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Channel: Histoire de la Bibliophilie
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La Collection de reliures d’Eugène von Wassermann (1870-1925)

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Descendant d’une famille passée de Rohrbach [Bavière, Allemagne] à Ratisbonne [Regensburg, Bavière, Allemagne] au début du XVIIIe siècle, Elkan Wassermann (1738-1814) fonda la banque Wassermann en 1785, à Harburg [Bavière, Allemagne]. 


Son petit-fils, Samuel Wassermann (1810-1884) la transféra à Bamberg [Bavière, Allemagne] en 1842 ; en 1866, il devint le banquier de Louis II (1845-1886), roi de Bavière, et finança de nombreuses entreprises. 

Angelo Wassermann et Dora Bauer

Le fils de Samuel Wassermann, Angelo Wassermann (1835-1914), fut anobli en 1909 ; le neveu de ce dernier, Oscar Wassermann (1869-1934), établit une succursale à Berlin, en 1889, et devint plus tard directeur de la Deutsche Bank.

Vue de Bamberg, sur la Regnitz, en 1870

Cousin germain d’Oscar Wassermann, Eugène von Wassermann est né le 13 mars 1870 à Bamberg, fils d’Angelo Wassermann et de Dora Bauer (1841-1912). 

Bruxelles, rue Montagne de la Cour, en 1902

Il fut agent de change, à Bruxelles, où il demeurait dans un petit hôtel particulier [détruit], 52 rue du Luxembourg.
Il commença à collectionner les livres en 1888, obéissant à une constante préoccupation : « réunir les plus intéressants spécimens de livres illustrés et de reliures depuis le XVe jusqu’à la première moitié du XIXe siècle, et constituer de la sorte une histoire de la reliure et de l’illustration à travers les âges ». En 1910, il fut membre fondateur de la Société royale des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique.



Il fit imprimer « ad usum amicorum » un catalogue de ses livres, tiré à 100 ex. par la Librairie Henri Leclerc : Les Livres composant le cabinet de M. Eugène v. W***[von Wassermann] (Bruxelles, 1913, in-4, 58 pl. en noir et en coul., [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]- VII-[1]-239-[2]-[1 bl.] p., 1.198 + 4 doubles [bis] = 1.202 lots). Préface par Georges Vicaire.

Photographie INHA

Domicilié à Berlin depuis l’armistice de 1918, il mit en vente sa collection d’art [tableaux, arts plastiques, gravures et dessins] du 8 au 10 juin 1920,Kunst-Auctions-Haus de Rudolph Lepke :Kunstsammlung des Herrn Eugen v. Wassermann, Berlin. Gemälde, Kunstgewerbe, Kupferstiche, Zeichnungen des 18. Jahrhunderts (Berlin, 1920, in-4, 48 p. et 36 pl. h.-t., 1.107 lots). 



Il mit en vente sa bibliothèque, à la Galerie Georges Giroux, 43 boulevard du Régent, à Bruxelles, du lundi 24 au jeudi 27 octobre et du jeudi 3 au samedi 5 novembre 1921, en 7 vacations : Catalogue de la bibliothèque de M. Eugène von Wassermann (Bruxelles, 1921, in-4, [3]-[1 bl.]-[4]-230 p., 1.406 + 7 doubles [bis] = 1.413 lots), dont Manuscrits [30 lots = 2,12 %], Livres illustrés des XVe et XVIe siècles [37 lots = 2,61 %], Livres illustrés des XVIIe et XVIIIe siècles et du commencement du XIXe [439 lots = 31,06 %], Almanachs français illustrés et non illustrés du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe. – Volumes de petits formats, publiés par Didot, Janet, Le Fuel, Marcilly, etc. – Almanachs publiés à l’étranger [289 lots = 20,45 %], Lithographies et scènes de mœurs [158 lots = 11,18 %], Recueils de dessins, ouvrages ornés de dessins [13 lots = 0,92 %], Reliures françaises et étrangères, du XVe siècle au XIXe siècle [310 lots = 21,93 %], Livres anciens dans tous les genres [17 lots = 1,20 %], Livres modernes [22 lots = 1,55 %], Bibliographie [98 lots = 6,93 %].
La vente a rapporté 1.256.858 francs : elle fut dirigée par Henri Leclerc (1862-1941), libraire à Paris, 219 rue Saint Honoré [Ier], qui logea à l’Hôtel Métropole, à Bruxelles, à partir du 17 octobre, et qui fut assisté de Charles de Samblanx (1855-1943), relieur d’art à Bruxelles, 93 rue Ducale.
Exemplaire Wassermann

9. Horæ. Manuscrit du commencement du XVe siècle à l’usage de la ville de Mons, gr. in-8, orné de 18 miniatures, dont 6 à fonds quadrillés, avec bordures d’entrelacs sur fond d’or et encadrement de fleurs, rinceaux et points d’or avec oiseaux de toutes espèces, ais en bois recouverts de mar. vert, dent., compart. de fil. droits et courbes, coins et milieux ornés de petits fers, dos orné, tr. dor. ciselées et peintes (Rel. du XVIIesiècle). 55.000 fr.
15. Horæ Beatæ Virginis Mariæ ad usum Romanum. Manuscrit sur vélin de la seconde moitié du XVe siècle, 13 grandes peintures comprises dans de larges bordures ornementées, pet. in-4, mar. rouge, fil., dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). 9.200 fr.


Exemplaire Wassermann

20. Horæ ad usum ecclesiæ Parisiensis. Manuscrit du début du XVIe siècle sur parchemin, orné de 17 grandes miniatures et de 13 petites, bordures variées avec rinceaux, fleurs, fruits et grotesques, gr. in-16, mar. olive, dos et plats entièrement couverts d’arabesques et de rinceaux, tr. dor. (Rel. anc.). 21.000 fr.

Photographie Buddenbrooks, Newburyport, USA

31.Fasciculus temporum, en Hollandais. Chronica die hiet Fasciculus temporum. S. l. [Utrecht], s. n. [Johann Veldener], s. d. [1480], pet. in-fol. goth., fig. sur bois et armoiries color., rel. peau de truie estampée, coins, milieux et fermoirs de cuivre. Feuillets 195, 314 et 323 manquent. 1.550 fr.

Photographie Meda Riquier, Londres

35. Columna (Franciscus). Hypnerotomachia Poliphili. Venetiis, Mense decembri M. ID. [1499] in ædibus Aldi Manutii, accuratissime, in-fol., car. ronds, 150 fig., mar. bleu à longs grains, fil. gras, large dent. renfermant aux angles un compart. orné de points d’or, dos orné à petits fers et de points d’or, dent. int., doubl. et gardes de moire orange, tr. dor. (Bozerian jeune). De la vente Yemeniz. 17.100 fr.
45. Heures à l’usage de Troyes. Paris, Simon Vostre, almanach 1515-1530, in-8 goth., 13 grandes fig. sur bois et 8 plus petites, mar. brun, encadr. de fil. et dent. de fleurs de lis à froid, doublé de mar. rouge, dent., tr. dor. (Lortic). Impr. sur vélin. Blason colorié non identifié sur 4 feuillets. 4.300 fr.

Exemplaire Wassermann


97. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. Paris, Quillau, 1718, pet. in-8, front. et 28 fig., mar. rouge, large dent. à petits fers, dos orné, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Fig. dite « aux petits pieds » ajoutée. Armoiries au bas du dos. 6.200 fr.
104. Molière. Recueil complet de toutes les gravures, vignettes, fleurons et culs-de-lampe de Boucher, pour l’édition des Œuvres, Paris, 1734, 6 vol. in-4. En 1 vol. in-fol., veau marb., dos orné, dent. int. (Rel. de l’époque). Sur pap. fort de Hollande. 7.600 fr.

Exemplaire Wassermann

125.Érasme. Éloge de la Folie, traduit par M. Gueudeville. S. l. [Paris], 1751, in-4, texte et fig. dans cadres gravés entourés de filets rouges et bleus, fig. d’Eisen coloriées, mar. vert, dos orné, large dent. à petits fers sur les plats, doubl. et gardes de tabis rose, dent. int., tr. dor., étui moderne (Rel. anc.). Gr. pap. 6.000 fr.


132. La Fontaine. Fables choisies mises en vers. Paris, Desaint et Saillant, 1755-1759, 4 vol. in-fol., fig. d’Oudry, mar. rouge, fil., fleurons aux angles, dos ornés, dent. int., tr. dor. (Derome). Premier tirage sur moyen pap. de Hollande. 15.000 fr.
134. Cochin (Ch.-Nicolas). Recueil des fêtes, feux d’artifice et pompes funèbres ordonnés pour le Roi par Messieurs les premiers gentilhommes de sa Chambre. Paris, Ballard, 1756, gr. in-fol., 13 pl., mar. rouge, large et petite dent. sur les plats, fleurs de lis aux angles, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Louis XV. 11.000 fr.

Exemplaire Wassermann

136.Boccace. Le Décaméron de Jean Boccace. Londres [Paris], 1757-1761, 5 vol. in-8, fig. et culs-de-lampe de Gravelot, Boucher, Cochin et Eisen, mar. rouge, large dent. à petits fers, doubl. et gardes de tabis bleu, tr. dor. (Rel. anc.). Les fig. des 4 premiers vol. ont le paraphe. 22.000 fr.

Exemplaire Wassermann

Exemplaire Couppel du Lude [vient de la bibliothèque de Johann-Nathanael Pezold (1739-1813)]
Vente Paris, Hôtel du Louvre, 23 novembre 2009 : non vendu

144. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Amsterdam [Paris], 1762, 2 vol. pet. in-8, fig., mar. vert, larges encadrements dorés, dos ornés de lyres et de colombes, doublés de tabis, tr. dor. (Derome). Edition des Fermiers généraux. Rel. dite de présent décorée de fers dessinés par Gravelot. 9.000 fr.

Exemplaire Wassermann

145. La Fontaine. Même édition que la précédente. Mar. rouge, large dent. à petits fers, dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.). Jointes 2 épreuves refusées et fig. découverte du Cas de conscience. 9.500 fr.


160. Dorat. Œuvres complètes. Paris, 1767-1782, 20 vol. pet. in-8, fig. d’Eisen, Marillier et Quéverdo, mar. vert, fil., dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.). 10.000 fr.

Exemplaire Wassermann

165.Lucrèce. De la nature des choses, trad. nouvelle, avec des notes par M. L**G** [La Grange]. Paris, Bleuet, 1768, 2 vol. in-8, front. et 6 fig. par Gravelot, mar. rouge, dos ornés, larges dent., doubl. et gardes en moire bleue, dent. tr. dor. (Rel. anc.). On a ajouté la suite de 2 titres et 2 front. par Eisen et 6 fig. par Le Lorrain et Cochin, publiée dans l’édition de 1754. 17.100 fr.


167. Dorat. Les Baisers, précédés du mois de Mai, poème. La Haye et Paris, Lambert et Delalain, 1770, gr. in-8, fig., vign. et culs-de-lampe d’Eisen, cart. de l’époque, non rogné, étui moderne mar. vert. Pap. de Hollande. Tirages à part ajoutés du fleuron du titre, de 10 vign. et de 8 culs-de-lampe. 7.000 fr.

Exemplaire Wassermann

178. La Borde (B. de). Choix de chansons mises en musique par M. de Laborde, ornées d’estampes par J.-M. Moreau. Paris, De Lormel, 1773, 4 vol. gr. in-8, mar. rouge, fil., tr. dor. Armoiries sur les plats du premier vol. 12.000 fr.
181.Molière. Suite du portrait d’après Mignard et des 33 fig. de Moreau pour l’édition de Bret. Paris, 1773, gr. in-8, veau marb., fil., tr. dor. (Rel. anc.). 6.000 fr.

Exemplaire Wassermann

188.Fromageot. Annales du règne de Marie-Thérèse. Paris, Prault, 1775, in-4, fig. de Moreau, mar. rouge, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Gr. pap. relié aux armes d’une archiduchesse d’Autriche, sœur de Marie-Antoinette. Dessin original de Moreau pour le portrait de Joseph II et tirage à part du portrait de Marie-Antoinette ajoutés. 12.800 fr.

Exemplaire Wassermann

228. Fénelon. Les Aventures de Télémaque. Paris, Impr. de Monsieur, 1785, 2 vol. gr. in-4, pap. vélin, fig., mar. rouge, dos ornés, large dent. avec ornements champêtres aux angles, doubl. et gardes de tabis vert, dent., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque de B. Delessert. 20.000 fr.


244.Ariosto. Orlando furioso. Parigi, Molini, 1788, 5 vol. in-4, fig., mar. rouge, dent. sur les plats, dos ornés, dent. int., tr. dor. (Bozerian). Gr. pap. Contient la suite des 46 fig. de Cochin en 2 états et 92 fig. de la suite de Cipriani, Cochin, Eisen, etc., en divers états. 6.200 fr.


275. Montesquieu. Le Temple de Gnide. Suivi d’Arsace et Isménie. Paris, Didot l’Aîné, An IV, 1796, in-4, 7 fig. de Peyron gravées en couleurs, mar. rouge à longs grains, fil., dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Seconde suite des fig. de Peyron en 2 états et portrait de Montequieu en 2 états ajoutés. 8.000 fr.

Exemplaire Wassermann

279. Vadé. Œuvres poissardes de Vadé, suivies de celles de l’Écluse. Paris, Didot le jeune, 1796, in-4, 4 fig. de Monsiau gravées en couleurs par Clément, mar. rouge à longs grains, dent., doubl. et gardes de tabis bleu, tr. dor. (Rel. anc.). 15.500 fr.

Exemplaire Wassermann

305.Querelles. Héro et Léandre, poème nouveau, en trois chants, traduit du grec. Paris, P. Didot l’aîné, 1801, in-4, front., 8 fig. de Debucourt gravées en couleurs, mar. vert, dent. à la grecque, chiffre de Joseph Bonaparte sur les plats dans un médaillon de mar. rouge, doubl. et gardes de tabis rose, dent. int., tr. dor., étui moderne (Bozerian). 29.000 fr.

Exemplaire Wassermann

375. Basan. Recueil d’estampes gravées d’après les tableaux du cabinet du duc de Choiseul. Paris, 1771, in-4, fig., mar. rouge, fil., dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de la duchesse de Choiseul-Stainville. 4.000 fr.
381. Le Bas. Œuvre de Jacques-Philippe Le Bas, graveur du Cabinet du Roi. Paris, 1746-1784, 3 vol. gr. in-fol., mar. vert, fil., dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). 271 planches renfermant en tout 408 gravures de divers formats. 15.000 fr.


393. Alix (Pierre-Michel). Collection des portraits [34] des grands hommes, gravés au lavis en couleurs par P. M. Alix d’après les meilleurs maîtres. Paris, M. F. Drouhin, 1797, in-fol., cuir de Russie, dent. à froid, tr. dor. (Rel. anc.). 9.800 fr.

Jean V, duc de Bretagne, charge Clisson de la garde de ses enfans [sic]

407.Sergent. Portraits des grands hommes, femmes illustres et sujets mémorables de France gravés et imprimés en couleurs. Paris, Blin, s. d. [1786-1791], 2 part. en 1 vol. in-4, 192 fig., mar. rouge, fil., dos orné, doublé de mar. bleu, larges dent., fers du XVIIIe, gardes de moire grenat, large dent., tr. dor., étui (Cuzin). 6.000 fr.


Doublure
Exemplaire Wassermann

411. Bon Genre. Observations sur les modes et les usages de Paris, pour servir d’explication aux 115 caricatures publiées sous le titre de Bon Genre depuis le commencement du 19e siècle. Paris, 1827, in-fol., mar. bleu, encadr. de 7 fil., petite dent. à froid, angles et milieux ornés de motifs mosaïq. sur fond doré, dos orné et mosaïq., doubl. de mar. bleu clair, bordure de fil. dor. et de 2 petites dent. de fleurs mosaïquées, encadrant une grande décoration  formée de compart. de fil. dor. et de petits caissons de mar. rose, ornés de fers dor. et d’un petit milieu de mar. vert, gardes de moire rose, étui de mar. bleu (Samblanx). 8.000 fr.


436.Monument du costume [Estampes de Freudeberg pour le]. Suite d’estampes [12] pour servir à l’histoire des mœurs et du costume des Français dans le XVIIIe siècle. Paris, Barbou, 1774, in-fol., en feuilles dans un portefeuille [portant le nom de l’archiduchesse Elisabeth], mar. vert, fil., dos orné. 15.000 fr.


444.Reinhard (J.). Collection de costumes suisses des XXII cantons, peints par J. Reinhard de Lucerne. Basle, 1819, in-4, 46 pl. gravées, coloriées et gouachées, cuir de Russie, comp. de fil. dor. et à froid, fleurons aux angles, dos orné, dent. int., tr. dor., étui moderne (Geo. Mullen). 9.500 fr.


467. Janinet et Descourtis. Vues remarquables des montagnes de la Suisse. Paris, [Graff], s. d. [1785], dans un portefeuille in-fol., mar. rouge, fil., dent., ornem. aux angles. 42 pl. en coul., dont 25 en double état, et 5 pl. offrant des variantes ou gravées 2 fois. 6.500 fr.

Exemplaire Wassermann

521.Almanach des marchés de Paris, étrennes curieuses et comiques. Paris, Boulanger, [calendrier pour 1782], in-24, titre gravé, 12 fig. de Quéverdo, soie blanche brodée de fils d’or et paillettes, tr. dor., miroir et pochette (Rel. anc.). Au milieu de chaque plat, miniature sous verre dans un cadre de métal doré. 3.900 fr.


Exemplaire Wassermann

587.L’Office de l’Église pour étrennes spirituelles, dédié à Monseigneur le Dauphin, orné de figures. À l’usage de Rome et de Rouen. Rouen, Oursel, 1748, in-8, 20 fig. sur bois par Papillon, mar. blanc, dos et plats dorés et ornés de compart. peints en rouge et vert, dent. int., gardes de tabis rouge, tr. dor., enveloppe en peau (Dubuisson). Étiquette du relieur sur le feuillet de garde. 15.000 fr.

Exemplaire Wassermann

601. Présent spirituel donné par la piété, contenant, prières, la messe, latin-françois et offices à tout usage. Paris, de Hansy, 1766, in-18, front. de De Sève et vign. sur bois, mar. blanc, plats ornés d’un grand encadrement et milieux de mar. de diverses couleurs, de petits fers et de points dorés, gardes de tabis rose, tr. dor. (Rel. anc.). Rel. mosaïque ornée au milieu de chaque plat d’une gouache sous mica, représentant une danseuse sur le premier plat et un homme jouant du violon sur le second. 1.100 fr.

Exemplaire Wassermann

614.Vignettes d’almanach. Recueil de 12 vign. par Chodowiecki, in-18, mar. rouge, dos orné, dent. fleurdelisée (Rel. anc.). Aux armes de Marie-Antoinette, alors Dauphine. 1.500 fr.

Exemplaire Wassermann

699.Étrennes mignonnes, curieuses et utiles, pour l’année 1783. Paris, 1783, in-32, mar. blanc, plats de mar. vert découpé, petit cadre en argent ciselé renfermant un médaillon sous verre avec composition en étain peint avec fond gouaché, tr. dor. (Rel. anc.). 1.800 fr.

Exemplaire Wassermann

713.Calendrier Belgique, curieux et utile, pour 1776. Gand, Pierre de Goesin, [1776], in-24, mar. blanc, plats ornés de compart. découpés en mar. rouge avec sujets sous mica, gardes de tabis bleu, miroir et pochette, tr. dor. (Rel. anc.). 2.000 fr.

Exemplaire Wassermann

715. Calendrier Belgique, curieux et utile, pour 1789. Gand, Vve P. de Goesin et fils, [1789], in-24, mar. blanc, compart. de mar. brun découpé, médaillons sous verre avec deux sujets peints sur nacre, gardes en soie rose, miroir et pochette, tr. dor. (Rel. anc.). 2.900 fr.

Exemplaire Wassermann

730.Étrennes mignonnes pour 1782. Liège, Vve J. Dessain, [1782], in-32, fig. de monnaies gravées sur bois, mar. blanc, tr. dor., étui de mar. rouge dent. (Rel. anc.). Plats ornés d’une plaque dorée de Dubuisson, renfermant deux petits médaillons de mar. rouge : l’un représente deux cœurs réunis et couronnés, l’autre la légende « unis pour jamais ». 1.150 fr.

La Sortie d'une Maison de jeu

818. Boilly (L.). Recueil de Grimaces. Paris, Delpech, s. d., pet. in-fol., 95 pl. lithographiées et coloriées, mar. grenat à longs grains, dos et plats ornés de filets d’or, dent. int., tête dorée. 9 pl. ajoutées. 3.550 fr.


Exemplaire Wassermann

959.Fénelon. Les Aventures de Télémaque. Suite de dessins originaux de R. Van Orley, en 1 vol. in-fol., veau brun (Rel. anc.). 86 grands dessins à la plume relevé d’encre de Chine ou de sépia. 15.000 fr.


961. Lettres d’Abailard et d’Héloïse, nouvelle traduction avec le texte à côté par J. Fr. Bastien. Paris, Lamy, 1782, 3 vol. in-8, mar. vert, dent., dos orné, tr. dor. (Derome, avec étiquette). Ex. unique sur peau de vélin, orné de 2 gouaches originales non signées. 5.350 fr.

Exemplaire Wassermann

969. Ariosto (Ludovico). Orlando furioso. Venetia, Vincenzo Valgrisio, 1557, très pet. in-12, réglé, fig. sur bois, mar. brun à recouvrements, dos et plats ornés de compart. de filets courbes entrelacés et de fers azurés, doublure de mar. fauve, décorée de même façon, tr. dor. et ciselées, fermoirs de cuivre. 1.350 fr.

Exemplaire Wassermann

Photographie Dinter, Cologne

970.Aristophanis facetissimi comœdie novem. Egidius Gormontius [Paris, Gilles de Gourmont, 1528], 9 parties en 1 vol. pet. in-4, veau fauve orné à froid, compart. de fil. ; sur chaque plat, 2 plaques identiques contenant des bustes d’empereurs antiques en forme de médaillons et d’autres ornements (Rel. d’époque). 70 fr.

Exemplaire Wassermann

973. Bedæ homilæ estivales de tempore et de sanctis. Coloniæ, Joannis Gymnici, 1534, in-8, veau fauve estampé, décoré de deux plaques à branches de vignes et d’animaux fantastiques ou symboliques avec la légende « Ora pro nobis sancta Dei genitrix ». Ces deux plaques sont séparées par trois petits blocs représentant deux griffons et Sainte Marthe sur la Tarasque. 210 fr.

Exemplaire Wassermann

986.Erasmus. Paraphrases Erasmi Roterodami in epistolas canonicas, duas Petri, unam Judæ, unam Jacobi & treis Joannis. Basileæ, Froben, 1521-1524, 3 part. en 1 vol. in-8, veau fauve, fil. à froid, bordure de rinceaux renfermant deux fois le monogramme du relieur I P [ateliers de Louvain ?] ; compartiment au milieu, contenant une rangée de 8 glands entre deux rangées d’ornements semi-circulaires s’ouvrant vers le milieu (Rel. d’époque). 150 fr.

Exemplaire Wassermann

996. Imagines sanctorum Kalendarii Romani, imagines in ære excisæ. Antverpiæ, Ch. Plantinii, 1580, in-16, fig. sur cuivre, mar. olive, dos et plats décorés d’entrelacs et de feuillage, tr. dor. (Rel. d’époque). 1.020 fr.

Exemplaire Wassermann

998.Isidorus Hispalensis. Ethymologiarum liber. Gr. in-fol., 2 col., 4 fig. sur bois, ais en bois, veau, comp. de fil. à froid et petites bandes en relief, fleurs, branchages en relief, semis de points ciselés et en relief, fermoirs, titre manuscrit sur un plat. Impression de Strasbourg par Jean Mentelin. Provient du couvent des frères mineurs de Bamberg. Manque le dos de la reliure. 8.600 fr.

Exemplaire Wassermann

1.001.Joverius. Sanctiones ecclesiasticæ tam synodicæ quam pontificiæ, in tres classes distinctæ. Parisiis, apud Audoenum Parvum, 1555, in-fol., réglé, mar. olive, dos et plats entièrement ornés de beaux compart. de fil. droits et courbes, médaillon au centre, formé de filets et de fers azurés, semis de points d’or et de petits fers, tr. ciselées et dorées. Titre doré sur le premier plat. (Rel. d’époque). 10.000 fr.

Exemplaire Wassermann

1.005. Libri regum, Paralipomenon, Esdræ, Tobiæ, Judith, Esther, Job. Lyon, Seb. Gryphe, 1542, in-16, veau blanc, plats couverts de compart. de fil. et de grands fers sur fond peint imitant le veau fauve, dos orné de bandes noires, tr. dor. et ciselées. 500 fr.

Exemplaire Wassermann

1.007. Luther (Martin). Epistel Sanct Petri gepredigt und ausgelegt durch Mart. Luther. Wittemberg, 1523, in-4, plats ornés de deux compart. de fers à froid séparés et entourés de bandes composées de petits fers à froid : cerfs, oiseaux et autres animaux (Rel. d’époque). Titre dans un encadrement gravé sur bois et colorié. Dos refait. 230 fr.

Exemplaire Wassermann

1.019.Officium Beatæ Mariæ Virginis. Anvers, Officina Plantiniana, 1591, pet. in-4, 18 fig. sur bois signées P. B. A. et V. L. entrelacées, veau fauve, gr. encad., coins et milieu ornés de fers azurés, semis de petits fers, dos orné, tr. dor. et ciselées. 700 fr.

Exemplaire Wassermann

1.064.Evangelium sacrum Domini nostri Iesu Christi conscriptum a quatuor evangelistis sanctis idest, Matthæo, Marco, Luca et Iohanne. Romæ, in Typographia Medicea, 1590, in-fol., 150 fig. sur bois gravées par Leonardo Norsini dit « Parasole » d’après Antonio Tempesta, veau fauve, semis de petits fers, coins ornés de fers formant des rinceaux sur fond azuré, médaillon doré en tête et en bas des plats, représentant Apollon et Marsyas ; chimères mosaïquées et quatre lions dorés, entourant un grand milieu en creux, de forme ovale, en mar. blanc orné d’un semis de petits fers, d’ornements fers seizième siècle, de centaures mosaïqués en rouge et, au centre, d’armoiries peintes, dos orné, tr. dor., étui moderne de mar. brun. Aux armes du chancelier Claude de Bullion, ministre d’État sous Louis XIII et ami de Richelieu. De la bibliothèque Ricardo de Heredia. 11.900 fr.

Exemplaire Wassermann

1.073. Kempis (Thomas a). Dell’ imitazione di Cristo. Colonia, 1688, in-18, front., mar. rouge, large encadr., milieu orné de petits fers, dos orné, tr. dor., fermoirs (Rel. anc.). 200 fr.

Exemplaire Wassermann

1.076. Liebes flamme (Göttliche), das ist Andachten, Gebet und Seufzer über das königliche Brautlied Salomonis. Nürnberg, 1664, pet. in-12, musique notée, rel. en cuivre sertissant, sur le dos et les plats, une plaque émaillée ornée de fleurs ; au centre des plats, un petit sujet symbolique, tr. dor., fermoirs. Un fermoir manque. 450 fr.

Exemplaire Wassermann

1.082. Manuale Marianum, continens orationes B. M. Virginis. Romæ, Lud. Grignani, 1637, in-18, front., mar. rouge, plats et dos ornés de comp. de filets courbes, remplis de petits fers au pointillé, tr. dor. 440 fr.

Exemplaire Wassermann

1.091.Officium Beatæ Mariæ Virginis. Anvers, Plantin, 1677, in-32, cartonn. rose, renfermé dans un emboîtage en filigrane d’argent, fermoirs en filigrane d’argent. 1.000 fr.

Exemplaire Wassermann

1.096. Rohault (Claude). L’Institution chrestienne avec d’autres ouvrages de piété en vers françois. Seconde édition. Paris, Guillaume Desprez, 1675, in-12, réglé, mar. rouge, dos orné, compart. à petits fers et au pointillé sur les plats, tr. dor. Rel. de Boyet portant au centre des plats un chiffre composé des lettres G. R. 610 fr.

Exemplaire Wassermann

1.100. Agenda des auteurs, ou Calpin [sic] littéraire à l’usage de ceux qui veulent faire des livres. Au Parnasse, Imp. d’Anonime Fertile, 1755. – La Trentaine de Cythère. Londres, 1753. Deux ouvrages en 1 vol. pet. in-12, mar. olive, dos et plats ornés de petits fers, doublé de mar. rouge, dent. et milieu dor., gardes de pap. dor. 1.220 fr.

Exemplaire Wassermann

1.141.L’Office de la Semaine Sainte. Paris, Collombat, 1727, in-8, fig., mar. rouge, compart. de filets droits et courbes, remplis de fers au pointillé, dent. int., gardes de papier doré, tr. dor. Aux armes de la reine Marie Leczynska. 250 fr.

Exemplaire Wassermann

1.142. Office de la Semaine Sainte. Paris, Vve Mazières et Garnier, 1728, gr. in-8, mar. bleu foncé, encadrement de filets courbes entrelacés, contenant une fleur de lis ou un dauphin, milieu semé de petits fers, dos orné, tr. dor. Aux armes du Dauphin, fils de Louis XV. 780 fr.

Exemplaire Wassermann
Paris, Hôtel du Louvre, 23 novembre 2009 : 10.000 €

1.144. Office de la Semaine Sainte. Paris, 1739, in-8, mar. vert, plats couverts de petits médaillons, tulipes et rosaces de mar. rouge, coins de mar. rouge, semés de petites fleurs de lis, dos orné et mosaïqué, gardes papier doré, tr. dor. Aux armes de la duchesse d’Orléans, veuve du Régent. On a coupé le fleuron du titre. 4.000 fr. [Depuis, on a ajouté un étui, mar. bordeaux, avec int. basane bronze, par Mercier, successeur de Cuzin. Paris, Hôtel du Louvre, 23 novembre 2009 : 10.000 €].

Exemplaire Wassermann

1.151. Offices propres de l’église paroissiale de St Eustache. Paris, J.-B. Coignard, 1740, in-12, mar. vert, dent., doublé de mar. rouge, gardes de moire rose, tr. dor. Doublure ornée de la plaque de Dubuisson rencontrée sur quelques exemplaires de son Armorial, reliés par lui. 2.020 fr.

Exemplaire Wassermann

1.158.Salustio. La Conjuracion de Catilina y la Guerra de Jugurta. Madrid, 1772, in-fol., fig. de Maëlla avant la lettre, mar. rouge, dos orné, large dent à petits fers dont celui dit « à l’oiseau » sur les plats, doublé de tabis vert, dent. int., tr. dor. (Derome). Gr. pap. De la bibliothèque La Roche Lacarelle. 20.000 fr.

Exemplaire Wassermann

1.185.Anacréon. Recueil de compositions dessinées par Girodet et gravées par Chatillon, son élève, avec la traduction en prose des odes de ce poète. Paris, Chaillou-Potrelle, 1825, in-4, fig., cuir de Russie, très large encadrement et plaque [rosace] au centre des plats, dos orné ; à l’int., encadrement à la grecque, non rogné (Thouvenin). 1.100 fr.

Exemplaire Wassermann

1.188. Annales romantiques. Paris, 1834, in-18, fig., rel. souple en veau fauve, plats ornés d’un grand encadr. à froid et avec parties peintes représentant des rinceaux, tulipes, myosotis, petits cartouches, dos orné à froid et polychromé, tr. dor. étui assorti. 580 fr.

Exemplaire Wassermann

1.192.Boccaccio. Il Decameron. Si come lo diedero alle stampe gli SSriGiunti l’Anno 1527. In Amsterdamo, 1665, in-12, mar. lilas, pet. dent. à froid et décorat. dorée [à la cathédrale] couvrant les plats, dos orné, dent. int., tr. dor. (Ducastin). 400 fr.

Exemplaire Wassermann

1.205. Charlet. Fantaisies. [Portrait et 16 pl.] et 28 pl. provenant de divers albums de Charlet, Raffet et Bellangé. Paris, Gihaut, [1830-1838], gr. in-4, mar. bleu, dent. à froid, large décorat. dor. et mosaïquée, en plusieurs tons, sur fond or, couvrant entièrement les plats, dos orné, dent. int., tr. jasp. (Binois). De la bibliothèque Bouret. 4.200 fr.

Exemplaire Wassermann

1.217. Heures à Saint-Charles, contenant la Messe et les Vêpres. Paris, Janet, s. d., in-16, fig., mar. bleu, plats ornés pet. dent. à froid et grand milieu de rosaces à la cathédrale dor. et mosaïquées, dos orné et mosaïqué, dent. int., doubl. et gardes de tabis rouge, tr. dor. (Vogel). 710 fr.

Exemplaire Wassermann

1.218. Heures des époux. Livre de mariage contenant l’office des dimanches et des fêtes. Paris, Louis Janet, s. d., in-18, fig., mar. citron grand encadr., fers à la cathédrale, mosaïqués de mar. bleu, rouge et vert, dos mosaïqué, encadr. int. et gardes de tabis blanc, tr. dor., étui moderne mar. rouge (Thouvenin). 1.000 fr.

Exemplaire Wassermann

1.235.Malte-Brun. Atlas de géographie. Bruxelles, 1833, in-fol., mar. bleu foncé, dos et plats ornés de fers à la cathédrale dor. et mosaïqués ; au 2eplat, inscription « Exposition de l’industrie nationale 1835 », dent. int., gardes de soie gris perle (Henri Crabbe). 1.010 fr.

Exemplaire Wassermann

1.263. Tastu (Mme Amable). Poésies. Paris, J. Tastu, 1826, gr. in-8, vign. sur bois, mar. bleu, fil. dor., dent. à froid, comp. de 2 fil. droits et courbes, avec angles ornés de fers à froid et formant éventail, dos orné, dent. int., tr. dor. (Simier). Chiffre couronné de la duchesse de Berry. 700 fr.

Exemplaire Wassermann

1.265.Tommaseo. Preghiere cristiane. Milano, s. d., in-16, fig., veau brun, plats entièrement couverts de compart. mosaïqués de mar. de diverses couleurs, sur fond doré, tr. dor. 250 fr.



Eugène von Wassermann mourut célibataire, à Berlin, le 29 juin 1925, et fut inhumé au cimetière juif de Bamberg, auprès de ses parents.






    

  

 
    


Henri Sarriau (1859-1907), archéologue et numismate

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Venu de Saint-Pierre-le-Moûtier [Nièvre], où il était né le 3e jour complémentaire de l’An VII [19 septembre 1799], Jean-Denis Sarriau, commissaire-priseur à Cosne-sur-Loire [Nièvre], y épousa, le 13 juin 1825, Foy-Françoise-Hélène Guillerault (1799-1880), marchande de tabacs, et y mourut, veuf, en son domicile de la rue du Trésorier, le 15 janvier 1889.
Leur fils, Claude-Henri-Eugène Sarriau, né à Cosne le 19 octobre 1829, avoué près le tribunal civil de Cosne, puis professeur au collège de Cosne, y épousa, le 10 août 1857, la fille d’un médecin, Marie-Henriette Blandin, née à Cosne le 29 juillet 1832.


Fils des précédents, Jean-Émile-Henri Sarriau est né à Cosne le 2 octobre 1859. Orphelin de père le 1erdécembre 1861, puis de mère le 19 avril 1875, il commença ses études sous la direction de son oncle Jean-Jacques-Henri Sarriau (1811-1905), professeur au collège de Cosne, et fut exempté de service militaire comme soutien de famille ; il a accompli une période de 28 jours au 85e de Ligne et fut réformé en 1888 pour raison de santé. 

Berthe Darodes, par J. C. Beckwith (1877)
 Drouot, 19 septembre 2019 : 650 €

Publiciste domicilié à Paris [VIIIe], 20 rue du Cirque, il épousa, le 1er mars 1888, à Trets [Bouches-du-Rhône], Berthe-Marie Darodes, née à Paris [VIe] le 8 mars 1866, qui, orpheline de père et de mère depuis 1879, habitait à Trets avec son frère. Le couple eut un fils le 8 janvier 1889, puis déménagea 45 rue de Berri [VIIIe] avant de s’installer 4 rue Treilhard [VIIIe].

Henri Sarriau fut attaché à la Bibliothèque de l’Arsenal en 1890 et 1891, puis entra au ministère de l’Instruction publique, au service des imprimés.

Vue panoramique de l'Exposition universelle de 1900

Sous la direction de François Carnot (1872-1960) - fils de l’ancien président de la République Sadi Carnot (1837-1894), commissaire de l’Exposition universelle de 1900, à Paris -, il fut attaché au service des Musées Centennaux et chargé de la publication des rapports : Musée rétrospectif de la Classe 14 [Cartes et appareils de géographie et de cosmographie], Musée rétrospectif de la Classe 15 [Monnaies et médailles] et Musée rétrospectif de la Classe 72 [Céramique]. 


À l’Exposition internationale de Saint-Louis [U.S.A.], en 1904, il fut membre des comités du groupe 129 [Économie sociale] et exposant des groupes 17 et 18 [grand prix en collectivité] : il y exposa des ouvrages sur la numismatique. À la suite de cette Exposition, en 1906, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur.


Cette même année 1906, il fut vice-président du Comité de l’Exposition rétrospective des moyens de transport à l’Exposition internationale de Milan [Italie] et membre du comité de la classe de la céramique.
Membre de Société nivernaise des lettres, sciences et arts en 1880 et de la Société des Antiquaires du Centre en 1889, Henri Sarriau devint correspondant de la Société nationale des Antiquaires de France le 1er juillet 1896. Il fut l’auteur de travaux sur la numismatique et l’histoire du Nivernais : « Un sonnet du duc de Nivernois » (Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts. Nevers, Mazeron, 1892, 14evol., p. 130), « Les Sculptures romaines du château d’Insèches » (Ibid., p. 131-135, 3 pl.), « État des gués de la Loire entre Digoin et Cuffy au mois de septembre 1587 » (Ibid., p. 136-139), « Translation des restes de Marguerite de Bourbon et de Ludovic de Gonzague, et leur inhumation dans les caveaux de la cathédrale de Nevers le 7 décembre 1595 » (Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts. Nevers, Mazeron, 1892, 15e vol., p. 128-136), « Traité passé en 1561 par Marie de Bourbon, duchesse de Nivernais, avec les fournisseurs de sa maison » (Ibid., p. 137-144), 


« Numismatique nivernaise » (Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts. Nevers, Mazeron, 1894, p. 1-152, 11 pl.), « Inscriptions romaines trouvées à Entrains (Nièvre) » (Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts. Nevers, Mazeron, 1896, p. 145-157, 2 pl.), « État actuel de la numismatique nivernaise » (Bulletin de la Société nivernaise des lettres,sciences et arts. Nevers, Mazeron,1899, p. 233-266, 1 pl.), « Note sur deux éditions des Coutumes du Nivernais » (Ibid., p. 472-475), « Épisode d’une inondation de la Loire à Cosne en 1790 » (Ibid., p. 476-482).  


Son ex-libris [79 x 62 mm], dessiné et gravé par l’artiste peintre parisien Auguste Muri (1854-1908), installé à Donzy [Nièvre], représente un bibliophile chez les bouquinistes des quais de la Seine.

Henri Sarriau mourut subitement et prématurément, dans sa 48e année, en son domicile, 4 rue Treilhard, le 4 janvier 1907. Ses obsèques eurent lieu à Cosne, le 8 janvier, en l’église Saint-Jacques. Il fut inhumé au cimetière de Cosne.


Sa bibliothèque fut vendue par sa veuve le mardi 29 octobre 1929, à l’Hôtel Drouot, salle n° 8 : Catalogue d’autographes nivernais et documents manuscrits et de livres anciens et modernes appartenant à Mme S*** (Paris, Noël Charavay et Ch. Bosse, 1929, in-8, 39 p.), dont Archéologie, Numismatique, Beaux-Arts, Arts industriels, Histoire et Géographie, Livres illustrés publiés par Boussod, Calmann-Lévy, Conquet, Ferroud, Launette, Quantin, etc.
Une partie fut achetée par la Librairie Gaston Saffroy, 4 rue Clément [VIe], qui la détailla dans son catalogue [n° 19, février 1930, p. 32-41].

Berthe-Marie Darodes mourut le 16 mars 1936, en son domicile, 4 rue Treilhard ; ses obsèques eurent lieu en l’église Saint-Augustin, le 19 mars.
















La Naissance d’une grande maison d’édition française : Arthème Fayard

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Brassac-les-Mines.
Les bords de l'Allier et le bac de Brassaget


Arrière-petit-fils d’un voiturier par eau, petit-fils et fils de mariniers, vivant tous à Brassac-les-Mines [Puy-de-Dôme], Antoine Fayard, né le 7 avril 1818, employé de l’octroi à Brioude [Haute-Loire], y épousa, le 18 novembre 1845, Joséphine-Élisabeth Lemerle, née le 19 novembre 1811 à Cistrières [Haute-Loire], fille de Jean Lemerle (1785-1845), notaire à Saint-Germain-l’Herm [Puy-de-Dôme] – 68 km au sud-est de Clermont-Ferrand -, et de Marie-Thérèse Miramont (1774-1853) : les jeunes époux déclarèrent alors reconnaître pour leur fils un enfant du sexe masculin, inscrit sur les registres de l’état civil de la commune de Saint-Germain-l’Herm, en date du 5 mars 1836, sous les noms de Jean-Claude-François.


En réalité, Jean-François Lemerle est né chez son grand-père maternel, le 6 mars 1836, d’un père inconnu, qu’on a dit pouvoir être un membre de la Chambre des pairs de la Monarchie de Juillet, ami de la famille. Par jugement du tribunal, en date du 29 mars 1855, il a été ordonné que le nom de Fayard sera ajouté aux prénoms de Jean-François et qu’il sera dit fils légitime d’Antoine Fayard et de Joséphine-Élisabeth Lemerle.

Hôtel Sainte Marie, 41 rue Vavin, Paris VI (1903)
Musée Carnavalet

Jean-François Fayard monta à Paris pour aider sa mère, qui tenait un hôtel 41 rue Vavin [VIe]. 

Jean-François Fayard

Peu enthousiasmé par son emploi au ministère des Finances, il décida, au cours de l’été 1857, de devenir éditeur et se consacra à la littérature populaire, avec des publications, le plus souvent sans date, souvent par livraisons, bon marché et de qualité quelconque.           


Avec Henri Morel, libraire-éditeur 5 rue Madame [VIe], éditeur en 1852 de l’Histoire complète et authentique de Louis-Napoléon Bonaparte depuis sa naissance jusqu’à ce jour, Fayard édita, à partir de novembre 1857, les Mémoires authentiques sur Béranger, recueillis et mis en ordre par M. C. Leynadier, gr. in-8 : « L’ouvrage formera 1 vol., publié en 10 séries à 1 fr. 20 c. Chaque série se composera de 6 livraisons à 20 c., ornées de 4 belles gravures. Il paraîtra une série tous les quinze jours. L’ouvrage complet : 12 fr. » (Courrier de la librairie, 21 novembre 1857, p. 1.121, n° 10.695).

Fayard installa au 30 rue du Bac [VIIe] le siège social de sa « Librairie historique et scientifique Arthème Fayard », du nom d’un évêque de Clermon-Ferrand au IVe siècle. 


Il édita alors, avec Arnould Devresse (1814-1871), dit « Arnauld [Arnaud] de Vresse », libraire-éditeur 55 rue de Rivoli [Ier], les Mémoires authentiques sur Garibaldi, mis en ordre par Camille Leynadier, qui « formeront un volume grand in-8° et paraîtront en 9 séries à 1 fr. Les séries se composeront de 6 séries à 15 c. ornées de 2 belles gravures. Il paraîtra une série tous les 10 jours. Le prix de l’ouvrage complet est de 9 fr. On peut souscrire par série ou pour l’ouvrage complet. » (Bibliographie de la France, 1860) : un magnifique portrait de Garibaldi, gravé sur acier, d’un mètre de hauteur, était livré gratuitement aux acquéreurs de l’ouvrage.


Puis, en 1861, la Librairie Fayard fut installée 31 rue de Beaune [VIIe] et édita, avec Édouard Dentu (1830-1884), libraire-éditeur 13 et 17 Galerie d’Orléans [Ier], L’Italie contemporaine illustrée. Portraits politiques (gr. in-8, 16 portraits, 6 fr.), par Eugène de Monglave et Alfred d’Aunay.


Momentanément domiciliée chez sa mère, 41 rue Vavin, en 1864, la Librairie de Fayard publia l’Histoire de la révolution polonaise, par Stanislas Araminski, pseudonyme de l’éditeur. La Librairie déménagea l’année suivante au 49 rue des Noyers [boulevard Saint-Germain, Ve].


Le 20 juillet 1865, Jean-François Fayard épousa Cécile-Louise Berthier, née à Paris le 10 septembre 1845, fille de père inconnu et de Marguerite-Joséphine Berthier, chez laquelle elle habitait, 11 rue Blottière [XIVe]. Ils eurent trois enfants : Joseph-Arthème, né le 7 mai 1866, 11 rue Blottière ; Georges-Octave, né le 12 août 1867, 11 rue Blottière ; Jeanne-Gabrielle-Blanche, née le 5 juillet 1880, rue du Moulin, à Fresnes [Val-de-Marne].

 Rue Princesse, Paris VI (septembre 1866). Photographie Charles Marville.
Parmi les affiches sur le mur du n° 9, celle annonçant la publication de l’Histoire de France par Anquetil . 

Cette année 1865, Jean-François Fayard, dit « Arthème Fayard [I] », édita l’Histoire de France par Anquetil, terminée jusqu’en 1865 par De La Brugère, autre pseudonyme de l’éditeur, qui fut mise à jour l’année suivante, et fut breveté libraire le 8 novembre.

En 1866, furent publiées l’Histoire romaine, par Elphège Boursin, en 50 livraisons illustrées, au prix de 10 centimes la livraison, 


et l’Histoire de la famille Bonaparte, par Camille Leynadier, en 10 séries illustrées à 60 centimes.


Suivirent en 1867, les Mémoires d’un agent de police, par M. X***, par livraisons illustrées à 10 centimes la livraison, et deux ouvrages de Pierre Zaccone : Le Fils du forçat, en 28 livraisons à 10 centimes, 


et Histoire des sociétés secrètes, politiques et religieuses, en 163 livraisons à 10 centimes.

Photographie BnF

À partir du 1erseptembre 1868 parurent Les Grands Drames de la Cour d’assises par Alexandre Dumas, Pierre Zaccone, Turpin de Sansay, Alfred d’Aunay, Adolphe Huard, Alfred de Bougy – bibliothécaire à la Sorbonne -, Théodore Labourieu, Charles Coligny, Jules Beaujoint, Boursin, Auguste Lepage, Tholomé – avocat à la Cour impériale, Gosselin – avocat à la Cour impériale -, Duriez – sténographe judiciaire -, Monsieur X*** - ancien agent secret de la Police -, A. de La Brugère – rédacteur en chef : 10 centimes la brochure illustrée de 32 pages, avec couverture, paraissant tous les dimanches et formant tous les ans 6 volumes illustrés.

L’éditeur crut alors devoir répondre aux objections qui lui furent faites :

« Comment, lui dit-on, pouvez-vous vendre 32 PAGESinédites, illustrées de gravureségalement inédites et élégamment brochées, pour 10 CENTIMES, et servir cette publication pour 6 FR. 50 par an, malgré les frais de poste ?
A cela l’éditeur répond qu’il a obtenu un rabais notable : 1° en faisant tout faire, papier, gravure, clichés, etc., en grande quantité ; - 2° qu’il s’est adressé à l’une des premières imprimeries de Paris, l’imprimerie Morris, qui possède une machine capable de tirer en un seul jour 10,000 volumes de 300 pages avec le même personnel que pour une machine ordinaire. On comprend qu’en tirant un nombre considérable d’exemplaires de chaque brochure, les frais généraux se trouvent tellement diminués qu’il soit possible de donner 32 PAGES ILLUSTRÉES et brochées pour 10 CENTIMES. Voilà tout le secret. »
  

Cette publication des causes célèbres jugées par les Tribunaux criminels fut à l’origine, le 14 août 1869, d’un procès contre son confrère H. Lebrun, 8 rue des Saints-Pères [VIe], qui, le 26 mars 1869, fit paraître une publication sous le même format, intitulée Collection des causes célèbres, dont la couverture de chacune des livraisons portait, contre la publication de Fayard, des attaques et des appréciations malveillantes de nature à constituer une concurrence déloyale : Lebrun dut supprimer des enveloppes de sa publication l’annonce objet du litige et fut condamné à payer à Fayard 200 francs à titre de dommages-intérêts et aux dépens ; la Cour d’appel confirma le 30 décembre 1871.     

Photographie BnF

En 1869, furent publiés les Mémoires authentiques de Poncet, écrits par lui-même, en 23 livraisons de 8 pages, 10 centimes la livraison « splendidement illustrée ». 

Photographie Musée Carnavalet

Le 24 juin 1871 fut adressée aux libraires et aux marchands de journaux la première livraison de l’Histoire de la Commune de Paris en 1871, par De La Brugère, paraissant deux fois par semaine, ouvrage complet en 50 livraisons à 10 centimes la livraison illustrée, 


avec l’annonce de la publication de la Guerre de 1870-1871. Histoire de la troisième invasion. Siège de Paris, par le même auteur, qui fut réédité en 1873. 


L’Affaire Bazaine, par De La Brugère, parut en 1874, à 10 centimes la livraison illustrée.


En 1875, domicilié provisoirement chez sa belle-mère, 11 rue Blottière, Arthème Fayard [I] réédita, sous le pseudonyme « L. Berthier » [nom de jeune fille de son épouse], l’Histoire de la Commune de Paris et l’Histoire de la Guerre de 1870-1871.
Puis vinrent Le Vulgarisateur des sciences commerciales, industrielles & agricoles. Encyclopédie générale du XIXe siècle, par Fernand de Saint-Julien (1877), 


l’Atlas universel, par F. de La Brugère et Alphonse Baralle (1877), 


et l’Atlas national, par F. de La Brugère et Jules Trousset (1877), complété, après le déménagement de la Librairie au 78 boulevard Saint-Michel [VIe], par le Dictionnaire général en une seule série alphabétique des communes de France et des colonies, par F. de La Brugère (1877) ; 




L’École des meilleures cuisinières bourgeoises, par Célestin Motton (1878), 

Photographie Eric Zink

Le Magicien moderne, par Jules de Grandpré (1878) ; 

Photographie BnF

Les Drames de la cour d’assises, par Albert Goullé (1880), en livraisons illustrées en couleurs et en noir, à 5 centimes, 

Photographie Musée Carnavalet

Les Nuits du boulevard, par Pierre Zaccone (1880), en 50 livraisons illustrées à 10 centimes, 

Photographie BnF

et L’Alcôve des rois (1880), en livraisons illustrées à 10 centimes ; 

Photographie BnF

Le Livre du chasseur, par Charles Diguet (1881) ; 

Photographie BnF

La Misère, par Louise Michel (1882), dont les 120 livraisons illustrées de 6 pages, à 5 centimes, eurent 40.000 abonnés ; 

Photographie BnF

Cartouche, par Jules de Grandpré, pseudonyme de Jules Beaujoint (1883), en livraisons illustrées à 5 centimes, 


et Les Mystères du Louvre, par Octave Féré (1883), en 55 livraisons à 10 centimes ; 

Photographie BnF

La Guerre de demain, par le capitaine Danrit (1889), en livraisons illustrées à 10 centimes ; 

Photographie Bibliothèque Forney

l’Histoire patriotique du général Boulanger (1890), en livraisons illustrées à 10 centimes, 


Photographie RMN-Grand Palais - J.-G. Berizzi 

Les 4 Sergents de La Rochelle, par Jules Beaujoint (1890), en livraisons illustrées à 10 centimes, 

Photographie BnF

Le Bataillon des Marseillais, par Louis Noir (1890), en livraisons illustrées à 10 centimes, 

Photographie BnF

et L’Auberge sanglante de Peirebeilhe, par Jules Beaujoint (1890), en livraisons illustrées à 5 centimes.



Ce fut alors que Arthème Fayard [I] fit construire le château de Gué d’Aulne [Guédone], à Bullion [Yvelines].

Photographie BnF


En 1893, il racheta la « Petite Bibliothèque universelle », collection à 25 centimes fondée en 1886 par Guillaume Edinger (1850-1926), libraire-éditeur 34 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève [Ve], et la renomma « Bibliothèque universelle de poche ».

Photographie BnF

Le 23 janvier 1894, fut constituée la Société « Fayard et fils », entre Arthème Fayard [I] et Joseph-Arthème Fayard. Georges-Octave Fayard entra dans la Société le 14 mai 1895, année au cours de laquelle fut publiée La Petite Sœur des pauvres, par Louis Launay, en livraisons à 10 centimes.


Jean-François Fayard, dit « Arthème Fayard [I] », mourut en son domicile de Fontenay-sous-Bois [Val-de-Marne], 66 avenue Marigny [avenue Foch, détruit], le 3 juin 1895. Ses obsèques se déroulèrent le 9 juin, en l’église Saint-Sulpice de Paris [VIe]. Il fut inhumé au cimetière du Montparnasse [XIVe].

Photographie BnF

Il avait été membre de plusieurs Sociétés savantes et créé ou dirigé divers recueils périodiques, parmi lesquels : L’Ami du foyer (1859-1861), la Revue pour tous(1861-1862), la Revue historique illustrée (1865), La Musique populaire (1881), L’Omnibus (1883).

La nouvelle raison sociale de la maison d’édition devint « Fayard Frères ».
Après acquisition de la « Librairie E. Dentu, Éditeur », propriété de « Curel, Gougis & Cie », 3-5 place de Valois [Ier], au Palais-Royal, la raison sociale devint, à partir du 1er avril 1896, « Curel & Fayard Frères ». Les magasins de vente et les bureaux de la Librairie Dentu furent transférés au 78 boulevard Saint-Michel le 1eraoût 1896.


Les frères poursuivirent la politique de publications populaires de leur père et publièrent, en fascicules à 10 centimes, les œuvres d’Alphonse Daudet (1840-1897), d’Hector Malot (1830-1907) – qui vivait à Fontenay-sous-Bois depuis 1864 -, Jules Claretie (1840-1913) – de l’Académie française -, etc.




Photographie Fonds d'atelier

En 1896, fut publié Le Parfait Cordon-Bleu des villes et des campagnes, par Mélanie Carême. 


En 1898, ils se firent remarquer par la publication d’un ouvrage d’Esterhazy – Les Dessous de l’affaire Dreyfus - au moment où l’affaire divisait les Français.

Après la dissolution de la Société en novembre 1901, Joseph-Arthème Fayard, dit « Arthème Fayard [II] », resta seul propriétaire de la maison d’édition. 


De son côté, Georges-Octave Fayard fonda, le 1er mars 1903, la Librairie universelle illustrée « Georges Fayard et Cie », 7 rue des Canettes [VIe], qui fit faillite un an plus tard [La légende qui veut que la rue tienne son nom de l’enseigne sculptée du no 18, qui date du début du XVIIIe siècle, est fausse : le censier de 1628 donnait déjà « la rue Sainct Sulpice, dicte des Canettes »].

De 1904 à 1913, Arthème Fayard [II] donna une véritable impulsion à sa maison d’édition.



En 1904, la « Modern-Bibliothèque » proposa des romans illustrés, au prix bas de 95 centimes.



En 1905, fut publiée une collection intitulée « Le Livre populaire » - inaugurée par un roman de Charles Mérouvel, Chaste et flétrie, tiré à 300.000 exemplaires -, rassemblant des romans des grands auteurs populaires - Pierre Decourcelle, Émile Gaboriau, Eugène Chavette, Michel Morphy, Adolphe Belot, René de Pont-Jest, Paul Féval, Henri Kéroul, Michel Zevaco, Xavier de Montepin, Paul Bertnay, Paul Rouget, Eugène Sue, Lucien Victor-Meunier, Jules Beaujoint, Jules Mary, Gaston Leroux, Edmond Ladoucette, Georges de Boisforet, Louis Launay, Paul Junka, Georges de Labruyere, Paul Féval fils, Georges Maldague, Pierre-Alexis Ponson du Terrail, Henri Germain, Pierre Sales - sous la forme de volumes non illustrés et souvent non massicotés au prix de 65 centimes.                

Devant le succès remporté, Arthème Fayard II multiplia les collections à 65 centimes : « Aventures, Explorations, Voyages » (1907-1912. Œuvres de Gustave Aimard), « Œuvres de Ponson du Terrail » (1908-1912), « Ouvrages pratiques » (1908-1910. Œuvres de Madame de Margal, de M. Audran, de Brahman-Star), « Vidocq » (1909-1910. Œuvres de Marc Mario et Louis Launay), « Cartouche » (1910. Œuvres de Jules de Grandpré), « Les Bas-Fonds de Paris » (1910-1911. Œuvres de Aristide Bruant), « Le Capitaine Mandrin » (1910-1911. Œuvres de Jules de Grandpré), « Robert Macaire » (1911. Œuvres de Georges Le Faure), « Fantômas » (1911-1913. Œuvres de Pierre Souvestre et Marcel Allain), « Œuvres de Louis Noir » (1911-1913), « Carot Coupe-Tête » (1911-1913. Œuvres de Maurice Landay), « Les Drames de l’Inquisition » (1912-1913. Œuvres de Marc Mario et Louis Launay), « Naz-en-l’air » (1912-1913. Œuvres de Pierre Souvestre et Marcel Allain), « Les Grands Drames de l’amour » (1913-1914. Œuvres de Pierre Sales), « Titi le Moblot » (1913-1914. Œuvres de Pierre Souvestre et Marcel Allain), « Le Vautour de la Sierra » (1913-1914. Œuvres de Georges Clavigny), « Le Capitaine La Garde » (1914. Œuvres de Georges Spitzmuller), « Fra Diavolo » (1914. Anonyme), « Le Maître des Peaux-Rouges » (1914. Œuvres de Lucien Dellys).


Parallèlement, la maison Fayard racheta (La Caricature en 1897, La Vie pour Rire en 1900, Les Belles Images en 1907, Diabolo Journal en 1912, Le Petit Illustré Amusant)  

Numéro du 20 janvier 1903

Photographie BnF


La Jeunesse illustrée, n° 74, 24 juillet 1904.
Photographie Töpfferiana.


In Le Figaro, 15 janvier 1908

ou créa  (La Vie Populaire et Les Romans Inédits en 1896, La Jeunesse amusante en 1897, La Vie littéraireen 1898, Le Bon Vivant en 1899, La Jeunesse illustrée en 1903, Lectures romanesques et Mon beau Livre en 1906, Touche à Tout en 1908) des journaux, dont les caractéristiques communes étaient les caricatures, la littérature, les histoires illustrées pour la jeunesse et la vie pratique. 


mai 2018

Installée 18-20 rue du Saint-Gothard [XIVe], à partir de 1907, la maison Fayard s’agrandit. Deux hommes entrèrent dans le capital de la Société : Fernand Brouty, gendre d’Arthème Fayard [II], et Lucien Tisserand, directeur de la fabrication.
Cécile-Louise Berthier, veuve de Arthème Fayard [I], mourut en son domicile de Fontenay-sous-Bois, 66 avenue Marigny, le 7 septembre 1909. Ses obsèques se déroulèrent le 11 septembre, en l’église Saint-Sulpice de Paris ; elle fut inhumée au cimetière du Montparnasse.
Le château de Gué d’Aulne fut vendu par ses enfants en 1910, pour la somme de 128.334 francs : 


les nouveaux propriétaires ajoutèrent une tour et supprimèrent le belvédère.


















Notes pour servir à l’histoire de la Librairie Victor Lemasle (1876-1932)

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Avant 1913

D’une famille de cultivateurs, originaire de Saint-Pierre-de-Salerne [Eure] et installée en 1873 à Coutances [Manche], Victor-Paul-Joseph Lemasle y est né le 28 novembre 1876, au 110 rue Geoffroy de Montbray, fils de Pierre-Alexandre Lemasle (1848-1890) [qui signait « Lemâsle », comme son père], boucher, et de Pauline-Louise Guisle (1844-1933), fille d’un boucher de Coutances, mariés le 9 juillet 1873.

1912

août 1944
 Jeunes parisiens en embuscade pendant la libération de Paris

mai 2019

Victor Lemasle installa sa librairie à Paris en 1895, au rez-de-chaussée d’un immeuble construit en 1620, 3 quai Malaquais [VIe]. 


Il débuta dans la librairie ancienne, puis se spécialisa dans les autographes. Il publiait un catalogue intitulé Le Biblio-Autographophile 




et édita quelques ouvrages : Les Éléments du blason, par V. B. (1901), Albert Samain (Souvenirs), par Alfred Jarry (1907), Suarsuksiorpok ou le Chasseur à la bécasse, par Sylvain (s. d. [1907]).


Le 17 août 1905, il épousa, à Paris [VIIe], Félicie-Joséphine Chopis, née le 24 janvier 1852 à Valparaiso [Chili].


Devenu chevalier du mérite agricole et officier de l’instruction publique, il mourut le 1erjuin 1932, dans sa 56e année, à la clinique Geoffroy Saint-Hilaire, construite en 1919, 59 rue Geoffroy Saint-Hilaire [Ve], à l’angle de la rue Lacépède [Jacques Chirac y est né le 29 novembre 1932]. Depuis quelques mois, il souffrait d’une maladie qui ne laissait aucun espoir de guérison. Il avait été transporté à la clinique, pour y subir d’urgence une grave opération, mais il ne put supporter le choc opératoire. Ses obsèques furent célébrées le 4 juin en l’église Saint-Germain-des-Prés.


La Librairie Henri Saffroy, fondée dans les années 1920 au 15 rue Guénégaud [VIe], fut transférée en 1943 au 3 quai Malaquais.

Pierre Brillard. Une pensée, puisque j'y pense ...

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Au Salon du Livre de Tarascon (Bouches-du-Rhône)



Photographie Pierre Brillard

JOYEUX NOËL !

Champfleury (1821-1889), le bohème embourgeoisé

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31 rue Vinchon, Laon (mai 2019)

Champfleury s’appelait de son vrai nom Jules-François-Félix Husson, dit « Fleury ». Son acte de naissance indique qu’il naquit à Laon le 17 septembre 1821, à sept heures et demie du soir. Sa maison natale était située 41 rue Bourbon – plus tard rue des Bouchers -, actuel 31 rue Vinchon. Le futur écrivain appartenait à une famille établie depuis longtemps dans le pays : tous ses ancêtres étaient laonnois.


Le plus ancien connu, Vincent Husson (1629-1669), s’était marié, le 9 septembre 1659, en l’église Saint-Jean-Baptiste de Vaux-sous-Laon, dans la ville basse.
Son père, Pierre-Antoine-Frédéric Husson, dit « Fleury »(1788-1859), resta pendant 29 ans secrétaire de la mairie de la ville de Laon. Né le 14 octobre 1788, il avait acheté la maison de la rue Bourbon aux héritiers du chanoine Jean-Claude Girault de Cambronne (1727-1805), le 10 novembre 1814, et épousé, le 23 novembre suivant, Mélanie-Joséphine Duflot (1795-1857), âgée d’à peine 19 ans, qui lui apporta en dot deux maisons situées à Laon, place du Marché.
Tout Laon se souvenait du grand-père paternel de Jules Husson-Fleury, Antoine Husson (1755-1820), le premier surnommé « Fleury » par ses compatriotes – pour une cause ignorée -, un boulanger qui se distingua par son civisme lors de la Révolution.
Les parents de sa mère, Mélanie-Joséphine Duflot, étaient honorablement connus dans la ville et aux alentours : son père, Jean-Baptiste Duflot, était huissier à Laon ; un oncle, Cyr-Louis Duflot (1752-1832), exerçait les fonctions de curé de Mons-en-Laonnois ; un autre oncle, Nicolas-Joseph-Félix Delvincourt (1765-1846), était réputé pour sa richesse et son avarice.

C’est à Laon que s’écoulèrent les années d’enfance de Jules Husson-Fleury. 


Ses parents n’étaient pas riches : ils furent obligés de vendre leurs trois modestes maisons, en 1824 et en 1825, pour subvenir, en 1826, aux frais d’installation d’un petit commerce de bimbeloterie et à l’achat de la maison où ils l’installaient, place du Bourg, actuelle place du général Leclerc. Ils avaient eu deux enfants avant Jules : Victor-Édouard, le 7 septembre 1815, et Joséphine-Élise, le 30 mai 1817.

44 rue Vinchon, Laon (mai 2019)

Jules Husson-Fleury fut mis au collège, installé depuis 1806 au couvent des Minimes [44 rue Vinchon, occupé par l’armée depuis 1892], ancien couvent des religieux de l’Ordre du Val-des-Écoliers. Il y fut un écolier indiscipliné, préférant l’escalade des vieux remparts et les courses dans la campagne à l’étude des humanités. Retiré du collège en 1835, il se jeta dans la lecture de quelques romans disponibles chez ses parents et joua du violoncelle, mais devint aussi chef de bande dans les rues de la ville. Un jour de l’été 1838, il quitta Laon sans prévenir personne et débarqua à Paris, avec l’idée de devenir libraire.

59 quai des Grands-Augustins, Paris VI (1911)
Photographie Archives de Paris

Un parent, chez lequel il s’était réfugié, lui trouva une place de commis chez Étienne-Charles-Édouard Legrand (1811-1871) et Jules-Napoléon Bergougnoux, qui avaient succédé, le 24 août 1834, à la veuve de Charles Bechet (1794-1829), Louise-Marie-Julienne Bechet (1801-1880), 59 quai des Grands-Augustins [VIe], devant le Pont-Neuf :

« La maison où j’entrais avait pour enseigne “ Librairie de commission ” ; en effet, les malheureux employés n’étaient que de simples commissionnaires.
Pour me former, on me donna, le même jour, un gros paquet à porter aux Messageries, et le garçon de magasin ayant placé sur mon dos ce qu’il appelait le baluchon, je partis, la tête basse, écrasé sous son poids. Je n’avais pas franchi les premières marches du Pont-Neuf, que je laissai tomber le paquet sur le parapet, me demandant, les larmes aux yeux, comment j’arriverai à la rue du Bouloir avec un si lourd fardeau. […]
Au bout de quelques mois, je fus initié aux rouages de la librairie, car déjà j’avais été chargé d’acheter des ouvrages de toute nature ; livres classiques et livres de science, livres de droit et de médecine, livres de théologie et livres licencieux, livres utiles et livres inutiles. Je les lisais à peu près comme se nourrissent les gens qui sont chargés de gaver les pigeons au marché de la Vallée. Tous ces ouvrages me passaient par les mains comme le millet passe par la bouche des nourrisseurs avant d’entrer dans le bec des pigeons. […]
La lecture des catalogues, vers huit heures du soir, nous servait de délassement et de repos. Il fallait se fixer dans la mémoire des milliers de titres de livres, retenir non-seulement le nom de l’éditeur, mais l’année de la publication, le prix de vente et la remise d’usage. »
(Champfleury. Souvenirs et portraits de jeunesse. Paris, E. Dentu, 1872, p. 72-74)   

Comme la lecture était interdite aux commis de librairie, il lisait « de côté » les romans qu’il transportait, en coulant un regard entre les feuillets, ne pouvant que trancher les marges verticales des volumes, les tranches horizontales devant être respectées. Dans cette librairie, il fit la connaissance du peintre Antoine Chin treuil (1814-1873), commis comme lui. 

15 quai Malaquais, Paris VI

Il habitait alors une chambre dans les combles du petit hôtel de Chimay, 15 quai Malaquais [VIe], et commença sa bibliothèque par la « Bibliothèque bleue » et des biographies d’hommes célèbres, qu’il trouvait sur les quais.

Vers la fin de l’année 1840, son père, qui avait démissionné de son poste de secrétaire de mairie pour une injustice dont il avait été témoin, le rappela à Laon, pour l’aider à la fondation du Journal de l’Aisne : son frère aîné, Victor-Édouard Husson-Fleury, avait été breveté imprimeur le 24 novembre 1840. Jules Husson-Fleury assista alors au mariage de sa sœur, le 30 décembre 1840 à Laon, qui épousa Joseph-Floride Huriez, né à Fontaine-lès-Vervins [Aisne] le 25 septembre 1816, professeur à l’école normale et futur libraire, et à celui de son frère aîné, imprimeur, le 7 septembre 1841 à Berry-au-Bac [Aisne], avec une « bourgeoise », Marie-Louise-Victorine Cheverny, fille de notaire, née le 21 novembre 1820 à Longueval [Les Sept vallons, Aisne].
La vocation de Jules Husson-Fleury se précisa et, un jour de l’été 1843, il regagna Paris et retrouva ses amis de bohème. Il rencontra le sculpteur Joseph Des brosses (1819-1844), dit « Christ », et son frère, le peintre Léopold Des brosses (1821-1908), dit « le Gothique », qui avaient fondé, vers la fin de 1841, la « Société des buveurs d’eau », 81 rue d’Enfer [rue Bleue, IXe]. Il se lia avec l’écrivain Henri Murger (1822-1861) et partagea une chambre avec lui, à partir de septembre 1843 et pendant trois mois, 64 rue de Vaugirard [VIe] :

« Il y a neuf ans, nous demeurions ensemble, et nous possédions à nous deux soixante-dix francs par mois. Pleins de confiance dans l’avenir, nous avions loué rue de Vaugirard un petit appartement de trois cents francs. – Le [sic] jeunesse ne calcule pas. - Tu avais parlé à la portière d’un mobilier si somptueux, qu’elle te loua sur ta bonne mine, sans aller aux renseignements. Mais combien cette brave dame tressaillit à l’emménagement !
Tu apportais six assiettes dont trois en porcelaine, un Shakespeare [sic], les œuvres de Victor Hugo, une commode hors d’âge et un bonnet phrygien ; par le plus grand des hasards j’avais deux matelas, cent cinquante volumes, un fauteuil, deux chaises et une table, de plus une tête de mort.
L’idée du divan t’appartient, je le reconnais : cette idée était déplorable. On scia les quatre pieds d’un lit de sangle, qui, de cette façon, toucha terre. Par suite de ces arrangements, le lit de sangle ne servit plus de rien. La portière eut pitié de nous et nous prêta un second lit de sangle qui meubla ta chambre avec divers souvenirs pleins de poussière que tu accrochas au mur. C’étaient un gant de femme, un loup de velours, et je ne sais quels objets qui embaumaient l’amour. […]
Beaux temps ! où de notre petit balcon nous voyions, de tout le jardin du Luxembourg, un arbre, et encore il fallait se pencher ! »
(Champfleury. Contes d’Automne. Paris, Victor Licou, 1854, p. 175-176)

Café Momus, par Thomas Shotter Boys (1833, détail)

Il rencontra aussi le poète Charles Baudelaire (1821-1867), le peintre Gustave Courbet (1819-1877) et le caricaturiste – futur photographe – Félix Tourna hon (1820-1910), dit « Nadar », au Café Momus, 19 rue des Prêtres-Saint-Germain-l ’Auxerrois [Ier], voisin des bureaux du Journal des Débatspolitiques et littéraires, qui se trouvaient au n° 17. Tous les jours, il étudiait plusieurs heures à la Bibliothèque royale. Pour gagner sa vie, il devint journaliste et publia des nouvelles, des critiques et des romans – qu’il fera éditer ensuite en volumes -, dans : 

Photographie BnF

Le Tam-Tam. Magasin hebdomadaire de littérature, d’arts, de sciences et d’industrie, journal où il publia son premier article, « Les Canards en peinture », le 29 octobre 1843, qu’il signa « Cabrion » ; Journal de l’Aisne, où son premier article paru le 25 février 1844, signé « J. Fleury » ; L’Artiste. Beaux-Arts et Belles-Lettres, dirigé par Arsène Houssaye (1814-1896), un compatriote de l’Aisne, où son premier article paru le 12 mai 1844, signé « J. Fleury » ; LeCorsaire-Satan, où il publia son premier article le 8 décembre 1844, signé « J. Fleury » [Le Corsaireétait devenu Le Corsaire-Satan le 7 septembre 1844] ; Le Commerce. Journal politique et littéraire (1846), La Silhouette(1846), L’Époque (1846), Le Magasin littéraire (1846), Le Salut public (1848), Bonhomme Richard. Journal de Franklin (1848), L’Événement(1848), Le Pamphlet (1848), Bulletin de la Société des Gens de Lettres (1848), Messager des théâtres et des arts (1848), La Semaine (1848), L’Illustration (1849), Le Magasin des familles(1849).

En 1845, sur la suggestion d’Arsène Houssaye, Jules Fleury prit le pseudonyme de « Champfleury », utilisé la première fois le 16 février 1845 dans L’Artiste, gagnant ainsi à ne plus être confondu avec un homonyme, rédacteur à La Démocratie pacifique. Journal des intérêts des gouvernements et des peuples.
En 1846, Champfleury entra à la Société des Gens de lettres. L’année suivante, successivement en janvier, mars et juin, il fit éditer des nouvelles, parues tout d’abord en 1845 dans Le Corsaire-Satan : 


Chien-Caillou. Fantaisies d’hiver (Paris, Martinon, 1847, in-12), qui attira l’attention du public et de la critique et qui fut le point de départ de sa fortune littéraire ; Pauvre Trompette. Fantaisies de printemps (Paris, Martinon, 1847, in-12) ; Feu Miette. Fantaisies d’été (Paris, Ferdinand Sartorius et Martinon, 1847, in-12) ; les Fantaisies d’automne, annoncées dès janvier, ne paraîtront pas.


En août 1848, il est installé 3 rue d’Arcole [IVe], en face du quartier qui sera détruit vers 1865 pour y construire le nouvel Hôtel-Dieu ; 

9 rue Champollion, Paris V

en automne, il déménagea pour habiter avec le peintre - futur fabricant de jouets - Alexandre Schanne (1823-1887), 9 rue des Maçons-Sorbonne [rue Champollion, Ve].

Rue Hautefeuille, Paris VI. Photographie Charles Marville (septembre 1866)
  Au fond, la rue de l'Ecole de Médecine
A droite, d'avant en arrière : Brasserie Andler au 28 ; Librairie P.-T. Barrois au 30 ; atelier de Courbet au 32, au débouché de la rue Pierre Sarrazin

À partir de 1848, les réunions du cénacle réaliste eurent lieu à la Brasserie Andler, 28 rue Hautefeuille [VIe] : elle avait succédé à la librairie de Joseph Derenne, qui y était demeuré depuis 1831.

Théâtre des Funambules, par Adolphe Potémont,(1862)
Musée Carnavalet

Les pantomimes de Champfleury, représentées sur le Théâtre des Funambules, ouvert en 1816 boulevard du Temple [XIe, détruit, niveau du n° 52], attirèrent également l’attention : Pierrot Valet de la Mort (1846), Pierrot Pendu et Pierrot Marquis (1847), La Reine des Carottes (1848), Les Trois Filles à Cassandre (1849).

Parmi les maisons d’édition parisiennes qui créèrent à cette époque des collections à la fois économiques et splendides, dans le but d’éduquer le peuple, Pierre Bry (1822-1864), dit « J. Bry Aîné », ouvrit en 1849 « Les Veillées littéraires illustrées », où Champfleury publia, en 1850, Les Comédiens de Province. Les Noireau 


et les Confessions de Sylvius.

Le 12 octobre 1850, Champfleury déménagea au 21 rue Notre-Dame-de-Recouvrance [IIe]. Ses publications se poursuivirent : Contes (Paris, Michel Lévy frères, 1851, in-12), 


Les Excentriques (Paris, Michel Lévy frères, 1852, in-12), Contes vieux et nouveaux (Paris, Michel Lévy frères, 1852, in-12), Contes domestiques (Paris, Victor Licou, 1852, in-18), Contes de Printemps. Les Aventures de Mademoiselle Mariette (Paris, Victor Licou, 1853, in-12), 


Contes d’Été (Paris, Victor Licou, 1853, in-12), 


Les Oies de Noël (Paris, L. Hachette et Cie, 1853, in-18), Contes d’Automne (Paris, Victor Licou, 1854, in-12), 


Madame d’Aigrizelles (Bruxelles, Alphonse Lebesgue, 1854, in-18), 


Les Bourgeois de Molinchart (Paris, Lochard-Davi et De Vesse, 1855, 3 vol. in-8), 


Les Deux Cabarets d’Auteuil. Un inventeur de Province(Paris, G. de Gonnet et Martinon, 1855, in-32, 6 vigne.), Les Grands Hommes du ruisseau (Paris, Michel Lévy frères, 1855, in-4), Contes choisis(Bruxelles et Leipzig, Kisling, Schène et Compile, 1855, in-32), 


Contes posthumes d’Hoffmann (Paris, Michel Lévy frères, 1856, in-12), Grandeur et décadence d’une Serinette (Paris, Edmond Blanchard, 1857, pet. In-8 carré, 6 grave. h.-t., 49 vignes. in-t.), Monsieur de Boisdhyver (Paris, Alexandre Cadot, 1857, 5 vol. in-8), Les Propos amoureux (Bruxelles, Méline, Cans et Compagnie, 1857, in-32), La Bohème amoureuse (Bruxelles, Méline, Cans et Compagnie, 1857, in-32), La Succession Le Camus (La Haye, héritiers de Doormann, 1857, 2 vol. in-32), Histoire de Richard Loyauté et de la Belle Soubise (Bruxelles, Méline, Cans et Compagnie, 1857, in-32), 


Le Réalisme (Paris, Michel Lévy frères, 1857, in-12), Les Souffrances du professeur Delteil (Paris, Michel Lévy frères, 1857, in-12).   

Portrait de Champfleury (vers 1855)
Photographie Nadar. Paul Getty Museum

Champfleury collabora à de nombreux autres journaux et revues : L’Ordre (1850), Le Pouvoir(1850), Le National (1850), Le Messager de l’Assemblée. Journal du Soir (1851), Le Pays (1851), Semaine théâtrale. Revue artistique, littéraire et musicale (1851), Revue de Paris (1852), Athenaeum (1853), Revue et Gazette musicale (1853), Le Spectateur (1854), Gazette musicale (1854), La Presse (1854), Archives de l’art français (1855), Revue des Deux Mondes (1855), Le Figaro (1856), Journal pour tous (1856), Revue contemporaine(1857), La Chronique (1857).

Sa pantomime Les Deux Pierrots (1851) fut représentée aux Galeries des Associations des peintres et des musiciens, boulevard de Bonne-Nouvelle [IIe]. 

Il publia également d’excellentes études : Essai sur la vie et l’œuvre des Lenain, peintres laonnois(Laon, Imprimerie Éd. Fleury et Ad. Chevergny, 1850, in-8, portr.), Les Peintres de Laon et de Saint-Quentin. De La Tour (Paris, Didron et Dumoulin, 1855, in-8).

23 rue Germain Pilon, Paris XVIII (avril 2019)

En 1858, il s’installa au 2eétage d’un immeuble construit en 1840, 23 rue Neuve-Pigalle [rue Germain Pilon, XVIIIe]. La pièce principale, la salle à manger, était réservée aux faïences populaires patriotiques de la Révolution, 


que les Anglais ont gravées dans The Illustrated London News (vol. XLV, 6 août 1864, p. 156). Champfleury était plus bouquineur que bibliophile :

« La bibliothèque est bourrée de livres d’étude qui ne tenteraient guère un bibliophile ; ils sont tous brochés, fatigués, et ne descendent de leurs rayons que pour jouer leur rôle utile et intelligent sur un immense bureau chargé de brochures, de papiers et de ficelles ; car M. Champfleury a l’amour des paquets, et son orgueil ne connaît pas de bornes quand il termine un envoi quelconque par le fameux nœud de libraire qu’il a appris dans sa jeunesse, chez les éditeurs du quai des Augustins. »
(La Petite Revue, samedi 2 décembre 1865, p. 27)

Les publications de Champfleury se succédèrent : Les Premiers Beaux Jours (Paris, Michel Lévy frères, 1858, in-12), 


L’Usurier Blaizot (Paris, Michel Lévy frères, 1858, in-12), 




Les Amoureux de Sainte-Périne (Paris, Librairie Nouvelle, A. Bourdilliat et Cie, 1859, in-12), Les Sensations de Josquin (Paris, Michel Lévy frères, 1859, in-12), 


Œuvres nouvelles de Champfleury. Les Amis de la Nature (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1859, in-12, front.), La Mascarade de la vie parisienne (Paris, Librairie Nouvelle, A. Bourdilliat et Cie, 1860, in-12), 


Chansons populaires des Provinces de France (Paris, Librairie Nouvelle, Bourdilliat et Cie, 1860, in-4, front., vign.), en collaboration avec Jean-Baptiste Wekerlin (1821-1910) pour la partie musicale, Œuvres nouvelles de Champfleury. Monsieur de Boisdhyver (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1860, gr. in-12, 4 grav. h.-t.), 


Œuvres nouvelles de Champfleury. La Succession Le Camus (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1860, gr. in-12, front.), 


Œuvres illustrées de Champfleury. Les Souffrances du professeur Delteil (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1861, in-12, 4 grav. h.-t.), 


Œuvres illustrées de Champfleury. Grandes figures d’hier et d’aujourd’hui (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1861, in-12, front.), 

Photographie Librairie Prisca

De la littérature populaire en France. Recherches sur les origines et les variations de la légende du Bonhomme Misère (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1861, in-8, 200 ex.), 


Œuvres illustrées de Champfleury. Les Aventures de MademoiselleMariette (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1862, gr. in-12, 4 grav. h.-t.), 

Photographie Librairie du Cardinal

Le Violon de faïence (Paris, J. Hetzel, Librairie Claye, s. d. [1862], in-12) – nouvelle publiée dans 6 numéros de La Presse, du 26 novembre au 4 décembre 1861 -, 


Les Bons Contes font les bons amis (Paris, Truchy, s.d. [1864], gr. in-8, vign.), Les Demoiselles Tourangeau (Paris, Michel Lévy frères et Librairie Nouvelle, 1864, in-12), 


Histoire de la caricature antique (Paris, E. Dentu, 1865, in-12, 21 vign. h.-t., 38 vign. in-t.), 


Histoire de la caricature moderne(Paris, E. Dentu, 1865, in-12, 20 vign. h.-t., 65 vign. in-t.), 


Monsieur Tringle (Paris, E. Dentu, 1866, in-18, carte).   

D’autres journaux et revues bénéficièrent de la collaboration de Champfleury : Bulletin de la Société académique de Laon (1858), L’Univers illustré (1858), Le Moniteur(1859), L’Yonne (1859), L’Opinion nationale (1859), Revue internationale (1859), Almanach de Jean Raisin (1859), Courrier de Paris (1860), Gazette des beaux-arts (1860), Revue fantaisiste(1861), L’Orphéon (1861), L’Actualité (1861), Revue universelle des arts (1861), Chronique des arts (1862), Courrier artistique (1862), Le Boulevard (1862), Le Monde illustré(1863), La Vie parisienne (1863), Revue nouvelle (1864), Le Moniteur (1864), Nouvelle Revue de Paris (1864), Courrier des beaux-arts (1864), Revue germanique (1864), Revue française(1865), L’Orphéon illustré (1865), Union des arts (1865), Union des arts appliqués à l’industrie (1865), La Sylphide (1865), Le Grand Journal (1865), Le Nain jaune (1865), Revue des provinces(1865), Courrier de l’Aisne (1865), Fantaisies parisiennes(1865), Revue du XIXe siècle (1866), L’Étendard (1866).

In Le Monde illustré, 9 décembre 1865, p. 372

LaPantomime de l’avocat (1866) fut représentée sur le Théâtre des Fantaisies parisiennes, installé dans la salle Martinet, 26 boulevard des Italiens [IXe], le jour de son inauguration, le samedi 2 décembre 1865 : elle eut les honneurs de la soirée, les acteurs ayant enlevé cette farce amusante de manière à ne pas laisser les rires se tarir un seul instant.

« Le directeur de ce nouveau petit théâtre, M. Champfleury, qui a su se créer dans les lettres une place si honorable et gagner la sympathie de tous ses lecteurs, a pris l’initiative d’une innovation, qu’il espère voir imiter par tous les autres directeurs. Elle consiste dans l’abolition de la claque, cette plaie des théâtres de Paris. Le premier soir, cette suppression a jeté un peu de froid dans la salle : le public, habitué à entendre applaudir pour lui, ne bougeait pas. Il lui a fallu quelque temps avant de se remettre de sa surprise en reconnaissant qu’on le laissait maître d’exprimer sa satisfaction en applaudissant, ou son déplaisir en se taisant. Mais quand on a su à quoi s’en tenir, les applaudissements ne se sont plus fait attendre ; l’essai a donc pleinement réussi, et tout le monde doit s’en féliciter. »
(Henri Vignaud. « Revue dramatique ». In Le Mémorial diplomatique, dimanche 10 décembre 1865, p. 805)

D’autres études érudites suivirent : Richard Wagner (Paris, Librairie Nouvelle, A. Bourdilliat et Ce, 1860, in-8), Les Peintres de la réalité sous Louis XIII. Les Frères Le Nain (Paris, Vve Jules Renouard, 1862 [1863 sur la couv.], in-8).

Enfin, le 17 juillet 1867, dans sa 46e année, Champfleury épousa Marie-Élisabeth Pierret, âgée de 32 ans, née à Paris le 14 décembre 1834, filleule du peintre Eugène Delacroix (1798-1863) et fille de Jean-Baptiste Pierret (1795-1854), chef de bureau à l’administration des communes au ministère de l’Intérieur, et de Marguerite-Jeanne-Aimée Heidinger (° 1797) :

« En me présentant à elle, il me fit remarquer qu’ils avaient même nez, - de ces nez qui rejoignent le menton et n’engendrent pas la mélancolie. – Elle avait même mention… de galoche et de sa douceur féline, à lui, dans les yeux. »
(Jules Troubat. Une amitié à la d’Arthez. Paris, Lucien Duc, 1900, p. 193-194).

Parmi les témoins du mariage se trouvaient le baron Félix-Sébastien Feuillet de Conches (1798-1887), maître des cérémonies de Sa Majesté impériale, introducteur des ambassadeurs, commandeur de la Légion d’honneur, 73 rue Neuve-des-Mathurins [rue des Mathurins, IXe] ; François-Auguste Veyne (1813-1875), médecin des écrivains et des artistes, 18 quai des Orfèvres [Ier] ; Édouard Manet (1832-1883), artiste peintre, 49 rue Saint-Pétersbourg [VIIIe] ; Frédéric Villot (1809-1875), secrétaire général des musées impériaux, officier de la Légion d’honneur, 26 rue de la Ferme-des-Mathurins [rue Vignon, IXe].
Les nouveaux époux allèrent passer leur lune de miel à Étretat [Seine-Maritime].

Dès leur mariage, ils emménagèrent au 20 rue de Bruxelles [IXe]. Le 14 août 1867, Champfleury fut nommé chevalier de la Légion d’honneur. Ses enfants, Édouard, dit « Champ », et Marie-Élisabeth, naquirent respectivement le 10 mai 1868, à Paris, et le 2 août 1870 à Vorges [Aisne].

Au moment du siège de Paris, en 1870, Champfleury, sa femme, ses enfants et sa belle-mère s’installèrent d’abord à Sauternes [Gironde], puis, au mois de novembre, à Saint-Macaire [Gironde].

Les publications de Champfleury furent complétés par : Ma tante Péronne (Paris, Achille Faure, 1867, in-12), 


Histoire des faïences patriotiques sous la Révolution(Paris, E. Dentu, 1867, in-8, 28 grav. h.-t., 50 vign. in-t.), 


L’Hôtel des commissaires-priseurs (Paris, E. Dentu, 1867, in-12, front.), La Comédie académique. La Belle Paule (Paris, Librairie internationale et A. Lacroix, Verboeckhoven & Ceà Bruxelles, Leipzig et Livourne, 1867, in-8), 


Œuvres illustrées de Champfleury. Les Oies de Noël (Paris, Administration, 1867, in-4, 7 grav.), Cabinet de M. Champfleury. Faïences historiques(Paris, mars 1868, in-8, 4 vign.), 


Les Chats (Paris, J. Rothschild, 1869, in-8, front., 15 h.-t., 36 vign. in-t.), qui lui valurent le qualificatif d’ « historiogriphe », par allusion à François-Augustin Paradis de Moncrif (1687-1770), historiographe de France auteur d’un ouvrage sur les chats, 

Photographie BnF

Histoire de l’imagerie populaire (Paris, E. Dentu, 1869, in-12, front., 26 grav. h.-t., 11 grav. in-t.), Les Oiseaux-Chanteurs des bois et des plaines (Paris, J. Rothschild, 1870, in-8, 11 vign. h.-t., 6 vign. in-t.), 


L’Avocat Trouble-Ménage (Paris, E. Dentu, 1870, in-12).

De nouveaux articles parurent dans Paris-Guide (1867), Journal de l’Instruction publique(1867), Revue des Lettres et des Arts (1867), Paris-Magazine(1868), Bulletin de laSociété des Gens de lettres (1868), Le Petit Journal (1868), Journal de la Librairie (1868), Le Bibliophile français (1868), L’Éclair (1868), Le Siècle(1868), Le Dix Décembre (1869), Journal de Paris (1869), Le Parlement (1869), La Province [de Bordeaux] (1870), Le Diable(1870), Le Constitutionnel (1870), Le Moniteur universel (1870), Paris-Journal(1870), La Vérité (1871), La Constitution (1871), Courrier de France (1871).

Son Histoire des faïences patriotiques sous la Révolution lui valut d’être nommé, le 14 mars 1872, titulaire de la place de chef des collections à la manufacture nationale de Sèvres [Hauts-de-Seine], devenue vacante par la mort de Denis-Désiré Riocreux (1791-1872). 
Il s’installa dans un pavillon à deux étages, au milieu de la grande cour de la manufacture, en face du logement de la Direction.

Le lundi 22 juin 1874, tandis que Champfleury assistait aux obsèques de Jules Janin (1804-1874), en l’église de Passy [XVIe], sa fille jouait avec des allumettes, à Sèvres : le feu prit à ses vêtements et, atrocement brûlée, elle mourut le surlendemain.

La Nouvelle Manufacture de Sèvres
In La Mosaïque, 1875 
La nouvelle manufacture de Sèvres
 In La Nature, 2 décembre 1876, p. 77

En 1875, Champfleury présida au transfert des collections du musée de l’ancienne manufacture [devenue École normale supérieure de jeunes filles en 1881, actuellement Centre international pédagogique, 1 avenue Léon Journault] à la nouvelle manufacture, édifiée par l’architecte Alexandre Laudin (1810-1885) et inaugurée le 17 novembre 1876 [Manufacture et Musée national de céramique, place de la Manufacture].
Entre temps, Champfleury avait été nommé, le 15 mai 1876, conservateur du Musée et des collections céramiques, et Marie-Élisabeth Pierret était morte de chagrin le 19 septembre 1876. La vie de Champfleury était brisée.

« Debout dès l’aube, enveloppé d’une houppelande, coiffé d’un fez rouge, il se mettait à sa table. Avant d’être tout à fait à Sèvres, il se mettait à ses études littéraires et scientifiques. Tout le temps que durait son travail, il bourrait et allumait sa pipe de merisier et il ne la quittait guère que pour brûler quelques cigarettes de Maryland. Champfleury adorait le tabac sous toutes ses formes. C’était, d’après ses comptes, un excellent client pour la buraliste de Sèvres. Mais ce grand fumeur devant la Régie, ne se payait, dehors, que quelques cigares à bin marché, dont l’approvisionnement ne dépassait pas cinquante centimes par jour.
Champfleury adorait aussi les fleurs, mêlant leur parfum à celui de la nicotine. Presque toujours, sur sa table de travail, la tige d’un œillet ou d’une rose trempait dans un verre d’eau. Il aimait offrir aux dames des bouquets de violettes et portait souvent une gerbe sur la tombe de sa femme, dont la perte lui avait été si cruelle. […]
L’auteur du Cabaret pour ma tante Peronneétait très sobre et se contentait d’une nourriture frugale que lui préparait Rose Bichon, sa femme de ménage, bonne à tout faire, qui n’était ni une camériste, ni un cordon bleu. […] Son déjeuner se composait de deux œufs. Il buvait un doigt de vin. Le soir, son dîner était servi dans des assiettes de Lorraine avec du vin d’Algérie dans un vieux broc à devise rabelaisienne. Rarement il traitait chez lui. Quelquefois le vendredi, pour échapper au maigre, il rejoignait des amis dans un restaurant à prix fixe. […]
Trois fois par semaine, comme l’indiquent ses cahiers, Champfleury prenait le bateau et allait à Paris pour se dégourdir les jambes de ses longues séances devant son bureau. Lorsque le graveur Bracquemond ou le romancier Cladel ne faisaient pas le trajet en causant gaîment avec lui, son indomptable timidité lui faisait fuir la foule. Se plaçant à l’arrière, il observait, étudiait des types et, pour se souvenir de ses impressions, crayonnait une note sur son calepin […]
Puis, pour être un bon conservateur, il faut être sans cesse sur la brèche, en quête de bonnes pièces. Alors il se mettait en wagon, battait la France pour dénicher des oiseaux rares, visitait Moulins, Nevers, Rouen, où il rencontrait son digne émule Gaston Gouellain [i.e. Gustave Gouellain (1836-1897)], le grand collectionneur de céramique. Quelquefois il partait pour Laon voir son frère Edouard Fleury […]
Ce qui le ravissait surtout, c’étaient les fêtes de Saint-Cloud et de Neuilly avec ses musées de cire, ses chevaux de bois et ses barraques de saltimbanques qu’il fréquentait en vrai badaud. Il se trouvait dans un milieu qui l’intéressait pour ses études. Perdu dans la foule, il se réjouissait avec elle. » [sic]
(Paul Eudel. « Le Budget de Champfleury ». In Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique. Paris, N° 32 - Février 1903, p. 64-67)   

Aglaüs Bouvenne (1829-1903) avait gravé pour Champfleury quatre ex-libris à l’eau-forte, dont un seul est daté et dont l’inspiration est la même : figurent au premier plan un champ fleuri et un miroir ovale posé à terre, portant le mot « VERITAS » et symbolisant le réalisme de l’auteur.


Le premier [75 x 58 mm], non signé, représente un paysage, au fond duquel on distingue la cathédrale de Laon et la silhouette de la ville ; un champ fleuri occupe le premier plan et le miroir, vers la gauche, est posé au bord d’un chemin sur lequel on lit « FAIS CE QUE DOIS ».



Le deuxième [75 x 58 mm] est le même que le premier, sauf qu’il porte la signature du graveur en bas à droite et la mention « EX LIBRIS CHAMPFLEVRY » à la place de la devise « FAIS CE QUE DOIS » ; miroir vers la gauche.


Le troisième [69 x 51 mm] porte la signature du graveur en bas à gauche, suivie de la date de 1874, et la mention « EX LIBRIS CHAMPFLEVRY » ; le champ fleuri occupe la plus grande partie du sujet et la cathédrale de Laon semble n’être qu’un souvenir à l’horizon ; miroir vers la droite.


Sur le quatrième [67 x 49 mm], non signé, les fleurs largement épanouies du champ fleuri envahissent tout l’ex-libris et la cathédrale a disparu ; la mention « EX LIBRIS CHAMPFLEURY » ne traîne plus sur le chemin, mais est montée au ciel ; miroir vers la droite.



Jules Adeline (1845-1909) grava un cinquième ex-libris [95 x 140 mm] pour Champfleury, qu’il a signé : un lion assis, en faïence de la manufacture de Sèvres, tient sous sa patte droite un médaillon avec le portrait de Champfleury.

Les dernières publications de Champfleury furent : 


Histoire de la caricature au Moyen Age (Paris, E. Dentu, 1872, in-12, front., 22 vign. h.-t., 86 vign. in-t.), Les Enfants. Éducation. Instruction (Paris, J. Rothschild, 1872, in-12), Souvenirs et portraits de jeunesse (Paris, E. Dentu, 1872, in-12), Madame Eugenio(Paris, Charpentier et CIE, 1874, in-12), 



Histoire de la caricature sous la République, l’Empire et la Restauration (Paris, E. Dentu, 1874, in-12, front., vign. h.-t. et in-t.), 


Contes de bonne humeur. Le Secret de M. Ladureau (Paris, E. Dentu, 1875, in-12), La Pasquette(Paris, Charpentier et Cie, 1876, in-12), 


Contes de bonne humeur. La Petite Rose (Paris, E. Dentu, 1877, in-12), 


Histoire de la caricature sous la Réforme et la Ligue. Louis XIII à Louis XVI (Paris, E. Dentu, 1880, in-12, front., 39 vign. h.-t., 36 vign. in-t., 1 pl. double h.-t.), Bibliographie céramique (Paris, A. Quantin, 1881, in-8), Contes de bonne humeur. Surtout n’oublie pas ton parapluie (Paris, E. Dentu, 1881, in-12), Fanny Minoret (Paris, E. Dentu, 1882, in-12), 

Photographie Librairie des Carrés

Les Vignettes romantiques(Paris, E. Dentu, 1883, in-4, 9 grav. h.-t. sur Japon, vign. h.-t. et in-t.), La Comédie de l’apôtre (Paris, E. Dentu, 1886, in-12), Histoire et description des trésors d’art de la manufacture de Sèvres (Paris, Plon, in-4), Les Drames du faubourg Saint-Marceau : Claire Couturier(Paris, 1887, in-32), Les Drames du faubourg Saint-Marceau : La Fille du chiffonnier (Paris, 1887, 3 vol. in-32), 

Photographie Librairie Magnasco, Buenos Aires

Le Musée secret de la caricature (Paris, E. Dentu, 1888, in-18, front., 15 grav. h.-t., 50 vign. in-t.), 



Contes choisis (Paris, Maison Quantin, 1889, gr. in-8, ill.).

Il ne cessa pas de collaborer à d’autres journaux et revues : La Renaissance (1872), Musée universel (1872), Le Rappel (1873), Chronique musicale(1873), Le Théâtre (1874), Journal officiel (1875), L’Art (1875), La Gazette (1876), L’Entr’acte (1877), Chronique de la Société des Gens de Lettres (1877), Revue de la semaine (1877), Musée des familles (1877), Moniteur du bibliophile (1878), La Vie littéraire (1878), Miscellanées bibliographiques (1879), Le Livre(1880), La Bretagne pittoresque, artistique et littéraire (1880), La Nouvelle Revue (1881), L’Étoile française (1881), Courrier de l’art (1882), Le Voltaire (1882), Bulletin du bibliophile(1883), Revue des arts décoratifs (1887), Paris illustré (1887), Revue de Paris et de Saint-Pétersbourg (1887), Paris-Croquis (1888), Le Semeur (1888), Le Magasin pittoresque (1889), La Patrie(1889), L’Intermédiaire (1890), L’Amateur d’autographes (1890).

Champfleury publia encore : 



La Vie et l’Œuvre de Chintreuil (Paris, Cadart, 1874, in-4, 40 grav.), avec les critiques d’art Albert de La Fizelière (1819-1878) et Frédéric Henriet (1826-1918) ; Documents pour servir à la biographie de Balzac(Paris, 1875-1878-1879, 3 brochures in-32, 150-200-400 ex.) ; Catalogue de l’œuvre lithographié et gravé de H. Daumier (Paris, Librairie parisienne, H. Heymann et J. Perois, 1878, pet. in-4, front., 100 ex.) ; Œuvres de Max Buchon (Paris, Sandoz et Fischsbacher, 1878, 3 vol. in-12) ; Henry Monnier, sa vie, son œuvre (Paris, E. Dentu, 1879, gr. in-8, front., 63 vign. h.-t., 3 pl. doubles h.-t., 34 vign. in-t.) ; Nouvelles études sur l’art et la littérature romantiques. Le Drame amoureux de Célestin Nanteuil (Paris, Dentu et Cie, 1887, in-4, 100 ex. numérotés et signés).


Le dernier volume dont l’impression fut faite du vivant de Champfleury est le catalogue de l’œuvre d’Auguste Bouquet : Le Peintre ordinaire de Gaspard Deburau (Paris, Imprimerie de l’Art, 1889, in-8, portr. h.-t., vign., 120 ex.).

Administrateur-adjoint de la fabrique de Sèvres, tout en conservant ses fonctions au Musée, depuis le 15 juillet 1887, Champfleury mourut à Sèvres le 6 décembre 1889, l’une des premières victimes de la grippe épidémique, d’origine russe, qui affecta 40 % de la population mondiale avec une mortalité élevée chez les enfants et les vieillards. 


Il fut inhumé au cimetière des Hautes-Bruyères, à Sèvres, le 8 décembre, sous les premières neiges, à côté du graveur Rodolphe Bresdin (1822-1885), dit « Chien-Caillou », qui avait été inhumé dans la fosse commune du cimetière.

Ses faïences, ses tableaux, ses livres, sa collection d’estampes et sa collection d’autographes furent vendus aux enchères, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot :

Les lundi 28 et mardi 29 avril 1890, salle n° 5 : Catalogue de la collection de faïences patriotiques et de tableaux anciens et modernes dépendant de la succession de Champfleury(Paris, Imprimerie de l’Art, 1890, pet. in-4, 93 p., 35 grav.). Préface de Paul Eudel. Tirage de 8 exemplaires numérotés sur Japon et de 8 exemplaires numérotés sur Hollande.

« La vente Champfleury, qui ne contenait qu’une partie des faïences patriotiques de sa collection, a produit 21,000 francs. Voici les gros prix obtenus : Un pot avec figures de noble, de prêtre et de paysan, Vive la Nation ! 215 fr. Faïence patronymique de Nevers, avec ces mots : Mercier sans culotte, 125 fr. L’Arbre d’amour, saladier polychrome de Nevers, 112 fr. Grand broc polychrome : Une Charte sera désormais une vérité. Buvons à la santé de Louis-Philippe Ier, roi citoyen. 150 fr.
Le Musée Carnavalet et le Musée de Sèvres ont fait de nombreuses acquisitions. Le premier s’attachant aux pièces historiques et le second portant ses choix sur les faïences décoratives.
A citer parmi les principales enchères : une jardinière en vieux Lorraine portant comme devise : Vive le Tiers-Etat, décor vert, au Musée de Sèvres : 420 fr.


Un encrier d’une fabrique d’Auxerre, portant l’inscription : Guerre aux tiran, 270 fr., pour le Musée Carnavalet.
Le Portrait de Paganini, esquisse par Delacroix, a été adjugé 2,305 fr. à M. Chéramy.
Un Ribot, La Ménagère, 1,905 fr., à M. Bernheim. »
(Le Figaro, mercredi 30 avril 1890, p. 3)     

Première de couverture


Quatrième de couverture

Du lundi 15 au jeudi 18 décembre 1890, en 4 vacations, salle n° 7, au premier : Catalogue des livres rares et curieux composant la bibliothèque Champfleury. Avec une préface de Paul Eudel (Paris, Léon Sapin, 1890, pet. in-4, XXI-[1 bl.]-166-[2] p., ill., 967 lots), dont Beaux-Arts [55 lots = 5,68 %], Bibliothèque bleue [30 lots = 3,10 %], La Caricature [44 lots = 4,55 %], Céramique [61 lots = 6,30 %], Chansons populaires [44 lots = 4,55 %], La Danse des morts [13 lots = 1,34 %], Facéties [12 lots = 1,24 %], Histoire [18 lots = 1,86 %], L’Imagerie et les Livres populaires [13 lots = 1,34 %], Journaux [23 lots = 2,37 %], Légendes populaires [24 lots = 2,48 %], Livres illustrés dix-neuvième siècle [30 lots = 3,10 %], Poésies [22 lots = 2,27 %], Romans, contes et nouvelles [40 lots = 4,13 %], Romantiques [218 lots = 22,54 %], Théâtre [24 lots = 2,48 %], Ouvrages variés [158 lots = 16,33 %], Champfleury [138 lots = 14,27 %]. Le Bonhomme Misère sur la première de couverture. Croquis de M. Mayeux, par Taviès, sur la 4e de couverture. Vignette de Daumier sur la page de titre.
Il était permis d’espérer que les bibliophiles trouveraient à cette vente des trésors de science et d’érudition, des pièces rares, ou tout au moins très intéressantes. Il n’en fut rien, la désillusion fut presque complète, et les enchères atteignirent péniblement le chiffre total de 9.325 fr. 50.

4. Beraldi. Les Graveurs du XIXe siècle, guide de l’amateur d’estampes modernes. Paris, 1885, 8 vol. in-8, fig., couv. imp. Manque le tome II. 28 fr.
93. Cayla. Histoire de la caricature politique pendant la Révolution française. Paris, Boyron, [1848], 4 livraisons in-8, fig., couv. imp. – Notes pour la caricature de 1791 à 1793, par Cayla, manuscrit inédit, in-4, 170 p., cart. non rog. 50 fr.
109. Grand-Carteret. Les Mœurs et la Caricature en Allemagne, en Autriche, en Suisse, avec préface de Champfleury. Paris, 1885, in-4, 3 pl. en coul., 20 pl. h.-t., cart., non rog. Sur pap. du Japon, planches en 3 états. 41 fr.

Photographie BnF

114. Jaime. Musée de la caricature, ou Recueil des caricatures les plus remarquables, publiées en France depuis le quatorzième siècle jusqu’à nos jours. Paris, Delloye, 1838, 2 tomes in-4, fig. noires et coloriées, en 1 vol. cart. Manque la table du tome II. 106 fr.


282. Liesville (de). Recueil de bois ayant trait à l’imagerie populaire, aux cartes, aux papiers. Caen, Leblanc-Hardel, 1869, 4 fascicules, in-fol., pap. de Hollande, couv. imp., tirage 50 ex. 44 fr.
379. Glatigny (Albert). Le Fer rouge. Nouveaux châtiments. France et Belgique, 1871, in-8, pap. de Hollande, front. de Rops en 2 états. Demi-mar. rouge, tête dor., non rog., couv. imp. Première édition. 22 fr.
426. Sterne. A sentimental journey through France and Italy by Yorick. The second edition in Germany. Altenburg, Richter, 1776, 2 vol. in-12, portr. de Sterne et 4 grav. par Fügen, cart. 27 fr.
599. Sand (G.) [Jules Sandeau et George Sand]. Rose et Blanche, ou la Comédienne et la Religieuse. Paris, Renault, 1831, 5 vol. in-12, cart. Première édition. Ce roman ne fut jamais réimprimé. 260 fr.
601. Sand (George). Complainte sur la mort de François Luneau, dit Michaud, dédiée à M. Eugène Delacroix, peintre en bâtiments, très connu dans Paris. La Châtre, Imprimerie Arnault, [1834], br. de 8 pages, dérelié. 70 fr.



611. Thierry (Édouard). Les Enfants et les Anges. Paris, Belin, 1833, in-18, 4 vign. par Joseph Thierry, cart. Première édition. Le volume le plus rare de la grande collection romantique. 250 fr.
624. Vignettes romantiques. Remontées sur pap. fort. 302 pièces. 101 fr.
756. Horæ. In-8 de 110 feuillets, 8 grandes miniatures et 1 petite, bordures et 10 grandes lettres en bleu sur fond d’or et ornées d’un bouquet de fleurs, reliure en bois. Incomplet de quelques feuillets. Manuscrit sur vélin de la seconde moitié du XIe siècle, écrit en rouge et noir. 170 fr.
906. Les Vignettes romantiques. 102 fumés sur Chine volant, montés sur pap. fort. 45 fr.
913. Les Souffrances du professeur Delteil. Paris, Michel Lévy, 1857, in-12, cart. non rog., couv. imp. 1 fr. 50 à Émile Delteil [petit neveu du professeur].
935. Le Violon de faïence, nouvelle édition illustrée de 34 eaux-fortes de Jules Adeline, avant-propos de l’auteur. Paris, Conquet, 1885, in-8, br. couv. imp. Ex. tiré pour Champfleury, pap. du Japon contenant 2 états des gravures. 70 fr.



Du lundi 26 au mercredi 28 janvier 1891, en 3 vacations, salle n° 4, au premier : Catalogue des eaux-fortes, lithographies, caricatures, vignettes romantiques, dessins et aquarelles formant la collection Champfleury. Avec une préface de Paul Eudel (Paris, Léon Sapin, 1891, pet. in-4, XXIII-[1 bl.]-127-[1] p., ill., 586 + 5 doubles [bis] = 591 lots). Tirage à part de 100 exemplaires numérotés sur papier vergé et 25 exemplaires non numérotés pour être offerts, avec 14 planches h.-t., dont 4 portraits ou caricatures de Champfleury, et son ex-libris par J. Adeline.
La vente des estampes a dédommagé les amateurs de la vente des livres. En effet, le total des enchères est monté au chiffre respectable de 23.600 francs.


« Hier, à la vente Champfleury, grande bataille à l’Hôtel Drouot entre les amateurs et les marchands d’estampes. Les collectionneurs américains avaient envoyé de nombreuses commissions à leurs représentants ordinaires.
Après quelques escarmouches le feu a été ouvert, sur toute la ligne, pour l’œuvre très complet de Daumier. Les enchères ont atteint des limites inconnues jusqu’ici. On en pourra juger par quelques prix.

Photographie BnF

La célèbre lithographie : Enfoncé Lafayette !épreuve sur chine, a valu 102 fr. 

Photographie BnF

Même prix pour le Ventre législatif, “ aspect des bancs ministériels de la Chambre improstituée de 1834 ”. Les Massacres de la rue Transnonain (15 avril 1834), épreuve à toute marge : 90 francs.
Les lithographies d’Eugène Delacroix ont eu ensuite les honneurs de la séance.


Un premier état sur chine, tiré à 5 ou 6 exemplaires, du Cheval sauvage terrassé par un tigre, a été payé 840 francs par M. Alfred Robaut.

Photographie BnF

Macbeth consultant les sorcières, premier état, avec les salissures sur les quatre côtés, épreuve fort belle : 367 fr.
Le Faust que Goethe trouvait si bien interprété qu’il disait que Delacroix avait surpassé son idée, un in-folio paru en 1828, avec 17 dessins exécutés sur pierre, a été payé 245 francs.
Front de bœuf et le Juif, une lithographie avec des croquis de femmes nues sur les marges, premier état, sur chine, a valu 170 francs.
Et ainsi de suite de 50 à 250 fr. pour le Tigre couché, la Fuite du Contrebandier, le Lion debout, le Christ au Roseau, les seize lithographies d’Hamlet, la Sœur de Duguesclin, le Message, le Portrait du baron Switeret bien d’autres encore, car le catalogue contenait une centaine de numéros au chapitre d’Eugène Delacroix.
Quand les amateurs recherchaient toutes ces pièces, il y a vingt ans, et les payaient de 5 à 10 francs, on criaient qu’ils étaient fous !
Ils étaient cependant bien inspirés puisque Delacroix a monté depuis – encore plus que la rente. »
(Le Figaro, mardi 27 janvier 1891, p. 1)

 « A l’Hôtel Drouot, la seconde vacation des estampes de la collection Champfleury n’a pas été moins animée que la première.
Les enchères ont commencé par les eaux-fortes du graveur Alphonse Legros, très recherchées surtout en Angleterre. Une Affiche du théâtre de Polichinelle aux Tuileries, tirée sur chine, a valu 80 francs ; 

Photographie BnF

la Pêche à la truble, 53 francs ; la Nuit du vagabond, 54 francs ; le Coup de vent, 48 francs. Et le reste à l’avenant.
Parmi les lithographies d’Edouard Manet : le Polichinelle, en couleur, tirage à cinquante exemplaires, a été vendu 70 francs ; l’Enlèvement d’un ballon, en couleur, très rare, 200 francs. 


L’affiche du livre de Champfleury sur les Chats, 112 francs. Ces deux dernières pièces ont été prises, croyons-nous, pour le compte de l’un des grands collectionneurs de New York.
A citer seulement, dans l’œuvre d’Henry Monnier, les cinquante vignettes des Grisettes, avec plusieurs doubles montrant les différentes colorations employées par le créateur du type immortel de Joseph Prudhomme, 150 francs.
La série des vignettes romantiques était surtout remarquable par les cinquante à soixante Célestin Nanteuil. Les eaux-fortes du “ jeune homme moyen âge ”, comme l’appelait Théophile Gautier, ont été fort disputées. Le frontispice et une eau-forte, sur chine, pour Catherine Howard, 153 francs ; 


le frontispice des Jeune France, 130 francs ; trois vignettes pour le Spectacle dans un fauteuil, 251 francs. Quatre planches sur chine pour une édition des œuvres de Victor Hugo que l’éditeur Renduel n’a jamais publiée, 115 francs.
Toutes les fantaisies macabres de la période romantique ont trouvé des acquéreurs empressés ; mais Célestin Nanteuil fait décidément prime sur les Johannot, les Deveria, les Bouchardy et les Camille Rogier.
Notre confrère Paul Meurice était venu compléter son admirable collection des illustrations faites pour les ouvrages de Victor Hugo. »
(Le Figaro, mercredi 28 janvier 1891, p. 2)

« La dernière vacation a eu lieu devant un public d’élite ; la fine fleur des passionnés du dix-neuvième siècle : MM. Paul Brenot, Garnier, Dablin, Roger Marx, Quantin-Bauchart, Pochet-Desroches, le baron Vitta de Lyon, Alfred Piat, notre confrère Paul Meurice.
M. Paul Meurice, toujours à la recherche de ce qui rappelle Victor Hugo, a payé deux eaux-fortes inédites de Rodin, représentant le portrait du maître, 202 francs et 90 francs un autre portrait par Legros qui n’a jamais été mis dans le commerce.
Est-ce l’influence de Thermidor, mais la Révolution est décidément en hausse. Le musée de Carnavalet a profité de l’absence de Victorien Sardou pour se faire adjuger à 90 francs une épreuve coloriée d’une image populaire de M. Lepeletier assassiné le 20 janvier 1793, et à 49 fr. les programmes des fêtes de vendémiaire an X pour l’anniversaire de la République. 


M. Salvator Mayer a pris à 140 francs l’affiche de la Bonne bière de Mars qui n’avait valu que 25 francs à la vente Destailleurs.
Chien-Caillou, le graveur Bresdin, a eu un succès posthume. Une carte de visite dessinée à la plume pour le premier de l’an, 40 francs. Un dessin de Henri Boutet le représentant sur son lit de mort, 60 francs.
Henry Monnier est plus que jamais en faveur. Ses dessins, sépias, aquarelles ont obtenu de belles enchères. 

Photographie Musée Carnavalet

Son portrait pour La Famille improvisée, 220 francs. La Veillée, dans la manière de Bonvin, 260 francs. Un portrait de femme, 189 francs, Le Bain des juges, 140 francs. Le Jour de réception, 239 fr. Le Paralytique, 105 francs.
Ce qui ressort de cette dernière vacation, c’est que rien n’est banal. Tout est document pour l’histoire et pour les arts. Il ne faut rien jeter au panier. Les 150 pièces en couleur de l’imagerie populaire, le Juif-Errant, la Barbe Bleue, Isabeau et Collas, le Monde renversé, M. et Mme Denis, Crédit est mort, éditées jadis à un sol à Metz et à Epinal, recueillies avec soin par Champfleury dans les boîtes des quais, ont été vendues près de deux francs pièce. »
(Le Figaro, jeudi 29 janvier 1891, p. 1)   



Le jeudi 29 janvier 1891, salle n° 4, au premier : Catalogue des autographes composant la collection Champfleury (Paris, Étienne Charavay, 1891, pet. in-4, XX-35-[1] p., ill., 177 lots).
Tirage à part de 100 exemplaires numérotés sur papier vergé, avec titre rouge et noir, 10 fac-similés h.-t. et « L’Œuvre de Champfleury » complétée par Maurice Clouard à la fin (47-[1] p.), et 25 exemplaires non numérotés pour être offerts. Plusieurs lots de notes informes et incohérentes et de documents recueillis pour préparer des travaux, parus ou à paraître, passèrent à la fin de la vente : Paul Brenot, Paul Eudel (1837-1911) et Roger Marx (1859-1913) se les partagèrent.

« A l’Hôtel Drouot, dernière cote des autographes, d’après la vente Champfleury, faite hier par MeTual, assisté de l’expert Charavay.
Barbey d’Aurevilly, une page, 26 fr. ; Charles Baudelaire, de 9 à 50 fr. la lettre suivant son importance pour l’histoire de la littérature ; Béranger, en baisse, de 5 à 11 fr. la lettre ; le peintre Bonvin, 23 lettres, 52 fr. ; Victor Hugo, de 10 à 67 fr., suivant le texte ; Alphonse Karr, 8 fr. ; Eugène Labiche, 26 lettres, 20 fr. ; Edouard Manet, 25 lettres, 50 fr. ; Henry Murger, 19 à 80 fr. la lettre ; Sainte-Beuve, 14 fr. ; George Sand de 31 à 102 fr., ce dernier prix payé pour une lettre où elle disait à Champfleury : “ Vous rendez le laid très drôle, le bête très amusant et le bon très attachant.”


Le clou de la vente a été une très belle lettre de Richard Wagner du 16 mars 1870 où il parlait de la fusion de l’esprit français et de l’esprit germanique, glorifiait Méhul parmi les compositeurs et souhaitait l’érection à Paris d’un théâtre international. Vendue 251 fr.
La correspondance de Champfleury a été adjugée au total à 3,700 fr. »
(Le Figaro, vendredi 30 janvier 1891, p. 1)

Quant à la vente de la propriété des œuvres de Champfleury, elle eut lieu le vendredi 27 novembre 1891, en l’étude de maître Alban-Joseph d’Hardiviller (1848-1923), notaire à Paris, 14 rue Thévenot [rue Réaumur, IIIe].
Le fils unique de Champfleury, âgé de 22 ans, avait perdu la raison : il était interné à l’asile d’aliénés de Clermont [Oise]. Son mandataire légal, Edmond Caillard, avoué à Clermont, 18 rue du Châtellier, et son tuteur naturel, Émile Carlier, ingénieur en chef, neveu de Champfleury, demeurant 9 rue de Sontay, à Paris [XVIe], tenaient à liquider une succession de biens difficiles à gérer, préférant céder contre espèces cette fortune vague et flottante qui est la propriété littéraire.
L’adjudication « à l’extinction des feux » fut divisée en six lots :
Le 1er lot, comprenant la propriété littéraire des œuvres éditées de Champfleury, soit environ 120 volumes, fut adjugé au journaliste Jean-Bernard (1858-1936) pour 1.210 francs, prix dérisoire. Il revendra, en particulier, à l’éditeur Alphonse Lemerre les Œuvres posthumes de Champfleury. Salons 1846-1851 (1894).
Paul Brenot, collectionneur d’autographes, s’est rendu acquéreur des 2e [propriété littéraire et manuscrit de l’ouvrage posthume intitulé Les Excentriques(nouvelle série)], 3e[propriété littéraire et manuscrit de l’ouvrage posthume intitulé Mademoiselle Finot], 4e[propriété littéraire et manuscrits des ouvrages posthumes intitulés Mon ami Roblin, Un mariage en 1770, Maître Palsgravius, L’Éducation en France depuis le XVIe siècle] et 6e[propriété littéraire et collection des premiers articles de jeunesse, rapinades, salons, critique littéraire et artistique, critique dramatique] lots.
Paul Eudel acheta pour 110 francs le 5e lot : propriété littéraire et manuscrits des ouvrages posthumes consistant en portraits, contes et nouvelles diverses ; facéties, gaillardises et mystifications ; almanach ; romanciers, peintres et poètes ; préfaces et discours.



















BONNE ANNEE 2020 !


Gervais Jassaud, architecte du livre

Eugène Pick (1823-1882), le « Gil Blas de la librairie »

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Brigadier du 4e régiment de hussards

D’une famille d’Anvers [Belgique], passée à Abbeville [Somme] en 1778, Eugène Pick est né à Vienne [Isère], place de la Fûterie, le 20 janvier 1823, fils de François-Emmanuel Pick (1788-1858), ancien brigadier du 4e régiment de hussards caserné à Vienne en 1815, devenu tondeur, et de Marie-Anne Baudran (1794-1859), mariés à Vienne le 7 février 1816.


Arrivé à Paris très jeune, sans ressources et ne sachant pas lire, Eugène Pick exerça de multiples métiers très modestes pour survivre. Attiré par la librairie, il apprit à lire et finit par entrer comme voyageur de commerce chez un éditeur, chargé de visiter les clients et d’enregistrer les commandes de livres.

« En 1847, Pick de l’Isère, chantant l’opéra et déclamant la tragédie et le drame avec enthousiasme, […] voulait se faire comédien. La tempête révolutionnaire bouleversa cette idée.
Pick rencontre des commis voyageurs, des courtiers en librairie, qui lui offrent de lui apprendre leur métier et de l’enrôler dans leur société. Il accepte. Mais au premier engagement, à la première leçon, il voit que ses compagnons sont de hardis aventuriers, de vrais routiers à qui tous les moyens semblaient bons pour placer des volumes […].
Par l’énergie, l’éloquence et l’intelligence, en bravant les menaces, les roulements d’yeux et les rugissements des routiers, Pick de l’Isère, qui la veille n’était qu’un nouveau, un débutant, un conscrit parmi eux, parvint à les dominer, à les dompter. […]
Depuis cette époque la volonté de fer de Pick a su les maintenir dans la discipline. Pas un ne s’écarte du chemin droit tracé par le chef. On peut dire que dans le colportage la librairie honnête a été innovée par Pick de l’Isère. »  
(Fernand Desnoyers. Une journée de Pick de l’Isère. Paris, Imprimerie Simon Raçon et Compagnie, 1864, H. C., p. 67-69)

Derniers numéros impairs de la rue Laffite, près l'angle de la rue Ollivier
Photographie Charles Marville (1866)

En 1848, Eugène Pick décida de s’installer au 51 rue Laffitte [IXe, détruit], avant-dernier impair, près l’angle de la rue Ollivier [rue de Châteaudun] et de l’église Notre-Dame-de-Lorette, 



et de faire imprimer, à 100.000 exemplaires, une Histoire complète de Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République française(Paris, Eugène Pick, 1848, in-18, [10]-211-[1 bl.] p., portrait et fac-similé d’une lettre autographe) qu’il plaça lui-même chez les particuliers.

Eugène Pick, que tout Paris a connu et dont peu ont gardé le souvenir, se qualifia de « Gil Blas de la librairie » :

« Je suis le Gil Blas de la librairie. Il n’est pas un métier auquel je n’aie touché. Mon père était un soldat de la grande armée. Il n’était pas riche et avait beaucoup d’enfants. Un soir d’hiver, après le chétif repas, toute la famille cerclait les rares flammes du grand foyer. Le vent assiégeait de rafales russes la pauvre chaumière du vieux militaire. Tout d’un coup, la porte s’ouvre, et un homme enveloppé dans un grand manteau entre avec l’ouragan ! C’était un oncle que nous n’avions jamais vu. Quel est celui de vous qui veut venir avec moi ? dit-il. Je l’emmène à l’instant. Moi ! criai-je, en me levant. Son ton résolu et énergique, son air fantastique m’avaient magnétisé. Le peu de fortune de mes parents, pour qui j’étais une charge de plus, m’avait décidé. Quelque temps après, j’étais au siège d’Anvers [après 25 jours de siège, la citadelle d’Anvers fut remise à l’armée française le 23 décembre 1832], j’avais huit ans. Puis je fus apprenti bijoutier à Paris, page de la reine d’Étioles, maître d’hôtel à Lyon, voyageur partout. J’ai vendu des oranges sur le boulevard. J’ai appris la déclamation et le chant. Je ne savais pas encore quelle était ma vocation. Enfin je la sentis. Je me fis libraire-éditeur, sans l’aide de personne, sans argent même, et c’est avec une simple brochure, la Biographie de Louis-Napoléon, président de la République, qu’à force de volonté je parvins à faire imprimer, que j’ai commencé ; cela a été la première pierre de la maison, du monument que j’ai élevé. Je l’ai placée moi-même, cette brochure, dans toute la France, formant et lançant sur le territoire, plus tard, six cents voyageurs pour me remplacer quand je n’avais plus le temps de voyager moi-même. Voilà comment fut fondée ma Librairie. »
(Fernand Desnoyers. Ibid., p. 20)


En 1850, Pick s’associa avec Pierre-Louis Baudouin (° 1800), dit « Jeune », 18 rue Dauphine [VIe], dans un immeuble construit en 1758, pour éditer, en 1851, l’ouvrage d’un ancien avocat, Eugène de Mazincourt [dit « Marincourt » ou « Bazincourt »] : 


Le Bon Conseiller en affaires ou Nouveau Manuel national de droit français(in-12) et un extrait de ce livre, intitulé Nouveau tableau-barème colorié, aussi simple qu’ingénieux et d’un genre entièrement neuf.

18 rue Dauphine (mai 2019)

Breveté depuis le 14 mars 1851, Pick baptisa le 18 rue Dauphine « Librairie napoléonienne, des arts et de l’industrie » et devint - selon la formule de Félix Ribeyre (1831-1900), rédacteur au Constitutionnel - « l’infatigable propagateur des publications nationales et le soldat de la France impériale » (Histoire de la guerre du Mexique. Paris, Eugène Pick de l’Isère, 1863, p. V). Portant le gilet impérial broché d’aigles en soie que lui avait offert un fabricant de la ville de Roubaix [Nord], Pick se voua surtout au colportage : ses voyageurs, qu’il nommait ses « compagnons d’armes », et ses produits couvrirent la France. La maison Pick avait aussi une adresse à Lyon: 8 place Saint-André [rue Amédée Lambert, VIIe], quartier de La Guillotière.

En 1852 : Napoléon, la Francel’Angleterrel’Europe. Histoire de Louis-Napoléon Bonaparteprésident de la République française, comprenant la vie civile, politique et militaire du prince, depuis sa naissance jusqu’à ce jour (in-8), par le comte de Barins, pseudonyme du romancier Louis-François Raban.



En 1853 furent édités : Histoire de Napoléon II roi de Rome, (Duc de Reichstadt), par un ancien diplomate (in-8) ; Projet de réorganisation du notariat(in-8), par Jean-Marie-Dominique Gardey, de Clarac, ancien notaire.
En 1854, Pick édita Le Nouveau Manuel pratique du Code Napoléon (in-8), par Jean-Bonaventure-Charles Picot, avocat à la cour impériale de Paris et docteur en droit, qui fut vendu à plus de 200.000 exemplaires en quelques années, et Le Véritable Conseiller en affaires (in-18, tableau), par Mazincourt.
L’année suivante furent édités : Le Droit commercial expliqué et mis à la portée de tout le monde (1855, in-12), par Mazincourt ; Les Beaux-Arts à l’Exposition universelle de 1855, par Ernest Gebaüer (1855, in-18) ; Le Nouveau Paris, seul guide exact et le plus complet de ceux qui ont paru jusqu’à ce jour (1855, in-16) ; Paris historique et monumental, depuis son origine jusqu’à nos jours (1855, in-8) ; 


Napoléon III, poème en quatre chants, par Édouard d’Escola (1855, gr. in-8) ; Les Campagnes de la Grande Armée (1855, in-32), par un ex-officier de la vieille garde.
Suivirent : Louis-Philippe, la république et l’empire, par un journaliste en retraite (s. d. [1856], in-8) ; 


Les Fastes de la guerre d’Orient […]. Par Eugène Pick (de l’Isère) (1856, in-8) ; 

Photographie BnF

Résumé historique des campagnes des Français contre les Russes, depuis 1799 jusqu’en 1814[…], par E. P*** [Emmanuel Pick], ancien officier de la Grande Armée au 4e hussards (1856, in-8) ; Almanach impérial, historique, anecdotique et épisodique des grandes inondations de 1856 (1857, in-8), par E. Pick, de l’Isère.

Dès 1856, Pick céda à la manie d’utiliser une particule dite « de courtoisie », c’est-à-dire dépourvue de valeur nobiliaire et réservée à un usage mondain : il fut « de l’Isère », comme Pons avait été « de Verdun », Arouet « de Voltaire », Jean le Rond « d’Alembert », Caron « de Beaumarchais » et Fabre « d’Églantine ».
Surnommé « le Dennery du prospectus » [en référence à Adolphe Philippe-Dennery (1811-1899), dit « d’Ennery », auteur prolifique], Pick était redouté des compositeurs d’imprimerie autant que ceux-ci avaient peur de Balzac - tous deux semblables par leurs incessantes et consciencieuses corrections : les imprimeurs surnommèrent Pick « le Balzac des éditeurs ».

Eugène Pick, de l'Isère
In Le Livre. Bibliographie rétrospective. Paris, Quantin et Uzanne, 1883, p. 189

« Le vaste front de Pick de l’Isère, ce front qui lui-même semblait un pic, rendu plus vaste encore par une heureuse calvitie, était marqué du sceau annonçant qu’un tel personnage ne peut rester perdu dans la foule. Son œil noir plongeant, une moustache martiale à enroulements épais, le verbe d’un homme qui a commandé sur les champs de bataille, et surtout un langage strident dans lequel les rronflaient comme au Conservatoire, rattachaient bien à l’Isèrrrrre ce drrrrramatique librrrrraire. »
(Champfleury. In Le Livre. Bibliographie rétrospective. Paris, A. Quantin et Octave Uzanne, 1883, p. 178) 

5 rue du Pont-de-Lodi (avril 2019)

Vers la fin de l’année 1857, la « Librairie napoléonienne, des arts et de l’industrie » fut transférée au 5 rue du Pont-de-Lodi [VIe], immeuble construit en 1840, et devint en 1860 la « Grande Librairie napoléonienne, historique, des arts et de l’industrie » : à l’une de ses fenêtres flottait le drapeau tricolore.


Le titre des 7e(1857, in-8) et 9e (1858, in-8) éditions des Fastes de la guerre d’Orient devint Les Fastes de la grande armée d’Orient.




En 1858, Pick édita unTableau de l’histoire universelle depuis la Création jusqu’à ce jour (s. d. [1858], 95 x 67 cm) 


et l’Histoire de la Restauration ou Précis des règnes de Louis XVIII et Charles X (1858, 2 vol. in-8, portraits), par François Rittiez. Il fonda deux journaux : Le Trésor de la maison, journal universel des connaissances utiles, dédié aux familles (N° 1, 14 mars 1858, pet. in-fol. à 3 colonnes, 4 p.) et Le Propagateur universel, journal de la ville et de la campagne, littéraire, artistique, historique, agricole, industriel et commercial (N° 1, 25 juin 1858, in-fol., 4 p.).


Rentrée triomphale à Paris de l'Armée d'Italie le 14 août 1859
par Louis-Eugène Ginain (Châteaux de Versailles et de Trianon)


 
Le 14 août 1859, jour de l’entrée triomphale de l’armée d’Italie dans la capitale, tout Paris salua avec enthousiasme les soldats :

« Le premier corps, précédé du général Forey [Élie-Frédéric Forey (1804-1872]), venait d’atteindre le boulevard Montmartre. Tout à coup un garde national s’élance ; pourquoi ne le nommerions-nous pas ? – C’était M. Eugène Pick (de l’Isère), notre excellent éditeur et directeur de la grande librairie napoléonienne, qui alors faisait partie du 18e bataillon de la garde nationale. M. Pick, disons-nous, son fusil d’une main, un laurier dans l’autre, s’avance au-devant du vainqueur de Montebello, et lui présente cet emblème de la valeur guerrière.
Cette offre patriotique et spontanée provoque des bravos unanimes. Chacun veut s’associer à cette preuve de sympathie et d’admiration. Toute l’assistance applaudit et répète avec M. Pick : Vive le vainqueur de Montebello ! vive le général Forey !
Le général, profondément touché de cet hommage cordial, remercie l’honorable garde national, dont l’initiative avait provoqué cette démonstration populaire, et emporte la branche de laurier. Nous souhaitons que la même main et le même cœur patriotique offrent bientôt une seconde branche au vainqueur de Mexico. »
(Félix Ribeyre. Histoire de la guerre du Mexique. Paris, Eugène Pick de l’Isère, 1863, p. 152-153) 

À partir de 1860, Pick édita des almanachs, analogues par leur présentation, leur format (in-12), leurs collaborateurs et leurs illustrateurs : 


Almanach parisien pour l’année 1860, publié sous la direction de Fernand Desnoyers ; 


Almanach de Jean Raisin, joyeux et vinicole, sous la direction de Gustave Mathieu ; 

in Feuilleton du Journal général de l'imprimerie et de la librairie, 22 octobre 1859

Almanach de Jean Guestré, par Pierre Dupont ; 


Almanach des gourmands pour 1862, par Ch. Monselet.

Tous les jours, des caisses remplies de livres étaient expédiées aux nombreux voyageurs de commerce que l’ancien petit marchand d’épingles, à quarante pour un sou, du marché de la rue de Sèvres [VIIe], avait sous ses ordres : 


Grand almanach de la France guerrière pour 1861 (1860, in-18), par Eugène Pick (de l’Isère) ; Les Femmes de Shakespeare (1860, 2 vol. gr. in-8, 45 portr.) ; 


Nouveau manuel pratique du Code Napoléon expliqué (1860, in-18), par C. Picot ; 


Catéchisme du Code Napoléon (1861, in-18), par J.-B.-C. Picot ; Nouveau manuel pratique et complet du Code de commerce expliqué (1861, in-18), par le même auteur ; La Coalition ultramontaine et ses conséquences probables (1861, in-8) ; Un concile et pas de schisme, par l’auteur de La Coalition ultramontaine(1861, in-8) ; 


Nouveau Manuel des propriétaireset des usufruitiers, usagers, locataires et fermiers (1862, gr. in-8), par Marc Deffaux, juge de paix ; Nouveau Manuel pratique et complet du Code Napoléon expliqué et mis à la portée de toutes les intelligences (1863, in-8), par J.-B.-C. Picot ; 



Histoires héroïques des Français, racontées à S. A. Napoléon-Eugène, prince impérial, par P. Christian (1863, in-18) ; 


Histoire de la guerre du Mexique (1863, in-8), par Félix Ribeyre, rédacteur du Constitutionnel ; Les Gloires, triomphes et grandeurs de la France impériale (1864, in-12), par Eugène Pick ; 


Le Voyage de S. M. l’Empereur Napoléon III en Algérie (1865, in-8), par René de Saint-Félix ; Les Marchandes d’amour, par Adèle Esquiros (1865, in-18) ; 


Histoire de la seconde expédition française à Rome, par Félix Ribeyre (1868, in-8).

« En dehors des poètes qui lui coûtaient, Pick avait deux ou trois volumes qui lui rapportaient beaucoup : le Code Napoléon expliqué, l’Histoire de France racontée au Prince impérial, que d’innombrables commis-voyageurs, dressés et disciplinés par lui, vendaient par centaines de milliers dans toute la France. Cet éditeur me tint un jour ce propos fort sensé :
— Vous cultivez la littérature, c’est fort bien, mais vous mourez de faim. A quoi vous sert votre intelligence ? Voyez mes commis-voyageurs : ils savent à peine ce qu’on apprend à l’école mutuelle et quelques-uns, en travaillant trois ou quatre heures, gagnent, très honorablement somme toute, cinquante francs par jour. Faites comme eux, et quand vous aurez le pain assuré, vous aurez tout le loisir d’écrire ce qu’il vous plaira.
Ce raisonnement était irréfutable. Pick m’offrit à m’enseigner comment on s’y prenait, et le lendemain matin il sortait avec moi et se précipitait dans la première boutique qu’il rencontrait. C’était un cabaret. D’un geste, Pick repoussa les buveurs et écarta les verres alignés sur le comptoir, pour haranguer plus à son aise le cabaretier.
—- Bonjour et bonsoir !... Je suis Pick de l’Isère... je vous apporte le Code Napoléon... un splendide volume... avec reliure dorée... Les cinq Codes... Napoléon... Mon père était un soldat de la Grande-Armée.
Il regardait les assistants en parlant et roulait des yeux blancs en faisant des gestes incohérents...
L’homme souscrivait, signait sur l’immense registre et voulait à toute force payer d’avance quoiqu’il n’eût rien vu, quoiqu’on lui dît qu’on ferait passer chez lui ; les clients l’imitaient...
Pick entra chez un faïencier, chez un épicier, c’était la même chose ; au bout d’une heure, il avait
de l’argent plein ses poches.
—. Voulez-vous essayer d’un autre quartier ? me dit-il, en hélant un fiacre. Cocher, à Belleville !
A Belleville, Pick s’élança dans le petit kiosque du surveillant de la station, m’entraîna avec lui quoiqu’on ne pût pas tenir trois là-dedans et fit signer ce malheureux. Puis il remonta en voiture en me disant :
“ Vous voyez que ce n’est pas difficile ! Servez-vous de votre intelligence ! ” »
(Édouard Drumont. La Dernière Bataille. Paris, E. Dentu, 1890, p. 281-282)

À la librairie se réunissaient des hommes politiques, des littérateurs, des poètes : Émile de La Bédollière (1812-1883), journaliste et traducteur, qui fit connaître au public français La Case de l’oncle Tom ; Félix Ribeyre (1831-1900), journaliste et littérateur ; le chansonnier Pierre Dupont (1821-1870) ; Charles Monselet (1825-1888), journaliste gastronomique ; Fernand Desnoyers (1826-1869), le chantre de Madame Fontaine ; le fameux Charles de Bussy, né Charles Marchal (1822-1870), auteur d’une brochure diffamatoire intitulée Les Impurs du Figaro ; Armand Lebailly (1838-1864), autre poète.

« C’est à M. Pick, dit de l’Isère, que le poëte dut ses meilleurs jours. Homme bon, confiant, nature enthousiaste, plus artiste que bien des artistes qu’il secourut et aima, sans avoir à s’en louer toujours, il fut pour Le Bailly plus qu’un protecteur, plus qu’un ami, il fut longtemps son père nourricier et son médecin. Il l’avait rencontré pour la première fois en 1860, au dîner de sixième année de l’ancien Gaulois; le poëte y lut des vers à la Pologne, et M. Pick, à cette occasion, prit sa défense contre les railleries de quelques convives plus superficiels que sérieux. Il avait deviné, entouré de soins et de bons offices, ce jeune homme chétif, malade, qui avait des étincelles dans le regard, et il ne l’abandonna que lorsque le poëte, oublieux et ingrat parfois, ou plutôt pauvre épave errante à tous les vents de la nécessité, s’en alla ailleurs. »
(Aristide et Charles Frémine. Armand Le Bailly. Paris, Sandoz et Fischbacher, 1877, p. 117)


Cadastre (1841)


Plan (2019)


Quelquefois, Pick et ses amis se rendaient en partie de campagne à l’auberge dite « Au Coup du Milieu » [aujourd’hui on dirait « Au Trou Normand »], sur la commune de Le Plessis-Piquet [Le Plessis-Robinson, Hauts-de-Seine] :

« Quand on sort de Fontenay [Fontenay-aux-Roses] par la Voie creuse [rue Boris Vildé], qui est bordée de noyers, on arrive en quelques minutes au sommet d’une petite éminence d’où l’œil embrasse un panorama assez varié, prairies, grands bois, villages aux blanches maisons, et à l’horizon la gigantesque silhouette de la tour de Montlhéry. Un peu plus loin, les grands arbres qui bordent le chemin se croisent en berceau, et une côte assez rapide descend vers l’étang du Plessis [étang Colbert]. Avant d’y arriver, on trouve sur la droite, à l’endroit où se rencontrent les routes du Plessis [rue de Fontenay] et d’Aulnay [rue Arthur Ranc], et vis-à-vis de la guinguette du Coup du Milieu, un sentier [rue de la Fosse Bazin] qui, en deux minutes, mène à la fosse Bazin. »
(Adolphe Joanne. Les Environs de Paris illustrés. Paris, L. Hachette et Cie, s. d. [1856], p. 748)  



Dans cette auberge, tenue par la mère Cense, ils allaient s’amuser à la balançoire, manger des œufs à l’oseille et boire du mauvais vin très cher :

« Des littérateurs amoureux du calme et de la verdure, des peintres à la recherche d’un paysage, en avaient fait un centre de leurs réunions. On faisait des mots, on commençait un roman, on esquissait un tableau. Henri Mürger y allait en compagnie de Schaunard, et le charmant auteur de la Vie de Bohème trouvait souvent l’inspiration sous les ombrages du Coup du Milieu. Joannis Guigard, l’amoureux des castels, des armures, des usages du moyen âge, songeait aux chevaliers bardés de fer, aux tours crénelées, aux mâchicoulis, aux herses, aux fossés, aux ponts-levis de cette époque et rappelait que Châtillon, de son nom latin Castellio, devait son origine à des forteresses bâties sur son territoire. Alfred Delvau aimait les arbres, les fleurs, les ruisseaux. Charles Monselet rédigeait les menus. La Bédollière improvisait des chansons ; Pierre Dupont buvait ; Fouque songeait à un article ; un poëte poitrinaire, Armand Lebailly, toussait. Un autre poëte, qui cumulait avec la profession beaucoup plus lucrative d’employé de l’octroi, a écrit la vie de Lebailly, mort très-jeune, et qui a laissé outre des vers fort médiocres, la Vie de Madame de Lamartine et la Vie d’Hégésippe Moreau, œuvres plus sérieuses, qui ont paru dans la collection du Bibliophile français.
Lebailly était protégé par M. E. Legouvé, qui l’aida de sa bourse et de ses conseils. Ce pauvre garçon avait dans son talent une foi profonde, et s’imaginait être le poëte le plus distingué de son temps. […]
A cette époque, Lebailly restait rue Vavin, dans une espèce de maison, dite meublée, dont il occupait un des cabinets les plus dégarnis de meubles.
Fernand Desnoyers, encore un poëte, faisait partie des réunions du Coup du milieu. Un type étrange était le libraire Pick de l’Isère, gesticulant, parlant haut. Les rares passants s’arrêtaient au son de cette voix vibrante, à la vue de ces bras remuant comme un télégraphe aérien, de cette figure maigre, percée de deux yeux noirs et vifs, encadrée de longs favoris noirs. Pick avait une bande de voyageurs qui plaçaient dans les départements des codes, des livres, tous à la louange de l’Empire. Desnoyers a écrit une plaquette :Une Journée de Pick de l’Isère, qui n’a été tirée qu’à une soixantaine d’exemplaires et est aujourd’hui introuvable.
Pick a eu une foule de secrétaires, quelques-uns se sont fait un nom dans les lettres. L’un d’eux – qui n’a jamais été littérateur – entra chez lui en sortant de la maison de détention de Loos, dans le département du Nord, où un jury l’avait envoyé pour le punir de faits qualifiés crimes par le Code. Ce garçon, toujours peu scrupuleux, épousa une femme ayant le double de son âge, mais possédant une fortune considérable. Devenu riche, l’ex-pensionnaire de la centrale se mit à le prendre de très haut et à trancher de l’aristocrate. Malgré tout, quand il tend, d’un air protecteur, le large battoir qui lui sert de main, on voit que ces doigts longs et énormes ont été employés à une besogne rude. Mais beaucoup ignorent qu’ils ont fabriqué des chaussons de lisière. Ce qu’il y a de bizarre, c’est que Pick connaissait parfaitement le passé de cet individu. Il voulut faire un essai qui ne lui réussit pas. […]
Après la guerre étrangère et la Commune, quand les maisons des environs de Paris furent reconstruites, l’auberge du Coup du Milieu resta à peu près seule ruinée. Ses murs abîmés, ses fenêtres brisées, son toit effondré, formaient un navrant contraste avec la végétation vigoureuse du jardin. » [sic]
(Auguste Lepage. Les Cafés politiques et littéraires de Paris. Paris, E. Dentu, s. d. [1874], p. 102-106)



Le Voyage de Sa Majesté l’Impératrice en Corse et en Orient (s. d. [1870], gr. in-8), par Félix Ribeyre, publié quinze jours avant le siège de Paris, fut la dernière pierre du couronnement de l’édifice de la maison Pick :

« Le Gil Blas de la librairie ne perdit pas courage. Pendant qu’on bombardait Paris, il vendait et faisait vendre au rabais sur les trottoirs l’ouvrage contenant le récit des fêtes et des voyages de l’impératrice sur le Nil ; malgré les portraits de la famille impériale, les images représentant les réceptions officielles, Pick persuadait quelques Parisiens encore naïfs que cet ouvrage de luxe était un pamphlet contre les Napoléon ! Et il trouvait le moyen de débiter ses exemplaires à des gens crevant de faim ! »
(Champfleury. Ibid., p. 189-190)

Plus tard, en pleine Commune, monté sur une table encombrée de livres, un volume à la main portant sur sa couverture les armes de la maison impériale, Pick criait à la foule :

« Citoyens ! C’est moi Pick ! Pick de l’Isère, le Gil Blas de la librairie ! Si vous me voyez sur cette place avec ce livre, prêt à vous livrer ma tête ! c’est que, moi aussi, j’ai mangé comme vous le pain noir du siège, comme vous, j’ai donné mon sang à la patrie, et j’ai besoin maintenant de vivre ! Ne regardez pas cet écusson, ne regardez pas ces armes ! Non ! citoyens, regardez plutôt, en consultant ce livre que je ne vends pas, que je donne, regardez ces gravures, chacune est la représentation vivante de vos hauts faits ! Ne faites pas attention à son titre, titre maudit par vous, peut-être ! Mais regardez, en dehors de ce titre, regardez la Patrie ! Ce livre ne rappelle-t-il pas vos faits d’armes d’Alma, de Solferino, vos victoires de Crimée et du Mexique ? Quel que soit le nom sous lequel se sont accomplies ces victoires, ces victoires françaises ne sont pas moins des victoires ! Quel que soit l’homme politique qui vous parle, qui, pendant vingt ans, fut l’historiographe de vos conquêtes, cet homme n’est pas moins un travailleur, terrassé, vaincu, ruiné par sa foi ! Aujourd’hui, c’est le pain qu’il vous demande, cet homme, en vous donnant pour rien, pour la valeur de trois sous, un livre dont les vignettes, le texte, la couverture, la reliure de luxe valent six francs, prix fort ! Oui, citoyens, vu la rigueur des temps, je vous donne pour trois sous ce qui vaut six francs ! Achetez, citoyens, non sur l’étiquette, mais sur ce qu’elle contient, un volume dont vous ne rembourserez jamais les frais matériels ! Non seulement vous ferez une bonne affaire, mais vous ferez une bonne action ! Je suis un travailleur comme vous ! Au nom de la fraternité, achetez-moi ! sauvez de l’abîme un homme qui, pour avoir touché à tout par son activité, par son intelligence, par son bras, par son cœur, par son âme, a besoin de tout le monde dès que le sort a trompé ses espérances. Profitez-en ! Je défie le meilleur citoyen d’entre vous d’être plus digne que moi de votre intérêt. […] Mais c’est assez vous esquisser ma vie ; maintenant que vous me connaissez, achetez-moi, achetez mon fonds ! Tout à trois sous ! A trois sous le volume comme la chanson de l’homme dont je fus l’historiographe, et que je n’ai pas plus le droit de condamner, par reconnaissance, que vous n’avez le droit d’absoudre, par patriotisme ! A trois sous l’Histoire de l’Empire ! A trois sous une histoire qui, sous l’Empire, valait six francs ! Ce n’est pas le prix du papier ! Il ne faudrait pas avoir trois sous dans sa poche pour s’en priver ! A trois sous, trois sous ! »
(Mémoires de Monsieur Claude, chef de la police de sureté sous le Second Empire. Paris, Jules Rouff, 1882, t. VI, p. 168-171)

Le public se jeta sur ses livres, dont les gravures, avec l’éloquence de Pick, avaient tenté les communards, malgré l’horreur du nom que ces livres leur inspiraient.    

Le journaliste Firmin Maillard (1833-1901) rencontra encore Pick, las, fatigué et usé, plaçant ses livres au Havre, quelques jours avant sa mort.


Eugène Pick, dont la chasteté était proverbiale, mourut célibataire, le 24 février 1882, dans sa 60eannée, à l’hôpital de la Charité, 47 rue Jacob [VIe, démoli en 1936].

Carte de visite de Eugène Pick, de l'Isère




















Paul Allut (1794-1880), biographe du Père Ménestrier

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La famille Allut [prononcez « âlutte »], originaire du comté de Foix [Ariège], embrassa la Réforme et se retira en Languedoc, où elle passa, vers le milieu du XVIe siècle, de Durfort [Gard, Durfort-et-Saint-Martin-de-Sossenac depuis 1862] à Montpellier [Hérault] : 

14 rue du Petit-Saint-Jean, Montpellier
elle y fonda une dynastie de riches marchands de laine, dont Jacques Allut (1644-1716), qui demeurait 14 rue du Petit-Saint-Jean et fit enregistrer ses armoiries en 1696 [« De gueules à un luth mis en bande d’or, accompagné de 3 étoiles d’argent »], son fils aîné Jean Allut (1681-1747), qui revint au catholicisme par son mariage en 1715, et son fils cadet Antoine Allut (1682-1754), qui fit construire l’hôtel Allut, 2 rue du Petit-Saint-Jean en 1740. La famille s’installa dans le Lyonnais, par mariage, en 1792.


Paul-Auguste Allut est né le 10 brumaire An III [31 octobre 1794] à Oullins [Rhône], à 6 km sud de la ville de Lyon [et non à Pierre-Bénite, déclarée indépendante d’Oullins le 24 avril 1869]. Il était le fils de Jean-Louis-Auguste Allut (1754-1802) et de Jeanne du Sauzey (1773-1821), mariés à Oullins le 12 novembre 1792.


Paul Allut entra, en 1814, aux Gardes du corps, compagnie de Luxembourg. Il fut licencié en 1815 comme sous-lieutenant. En 1822, il fut lieutenant au 4e régiment de la Garde royale, avec lequel il fit la campagne d’Espagne en 1823. 

Attaque d'Alger par la mer, le 29 juin 1830
Par Théodore Gudin
Nommé en 1825 capitaine au 37ede ligne, il prit part à l’expédition d’Alger. Dans cette expédition, il fut atteint de quatre balles : l’une à la jambe ; l’autre à la tête, s’aplatit sur la jugulaire de cuivre du schako ; la troisième à la poitrine, transperça le porte-manteau et s’arrêta sur l’habit ; la quatrième à la cuisse ne fit que bossuer un petit reliquaire qu’il avait dans sa poche.

Lyon en 1840
Par Thomas Allom
 Il quitta le service pour refus de serment à la Monarchie de Juillet et s’établit à Lyon. Il fit partie de la rédaction du journal légitimiste progressiste, LeRéparateur


Il écrivit en même temps La Vérité sur les événemens de Lyon au mois d’avril 1834 (Paris, G.-A. Dentu et Lyon, Chambet, 1834, in-8, 2 pl.). 
Il publia plus tard plusieurs ouvrages estimés d’érudition et de bibliographie : 


Inventaire des titres recueillis par Samuel Guichenon (Lyon, Louis Perrin, 1851, in-8, pl. et fac-similés), dédié « A monsieur Yemeniz, de la Société des Bibliophiles français » ; 


Recherches sur la vie et sur les œuvres du P. Claude-François Ménestrier, de la Compagnie de Jésus (Lyon, Nicolas Scheuring, 1856, in-8, pl. et fac-similés) ; 


Étude biographique & bibliographique sur Symphorien Champier (Lyon, Nicolas Scheuring, 1859, in-8, pl., fig.) ; 


Les Routiers au XIVe siècle. Les Tard-Venus et la Bataille de Brignais (Lyon, N. Scheuring, 1859, in-8, 2 pl.) ; 


L’Accueil de Madame de La Guiche à Lyon (Lyon, N. Scheuring, 1861, in-8, 100 ex.) ; 

Photographie Jean-Marc Barféty
Aloysia Sigea et Nicolas Chorier(Lyon, N. Scheuring, 1862, in-8) ; 


Mémoires pour servir à l’histoire de l’abbaye royale de ST-André-le-Haut de Vienne (Lyon, N. Scheuring, 1868, in-8, pl., fig.). 

Le 14 avril 1841, à Érôme [Drôme], Paul Allut avait épousé Philippine de Vernoux, née le 9 septembre 1807 à Bourg-Argental [Loire], fille de Antoine-François-Louis-Richard de Vernoux (1770-1822) et de Marianne-Pauline Tournon (1776-1864). Le couple eut quatre enfants, nés à Lyon, 3 rue des Colonies [rue Antoine de Saint-Exupéry, IIe] : Jeanne-Marie-Thérèse-Alix, née le 14 février 1842 ; Gaston-Marie-Joseph-Édouard, né le 17 mars 1843 ; Pierre-Marie-André-Philomène, le 21 juillet 1846 ; Noémie-Charlotte-Marie-Louise, née le 7 juillet 1848.



Paul Allut, qui avait une aversion déterminée pour les armes parlantes, supprima le « luth », et le rameau dont il fut l’auteur porta dès lors : « De gueules à trois étoiles d’argent et un lambel de 3 pendants du même en chef ».


Immeuble du 17 rue de la République, à Lyon (mai 2019)
Construit en 1857
 Il vendit sa bibliothèque à Lyon, 17 rue Impériale [rue de la République, IIe], au premier étage, du lundi 10 au samedi 22 février 1868, en 12 vacations : 


Catalogue de livres rares & précieux composant la bibliothèque de M. P. Allut (Lyon, N. Scheuring, 1868, in-8, IV-108 p., 1.281 lots). Les livres ne sont pas classés par catégorie. On remarque de nombreuses impressions espagnoles rares et un très grand nombre d’ouvrages de l’historien et héraldiste Claude-François Ménestrier (1631-1705), qui ne se sont peut-être jamais trouvés réunis dans une seule bibliothèque.  


10.Glossaire de la langue romane, avec le Supplément, par J. B. B. Roquefort. Paris, B. Warée oncle (T 1 et 2, 1808) et Chasseriau et Hécart (T 3, 1820), 3 vol. in-8, dem.-veau.

Photographie Librairie L'Art et l'Affiche, Nice

39.Dictionnaire généalogique, héraldique, historique et chronologique, par M. D. L. C. D. B. [M. de La Chesnaye des Bois]. Paris, Duchesne, 1757-1765, 7 vol. in-12, veau marb.
107. La France littéraire, par J.-M. Quérard. Paris, Firmin Didot, 1827-1839, 10 vol. in-8, dem.-veau.

Photographie Biblioteca Virtual de Defensa

144.Coronica general de España, compilé par Florian de Ocampo. Madrid, Don Benito Cano, 1791-1792, 15 vol. in-4, portr., d.-rel. en veau, aux nerfs, non rogn.

Photographie Margarita de Dios, Madrid

145.Collecion de los viages y descubrimientos, que hicieron por mar los Españoles desde fines del siglo XV [Collection des voyages et découvertes que les Espagnols ont fait par mer depuis la fin du XVe siècle], par Don Martin Fernandez de Navarrete. Madrid, Imprenta Real, 1825-1837, 5 vol. in-4, d.-rel. en veau, aux nerfs, n. rog. Édition originale contenant toutes les cartes.


200.Éloge historique de la ville de Lyon. Par le P. Claude François Ménestrier. Lyon, Benoist Coral, 1669, in-4, blasons, demi-bas. rouge.



201.Topographia, e historia general de Argel [Topographie et histoire générale d’Alger], par Diego de Haedo. Valladolid, 1612, in-fol., veau. Volume d’une grande rareté.


211. Pièces fugitives, pour servir à l’histoire de France [par Charles de Baschi d’Aubais et Léon Ménard]. Paris, Hugues-Daniel Chaubert et Claude Hérissant, 1759, 2 tomes en 3 vol. in-4, veau marb.


223.Histoire de la noblesse du Comté-Venaissin, d’Avignon, et de la principauté d’Orange [par Jean-Antoine Pithon-Curt]. Paris, David Jeune et Delormel (T I et II, 1743), veuve Delormel et fils (T III et IV, 1750), 4 vol. in-4, gr. nombre de blasons, veau marbré. Le vol. II a une légère piqûre aux marges, et le 3e, 2 feuillets légèrement raccommodés.



224. Les Mazures de l’abbaye royale de l’Isle-Barbe lez Lyon [par Claude Le Laboureur]. Paris, Jean Couterot, 1681, 2 tomes en 1 vol. in-4, veau, dent., fil.


299. Annales ecclesiastici Francorum, par Charles Le Cointe. Paris, 1665-1683, 8 vol. in-fol., bas. Rare.


302.Historia de la literatura española, por M. G. Ticknor. Madrid, Rivadeneyra, 1851-1857, 4 vol. in-8, br., n. r.


318.Histoire de Bresse et de Bugey. Par Samuel Guichenon. Lyon, Jean Antoine Huguetan & Marc Ant. Ravaud, 1650, 2 vol. in-fol., blasons, veau, aux armes de Peteau.


320.Nobiliario del Conde de Barcelos Don Pedro, hijo del rey Don Dionis de Portugal, por Manuel de Faria y Sousa. Madrid, Alonso de Paredes, 1646, in-fol., bas., orn. sur pl. Rare.


344. La Philosophie des images énigmatiques. Par le P. Cl. François Ménestrier. Lyon, Jaques [sic] Guerrier, 1694, in-12, fig., bas.


346. Le Véritable Art du blason, et l’origine des armoiries. Par le R. P. Cl. François Ménestrier. Lyon, Benoist Coral, 1671, in-18, blasons, bas.
349. La Nouvelle Méthode raisonnée du blason. Par le P. C. F. Ménestrier. Bourdeaux, 1698, in-12, blasons, bas.


Photographies BnF

353. Les Rejoüissances de la paix. Par le P. C. F. M. de la Compagnie de Jésus. Lyon, Benoist Coral, 1650 [i.e. 1660], in-8, pl., veau fauve.


355. Abbregé [sic] méthodique des principes héraldiques, ou du véritable art du blason. Par le P. C. François Ménestrier. Lyon, Benoist Coral, 1669, troisième édition, in-12, fig. et blasons, bas.


358. Des représentations en musique anciennes et modernes [par le P. Cl. Fr. Ménestrier]. Paris, René Guignard, 1681, in-12, veau fauve.


359. Les Divers Caractères, des ouvrages historiques. Avec le plan d’une nouvelle histoire de la ville de Lyon. Par le P. Cl. Fr. Ménestrier. Lyon, J. Bapt. & Nicolas de Ville, 1694, pet. in-8, pl., bas.
361. Des ballets anciens et modernes [par Ménestrier]. Paris, R. Pépie, 1685, in-12, veau fauve.


362. Abbregé [sic] méthodique des principes héraldiques, ou du véritable art du blason. Par le P. C. Franç. Ménestrier. Lyon, Benoist Coral, 1672, pet. in-12, blasons, veau fauve.


363. De la chevalerie ancienne et moderne. Par le P. François Ménestrier. Paris, Robert J. B. de la Caille, 1683, in-18, pl., v. f.


Photographies BnF

364.Bibliothèque curieuse et instructive [par Ménestrier]. Trévoux [Paris], Jean Boudot, 1704, 2 tomes en un vol. in-12, pl., bas.


367. Origine des armoiries. Par le R. P. C. F. Ménestrier. Paris, Thomas Amaulry, 1680, in-12, blasons, front., v. fauve, fil., dent. (Bauzonnet).
369. Les Cérémonies et réjouissances faites en la ville d’Annessy sur la solemnité de la béatification, etc. de François de Sales [par Ménestrier]. Annecy, 1662, in-4, fig. On joint, du même auteur et sur le même sujet, 7 autres pièces imprimées à Lyon, Grenoble et Annecy. Veau fauve.


371.Dissertations des lotteries [sic]. Par le P. C. F. M. de la Compagnie de Jésus. Lyon, Laurent Bachelu fils, 1700, in-12, veau fauve.


372. L’Art du blason justifié, ou les Preuves du véritable art du blason. Par le P. C. François Ménestrier. Lyon, Benoist Coral, 1661, in-12, fig., front., v. f.



373. Le Véritable Art du blason [par Ménestrier]. Lyon, Benoist Coral, 1659, in-12, blasons col., veau rouge, dent.


377. Le Blason de la noblesse, ou les Preuves de noblesse. Par le R. P. François Ménestrier. Paris, Robert J. B. de la Caille, 1683, in-12, v. f.



380. La Science et l’Art des devises. Par le P. Ménestrier. Paris, Robert J. B. de la Caille, 1686, in-8, bas.



382. L’Art des emblèmes. Par le P. C. François Ménestrier. Lyon, Benoist Coral, 1662, in-8, fig. et pl., front., mar. rouge, fil.



383. Des décorations funèbres. Par le P. C. F. Ménestrier. Paris, R. J. B. de la Caille et R. Pépie, 1683, in-8, fig., veau.



385. La Sience [sic] de la noblesse ou la Nouvelle Métode [sic] du blason, par le P. C. F. Ménestrier. Paris, Étiene [sic] Michallet, 1691, in-12, front. et fig., veau.



389.Le Véritable Art du blason, ou l’Usage des armoiries [par Ménestrier]. Paris, Estienne Michallet, 1773 [i.e. 1673], 2 vol. in-12, fig., front., mar. noir, fil. s. pl.


390. L’Art des emblèmes où s’enseigne la morale. Par le P. C. F. Ménestrier. Paris, R. J. B. de la Caille, 1684, in-8, fig., bas.



393. La Devise du roy justifiée, par le P. Ménestrier. Paris, Estienne Michallet, 1679, in-4, fig., vél.


398. Lettre sur l’usage d’exposer des devises dans les Églises. Pour les décorations funèbres [par Ménestrier]. Paris, Robert Pépie, 1687, in-8, d.-rel. mar. vert.


399. Abrégé nouveau et méthodique du blason [par Ménestrier]. Lyon, Thomas Amaulry, 1705, pet. in-8, pl., bas.


400. Méthode abbrégée des principes héraldiques. Par le Père Claude François Ménestrier. Lyon, B. Coral, 1661, in-12, blasons, front. et pl. du card. de Chevrier, bas.


408. La Philosophie des images. Par le P. C. F. Ménestrier. Paris, Robert J. B. de la Caille, 1682, 2 vol. in-8, fig., bas., fil.


412. Les Diverses Espèces de noblesse, et les Manières d’en dresser les preuves. Par le P. Ménestrier. Paris, R. J. B. de la Caille, 1683, in-12, bas. La moitié d’un feuillet manque.



418. Le Véritable Art du blason et la Pratique des armoiries depuis leur institution. Par le P. C. François Ménestrier. Lyon, Benoist Coral, 1671, in-12, blasons, veau fauve.


420. La Nouvelle Méthode raisonnée du blason pour l’apprendre d’une manière aisée. Par le P. C. F. Ménestrier. Lyon, Jaques [sic] Guerrier, 1701, nouvelle édition augmentée, in-12, fig., bas.



421. La Méthode du blason. Par le P. C. F. Ménestrier. Lyon, Thomas Amaulry, 1689, in-12, blasons, bas.


422. Le Temple de la sagesse ouvert à tous les peuples [par Ménestrier]. Lyon, Antoine Molin, 1663, in-12, cart. Quelques feuillets tachés d’eau.              


442.Hadriani Valesii historiographi regii notitia galliarum. Paris, Frédéric Léonard, 1675, in-fol., veau, aux armes.


445.Chronica. del grancapitan Goncalo Hernandez de Cordoua y Aguilar. Alcala de Henares, Hernan Ramirez, 1584, in-fol., bas.


465.Averiguaciones de las antiguedades de Cantabria. Autor el padre Gabriel de Henao. Salamanque, Eugenio Antonio Garcia, 1689-1691, 2 vol. in-fol., parch. Ouvrage d’une grande rareté.


489. Descripcion de las Indias Ocidentales [sic]de Antonio de Herrera. Madrid, Nicolas Rodriguez Franco, 1720-1730, 8 tomes en 4 vol. in-fol., cartes, planches et beaux titres gravés, parch.



494. Nobleza del Andaluzia. Séville, Fernando Diaz, 1588, in-fol., blasons, carte très rare du royaume de Jaen, parch.


500.Histoire civile ou consulaire de la ville de Lyon. Par le P. Claude François Ménestrier. Lyon, Jean-Baptiste & Nicolas de Ville, 1696, in-fol., portraits et pl., veau.



506.Historia de Nueva-España, escrita por su esclarecido conquistador Hernan Cortes. Mexico, 1770, in-fol., pl. et cartes, vél. Très rare.


508.Glossarium mediae et infimae latinitatis. Paris, Firmin Didot frères, 1840-1850, 7 vol. in-4, br., n. r.



589. Les Tombeaux des personnes illustres, par J. Le Laboureur. Paris, Jean Le Bouc, 1642, in-fol., blasons, d.-rel. en veau. Exemplaire annoté et corrigé de la main de l’auteur.


706. El Conde Lucanor, compuesto por el excelentissimo Principe don Iuan Manuel. Madrid, Diego Diaz de La Carrera, 1642, in-4, vél. Très rare.
714. La Nouvelle Méthode raisonnée du blason, pour l’apprendre d’une manière aisée, par le P. Cl. Fr. Ménestrier. Bordeaux, 1698, in-12, blasons, veau.


732. Les Divers Caractères, des ouvrages historiques. Avec le plan d’une nouvelle histoire de la ville de Lyon. Par le P. CL. FR. Ménestrier. Lyon, J. Bapt. & Nicolas de Ville, 1694, in-12, bas.


871.Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, par M. Barbier. Paris, Barrois l’Aîné, 1822-1827, seconde édition, 4 vol. in-8, d.-rel. chagrin vert, doré en tête, n. r.
915. Traité des tournois, joustes [sic], carrousels, et autres spectacles publics [par Ménestrier]. Lyon, Jacques Muguet, 1679, in-4, fig., veau fauve.




925. Histoire du règne de Louis-le-Grand, par les médailles, emblèmes, devises, jettons [sic], inscriptions, armoiries, & autres monuments publics. Par le Père Claude François Ménestrier. Paris, Robert Pépie et J. B. Nolin, 1700, édition nouvelle, in-fol., fig., pl., médailles, d.-mar. brun, n. r.



926.Ludovico Magno Theses, ex universa philosophia, dicat et consecrat, Ludovicus a Turre-Arverniæ, Princeps Turennius. Paris, 1679, in-fol., encadrements par L. Cossin d’après Sevin, portraits, mar. rouge, fil., dent., tr. d. [Thèse de Louis de la Tour d’Auvergne, prince de Turenne. Des Jésuites ont fourni les emblèmes, les inscriptions et les devises dont cette thèse est enrichie, et qui ont trait aux conquêtes de Louis XIV : le P. Ménestrier donna l’idée des gravures et composa 23 devises].   





927.Nobiliario genealogico de los reyes y titulos de España, por Alonso Lopez de Haro. Madrid, Luis Sanchez, 1622, 2 vol. in-fol., blasons et arbres généalogiques, bas.


948. Annales typographici ab artis inventae origine ad annum MD. Norimbergae, 1793-1803, 11 vol. in-4, rel.



976.Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la république des lettres [par le R. P. Niceron]. Paris, 1729-1745, 43 tomes en 44 vol. in-12, veau fauve.



978. España sagrada. Theatro geographico-historico de la iglesia de España. Par Henrique Florez. Madrid, 1754-1865, 49 tomes en 43 vol. in-4, bas. [les 4 derniers brochés].


Photographies Librairie historique F. Teissèdre
994.Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence [par Artefeuil, pseudonyme]. Avignon, François Seguin, 1776-1786, 3 vol. in-4, blasons, dem.-cuir de Russie [témoins].


1.223. Les Portes du sanctuaire de l’église de Lyon, ouvertes à Messire Claude de S. George, archevêque, comte de Lyon, primat des Gaules [par Ménestrier]. Lyon, Jean-Baptiste & Nicolas de Ville, 1694, in-4, br.



1.267. Jeu de cartes du blason [par Ménestrier]. Lyon, Thomas Amaulry, 1692, [52 grav. sur cuivre].


Page Aiij v°
Sebastian Martinez, imprimeur, Valladolid, 1555

1.281. Las Obras del poeta mosen Ausias March. Valladolid, Sebastian Martinez, 1555, pet. in-8, bas. gauf., première reliure. De la plus grande rareté.

Veuf depuis dix ans, Paul Allut mourut à Marseille [IXe, Bouches-du-Rhône], en son domicile du quartier Sainte-Marguerite, le 13 juillet 1880. 

Notez les erreurs de dates
Il fut inhumé à Lyon [Ve], au cimetière de Loyasse, auprès de son épouse, Philippine de Vernoux, décédée à Lyon [IIe], 58 rue de la Charité, le 4 mai 1870, et de sa mère, Jeanne du Sauzey, décédée à Lyon, 3 rue de l’Arsenal [rue du Plat, IIe], le 15 février 1821, veuve de Jean-Louis-Auguste Allut, mort à Montpellier, le 8 vendémiaire An XI [30 septembre 1802].


Son frère cadet, Édouard Allut, décédé à Lyon le 8 février 1867, repose également, avec les membres de sa famille, au cimetière de Loyasse.

« M. Allut a fait partie de cette pléiade d’hommes recommandables autant par la noblesse de leur caractère que par leur talent et qui, rentrés dans la vie privée à la suite de la révolution de 1830, ne voulurent pas rester inutiles et servirent le pays de leur plume et de leur savoir, faute de pouvoir le servir de leurs bras et de leur épée ; officier de la garde royale, il permuta pour prendre part à l’expédition d’Alger, et c’est après avoir contribué à léguer à la France sa dernière conquête qu’il remit ses épaulettes, pour ne pas trahir le drapeau qui venait de flotter sur la citadelle, jusqu’alors imprenable. C’est à l’initiative, aux conseils et aux encouragements de M. Paul Allut, comme de MM. de Boissieu, de La Carelle, d’Assier de Valenches, Morel de Voleine, de Charpin, de Terrebasse, que notre célèbre imprimeur, M. Louis Perrin, dut la possibilité d’entreprendre la renaissance typographique qui l’a illustré et dans laquelle Paris, lui-même, a dû suivre l’impulsion qu’il avait donnée.
Les titres littéraires de M. Allut et ses droits à la mémoire des bibliophiles sont donc nombreux et de plus d’un genre. »
(Léopold Niepce. Les Bibliothèques anciennes et modernes de Lyon. Lyon, Genève, Bâle, Henri Georg, 1876, p. 379)


La Bibliothèque Arthur Brölemann (1826-1904)

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Originaire de Soest [Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne], où ses auteurs ont occupé diverses charges municipales et judiciaires depuis le XIVe siècle, la famille protestante Brölemann est venue s’établir à Lyon [Rhône], vers le milieu du XVIIIe siècle, en la personne de Jean-Thierry-Thomas Brölemann (1738-1800), fils de Johann-Wilhelm Brölemann (1695-1783), trésorier-receveur de la ville de Soest, et de Catherine-Élisabeth Stute, tous deux inhumés dans l’église Saint-Pierre de Soest.

On ignore les motifs qui décidèrent Jean-Thierry-Thomas Brölemann à venir se fixer en France. Né à Soest en 1738, décédé à Lyon [Division du Nord] le 11 frimaire An IX [2 décembre 1800], 

Lyon : pont Morand, quai de Retz et coteau de Fourvière

il fonda dans cette dernière ville un important établissement de commission en soieries, « Brölemann et Duport », quai de Retz [quai Jean Moulin]. 


Passant la frontière pour obtenir la bénédiction nuptiale d’un pasteur, il épousa le 15 octobre 1772, à Nyon [Vaud, Suisse], Marie-Georgette Belz (1748-1820), d’une famille originaire de Bischofszell [Thurgovie, Suisse], et en eut huit ou neuf enfants, dont trois fils.

« Grand et maigre, mon père avait l’œil gris-bleu, l’air affable, le teint assez frais, mais, comme sa femme, gravé de la petite vérole. Il souriait facilement, était très actif, et marchait à grands pas, avantage précieux pour le commerce qu’il exerçait, car, dans le milieu du siècle dernier, époque à laquelle remonte la fondation de sa maison, la commission en soieries ne donnait la victoire qu’aux meilleures jambes.[…] Sa mise était soignée et se distinguait toujours par une extrême propreté. Sa garde-robe abondait en beau linge, en habits de drap fin de toutes les nuances. Je lui en ai connu un couleur canelle [sic], doublé de peluche de soie blanche avec boutons dorés ; un gros-bleu, doublé de rouge, qui est reproduit sur son portrait ; un rayé noir et ponceau. Il portait des gilets élégants, des jabots en dentelle ou en fine batiste ; au doigt une émeraude entourée de brillants ; toujours ganté quand il sortait, et un jonc à la main. Un perruquier jovial et bavard venait chaque matin le raser et le coiffer. Après s’être laissé dépapilloter et friser les cheveux tantôt en boucles sur les côtés, plus tard en large crêpe, mon père allait se poser sur le palier de son appartement, le visage enfoncé dans un cornet rose à yeux vitrés. C’est alors que le perruquier déployant d’une main agile toutes les grâces de son état, saupoudrait sa tête de frimas odorants ; puis, muni d’un petit couteau d’ivoire, ôtait avec précaution la poudre de ses tempes et formait ce que l’on appelait des coins. »
(Henry-Auguste Brölemann. Souvenirs et portraits. Lyon, Imprimerie Alf. Louis Perrin, 1882, p. 107-109)  

Jean-Thierry-Thomas Brölemann habitait un modeste appartement dans la rue Puits Gaillot [Lyon Ier]. Sa fortune fut presque anéantie par la Révolution : il ne lui resta que sa petite maison de la Molière à Saint-Didier-au-Mont-d’Or [Rhône], achetée en 1793 à un sieur Dubost, et un très mince capital. Émigrés en Allemagne pendant quelques années, les membres de la famille se retrouvèrent à Lyon en 1794, dans 

Maison du clavecin (avril 2019)

un appartement Grande rue des Feuillants [Lyon Ier], à l’angle de la rue Royale, dans la maison dite « du Clavecin », à cause de sa forme. Jean-Thierry-Thomas Brölemann mourut d’une « fièvre nerveuse ataxique », à Lyon [Division du Nord], le 11 frimaire An IX [2 décembre 1800] et fut inhumé au cimetière de Saint-Didier-au-Mont-d’Or ; sa femme l’y rejoignit, après lui avoir survécu à la campagne jusqu’au 5 septembre 1820.

Henri-Auguste Brölemann

Leur fils aîné, Henri-Auguste Brölemann, était né à Lyon, le 15 septembre 1775. À partir de 1784, pendant la semaine, il fut placé sous la férule d’un précepteur d’origine strasbourgeoise, Daniel Brunner, et confié à ses cinq grand-tantes et ses deux tantes maternelles, qui habitaient à Lyon, rue Lanterne [Ier]. En 1788, il fut envoyé chez un pasteur luthérien de Zöppen, près de Leipzig [Saxe, Allemagne], pour parfaire son allemand. En 1792, sous la Terreur, il était à Augsbourg dans la maison de banque de Georges-Adam Émerich. Rentré à Lyon en 1794, il fit la connaissance de Louise-Pauline-Jeanne de Villas, née à Nîmes [Gard], le 16 septembre 1779, fille de Jacques-Antoine de Villas (1749-1811), négociant, et de Louise-Émilie Teissier (1754-1821) ; il l’épousa à Lyon [Division du Nord], le 30 prairial An VII [18 juin 1799], au retour d’un voyage pour affaires en Allemagne, au Danemark et en Suède. Le couple eut deux enfants : Émile-Thierry, né le 30 frimaire An IX [21 décembre 1800], et Elfride, née le 11 vendémiaire An XIV [3 octobre 1805]. Conseiller municipal pendant la Restauration, administrateur des Hospices, membre de la Chambre de commerce, puis du Conseil général du Rhône :

« Henry-Auguste Brölemann avait été brillamment doué par la nature. Une taille au-dessus de la moyenne, des yeux gris-bleu, vifs et perçants, une épaisse chevelure blonde, naturellement frisée autour d’un large front, de l’aisance dans la démarche et les manières, tout en lui impressionnait agréablement. A ces avantages extérieurs, se joignait une imagination pleine de verve et d’originalité, passionnée pour les arts, ouverte à tous les sentiments délicats, et un grand fonds de droiture. »
(A.-A. Brölemann. « Avant-propos ». In Henry-Auguste Brölemann. Souvenirs et portraits. Lyon, Imprimerie Alf. Louis Perrin, 1882, p. VII-VIII)

Malade depuis la mort en couches de sa fille Elfride, le 19 octobre 1826, Pauline de Villas s’éteignit prématurément, à Lyon, le 18 juillet 1837 ; Henri-Auguste Brölemann mourut à Lyon, le 29 novembre 1854 : ils furent inhumés au cimetière de Loyasse.

Henri-Auguste Brölemann s’était adonné à la recherche des gravures, des médailles, des émaux et des tableaux des primitifs, et, à partir de 1824, des manuscrits et des beaux livres. 



Il collait, dans le coin inférieur gauche du contreplat supérieur de ses livres, une étiquette octogonale à bordure bleue, dont il existait quatre types, sur laquelle il inscrivait une référence codée à des catalogues manuscrits « A » et « B » et le prix codé du livre.

Emile-Thierry Brölemann

Le 14 décembre 1825, à Lyon, Émile-Thierry Brölemann épousa Louise-Joséphine-Nency Chion, née à Crest [Drôme], le 27 septembre 1806, fille de Louis-Daniel Chion (1763-1856), négociant à Lyon, et de Catherine-Eugénie Archinard (1774-1863). Le couple eut trois enfants : Arthur-Auguste, né à Lyon, le 6 octobre 1826 ; Louise-Albertine, née à Lyon, le 30 novembre 1831 ; Caroline-Frédérique-Alice, née à la Guillotière, le 26 décembre 1838. Membre du consistoire de l’Église réformée de Lyon depuis 1848, Émile-Thierry Brölemann devint conseiller municipal de Lyon en 1852, et son président en 1864. Chevalier de la Légion d’honneur en 1868, il mourut le 8 août 1869, à Wabern [Suisse], en l’établissement thermal de Julius Staub ; son épouse mourut à Lyon, le 31 janvier 1895 : ils furent inhumés au cimetière de Loyasse.
S’il n’avait pas augmenté les collections paternelles, Émile-Thierry Brölemann les conserva, diminuées de six manuscrits qu’il légua à la ville de Lyon.

Arthur-Auguste Brölemann

Arthur-Auguste Brölemann épousa, le 18 juin 1853, à Lyon [IIIe], sa cousine germaine, Louise-Anna Sevène, née à Lyon, le 3 janvier 1833, fille de Auguste Sevène (° 1799), négociant, et de Caroline-Alexandrine-Louise Chion (1808-1850). On raconte que ce fut un mariage arrangé. Le couple n’eut pas d’enfant.

Villa Choisi, à Bursinel

En 1871, Arthur-Auguste Brölemann acheta le domaine de Choisi, à Bursinel [Vaud, Suisse], construit en 1828 pour l’industriel Armand Delessert (1780-1859), sur les bords du lac Léman.
Dès le 23 novembre 1866, il fut installé juge suppléant au Tribunal de commerce de Lyon, fonction qu’il conserva jusqu’au 18 décembre 1868 ; à ce moment il devint juge titulaire jusqu’au 15 mars 1872 ; le même jour, il fut nommé président ; il le demeura jusqu’au 25 janvier 1877, puis encore réélu président le 7 mars 1878, il occupa ce poste jusqu’au 6 janvier 1881. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1875. De graves accidents ayant profondément altéré sa santé, Louise-Anna Sevène mourut à Lyon le 23 mars 1885 et fut inhumée au cimetière de Loyasse. En octobre 1885, Arthur-Auguste Brölemann accepta de faire partie de la liste conservatrice proposée aux électeurs lyonnais de la Chambre des députés : le parti conservateur échoua. Il fut aussi candidat au Sénat, en janvier 1891. Il se fit partout également apprécier : administrateur des Hospices, censeur à la Banque de France, administrateur de la Société lyonnaise et du Magasin général des soies, membre du consistoire de l’Église réformée. Dévoué à la défense des bonnes causes, sa grande charité se manifesta par de larges aumônes envers les pauvres. 

Cimetière de Loyasse, Lyon

Atteint par une violente pneumonie, Arthur-Auguste Brölemann mourut le 23 février 1904, 14 quai de l’Est [quai de Serbie, Lyon VIe ; ancien quai d’Albret] et fut inhumé au cimetière de Loyasse.


Membre de la Société des Bibliophiles lyonnais depuis 1892, Arthur-Auguste Brölemann conserva la bibliothèque et les collections d’objets d’art léguées par son grand-père, Henri-Auguste Brölemann, dont il édita les mémoires sous le titre de Souvenirs et portraits (Lyon, Imprimerie Alf. Louis Perrin, 1882).
La bibliothèque renfermait plus de 4.000 volumes, qu’on peut classer sous les titres suivants : Bibles, Heures et livres de dévotion, Emblèmes, Histoire du protestantisme, Histoire générale et des provinces, Beaux-Arts, Belles-Lettres. 


Pour perpétuer le souvenir de cette bibliothèque, Arthur-Auguste Brölemann fit imprimer la description sommaire de 201 des plus beaux ouvrages, sur vélin ou sur papier, – 108 manuscrits et 93 imprimés -, sous le titre de Catalogue des manuscrits & livres rares de la bibliothèque d’Arthur Brölemann (Lyon, Alexandre Rey, 1897, VII-[1 bl.]-87-[1] p., tir. 100 ex.).

 
Photographie Philadelphia Museum of Art
Arthur-Auguste Brölemann ajoutait, au contreplat supérieur des livres de son grand-père, son ex-libris [54 x 45 mm], gravé sur acier par François-Auguste-Jean Patricot (1865-1928) et imprimé par l’Imprimerie Fugère, portant ses armes, « D’argent, à la barre de gueules bordée d’or, accompagnée de deux fleurs de myosotis tigées et feuillées au naturel », la devise « VİGİLENTİA ET PRUDENTİA » [vigilance et prudence] et la mention « EX LIBRIS A • BRÖLEMANN ». 



Au plat supérieur de ses propres acquisitions, il utilisa parfois un fer, et sur le contreplat, un autre ex-libris, de mêmes dimensions que le premier, gravé sur bois, tiré en noir ou en sépia, qui ne porte pas de devise et n’est pas signé.  


Henri IV et Marie de Médicis (1601)
Photographie Musée de Lyon

Par son testament du 10 juin 1902, Arthur-Auguste Brölemann légua aux musées de la ville de Lyon des objets d’art [coffret d’os sculpté du XIIIe siècle, plaquettes en bronze du XVe et du XVIe siècles, plaque d’émail peint du XVIe siècle], de numismatique [15 médailles, 3 sceaux et un poids du XIVe siècle] et des livres, dont la description a été faite dans Le Legs Arthur Brölemann au Musée de Lyon, par J.-B. Giraud, conservateur des Musées archéologiques de la ville de Lyon (Lyon, [A. Rey], 1905, 40 p. et 22 pl. h.-t.). Parmi les livres [numérotation du Catalogue de 1897] :


15. Heures. Manuscrit sur vélin de la fin du XIVe siècle, avec 14 miniatures à pleine page sur fonds à damiers. Inscription manuscrite à la fin : « Charles de la Rivière, fils de Jean de la Rivière ». Rel. veau fauve avec fers poussés, médaillons et coins frappés or, tr. dor.


69. Heures. Manuscrit sur vélin du XVIe siècle, avec 26 grandes miniatures de différentes mains. Ornements peints et dorés à toutes les pages. Armoiries peintes au bas du mois de mai du calendrier : « Parti d’azur [Fizeaux] et d’azur au chevron d’or accompagné en chef de deux étoiles d’or et en pointe d’un cygne d’argent [Micolon] ». Gardes couvertes de notes généalogiques sur les familles Nicot et Nabert, de Bourges, de 1508 à 1618. Rel. mar. br. dite « fanfare » [Ève], dos plat avec orn. poussés, écusson au centre [« Quintefeuille en abîme, accompagnée de trois glands de chêne versés et surmontés d’un croissant » (Chevard)], flanqué des initiales E. C. [Estiennette Chevard], tr. dor., des rubans bleus remplaçaient les agrafes.


109. Heures à l’usage de Rome. Paris, imprimées par Nicolas Higman, pour Guillaume Godard. Exemplaire sur vélin, avec 14 grandes figures et 22 petites enluminées. Manque un feuillet : l’« Homme anatomique » au recto et « janvier » au verso. Rel. en veau fauve, à la Grolier, bien restaurée aux deux mors.


156. Horæ in laudem beatissimæ Virginis Mariæ. Paris, Regnauld et Claude Chaudière, 1549. Exemplaire sur papier, réglé, quelques feuillets lacérés à la fin. Quatorze grandes illustrations ayant chacune un encadrement différent. Toutes les pages sont encadrées. Rel. dorée et peinte avec médaillons frappés, tête d’empereur romain au centre, tr. dor.


Héritière d’Arthur-Auguste Brölemannn, sa nièce Blanche Bontoux (1859-1955), épouse d’Étienne Mallet (1853-1929), mit en vente une partie du reste de la bibliothèque, à Londres, chez Sotheby and Co., les mardi 4 et mercredi 5 mai 1926 : Catalogue of a collection of very important illuminated manuscripts and fine printed horæ. With a few early illustrated books, formed during the early part of the nineteenth century by Henri Auguste Brölemann, and now sold by order of the present owner, his great-grand-daughter and heiress, Madame Étienne Mallet (Londres, Sotheby and Co., 1926, in-8, 72 p., 29 pl., 204 lots).

Quelques exemplaires furent vendus seuls :


-     Le 24 février 2016, à Drouot :  Exercitatorio de la vida spiritual. S. l. [Abbaye de Montserrat], s. n. [Johann Luschner], s. d. [1500], in-8, vélin blanc rigide, armoiries dorées au centre des plats, dos lisse portant une pièce de titre rouge, tranches dorées. 12.000 €


-     

   

     Le 12 décembre 2017, chez Sotheby’s, à Paris : Trente-six vues de la demeure montagneuse pour fuir les chaleurs estivales, par le missionnaire italien Matteo Ripa (1682-1746), 1714, in-fol., br., couv. en soie jaune. 162.500 €



Le samedi 18 janvier 2020, une autre partie de la bibliothèque d’Arthur-Auguste Brölemann fut vendue à la maison de ventes aux enchères de Vannes [Morbihan] : Collection du bibliophile lyonnais Arthur Brölemann (1826-1904) (Vannes, Jack-Philippe Ruellan, 2020, in-8 carré, 78-[2] p., 254 lots), dont Incunables et Post-Incunables [12 lots = 4,72 %], Ouvrages du XVIe siècle [29 lots = 11,41 %], Emblemata [25 lots = 9,84 %], Ouvrages du XVIIe siècle [43 lots = 16,92 %], Ouvrages du XVIIIe siècle [86 lots = 33,85 %], Ouvrages du XIXe siècle et Ouvrages illustrés [35 lots = 13,77 %], Ouvrages régionaux dont Lyonnais et Forez [24 lots = 9,44 %]. Sauf les lots 208 et 209, aucun exemplaire ne provenait de la bibliothèque de Henri-Auguste Brölemann. La vente a rapporté au total 296.120 € [hors frais].



2. Guillaume d’Auvergne. Postilla guillermi super Epistolas et Evangelia de tempore et sanctis et pro defunctis. Augusta, Johannem Schensperger, 1494, gr. in-8. Rel. vélin ivoire souple, tranches bleutées. 4.500 €




4.Albumasar. Introductorium in astronomiam Albumasaris abalachi octo continens libros partiales. Venetiis, mandato et expensis Melchionis Sessa, per Jacobum Pentium Leucensem, 1506. – Albumasar de magnis conjonctionibus : annorum revolutionibus : ac eorum prosectionibus : octo continens tractatus. Venetiis, mandato et expensis Melchiorem Sessa per Jacobum pentium de Leucho, 1515, in-8, rel. veau havane. 9.000 €




7. Johann Geiler von kaysersberg. Des hochwirdigen doctor Keiserspergs narenschiff. Strassburg, von Johanne Grieninger, 1520, in-fol. Rel. demi-vélin ivoire à coins, dos lisse, tranches mouchetées de rouge. 3.100 €




12. Pierre des Crescens. Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx touchant le labour des champs vignes et jardins. Paris, Philippe le Noir, 1532, in-4. Rel. demi-maroquin rouge à long grain, dos lisse. 15.900 €




17. Bible en arabe. Romæ, in Typographia medicea, 1591, in-fol., 149 gravures sur bois. Rel. basane havane marbrée, tranches rouges. 20.000 €




19. Calligraphie. Johann Theodor et Johann Israël de Bry. Alphabeta et characteres, jam inde a creato mundo ad nostra usq. tempora. Francfordij [Francfort], 1596, in-8, 51 pl. gravées. Rel. fin basane havane, tr. dor. 6.500 €



20.Calligraphie. G. A. Tagliente. Lo Presente Libro insegna la vera arte de lo excellente scrivere de diverse varie sorti de litere lequali se fano per geometrica ragione. Venegia, Nicolini da Sabbio, 1548, in-8, veau vert estampé à froid. 3.100 €



21.Hélisenne de Crenne. Les Angoysses douloureuses qui procèdent damours. S. l., s. n., s. d. [Lyon, Denys de Harsy, 1539], 3 parties en 1 vol. in-8, bas. havane mouchetée, tr. r. 14.500 €



25.Dodecamenon Petri Fabri Tolos. San-Joriani Consiliarii Regii, & in Tolosano Senatu Praesidis. Parisiis, apud Joannem Richerium, 1588, in-12, rel. vélin ivoire orné, tr. dor. 4.500 €




29. Livre de la conquête de la Toison d’Or. Jacques Gohory. Hystoria Jasonis Thessaliæ Principis de Colchica velleris aurei expeditione. Parisiis, s. n. [Jean de Mauregard], 1563, in-4, 25 pl. gravées, veau havane moucheté, tr. rouges. 18.700 €




31. Militaria. L. Brancaccio. Il Brancatio, della vera disciplina, et arte militare. Venetia, Vittorio Baldini, 1582. – L’Isole piu famose del mondo. Venetia, Simon Galignani et Girolamo Parro, 1576, in-4, 47 cartes gravées, mar. br., [armes et chiffre de Charles de Valois, duc d’Angoulême (1573-1650)], tr. dor. 8.400 €




32.Militaria. Achille Marozzo. Opera nova de Achille Marozzo Bolognese, mastro generale de larte de larmi. Venetia, Gioane Padouano, 1550, in-8, 2 pl. gravées, 83 fig. Rel. en très mauvais état : vélin ivoire orné, frotté et dédoré, restants de veau brun au dos, tr. dor. ciselées. 4.800 €




34. Ovide. La Métamorphose d’Ovide figurée. Lyon, Jan de Tournes, 1557, in-12, 43 pl., veau blond glacé, tr. r. 6.000 €




43. Hans Holbein. Icones historiarum Veteris Testamenti. Lugduni, Joannem Frellonium, 1547, pet. in-4, 94 bois, mar. rouge à gros grain de Koehler, tr. dor. 7.700 €




45. Danse de la mort. Hans Holbein. Simolachri historie, et figure de la morte. Lyone, Giovan Frellone, 1549, in-8, 53 bois gravés, basane havane, mors frottés, tr. dor. 6.100 €




48. Damiano Maraffi. Figure del Vecchio Testamento, con versi Toscani, per Damian Maraffi. Lione, Giovanni di Tournes, 1554, gr. in-8, 228 gravures sur bois par Bernard Salomon, veau fauve signé F. Bozerian Jeune, tr. dor. 8.100 €




53. Danse de la mort. David Denecker. Todtentantz, durch alle Stende der Menschen. Leipzig, David de Necker, 1572, pet. in-4, 40 gravures à pleine page encadrées, cartonnage. 6.500 €



62. F. M. Dole. Le Miroir du pécheur poenitent ou Explication du Miserere Psal. 50. de David par figures. Brussel, Ian vanden Horick et Henrij Aertssens, 1645, in-8, 38 gravures, veau havane moucheté. 5.100 €




75.Botanique. Claude Duret. Histoire admirable des plantes et herbes esmerveillables & miraculeuses en nature. Paris, Nicolas Buon, 1605, in-12, 28 gravures sur bois, demi-basane fauve, tr. mouchetées multicolores. 4.200 €




109. Venise. Giacomo Franco. Habiti d’huomeni et Donne Venetiane con la processione della Ser.ma Signoria et altri particolari, cioè trionfi, feste et cerimonie publiche della nobilissima citta di Venetia. Venice, Giacomo Franco, s. d. [1610], pet. in-fol., 24 pl. gravées, demi-maroquin rouge à coins signé Hippolyte Duru. 9.500 €



117. Jean Boccace. Le Decameron. Londres [Paris], s. n., 1757-1761, 5 vol. in-8, portr., 110 fig. h.-t., 97 culs-de-lampe, mar. rouge, tr. dor. 3.000 €



134. Denis Diderot. Pensées philosophiques. La Haye [Paris], Aux dépens de la Compagnie, 1746, pet. in-12, veau br. marbré, tr. rouges, aux armes [légèrement grattées] de Marie-Sophie Colbert de Seigneley, duchesse de Montmorency-Luxembourg (1711-1747). Frontispice manquant. 4.300 €



160.Manuscrit – Prince de Conti. Protocole rédigé en 1752 pour S. A. S. Monseigneur le Prince de Conti [Louis-François de Bourbon-Conti, 1717-1776]. Pet. in-4, mar. r., tr. dor. 3.600 €



208.Collection Brölemann – Manuscrit. Henri-Auguste Brölemann. Catalogue de mes manuscrits. Manuscrit in-4 de 42 pages rédigées à l’encre noire, avec cote, description et prix d’achat de chaque manuscrit. La couverture gris-bleu porte la mention « Catalogue spécial pour mes manuscrits représentant mon troisième catalogue intitulé A ». Vélin ivoire aux armes commandé par Arthur Brölemann pour le catalogue rédigé par son grand-père. 4.700 €



































La Destruction des archives parisiennes par les communards : un crime contre l’humanité

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La grande façade de l'Hôtel de ville de Paris, après l'incendie

Pendant la Commune de Paris, le 23 mai 1871, les communards incendièrent volontairement de nombreux bâtiments publics, dont l’Hôtel de ville de Paris, à l’initiative de l’anarchiste Jean-Louis Pendy (1840-1917), menuisier originaire de Brest [Finistère] : le premier exemplaire de l’état civil et des registres paroissiaux de Paris fut alors anéanti, de même que la collection complète de la Bibliothèque historique de la ville de Paris. L’état civil parisien se trouvait dans une annexe de l’hôtel de ville, 4 avenue Victoria [IVe], qui fut incendiée en premier.

La salle des pas perdus du Palais de justice de Paris, après l'incendie

Le lendemain, les communards incendièrent le Palais de justice, sur ordre du militant blanquiste Théophile Ferré (1846-1871), clerc d’avoué né à Paris : le deuxième exemplaire de l’état civil et des registres paroissiaux disparut à son tour, à la fois pour Paris mais aussi pour toutes les communes du département de la Seine. Outre les bureaux de l’état civil, une grande partie du Palais fut détruite : la partie affectée au Tribunal de première instance, la Police correctionnelle, les Archives, le Parquet général, le Parquet du procureur de la République, les cabinets des juges d’instruction, les deux salles des Cours d’assises, une grande partie de la Cour de cassation, la Cour d’appel, la salle des pas-perdus et la Grand-chambre.

Les incendies de Paris pendant la Commune

Pendant ces journées de destructions de la Commune de Paris, de nombreux autres bâtiments parisiens furent incendiés, anéantissant en quelques heures des siècles d’histoire. Deux cent trente-huit édifices publics ou maisons particulières furent atteints par le feu : le palais des Tuileries, la Bibliothèque du Louvre, le Palais-Royal, le palais d’Orsay avec la Cour des comptes, la préfecture de police, le ministère des finances situé dans le Palais des Finances, le palais de la Légion d’honneur - entraînant la disparition de nombreux dossiers de titulaires de la Légion d’honneur -, la maison de Prosper Mérimée, rue de Lille - anéantissant une partie de ses livres et toute sa correspondance -, les Magasins généraux, la gare de Lyon, la cathédrale Notre-Dame - dont l’incendie fut éteint par les internes de l’Hôtel-Dieu. Les Archives nationalesfurent sauvées grâce à l’intervention du communard Louis-Guillaume Debock (1822-1891), ouvrier typographe originaire de Lille [Nord], qui s’opposa à leur incendie volontaire souhaité par d’autres communards.

Avant la destruction de l’Hôtel de ville de Paris et du Palais de justice, les Archives de Paris disposaient, pour la collection municipale, de 4.114 registres paroissiaux antérieurs à 1792, avec 81 registres de répertoires, 47 registres de publications de bans et 15 registres pour l’état civil des Protestants, ainsi que de 7.300 registres d’état civil contenus dans 1.002 cartons pour la période 1792-1859.

L’ensemble des pertes représente plus de huit millions de documents. La mémoire de la population parisienne depuis le XVIe siècle fut pratiquement anéantie, aussi bien la mémoire du peuple de Paris, que celle des plus grands moments de l’histoire de France, et notamment les naissances, baptêmes, mariages, décès et sépultures des plus grandes personnalités du pays.

« La destruction des registres de l’État-civil, déposés aux archives de la ville de Paris (avenue Victoria), et au greffe du tribunal civil de la Seine, n’est pas seulement une cause profonde de perturbation pour les familles, elle est encore infiniment affligeante au point de vue historique. C’était la collection la plus complète de ce genre qui existât en France ; elle remontait au règne de François Ier, et dans plus de cent cinquante mille registres était contenue la solution d’une infinité de questions : l’historien, le biographe, le généalogiste, le topographe, l’amateur d’autographes, y trouvaient une mine féconde et précieuse. M. Jal nous a appris tout le parti qu’on pouvait en tirer. Tout en versant des larmes sur les cendres de ces précieuses archives de la ville de Paris, ne pourrait-on pas songer à atténuer cette immense perte ? Chaque famille, en fouillant dans son chartrier, retrouvera certainement des extraits de ces registres, et pourra les mettre au jour : ensuite les rares travailleurs qui gravissaient les cent vingt-cinq marches du dépôt de l’avenue Victoria, songeront peut-être à nous faire profiter de leurs recherches. C’est ce qui m’a déterminé à donner à la Revue historique-nobiliaire, les notes que j’ai prises pendant plusieurs années dans les registres de l’état-civil ; d’autres viendront, et nous donneront des documents plus complets et plus intéressants. » [sic]
(Comte de Chastellux. « Notes prises aux archives de l’Etat-civil de Paris ». In Revue historique nobiliaire et biographique. Paris, J. B. Dumoulin, 1872, t. VII, p. 126)

« Les Archives de l’État civil de Paris ont été anéanties par le feu, au Palais de Justice et au dépôt de l’avenue Victoria, pendant ces jours sanglants de haine furieuse, de criminelles entreprises, d’actions folles et sauvages qui ont signalé les quelques jours du milieu du mois de mai 1871.
Il était tout naturel que les hommes qui voulaient abolir la famille missent dans leur programme d’incendiaires la disparition des actes qui établissaient les filiations de toutes les familles, généalogie certaine du peuple, de la bourgeoisie, de la noblesse, que ne pouvait fausser l’art complaisant des généalogistes indignes successeurs des d’Hozier. Il leur fallait brûler les preuves des mariages de leurs aïeux, de leurs pères, d’eux-mêmes et de leurs enfants. Ils ne voulaient plus de mariages, que leur importaient les registres des anciennes paroisses de Paris et ceux des municipalités où étaient inscrits les actes dont le recueil, pour chacun d’eux, composait l’histoire de sa… famille – quel mot mettre à la place de celui-là ? Ils savaient peut-être, non pas tous, mais les chefs dont ils étaient les instruments aveugles, violents et avinés, ils savaient qu’on allait perdre les actes constatant leur naissance, celles de leurs femmes, de leurs enfants et de leurs grands parents, et ils ne s’arrêtaient pas devant cette considération que ces naissances resteraient incertaines, sans preuves dans l’avenir.
Ce que respectent tous les gens sensés qui vivent en société n’est plus que cendre jetée au vent. […] Avec de l’argent et du temps, on reconstruira les maisons et les palais […] mais les registres brûlés, quel argent pourra les restituer, quel temps, si long qu’il soit, aidera à recueillir les éléments de leur recomposition ? […]
Si je prévoyais les révolutions, si je pensais qu’on pouvait revoir la terreur, je ne prévoyais pas qu’on s’attaquerait à d’innocents recueils de documents où le pauvre, le roturier, l’artiste, l’artisan, sont côte à côte avec le riche, le noble, le partisan, le ministre, le prince, où Contugi le charlatan coudoie un Condé dix fois vainqueur. » [sic]
(A. Jal. « Préface de la seconde édition ». In Dictionnaire critique de biographie et d’histoire. Paris, Henri Plon, 1872, 2eédition)



Léon Rattier (1824-1902), sous-préfet et riche héritier

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Descendant d’une famille de cordonniers, Joseph-Charles-Thomas Rattier (1762-1821), fils d’un négociant et fabricant de point d’Alençon [Orne], épousa à Paris, vers 1785, Marie-Angélique Labitte, dont le père était marchand de draps, 52 rue Saint-Honoré [Ier, détruit], au coin de celle des Prouvaires, à l’enseigne de la Croix d’Or, fournisseur de tous les régiments étrangers au service de France. 

Magasin de Labitte, marchand de draps, auquel succéda un marchand de vin (1908)
Devenu successeur de son beau-père, Joseph-Charles-Thomas Rattier fut nommé fournisseur ordinaire de la maison de Napoléon en 1804, avec le titre de « marchand de draps de Sa Majesté l’Empereur et Roi », qui fut inscrit pendant dix ans au-dessus de la porte de son magasin. De 1815 à 1817, il eut le jeune peintre Camille Corot (1796-1875) comme commis coursier.

Son fils Adrien-Joseph Rattier, né à Paris le 27 avril 1789, lui succéda avant de s’associer avec Jean-Louis Guibal, né le 25 juin 1789, fils d’un manufacturier de draps à Castres [Tarn], pour installer à la plaine Saint-Denis, en 1828, une usine de fabrication de tissus caoutchoutés, et un magasin de vente au 4 rue des Fossés-Montmartre [rue d’Aboukir, IIe].
Le premier emploi réellement industriel du caoutchouc, pour rendre imperméables les vêtements, datait de 1791 : les premiers essais, faits sur une très petite échelle, n’avaient pas donné de grands résultats. Ce n’est qu’en 1823 que cette industrie commença à se développer d’une façon sérieuse, grâce aux procédés du chimiste écossais Charles Macintosh (1766-1843), dit « Mackintosh ». Rattier et Guibal importèrent en France ces procédés, auxquels ils apportèrent des perfectionnements : ils obtinrent, par ordonnance du 31 mars 1830, un brevet d’invention pour l’art de réduire le caoutchouc en fil et d’en former des tissus élastiques (bretelles, jarretières, ceintures, lacets, étoffes à corsets, etc.). 


Usine des Ternes
In L'Illustration, 26 avril 1856, p. 273
En 1847, leur fabrique déménagea aux Ternes, rue de la Chaumière [rue Laugier, Paris XVIIe] : Rattier demeurait alors au 98 rue Neuve-des-Mathurins [42 ter rue des Mathurins, VIIIe], Guibal rue de l’Arcade, aux Ternes [rue Bayen à partir de 1863, XVIIe].
Après la mort des deux manufacturiers en 1854 – Adrien-Joseph Rattier le 31 mars, Jean-Louis Guibal le 16 septembre -, leurs fils formèrent une usine, chacun de leur côté : Jean-Joseph-Paul Rattier (1819-1890) à Bezons [Val-d’Oise], avec un dépôt 4 rue des Fossés-Montmartre ; Charles Guibal (1824-1905) à Ivry-sur-Seine [Val-de-Marne], avec un dépôt 40 rue Vivienne [IIe]. En même temps qu’il fondait en France l’industrie des câbles souterrains, Rattier était appelé en 1859 à fabriquer, pour le compte de l’Administration française, les câbles sous-marins nécessaires à la construction du réseau sémaphorique des côtes de France.

Adrien-Joseph Rattier avait épousé, en 1814, Françoise-Victoire Deterville, née à Paris en 1797, unique héritière du libraire Jean-François-Pierre Deterville (1766-1842) et de Anne Garnery (1773-1842). 

Château de Verveine

Veuve depuis quatre ans, Françoise-Victoire Deterville mourut le 13 novembre 1858, au château de Verveine [Condé-sur-Sarthe, Orne], qu’elle laissa à ses trois enfants, ainsi qu’une maison, 8 rue Hautefeuille [VIe], au coin de la rue des Poitevins, en face de l’hôtel de Fécamp, et la ferme de Maisonville [Maisons-Alfort, Val-de-Marne ; rasée en 1920].
Les enfants vendirent la maison de la rue Hautefeuille et les collections de leur père en 1859, et la ferme de Maisonville en 1862.


La collection d’objets d’art d’Adrien-Joseph Rattier fut dispersée à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 5 rue Drouot, salle n° 5, au 1er, du lundi 21 au jeudi 24 mars 1859 : Catalogue des objets d’art et de haute curiosité composant la collection de feu M. Rattier (Paris, Mannheim et Rollin, 1859, in-8, 84 p., 479 lots), dont Argent et Bijoux antiques, Armes, Bijoux et matières précieuses, Bronzes, Émaux de Limoges, Faïences dites de Henri II, Fers ciselés, Grès de Flandre, Manuscrits [de la collection Debruge Duménil, 1847], Médailles, Porcelaines de Sèvres et autres, Sculptures, Terres cuites, Verres et Vitraux. 


Ses estampes furent vendues au même lieu, le vendredi 25 mars 1859 : Catalogue des estampes, dessins, aquarelles, tableaux anciens et modernes faisant partie de la collection de feu M. Rattier (Paris, Ferdinand Laneuville et Blaisot, 1859, in-8, 12 p., 80 + 1 double [bis] = 81 lots). Les ventes rapportèrent 383.683 francs, dont 30.000 pour les estampes, dessins, aquarelles et tableaux ; la collection n’avait pas coûté plus de 100.000 francs.


L’ainée des enfants de Adrien-Joseph Rattier et de Françoise-Victoire Deterville, Anne-Clémentine Rattier, était née le 15 juillet 1815. Le 18 août 1836, à Paris, elle épousa Roch-Romain Ledoux, négociant, né le 11 frimaire An VI [1er décembre 1797], à Paris, rue de Buci [VIe], fils de Louis-Thomas-Romain Ledoux, papetier, et de Anne-Marie Collemberg. Veuve depuis le 5 juin 1849, Anne-Clémentine Rattier épousa, en secondes noces, le 18 décembre 1851, à Paris, Charles-Jean Crapelet, imprimeur, né le 12 septembre 1819, fils de Georges-Adrien Crapelet (1789-1842), imprimeur, et de Madeleine-Fortunée Mérault. Le couple habita d’abord 98 rue Neuve-des-Mathurins, puis 74 boulevard Maillot, à Neuilly-sur-Seine [Hauts-de-Seine]. Associé depuis 1842 avec son beau-frère Charles-Auguste Lahure (1809-1887), Charles-Jean Crapelet renonça en 1855 à sa profession, pour travailler avec son autre beau-frère, Jean-Joseph-Paul Rattier : ce fut Crapelet qui, le 1er décembre 1855, représentant les sieurs Rattier et Compagnie, déposa au secrétariat de la préfecture du département de la Seine une demande de brevet d’invention de quinze ans pour la fabrication d’une matière dite « éléocomme ».
Fille de Roch-Romain Ledoux et de Anne-Clémentine Rattier, Marthe Ledoux, née le 2 août 1837, épousa, le 29 juin 1858 à Paris, le banquier Adolphe-Ernest Fould (1824-1875), d’une famille originaire de Metz [Moselle], fils de Achille-Marcus Fould (1800-1867), ministre d’État, et de Henriette Goldschmidt (1800-1870). Elle mourut prématurément, à l’âge de 26 ans, le 10 janvier 1864, en son domicile du 133 rue du Faubourg-Saint-Honoré [VIIIe].
Anne-Clémentine Rattier décéda le 12 avril 1869, en son domicile de Neuilly-sur-Seine.  

Jean-Joseph-Paul Rattier
 Son frère cadet, Jean-Joseph-Paul Rattier, était né le 10 mai 1819. Le 20 décembre 1855, à Paris, il épousa Marie-Charlotte-Élisabeth Damaison, veuve en premières noces de Jean-Jacques-Édouard Valentin. Le couple demeura 56 rue Bayen. Jean-Joseph-Paul Rattier devint conseiller municipal du XVIIe arrondissement de Paris en 1859. Veuf, il décéda en son domicile, le 9 juin 1890. 


Ses collections d’objets d’art furent vendues à l’Hôtel Drouot, salle n° 2, les lundi 13 et mardi 14 avril 1891 : Catalogue des objets d’art et de curiosité, monnaies antiques, médailles de la Renaissance et du XVIIe siècle, miniatures et tableaux, bas-reliefs des Della Robbia, armes, bronzes du XVIe siècle, porcelaines du Japon, couteaux en porcelaines tendres et de Saxe, meubles, dépendant de la succession de M. Paul Rattier (Paris, Rollin et Feuardent, Charles Mannheim, B. Lasquin, 1891, in-8, 71-[1 bl.] p., 207 lots).  
  
Le benjamin des enfants de Adrien-Joseph Rattier et de Françoise-Victoire Deterville, Victor-Léon Rattier, était né le 21 juin 1824. 


Il fut nommé sous-préfet à Doullens [Somme], le 8 décembre 1849. Le 3 septembre 1851, à Neufchâteau [Vosges], il épousa Émelie-Bathilde-Fédora Henrys, née le 11 mai 1827 à Bourg-Sainte-Marie [Haute-Marne], fille de Émile-François Henrys (1799-1875), inspecteur des forêts, et de Eugénie-Louise-Constance Labille (1807-1876) ; parmi les témoins se trouvait Pierre-Antoine-Victor Huot (1783-1857), député des Vosges, oncle de l’épouse et des frères Goncourt.


Dès 1858, Léon Rattier et Fédora Henrys devinrent propriétaires du château de Jeand’heurs [L’Isle-en-Rigault, Meuse].
Jeand’heurs avait été d’abord une abbaye de l’Ordre des chanoines réguliers de Prémontré, qui datait du XIIe siècle. En 1791, Mathieu, maître de forges à Bayard-sur-Marne [Haute-Marne], l’avait achetée comme bien national. Pour 100.000 livres, Nicolas-Charles Oudinot (1767-1847), maréchal d’Empire et duc de Reggio, l’avait acquise en 1808. Il y avait fait des aménagements considérables, avait reboisé les côteaux, avait entouré tout le domaine d’un mur de 9 km de long et avait régularisé le cours de la Saulx. Une bibliothèque riche de trois mille volumes, dont un grand nombre d’éditions de luxe, formée par le maréchal lui-même, fervent bibliophile, avait été la gloire d’une partie du premier étage. En 1839, nommé grand chancelier de la Légion d’honneur, Oudinot s’était établi à Paris et n’était plus venu à Jeand’heurs que par congé. Après la mort du maréchal, la bibliothèque avait été dispersée le 26 septembre 1851 et le domaine avait été vendu en plusieurs lots. La papeterie, qui avait été fondée en 1826 sur le site de l’un des premiers moulins à papier lorrain du XIVe siècle et où avait été installée une des deux premières machines à papier en continu conçues par Léger Didot (1767-1829) [25 rue Henri Chevalier, L’Isle-en-Rigault, mise en liquidation en 2001], fut acquise par Gabriel Varin-Bernier, banquier à Bar-le-Duc. La Vieille-Forge avait été acquise par Jules Deschamps, de Paris, la ferme par Pérardel et les bois par de Benoist. Le château avait été acheté par Morel-Quentin, négociant de Versailles, qui l’avait cédé peu après à Émile-François Henrys (1799-1875), beau-père de Léon Rattier.
Celui-ci, dont les goûts étaient servis par une fortune considérable, embellit le château et le parc, ajouta une aile, combla les douves et les remplaça par une balustrade, orna une des façades de balcons et de pilastres, décora l’intérieur, construisit une orangerie et agrandit un pavillon du parc.
À partir de 1877, Edmond de Goncourt (1822-1896) fit chaque année, à la fin de l’été, un séjour au château de Jeand’heurs :

« Un parc qui rappelle en grand le Petit Trianon, et dans lequel coule une vraie rivière, une cour d’honneur digne d’un Marly, des amas de curiosités, parmi lesquelles il y a une collection de livres et de reliures qui vaut plus d’un million, des armoires toutes pleines de vieilles dentelles »
(Journal des Goncourt. Paris, Charpentier, 1891, t. V, p. 337)

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche
Photographie B.M. Lyon
 Pour ses livres, Léon Rattier utilisait deux types – polylobé ou triangulaire - d’un ex-libris [23 x 27 mm] doré sur cuir rouge, portant deux écus accolés : à dextre, aux armes de l’abbé François, abbé de Jeand’heurs [« D’azur à la fasce d’argent accompagnée en chef de deux roses de même et en pointe d’un Agnus Dei d’argent »] ; à sénestre, les armes de l’abbaye [« De gueules à une Vierge Mère d’argent couronnée d’un diadème d’or, ayant à sa main droite une croix et sur le bras gauche l’enfant Jésus couronné de même »] ; au-dessus, un listel porte « ABBATIA  JANDURIARUM » ; au-dessous, un listel porte « EX  LIBRIS  LEON  RATTIER ».

Fédora Henrys mourut au château de Jeand’heurs, le 8 février 1902, avant son mari. Léon Rattier, décéda au même château, le 29 octobre suivant. Son héritage, comprenant aussi le château de Verveine, échut à son petit-neveu, Charles-Achille Fould (1861-1926), député des Hautes-Pyrénées.

Charles-Achille Fould
Né à Paris [VIIIe], 129 rue du Faubourg-Saint-Honoré, le 10 août 1861, Charles-Achille Fould avait épousé, à Saint-Julien-Beychevelle [Gironde], le 22 janvier 1890, Claire-Blanche-Marie-Louise Heine, née à Paris [IIe], 12 rue de la Paix, le 12 août 1865, fille de Armand Heine, banquier, et de Marie-Amélie Kohn.
Il mit en vente une première partie de la bibliothèque du château de Jeand’heurs, du mardi 3 au jeudi 5 juin 1913, en 3 vacations, à l’Hôtel Drouot, salles 8 et 10 : Livres anciens rares et précieux provenant de la bibliothèque de feu M. R*** [Rattier] (Paris, Henri Leclerc, 1913, in-8, 359 lots). La vente rapporta au total 114.837 francs.


1. Columna (Franciscus). Hypnerotomachia Poliphili, Venise, Alde Manuce, décembre 1499, in-fol., mar. bleu (Bozerian Jeune), première édition. Exemplaire Yemeniz [1867, n° 2.249]. 4.500 fr. [Christie’s New York, 23 avril 2001 : 358.000 $]
3. Chronique de Saint-Denis (1514). 2.020 fr.


13. Doni (Anton Francesco). Les Mondes, célestes, terrestres et infernaux. Lyon, Barthelemy Honorat, 1578, in-8, 14 fig., mar. bleu nuit, dos à nerfs orné, triple filet doré encadrant les plats, coupes filetées or, dent. int., tr. dor. sur marbrures (Duru). Ex. Yemeniz [1867, n° 2.201]. 61 fr. [Drouot, 16 décembre 2016 : 3.384 €] 
31.Rabelais (François), Œuvres, fig. de B. Picart, Amsterdam, 1741, 3 vol. in-4 (Rel. anc.), exemplaire sur grand papier, dans une reliure de Bradel aîné. 6.055 fr.
41. Tasse (Le), Jérusalem délivrée, traduit par Le Brun, Paris, An XI-1803, 2 tomes en 1 vol. in-8 (Thouvenin), exemplaire contenant les dessins originaux de Le Barbier et Chasselat. 3.305 fr.


44. Billaut (Adam). Le Vilebrequin de Me Adam, menuisier de Nevers. Paris, Guillaume de Luyne, 1663. In-12, maroquin bleu, triple filet doré, dos orné, filets sur les coupes, dentelle intérieure, tranches dorées (Capé). 17 fr. [Paris, salle Rossini, 16 octobre 2015]


58.Desportes (Philippe), Les Premières Œuvres, Paris, Mamert Patisson, 1600, in-8, mar. rouge, décor à la fanfare avec au centre motif dit « à la rose », dos à nerfs orné, roulette et filets dorés intérieurs, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet). 2.210 fr. [Paris, Salle Rossini, 3 novembre 2010 : 6.000 €]
71.Marguerites de la Marguerite des princesses, très illustre royne de Navarre, Lyon, 1547, 2 tomes en 1 vol. in-8 (Niedrée, 1848). 2.500 fr.
93. Le Grant Testament Villon entre 1495 et 1500, gr. in-8 goth. (Niedrée, 1846). 3.600 fr.


106. La Mort de Pompée. Paris, Antoine de Sommaville et Augustin Courbé, 1644, in-4, mar. rouge janséniste, dent. int., tr. dor. (Belz-Niedrée). 265 fr. [Drouot, 14 juin 2019 : non vendu]
124. Sertorius, tragédie. Rouen et Paris, Augustin Courbé, Guillaume de Luyne, 1662. In-12, maroquin janséniste rouge, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Allô). Seconde édition, parue à la même date que l’originale. 50 fr. [Drouot, 16 mai 2009 : 600 €]
162. Psiché, tragédie-ballet par J.-B.-P. Molière (en collaboration avec P. Corneille et Quinault). Et se vend pour l’autheur à Paris, chez Pierre Le Monnier, 1671, in-12 (Trautz-Bauzonnet), édition originale. 2.420 fr.


168.Molière. Le Malade imaginaire. Cologne, Jean Sambix, 1674, in-12, mar. rouge, filet doré en encadrement, dos à nerfs orné de fleurons dorés, roulette sur les coupes et roulette int., tr. dor. (Masson-Debonnelle). 25 fr. [Sotheby’s, Paris, 21 novembre 2018, 1.125 €]


178. Racine (Jean). La Thebayde ou les Frères ennemis. Paris, Gabriel Quinet, 1664, in-12, mar. rouge jans., dos à nerfs, double filet doré sur les coupes, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). [Drouot, 20 février 2020]
211.Nouvelles en vers, tirée [sic] de Bocace et de l’Arioste, par M. de L. F. ; à Paris, chez Claude Barbin, 1665 (Trautz-Bauzonnet). 2.060 fr.
212. Contes et nouvelles en vers de M. de La Fontaine ; à Paris, chez Claude Barbin, 1665. Deuxiesme partie des Contes et nouvelles en vers de M. de La Fontaine ; à Paris, chez Louis Billaine, 1646 [i.e. 1666], (Trautz-Bauzonnet), édition originale. 2.500 fr.
229. Elégie (Lortic), édition originale de cette Elégie aux Nymphes de Vaux ; cet exemplaire a appartenu au fameux surintendant ; au haut de la première page, on lit : M. Fouquet, envoi écrit de la main même du grand poète ; on a ajouté un précieux autographe de La Fontaine ; c’est le brouillon de son Ode pour la paix, qui a paru pour la première fois en 1671. 2.380 fr.


276.Marivaux. L’Ecole des mères. Paris, Pierre Prault, 1732, in-12, mar. rouge jans., dos à nerfs, dent. dorée int., double filet doré sur les coupes, tr. dor. sur marbrure (Thivet). Edition originale. 60 fr. [Paris, hôtel Ambassador, 18 octobre 2019 : 450 €]


277.Marivaux. Le Legs. Paris, Prault fils, 1736, in-12, mar. vert jans., dent. int., tr. dor. sur marbrure (Allô). Edition originale. 271 fr. [Paris, salle Rossini, 16 octobre 2015 : 400 €]
345. Libri de re rustica, M. Catonis, Terentii Varronis, Columellae, 1533, rel. anc. 3.052 fr. 


Une deuxième vente se déroula du jeudi 17 au mercredi 23 juin 1920, en 6 vacations, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 9 : Bibliothèques de MM. Achille Fould et Léon Rattier. Première partie. Livres anciens. Très beaux livres illustrés du XVIIIe siècle et du début du XIXe. Dessins originaux de Cochin, Le Barbier, Marillier, Monnet, Moreau, etc., etc. Très beaux livres illustrés de l’époque romantique et contemporains. Riches reliures de Allo, Capé, Chambolle-Duru, Cuzin, David, Duru, Gruel, Marius Michel, Niédrée, Trautz-Bauzonnet, etc., etc. (Paris, Henri Leclerc, 1920, in-4, [3]-[1 bl.]-215-[1] p., 915 + 4 doubles [bis] = 919 lots), dont Livres anciens dans tous les genres [252 lots = 27,42 %], Livres illustrés des XVIe et XVIIe siècles [16 lots = 1,74 %], Livres illustrés du XVIIIe et du début du XIXe [278 lots = 30,25 %], Collections [58 lots = 6,31 %], Livres illustrés de l’époque romantique et du milieu du XIXe siècle [60 lots = 6,52 %], Livres illustrés contemporains [255 lots = 27,74 %]. 


Le catalogue était accompagné d’un album portant le même titre et renfermant 20 héliogravures par Léon-Victor Marotte. La vente rapporta au total 771.757 francs.


26. Choisy. La Vie de Mr l’abbé de Choisy de l’Académie françoise. Lausanne & Genève, Marc-Michel Bousquet & Cie, 1742, in-8, mar. rouge, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Cuzin). Deux dessins originaux ajoutés. 100 fr.


85. Jodelle (Étienne). Œuvres et meslanges poétiques. Paris, Robert Le Fizelier, 1583, pet. in-12, mar. citron, plats entièrement couverts de compart. à la Grolier de mar. noir entrelacés, remplis de petits fers dorés, dos orné de même, doublé de mar. rouge, encadrement de filets avec chiffre de Rattier aux angles, doubles gardes, tr. dor. (Rel. moderne). 2.020 fr.


88. La Fontaine. Fables. Paris, Didot l’Aîné, 1789, 2 vol. in-8, mar. rouge, large encadr. orné, dos orné, dent. int., doubl. et gardes de tabis bleu, tr. dor. (Bradel). Un des 6 ex. sur peau de vélin. 2.100 fr. [Paris, Christie’s, 21 mai 2003 : 18.212 €]


106.Marivaux. La Voiture embourbée. Paris, Prault, 1714, in-12, mar. violet foncé à longs grains, fil. à froid, dent. int., tr. dor. Edition originale. 110 fr. [Paris, hôtel Ambassador, 25 novembre 2015 : 400 €]
117.Molière. Œuvres. Paris, Denys Thierry & Claude Barbin, 1674, 7 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos orné, pet. dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. Léopold Double (1881). 6.950 fr. 


142.Quinault. Théâtre. Suivant la copie imprimée à Paris (Amsterdam, Wolfgang), 1663, 2 vol. pet. in-12, front. gravés, mar. citron, dos et plats entièrement couverts de compartiments de filets droits et courbes remplis de petits fers au pointillé et de parties de mar. rouge et noir, dent. int., tr. dor. (Capé). 1.300 fr.


146. Recueil de diverses pièces comiques, gaillardes et amoureuses. Suivant la copie imprimée à Paris, [Bruxelles], Jean-Baptiste Loyson, 1671, pet. in-12, mar. citron, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 255 fr. [Librairie Amélie Sourget : 2.900 €]
152. Rousseau (Jean-Jacques). Du contrat social ou Principes du droit politique. Paris, Impr. Didot Jeune, An IV (1795), in-fol., mar. rouge, encadr. à la grecque, dos orné à petits fers, doubl. et gardes de tabis bleu ciel avec guirlande dorée formant encadrement, tr. dor. (Bozerian). Sur peau de vélin. Portrait et lettre autographe ajoutés. 6.100 fr.


244. Irène, tragédie de M. de Voltaire représentée pour la 1re fois le 16 mars 1778. Paris, s. n., 1779, in-8, mar. rouge jans., dent. int., tr. dor. (David). 2eédition. 35 fr.


255. Gilles (Nicole). Les Très Élégantes et Copieuses Annales des très preux, très nobles, très chrestiens et excellens modérateurs des belliqueuses Gaulles. On les vend à Paris, en la rue Neufve Nostre-Dame, à l’enseigne Sainct Jehan Baptiste, 1541, 2 tomes en 1 vol. in-fol. goth., titres dans un encadr. gravé sur bois, mar. La Vallière, compart. de bandes de mar. noir à la Grolier serties de fil. dor., titre et date sur cartouches de mar. noir au centre des plats, dos orné et mosaïqué, dent. int., tr. dor. (Capé). Nombreuses fig. gravées sur bois. 2.510 fr.



256. Lorris (G. de) et Jean de Meung. Le Rommant de la Roze. Paris, s. d. [v. 1497], in-fol. goth. à 2 col., mar. rouge, plats entièrement recouverts de riches compartiments de fil. droits et courbes avec entrelacs et ornements de feuillages, dos orné à petits fers, dent. int., tr. dor. (Capé). Nombreuses figures sur bois. Incomplet des feuillets a1, a4, a5 et z6, dont le premier et le dernier, ornés de la marque de Jehan Petit et du portr. de Jehan de Meung, ont été refaits en fac-similés. 2.050 fr.
277. Basan. Dictionnaire des graveurs anciens et modernes depuis l’origine de la gravure. Seconde édition. Paris, J. J. Blaise, 1809, 2 tomes en 4 vol. in-8, remontés in-4, dos et coins de mar. La Vallière, non rognés, 210 fig. Portrait et lettre autographe ajoutés. 12.450 fr.


286. Bessa (P.). Fleurs et fruits, in-4, mar. rouge, dos et plats entièrement couverts de compart. de filets droits et courbes, d’entrelacs, ornements de feuillage, et arabesques au pointillé, doublé de mar. vert foncé, très large dent. à petits fers, gardes de tabis vert, tr. dor. (Capé). Recueil de 68 petites aquarelles exécutées sur peau de vélin et montées sur bristol. 1.350 fr.
289. Bitaubé (Joseph). 4eédition. Paris, Impr. Didot l’Aîné, 1786, 2 vol. pet. in-8, mar. rouge, cadre de fil. pleins et au pointillé, motif à petits fers aux angles, dos orné, doublés de mar. rouge, large dent. à petits fers, doubles gardes, tr. dor. (Cuzin). Impr. sur peau de vélin. Dessins, fig., gouaches, portr. et lettre autographe ajoutés. Ex. des bibliothèques Renouard, Léopold Double et Benzon, relié depuis par Cuzin. 8.100 fr.


311.Chateaubriand. Atala. René. Paris, Le Normant, 1805, in-12, mar. rouge, filets, dos orné, dent. int. tr. dor. (Chambolle-Duru). Première édition des deux ouvrages réunis. Portrait, dessins originaux, gravure, note autographe ajoutés. 980 fr. [Drouot, 8 novembre 2016 : 3.133 €]


313.Colardeau. Le Temple de Gnide. Paris, Lejay, 1773, in-8, mar. bleu, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Petit). Dessin original de Monnet ajouté. 690 fr. [Paris, hôtel Ambassador, 17 juin 2019 : 3.500 €]
324.Demoustier (C.-A.). Œuvres. Paris, Antoine-Auguste Renouard, 1804-1809, 11 vol. in-12, mar. rouge à longs grains, dent. de fers à froid et dor., dos orné de petits fers et semis de petits points dorés, dent. int., doubl. et gardes de moire violette, non rognés (Bozerian). Ex. de Renouard, le seul imprimé sur peau de vélin. Dessins originaux de Monnet et de Huber, fig. et lettre autographe ajoutés. 15.000 fr.



340. Fabliaux ou contes, fables et romans du XIIe et XIIIe siècle, traduits ou extraits par Legrand d’Aussy, 3eédition. Paris, Renouard, 1829, 5 vol. gr. in-8, mar. bleu foncé, fil., milieu orné de compart. de fil. entrelacés et fers azurés, dos ornés, dent. int., doubl. et gardes de moire cerise, tr. dor. (Allô). Seul exemplaire sur pap. de Chine. Dessin original et figures ajoutés. 2.300 fr. [Paris, Sotheby’s, 18 juin 2019 : 2.250 €]  


343.Fénelon. Les Aventures de Télémaque fils d’Ulysse. Paris, Didot l’Aîné, 1781, 4 vol. in-18, mar. bleu, plats entièrement couverts de filets formant de petits losanges avec pet. fers au milieu, le tout compris dans un encad. d’une guirlande de vigne et de grappes de raisin, dos orné au pointillé, pet. dent. int., doubl. et gardes de tabis jaune serin, tr. dor. (Bozerian). Suite des 24 fig. de Queverdo, celle du portrait gravé par Delvaux d’après Vivien, et des 24 fig. de Lefebvre. 6.900 fr.
357. Gessner (Salomon). Œuvres. Paris, Veuve Hérissant et Barrois l’Aîné, s. d. [1786-1793], 3 vol. gr. in-fol., mar. rouge, encadr. de 7 fil. et d’une petite dent., dos ornés, doublés de mar. bleu, dent., grande marguerite aux angles, doubles gardes, tr. dor. (Cuzin). Gr. pap. Dessins originaux, fig., portr. ajoutés. 8.100 fr.  


360.Grafigny (Mme de). Lettres péruviennes. Paris, Didot l’Aîné, 1781, 2 vol. in-18, mar. bleu à longs grains, plats entièrement couverts de filets vermiculés au pointillé dor., encadr. de feuillages, dos orné à la rose, dent. int., doubl. et gardes de moire vieux rose, tr. dor. (Bozerian). Deux portraits, 8 figures et 1 pièce de vers autographe de l’auteur ajoutés. 11.100 fr.
375. Laborde (Benjamin de). Choix de chansons mises en musique, ornées d’estampes par J. M. Moreau. Paris, de Lormel, 1773, 4 tomes en 2 vol. gr. in-8, mar. vert, large dent. à petits fers, dos orné, dent. int., tr. dor. (Capé). Portr. de Laborde par Moreau ajouté. 12.000 fr.
388. La Fontaine. Contes et nouvelles. Paris, Paris, P. Didot l’Aîné, 1795, 2 vol. in-4, mar. vert, large dent. à petits fers, dos ornés, large dent. int., doubl. et gardes d’étoffe brochée, tr. dor. (Marius Michel). Ex. imprimé sur pap. vélin contenant la figure de La Fiancée du roi de Garbe avant le numéro. Dessins, estampes, figures et gravures ajoutés. 6.100 fr.
389. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Paris, Tillard, 1809, 2 vol. gr. in-4, mar. vert, encadr. de deux bandes de mar. bleu et de mar. rouge sur les plats et les dos, bordure int. de mar. avec dent., doubl. et gardes de soie brochée, doubles gardes, tr. dor. (Marius Michel et fils). Estampes, dessins originaux, gravures et figures ajoutés. 7.000 fr.


407. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé (traduites du grec par Amyot) avec figures. S. l. [Paris, Quillau], 1718, pet. in-8, mar. rouge, large dent. à petits fers, dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). Edition dite « du Régent », front. et 28 fig., avec celle des « petits pieds ». Exemplaire de Viollet-le-Duc. 7.600 fr.

Distraction du doreur ...



408. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé. S. l. s. n. [Paris, Coustelier], 1731, in-12, mar. rouge jans., dent. int., tr. dor. (Marius Michel), non rogné. 135 fr. 
441. Ovide. Métamorphoses. Paris, Gay, Guestard, 1806, 4 vol. gr. in-4, mar. rouge, fil., dos ornés, dent. int., tr. dor. (Cuzin). Gr. pap. vélin. Figures et dessins originaux ajoutés. 9.700 fr.



443. Perrault (Charles). Histoires ou Contes du tems passé, avec des moralités. La Haye, 1742, in-18, mar. vert, fil., fleur aux angles, dos orné, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Billet autographe de l’auteur ajouté. 680 fr. [Librairie Faustroll, 2020 : 10.000 €]
455. Prévost (Abbé). Histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux. Paris, Didot l’Aîné, An V [1797], 2 vol. in-12, mar. bleu, large dent. aux petits fers et au pointillé encadrant les plats, dos ornés, doublés de mar. rouge, semis du chiffre de L. Rattier, gardes de tabis rouge, non rognés (Capé). Impr. sur peau de vélin, 8 dessins à la sépia ajoutés. 7.700 fr.



470.Rousseau (J.-J.). Œuvres. Paris, Defer de Maisonneuve, Didot le Jeune, 1793-1800, 18 vol. gr. in-4, mar. rouge, large dent. à petits fers, dos ornés, chiffre de L. Rattier aux angles des plats, dent. int., tr. dor. (Capé). 35 fig., 24 pl. de musique et 1 fac-similé d’autographe. Ex. sur papier vélin, auquel on a ajouté les 35 dessins originaux des fig., autres fig. et dessins, lettre autographe. 61.000 fr.
471. Sacre de Louis XV (Le) roy de France & de Navarre, dans l’église de Reims, le dimanche XXV octobre 1722 (Paris, 1723), gr. in-fol., mar. bleu foncé, large dent. et armes royales sur les plats, chiffre de Louis XV aux angles et sur le dos, dent. int., tr. dor. (Padeloup). 7.800 fr.   


476.Saint-Pierre (Bernardin de). Paul et Virginie. Paris, P. Didot l’Aîné, 1806, gr. in-fol., mar. bleu vert, plats entièrement couverts d’une riche composition d’ornements et de rinceaux de mar. de diverses couleurs et de serpents, en cuir imitant la peau de ces reptiles, le tout serti de fil. dorés, dos orné de rinceaux de couleurs diverses, doublé de mar. rouge, entièrement couvert de compart. de fil. entrelacés, de clochettes et de motifs en fers azurés, gardes de moire marron clair, tr. dor. et ciselée, boîte de mar. rouge, ornée de 9 fil., dos orné de fil., fermoirs (Rel. de Petit, dorée par Wangflug). Fig. ajoutées, lettre autographe de l’auteur. 4.080 fr.
494. Vadé. Œuvres poissardes, suivies de celles de L’Écluse. Paris, Defer de Maisonneuve, Impr. Didot le Jeune, 1796, in-4, mar. rouge à longs grains, pet. dent., dos orné, bordure int. à la grecque, tr. dor. (Rel. anc.). Un des 100 impr. sur pap. vélin, avec les ill. avant les numéros. Lettre de Vadé ajoutée. 12.010 fr.
504.Voltaire. Œuvres complètes. Kehl, Société littéraire typographique, 1785, 92 vol. gr. in-12, mar. rouge, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Capé). Impr. sur pap. vélin. Fig., portr., dessins originaux ajoutés. 22.200 fr.
558. Cazin (Collection) & éditions similaires. 213 vol. in-18 et 1 album, dont 206 reliés en mar. bleu foncé, compart. de filets à la Duseuil, dos ornés au pointillé, dent. int., tr. dor. (Allô), 5 en mar. rouge, filets, dos ornés au pointillé, dent. int., tr. dor. (Arnaud) et 2 en mar. bleu, filets, dos ornés, dent. int., tr. dor. (Cuzin). 6.750 fr.


583. La Fontaine. Fables. Paris, Didot, 1813, 2 vol. in-18, mar. vert, fil., dos ornés, doublés de mar. rouge, dent., milieux et coins ornés, doubles gardes, tr. dor. (David, rel. – Domont, dor.). Impr. sur peau de vélin. 662 fr. [Paris, Christie’s, 28 avril 2008 : 7.450 €]


593. Montesquieu. Considérations sur les causes de la grandeur des Romains, et de leur décadence. Paris, Didot, An XI [1803], in-18, mar. grenat, fil., dos orné, doublé de mar. tête de nègre, large dent. à petits fers, tr. dor. (Marius Michel). Impr. sur peau de vélin. 400 fr. [Paris, Christie’s, 30 avril 2014 : 4.000 €]   


642. Moreau (Hégésippe). Le Myosotis, petits contes et petits vers. Paris, Desessart, 1838, gr. in-8, mar. brun, premier plat orné d’un grand encadr. de fleurs et de rinceaux mosaïqués, une composition en veau ciselé : branche de laurier entourant une lyre ; le second plat orné d’un cadre de 2 fil. avec motif d’angle mosaïqué, dos orné et mosaïqué, doublé de mar. bleu, compart. de 11 fil., gardes de soie brochée, tr. dor. sur témoins, couverture, étui (Gruel). Enrichi de 24 aquarelles originales de A. Robaudi. 1.850 fr. 


645. Nodier (Charles). Journal de l’expédition des Portes de fer. Imprimerie royale, 1844, gr. in-8, mar. rouge, les plats recouverts de caissons de fil. et de pet. fers dor. renfermant des fleurs de lis mosaïquées en mar. vert ou bleu sur le fond de mar. rouge, doublé de mar. bleu, semé de fleurs de lis et bordé de feuillages laurés, gardes de moire bleue, tr. dor. et ciselées (Lortic). Armes de la famille d’Orléans. 4.020 fr.



646. Papon (Loys). Œuvres du chanoine Loys Papon, poète forésien du XVIe siècle. – Supplément aux œuvres du chanoine Loys Papon. Lyon, Perrin, 1857-1860, 2 vol. in-8, mar. rouge, riches compart. de fil. entrelacés à la Grolier, couvrant entièrement les plats, dos ornés, tr. dor., fermoirs au premier volume (Trautz-Bauzonnet). Tiré à petit nombre, H. C. Impr. sur peau de vélin, reliés au chiffre de Yemeniz. 5.000 fr.


671. Aumale (Duc d’). La Bataille de Rocroy. Paris, Rahir et Cie, 1899, pet. in-4, mar. bleu, grande composition de bandes de mar. violet foncé, branches de laurier en mar. mosaïqué, armes du duc d’Aumale sur mar. bleu clair avec son chiffre répété 6 fois, dos orné et mosaïqué, doublé de mar. citron, semé de fleurs de lis dor., gardes de soie citron, doubles gardes, tr. dor., couverture (Marius Michel). Publié par les Bibliophiles françois à 144 ex. 1.300 fr.


708.Chateaubriand. Les Aventures du dernier Abencérage. Paris, Pelletan, 1897, in-4, mar. vert foncé, large cadre de rinceaux et fleurons mosaïqués et sertis à froid, dos orné, riche doublure couverte de compart. de bandes de mar. de diverses couleurs, de petits médaillons et de petits fers à répétition dor. et mosaïqués, gardes de faille [étoffe de soie à gros grain] brune, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couverture (Chambolle-Duru). Un des 15 ex. sur pap. ancien du Japon, au nom de L. Rattier. Aquarelle de D. Vierge et lettre autographe de l’auteur ajoutées. 3.900 fr.


725. Daudet (Alphonse). Sapho, mœurs parisiennes. Paris, Quantin, 1888, gr. in-8, mar. rouge, double encadr. de 2 fil. avec pet. fers au milieu, fleurons aux angles, dos orné, fil. int. avec fleurons aux angles, doubl. et gardes de soie jaune, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couverture (Marius Michel). Un des 50 ex. sur pap. du Japon. Lettre autographe de Daudet ajoutée. 410 fr. [Fontainebleau, 18 mai 2019 : 500 €]


801.Lamartine. Raphaël, pages de la vingtième année. Paris, Quantin, s. d. [1887], pet. in-4, mar. bleu, double encadr. de 4 fil. contenant de petits fers au milieu, fleurons aux angles, dos orné, fil. int. avec fleurons aux angles, doubl. et gardes d’étoffe brochée, doubles gardes, tr. dor., couverture (Marius Michel). Un des 50 ex. sur Japon. Lettre autographe ajoutée. 455 fr.


819.Maupassant (Guy de). Le Rosier de Madame Husson. Paris, Quantin, 1888, pet. in-4, mar. vert, encadr. de fil. avec roses aux angles, dos orné, dent. int., tr. dor. sur témoins, couverture (Marius Michel). Edition originale. Ex. sur pap. du Japon. 220 fr. 


868. Sand (George). Mauprat. Dix compositions par Le Blant, gravées à l’eau-forte par H. Toussaint. Paris, Quantin, 1886, pet. in-4, mar. rouge, double encadr. de fil. ornés de petits fers au milieu, fleurons aux angles, dos orné, fil. int. avec fleurons aux angles, doubl. et gardes de faille vert foncé, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couverture (Marius Michel). Un des 100 ex. sur pap. du Japon. Lettre autographe ajoutée. 340 fr.


869. Sand (Maurice). L’Augusta. Compositions de Georges Rochegrosse, gravées à l’eau-forte par Champollion. Paris, Floury,1900, in-8, mar. bleu, encadr. de 12 filets droits et courbes, entrelacés, dos orné, doublé de mar. rouge, large bordure mosaïquée en mar. bleu foncé et vert clair, gardes de moire bleu foncé, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couverture (Cuzin). Un des 100ex. sur pap. du Japon. 750 fr.


888.Théocrite. Les Syracusaines, texte grec avec une traduction nouvelle et un avant-propos de M. André Bellesort. Paris, Pelletan, 1900, in-4, mar. tête de nègre, riche décor de bandes de mar. formant cadre et motifs mosaïqués en mar. de diverses couleurs, dos mosaïqué, doublé de mar. bleu, encadr. de 7 filets dorés, gardes de faille vieux rouge, tr. dor. sur témoins, couverture (Gruel). Ex. n° 3 pour L. Rattier sur Japon ancien. Aquarelle originale de Marcel Pille. 2.000 fr.


898. Types de Paris (Les). Paris, Plon, Nourrit et Cie, s. d. [1889], in-4, cartonn. de mar. bleu jans., ébarbé, couvertures ill. des livraisons et couverture générale (Champs). Un des 40 ex. sur pap. du Japon. Dessin original et eau-forte ajoutés. 360 fr. [Librairie Victor Aizenman, Buenos Aires, 2020 : 3.900 $]


904. Vigny (Alfred de). Stello, avec une introduction de Jules Case. Paris, Société artistique du livre illustré, 1901, in-4, mar. bleu, grand cadre formé de fil. et fers dorés, refermant sur le premier plat une grande composition en veau ciselé : harpe et branche de gui, dos orné, 7 fil. int. servant de cadre à une décoration peinte sur vélin, gardes de soie bleue, tr. dor. (Gruel). Un des 20 ex. sur pap. du Japon. Aquarelle de G. Scott et deux dessins ajoutés. 4.000 fr.


906. Villon (François). Les Ballades. Soixante-dix illustrations de A. Gérardin gravées par Julien Tynaire. Paris, Pelletan, 1896, in-4, mar. vert olive, plats couverts d’une grande composition de bandes de mar. de diverses couleurs et de chardons sertis à froid ; sur le premier plat, titre de l’ouvrage en lettres gothiques, doublé de mar. rouge, entièrement couvert d’une grande composition de fil. à froid et dorés, gardes de faille vert foncé, tr. dor. sur témoins, couverture (Marius Michel). Ex. n° 3 au nom de L. Rattier sur pap. du Japon ancien. 4.300 fr.
915.Bibliothèque elzévirienne. 151 vol. in-16, publiés chez Jannet et Frank de 1853 à 1878, mar. rouge, compart. de fil. à la Duseuil, fleurons aux angles, dos ornés au pointillé, dent. int., tr. dor. (Masson-Debonnelle). Impr. sur pap. de Chine. 6.800 fr.

La troisième vente de la bibliothèque du château de Jeand’heurs eut lieu à l’Hôtel Drouot, salle 7, du samedi 8 au jeudi 13 avril 1922 : Bibliothèques de MM. Achille Fould et Léon Rattier. Deuxième partie. Livres anciens […]. Livres modernes […]. Bibliographie. Reliures […] (Paris, Henri Leclerc, 1922, in-4, 187-[1] p., 1.152 lots chiffrés 916 à 2.067). La vente rapporta au total 153.128 francs.

« Enfin, comme dans toute vente un peu importante, il y a eu à signaler, dans celle-ci, des surprises, j’entends des surprises en plus ou en moins.
C’est ainsi que personne ne comprendra jamais pourquoi le Télégraphe de Victor Hugo qui, à la vente Claretie, atteignait péniblement cent francs, a dépassé, dans la vente Rattier, près de deux mille francs ; pourquoi un amateur a payé deux cent cinquante francs César Birotteau, un des ouvrages les plus communs de Balzac, tandis que des romans bien plus rares comme une Fille d’Ève, Pierrette, Les Deux Frères s’adjugeaient entre trente et soixante-quinze francs ; pourquoi Paris de Vigny, qui se rencontre dans toutes les ventes, a fait sept cents francs, tandis que la Bouteille à la mer, plaquette quasi introuvable, un des plus beaux poèmes de l’auteur et orné en sus d’une dédicace autographe, n’obtenait preneur qu’à six cents francs, et ainsi de suite.
Mais, sans contredit, la plus grosse surprise des vacations, c’est la Carmen de Mérimée qui nous l’a fournie. Cet exemplaire était manifestement, avec le Conservateur littéraire, le grand numéro, la perle de la vente. Il avait pour lui la haute valeur littéraire du texte, Carmen n’étant pas seulement un des chefs-d’œuvre de notre roman mais le livre capital de l’auteur, le seul même peut-être, par lequel Mérimée durera. Il offrait en outre cette précieuse particularité de se présenter sous forme d’une édition inconnue à tous les bibliographes, n’ayant jamais paru dans aucune vente, et constituant la véritable originale de l’ouvrage. Enfin il était rehaussé de la plus savoureuse dédicace adressée en grec au célèbre helléniste Boissonnade. Bref, le type du livre unique, de ce que l’on nomme le livre sans prix et au sujet duquel toute enchère eût semblé possible, aucune absurde.
L’exemplaire, cependant, n’a atteint que huit cents francs nets, cent francs de moins que, quelques numéros plus loin, Cinq Mars, roman plutôt médiocre et dont l’originale court les rues.
Il faut croire qu’il y a des jours comme cela, où les Mériméens ne sont pas très lucides et les bibliophiles pas très réveillés. » [sic]
(Fernand Vandérem. « La Collection Fould-Rattier ». In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Henri Leclerc, 1922, p. 116-117)


  
Charles-Achille Fould décéda à Paris [XVIe], le 15 février 1926, Claire-Blanche-Marie-Louise Heine, le 11 avril 1940, au château Beychevelle, à Saint-Julien-Beychevelle : ils furent inhumés au cimetière du Père-Lachaise [4e division].

Des exemplaires provenant de la bibliothèque de Léon Rattier furent vendus à la Galerie des ventes de Morlaix [Finistère], le lundi 19 novembre 1979 : éditions rares, reliures de maîtres, illustrations originales, livres anciens.  


Alphonse Pinart (1852-1911), explorateur américaniste

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Eglise Saint-Martin d'Esmery-Hallon
Avant sa destruction lors de la Première Guerre mondiale
Descendant d’une famille de commerçants exerçant à Esmery-Hallon [Somme], installée à Paris sous la Révolution, puis à Marquise [Pas-de-Calais] en 1835, Louis-Alphonse Pinart est né à Marquise, le 25 février 1852.

Son père, François-Léon Pinart, né à Paris le 12 avril 1809, fit ses études au lycée Charlemagne et fut attaché pendant trois ans à la banque Delamarre. 


Attiré par les perspectives qu’offrait la découverte des mines de charbon et de minerai de fer dans le Boulonnais, il devint, ainsi que ses deux frères, Jean-Louis-Prosper Pinart (1802-1853) et Alexandre-François Pinart (1800-1878), maître de forges à Marquise. Les trois frères y fondèrent, en 1839, au lieu-dit Bouquinghen, des usines qui, au point de vue de la fabrication des fontes moulées, devinrent les plus importantes usines françaises. Ces usines n’eurent d’abord qu’un seul fourneau, affecté exclusivement à la production des fontes brutes en gueuses, pour moulages et pour forges. Deux autres hauts-fourneaux furent construits de 1843 à 1846, pour travailler au coke comme le premier. Après 1848, la Société Pinart frères, se rendit acquéreur d’une usine voisine des siennes, qui comprenait deux hauts-fourneaux. Situées sur le littoral, à portée du canal de Guines, entre les ports de Calais et de Boulogne, se rattachant par le chemin de fer du Nord à toutes les grandes lignes françaises, les fonderies de Marquise étaient admirablement placées pour trouver des débouchés à leurs produits, mais furent mises en liquidation en 1879. 


François-Léon Pinart avait épousé, à Saint-Quentin [Aisne], le 26 juillet 1841, Louise-Joséphine-Céline Livorel, née le 21 juin 1816, fille d’un négociant. Conseiller général du canton de Marquise en 1848, chevalier de la Légion d’honneur en 1853 pour services rendus à l’industrie, François-Léon Pinart était mort à Amélie-les-Bains-Palalda [Pyrénées-Orientales], le 24 février 1859 ; son épouse lui avait survécu, à Paris [XIe], jusqu’au 9 mai 1872.

Alphonse Pinart (1885)
Photographie BnF
Pendant ses études, à Lille et à Paris, Alphonse Pinart fut particulièrement intéressé par les langues. À l’Exposition universelle de 1867, à Paris, il rencontra l’abbé Charles-Étienne Brasseur (1814-1874), dit « Brasseur de Bourbourg », du nom du lieu de sa naissance [Nord], l’un des pionniers de l’archéologie et de l’histoire précolombiennes, qui l’encouragea à étudier les origines des Amérindiens [Indiens de l’Amérique du Nord].
Héritier, avec ses quatre frères, de la fortune de son père, il habitait alors chez sa mère, 58 boulevard Voltaire [XIe]. Il visita la Californie [États-Unis] dès 1869. Mais son projet était de partir en Alaska [États-Unis], pour y étudier les langues autochtones et prouver que le peuplement initial du Nouveau Monde s’était fait à partir de la Sibérie [Russie].

 Carte de l'Alaska
Nushagak (point bleu), Unalaska (rouge), Unga (jaune), Kodiak (vert), Sitka (violet)

Baie de Nushagak (1900)

Le 27 avril 1871, à San Francisco [Californie, États-Unis], il embarqua sur la goélette « Amanda Ager » en direction des îles Aléoutiennes [Alaska, États-Unis], puis il navigua de Nushagak à la rivière Yukon à bord de la goélette « John Bright ». 

Un kayak et deux umiaks (1875)

Plus tard, le voyage d’Unalaska à l’île Kodiak dura deux mois et fut effectué en umiak [type de grand canoë traditionnel utilisé par les Eskimos]. Il rentra, via Sitka, à San Francisco le 21 mai 1872. 

Masque d'Aknanh
Il en rapporta soixante-dix masques du peuple Sugpiaq [peuple originaire de l’archipel de Kodiak], provenant de l’archipel de Kodiak [aujourd’hui au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer], et sept masques trouvés dans une sépulture de la caverne d’Aknañh, sur l’île d’Ounga [Unga], dans les îles Aléoutiennes [aujourd’hui au Musée du quai Branly]. Il avait non seulement recueilli les explications des Sugpiak concernant l’origine des masques, mais il avait aussi décrit une cérémonie avec masques et chants à laquelle il assista dans le village d’Uyak, de l’île de Kodiak, en février 1872 : sa contribution dans l’ethnographie des masques de Kodiak lui valut, en 1874, la médaille d’or de la Société de géographie, pour voyages d’étude, missions et travaux de reconnaissance.
En 1873 et en 1874, il visita des collections alaskiennes en Europe : Musée ethnographique de Copenhague [Danemark], Musée de Dorpta [aujourd’hui Tarpu, Estonie], Musée et Archives de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg [Russie], Musée de l’Université d’Helsinki [Finlande], Musée public de Moscou [Russie]. Pinart avait intérêt à visiter les musées russes : une trentaine d’années avant lui, le naturaliste russe Ilia Voznessenski (1816-1871) avait rapporté une collection de masques et d’objets rituels de Kodiak.


De retour en France, il acheta la presque totalité de la bibliothèque mexico-guatémalienne de Brasseur de Bourbourg, mort à Nice [Alpes-Maritimes], le 8 janvier 1874 :

« Elle est insignifiante, quant au nombre des volumes ; elle est d’une grande valeur, si l’on considère leur rareté, en particulier, pour ce qui concerne la linguistique du Mexique du sud et de l’Amérique centrale. Sous ce rapport, je puis dire qu’elle est unique. Plus de quatre-vingts volumes ou traités, manuscrits, dans des langues, dont les noms sont à peine connus des bibliographes ; plus de soixante grammaires, vocabulaires, traités profanes et religieux, imprimés, dont quelques(uns n’ont jamais été catalogués et dont je possède les uniques exemplaires ; d’autres qui ne sont encore connus que par de vagues indications, voilà, en quelques mots, pour ce qui concerne la philologie américaine, ce que présente ma Bibliothèque. Quant à l’histoire, antérieure à la conquête ou postérieure à la soumission des races indigènes, elle s’y trouve représentée par plus de quatre-vingts autres documents manuscrits, introuvables ailleurs, pour la plupart, et d’une importance non moins grande que les précédents. […]
Quelques autres parties de l’Amérique y sont également représentées avec avantage. […]
A côté de ceux-ci, il y en a un petit nombre qui, bien que modernes, sont de ceux qu’on trouve difficilement et qui, presque jamais, ne se rencontrent en librairie. »
(Brasseur de Bourbourg. « Avant-propos ». In Bibliothèque mexico-guatémalienne. Paris, Maisonneuve & Cie, 1871, p. I-III)  

En 1875, il fit l’acquisition, auprès de Eugène Boban (1834-1908), antiquaire 35 rue du Sommerard [Paris Ve], d’une collection de 1.463 pièces mexicaines, 

Masque de Xipe Totec
dont le masque de Xipe Totec [qui est un faux,aujourd’hui au Louvre], 

Crâne de cristal
un crâne de cristal [qui est un faux, aujourd’hui au Musée du quai Branly], 

Statue de Quetzalcoatl
la statue de Quetzalcoatl [aujourd’hui au Musée du quai Branly], et de quelques centaines d’objets d’Amérique centrale et du Sud.  

Masque de Mortlock
De 1875 à 1900, Alphonse Pinart s’intéressa successivement aux Indiens des États-Unis, à l’Océanie – d’où il rapporta notamment un masque des îles Mortlock [aujourd’hui au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer] - 

Pinart rencontre la reine de l'île de Pâques (1877)
et à l’île de Pâques. Il voyagea, en particulier, avec le géologue Léon de Cessac (1841-1891), en Californie.
En 1878, pour pouvoir poursuivre ses explorations, Alphonse Pinart fut dans l’obligation de demander une aide financière au ministère de l’Instruction publique, contre le don de ses collections à l’État.

Zelia Nuttall (1875)
À San Francisco, le 10 mai 1880, il épousa Zelia-Maria-Magdalena Nuttall, née le 6 septembre 1857 à San Francisco, fille du Docteur Robert-Kennedy Nuttall, originaire d’Irlande, et de Magdalena Parrot, fille de banquier. Ils eurent une fille, Nadine, en 1882, mais se séparèrent dès 1884 et divorcèrent, à San Francisco, le 28 septembre 1888 [le jugement fut transcrit aux registres de l’État civil de Marquise le 28 juillet 1906].


Face à ses problèmes financiers, il mit en vente sa bibliothèque à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons-Enfants, salle 1, du lundi 28 janvier au mardi 5 février 1884, en 8 vacations : Catalogue de livres rares et précieux, manuscrits et imprimés, principalement sur l’Amérique et sur les langues du monde entier, composant la bibliothèque de M. Alph.-L. Pinart, et comprenant en totalité la bibliothèque mexico-guatémalienne de M. l’Abbé Brasseur de Bourbourg (Paris, VVEAdolphe Labitte, 1883, in-8, VIII-248 p., 1.440 + 23 doubles [bis] – 1 [n° 100 absent] = 1.462 lots), dont Amérique [975 lots = 66,68 %], Europe [97 lots = 6,63 %], Asie [120 lots = 8,20 %], Afrique [51 lots = 3,48 %], Océanie [93 lots = 6,36 %], Généralités – Divers [109 lots = 7,45 %], Livres en nombre [17 lots = 1,16%].

La collection avait la particularité de comprendre la quasi-totalité des ouvrages ayant appartenu à Brasseur de Bourbourg, qui avait vendu sa bibliothèque en 1873 et 1874. Alphonse Pinart a considérablement augmenté cette bibliothèque. 

Emblème de la Société de l'Athénée oriental


Photographie BnF
Son ex-libris [50 x 45 mm], souvent collé au-dessous de celui de Brasseur de Bourbourg, avait été inspiré de la marque utilisée parla Société de l’Athénée oriental pour ses publications : imprimé sur papier bleu, vert ou mauve, il porte la mention « ALPH.  PINART », surmontant un écu au soleil levant sur mer ondée, avec la devise « SOL ORIENS DISCUTIT UMBRAS » [le soleil levant chasse les ombres].

La Bibliothèque nationale de France acheta plus de 35 manuscrits, par l’intermédiaire de la Librairie Labitte, qui furent enregistrés par la Bibliothèque à la date du 18 mai 1884. Dans leur grande majorité, ces documents furent placés dans le fonds américain sous les numéros 38 à 71 et 73, à l’exception de deux pièces [n° 613 A et B], qui rejoignirent le fonds mexicain : « Compendio facil de la lengua mexicana y letras especiales et idioma » [mexicain 397] et « Fuente de los verbos mexicanos, seguida de la fuente de los nombres mexicanos » [mexicain 398].


7. Acuña (El P. Christobal). Nuevo descubrimiento del gran rio de las Amazonas. Madrid, 1641, in-4, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. 400 fr. à Quaritch.


101.Beristain de Souza (Dr D. José Mariano). Biblioteca hispano-americana septentrional. Mexico, 1816-1821, 3 vol. pet. in-fol., demi-rel. bas. bleue. 1.100 fr. à Quaritch.


106.Bertonio (El P. Ludovico). Vocabulario de la lengua Aymara. Juli Pueblo [Pérou], 1612, in-4, parchemin. 720 fr. à Quaritch.


108. Beschrijvinghe van Virginia, Nieuw Nederlandt. Amsterdam, 1651, pet. in-4 goth., non relié. 310 fr. à Quaritch.


113. Bible. The Holy Bible : containing the Old Testament and the New. Translated into the indian language. Cambridge, 1663, in-4, 2 col., mar. La Vallière, fil. à froid et or, milieu sur les plats, tr. dor., étui en mar. bleu. 2.700 fr. à Quaritch.


151. Popol Vuh. Le Livre sacré et les Mythes de l’antiquité américaine, avec les livres héroïques et historiques des Quichés. Paris, Arthus Bertrand, 1861, gr. in-8, fig. et carte, demi-rel. chagr. citr., tr. peigné. 31 fr. à Douet.

Frontispice


174. Burgoa (Fr. Francisco de). Palestra historial de virtudes, y exemplares apostolicos. Mexico, Juan Ribera, 1670, in-fol., demi-rel. bas., front., incomplet du titre et de quelques feuillets de la table. 118 fr.  

Frontispice


175. Burgoa (Fr. Francisco de). Geografica descripcion de la parte septentrional, del polo artico de la America, y nueva iglesia de las indias occidentales, y sitio astronomico de esta provincia de predicadores de antequera valle de Oaxaca. Mexico, Juan Ruyz, 1674, 2 vol. in-fol., front., vélin. 495 fr. à Maisonneuve.


199. Carochi (El P. Horacio). Compendio del arte de la lengua mexicana. Mexico, 1759, pet. in-4, front. gravé, vél. 42 fr. à Robinat.

Photographie John Carter Brown Library 
221.Champlain (Samuel). Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes occidentales. Manuscrit original et autographe orné de 62 dessins en couleur. In-4, chagr. violet. Provient du cabinet de l’archéologue Pierre-Jacques Feret (1794-1873), maire de Dieppe [Seine-Maritime] en 1848. 5.600 fr. à Morgand.

Photographie BnF
233. Claude d’Abbeville (Le R. P.). Histoire de la mission des Pères Capucins en l’isle de Maragnan et terres circonvoisines. Paris, François Huby, 1614, in-8, titre gravé et fig. par Léonard Gaultier, v. ant. 155 fr. à Maisonneuve.


262. La Preclara Narratione di Ferdinando Cortese della Nuova Hispagna del Mare Oceano. Venise, 1524, in-4, mar. viol., fil., tr. dor. 300 fr. à Morgand.


374. Flores (P. F. Ildefonso Joseph). Arte de la lengua metropolitana del Reyno cakchiquel, o Guatemalico. Guatemala [Antigua], 1753, pet. in-4, bas. 425 fr. à Le Soudier.


425.Grijalva (Ioan de). Cronica de la orden de N. P. S. Augustin en las provincias de la Nueva España. Mexico, Juan Ruiz, 1724 [i.e. 1624], in-fol., titre gravé, demi-rel. bas. r. Titre rogné dans le bas. 305 fr. à Groux.

Christie's, New York, 5 décembre 2008 : 21.250 $
630. Molina (El P. Fray Alonso de). Vocabulario en lengua castellana y mexicana. Mexico, Antonio Spinosa, 1571, in-fol., vél. 500 fr. à Groux.


808. Ruiz de Montoya (El P. Antonio). Arte de la lengua Guarani. En el pueblo de S. Maria la Mayor [Paraguay], 1724, in-4, parch. 340 fr. à Le Soudier.


880. Tauste (El Fray Francisco de). Arte y bocabulario de la lengua de los indios Chaymas, Cumanagotos, Cores, Parias y otros diversos. Madrid, 1680, in-4, cuir de Russie, tr. marbrée. 250 fr. à Le Soudier.


1.361. The Principal Navigations, voyages, traffiques and dicoveries of the English Nation. Londres, George Bishop, 1599, 3 vol. in-fol. goth., ciur de Russie, dent. à froid. 560 fr. à Quaritch.


Célèbre carte de Virginie, de Smith

Carte de Briggs
Première carte montrant la Californie comme une île
et nommant le Nouveau-Mexique, la rivière Hudson et la baie d'Hudson
1.391 bis. Purchas (Samuel). Hakluytus Posthumus or Puchas his pilgrimes, contayning a history of the world. Londres, 1625-1626, 5 vol. in-fol., fig. et cartes, chag. r., dos orné, fil. tr. dor. (Bedford). 1.720 fr. à Morgand.

Demeurant alors à Marquise, Alphonse Pinart se remaria à Saint-Germain-en-Laye [Yvelines], le 26 février 1907, avec Jeanne-Andrée-Lucie Combret (1879-1949), institutrice, née à Paris VIele 7 avril 1879, fille du Docteur Raymond-Jacques-Pierre Combret et de Marie Sauvaget. Il mourut, ruiné et oublié, le 13 février 1911, en son domicile, à Boulogne-Billancourt [Hauts-de-Seine], 3 rue Saint-Denis.
























Octave Mirbeau (1848-1917), l’écrivain qui aimait la nature, les artistes et les livres des autres

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« De tous les grands écrivains français, Octave Mirbeau est certainement l’un de ceux qui ont été, et sont encore aujourd’hui, le plus méconnus, tant par l’université française que par le grand public. Après avoir, de son vivant, joué un rôle éminent dans l’histoire de la presse, de la littérature, du théâtre et des beaux-arts, ainsi que dans les luttes politiques et sociales de la Belle époque, après avoir suscité l’admiration et la reconnaissance des cœurs artistes et des assoiffés de justice, il a sombré, après sa mort, en février 1917, sinon dans l’oubli – car il a toujours conservé ses fidèles, et plusieurs de ses œuvres n’ont pas cessé d’être rééditées -, du moins dans une espèce d’injuste purgatoire, d’où il commence seulement à émerger. »
(Pierre Michel. Les Combats d’Octave Mirbeau. Paris, Les Belles Lettres, 1995, p. 13)

Trévières : maison natale d'Octave Mirbeau, à gauche ; étude notariale à droite
D’une famille originaire de Rémalard [Orne], installée à Moutiers-au-Perche [Orne] pendant le XVIIIe siècle et revenue à Rémalard en 1815, Octave-Marie-Henry Mirbeau est né le 16 février 1848, à Trévières [Calvados, 10 rue Octave Mirbeau], dans la maison de ses grands-parents maternels décédés, Marc-Antoine-Pierre Dubosq (1788-1841), notaire, et Anne-Marie-Madeleine Le Barilier (1800-1844).


Son grand-père paternel, Louis-Amable Mirbeau, né le 31 mars 1773 à Moutiers-au-Perche, avait épousé, en premières noces, le 12 vendémiaire An V [3 octobre 1796], à Moulicent [Orne], Eulalie-Félicité Pattu, née le 30 juin 1775, à Châteauneuf-en-Thymerais [Eure-et-Loir], qui lui avait donné quatre enfants, tous nés à Moutiers-au-Perche, avant de mourir le 4 frimaire An XII [26 novembre 1803] : Émilienne-Hélène, le 1er fructidor An V [18 août 1797] ; Elphège-Élie, le 3e jour complémentaire de l’An VII [19 septembre 1799] ; Athalie-Félicité, le 30 vendémiaire An X [22 octobre 1801] ; Louis-Joseph, le 22 brumaire An XII [14 novembre 1803].
En secondes noces, le 12 janvier 1807, à Moutiers-au-Perche, Louis-Amable Mirbeau avait épousé Louise-Marie-Catherine-Adélaïde Charpentier, née à Moutiers-au-Perche, le 24 novembre 1785, qui avait eu onze enfants : une fille morte une demi-heure après sa naissance, le 14 juillet 1809, à Condé-sur-Huisne [Orne] ; Adélaïde-Antoinette, née le 8 juin 1811, à Condé-sur-Huisne, décédée le 10 novembre suivant ; Louis-Amable, né le 17 mars 1813, à Condé-sur-Huisne ; Ladislas-François, né le 4 octobre 1815, à Rémalard ; Marie-Adélaïde, née le 7 juin 1817, à Rémalard ; Thérèse-Henriette-Eustoquie, née le 27 décembre 1818, à Rémalard ; Marie-Antoinette, née le 9 décembre 1822, à Rémalard ; Charles-Marie, né le 8 novembre 1824, à Rémalard ; Marie-Catherine, née le 24 avril 1827, à Rémalard, décédée le 20 avril 1837 ; une fille mort-née le 22 février 1829, à Rémalard ; Marie-Élisabeth, née le 31 juillet 1830, à Rémalard.  

Louis-Amable Mirbeau avait établi son étude de notaire en 1808, à Condé-sur-Huisne, 

Maison de Louis-Amable Mirbeau, à Rémalard

puis en 1815, à Rémalard, dont il fut maire ; il y habitait une maison du XVIe siècle, actuelle mairie [23 rue de l’Église], où il était mort le 23 janvier 1848.  

Dès septembre 1849, la famille d’Octave Mirbeau quitta Trévières et s’installa à Rémalard, place du Marché [place du Général De Gaulle], 

Maison du "Chêne vert", à Rémalard (avril 2013)
puis, en 1857, dans la maison du « Chêne vert », 12 rue du Prieuré.

Son père, Ladislas-François Mirbeau, né à Rémalard le 4 octobre 1815, officier de santé, avait épousé, le 8 novembre 1843, à Trévières, Eugénie-Augustine Dubosq, née à Trévières, le 4 juillet 1825. De ce mariage étaient nés trois enfants : Marie, le 23 juillet 1845, et Octave, à Trévières ; Berthe-Marie, le 5 septembre 1850, à Rémalard.
Après la mort de Louise-Marie-Catherine-Adélaïde Charpentier, le 17 août 1859, dans sa maison de la rue de l’Église, celle-ci fut vendue à la commune.

Octave Mirbeau fut chez les Jésuites du collège Saint-François-Xavier de Vannes [Morbihan] de 1859 à 1863 :

« Je n’ai jamais tant souffert qu’au collège de Vannes, que dirigent les excellents Pères Jésuites, et où je fus élevé – si j’ose dire – élevé dans le plus parfait abrutissement, dans la superstition la plus lamentable et la plus grossière…Ma qualité de roturier me valut beaucoup d’avanies, non seulement de la part de mes camarades, mais aussi de mes maîtres, lesquels, s’étant aperçus que je n’avais pas en moi l’étoffe d’un soldat ou d’un Jésuite, m’abandonnèrent vite. Je devins donc un très mauvais élève, et c’est, je crois bien, ce qui put m’arriver de mieux, et ce qui me permit, plus tard, de me ressaisir. J’appris ainsi, de très bonne heure, à connaître combien peu noble était la noblesse de mes camarades, combien peu chrétienne la charité chrétienne de mes maîtres… »
(Octave Mirbeau. « Pétrisseurs d’âmes ». In Le Journal, dimanche 10 février 1901, p. 1)

Renvoyé pour ses mauvaises notes, il passa l’année 1864 au pensionnat Saint-Vincent de Rennes [Ille-et-Vilaine], appelé alors pension Bréchat. L’année suivante, à la pension Delangle de Caen [Calvados], il prépara son baccalauréat, qu’il obtint en 1866. 

Octave Mirbeau (vers 1868)
Employé alors dans l’étude d’Alexandre Robbe (1834-1880), successeur de son grand-père, il trompait son ennui à Paris, où il était inscrit à la Faculté de droit, et échoua à ses examens. Après la mort prématurée de sa mère, le 8 juillet 1870, dans la maison du « Chêne vert », la guerre avec la Prusse l’affecta au 49erégiment des mobiles de l’Orne.

Fuyant Rémalard, il s’installa en 1872 à Paris, en devenant le secrétaire de Henri-Joseph Dugué de la Fauconnerie (1835-1914), ancien député bonapartiste de l’Orne et directeur du journal L’Ordre. Il y rédigea d’abord des éditoriaux politiques, puis fut chargé de la critique dramatique. 

52 rue de Douai, Paris IX (mai 2019)

Il habitait alors 52 rue de Douai [IXe], immeuble de six étages construit en 1845, à l’angle de la rue de Bruxelles.

4 rue Victor Massé, Paris IX (mai 2019)
 Au lendemain de la crise constitutionnelle du 16 mai 1877, il quitta sa chambre du 4 rue de Laval [rue Victor Massé depuis 1887, IXe], dans un immeuble de six étages construit en 1860, pour s’installer à Foix [Ariège] comme chef de cabinet du préfet, où il contribua à faire régner « l’ordre moral » du maréchal Patrice de Mac-Mahon (1808-1893), monarchiste et président de la République française. 


Il collabora en 1878 au journal L’Ariégeois, puis, de retour à Paris en 1879, devint le secrétaire d’Arthur Meyer (1844-1924), directeur du journal Le Gaulois.

En 1882, il quitta Le Gauloispour Le Figaro, mais son article intitulé « Le Comédien » fit scandale et l’obligea à démissionner :

« Qu’est-ce que le comédien ? Le comédien, par la nature même de son métier, est un être inférieur et un réprouvé. Du moment où il monte sur les planches, il a fait l’abdication de sa qualité d’homme. Il n’a plus ni sa personnalité, ce que le plus inintelligent possède toujours, ni sa forme physique. Il n’a même plus ce que les plus pauvres ont, la propriété de son visage. Tout cela n’est plus à lui, tout cela appartient aux personnages qu’il est chargé de représenter. Non seulement il pense comme eux, mais il doit marcher comme eux ; il doit non seulement se fourrer leurs idées, leurs émotions, et leurs sensations dans sa cervelle de singe, mais il doit encore prendre leurs vêtements et leurs bottes, leur barbe s’il est rasé, leurs rides s’il est jeune, leur beauté s’il est laid, leur laideur s’il est beau, leur ventre énorme s’il est efflanqué, leur maigreur spectrale s’il est obèse. Il ne peut être ni jeune, ni vieux, ni malade, ni bien portant, ni gras, ni maigre, ni triste, ni gai, à sa fantaisie ou à la fantaisie de la nature. Il prend les formes successives que prend la terre glaise sous les doigts du modeleur. Il doit vibrer comme un violon sous cent coups d’archets différents. Un comédien, c’est comme un piston ou une flûte, il faut souffler dedans pour en tirer un son. »
(Le Figaro, jeudi 26 octobre 1882, p. 1)

  
En 1883, Mirbeau fonda un pamphlet hebdomadaire, Les Grimaces, antirépublicain et antisémite. Assisté d’Alfred Capus (1858-1922), d’Étienne Grosclaude (1858-1932) et de Paul Hervieu (1857-1915), il en fut le rédacteur en chef : la virulence de ses articles lui valut plusieurs duels. La collection complète comporte 26 fascicules in-12, du 21 juillet 1883 au 12 janvier 1884, dont la couverture fut illustrée par Gustave Fraipont (1849-1923).


En 1884, pour oublier sa maîtresse Judith Vimmer, et le calvaire qu’elle lui faisait subir, il séjourna huit mois à Audierne [Finistère], notamment à l’hôtel du Commerce, à l’angle du quai Jean Jaurès et de la place de la République. Rentré à Paris, il reprit sa collaboration avec Le Gaulois, commença à collaborer avec L’Événement 

Alice Regnault
et débuta une relation avec Augustine-Alexandrine Toulet, dite « Alice Regnault », née à Paris le 5 février 1849, fille de Louise Hermanjat (1812-1886) et de Édouard-Désiré Toulet (1817-1877), veuve de Louis-Jules Renard (1838-1868), fabricant d’outils. 

14 rue Lincoln, Paris VIII (avril 2019)

Il habitait alors 14 rue Lincoln [VIIIe], immeuble de sept étages construit en 1870, près de l’avenue des Champs Élysées, mais partagea dès lors sa vie entre la ville et la campagne.

À l’occasion de la publication du roman de Robert de Bonnières (1850-1905), Les Monach (Paris, Paul Ollendorff, 1885), Mirbeau regretta publiquement son antisémitisme passé :

« Moi aussi, effrayé par l’envahissement des israélites dans notre politique, dans nos affaires, dans notre société, j’ai tenté un jour de sonner l’alarme. Je ne voulais pas croire que les juifs fussent si forts parce que nous étions si faibles, si grands parce que nous étions si petits, et s’ils prenaient notre place, c’est que nous la désertions.
J’ai reconnu depuis qu’il est parfaitement ridicule de jouer les Pierre l’Ermite en ce temps où l’on ne se passionne plus que pour les cabotins. J’ai reconnu que ce siècle épuisé de tout, épuisé de sang, de moelle et de cerveau, n’était plus à la lutte ni à la haine, la haine, ce dernier espoir des peuples qui s’en vont ; j’ai reconnu qu’on ne savait même plus – est-ce ignorance ou bien progrès ? – ce que c’était que l’idée de patrie. Et en regardant l’élévation constante des juifs, par le travail, la ténacité et la foi, je me suis senti au cœur un grand découragement et une sorte d’admiration colère pour ce peuple vagabond et sublime qui a su se faire de toutes les patries sa patrie, et qui monte chaque jour plus haut à mesure que nous dégringolons plus bas.
Je me suis dit qu’il fallait vivre avec lui, puisqu’il se mêle de plus en plus à notre race, et qu’on peut croire qu’il s’y fondra complètement, comme la vigne vit avec le phylloxéra, le malade avec la fièvre typhoïde et l’intelligence humaine avec le journalisme. »
(Octave Mirbeau. « Chroniques parisiennes. Les Monach et les Juifs ». In La France, mercredi 14 janvier 1885, p. 2)

Le Rouvray (avril 2013)
 Au début de l’été 1885, Mirbeau et Alice Regnault s’installèrent pour six mois dans une chaumière, à Saint-Sulpice-sur-Risle [Orne], au lieu-dit Le Rouvray, où ils reçurent le sculpteur Auguste Rodin (1840-1917).

8 rue Lamennais, Paris VIII (juillet 2019)
L’année suivante, le couple habita 8 rue Lamennais [VIIIe]. 


Mirbeau débuta sa collaboration au journal Gil Blas et séjourna six mois, toujours avec Alice Regnault, au lieu-dit Le Pélavé, près du Bois-de-la-Chaise, en l’île de Noirmoutier [Vendée], où il reçut en novembre le peintre Claude Monet (1840-1926), qui était alors à Belle-Île-en-Mer [Morbihan].

Prévoyant qu’il ne quitterait jamais Alice Regnault, Mirbeau l’épousa, dans l’intimité, à Londres, le 25 mai 1887. 


Le couple se retira ensuite pendant deux ans au château de Kerisper [partiellement détruit et modernisé au début du XXesiècle], sur la commune de Pluneret [Morbihan].


Rentré à Paris à la fin du mois d’avril 1888, le couple Mirbeau s’installa 2 square du Ranelagh [XVIe], propriété privée qui s’ouvre au niveau du 117 de la rue du même nom.


De novembre 1888 à mai 1889, Mirbeau séjourna au quartier de Garavan, quartier élégant à l’Est de Menton [Alpes-Maritimes], dans la « villa Casa Carola », à 700 m de la frontière italienne et à moins de 2 km du centre-ville, qu’il loua à une riche propriétaire américaine :

« Menton, 23 janvier. […] Aujourd’hui, Garavan se peuple de jolies maisons dont les façades blanches ou roses et les toits de tuile rouge éclatent gaiement dans la verdure, sous le soleil, ou s’enlèvent en clair, sur le bleu de la mer, qui va, se poudrant d’or vers l’horizon, et se nuançant de rose, vers l’éternel baiser du rivage. Des hauteurs, le spectacle est inoubliable. A gauche, les rochers rouges de Grimaldi, blocs carrés, énormes murailles qui baignent dans la mer les mouvants reflets de leurs coulées sanglantes et de leurs écorchures de laque vive. Un pignon rose, en plein ciel, à pic sur le gouffre bleu, les domine : la douane italienne. Et l’œil suit, avec appréhension, avec terreur, les petits caps, les criques d’azur, les coteaux violets et pulvérulents, le long desquels serpente la route du mystère. […] A droite, c’est le vieux Menton, avec ses escalades rapides de maisons tassées l’une sur l’autre, étrange et vivant grouillement de taches claires et de taches d’ombre, d’angles de soleil et de clochers bleus qui se découpent sur le fond de velours opalin des montagnes. Le port s’endort à ses pieds ; le cimetière veille à son sommet et dresse ses petits monuments, ses petites terrasses, ses petits portiques blancs et carrés, qui font songer à la réduction de quelque cité assyrienne, et n’appellent point l’idée de la mort. Au-delà de la vieille ville, séparé d’elle par une large nappe d’eau brillante, le cap Martin s’avance, fendant la mer de sa masse sombre qui s’amincit comme l’étrave d’un gigantesque navire. Puis, la Tête-de-Chien, accroupie dans le ciel, pareille à un formidable sphinx, la face tournée vers l’infini, étend son ombre sur Monte-Carlo, invisible, qui fume à sa base, et gronde, chaudière chauffée un peu de toutes les passions humaines. Quelquefois, par les transparences matinales, l’Estérel, plus léger que des nuées, se devine, très loin, très vague, pâleur sur pâleur, dans le rêve. »
(Octave Mirbeau. « Un joueur ». In Le Figaro, dimanche 27 janvier 1889, p. 1)     


La description de la « villa Casa Carola » par Mirbeau, dans une lettre à Paul Hervieu [1857-1915), ne permet pas de l’identifier à la « villa Voronoff », qui est l’autre nom du château de Grimaldi, du nom de son propriétaire en 1925, le chirurgien Serge Voronoff (1866-1951), et qui est, en outre, en Italie :

« C’est dans la montagne, près du pont St-Louis, à deux pas de Crispi, une petite maison rose avec ses quatre terrasses étagées et garnies de roses, de pourpiers, de jasmins et d’héliotropes, tout cela fleuri et plein de parfums. En face la mer. À gauche la mer et les rochers rouges de Grimaldi ; à droite la mer, Menton, le Cap Martin ; et plus loin la Tête de chien, et plus loin encore les découpures de l’Estérel : une admirable féerie, illuminée du plus beau soleil. »

26 rue Rivay, Levallois-Perret (juin 2019)
Le 31 mai 1889, Mirbeau déménagea à Levallois-Perret [Hauts-de-Seine], au 26 rue Rivay, dans une maison qui appartenait à sa femme. Cette maison étant entourée d’industries trop bruyantes, 

Les Damps (mai 2013)
Mirbeau finit par s’installer à la campagne, le 6 août, dans la commune nommée Les Damps [Eure, 7 rue Morel-Billet], à l’endroit où l’Eure se jetait dans la Seine [en 1935, des travaux décalèrent le confluent 10 km en aval, à Martot], et où il trouva « un calme qui vous pénètre, qui vous détend, qui descend jusque dans les profondeurs de l’âme, pour y éteindre les souffrances les mieux attisées. » (Octave Mirbeau. « La Maison du philosophe ». In Le Figaro, samedi 21 septembre 1889, p. 1).

Ce fut Mirbeau qui lança l’écrivain francophone belge Maurice Maeterlinck (1862-1949), par un article retentissant :

« Je ne sais rien de M. Maurice Maeterlinck. Je ne sais d’où il est et comment il est. S’il est vieux ou jeune, riche ou pauvre, je ne le sais. Je sais seulement qu’aucun homme n’est plus inconnu que lui ; et je sais aussi qu’il a fait un chef-d’œuvre, non pas un chef-d’œuvre étiqueté chef-d’œuvre à l’avance, comme en publient tous les jours nos jeunes maîtres, chantés sur tous les tons de la glapissante lyre – ou plutôt de la glapissante flûte contemporaine ; mais un admirable et pur et éternel chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre qui suffit à immortaliser un nom et à faire bénir ce nom par tous les affamés du beau et du grand ; un chef-d’œuvre comme les artistes honnêtes et tourmentés, parfois, aux heures d’enthousiasme, ont rêvé d’en écrire un, et comme il n’en ont écrit aucun jusqu’ici. Enfin, M. Maurice Maeterlinck nous a donné l’œuvre la plus géniale de ce temps, et la plus extraordinaire et la plus naïve aussi, comparable – et oserai-je le dire ? – supérieure en beauté à ce qu’il y a de plus beau dans Shakespeare. Cette œuvre s’appelle la Princesse Maleine[La Princesse Maleine. Drame en cinq actes. Gand, Louis Van Melle, 1889, H. C., 30 ex.].  Existe-t-il dans le monde vingt personnes qui la connaissent ? J’en doute. […]
Et depuis plus de six mois que ce livre a paru, obscur, inconnu, délaissé, aucun critique ne s’est honoré en en parlant. Ils ne savent pas. Et comme dit un personnage de la Princesse Maleine : “ Les pauvres ne savent jamais rien.” »
Octave Mirbeau. « Maurice Maeterlinck ». In Le Figaro, dimanche 24 août 1890, p. 1)   

Paul Gauguin : Le Christ jaune (1889)
Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, U.S.A.
Pour soutenir la vente à l’Hôtel Drouot, le 23 février 1891, des toiles de Paul Gauguin (1848-1903), qui avait besoin d’argent pour partir à Tahiti, Mirbeau, dans un article élogieux, décrivit « Le Christ jaune » :

« Œuvre étrangement cérébrale, passionnante, inégale encore, mais jusque dans ses inégalités poignante et superbe. Œuvre douloureuse, car, pour la comprendre, pour en ressentir le choc, il faut avoir soi-même connu la douleur, - et l’ironie de la douleur, qui est le seuil du mystère. Parfois, elle s’élève jusqu’à la hauteur d’un mystique acte de foi ; parfois elle s’effare et grimace dans les ténèbres affolantes du doute. Et, toujours, émane d’elle l’amer et violent arôme des poisons de la chair. Il y a dans cette œuvre un mélange inquiétant et savoureux de splendeur barbare, de lithurgie [sic] catholique, de rêverie hindoue, d’imagerie gothique, de symbolisme obscur et subtil ; il y a des réalités âpres et des vols éperdus de poésie, par où M. Gauguin crée un art absolument personnel, et tout nouveau ; art de peintre et de poète, d’apôtre et de démon, et qui angoisse.
Dans la campagne toute jaune, d’un jaune agonisant, en haut du coteau breton qu’une fin d’automne tristement jaunit, en plein ciel, un calvaire s’élève, un calvaire de bois mal équarri, pourri, disjoint, qui étend dans l’air ses bras gauchis. Le Christ, tel une divinité papoue, sommairement taillé dans un tronc d’arbre, par un artiste local, le Christ piteux et barbare, est peinturluté [sic] de jaune. Au pied du calvaire, des paysannes se sont agenouillées. Indifférentes, le corps affaissé pesamment sur la terre, elles sont venues là parce que c’est la coutume de venir là, un jour de Pardon. Mais leurs yeux et leurs lèvres sont vides de prières. Elles n’ont pas une pensée, pas un regard pour l’image de Celui qui mourut de les aimer. Déjà, enjambant des haies, et fuyant sous les pommiers rouges, d’autres paysannes se hâtent vers leur bauge, heureuses d’avoir fini leurs dévotions. Et la mélancolie de ce Christ de bois est indicible. Sa tête a d’affreuses tristesses ; sa chair maigre a comme des regrets de la torture ancienne, et il semble se dire, en voyant à ses pieds cette humanité misérable et qui ne comprend pas : “ Et pourtant, si mon martyre avait été inutile ? ” ».
(Octave Mirbeau. « Paul Gauguin ». In L’Écho de Paris, lundi 16 février 1891, p. 1)    

Mirbeau découvrit Vincent Van Gogh (1853-1890) après sa mort, et fut le premier acheteur, pour 600 francs, chez Julien Tanguy (1825-1894), dit le « père Tanguy », marchand de couleurs et de toiles, alors 9 rue Clauzel [IXe], 

Van Gogh : Les Iris
des deux tableaux intitulés « Les Iris » [Sotheby’s, New York, 11 novembre 1987 : 53, 9 millions de dollars] et « Les Tournesols » [lequel des 7 ? : Neue Pinakothek de Munich, National Gallery de Londres, Collection privée aux U.S.A., Van Gogh Museum d’Amsterdam, Sompo Japan Nipponkoa Museum of Art de Tokyo, Philadelphia Museum of Art, Collection de Koyta Yamato à Ashiya détruit le 6 août 1945].

« Il se dépense tout entier, au profit des arbres, des ciels, des fleurs, des champs, qu’il gonfle de la surprenante sève de son être. Ces formes se multiplient, s’échevèlent, se tordent, et jusque dans la folie formidable de ces ciels où les astres ivres tournoient et chancèlent, où les étoiles s’allongent en queues de comètes débraillées ; jusque dans le surgissement de ces fantastiques fleurs qui se dressent et se crètent, semblables à des oiseaux déments, Van Gogh garde toujours ses admirables qualités de peintre, et une noblesse qui émeut, et une grandeur tragique qui épouvante. Et, dans les moments de calme, quelle sérénité dans les grandes plaines ensoleillées, dans les vergers fleuris, où les pruniers, les pommiers neigent de la joie, où le bonheur de vivre monte de la terre en frissons légers et s’épand dans les ciels pacifiques aux pâleurs tendres, aux rafraîchissantes brises. Ah ! comme il a compris l’âme exquise des fleurs. Comme sa main, qui promène les torches terribles dans les noirs firmaments, se fait délicate pour en lier les gerbes parfumées et si frêles. Et quelles caresses ne trouve-t-il pas pour en exprimer l’inexprimable fraîcheur et les grâces infinies. »
(Octave Mirbeau. « Vincent Van Gogh ». In L’Écho de Paris, mardi, 31 mars 1891, p. 1)





En septembre 1892, le peintre franco-danois Camille Pissarro (1830-1903) séjourna près de deux semaines chez Mirbeau où il réalisa quatre peintures du jardin.

Le dimanche 30 octobre 1892, Mirbeau débuta sa collabora au quotidien littéraire, artistique et politique Le Journal, fondé par le journaliste Fernand Xau (1852-1899), le 28 septembre précédent :

« Nous publions aujourd’hui le premier article d’une des personnalités les plus marquantes du journalisme et du roman contemporains. Notre nouveau collaborateur se dissimule sous le pseudonyme de JEAN MAURE, mais plus d’un le reconnaîtra à son talent si puissant et si original. »


En février 1893, les Mirbeau s’installèrent dans leur nouvelle maison, « Le Clos Saint-Blaise », qu’ils avaient achetée à Carrières-sous-Poissy [Yvelines] - détruite en 1993 pour construire la Mairie -, où il put s’adonner à sa passion des fleurs et des poules :

« Samedi 6 juillet. [1895] – A la gare Saint-Lazare, je trouve Léon Daudet, de Régnier, et aussitôt en route pour Carrières-sous-Poissy.
Nous voici en cette maison de Mirbeau, recouverte d’un treillage vert tendre, en cette maison aux larges terrasses, et trouée de nombreuses fenêtres, en cette maison inondée de jour et de soleil.
Maintenant dans le jardin, dans le petit parc, des plantes venues de chez tous les horticulteurs de l’Angleterre, de la Hollande, de la France, des plantes admirables, des plantes amusant la vue par leurs ramifications artistes, par leurs nuances rares, et surtout des iris du Japon, aux fleurs grandes comme des fleurs de magnolia, et aux colorations brisées et fondues des plus beaux flambés. Et c’est un plaisir de voir Mirbeau, parlant de ces plantes, avoir dans le vide, des caresses de la main, comme s’il en tenait une.
Une longue promenade dans cinq hectares de plantes, puis la visite aux poules exotiques, dans leur installation princière, avec leurs loges grillagées, au beau sable, d’où s’élèvent quelques arbustes, - et renfermant ces poules cochinchinoises, ces poules toutes noires avec leurs houppes blanches, et les petits combattants britanniques, et ces poules, dans l’embarras des plumes de leurs pattes, courant avec la gêne des gens, dont la culotte serait tombée sur les pieds.
Arrivent pour dîner Pol Neveux, Arthur Meyer, Rodin ; et à dîner, et le soir, une conversation amusante qui peint, qui juge, qui calomnie peut-être pas mal de gens.
A onze heures, dans la petite voiture de la maison, Mme Mirbeau, comme cocher, me ramène au chemin de fer, pendant que les valides nous accompagnent à pied. »
([Edmond de Goncourt]. Journal des Goncourt. Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1896, t. 9e, p. 349-350)

À la question « Quelle est la meilleure condition du bien social, une organisation spontanée et libre ou bien une organisation disciplinée et méthodique. Vers laquelle de ces conceptions doivent aller les préférences de l’artiste ? », Mirbeau répondit :

« Les questions que vous me posez sont fort complexes et demanderaient de longues pages pour être traitées. Je ne puis donc que vous indiquer brièvement, et sans les étayer d’arguments, mes préférences.
Je ne crois qu’à une organisation purement individualiste. Sous quelque étiquette que l’Etat se présente et fonctionne, il est funeste à l’activité humaine et dégradant : car il empêche l’individu de se développer dans son sens normal ; il fausse ou étouffe toutes les facultés. Je ne conçois pas qu’un artiste, c’est-à-dire l’homme libre par excellence, puisse chercher un autre idéal social que celui de l’anarchie. »
(Octave Mirbeau. In L’Ermitage. Revue artistique et littéraire. Paris, novembre 1893, p. 263) 

42 avenue George V, Paris VIII (mai 2019)
En 1895, les Mirbeau louèrent, à Paris, un pied-à-terre au 5eétage d’un immeuble construit en 1870, 42 avenue de l’Alma [avenue George V, au coin de la place Paul-Émile Victor, VIIIe] : la crémaillère y fut pendue le 5 décembre.

Mirbeau fit partie des huit premiers membres de la Société littéraire des Goncourt, désignés par Edmond de Goncourt (1822-1896) et qui avaient fréquenté le « Grenier » de la maison d’Auteuil, 53 boulevard de Montmorency [67 boulevard de Montmorency, XVIe] : Alphonse Daudet (1840-1897), Joris-Karl Huysmans (1848-1907), J.-H. Rosny aîné (1856-1940), J.-H. Rosny jeune (1859-1948), Léon Hennique (1850-1935), Paul Margueritte (1860-1918) et Gustave Geffroy (1855-1926). La Société fut constituée dès le 20 juillet 1896. L’effectif complet fut formé le 7 avril 1900, au domicile de Léon Hennique, 11 rue Descamps [XVIe, détruit, l’immeuble actuel fut construit en 1907] : les précédents, sauf Alphonse Daudet décédé, cooptèrent Léon Daudet (1867-1942), Élémir Bourges (1852-1925) et Lucien Descaves (1861-1949). La Société fut officiellement fondée le 24 janvier 1902 et reconnue d’utilité publique le 19 janvier 1903.

« Le cas de Léon Bloy est vraiment unique dans ce qu’on est convenu d’appeler : la littérature.
Voilà un homme d’une rare puissance verbale, le plus somptueux écrivain de notre temps, dont les livres atteignent, parfois, à la beauté de la Bible. Ne cherchez ni dans Chateaubriand, ni dans Barbey d’Aurevilly, ni dans Flaubert, ni dans Villiers de l’Isle-Adam, une prose plus architecturale, d’une forme plus riche, d’un modelé plus savant et plus souple. Dans quelques pages du Désespéré, par-delà d’antipathiques violences et des malédictions disproportionnées, il s’est élevé jusque les plus hauts sommets de la pensée humaine. Pour peindre des êtres et des choses, il a, souvent, trouvé d’étonnantes, de fulgurantes images qui les éclairent en profondeur et pour jamais. […] Les livres de Léon Bloy fourmillent de ces choses. Il en est d’incomparablement grandes et nobles. Elles naissent, à chaque page, sous sa plume, tout naturellement et sans efforts. Il est en état permanent de magnificence. […]
Même dans la frénésie de l’insulte, il est magnifique encore ; il peut dire de lui-même qu’il est un “ joaillier en malédictions ”. Il sertit d’or l’excrément ; il monte sur des métaux précieux, précieusement ouvrés, la perle noire de la bave. Quand il en arrive à ce point d’orfèvrerie et de ciselure, l’excrément lui-même devient un joyau. Nul n’a plus le droit d’en sentir l’originelle odeur, et tous peuvent s’en barbouiller la face sans honte. »
(Octave Mirbeau. « Léon Bloy ». In Le Journal, dimanche 13 juin 1897, p. 1)    

Au retour d’une cure thermale décevante à Bagnères-de-Luchon [Haute-Garonne], pour une affection O.R.L. bénigne, 

3 boulevard Delessert, Paris XVI
Mirbeau emménagea le 1er septembre 1897 dans un grand appartement du 3 boulevard Delessert [XVIe], immeuble de quatre étages construit en 1892.

Le 22 décembre 1894, le capitaine Alfred Dreyfus (1859-1935) avait été condamné par un conseil de guerre pour communication de renseignements à l’attaché militaire allemand à Paris, et déporté à l’île du Diable [Cayenne, Guyane] le 14 avril 1895. L’accusation avait reposé sur un « bordereau » dérobé à l’ambassade d’Allemagne [malgré le témoignage contradictoire de la non-conformité d’écriture] et sur un dossier resté secret, communiqué par le ministre de la Guerre au conseil de guerre.
En 1896, le commandant Georges Picquart (1854-1914) avait établi que l’auteur du « bordereau » était un officier attaché à l’état-major français, le commandant Ferdinand Esterhazy (1847-1923). Malgré cela, le sénateur Auguste Scheurer-Kestner (1833-1899) n’avait pu obtenir la révision du procès.
Après la publication par Émile Zola (1840-1902) de son premier article en faveur de la cause de Dreyfus dans Le Figaro du jeudi 25 novembre 1897, qui finit par « La vérité est en marche, rien ne l’arrêtera plus. », Mirbeau écrivit :

« - Quelques jours après la dégradation de celui que vous appelez le traître Dreyfus, je passais la soirée dans une maison où se trouvait un personnage qui avait joué un rôle considérable dans cette affaire. C’était, vous le pensez bien, le héros de cette soirée… On l’entourait beaucoup… Lui, parlait avec complaisance, et se grisait, peu à peu, de son succès… A ce moment-là, j’étais, comme tout le monde, absolument convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus… Eh bien ! à mesure que le personnage parlait, cette conviction, peu à peu, s’ébranlait. Un doute possible naissait, grandissait dans mon âme. Il ne disait pourtant rien qui pût changer cette conviction qui était en moi… Ce qu’il racontait, c’étaient, plutôt, à tout prendre, des banalités… des choses dites, mille fois redites… Mais comment vous décrire cela !... A l’expression de son visage, de sa bouche, de ses yeux, au son de ses paroles, qui tintait faux… cette autre conviction, absolue, de l’innocence de Dreyfus, succédait à celle que, dix minutes auparavant, j’avais de sa culpabilité… »
(Octave Mirbeau. « Chez l’Illustre Écrivain ». In Le Journal, dimanche 28 novembre 1897, p. 1) 

Esterhazy passa en conseil de guerre et fut acquitté le 11 janvier 1898. Alors une partie du pays, derrière les républicains de gauche, les radicaux, et avec l’appui de Clemenceau dans L’Auroreet de Joseph Reinach dans Le Siècle, demanda la révision du procès. Zola publia le 13 janvier 1898, contre l’état-major, sa lettre « J’accuse », dans L’Aurore ; traduit en cour d’assises, il fut condamné. Mirbeau paya de sa poche l’amende à laquelle Zola a été condamné. En août, on découvrit que la seule pièce accablante du dossier était un faux fabriqué par le colonel Hubert Henry (1846-1898), qui, arrêté, avoua, puis se suicida. Le gouvernement ordonna d’ouvrir une procédure de révision. L’opinion publique se passionna. Les « dreyfusards », la gauche, exigèrent « la justice et la vérité » et développèrent une campagne antimilitariste. Les « antidreyfusards » s’opposèrent à la révision, au nom de la chose jugée, de l’honneur de l’armée, et ravivèrent la campagne antisémite. La France tout entière fut divisée et vécut dans une atmosphère de guerre de religion. Des manifestations de plus en plus violentes eurent lieu. La Cour de cassation renvoya Dreyfus devant le conseil de guerre de Rennes [Ille-et-Vilaine]. Il fut de nouveau condamné le 9 septembre 1899, mais avec circonstances atténuantes. Le 19 septembre, il fut gracié par le président de la République, Émile Loubet (1838-1929). Le 12 juillet 1906, la Cour de cassation réhabilita Dreyfus, qui réintégra l’armée et fut décoré de la Légion d’honneur.


La maison de Carrières-sous-Poissy ayant été vendue, Mirbeau loua au Val Chouquet, sur la commune de Vasouy [Calvados, associée à Honfleur depuis 1973], en juillet et août 1900, la villa « Le Butin » [détruite, à l’emplacement fut construit l’hôtel-restaurant Le Manoir des Impressionnistes, 23 route de Trouville], à moins de 100 m de la plage. En décembre, il partit s’installer à Cannes [Alpes-Maritimes], 

Villas Ibrahim (à gauche) et d'Aspremont (à droite)
puis passa le premier trimestre de l’année 1901 à Nice [Alpes-Maritimes], dans la villa Ibrahim, 66 avenue des Baumettes, que Maeterlinck achètera en 1911 et rebaptisera « Les Abeilles » [détruite].

Les bords de la Seine, à Veneux-Nadon (1908)
De juillet à octobre 1901, Mirbeau séjourna à Veneux-Nadon [Veneux-les-Sablons, Seine-et-Marne]. Il y reçut Alfred Jarry (1873-1907), grand pêcheur de barbillons. Son chien « Dingo » y mourut au mois d’octobre 1901.

« Le printemps venu, craignant qu’il [Dingo] ne tombât malade, je louai une maison rustique, dans un joli village, ou plutôt à l’écart d’un joli village, Veneux-Nadon, près de Fontainebleau. Le jardin donnait sur la forêt, dont il était en quelque sorte le prolongement. Nulle clôture, nulle barrière ne l’en séparait… La solitude y était charmante. De longs, longs silences, et tout d’un coup, les voix du vent dans les arbres, des voix qui emplissaient les hautes voûtes, les vastes nefs de la forêt, comme des chants d’orgues qu’aurait animés le génie d’un Beethoven. »   
(Octave Mirbeau. Dingo. Paris, Eugène Fasquelle, 1913, p. 380-381)


« Il m’est revenu à la mémoire une image évoquée récemment par l’éditeur de Dingo, M. Fasquelle. Il me dit :
-  Depuis toujours, nous étions liés très intimement. Il fut le parrain de mon fils Charles Fasquelle. Et, dès ses débuts dans le journalisme, il fit partie du groupe littéraire que je formais pour le “ Journal ”, alors à sa fondation. Vous le pensez, des anecdotes sur lui, ces boutades terribles qui lui étaient familières et qu’il aimait à lancer avec violence à ses adversaires, j’en possède une collection rare. Elles rempliraient cette bibliothèque !.. Mais au lieu de cette image un peu convenue d’un Mirbeau toujours amer, toujours vitupérant, je préfère vous citer ce que j’ai vu, moi, à Veneux-Nadon : pendant trois nuits, un Mirbeau à genoux devant Dingo en train de mourir, et pleurant, pleurant… »
(Jacques Lombard. In Paris-soir, dimanche 11 septembre 1932, p. 3)
  
84 avenue Foch, Paris XVI (juin 2019)
De 1901 à 1909, Mirbeau eut son adresse parisienne dans un appartement du 68 avenue du Bois de Boulogne, immeuble construit sur cinq étages en 1890 [84 avenue Foch à partir de 1929, XVIe ; siège du Sicherheitsdienst – branche de contre-espionnage des SS – pendant l’occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale, où le résistant Pierre Brossolette (1903-1944) se suicida].


Fatigué par un voyage en voiture automobile à travers la France, Mirbeau se reposa l’automne 1902 dans une maison de campagne à Bray-et-Lu (Val-d’Oise).

Moulin de Sainte-Geneviève-lès-Gasny
À 5 km à l’est de Giverny [Eure], où le peintre Claude Monet s’était installé avec sa famille en 1883, le couple Mirbeau passa l’été 1903 à Sainte-Geneviève-lès-Gasny.


En 1904, Mirbeau s’installa au château de Cormeilles-en-Vexin [Val-d’Oise], qu’il avait loué à Madame Cartier, tante du baron Denys Cochin (1851-1922), député de Paris. Mal accueillis par les Cormeillois, les Mirbeau quittèrent le château en 1908.
Après avoir été le centre de colonies de vacances de Rueil-Malmaison [Hauts-de-Seine], le nouveau propriétaire détruisit le château en 1955, faisant démolir la toiture et le premier étage ; en 2016, l’ancien château devint un lieu de réception appelé « Le Domaine des Cormellas », 6 bis rue Curie.

« Nous fîmes lentement le tour du parc. Des allées ombreuses, nous descendîmes au potager. Mirbeau se passionna jadis pour les fleurs (il est plus compétent qu’un jardinier de Haarlem). Son jardin de Carrières-sous-Poissy, planté de magnolias et d’iris du Japon, fut chanté par le père Goncourt. Et, de son imaginaire jardin des Supplices, s’exhalait l’enivrante senteur des lotus et des palétuviers. Son enthousiasme pour la flore n’a pas décru, mais la beauté des fruits et des légumes le ravit ; il parle de ses figues, de ses tomates, de ses framboises en termes qui eussent séduit Chardin, Cézanne ou Mme de Noailles.
Nous rentrâmes dans le cabinet de travail. Mirbeau assura ses besicles et me lut une page colorée d’un article composé le matin même, exaltant – tel autrefois Maeterlinck, Pissaro [sic], Rodin, Jean Lombard ou Monet – le nouvel artiste dont il s’est féru, Aristide Maillol, statuaire.
Nous fûmes admirer des lithographies de Degas ; la causerie vagabondait de M. de Féraudy à la dénonciation du Concordat, en passant par les plans des généraux russes. Mirbeau abondait en paradoxes saisissants. Le soir tombait. De la terrasse, nous contemplâmes le plateau de Boissy-l’Aillerie et la prairie grasse et drue où folâtraient en liberté ânons, veaux, génisses et poulains.
Puis l’automobile nous ramena à ronde allure jusqu’à la gare la plus voisine de Cormeilles. Et je pris congé d’Octave Mirbeau, de qui les ennemis eux-mêmes reconnaissent l’irrésistible crânerie, l’impulsive loyauté, le lyrisme magnifique et ingénu… »
(Louis Vauxcelles. « Au pays des lettres. Chez Octave Mirbeau ». In Le Matin, lundi 8 août 1904, p. 2) 


In L'Illustration, 1919
25 rue Octave Mirbeau, Triel-sur-Seine (juin 2018)
En 1909, Mirbeau fit enfin construire sa maison, à Cheverchemont, hameau de la commune de Triel-sur-Seine [Yvelines], sur un terrain qu’il avait acheté en décembre 1908.

« La maison qu’il s’était fait construire à Cheverchemont révélait bien sa recherche de lumière. Au milieu d’un jardin plein de roses et bordé de peupliers, c’est la maison la plus claire du pays.
- Regardez comme c’est beau, disait le Maître en indiquant de la main la vallée et les iles de la Seine, Triel et son église, le cimetière dont on découvrait les tombes, au loin Vernouillet et les quatre rangées de collines vertes, dont les dernières s’effaçaient dans le bleu du ciel.
Il se taisait, absorbé par l’étendue immense, et l’on sentait qu’il se donnait à la nature, totalement, jusqu’à l’abolition de la pensée. […]
Nous faisions souvent un tour dans le potager. Les légumes, bien rangés, avec leurs attitudes comiques, remplissaient le Maître de joie. Un chou le faisait rire jusqu’aux larmes et il s’attendrissait sur une tomate.
Il avait une religion pour les fleurs – elles étaient à profusion dans son jardin – mais il aimait peut-être davantage les légumes. Il leur trouvait une âme plus proche de la nôtre, une beauté plus innocente.
Avec une sorte de reconnaissance attendrie, il me décrivait la saveur de telle salade, de tel poireau, de tel chou frisé. Il était en la matière expert incontesté. C’est ce goût raffiné qu’il appelait sa gourmandise. […]
Lorsqu’il commençait à faire frais, nous entrions dans la maison. Elle était une émanation de lui-même. Tout y avait été choisi minutieusement et minutieusement contrôlé dans la suite. Ce qui ne lui plaisait plus était mis au grenier. Il préférait un mur vide au mur orné d’une œuvre dont il ne tirait plus une jouissance d’art particulière.
Le sentiment était étrange qui vous saisissait à voir toutes ces toiles : les Cézanne, les Monet, les Van Gogh, les Pissaro [sic], les Renoir, les Marquet, et ces sculptures : les Rodin, les Maillol – parmi les meubles, sur les murs de ces chambres claires – immobiles dans leur sérénité d’immortels chefs-d’œuvre, reconnus désormais comme tels par toute une génération d’hommes. Car on savait que ces merveilles étaient entrées dans la maison d’Octave Mirbeau, ignorées du public, méprisées de l’élite. Pour que chacun de ces noms d’artistes atteignit la notoriété, il avait fallu qu’un homme, toujours le même, s’offrit pour le crier au monde. Cet homme avait une stature d’athlète, une mâchoire carrée, une parole éblouissante. Il s’appelait Mirbeau et on disait de lui : “ C’est un fou ”, jusqu’au jour où on finissait par comprendre que c’était un précurseur.
Que de luttes, que d’injures, que de coups, pour assurer à ces objets sortis de mains et de cerveaux doués, la place qu’ils occupent aujourd’hui ! Nous qui pénétrons là, imprégnés de l’histoire d’une époque dont Octave Mirbeau fut une des figures les plus marquantes, nous sommes impressionnés par le calme d’une demeure pleine de chefs-d’œuvre qui n’ont plus besoin de se défendre. »
(Albert Adès-Theix. « La Dernière Physionomie d’Octave Mirbeau ». In La Grande Revue, 1917, 93e vol., p. 155-156)

139 rue de Longchamp, Paris XVI (juin 2019)
Sa santé s’altérant, Mirbeau quitta l’avenue du Bois de Boulogne en 1910 et loua un appartement au 139 rue de Longchamp [XVIe], immeuble de six étages construit en 1900. En novembre 1915, il s’installa au rez-de-chaussée du 57 rue Ampère [XVIIe].
Affaibli, Mirbeau quitta l’appartement de la rue Ampère et sa maison de Cheverchemont en octobre 1916 

1 rue de Beaujon, Paris VIII (juillet 2019)
pour un rez-de-chaussée 1 rue de Beaujon [VIIIe, librairie de Pierre Berès (1913-2008) de 1939 à 2002], immeuble bâti sur sept étages en 1860, en face du domicile de son médecin, le Docteur Albert Robin (1847-1928).

« Abandonnant Cheverchemont, Mirbeau, pour se rapprocher de Robin, avait loué l’entresol de l’immeuble qui fait le coin de la rue Beaujon – et, de sa fenêtre, il aurait pu appeler son médecin !
Mais il n’eut jamais à se donner cette peine : Robin venait le voir deux ou trois fois par jour.
Assis au bord de son lit, vêtu d’un pyjama de laine brune, les jambes pendantes, une couverture de voyage pliée en deux sur les épaules, soutenu par des oreillers qu’on tassait dans son dos, ce n’était plus le Mirbeau ardent, combatif que nous avions connu. C’était un Mirbeau patient, pensif et grave. […]
Mirbeau ne luttait plus.
Robin luttait pour lui. […]
J’ai assisté à ces dernières heures de la vie de Mirbeau, et j’étais là lorsque Robin vint faire l’ultime tentative. Il était cinq heures du soir. A six heures, Mirbeau, qui me regardait fixement depuis une heure, fit un petit mouvement de la tête. Il m’avait reconnu et il m’appelait. Je me levai, m’approchai de lui et le pris dans mes bras. Sa respiration était courte et, ma tempe appuyée contre sa tempe, je percevais les battements précipités de son cœur. Il m’embrassa longuement alors et me dit à l’oreille :
- Ne collaborez jamais !
Depuis dix ans, cet homme, le meilleur, le plus regretté de tous mes chers amis, ne cessait de me prodiguer de précieux conseils, et, à sa dernière minute, il avait voulu me rendre un dernier service !
Je dis bien “ à sa dernière minute ”, car je suis convaincu que l’âme ardente de Mirbeau s’éteignit à cette minute-là.
Oh ! je sais bien qu’il ne rendît le dernier soupir que douze heures plus tard […] »
(Sacha Guitry. « Les Derniers Jours d’Octave Mirbeau ». In Pages choisies. Paris, Plon, 1932, p. 77-84)
     
Octave Mirbeau décéda le vendredi 16 février 1917, à six heures du matin, en son domicile de la rue de Beaujon. La déclaration du décès fut faite le lendemain par Marguerite Audoux (1863-1937), couturière, domiciliée 10 rue Léopold Robert [XIVe] [auteur du roman Marie-Claire (Paris, Eugène Fasquelle, 1910), Prix Femina 1910, préfacé par Mirbeau], et par Henri Dutar (1873-1929), industriel, 119 boulevard Saint-Germain [VIe] [gendre de l’éditeur Georges Charpentier (1846-1905)].

In Le Figaro, 20 février 1917, p. 3
Ses obsèques eurent lieu le lundi 19 février ; 


l’inhumation eut lieu au cimetière de Passy [2edivision].

In Le Petit Parisien, lundi 19 février 1917
Ce même jour parut, dans Le Petit Parisien, « Le Testament politique d’Octave Mirbeau », qui faisait du pacifiste un militariste : il s’agit d’un faux, rédigé, à la demande de la veuve, par Gustave Hervé (1871-1944), ancien socialiste devenu fasciste.  

D’abord royaliste et catholique, Octave Mirbeau avait soutenu ensuite les idées les plus avancées et, dans ses articles de journaux, comme dans ses romans et son théâtre, avait attaqué avec passion toutes les formes d’hypocrisie sociale.
Outre un recueil de nouvelles, Lettres de ma chaumière (Paris, A. Laurent, 1886), Mirbeau a publié comme romans : Le Calvaire (Paris, Paul Ollendorff, 1887), L’Abbé Jules (Paris, Paul Ollendorff, 1888), Sébastien Roch (Paris, G. Charpentier et Cie, 1890), Le Jardin des supplices (Paris, Eugène Fasquelle, 1899), Le Journal d’une femme de chambre (Paris, Eugène Fasquelle, 1900), Les Vingt et Un Jours d’un neurasthénique (Paris, Eugène Fasquelle, 1901), La 628-E8 (Paris, Eugène Fasquelle, 1907), impressions de voyage en Belgique, et Dingo (Paris, Eugène Fasquelle, 1913). Au théâtre, Mirbeau a donné : Les Mauvais Bergers (Paris, Eugène Fasquelle, 1898), drame social, où la violence s’allie à un certain mysticisme ; L’Epidémie (Paris, Eugène Fasquelle, 1898) ; Vieux ménages (Paris, Eugène Fasquelle, 1901) ; Le Portefeuille (Paris, Eugène Fasquelle, 1902) ; 

Diner offert par la revue La Plumeà Mirbeau, le 6 juin 1903,
à l'occasion du triomphe à la Comédie française de Les Affaires sont les affaires
Photographie Yves Françoise
Les Affaires sont les affaires (Paris, Eugène Fasquelle, 1903) ; Scrupules (In Farces et moralités. Paris, Eugène Fasquelle, 1904) ; Le Foyer (Paris, Eugène Fasquelle, 1909), en collaboration avec Thadée Natanson (1868-1951).     


La collection de tableaux et de sculptures de Mirbeau fut vendue à la Galerie Durand-Ruel, 16 rue Laffitte [IXe], le lundi 24 février 1919 : Catalogue des tableaux modernes, aquarelles, pastels, dessins, par Cézanne, Bonnard, Cross, Daumier, Denis, Gauguin, Van Gogh, Guys, Jongkind, Maillol, Manguin, Monet, B. Morisot, C. Pissarro, Renoir, Rodin, K.-X. Roussel, Seurat, Signac, Utrillo, Vallotton, Valtat, Vuillard. Sculptures par Camille Claudel, Aristide Maillol, Rodin. Composant la collection Octave Mirbeau (Paris, 1919, [108] p., 79 lots). 

Buste d'Octave Mirbeau, par Rodin (1889)
Musée Rodin
La vacation a produit 418.410 francs.

La bibliothèque de Mirbeau fut vendue en deux parties :


Du lundi 24 au vendredi 28 mars 1919, en 5 vacations, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle 9 : Bibliothèque de Octave MirbeauPremière partieLivres anciens, livres du XIXe siècle et contemporains, éditions originales, livres illustrés(Paris, Henri Leclerc, 1919, in-8, [2]-VII-[1 bl.]-144 + [2] p., 895 + 3 doubles [bis] = 898 lots, portrait), dont Livres anciens et du commencement du XIXe siècle [90 lots = 10,02 %], Livres modernes [689 lots = 76,72 %], Ouvrages de Octave Mirbeau [84 lots = 9,35 %], Autographes divers [35 lots = 3,89 %]. Cette vente a produit 171.673 francs.

« Mirbeau aimait passionnément les livres, comme il aimait les tableaux, comme il aimait les fleurs. Mais en raffiné qu’il était, son goût n’allait qu’aux ouvrages véritablement de choix, à la fois par le fond et par la forme. Un volume mal présenté, imprimé sans art, sur du papier grossier, s’il attirait un moment son attention, ne retenait pas sa tendresse, et ne prenait jamais place sur les rayons difficilement accessibles de sa bibliothèque. Est-il besoin de dire qu’aucun de ceux qu’il a ainsi dédaignés ne figure à ce catalogue ?...
Tous les livres qu’il aimait, Mirbeau les a voulu posséder dans leurs éditions les plus rares. La qualité de la pensée n’allait pas pour lui sans la recherche du vêtement qui l’habillait, sans un aspect de beauté extérieure qui rehaussait à ses yeux son mérite intrinsèque. Pour ces privilégiés il se montrait aussi prévenant, aussi attentionné qu’il était dédaigneux pour les autres. Avec des égards d’amoureux, il en coupait soigneusement les pages, et, tenant le livre avec précaution entre ses deux mains, comme on tient un enfant choyé, il le lisait dévotieusement, savourant en gourmet à la fois le contenant et le contenu. »
(Pierre Decourcelle. « Les Livres de mon Ami ». In Bibliothèque de Octave Mirbeau. Première partie. Paris, Henri Leclerc, 1919, p. V-VI)

6.Boccace. Le Décameron. Londres [Paris], 1757-1761, 5 vol. in-8, 1 portr., 5 front., 110 fig., 97 culs-de-lampe, mar. rouge, petite dent., dos et coins ornés, tr. dor. (Rel. anc.). 4.000 fr.



12. Buffon. Cours complet d’histoire naturelle. Paris, Deterville, 1799-1802, 80 vol. in-18, fig., mar. rouge à longs grains, fil. au pointillé, dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). Un des ex. sur pap. vélin, contient le portrait et les fig. en 2 états, coloriés et en noir. 1.140 fr.


17.Cicéron. Les Oraisons de Cicéron. Paris, P. Gandouin, 1731, 8 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos orné et fleurdelysé, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Louis XV, avec son chiffre couronné répété quatre fois sur le dos des volumes. 900 fr.
20.Corneille (Pierre). Théâtre, reveu et corrigé par l’autheur. Paris, Louis Billaine, 1664, 2 vol. in-fol., front. et portr., vélin blanc, fil. et milieu orné à froid, dos à nerfs, tr. jasp. (Rel. anc.). 880 fr.    

Photographie BnF
23. Dante. L’Enfer, 3 vol. sur pap. rose foncé, mar. rouge – Le Purgatoire, 3 vol. sur pap. vert, mar. vert – Le Paradis, 3 vol. sur pap. bleu, mar. bleu. Texte italien en regard de la trad. française. Paris, Firmin Didot, 1828-1830, 2eéd., 9 vol. in-18, 3 pl., mar., fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 1.015 fr.

Exemplaire Berès : rel. Simier
Drouot, 17 décembre 2007 : 9.100 €
23 bis. Diderot. Œuvres. Paris, Brière, 1821, 21 vol. – Naigeon. Mémoires historiques et philosophiques sur la vie et les ouvrages de Diderot. Ibid., 1821. Ensemble 22 vol. in-8, portraits et fig., demi-rel. veau bleu, dos orné à froid et doré, non rogn. (Simier). Sur grand papier vélin. 1.740 fr.


43.Lucrèce. Paris, Bleuet, 1768, 2 vol. gr. in-8, front. et 6 fig., mar. rouge, fil., dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). Pap. de Hollande. Ex. Lignerolles. 1.220 fr.

Rel. Lortic
 Librairie Le Feu follet : 15.000 €
50.Molière. Les Œuvres de Monsieur de Molière. Paris, Denys Thierry, Claude Barbin et Pierre Trabouillet, 1682, 8 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 1.241 fr.

Rel. genre de Bradel. Drouot, 19 octobre 2016 : 4.064 €
55.Montesquieu. Œuvres complètes, nouvelle édition, avec des notes d’Helvétius sur l’Esprit des lois. Paris, Pierre Didot l’Aîné, An III, 1795, 12 vol. in-18, portr. en médaillon sur le titre, mar. bleu à longs grains, fil., motifs aux angles à petits fers, milieu orné à froid, dos orné, dent. int., tr. dor. (Thouvenin). Un des 100 ex. sur gr. pap. vélin. 1.250 fr.


62. Prévost (l’Abbé). Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Amsterdam, 1753, 2 vol. in-12, fig., mar. bleu, fil., dos orné à la rose, tr. dor. (Lortic). 700 fr.


66.Rabelais. Œuvres. Paris, Dalibon, 1823, 9 vol. gr. in-8, 2 portr. et 10 vign., demi-rel., dos et coins de veau rouge, dos orné, non rogné (Simier). Gr. raisin vélin. 1.000 fr.


73.Richardson. Clarisse Harlowe. Genève, Paul Barde, 1785-1786, 14 vol. in-18, mar. rouge à longs grains, dos orné, dent. int., doubl. et gardes de tabis vert, tr. dor. (Lefebvre). Portrait par Pujos et 21 fig. par Chodowiecki. 14 dessins originaux de Huot et 14 fig. gravées par Bovinet ajoutées. 3.000 fr.


74. Rommant de la Rose (Le). Paris, Pierre Vidoue pour Galliot du Pré, 1529, pet. in-8 divisé en 2 vol., mar. rouge, dos orné à la grotesque, tr. dor. (Rel. XVIIIe). Titre ajouté ? L’impression de quelques pages a coulé. 880 fr.

Rel. veau raciné époque
Paris, 18 décembre 2013 : 625 €
82.Sévigné. Lettres de Madame de Sévigné à sa fille et à ses amis. Paris, Bossange, Masson et Besson, 1806, 8 vol. in-8, fac-similé, mar. rouge à longs grains, fil., pet. dent., dos orné, dent. int., doubl. et gardes de tabis bleu, tr. dor. (Meslant). 20 portr. ajoutés. 2.000 fr.



83.
Shakespeare. Œuvres complètes, traduites de l’anglais par Letourneur. Paris, Ladvocat, 1821, 13 vol. gr. in-8, portr., mar. citron à longs grains, angles ornés d’un motif à froid en forme d’éventail, et mosaïqués de mar. noir, dos orné, dent. int., gardes de papier vert, tr. dor. (Simier). Gr. pap. vélin, aux armes de la duchesse de Berry. 6.600 fr.


87.Voltaire. Œuvres complètes de Voltaire. Société littéraire typographique, [Kehl], 1784-1789, 70 vol., plus 2 vol. de Tables. Ensemble 72 vol. gr. in-8, mar. vert, pet. dent. dor. sur les plats, dent. int., doubl. et gardes de papier rose, tr. dor. (Bradel-Derome). Gr. pap. vélin. 3.000 fr.


212.Clemenceau (Georges). Au pied du Sinaï, illustrations de Henri de Toulouse-Lautrec. Paris, Floury, s. d. [1898], pet. in-4, broché. Tirage 380 ex. Envoi auto. de l’auteur à Mirbeau. 410 fr.  


249.Flaubert. Madame Bovary, mœurs de province. Paris, Michel Lévy frères, 1857, pet. in-8, mar. vert foncé jans., doublé de mar. rouge, fil. à l’int., gardes de moire, doubles gardes, tr. dor. sur témoins (Marius Michel). Édition originale. Un des 78 ex. sur pap. vélin fort, en un seul vol. 1.005 fr.


253.Flaubert. Trois Contes. Paris, Charpentier, 1877, in-12, mar. La Vallière jans., doublé de mar. de même couleur, filet, tête dor., tr. dor. sur témoins, couv. (Marius Michel). Édition originale. Un des 100 ex. sur pap. de Hollande. 890 fr.
264. France (Anatole). La Vie littéraire. Paris, Calmann Lévy, 1888-1892, 4 vol. in-12 brochés. Édition originale. Un des 10 ex. sur pap. du Japon. 2.700 fr.


269. France (Anatole). Le Lys rouge. Paris, Calmann Lévy, 1894, in-12 broché. Édition originale. Un des 30 ex. sur pap. du Japon. 1.300 fr.


274. France (Anatole). Le Mannequin d’osier. Paris, Calmann Lévy, 1897, in-12 broché. Édition originale. Un des 30 ex. sur pap. du Japon. 1.250 fr.


399. Hervieu (Paul). La Bêtise parisienne, nouvelle édition augmentée. Paris, Lemerre, 1897, in-12, cartonn. étoffe brochée fantaisie, tête dor., non rogn., couv. (P. Vié). Un des 5 sur pap. du Japon. Envoi de l’auteur à Mirbeau. 16 fr.


409.Huysmans. A rebours. Deux-cent-vingt gravures sur bois en couleurs de Auguste Lepère. Paris, pour les Cent bibliophiles, 1903, in-8, en feuilles, dans un carton. Tiré à 130 ex. 1.920 fr.
429. Jarry (Alfred). Almanach du Père Ubu illustré. 1899, in-32, fig., cartonn. pap. marbré, non rogné (Couvert.).    

 Drouot, 7 novembre 2018 : 1.379 €
430. Jarry (Alfred). Almanach illustré du Père Ubu. Paris, A. Vollard, 1901, gr. in-8, illustrations dans le texte, cartonn. pap. marbré, non rogné (Couvert.). Envoi de l’éditeur à Mirbeau. 32 fr. avec le 429.  
469.Maeterlinck (Maurice). Les Sept Princesses. Bruxelles, Lacomblez, 1891, in-12, cartonn. dos et coins de vélin blanc, tête dor., non rogn., couverture (P. Vié). Édition originale. Un des 5 ex. sur pap. du Japon. Envoi autographe de l’auteur à Mirbeau. 1.100 fr.
470.Maeterlinck (Maurice). Pelléas et Mélisande. Bruxelles, Lacomblez, 1892, in-12, cartonn. dos et coins de vélin blanc, plats étoffe brochée, fil., dos orné, tête dor., non rogné, couv. (P. Vié). Édition originale. Un des 5 ex. sur pap. du Japon. 1.100 fr.

Drouot, 7 novembre 2018 : 3.133 €
642. Rostand (Edmond). L’Aiglon, drame en six actes, en vers. Paris, Fasquelle, 1900, pet. in-8, cartonn. dos et coins de mar. vert, non rogné (Couvert.). Édition originale. Imprimé sur pap. vert, spécialement pour Mirbeau. 305 fr.


664.Stendhal. Armance, ou Quelques scènes d’un salon de Paris en 1827. Paris, Urbain Canel, 1827, 3 tomes en 1 vol. in-12, demi-rel. veau fauve, dos orné, tr. marb. (Rel. de l’époque). Édition originale rare. 3.201 fr.

Drouot, 7 novembre 2018 : 2.882 €
675. Tinan (Jean de). Penses-tu réussir ! ou les diverses amours de mon ami Raoul de Vallonges, roman. Paris, Mercure de France, 1907, in-12, cartonn. pap. marbré, non rogné (Couvert.). 351 fr.

Demi-mar. cerise à coins (Affolter).
 Drouot, 9 novembre 2012 : 3.000 €
747. Zola. L’Assommoir. Paris, Charpentier, 1877, in-12, cartonn., dos et coins de mar. rouge, non rogné (Couvert). Édition originale. Un des 75 sur Hollande. 850 fr.

Photographie Nicolas Ducimetière
783.Mirbeau. Le Calvaire. Paris, Ollendorff, 1887, in-12, mar. grenat jans., doublé de mar. vert foncé, filet, gardes de moire grenat, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couv. (Marius Michel). 3.520 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet
790. Mirbeau. L’Abbé Jules. Paris, Ollendorff, 1888, in-12, mar. vert jans., doublé de mar. vieux rouge, filet, gardes de soie vert foncé, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couv., étui (Carayon). Édition originale. Un des 5 ex. sur pap. du Japon. 1.150 fr.
808.Mirbeau. Le Jardin des supplices. Manuscrit autographe, in-4, 110 feuillets sur onglets, mar. rouge jans., à l’int. encadr. orné de 4 fil. dor. et 2 fil. à froid (Marius Michel). 2.500 fr.

Photographie BnF
810.Mirbeau. Le Jardin des supplices. Vingt compositions originales de Auguste Rodin. Paris, Vollard, 1902, in-4, mar. olive, gr. encadr. de guirlandes de fleurs et de feuillages mosaïquées de mar. vert, jaune, violet sertis à froid, double fil. int. avec fleurons mosaïqués aux angles, doubl. et gardes d’étoffe tissée de soies et de fils d’or, tr. dor. sur témoins, étui (Marius Michel). Un des 15 ex. sur pap. du Japon. 1.700 fr.
812.Mirbeau. Le Journal d’une femme de chambre. Manuscrit autographe in-4 de 169 feuillets sur onglets, mar. brun jans., doublé de mar. rouge, filet doré, gardes de grosse toile grise, doubles gardes, non rogné, étui (Marius Michel). 2.000 fr.
825.Mirbeau. Les Affaires sont les affaires, comédie en trois actes. Manuscrit autographe in-4 de 71 feuillets sur onglets, mar. rouge jans., à l’int. encadr. de mar. rouge orné de 4 fil. dor. et 2 fil. à froid (Marius Michel). 4.620 fr.


826.Mirbeau. Les Affaires sont les affaires, comédie en trois actes. Paris, Fasquelle, 1903, in-12, mar. rouge jans., doublé de mar. bleu Nattier, filet dor., gardes de soie rouge, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couv., étui (Carayon). 1.051 fr.
879. Maeterlinck (Maurice). 6 lettres et une carte autographes, signées et adressées à Mirbeau. Une est datée de 1890. 1.001 fr.


Les vendredi 20 et samedi 21 juin 1919, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle 8 : Bibliothèque de Octave MirbeauDeuxième partieBeaux-Arts, livres dans tous les genres, autographes (Paris, Henri Leclerc, 1919, in-8, [3]-[1 bl.]-57-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 352 + 1 double [bis] = 353 lots), dont Beaux-Arts [46 lots = 13,03 %], Livres dans tous les genres [280 lots = 79,32 %], Autographes [27 lots = 7,64 %]. La vente a produit 20.585 francs.


11. Duret (Théodore). Histoire d’Édouard Manet et de son œuvre. Paris, Floury, 1902, pet. in-4, 23 pl. h.-t., cartonn. pap. marbré, non rogné (Couv. illustrée). Envoi de l’auteur à Mirbeau. 101 fr.


13. Du Sommerard (Alex.). Les Arts au Moyen-âge. Paris, Techener, 1838-1846, 5 vol. in-8 et 5 albums de planches, demi-rel. veau rouge, non rognés. Front. et 510 pl. en noir et en couleurs [réédition économique à ne pas confondre avec la véritable première édition, éléphant-fol. avec 618 pl.] 400 fr.


32. Ramiro (Érastène) [Eugène Rodrigues]. Catalogue descriptif et analytique de l’œuvre gravé de Félicien Rops. Paris, Conquet, 1887, gr. in-8, cartonn., pap. marb., non rogné, couverture (P. Vié). Première édition. Hommage autographe de Ramiro à Mirbeau. 10 lettres et billets autographes de Rops à Mirbeau ajoutés. 301 fr.


35. Rodin. Les Dessins de Auguste Rodin. Paris, Boussod, Manzi, Joyant et Cie, 1897, in-fol. en feuilles dans un carton. 129 planches comprenant 142 dessins reproduits en fac-similé. N° 4 des 125 ex., au nom de Mirbeau, avec un envoi de Rodin. 250 fr.

"Le Baiser" (1898)
Musée Rodin
36. Rodin. Œuvres de Rodin. 317 photographies de Eugène Druet (1867-1916) en 12 étuis demi-vélin blanc. 390 fr.


43. Vasari (G.). Vies des peintres, sculpteurs et architectes, traduites par Léopold Leclanché. Paris, Just Tessier, 1841-1842, 10 vol. in-8, 121 portr., demi-rel. chag. rouge, tr. marb. 130 fr.


69. Becque (Henry). Théâtre complet. Paris, Charpentier et Cie, 1890, 2 vol. in-12, cartonn. demi-vélin blanc, dos orné, tête dor., non rognés (P. Vié). Première édition collective. 160 fr.


80. Boigne (Ctesse de) née d’Osmond. Mémoires. Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1907, 4 vol. in-8, portr. et fac-similé, brochés. 115 fr.


176.Larousse (Pierre). Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle. Paris, 1866-1876, 15 vol. et 1 vol. de Supplément. Ens. 16 vol. in-4, demi-rel. chag. rouge, plats toile rouge, tr. jasp. 315 fr.


202. Mille nuits et une nuit (Le Livre des). Traduction littérale et complète par le DrJ.-C. Mardrus. Paris, Fasquelle, s. d. [1908-1911], 8 vol. in-4, ill. couleurs, demi-rel. veau rouge, dos orné et mosaïqué, tête dor., non rogn., couv. (Rel. éditeur). 290 fr.

Rel. d'Yseux. Un des 3 sur papier rouge
Drouot, 7 novembre 2018 : 6.893 €
211.Mirbeau. Les Affaires sont les affaires, comédie en trois actes. Paris, Fasquelle, 1903, in-12, broché. Édition originale sur pap. vélin rouge, envoi autogr. de Mirbeau. 205 fr.
212.Mirbeau. Les Affaires sont les affaires, comédie en trois actes. Paris, Fasquelle, 1903, in-12, broché. Édition originale. 14 exemplaires. 275 fr.


220.Mirbeau. La 628-E8. Paris, Fasquelle, 1907, in-12, broché, édition originale en 468 pages, avec les chapitres qui furent supprimés, au cours du tirage, à la demande des héritiers de Balzac. Titre et dédicace détachés du volume. 220 fr.



282.Saint-Simon (Duc de). Mémoires complets et authentiques sur le siècle de Louis XIV et la Régence. Paris, L. Hachette et Cie, 1856-1858, 20 vol., portr. – Baschet (A.). Le Duc de Saint-Simon, son cabinet et l’historique de ses manuscrits. Plon et Cie, 1874, 1 vol. Ensemble, 21 vol., cartonn. toile rouge, non rogn. Pap. de Hollande. Ex. d’Edmond de Goncourt. 525 fr.
290. Sévigné (Mme de). Lettres de Mme de Sévigné, de sa famille et de ses amis, 14 vol. – Lettres inédites à Mme de Grignan, sa fille, 2 vol. Paris, L. Hachette et Cie, 1862-1876. Ensemble 16 vol. in-8 et 1 album gr. in-8, dos et coins mar. vert, fil., tête dor., non rognés (Trioullier, sr de Petit-Simier). 1 des 50 ex. sur pap. vélin. Ex. d’Edmond de Goncourt. 320 fr.
330. Hervieu (Paul). Réunion de 161 lettres et cartes autographes signées, adressées à Mirbeau, de 1885 à 1901. 590 fr.

La veuve d’Octave Mirbeau demeura à Cheverchemont jusqu’au 12 juillet 1931, date de sa mort. Ses obsèques eurent lieu le mercredi 15 juillet au temple protestant du Saint-Esprit de Paris, 5 rue Roquépine [VIIIe] ; elle fut inhumée au cimetière de Passy.


Elle avait occupé l’ancien pavillon du jardinier, la maison ayant été cédée, le 28 octobre 1918, à la Société des Gens de Lettres, pour y créer une maison de repos pour les écrivains sans fortune. Faute du capital nécessaire à son entretien, la Société des Gens de Lettres fut contrainte de mettre en vente cette propriété le 21 décembre 1931.


Le 11 septembre 1932, une plaque fut apposée sur la maison natale de Mirbeau, aux frais du dramaturge Sacha Guitry (1885-1957).

































Le Baron Taylor (1789-1879), passionné de bienfaisance

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Baron Justin Taylor
Cimetière du Père-Lachaise
D’une famille d’origine irlandaise, établie en Flandre depuis le XIVe siècle, Isidore-Justin-Séverin Taylor est né à Bruxelles [Belgique], le 5 août 1789, de Hélie Taylor (1762-1830), naturalisé français et professeur à l’Université de Leyde [Pays-Bas], et de Marie-Jacqueline-Antoinette Walwein (1759-1833) ; il fut baptisé en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule.


Justin Taylor débuta ses études à Paris, dans un pensionnat du quartier de Belleville [XXe], dirigé par Sané puis par Jacob. Porté vers les arts, il entra, après une brève rencontre avec le peintre Joseph-Benoît Suvée (1743-1807), dans l’atelier d’Ignace Degotti (1759-1824), décorateur de l’Opéra. Artiste de cœur et voyageur de tempérament, Justin Taylor entreprit dès 1810 l’exploration artistique de la Bretagne, puis en 1812, de la Flandre, de l’Allemagne et de l’Italie.

Justin Taylor, vers 1810
par Jean Alaux (1786-1864)
 De retour en France en 1814, Justin Taylor fit partie des volontaires de la Garde nationale et se distingua, le 30 mars, à la défense de Paris, ce qui lui valut le grade de sous-lieutenant. Le 16 juin 1814, il entra dans les gardes du corps de la Compagnie de Wagram [artillerie] et fut nommé lieutenant le 16 juin 1815 ; il était aide de camp du général comte d’Orsay. Le 18 septembre 1816, il passa lieutenant de cavalerie. Le 20 janvier 1819, il devint lieutenant au corps royal d’état-major, par suite de concours, et, le 14 septembre de la même année, il fut nommé à l’état-major du général marquis de Lauriston. Chevalier de la Légion d’honneur en 1822. 

Bataille du Trocadéro, le 31 août 1823
Le 15 avril 1823, il fut attaché à l’état-major général de l’armée d’Espagne ; au retour, il quitta l’armée avec le grade de chef d’escadron, rapportant son manteau de soldat, dans lequel il manifesta le désir d’être enseveli.
Pendant cette époque, il voyagea en Allemagne, en Hollande et en Angleterre, et fournit au théâtre du Panorama-Dramatique, 40 boulevard du Temple [XIe], des pièces de théâtre qu’il composa avec quelque succès.
     
En récompense de ses services dans l’armée, Charles X le nomma baron le 28 mai 1825, à la veille de son sacre. 

Première d'Hernani, par Albert Besnard (1849-1934)
Hauteville House, Guernesey, Royaume-Uni
Le 9 juillet suivant, il fut nommé commissaire royal à la Comédie française, fonction qu’il occupa jusqu’en 1838 ; il fit représenter Hernani de Victor Hugo, le 25 février 1830, et remit Le Mariage de Figaro de Beaumarchais au répertoire. Il habitait alors 46 rue de Bondy [Xe, détruit en 1850 ; rue René Boulanger depuis 1944].

Belle Kreilssamner
Cahiers Alexandre Dumas, N°24, 1997
 Le baron Taylor eut une liaison avec Belle Kreilssamner, née à Lyon [Rhône, Division du Midi], le 15 ventôse An VIII [6 mars 1800] : elle accoucha, le 12 février 1828, à Toulouse [Haute-Garonne], dans la maison du Docteur Laniès, d’une fille, Mélanie-Adèle Kreilssamner, qui fut transportée au « tour des enfants trouvés » de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques. Le baron Taylor fit débuter Belle Kreilssamner à la Comédie française le 15 juillet 1828, sous le nom de « Mélanie Serre ». En 1830, recrutée par un théâtre de Versailles [Yvelines], elle devint la maîtresse d’Alexandre Dumas (1802-1870).

Ce fut en 1830 que le baron Taylor fut envoyé en Égypte, pour traiter de l’acquisition de l’un des deux obélisques du temple de Louxor : 

Erection de l'obélisque de Louxor, par François Dubois (1790-1871)
 Musée Carnavalet
rapporté par bateau spécialement construit à cette fin, il fut érigé, le 25 octobre 1836, au centre de la place de la Concorde, à Paris [VIIIe]. Officier de la Légion d’honneur en 1834.

En 1835, il fut chargé d’aller en Espagne afin de réunir une collection de tableaux représentatifs de l’art espagnol : 

El Greco : Le Christ en croix adoré par deux donateurs
la « Galerie espagnole », qui comprenait 505 tableaux, 11 gravures et 2 dessins, fut ouverte au Palais du Louvre le 7 janvier 1838 ; le baron Taylor avait fait aussi l’acquisition de sculptures, moulages et plâtres (126 articles), de meubles, poteries et verreries (961 articles).
Commandeur de la Légion d’honneur en 1837. Le 17 octobre 1838, le baron Taylor fut nommé Inspecteur général des Beaux-Arts.

Photographie BnF
En 1841, il fut chargé d’aller chercher en Angleterre les livres et les tableaux légués par Lord Franck Hall Standish (1799-1840) au roi Louis-Philippe : d’abord déposés au Louvre, ils furent réclamés comme propriété privée après 1848 ; les livres passèrent au duc d’Aumale.
Dans l’intérêt de ses travaux, le baron Taylor reprit de temps en temps ses excursions en Italie, en Grèce, en Turquie, en Asie Mineure, en Syrie, en Égypte et sur les côtes d’Afrique.

Lettre de remerciements adressée au comte de Nieuwerkerke, sénateur et surintendant des Beaux-Arts
 Il attacha son nom à la création de cinq sociétés de secours mutuels destinées à soutenir les gens de lettres et les artistes : Association des Artistes dramatiques (1840), Association des Artistes musiciens (1843), Association des Artistes peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et dessinateurs (1844) – aujourd’hui dénommée « Fondation Taylor », 1 rue La Bruyère [IXe] -, Association des Inventeurs et Artistes industriels (1849) et Association des Membres de l’enseignement (1858).
De même, à son initiative, le Suprême Conseil de France présida, le 27 décembre 1842, à la formation d’une Association des Maçons Écossais, dans le but de créer et de constituer un capital dont les intérêts seraient employés à soulager des maçons malheureux.

Le 6 mars 1847, le baron Taylor fut élu membre libre de l’Académie des Beaux-Arts, à la place laissée vacante par le décès du comte Charles de Clarac (1777-1847), archéologue.

Le baron Taylor n’a jamais été riche. Il dépensait tout ce qu’il avait en livres. Son secrétaire et bibliothécaire fut Joseph Goizet, qui avait rédigé la Table générale du catalogue de la bibliothèque dramatique de M. de Soleinne(Paris, Alliance des arts, 1845). 


En 1848, quand le changement de gouvernement lui enleva en un seul jour toutes ses pensions, il fut forcé de vendre une partie de sa bibliothèque, du mardi 17 octobre au mercredi 15 novembre 1848, en 26 vacations, 4 rue de la Bibliothèque du Louvre : Catalogue de livres rares et précieux composant la première partie de la bibliothèque de M. J. Taylor (Paris, J. Techener, 1848, in-8, XII-511-[1] p., 2.636 + 10 doubles [bis] = 2.646 lots), dont Théologie [197 lots = 7,44 %], Jurisprudence [45 lots = 1,70 %], Sciences et Arts [438 lots = 16,55 %], Belles-Lettres [968 lots = 36,58 %], Histoire [998 lots = 37,71 %].

« D’abord nous parcourrons, à grandes enjambées, la Théologie. Elle ne nous offrira, à vrai dire, qu’un nombre infiniment restreint d’articles dignes d’intérêt. Le premier de ceux qui doivent nous arrêter dans notre course rapide est un volume très remarquable, composé de 77 sujets tirés de la Bible et gravés sur bois par Hans Sebald, le vieux Nurembergeois ; il est richement relié par Duru, et a été vendu 43 fr. 50 c. 


Le titre de cet ouvrage gothique, qui ne porte pas de date, est celui-ci : “ Biblische historien figürlich fürbildet Durch den wolberun meten Sebald Behem. Francoforti, Christ. Egenolphus excudebat. ” Accordons également quelque attention à une pièce excessivement rare, composée de 8 feuillets imprimés seulement au recto et en caractères gothiques ; c’est une des premières éditions du “ PATER (sans lieu ni date, in-8. mar. r.. Duru) ” ; elle a été adjugée à 35 fr. Voici deux livres d’Heures sur peau de vélin ; le premier : “ Horæ intemeratæ Virginis Mariæ, secundum usum Romanum ...”, fut achevé d’imprimer le XVIe jour de septembre l’an mil cccc. iiii xx et xix (in-8., anc. rel.) ; il n’a pas été abandonné au dessous de 110 fr. Moins heureux, le second, à l’usage de Rouan, 1502, n’a point dépassé 40 fr. 50 c. ; il est vrai que ce dernier volume se trouvoit incomplet de quelques feuillets. Un exemplaire, différent de celui vendu à la vente d’Aimé Martin, d’un manuscrit autographe de madame de Maintenon, non moins précieux par le nom de l’auteur que par la main qui nous l’a conservé : “ Instruction générale ” (composée par Bourdaloue, pour l’illustre veuve du poète Scarron, in-18. de 56 pages, mar. r. fil tr. d.), a été payé 44 fr. par M. Grangier de la Marinière, qui a de même voulu donner 40 fr. 50 c. des “ Pensées de Simon Morin (avec ses cantiques et ses quatrains) ; 1647, in-8. mar. r. ” Pendant que nous en sommes à cette infortunée victime de l’intolérance religieuse, disons, en quelques mots, qu’un recueil de 5 pièces relatives à son procès et à son exécution faisoit partie de la bibliothèque de M. Taylor : ces curieux documens ont été adjugés à 50 fr.
Notre attention s’arrêtera, à cette heure, sur un petit vol. in-8. des plus rares, orné de charmantes figures en bois, et, en outre, fort joliment relié par Duru ; il porte pour titre : “ Sanctorum et martyrum Christi icones artificiosissimæ. Franc., apud hæredes Chr. Egen, 1558 ”, et s’est vendu 60 fr. Nous pensons qu’il convient de clore cette liste, trop succincte peut-être, des principales adjudications de la classe de Théologie, en mentionnant un bel ouvrage, laissé pour 95 fr. à M. D***, de Rouen : il provenoit de la bibliothèque de Pixérécourt [sic], et est intitulé : “ Les Vies des SS. Pères et des SS. Solitaires d’Orient et d’Occident. Anvers (Amsterdam, P. Brunel), 1714, 4 vol. in-8., papier de Holl., fig. mar. v., Padeloup. ”
La Jurisprudence ne nous présentera rien d’important. Esprit facile, et homme de goût avant tout, M. Taylor aime surtout ce qui a rapport aux arts, aux belles-lettres, qu’en des temps heureux il sut protéger et cultiver en grand seigneur : des études graves et arides, il ne prit, en revanche, jamais grand souci.
La première division des Sciences et Arts étoit également peu nombreuse chez lui. Quand nous aurons cité : “ Le livre intitulé Sydrach le grant philosophe, fontaine de toute science : contenant mille nonante et quattre demandes, et les solutions dicelles (On les vent chez Raulin Gaultier demourant à Rouen … in-4. goth., mar. bleu, Duru) ”, obtenu pour 41 fr. 50 c., par M. Boranni ; “ l’Essai sur la physiognomonie, destiné à faire connaître l’homme et à le faire aimer, par Jean- Gaspard Lavater ; La Haye, I. Van Kieef, 1781-1803, 4 vol. gr. in-4., fig., cuir de Russie, vendu 59 fr. ” ; 


“ La génération de l’homme, ou tableau de l’amour conjugal dans l’état du mariage, par Nic. Venette ; Londres (Paris), 1751, 2 vol. in-12., gr. pap., fig., mar. rouge, Padeloup”, acquis par M. Potier pour 59 fr. ; et, enfin, un excellent traité espagnol, sur l’art culinaire : Libro de cozina, copuesto por maestro Ruberto de Nola ”, Toledo, Ramo de Petras, 1525, in-4. goth., abandonné à 55 fr., nous n’aurons pas d’omissions graves à nous reprocher, et il ne nous restera plus guère qu’à passer en revue les livres à gravures relatifs à l’histoire de l’Art : c’est, sans aucun doute, une des divisions les plus importantes du catalogue qui nous occupe ; elle est abondante en ouvrages de prix, et commandera, durant un temps assez long, notre attention tout entière.
Nous y remarquerons donc d’abord : “ l’Histoire de l’art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle, jusqu’à son renouvellement au XVIe, par J. B. L. G. Seroux d’Agincourt ; Paris, Treuttel et Wurtz, 1823 (3 vol. de texte et 3 vol. de planches in-fol.) ”, abandonné à 151 fr. 


Un travail du même genre succédera immédiatement à celui d’Agincourt : ce sont les “ Monumens françois inédits, pour servir à l’histoire des arts depuis le VIe siècle jusqu’au commencement du XVIIe …, dessinés, gravés et coloriés d’après les originaux, par N. X. Willemin, classés chronologiquement et accompagnés d’un texte historique et descriptif, par André Pottier. Paris, Madame Willemin, 1839. ” Ces deux derniers volumes in-folio, ornés de nombreuses figures, ont été adjugés à 210 fr. La collection d’ouvrages sur les Antiquités et l’Architecture, de Piranesi. (Rome et Paris, 1756 à 1807, 31 tomes en 29 vol. in-fol.), immense encyclopédie artistique, a trouvé amateur à 565 fr. Différentes galeries de peinture se rencontreront actuellement : celle du Musée Napoléon, publiée en 10 vol. in-8. par Filhol, de 1804 à 1815, nous a été abandonnée pour 151 fr. Le même nombre de volumes, destinés, cette fois, à la reproduction des chefs-d’œuvre que contient la collection de peintures de Florence, n’a point dépassé 90 fr. ; ce remarquable recueil, acquis par la bibliothèque d’Aix, est intitulé : “ Reale Galleria di Firenze illustrata ; Firenze, Giuseppe Mollini et comp., 1817-24. Voici également une curieuse description d’un célèbre monument d’Italie : “ Il Vaticano descritto ed illustrato da Erasmo Pistolesi, con disegni a contorni diretti dal pittore Camillo Guerra ; Roma, tipografia della Società editrice, 1829, in-fol. ” Ce recueil est monté à 179 fr., bien que les six dernières livraisons manquassent à l’exemplaire.
Nous rencontrerons maintenant quelques échantillons de ces splendides publications que nos opulens voisins d’outre-mer éditent avec un luxe auquel on ne sauroit guère atteindre chez nous. Il convient de faire un choix parmi ces somptueux volumes.


Le premier, “ An inquiry into the origin and early history of engraving upon copper and in wood : with in account of engravers and their works from the invention of chalcography by Maso Finiguerra to the time of Marc Antonio Raimondi, by Wiliam Young Ottley. London, J. A. Arch, 1816, 2 vol. gr. in-4. pap. vél. planch. et fig. sur papier de Chine ”, s’est vendu 80 fr.
Le deuxième, “ Examples of gothic architecture selected from various ancient edifices in Engand, by A. Pugin ; London, Bohn, 1838, 3 vol. in-4. ”, s’est arrêté à 41 fr.
Le troisième, “ Plans, elevations, sections and details of the Alhambra ; London, 1842, 2 vol. in-fol. ”, a facilement atteint 168 fr.
Le quatrième, “ Portraits of illustrious personages of Great Britain, engraved from authentic pictures in the galleries of the nobility, and the public collections of the country, with biographical and historical memoirs of their lives and actions, by Edmund Lodge ; London, Harding, 1823-1826, 5 vol. gr. in-4. fig. sur papier de Chine ”, a été adjugé à 70 fr.
Le cinquième, “ The coronation of his most sacred Majesty king George the fourth, solemnized in the collegiate Church of Saint-Peter, Westminster, London, H. G. Bohn, 1837, gr. in-fol. avec planch. color. et vign. en bois ”, n’a pas été abandonné à moins de 150 fr., à M. Alfr. Chenest.
Nous ne saurions omettre ici un précieux livre, que rien ne peut remplacer pour l’étude de l’architecture du XVIe siècle : “ Architectura. De constitutione, simmetria ac proportione quinque columnarum ac omnis inde promanantis structuræ artificiosæ … constructa a Wendelino Dietterlin, pictore argentinensi, Norimbergæ, 1598, in-fol. fig. ” Il s’est vendu 79 fr. Le grand ouvrage de du Cerceau : “ Le premier (et le second) volume des plus excellents bastiments de France, par Iacques Androuet du Cerceau, architecte ; Paris, pour ledit Iacques Androuet du Cerceau, 1576, 2 tomes en 1 vol. in-fol. v. f. fil. compartim. coins fleurdelisés, anc. rel. ”, a été payé 129 francs. Un second recueil de la même nature : “ Veues, plans et profils des maisons royales et autres édifices considérables de Paris, in-fol. ”, s’est arrêté à 92 fr. Un ouvrage moderne, célèbre en Allemagne : “ L’histoire et description de la cathédrale de Cologne, accompagnée de recherches sur l’architecture des anciennes cathédrales, par Sulpice Boisserée ; Stuttgard, Cotta, 1823, 2 vol. in-fol. ”, n’a pu dépasser 109 fr., bien que le prix en eût été, pour les souscripteurs, de 700 fr. Enfin, un autre livre allemand, orné de gravures faites d’après de précieux dessins de Hans Burghmair : “ Le triomphe de Maximilien I ; Vienne, Mathias André Shmidt, et Londres, J. Edwards, 1796, in-fol. obl. cart. ”, a été laissé à 74 fr.
Nous touchons à la curieuse série des costumes du XVIIIe siècle. Le premier des recueils que nous aurons à citer contient “ Les costumes en vogue sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI ; Paris, Basset, EsnautsetRapilly, S. D. ” Ils sont, en très grande partie, dessinés par Leclere ou C. L. Desrais, et gravés par Dupin, Gaillard, Patas, Voysard, Baquoy, Pélissier, et forment, en tout, 254 planches. Ces deux volumes ont atteint le prix de 50 fr. Un recueil beaucoup plus important, dû, cette fois, à Bonnard (4 vol. in-fol., mar. r.), a été payé 328 fr. par M. J. Pichon. Il est vrai de dire que cette collection, des plus importantes, est, en outre, remarquable par la quantité de planches qu’elle renferme ; elle n’en compte pas moins de 820. Elle se compose comme il suit : 1° Messieurs à la mode, 208 pl. ; - 2° Mesdames à la mode, 315 pl. ; - 3° Hommes illustres, 185 pl. ; - 4° Costumes divers du siècle de Louis XIV, 172 pl. Une seconde galerie (aussi in-fol.) de modes du grand siècle, publiée par Mariette, et faisant suite à celle de Bonnard, s’est vendue 51 fr. On rencontre 57 portraits dans ce recueil, qui se compose de 99 pl., et qui est, à juste titre, de tous les livres de ce genre, le plus rare et le plus recherché.


Nous citerons actuellement un volume plus ancien, et non moins précieux, que ceux qui nous occupoit tout à l’heure : “ Icones principum, virorum doctorum, pictorum, chalcographorum, statuariorum necnon amatorum pictoriæ artis, numero centum, ab Antonio Van Dyck, pictore, ad vivum expressæ ejusque sumptibus aeri incisæ. Antverpiæ, Gillis Hendricx, S. D. (4636) [i.e. 1646], in-fol. ” M. Brunet dit que cette suite, due au pinceau du peintre de Charles Ier, est habituellement composée de 121 pièces, y compris le frontispice ; il cite, comme l’exemplaire le plus complet qu’il ait rencontré, un recueil qui alloit jusqu’à 130 planches. Plus riche que ses rivaux, l’exemplaire de M. Taylor atteignoit le chiffre de 160 ; aussi a-t-il été porté à 140 fr. par M. Potier. 


“ Les vrais portraits de quelques unes des plus grandes dames de la chrestienté déguisées en bergères (Amsterdam, Joost Broersz, 1640, 4 parties en 1 vol. in-4.) ”, vendus 39 fr. seulement, précèdent ici un “ Recueil de portraits des rois, princes et seigneurs françois et étrangers, gravés par Baltazar Moncornet (Paris, B. Moncornet, 1652, in-4. vél.), abandonné à 37 fr. Voici un précieux volume contenant 466 gravures sorties du burin des plus célèbres artistes flamands, Rembrand, Goltzius, de Bruyn, etc. Il porte ce titre : “ Emblemata sacra et precipuis utiusque Testamenti historiis concinnata (Amsterdam, Tymen, Houthaak, 1654, in-fol. oblong) ”, et s’est vendu 40 fr. M. Delion a obtenu, pour 43 fr. 50 “ La danse des morts (S. L. N. D. in-4. mar. noir, Duru) ”. Un ouvrage, d’un tout autre genre, représentant, en 35 planches “ La vie de Tiel Wlespiegel ”, le Villon de l’Allemagne, et contenant, en outre, treize autres compositions enjouées, du caractère le plus original, enfantées de même par J. Lagniet, et imprimées également à Troyes, chez N. Oudot, en 1657-1663, a été obtenu pour 32 fr. par M. Potier.
Parmi les Voyages et Vues pittoresques, nous signalerons : “ Les souvenirs du golfe de Naples, recueillis en 1808, 1818 et 1824, par le comte Turpin de Crissé ; Paris, Chaillon Potrelle, 1828, in-fol.), ” vendus 36 fr. ; “ l’Expédition scientifique de Morée, section des sciences physiques, sous la direction de M. Bory de Saint-Vincent ; Paris et Strasbourg, Levrault, 1832-1836 (4 vol. de texte, formant 3 t. gr. in-4. et 1 vol. d’atlas in-fol.), vendue 126 fr. ; 


un second ouvrage, plus important encore, et traitant de ces mêmes contrées : “ l'Expédition scientifique de Morée, ordonnée par le gouvernement français ; architecture, sculpture, inscriptions et vue du Péloponèse, des Cyclades et de l’Attique, mesurées, dessinées, recueillies et publiées par Abel Blouet ; Paris, Firmin Didot, 1831-1839 (3 vol. grand in-fol.), adjugé à 202 fr. ; enfin, “ le Voyage de l’Arabie Pétrée, par Léon de Laborde et Linant ; Paris, Giard, 1830 (in-fol. maximo), abandonné à 100 fr. La bibliothèque si variée de M. Taylor possédoit quelques collections d’œuvres de maîtres. Nous avons, par exemple, obtenu pour 54 fr. “ The works of William Hogarth, from the original plates, restoreb by James Heath ; London, 1822 (in-fol.), 83 planches d’études dessinées et gravées d’après nature, à l’eau-forte, par Eugène Blery ”, le digne continuateur de Boissieu, ont été achetées 130 fr.
En fait de Musique et de Chasse, nos citations seront très bornées : quand nous aurons indiqué un volume intitulé : 


“ Practica musicæ Franchini Gafori Laudensis … (In fine) : Impressa Mediolani opera et impensa Joannis Petri de Lomatio, per Guillermum Signerre, Rothomagensem, anno 1496, septembris(in-fol.) ”, vendu 40 fr., 


et le précieux traité de Geffori : “ Franchini Gafurii Laudensis, regii musici publice profitentis delubrique mediolanensis phonasci, de harmonia musicorum instrumentorum opus … Impressum Mediolani per Gotardum Pontanum calcographum, die  XXVII novembris 1518 ”, adjugé à 35 fr., il ne nous restera que deux articles à enregistrer ; le premier : “ Le livre du Faulcon, Imprimé à Paris par le Petit Laurens, en la rue Saint-Jacques près Saint-Yves, S. D. (in-4.), nous est resté pour 61 fr. ; 


le second : “ Les ruses innocentes, dans lesquelles se voit  comment on prend les oiseaux passagers … Amsterdam: Pierre Brumel, 1695 (in-8. mar. r., exemplaire de Nodier) ”, a été payé 28 fr. par M. de Montesson.
La classe des Belles-Lettres est, de bien loin, la plus riche et la plus intéressante des différentes divisions de la bibliothèque de M. Taylor. Parmi les nombreux volumes qui la composent, nous choisirons, suivant notre habitude, les articles les plus dignes de l’attention de nos lecteurs.
Nous y trouverons d’abord un “ Mémoire sur la langue celtique ; Besançon, Cl. Jos. Dactin, 1754 (3 vol. in-fol. v. marb. armoiries) ”, porté à 44 fr., et un livre rare imprimé à Caen, en 1554, chez Martin et Pierre Philippe, intitulé : “ La manière de tourner en langue françoyse les verbes … In-8.”, donné pour 35 fr. Mentionnons encore, avant d’aborder la poésie, un volume de toute rareté qui figura chez M. Nodier : “ Toutos las obros d’Augie Gailliard, Rondié de Rabastens en Albigez. Paris, Simon Ribardière, 1583 (pet. in-8. mar. bleu a la Rose, Bauzonnet). Il a été vendu 56 fr 50 c.
Parmi les poésies françoises, nous remarquerons les “ Ballades du bruyt commun sur les aliances des roys, des princes et provinces, avec le tremblement de Venise, par Andry de la Vigne (S. L. N. D., in-4., goth.). ” Ce même exemplaire, qui figura chez Héber, et fut payé 62 fr. à la dernière vente de M. Nodier, n’a point dépassé ici 35 fr. Une autre facétie rarissime a été donnée pour 28 fr. : “ C’est la grande et vraye pronostication générale pour quatre cens quatre-vingt-dix-neuf ans ; Paris, Nicolas Barbou, 1542, pet. in-12. goth. ” (elle fait actuellement partie du cabinet de livres précieux de M. Alfr. Chenest). M. de Lacarelle a obtenu, pour 127 fr., l’un des plus précieux volumes qui aient décoré le cabinet de M. Nodier : “ Le séiour d’honneur, composé par Octavien de Sainct Gelaiz … Imprimé à Paris pour Anthoyne Verard, le XXX aoust mil CCCCC et XIX, pet. in-4. goth. ”, splendidement revêtu, par Thouvenin, d’une de ces riches reliures qui rappellent si heureusement les couvertures du trésorier Grollier, et que les amateurs nomment communément à  la fanfare. Un poème de Gringore, en assez médiocre condition : “ Les menus propos de mère Sotte, Paris, Phelippe le Noir, S. D ”, nous est resté pour 40 fr., et un “ Romant de la Rose, imprimé à Paris, S. D., et portant les marques d’Anthoyne Verard et de Jehan Petit, a été laissé pour 35 fr. ; cette édition étoit, jusqu’ici, restée inconnue. “ Le messager d’amours (par Pilvelin), pet. in-4., goth., mar. rouge (Bauzonnet) ”, a été adjugé à 66 fr. ; “ Les lunettes des princes, par noble hôme Iehan  Meschinot, Paris, Galliot du Pré, 1528, pet. in-8., mar. noir (Bauzonnet-Trautz) ”, n’ont point dépassé 60 fr. ; et un exemplaire qui, à la vérité, laissoit à désirer, de la “ Grant dyablerie qui traicte côment Sathan fait demonstrance a Lucifer de tous les maulx que les mondains font selon leurs estatz ; Paris, en l’enseigne de l’Escu de France, S. D., pet. in-4. goth. à 2 col. ”, s’est arrêteé à 32 fr. 


Exemplaire de Charles Nodier
Librairie Camille Sourget
M. Taylor possédoit “ Le recueil Jehan Marot de Caen ; Paris, Anthoine Bonnemere, 1538 (pet. in-8 mar. rouge, Kœhler). ” C’étoit l’exemplaire de Ch. Nodier ; il a été laissé à 22 fr. 50 [à Robert Samuel Turner (1818-1887)], tandis que le numéro suivant, provenant de la même collection : “ L’adolescence Clémentine, autrement les Œuvres de C. Marot, Acheve d’imprimer Lan M.D.XXXII. pour Pierre Roffet, par Maistre Geofroy Tory, de Bourges (in-8. mar. rouge, Bauzonnet) ”, a été payé 161 fr. par M. de Clinchamp. Un second Marot, moins précieux, il est vrai, que celui-ci, mais cependant fort rare encore, et d’une belle conservation, est arrivé à 80 fr. ; il étoit de l’édition d’Anvers, Jehan Steels, 1539, in-8. (n° 355 du catalogue Nodier). “ Sensuit leschelle d’amour divine, coposée par frère Jehan Salvaige (Paris, S. D., pet. in-8. goth., mar. bleu Duru), ” tel est le titre d’un livret vendu 39 fr.
Nous ne devons pas oublier non plus, dans notre revue sommaire : “ Les cantiques du premier advenement de Iesu-Christ, par le conte d’Alsinois. Paris, veuve Maurice de La Porte, 1553, pet. in-8. mar. rouge. ” Ce magnifique exemplaire d’un recueil de Noels très piquants a fait partie de la collection de Ch. Nodier. Nous l’avons obtenu pour 51 fr. “ La louenge des femmes, invention extraite du commentaire de Pantagruel sus l’Androgyne de Platon, s. n. de v. ni d’imp., 1551, in-8. ”, petit volume très joli et imprimé à Lyon, s’est vendu 19 fr. 50. […]
Sous nos yeux se rencontre un bel exemplaire des “ Œuvres poétiques de Pontus de Tyard ; Paris, Galliot du Pré, 1575, in-4. ” ; il a été adjugé à M. Potier, pour 38 fr. 50. 


Exemplaire de Charles Nodier
Voici “ la Puce de Madame Des Roches (poëmes grecs, latins et françois, composez à Poictiers l’an M. D. LXXIX) ; Paris, Abel l’Angelier, 1582, in-4. mar. vert (Thouvenin). ” Ce magnifique recueil (n° 429 du catalogue de Ch. Nodier) a été adjugé à 53 fr. 50. Nous rencontrerons maintenant un fort bel exemplaire, sur peau vélin, de “ la Pucelle d’Orléans ”, 1786, 2 vol. grand in-8. mar. bleu ; vendu 96 fr. à M. J. Niel. La reliure de ce volume est un des plus jolis ouvrages de Bozérian ; les deux portraits, aussi sur vélin, représentent Voltaire à 45 et à 70 ans. Ce dernier poëme nous conduit tout naturellement aux poésies satyriques et gaillardes. Citons, en passant rapidement en revue cette classe de livres avidement recherchés : “ Le Parnasse satyrique du sieur Théophile, S. L.(Hollande, Elzevir), 1660, pet. in-12. mar. rouge (Thouvenin) ”, parvenu à 62 fr. 50 (cet exemplaire étoit celui de Pixérécourt) ; “ La petite varlope, en vers burlesques ; A Châlon, chez Antoine Delespinasse, S. D., pet. in-12., mar. vert (Kœhler) ”, vendue 50 fr. ; “ L’espadon satyrique, par le sieur d’Esternod ; Rouen, David Ferrand, 1624, in-12. mar. rouge ”, acheté 34 fr. par nous, et enfin “ Le colloque amoureux, ou est remarquée l’astuce et finesse des garçons et la fragilité des filles ; Cologne, Pierre du Marteau, 1670, in-12. mar. vert (Derome) ”, payé 28 fr. Ces trois articles firent partie de la dernière vente de Ch. Nodier.
La classe des Chansons nous présentera un livre de la plus grande rareté, acheté 39 fr. par M. Tripier : “ Recueil des plus belles chansons des comédiens françois. Caen, Jacques Mangeant, 1226 [i.e. 1626], pet. in-8. mar. rouge. ” Viendront à la suite : “ Les Chansons de Gaultier Garguille ; Londres, 1658, in-12. mar. rouge, Derome ” (exemplaire Pixérécourt), vendues 27 fr. 50 ; et le “ Recueil des chansons d’amours, composées par Daniel Drouin, Lodunoys ; Paris, Nicolas Bonfons, 1575, pet. in-12. mar. rouge (Thouvenin) ”, obtenu par nous pour 32 fr.
Notre hâte de terminer est extrême. Nous nous arrêterons donc peu au Théâtre, qui n’est ici qu’une très minime parcelle de la bibliothèque dramatique de M. Taylor, la plus complète qui existe aujourd’hui. Nous mentionnerons seulement deux volumes. Le premier, “ Mistère de la passion nostre Seigneur Ihesucrist, ioué a Angiers (imprimé a Paris par la veufue feu Iehan Trepperel et Iehan Iehannot, S. D., pet. in-4. goth.) ”, a été acheté 63 fr. par M. Potier ; 


le second, plus précieux encore, est “ Le balet comique de la Royne, faict aux nopces de M. le duc de Joyeuse et mademoyselle de Vaudemont, sa sœur, par Baltasar de Beaujoyeulx. Paris, A. Le Roy, R. Ballard et M. Patisson, 1582 (mar. vert, doublé de mar. rouge, Thompson). ” Cet exemplaire splendide a coûté 80 fr. 50 c. à M. de Montesson ; il provient du cabinet de Nodier, qui a écrit à son sujet une note fort piquante, qu’on peut voir à la page 291 des Nouveaux meslanges tirés d’une petite bibliothèque.[…]
En commençant par les Romans, nous trouvons d’abord : “ Les grandes croniques, vertueux faicts et gestes de la saincte histoire des tres preux nobles princes et valeureux pontifes Natathias, et de son tant renommé filz le preux Judas Machabeus ; Paris, Ant. Bonnemere, 1514, in-fol. goth. ”, vendues 31 fr. 


Vient ensuite “ La très elegante, délicieuse, melliflue, et tres plaisante hystoire du roi Perceforest ; Paris, Gilles Gourmont, 1531, 3 vol. in-fol. mar. vert ”, obtenue pour 80 fr. par M. le comte Sobolewski, un des bibliophiles les plus distingués de l’empire russe, et “ les Cent histoires de Troye … Paris, Ph. Lenoir, 1522, in-4. goth. mar. v. (Derome) ”, payées 64 fr. par M. Tilliard.
Nous nous arrêterons, à cette heure, aux “ Aventures de M. d’Assoucy ; Paris, Claude Audinet, 1677, 2 vol. in-12. mar. r. (Duru) ”. M. Alfr. Chenest a donné 25 fr. de cette relation des traverses sans nombre du poète rival de Scarron. […]


Mais revenons à nos livres pour admirer un précieux exemplaire des “ Amours du chevalier de Faublas, Paris, Ambroise Tardieu, 1825, 4 vol. gr. in-8. fig. mar. citron, mosaïque (Thouvenin), ” payé, par nous, 66 fr. Dans ce bel ouvrage, chacune des gravures avant la lettre est précédée ou suivie de son eau forte. Nous avons de même obtenu, pour 75 fr., un “ Gil-Blas de toute beauté ; Londres, T. Davison, 1809 (4 vol. in-8. reliés par Lewis) ”. A Lesage succède ici Michel Cervantes : voici “ l’Histoire de l’admirable Don Quichotte de la Manche (traduite par Filleau de Saint-Martin) ; Amsterdam et Liepzig, Arkstée et Merkus, 1768, 6 vol. in-12. ” ; et les “ Nouvelles, Amsterdam et Liepzig, Arkstée et Merkus, 1768, 2 vol. in-12. ” Ces deux ouvrages ont fait partie de la bibliothèque de Pixérécourt : ils sont enrichis de gravures avant la lettre, et richement reliés par Bozérian. M. Potier les a obtenus, ensemble, pour 50 fr. Nous avons, de notre côté, donné 39 fr. de “ l’Histoire de Manon Lescaut ; Paris, Didot, 1797 ”, également sortie de la bibliothèque du célèbre dramaturge.


Nous ne pouvons pas omettre, dans la classe des Nouvelliers, les “ Comptes amoureux, par Madame Jeanne Flore, touchant la punition que faict Venus de ceulx qui contemnent et mesprisent le vray amour ; (Lyon,) S. D., mar. bistre ”. Ce charmant exemplaire (de Ch. Nodier) d’un livre des plus rares nous a été abandonné à 65 fr. En outre de l’édition de Berne, 1792, (3 v. in-8. non rogn.) des “ Nouvelles de Marguerite de Navarre ”, vendue 54 fr., nous aurons à mentionner, avant d’atteindre les facéties, cinq articles méritans. -1° : “ Les joyeuses aventures, et nouvelles récréations ; Lyon, Benoist Rigaud, 1582, p. in-12. mar. citr. (exempl. de Ch. Nodier) ”, vendu 29 fr. 50 c. ; - 2° “ Recueil de plusieurs plaisantes nouvelles, apophtegmes et recreations diverses, fait françois par M. Antoine Tyron ; A Anvers, chez Henry Heyndricx, 1578, pet. in-8. v. f. tr. d. (Derome) ”, vendu 40 fr. ; - 3° “ Les cent nouvelles de M. Iean-Baptiste Giraldy, Cynthien, mis d’italien en françois par Gabriel Chappuys ; Paris, Abel l'Angelier, 1582, 2 vol. in-8. v. f. (Derome), très bel exemplaire de C. Nodier, provenant de Pixérécourt ”, vendu 129 fr. ; - 4° “ Contes facétieux tirez de Bocace, et autres autheurs divertissans, par Du Four ; Paris, Loyson, 1670, in-12. mar. rouge (exempl. de C. Nodier) ”, vendu 30 fr. ; - 5° “ Les heures perdues d’un cavalier françois ; Paris, Etienne Maucroy, 1662, pet. in-12. mar. bleu (Thouvenin) ”, vendu 21 francs.
En abordant les Facéties, Dissertations singulières et enjouées, nous trouvons d’abord les deux “ Collections de Caron, 1799-1830, 2 vol. in-8. mar. rouge, non rognés (Thouvenin) ”. Ce bel exemplaire de C. Nodier, tiré sur papier rose, et des plus complets qui se puissent rencontrer, a été payé 425 fr. par M. Potier. 


Nous apercevons aussi, dans notre rapide revue, un bijou que Ch. Nodier citoit souvent comme le livre qu’il aimoit le mieux de son cabinet : nous voulons parler du Rabelais de 1556, imprimé à Troyes, par Louis qui ne se meurt point (Louis Vivant), obtenu par M. de Clinchamp, pour 150 fr. Deux autres éditions des œuvres du joyeux curé de Meudon ont été vendues 40 fr. l’une, et 41 fr. l’autre : la première fut donnée, à Amsterdam, par Jean Frédéric Bernard, 1741, en 3 vol. in-4. (mar. vert) ; la seconde est due à Claude La Ville, Valence, 1547 (3 tomes en un vol. in-16. mar. bleu, Duru). 


Nous devons accorder aussi notre attention à “ Trois déclamations, esquelles l’ivrogne, le putier, le joueur de dez … debatent … lequel d’eux trois, comme le plus vicieux, sera privé de la succession de leur père, suivant son testament. Paris, Vincent Sertenas, 1556, in-12. mar. v. (Thouvenin) ”. Ce curieux petit livre a été vendu 54 fr. 50 c. Il avoisine le “ Formulaire fort récréatif de tous contracts et autres actes qui sont faicts par Bredin le Cocu, notaire rural, etc. Lyon, Pierre Rigaud, 1610, pet. in-16. mar. vert, dent. tabis, tr. d. (Derome) ”. Cet exemplaire de Pixérécourt avoit appartenu à Méon précédemment ; malheureusement, au 8e feuillet de la signature D, on a restauré à la plume un coin qui avoit été déchiré ; aussi nous a-t-il été abandonné pour le prix modique de 35 fr. 


Voici une facétie, en vers, des plus rares, provenant du cabinet de M. Nodier ; elle a été vendue 40 fr. : “ Le parfaict macquereau suivant la cour, contenant une histoire nouvellement passée, à la foire de Saint-Germain, entre un grand et l’une des plus notables et renommées courtisannes de Paris. S. L. 1622, in-8. mar. orange. (Bauzonnet) ”. Un beau recueil général des “ Caquets de l’accouchée ” a été abandonné pour 110 fr. à M. Potier, qui a également acheté, au prix de 40 fr. “ Le thrésor des récréations, contenant histoires facétieuses et honnestes, tant pour consoler les personnes que du vent de bize ont été frappez au nez, que pour recréer ceux qui sont en la misérable servitude du tyran d’Argencourt. Rouen, Jean de la Mare, 1627, pet. in-12. mar. vert (Bauzonnet) ”. Ce volume provenoit de Ch. Nodier, ainsi que les trois articles suivans :
Les amours folastres et recréatives du filou et de Robinette, dediez aux amoureux de ce temps, par l’un des plus rares esprits ; A Bourg en Bresse, par Jean Tainturier, 1629, petit in-12. mar. vert (Kœhler), vendu 40 fr. 50 c.
L’enfant sans soucy, divertissant son père Roger Bontemps et sa mère Boute tout Cuire ; A Ville-Franche, chès Nicolas l’Enjoué, 1682, petit in-12. mar. bleu (Thouvenin) ; acheté 39 fr. par M. Potier.
La gallerie des curieux, contenant en divers tableaux les chefs-d’œuvre des plus execellens railleurs de ce siècle, par Gérard Bon-Temps ; Paris, Cardin Besongne, 1646, in-8. mar. brun (Thouvenin), payé 30 fr. par nous.
Nous dirons que “ Les facétieuses nuits du seigneur Jean François Straparole, nouvellement traduites d’italien en françois par Jean Louveau, Lyon, Pierre Rigaud, 2. v. in-16. mar. rouge (Duru) ”, ont été portées à 30 fr. ; que “ Les yeux, le nez et les tétons, ouvrages curieux, galans et badins, par J. P. N. Du C., dit V. ; Amsterdam, Jean Pauli, 1735-36, 3 vol. in-12. fig. mar. vert (Duru) ”, se sont vendus 34 fr. ; que “ Le grand dictionnaire des prétieuses, historique, poétique, géographique, etc., par le sieur de Somaize ; Paris, Iean Ribou, 1661, 2 vol. in-8. mar. rouge ”, a été obtenu, par M. Potier, pour 31 fr. 50, et, enfin, qu’un joli exemplaire d’un livre rare, auquel M. Nodier a consacré un article spécial dans ses Mélanges (p. 366), et qu’il attribue à Corneille Blessebois, nous est resté pour 58 fr. 


Autre exemplaire de Charles Nodier, dans une reliure de Thouvenin
Drouot, 11 décembre 2015 : 50.128 €
Si Corneille Blessebois n’a pas écrit “ Le Zombi du grand Pérou, ou la comtesse de Cocagne (Nouvellement imprimé le quinze février 1697, pet. in-12., mar. rouge, fil. Duru) ”, cette facétie est, à coup sûr, d’un imitateur du maître, et cette fois, la copie approche fort du modèle. Il nous reste encore, dans les Belles-Lettres françoises, à jeter un regard sur “ les Proverbes communs, S. L. N. D., pet. in-4 goth. mar. bleu ”, abandonnés à 29 fr. 50 c. N’oublions pas davantage “ Les proverbes et dicts sentencieux, par Ch. de Bouvelles, Paris, Sebastien Nivelles, 1557, et “ l’Anthologie, par Pierre Berslay, Angevin, Paris, J. Poupy, 1574 (2 ouvr. en un v. in-8. mar. r.), ” abandonnés à 25 fr. 50 c. ; enfin, mentionnons les “ Emblesmes d’Alciat, de nouveau tranlatez en françois (par Barth. Aneau) ; Lyon, Guill. Rouille, 1549, in-8. veau brun, peint et doré, tr. gauffrée (très anc. et fort curieuse reliure) ” ; ce remarquable volume est resté, au prix de 37 fr. 50 c., à M. Motteley.
Avant de passer à l’Histoire, appelons l’attention du bibliophile sur la littérature étrangère. La littérature espagnole, en particulier, est très nombreuse dans le cabinet de M. Taylor. Parmi les Italiens, nous ne trouverons que deux volumes ; le 1er est “ le Décameron de Jean Boccace (traduit en prose par Antoine Le Maçon) ; Londres (Paris), 1757 ”, 5 vol. in-8. ornés de figures qui ne se rencontrent pas dans la plupart des exemplaires. Le second est cette édition des “ Cent nouvelles de Boccace ”, en allemand, extrêmement remarquable par ses nombreuses fig. en bois, portant pour la plupart le monogramme A T ; en voici le titre : “ Bocace ; Centum Novellæ Johannis Boccatii ; Augspurg, 1535, pet. in-fol. (v. fauve à comp. Simier). ” L’un a été payé 45 fr. ; l’autre, 52 fr. 50 c. […]


Parmi les polygraphes, nous remarquerons les : “ Œuvres de J. J. Rousseau ; Paris, Didot le jeune, 1793, 18 vol. in-fol., mar. rouge. ” [incomplet du vol. de la Botanique illustré par Redouté] Ce magnifique exemplaire de Labédoyère nous est resté pour 280 fr. Voici encore une belle “ Collection de romans historiques, publiée par La Borde ; Paris, Didot, 1783-90, 15 vol. in-12., papier vélin, mar. rouge ”, abandonnée à 48 fr., et la “ Collection d’ouvrages françois, imprimée par ordre du comte d’Artois ; Paris, Didot, 1780-84, 64 vol. in-18., mar. bleu ”, obtenue, pour 202 fr., par un bibliophile distingué, M. Alf. Chenest.
Il ne nous reste plus que l’Histoire à parcourir. Nous y remarquerons : “ la Destruction de Hierusalem, faicte par Vespasien, Empereur de Rome. Paris, Nicolas Bonfons, S. D., in-4. goth. ”, parvenue à 35 fr. 50 cent. ; “ Les faictz et dictz de maistre Alain Chartier ; Paris, Galliot du Pré, 1526, petit in-fol. goth., veau fauve ”, vendus 50 fr. ; “ Les grands triumpes faictz à l’entree du très-chrestien et victorieux roy Henry second de ce nom, en sa noble ville de Paris ; Paris, Iehan Laumussier, S. D., pet. in-8. goth. mar. rouge (Bauzonnet) ”, poussés jusqu’à 70 fr. par M. Delion ; 

Photographie BnF
“ L’Histoire de l’entrée de la reyne mère du roy tres chrestien dans la Grande Bretaigne, par le sieur de la Serre, Londres, Jean Ravord, 1639, in-fol. ”, abandonnée à 48 fr. ; et, enfin, “ le Combat d’honneur concerté par les iiii éléments sur l’heureuse entrée de madame la duchesse de La Valette en la ville de Metz (par le P. Jean Molet, de Briançon) S. L. (Metz, A. Fabert), 1624, in-fol. mar. rouge ”, payé 30 fr. Voici encore une petite pièce fort curieuse : la “ Complainte à tous les estats de France cruellement brigandés et tyrannisés par les cruels bourreaux et sanguinaires le cardinal de Lorraine, et son frère de Guyse. S. N. de V. ni d’imp., S. D., in-8., mar. bleu (Duru) ” ; elle n’a point dépassé 31 fr.
Un ouvrage plus important, les “ Mémoires des œconomies d’estat de Henry le Grand ; Amsterdam, S. D., 2 tomes en 1 vol. in-fol., maroq. rouge, anc. rel., - suite, Paris, Courbé, 1662, et Bilaine, 1664, 2 vol. in-fol. ”, se présente actuellement. Nous l’avons obtenu au prix de 78 fr. Avant d’arriver à l’histoire particulière des provinces, il convient de mentionner trois volumes : le 1er, “ Codicilles de Louys XIII à son tres cher fils aisné et successeur ; Paris, 1643, 4 parties en 3 vol. in-24. mar. rouge (Derome) ”, est à grand’peine parvenu à 50 fr. Cet exemplaire de Pixérécourt avoit appartenu précédemment à Girardot de Préfond (il se conserve actuellement dans le cabinet de M. Grangier de la Marinière). Le 2e : “ Journal de M. le cardinal duc de Richelieu, années 1630 et 1631, tiré des mémoires écrits de sa main ; Amsterdam, Abraham Wolfganck, 1664, 2 part. en 1 vol. pet. in-12., cuir de Russie, non rogné (Purgold) ”, est resté à M. Potier, pour 34 fr. Le 3e : “ La déroute et l’adieu des filles de joye de la ville et faubourgs de Paris, avec leur nom, leur nombre, etc. S. L., 1668, mar. v. (Derome) ”, a été abandonné à M. Grangier de la Marinière pour 33 fr. 50.
Dans l’Histoire particulière des provinces, nous trouverons : “ Les Antiquitez, croniques et singularités de Paris… par G. Corrozet ; Paris, N. Bonfons, 1586, in-8. ”, adjugées à 32 fr. ; “ L’Histoire agregative des annalles et cronicques d’Aniou : On les vend à Angiers en la boutique de Charles de Boingne et Clément Alexandre, - acheuees d’imprimer à Paris par Anthoyne Couteau, 1529, in-fol. goth., veau ”, également achetée par nous pour 30 fr. 50 ; “ les grandes Annalles de la Grant Bretaigne et de nostre petite Bretaigne… (par Alain Bouchard) : Imprimé à Paris, par Jehan de la Roche, le XXV de novembre mil cinq cens et XIIII, pet. in-fol. goth., v. br. ”, vendues 40 fr. Le titre de cet exemplaire est refait à la plume. Enfin, disons que “ l’Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, par Dom Morice (avec les Mémoires pour servir de preuves), en tout 5 vol. in-fol. ”, a atteint 80 fr. […]
Nous avons encore à passer en revue : “ Le nouveau traicté de la vraye noblesse, translate nouvellement de latin en françoys ; Paris, Denys Janot, 1535, pet. in-8. mar. r. (Duru) ”, vendu 22 fr. ; 


“ La galerie des femmes fortes, par Pierre Le Moyne ; Leyde et Paris (Elzev.), 1660, in-18. mar. doublé de mar. (Duru) ”, poussée jusqu’à 44 fr. ; et, enfin, pour terminer cette partie de notre travail, une collection des différens ouvrages de Jean Le Maire, payée 51 fr. par M. Tilliard ; elle comprenoit : “ Les Illustrations de Gaule et singularitez de Troye. Lyon, Estienne Baland, (vers 1509), in-4. goth. – Le second liure des Illustrations de Gaule et singularitez de Troye. Paris, Geoffroy de Marnef, 1512. in-4., goth. – Le tiers liure des Illustrations de Gaule et singularitez de Troye, intitulé nouvellement de France orientale et occidentale. Paris, Geoffroy de Marnef, 1513, in-4., goth. – L’Epistre du roy a Hector de Troye. Paris, Geoffroy de Marnef, 1513, in-4. – Le traicté intitulé, de la difference des schismes et des concilles de leglise, et de la preeminence des concilles de la sainte eglise gallicaine. Lyon, Estienne Balland, 1509. – La légende des Vénitiens. Paris, Marnef, 1509. Ensemble six pièces reliées en veau, aux armes. » [sic]
(J. T. « Revue des ventes ». In Bulletin du bibliophile. Paris, J. Techener, 1848, Nos 22-23-24 – octobre-novembre-décembre, p. 891-913)

Le baron Taylor fut élu membre du Comité de la Société des Gens de lettres à la fin du mois de novembre 1848.


Une deuxième partie de la bibliothèque du baron Taylor fut dispersée à Londres, du mercredi 1er  au jeudi 16 juin 1853, en 14 vacations : Catalogue of the highly important, extensive, and valuable library of M. le baron J. Taylor, membre de l’Institut, président fondateur des Associations des artistes dramatiques, musiciens, peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et dessinateurs ; président honoraire de la Société des Gens de Lettres(London, S. Leigh Sotheby & John Wilkinson, 1853, in-8, [2]-224-[1 bl.] p., 3.322 + 16 doubles [*] = 3.338 lots). La vente rapporta 4.087 £.

« Cette riche collection, dans laquelle plusieurs œuvres d’éminents artistes ont été vivement disputées, a produit une somme de 105,000 fr. La Collection de Boucher [n° 457. 240 grav., elephant folio : 18 £ 10] a pris place dans le précieux cabinet du baron de Rothschild. On peut citer divers livres françois importants, tels que Ogier le Danois [n° 2.348. Paris, Ant. Vérard, v. 1498, in-fol., mar., ex. du prince d’Essling : 52 £], l’un des plus rares romans de chevalerie, qui se trouve maintenant dans la belle collection de M. Bischoeffseim [Raphaël Bischoffsheim (1823-1906), banquier], 

Racine. Oeuvres dramatiques, t. II
et le magnifique Racine [n° 2.631. Œuvres dramatiques. Paris, Didot, 1801, 3 vol. in-fol., 57 fig., rel. Simier : 50 £], orné du portrait de mademoiselle Rachel et d’une splendide reliure qui a remporté une médaille à l’exposition. » [sic]
(« Revue des ventes ». In Bulletin du bibliophile. Paris, J. Techener, 1853, juillet et août, p. 374)

Membre de l’Institut, chef d’escadron au corps impérial d’état-major en retraite, commandeur de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre Auratae Militiae [Ordre de l’Éperon d’Or, décerné par le Pape], chevalier de première classe de l’Ordre du Nichan Iftikhar [ancien Ordre tunisien], décoré de la croix en brillants de l’Ordre de Vasa [Suède], commandeur de l’Ordre de Dannebrog [Danemark], chevalier de l’Ordre de Léopold [Belgique], commandeur de l’Ordre d’Isabelle la Catholique [Espagne], président de la Société des Artistes de Paris, le baron Taylor régularisa une situation qui durait depuis plus de vingt ans : le 3 août 1854, à Charenton-le-Pont [Val-de-Marne], où il demeurait 27 rue Gabrielle, il épousa Théodorine-Louise Guido (1810-1893). Elle lui avait donné deux enfants, qui furent reconnus le jour même : Isidora-Ernestine, née à Paris le 24 octobre 1833, qui épousa son cousin Eugène-Joseph-Emile Walwein (1817-1885), eut deux enfants, autorisés en 1876 à joindre le nom de Taylor à leur patronyme, et qui mourut à Roscoff [Finistère], place de l’Église, le 2 septembre 1884 ; Félix-Justin, né à Paris le 4 janvier 1840, qui mourut célibataire le 9 juin 1889, au domicile de sa mère, 68 rue de Bondy, immeuble de cinq étages construit en 1830.  

Maison de campagne du baron Taylor (mai 2013)
Le baron avait acquis une maison à la campagne, à Bourron-Marlotte [Seine-et-Marne, 17-19 rue Armand Charnay].


« L’anniversaire de la naissance de Molière a été célébré lundi dernier, comme tous les ans, dans un banquet, par les écrivains dramatiques et par les principaux artistes des théâtres de Paris. M. le baron Taylor, ancien commissaire de la Comédie-Française, avait bien voulu accepter la présidence. A sa droite était placé le général Guédéonoff, directeur des théâtres impériaux de Russie, le Mécène de nos artistes à Saint-Pétersbourg. M. Anicet Bourgeois occupait la première place à sa gauche. On remarquait également à cette table M. Pierron, que l’artiste a représenté derrière le président, MM. Samson, près de M. le général Guédéonoff, Scribe, Régnier, E. Augier, Eugène Labiche, Chilly, Marc-Michel, Bataille, Albert Got, Ponchard père ; enfin la plupart des célébrités littéraires et artistiques de la scène moderne. »

(Léo de Bernard. In Le Monde illustré, 29 janvier 1859, p. 76)



En 1866, il proposa à la Société des Gens de Lettres la fondation d’un dîner mensuel, le « Dîner Taylor », 

Photographie Eugène Atget (1857-1927)
qui eut lieu au début chez Bonvalet, 29 boulevard du Temple [XIe], et qui, après sa mort, devint le « Dîner Dentu ».


Pour les mêmes raisons qu’en 1848, le baron Taylor mit sa bibliothèque en vente à l’Hôtel Drouot, salle n° 6, au premier, du lundi 10 au jeudi 13 avril 1876, en 4 vacations : Catalogue de livres anciens et modernes, rares et curieux, sur les beaux-arts, la littérature, les voyages,et principalement sur l’art dramatique. Provenant de la Bibliothèque de M. le baron T***. Membre de l’Institut, commandeur de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique, etc., etc. - Première partie - (Paris, Léon Techener, 1876, in-8, [3]-[1 bl.]-IV-136-[1]-[1 bl.] p., 846 + 8 doubles [bis] + 1 triple [ter] = 855 lots), dont Théologie-Morale [34 lots = 3,97 %], Beaux-Arts [184 lots = 21,52 %], Equitation [8 lots = 0,93 %], Musique [8 lots = 0,93 %], Belles -Lettres [411 lots = 48,07 %], Histoire [210 lots = 24,56 %]. Avec, en guise de préface, une « Lettre à M. le baron T…. » par P. L. Jacob, bibliophile.


108. Emblèmes ou devises chrestiennes composées par damoiselle Georgette de Montenay. Lyon, Jean Marcorelle, 1571, in-4, 100 fig. par Pierre Voeriot, d-rel. mar. 60 fr. au prince d’Essling.
132. Bléry (Eugène-Stanislas-Alexandre). Quarante-trois eaux-fortes. Très gr. in-fol., d-rel. veau brun. 365 fr. à Destailleurs.
133. Les Généalogies et Anciennes Descentes des Forestiers et Comtes de Flandres, par Corneille Martin. Anvers, 1578, 34 pl., pet. in-fol., cart. Ex-libris manuscrit de Daniel Elzevir, 1682. 80 fr. à Délicourt.


136. Vecellio (Cesar). De gli Habiti antichi et moderni di diverse parti del mondo libri due. Venetia, Damian Cenaro, 1590, in-8, 420 fig. sur bois, mar. bleu, tr. dor. (Lortic). 140 fr. à Délicourt.
137. Collection des costumes, armes et meubles pour servir à l’histoire de France. Par le comte Horace de Vieil-Castel. Paris, 1827-1833, 3 vol. gr. in-4, 300 pl. coloriées au pinceau, d-rel. dos et coins de mar. bleu, non rognés. 155 fr. à Délicourt.
140. Les Arts somptuaires. Paris, Hangard-Maugé, 1857, 2 vol. in-4 texte, 2 vol. in-4 pl. en coul., d-rel. mar. bleu, non rogn. 365 fr. à Henri Leroy.
256. Marguerites, de la Marguerite des princesses, très-illustre Royne de Navarre. Lyon, Jean de Tournes, 1547, 2 vol. in-8, fig. en bois, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Mouillure. 400 fr.
261. Les Passetems de Jan-Antoine de Baïf. Paris, 1573, in-8, cart. 400 fr. au baron James de Rothschild.
262. Les Jeux de Jan-Antoine de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1572, in-8, v. mar. 480 fr. à Édouard Bocher.
282. Contes et nouvelles en vers, par M. de La Fontaine. Amsterdam [Paris, Barbou], 1762, 2 vol. pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. Édition des fermiers généraux. 610 fr.
317. Mémoires du comte de Grammont, par Hamilton. Londres, Edwards, 1793, gr. in-4, 72 portr., mar. vert, fil., dent., tr. dor. (Rel. anglaise). 549 fr.
347. Le Décaméron de Jean Bocace. Londres [Paris], 1757, 5 vol. gr. in-8, 110 fig., mar. vert, fil., tr. dor. (Derome). 605 fr.
403. Fables nouvelles [par Dorat]. Paris, 1773, 2 part. en 1 vol. gr. in-8, d-rel. veau. 405 fr.


785.Œuvres satirique [sic] de P. Corneille Blessebois. Leyde, 1676, 7 parties en 1 vol. pet. in-12, mar. v., fil., dent., doublé de tabis, tr. dor. (Simier). Ex. de Pixerécourt. 3.250 fr.
798. Pierre Corneille. Son théâtre, suivant la copie imprimée à Paris [Amsterdam, Abr. Wolfgang], 1663-1669, 13 pièces reliées en mar. rouge, fil. (Koehler). 481 fr.
803. Le Cabinet satyrique ou Recueil parfait des vers piquans et gaillards de ce temps [Holl., à la sphère], 1666, 2 vol. pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). 399 fr. au comte Foy.


Suivit la vente, toujours à l’Hôtel Drouot, salle n° 6, au premier, du lundi 22 au mercredi 24 mai 1876, en 3 vacations : Catalogue de livres anciens et modernes, rares et curieux,sur les beaux-arts, la littérature, les voyages, et principalement sur l’art dramatique. Provenant de la Bibliothèque de M. le baron T***. Membre de l’Institut, commandeur de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique, etc., etc. - Deuxième partie - (Paris, Léon Techener, 1876, in-8, [3]-[1 bl.]-VIII-71-[1] p., 399 + 3 doubles [bis] = 402 lots [numérotés 847-1.245]), composé exclusivement de livres relatifs au Théâtre. Avec, en guise de préface, une « Lettre à M. le baron T… » par P.-L. Jacob, bibliophile :

« Mais, pourquoi tous les livres qui vous ont appartenu ne portent-ils pas votre ex-libris, qui devrait être accolé à ceux de vos amis Guilbert de Pixerécourt et Charles Nodier ? C’est un oubli ou une négligence que les bibliophiles futurs ne vous pardonneront pas. » (p. I)


859.Maistre Pierre Pathelin restitué à son naturel. Paris, Galliot du Pré, 1532, in-16, lettres rondes, mar. orange, tr. dor. Notes manuscrites de Beauchamps. Des bibliothèques Pixerécourt et Soleinne. 1.420 fr.

Photographie BNF
863.Le Brave, comédie de Jan Antoine de Baïf. Paris, Robert Estienne, 1567, in-8, vél. 555 fr.
905.Rodogune, princesse des Parthes, tragédie par Pierre Corneille. Au Nord [Versailles], 1760, in-4, mar. rouge, fil., tr. dor., dent., doublé de tabis. Ex. de Soleinne. 551 fr.


927.Les Femmes sçavantes, comédie par J. B. P. Molière. Et se vend pour l’autheur à Paris, au Palais et chez Pierre Promé, 1673, in-12, cuir de Russie, fil. Édition originale [Second tirage à la date de 1673 ; un premier tirage est à la date de 1672]. 2.500 fr.
928.L’Escole des femmes, comédie par J. B. P. Molière. Paris, Gabriel Quinet, 1663, in-12, fig., mar. r., tr. dor. Édition originale. 1.205 fr.
935.Andromaque, tragédie [par J. Racine]. Paris, Théodore Girard, 1668, in-12, v. fauve, fil. Édition originale. 800 fr.


938.La Thebayde ou les Frères ennemis, tragédie. Paris, Claude Barbin, 1664, in-12, v. f., fil. (Koehler). Édition originale. 400 fr.
941.Œuvres diverses d’un auteur de sept ans [le duc du Maine]. S. l. n. d. [publié par Madame de Maintenon, v. 1686], 2 part. en 1 vol. in-4, br. Ex. de Pixerécourt. 420 fr. à Bancel.
956.Le Légataire universel, comédie [par Regnard]. Paris, Pierre Ribou, 1708, in-12, parch. Édition originale. 410 fr.
1.023.The Dramatic Works of Shakespeare, revised by Georges Steevens. London, Bulmer for Boydell [1791], 1802, 18 tomes en 9 vol. gr. in-fol., 97 fig., cuir de Russie, fil. (Rel. anglaise). 501 fr.


1.080.La Magnifica et Triumphale Entrata del christianiss. Re di Francia Henrico secondo di questo nome fatta nella nobile & antiqua Citta di Lyone. Lyone, Gulielmo Rouillio, 1549, in-4, cart. ital., 15 fig. sur bois, vel. bl. 260 fr. à Délicourt.

Baron Justin Taylor (1877)


Une troisième partie fut vendue 28 rue des Bons-Enfants, salle n° 2, au premier, du mardi 6 au samedi 17 mars 1877, en 11 vacations : Catalogue de livres anciens et modernes, rares et curieux, sur les beaux-arts, la littérature, les voyages, et principalement sur l’art dramatique. Provenant de la Bibliothèque de M. le baron T***. - Troisième partie - (Paris, Léon Techener, 1877, in-8, [3]-[1 bl.]-IV-310 p., 3.130 + 8 doubles [bis] = 3.138 lots [numérotés 1.246-4.375, avec erreurs de numérotation]), dont Théologie et histoire des religions [238 lots = 7,58 %], Jurisprudence [9 lots = 0,28 %], Sciences et Arts [218 lots = 6,94 %], Beaux-Arts [149 lots = 4,74 %], Belles-Lettres [512 lots = 16,31 %], Histoire [2.012 lots = 64,11 %]. Avec, en guise de préface, une « Lettre à M. le baron T… » par P. L. Jacob, bibliophile :

« Grâce à vous et à votre puissante intervention, le château de Chambord n’a pas été démoli et l’antique cathédrale de Reims a été consolidée. On apprend tout cela dans l’histoire de vos livres, qui ne sont déjà plus à vous et qui perdront bientôt la trace de leur séjour dans votre bibliothèque, puisque vous avez négligé, en vous séparant d’eux, de leur donner un glorieux état civil, en quelque sorte, par l’apposition d’un ex-libris. Honneur au livre qui pourra dire, dans un demi-siècle : “ J’appartenais au baron T…. ! ”
Ceci est un conseil que je vous donne, mon vieil ami, en faveur des livres de la nouvelle bibliothèque, que vous amassez déjà et qui, je le souhaite, doit être bientôt aussi nombreuse et aussi bien choisie que celle qu’il faudra chercher tout à l’heure dans le labyrinthe silencieux de quelques catalogues de vente. Quel emblême [sic] ferez-vous mettre sur cet ex-libris, que réclament les amis qui vous ont voué un culte de vénération et de reconnaissance ? Je vous propose tout simplement cet ex-libris de bibliophile, en guise d’écu d’armoiris [sic] : un livre fermé, avec la devise du sage : Tout est là. » (p. IV)

Cette vente n’a pas été retenue parmi les ventes importantes de l’année 1877 (W. O. « Chronique-Revue ». In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Léon Techener, 1877, p. 560-569).

Membre de l’Institut en 1847, sénateur en 1869, grand-officier de la Légion d’honneur en 1877, le baron Taylor passa les 14 derniers mois de sa longue vie dans sa chambre, cloué par neuf maladies, dont six mortelles. Une maladie de vessie a déterminé la fin. 



Il mourut le 6 septembre 1879, à son domicile, au 2eétage du 68 rue de Bondy. Ses obsèques eurent lieu le mardi 16 septembre 1879 :

« A onze heures et quart, a lieu la levée du corps, qu’on place sur un char magnifique de première classe, second degré. Il est impossible de disposer sur la galerie supérieure toutes les couronnes, tous les bouquets envoyés à la maison mortuaire. Des commissaires vont porter derrière le char les fleurs qu’on n’a pas pu y placer.
On se met en marche. Les cordons du poêle sont tenus par MM. le vicomte Henri Delaborde, représentant l’Institut, Edouard Thierry, Alexandre Dumas, représentant la Société des gens de lettres, Auguste Maquet, au nom de la Société des auteurs dramatiques ; Derval, pour celle des artistes ; Colmet d’Aage, Tresca, Huet.
La famille Taylor et M. Turquet, sous-secrétaire d’Etat, se placent derrière le corbillard, que précède la musique de la Garde républicaine, qui, conduite par M. Sellenick, joue une marche en ut mineur et qu’entoure un bataillon d’infanterie.
Trois mille personnes suivent le cercueil entre deux épaisses haies humaines. Toutes les fenêtres des maisons sont occupées. L’effet est immense. Chacun fait cette observation :
- On se croirait à l’enterrement de M. Thiers.
Midi. On va entrer à Saint-Eustache.
Déjà les bas-côtés sont pleins de monde. Ils contiennent deux mille personnes. […]
De mémoire de musiciens, il n’y a jamais eu plus beau service religieux. […]
Les chœurs et l’orchestre sont fournis par l’Opéra et l’Opéra-Comique. […]
La messe ne finit qu’à une heure quarante, et le cortège se dirige alors vers le Père-Lachaise, où le corps attendra dans un caveau provisoire que les Associations aient fait élever un monument digne de leur fondateur.
La pluie a heureusement cessé. […]
Chose rare, tous ceux qui ont assisté à l’office vont jusqu’au cimetière. [...]
Trois heures et quart. Nous entrons au cimetière déjà envahi par des milliers de curieux. […]
Après la descente du corps et les prières d’usage dites par l’abbé Legrand, le maître des cérémonies crie le nom de M. Delaborde qui, représentant l’Institut, vient adresser quelques mots d’adieu au baron Taylor. Les arrivants faisaient alors un tel bruit que nous regrettons de n’avoir pu saisir un seul mot.
Puis, il y avait, à dix pas du caveau, des scieurs de pierres qui, durant toute la cérémonie, n’ont cessé de faire grincer leur scie. […]
[Suivirent les discours de Jules Simon, l’ancien ministre, de Auguste Maquet, au nom des auteurs et compositeurs dramatiques, de Edouard Thierry, au nom de la Société des Gens de lettres, de Frédéric Thomas, de Derval, vice-président de quatre Sociétés fondées et présidées par le baron Taylor, du vice-président de la Société des artistes musiciens, du président de la loge maçonnique dont faisait partie le baron Taylor, etc. Victor Hugo avaitécritune belle lettre qui fut lue lors des obsèques.]
Il est quatre heures et demie. On jette l’eau bénite, et l’on se retire […]. »
(C. In Le Figaro, mardi 16 septembre 1879, p. 1-2)  

Cimetière du Père-Lachaise (Division 55)
La glorification du baron Taylor eut lieu le 15 mai 1884, au Père-Lachaise, lors de l’inauguration du monument élevé à sa mémoire par les cinq associations qu’il avait fondées, avec le concours de la Société des Gens de lettres, des auteurs dramatiques et du ministère des Beaux-Arts. Tout en haut du Père-Lachaise, à l’angle de l’avenue de la Chapelle et de l’allée Feuillant, la statue de marbre du baron Taylor repose sur un piédestal en pierre blanche, élevé lui-même sur une pierre tombale en granit bleu de Normandie. Elle se dresse au milieu d’une haute bordure de pierre en forme d’hémicycle et sur la face intérieure de laquelle sont sculptées des couronnes, puis, ça et là, des inscriptions rappelant les principales fondations du défunt, ses titres ou ses honneurs.


Son buste, en bronze, par le sculpteur Tony Noël (1845-1909), érigé au sommet d’une stèle de marbre blanc qu’ornent les attributs des divers arts, fut inauguré le jeudi 7 novembre 1907 sur le terre-plein du théâtre de l’Ambigu, 2 ter boulevard Saint-Martin ; un banc de granit est placé au pied du monument de l’architecte Constant Moyaux (1835-1911). Fondu en 1941, le buste fut remplacé par une réplique en pierre. Le monument fut déplacé devant le 46 rue de Bondy [place Johann Strauss, depuis 1979].

Parmi les ouvrages dont le baron Taylor fut l’auteur :

Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (Paris, [Casimir Gide, puis Augustin-François Lemaître], 1820-1878, 24 vol. gr. in-fol., 3.282 pl. lith.).
Entrepris avec la collaboration littéraire de Charles Nodier (1780-1844) et Alphonse de Cailleux (1788-1876), avec le concours de 182 artistes, les volumes furent imprimés chez Didot et vendus par souscription et en livraisons : Normandie (3 vol.), Franche-Comté (1 vol.), Auvergne (2 vol.), Languedoc (4 vol.), Picardie (3 vol.), Bretagne (2 vol.), Dauphiné (2 vol.), Champagne (4 vol.), Bourgogne (2 vol.), Index (1 vol.). 
Voyage pittoresque en Espagne, en Portugal et sur la côte d’Afrique, de Tanger à Tétouan (Paris, Gide fils, 1826-1832, 3 vol. in-4).
La Syrie, l’Égypte, la Palestine et la Judée, considérées sous leur aspect historique, archéologique, descriptif et pittoresque (Paris, Bureau central des dictionnaires, l’Editeur et L. Mame, 1837, in-4, 100 pl.), avec Louis Reybaud (1799-1879).
Les Pyrénées (Paris, C. Gide, 1843, in-8).
Preuves de la découverte du cœur de Saint Louis (Paris, Firmin Didot frères, 1846, in-8), avec Berger de Xivrey, A. Deville, Ch. Lenormant, A. Le Prévost et P. Paris.
L’Alhambra (Paris, Firmin Didot frères, 1853, in-fol.), dessins et lithographies par Asselineau.
La Syrie, la Palestine et la Judée, et Pèlerinage à Jérusalem et aux lieux saints (Paris, Bolle-Lasalle, 1853, in-4), par le R. P. Laorty-Hadji [Taylor-Hadji].
La ville de Reims (Paris, A. F. Lemaitre et Reims, Brissart-Binet, 1854, in-12).
L’Égypte (Paris, Bolle-Lasalle, 1856, in-8), par le R. P. Laorty-Hadji [Taylor-Hadji].
Reims, la ville des sacres (Paris, A. F. Lemaitre, 1860, in-8).


Théodorine-Louise Guido, veuve du baron Taylor, mourut en son domicile du 68 rue de Bondy, le 5 décembre 1893, pendant la vente de ce qui restait de l’immense bibliothèque de son mari, 28 rue des Bons-Enfants, salle n° 2, commencée le lundi 27 novembre et qui dura jusqu’au mercredi 13 décembre 1893, pendant 15 vacations : Catalogue de la bibliothèque dramatique de feu le baron Taylor. Membre de l’Institut, fondateur et président des Sociétés des Artistes dramatiques, musiciens, peintres, etc. (Paris, Techener, 1893, in-8, XVI-491-[1 bl.]-[2] p., 2.989 lots), dont Théâtre ancien [85 lots = 2,84 %], Théâtre latin moderne [136 lots = 4, 55 %], Théâtre moderne français [1.655 lots = 55,36 %], Théâtre moderne italien [444 lots = 14,85 %], Théâtre moderne espagnol et portugais [38 lots = 1,27 %], Théâtre moderne anglais [39 lots = 1,30 %], Théâtre moderne allemand [23 lots = 0,76 %], Théâtre moderne flamand et hollandais [6 lots = 0,20 %], Autres théâtres étrangers modernes [11 lots = 0,36 %], Ecrits relatifs au théâtre [435 lots = 14,55 %], Supplément [117 lots = 3,91 %].
Cette collection était la plus importante en ce genre mise en vente depuis la bibliothèque Soleinne, dont elle comprenait une notable portion.

« Rien à dire du théâtre ancien, représenté cependant par les meilleures éditions, dont plusieurs assez rares, des trois tragiques grecs, d’Aristophane, de Plaute et de Térence. Le théâtre latin moderne forme une des sections les plus intéressantes ; on y trouvera les œuvres d’Harmonius Marsus, de Platus, d’Antonius Thylesius, la Dolotechne de Zambertus, l’Epirota de Medius Venetus, la Latina et recens comœdia, de J. Frachaeus Borbonius, qui manquait à la collection Soleinne, plusieurs éditions des Scenica progymnasmata de Reuchlin, le Ludus ludentem luderum ludens, vif pamphlet contre Luther et ses doctrines, le Mercator, le Pammachiuset les autres pièces antipapistes du fougueux Naogeorgus, parmi lesquelles le rare Judas Iscariotes (de la bibliothèque Heber), les Studentes de Stummelius, le théâtre de Frischlinus, le Lutherus de Hirtzwig, la première édition de l’Acolastus et du Morosophus, un grand nombre de drames sacrés, les pièces de théâtre jouées dans les collèges des Jésuites et autres, enfin quelques œuvres contemporaines des événements politiques et religieux qui les ont provoquées (conquête de Grenade par Ferdinand le Catholique et Isabelle, la Réforme, les guerres de Gustave-Adolphe, etc).
Dans le théâtre français, qui occupe naturellement la plus large place, nous signalerons, parmi Mystères et Moralités : 

Photographie Université de Tours
Le premier (et le second) volume du triomphant mystère des Actes des Apostres (n° 232), première édition de l’œuvre d’Arnoul et Simon Greban ; Une dévote contemplation ou meditation de la croix de nostre saulveur et redempteur jhesucristpar maistre Jehan de Lacu, sans doute mise en vers par Gringore, seul exemplaire connu (n° 256) ; Moralité en vers sur les abus du temps présent, à cinq personnages, composée vers 1390, peut-être par Christine de Pisan, dramatique tableau des misères de la France pendant les premières années du règne de Charles VI, très précieux manuscrit (n° 258) ; le Jardin de Jennes avec la plainte de Religion et le Soulas de Labeur, avec figures sur bois, œuvre de Jean Marot ( ?), inspirée par la révolte de Gênes contre Louis XII, seul exemplaire connu, malheureusement incomplet (n° 261) ; le Combat de la Chair et de l’Esprit, de la bibliothèque du baron Léopold Double (n° 264).
Puis, dans l’ancien théâtre profane : les Marguerites de la Marguerite des princesses, dans une reliure ancienne bien conservée (n° 265) ; la Farce de maistre Pathelin, manuscrit sur vélin qui, malgré de regrettables lacunes, a fourni à M. Paulin Pâris plus de cent variantes, le plus ancien peut-être des textes de la célèbre farce, dont on pourrait tirer un utile parti pour une nouvelle édition (n° 276) ; 


Farce nouvelle, nommée la Folie des Gorriers à IIII personnaiges, manuscrit qui semble inédit, avec une figure en pied d’un dessin remarquable (n° 287) ; Dialogue noveau à trois personaiges, c’est à sçavoir l’Embasadeur de Lempereur, Dame Paix et Bellone la Déesse de guerre, 1544, relatif aux dernières luttes de Charles-Quint et de François Ier, seul exemplaire connu, provenant des bibliothèques La Vallière et Soleinne (n° 304) ; les Sept Marchands de Naples. Cest assavoir Ladventurier. Le Religieux. L’escolier. Laveugle. Le Vilageois. Le Marchant. Et le Bragart, pièce rarissime (n° 305).
Depuis Jodelle jusqu’à nos jours : le théâtre de Jacques Grévin de Clermont en Beauvaisis. Ensemble la seconde partie de l’Olimpe et de la Gelodacrye, 1562, avec les quatre feuillets de l’Elégie de Ronsard à Grévin, qui manquent souvent (n° 322) ; la Pastorale amoureuse, 1569, un des plus raresouvrages [sic] du fécond Belleforest (n° 343) ; la tragédie de feu Gaspard de Coligny iadis admiral de France… avec le nom des personnages, de François de Chantelouve (n° 346) ; 

Photographie BnF
un très bel exemplaire du théâtre d’Alexandre Hardy, parisien, 1625-28, avec les frontispices gravés par Crispin de Pas (n° 394) ; Les premières œuvres poétiques de Margarit Pageau, vandomois (n° 395) ; 


Les diverses poésies du sieur de la Fresnaye Vauquelin. Caen, 1612, édition qui manquait à la collection Soleinne (n° 408) ; le Recueil des divers poèmes et chants royaux, de J. Galaut (n° 420) ; un manuscrit de Mirame, chargé de corrections et donnant le texte primitif de la tragédie, très différent du texte imprimé en 1641 (n° 555) ; un grand nombre d’éditions originea lesde Pierre Corneill [sic], la réunion complète (sauf les Dames vengées)des éditions originales in-12 de Thomas Corneille (n° 656) ; les œuvres complètes, le plus souvent en premières éditions, des contemporains de Corneille et de Racine : Mairet, Rotrou, Scudéry, Boisrobert, Guérin de Bouscal, Charles Beys, Benserade, Desmarets, Tristan l’Hermite, Le Metel d’Ouville, Gilbert, Scarron, Poisson, Quinault, Montfleury, Boursault, Champmeslé, Pradon. Viennent ensuite les éditions originales de Dancourt, de Regnard, de Voltaire, de Crébillon etc., et la foule de ces pièces d’auteurs provinciaux, si rares et si recherchées, pleines de curieux détails sur les mœurs et les coutumes locales. […]
La série des ballets et des opéras se recommande spécialement à l’attention. Après le ballet-comique de la Royne faict aux nopces de Monsieur le duc de Joyeuse et Madamoyselle de Vaudemont… par Balthasar de Beaujoyeulx (n° 1540), le Grand Bal de la douairière de Billebahaut… avec maistre Galimatias(n°1551) et le Ballet des modes tant des habits que des dances depuis Charles VII jusqu’à présent (n° 1557), on y trouvera les ballets dansés par Louis XIV, la reine et les princes, la série des ballets de Molière, les divertissements de Fontainebleau, de Versailles, de Marly, de Choisy, les opéras de Cambert, de Lully, le répertoire de l’Académie royale de musique, etc. […]
La section italienne est des plus copieuses. Elle s’ouvre par deux pièces, fort rares, du théâtre religieux : la rappresentatione divota di Barlaam et Josaphat, per Bernardo Pulci, avec de très jolies figures sur bois de l’école florentine, et La rappresentatione di San Francesco (nos1877 et 1878), l’une et l’autre sans lieu ni date, mais imprimées à Florence, à la fin du XVe siècle. […]
La réunion des Ecrits relatifs au théâtre ne le cède pas en intérêt à la bibliothèque purement dramatique. Nous signalerons d’abord la série : Fêtes, pompes et solennités publiques (nos 2474 à 2526) ; les Annales du théâtre français, de 1799 à 1805, manuscrit autographe et inédit de Lemazurier, archiviste de la Comédie française ; des mémoires pour servir à l’histoire de l’Académie royale de musique, depuis son établissement jusqu’en 1758 (n° 2564) et l’histoire de l’Académie royale de musique, 1645-1741 (n° 2566), manuscrits inédits, d’une haute importance pour l’histoire de notre grand opéra ; une très complète histoire du théâtre italien, 1577-1750, manuscrite, par Gueullette, avec lettres autographes et nombreux portraits, (n° 2570) ; une très abondante collection d’écrits de toute sorte relatifs à Corneille, à Molière, à Racine et à Voltaire (n° 2630-2670) ; 

Photographie Université de Toulouse
La Douctrino crestiano meso en rimos, per poude estre cantado sur diberses ayres, Toulouso, 1645, fort rare, (n° 2731) ; un manuscrit autographe de Mozart, six sonates pour piano et violon, composées par le maître à l’âge de dix-huit ans, avec un morceau de la 6e sonate entièrement refait. Dans les écrits sur la danse et les ballets : Le gratie d’amore di Cesare Negri milanese, professore di ballare. Milano, 1602, avec 58 belles planches gravées à l’eau-forte par Leone Pallavicino d’après Mauro Rovero (n° 2755) et un superbe exemplaire des Nuove inventioni di balli, autre édition, avec un nouveau titre, du livre précédent, (n° 2756). Dans l’architecture théâtrale : un recueil de plans de théâtres, 43 dessins au lavis (n° 2790) et la Comédie française du faubourg Saint-Germain, 199 dessins grand in-folio (n° 2791). Parmi les estampes : Neueroffneter Masquen-Saal… de Johann Messelreuter, Bayreuth, s. d., recueil très rare et non cité de costumes d’opéras, publié au XVIIIe siècle, (n° 2845) ; 


les Costumes et Annales des grands théâtres de Parispar M. de Charnois. Paris, Janinet, 1786-89, magnifique exemplaire en grand papier, relié en maroquin ancien, de ce précieux ouvrage, doublement intéressant par les renseignements qu’il fournit sur les théâtres parisiens, et par les portraits d’artistes dont il est orné, (n° 2847) ; une suite de recueils de costumes, de Galeries des artistes dramatiques, de portraits (nos 2848-2863) ; enfin un Album de caricatures par Horace Vernet, les unes à la sépia, les autres en couleur, toutes étincelantes de verve et d’esprit (2865). » [sic]
(« La Bibliothèque dramatique de feu le baron Taylor ». In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Techener, 1893, p. 489-495)

Signature du baron Taylor (1875)
Photographie BnF
   





























La Bibliothèque des descendants de la fée Mélusine

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Château de Sassenage
La vente de l’ancienne bibliothèque de Denis de Salvaing (1600-1683), qui eut lieu en 1897 à Grenoble [Isère], fut en réalité celle du marquis Raymond-Ismidon-Marie de Bérenger (1811-1875), conservée depuis deux siècles au château de Sassenage [Isère], porte orientale du Vercors.


Le château avait été bâti entre 1662 et 1669 par le baron Charles-Louis-Alphonse de Sassenage (1624-1679), marquis du Pont-en-Royans [Isère] – porte occidentale du Vercors -, seigneur d’Izeron [Isère] et de Montélier [Drôme], avec l’aide de son beau-père. Fils de Alphonse de Sassenage († 1660) et de Louise de Lattier, Charles-Louis-Alphonse de Sassenage avait épousé, à Vourey [Isère], le 14 septembre 1651, Christine de Salvaing (1634-1668), fille de Denis de Salvaing, seigneur de Boissieu [La Buissière, Isère], premier président de la Chambre des comptes du Dauphiné, à Grenoble, et d’Élisabeth Déageant (1609-1635), fille de l’influent Guichard Déageant (1574-1645), ancien premier président de ladite Chambre des comptes.


Au-dessus de la porte du château de Sassenage, la fée Mélusine se baigne dans une cuvette et tient de la main droite l’écu de Bérenger [« Gironné d’or et de gueules de huit pièces »] et de la gauche celui de Sassenage [« Burelé d’argent et d’azur de dix pièces au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d’or »].

Blasons de Bérenger (à gauche) et de Sassenage (à droite)
« Il est peu de grandes Maisons, qui remontant jusqu’à leur origine ne rencontrent vne fable : Celle de Sassenage y trouve Melusine. Le Roman en a été composé par Jean d’Arras l’an M.CCCLXXXIII. Il donne à cette famille Melusine pour tige & cette fable a fait tant d’impression sur la credulité des habitans de la Terre de Sassenage, qu’ils sont persuadez que leur Seigneur est du sang de Melusine & qu’elle a finy ses jours en ce lieu.
On y montre vne grote spacieuse dans le sein d’vn rocher où tombe impetueusement vne source qui fait vu ruisseau qui coule au milieu du Bourg. On voit deux cuves que la nature a formées auprés de cette grote. Elles presagent, dit-on, la fertilité ou la sterilité de chaque année, selon qu’elles se trouvent d’elles-mêmes plus ou moins pleines d’eau la veille de la Feste des Rois. I’en ay fait mention dans l’Histoire de Dauphiné. On y montre l’endroit où Melusine avoit coûtume de prendre le frais & le bain & vu peu plus haut la table où elle mangeoit, qu’on appelle la table de Melusine. La fontaine du château de Montelliez dans le Valentinois, qui est vne des Terres de cette Maison porte le nom de Melusine : On croit qu’elle s’y est quelques-fois montrée. On voit aussi dans l’épaisseur du mur du château contigu au fossé vne ouverture ronde qui le perce de haut en bas, dont on ne sçait pas l’vsage. On l’appelle aussi le Trou de Melusine, par où, dit-on, elle passe sa longue queuë de serpent quand elle se veut faire voir. Neanmoins la possession de cette Terre n’est entrée dans la Maison de Sassenage qu’à la fin du treziéme siecle. Les ames éclairées doutent souvent de la verité, les autres ne doutent pas même du mensonge pour peu qu’il ait soin de se rendre agreable. […]
Voici d’où la fable de Melusine a pris son origine, pour ce qui regarde la Maison de Sassenage. Le Roman donne pour mari à Melusine Raimondin Comte de Forests en Bretagne. Il ajoûte que la Maison de Sassenage est vne de celles qui en sont descenduës. La verité a donné naissance à la fable, il lui a suffy que cette Maison fût venuë des Comtes de Forests. Il n’a pas distingué les païs. Il a confondu les Provinces & attribué à Melusine Comtesse de Forests dans le païs des Armoriques la posterité des Comtes de Forests dans celui des Segusiens, de mêmes qu’il a confondu Raimond de Poitiers Prince d’Antioche & Melusine de Lesignen sa femme avec son Raimondin & Melusine sa Fée & la Maison de Lesignen de la Terre Sainte avec Lesignen de France. C’est ainsi qu’en vsent les faiseurs de Romans. » [sic]
(Nicolas Chorier. Histoire généalogique de la Maison de Sassenage, branche des anciens comtes de Lyon et de Forests. Lyon, Jean Thioly, 1672, p. 2-7) 

Château de Vourey
La bibliothèque du château de Sassenage provenait du château de Vourey [Isère], propriété de la Maison de Salvaing - du nom d’une terre située près du lac de Genève -, établie en Dauphiné vers l’an 1100.

Plaque de marbre de la tombe de Charles de Salvaing, à Vourey
Denis de Salvaing y naquit le 21 avril 1600, de Charles de Salvaing († 1615), seigneur de Boissieu, et de Charlotte d’Arces (1574-1653). Il commença ses études à Saint-Geoire-en-Valdaine [Isère], les continua au collège des Jésuites à Vienne [Isère], puis à Lyon, et les termina à Paris, en 1618, au collège de Clermont [lycée Louis-le-Grand], où il eut pour maîtres les pères jésuites Denis Pétau (1583-1652) et Nicolas Caussin (1583-1651).
De retour en Dauphiné à la fin de l’année 1619, il se fit recevoir docteur en droit en la Faculté de Valence [Drôme], le 15 avril 1621. Après quelques essais littéraires et poétiques, qui lui avaient conquis l’estime de Louis de Bourbon, comte de Soissons, gouverneur de la province, il voulut goûter du métier des armes, mais dut y renoncer. En 1629, il fut substitut du procureur général au Parlement de Grenoble, et en 1632 vibailli de Grésivaudan, ancien bailliage du Dauphiné. Le 21 mai de cette même année, il se maria à Grenoble avec Élisabeth Déageant.

Denis de Salvaing
En 1633, Denis de Salvaing fit partie de l’ambassade du maréchal Charles de Créquy à Rome et, chargé de haranguer le pape Urbain VIII, il s’en acquitta d’une manière qui lui fit honneur, le 25 juillet. Après un séjour de quatre mois à Rome, qu’il employa à visiter les savants et les bibliothèques, il alla à Venise, par ordre du cardinal de Richelieu, pour prendre connaissance des difficultés qui existaient entre le pape et la république. En 1635, à son retour en France, il fut honoré d’un brevet de Conseiller d’État, mais eut la douleur de perdre son épouse, à Grenoble, le 8 novembre.
En 1639, son beau-père ayant donné sa démission de la charge de premier président de la Chambre des comptes du Dauphiné, il fut nommé pour lui succéder, et remplit cette charge pendant plusieurs années avec beaucoup de réputation. Veuf, il se remaria avec Élisabeth de Villers-la-Faye (1611-1673), veuve de Érard Bouton (1605-1636), seigneur de Saint-Léger, le 27 décembre 1640, à Mauvilly [Côte-d’Or].
La mort de sa seconde femme, dont il n’eut pas d’enfant, le 7 septembre 1673, au château de Vinay [Isère], le détermina à se démettre de sa charge en 1674 et à se retirer entièrement des affaires. Après sept mois de maladie, il mourut dans son château de Vourey, le 10 avril 1683, et fut inhumé le lendemain dans l’église Saint-Martin de Vourey [reconstruite au XIXe siècle]. 

Vulson de la Colombière. Recueil de plusieurs pièces et figures d'armoiries.
Paris, Melchior Tavernier, 1639 
Photographie BnF
Il avait édité Publii Ovidii Nasonis, equitis romani, libellus in Ibin (Lugduni, Antonii Pillehotte, 1633), avait donné des poèmes latins et fait imprimer ses harangues ou ses oraisons funèbres ; il avait publié un savant Traité du plait seigneurial et de son usage en Dauphiné (Grenoble, Jean Nicolas, 1652) et un autre De l’usage des fiefs et autres droits seigneuriaux (Grenoble, François Féronce, 1664) ; il avait participé à la rédaction d’ouvrages qu’il avait laissé à d’autres le soin de signer – comme LaScience héroïque, traitant de la noblesse, de l’origine des armes, de leurs blasons, & symboles (Paris, Sébastien Cramoisy et Gabriel Cramoisy, 1644), par Marc de Vulson, sieur de la Colombière, et l’Histoire du chevalier Bayard (Grenoble, Jean Nicolas, 1650),dont Louis Videl reçut la paternité officielle.
Après sa mort, sa bibliothèque fut transportée au château de Sassenage, où ses livres restèrent jusqu’à leur vente.

Le mariage de Christine de Salvaing avait été la seconde alliance de la Maison de Salvaing avec celle de Sassenage : quatre cents ans auparavant, Hugues de Sassenage avait épousé, en secondes noces, Aymonette de Salvaing, fille de Hugues de Salvaing, seigneur de Boissieu, et nièce de Guiffrey de Salvaing, grand maître de l’Ordre des Templiers.
Devenu veuf, Charles-Louis-Alphonse de Sassenage épousa, le 3 mars 1669, Claude de La Motte, dont naquit Ismidon-René de Sassenage (1672-1730) et Gabriel-Alphonse de Sassenage († 1706), fait prisonnier à la bataille d’Höchstadt [Allemagne] le 13 août 1704. Ce dernier laissa, de Catherine-Ferdinande d’Hostun [Drôme], Marie-Françoise-Camille de Sassenage (1705-1786) pour unique héritière, qui fut mariée, le 9 juin 1718, à Charles-François de Sassenage (1694-1762), son cousin germain. Leur fille Marie-Françoise de Sassenage (1735-1786) épousa, en l’église Notre-Dame de Versailles [Yvelines], le 2 juillet 1755, Raymond-Pierre de Bérenger (1733-1806), fils de Pierre de Bérenger (1691-1751), comte de Charmes [Charmes-sur-l’Herbasse, Drôme] et de Le Gua [Isère], décédé à Champlay [Yonne], le 24 juillet 1751, et d’Antoinette-Françoise Boucher d’Orsay (1706-1753).

Autoportrait de Raymond-Ismidon-Marie de Bérenger
Coll. Château Sassenage
L’arrière-petit-fils de Raymond-Pierre de Bérenger, Raymond-Ismidon-Marie de Bérenger est né à Paris le 22 octobre 1811. Il n’avait pas deux ans lorsqu’il perdit son père, Gabriel de Bérenger (1786-1813), colonel d’un régiment, tué à la bataille de Dresde [Allemagne], le 14 août 1813, âgé de 27 ans. Il eut alors pour tuteur son aïeul paternel, Raymond-Charles-Ismidon de Bérenger (1762-1828), ancien major en second du régiment du maréchal de Turenne, héritier par sa mère du château de Sassenage, de ceux de Tallard [Hautes-Alpes] et de Lesdiguières [Le Glaizil, Hautes-Alpes], et du domaine du Mollard [Saint-Marcellin, Isère].
Elevé avec les princes d’Orléans, Raymond-Ismidon-Marie de Bérenger leur conserva de vives sympathies, au point de solliciter et d’obtenir, dans le but de se rendre utile à leur cause, d’être nommé député au corps législatif pour le collège de Saint-Marcellin, le 1eraoût 1846 ; il vota, le temps que dura cette courte législation de moins de dix-huit mois, avec la majorité ministérielle. Là se borna sa carrière politique.
Rentré, en 1848, dans la vie privée, il s’adonna à ses deux passions, l’horticulture et la photographie, et se livra au goût des livres. Il augmenta bientôt de beaucoup la bibliothèque du château de Sassenage, déjà riche en raretés bibliographiques et formée exclusivement d’ouvrages venus de Salvaing de Boissieu. Il collectionna à la fois des livres sur le Dauphiné et des livres dus à des Dauphinois. Il fit partie de l’Académie delphinale, de la Société de Statistique de l’Isère, de la Société des Bibliophiles de Paris et de celle des Bibliophiles dauphinois, dont il fut le président. On lui doit un recueil de Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu (Paris, Comon, 1850, in-8).
Il forma aussi des collections d’estampes dauphinoises, d’autographes et de portraits dauphinois. Il apprit la photographie à Paris, auprès de Gustave Le Gray (1820-1884), photographe officiel de Napoléon III, fut membre de la Société française de photographie et reçut diverses médailles dans des concours.

Lucie de Bérenger, par Ernest Hébert (1817-1908)
Coll. Château Sassenage 
Raymond-Ismidon-Marie de Bérenger fut marié à Paris, le 12 avril 1853, avec Constance-Marie-Lucie du Bouexic de Guichen.  
Pendant la guerre de 1870, il ne voulut point quitter la capitale, où, durant le siège, il remplit ses devoirs de citoyen et de garde national ; c’est là qu’il aurait contracté le germe de la maladie qui devait l’emporter. Dans les derniers temps, il fut élu conseiller municipal à Sassenage. Il est décédé à Paris [VIIIe], 49 rue Jean Goujon, le 13 décembre 1875.


La vente de la bibliothèque du château de Sassenage eut lieu du lundi 13 au samedi 18 décembre 1897, à Grenoble, Salle des ventes, 15 rue de Bonne :

Catalogue d’une importante bibliothèque composée d’ouvrages anciens, rares et précieuxAncienne bibliothèque de D. de Salvaing de Boissieu, Conseiller du roi en tous ses Conseils, Premier président en la Chambre des Comptes de Dauphiné, 1600-1683 (Grenoble, Librairie dauphinoise, H. Falque et Félix Perrin, 1897, in-8, [5]-[1 bl.]-[11]-[1 bl.]-232-X-[16] p., avec 1 fig. et 9 pl. h.-t., 1.443 + 6 doubles [bis] = 1.449 lots), dont Théologie [121 lots = 8,35 %], Jurisprudence [144 lots = 9,93 %], Sciences et Arts [176 lots = 12,14 %], Belles-Lettres [260 lots = 17,94 %], Histoire [675 lots = 46,58 %], Mélanges [25 lots = 1,72 %], Supplément [48 lots = 3,31 %]. Le total a atteint environ 50.000 francs.

« Le noyau primitif de cette collection remonte, en effet, à Charles de Salvaing, père du célèbre premier président de la Chambre des comptes du Dauphiné, gentilhomme adonné à la profession des armes, mais qui, chose rare pour l’époque, consacrait ses loisirs à l’étude spéciale des auteurs grecs, dont il recherchait avec avidité les manuscrits et les éditions imprimées, encore très rares alors. L’on sait qu’il connaissait parfaitement la langue d’Homère, qu’il avait couvert d’annotations les marges d’un exemplaire d’Aristophane et avait même entrepris de traduire le poète Lycophron, encore incompris de nos jours. Sous de tels auspices, il n’est point surprenant que son fils se soit adonné aux choses de l’esprit et ait considérablement augmenté la collection de livres, qu’à la mort de son père, il trouva réunie dans le château de Vourey.
Amateur éclairé et bibliophile distingué, Denys de Salvaing de Boissieu eut occasion d’accroître sa bibliothèque d’ouvrages les plus rares provenant des collections de Jean de Bellièvre et d’Ennemond Rabot, l’un et l’autre premier président au Parlement de Grenoble, ainsi que de celles de Jean-Antoine Lescurre et de Claude Expilly, savants jurisconsultes dauphinois. Ses relations, d’autre part, avec les savants et les écrivains contemporains les plus renommés, son vaste savoir et sa profonde érudition qui en avaient fait l’arbitre du goût littéraire dans sa province, lui valurent de nombreux dons d’auteurs. Ces hommages, qui vinrent s’ajouter aux importantes acquisitions qu’une fortune de grand seigneur lui permettait, ne tardèrent pas à faire de sa bibliothèque la plus riche de la région.
En savant qui tient plus à la substance de l’ouvrage qu’à son enveloppe, le collectionneur se contenta de reliures assez modestes ; ses livres sont simplement reliés en veau fauve ou brun, ou encore en vélin blanc. Cependant son faible, bien connu, pour l’illustration de sa race s’affirma ici par l’apposition de ses prétentieuses armoiries sur les plats de ses livres, et par de somptueux ex libris de dimensions et de dessins variant suivant le format des volumes. »
(Catalogue, p. [9]-[10])     

Ex-libris
Photographie BnF
Le plus ancien des trois ex-libris [268 x 212 mm] de Denis de Salvaing est celui dit « au chevalier ». Cette planche a été gravée pour La Science héroïque, par Marc de Vulson de la Colombière. Le frontispice, les planches et les nombreux blasons de cet ouvrage ne sont pas signés ; mais il est dédié au marquis de Rosmadec, et à la fin du livre se trouve une Généalogie succinte de la Maison de Rosmadec, dont le titre est orné de son blason signé « I. Picart f. ». Il est donc probable que Jean Picart a gravé toutes les figures de La Science héroïque et par conséquent celle de l’ex-libris du président de Boissieu. 

In La Science héroïque, p. 440
Elle forme, page 440, le verso de celle du duc de Bourbon dans La Science héroïque, et a été tirée spécialement pour servir d’ex-libris au président de Boissieu.

« 78426. Ex-libris. Aymon de Salvaing, seigneur de Boissieu, surnommé le Chevalier-Hardy, 1505. Magnifique pièce héraldique gravée au XVIIesiècle, représentant Aymon de Salvaing à cheval, armé de pied en cap, brandissant son épée, avec l’aigle à deux têtes sur le cimier de son casque et sur sa cuirasse, ses armoiries sur un drap bordé de fleurs de lis pendant à la tête du cheval et sur une couverture tombante couvrant son corps ; une lance brisée à terre et un guidon fleurdelisé. Un des plus beaux ex-libris connus. In-fol. ; le cadre des filets de la gravure, non compris l’inscription gravée rapportée ci-dessus, mesure 249 millim. de hauteur sur 212 millim. de largeur. 50 fr.
Cet ex-libris remarquable provient de la bibliothèque de Salvaing de Boissieu, président au Parlement de Dauphiné, formée dès le commencement du XVIIesiècle et qui a été dispersée il y a quelques mois à Grenoble. Cette pièce de grand format n’a été collée que sur quelques volumes. Il n’en existe pas plus que 20 à 25 épreuves ; la plupart des volumes auxquels ce magnifique ex-libris a été ajouté ayant été acquis par des amateurs, sont entrés dans des collections locales, de sorte qu’on peut être certain que cette pièce sera toujours recherchée et conservera, outre sa valeur artistique, le mérite d’une rareté bien déterminée. » [sic]
(A. Claudin. Archives du bibliophile, janvier 1898, p. 58)

Nous nous trouvons donc en présence d’une pièce qui a servi comme ex-libris et qui n’avait pas été gravée pour cette destination.


Le deuxième ex-libris [85 x 77 mm] de Denis de Salvaing présente un écu portant « D’or à l’aigle éployée de sable, becquée, membrée et diadémée de gueules ; à la bordure d’azur, semée de fleurs de lis d’or ». Casque taré de front et lambrequins. Cimier : l’aigle éployée issante, chaque bec tenant une banderole, celle de dextre portant : A SALVAIN LE PLVS GORGIAS [hardi] ; celle de senestre : QVE NE FAIROIS IE POVR ELLE. Supports : deux aigles regardantes tenant chacune dans leur bec une bannière, celle de dextre aux armes de l’écu, celle de senestre « De gueules à la croix d’or » [Allinges, Haute-Savoie, origine prétendue des Salvaing]. Le tout posé sur un carrelage de quatre rangs de carreaux portant alternativement : d’argent à l’aigle éployée de sable, et d’azur à une fleur de lis d’argent. Cette gravure n’a pas été retrouvée dans les livres du président de Boissieu : sa qualité d’ex-libris peut donc être contestée.


Le troisième ex-libris [131 x 160 mm] de Denis de Salvaing reproduit à peu près les mêmes armes que le précédent : les lambrequins sont plus abondants ; la banderole de dextre porte A SALVAING LE PLVS GORGIAS ; les bannières sont toutes deux d’or à la croix de gueules ; les aigles reposent chacune sur un rocher isolé. Entre ces rochers et un peu au-dessous est la signature L. Spirinx [né à Anvers le 2 mars 1596].

« 78426 bis. Autre ex-libris de Salvaing de Boissieu pour le format in-4, totalement diff. du premier. Cartouche des armoiries de Salvaing soutenu par deux aigles, cimier ornementé. Au-dessus l’aigle à deux têtes, des serres desquels s’echappent des banderolles portant ces devises : Salvaing le plus gorgias. – Que ne fairois-je pour elle. Pièce en travers très finement gravée au XVIIe siècle par L. Spirinx. Hauteur : 125 millim. sur 158 de largeur. Cette pièce est peut-être plus rare encore que la précédente, car elle ne s’est rencontrée que sur douze à quinze volumes de la même bibliothèque, en partie recueillis par des amateurs locaux. 30 fr. » [sic]
(A. Claudin. Archives du bibliophile, janvier 1898, p. 58)




Le relieur de Denis de Salvaing utilisait trois fers à dorer à ses armes.

« Dans l’assistance qui a suivi les vacations avec un intérêt soutenu, on remarquait : MM. de Terrebasse, Couturier de Royas, de Bouffier, Lanthelme, bibliophiles dauphinois ; M. Baudrier, de Lyon ; M. Masson, d’Amiens ; M. Claudin, le savant libraire bibliographe, M. Edouard Rahir, chef actuel de la grande maison Morgand ; M. Robson, libraire de Londres ; M. Maignien, bibliothécaire de Grenoble ; M. Pilot de Thorey, attaché aux archives de l’Isère, à qui l’on doit la partie savante de la rédaction du catalogue. […]
Les livres, à part quelques rares exceptions, étaient tous dans leurs anciennes et primitives reliures. Ceux qui portaient frappées sur les plats les armes de Salvaing de Boissieu étaient relativement en petit nombre, une centaine environ. Malheureusement ces volumes étaient presque tous des ouvrages latins de peu d’intérêt. Il faut faire exception pour les généalogies, livres de prédilection de Denis Salvaing de Boissieu, qui étaient pour la plupart admirablement reliées en veau fauve, avec l’écusson doré de leur possesseur. Par une singulière anomalie, les prix obtenus pour ces beaux livres ont été des plus médiocres. Le grand ex-libris gravé, représentant un chevalier armé, sur un cheval carapaçonné, avec, au-dessous, cette légende :

AYMON  DE  SALVAING  SEIGNEVR  DE  BOISSIEV
Surnommé le cheuallier hardy, 1505

était encore plus rare que les reliures armoriées ; il s’est vendu couramment de 20 à 25 francs. »
(Léon Galle. « La Bibliothèque dauphinoise du château de Sassenage ». In Revue du Lyonnais. Lyon, Imprimerie Rougin-Musand, 1898, t. XXV, 5esérie, p. 52-64)

Catalogue, pl. II
8. Les Exposicions des Euvangilles en romant. Chambéry, Anthoine Neyret, 1484, pet. in-fol. goth., 50 fig. sur bois, rel. anc. en velours vieil or. Premier livre imprimé à Chambéry avec date. 5.850 fr. à Rahir.


9. Le grant vita xpi translate de latin en francoys. [à la fin du tome 2 :] Cy finist le tresbel et prouffitable liure des meditations sur la vie de iesuchrist, prins sur les quatre euangelistes, Et compose par venerable père Ludoulphe, religieux de lordre des chartreux.  Paris, Anthoine Vérard, [v. 1500], 4 part. en 2 vol. in-fol. goth. à 2 col., fig., ais en bois couverts de v. gaufré, traces de fermoirs (Rel. anc. en mauvais état). 790 fr.

Catalogue, pl. III
15. Incipit Missale ad usum ecclesiæ cathedralis sci appolinaris Valentinensis. Manuscrit sur vélin du XVe, in-fol. goth. à 2 col., ais en bois couverts de v. gaufré, fermoirs (Rel. anc. en mauvais état). 1.200 fr.
71. Le Plan de la sacrée chambre de Jésus-Christ et de la Vierge, sa mère. Grenoble, A. Galle, 1669, in-12, v. br., dos orné. 21 fr.

Catalogue, pl. IV
200. [Decisiones Guidonis Papæ]. Cet ouvrage de Guy Pape n’a ni titre, ni faux titre. [à la fin :] Hoc opus decisionū excellentissimi parlemēti Jalph. fuit gracionopoli, per Stephanū foreti deo fauente ante ecclesiam sancte clare impressum et finitū die penultima mens’ aprilis. Anno dni MM° cccc lxxxx. Grenoble, 1490, pet. in-fol., vél. bl. Premier livre imprimé à Grenoble. Ex. de Claude Expilly. 1.775 fr. à Couturier de Royas.

Photographie BnF
244. Le songe du Vergier qui parle de la disputacion du clerc & du cheualier. Lyon, Jacques Maillet, 1491, pet. in-fol. goth. à 2 col., v. gaufré à compart. quadrillé (Rel. anc.). 280 fr.


Photographies BnF
307. Le Jeu des eschez moralise. Paris, Anthoine Vérart [sic], 1504, pet. in-fol. goth. à 2 col., 4 grandes fig. sur bois, v. gaufré (Rel. anc. en mauvais état). 1.060 fr.

Photographie BnF
437. L’Instruction du Roy en l’exercice de monter à cheval. Par Messire Antoine de Pluvinel. Grandes fig. par Crispian de Pas le Jeune. Paris, Michel Nivelle, 1625, in-fol., v. éc., fil., dos orn. 850 fr.

Catalogue, pl. V
444. Grammatica græca Constantini Lascaris. Mediolani [Milan], 1476, in-4, v. br. (Rel. anc. en mauvais état). Premier livre imprimé en grec. 1.049 fr. à Rahir.

Catalogue, pl. VI
492. Hesiodi Ascræi opera et dies. Venetiis, Barth. Zanetti Casterzagensis, 1537, in-4, texte encadré de fil., v. La Vallière, dos à nerfs plats à compartiments géométriques avec fleurons, tr. dor. (Rel. anc.).
534. Pontani opera. Venetiis, in aedibus Aldi, 1513, in-8, v. br., compart. avec filets, arabesques et fleurons or, tr. dor. Rel. pour Grolier. 1er plat détaché. Sur le second plat se lit « Grolierii et amicorum ». Au bas du titre se trouve un ex dono de Grolier à Laurent Rabot, conseiller au Parlement de Grenoble : « Jo. Grolerius copiarum gallicarum quaestor Laurentio Raboto D. D. » [cet exemplaire n’est pas celui de Le Roux de Lincy. Recherches sur Jean Grolier. Paris, L. Potier, 1866, p. 264, n° 250] 1.120 fr.


557. Les Vigilles de la mort du roi Charles Septiesme. Paris, Robert Bouchier, s. d. [v. 1505], in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, bas. jaune (Rel. anc. en mauvais état). 321 fr.


559. Le Grand Tombeau du monde, ou jugement final. Lyon, Jean Pillehotte, 1606, in-8, mar. v. jans., dent. int., tr. dor. (Niedrée). 60 fr.


564. Recueil des œuvres poétiques du sieur David Rigaud. Lyon, Claude La Rivière, 1653, in-8, vél. bl. fatigué et mouillé. 52 fr.


582. La Pastorale de la constance de Philin et Margoton. Grenoble, Edouard Raban, 1635, in-4, cart. demi-vél. bl., court de marges. 120 fr.

Catalogue, pl. VII
605. Aristophanis comœdiæ novem. Florentiæ, per heredes Ph. Juntæ, 1525, gr. in-4, v. br., dos à nerfs plats, encadrements fleuronnés or. aux armes d’une famille inconnue, tr. dor. (Rel. anc.). 48 fr.

Photographie BnF
624. La tresioyeuse plaisante & recratiue hystoire composee par le loyal seruiteur des faiz gestes triumphes et prouesses du bon cheualier sans paour et sans reprouche le gentil seigneur de Bayart. Paris, Galliot du Pré, 1527, in-4 goth., mar. r., fil., fleurons, dos orn., tr. dor. (Bauzonnet). 1.040 fr.


629. La Plaisante, et Ioyeuse histoyre du grand Geant Gargantua. Valence, Claude La Ville, 1547, in-16, fig. sur bois. – Second livre de Pantagruel, roi des Dipsodes. Valence, Claude La Ville, 1547, in-16, fig. sur bois. – Tiers livre des faictz et dictz héroïques du noble Pantagruel. Valence, Claude La Ville, 1547, in-16, fig. sur bois. Trois part. en 1 vol., v. br., dos orn., tr. marb. 160 fr.


746. Histoire de l’antiquité et saincteté de la cité de Vienne. Vienne, Jean Poyet, 1623, in-8, vél. bl. 16 fr.
756. La Vie de saint Estienne, evesque de Dye, tirée de Surius et d’un manuscrit. Grenoble, J. Verdier, s. d. [1688], in-12, v. br., dos orn. (Rel. anc. fatiguée et mouillée). 182 fr.
788. Relation de cérémonies et apparat de l’eglise de S. Pierre, en la canonization de S. François de Sales, evesque de Genève. Paris, Léonard, 1665, in-4, br. 22 fr.



790. Les Vies de IV. des premières mères de l’ordre de la visitation Sainte Marie – Les Vies de VIII. vénérables veves religieuses de l’ordre de la visitation Sainte Marie. Annessy, Jacques Clerc, 1659, 4 vol. in-4, vél. bl. 48 fr.


794. La Vie de Messire Jean Antoine Le Vachet. Paris, Antoine Vuarin, 1692, in-12, portr., mar. r., dos orn., fil., compart. et fleur. dorés, tr. dor. 80 fr.
816. La Vie de Marguerite de Bourgogne, femme de Guy VIII, comte dauphin, fondatrice du monastère des Hayes. Grenoble, A. Galle, 1670, pet. in-4, v. marb., dos orn. Mouill. 86 fr.



862. Lucan suetoine & saluste en frāçoys. Paris, Anthoine Vérard, 1500, in-fol. goth. à 2 col., 2 fig. sur bois, ais en bois recouverts de v. br. 651 fr.

Catalogue, pl. IX


867. Herodiani histor. lib. VIII. Lyon, Veuve Ant. de Harsy, 1611, in-8, mar. br., dos orn., dent., fleur., rosaces et éventails (Rel. anc.). Aux armes du cardinal Melchior de Polignac, abbé d’Auchai.

904. Le premier [second, tiers] volume de enguerran de monstrellet. Ensuyuant froissart nagueres imprime a paris des cronicques de France. Paris, Anthoine Vérard, [v. 1500], 3 tomes en 2 vol. in-fol. goth. à 2 col., ais en bois recouverts de v. gaufrés, traces de fermoir (Rel. anc.). 421 fr.


1.013. Histoire de Bresse et de Bugey. Lyon, Jean Antoine Huguetan & Marc Ant. Ravaud, 1650, 4 part. en 1 vol. in-fol., fig., v. f. aux armes de Salvaing de Boissieu. 328 fr.
1.061. Discours mémorable de la prise du chasteau d’Allières. Lyon, B. Rigaud, 1577, pet. in-8, cart. 162 fr.

Photographie Université de Liège
1.277. Boccace des nobles maleureux. Imprime nouuellement a paris. [à la fin :] Cy finist le neufuiesme & dernier liure de Jehan boccace des nobles hōmes et fēmes infortunez translate de latī en frācois. Paris, āthoine verad [sic], 1494, gr. in-fol. goth. à 2 col., ais en bois couverts de v. gaufré, traces de fermoirs (Rel. anc. en mauvais état). 740 fr. à Rahir.

Photographie BnF
1.278. Le liure de Iehan bocasse de la louenge et vertu des nobles et cleres dames trāslate & īprime nouuellemēt a paris. Paris, Anthoine Vérard, 1493, in-fol. goth., 80 fig. sur bois, v. gauf. (Rel. anc. en mauvais état). 1.103 fr. à Rahir.


1.308. Histoire de Humbert II. dauphin de Viennois. Grenoble, J. Verdier, s. d. [1688], in-12, v. br., dos orn. (Rel. anc. en mauvais état). 100 fr.


1.321. Discovrs de la vie et faits héroiqves de Monsievr de la Vallette Admiral de France, Gouuerneur & Lieutenant general pour le Roy en ProUence. Metz, Domenge Brecquin, 1624, in-4, v. marb., dos orn. Aux armes de H. J. N. de Caumont, duc de La Force, avec chiffre du même sur le dos. 80 fr.

Lucie du Bouexic de Guichen mourut à Paris [VIIIe], le 6 décembre 1894. Son fils, Raymond-Pierre-Ismidon de Sassenage (1872-1945), dernier marquis de Sassenage, épousa à Paris [XVIIe], le 26 juin 1922, Pierrette-Élisa Baudin (1894-1971) qui, n’ayant pas eu d’enfant, légua le domaine à la Fondation de France.



Henri Plon (1806-1872), imprimeur-éditeur, catholique et conservateur

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In Georg Braun et Frans Hogenberg. Civitates Orbis Terrarum, t. I, 1572


Henri Plon, fondateur de la maison d’édition française éponyme, descend d’une lignée d’imprimeurs-libraires belges d’origine danoise. Le berceau de la famille serait la ville de Plön, en Holstein, possession danoise annexée par la Prusse avec le Schleswig en 1866, qui forme aujourd’hui, avec le sud du Schleswig, le Land de Schleswig-Holstein [Allemagne].




Selon la tradition familiale, Jean Plon serait venu de Plön, pour des raisons inconnues, habiter à Mons [Belgique], où il aurait épousé, vers 1583, la fille d’un ouvrier typographe. Ses descendants auraient, eux aussi, exercé la typographie à Mons, jusqu’à Jacques-Joseph Plon (1683-1755), qui y fut arpenteur.

Pierre Plon (1716-1785)
Fils de ce dernier, Pierre-Jean-Joseph Plon, baptisé en l’église Saint-Germain de Mons le 29 décembre 1716, entra en 1731 comme apprenti chez Mathieu Wilmet, imprimeur-libraire à Mons, rue de la Clef, puis sur la Grand Place, où il demeura deux années. Puis il passa deux autres années chez Jean-Baptiste Henry, imprimeur-libraire à Lille [Nord]. 


Le 19 janvier 1742, il fut autorisé à s’installer imprimeur-libraire à Ath [25 km au nord-ouest de Mons], rue aux Gâdes, tout près de la Grand Place. Le premier corps de bâtiment donnant sur la rue était occupé au rez-de-chaussée par la librairie ; au-dessus étaient les chambres d’habitation. Un second corps de bâtiment par derrière était consacré à l’imprimerie : au rez-de-chaussée, le magasin à papier ; au premier étage, la presse à bras et ses accessoires ; au second, les rangs, les casses et le matériel de composition.  Le 1er février suivant, il épousa à Mons, en l’église Saint-Nicolas-en-Havré, Marie-Caroline-Joseph de Ladrière (1717-1791).
Après la prise de la ville par les Français le 10 juillet 1746, Pierre Plon quitta Ath pour aller s’établir à Mons, rue de la Clef, vis-à-vis du Marché aux herbes, comme imprimeur du roi Louis XV, 


puis, en 1747, rue de Nimy, vis-à-vis des Filles Notre-Dame. 


À partir de 1760, en plusieurs étapes, il transféra son établissement sur la Grand Place, entre l’Hôtel de Ville et la rue Neuve. Une longue maladie s’étant ajoutée à la pénurie des travaux d’imprimerie, Pierre Plon se retira en 1778, avec sa femme, auprès de l’aîné de ses quatorze enfants, Emmanuel Plon, établi imprimeur-libraire depuis 1774 à Nivelles [40 km au nord-est de Mons], où il mourut le 17 novembre 1785.

Emmanuel Plon (1742-1832)
 Emmanuel-Henri-Philippe Plon est né à Ath et y fut baptisé le 14 novembre 1742 en l’église Saint-Julien. Le 3 mars 1772, il épousa à Mons, Marie-Thérèse-Augustine Raingo (1753-1793). 


Il s’installa à Nivelles en 1774, sur la Grand Place, au coin de la rue de Soignies. Après l’épidémie de 1804, il transporta son établissement amoindri rue Coquerne, puis rue des Annonciades [rue de la Religion] et enfin rue des Canonniers. Breveté imprimeur en lettres le 15 juillet 1811, il déplaça une dernière fois sa librairie et son imprimerie place Saint-Paul, après la bataille de Waterloo. Il se retira des affaires rue de Soignies, où il s’éteignit le 9 septembre 1832. De ses neuf enfants, Alexandre-Joseph Plon (° 1783) lui avait succédé, tandis que trois autres s’étaient établis à Paris : Henri-Ghislain-Joseph Plon (1777-1866) et Léopold-Joseph Plon (° 1780), comme employés à la Banque de France ; Charles-Philippe-Joseph Plon (1774-1843), comme imprimeur.

Philippe Plon (1774-1843)
 Charles-Philippe-Joseph Plon, né à Nivelles le 28 décembre 1774, avait été compagnon imprimeur de 1792 à 1796 chez Nicolas-Joseph Bocquet, à Mons, rue de la Clef. Arrivé à Paris en 1798, il entra dans l’imprimerie de Pierre Didot (1761-1853), où il devint prote. Domicilié alors rue du Foin-Saint-Jacques [Ve, supprimée en 1866], il épousa, le 5 frimaire An XIII [26 novembre 1804], Marguerite-Mélanie-Julie Camus (1784-1828). 

6 rue du Regard (1902)
Photographie Eugène Atget
Musée Carnavalet
Après son mariage, il habita 6 rue du Regard [VIe, détruit], en face de l’hôtel de Croy, dans une maison avec jardin, où sont nés ses six enfants. 

Affiche Lorilleux (1912)
En 1824, il alla se fixer 14 rue du Cimetière-Saint-André-des-Arts [VIe, 16 rue Suger depuis 1844], dans un appartement au 2eétage, auquel on accédait par un escalier au fond de la cour à droite : il était alors voisin de René-Pierre Lorilleux (1788-1865), fabricant d’encres à imprimer. En 1827, Philippe Plon entra à la Banque de France, comme prote de l’imprimerie des billets, et termina sa carrière dans cet emploi. Après la mort de son épouse, le 28 mai 1828, il alla demeurer avec ses enfants dans une maison située à l’angle du boulevard du Montparnasse et du boulevard d’Enfer [boulevard Raspail, XIVe], 

4 rue de l'Abbaye (juin 2019)
puis 4 rue de l’Abbaye [VIe, immeuble construit en 1800], où habitaient également l’éditeur Pierre-Joseph Challamel (1813-1892) et le relieur Antoine Lenègre (1819-1867), et où il mourut le 26 octobre 1843.

Henri Plon (1806-1872)
par Emile-Antoine Bayard (1837-1891)
Henri-Philippe Plon, fils aîné de Philippe Plon et de Mélanie Camus, naquit à Paris, 6 rue du Regard, le 26 avril 1806. 

Pension Claude Liautard
Il fit ses études classiques à la pension de l’abbé Claude Liautard (1774-1844), installé dans l’hôtel Traversière, 58 rue Notre-Dame-des-Champs, face à la rue Vavin [VIe, collège Stanislas]. Dès l’âge de quinze ans, il fit son apprentissage à l’imprimerie Firmin Didot (1764-1836), puis à l’imprimerie Paul Dupont (1796-1879), qui occupait l’hôtel des Fermes, rue de Grenelle-Saint-Honoré [partie sud de l’actuelle rue Jean-Jacques Rousseau, Ier]. 

Hippolyte Plon (à G) et Charles Plon (à D)
Deux de ses frères, Hippolyte Plon (1809-1868) et Charles Plon (1810-1881), firent également leur apprentissage à l’imprimerie Paul Dupont.

Au lieu d’une installation en Belgique, Henri Plon préféra s’associer le 18 avril 1829 avec Théophile Belin (1794-1863), imprimeur à Épernay [Marne], dont il avait rencontré l’épouse fortuitement lors d’un voyage à Bruxelles, pour fonder la première imprimerie de Sézanne [Marne], dans l’ancienne Maison de Ville, place du Marché [40 place de la République]. 

Place du Marché, Sézanne (v. 1900)

40 place de la République, Sézanne (juin 2019)
Au-dessus du premier étage, on lisait une inscription, dans quatre cartouches, extraite du Livre de Job : « POST TENEBRAS SPERO LUCEM » [Après les ténèbres, j’espère la lumière].  
Malgré les progrès de l’entreprise, Henri Plon pensa qu’il n’arriverait jamais à amener l’imprimerie, trop éloignée de Paris, à un plus grand développement : l’association fut dissoute en 1832 et les anciens associés rentrèrent à Paris. 

Ils contractèrent une nouvelle association le 28 mars 1833 avec Maximilien Béthune (° 1793), imprimeur 5 rue Palatine [VIe], qui imprimait, depuis l’année précédente, le Dictionnaire de la conversation et de la lecture, par William Duckett (1805-1873), édité par Belin-Mandar, libraire 55 rue Saint-André-des-Arts [VIe] : 

36 rue de Vaugirard
l’imprimerie « Béthune, Belin et Plon », installée dans le « petit hôtel de Condé », construit en 1650, 36 rue de Vaugirard [VIe], en face du « Petit Luxembourg » [résidence du président du Sénat depuis 1825], signa les tomes XI à XVI (1834-1835).

Caroline Jolly (1812-1906)
Le 15 mai 1834, Henri Plon épousa Marie-Caroline Jolly, née à Paris le 3 novembre 1812, fille de Alexandre Jolly (1777-1839), banquier, d’une famille originaire de Soncourt-sur-Marne [Haute-Marne], et de Alexandrine-Victoire-Dorothée Rostenne (1791-1879), d’une famille originaire de Namur [Belgique] ; le mariage religieux fut célébré deux jours après en l’église Saint-Philippe-du-Roule [VIIIe]. Le ménage s’installa provisoirement au premier étage du 17 rue Garancière [VIe], puis au premier étage du 36 rue de Vaugirard. Théophile Belin se retirant de l’association, la maison « Béthune et Plon » fut fondée le 5 janvier 1835.



Imprimeurs de grandes œuvres de la littérature – Maurice Alhoy, Honoré de Balzac, Charles de Bernard, Chateaubriand -, « Béthune et Plon » éditèrent quelques ouvrages politiques et religieux. En 1841, Henri Plon acheta la totalité des poinçons et matrices du fondeur de caractères Jules Didot (1794-1871), qui avait perdu la raison en 1838. La maison « Béthune et Plon » obtint une médaille d’argent à l’Exposition de Paris en 1844 :

« MM. Béthune et Plon soutiennent une excellente réputation. C’est à eux que revient l’honneur d’avoir trouvé cet excellent type de fabrication des Bibliothèques Gosselin et Charpentier, remarquable par sa bonne disposition typographique, qui a permis de faire des volumes lisibles et même agréables, malgré la grande quantité de matière qu’on y fait entrer. MM. Béthune et Plon exposaient plus de 300 ouvrages, renfermant des vignettes intercalées dans le texte ; 



notamment un nouvel ouvrage intitulé Faits mémorables de l’histoire de France, illustré par des vignettes de V. Adam, parfaitement tiré et dû aux soins particuliers de M. Plon. »
(Exposition de l’industrie française. Année 1844. Paris, Challamel, t. II, p. 46)

Devenue l’une des plus importantes imprimeries de Paris vers la fin de la monarchie de Juillet, la Société « Béthune et Plon » fut dissoute le 28 janvier 1845, remplacée par la Société « Plon frères et Cie », associant Henri Plon avec ses deux frères, Hippolyte Plon et Charles Plon : elle fut dénommée « Typographie des Abeilles », uniquement sur les en-têtes de lettres, les enveloppes à épreuves, les traites et effets de commerce. Henri Plon fut breveté imprimeur le 28 février 1845, en remplacement de Maximilien Béthune, démissionnaire. La même année, il fit construire une petite maison dans le fond du jardin du 36 rue de Vaugirard, pour y fonder sa librairie ; il obtint le brevet de libraire le 14 mai 1847. 


La Librairie « Plon frères et Cie » débuta par une série de livres liturgiques illustrés. Au sujet de l’activité de Henri Plon à cette époque, l’éditeur Pierre-Jules Hetzel (1814-1886) expliquait à Denis Affre (1793-1848), archevêque de Paris, dans une lettre datée du 22 juillet 1846, la différence entre éditeur et imprimeur :

« M. Plon a débuté comme imprimeur sous la raison sociale Béthune et Plon. M. Béthune était administrateur de l’affaire, M. Plon ne s’occupait que du matériel. C’est sous l’administration de M. Béthune, c’est sous le nom de Messieurs Béthune et Plon que les livres dont vous me parlez ont été NON PUBLIÉS mais imprimés, ce qui est bien différent, dans les ateliers de Messieurs Béthune et Plon.
Depuis lors la Société Béthune et Plon a été dissoute. M. Plon s’est associé avec son frère, et Mrs Plon et frère n’ont à encourir ni à craindre aucune des remarques qui ont été faites sur la société Béthune et Plon. »
(A. Parménie et C. Bonnier de La Chapelle. Histoire d’un éditeur et de ses auteurs. P.-J. Hetzel (Stahl). Paris, Albin Michel, 1953, p. 72)

Au mois de février 1848, une bande d’émeutiers vint mette l’imprimerie à sac et briser toutes les machines, ce qui n’empêcha pas la maison « Plon frères et Cie » d’obtenir en 1849 la médaille d’or à l’Exposition de Paris :

« MM. Plon frères justifient, par de constants efforts, la réputation croissante de leur imprimerie. Élevés dès l’enfance par leur père, habile typographe, ils connaissent, aussi bien que les ouvriers les plus expérimentés, toutes les parties de la typographie. Ils joignent à ces connaissances la passion de leur art et le goût du beau. Tout ce qui sort de leurs presses porte un cachet de perfection relative qui est un mérite d’autant plus digne d’être loué, qu’ils impriment à la fois un très-grand nombre d’ouvrages de luxe et de fantaisie ; ceux même d’une fabrication courante sont toujours exécutés avec soin.
Il serait impossible de signaler tous les ouvrages qu’ils ont mis à l’exposition ; mais comme tous ont un véritable mérite d’exécution, plus le nombre en est grand, plus le mérite s’accroit. Nous nous bornerons à signaler en grands ouvrages celui du docteur Chénu sur la Conchyliologie, et l’ouvrage intitulé Selectæ praxis medico-chirurgicæ, par Al. Anvert. En ouvrages in-8°, les Lettres de Marie-Stuart, recueillies par les soins du prince Labanoff, en 7 volumes ; les Œuvres de Casimir Delavigne ; l’Histoire des Girondins, par M. de Lamartine ; deux éditions des Fables de La Fontaine, grand in-8° avec vignettes ; parfaitement exécutées ; l’ouvrage intitulé Cent traités pour l’instruction du peuple ; enfin une foule de livres dans le format in-18. Nous signalerons particulièrement une charmante édition des Fables de La Fontaine, d’un très-petit format et imprimée en caractères microscopiques. La netteté de l’impression en fait un véritable bijou typographique.
C’est à MM. Plon qu’on doit l’usage, devenu presque général, de glacer le papier étant encore humide, ce qui rend l’impression plus nette et plus brillante. Les premiers livres imprimés d’après ce procédé sont les Pélerinages en Suisse (1839) et les poésies d’André Chénier (1840). Ce charmant volume frappa l’attention du public, par son élégance et la netteté de son impression.



Ils impriment aussi une foule d’ouvrages liturgiques ornés de gravures ; tels sont le livre de Mariage et le Paroissien, entourés de vignettes, enrichis de lettres ornées, comparables aux jolis livres qu’imprimait Pigouchet pour le libraire Simon Vostre au XVIe siècle, mais qui se distinguent par un goût plus moderne, et par la perfection toujours croissante de la gravure en bois. La variété infiniment plus grande des sujets évite la monotonie qui résultait de leur répétition trop fréquente dans ces petits chefs-d’œuvre du XVIe siècle.
Une spécialité qui distingue l’imprimerie de MM. Plon est la perfection avec laquelle s’y impriment les gravures sur bois ; on peut en juger par le grand nombre de celles qui ornent les éditions de luxe sorties de leurs presses, et par le journal l’Illustration, qui, bien qu’imprimé avec la célérité qu’exige ce genre de publication, est d’une exécution remarquable.
Dans l’imprimerie de MM. Plon, 8 presses mécaniques et 20 presses à bras impriment près de 60,000 rames par année. MM. Plon ont ajouté à leur établissement une fonderie de caractères.
MM. Plon ont déjà obtenu la médaille d’argent ; le jury leur accorde cette année la médaille d’or. » [sic]
(Rapport du jury central sur les produits de l’agriculture et de l’industrie exposés en 1849. Paris, Imprimerie nationale, 1850, t. III, p. 494-496)

In Feuilleton du Journal de la librairie, 7 décembre 1850
La « Prize Medal » obtenue à la première des Expositions universelles, qui eut lieu à Londres en 1851, valut à Henri Plon d’être fait chevalier de la Légion d’honneur le 22 novembre. 



En 1852, voulant lui témoigner « sa satisfaction des efforts constants qu’il a faits pour perfectionner l’art typographique », Henri Plon reçut de Napoléon III le titre d’« Imprimeur de l’Empereur ».  

« Les dirigeants de Plon n’ont cessé de s’interroger sur la date de naissance de leur maison. Ils ont longtemps aimé faire valoir son ancienneté en faisant remonter son origine à un lointain ancêtre qui aurait épousé, en 1583, la fille d’un imprimeur de Mons en Belgique. Il est évident que cette date ne correspond en rien à la naissance de la maison Plon qui commence réellement son activité en France au XIXe siècle. En 1933, la Librairie Plon préfère faire savoir que cette année est celle de son centenaire, ce qui fait remonter sa fondation à la création de la société « Béthune, Belin et Plon ». Mais des lettres à en-tête des années 1950 portent, elles : « Maison fondée en 1845 », année qui vit Henri Plon obtenir le brevet d’imprimeur en lettres, suite à la démission de Maximilien Béthune, et se créer la société « Plon frères et Cie ». Aujourd’hui, le site Internet des éditions Plon donne, sans la moindre explication, la date de 1852 – si cette année-là Henri Plon reçut le titre d’imprimeur de l’Empereur, cette distinction ne faisait que consacrer un imprimeur-éditeur déjà bien installé dans le monde de l’imprimerie parisienne. » [sic]
(Patricia Sorel. Plon. Le Sens de l’Histoire (1833-1962). Presses Universitaires de Rennes, 2016, p. 16)

Le 8 et le 10 rue de Garancière vers 1650
Photographie BnF

8 rue Garancière
 
Cour intérieure du 8 rue Garancière
Photographie Eugène Atget
Coll. INHA
Le bail du 36 rue de Vaugirard venant à expiration, Henri Plon se rendit acquéreur, le 13 mars 1852, pour 283.000 francs, de l’hôtel construit de 1646 à 1648, 8 rue Garancière [VIe], qui avait été successivement appelé « de Léon », « de Rieux », « de Sourdéac », « de Montaigu », « de Roquelaure », « de Lubersac », avant de devenir la mairie de l’ancien XIearrondissement de 1818 à 1849. Après d’importants travaux, le déménagement fut fait au printemps 1854.


« La grande cour d’honneur du côté de la rue Garancière, la seconde cour du côté de la rue Servandoni étaient reliées entre elles par une allée pavée, avec double rangée d’arbres, passant entre deux petits jardins à droite et à gauche. Longtemps la mairie de notre arrondissement, autrefois le XIe, aujourd’hui le VIe, avait occupé une grande partie des locaux de ce vaste hôtel : mais elle était allée récemment s’installer de l’autre côté de la place Saint-Sulpice, dans un immeuble construit spécialement pour ses services. Sur le large espace qui séparait les deux cours de l’hôtel dit de Roquelaure, mon père avait donc pu élever des bâtiments ayant un rez-de-chaussée et un étage. Dans ces constructions nouvelles, ainsi que dans le vieil immeuble de la rue Servandoni, il installa ses ateliers avec entrée sur cette rue. Au rez-de-chaussée de la cour de la rue Garancière, il mit ses bureaux et sa librairie, où par conséquent on entrait par la rue Garancière. Comme appartement privé, il prit l’un des deux du premier étage : celui qui occupe la façade sur la rue, la façade correspondante sur la grande cour et l’aile de gauche. » [sic]
([Eugène Plon]. Notre livre intime de famille. Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, 1893, p. 221-222, H. C.)   

En 1855, l’association « Plon frères et Cie » prit fin et Henri Plon demeura l’unique propriétaire de l’imprimerie et de la librairie : ses frères Hippolyte et Charles, tout en se retirant comme associés, lui continuèrent leur concours pour la direction des ateliers de l’imprimerie.


Henri Plon prit part aux travaux et à la direction du Cercle de la librairie, alors rue Bonaparte [aujourd’hui 117 boulevard Saint-Germain, VIe], dont il fut vice-président en 1858, et fut président de la Chambre des imprimeurs de Paris de 1861 à 1863.

À partir de 1860, Henri Plon utilisa parfois deux marques pour ses éditions : 


la première, encore utilisée en 1871, présente les médailles obtenues à Paris en 1849 et 1855, et celle obtenue à Londres en 1851, avec la croix de la Légion d’honneur, entourant les initiales « H » et « P » et deux cornes d’abondance ; 


la seconde, utilisée à partir de 1868, avec la devise « LABOR OMNIA VINCIT IMPROBUS » [un travail acharné vient à bout de tout], citation des Géorgiques de Virgile, qui entoure un écu portant les initiales « H-P » et une abeille, accroché à un arbre.

Henri Plon a créé ou contribué à créer plusieurs journaux : Le Journal pour rire (1848), remplacé par le Journal amusant (1856) ; Le Moniteur vinicole (1856) ; L’Univers illustré (1858) ; Le Journal illustré (1864).


Henri Plon lança la « Collection des Classiques français du Prince impérial » (1861-1881, 61 vol. in-32), tirée à 1.000 exemplaires sur papier vélin, à 4 francs le volume, et à 200 exemplaires sur papier de Hollande, avec les portraits sur Chine, à 6 francs le volume, dus à Louis Brière (1838-1906), bibliophile manceau : Beaumarchais, Boileau, Bossuet, Corneille, Fléchier, La Bruyère, La Fontaine, La Rochefoucauld, Marivaux, Massillon, Molière, Montesquieu, Pascal, Racine, Regnard, Vauvenargues.


Ayant acquis le 10 rue Garancière le 20 avril 1864, pour 204.000 francs, Henri Plon fit démolir l’immeuble pour en bâtir un autre où, en novembre 1865, il installa la librairie, les bureaux et ses appartements. Dans le fond du jardin, il construisit le grand atelier des machines.



Il publia la plupart des écrits de Napoléon III, dont son Histoire de Jules César (1865-1866, 2 vol. de texte et 1 atlas, in-4).


« Henri Plon avait notamment développé sa “ Bibliothèque historique ” avec portraits gravés et fac-similés d’autographes, les deux périodes privilégiées étant la Révolution française et le Premier Empire. S’y ajoute rapidement une série d’ouvrages relatifs aux “ événements douloureux ” de 1870-1871. Alors que la chute de l’Empire aurait pu être fatale à celui qui portait depuis 1852 le titre d’ “ imprimeur de l’Empereur ” et que les éditeurs parisiens attendaient prudemment des temps plus apaisés, Henri Plon vit tout le profit qu’il pouvait tirer des événements pour sa maison d’édition. 


Dès la fin du conflit contre la Prusse, il mena une série de démarches auprès des principaux chefs militaires pour préparer la publication d’une grande collection d’ouvrages sur la guerre de 1870-1871. Les auteurs de la collection furent ainsi “ ceux-là mêmes qui avaient pris la part la plus considérable aux événements ” : les généraux Antoine-Eugène-Alfred Chanzy, Louis Aurelle de Paladine, Charles-Gabriel-Félicité Martin des Pallières, le comte de Palikao, Joseph Vinoy, l’amiral La Roncière-Le Noury, le maréchal François-Achille Bazaine, l’ancien ambassadeur de France en Prusse le comte Vincent Benedetti, le ministre des Affaires étrangères Jules Favre. La “ Bibliothèque de la guerre de 1870 ” se fit le porte-parole de ceux qui attribuaient la défaite à la supériorité du système éducatif allemand, appelant de leurs vœux une réforme du système éducatif français et, avant tout, de l’enseignement de l’histoire. […]
Henri Plon fait une première incursion dans le domaine des belles-lettres avec la “ Collection des classiques français ” : de 1861 à 1881, y sont publiés, en 61 volumes in-32, les grands auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles sous un “ élégant cartonnage or et étoffe ”. Si la maison s’oriente d’abord vers la publication d’ouvrages de luxe et de classiques destinés aux bibliophiles, l’arrivée de Robert Nourrit dans la société va faire évoluer le catalogue vers le roman contemporain. Créée en 1876, “ La Bibliothèque des romans ” offre notamment les œuvres d’Henry Gréville – pseudonyme d’Alice-Marie-Céleste Durand née Fleury - ; Robert Nourrit fit une excellente affaire en recrutant, puis en s’assurant la fidélité de cet auteur prolifique, dont les œuvres connaîtront un rapide et grand succès. » [sic]
(Patricia Sorel. « Les Collections de la Librairie Plon (1845-1939) : une maison fidèle à ses engagements idéologiques ». In La Collection. Essor et affirmation d’un objet éditorial. Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 56 et 63)  

Henri Plon mourut d’une maladie de cœur, le 25 novembre 1872, dans la grande pièce de l’appartement sur la cour, 10 rue Garancière. 


Il fut inhumé au cimetière du Montparnasse [Division 12].
Sa fortune fut évaluée à 2.147.216 francs, dont plus de la moitié en immeubles et un tiers dans l’imprimerie-librairie. Prudent, Henri Plon ne s’était pas risqué dans des opérations financières aventureuses et, contrairement à certains de ses confrères, n’avait pas investi dans une maison de campagne. Au total, avec un passif de 1.300.782 francs, il restait 846.499 francs [environ 3 millions d’euros].

« D’après l’inventaire après décès dressé le 11 décembre 1872, l’imprimerie comprend une presse à vapeur de douze chevaux estimée à 11 000 francs avec ses accessoires, huit presses mécaniques à retiration, trois presses en blanc estimées à 45 500 francs, sept presses à bras et quatre presses à glacer d’une valeur de 3 150 francs, une presse en taille-douce, quarante-six pierres lithographiques, deux presses lithographiques et quatre machines à fondre. Au total, le matériel mobilier de l’imprimerie et de la fonderie est évalué à 230 779 francs. La valeur des ouvrages de la librairie est quant à elle estimée à 400 738 francs, ce qui illustre la diversification de l’entreprise. En y ajoutant le matériel dépendant de la librairie (d’une valeur de 2 237 francs), l’ensemble atteint la somme de 633 754 francs. Quant au fonds de commerce, il est évalué à 20 000 francs, ce qui est peu. D’après l’état de partage de la succession d’Henri Plon, la valeur du matériel mobilier de l’imprimerie et de la fonderie et celle du fonds de commerce reviennent à Eugène Plon, tandis que la valeur de la librairie est partagée entre la veuve d’Henri Plon (126 221 francs), son fils Eugène (146 453 francs) et sa fille Marie, épouse de Robert Nourrit (128 062 francs). » [sic]
(Patricia Sorel. Plon. Le Sens de l’Histoire (1833-1962). Presses Universitaires de Rennes, 2016, p. 49) 

Eugène Plon (1836-1895)
En 1873, Eugène Plon, né à Paris le 11 juin 1836, et son gendre Louis-Robert Nourrit, avocat au Conseil d’Etat, né à Paris le 22 février 1833, époux de Marie Plon le 17 décembre 1860, devinrent associés gérants. Leur principal défi fut de faire de l’imprimerie Plon une véritable maison d’édition.
De 1873 à 1882, la raison sociale de la maison fut « E. Plon et Cie ». Durant cette période, il y eut un troisième associé, Émile Perrin (1828-1884), ancien libraire à Mulhouse [Haut-Rhin], qui, après l’expiration de l’association, a acquis la Librairie académique Didier en 1884, à la tête de laquelle il mit son fils Paul Perrin.

Fronton de la façade de l'entrée de la Librairie
au fond de la cour intérieure du 8 rue Garancière
À partir de 1883, la raison sociale fut « E. Plon, Nourrit et Cie », la maison étant redevenue un bien exclusivement de famille : Robert Nourrit fit entrer dans la société ses deux gendres, Pierre-Marie Mainguet (1855-1926) et Henri-Joseph Bourdel (1856-1945), puis son propre fils, Adolphe-Eugène-André Nourrit (1869-1915).
Robert Nourrit mourut le 11 juin 1894, Eugène Plon le 31 mars 1895.

« Eugène Plon étant mort sans descendance en 1895, la maison passe aux mains des héritiers de Robert Nourrit : Pierre Mainguet et Joseph Bourdel, ses deux gendres, et Adolphe Nourrit, son fils [qui obtint, le 30 novembre 1895, l’autorisation de faire précéder son nom patronymique du nom de Plon]. L’arrivée de la quatrième génération intervient peu de temps avant la Première Guerre mondiale avec l’entrée en scène d’Henri Bourdel, Henri et André Mainguet. La maison familiale sort de la guerre fragilisée par la disparition au front de trois des siens, Adolphe Nourrit, Henri Bourdel et André Mainguet. Pourtant, […] la Librairie Plon va connaître un véritable essor pendant l’entre-deux-guerres. Constituée en SARL en 1926, elle devient société anonyme en 1935. Le fonds de littérature s’enrichit avec l’arrivée d’auteurs qui vont faire le succès de la maison : après Paul Bourget, passé d’Adolphe Lemerre à Plon, et Henry Bordeaux, qui publie son premier roman en 1900, les frères Tharaud, Georges Bernanos et Julien Green vont permettre à la Librairie Plon de rivaliser avec les grands éditeurs littéraires de son temps. C’est aussi dans l’entre-deux-guerres que sont lancées plusieurs collections prestigieuses – « Le Roseau d’or », la « Collection d’auteurs étrangers », qui devient « Feux croisés », et « La Palatine » -, ainsi qu’une collection de poche, la « Bibliothèque Plon », qui réédite les succès de la maison. La Librairie Plon s’est également fait l’éditeur de deux revues littéraires, La Revue hebdomadaire et Le Nain vert, et d’un magazine d’actualités, 1933. […]
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale va désorganiser l’activité de la maison d’édition et, plus encore, celle de l’imprimerie de Meaux [l’imprimerie avait été transférée à Nanteuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne) en 1899]. […] l’Occupation va pourtant être pour Plon une période d’enrichissement : comme la plupart des éditeurs, la société profite de la forte demande de lecture, ce qui lui permet d’écouler facilement ses nouveautés et une bonne partie de ses stocks. Ses dirigeants auront toutefois à rendre des comptes à la Libération : leur engagement pétainiste et la publication de plusieurs ouvrages faisant l’apologie du gouvernement de Vichy et de la politique de collaboration leur vaudront d’être traduits en justice. Un non-lieu sera rendu, mais l’équipe dirigeante devra déployer tous ses efforts pour maintenir la réputation de la maison et consolider une trésorerie fragilisée dans un contexte économique difficile. Dans la période d’après-guerre […], c’est un homme extérieur à la famille qui va apporter un vent de renouveau dans le vieil hôtel de la rue Garancière. Charles Orengo, le fondateur des Éditions du Rocher, appelé par Maurice Bourdel au poste de directeur littéraire, va tenter de rajeunir et de diversifier les catalogues en lançant de nouvelles collections, notamment dans le domaine des sciences humaines et sociales. Mais la Librairie Plon n’aura pas la force de résister à la première vague de concentrations qui touche le monde de l’édition dans les années 1950. Elle sera l’une des premières maisons à tomber entre les mains d’un financier, Thierry de Clermont-Tonnerre, qui devient P-DG de Plon en juillet 1962. En vendant la maison de ses ancêtres à l’Union financière de Paris, qui la revendra bientôt aux Presses de la Cité, Maurice Bourdel choisit de mettre un terme à l’histoire d’une entreprise familiale vieille de quelque 130 ans. » [sic]
(Patricia Sorel. Ibid., p. 17-18)  
























Lucien Gougy (1863-1931), le libraire de Louis Barthou

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Ancienne église de Vaugirard, démolie en 1854
Photographie Musée Carnavalet
Le 10 avril 1828, en l’église Saint-Lambert du village de Vaugirard [XVe arrondissement de Paris à partir de 1860], Michel Gougy, né le 3 germinal An IX [24 mars 1801], épousa Anne-Virginie Rossignol, née à Paris le 14 novembre 1809. Après la naissance de leur fils aîné, Louis-Barthélemy, le 26 mai 1829, le couple s’installa à Paris, où naquit leur second fils, Joseph-Alfred, le 5 octobre 1830.


Michel Gougy devint libraire 15 quai Voltaire [VIIe]. Ses deux fils devinrent aussi libraires, rue Bonaparte [VIe], l’aîné au n° 17, le cadet au n° 20, et se marièrent tous les deux en 1862. Joseph-Alfred Gougy épousa, le 7 juin [XIVe], Julie Noirot, née le 11 juin 1835 à Châtillon-sur-Seine [Côte-d’Or], veuve de Nicolas-Adolphe Hémery depuis 1859. Louis-Barthélemy Gougy épousa, le 29 novembre [VIe], Marie-Antoinette Jacquet, née le 23 juin 1842 à Paris, dont les deux frères aînés étaient libraires : Eugène-Jean-Baptiste, né le 20 décembre 1834, 61 passage des Thermopyles [XIVe, rue des Thermopyles depuis 1937] ; Julien-Joseph, né le 7 juillet 1838, 76 rue du Cherche-Midi [VIe].    

Lucien Gougy, par Florian
In Almanach du bibliophile, 1899, p. 64
 Fils aîné de Louis-Barthélemy Gougy (1829-1880) et de Marie-Antoinette Jacquet (1842-1873), Lucien-Ernest Gougy est né le 3 décembre 1863, 76 rue du Cherche-Midi.

Dès 1875, Lucien Gougy commença son apprentissage chez son oncle Alfred Gougy (1830-1890), 20 rue Bonaparte, puis offrit ses services à Florian Pache (1845-1904), 7 quai Voltaire. En 1878, il entra chez Pierre-Jean Rouquette (1833-1912), dit « Rouquette Père », 85-87 passage de Choiseul [IIe], qui en fit son premier commis : il y acquit ses premières connaissances du livre ancien, y rencontra de grands bibliophiles et se lia d’amitié avec Édouard Rahir (1862-1924).

Ayant quitté la librairie Rouquette, Lucien Gougy entra aux « Grands Magasins du Louvre », rue de Rivoli [Ier], où il créa le rayon de librairie, puis passa au magasin « À la Ville de Saint-Denis », rue du Faubourg-Saint-Denis [Xe], où il installa le même rayon. Une grave maladie contractée en 1883, le cloua au lit pendant un an et le laissa estropié. 

Le quai de Conti en 1846, par William Parrott (1813-1869)
Photographie Musée Carnavalet
Il obtint alors sur les quais une place de bouquiniste-étalagiste.
Lucien Gougy épousa la fille d’un boulanger, Roseline-Julie-Joseph Charles, née le 23 septembre 1865 à Allouagne [Pas-de-Calais], qui lui donna trois filles et deux garçons.

Vue de la rue de Seine en 1912, prise du N° 15
Au premier plan : N° 12 à gauche, N° 13 à droite
En 1889, il devint propriétaire du fonds de librairie que son oncle Alfred Gougy avait transféré au 15 rue de Seine [VIe] et commença à publier un catalogue mensuel.  


La librairie de Bridoux, 5 quai de Conti, en 1883
Photographie Musée de Carnavalet

La Librairie Vienney au N° 3 et la Librairie Gougy au N° 5 du quai de Conti (1910)

Photographie Archives de Paris (1911)



In Annuaire-Almanach du commerce (Paris, Didot-Bottin, 1908, t. I, p. 2.140)
En 1895, il succéda à François Bridoux (1819-1894), qui avait tenu, depuis 1873, une Librairie ancienne et moderne [Bouquinerie centrale], 5 quai de Conti [VIe, détruit en 1931], au coin de l’étroite rue de Nevers, en face du Pont-Neuf : Bridoux avait succédé à Hardou fils, qui s’était installé en 1870. Lucien Gougy eut alors son frère Édouard-Joseph-Marie Gougy, né le 29 mai 1866 au 25 rue de Verneuil [VIIe], comme fidèle et précieux collaborateur.
Contrairement à la légende, Bonaparte, officier d’artillerie sortant de l’École de Brienne-le-Château [Aube], n’a jamais habité une mansarde, au cinquième étage de cette maison : il logea chez Charles et Marie-Laure Permon, 13 quai de Conti, à l’angle de l’impasse de Conti, au 3eétage de l’hôtel de Sillery ou « petit hôtel de Guénégaud », toutes les fois qu’il les visita, entre 1785 et 1793 ; cet hôtel fut occupé par la librairie d’Alphonse Pigoreau (1841-1919) à partir de 1875.

En-tête de lettre
 Roseline Charles étant décédée le 31 août 1913, à Lamballe [Côtes-d’Armor], Lucien Gougy se remaria, le 21 novembre 1917, à Paris [IVe], à Marie-Valburge François, née le 6 novembre 1881 à Xertigny [Vosges] : les témoins furent Édouard Gougy, son frère cadet, 62 boulevard de Clichy [XVIIIe] ; Édouard Rahir, libraire, 55 passage des Panoramas [IIe] ; Louis Barthou (1862-1934), député, ancien président du Conseil, 7 avenue d’Antin [VIIIe, avenue Franklin-D.-Roosevelt depuis 1945] ; Maurice Le Corbeiller, conseiller municipal de Paris, 81 rue de Grenelle [VIIe].

Photographie Thierry Auvray
Chevalier de la Légion d’honneur en 1921, officier en 1927, Lucien Gougy décéda 5 rue Danton [VIe], le 7 juin 1931, succombant à une foudroyante crise d’urémie. 



Ses obsèques furent célébrées le 11 juin en l’église Saint-Séverin ; il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise [96e division].

Lucien Gougy
Il avait été libraire-expert agréé près le tribunal civil de la Seine depuis 1900, président du syndicat des libraires de Paris de 1911 à 1918 et vice-président des libraires de France de 1922 à 1925.


Il avait publié plusieurs catalogues de vente publique de bibliothèques : Catalogue de la bibliothèque archéologique de feu M. le comte Arthur de Marsy (1900), Catalogue de la bibliothèque de feu Monsieur P.-A. Chéramy (1913), Catalogue des livres anciens et modernes composant la bibliothèque de Jules Lemaître (1917), Catalogue de la bibliothèque de M. le comte René de Béarn(1920-1923), Catalogue de livres anciens et modernes provenant de la librairie de feu M. Eugène Jorel(1929), Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse (1929).


Il fut l’éditeur de : Souvenirs et mémoires. Recueil mensuel de documents autobiographiquessouvenirs - mémoirescorrespondances (Paris, Lucien Gougy, 6 vol. in-8, 1898-1901) sous la direction de Paul Bonnefon (1861-1922), bibliothécaire à l’Arsenal ; 

Photographie Librairie du Cardinal
Pensées et réflexions mondaines d’un naïf(1900, in-8 carré, 150 ex.), par le comte de Frijegac [marquis Fernand de Girardin] ; Campagne de Russie (1900-1903, 4 vol. in-8, le 4epar R. Chapelot & Cie), par L. G. F. [Gabriel Fabry] ; 


Les Vieux Livres (1906, in-8, tiré à part du Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 15 novembre 1905, p. 481-490), par Jules Lemaitre ; 


Orchidées(1908, in-8, 50 ex. H. C.), par Jehan des Hâtes ; Album de huit lithographies en couleurs sur Chine, avec le monogramme « L » du lithographe (1910, in-fol., 35 ex. H. C.), par Henri de Toulouse-Lautrec ; 


Les Causeries de Lucine (s. d. [v. 1910-1920, in-8, 525 ex.), par le Docteur Minime [Dr Auguste Lutaud] ; 


La Grande Douleur des sept artistes (1923, in-4, ill. de Paul de Pidoll, 658 ex.), par Jérôme Doucet ; 


Les Choses meurent (1927, in-8 carré, 16 compositions en couleurs de Léon Raffin, 500 ex.), par Jérôme Doucet. 


Les livres anciens et modernes de la librairie furent dispersés en six ventes à l’Hôtel Drouot – Catalogue des livres ayant composé le fonds de M. Lucien Gougy, ancien libraire (Paris, Ch. Bosse, 1934-1936, 6 vol. in-8) : du lundi 9 au vendredi 13 avril 1934, du mercredi 10 au samedi 13 octobre 1934, du lundi 15 au jeudi 18 octobre 1934, du lundi 10 au mercredi 12 février 1936, du mercredi 1er au vendredi 3 juillet 1936 et le jeudi 8 octobre 1936.


Sa bibliothèque personnelle fut également vendue à l’hôtel Drouot :

In  Le Temps, 25 février 1934


Du 5 au 8 mars 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Première partie […]. Avant-propos de M. Louis Barthou, de l’Académie française (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 237 p., pl.).

« Les livres que les enchères vont disperser sont la meilleure preuve du goût avisé, varié et résolu qui inspirait les choix de Lucien Gougy. Leur diversité m’a surpris. Si grande fût mon intimité avec lui, je ne savais pas tout ce que renfermaient les vitrines de sa “ librairie ” personnelle. Les libraires qui se font des collections ne montrent jamais, même à leurs meilleurs amis, toutes leurs richesses. Ont-ils peur d’être pressés par des offres irrésistibles ? Ou bien craignent-ils des questions inutiles sur des transactions heureuses qu’ils ont poursuivies à l’insu de concurrents dangereux ? Je ne sais, mais, comme Arvers, ils ont leurs secrets et leurs mystères que, seule, la vente publique découvre et libère. »
(Louis Barthou. « Avant-propos ». In Bibliothèque de M. Lucien Gougy. 1934, I, p. 6-7)

À la vacation du lundi 5 mars assistèrent : Robert de Billy, ambassadeur de France et Madame, le général Willems, le colonel Lévy, Madame Pratt, Perreau, Lardanchet, Flamang, Gruel, Faure, Lefrançois, Picard, maître Desvouges, Meulemerre, Rousselot. Parmi les enchères principales : Horæ ad usum Romanum, manuscrit sur vélin du XVe siècle, orné de 12 grandes miniatures et 20 petites, attribuables à l’École de Jean Bourdichon, 58.200 francs ; 


Les Fais maistre Alain Chartier (1489), en reliure ancienne, 7.000 fr. ; 


Hypnerotomachia Poliphili, par Colonna (1499), 20.100 fr. ; 


Dialogus Creaturarum (1480), aux armes du baron A. Seillière, 19.000 fr. 


Ortus sanitatis (v. 1500), 11.200 fr. ; 

Photographie Gonnelli
Prose di M. Pietro Bembo nellequali si ragiona (1549), 6.900 fr. 
Cette première journée produisit 387.460 francs.

La deuxième vacation eut lieu dans une salle archibondée, comme la veille. Dans la salle, parmi les fervents : Henri Vever, le colonel Lévy, le général Willems, Robert de Billy, Schuhmann, Seymour de Ricci, Michel Lazard, Charles Bosse, maître Desvouges. Parmi les principaux prix de cette deuxième séance : 

Photographie BnF
Avecques la devise des armes de tous les chevaliers de la table ronde, par Gyron Le Courtoys (Paris, Anthoyne Vérard, 1503), 5.100 fr. ; 


Les Œuvres de Jodelle (1597), 5.600 fr. ; 


La Morosophie de Guillaume de la Perrière (1553), 4.120 fr. ; 


Elegantissime sentenze et aurei detti, par Nicolo Liburnio (1543), 6.500 fr. ; 


Le Livre des statuts et ordonances de l’Ordre Sainct Michel (v. 1550), 4.550 fr. ; 


Le Roman de la Rose (1503), 6.880 fr. ; 


Le Roman de la Rose (1531), 4.410 fr. ; 

Photographie BnF
Le Grand Combat des ratz et des grenouilles, par Antoine Macault (1540), 4.080 fr. ; 

Photographie BnF
L’Heptameron des nouvelles de tresillustre et tresexcellente princesse Marguerite de Valois (1559), 7.200 fr. ; 


Les Œuvres de Clément Marot (Dolet, 1543), 7.000 fr. ; 

Photographie BnF
Les Histoires et Chroniques du Monde, de Jean de Maumont (1561), 5.900 fr. ; 


Il Petrarcha (Venise, 1547), 6.000 fr. ; 


Les Généalogies, de Platine (1519), au chiffre de Louis XIII, 17.800 fr. ; 


Vitæ comparatæ, de Plutarque (1566), 5.180 fr. ; 


Le Quart Livre, de Rabelais (1552), 6.750 fr. ; 


Les Dix Premiers Livres de l’Iliade d’Homère, par Hugues Salel (1545), 3.890 fr. ; 


Deux discours de la nature du monde & de ses parties, par Pontus de Tyard (1578), dans une reliure aux armes de Henri III, 12.000 fr. ; 


l’édition originale de Champ fleury, Geofroy Tory (1529), 12.500 fr. La plupart des ouvrages firent entre 2.000 et 5.000 francs ; on en arriva à regarder comme des parents pauvres ceux qui ne dépassaient pas 1.000 francs !

La troisième vacation enregistra des résultats aussi satisfaisants que pour les deux vacations antérieures. Parmi les adjudications les plus importantes : 

Photographie Eric Grangeon
L’Oraison funèbre de très haute et très puissante princesse Anne de Gonzague de Clèves, de Bossuet (1685), édition originale, 5.000 fr. ; 


Le Théâtre de Corneille (1682), 3.250 fr. ; 

Photographie Bibliothèque patrimoniale de Toulouse
Discours sur les arcs triomphaux dressés en la ville d’Aix (1624), aux armes de la reine Anne d’Autriche, 14.000 fr. ; 


Les Charactères des passions, par de La Chambre (1648), 5.800 fr. ; 


l’originale de La Princesse de Clèves, par Madame de La Fayette (Barbin, 1678), 8.000 fr. ; 


De Sacra Ampulla Remensi, tractatus apologeticus, par Le Tenneur (1652), 4.510 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1666), 6.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1674-1675), 6.100 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1682), 5.000 fr. ; 

Photographie BnF
Les Images ou Tableaux de platte peinture, de Philostrate (1615), 3.000 fr. ; 


l’originale de Bérénice, de Racine (1671), 4.000 fr. ; 


l’originale de Mithridate, 2.400 fr. ; 


Exemplaire de Lucien Gougy
Photographie The Metropolitan Museum of Art, New York
Mémoire sur un rouet à filer des deux mains à la fois, par de Bernières (1777), aux armes de Marie-Antoinette, 9.800 fr. ; 


Le Décaméron de Boccace (1757-1761), 16.600 fr. ; 


Les Principales Avantures de l’admirable Don Quichotte (La Haye, 1746), 4.560 fr. ; 


Les Baisers de Dorat (1770), exemplaire en grand papier, dans un maroquin ancien, 23.100 fr. 
Les trois premières vacations dépassèrent le million.

Parmi les adjudications les plus mouvementées de la dernière vacation : 


Armorial des principales maisons et familles du royaume par Dubuisson (1757), 6.700 fr. ; 


Les Aventures de Télémaque, de Fénelon (1785), 5.100 fr. ; 


Les Œuvres de Gessner (1786-1793), 8.300 fr. ; 


L’Invocation et l’Imitation des Saints (1721), dans une reliure aux armes du chancelier Maupéou, 6.150 fr. ; 


Le Choix de chansons de La Borde (1773), dans un maroquin bleu, 20.000 fr. ; 


Les Amours de Psyché, de La Fontaine (1791), 7.400 fr. ; 


Contes et nouvelles de La Fontaine, édition des Fermiers généraux, 12.000 fr. ; 


Contes et nouvelles (1795), 5.000 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1755-1759), bel exemplaire en maroquin ancien aux armes, 30.400 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1765-1775), 5.900 fr. ; 


Les Amours de Daphnis et Chloé (1718), 7.300 fr. ; 


Les Nouvelles de Marguerite, reine de Navarre (Berne, 1780-1781), 5.300 fr. ; 


Contes moraux, de Marmontel (1765), 4.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1734), aux armes de Desmarets de Maillebois, 14.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1773), 10.400 fr. ; 


Le Temple de Gnide, de Montesquieu (1794), dans un maroquin aux armes de Napoléon Ier, 6.100 fr. ; 

Exemplaire de Lucien Gougy
Paris, Alde, 24 mai 2016 : 8.000 € 
Essai sur l’agriculture moderne, par les abbés Nolin et Blavet (Prault, 1755), dans une reliure aux grandes armes de la marquise de Pompadour, 7.000 fr. [vient de Hippolyte Destailleur, 1891, N° 795]

Photographie Camille Sourget


Œuvres de maître François Rabelais (1741), 12.000 fr. ; 


Œuvres de Jean Racine (1768), 11.050 fr. 
Les 4 vacations produisirent 1.568.705 francs.

Du 7 au 9 novembre 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Deuxième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 123 p., pl.).

Un public nombreux, composé de bibliophiles français et étrangers, emplissait la salle le mercredi 7 novembre. Un manuscrit, sur papier du XVe siècle, renfermant une copie unique des œuvres poétiques du malheureux roi Charles VI, fut adjugé 4.500 francs. Un beau manuscrit sur vélin du XVe, L’Horloge de Sapience, par Henri Suso, fut acquis moyennant 5.450 fr. par la Bibliothèque nationale. 


La Divina Commedia du Dante (Venise, 1477), dans une reliure moderne en peau de truie estampée à froid, fut payée 8.100 fr. ; 

Photographie BnF
Dialogus Creaturarum (Gouda, 1481), demi-reliure ancienne en maroquin, 5.850 fr. ; 


Hypnerotomachie, ou Discours du songe de Poliphile, de Francesco Colonna (Paris, 1561), 4.300 fr. ; 


Les Essais de Michel seigneur de Montaigne (1595), dans une magnifique reliure doublée de Lortic, 5.520 fr.

Le lendemain furent enregistrées d’excellentes enchères, parmi lesquelles : 


la première édition de Paraphrase des psaumes de David (1648), aux armes de la reine Anne d’Autriche, 3.100 fr. ; 


l’originale d’Iphigénie de Racine, 2.650 fr.

Ce fut sur un total de 373.000 francs que prit fin le 9 novembre, la vente de la deuxième partie de cette bibliothèque, avec de très belles adjudications : Le Choix de chansons de La Borde (1773), dans un maroquin vert de Chambolle-Duru, 5.950 fr. ; Les Contes de La Fontaine, édition des Fermiers généraux, 4.150 fr. ; Les Fables de La Fontaine (Desaint, 1755-1759), exemplaire de premier tirage relié en maroquin bleu à filets, 9.050 fr. ; les Œuvres de Molière (1734), en reliure ancienne, 4.200 fr. ; Les Métamorphoses d’Ovide (1767-1771), dans un maroquin de Cuzin, 2.315 fr.

« La bibliothèque Lucien Gougy n’était pas de celles qui passionnent les grands bibliophiles, et son produit total l’atteste, qui ne fut que de 373.000 francs. Mais elle offrait, en revanche, le piquant intérêt de réunir une quarantaine d’éditions originales de Rétif de la Bretonne, si recherchées toujours et, certes, plus recherchées aujourd’hui que jamais.
Les originaux de Rétif – on sait que son état de typographe lui permit de composer et d’imprimer lui-même une bonne part des quelque cinquante ouvrages qu’il écrivit de 1767 à 1797 – sont rares ou rarissimes. Tout d’abord, le tirage en fut le plus souvent très restreint ; en outre, nombre d’exemplaires ont été mutilés par des libraires qui en arrachaient les images pour les vendre à part. Enfin, certains ouvrages furent en grande partie détruits par la famille. Aussi, lorsque vers le milieu du dix-neuvième siècle, quelques fureteurs de gloires ensevelies ramenèrent au jour Rétif de la Bretonne, bien oublié depuis 1806, date de sa mort, les bibliophiles durent payer très cher ce que leurs prédécesseurs avaient un peu trop dédaigné.
En 1874, le libraire Auguste Fontaine était parvenu à réunir deux collections complètes des ouvrages de Rétif. Or, de chacune, il demandait vingt mille francs. Et il les vendit rapidement à ce prix.
Que ferait actuellement, en vente publique une collection complète, en état impeccable, des cinquante éditions de Rétif ? Il est bien difficile d’en donner une estimation en se basant sur les prix atteints par les éditions accidentelles.
Les Rétif de la vente Gougy n’étaient pas de premier ordre. Cependant, quelques prix remarquables ont 


été enregistrés, notamment par les Lettres d’une fille à son père, adjugées 650 francs ; par les Contemporaines (en seconde édition pour les deux premières séries), qui ont fait 1.850 francs ; par la Découverte Australe, 900 francs ; par les Tableaux de la bonne compagnie, (avec les figures de Moreau le jeune en réduction), 685 francs ; par les Parisiennes, 710 francs ; par la Femme infidèle (édition de 1786), poussée à 820 francs.
Certes, même à cette vente, les collections de Rétif formées par le libraire Fontaine seraient allées bien au-delà des 20.000 francs qu’il en demandait de chacune en 1874. »
(T. « Le Rétif de la Bretonne de la Bibliothèque Lucien Gougy ». In L’Œuvre, 11 novembre 1934)    

Du 19 au 21 novembre 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Troisième partie […]. Avant-propos de M. Louis Barthou, de l’Académie française (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 117 p., pl.).
Le catalogue est enrichi d’un très beau portrait de Lucien Gougy et de l’avant-propos de Louis Barthou qui figurait déjà dans le catalogue de la première partie.


Le lundi 19 novembre, Les Beaux Jours de la vie, par Daumier, furent adjugés 1.900 fr. ; 

Photographie Librairie Le Feu follet
l’originale du Dernier Chouan de Balzac (Paris, 1829), 1.225 fr. ; 


celle des Fleurs du mal de Baudelaire, 1.250 fr. ; 


celle des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, 1.620 fr. ; 


celle, sur Hollande, de L’Éducation sentimentale de Flaubert, avec dédicace manuscrite, 3.750 fr. ; 


celle, sur Hollande, des Trois Contes de Flaubert, 2.100 fr.

Le 20 novembre, en présence d’une assemblée très nombreuse, les romantiques, dont les reliures étaient dans un état de fraîcheur magnifique, furent particulièrement disputés : 


Les Mille et Une Nuits, contes arabes, traduits par Galland (Galliot, 1822-1825), exemplaire sur grand vélin, dans une superbe reliure de Simier, furent payées 4.000 fr. ; 

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche
les Œuvres complètes de Mesdames de La Fayette et de Tencin (1804), dans une belle reliure de Lefebvre, 1.770 fr. ; 

Photographie Antiquités de Maguelone
les Œuvres de La Fontaine (1822-1823), exemplaire contenant plus de 1.300 pièces ajoutées, 2.600 fr. ; 

Parmi les modernes illustrés : 


L’Éloge de la folie d’Érasme (1906), 4.150 fr. ; 


La Rôtisserie de la reine Pédauque, d’Anatole France (Pelletan, 1911), exemplaire sur Chine, 4.510 fr.


Le 21 novembre se termina la dispersion de la troisième partie de la bibliothèque sur un produit d’environ 300.000 francs : un exemplaire, dans une reliure de Noulhac, de À rebours, de J.-K. Huysmans, avec bois en couleurs d’Auguste Lepère (Cent Bibliophiles, 1903), a obtenu 8.700 fr.    

Du 22 au 24 octobre 1935 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Quatrième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1935, in-4, 127 p., pl.).

Le mardi 22 octobre, on put reconnaître dans la salle Mme Siret-Landrin, le général Braconnier, le comte de Billy, le comte du Bourg de Bozas, Rousselot, Maurice Escoffier, Achille Ségard, Gruel, Rassat, Lafont, Lardanchet, Lefrançois, etc. De l’avis des plus compétents, les enchères furent tout à fait satisfaisantes : 

Photographie British Museum
Auslegung des Amts der heiligen Messe (Augsbourg, 1484), 2.350 fr. ; 


Trionfi, Sonetti e Canzoni, par Pétrarque (Venise, 1497), 2.310 fr. ; 


Des croniques de France, d’Angleterre, etc., par Froissart (1518), 2.350 fr. ; 


Le Roman de la rose, par Guillaume de Lorris (1526), 4.400 fr. ; 


Essais de Montaigne (1595), au chiffre « DSM » de Scévole de Sainte-Marthe et portant de nombreuses notes de sa main, 15.300 fr. Un exemplaire du Pseaultier de David (1585) portait, sur une feuille de garde, cette note : « Je l’ai trouvé à Aix, sur la place des Prêcheurs, le 1er février 1873, dans un lot de vieux livres qui venait d’être acquis à l’encan par un fripier, auquel je l’ai immédiatement acheté au prix de 1 fr. 25 ».

Le 23 octobre, les Œuvres de Molière (1666) firent 4.950 fr. ; les Œuvres de Molière (1674-1675), 3.550 fr. ; le Décaméron de Boccace (1757), 6.100 fr.

Le 24 octobre termina la vente de la quatrième partie de cette considérable bibliothèque, sur un produit total de 235.000 francs : 


La Mort d’Abel, par Gessner (1793), fut adjugée 1.300 fr. ; Les Contes de La Fontaine (édition des Fermiers généraux), 3.720 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1787), 2.280 fr. ; Les Œuvres de Molière (1734), 3.810 fr. ; Le Temple de Gnide, de Montesquieu (1794), 2.620 fr. ; 

Photographie Musée Médard
le Répertoire du théâtre françois (1803-1804), dans un maroquin signé Bozerian, 1.890 fr.  


Du 11 au 13 mai 1936 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Cinquième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1936, in-4, 110 p., pl.).

La vacation du lundi 11 mai a donné des résultats satisfaisants : 


les Œuvres complètes de H. de Balzac (1842-1855) furent adjugées 2.000 fr. ; 


Œuvres complètes de P.-J. de Béranger (1847), exemplaire de Rachel, 1.240 fr. ; 


Chants et chansons populaires de la France (1843), 1.620 fr. ; 


Notre-Dame de Paris (1844), dans un maroquin mosaïqué de Marius Michel, 2.500 fr. ; 


Recherches sur les ossemens fossiles de quadrupèdes, par Cuvier (1812), 1.900 fr. ; 


Quinze histoires d’Edgar Poë (Amis des livres, 1897), reliure de Kieffer, 3.700 fr. ; 


Les Fleurs du Mal (Cent Bibliophiles, 1899), dans une reliure de Canape, 2.150 fr. ; 


Histoire comique, d’Anatole France (1905), exemplaire sur Chine, 1.650 fr. ; 


Foires et marchés normands, par Joseph L’Hopital (Société normande du livre illustré, 1898), 1.750 fr. ; 


Les Chansons de Bilitis (Ferroud, 1906), exemplaire unique sur Japon, relié par Charles Meunier, 2.000 fr.


Le 12 mai, on a payé 2.650 fr. les Contes du temps passé, par Charles Perrault (Curmer, 1843), dans un maroquin de Chambolle-Duru.

Le 13 mai a pris fin, sur un total de 277.000 francs, la vente de la cinquième partie de cette bibliothèque : 


Paul et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre (1806), dans une reliure de Chambolle-Duru, 3.050 fr. ; 


Les Mémoires de Saint-Simon (1856-1858), 2.500 fr. ; 


Servitude et grandeur militaires, par Alfred de Vigny (1897), avec 8 dessins par Dawant, 1.400 fr. ; 


Les Ballades, de Villon (1896), exemplaire sur Japon, relié par Marius Michel, 2.050 fr.




























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