sa bibliothèque soit conservée et non point dispersée. D’une manière ou le l’autre, elle devrait être réservée à la Société du Folklore français. »
(Discours de Sir James George Frazer. In Un grand folkloriste. P. Saintyves (Emile Nourry). 1870-1935, p. 14)   

« Emile Nourry, dit Pierre Saintyves, […] courtois et obligeant, mais anticlérical déclaré, dont l’action anticatholique et maçonnique fut considérable ; éditeur d’Alfred Loisy, ami des modernistes et de tous les défroqués fameux ; auteur de divers ouvrages, dont quatre ont été condamnés par un décret de l’Index le 17 mars 1908. »
(Revue des lectures. Paris, 1935, p. 655)

« Et sa générosité ne s’exerçait pas seulement à l’égard des belles entreprises intellectuelles qu’il régénérait par son dévouement et sa libéralité : souvent, aux approches de juillet, un peu surpris d’une acquisition qu’il venait de faire, nous lui demandions si ce livre avait des acheteurs ; il souriait … “ Il n’en a guère, mais si je l’avais refusé, celui qui me le vendit n’aurait pu prendre de vacances …” »
(Léo Crozet. « Emile Nourry-Saintyves ». In Archives et bibliothèques. Paris, Emile Nourry, 1935, N° 1, p. 121)

« Que d’entretiens aimables, érudits, pleins de renseignements critiques et précieux, ont eu lieu dans son cabinet de travail, au-dessus de son magasin de vieux livres de la rue des Ecoles. Dans la vie civile, Emile Nourry était bouquiniste, dans l’acception la plus noble et la plus élevée du terme. Nul mieux que lui ne connaissait la valeur scientifique ou littéraire de tel vieux livre rare ou curieux, de telle édition préférable à telle autre. Ce n’était pas tant l’habit, la belle reliure qu’il appréciait, que le fond même de l’œuvre. »
(Cte B. « Émile Nourry-Saintyves ». In Journal des débats politiques et littéraires, 11 mai 1935)

Le 2 avril 1939, sur la maison natale d’Émile Nourry, fut inaugurée une plaque qui portait l’inscription :
PIERRE SAINTYVES
(EMILE NOURRY)

FOLKLORISTE ET HISTORIEN DES RELIGIONS
EST NÉ DANS CETTE MAISON LE 6 DÉCEMBRE 1870
IL EST MORT A PARIS LE 27 AVRIL 1935



Jules Thiébaud avait succédé à son ancien patron ; il exerça jusqu’en 1964 :

« J. Thiébaud, à la fin de sa vie, était paralysé. Il ne pouvait plus parler. Seuls ses yeux pouvaient bouger. On avait pour habitude de le laisser devant la cheminée, assis dans son fauteuil roulant, les genoux protégés par une couverture. Sa femme avait quelque raison d’en vouloir à son mari. Elle lui en voulait même beaucoup.
Tout au long de sa vie de libraire, Thiébaud avait réuni une somptueuse bibliothèque de livres et de manuscrits d’occultisme, tous rangés dans un meuble, non loin de la cheminée. Régulièrement, juste après qu’elle eut amené son mari devant le foyer de la cheminée, Madame Thiébaud prenait l’un des précieux documents en s’assurant bien que rien n’échappa à l’attention de son mari. Le malheureux assistait, impuissant, jour après jour, à la disparition dans les flammes de ses chers trésors.
C’est un employé [source de cette anecdote] de la librairie qui comprit l’infernale vengeance ; le regard implorant de son patron allait sans cesse des espaces vides de la bibliothèque à la cheminée. »
(Frédérick Coxe. « Les Librairies anciennes et leurs grimoires ». In La Nouvelle Revue des livres anciens. Reims, 2009, n° 2, p. 46)

Après le décès de Camille Quinchon, la bibliothèque d’Émile Nourry, conservée jusqu’alors au château de Grémonville [Seine-Maritime, incendié par les Allemands en 1940, sauf le rez-de-chaussée], a été dispersée à Rouen, au Palais des Consuls, quai de la Bourse, les samedi 11 et dimanche 12 décembre 1976, au bénéfice de l’Institut Pasteur, à qui elle avait été léguée par la défunte : Bibliothèque de feu M. Émile Nourry (Rouen, s. n., 1976, in-8), dont 31 incunables.

« Un livre d’heures du XVe avec 28 grandes miniatures, en reliure XVIIIe, provenait de la famille Le Tellier de Courtanvaux : 67 000 F ; un autre, très joliment calligraphié et richement décoré, venait de Hollande : 58 000 F. Parmi les incunables, nous retiendrons les Evangiles et heures de Notre Dame, en vers français (Lyon, 1488), avec ses petites figures naïves : 54 100 F ; le Recueil des histoires de Troyes de Raoul Lefevre (Lyon, 1490), in-folio gothique aux superbes gravures à pleine page : 30 000 F ; 


Horologium devotionis circa vitam Christi (Bâle, vers 1492), avec 36 figures coloriées : 34 000 F. Il y avait bien d’autres choses encore ; 

Photographie BnF
des livres de voyages comme l’Histoire de la Navigation de Jean Hugues de Linschot(Amsterdam, 1638), avec ses superbes planches : 50 000 F ; 


des livres de fleurs, comme la Flore des Antilles, recueil de 600 aquarelles originales d’une grande finesse de Théodore Descourtilz, exécutées vers 1820 : 105 500 F. »
(Librarium. Zurich, 1977, p. 179)


Émile Nourry utilisait un ex-libris [50 x 45 mm] montrant des livres sur une tablette, devant deux branches de laurier et un flambeau, et portant uniquement son patronyme « NOURRY » et la devise « FELIX A LIBRIS » [heureux grâce aux livres].   

(1932)






























Damase Jouaust (1834-1893), l’éditeur des bibliophiles

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Rue Saint-Michel, Rennes
Famille de marchands aux XVIIe et XVIIIesiècles, les Jouaust ont vécu à Rennes [Ille-et-Vilaine], sur les paroisses contiguës de Saint-Germain – rue Haute [rue de Saint-Malo] - et de Saint-Aubin - rue Saint-Michel.

D’abord marchand comme ses ancêtres, Marin-Anne-Jacques-Xavier Jouaust (1765-1812) finit son existence comme contrôleur des Postes aux lettres. 


Son fils Jacques-Charles Jouaust, né rue Saint-Michel à Rennes, le 16 prairial An IX [5 juin 1801], devint imprimeur en caractères à Paris, où il fut associé, dès 1826, avec Alexandre-Joseph-Eugène Guiraudet (1792-1860), breveté le 27 mars 1820, 315 rue Saint-Honoré [Ier], vis-à-vis l’église Saint-Roch :

« M. Casimir Périer a déposé hier à la chambre des députés trois pétitions contre le projet de loi sur la presse : l’une des ouvriers de l’imprimerie de MM. Guiraudet et Jouaust, l’autre des ouvriers de M. Smith, la troisième des ouvriers des ateliers d’assemblage, satinage et brochure de M. Barba fils. »
(Le Constitutionnel, jeudi 11 janvier 1827, p. 3)


Jacques-Charles Jouaust épousa Damasine-Joseph Préseau, née hors mariage à Beaufort [Nord], le 15 ventôse An XII [6 mars 1804], marchande de modes, qui lui donna deux fils : Damase, le 25 mai 1834, et Émile, le 19 avril 1837.
L’Imprimerie Guiraudet et Jouaust déménagea en 1851 au 338 rue Saint-Honoré. Ce fut elle qui, de 1854 à 1857, imprima les ouvrages composant la « Bibliothèque elzévirienne » de Pierre Jannet (1820-1870). Le 23 juillet 1858, Jacques-Charles Jouaust fut breveté, en remplacement de Guiraudet, démissionnaire. Il mourut en son domicile, 51 rue Argenteuil [Ier], le 19 décembre 1864. Sa veuve lui survécut jusqu’au 7 février 1891, quand elle décéda en son domicile du 12 rue Saint-Hyacinthe [Ier]. Ils furent tous deux inhumés au cimetière de Montmartre [27e division].

Damase Jouaust
In Le Panthéon de l'Industrie, 19 mai 1878
Damase Jouaust rejoignit l’atelier paternel quand il eut terminé ses études au collège Bourbon [lycée Condorcet, IXe] et obtenu sa licence en droit : il y fut initié aux premières notions de l’art typographique par Jules Petit, prote de la maison Jouaust depuis 1832.  
Damase Jouaust fit ses premières armes, sous le pseudonyme « E. Jouot », dans le journal Le Théâtre, dont le rédacteur en chef était Louis Herlem. Le 23 août 1864, à Paris [IIe], il épousa Marie-Alexandrine-Sara Fortin, née à Paris le 18 mai 1839, fille de Charles-Frédéric Fortin (1806-1878) et de Alexandrine Prestat (1815-1886), marchands de dentelles, 11 rue des Filles-Saint-Thomas [IIe], maison où est mort Brillat-Savarin (1755-1826), auteur de La Physiologie du goût. Le jeune couple aura quatre enfants : Charles-Marie-Frédéric, le 7 décembre 1865, Alexandre-Edmond-Charles, le 21 février 1867, et Marie-Joséphine-Amélie-Laure, le 24 mai 1869, nés 36 rue Saint-Marc [IIe] ; Frédéric-Marie-Joseph-Maurice, le 3 août 1877, né 3 rue David [XVIe]. Frappé deux fois dans son affection paternelle par la perte de deux jeunes fils, en 1868 et en 1874, Damase Jouaust s’isola pendant plusieurs années et se réfugia dans le travail.

En 1865, Damase Jouaust succéda à son père décédé. Amoureux passionné de littérature, il était né pour être éditeur :  


le 20 octobre 1866, il acheva d’imprimer pour Alphonse Lemerre, libraire-éditeur 47 passage Choiseul, le premier livre de Verlaine, les Poèmes saturniens (in-12, couverture datée 1867).
De 1866 à 1870, il imprima la plupart des publications de l’Académie des Bibliophiles, dont toutes les premières qui parurent en 1866 : 


Photographies BnF
De la bibliomanie, par Bollioud-Mermet [2eédition de la réimpression] (in-16) ; Salluste. Lettres à César (in-32) ; La Seizième Joye du mariage (in-16) ; Testament politique du duc de Lorraine (in-18) ; Jean Second. Les Baisers (in-32) ; La Semonce faicte à Paris des coquus en may Vc xxxv (in-8) ; Noms des curieux de Paris (in-18) ; Les Deux Testaments de Villon, suivis du Bancquet du boys (pet. in-8). L’Académie des Bibliophiles avait été fondée par des bibliothécaires : Paul Chéron (1819-1881), de la Bibliothèque impériale ; Lorédan Larchey (1831-1902), de la Bibliothèque Mazarine ; Jules Cousin (1830-1899) et Anatole de Montaiglon (1824-1895), de la Bibliothèque de l’Arsenal ; Louis Lacour (1832-1891), de la Bibliothèque Sainte-Geneviève. 


En 1869, sa maison d’édition était créée sous le nom de « Librairie des Bibliophiles » : 



il prit comme marque une ancre marine, surmontée de la devise « OCCVPA PORTVM » [tiens le port].
Il voulut publier des livres qui soient en même temps de véritables objets d’art. Pour ce faire, il fit graver de nouveaux caractères elzéviriens, employa des fleurons et des lettres ornées, pour donner plus de clarté aux divisions d’un ouvrage, et du papier vergé ou papier à la forme, pour lui assurer une durée illimitée. Il agrémenta ses publications par la gravure à l’eau-forte, la préférant à la gravure sur bois, bien que moins coûteuse, et à la gravure au burin, dont le prix était presque inabordable pour les éditeurs : 

Photographie Les Libraires associés
son premier ouvrage contenant des eaux-fortes fut Les Sept Journées de la reine de Navarre, suivies de la huitième (1872, 8 fascicules in-16, 9 planches à l’eau-forte par Flameng). Il écrivait souvent lui-même les notices et les notes de ses éditions. Il fut un des premiers à user du catalogue imprimé au nom du libraire : « Nous livrons à tous les libraires, au prix de 5 francs par cent, et par quantités de cent au moins, des exemplaires de notre catalogue imprimés à leur nom. Sur leur demande, la dsrnière [sic] page de notre catalogne [sic] pourra être remplacée par l’annonce de leurs publications personnelles, dont ils devront payer en plus la composition. » (Catalogue de la Librairie des Bibliophiles, mai 1878, p. 32). Il publia un Courrier trimestriel de la Librairie des Bibliophiles, envoyé gratuitement sur demande.

Souhaitant rendre accessibles à un plus grand nombre d’amateurs ses éditions de bibliophiles, Damase Jouaust créa plusieurs collections, pour tous les goûts et pour toutes les bourses [les tirages sont variables et les indications les concernant sont souvent imprécises] :    

Les « Romans classiques du XVIIIe siècle ». Collection complète en 6 vol. gr. in-8 (1867-1873) : Manon Lescaut, par l’abbé Prévost (1867) ; Le Diable boiteux, par Le Sage (1868) ; Paul et Virginie (1869) ; Candide ou l’optimisme (1869, portrait de Voltaire gravé à l’eau-forte) ; 


Histoire de Gil Blas de Santillane (1873, 2 vol., portrait de Lesage gravé à l’eau-forte par A. Nargeot d’après Guélard). 

Les « Classiques français ». Collection complète en 18 vol. in-8 (1867-1877), divisée en 2 séries : la première commencée par l’Académie des Bibliophiles et terminée par Jouaust ; la seconde entièrement publiée par Jouaust. 

Photographie B.M. Bordeaux
Les Essais de Montaigne (1873-1875, 4 vol., portrait gravé à l’eau-forte par Gaucherel). Œuvres de François Villon (1877).

Le « Cabinet du bibliophile ». Collection pour les amateurs de raretés et de curiosités littéraires, complète en 38 vol. in-16 elzévirien (1868-1890) : 


de Le Premier Texte de La Bruyère (1868) à Les Lunettes des princes(1890).

La « Collection bijou ». Collection d’éditions de luxe ornées de gravures, complète en 8 vol. in-16 (1872-1889), avec couvertures parcheminées ornées d’un fleuron tiré en couleur et texte encadré d’un filet rouge :  Daphnis et Chloé (1872, compositions d’Émile Lévy gravées à l’eau-forte par Flameng, dessins de Giacomelli gravés sur bois par Rouget et Sargent, couv. impr. en or et bleu), Paul et Virginie(1875, compositions d’Émile Lévy gravées à l’eau-forte par Flameng, dessins de Giacomelli gravés sur bois par Rouget et Sargent, couv. impr. en violet et or), Atala ou les Amours de deux sauvages, suivi de René (1877, compositions d’Émile Lévy gravées à l’eau-forte par Boutelié, dessins de Giacomelli gravés sur bois par Rouget et Sargent, couv. impr. en vert et or), Psyché (1880, compositions d’Émile Lévy gravées à l’eau-forte par Boutelié, dessins de Giacomelli gravés sur bois par Sargent, couv. impr. en bleu et or), Aminte (1882, compositions de Victor Ranvier gravées à l’eau-forte par Champollion, dessins de H. Giacomelli gravés sur bois par Méaulle, couv. impr. en bleu et or), Poésies de Anacréon(1885, compositions d’Émile Lévy gravées à l’eau-forte par Champollion, dessins de Giacomelli gravés sur bois par Rouget, couv. impr. en bleu et or), Idylles de Théocrite (1888, compositions d’Émile Lévy gravées à l’eau-forte par Champollion, dessins de Giacomelli gravés sur bois par Berveiller, couv. impr. en bleu et or), 


L’Orestie (1889, dessins de Rochegrosse gravés à l’eau-forte par Champollion, couv. impr. en bleu et or).

La « Petite bibliothèque artistique ». Collection d’éditions de luxe in-16 ornées de gravures, complète en 110 vol. in-16 (1872-1890) : de Les Sept Journées de la reine de Navarre, suivies de la huitième (1872, 8 fascicules, 9 planches à l’eau-forte par Flameng, couv. impr. en rouge et bleu) 

Photographie Pierre Osik
aux Mémoires de Madame de Staal-de Launay (1890, 2 vol., 41 eaux-fortes par Lalauze, couv. impr. en bistre et bleu).

« Les Petits Chefs-d’œuvre ». Collection qui s’adresse au plus grand nombre d’acheteurs, complète en 55 vol. in-16 (1872-1891), avec des couvertures vertes : de Voyage autour de ma chambre (1872) 

Photographie Librairie Le Feu follet

aux Œuvres choisies du chevalier de Bonnard(1891).

Les « Grandes publications artistiques ». Collection d’éditions de luxe gr. in-8, ornées de gravures. 



Fables de La Fontaine (1873, 2 vol., 12 dessins originaux reproduits par l’héliogravure ou gravés à l’eau-forte au choix des amateurs et 1 portrait de La Fontaine par Flameng), édition dite « des douze peintres » ; 



Les Quatre Livres de l’Imitation de Jésus-Christ (1875, dessins de Henri Lévy gravés à l’eau-forte par Waltner) ; 



Théâtre complet de J. B. Poquelin de Molière(1876-1883, 8 vol., dessins de Louis Leloir gravés à l’eau-forte par Flameng).  

« Les Conteurs français ». Collection complète en 10 vol. in-8 écu (1874-1883) : Œuvres du seigneur de Cholières (1879, 2 vol.), 


Nouvelles récréations et joyeux devis de B. Des Périers, suivis du Cymbalum Mundi (1874, 2 vol.), Contes et discours d’Eutrapel (1875, 2 vol.), L’Heptaméron des nouvelles(1879, 2 vol.), L’Élite des contes du sieur d’Ouville (1883, 2 vol.).

La « Nouvelle bibliothèque classique ». Collection qui s’adresse au plus grand nombre d’acheteurs, complète en 75 vol. in-16 elzévirien (1876-1892) : 


des Œuvres poétiques de N. Boileau (1876, 2 vol.), Mémoires du chevalier de Grammont(1876), Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1876), Théâtre de J.-Fr. Regnard (1876, 2 vol.) et Œuvres de Mathurin Regnier (1876), aux Œuvres choisies de Voltaire (1887-1892, 10 vol.) et aux Contes de La Fontaine (1892, 2 vol.).  

« Les Petits classiques ». Collection complète en 9 vol. in-16 (1878-1890), avec une couverture brique : Contes de Boufflers (1878, portrait gravé par Lalauze), 

Photographie Librairie du Cardinal
Œuvres choisies de Fontenelle (1883, 2 vol., portrait gravé par Lalauze), Œuvres choisies du prince de Ligne (1890, portrait gravé par Lalauze), Théâtre choisi de J. de Rotrou (1882, 2 vol., portrait gravé par Lalauze), Œuvres choisies de Saint-Évremond (1881, portrait gravé par Lalauze), Lettres de V. Voiture (1880, 2 vol., portrait gravé par Lalauze).

« Les Chefs-d’œuvre inconnus ». Collection complète en 19 vol. in-16 (1879-1890), avec des couvertures bleu pâle imprimées en bleu : de Le Tombeau de MlleEspinasse (1879, eau-forte par Lalauze), La Petite Maison (1879, eau-forte par Lalauze) 


et Le Voyage à Paphos (1879, eau-forte par Lalauze), au Voyage à Montbard (1890, eau-forte par Lalauze).

La « Nouvelle collection moliéresque ». Collection complète en 17 vol. in-16 (1879-1890), avec des couvertures de couleur crème, imprimées en noir : de l’Oraison funèbre de Molière (1879) 


au Premier registre de La Thorillière (1890).

Le « Cabinet de vénerie ». Collection complète en 11 volumes in-16 (1880-1888), avec une couverture uniforme, couleur chamois, dont les titres sont imprimés en bistre : Discours de l’antagonie du chien & du lièvre (1880), La Chasse du loup, nécessaire à la maison rustique (1881), Le Bon Varlet de chiens (1881), Le Livre de l’art de faulconnerie et des chiens de chasse (1882, 2 vol.), Débat entre deux dames sur le passe temps [sic]des chiens et des oiseaux (1882), 


Le Livre du roi Dancus (1883), La Conférence des fauconniers (1883), La Muse chasseresse (1884), Le Lièvre, poème (1885), Nouvelle invention de chasse pour prendre et oster les loups de la France (1888).   

La « Bibliothèque des dames ». Collection complète en 17 vol. in-16 (1881-1885), avec des couvertures bleu pâle imprimées en bistre et bleu et des frontispices gravés par Lalauze : 


Le Mérite des femmes (1881), La Princesse de Clèves (1881), Les Contes des fées ou les Fées à la mode (1881, 2 vol.), Œuvres choisies de Mme Des Houllières (1882), La Vie de Marianne (1882, 3 vol.), Œuvres morales de la Mise de Lambert (1883), Souvenirs de Mme de Caylus (1883), Lettres à Émilie sur la mythologie (1883, 3 vol.), Valérie (1884), Mémoires de Madame Roland (1884, 2 vol.), Éducation des filles (1885).

La « Bibliothèque artistique moderne ». Collection complète en 17 vol. in-8 écu (1883-1891), avec des couvertures de couleur crème imprimées en bistre et bleu : Contes choisis de Alphonse Daudet (1883, 7 eaux-fortes par E. Burnand), 

Photographie Librairie du Cardinal
Le Roi des montagnes (1883, dessins de Charles Delort, gravés par Mongin), Le Capitaine Fracasse (1884, 3 vol., dessins de Charles Delort, gravés par Mongin), Une page d’amour (1884, 2 vol., dessins d’Édouard Dantan, gravés à l’eau-forte par A. Duvivier),  Jocelyn (1885, dessins de Besnard, gravés par de Los Rios, portrait gravé par Champollion), Servitude et grandeur militaires (1885, dessins de Julien Le Blant, gravés à l’eau-forte par Champollion), Le Chevalier des Touches(1886, dessins de Julien Le Blant, gravés par Champollion), Graziella(1886, dessins de Bramtot, gravés par Champollion), Nouvelles de Mérimée(1887, dessins de Aranda, de Beaumont, Bramtot, Le Blant, Merson, Myrbach, Sinibaldi,  gravés par Le Rat, Lalauze, Toussaint, Champollion, Géry-Bichard, Manesse, Em. Buland), Gérard de Nerval(1888, dessins d’Émile Adan, gravés à l’eau-forte par Le Rat), Théâtre de Alfred de Musset (1889-1891, 4 vol., dessins de Charles Delort, gravés par Boilvin).

Les « Curiosités historiques et littéraires ». Collection complète en 7 vol. in-18 (1884-1887) : 

Photographie Librairie du Cardinal
Voyages de Piron à Beaune, suivis de ses amours avec Melle Quinault (1884), Les Almanachs de la Révolution (1884), Madame la comtesse de Genlis. Sa vie, son œuvre, sa mort(1885), Parades inédites (1885), Le Régiment de la calotte(1886), Lettres d’amour d’Henri IV (1886), Discours sur les duels de Brantôme (1887).  

La « Bibliothèque des mémoires ». Collection complète en 11 vol. in-16 (1888-1891), avec une couverture rose imprimée en rouge et noir : Mémoires de l’abbé de Choisy, pour servir à l’histoire de Louis XIV (1888, 2 vol.), Mémoires d’Agrippa d’Aubigné (1889), 


Mémoires sur la Bastille (1889), Mémoires de Louvet de Couvrai sur la Révolution française (1889, 2 vol.), Mémoires de la Dsse de Brancas, suivis de la correspondance de Mme de Châteauroux et d’extraits des Mémoires pour servir à l’histoire de Perse (1890), Mémoires de Mme de La Fayette (1890), Mémoires de Marmontel (1891, 3 vol.).

Des publications ne rentrèrent pas dans les collections ordinaires : Recueil général et complet des fabliaux des XIIIe et XIVe siècles(1872-1890, 6 vol. in-8) ; 


Comédiens et comédiennes (1875-1877, 16 livraisons gr. in-8), par Francisque Sarcey ; 

Photographie Librairie du Cardinal
Mémoires-Journaux de Pierre de l’Estoile (1875-1883, 11 vol. gr. in-8), le tome XII et dernier fut édité par Alphonse Lemerre en 1896 ; Œuvres diverses de Jules Janin(1876-1883, 17 vol. in-18 Jésus) ; 


Bibliothèque musicale du Théâtre de l’Opéra (1878, 2 vol. gr. in-8).

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche
Octave Uzanne (1851-1931) débuta sa carrière de bibliographe chez Damase Jouaust, avec des notices sur les Poètes de ruelles au XVIIe siècle(1875-1878, 4 vol. in-18), une préface pour Édouard (1879, in-12), par Madame de Duras, et des notices pour les Lettres de Vincent Voiture(1880, 2 vol. in-12).

Photographie BnF
Pendant le siège de Paris, du 22 octobre 1870 au 22 février 1871, Damase Jouaust rédigea et publia la Lettre-Journal de Paris. Gazette des absents, destinée à être expédiée par ballon, qui laissait deux pages blanches pour la correspondance privée. 

Photographie Camille Sourget
En 1874, la Librairie des Bibliophiles fut le dépositaire principal de la revue éphémère fondée par Charles Cros, la Revue du monde nouveau, qui ne comptera que trois numéros : dès le premier numéro parut l’essai en prose de Mallarmé intitulé « Le Démon de l’analogie ». À partir de 1876, Jouaust fut l’éditeur de la Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique publiée deux fois par mois par le publiciste Georges d’Heilly, pseudonyme d’Edmond-Antoine Poinsot (1833-1902).

« La Librairie des Bibliophiles, dirigée par l’imprimeur Jouaust, si justement surnommé le prince de la typographie et à qui les amateurs les plus grincheux sont redevables de tant de publications hors ligne, s’attache maintenant à donner, vers la fin de l’année, ses éditions à gravures. Rien ne diffère autant de ces derniers ouvrages, malgré une grande apparence d’analogie, que ce qu’on appelle vulgairement les livres illustrés, où les images sont répandues à profusion, au grand préjudice d’une exécution soignée. Dans les livres à gravures de M. Jouaust, au contraire, chacune des planches est une œuvre sérieusement étudiée et a la valeur artistique d’un véritable tableau. Aussi le nombre en est-il forcément restreint. Mais les véritables amateurs aimeront toujours mieux voir un éditeur consacrer à la publication de quelques gravures hors ligne les fonds qu’il aurait pu disperser sur un plus grand nombre de sujets d’un mérite secondaire.
La moisson est abondante cette année pour les bibliophiles. Parmi les richesses que leur offre leur librairie favorite, voici une splendide édition de Molière, dont le premier volume paraît actuellement et qui doit en compter huit. Depuis quelque temps, il n’est pas un éditeur, petit ou grand, illustre ou inconnu, qui n’ait été piqué de l’ambition louable d’éditer Molière. Parmi toutes ces éditions, il en est de belles, il en est même d’admirables, au double point de vue littéraire et typographique.
Je n’exagère rien en disant que cette édition de M. Jouaust est certainement le plus beau monument qu’on ait jamais élevé à la gloire de notre grand poète. Et jamais, depuis nos éditeurs les plus fameux, on n’avait poussé aussi loin l’art du livre. L’impression, faite dans le format grand in-8°, sur le plus beau papier de Hollande qui se puisse voir, est relevée par des en-tête, fleurons, culs-de-lampe, lettres ornées du plus beau style Louis XIV. Le texte, soigneusement et savamment collationné sur l’édition princeps, ajoute à l’émerveillement du livre l’attrait d’un incomparable régal de lettré.
Le premier volume contient : L’Étourdi, Le Dépit amoureux, Les Précieuses ridicules et Sganarelle.
M. Jouaust a eu l’ingénieuse idée de confier au célèbre peintre Louis Leloir le soin difficile d’illustrer ces splendides volumes. On ne peut rien imaginer de plus gracieux et de plus solide en même temps que ces remarquables compositions de Leloir, gravées par Flameng de sa meilleure pointe, et dont chacune est un charmant et spirituel tableau de genre. Tout en restant fidèle à la vérité historique, à l’exactitude du costume, M. Leloir a su imprimer dans ces dessins un cachet tout à fait personnel, et son Molière portera, avec un reflet aussi exact que possible du siècle de Louis XIV, le caractère de l’époque à laquelle il aura été publié.
Ensuite, dans une collection où l’on a vu paraître successivement ces délicieux bijoux typographiques qui s’appellent : l’Heptaméron, le Décaméron, les Cent Nouvelles, Gulliver, Manon Lescaut, Le Voyage sentimental, voici un Rabelais en cinq volumes, pour lequel le peintre-graveur Boilvin a fait des eaux-fortes d’une puissante originalité et des Contes de Perrault, en deux volumes, les Contes en vers et les Contes en prose, accompagnés, de planches où l’ingénieux talent de composition de M. Lalanzo le dispute à la finesse et au brillant de sa gravure.
Dans un genre tout différent, voici une nouvelle édition de l’Éloge de la folie, d’Érasme, avec les 83 dessins d’Holbein, au prix très abordable de cinq francs. On sait que ces dessins ont été tracés à la plume par Holbein sur les marges d’un exemplaire de l’Éloge de la folie. Le précieux volume qui les porte est conservé au musée de Bâle, dans une vitrine qui le protège contre les mains des visiteurs. Par une faveur tout exceptionnelle accordée à M. Jouaust, le directeur du musée a consenti à ce que le volume fût, pendant plusieurs jours, porté chez un photographe par une personne qui, chaque soir, le venait rapporter à sa place. C’est ainsi qu’on a pu obtenir la photographie sur bois de tous les dessins, et les graver ensuite sur les bois mêmes qui avaient reçu l’épreuve photographique, comme des dessins au crayon, mais avec une garantie d’exactitude que n’aurait jamais présentée la copie la plus habilement faite.
N’oublions pas non plus, dans cette revue sommaire des merveilles sorties des presses impeccables de M. Jouaust, la très intéressante publication des Colloques d’Erasme, en trois beaux volumes in-8. Elle est ornée, en tête de chaque dialogue, d’ingénieuses vignettes à l’eau-forte, dans lesquelles l’artiste, M. Chauvet, s’est fait remarquer par une grande simplicité d’exécution et une entière fidélité de détails, qui conviennent merveilleusement à l’œuvre qu’il avait à interpréter.
Nous voulons aussi rappeler les éditions de Paul et Virginie et de Daphnis et Chloé, avec leurs pages élégamment encadrées de rouge, et dans lesquelles l’œil se promène alternativement sur les gracieuses compositions d’Émile Lévy finement gravées par Flameng, et sur les ingénieux ornements dus au crayon de Giacomelli. Ce ne sont plus là des livres, mais de véritables bijoux ciselés par les mains exercées d’artistes en renom, à placer jalousement dans des écrins.
A côté de tous ces beaux livres que je viens de signaler à l’attention des lecteurs, et qui, en raison de leur prix élevé, ne peuvent être à la portée de toutes les bourses, M. Jouaust a créé une collection de Classiques au prix étonnant de trois francs le volume. Le difficile n’était pas de faire des volumes à trois francs – bien des libraires vous donnent à ce prix des livres qui ne valent pas cinq sous – mais c’était de faire des éditions d’amateurs qui pussent satisfaire les exigences des enragés bibliophiles qui ne peuvent consacrer de grosses sommes à l’achat de leurs livres.
M. Jouaust a complètement réussi. Sa Nouvelle Bibliothèque classique, qui se compose à l’heure actuelle de neuf volumes, a été universellement appréciée et goûtée des délicats.
Les Satires de Régnier, Grandeur et Décadence des Romains, de Montesquieu, les Œuvres poétiques de Boileau, le Théâtre de Régnard, les Mémoires de Gramont, les Œuvresde Courier, la Satire Ménippée, sont les ouvrages par lesquels a débuté cette importante collection, destinée à devenir la plus considérable de la Librairie des Bibliophiles, et qui comprendra les chefs-d’œuvre de la littérature française et étrangère.
Je ne connais pas de plus utiles et de plus charmantes étrennes à donner que ces volumes, pour lesquels M. Jouaust, en vue de la saison, a fait faire de beaux cartonnages. »
(Octave Mirbeau. In L’Ordre de Paris, 28 décembre 1876)

La maison Jouaust a obtenu diverses médailles aux expositions de Paris (1867 et 1878), de Lyon (1872), de Vienne (1873) et de Philadelphie (1876). En 1872, Damase Jouaust fut fait chevalier de la Légion d’honneur et fut promu officier en 1881.

Membre de la Société des Gens de lettres, Jean-Benoît Sigaud (1847-1925), dit « Sigaux », domicilié 136 rue Saint-Honoré, travaillait avec Damase Jouaust depuis plusieurs années.  Le 30 juin 1883, il s’associa avec Jouaust pour une durée de cinq ans, constituant la Société en nom collectif « D. Jouaust et J. Sigaux ». En 1887, l’imprimerie et la librairie Jouaust déménagèrent 7 rue de Lille [VIIe].


Le bibliophile Damase Jouaust utilisait un petit ex-libris [41 x 27 mm], dessiné par Jules Chauvet (1828-1898) et imprimé par Auguste Delâtre (1822-1907) : l’ancre marine est accompagnée d’un livre dont le plat supérieur porte « NON LOQVITVR NISI ROGATVS » [ne parle que si on l’interroge].

Renonçant à la lutte qu’il menait depuis de longues années pour assurer la prépondérance diminuée de sa librairie, Damase Jouaust quitta les affaires par lassitude et par découragement. Le goût des beaux livres, qu’il exécutait à tant de frais, et qu’il était obligé de vendre très cher, était un peu passé de mode, en raison surtout du resserrement de la bourse des amateurs. Le 1er octobre 1891, il céda, à un prix dérisoire, son fonds d’éditeur à Ernest Flammarion (1846-1936), éditeur 26 rue Racine [VIe], près l’Odéon. 


Au mois de décembre suivant, il édita à 300 exemplaires une brochure intitulée Ultima, renfermant des articles de Francisque Sarcey, Gaston Deschamps, E. Spuller, Ph. Gille, Firmin Javel, Fernand Bournon, Maurice Du Seigneur, précédés d’un petit portrait gravé par Lalauze.

La véranda du restaurant Marguery
36 boulevard Bonne Nouvelle
Le 28 mars 1892, il assista au diner que lui offrirent ses collaborateurs artistiques et littéraires, ainsi qu’un groupe de bibliophiles, au restaurant Marguery, 36 boulevard Bonne Nouvelle [Xe] : Eugène Abot, Émile Adan, Georges Bengesco, Fernand Bournon, Chalvet, Chardon, baron de Claye, Dammann, Emmanuel Déborde de Montcorin, Ferroud, Antoine Girard, Alexandre Huré, Jeannin, Émile Jouaust, Lafenestre, Marc Laffont, Lalauze, Léon Lemaire, Lips, Mareuse, Mariani, de Montaiglon, Auguste Moreau, Jules Petit, Édouard Poinsot, Saint-Prix, F. Sarcey et Wittmann furent présents. Le menu avait été imprimé par Georges Chamerot et encadré dans une eau-forte de Lalauze. Le compte-rendu du banquet fut tiré à cent exemplaires.
   
Le 1er janvier 1893, il céda son imprimerie à Léopold Cerf (1844-1901), imprimeur-éditeur 13 rue de Médicis [VIe].

Vivant depuis dans une retraite absolue, Damase Jouaust mourut des suites d’une longue et douloureuse maladie, à l’âge de 58 ans, le dimanche 26 mars 1893, en son domicile du 7 rue Scheffer [XVIe]. Ses obsèques eurent lieu à Notre-Dame-de-Grâce de Passy, en présence de quelques amis. Au cimetière de Montmartre, où a eu lieu l’inhumation, deux discours ont été prononcés : le premier par Georges Chamerot, président de la Chambre syndicales des imprimeurs typographes, puis par Jules Petit, le prote de l’imprimerie Jouaust, qui l’avait vu naître. 

Familles Prestat et Jouaust
Cimetière du Père Lachaise
Sa dépouille fut transférée plus tard au cimetière du Père Lachaise [41edivision]. Sa veuve, Sara Fortin, domiciliée alors 3 rue Nicolo [XVIe], décéda le 2 mai 1921 au 8 rue Frédéric Bastiat [VIIIe], près des Champs Élysées.























Lettre sur les Français et la « Bibliographie matérielle »

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Walter Tiemann, 1923

J’ai toujours été très étonné de ne lire que des références à Roger Laufer (Introduction à la textologie. Paris, Larousse, 1974) - agrégé d’anglais, comme par hasard -, et à l’école anglo-saxonne, quand on parle de bibliographie matérielle.
Il est évident que la place manque ici pour développer un sujet qui n’est pas simple, et sur lequel, outre les anciens, de nombreux contemporains écrivent encore aujourd’hui. Je ne peux que rappeler quelques jalons, qui montrent néanmoins que les Français, et particulièrement les bibliophiles français, furent en avance sur le sujet : ils n’ont eu que le tort de ne pas publier suffisamment.

Seule la seconde partie de l’Introduction à la textologie de Laufer traite de bibliographie matérielle : Laufer avait traité le sujet dans un article publié en Australie dès 1966.
Les Anglo-Saxons, menés par Pollard, abordèrent le sujet peu avant la Première Guerre mondiale, à propos des éditions de Shakespeare, au sein de la Bibliographical Society, fondée en 1892.

Constantin, dans son Manuel de bibliothéconomie (1841), fait bien la différence entre « bibliographie littéraire », qui traite du mérite des ouvrages, et « bibliographie matérielle », qui fait « connaître le matériel des livres ».

Peignot, dans son Répertoire bibliographique universel (1812), traite du « matériel des livres », qu’il place dans la « bibliographie élémentaire ».


Achard, dans son Cours élémentaire de bibliographie (1806), écrit qu’il connaît des bibliopoles qui se distinguent « dans la partie matérielle des livres » et qui peuvent nous apprendre que pendant l’impression d’un ouvrage, un désordre dans les lettres d’un mot n’a été rétabli qu’après le tirage de plusieurs exemplaires.

Enfin, cessons de nous battre pour une terminologie, qui serait bien plus explicite avec l’utilisation de la paraphrase « analyse matérielle du livre », puisqu’il semble que l’expression « bibliographie matérielle » est incompréhensible pour certains.

C’est volontairement que j’ai séparé les « théoriciens », qui utilisent des données statistiques ou des mauvais exemples pour leurs démonstrations, des « praticiens bibliophiles ». Même si leurs travaux de bibliographie matérielle peuvent sembler manquer aujourd’hui de précision, ceux de Paul Lacroix, concernant les œuvres de Rétif de la Bretonne et de Molière, et ceux de Antoine-Augustin Renouard, pour ses célèbres catalogues, son néanmoins très antérieurs aux premiers travaux similaires anglo-saxons.
  

Ernest Flammarion (1846-1936), le « Boucicaut du livre »

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Carte de Cassini


Les Flammarion sont originaires d’Avrecourt [Haute-Marne], où ils furent laboureurs, de père en fils, à la ferme de Belfays, au XVIIe siècle. Au siècle suivant, ils épousèrent des jeunes filles des villages voisins, Is-en-Bassigny, Recourt et Montigny-le-Roi.

Maison natale d'Ernest Flammarion, à Montigny-le-Roi
Étienne-Jules Flammarion, né à Montigny-le-Roi le 10 décembre 1810, tailleur d’habits, épousa, le 30 janvier 1839 à Illoud [Haute-Marne], Pauline-Françoise Lomon, née à Illoud le 25 janvier 1819, fille d’un meunier. Ils eurent quatre enfants : Nicolas-Camille, le 26 février 1842, Céline-Berthe, le 16 octobre 1844, et Jules-Ernest, le 30 mai 1846, nés à Montigny-le-Roi ; Anne-Marie, née le 17 avril 1856 chez son grand-oncle maternel, vigneron à Illoud. Arrivé en 1856 à Paris après un mauvais investissement dans une tuilerie, Étienne-Jules Flammarion était devenu concierge, 17 boulevard des Italiens [IIe, détruit ; siège central du Crédit Lyonnais depuis 1878], au coin de la rue de Grammont, en face de la Librairie nouvelle : celle-ci, fondée par Achille Bourdilliat (1818-1882) en 1852, était à l’autre coin de la même rue, 15 boulevard des Italiens [détruit ; salle Marivaux de 1919 à 1986, puis Café Grammont].


Après avoir débuté comme commis chez un marchand de tissus de la rue du Sentier [IIe] dès l’âge de 13 ans, Ernest Flammarion devint, en 1867, représentant de commerce à la Librairie académique Didier et Cie, 35 quai des Augustins [VIe, ancien hôtel Feydeau de Montholon] : il était domicilié alors 10 rue des Moineaux [Ier, disparue en 1876 à l’achèvement de l’avenue de l’Opéra].

Photographie Eugène Atget
Pierre-Paul Didier (1800-1865), succédant à l’Imprimerie et librairie ecclésiastiques d’Adrien Le Clère et Cie, avait ouvert sa librairie en 1828 sous le nom de Librairie académique Didier ; en 1856, il avait associé ses commis Désiré Glorian et Charles Morel sous la raison sociale Librairie académique Didier et Cie ; il s’était retiré vers 1862 et était décédé brutalement le 2 décembre 1865 en son domicile du 2 rue Séguier [VIe, hôtel des Didot].

Ernest Flammarion
Le 20 septembre 1873, à Paris [VIIe], Ernest Flammarion épousa Eugénie-Constance Conty, couturière, née à Paris le 29 avril 1850, fille de Philippe-Victor-Dieudonné Conty, ouvrier menuisier en bâtiments, et d’Adélaïde-Marie Ladoué. Le couple eut trois enfants : Sylvie-Camille, née à Paris [VIe] le 28 juillet 1874, qui épousa, le 22 mars 1897 à Paris [VIe], Alfred-Louis Monprofit, né à Fismes [Marne] le 5 août 1872, fils de Louis Monprofit, chef de station au chemin de fer de l’Est, et de Hortense Dubuisson ; Louis-Albert, né à Paris [VIe] le 20 mars 1877, qui épousa, le 2 juin 1902 à Paris [VIe], Jeanne-Constance-Berthe Engel, née le 28 octobre 1875 à Paris [VIe], fille de Michel Engel (1844-1916), relieur, et de Anna-Eugénie Delimoges (1854-1923) ; Charles-Clément, né à Saint-Mandé [Val-de-Marne] le 28 septembre 1884, qui épousa, le 12 janvier 1907 à Paris [VIe], Lucienne-Éva-Catherine-Émilie-Madeleine Engel, née à Meudon [Hauts-de-Seine] le 20 juillet 1884, fille de Michel Engel, relieur, et de Anna-Eugénie Delimoges.

Galeries de l'Odéon
Photographie Eugène Atget, BnF
Au cours de cette année 1873, Ernest Flammarion avait fait la connaissance du libraire Charles-Adolphe Marpon (1838-1890), installé sous les galeries de l’Odéon [VIe], qui le prit comme commis le 2 novembre 1874. Ernest Flammarion habitait alors 22 boulevard Saint-Michel [VIe].

Charles Marpon était né à Nancy [Meurthe-et-Moselle] le 26 septembre 1838, fils d’un ancien jardinier devenu imprimeur sur mousseline. Venu tout jeune à Paris avec sa famille, il fut mis en apprentissage dès sa sortie de l’école communale, avant d’entrer comme conducteur de machine à l’imprimerie Dubuisson et Cie, 5 rue Coq-Héron [Ier], imprimerie spéciale pour les entreprises de journaux. Son frère Lucien-Alphonse Marpon (1835-1888) ayant pris la succession du libraire Louis-Alphonse Taride (1825-1859), 4-7 galeries de l’Odéon, il s’associa avec lui en 1867. Les deux frères rachetèrent progressivement les boutiques qui se libérèrent sous les arcades de l’Odéon. En 1869, Charles Marpon resta seul maître, son frère étant plus intéressé par les spéculations boursières. Pendant la guerre de 1870, il conserva ses employés et vint même au secours de l’un de ses confrères, en lui achetant d’un coup plusieurs milliers de volumes.

« Quand je me suis associé avec Charles Marpon en 1873, un de ses frères, qu’on appelait le major, était installé dans la petite guérite qui servait de caisse, bureau, comptabilité, etc. Il faut ajouter que cette dernière ne se composait que d’un seul registre et que, l’hiver, les inscriptions devaient se faire au crayon, l’encre étant gelée dans l’encrier. Le major était un ancien sergent des grenadiers de la garde, qui avait eu l’honneur d’apprendre les premiers maniements du chassepot au petit prince, le fils de Napoléon III.
Nous avions comme voisin et confrère le brave père Hurtau de qui nous devions reprendre le fonds quelques années plus tard. C’était un amoureux du livre et il collectionnait tellement que l’achat de son stock nous a effrayés au premier abord.
Brasseur louait depuis déjà longtemps les journaux dans un cabinet de lecture d’au moins quatre mètres de surface, où une dizaine de lecteurs se sentaient les coudes. Le journal à un sou a tué cette industrie.
Notre librairie se composait alors de trois arcades seulement et c’était un continuel casse-tête de placer dans un aussi petit espace la quintessence d’une bonne librairie d’assortiment. »
(Ernest Flammarion. « Les Galeries de l’Odéon ». In Le Gaulois, lundi 26 mars 1900, p. 1)

Galeries de l'Odéon et rue Rotrou-rue de Vaugirard
Le 24 juin 1875, Charles Marpon et Ernest Flammarion s’associèrent pour développer les ventes de livres au rabais et agrandir la maison : aux 1 à 7 galeries de l’Odéon et au 4 rue Rotrou [VIe] s’ajoutèrent les succursales du 3 boulevard Saint-Martin [IIIe, Librairie populaire de la Ruche], dès 1875, et du 10 boulevard des Italiens - 2 passage de l’Opéra [galerie du Baromètre, IXe ; Eugène Rey (1869-1949), libraire boulevard des Italiens, puis rue Drouot, y fut commis vers 1884 ; détruit en 1925] en 1876. 


Ils publièrent bientôt leur premier livre : La Corde au cou (1876), du caricaturiste André Gill. Suivirent en 1877 : La Grande Symphonie héroïque des punaises, par Nadar et Charles Bataille, 


et Voyage aux pays annexés, par Victor Tissot, où ils se présentèrent pour la première fois comme éditeurs. Ernest Flammarion habitait alors 4 rue Rotrou.


A l’époque, Marpon et Flammarion commencèrent à séjourner, pendant l’été, à Pornichet [Loire-Atlantique] où Philippe Toubon, libraire 21 rue des Grands Augustins [VIe], avait ouvert en 1875 les portes de l’Hôtel des Bains et de la Plage [aujourd’hui Résidence de la Plage, 70 boulevard des Océanides]. 

Famille Taride, dans la villa "Ker Marie", à Pornichet
D’autres libraires, comme Jules Taride (1832-1895) et Georges Charpentier, firent construire à Pornichet leurs résidences de vacances, contribuant à la notoriété de la commune et de sa plage, qui jouxte celle de La Baule et qui fut surnommée la « Plage des Libraires ».

Par suite d’arrangements intervenus entre Marpon et Flammarion d’une part et la Librairie internationale A. Lacroix [Albert Lacroix (1834-1903)] et Cie, 13 rue du Faubourg Montmartre [IXe], premier éditeur d’Émile Zola, d’autre part, Marpon et Flammarion furent chargés de la vente exclusive des ouvrages du fonds de la Librairie internationale, ainsi que de leur exploitation à partir du 1eravril 1878.

Engagé comme commis par solidarité régionale, Auguste Vaillant, né le 21 mai 1853 à Bourmont [Haute-Marne], épousa, le 30 novembre 1878, Anne-Marie Flammarion, née à Illoud le 17 avril 1856, sœur d’Ernest Flammarion, domicilié alors 20 rue de Vaugirard [VIe].


Le succès des éditions de Marpon et Flammarion vint avec la première édition illustrée de L’Assommoir(1878) par Émile Zola, 


l’Astronomie populaire (1879) par Camille Flammarion, l’Histoire de la Révolution française (1879, 9 vol.) et l’Histoire de France (1879, 19 vol.) par Jules Michelet, suivi par le Précis de la Révolution française (1881), par le même. Les livres illustrés furent souvent vendus en fascicules.

En 1881, Marpon et Flammarion inaugurèrent la « Collection des grands historiens contemporains étrangers » avec Histoire de la civilisation en Angleterre (3 vol.), par Henry-Thomas Buckle, traduite de l’anglais par A. Baillot. Les deux associés installèrent d’autres succursales, dont celle du 14 rue Auber [IXe].

« Le matin, les effluves odorants du Luxembourg se changeaient parfois en bourrasques qui faisaient voltiger les livraisons de la Géographie de Reclus, de la Natureet de l’Astronomie populaire, dont les trois grandes piles formaient l’avant-garde des séries illustrées.
A dix heures, Marpon arrivait du Voltaire, dont il était administrateur, et m’apportait le dernier mot de Scholl à son ami Camille Etiévant. Un des premiers visiteurs quotidiens était M. de Bullemont, secrétaire général de la Préfecture de police, souscripteur fidèle à la Bibliothèque littéraire de Lemerre et à la collection artistique de Jouaust, dont les premiers volumes faisaient prime aussitôt leur apparition. Puis c’était Asseline, se rendant à une commission du conseil municipal installé au Sénat pendant l’exil des deux Chambres à Versailles ; Larroumet, qui faisait son cours de rhétorique au lycée Henri IV ; O. Sainsère, Joanne, allant chez Hachette corriger les épreuves de ses Guides ; Théodore de Banville, qui venait fouiller dans les boîtes de livres d’occasion.
A midi je descendais dans la petite boutique de la rue Rotrou où le gazouillement de ma fille – depuis Mme Monprofit – effaçait les soucis de la matinée. Cette boutique était placée entre le grand café Tabourey, qui faisait le coin de la rue Vaugirard, où Barbey d’Aurevilly et François Coppée prenaient leur apéritif, et la brasserie Schaller, où André Gill et Jules Vallès se faisaient un malin plaisir de terrifier les consommateurs par l’annonce d’une nouvelle Commune !
A deux heures apparaissait la silhouette majestueuse de Leconte de Lisle faisant sa promenade quotidienne des galeries, puis Bourget venant recommander la bonne exposition de son premier né : la Vie inquiète ; Léon Bourgeois, Savary, futur sous-secrétaire d’Etat, disparu aussi vite qu’il était monté dans les sphères gouvernementales ; Alphonse Daudet et son éditeur et ami Georges Charpentier, dont j’ai conservé la photographie prise à leur insu devant l’étalage de livres ; Paul Meurice, avec qui nous étions en affaire d’édition pour les volumes in-18 de l’Homme qui rit et des Travailleurs de la Mer, de Victor Hugo ; Duquesnel et son acteur favori Porel, qui devait devenir à son tour directeur de l’Odéon. Il avait succédé à La Rounat que j’aidais à monter en voiture avec ses béquilles. Une chute malheureuse l’avait estropié. […]
Vers six heures, nous nous égayions des rendez-vous discrets dont les seuls habitués reconnaissaient les favorisés. Cela était si commode d’attendre le bien-aimé en feuilletant les nouveautés ! A la même heure, Verlaine montait à l’Académie – celle de la rue Saint-Jacques ; Camille Flammarion se dirigeait vers l’Observatoire, en revenant de chez Gauthier-Villars, où il publiait alors la suite des Etudes et Lectures de l’illustre Babinet.
Le soir, le Parnasse nous apparaissait avec Albert Mérat et Mendès débordant d’enthousiasme, avec ce bon sourire des yeux que nous retrouvons toujours chez ce bon Catulle ; Richepin, suivi de son fidèle Raoul Ponchon ; Octave Uzanne et son ami Rochard, tenant en laisse un superbe chien ; Paul Arène, Brunetière, Jules Roche et Pichon, le petit Pichon, comme on l’appelait ; il est actuellement le représentant de la France à Pékin. »
(Ernest Flammarion. Ibid.)

Bibliothèque de Camille Flammarion, à Juvisy-sur-Orge
Ce fut en 1882 que Camille Flammarion hérita d’un mécène la propriété de Juvisy-sur-Orge [Essonne], qu’il transforma en observatoire. Au premier étage furent installés ses appartements privés. Près de la volée d’escalier, se trouvaient un couloir tapissé de livres, la bibliothèque et le bureau. Le décor des boiseries de la bibliothèque était recherché : douze signes du zodiaque, douze instruments d’astronomie et autant d’emblèmes scientifiques ou littéraires y furent sculptés. La bibliothèque aurait contenu un exemplaire de son ouvrage Dans le ciel et sur la terre (Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1886) – et non Les Terres du ciel, comme il a été dit-, relié avec la peau des épaules de la comtesse de Saint-Ange et portant en lettres d’or « Souvenir d’une morte ».

Marque de Marpon et Flammarion
En mars 1882, Marpon et Flammarion achetèrent l’Imprimerie Arnous de Rivière, 26 rue Racine [VIe], près l’Odéon, et s’y installèrent. Trois ans plus tard, ils se rendirent acquéreurs de l’Imprimerie Tolmer, 3 rue Madame [VIe].
L’éditeur Georges Charpentier, qui se trouvait depuis 1879 dans une situation financière précaire, avait dû faire appel à des financements extérieurs. Après l’échec de négociations avec Calmann-Lévy, il se tourna vers Marpon et Flammarion : il leur céda la moitié de sa maison en 1883, devant alors leur soumettre ses choix en matière d’édition. Mais il ne parvint jamais à apurer complètement ses comptes et dut céder à ses associés des parts du capital à plusieurs reprises : en 1884, Marpon et Flammarion étaient devenus propriétaires des trois quarts de la Société G. Charpentier et Cie.

Le 25 août 1883, à Paris [IXe], Charles Marpon épousa Marie-Ernestine Poux, née à Champagnole [Jura] le 25 avril 1848, fille de Pierre-Ambroise Poux, voiturier, et de Joséphine Michoudet, ménagère : ils reconnurent alors leur fille Jeanne-Léonie-Marie, née quinze ans auparavant, le 29 janvier 1868. 


En cette année 1883, Ernest Flammarion possédait une résidence secondaire à Saint-Mandé [Val-de-Marne], 39 avenue Daumesnil.

On trouvait alors au catalogue Marpon et Flammarion des ouvrages aussi divers que le Bréviaire de l’amour expérimental (1882), par le Dr Jules Guyot ; 


le Dictionnaire de l’argot des typographes (1883), par Eugène Boutmy ; 


Les Tireurs au pistolet (1883), par le baron de Vaux ; Les Églises de Paris (1883),par Viollet-le-Duc ; La Navigation aérienne (1885), par Augustin-Henry et Augustin-Frédéric Hamon, 


ou La Vie de Victor Hugo(1886), par Alfred Barbou, éditée avec Georges Charpentier.
Le romancier Alexis Bouvier confia à Marpon et Flammarion Le Bel Alphonse (1883), 


Hector Malot La Petite Sœur (1884) 



et Guy de Maupassant les Contes du jour et de la nuit (1885) et Toine (1885).


Les livres de cuisine firent leur entrée avec La Cuisine à l’usage des ménages (1884), par le baron Brisse.


Marpon et Flammarion publièrent Les Gaîtés de l’escadron (1886), le premier livre de Georges Courteline ; 


La Belle Nivernaise. Histoire d’un vieux bateau et de son équipage(1886), par Alphonse Daudet ; La France juive. Essai d’histoire contemporaine (1886, 2 vol.), traité antisémite qui fit scandale, par Édouard Drumont ; 


Le Monde avant la création de l’homme (1886), par Camille Flammarion, 


suivi de La Création de l’homme (1887), par Henri Du Cleuziou, dans la collection « Bibliothèque scientifique populaire ».
Ils lancèrent un Dictionnaire populaire de médecine usuelle d’hygiène publique et privée (1887, 2 vol.), par le Docteur Paul Labarthe.


La même année 1887, ils créèrent la collection des « Auteurs célèbres », à 60 centimes, avec Lumen, par Camille Flammarion, et Thérèse Raquin, par Émile Zola : riche d’environ deux cents titres en 1890, cette collection s’arrêta en 1912, après six millions d’exemplaires vendus.


Les Femmes d’amis, par Georges Courteline [né Georges Moinaux], 

Photographie BnF
et Les Gaîtés bourgeoises, par son père Jules Moinaux [né Joseph-Désiré Moinaux], inaugurèrent en 1888 une collaboration avec l’illustrateur Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923). 


Marpon et Flammarion donnèrent Sur l’eau (1888), par Guy de Maupassant, 


une « Bibliothèque de la vie moderne » avec Le Mahatma (1888), par Gaston Bussy et Gaston Lèbre, 


Les Premières Civilisations (1889), par Gustave Le Bon, et le Mariage riche (1889), par Hector Malot.

Le 24 octobre 1887, Jeanne-Léonie-Marie Marpon avait épousé Noël-Eugène Fasquelle, secrétaire de la « Bibliothèque Charpentier » depuis 1886, né à Paris [Xe] le 28 mars 1863, fils de Léon-Alfred Fasquelle (1835-1917), architecte, et de Joséphine Charlot. Parmi les témoins se trouvaient Georges Charpentier, éditeur, chevalier de la Légion d’honneur, demeurant 11 rue de Grenelle [VIIe], Arsène Houssaye, homme de lettres, officier de la Légion d’honneur, 49 avenue de Friedland [VIIIe], et Ernest Flammarion, éditeur, 26 rue Racine.

Dans la « Collection Guillaume », qui se composait d’ouvrages publiés aussi chez d’autres éditeurs [Calmann Lévy, Dentu, Édouard Guillaume, Lemerre], Marpon et Flammarion publièrent : 


Tartarin sur les Alpes (1886), 


Tartarin de Tarascon (1887), 


Sapho, mœurs parisiennes (1887), 


Trente ans de Paris (1888), 


Souvenirs d’un homme de lettres (1888), 


Jack(1889), 


La Faute de l’abbé Mouret (1890), par Émile Zola, 


Port-Tarascon, dernières aventures de l’illustre Tartarin(1891), 


L’Obstacle, pièce en 4 actes (1891),


Daphnis et Chloé (1892), par Longus, 


et Rose et Ninette. Mœurs du jour (1892), par Alphonse Daudet ; 


Notre-Dame de Paris (1888), par Victor Hugo ; 


Uranie (1889), par Camille Flammarion.

Après la mort de Charles Marpon, arrivée le 25 juin 1890 en son domicile du 24 boulevard Poissonnière [IXe], Ernest Flammarion céda à Eugène Fasquelle l’intégralité des droits de la Société Marpon et Flammarion dans la Société G. Charpentier et Cie : la Société G. Charpentier et E. Fasquelle fut alors créée.
Au mois de septembre 1890, Flammarion engagea comme commis un autre haut-marnais, le futur éditeur Albin Michel (1873-1943), qu’il confia à Auguste Vaillant.

Le 1er octobre 1891, Flammarion acquit, à un prix dérisoire, le fonds de l’éditeur Damase Jouaust (1834-1893) qui, découragé, quittait les affaires.



La même année 1891, Flammarion lança une collection « Bibliothèque pour tous », à 75 centimes, avec des titres comme Manuel complet de tous les jeux de cartes, par Adhémar de Longueville, ou Manuel du serrurier, par L. Therrode.


Le catalogue Flammarion s’étendit en 1892 avec la collection « Les Auteurs gais », inaugurée par Pas de bile ! d’Alphonse Allais, 



suivi, en particulier, par Georges Courteline : Messieurs les ronds-de-cuir (1893), Un client sérieux (1897).


Jules Renard donna Poil de carotte en 1894, illustré par Félix Vallotton (1865-1925).

Le 29 juin 1895, Flammarion s’associa avec son beau-frère Auguste Vaillant (1853-1921) pour la gestion des librairies, lui-même s’occupant de la maison d’édition. Flammarion apportait ses huit librairies : galeries de l’Odéon, rue Rotrou-rue de Vaugirard, boulevard des Italiens, rue Auber [fermée en 1929], boulevard Saint-Martin, rue du Faubourg-Saint-Honoré [VIIIe, ouverte en 1890 et cédée en 1896 au fils de sa sœur Berthe ; une autre ouvrira dans la même rue en 1924], rue de Marengo [Ier, achetée en 1887] et Versailles [achetée en 1890, rétrocédée en 1898]. Vaillant apportait deux librairies : avenue de l’Opéra [IIe], achetée aux successeurs de Dentu, et rue de Rennes [VIe].

Bibliothèque des Chemins de Fer
En 1896, ce réseau s’agrandit momentanément d’une partie des bibliothèques de gare, Flammarion ayant réussi à contester à Hachette une exclusivité qui entravait la distribution de son catalogue populaire, mais il les céda à Hachette en 1903.

En 1897, Albin Michel fut nommé gérant de la succursale de l’avenue de l’Opéra. Il aurait pu y rester encore de nombreuses années s’il ne s’était décidé à se marier en 1901 et à quitter Flammarion et Vaillant qui lui avaient refusé une association.

Le Havre, place Gambetta
Les dix fonds de commerce parisiens et versaillais furent étendus aux boutiques de Le Havre, à l’angle de la rue de Paris et de la place Gambetta, en 1906 [transférée place de l’Hôtel de Ville en 1910], 

Lyon, place Bellecour (photographie de 1946)
et Lyon, à l’angle de la place Bellecour et de la place Antonin Poncet, en 1908 [vendue en 1999]. La librairie de Marseille, rue Paradis, achetée en 1891, fut revendue, puis reprise et fermée en 1987.

26 et 28 rue Racine, à Paris
Reprenant l’immeuble du 28 rue Racine, Flammarion fit démolir les 26 et 28 rue Racine pour faire construire en 1899 un nouvel immeuble par l’architecte Alfred Fasquelle, père d’Eugène Fasquelle. 


Le « Boucicaut du livre » - surnom donné à Ernest Flammarion par Octave Uzanne à cause de ses rabais systématiques sur le prix marqué des volumes -, y emménagea au début de l’année 1900.


Les romans d’aventures militaires de l’officier Émile Driant, qui utilisait le pseudonyme « Capitaine Danrit », anagramme de son nom, afin d’éviter la censure, furent des succès de librairie : La Guerre de demain (1888-1893, 6 vol.), L’Invasion noire (1894), La Guerre fatale (1902, 3 vol.), Robinsons de l’air(1908), Robinsons sous-marins (1908), L’Aviateur du Pacifique (1909), L’Invasion jaune (1909, 3 vol.), L’Alerte (1910), Un dirigeable au pôle Nord (1910), Au-dessus du continent noir (1911).


Flammarion publia en 1897 la traduction de Vers le pôle de Fridtjof Nansen et, en 1906, les récits des expéditions polaires du commandant Jean-Baptiste Charcot. Léon Daudet lui confia en 1901 un roman fantaisiste et antisémite : Le Pays des parlementeurs.


En 1898, Flammarion commença à publier la romancière Sibylle Riquetti de Mirabeau, dite « Gyp » : Israël fut le premier d’une série de quatre ouvrages.


En 1900, il enrichit son catalogue de livres de cuisine avec l’École des cuisinières, par Urbain-Dubois.


Une collection « Bibliothèque de philosophie scientifique » fut lancée en 1902 par le Dr Gustave Le Bon, avec Psychologie de l’éducation : 108 titres furent publiés dans cette collection en douze ans.

Le 2 juillet 1909, Flammarion fit entrer ses fils Albert Flammarion (1877-1937) et Charles Flammarion (1884-1967) comme associés dans la maison d’édition : le comportement de son gendre, Alfred Monprofit (1872-1957), lui valut d’être écarté.


Dès le 30 juillet 1909 fut annoncé un livre de Pierre Souvestre et Auguste Wimille, La Traversée de la Manche en aéroplane, avec une préface de Louis Blériot, qui avait traversé la Manche pour la première fois le 25 juillet.
Parmi les sujets de société, Flammarion publia Le Mariage des prêtres (1911), par l’abbé Jules Claraz.

Le 14 janvier 1913, Flammarion et Vaillant formèrent une nouvelle Société pour les librairies, en faisant entrer chacun leurs fils : Albert et Charles Flammarion, Georges et Jean Vaillant, et Paul Delloue, gendre d’Auguste Vaillant. La Société géra désormais onze librairies, dont trois en province. Au cours de l’année, les Flammarion lancèrent la collection « Bibliothèque de culture générale » : Le Perfectionnement des plantes (1913), par L. Blaringhem, et Le Problème de Jésus (1913), par Charles Guignebert, furent parmi les premiers titres. 


Cette même année parut L’Envers du music-hall, par Colette (Colette Willy).
Ce fut aussi en 1913 que les Flammarion confièrent la direction littéraire de leur maison aux frères Max Fisher (1880-1957) et Alex Fischer (1881-1935), romanciers d’origine suisse. 


Le 1er février 1914, ils créèrent la nouvelle « Select-Collection », à 50 centimes, avec La Guinguette, par Gyp.
En 1915, Charles-Henry Hirsch donna la Mariée en 1914 et Tristan Bernard publia Le Poil civilgazette d’un immobilisé pendant la guerre


Le 15 décembre 1916, Le Feu, par Henri Barbusse, obtint le prix Goncourt.
Maurice Genevoix publia Nuits de guerre (Hauts de Meuse) (1917), 


Au seuil des guitounes (1918), La Boue (1921) 


et Les Éparges(1923). 


Le prix Femina 1918 alla à Henri Bachelin pour Le Serviteur.


Une nouvelle collection, « Une heure d’oubli », à 45 centimes, fut lancée en 1919, avec Profil de veuve, par Paul Bourget.
En 1922, Flammarion lança une « Bibliothèque des connaissances médicales », sous la direction du Docteur Apert, et une nouvelle collection, « Les Histoires drôles ». 


La même année, parut La Garçonne, par Victor Margueritte, qui fit scandale et qui fut un énorme succès de librairie ; Le Fruit mûr et Mitsi, par Marie et Frédéric Petitjean, sous le pseudonyme de « Delly » ; L’Impossible Rédemption, par Thérèse de Marnyhac, sous le pseudonyme de « T. Trilby ».


Avec Le Blé en herbe (1923), Colette signa pour la première fois de son seul nom ; de 1924 à 1928, elle donna La VagabondeLa Femme cachéeAventures quotidiennesLa Fin de Chéri et La Naissance du jour.
À la même époque furent publiés : La Possession (1927) et Les Deux Baisers (1930), par Raymonde Machard ; L’Ennemie intime (1931) et Mariage (1933), par Marcelle Tinayre ; La Marche funèbre (1929) et Le Chef(1930), par Claude Farrère.


La collection « Éducation » vit le jour en 1927, sous la direction de Paul Faucher, avec Trois pionniers de l’éducation nouvelle, par Adolphe Ferrière.
En 1928, Max Fischer reprit La Chair et le Sang, par François Mauriac, et l’année suivante, Préséances ; en 1931, il obtint un inédit, Le Jeudi-Saint, dans la nouvelle collection « Les Belles Fêtes ». De Paul Morand, il publia Paris-Tombouctou (1928), Hiver caraïbe (1929), New York (1930) et A.O.F.De Paris à Tombouctou (1932) ; de Mac Orlan, Nuits aux bouges (1929) et La Légion étrangère (1933). Jules Romains publia Les Hommes de bonne volonté (27 tomes de 1932 à 1946).
D’autres succès suivirent : Le Nouveau Savoir-Vivre (1930), par Paul Reboux ; Les Dernières Années de l’impératrice Eugénie (1933), par Octave Aubry ; Napoléon et l’amour, par Frédéric Masson ; la collection « Les Albums du Père Castor » ; 


Comment je vois le monde (1934), par Albert Einstein, et L’Évolution des idées en physique (1938), par Albert Einstein et Léopold Infeld ; L’Âme allemande (1933), par Louis Reynaud.

Le 2 janvier 1919, Ernest Flammarion avait pris sa retraite, au profit de ses deux fils. La Société prit le nom de « Librairie Ernest Flammarion », qu’elle conserva jusqu’en 1996. Albert Flammarion s’occupa plus particulièrement des librairies et Charles Flammarion des éditions.
Auguste Vaillant mourut le 24 juin 1921, des suites d’une opération chirurgicale intestinale. Ses héritiers restèrent associés dans les librairies mais, suite à des contestations sur ce qui leur revenait, ils acceptèrent de revendre progressivement leurs parts aux Flammarion, qui rachetèrent également celles de leur père.
La librairie de Bordeaux, cours Georges Clemenceau, fut ouverte en 1924, celle de l’avenue Victor Hugo, à Paris [XVIe], en 1925.
En 1928, une brouille entre les deux frères Fischer entraîna les Flammarion dans un long procès : seul Max Fischer resta directeur littéraire ; les Flammarion furent condamnés solidairement à indemniser Alex Fischer.

L’épouse d’Ernest Flammarion, Eugénie Conty, mourut le 2 février 1928 à Monte-Carlo [Monaco]. Sa succession ouvrit un conflit avec leur fille Sylvie Flammarion, qui revendiqua son héritage. Ernest Flammarion, qui avait institué ses fils légataires universels et précisé dans son testament que la part de sa fille devait être « limitée au minimum que la Loi m’oblige à lui laisser », dut négocier et proposa de régler sa propre succession par anticipation. Le conflit dura cinq ans jusqu’à un accord qui dédommagea Sylvie Flammarion.
Ernest Flammarion vécut avec une rente jusqu’à son décès le 21 janvier 1936, au 28 rue Racine. Il fut inhumé au cimetière du Montparnasse [27e division].

Photographie BnF (1925)





























Stanislas du Val, comte d’Essertenne (1805-1889)

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Château d'Essertenne (1921)
Jacques du Val, chevalier, seigneur de Cussey-les-Forges, Bouley, Praslay, Vivey, Mouilleron, Mussiot, Esmons, le Charmois et Rivière-les-Fosses [Haute-Marne], fut engagé dans le service du roi Henri III contre la Ligue et obtint une compagnie de chevau-légers. Après la mort de Henri III, il demeura attaché au service de Henri IV. Au commencement de mai 1592, il fut blessé au combat d’Yvetot [Seine-Maritime], ce qui l’obligea de se retirer dans ses terres, où il épousa, le 24 octobre 1592, Madeleine de Contay, de laquelle il eut dix garçons et six filles. Il fut blessé de nouveau au siège d’Amiens [Somme], en 1597, et au siège de Montmélian [Savoie], le 4 juillet 1605. Sa majesté, en reconnaissance de ses services, le nomma, en 1610, gentilhomme ordinaire de sa chambre. Il fut élu, le 2 septembre 1614, député de la noblesse du bailliage de Langres [Haute-Marne], pour présenter les cahiers et porter la parole aux états généraux de France, convoqués à Paris, le 14 octobre 1614, en l’église des Grands-Augustins. Il accompagna le roi Louis XIII à Bordeaux [Gironde], lors de son mariage, en 1615. Il fut tué au siège du fort de Chavienne, au mois de février 1625.


Son fils Richard du Val fut le fondateur de la branche des seigneurs de Vivey et d’Essertenne : chevalier, seigneur de Vivey, Montigny-sur-Vingeanne [Côte-d’Or], Villeneuve, Mussiot, la Maison-du-Bois et Essertenne [Haute-Saône]. Il fut, en 1618, lieutenant des carabiniers ; il fit les campagnes de 1620 en Normandie et en Anjou, de 1621 en Poitou, Saintonge et Guyenne, et de 1662 en Guyenne et Languedoc. Il épousa, le 16 octobre 1630, Philippe de Montroz. Il eut de son mariage sept enfants, dont l’aîné seul a laissé postérité. Il acheta la seigneurie d’Essertenne en 1640 et fit reconstruire le château, qui avait été détruit en 1638 après le siège de Dole [Jura].

Joseph-Marie du Val, chevalier, seigneur de Vivey, Mussiot et Essertenne, fut nommé, en 1650, capitaine dans le régiment de Navarre infanterie. Il fut blessé au siège de Valence [Drôme], le 27 juin 1656 ; à la paix des Pyrénées, il quitta le service pour épouser, le 8 février 1665, Marie-Edmée de Rémond : des douze enfants qu’il eut, un seul a laissé postérité.

Richard du Val, chevalier, seigneur d’Essertenne, servit dans la Marine royale. Il se maria trois fois : en 1710, à Claude-Pierrette d’Hennezel de Beaujeu, dont il n’eut point d’enfant ; à Pierrette-Ingeburge de Laborey de Salans, dont une fille morte en bas âge ; en 1721, à Suzanne d’Esterno, dont il eut deux enfants.

Claude-Lambert du Val, chevalier, seigneur d’Essertenne, né à Essertenne le 22 septembre 1723, entra, en 1742, au service du Roi, comme lieutenant dans le régiment de la Suze dragons, dans lequel il servit pendant quinze années. Il s’est marié deux fois : en 1749, à Anne-Marie Brice, dont il eut cinq enfants ; en 1756, à Catherine Berthelemy, dont il eut sept enfants. Le château d’Essertenne dura jusqu’en 1755, quand Claude-Lambert du Val le fit tomber, parce qu’il menaçait ruine.

Pierre-Marie-Stanislas du Val, chevalier, seigneur d’Essertenne, né à Essertenne le 7 mai 1763, entra, en 1772, en qualité d’élève du Roi, à l’école royale et militaire de La Flèche [Sarthe], et ensuite à celle de Brienne [Aube]. De là, il fut nommé par le Roi, en 1779, cadet gentilhomme, puis sous-lieutenant, lieutenant et capitaine dans le régiment d’Austrasie infanterie, où il a servi jusqu’en 1792, époque où la Révolution et l’insurrection de son régiment l’ont forcé de quitter la France. Fidèle à son Roi, il alla rejoindre l’armée du prince de Condé. Il fut décoré en 1796 de la croix de Saint-Louis. Il épousa, le 24 mai 1803, Amélie-Octavie de Pernon, fille de Louis-Aimond de Pernon, trésorier général de la maison du Roi et administrateur général de la loterie de France, mort sur l’échafaud, et d’Adélaïde-Marie-Octavie de Lorimier de Chamilly, fille de Lorimier de Chamilly, premier valet-de-chambre du Roi, aussi mort sur l’échafaud. Il mourut au château d’Essertenne le 11 février 1836.

Son fils Lambert-Marie-Stanislas du Val était né à Essertenne le 1er germinal An XIII [22 mars 1805]. 


Matrice en plomb de plaque de harnais [8 cm], 
aux armes d'alliance de Stanislas du Val (1805-1889) et de Anatolie d'Orceau (1816-1891).

Demeurant alors à Paris, 12 rue Sainte-Croix d’Antin [absorbée en 1849 par la rue Caumartin, IXe], il épousa, le 16 octobre 1837, à Ducy-Sainte-Marguerite [Calvados], Camille-Anatolie d’Orceau, née à Caen [Calvados] le 23 mai 1816, fille de Aimé-François-Emmanuel d’Orceau, baron de Fontette, et de Adélaïde-Françoise-Marie de Cauvigny. Il fit construire le nouveau château d’Essertenne en 1840.

En 1854, avec Bénigne-Étienne-Joseph-Jean-Philippe Legoux, marquis de Saint-Seine, et Louis-Marie-Philibert-Armand-Alfred Dexmier, comte d’Archiac, demeurant tous deux à Dijon [Côte-d’Or], il forma à Gouille [Doubs] la Société des usines de Gouille, société anonyme dont l’objet fut l’exploitation des usines de Gouille, situées à Beure, près Besançon [Doubs] ; la fabrication dans lesdites usines des fers-blancs, tôles et autres produits en fer fin ; l’exploitation d’une fonderie et d’un atelier de construction et d’ajustage ; enfin, la vente des produits de ces différents genres de fabrication.

Les du Val portaient : D’azur, à la bande d’argent, supporté par deux griffons, et surmonté d’un trophée d’armes, avec la devise « En tout candeur ».   

Après avoir cessé vers 1865 d’enrichir sa bibliothèque, Stanislas du Val considéra un jour que son âge avancé lui permettait de la vendre.


La vente eut lieu le samedi 12 février 1881, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, rue Drouot, salle 3 au premier : Choix de livres rares et précieux provenant de la bibliothèque de M. le comte d’Es…… (Paris, Adolphe Labitte, 1881, in-8, [3]-[1 bl.]-V-[1]-44-[1]-[1 bl.] p., 123 lots), dont Théologie-Morale [7 lots = 5,69 %], Beaux-Arts-Arts divers-Chasse-Pêche [8 lots = 6,50 %], Linguistique [1 lot = 0,81 %], Poésie [33 lots = 26,82 %], Théâtre [6 lots = 4,87 %], Romans et contes [36 lots = 29,26 %], Dialogues-Emblèmes-Facéties [6 lots = 4,87 %], Epistolaires [3 lots = 2,43 %], Polygraphes français et étrangers [4 lots = 3,25 %], Histoire [16 lots = 13 %], Biographie [3 lots = 2,43 %].

« Le possesseur de ce petit musée avait commencé, il y a longtemps déjà, à acquérir les volumes rares et précieux qu’il rencontrait dans la plus belle condition possible. Et à l’époque où on se mit à attacher plus d’importance à la beauté des reliures, il avait confié ces volumes à l’artiste dont la vogue a dépassé depuis celle de tous ses prédécesseurs, à Trautz-Bauzonnet. Aussi ce qui frappe d’abord dans un choix de livres aussi peu nombreux, c’est le grand nombre de reliures signées de ce fameux artiste. Sur un total de 123 numéros, qui font l’objet de cette notice, on lit 69 fois la signature de Trautz [67 Trautz-Bauzonnet + 2 Bauzonnet], ce qui forme en tout 115 volumes sortis de ses mains. Les autres volumes sont presque tous reliés par Duru [27 Duru + 3 Duru et Chambolle], un autre artiste très apprécié. Quant aux reliures anciennes, ici peu nombreuses [6 Rel. anc. + 3 Derome + 1 Boyet], elles ont été choisies di primo cartello ; et quelques-unes sont d’une beauté presque incomparable. » (p. I-II)

Les autres reliures, outre 1 reliure anglaise et 1 reliure sur brochure, sont signées Petit (6), Capé (3), Hardy (3) et Closs (1). La reliure du n° 123 [Mémoires sur la vie de mademoiselle de Lenclos, par M. B****. Amsterdam, et se vend à Paris chez Rollin fils et Bauche fils, 1751, in-12, mar. bleu, fil., dos orné, tr. dor.] est de Duru et non de Trautz-Bauzonnet comme indiqué au catalogue.

« La bibliothèque de M. le comte d’Essertenne se composait d’un petit nombre d’articles (123 numéros seulement), qui ont produit le chiffre de 73,174 francs en une seule vacation. C’est en 1854, à la vente de M. Armand Bertin, que nous avons vu M. le comte d’Essertenne faire ses premières acquisitions. Depuis, il achetait soit chez les libraires, soit aux ventes, par leur entremise, des livres anciens et modernes, indifférents, pourvu qu’ils répondent à son goût ; il n’avait aucune idée arrêtée, aucune prédilection. Dans la plupart des cas, il aimait à faire relier de beaux exemplaires ; il employait les relieurs Trautz et Duru exclusivement. On a pu voir à sa vente que ces reliures étaient d’une réussite parfaite ; seulement nous avons regretté que pour beaucoup d’exemplaires la restauration et le lavage n’aient pas été exécutés avec le respect du vieux livre, ce ton de papier blanchi par le fait du chlore, est spongieux, choque l’œil d’un bibliophile ; c’était un défaut grave. Néanmoins les prix que nous allons mentionner indiqueront suffisamment le succès obtenu par cette réunion de jolis volumes. »
(Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Léon Techener, 1881, p. 75)

Photographie H. Picard et Fils
 1.Réflexions sur la miséricorde de Dieu, par la duchesse de La Vallière. Paris, Techener, 1860, 2 vol. in-8, portr., mar. La Vallière jans., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 165 fr. à Fontaine.


3. Essais de Michel, seigneur de Montaigne. Paris, Abel l’Angelier, 1588, in-4, front., mar. r., filets à froid, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Imparfaitement relié. 660 fr. à Fontaine.


4. De la sagesse, trois livres, par Pierre Charron. Leide, Elseviers, 1646. Pet. in-12, front., mar. n., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 215 fr. à Fontaine.


5. Maximes et réflexions morales du duc de La Rochefoucauld. Paris, Imprimerie royale, 1778, pet. in-8, portr., mar. r. jans. (Trautz-Bauzonnet). 150 fr.


7. Les Caractères de Théophraste, avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, par M. de La Bruyère. Paris, 1740, 2 vol. in-12, front., mar. vert, fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 415 fr. à Rouquette.


8. Abrégé de la vie des plus fameux peintres, avec leurs portraits gravés en taille-douce (par Dezallier-d’Argenville). Paris, 1762, 4 vol. in-8, front., fleurons et nombreux portraits, mar. v., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Exemplaire de J.-J. de Bure. 1.500 fr. à Rouquette.


9. La Vie des peintres flamands, allemands et hollandois, par M. J.-B. Descamps. Paris, 1753-1764, 4 vol. in-8, portr., front., mar. r., fil., tr. dor. (Hardy). Ex. médiocre. 140 fr.


11. Les Émaux de Petitot du Musée du Louvre. Paris, B. Blaisot, 1862, 2 vol. in-4, mar. r., dent., tr. dor. (Petit). 305 fr.


13. La Vénerie de Jaques Du Fouilloux. Paris, Galiot du Pré, 1573, in-4, fig. sur bois, mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 1.151 fr.


15. The Complete Angler. London, William Pickering, 1836, 2 vol. in-4, fig., vign., fleurons et culs-de-lampe, mar. v., large dent., tr. dor. (Rel. anglaise). Ex. Armand Bertin. 340 fr. à Albert Petit.


17.Anacréon, Sapho, Bion et Moschus, traduction nouvelle en prose, par M. M*** C** (Moutonnet de Clairfons). Paphos, 1773, in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). 680 fr. à Fontaine.


18. P. Virgilii Maronis opera. Lugd. Batavor., ex officina Elzeviriana, 1636, pet. in-12, front., carte, mar. r., fil., tr. dor. (Derome). 400 fr. à Fontaine.


20. P. Ovidii Nasonis Operum libri. Londini, ex officina Jacobi Tonson, 1715, 3 vol. in-8, front., mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Boyet). Aux armes du prince Eugène de Savoie. De la bibliothèque Charles Giraud. 399 fr. à Rouquette.


21. Les Métamorphoses d’Ovide, en latin et en françois, de la traduction de M. l’abbé Banier. Paris, 1767-1771, 4 vol. in-4, fig., vign., mar. r., fil., doubl. de tabis bleu, tr. dor. (Derome). Exemplaire de Lucien Double. 8.400 fr. à Morgand.


Exemplaire Essertenne
Lyon, 28 mars 2019 : 1.800 €
22. La Métamorphose d’Ovide figurée. Lyon, Jean de Tournes, 1564, pet. in-8, fig., mar. orange, large fleuron au milieu des plats, dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 475 fr. à Morgand.


23. Quinti Horatii Flacci Poemata, commentarii illustrata a Joanne Bond. Amstelodami, Danielem Elzevirium, 1676, in-12, titre gravé, mar. orange, fil. (Trautz-Bauzonnet). 550 fr. à Rouquette.


24. Quinti Horatii Flacci Opera. Londini, Johannes Pine, 1733-1737, 2 vol. gr. in-8, fig., mar. r., dos orné (Rel. anc.). 205 fr.


26.Œuvres de Coquillart, annotées par M. Charles d’Héricault. Jannet, 1857, 2 vol. in-16, mar. orange, fil., dos orné (Trautz-Bauzonnet). 190 fr. Rouquette.


27. Les Poésies de Guillaume Cretin. Paris, Coustelier, 1723, pet. in-8, mar. orange, fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 156 fr. à Fontaine.


28. Les Œuvres de Clément Marot de Cahors. La Haye, Adrian Moetjens, 1700, 2 vol. pet. in-12, mar. r., fil., dos orné, non rog. (Trautz-Bauzonnet). 750 fr. à Fontaine.


29.Marguerites de la Marguerite des princesses, très-illustre Royne de Navarre. Lyon, Jean de Tournes, 1547, pet. in-8, fig. sur bois, mar. r., doublé de mar. vert (Trautz-Bauzonnet). 4.450 fr. à Labitte pour le comte de Mosbourg.



Le n° 30 [Les Œuvres françoises de Joachim Du-Bellay. Paris, Fédéric Morel, 1574, in-8, mar. bleu, large fleuron au milieu des plats, dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet)] fut retiré de la vente, car il portait le cachet de la Bibliothèque de Toulouse.      




32. Les Premières Œuvres de Philippes Des-Portes. Paris, Mamert Patisson, 1600, in-8, mar. r., fil., dos orné de feuillages (Trautz-Bauzonnet). 460 fr. à Rouquette.

Photographie Librairie Robert Jonard
34. La Pucelle, ou la France délivrée, poème héroïque, par M. Chapelain. Suivant la copie imprimée à Paris, 1656, pet. in-12, front. et fig., mar. orange, fil. (Trautz-Bauzonnet). Ex. mal lavé et trop restauré. 245 fr. à Fontaine.


35. Fables diverses tirées d’Esope et d’autres divers autheurs. Paris, 1659, pet. in-4, fig., mar. orange, fil., compart. à la Du Seuil, dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. court et mal restauré. 415 fr. à Morgand.


36. Fables de La Fontaine, avec figures gravées [276] par MM. Simon et Coiny. Didot l’aîné, 1787, 6 vol. in-18, mar. r., fil., dos et coins ornés, tr. dor. (Rel. anc.). Epreuves avant les numéros de pagination. 1.150 fr. à Labitte.


37. Contes et nouvelles en vers, par M. de La Fontaine. Amsterdam [Paris, Barbou], 1762, 2 vol. in-8, portr. et fig., mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). Edition des Fermiers Généraux, avec le portrait de Choffard dit à l’ « encadrement blanc ». 1.400 fr.


38. Contes et nouvelles en vers, par La Fontaine. Paris, P. Didot l’aîné, 1795, 2 tomes en 1 vol. in-4, mar. v. (Relié sur brochure). 800 fr. à Fontaine.


39.Œuvres de Boileau-Despréaux. Paris, Didot l’aîné, 1788, 3 vol. in-18, mar. bleu foncé (Trautz-Bauzonnet). 350 fr. à Fontaine.


41.L’Eschole de Salerne en vers burlesques. [Leyde, Elsevier], 1651, in-12, mar. orange, dos orné, doubl. mar. bleu clair, riches compart. à petits fers, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 3.000 fr. à Fontaine.


Exemplaire Essertenne
Drouot, 6 décembre 2012 : 2.200 €
43. Les Baisers, précédés du mois de mai, poème [par Dorat]. 1770, in-8, front. et vign. par Eisen, mar. v. (Trautz-Bauzonnet). 2.100 fr. à Fontaine.


44. Fables nouvelles [par Dorat]. Paris, 1773, in-8, front., vign. et culs-de-lampe par Marillier, mar. r., fil., orn. aux coins des plats et sur le dos, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 2.400 fr. à Rouquette.


46. Le Terze Rime di Dante. Venetiis, in aedibus Aldi, 1502, in-8, caract. italiques, mar. La Vallière, compart. (Trautz-Bauzonnet). Trop et mal lavé. 620 fr. à Fontaine.


48. La Gerusalemme liberata di Torquato Tasso. In Parigi, 1771, 2 vol. in-8, front., fig. et fleurons, par Gravelot, mar. r., fil., dos orné (Rel. anc.). 700 fr. à Labitte.


49. Orlando Furioso di Ludovico Ariosto. Birmingham, G. Baskerville, 1773, 4 vol. gr. in-4, portr. et fig. [46], mar. r., large dent. sur les plats, tr. dor. (Derome). 8.000 fr. à Fontaine.


51.Œuvres de Molière. Paris, 1734, 6 vol. in-4, portr. et fig., mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Duru). Ex. de premier tirage, avec la faute de la page 360, du tome VI, ligne 12 [La Comteese au lieu de La Comtesse], mais ex. trop lavé. 600 fr. à Fontaine.




52.Œuvres de Racine. Paris, Claude Barbin, 1687, 2 vol. in-12, front. et fig. – Esther. Paris, Claude Barbin, 1689, in-12, front. – Athalie. Paris, Denys Thierry, 1692, in-12, front. Ensemble 3 vol., mar. bleu, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 1.200 fr. à Fontaine.


53. Les Œuvres de M. Regnard. Paris, Pierre Ribou, 1708, 2 vol. in-12, front. et fig., mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 1.480 fr. à Rouquette.

Photographie Librairie Le Feu follet
54.Œuvres de Monsieur Destouches, de l’Académie françoise. Amsterdam et Leipzig, Arkstée et Merkus, 1755-1759, 5 vol. pet. in-12, mar. vert jans., tr. dor. (Duru). 205 fr. à Rouquette.

Photographie Librairie Le Feu follet
55. La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro, comédie en cinq actes, en prose, par M. de Beaumarchais. [Kehl], Société littéraire typographique, 1785, gr. in-8, 5 fig. d’après Saint-Quentin, mar. r., fil. (Petit). 299 fr.


56. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. 1718, pet. in-8, front. et fig., mar. vert, fil., dos et coins à la rose (Trautz-Bauzonnet). 800 fr. Fontaine.


59. Les Œuvres de M. François Rabelais. [Amsterdam, Elsevier, à la Sphère], 1663, 2 vol. pet. in-12, mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 500 fr. à Fontaine.


60.Heptaméron françois. Les Nouvelles de Marguerite, reine de Navarre. Berne, Nouvelle Société typographique, 1780-1781, 3 vol. in-8, fig., mar. orange, fil., dos et coins ornés (Trautz-Bauzonnet). 2.310 fr. à Fontaine pour le comte de Mosbourg.


62.L’Argenis, de Jean Barclay. Paris, Nicolas Buon, 1628 [i.e. 1623], in-8, front. et fig., mar. orange, fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Très bel ex., mais il faut un 2e vol. 800 fr. à Fontaine.


63. La Princesse de Montpensier [par Madame de La Fayette]. Paris, Louis Billaine, 1662, in-12, mar. orange, fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 410 fr. à Rouquette.


67. Les Intrigues amoureuses de la cour de France [Sandras de Courtilz]. Cologne, 1685, in-12, mar. r., dos orné (Trautz-Bauzonnet). De la vente Veinant. 240 fr. à Fontaine.


71. Les Contes des fées, en prose et en vers, de Charles Perrault. Paris, Impr. impériale, 1864, in-8, pap. vergé, front. et vign., mar. r., fil. Tir. 400 ex. (Trautz-Bauzonnet). 335 fr. à Rouquette.

Photographie Librairie Le Feu follet
74. Le Diable boiteux. Paris, 1756, 2 vol. in-12, front., fig., mar. vert, fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 360 fr. à Fontaine.

Photographie Librairie Le Feu follet
75.Histoire de Gil Blas de Santillane. 1747, 4 vol. in-12, fig., mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 1.060 fr. à G. de Villeneuve.


76. Le Bachelier de Salamanque. Paris, 1736 et 1738, 2 vol. in-12, fig., mar. La Vallière, fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 600 fr. à Fontaine.


77.Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Amsterdam [Paris], 1753, 2 vol. in-12, fig., mar. vert, fil. (Trautz-Bauzonnet). 1.000 fr. à Fontaine.


78.Histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux. Paris, P. Didot l’aîné et Bleuet Jeune, An V-1797, 2 vol. in-18, 8 fig., mar. vert foncé, fil. (Trautz-Bauzonnet). 435 fr. à Rouquette.


80. Lettres d’une Péruvienne. Paris, Duchesne, 1752, 2 tomes en 1 vol. in-12, 2 front. et 2 fig., mar. vert, fil. (Trautz-Bauzonnet). 415 fr. à Rouquette.


82. Contes moraux, par M. Marmontel. Paris, Merlin, 1765, 3 vol. in-8, portr., fig., front., mar. bleu, fil., tr. dor. (Duru). 285 fr. à Labitte.


84. Il Decamerone di messer Giovanni Boccacci. Amsterdamo [à la Sphère], 1665, in-12 allongé, mar. orange, riches compart. à petits fers (Trautz-Bauzonnet). 470 fr. à Fontaine.


88.Nouvelles espagnoles de Michel de Cervantès. Paris, Costard, 1775-1777, 12 parties en 1 vol. in-8, fig., mar. vert, fil., dos orné (Trautz-Bauzonnet). Ex. A. Bertin. 880 fr. à Fontaine.


91. Voyages de Gulliver. Paris, Coustelier, 1727, 2 tomes en 1 vol. in-12, fig. – Le Nouveau Gulliver. Paris, Veuve Clouzier, 1730, 2 tomes en 1 vol. in-12, fig. Ensemble 4 tomes en 2 vol., mar. vert, dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Veinant. 955 fr. à Rouquette.


94. Devises héroïques, par M. Claude Paradin. Lyon, Jean de Tournes et Guillaume Gazeau, 1557, pet. in-8, fig., mar. citron (Trautz-Bauzonnet). 345 fr. à Meaume.


95. Les Quinze Joyes de mariage, ou la Nasse. Paris, 1620, in-12, mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Court de marges. 400 fr. à Fontaine.


101. Balzac [Louis Guez de]. Œuvres. Leyde et Amsterdam, Elzevier, 1656-1675, 7 vol. pet. in-12, mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 900 fr. à Rouquette.


102.Œuvres du seigneur de Brantôme. La Haye, 1740, 15 vol. in-12, front., mar. bleu jans., non rog. (Duru et Chambolle). 410 fr. à Labitte pour le comte de Foy.


103.Œuvres de Monsieur Scarron. Amsterdam, J. Wetstein, 1752, 7 vol. in-12, portr., mar. r. jans. (Duru). 300 fr. à Fontaine.


104. The Works of William Shakespeare. London, 1844, 8 vol. in-8, port., mar. grenat, fil. à froid, fleurons dorés (Trautz-Bauzonnet). Ex. A. Bertin. 605 fr. à Morgand.


105. Les Mémoires de messire Philippe de Commines. Leyde, Elzeviers, 1648, pet. in-12, front., mar. r., fil., dos orné d’un semis de fleurs de lis entourant des couronnes royales (Trautz-Bauzonnet). 540 fr. à Fontaine.



107. Journal de Henri III, roy de France et de Pologne. La Haye, 1744, 5 vol., portr. – Journal du règne de Henri IV. La Haye, 1741, 4 vol. Ensemble 9 vol. in-8, mar. r., compart. de filets, dos orné, tr. dor. (Bauzonnet). 499 fr. à Rouquette.


118. La Ville et la République de Venise. La Haye, Adrian Moetjens, 1685, in-12, mar. vert foncé jans., non rog. (Bauzonnet). 299 fr. à Labitte.


120. The History of England. New York, Horper et Brothers, 1849, 5 vol. in-8, portr., demi-rel dos et coins de mar. r., tr. peigne (Trautz-Bauzonnet). Ex. A. Bertin. 95 fr. à Rouquette.

Photographie Musée Médard
121. La Gallerie des femmes fortes. Leiden, Jean Elsevier, 1660, in-12, front. et fig., mar. orange, fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 400 fr. à Fontaine.


122. La Vie du pape Alexandre VI et de son fils César Borgia. Amsterdam, Pierre Mortier, 1732, 2 vol. in-12, portr., mar. bleu foncé, tr. dor. (Rel. anc.). 260 fr. à Lebarbier de Tinan.

Stanislas du Val, comte d’Essertenne, mourut le 19 janvier 1889 en son domicile, 16 rue Saint-Guillaume [VIIe] : avec lui s’éteignit dans les mâles toute la lignée des du Val. Sa veuve mourut le 29 octobre 1891 au même domicile. Ils furent inhumés tous deux au cimetière du Père Lachaise [32e division]. 












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Un touche-à-tout de talent : Benjamin Fillon (1819-1881)

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Fontanay-le-Comte en 1840
In B. Fillon et O. de Rochebrune. Poitou et Vendée. Niort, L. Clouzot, 1887

Descendant d’une famille originaire de Fontenay-le-Comte [Vendée], ancienne capitale du Bas-Poitou, Benjamin Fillon est né à Grues [Vendée], le 15 mars 1819, fils de Joseph-Louis Fillon (1787-1858), percepteur des contributions directes, chevalier de la Légion d’honneur en 1812, et de Joséphine Joussemet (1791-1873), qui s’étaient mariés à Luçon [Vendée], le 17 juin 1818.



Comme ses frères et sœurs, Joseph-Louis Fillon n’avait été légitimé qu’au mariage de ses parents, Pierre-Jean Fillon (1744-1818), notaire, et Marie-Anne Deslandes (1754-1823), qui eut lieu à Fontenay-le-Comte, le 15 frimaire An III [5 décembre 1794].

Benjamin Fillon en 1865
par Ferdinand Birotheau


Benjamin Fillon fut élevé à Fontenay-le-Comte à partir de 1824 et fit ses études à Poitiers, puis à l’école de droit de Paris. Licencié en droit en 1842, il rentra à Fontenay-le-Comte et accepta les fonctions de juge suppléant à La Roche-sur-Yon [Vendée]. Il devint membre titulaire non résidant de la Société des Antiquaires de l’Ouest, se consacra à la numismatique sous les auspices de son oncle Faustin Poey D’Avant (1792-1864) et publia des travaux d’érudition dès 1844 dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest et la Revue numismatique.

« De loin en loin, il lui suffisait de se retremper quelques semaines parmi nous ; mais il ne venait pas à Paris, comme le provincial vulgaire, promener ses étonnements et vider son porte-monnaie. Son but était d’apporter à la Société ses travaux longuement mûris. De tous côtés, chez ses amis, dans les musées et dans les bibliothèques, il faisait une ample provision de documents et de renseignements. Rentré chez lui, dans cette Vendée qu’il affectionnait et dont chaque sentier et chaque pli de terrain évoquaient dans son esprit un souvenir, Fillon groupait, dans le silence de la retraite, les matériaux qu’il avait rapidement amassés et il édifiait alors, à l’aide de sa profonde érudition, ses ouvrages, désormais impérissables monuments pour l’histoire artistique de notre pays. » (Paul Eudel. L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1882. Paris, G. Charpentier, 1883, p. 125) 

Après être devenu vice-président de la Société des Antiquaires de l’Ouest, ses publications se multiplièrent : Recherches historiques et archéologiques sur Fontenay (Fontenay, Nairière-Fontaine, 1846), Entrée des Vendéens à Ancenis (Fontenay, Robuchon, 1847), Les Vendéens à Fontenay (Fontenay, Nairière-Fontaine, 1847), Notice sur Saint Cyr (Fontenay, Robuchon et Nairière-Fontaine, 1847), Une fondation de Saint Vincent de Paul à Luçon (Fontenay, Robuchon, 1848), Pièces curieuses concernant Notre Dame de Fontenay(Fontenay, Robuchon, 1849), Notice sur la vie et les ouvrages de François Viete (Nantes, Ch. Gailmard, 1849) – avec Frédéric Ritter -, Description de la villa et du tombeau d’une femme artiste gallo-romaine découverts à Saint-Médard-des-Prés (Fontenay, Robuchon et Nairière-Fontaine, 1849) ; 



ses Considérations historiques et artistiques sur les monnaies de France (Fontenay-Vendée, Robuchon et Nairière-Fontaine, 1850) soulevèrent d’abord quelques polémiques, mais leur valeur fut finalement reconnue :

« Beaucoup moins développé, parce qu’il se rapporte à une période mieux connue de notre histoire monétaire, le chapitre IV (de Philippe Auguste à l’époque actuelle) se recommande néanmoins, par le mérite des recherches, à l’attention des numismatistes ; mais les considérations historiques qu’on y rencontre ont trop souvent l’inconvénient de ne se rattacher par aucun lien nécessaire au sujet du livre. Il faut bien ajouter qu’elles sont de nature à trouver peu d’approbateurs parmi les hommes sérieux auxquels s’adresse cet ouvrage. […] Ces appréciations, très-contestables, n’ajoutent rien au mérite des recherches numismatiques de M. Fillon ; nous souhaitons qu’elles ne nuisent pas au succès de son livre qui a, d’ailleurs, des titres réels à l’estime des hommes d’étude. » (Bulletin de la Société de l’Histoire de France. N° 7 -Juillet 1850, p. 292)

Quand il apprit le coup d’État du 2 décembre 1851, Benjamin Fillon donna sa démission, ne voulant pas servir un gouvernement non républicain.

Tandis qu’il écrivait plusieurs articles dans la Revue des provinces de l’Ouest, de 1853 à 1856, il publia Lettres à M. Ch. Dugast-Matifeux sur quelques monnaies françaises inédites (Fontenay-Vendée, Robuchon et Nairière-Fontaine, 1853), Études numismatiques (Paris, Jules Charvet, 1856), puis Mémoire sur une découverte de monnaies, de bijoux et d’ustensiles desIIe et IIIe siècles faite en Vendée (Napoléon-Vendée, J. Sory, 1857), Recherches historiques sur une famille poitevine(Fontenay-le-Comte, Robuchon, 1857) et Lettres écrites de la Vendée à M. Anatole de Montaiglon (Paris, Tross, 1861, 120 ex.). 



Il commença, avec l’aquafortiste Octave de Rochebrune (1824-1900), sous le titre de Poitou et Vendée. Études historiques et artistiques (Fontenay-le-Comte, Robuchon, et Niort, Clouzot, 1862-1887, XII livraisons), une suite de monographies dont la publication, longtemps interrompue par la mort de Benjamin Fillon, fut terminée en 1887 par la publication des livraisons XI et XII, grâce aux notes trouvées dans ses papiers.



Ce fut Octave de Rochebrune qui grava son ex-libris [5,2 x 6 cm], qui porte : « B. FILLON TRAVAIL EST HONNEUR »

Le 10 février 1863, à Fontenay-le-Comte, Benjamin Fillon épousa sa cousine germaine, Clémentine Fillon, née à Nalliers [Vendée] le 27 février 1830, première jumelle de Joseph-René Fillon (1792-1860), notaire, et de Pauline Poey D’Avant (1795-1843), fille du naturaliste Jean-Augustin Poey D’Avant (1739-1801) et sœur du numismate Faustin Poey D’Avant. 




Comme cadeau de mariage, Octave de Rochebrune offrit une réplique, en faïence du céramiste tourangeau Charles-Jean Avisseau (1796-1861), de la fontaine figurée sur un des bas-reliefs de la fontaine des Quatre-Tias, à Fontenay-le-Comte, datée de 1542.

Le couple habita une maison qui leur venait des Poey D’Avant :

« Je la vois d’ici, cette demeure, dans une des rues tortueuses de cette petite ville intelligente. Elle ne ressemblait guère à un palais, mais à la maison d’un bon bourgeois du XVesiècle, avec sa porte basse et cintrée, ses fenêtres étroitement percées, et sa façade crépie à la chaux. Seulement, à peine entré, quel changement ! Les murs étaient tapissés de tous côtés de dessins précieux ; les grands bahuts du salon recélaient des richesses inestimables en émaux, en faïences italiennes et en porcelaines de Chine, et le cabinet de travail, où l’on arrivait par un grand escalier de bois, renfermait les manuscrits, les estampes et les livres les plus curieux. » (Paul Eudel. Ibid., p. 127) 

Benjamin Fillon fut le secrétaire-général de la XXXIe session du Congrès archéologique de France, tenue à Fontenay-le-Comte en 1864, et prit part aux Expositions universelles de Paris, en 1867 et en 1878.

Outre des articles dans Mémoires de la Société de statistique, sciences et arts du département des Deux-Sèvres, en 1864 et 1865, Benjamin Fillon publia encore L’Art de terre chez les Poitevins, suivi d’une Étude sur l’ancienneté de la fabrication du verre en Poitou (Niort, L. Clouzot, 1864), L’Effondrement du Palais de Justice de Fontenay-le-Comte arrivé le 8 janvier 1699, suivi d’un Poème sur le même sujet et de Stances à la gloire de M. le maire perpétuel de cette ville(Niort, Clouzot, 1866), Recherches sur le séjour de Molière dans l’ouest de la France en 1648 (Fontenay-le-Comte, P. Robuchon, 1871), Département de la Vendée. Coup d’œil sur les élections sénatoriales de 1876(Fontenay-Vendée, P. Robuchon, 1876) et des articles dans la Gazette des beaux-arts, en 1878 et en 1880.



Clémentine Fillon décéda à Fontenay-le-Comte le 16 juillet 1873. Benjamin Fillon se retira alors dans son château de la Court, à Saint-Cyr-en-Talmondais [Vendée], dont il devint le maire en 1876. Il avait mis comme devise sur la porte de son château : « Caritas generis humani » [Amour de l’humanité].



« Dans la crainte de leur donner peut-être trop de sa vie » (Paul Eudel. Ibid., p. 129), Fillon se sépara de ses autographes, en six ventes, à Paris. Sa collection, commencée dès 1839, était peut-être la plus importante de l’Europe.

Vente les vendredi 16 et samedi 17 février 1877, 28 rue des Bons-Enfants : Inventaire des autographes et des documents historiques composant la collection de M. Benjamin Fillon.Séries I et II. Initiateurs-Inventeurs, Chefs de gouvernement(Paris, Étienne Charavay, et Londres, Frédéric Naylor, 1877, in-4, 298 lots).

Vente les 20 et 21 avril 1877, 28 rue des Bons-Enfants : Inventaire des autographes et des documents historiques composant la collection de M. Benjamin Fillon.Séries III et IV. Hommes d’État, Révolution française (Paris, Étienne Charavay, et Londres, Frédéric Naylor, 1877, in-4, lots 299-652).

Vente du lundi 15 au vendredi 19 juillet 1878, rue Drouot : Inventaire des autographes et des documents historiques composant la collection de M. Benjamin Fillon.Séries V à VIII. NavigateursSavantsÉcrivainsArtistes dramatiques(Paris, Étienne Charavay, et Londres, Frédéric Naylor, 1878, in-4, lots 653-1.579).

Vente du mardi 15 au jeudi 17 juillet 1879, rue Drouot :Inventaire des autographes et des documents historiques composant la collection de M. Benjamin Fillon.Séries IX et X. ArtistesCompositeurs de musique (Paris, Étienne Charavay, et Londres, Frédéric Naylor, 1879, in-4, lots 1.580-2.426).

Vente du mardi 19 décembre 1882, rue Drouot : Inventaire des autographes et des documents historiques composant la collection de M. Benjamin Fillon.Séries XI et XII. Clergé catholiqueRéformateurs et réformés (Paris, Étienne Charavay, et Londres, Frédéric Naylor et A.-W. Thibaudeau, 1882, in-4, lots 2.427-2.634).

Vente du vendredi 27 juillet 1883, rue Drouot : Inventaire des autographes et des documents historiques composant la collection de M. Benjamin Fillon.Séries XIII, XIV et XV. Hommes de guerreVendée contre-révolutionnaire - Divers (Paris, Étienne Charavay, et Londres, A.-W. Thibaudeau, 1883, in-4, lots 2.635-2.986).



Benjamin Fillon aurait inventé certaines de ses découvertes archéologiques, dont celle du trésor de l’étang de Nesmy [Vendée], qu’il relate dans sa Lettre à M. Jules Quicherat […] sur une découverte d’objets gaulois en or faite en 1759 dans l’étang de Nesmy (La Roche-sur-Yon, Ve Cochard-Tremblay, 1879, 150 ex.).

« Personne ne me contredira : Fillon était un maître. Quand il s’était prononcé sur un objet douteux, tout le monde s’inclinait. Son arrêt faisait loi. Il aurait influencé l’aréopage du Louvre. Et comme les autres, il se trompait et il était trompé. Pauvres amateurs ! Décidément c’est à ne plus croire à rien » (Paul Eudel. L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1883. Paris, G. Charpentier et Cie, 1884, p.44-45)

Chevalier de la Légion d’honneur en 1880, en récompense de ses savants travaux, il préparait d’autres travaux quand il mourut, le 23 mai 1881, à Saint-Cyr-en-Talmondais. 

Tombeau de la famille Fillon, à Fontenay-le-Comte
par Octave de Rochebrune

In Le Figaro, 14 août 1881


Ses obsèques eurent lieu le 27 mai à Fontenay-le-Comte, où il fut inhumé, au cimetière Saint-Jean.

« Fillon luttait depuis très longtemps contre un terrible cancer à l’estomac. Râblé, très brun, de taille moyenne, les traits accusés, la voix bien timbrée et un peu narquoise ; bâti à “ chaud et à sable, ” [sic] descendant de cette forte race des Vendéens du Bocage, il paraissait devoir vivre cent ans. […] Il avait légué ce qui lui appartenait à sa belle-sœur, Mlle Gabrielle Fillon [° 1833] ; mais il laissait une situation obérée [sa passion pour les arts avait compromis une fortune territoriale s’élevant à plus de 1.500.000 francs]. La succession ne fut acceptée que sous bénéfice d’inventaire et son fidèle compagnon d’étude et de travail, Dugast-Matiffeux [Charles Dugast-Matifeux (1812-1894)], dut procéder à la vente à l’amiable. Un groupe de grands seigneurs et de marchands auxquels on pourrait presque donner une raison sociale : la Béraudière et Cie [comte de La Béraudière et Lacroix, marchand d’estampes] après avoir tourné autour de l’héritage, acheta le tout pour une somme de cent soixante mille francs. » (Paul Eudel. L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1882. Paris, G. Charpentier, 1883, p. 129-130)   



La collection d’objets d’art fut vendue en 5 vacations, à l’Hôtel Drouot, salle N° 8, du lundi 20 au vendredi 24 mars 1882 : Catalogue des objets d’art et de haute curiosité. Bronzes antiques ; Bijoux mérovingiens ; Monnaies et Médailles antiques du Moyen âge [sic] et de la Renaissance ; Vierge du XIIIe siècle en ivoire ; Emaux de Limoges ; Faïences de Perse ; Plats de Bernard Palissy ; Statue en marbre par J. Fancelli ; Porcelaines de la Chine ; Objets variés ; TableauxDessinsEstampes. Composant la collection de feu Benjamin Fillon (Paris, Rollin et Feuardent, Charles Mannheim, E. Féral, Danlos et Delisle, 1882, in-4, 200 p., 619 lots).



La perle de la vente [n° 249], la Vierge processionnelle en ivoire [hauteur 36,5 cm], de l’abbaye Notre-Dame d’Ourscamp [Oise], sculptée sous le règne de Philippe-Auguste, cédée en 1856 par Georges Combrouse à Fillon, qui l’avait donnée à sa mère, fut adjugée 13.000 francs. Elle est conservée aujourd’hui au Petit Palais, à Paris [legs Dutuit, 1902].



Une première partie de la bibliothèque fut vendue en 2 vacations, les lundi 22 et mardi 23 janvier 1883, 28 rue des Bons-Enfants, salle N° 1 : Catalogue des monuments typographiques et d’un choix de livres rares et précieux provenant du cabinet de feu M. Benjamin Fillon avec quelques éclaircissements historiques & des notes bibliographiques (Paris, A. Claudin, 1883, in-8, [3]-[1 bl.]-57-[3] p., 207 lots). La condition des exemplaires est en général très ordinaire, mais le catalogue rédigé par Claudin contient de sérieux renseignements bibliographiques.    



1. Biblia historiata seu Biblia pauperum. Édition xylographique dite « Bible des pauvres », imprimée dans les Pays-Bas dans la première moitié du XVe siècle, pet. in-fol., vél. 2.020 fr. à Belin.

Photographie BnF


2. Lettre d’indulgence imprimée sur vélin par Gutenberg, 1455, in-4. 5.200 fr. à Delisle, pour la B.n.F.



3. Incipit summa quæ vocatur Catholicon. [À la fin :] hic liber egregius Catholicon dominice incarnacionis annis M. CCCCLX, alma in urbe Maguntina nacionis inclite Germanice. Gr. in-fol. goth. à 2 col., couvert. en papier. 2.350 fr. à Belin.

4. Manifeste de Thierry d’Isembourg, archevêque de Mayence, contre Adolphe de Nassau, son compétiteur. Pièce en allemand. Papier in-fol. sous forme de placard, 6 avril 1462. 3.350 fr. à Albert Cohn, libraire à Berlin, qui depuis l’a rétrocédé à la B.n.F.

5. Augustini de vere vite cognicione libellus. [Mayence, J. Fust, v. 1465]. Pet. in-4 goth. à longues lignes, mar. citr., fil., comp., tr. dor. 175 fr. à Cohn.



6. Opus de arte predicandi Sancti Augustini. [Strasbourg, J. Mentelin, v. 1466]. Pet. in-fol. goth. à longues lignes, cart. 300 fr.



8. Incipit liber Beati Augustini de vita cristiana. – Augustini Aureli episcopi liber de singularitate Clericorum. [À la fin :] Moguntinensis anno ZC sexagesimo septimo [1467]. Ensemble deux ouvrages en 1 vol. pet. in-4 goth., initiales rubriquées, cart. 360 fr. à Cohn.

9. Epistole S. Hyeromini. [Strasbourg, J. Mentelin, 1468]. Gr. in-fol. goth. à 2 col., initiales rubriquées, peau de truie. 150 fr.



10. Prologus super tractatum de instructione seu directione simplicium Confessorum, editum a Domino Antonino archiepiscopo Florentino. [Mayence, P. Schoyfer, v. 1468]. Pet. in-4 goth., marque de Schoyfer en rouge au v° du dernier f., mar. rouge, tr. dor. (Hardy). 305 fr.

16. Corn. Taciti annales et historiarum libri superstites. [Venise, Vindelin de Spire, v. 1470]. Pet. in-fol., mar. citr., comp. avec entrelacs en mosaïque de diverses couleurs, fil., dos à mosaïque, doublé de mar. rouge, large dent. int. à petits fers, tr. dor. (Duru, Marius Michel doreur). 690 fr. à Cohn.

17. Ciceronis opera philosophica varia. Romæ, Conradus Sweinheym et Arnoldus Pannartz, 1471, in-fol., v. viol. 250 fr.

21. M. Valerii Martialis Epigrammatum opus. Impressum Venetiis impensis Joannis de Colonia sociique ejus Joannis Manthen de Gheretzen, M. cccc.lxxv, pet. in-fol., rel. vénitienne d’époque en bois. 220 fr. 

Photographie BnF


26. Geographia di Francesco Berlinghieri Fiorentino. [À la fin :] Impresso in Firenze per Nicolo Todescho et emendato con somma diligentia dallo auctore [v. 1480]. Gr. in-fol. à 2 col., mar. r., fil., comp. (Gruel). 620 fr.



28. Cladii [sic] Ptolomei viri Alexandrini Cosmographie liber primus incipit. [À la fin :] finit M. CCCC.LXXXII, Augusti vero Kalendas XVII, impressum Ulme per ingeniosum virum Leonardum Hol prefati oppidi civis. Gr. in-fol. à 2 col., initiales historiées et gravées sur bois, 32 cartes gravées sur bois, v. br. 290 fr.

30. C’est l’ordre qui a esté gardée [sic] à Tours pour appeller devant le roy nostre souverain Seigneur ceulx des Troys Estatz de ce royaume. [Paris ou Tours, 1483]. Pet. in-fol. goth., mar. br. (Capé). Exemplaire de J. Taschereau. 200 fr. 

Photographie BnF


35. Hypnerotomachia Poliphili. Venise, Alde Manuce, 1499. In-fol., fig. gravées sur bois, mar. vert (Rel. anglaise). 950 fr. à Morgand.

Photographie BnF


38. Hore christifere Virginis Marie secundum usum Romanum. [Paris], Simon Vostre, [almanach de 1508 à 1528]. Pet. in-4 goth., fig. sur bois et bordures historiées à chaque page, mar. r. (Rel. anc.). 1.100 fr. à Morgand.

41. Hore divine Virginis Marie, secundum usum Romanum. Paris, Hardouin, v. 1520, in-8, fig. sur bois et bordures historiées, v. m., fil., fermoirs. 850 fr.



43. Horæ in laudem Beatissime Virginis Marie secundum consuetudinem Ecclesie Parisiensis. Paris, Simon du Bois pour Geofroy Tory, 1527, pet. in-4 goth., fig. et encadrements sur bois, v. br., fil., comp. 470 fr.

Photographie University of Virginia Library


45. Imagines de Morte et epigrammata, e gallico idiomate, a Georgio Aemylio in latinum translata. Lyon, frères Frellon, 1542, pet. in-8, fig. sur bois d’après Holbein, vel. 205 fr.



46. Horae in laudem beatiss. Virginis Mariae, ad usum Romanum. Paris, Simon de Colines, 1543, pet. in-4, impr. en rouge et noir, v. br., comp. (Rel. époque). De la bibliothèque de Didot, avec son ex-libris. 1.650 fr. à Morgand.



47. Le Décaméron de Mess. Jean Bocace, Florentin, nouvell. traduit d’italien en françois par Maistre Anthoine Le Maçon, conseiller du roy. Paris, Estienne Roffet, dit Le Faulcheur, 1545, in-fol., v. marb. 810 fr.

Photographie Camille Sourget


51. Les Vies des hommes illustres, grecs et romains, par Plutarque, translatées en françois par Jacques Amyot. Paris, Vascosan, 1567, 6 vol. – Décade contenant les vies des empereurs Trajanus, Adrianus, etc., par Ant. Allègre. Paris, Vascosan, 1567, 1 vol. – Les Œuvres morales et meslées de Plutarque, translatées en françois. Paris, Vascosan, 1574, 5 vol. Ensemble 12 vol. pet. in-8, mar. r. (Rel. anc.). 500 fr.

Photographie BnF


57. Biblicæ historiæ artificiosissime depictæ. Francofurti, 1537, pet. in-4, fig. sur bois par Hans Sebald Beham, vélin. 351 fr.



68. Les Provinciales. Cologne, Pierre de la Vallée, 1657, in-4, mar. olive foncé jans., nerfs, dent. int., tr. dor. (Thibaron). 150 fr.



69. Institution de la Religion chrestienne, par Jean Calvin. Genève, Conrad Badius, 1561, in-4, réglé, v. f., comp., tr. dor. et ciselée. Signature de Charles du Moulin, ministre de l’Eglise réformée de Fontenay-le-Comte, sur la page de titre. Mauvaise condition. 215 fr.

Photographie BnF


83. Dicearchiæ Henrici regis christianissimi Progymnasmata. S. l. [Paris], s. d. [1556], pet. in-8, mar. br., fil., compart., mosaïque de mar. noir, dent. int., tr. dor. (Capé). Titre en latin, ouvrage en français. Ex. Double, avec son ex-libris. 150 fr.



88. Réflexions ou Sentences et maximes morales. Paris, Claude Barbin, 1665, in-12, front. gravé, mar. r. doublé de mar. bleu, fil., large dent. (Thibaron-Joly). Edition originale. 305 fr.



98. Usaige et description de l’holomètre, inventé par Abel Foullon, vallet de chambre du Roy. Paris, Pierre Beguin, 1555, pet. in-4, fig. sur bois, demi-rel. mar. vert. 140 fr.

Photographie BnF


99. Recepte véritable, par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs thrésors. La Rochelle, Barthelemy Berton, 1563, pet. in-4, vél. 150 fr.

Photographie BnF


105. L’Arétin d’Augustin Carrache, ou Recueil de postures érotiques. A la Nouvelle Cythère, s. d. [Paris, Pierre Didot, 1798]. In-4, pap. vél., 20 fig. grav. par Coiny, mar. bl. jans., doublé de mar. citr., large dent., tr. dor. étui (Marius Michel). 1.330 fr. à Belin.



106. Caprices de Francesco Goya [Los Caprichos. Madrid, 1799]. 80 planches à l’eau-forte, y compris le portrait de l’auteur. Gr. in-4, mar. r. (Hardy). 380 fr.

Exemplaire de Benjamin Fillon



132. Les Œuvres de Jacques Poille, sieur de S. Gratien. Paris, Thomas Blaise, 1623. Pet. in-8, mar. olive, fil., comp., fleurs de lis aux angles des plats, tr. dor. (Rel. anc.). Provient de la bibliothèque de Emmanuel Viollet-le-Duc, avec son ex-libris [n° 1.623, 1843, et n° 408, 1849]. Adjugé à Am  Berton [1892]. Drouot, 21 février 2018 : 450 €. [Librairie Emmanuel Fradois : 2.500 €]



137. Poème de la captivité de Saint-Malc, par M. de La Fontaine. Paris, Claude Barbin, 1673, in-12, mar. br. jans., dent. int., tr. dor. (Masson et Debonnelle). 120 fr.

143. Recueil factice de 55 pièces facétieuses en italien, du seizième siècle. Pet. in-8, fig. sur bois, demi-rel. 225 fr.

Photographie BnF


145.Œuvres de Corneille. Première partie. Rouen et Paris, Aug. Courbé, 1648, front. gravé daté 1645. – Théodore, vierge et martyre. Rouen et Paris, A. Courbé, 1646. Ensemble 2 tomes en 1 vol. pet. in-12, v. br. 550 fr.

146. Le Théâtre françois, par le sieur Corneille. S. l., 1652, 2 vol. in-12, mar. r., fil., dent. (Chambolle-Duru). Seul exemplaire connu. 365 fr.

Photographie BnF


149. Le Cid, tragi-comédie. Paris, Augustin Courbé, 1637. – La Suitte et le Mariage du Cid, tragi-comédie [par Chevreau]. Paris, Toussainct Quinet, 1638. Ensemble, 2 pièces en 1 vol. pet. in-4, v. br., fil. Aux armes du marquis d’Astorga. 570 fr.



154. Les Œuvres de Monsieur de Molière. Paris, Denys Thierry, Claude Barbin et Pierre Trabouillet, 1682, 8 vol. in-12, fig. gravées par Jean Sauvé d’après Pierre Brissart, v. br. Première édition complète et première édition illustrée des œuvres de Molière. 250 fr.



157. Le Misantrope [sic], comédie. Paris, Jean Ribou, 1667, front., in-12, mar. citr. (David). 190 fr.



167. Esther, tragédie. Paris, Denys Thierry, 1689, in-4, fig., mar. r. (Hardy). Ed. originale. 160 fr.



168. Athalie, tragédie. Paris, Denys Thierry, 1691, in-4, fig., mar. r. (Hardy). Ed. originale. 155 fr.



176. La Hypnerotomachia di Poliphilo. Venise, les fils d’Alde, 1545, in-fol., demi-rel. mar. bl. Réimpression de l’édition de 1499. 225 fr.



185. Portulan de Grazioso Benincasa d’Ancône. Pet. in-fol., cart., couv. en soie. Manuscrit sur vélin du quinzième siècle. 505 fr.

« Le total des adjudications s’est élevé à 39,000 francs. La seconde partie de la bibliothèque Fillon sera vendue à Niort ; elle comprendra plus particulièrement des ouvrages concernant l’histoire du Poitou et de la Vendée. » (Paul Eudel. L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1883. Paris, G. Charpentier et Cie, 1884, p. 107)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre Brillard. Une pensée, puisque j'y pense ...

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Au Salon du Livre de Tarascon (Bouches-du-Rhône)



Photographie Pierre Brillard

Alphonse Pinart (1852-1911), explorateur américaniste

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Eglise Saint-Martin d'Esmery-Hallon
Avant sa destruction lors de la Première Guerre mondiale
Descendant d’une famille de commerçants exerçant à Esmery-Hallon [Somme], installée à Paris sous la Révolution, puis à Marquise [Pas-de-Calais] en 1835, Louis-Alphonse Pinart est né à Marquise, le 25 février 1852.

Son père, François-Léon Pinart, né à Paris le 12 avril 1809, fit ses études au lycée Charlemagne et fut attaché pendant trois ans à la banque Delamarre. 


Attiré par les perspectives qu’offrait la découverte des mines de charbon et de minerai de fer dans le Boulonnais, il devint, ainsi que ses deux frères, Jean-Louis-Prosper Pinart (1802-1853) et Alexandre-François Pinart (1800-1878), maître de forges à Marquise. Les trois frères y fondèrent, en 1839, au lieu-dit Bouquinghen, des usines qui, au point de vue de la fabrication des fontes moulées, devinrent les plus importantes usines françaises. Ces usines n’eurent d’abord qu’un seul fourneau, affecté exclusivement à la production des fontes brutes en gueuses, pour moulages et pour forges. Deux autres hauts-fourneaux furent construits de 1843 à 1846, pour travailler au coke comme le premier. Après 1848, la Société Pinart frères, se rendit acquéreur d’une usine voisine des siennes, qui comprenait deux hauts-fourneaux. Situées sur le littoral, à portée du canal de Guines, entre les ports de Calais et de Boulogne, se rattachant par le chemin de fer du Nord à toutes les grandes lignes françaises, les fonderies de Marquise étaient admirablement placées pour trouver des débouchés à leurs produits, mais furent mises en liquidation en 1879. 


François-Léon Pinart avait épousé, à Saint-Quentin [Aisne], le 26 juillet 1841, Louise-Joséphine-Céline Livorel, née le 21 juin 1816, fille d’un négociant. Conseiller général du canton de Marquise en 1848, chevalier de la Légion d’honneur en 1853 pour services rendus à l’industrie, François-Léon Pinart était mort à Amélie-les-Bains-Palalda [Pyrénées-Orientales], le 24 février 1859 ; son épouse lui avait survécu, à Paris [XIe], jusqu’au 9 mai 1872.

Alphonse Pinart (1885)
Photographie BnF
Pendant ses études, à Lille et à Paris, Alphonse Pinart fut particulièrement intéressé par les langues. À l’Exposition universelle de 1867, à Paris, il rencontra l’abbé Charles-Étienne Brasseur (1814-1874), dit « Brasseur de Bourbourg », du nom du lieu de sa naissance [Nord], l’un des pionniers de l’archéologie et de l’histoire précolombiennes, qui l’encouragea à étudier les origines des Amérindiens [Indiens de l’Amérique du Nord].
Héritier, avec ses quatre frères, de la fortune de son père, il habitait alors chez sa mère, 58 boulevard Voltaire [XIe]. Il visita la Californie [États-Unis] dès 1869. Mais son projet était de partir en Alaska [États-Unis], pour y étudier les langues autochtones et prouver que le peuplement initial du Nouveau Monde s’était fait à partir de la Sibérie [Russie].

 Carte de l'Alaska
Nushagak (point bleu), Unalaska (rouge), Unga (jaune), Kodiak (vert), Sitka (violet)

Baie de Nushagak (1900)

Le 27 avril 1871, à San Francisco [Californie, États-Unis], il embarqua sur la goélette « Amanda Ager » en direction des îles Aléoutiennes [Alaska, États-Unis], puis il navigua de Nushagak à la rivière Yukon à bord de la goélette « John Bright ». 

Un kayak et deux umiaks (1875)

Plus tard, le voyage d’Unalaska à l’île Kodiak dura deux mois et fut effectué en umiak [type de grand canoë traditionnel utilisé par les Eskimos]. Il rentra, via Sitka, à San Francisco le 21 mai 1872. 

Masque d'Aknanh
Il en rapporta soixante-dix masques du peuple Sugpiaq [peuple originaire de l’archipel de Kodiak], provenant de l’archipel de Kodiak [aujourd’hui au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer], et sept masques trouvés dans une sépulture de la caverne d’Aknañh, sur l’île d’Ounga [Unga], dans les îles Aléoutiennes [aujourd’hui au Musée du quai Branly]. Il avait non seulement recueilli les explications des Sugpiak concernant l’origine des masques, mais il avait aussi décrit une cérémonie avec masques et chants à laquelle il assista dans le village d’Uyak, de l’île de Kodiak, en février 1872 : sa contribution dans l’ethnographie des masques de Kodiak lui valut, en 1874, la médaille d’or de la Société de géographie, pour voyages d’étude, missions et travaux de reconnaissance.
En 1873 et en 1874, il visita des collections alaskiennes en Europe : Musée ethnographique de Copenhague [Danemark], Musée de Dorpta [aujourd’hui Tarpu, Estonie], Musée et Archives de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg [Russie], Musée de l’Université d’Helsinki [Finlande], Musée public de Moscou [Russie]. Pinart avait intérêt à visiter les musées russes : une trentaine d’années avant lui, le naturaliste russe Ilia Voznessenski (1816-1871) avait rapporté une collection de masques et d’objets rituels de Kodiak.


De retour en France, il acheta la presque totalité de la bibliothèque mexico-guatémalienne de Brasseur de Bourbourg, mort à Nice [Alpes-Maritimes], le 8 janvier 1874 :

« Elle est insignifiante, quant au nombre des volumes ; elle est d’une grande valeur, si l’on considère leur rareté, en particulier, pour ce qui concerne la linguistique du Mexique du sud et de l’Amérique centrale. Sous ce rapport, je puis dire qu’elle est unique. Plus de quatre-vingts volumes ou traités, manuscrits, dans des langues, dont les noms sont à peine connus des bibliographes ; plus de soixante grammaires, vocabulaires, traités profanes et religieux, imprimés, dont quelques(uns n’ont jamais été catalogués et dont je possède les uniques exemplaires ; d’autres qui ne sont encore connus que par de vagues indications, voilà, en quelques mots, pour ce qui concerne la philologie américaine, ce que présente ma Bibliothèque. Quant à l’histoire, antérieure à la conquête ou postérieure à la soumission des races indigènes, elle s’y trouve représentée par plus de quatre-vingts autres documents manuscrits, introuvables ailleurs, pour la plupart, et d’une importance non moins grande que les précédents. […]
Quelques autres parties de l’Amérique y sont également représentées avec avantage. […]
A côté de ceux-ci, il y en a un petit nombre qui, bien que modernes, sont de ceux qu’on trouve difficilement et qui, presque jamais, ne se rencontrent en librairie. »
(Brasseur de Bourbourg. « Avant-propos ». In Bibliothèque mexico-guatémalienne. Paris, Maisonneuve & Cie, 1871, p. I-III)  

En 1875, il fit l’acquisition, auprès de Eugène Boban (1834-1908), antiquaire 35 rue du Sommerard [Paris Ve], d’une collection de 1.463 pièces mexicaines, 

Masque de Xipe Totec
dont le masque de Xipe Totec [qui est un faux,aujourd’hui au Louvre], 

Crâne de cristal
un crâne de cristal [qui est un faux, aujourd’hui au Musée du quai Branly], 

Statue de Quetzalcoatl
la statue de Quetzalcoatl [aujourd’hui au Musée du quai Branly], et de quelques centaines d’objets d’Amérique centrale et du Sud.  

Masque de Mortlock
De 1875 à 1900, Alphonse Pinart s’intéressa successivement aux Indiens des États-Unis, à l’Océanie – d’où il rapporta notamment un masque des îles Mortlock [aujourd’hui au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer] - 

Pinart rencontre la reine de l'île de Pâques (1877)
et à l’île de Pâques. Il voyagea, en particulier, avec le géologue Léon de Cessac (1841-1891), en Californie.
En 1878, pour pouvoir poursuivre ses explorations, Alphonse Pinart fut dans l’obligation de demander une aide financière au ministère de l’Instruction publique, contre le don de ses collections à l’État.

Zelia Nuttall (1875)
À San Francisco, le 10 mai 1880, il épousa Zelia-Maria-Magdalena Nuttall, née le 6 septembre 1857 à San Francisco, fille du Docteur Robert-Kennedy Nuttall, originaire d’Irlande, et de Magdalena Parrot, fille de banquier. Ils eurent une fille, Nadine, en 1882, mais se séparèrent dès 1884 et divorcèrent, à San Francisco, le 28 septembre 1888 [le jugement fut transcrit aux registres de l’État civil de Marquise le 28 juillet 1906].


Face à ses problèmes financiers, il mit en vente sa bibliothèque à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons-Enfants, salle 1, du lundi 28 janvier au mardi 5 février 1884, en 8 vacations : Catalogue de livres rares et précieux, manuscrits et imprimés, principalement sur l’Amérique et sur les langues du monde entier, composant la bibliothèque de M. Alph.-L. Pinart, et comprenant en totalité la bibliothèque mexico-guatémalienne de M. l’Abbé Brasseur de Bourbourg (Paris, VVE Adolphe Labitte, 1883, in-8, VIII-248 p., 1.440 + 23 doubles [bis] – 1 [n° 100 absent] = 1.462 lots), dont Amérique [975 lots = 66,68 %], Europe [97 lots = 6,63 %], Asie [120 lots = 8,20 %], Afrique [51 lots = 3,48 %], Océanie [93 lots = 6,36 %], Généralités – Divers [109 lots = 7,45 %], Livres en nombre [17 lots = 1,16%].

La collection avait la particularité de comprendre la quasi-totalité des ouvrages ayant appartenu à Brasseur de Bourbourg, qui avait vendu sa bibliothèque en 1873 et 1874. Alphonse Pinart a considérablement augmenté cette bibliothèque. 

Emblème de la Société de l'Athénée oriental


Photographie BnF
Son ex-libris [50 x 45 mm], souvent collé au-dessous de celui de Brasseur de Bourbourg, avait été inspiré de la marque utilisée parla Société de l’Athénée oriental pour ses publications : imprimé sur papier bleu, vert ou mauve, il porte la mention « ALPH.  PINART », surmontant un écu au soleil levant sur mer ondée, avec la devise « SOL ORIENS DISCUTIT UMBRAS » [le soleil levant chasse les ombres].

La Bibliothèque nationale de France acheta plus de 35 manuscrits, par l’intermédiaire de la Librairie Labitte, qui furent enregistrés par la Bibliothèque à la date du 18 mai 1884. Dans leur grande majorité, ces documents furent placés dans le fonds américain sous les numéros 38 à 71 et 73, à l’exception de deux pièces [n° 613 A et B], qui rejoignirent le fonds mexicain : « Compendio facil de la lengua mexicana y letras especiales et idioma » [mexicain 397] et « Fuente de los verbos mexicanos, seguida de la fuente de los nombres mexicanos » [mexicain 398].


7. Acuña (El P. Christobal). Nuevo descubrimiento del gran rio de las Amazonas. Madrid, 1641, in-4, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. 400 fr. à Quaritch.


101. Beristain de Souza (Dr D. José Mariano). Biblioteca hispano-americana septentrional. Mexico, 1816-1821, 3 vol. pet. in-fol., demi-rel. bas. bleue. 1.100 fr. à Quaritch.


106. Bertonio (El P. Ludovico). Vocabulario de la lengua Aymara. Juli Pueblo [Pérou], 1612, in-4, parchemin. 720 fr. à Quaritch.


108. Beschrijvinghe van Virginia, Nieuw Nederlandt. Amsterdam, 1651, pet. in-4 goth., non relié. 310 fr. à Quaritch.


113. Bible. The Holy Bible : containing the Old Testament and the New. Translated into the indian language. Cambridge, 1663, in-4, 2 col., mar. La Vallière, fil. à froid et or, milieu sur les plats, tr. dor., étui en mar. bleu. 2.700 fr. à Quaritch.


151. Popol Vuh. Le Livre sacré et les Mythes de l’antiquité américaine, avec les livres héroïques et historiques des Quichés. Paris, Arthus Bertrand, 1861, gr. in-8, fig. et carte, demi-rel. chagr. citr., tr. peigné. 31 fr. à Douet.

Frontispice


174. Burgoa (Fr. Francisco de). Palestra historial de virtudes, y exemplares apostolicos. Mexico, Juan Ribera, 1670, in-fol., demi-rel. bas., front., incomplet du titre et de quelques feuillets de la table. 118 fr.  

Frontispice


175. Burgoa (Fr. Francisco de). Geografica descripcion de la parte septentrional, del polo artico de la America, y nueva iglesia de las indias occidentales, y sitio astronomico de esta provincia de predicadores de antequera valle de Oaxaca. Mexico, Juan Ruyz, 1674, 2 vol. in-fol., front., vélin. 495 fr. à Maisonneuve.


199. Carochi (El P. Horacio). Compendio del arte de la lengua mexicana. Mexico, 1759, pet. in-4, front. gravé, vél. 42 fr. à Robinat.

Photographie John Carter Brown Library 
221. Champlain (Samuel). Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes occidentales. Manuscrit original et autographe orné de 62 dessins en couleur. In-4, chagr. violet. Provient du cabinet de l’archéologue Pierre-Jacques Feret (1794-1873), maire de Dieppe [Seine-Maritime] en 1848. 5.600 fr. à Morgand.

Photographie BnF
233. Claude d’Abbeville (Le R. P.). Histoire de la mission des Pères Capucins en l’isle de Maragnan et terres circonvoisines. Paris, François Huby, 1614, in-8, titre gravé et fig. par Léonard Gaultier, v. ant. 155 fr. à Maisonneuve.


262. La Preclara Narratione di Ferdinando Cortese della Nuova Hispagna del Mare Oceano. Venise, 1524, in-4, mar. viol., fil., tr. dor. 300 fr. à Morgand.


374. Flores (P. F. Ildefonso Joseph). Arte de la lengua metropolitana del Reyno cakchiquel, o Guatemalico. Guatemala [Antigua], 1753, pet. in-4, bas. 425 fr. à Le Soudier.


425. Grijalva (Ioan de). Cronica de la orden de N. P. S. Augustin en las provincias de la Nueva España. Mexico, Juan Ruiz, 1724 [i.e. 1624], in-fol., titre gravé, demi-rel. bas. r. Titre rogné dans le bas. 305 fr. à Groux.

Christie's, New York, 5 décembre 2008 : 21.250 $
630. Molina (El P. Fray Alonso de). Vocabulario en lengua castellana y mexicana. Mexico, Antonio Spinosa, 1571, in-fol., vél. 500 fr. à Groux.


808. Ruiz de Montoya (El P. Antonio). Arte de la lengua Guarani. En el pueblo de S. Maria la Mayor [Paraguay], 1724, in-4, parch. 340 fr. à Le Soudier.


880. Tauste (El Fray Francisco de). Arte y bocabulario de la lengua de los indios Chaymas, Cumanagotos, Cores, Parias y otros diversos. Madrid, 1680, in-4, cuir de Russie, tr. marbrée. 250 fr. à Le Soudier.


1.361. The Principal Navigations, voyages, traffiques and dicoveries of the English Nation. Londres, George Bishop, 1599, 3 vol. in-fol. goth., ciur de Russie, dent. à froid. 560 fr. à Quaritch.


Célèbre carte de Virginie, de Smith

Carte de Briggs
Première carte montrant la Californie comme une île
et nommant le Nouveau-Mexique, la rivière Hudson et la baie d'Hudson
1.391 bis. Purchas (Samuel). Hakluytus Posthumus or Puchas his pilgrimes, contayning a history of the world. Londres, 1625-1626, 5 vol. in-fol., fig. et cartes, chag. r., dos orné, fil. tr. dor. (Bedford). 1.720 fr. à Morgand.

Demeurant alors à Marquise, Alphonse Pinart se remaria à Saint-Germain-en-Laye [Yvelines], le 26 février 1907, avec Jeanne-Andrée-Lucie Combret (1879-1949), institutrice, née à Paris VIe le 7 avril 1879, fille du Docteur Raymond-Jacques-Pierre Combret et de Marie Sauvaget. Il mourut, ruiné et oublié, le 13 février 1911, en son domicile, à Boulogne-Billancourt [Hauts-de-Seine], 3 rue Saint-Denis.























Les Éditions illustrées de Charles Furne (1794-1859)

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« Furne a été et restera un homme à part, une figure exceptionnelle, qui ne ressemblait à aucune autre ; sa physionomie était à la fois très-accentuée et très-mobile ; il avait le front élevé, le crâne d’une conformation étrange et accidenté de toutes les saillies phrénologiques de l’intelligence ; son visage, sérieux au repos, s’épanouissait au feu de la conversation ; il devenait, selon la circonstance, indulgent ou sévère, grave ou enjoué, bienveillant ou caustique. Ses yeux, malgré sa myopie, jetaient un vif éclat, et il savait donner à son regard tantôt une puissance extraordinaire, tantôt une douceur pleine de charme. »

(Rosseeuw Saint-Hilaire. Notice sur Charles Furne. Paris, J. Claye, 1860, p. 21)

 


Charles Furne est né le 6 décembre 1794, à Paris, rue Saint-Denis [IIe], au coin de la rue Guérin-Boisseau. Il fut le fils unique de Charles-Joseph Furne (1760-1814), marchand de vins, et de Marie Tournier, qui s’étaient mariés à Paris, le 16 juillet 1793.

 

Alors qu’il fréquentait l’école de son quartier, dirigée par Bontems, Charles Furne reçut d’un ami de ses parents, le bouquiniste Letinne, un Ovide en latin avec la traduction de l’abbé Pierre-François Guyot Desfontaines (1685-1745) : ce fut le premier livre de sa bibliothèque.

Ses études terminées au pensionnat de la rue de Thorigny [IIIe], Charles Furne entra en 1813 à l’administration des douanes.

Deux ans plus tard, il épousa Victoire-Françoise Cartault (1797-1836), une orpheline que sa mère, alors lingère 289 rue Saint-Denis, avait en pension. Des onze enfants du jeune couple, seul le neuvième survécut : Charles-Paul Furne (1824-1875).

Hôtel de Villayer (avril 2019)

 

La passion des livres prit le jeune employé des douanes : ses minces économies étaient dépensées en particulier chez le libraire Antoine-Augustin Renouard (1765-1853), installé depuis 1798 dans l’hôtel de Villayer, 55 rue Saint-André-des-Arts [VIe, aujourd’hui n° 47].

Après une tentative d’installation sans lendemain comme libraire, Charles Furne se décida à donner sa démission d’employé des douanes le 1er avril 1826. Le 31 octobre suivant, il acheta un brevet de libraire, succédant à Charles-Nicolas Mahieux, démissionnaire à la suite de la dissolution de son association avec Philippe-François Peytieux le 21 octobre.

 

Furne ouvrit sa librairie chez sa mère, 289 rue Saint-Denis, avant de s’installer, dès la fin 1826, sous la raison sociale « Furne, Libraire-Éditeur », au 37 quai des [Grands] Augustins [VIe], dans une boutique avec deux magasins et deux chambres à l’entresol. Doué pour les affaires, il acquit les fonds de quelques autres librairies, dont celle de Théodore Desoer (1788-1823), 12 rue des Poitevins [VIe], et, après des débuts difficiles, sa librairie prit de l’importance.

 

Furne fut en rapport avec tous les dessinateurs célèbres de son époque et attacha son nom à des éditions illustrées passant en librairie pour de véritables monuments.

 

« Furne voulut illustrer les livres pour tout le monde, comme les grands libraires du siècle dernier illustraient leurs précieuses éditions pour un petit nombre de privilégiés. Il ne comprenait que la gravure en taille-douce, la gravure délicate et finie qui forme un tableau en regard de la page où le poëte retrace un épisode, où le romancier décrit une scène. […]

L’histoire, qui joue le plus illustre rôle dans la littérature du XIXe siècle, avait toute la sympathie de Furne, et une partie notable de sa vie a été employée à mettre au jour les Histoires de M. Thiers, d’Augustin Thierry, d’Henri Martin et de Louis Blanc. Les dessins de Raffet [Auguste Raffet (1804-1860)], pour la Révolution française de ce dernier, sont le plus souvent, dans leur petit cadre, d’une beauté vraiment épique. Autant il y avait de charme et d’élégance dans les vignettes de Gravelot [Hubert-François Bourguignon d’Anville, dit « Gravelot » (1699-1773)], autant celles-ci sont frappantes par un caractère élevé, sérieux et profond. Aussi Furne n’avait-il pas de plus vive admiration que Raffet, ni de meilleur ami. »

(Charles Blanc. « Charles Furne ». In Gazette des beaux-arts, 15 août 1859, p. 244)

 

La maison Furne fut en outre une des premières qui adopta la vente des ouvrages par livraisons.

 

Pour ses éditions, Furne s’associa souvent à des confrères, dont les premiers furent Auguste Sautelet (1800-1830), place de la Bourse, et Jean-Baptiste Ladrange (1793-1879), 19 quai des [Grands] Augustins : 



Lettres sur les révolutions du globe, par Alexandre Bertrand (1826, seconde édition, avec le nom de l’auteur), 



Œuvres complètes de Beaumarchais (1826, 6 vol.) ; 



Œuvres posthumes de Florian(1829, Nouvelle édition) ; 



Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm et de Diderot, depuis 1753 jusqu’en 1790 (1829, Nouvelle édition). 



Furne édita aussi les Œuvres complètes de Millevoye(1827), 






Paul et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre (1829), 






les Œuvres complètes de Gresset (1830).

 

En 1830, après la révolution de juillet, Furne déménagea la librairie au 39 quai des [Grands] Augustins et publia : 




Tome XVIII


Œuvres de Walter Scott (1830) ; 





Essais de Montaigne (1831), avec Laurent De Bure (1775-1864), 30 rue de Bussy [rue de Buci, VIe] ; 



Œuvres de M. de Lamartine (1832), avec Charles Gosselin (1795-1859), 9 rue Saint-Germain-des-Prés [partie de la rue Bonaparte, VIe] ; 





Chefs-d’œuvre de Pierre et Thomas Corneille(1832) ; 





Messéniennes et poésies diverses de M. C. Delavigne (1833) ; 



Histoire de Napoléon, par Jacques de Norvins (1833) ; 



Œuvres de Millevoye (1835, avec Ladrange) ; 







Œuvres de Fenimore Cooper(1835) et Œuvres de Walter Scott (1835), avec Charles Gosselin et Charles-Arthur Perrotin (1796-1866), 1 rue des Filles-Saint-Thomas [IIe] ; 





Œuvres complètes de Voltaire (1835) ; 





Tom Jones. Histoire d’un enfant trouvé (1835) ; 



Jocelyn, par Alphonse de Lamartine (1836), avec Charles Gosselin ; 





Histoire universelle par le comte de Ségur (1836), avec Pierre-Denis-Charles Fruger et Jean-François Brunet, 30 rue Mazarine [VIe] ; 





Œuvres complètes de M. le vicomte de Chateaubriand (1837), avec Charles Gosselin ; 



Annales historiques et philosophiques de la Restauration, par Antoine-Toussaint d’Esquiron de Saint-Agnan (1838) ; 



Œuvres complètes de Buffon (1838) ; 





Œuvres de Barthélemy et Méry (1838).

Premier numéro

 

Furne s’était associé en septembre 1833 avec Charles Gosselin et Henri Fournier (1800-1888), 16 rue de Seine [VIe], pour lancer le périodique illustré intitulé Magasin universel

 

Victoire Cartault était morte prématurément le 2 octobre 1836. Ne supportant pas la solitude, Furne s’était remarié, le 28 octobre 1837, sous le régime de la communauté des biens, à une jeune veuve, Anne Violette.

 

En 1838, la librairie devint « Furne et Cie, Libraires-Éditeurs », avant de déménager au 55 rue Saint-André-des-Arts et de publier : 





Voyages de Gulliver dans des contrées lointaines, par Jonathan Swift (1838), avec Henri Fournier ; 



Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, par Jacques-Antoine Dulaure (1838).

 

L’union avec Anne Violette ne dura malheureusement que deux ans et demi, et un seul des deux enfants du couple survécut : Marie-Charlotte Furne, née le 5 septembre 1839.

 

Travailleur infatigable, Furne poursuivit ses publications : 





Histoire naturelle de Lacépède(1839) ; 



Histoire d’Angleterre, par David Hume (1839) ; 



Histoire d’Espagne, par Charles Romey (1839) ; 



Histoire de Napoléon (1839) ; 





Histoire des républiques italiennes du Moyen Âge, par Jean-Charles-Léonard Simonde de Sismondi (1840), avec Jean-Georges Treuttel (1744-1826) et Jean-Godefroy Wurtz (1768-1841), 17 rue de Lille [VIIe]; 



Œuvres de Victor Hugo (1840) ; 





Œuvres complètes de M. Eugène Scribe (1840), avec Aimé André (1783-1865), 1 rue Christine [VIe] ; 



La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy (1841). Furne pratiquait peu la religion, mais la vénérait profondément.

Victoire Perrin (1827)

 

Le 10 février 1842, voulant donner une mère à sa fille de 29 mois, il épousa, sous le régime de la séparation de biens, Marthe-Victoire Perrin (1799-1882), originaire de Bordeaux [Gironde], veuve depuis 1830.

Premier volume

 

Le numéro 15 du Feuilleton de la Bibliographie de la France du samedi 9 avril 1842 annonça, page 4, la parution, pour le mardi 12 avril, de la première livraison des Œuvres complètes de M. de Balzac. La Comédie humaine (1842-1848, 17 vol. in-8), première édition originale de La Comédie humaine, éditée par Furne, 55 rue Saint-André-des-Arts, J.-J. Dubochet et Cie, 33 rue de Seine, J. Hetzel et Paulin, 33 rue de Seine, accompagnée de 116 gravures hors-texte par Antoine dit « Tony » Johannot (1803-1852), Ernest Meissonier (1815-1891), Alcide-Joseph Lorentz (1813-1889), Pierre-Étienne dit « Petrus » Perlet (1804-1843), Jean-Gérard-Alfred Séguin dit « Gérard-Séguin » (1804-1872), Sulpice-Guillaume Chevalier dit « Gavarni » (1804-1866), Charles-Albert d’Arnoux dit « Bertall » (1820-1882), Charles-Joseph Traviès (1804-1859), Henry Monnier (1799-1877), Célestin Nanteuil (1813-1873), Gustave Staal (1817-1882), Honoré Daumier (1808-1879), Louis Français (1814-1897), Charles Jacque (1813-1894), Jacques-Adrien Lavieille (1818-1862), Louis Marckl (1807-1890), « CH. CH. » non identifié ; sept dessins ne sont pas signés par leurs auteurs.

Le nom de Paulin ne figure que sur les deux premiers volumes parus en 1842, celui de Furne reste seul en 1848 sur le dix-septième volume.

Après avoir acquis la part de Hetzel et Dubochet, ses co-associés dans la publication de La Comédie humaine, Furne céda, le 27 juillet 1846, à Alexandre Houssiaux (1817-1859), son commis, le stock des 16 volumes de la première édition de La Comédie humaine : Houssiaux les remit en vente en y ajoutant un dix-septième volume sous le seul nom de son patron. En 1855, Houssiaux, breveté depuis le 24 novembre 1849, éditeur 3 rue du Jardinet-Saint-André-des-Arts [VIe], ajouta 3 volumes : Études de mœurs. Troisième partie. Études analytiques (18e vol.), Théâtre de H. de Balzac (19evol.), Les Contes drolatiques (20e vol.). L’édition définitive comprend 154 illustrations. 

 

Suivirent d’autres éditions : 





Fables de La Fontaine (1842) ; 





Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, par Prosper de Barante (1842) ; 



Œuvres complètes de lord Byron (1842), avec Charles Gosselin ; 





Histoire de l’Algérie ancienne et moderne, par Léon Galibert (1843) ; 





Œuvres complètes de J. Racine (1844), avec Jean-Jacques Lefèvre (1779-1858), 6 rue de l’Éperon [VIe]



Musée de Versailles, par Théodose Burette (1844) ; 





Histoire des villes de France par Aristide Guilbert (1844), avec Perrotin et Fournier ; 



Voyages de Gulliver (1845), avec Henri Fournier, déménagé 7 rue Saint-Benoît [VIe





Œuvres de Molière (1845), avec Jean-Jacques Lefèvre ; 



Histoire de Paris et de ses monuments, par Jacques-Antoine Dulaure (1846) ; 





Discours sur l’Histoire universelle par J.-B. Bossuet (1847) ; 



Histoire des Girondins par M. A. de Lamartine (1847), avec Wilfrid Coquebert (1804-1849), 48 rue Jacob [VIe] ; 



Histoire de France par M. Henri Martin (1847) ; 



Histoire de la République de Venise par M. Léon Galibert (1847).

 

Les travaux incessants de Furne ne diminuèrent en rien sa passion des voyages : en Espagne - à quatre reprises -, en Suisse, en Allemagne et en Hollande, en Algérie, en Italie, à Londres.

 

Traversant une phase difficile après la révolution de février 1848, Furne chargea Pierre Maubanc (1802-1864) de la direction intérieure de sa maison.

 

En 1849, la librairie « Furne et Cie, Libraires-Éditeurs » déménagea au 45 rue Saint-André-des-Arts [VIe, aujourd’hui Lycée Fénelon, construit en 1894] :


 



« Le numéro 45 de la rue Saint-André-des-Arts est un de ces antiques hôtels, occupé aujourd’hui par une étude de notaire, un magasin de papier et une librairie : la librairie Furne et Jouvet. Cette maison s’élève sur l’emplacement de l’hôtel de Jacques Coyctier, médecin de Louis XI, qui s’y était installé en quittant la cour [la plaque marquant l’emplacement de la maison « de l’éléphant », construite par Coyctier en 1489, a été apposée sur la façade du 51 rue Saint-André-des-Arts]. […]

Le 12 mars 1853, le docteur Orfila mourait au numéro 45 de la rue Saint-André-des-Arts. […]

Le fondateur de la librairie, M. Charles Furne, s’établit au rez-de-chaussée de cette maison presque historique. Les magasins donnent sur un vaste jardin rempli de fleurs et d’arbres séculaires ; au fond est une grotte en rocaille, du sommet de laquelle s’échappe de l’eau qui tombe en filets d’argent sur les rochers qui forment les murs. L’été, dans ce frais coin de verdure, à l’ombre des grands arbres, on se croirait loin de Paris. C’est à peine si les bruits de la rue arrivent aux oreilles des promeneurs. Aussi fait-il la joie des nombreux artistes chargés d’illustrer les livres publiés par la maison Furne et des littérateurs qui se promènent pendant la belle saison sous le feuillage qui sert d’abri à d’innombrables oiseaux remplissant l’air de leurs chants. »

(Auguste Lepage. Les Boutiques d’esprit. Paris, Théodore Olmer, 1879, p. 222-224)

 

Les éditions se succédèrent : 



Géographie universelle, par Malte-Brun (1850) ; 



Histoire de la Restauration par A. de Lamartine (1851), avec Antoine-Laurent Pagnerre (1805-1854), 14 rue de Seine [VIe], et Victor Lecou, 10 rue du Bouloi [Ier] ; 



Histoire de la Révolution française, par M. Louis Blanc (1852), avec Louis Langlois et Leclercq, 99 rue de la Harpe [Ve], Pagnerre, et Perrotin, déménagé 3 place du Doyenné [Ier] ; 



Les Français peints par eux-mêmes, publication collective (1853) ; 



Œuvres complètes de M. Augustin Thierry (1853) ; 



Histoire illustrée de l’Exposition universelle, par Charles Robin (1855) ; 





Histoire de la Révolution française par M. A. Thiers (1857) ; 





L’Ingénieux Chevalier Don Quichotte de la Manche (1858, 2 vol. in-8), traduction par Furne ; 





Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, par Augustin Thierry (1859).

 

En 1854, Furne tomba sérieusement malade pour la première fois de sa vie : une affection du larynx dura plusieurs mois, nécessitant des cures aux eaux du Mont-Dore [Puy-de-Dôme].

 

Un mois après son retour d’un voyage en Italie, où il était allé pour assister au triomphe de nos armées, il sortit dans la matinée, le jeudi 14 juillet 1859, selon son habitude journalière :

 

« Après quelques visites, il voulut prendre un bain, à quelques pas de chez lui, au passage du Commerce. Il était dans la baignoire depuis peu d’instants, lorsque la maîtresse de l’établissement l’entendit frapper à la cloison. “ Vite, appelez votre mari, lui dit Furne ; je suis un homme perdu ! ” En effet, au milieu d’un violent accès de toux, un vaisseau s’était rompu dans sa poitrine : il vomissait le sang. Il put cependant se vêtir lui-même, et on le ramena chez lui, en le soutenant sous les bras. En traversant son jardin, il fut pris d’un second vomissement de sang plus considérable. A peine rentré dans son salon, on le coucha sur un canapé, où il reçut les soins de sa femme et de sa fille. Mais il était atteint mortellement. “ Je suis perdu, répéta-t-il encore ; Dieu me pardonnera mes fautes ! Adieu !” Ces mots furent les seuls qu’il put prononcer. Quelques instants après, il s’éteignait doucement dans les bras de sa famille. »

(Rosseeuw Saint-Hilaire. Notice sur Charles Furne. Paris, J. Claye, 1860, p. 29-30)

 

Ses obsèques eurent lieu le samedi 16 juillet, en l’église Saint-Sulpice. Après la cérémonie religieuse, le convoi se dirigea vers le cimetière du Père-Lachaise [Division 6]. Son père, Charles-Joseph Furne, y avait été inhumé le 25 février 1814. Son vieil ami l’imprimeur Jules Claye (1806-1886) prononça sur sa tombe quelques paroles, au nom de la librairie, de l’imprimerie, de la papeterie et de ses collègues du Cercle.

 

« Suivant acte sous signatures privées fait quadruple à Paris, le treize août mil huit cent cinquante-neuf ; et suivant acte passé devant Me Lindet et son collègue, notaires à Paris, les quatre et six octobre mil huit cent cinquante-neuf, rendant définitives les conventions qui faisaient l’objet du premier, aussi enregistré. Mme Marthe-Victoire PERRIN, veuve de M. Charles FURNE, et avant, veuve en premières noces de M. Joseph-Marie COULLET, rentière, demeurant à Paris, rue Saint-André-des-Arts, 45 ; M. Charles-Paul FURNE, photographe, demeurant à Paris, mêmes rue et numéro ; Mlle Marie-Charlotte FURNE, demeurant aussi à Paris, mêmes rue et numéro, mineure émancipée assistée de son curateur ; et M. Pierre MAUBANC, employé supérieur dans la maison de commerce FURNE, demeurant à Paris, rue du Cherche-Midi. 117, ont établi entre eux les conditions d’une société en nom collectif pour la continuation de la maison de commerce de librairie FURNE et Cie, dont les magasins sont situés à Paris, rue Saint-André-des-Arts, 45. Aux termes de ces actes, il a été stipulé : Que la durée de cette société serait de trois années à compter du quatre octobre mil huit cent cinquante-neuf. Que son siège serait rue Saint-André-des-Arts, 45. Que la raison et la signature sociales seraient FURNE et Cie. Que MM. Maubanc et Furne gèreraient ladite société. Que M. Maubanc aurait seul la signature scciale sans pouvoir en user autrement que pour les opérations sociales. » [sic]

(Gazette des tribunaux, 13 octobre 1859, p. 992)

 

« Suivant acte sous seings privés, en date à Paris du trente et un août mil huit cent soixante-deux, enregistré,

M. Charles-Paul FURNE, libraire éditeur, demeurant à Paris, rue Saint-André-des-Arts, 45 ;

M. Pierre MAUBANC, même profession, demeurant à Paris, rue Bréa, 22 ;

Mme Marthe Victoire PERRIN, veuve de M. Charles FURNE, rentière, demeurant à Paris, rue Bréa, 22 ;

M. Julien MOREL, ancien libraire, demeurant à Paris, passage du Commerce, n. 19,

Cessionnaires de partie des droits de M. Charles-Paul Furne ;

Et la commanditaire dénommée audit acte ;

Ont dissous, à partir du premier février dernier, la société existant entre eux sous la raison sociale : FURNE et Compagnie, pour l’exploitation d’une maison de librairie sise à Paris, rue Saint-André-des-Arts 45, connue sous le nom de : Maison FURNE. […]

 

Suivant acte sous seings privés en date à Paris du trente et un août mil huit cent soixante-deux,

M. Charles-Paul FURNE, libraire éditeur, demeurant à Paris, rue Saint-André-des-Arts, 45 ;

M. Pierre MAUBANC, libraire-éditeur, demeurant à Paris, rue Bréa, 22,

Et les commanditaires dénommés audit acte,

Ont formé entre eux une société ayant pour objet la continuation de l’exploitation de la maison de commerce de librairie connue sous le nom de : Maison FURNE et sise à Paris, rue Saint-André-des-Arts, 45.

Il a été dit :

Que cette société serait en nom collectif à l’égard de MM Furne et Maubanc, et en commandite pour les autres associés ;

Que ladite société avait commencé le premier février mil huit cent soixante-deux, et finirait le premier février mil huit cent soixante-sept ;

Que son siège serait à Paris, rue Saint-André-des-Arts, 45 ;

Que la raison sociale serait : FURNE et Cie ;

Que les commanditaires apportaient en société, par la réunion de leurs apports, une somme totale de deux cent soixante-deux mille francs ;

Que M. Maubanc aurait la direction principale des affaires de la société et seul la signature sociale ; mais qu’il ne pourrait en faire usage que pour les besoins de la société. » [sic]

(Gazette des tribunaux, 13 septembre 1862, p. 898)

Maubanc étant décédé le 30 octobre 1864, à Paris [VIe], Jean-Baptiste-Alexandre Jouvet (1833-1912), né le 6 août 1833 à Blainville-sur-Mer [Manche], fils d’un cultivateur, s’associa dès 1865 à la maison Furne, qui devint « Furne, Jouvet et Cie, Libraires-Éditeurs ». Le 22 juin 1869, à Paris [IXe], Jouvet épousa Marie-Louise Boivin (1849-1922), née le 5 avril 1849 dans la capitale, puis déménagea la librairie au 5 rue Palatine [VIe]. 



Il fut mis en liquidation judiciaire le 30 septembre 1897 et mourut le 4 novembre 1912, en son château des Forges, à Linverville [Gouville-sur-Mer, Manche].



La librairie devint « Ancienne Librairie Furne, Combet & CieÉditeurs » en 1898, 

Photographie Pierre Brillard


puis fut rachetée en 1906 par Léon Boivin (1863-1937).

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maurice Tourneux (1849-1917), bibliographe et homme de lettres

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Brabant-le-Roi détruit en 1917

Descendant d’une famille originaire de Brabant-le-Roi [Meuse], Jean-Maurice Tourneux est né le 12 juillet 1849, 100 bis rue du Bac [110 depuis 1850], à Paris [VIIe], dans la maison où la comédienne Marie-Dorval (1798-1849) avait habité de 1839 à 1846 et où l’artiste peintre américain James Whistler (1834-1903) vivra de 1892 à 1901.

 

110 rue du Bac (mai 2019)

Maurice Tourneux était fils de Jean-François-Eugène Tourneux, artiste peintre, né à Bantouzelle [Nord], le 6 octobre 1809. Eugène Tourneux avait fait d’excellentes études classiques à Reims [Marne]. Pendant quelque temps, il avait cultivé la poésie et donné quelques volumes de vers, dont Chants et prières (Paris, Desessart, 1838), publié en collaboration avec son ami Charles de Maricourt. Élève de Laurent-Charles Maréchal (1801-1887), de Metz [Moselle], il s’adonna à la peinture de genre et surtout de pastel avec un certain succès, prenant part aux Salons de 1842 à 1866. Il avait épousé Aglaé-Laure Forest, le 19 avril 1845 à Paris [VIIe]. Il mourut 55 rue du Cherche-Midi, à Paris [VIe], le 26 juin 1867, d’une attaque d’apoplexie. Ses tableaux et études furent vendus à l’Hôtel Drouot, le 25 novembre 1867.


 

Maurice Tourneux était petit-fils de Jean-François Tourneux, ancien élève de l’École polytechnique et ingénieur des Ponts-et-Chaussées, né le 22 septembre 1779 à Brabant-le-Roi. D’abord attaché au canal de Saint-Quentin [Aisne], il fut appelé successivement dans les départements du Bas-Rhin, de la Marne et des Vosges, où il décéda, à Épinal, le 22 avril 1834. Il était chevalier de la Légion d’honneur.

Portrait de Maurice Tourneux, 14 ans, par son père (1863)
In Gazette des beaux-arts, janvier-mars 1917, p. 315

Maurice Tourneux fit ses études au lycée Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques [Paris Ve]. Dès 1866, il entra à l’administration de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, dite « PLM », où il fut attaché au service des archives. Sa vocation de bibliophile et de curieux naquit cette même année 1866, de sa rencontre avec Charles Asselineau (1820-1874) et les frères Goncourt, Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870), qui lui ouvrirent leurs cabinets de travail. 

En 1869, Maurice Tourneux, « très-versé dans les mystères de la littérature contemporaine » (G. Brunet. « Préface ». Les Supercheries littéraires dévoilées. Paris, Daffis, 1869, t. I, 1re partie, p. VIII) collabora à la seconde édition de l’ouvrage de Joseph-Marie Quérard (1796-1865).

Par l’intermédiaire des frères Goncourt, Maurice Tourneux entra en relation avec Philippe Burty (1830-1890), qui lui ouvrit les portes de L’Art. Revue hebdomadaire illustrée et de La Nouvelle Revue.


 

Ayant fait la connaissance d’Étienne Charavay (1848-1899), Maurice Tourneux collabora à L’Amateur d’autographes. Son premier article, « Une collection d’ex libris » (Nos214 et 215, avril 1872, p. 58-61), indique qu’il conçut de bonne heure pour ces vignettes un goût qu’il conserva toujours : « il est un autre plaisir que Nodier n’a pas décrit quoiqu’il l’ait connu ; celui d’apposer sa marque sur ses livres et d’attester ainsi que l’on fut un homme de goût et un lettré. » Dans les Archives de la Société française des collectionneurs d’ex-libris, on trouve des notes sur les ex-libris de Poulet-Malassis (6eannée, N° 5, mai 1899, p. 69-71), de Francisque Sarcey (7e année, N° 11, novembre 1900, p. 163-165), de Philippe Burty (8e année, N° 11, novembre 1901, p. 164-166) et d’Aglaüs Bouvenne (11e année, N° 2, février 1904, p. 19-22).

Ce fut aussi dans L’Amateur d’autographes qu’il publia son premier travail consacré à l’histoire de l’art : « Les Portraits de Balzac » (janvier 1873, p. 2-3) ; suivirent « Les Portraits d’Alfred de Musset » (juin 1873, p. 93) et « Les Portraits de Sainte-Beuve » (juin-juillet 1874, p. 89-93).

En 1875, « Prosper Mérimée bibliophile » parut dans le Bulletin du bibliophile (p. 475-481).




L’année suivante, Maurice Tourneux publia Prosper Mérimée. Sa bibliographie (Paris, J. Baur, 1876, portrait par Frédéric Régamey, 100 exemplaires papier vergé et 6 Chine) et Théophile Gautier. Sa bibliographie (Paris, J. Baur, 1876, portrait par H. Valentin, 100 exemplaires papier vergé et 10 Chine).


 

La même année 1876, grâce à l’intervention d’Auguste Poulet-Malassis (1825-1878), Maurice Tourneux fut chargé par les frères Garnier de l’achèvement de l’édition des Œuvres complètes de Diderotrevues sur les éditions originales (1875-1876), commencée par Jules Assézat (1832-1876), dont il publia, après un voyage à Saint-Pétersbourg [Russie], les tomes XVII à XX (1877), qui contiennent des lettres inédites, une bibliographie des écrits perdus, une iconographie et une table. Il décida les mêmes éditeurs à entreprendre une réimpression de la Correspondance littéraire, philosophique et critique par Grimm, Diderot, Raynal, Meister, etc. et mena à bien ce travail en six années (1877-1882, 16 vol. in-8), après un voyage à Gotha [Allemagne].

Le 3 décembre 1877, à Paris [VIe], Maurice Tourneux, qui habitait alors 6 boulevard Morland [IVe], épousa Julie-Henriette Vapereau, née à Tauxigny [Tauxigny-Saint-Bauld, Indre-et-Loire] le 4 septembre 1855, fille de Louis-Gustave Vapereau (1819-1906), avocat, et de Émilie-Euphrasie Forest (1817-1905).

Dès lors, il collabora à la cinquième édition du Dictionnaire universel des contemporains (Paris, Hachette et Cie, 1880), par son beau-père ; les articles de L’Illustration, publiés sous la rubrique « Notes et impressions », et signés « G.-M. Valtour », furent de Gustave Vapereau et de son gendre.

Reprenant et complétant ses études sur Mérimée, Maurice Tourneux publia Prosper Mérimée, ses portraits, ses dessins, sa bibliothèque (Paris, Charavay Frères, 1879) et écrivit pour de nombreuses revues : L’Amateur d’autographes, Le Bibliophile français, Bulletin du bibliophile, Revue des documents historiques, L’Art, La Vie littéraire, L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, Le Livre, L’Illustration, La Nouvelle Revue, Revue critique d’histoire et de littérature, Revue historique, Gazette des beaux-arts, Revue de l’art français ancien et moderne, Les Lettres et les Arts, Le Moliériste, L’Artiste, Revue rétrospective, Gazette anecdotique, Le Livre moderne, Revue encyclopédique, La Révolution française, Revue d’histoire littéraire de la France, La Revue de Paris, La Correspondance historique et archéologique, Revue des livres anciens, Le Bibliographe moderne, etc.

Il donna en outre de nombreux articles à La Grande Encyclopédie, aux Bulletin et Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, aux Archives de l’art français, à la Société d’iconographie parisienne, etc., fournissant les contributions les plus variées à l’histoire générale, à l’histoire littéraire et aux antiquités des XVIIIe et XIXesiècles.


 

La Gazette des beaux-arts, qui accueillit Maurice Tourneux le 1er juillet 1885, avec un article intitulé « La Tour chez ses notaires » (p. 74-84), publiera au total 39 de ses articles.

Maurice Tourneux donna une introduction et des notes pour la publication de l’Histoire journalière de Parispar Dubois de Saint-Gelais (1716-1717) (Paris, Société des bibliophiles françois, 1885, in-8), 


un avant-propos et des notes pour
Meusnier de Querlon. Les Soupers de Daphné et les Dortoirs de Lacédémone, (Paris, Librairie des bibliophiles, 1886, in-12, eau-forte par Adolphe Lalauze), une préface et des notes pour Montesquieu. Lettres persanes (Paris, Librairie des bibliophiles, 1886, 2 vol. in-12, pl. et portr.), un avertissement et des notes pour Les Promenades à la mode(Paris, Librairie des bibliophiles, 1888, in-12, eau-forte par Adolphe Lalauze).


Dans L’Âge du Romantisme(Paris, Ed. Monnier & Cie, 1887, gr. in-4), série d’études sur les artistes, les littérateurs et les diverses célébrités de cette période, Maurice Tourneux publia Gérard de Nerval. Prosateur et poète.


À l’occasion de l’Exposition universelle de Paris en 1889, le Conseil municipal de la capitale, sur la proposition de Léopold Delisle (1826-1910), administrateur général de la Bibliothèque nationale de France depuis 1874, confia à Maurice Tourneux la publication d’une Bibliographie de l’histoire de Paris pendant la Révolution française(Paris, Imprimerie nouvelle, 1890-1913, 5 vol. gr. in-8). Pour l’assister dans cette tâche, il trouva une collaboratrice dévouée en la personne de son épouse :

« Le cadre une fois tracé, il ne restait plus qu’à le remplir, et j’aurais peut-être succombé sous le faix si je n’avais trouvé à mon foyer même un dévouement que n’ont pas lassé un seul jour durant vingt ans les transcriptions de titres, les rapprochements et les identifications indispensables en pareille matière : tous les noms propres et tous les substantifs de nature à fournir une indication utile au lecteur ont été ainsi relevés sur des fiches dont le nombre primitif a largement dépassé trente mille, mais qui s’est nécessairement réduit quand j’en ai entrepris la revision avant leur répartition sous les rubriques auxquelles elles devaient s’adapter. »

(Maurice Tourneux. « Avertissement ». In Bibliographie de l’histoire de Paris, t. V, 1913, p. ij)

Cette publication lui valut la reconnaissance de l’Académie des Inscriptions dès 1894 et en 1913, et de l’Académie française en 1907.

« C’est que M. Tourneux a pris le soin si rare de reproduire ces titres au complet avec une exactitude scrupuleuse. C’est aussi et surtout qu’il n’a pas manqué de lire tous les livres qu’il signale, et, chaque fois que le titre ne donne pas une idée suffisante du contenu, il complète par une courte et complète analyse.

Là ne se borne pas la tâche de ce parfait bibliographe. Pseudonymes, anonymes et supercheries sont ingénieusement dévoilés par lui, avec une science perspicace. Son œil exercé perce les masques, démêle les confusions, distingue les différences et va chercher dans le texte l’éclaircissement ou la correction du titre.

C’est en cela que M. Tourneux l’emporte sur les bibliographes ses prédécesseurs. Ceux-ci, même le bon Quérard, ne lisait d’un livre que l’intitulé et, parfois, la table des matières. Leur description bibliographique était tout extérieure. Non qu’ils fussent négligents ou paresseux, ces piocheurs célèbres : mais c’est qu’il leur manquait une culture assez générale et assez profonde pour prendre rapidement et sûrement connaissance de tant de livres divers. M. Tourneux, par une rencontre rare d’aptitudes variées, est à la fois littérateur, historien, philologue. Son esprit est ouvert et orné. Il aime les volumes comme s’il était bibliomane, et il sait lire les livres comme un critique. On le voyait bien à ses précédents travaux : celui-ci, qui est son œuvre capitale, mettra le sceau à sa réputation d’honnête homme qui sait, non pas un peu de tout, mais beaucoup de tout, et qui est aussi capable de s’élever aux vues générales que de regarder un bouquin à la loupe. »

(F.-A. Aulard. « Chronique & bibliographie ». In La Révolution française. Revue d’histoire moderne et contemporaine. Paris, Société de l’histoire de la Révolution, t. 19e, juillet-décembre 1890, p. 84-85)

Photographie Librairie du Cardinal

Entre temps, il avait publié : Mémoires de Marmontel (Paris, Librairie des bibliophiles, 1891, 3 vol. in-12), « Merceriana ou Notes inédites de Mercier de Saint-Léger » (Bulletin du bibliophile, 1892, p. 97-114, 251-268, 365-377, 432-444, 516-545), Procès-verbaux de la commune de Paris (10 août 1792-1er juin 1793) (Paris, Société de l’histoire de la Révolution française, 1894), une préface pour le Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle par Georges Vicaire (Paris, A. Rouquette, 1894, t. I, p. I-XIX),  Marie-Antoinette devant l’histoire. Essai bibliographique (Paris, Techener, 1895) [Seconde édition revue, très augmentée et ornée de gravures. Paris, Henri Leclerc, 1901), Table générale des documents contenus dans les archives de l’art français et leurs annexes (1851-1896) (Paris, Charavay Frères, 1897), 


La Bibliothèque des Goncourt. Étude suivie d’un Essai bibliographique sur l’œuvre des deux frères (Paris, Techener, 1897, 50 ex. Extrait du Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 15 septembre 1896), Les Sources bibliographiques de l’histoire de la Révolution française (Paris, Alph. Picard et Fils, 1898, extrait du Bibliographe moderne, 1897, nos 5-6), Tamizey de Larroque (1828-1898). Notice bio-bibliographique (Paris, Techener, 1898), Diderot et Catherine II (Paris, Calmann Lévy, 1899), « Étienne Charavay. Sa vie et ses travaux » (La Révolution française, 14 mars 1900, p. 193-233), Jean-Baptiste Perronneau (Paris, Gazette des beaux-arts, 1903), Eugène Delacroix (Paris, Henri Laurens, 1904), La Tour(Paris, Henri Laurens, 1904), Table générale de la Revue universelle des arts (1855-1866) (Chartres, Imprimerie Edmond Garnier, 1908, avec Gaston Brière et Henri Stein), Mes loisirs, par S.-P. Hardy. Journal d’événements tels qu’ils parviennent à ma connaissance (1764-1789) (Paris, Alphonse Picard et Fils, 1912, t. Ier publié avec l’historien Maurice Vitrac [1871-1948]).

(juillet 2019)
Et il avait quitté, en 1899, son appartement du 14 rue du Cardinal Lemoine [Ve], où il avait vécu pendant une vingtaine d’années, 

(juin 2019)
pour le 34 quai de Béthune [IVe], sur l’île Saint-Louis.

.
Maurice Tourneux en 1901, 34 quai de Béthune
In Gazette des beaux-arts, janvier-mars 1917, p. 321

L’avocat Henri Maistre (1875-1917) fit imprimer une Bibliographie des travaux de Maurice Tourneux(Paris, R. Paquet, 1910, in-4, H. C., tiré à petit nombre), contenant 413 numéros.

En 1914, Maurice Tourneux collabora à la Revue des livres anciens de Pierre Louÿs (1870-1925) et Louis Loviot (1885-1918), avec « Bibliothèques féminines au XVIIIesiècle » (t. I, p. 345-351).

(août 2012)
La même année, il déménagea au 16 quai de Béthune.

« A examiner d’ensemble l’œuvre si touffue et si variée de Tourneux, on peut la classer en un certain nombre de chapitres bien déterminés. A ses débuts, il s’occupe des écrivains du XVIIIe siècle, Grimm, Diderot, Marmontel. Puis il est absorbé par ses recherches sur les romantiques du siècle dernier. Viennent ensuite ses études sur les beaux-arts dont la Gazette renferme la partie la plus considérable.

A une série spéciale appartiennent ses travaux sur la Révolution française, qui occupèrent toute la seconde partie de sa vie, ayant pour couronnement cette bibliographie de l’histoire de Paris pendant la Révolution avec sa table monumentale. […]

Plusieurs voyages furent consacrés à des recherches littéraires dans les bibliothèques étrangères. Nous avons parlé de sa mission officielle pour recueillir les manuscrits de Grimm et de Diderot et de son voyage à Gotha en 1875. Neuf ans plus tard, il partait pour la Russie et s’arrêtait en cours de route à Upsal et à Stockholm dont les bibliothèques lui fournirent de nouvelles découvertes. Enfin il se rend à différentes reprises à Londres pour cataloguer les ouvrages sur la Révolution française conservés au British Museum.

De la même époque date une série de conférences à l’Université d’Oxford sur les sources manuscrites de l’histoire de la Révolution. Un dernier voyage en Amérique, en 1912, avait pour but de rechercher des documents sur les peintures françaises, et en particulier sur celles de l’école romantique, conservées dans les collections particulières de New York. »

(Jules Guiffrey. « Maurice Tourneux (1849-1917) ». In Gazette des beaux-arts, janvier-mars 1917, p. 324-326)

Prospectus de la librairie Leclerc, par François Courboin (1906).
De gauche à droite : Lacombe,Tourneux, Vicaire, Courboin, Gruel et Leclerc

Membre en particulier de la Société de l’histoire de l’art français, de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France et de la Société de l’histoire de la Révolution française, Maurice Tourneux fut un bibliophile passionné.

Maurice Tourneux dans sa bibliothèque, 34 quai de Béthune (1912)

Télégramme de Maurice Tourneux à Adolphe Durel,
libraire expert pour la vente Crampon, à l'Hôtel Drouot, le 12 avril 1897.
Photographie Librairie Trois Plumes

Il réunit une bibliothèque sur l’histoire, les arts et la littérature dans son appartement du quai de Béthune et dans sa maison de campagne du clos de la Guérinière, à Morsang-sur-Orge [Essonne].


 

Il utilisa un fer de reliure et deux ex-libris, qui portent la devise « IN ANGULO CUM LIBELLO » [Dans un coin avec un petit livre] : 



l’un [120 x 51 mm], gravé par François Courboin (1865-1926), le représente lisant un livre, assis sur la dernière marche d’une échelle de bibliothèque ; 



l’autre [62 x 62 mm], gravé par Aglaüs Bouvenne (1829-1903), donne son monogramme « MT » sur un fond azuré, dans un encadrement à enroulements.

Maurice Tourneux en 1914
In Gazette des beaux-arts, janvier-mars 1917, p. 314

Maurice Tourneux tomba malade peu de temps après la publication du dernier volume de la Bibliographie de l’histoire de Paris : on a prétendu que la grande fatigue intellectuelle entraînée par un labeur écrasant avait contribué à hâter sa fin. Il mourut le 13 janvier 1917, après une longue et douloureuse maladie. Il était chevalier de la Légion d’honneur depuis 1891 et avait été promu officier en 1913, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Diderot. Ses obsèques eurent lieu le 16 janvier 1917, en l’église Saint-Louis-en-l’Île.

« Mme Tourneux a entrepris le catalogue de la collection de son mari ; elle a eu en outre l’excellente et touchante pensée de conserver une image de cette belle bibliothèque de travail. Dans ce but elle a fait appel au talent d’un ancien ami de son mari, M. Frédéric Régamey.

Cet artiste a composé avec le plus grand soin, la plus scrupuleuse exactitude, un charmant pastel représentant une partie importante de la bibliothèque, avec le maître faisant le geste de sortir un livre de son rayon. »

(Camille Beaulieu. Vie et travaux de Burgaud des Marets. La Rochelle, Éditions Rupella, 1928, p. 14)

Le cabinet de Maurice Tourneux resta en l’état, jusqu’à la publication du Catalogue of the private library of Maurice Tourneux, historian, art critic and bibliographer(1849-1917) (New York, The United French Publishers, 1932), avec une préface par Marcel Bouteron (1877-1962), bibliothécaire à la Bibliothèque de l’Institut.

Madame Tourneux mourut le 20 janvier 1935, 16 quai de Béthune, et fut inhumée dans le caveau de famille à Morsang-sur-Orge.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Bibliothèque de Paul Lacombe (1848-1921), Parisien

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À la mémoire de mon ami

Alain Fourquier (1938-2010)

 

 

Rue Croulebarbe, à Gentilly (1898)
Muée Carnavalet

Souvent confondu avec l’historien Paul-Joseph Lacombe (1834-1919), inspecteur général des bibliothèques et des archives en 1881, Paul Lacombe est né sur les bords de la Bièvre, à Gentilly [arrondissement de Sceaux, département de la Seine, aujourd’hui Val-de-Marne], 7 boulevard [sic] Croulebarbe, le 7 novembre 1848.

Bien qu’il se qualifiât de « Parisien », il descendait d’une famille originaire de Metz [Moselle].

Son grand-père, Jean-François Lacombe, dit « Lacombe l’aîné », né à Metz le 2 novembre 1767 sur la paroisse Saint-Marcel, était commissionnaire de roulage place de l’Égalité [place de la Comédie] quand il épousa, le 21 brumaire An IX [12 novembre 1800], Marie-Marguerite Le Lorrain, née à Metz le 14 septembre 1773, fille d’un chirurgien, divorcée depuis le 1er brumaire An VIII [23 octobre 1799].

Le père de Paul Lacombe, Alphonse Lacombe, manufacturier, était né à Metz le 26 octobre 1811 et avait épousé, le 30 avril 1844 à Gentilly, Madeleine-Marie Blondin, née à Metz le 15 septembre 1822, fille de Dominique-Pierre Blondin, receveur particulier des finances à Chateaubriant [Loire-Atlantique], et de Anne-Amélie Georgy. Les trois enfants du couple naquirent à Gentilly : Françoise-Amélie le 12 juin 1845, boulevard extérieur ; Paul en 1848 ; Édouard-Gabriel le 4 août 1850, 7 boulevard de la Glacière. Après la fermeture de la blanchisserie de Royaumont [Asnières-sur-Oise, Val-d’Oise], où il avait passé quelques années, Alphonse Lacombe s’installa à Paris en 1863, 62 rue Taitbout [IXe], puis s’associa à Théodore-Antoine-Charles Gadala (1839-1923), agent de change près la Bourse de Paris depuis 1869.

Paul Lacombe
In La Cité, N° 77-78, janvier-avril 1921, p. 238

Paul Lacombe fit toutes ses études au collège Stanislas, rue Notre-Dame-des-Champs [VIe], et passa ses vacances à Saint-Prix [Val-d’Oise], dans la vallée de Montmorency, où il croisa quelques historiens et hommes de lettres.

Appelé dans la garde mobile, il fit son devoir pendant la guerre de 1870, puis entra, comme son père, dans la charge Gadala.

Le 7 octobre 1873, à Paris [VIe], Paul Lacombe épousa Clémentine-Marie Quatremère, née à Paris le 14 juillet 1853, fille de Alphonse Quatremère (1812-1903), avocat, et de Louise-Jeanne Meynard (1818-1872). Ce mariage fut de courte durée, car il perdit sa jeune femme le 30 avril 1875, au domicile conjugal, 14 rue du Faubourg Poissonnière [Xe].

Paul Lacombe déménagea alors au 3 rue Laffitte [IXe] et employa dorénavant les loisirs que lui laissait sa charge à s’adonner aux travaux d’érudition parisienne. 

Hôtel Carnavalet : salle de lecture en 1884

Il fréquenta particulièrement l’hôtel Carnavalet, rue de Sévigné [IIIe], où il était reçu malgré la fermeture depuis les incendies de la Commune (1871) et dont une partie des locaux avaient été investis en 1872 par la Bibliothèque historique de la ville de Paris, dont le conservateur était Jules Cousin (1830-1899). À la Bibliothèque nationale, Gabriel Marcel (1844-1909), bibliothécaire, guida ses premiers pas d’apprenti bibliographe.


 

Paul Lacombe donna son Essai d’une bibliographie des ouvrages relatifs à l’histoire religieuse de Paris pendant la Révolution (1789-1802) (Paris, Poussielgue Frères, 1884, tirage à part à 100 ex. numérotés), extrait du Bulletin d’histoire et d’archéologie (janvier 1884), 

Photographie BnF


puis Les Noms des rues de Paris sous la Révolution (Nantes, Imprimerie Vincent Forest et Émile Grimaud, 1886) 




et sa Bibliographie parisienne. Tableaux de mœurs (1600-1880) (Paris, P. Rouquette, 1887, 500 ex. numérotés sur pap. vélin).

(mai 2019)

 Ce fut en 1887 que Paul Lacombe déménagea au 5 rue de Moscou [VIIIe].


 

Il fut chargé par le bureau du Congrès des bibliothécaires, de publier une Bibliographie des travaux de M. Léopold Delisle (Paris, Imprimerie nationale, 1902), à l’occasion du cinquantenaire de son entrée à la Bibliothèque nationale : cette bibliographie lui valut d’être nommé bibliothécaire honoraire de la Bibliothèque nationale, par un arrêté ministériel du 14 octobre 1905.  


 

Il fit paraître une Bibliographie des livres d’heures imprimés auXVe et au XVIe siècle conservés dans les bibliothèques de Paris. Catalogue (Paris, Imprimerie nationale, 1907) 

et, poursuivant le travail d’Anatole Claudin (1833-1906), il donna le tome quatrième de l’Histoire de l’imprimerie en France au XVe et au XVIe siècle (Paris, Imprimerie nationale, 1914) et un volume de tables alphabétiques l’année suivante.

Après la mort de Delisle, Paul Lacombe publia la Bibliographie des travaux de M. Léopold Delisle […].Supplément 1902-1910 (Paris, Henri Leclerc, 1911), qui rassemblait les articles qu’il avait donnés au Bulletin du bibliophile et du bibliothécairedu 15 octobre 1910 (p. 441-460), du 15 novembre (p. 520-536), du 15 décembre (p. 549-563), du 15 janvier 1911 (p. 20-46), du 15 février (p. 53-75) et du 15 mars (p. 111-120).



Il collabora à la publication des Mélanges offerts à M. Émile Picot (Paris, Rahir, 1913, 2 vol.) en donnant, dans le tome Ier, une « Bibliographie des travaux de M. Émile Picot ». 



Après la mort d’Émile Picot (1844-1918), Paul Lacombe fut chargé de l’achèvement du Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le baron James de Rothschild (Paris, Rahir, 1920, t. V). 

(avril 2019)
La boutique de Justin Lecoules a été fondée en 1905

 

Paul Lacombe ne supporta pas la mort de son frère, survenue le 14 janvier 1921 dans l’appartement du 62 rue Taitbout, et mourut le 21 février suivant dans cet appartement qu’il avait réintégré en 1920.

Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1912, en récompense de ses nombreux travaux, Paul Lacombe avait été membre de plusieurs sociétés savantes, Société française de bibliographie, Société de reproduction des manuscrits à peintures, Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, Société d’histoire contemporaine, Société d’histoire de Normandie, Société des antiquaires de France, et membre de la Commission des travaux historiques de la ville de Paris et du Comité des inscriptions parisiennes.

A la Librairie Leclerc, par François Courboin (1906)
De gauche à droite : Paul Lacombe, Maurice Tourneux, Georges Vicaire, François Courboin, Léon Gruel et Henri Leclerc


Il fit également partie de la Société des Bibliophiles contemporains, de la Société des Amis des livres, des Cent bibliophiles et de la Société des Bibliophiles françois.

Paul Lacombe s’était créé une bibliothèque, majoritairement parisienne, classée selon le système suivi à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. 

Carte-télégramme de Lacombe au libraire Durel (3 juillet 1888)
Photographie Librairie Les Trois Plumes

Il lisait tous les catalogues, donnait des commissions pour les ventes du jour et assistait aux ventes du soir.


Son relieur préféré était Lucien-Édouard Petitot (1862-1935), 1 rue des Beaux-Arts [VIe].



Son ex-libris [84 x 54 mm] est l’œuvre de François Courboin (1865-1926), alors sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, département des estampes : les quais de la Seine, au niveau du Pont Neuf, avec la devise « PARIS SANS PAIR » [Paris sans égal], qui avait figuré sur les hoquetons portés par les archers de la ville de Paris lors de l’entrée de Louis XII dans la capitale, le 2 juillet 1498.

Sa bibliothèque a été dispersée en quatre ventes aux enchères et a rapporté au total 251.545 francs.

 

Photographie BnF

Du lundi 26 au jeudi 29 juin 1922, en 4 vacations, à l’Hôtel Drouot, salle N° 10 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Paul Lacombe - 1re partie. Livres illustrés. Éditions de luxe. Publications des Sociétés de Bibliophiles. Bibliographie. Paléographie. Linguistique. Histoire de l’imprimerie. Bibliographie des incunables. Ouvrages sur la Bibliothèque Nationale et les grandes Bibliothèques publiques de France. Histoire et mémoires. Livres sur les beaux-arts(Paris, H. Leclerc et Ch. Bosse, 1922, in-8, 151-[1 bl.] p., 799 lots [le lot 408 manque]).

La vente a rapporté 84.911 francs.


 

1. Adam (Paul). Le Serpent noir. Eaux-fortes et pointes-sèches de Malo Renault. Paris, pour les Cent Bibliophiles, 1913, in-4, broché, couv. ill. H. C. 130 ex. Ex. au nom de Paul Lacombe. 195 fr.



68. Le Bibliographe moderne. Collection complète des 19 premières années. 18 vol. gr. in-8, demi-rel. chag. bleu, tête jasp., non rog., couv. cons. 480 fr.



91. Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale (tomes I à LXXI). Paris, Imp. nat., 1897-1920, 71 vol. gr. in-8, les 69 premiers cart. bradel demi-toile grise, tête jasp., non rog., couv. cons. (Petitot), les 2 derniers br. 3.600 fr.

Photographie Musée Médard


159.Bulletin du bibliophile. Coll. complète de 1834 à oct. 1920. 81 vol. in-8, cart. bradel demi-perc. grise, tête jasp., non rog., 5 fasc. br. et Table générale, demi-rel. mar. bleu (Petitot). 850 fr.



188.Catalogue of manuscripts and early printed books from the libraries of William Morris, Richard Bennett, Bertram, fourth Earl of Ashburnham, and other sources, now forming portion of the library of J. Pierpont Morgan. London, Chiswick Press, 1907, 3 vol. gr. in-4, 5 ex. sur vélin et 170 ex. sur papier, H. C., demi-rel. mar. rouge avec coins, dos orné, plats toile, tête dor., non rog. 1 des 170 sur pap. 4.100 fr.

214. Claudin (A.). Histoire de l’imprimerie en France. Paris, Imp. nat., 1900-1914, 4 vol. très gr. in-4, demi-rel. peau de truie, enc. de fil. à froid, tête rouge, non rog. (Petitot). Tiré à 500 ex. dont 150 mis en vente. 1.200 fr.



278. Delorme (Hugues). Quais et trottoirs. 13 lithographies originales de Heidbrinck. Paris, pour les Cent bibliophiles, 1898, in-8, mar. gris cendré, enc. de fil. sur le dos et les plats, dent. int., doubles gardes, tr. dor. en fausses marges, couv. cons. (Petitot). 115 ex. H. C. 120 fr.



304.Érasme. Éloge de la folie. Paris, pour les Amis des livres, 1906, in-8, en feuillets, couv. imp., emboîtage. 46 bois d’Auguste Lepère. 137 ex. 1.440 fr.



321. France (Anatole). Les Opinions de Jérôme Coignard. Paris, Cent Bibliophiles, 1914, in-4, br., couv. imp., étui. 96 bois de Louis Jou. 130 ex. H. C. Ex. au nom de Paul Lacombe. 760 fr.



329.Gaillardet (F.) et Dumas (Alexandre). La Tour de Nesle. Paris, Amis des livres, 1901, gr. in-8, br., couv. ill., étui. 33 compositions de Robida. 115 ex. H. C. 295 fr.



350. Goudeau (Émile). Paysages parisiens – Heures et saisons. Paris, pour Henri Beraldi, 1892, gr. in-8, br., couv. ill., étui. 138 ex. dont 100 dans le commerce. 47 compositions d’Auguste Lepère. 980 fr.



368. Hain (Ludwig). Repertorium bibliographicum. Stuttgart et Paris, 1826-1838, 4 vol. in-8, cart. vélin blanc, tr. rouges (Rel. époque). 200 fr.



422. La Caille (Jean de). Histoire de l’imprimerie et de la librairie. Paris, J. de La Caille, 1689, in-4, mar. vert, fil. à froid sur le dos et les plats, dent. int. (Duru). Ex. de Mercier de Saint-Léger avec notes manuscrites. 460 fr.



456. Leconte de Lisle. Poèmes antiques. Paris, Amis des livres, 1908, gr. in-8, texte encadré, en feuillets, couv. ill., étui. 110 ex. H. C. 30 compositions de Maurice Ray. 380 fr.



480. Lorenz (Otto). Catalogue général de la librairie française (1840-1915). Paris, 1867-1918, 26 vol. gr. in-8, demi-rel. chag. brun, enc. de fil. à froid, tête dor., non rog. Coll. complète, dernier vol. br. 1.860 fr.



508.Maupassant (Guy de). Cinq contes parisiens. Eaux-fortes de Louis Legrand. Paris, Cent Bibliophiles, 1905, gr. in-8, br., couv. ill., étui. 130 ex. sur Japon H. C. Ex. au nom de Paul Lacombe. 600 fr.



532.Montorgueil (Georges). Paris au hasard. 225 bois d’Auguste Lepère. Paris, pour Henri Beraldi, 1895, in-8, br., couv. ill., étui. 138 ex. 380 fr.



606. Regnier (Henri de). Trois contes à soi-même. 40 compositions de Maurice Ray. Paris, Cent Bibliophiles, 1907, gr. in-8 carré, en feuillets, couv. imp., emboîtage. 130 ex. Ex. au nom de Paul Lacombe. 860 fr.



624.Richepin (Jean). Paysages et coins de rues. Bois d’Auguste Lepère. Paris, Librairie de la Collection des Dix, 1900, gr. in-8, demi-rel. mar. La Vallière, enc. de filets à froid au dos, tête dor., non rog., couv. cons. (Petitot). 250 ex. 325 fr.



669.Sully-Prudhomme. Stances et poèmes (1865-1866). Paris, Amis des livres, 1914-1918, gr. in-8, br., couv. imp. 20 compositions d’André Martin-Gauthereau. 100 ex. Ex. au nom de Paul Lacombe. 200 fr.



706. Vicaire (Georges). Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle (1801-1893). Paris, Rouquette, 1894-1910, 7 vol. gr. in-8, demi-rel. mar bleu, enc. de fil. à froid au dos, tête dor., non rog., couv. et dos cons. (Petitot). Complet sans la Table. Un des 50 ex. sur pap. de Hollande. 1.100 fr.   

Photographie BnF

 

Du vendredi 8 au mercredi 13 décembre 1922, en 5 vacations, à l’Hôtel Drouot, salle N° 7 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Paul Lacombe – Deuxième partie. Livres relatifs à l’Histoire de Paris et de ses environs – Première vente (Paris, H. Leclerc et Ch. Bosse, 1922, in-8, 212 p., 938 lots [801-1.738] + 3 doubles [bis] = 941 lots [« à33à5 » = 1.339, « 1.728 » = 1.720]), dont Histoire générale [495 lots = 52,60 %], Histoire physique et naturelle [33 lots = 3,5 %], Histoire topographique et monumentale [413 lots = 43,88 %] et « Index des noms d’Auteurs ».

La vente a rapporté 70.888 francs.

Photographie BnF

 

806. La Fleur des antiquitez, singularitez & excellences de la plusque noble & triumphante ville & cité de Paris capitalle du Royaulme de France. Paris, Denys Janot, 1532, in-16, veau gran., dos orné, tr. mouchetées, étui recouvert de mar. La Vallière (Rel. XVIIIe siècle). Des bibliothèques de Gilbert, Bonnardot et Destailleurs. 3.000 fr.



841. Histoire de la ville de Paris, composée par D. Michel Felibien. Paris, Guillaume Desprez et Jean Desessartz, 1725, 5 vol. in-fol., veau brun, dos orné, tr. jasp. (Rel. époque). Première édition. 300 fr.



851.Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris. Paris, chez l’Auteur [Jaillot] et Lottin aîné, 1772-1778, 6 vol. in-8 et 1 atlas in-fol., veau marb., dos orné, tr. rouges (Rel. époque). « Le Nouveau Plan de la ville et des fauxbourgs de Paris », daté de 1777, est composé de 30 feuilles in-fol. 400 fr.

Exemplaire de Paul Lacombe


879. La Guide de Paris. Paris, Jean Brunet, s. d. [1647], in-12, basane fauve, tr. r. (Rel. époque). Edition originale. Ex-libris H. Destailleur. 400 fr. [Drouot, 19 mars 2014 : 3.200 €]



931.Description historique de Paris et de ses plus beaux monumens [Tome I. Les tomes II et III portent un autre titre]. Paris, 1779-1781, 3 vol. in-4, cart. époque demi-perc. violette, non rogné. Gravures de Martinet. 690 fr.



934.Almanach du voyageur à Paris. Paris, Hardouin,1784, in-12, mar. rouge, dos long orné, enc. de fil. avec orn. aux angles, doubl. et gardes de tabis bleu, bord. int. dor., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du comte et de la comtesse de Mauroy. Ex-libris Destailleur. 250 fr.



940. Le Provincial à Paris, ou état actuel de Paris. Paris, Watin, 1787, 4 vol. in-24, veau marb., dos orné, tr. r. (Rel. anc.). Première édition. 200 fr.

Photographie BnF

1.008. Bulletin de la Société historique du VIe arrondissement de Paris. Paris, 1898-1916, 17 tomes en 9 vol. gr. in-8, demi-rel mar. noir, non rog., couv. cons. (Petitot). Coll. complète. 155 fr.

Photographie BnF


1.089.Histoire journalière de Paris [par Dubois de Saint-Gelais]. Paris, Estienne Ganeau, 1717, pet. in-12, veau marb., dos orné, tr. r. (Rel. anc.). Première édition. 210 fr.

Photographie BnF


1.142. Aneries révolutionnaires. Paris, Capelle, An X (1802), in-18, demi-rel. chag. brun, tête peigne, non rog. (Rel. moderne). 52 fr.



1.187. Les Vautours du XVIIIe siècle. Paris, 1798, in-18, cart. bradel pap. brun, tr. jaunes. 16 fr.



1.309. Les Fontaines de Paris, anciennes et nouvelles. Paris, Firmin Didot, 1813, in-fol., cart. époque. 66 planches par Moisy. Seconde édition. 65 fr.

La ruelle des Reculettes, à sa sortie rue Croulebarbe (p. 5)
Photographie BnF


1.317. Huysmans (J.-K.). La Bièvre. – Les Gobelins. – Saint-Séverin. Paris, Société de propagation des livres d’art, 1901, gr. in-8, br., couv. imp., compositions de A. Lepère. 695 ex. numérotés. 170 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet


1.322. Geffroy (Gustave). Les Bateaux de Paris. Paris, Ch. Bosse, 1903, ill. Eugène Béjot et Charles Huard, gravures sur bois par J. Beltrand. Pet. in-4 carré, en feuillets, couv. ill., emboîtage. 184 ex. numérotés. 100 fr.  



1.341. Plan de Paris, commencé l’année 1734, dessiné et gravé sous les ordres de messire Michel-Étienne Turgot. S. l. n. d. [Paris, 1740], gr. in-fol., mar. r., dos fleurdelisé, bord. fleurdelisée et armes de la ville de Paris sur les plats, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). 890 fr.



1.344. Plan de la ville et fauxbourgs de Paris. Par Deharme. Paris, 1763, in-fol. oblong, mar. citron, dos orné, petite dent. encadrant les plats avec fleur de lis aux angles, tr. rouges (Rel. époque). 400 fr.



1.399.Promenades dans toutes les rues de Paris. Par le marquis de Rochegude. Paris, Hachette, 1910, 20 vol. in-12, cart. éditeur, étui. 145 fr.



1.438. Les Promenades de Paris. Par A. Alphand. Paris, J. Rothschild, 1867-1873, 2 vol. gr. in-fol., dont 1 de planches, demi-rel. mar. rouge avec coins, dos orné, non rog. 590 planches. 115 fr.



1.443.Panorama intérieur de Paris. Paris, Aubert et Cie [v. 1840], in-4 oblong étroit, cart. éditeur. Grande vue panoramique des boulevards, qui mesure, dépliée, 0,145 x 5,80 m. 130 fr.

Photographie Musée Médard


1.482. Essai historique, critique, philologique, politique, moral, littéraire et galant sur les lanternes. Dôle, Lucnophile et Cie, 1755, in-12, demi-rel. mar. brun avec coins, dos armorié, tête dor., éb. Aux armes de Gitton du Plessis. Joints Histoire du royaume des lanternes par Naïf, s. d., et trois pièces manuscrites. 70 fr.



1.551. Tableau du nouveau Palais-Royal. A Londres et se trouve à Paris, chez Maradan, 1788, 2 vol. in-12, 2 fig., cart. bradel demi-mar. vert, tête dor., éb. (Rel. moderne). 440 fr.

Photographie BnF


1.569. Les Soirées du Palais-Royal. Paris, Plancher, 1815, pet. in-12, cart. époque, non rog. 45 fr.  



1.623. Plans, coupes, élévations des plus belles maisons et des hôtels construits à Paris et dans les environs. Publiés par J.-Ch. Krafft, architecte, et N. Ransonnette, graveur. Paris, s. d. [1801], in-fol., front. et 120 pl., demi-rel. vélin vert (Petitot). 1.300 fr.



1.660. Lutetiæ, vulgo Paris, urbis Galliarum primariæ. Paris, Nicolas Berey, s. d. [v. 1655]. Vue de Paris prise de Ménilmontant, gravée par Nicolas Cochin 60 x 240 cm. 950 fr.

Photographie BnF


1.669. Les Délices de Paris et de ses environs. Paris, Ch.-Ant. Jombert, 1753, in-fol., 210 pl., veau marb., dos orné, tr. r. (Rel. époque). 980 fr.



1.678. Vues pittoresques des principaux édifices de Paris. Paris, Campions frères et fils, s. d. [v. 1790], très pet. in-4 carré, front. et 112 vues de Paris, veau brun, dos long orné, bord. dor. encadrant les plats, tr. r. (Rel. époque). 5.020 fr.

Photographie BnF

 

Du lundi 29 janvier au vendredi 2 février 1923, en 5 vacations, à l’Hôtel Drouot, salle N° 8 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Paul Lacombe – Deuxième partie. Livres relatifs à l’Histoire de Paris et de ses environs – Deuxième vente (Paris, H. Leclerc et Ch. Bosse, 1923, in-8, 216 p., 927 lots [1.739-2.665] + 1 double [bis] = 928 lots), dont Histoire religieuse [251 lots = 27,04 %], Histoire civile & administrative [234 lots = 25,21 %], Histoire judiciaire et de la police [136 lots = 14,65 %], Histoire des lettres, des sciences et des arts [307 lots = 33,08 %] et « Index des noms d’Auteurs ». La vente a rapporté 67.966 francs.


 

1.828. De dedicatione ecclesie Parisiensis. 1496, in-8 goth., mar. brun jans., dent. int., tr. dor. (Rel. moderne). L’auteur Jean Le Munerat dédie l’ouvrage à l’éveque de Paris Jean V Simon de Champigny, dont les armes figurent dans la majuscule du premier mot du texte : D’azur à la fasce cousue de gueules, accompagnée en chef de deux glands d’or et en pointe d’une coquille d’argent. 330 fr.



1.945. Histoire de l’abbaye royale de Saint Germain des Prez. Par Dom Jacques Bouillart. Paris, Grégoire Dupuis, 1724, in-fol., veau marb., dos orné, fil. sur les plats, dent. int., tr. r. (Rel. époque). 115 fr.

Photographie BnF


1.982. La Règle, constitutions, professions et aultres doctrines pour les filles pénitentes. [Paris, J. de Marnef, v. 1500], in-4 goth., mar. r., fil. à froid, dent. int., tr. dor. (Capé). Des bibliothèques Tallandier et abbé Bossuet. 2.100 fr.

Photographie B.M. Bordeaux


2.029. Le Présent Livre fait mention des ordonnances de la prevoste des marchans et eschevinaige de la ville de Paris. [Paris, Vérard, 1500], in-fol. goth., fig. sur bois, mar. chaudron, dos orné, comp. de fil. dor. et noir avec fleurons azurés aux angles, dent. int., tr. dor. étui (Petitot). 1.820 fr.

Photographie BnF


2.078. Livre commode contenant les adresses de la ville de Paris. Paris, veuve de Denis Nion, 1692, pet. in-8, mar. chaudron, dos orné, fil. dor., large dent. int., tr. dor. (Lortic frères). 625 fr.

Photographie BnF


2.191. Formule d’indulgences en faveur de l’hospice des Quinze-Vingts, datée de 1539, pet. in-fol. goth. Armoiries du pape Paul III et armes de France en tête ; au bas, sceau de l’hospice représentant des aveugles à genoux aux pieds de Saint Louis. 250 fr.



2.303.Apologie de la Bastille [par Ant.-Jos.-Michel Servan]. Kehl, et se trouve à Lausanne, 1784, pet. in-8, mar. r., dos long orné, fil., dent. int., tr. dor. (Derome). 105 fr.



2.351.Collection complète des drapeaux faits dans les soixante districts de Paris, lors de la Révolution du mois de juillet 1789. Paris, Girard, 1790, 6 livraisons en 1 vol. in-4, 60 pl., demi-rel. veau r., tr. jasp. (Rel. anc.). On joint Description curieuse et intéressante des soixante drapeaux que l’amour patriotique a offert [sic] aux soixante districts, Paris, 1790, in-8. 2.300 fr.

Photographie BnF


2.360. Lettres patentes du Roy pour ériger et entretenir un maistre d’école en la ville de Paris. Paris, Jean Dallier, 1564, in-8, mar. r., dos orné de fleurs de lis, dent. int., tr. dor. (Thibaron). 225 fr.



2.460. Le Cabinet de la Bibliothèque de Sainte Geneviève. Par le R. P. Claude du Molinet. Paris, Antoine Dezallier, 1692, 2 part. en 1 vol. in-fol., portr., 2 front., 45 fig., veau brun, dos orné, tr. r. (Rel. époque). 70 fr.

Photographie BnF


2.468. Gasparini pergamensis clarissimi oratoris epistolarum liber foeliciter incipit. [Paris, 1470]. Pet. in-4, mar. r., dos orné, composition dor. sur les plats, dent. int., gardes de moire rouge semée d’étoiles dor., tr. dor. (Rel. moderne). Premier livre imprimé à Paris. Adjugé 20.300 fr. à Rahir.

Photographie BnF

 

Du lundi 26 au jeudi 29 mars 1923, en 4 vacations, à l’Hôtel Drouot, salle N° 10 :  Catalogue de la bibliothèque de feu M. Paul Lacombe – Deuxième partie. Livres relatifs à l’Histoire de Paris et de ses environs – Troisième vente (Paris, H. Leclerc et Ch. Bosse, 1923, in-8, 178 p., 825 lots [2.666-3.490] + 2 doubles [bis] = 827 lots [« 2.672 » = 2.676, « 3.223 » = 3.232, « 3.246 » = 3.248]), dont Histoire des mœurs et des coutumes [242 lots = 29,26 %], Fêtes et divertissements [253 lots = 30,59 %], Environs de Paris [2²16 lots = 26,11 %], Bibliographie [30 lots = 3,62 %], Livres omis. Ouvrages sur la Lorraine et la Normandie [86 lots = 10,39 %], « Index des noms d’Auteurs » et « Table générale des divisions des trois Catalogues des Livres relatifs à l’Histoire de Paris formant la deuxième partie de la Bibliothèque de feu M. Paul Lacombe ».

La vente a rapporté 27.780 francs.


 

2.684. Satyres sur les femmes bourgeoises qui se font appeller Madame. Paris, Damien Beugnié et Denis Mouchet, in-8, 12 fig., dérelié. 255 fr.



2.692. Séjour de Paris, c’est-à-dire, instructions fidèles, pour les voiageurs de condition. Par le Sr. J. C. Nemeitz. Leide, Jean Van Abcoude, 1727, 2 vol. pet. in-8, 60 fig. et 1 plan, cart. bradel demi-rel. mar. bleu à long grain, tête dor., non rog. 265 fr.



2.724.Tableaux de la vie ou les mœurs du dix-huitième siècle. [Par Rétif de la Bretonne]. à Neuwied sur le Rhin, chez la Société typographique, & à Strasbourg, chez J. G. Treuttel, s. d. [1790], 2 vol. in-18, 17 fig. en taille-douce, cart. bradel demi-mar. r. à long grain, non rog. 185 fr.



2.726.
La Chronique scandaleuse ou Mémoires pour servir à l’histoire de la génération présente. [par Guillaume-Imbert de Boudeaux]. Paris, Dans un coin d’où l’on voit tout, 1791, 5 tomes en 3 vol. in-12, demi-rel. mar. r., enc. de fil. à froid sur le dos, tête dor., non rog. (Lortic). 90 fr.



2.738. Tableau de Paris [par L.-S. Mercier]. Nouvelle édition corrigée et augmentée. Amsterdam, 1783-1789, 12 tomes en 4 vol. in-8, demi-rel. veau fauve, dos orné, tr. jasp. La meilleure édition et la plus complète. 80 fr.



2.739. Tableau de Paris, ou Explication de différentes figures, gravées à l’eau-forte, pour servir aux différentes éditions du Tableau de Paris, par M. Mercier. Yverdon, 1787, pet. in-4, en feuillets, dans un étui. 1 front. et 95 fig. par Dunker. 600 fr.



2.744. Le Voyageur à Paris, tableau pittoresque et moral de cette capitale [par P. de La Mésangère]. Paris, Chaigneau aîné et Devaux, An V [1797], 3 vol. in-18, cart. bradel perc. brune, tête jasp., non rog. 50 fr.






2.784.Tableaux de Paris. S. l. n. d. [Paris, Marlet, 1821-1824], in-4 obl., demi-rel. veau brun, tr. jasp., couv. de livraison cons. (Rel. époque). 72 lithographies en 12 livraisons de 6 chacune. 505 fr.

Photographie Librairie des Carrés


2.794. Paris ou Le Livre des Cent-et-Un. Paris, Ladvocat, 1831-1834, 15 vol. in-8, demi-rel. mar. violet à long grain, dos plat orné, non rog. (Rel. époque). 20 fr.



2.804. Paris au dix-neuvième siècle, recueuil de scènes de la vie parisienne dessinées d’après nature […]. 48 dessins et 200 vignettes sur bois, avec un texte descriptif. Paris, Beauger et Compie, 1841, pet. in-fol., cart. bradel demi-perc. ocre, non rog., couv. ill. cons. 180 fr.



2.807. Muséum parisien. Histoire physiologique, pittoresque, philosophique et grotesque de toutes les bêtes curieuses de Paris et de la banlieue. Par Louis Huart. Paris, Beauger et Ce, 1841, gr. in-8, 350 vignettes, demi-rel. chag. r., dos long orné, plats pap. chagriné décoré, tr. dor. (Rel. romantique). 65 fr.



2.825. Les Petits Paris. Par les auteurs des Mémoires de Bilboquet. Paris, Alphonse Taride, 1854-1855, 25 plaquettes in-18, cart. bradel pap. rose, non rog., couv. cons. Les couvertures, qui servent de titre, sont ornées d’une vignette dessinée par Honoré Daumier, se répétant à chaque volume. 100 fr.



2.834.Physionomies parisiennes. Paris, Le Chevalier, 1867-1868, 11 vol. in-16, cart. bradel demi-mar. bleu à long grain, tête dor. , non rog., couv. cons. 50 fr.



2.839. La Grande Mascarade parisienne, par A. Robida. Paris, Librairie illustrée, s. d. [1881], gr. in-8, ill. en noir et en couleurs, cart. bradel perc. r., non rog., couv. de la première livraison cons. (Pierson). Ex. avec la grande planche dépliante en couleurs donnée en prime. 28 fr.



2.861. Fleur de Paris. Par Albert Flament. 49 dessins de Minartz gravés sur bois. Paris, imprimé pour Henri Beraldi, 1909, gr. in-4, 90 ex. numérotés, broché, couv. imp., étui. 100 fr.



2.887. Les Modes et les Belles. Paris, Louis Janet, s. d. [1822], in-18, cart. éditeur pap. rose, tr. dor. étui. 130 fr.

Photographie BnF


2.908. Le Cérémonial françois. Paris, Cramoisy, 1649, 2 vol. in-fol., veau rac., dos ornés, tr. rouges (Rel. moderne). 100 fr.



2.910. Précis historique sur les fêtes, les spectacles et les réjouissances publiques. Par Claude Ruggieri, artificier du Roi. Paris, 1830, in-8, mar. r. à long grain, dos long orné, comp. de fil. dor. et arabesques aux angles, dent. et fleurs de lis à froid sur les plats, dent. int., tr. dor. (Rel. époque). Aux armes du duc d’Orléans [depuis Louis-Philippe Ier]. 225 fr.



2.932.L’Entrée triomphante de leurs maiestez Louis XIV roy de France et de Navarre, et Marie Therese d’Austriche son espouse, dans la ville de Paris. Paris, Pierre Le Petit, Thomas Joly et Louis Bilaine, 1662, in-fol., veau éc., dos orné, tr. mouchetées (Rel. époque). 165 fr.



2.985.Almanach historique et chronologique de tous les spectacles. Paris, Duchesne, 1752-1815, 46 vol. in-18, dont 5 demi-rel. mar. vert moderne et 41 demi-rel. veau olive, dos ornés (Rel. anc.). 805 fr.



3.045. Le Cirque olympique, ou les Exercices des chevaux de MM. Franconi, du cerf Coco, du cerf Azor, de l’éléphant Baba, suivi du cheval Aéronaute, de M. Testu Brissy, ou Petits parallèles de l’instinct perfectionné des animaux, et de la raison naissante des enfans. Par Mme B**, née de V**. Ouvrage dédié à l’enfance, et orné de 15 gravures en taille-douce. Paris, Nepveu, 1817, pet. in-12, broché. 130 fr.



3.081. Le Café Concert. Lithographies de H.-G. Ibels et de H. de Toulouse-Lautrec. Texte de Georges Montorgueil. Paris, l’Estampe originale, s. d. [1893], in-fol., cart. bradel demi-vélin vert, non rog., couv. ill. cons. 22 lithographies [10 Ibels, 12 Toulouse-Lautrec]. 260 fr.



3.091. Alfred Delvau. Les Cythères parisiennes. Histoire anecdotique des bals de Paris avec 24 eaux-fortes et un frontispice de Félicien Rops et Emile Thérond. Paris, E. Dentu, 1864, in-12, cart. bradel, demi-rel. perc. brune, non rog., couv. ill. cons. 101 fr.

Photographie BnF


3.125. Le Ménage parisien, ou Déliée et Sotentout [par Rétif de la Bretonne]. La-Haie, 1773, 2 part. en 1 vol. in-12, veau marb., dos orné, tr. r. (Rel. anc.). 80 fr.

Exemplaire de Paul Lacombe
Photographie Librairie Bonnefoi


3.128. Les Parisiennes, ou XL caractères généraux pris dans les mœurs actuelles, propres à servir à l’instruction des personnes-du-sexe [par Rétif de la Bretonne]. Neufchâtel et se trouve à Paris. Chés Guillot, 1787, 4 vol. in-12, 20 fig., cart. bradel demi-mar. bleu, non rog. 650 fr. [Librairie Bonnefoi, 2.300 €].



Photographies BnF

3.129. Les Nuits de Paris, ou le Spectateur nocturne [par Rétif de la Bretonne]. Londres et Paris, 1788-1794, 8 tomes en 16 vol. in-12, 18 fig. de Binet, dos et coins mar. citron, fil., dos orné, tête dor., non rog. (David). Le portrait de Rétif manque. 900 fr.



3.131. L’Année des Dames nationales ; ou Histoire, jour-par-jour, d’une femme de France [par Rétif de la Bretonne]. Genève, et se trouve à Paris, 1791-1794, 12 vol. in-12, 31 fig. [et non 36 comme le dit Cohen], cart. non rog., couv. pap. cons. La fig. de la p. 771 manque. 680 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet


3.289.Description d’une partie de la vallée de Montmorenci, et de ses plus agréables jardins, ornée de dix-neuf gravures. A Tempé, et se trouve à Paris, Le Jay, 1788, in-8, mar. vert, dos orné, fil. sur les plats avec fleurons aux angles, dent. int., tr. dor. (Rel. moderne). 26 fig. au lieu des 19 annoncées. 285 fr.

 

 

  


Les Gardiens de Bibliopolis TOME III ... publication prévue au Printemps 2021

Une référence : Julien JACQUES, restaurateur de livres anciens

JOYEUX NOËL !

Bonne Année 2021 !

Edgar Mareuse (1848-1926), le tabuliste

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Château de Moÿ
In J. Taylor, Ch. Nodier et Alph. de Cailleux. Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Picardie (Paris, Firmin Didot Frères, 1840, 2e vol.)

Joseph-Francis-Edgard Mareuse, dit « Edgar Mareuse », est né le 4 décembre 1848 au château de Moÿ-de-l’Aisne [Aisne, prononcer « Mo-i »], l’une des quatre communes françaises comportant un « y tréma » dans leur nom [avec Aÿ-Champagne (Marne), L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et Faÿ-lès-Nemours (Seine-et-Marne)].


Descendant d’une famille de mulquiniers [paysans tisserands] de Sequehart [Aisne], son grand-père, Pierre-Joseph Mareuse (1760-1826), avait épousé, en l’église Saint-Jean de Saint-Quentin [Aisne], le 18 août 1788, Louise-Sophie-Pélagie Poré (1769-1813). Acquéreur de biens nationaux, il était devenu un riche négociant et un important propriétaire terrien.

Le père d’Edgar Mareuse, André-Joseph Mareuse, né à Saint-Quentin le 9 avril 1796, s’était marié à Marché-Allouarde [Somme], le 7 octobre 1828, à Marie-Pauline Daudré (1808-1897). Négociant à Saint-Quentin comme son père, il demeurait au château de Moÿ et mourut à Paris [VIIIe] dans son hôtel particulier du 81 boulevard Haussmann, le 19 décembre 1870 ; il fut inhumé au cimetière du Père Lachaise [div. 65]. Pauline Daudré mourut le 9 février 1897, 81 boulevard Haussmann, et fut inhumée le 12 février au cimetière de Chaville [Hauts-de-Seine], où elle possédait le château de la Source, 44 route de Versailles.

Edgar Mareuse fit ses études au lycée Condorcet, 8 rue du Havre et 65 rue de Caumartin [IXe], puis son droit. Devenu professeur à l’Association polytechnique pour le développement populaire, il épousa, le 25 mai 1874 à Paris [VIIIe], Anne-Catherine-Marie-Marguerite Barde, née à Bordeaux [Gironde] le 13 août 1855. De cette union naquirent : André-Joseph-Pierre-Paul-Louis, le 12 août 1880, 81 boulevard Haussmann ; Pierre-Edgar-Joseph-Louis-Clément, le 8 avril 1888, au château du Dorat [Bègles, Gironde] ; Marguerite-Marie-Paule-Charlotte, le 19 avril 1889, au château du Dorat ; Pâquerette-Pauline-Marie-Clémence-Andrée, le 6 avril 1890, 81 boulevard Haussmann ; Louis-Joseph-Marie-Henri, le 4 janvier 1892, 81 boulevard Haussmann ; Paul-Joseph-Charles-Louis, le 18 décembre 1893, 81 boulevard Haussmann.         

81 et 83 boulevard Haussmann (août 2020)

La fortune de Mareuse était considérable : outre le 81 boulevard Haussmann – son habitation principale -, il était propriétaire, à Paris, du 83 boulevard Haussmann [VIIIe], 

6 bis rue Lavoisier

du 6 bis rue Lavoisier [VIIIe] – construit en 1906 -, 

In L'Illustration, 18 décembre 1869, p. 396

du 49 avenue de l’Opéra [IIe] - où était établi le Splendide Hôtel -, 

23 et 25 rue de la Chaussée d'Antin (1919)
photographie Charles Lansiaux. Musée Carnavalet

du 23 rue de la Chaussée d’Antin [IXe] – dont une partie vendue aux Galeries Lafayette -, 

Château du Dorat, 62 rue Durcy, Bègles

et, en province, du château du Dorat – vendu à la compagnie de Chemin de fer du Midi en 1924 -, 

Villa Marpa, 17 boulevard de la Falaise, Vaux-sur-Mer

de la villa « Marpa » à Pontaillac [Vaux-sur-Mer, Charente-Maritime], construite vers 1880. Le château de Moÿ fut dynamité par les Allemands en février 1917.

Edgar Mareuse
In Dictionnaire biographique international des écrivains

Mareuse consacra toute sa vie à l’histoire de Paris et à sa topographie et disait être membre de soixante-dix Sociétés savantes, artistiques et littéraires, dont il fut souvent le photographe : Société de géographie (1873), Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France (1875), Comité des Inscriptions parisiennes (1879), Société des Amis des monuments parisiens (1885), Société historique et archéologique de l’arrondissement de Pontoise et du Vexin (1888), Société archéologique de Rambouillet (1889), Société française d’archéologie (1890), Commission des Antiquités et des Arts du département de Seine-et-Oise (1891), Société historique d’Auteuil et de Passy (1892), Société d’Histoire et d’archéologie de Senlis (1894), Société d’Histoire et d’Archéologie du XVIIIe arrondissement de Paris (1896), Société de Géographie commerciale de Bordeaux (1896), Commission municipale du Vieux Paris (1898), Société historique et archéologique des VIIIeet XVIIe arrondissements de Paris, Société archéologique de Bordeaux (1900), Société de l’Histoire de l’art français. Il était membre à vie de l’Association française pour l’avancement des sciences.

« au début des séances, on le voyait entrer ici, l’œil vif et le nez en avant, dominant l’assistance de sa haute taille, que l’âge n’avait pas courbée, et faire le tour de la salle en donnant des bonjours d’une voix claironnante. » (Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art français. Paris, Armand Colin, 1927, p. 78)

Photographie INHA

Après avoir publié Le Dit des rues de Paris (1300). Par Guillot (de Paris), avec préface, notes & glossaire (Paris, Librairie générale, 1875, in-8, 360 ex.), Mareuse devint secrétaire adjoint de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France en 1881, secrétaire en 1904 et président en 1922. On lui doit la Table décennale des publications de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France 1874-1883, 1884-1893 et 1894-1903(Paris, H. Champion, 1885, 1894 et 1909, 3 vol. in-8), dans lesquelles il a donné de nombreux articles, et la Table des Mémoires de la Société historique et archéologique de l’arrondissement de Pontoise et du Vexin 1877-1890 (Pontoise, Imprimerie de Amédée Paris, 1891, in-8). Il a fait de fréquentes communications à L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, sous le nom de « Gomboust ».

Pour l’Exposition universelle internationale de 1900, il prêta sa collection de plans de Paris :

Plan de Paris de 1641. Photographie BnF

« Au moyen des plans de Paris prêtés par M. Mareuse, il était facile de suivre ses transformations et ses agrandissements successifs. Cette collection, commençant en 1572, comprenait des pièces d’une grande rareté, comme ce plan de l’époque Louis XIII [Paris, Nicolas Berey, 1641, 31,5 x 42,7 cm], découvert par M. Mareuse dans un recueil factice pendant l’Exposition, et qu’il a tenu à faire connaître immédiatement au public, les plans de Gomboust (1652), de Jouvin de Rochefort (1714), et celui de 1789, où Paris est divisé en 60 districts et en 20 quartiers. » (Musée rétrospectif de la classe 14. Cartes et appareils de géographie et de cosmographie. Topographie. A l’Exposition universelle internationale de 1900, à Paris. Rapport du comité d’installation, p. 25 et 57)

Place du Palais de Justice, rue Boncenne et Hôtel du Palais (à droite), à Poitiers

C’est à Poitiers [Vienne], dans une chambre de l’Hôtel du Palais [détruit par les bombardements alliés dans la nuit du 12 au 13 juin 1944], à l’angle de la rue Pierre Boncenne et de la place du Palais de Justice [place Alphonse Lepetit], que Edgar Mareuse mourut subitement le samedi 2 octobre 1926, à la suite d’un accident d’automobile. Ses obsèques furent célébrées le 7 octobre en l’église de Saint-Augustin [VIIIe] ; 

Cimetière du Père Lachaise (Division 65)

il fut inhumé au Père Lachaise dans le caveau de famille.

Edgar Mareuse avait été membre de la Société des Bibliophiles contemporains, fondée en 1889 et dissoute en 1894 par Octave Uzanne (1851-1931), puis de la Société Les Cent Bibliophiles, fondée en 1895 par Alfred Piat (1826-1896).



Son ex-libris [64 x 77 mm], gravé à l’eau-forte par Adolphe Lalauze (1838-1906), représente une vue du vieux Paris, prise de la porte Saint-Bernard, d’après la gravure d’Adam Pérelle (1638-1695), et le plan de Gomboust.

Photographie BnF

Une partie de sa bibliothèque fut vendue Salle Silvestre, 9 rue Guénégaud [VIe], du lundi 10 au vendredi 28 décembre 1928, en 8 vacations : Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse […]. Première partie. Histoire de Paris et de ses environs. Ouvrages sur les beaux-arts. Journaux et revues (Paris, Lucien Gougy et L. Giraud-Badin, 1928, in-8, VII-[1 bl.]-592-[1]-[1 bl.] p., 6.760 + 8 doubles [bis] = 6.768 lots), dont Histoire générale de Paris [89 lots = 1,31 %], Descriptions. Guides. Dictionnaires [289 lots = 4,27 %], Histoire des quartiers de Paris [156 lots = 2,30 %], Études et essais historiques. Dissertations archéologiques. Mélanges [139 lots = 2,05 %], Histoire particulière à diverses époques [666 lots = 9,84 %], Histoire de la bourgeoisie [41 lots = 0,60 %], Histoire physique et naturelle [138 lots = 2,03 %], Histoire topographique et monumentale [711 lots = 10,50 %], Histoire religieuse [299 lots = 4,41 %], Histoire civile et administrative [645 lots = 9,53 %], Histoire judiciaire et de la police [209 lots = 3,08 %], Histoire des lettres, des arts et des sciences [1.439 lots = 21,26 %], Histoire des mœurs et des coutumes [249 lots = 3,67 %], Fêtes et divertissements [414 lots = 6,11 %], Ile-de-France [1.273 lots = 18,80 %], Bibliographie parisienne [11 lots = 0,16 %].

« M. Mareuse, avec sagesse, évitait les excès de la passion. Si, avant une vente, il pensait à un livre qu’il désirait et espérait acquérir, il ne se désolait pas quand les enchères ne lui avaient pas été favorables : il comptait sur le temps et une autre occasion. Pendant plus de soixante ans il a formé une bibliothèque, reflet de ses goûts et de ses études, que nous avons vu successivement occuper boulevard Haussmann, au n° 81, une vaste pièce et une longue galerie ; au n° 83, tout un appartement ; et, finalement, rue Lavoisier, au n° 6 bis, tout un corps de bâtiment. Dans ces cadres divers, nous évoquons les figures d’amis chers, disparus avant le maître du logis : Fernand Bournon [1857-1909, archiviste paléographe, spécialiste de l’histoire de Paris], Jules Cousin [1830-1899, conservateur à la Bibliothèque historique de la ville de Paris], Paul Lacombe [1834-1919, archiviste paléographe, historien], Anatole de Montaiglon [1824-1895, archiviste paléographe, professeur à l’École des chartes], Georges Monval [1845-1910, avocat, archiviste à la Comédie française], Maurice Tourneux [1849-1917, historien]. C’est la mélancolie de la vie ; successivement on voit disparaître ceux que l’on aimait ; puis, après les personnes, les choses. Voici, maintenant, après la mort de M. Mareuse, la dispersion de sa bibliothèque.

Tout d’abord, on remarquait dans cette bibliothèque des classiques grecs et latins que M. Mareuse avait achetés dans sa jeunesse, alors que l’on trouvait encore des éditions des XVIe et XVIIe siècles pour quelques sous ; puis des livres et des cartes de géographie, science dont M. Mareuse s’occupait activement : dans cette division figuraient notamment les cartes d’Etat-Major des divers pays d’Europe. Grand pérégrin, M. Mareuse avait recueilli une importante collection d’Indicateurs de Chemins de fer et de Guides, sans cesse tenue à jour avec l’édition la plus récente. Par attachement au pays natal, M. Mareuse, né à Moy [sic], collectionnait sur la Picardie ; tandis que le séjour qu’il faisait chaque année au château du Dorat, à Bègles, l’avait amené à réunir une importante collection d’ouvrages sur Bordeaux et la Gironde. Enfin, venu jeune à Paris, aimant Paris, M. Mareuse, qui aurait voulu pouvoir signer “ E. Mareuse, parisien ” et faire partie des “ Parisiens de Paris ”, avait réuni sur l’histoire et la topographie de Paris l’une des plus importantes collections formées par un particulier. » (Un Vieux Bibliophile [Pierre Dufay (1864-1942), homme de lettres, ancien bibliothécaire de la ville de Blois (Loir-et-Cher)]. Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse […]. Première partie, p. VI)

Photographie BnF

Le reste de sa bibliothèque fut vendu dans la même Salle Silvestre, du mercredi 29 mai au mercredi 12 juin 1929, en 7 vacations : Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse[…]. Deuxième partie. Histoire de la France et de ses provinces. Histoire de divers pays étrangers. Géographie. – Belles-lettres. – Bibliographie. Publications de Sociétés de bibliophiles (Paris, Lucien Gougy et L. Giraud-Badin, 1929, in-8, [4]-482-[1]-[1 bl.] p., 5.667 [chiffrés 6.761-12.427] + 2 doubles [bis] = 5.669 lots), dont Provinces [976 lots = 17,21 %], France et colonies [155 lots = 2,73 %], Postes-télégraphes [25 lots = 0,44 %], Chemins de fer [60 lots = 1,05 %], Géographie [47 lots = 0,82 %], Cartographie - Atlas [47 lots = 0,82 %], Revues, sociétés, congrès de géographie [18 lots = 0,31 %], Recueils de voyages [30 lots = 0,52 %], Europe [398 lots = 7,02 %], Afrique [20 lots = 0,35 %], Amérique [29 lots = 0,51 %], Asie [22 lots = 0,38 %], Océanie [5 lots = 0,08 %], Histoire ancienne [4 lots = 0,07 %], Histoire de France [1.130 lots = 19,93 %], Histoire d’Allemagne, d’Angleterre, etc. [18 lots = 0,31 %], Dictionnaires historiques, études biographiques [193 lots = 3,40 %], Armorial, généalogies, noblesse, distinctions honorifiques [21 lots = 0,37 %], Numismatique [13 lots = 0,22 %], Histoire des religions, théologie [31 lots = 0,54 %], Sciences [63 lots = 1,11 %], Droit [29 lots = 0,51 %], Économie, commerce, statistique [43 lots = 0,75 %], Philosophie [18 lots = 0,31 %], Sociologie [16 lots = 0,28 %], Œuvres de bienfaisance, médecine, hygiène sociale [19 lots = 0,33 %], Amélioration et protection des animaux, histoire naturelle, sociétés diverses [14 lots = 0,24 %], Belles-Lettres [1.573 lots (« N° 40.785 » = N° 10.785) = 27,74 %], Bibliographie [120 lots = 2,11 %], Bibliophilie [38 lots = 0,67 %], Catalogues de ventes et d’expositions [156 lots = 2,75 %], Cartons, dossiers non classés [29 lots = 0,51 %], Dons et legs [309 lots = 5,45 %].

Marguerite Mareuse (à gauche) et Odette Siko

Le 21 juin 1930, sa fille Marguerite Mareuse (1889-1966) et Odette Siko (1899-1984) furent les premières femmes à prendre le départ des 24 Heures du Mans, dans une Bugatti Type 40.

 

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