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Channel: Histoire de la Bibliophilie
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Enfin parue ! La Table générale du Bulletin du bibliophile, 1934-2014. Indispensable aux bibliophiles et aux historiens du livre.

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Avec deux illustrations rares en couleurs




Pigoreau (1765-1851), libraire pour les romans

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Nicolas-Alexandre Pigoreau est né le 26 janvier 1765, dans le quartier de l’Opéra [IXe], où ses parents, Claude Pigoreau et Marie-Jeanne-Thérèse Platard, née le 19 février 1734 à Joigny [Yonne], étaient employés.
Il fit ses études d’abord au collège de Montaigu, dont l’entrée donnait sur la rue des Sept Voies [rue Valette, Ve] et qui fut converti en hôpital et en maison de correction militaire en 1792, puis rasé en 1842, pour laisser la place à la future Bibliothèque Sainte-Geneviève, édifiée de 1844 à 1850 par l’architecte Henri Labrouste (1801-1875).
Ensuite, il poursuivit ses études au collège d’Harcourt, rue de la Harpe [Ve], qui fut fermé et converti en prison en 1793, avant d’être démoli en 1795.


Devenu, en 1792, professeur de grec et de latin au séminaire des Trente-Trois, 34 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève [Ve], qui fut supprimé en 1797, Pigoreau suppléait souvent Jean-Baptiste Gail (1755-1829), professeur de littérature grecque au Collège de France, place Cambrai [place Marcelin Berthelot, Ve].

Menacé dans sa sécurité personnelle par la robe de séminariste qu’il portait, Pigoreau prit l’habit séculier 

Conciergerie et Pont au Change, après la destruction des maisons

et débuta dans la librairie, comme bouquiniste, près du pont au Change [Ier] : il étalait sur une table les livres qui lui avaient servi à enseigner, qu’il renouvelait le soir aux principales ventes de livres, dont celles de la rue des Bons-Enfants [Ier].

Terrasse des Feuillants (1812)

Il se décida bientôt à louer une des échoppes adossées alors au jardin des Tuileries, sur la terrasse des Feuillants [Ier], avant d’exercer sa profession dans le quartier du Palais-Royal [Ier] : « cour de la Convention, et rue de Rohan, N°. 33 » [An III, 1794-1795], puis « Palais-Égalité, galerie Noire du théâtre de la République » [An VI, 1797-1798].

Place Saint-Germain-l'Auxerrois en 1830, par François Courboin (1865-1926) [détail].



La colonnade du Louvre, vue de la rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois
Photographie Charles Marville (1866)

La colonnade du Louvre, vue de la rue Chilpéric
Episode du 29 juillet 1830, par Paul Lecarpentier (1831)

Dès 1796, il s’installa également place Saint-Germain-l’Auxerrois [Ier], son adresse unique de l’An VII [1798-1799] à 1835.
Les numéros des maisons de cette place étaient peints en rouge sur fond ocre, conformément à la réglementation de 1805, pour les rues parallèles à la Seine : les impairs allaient de 27 à 43, et faisaient partie de ceux de la rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, et les pairs de 20 à 24 étaient la suite de la série de la rue Chilpéric.
La librairie de Pigoreau porta le n° 20 : les numéros « 28 » [An XIII-1805], « 2 » [1815], « 22 » [1819] et « 8 » [1825], trouvés sur certaines de ses éditions, sont des erreurs typographiques ou les témoins d’un changement temporaire de numérotation.

Place Saint-Germain-l'Auxerrois en mai-juin 1856
Photographie Edouard Baldus

Place du Louvre et église Saint-Germain-l'Auxerrois en 1865

La librairie occupait l’emplacement qui est aujourd’hui devant le beffroi qui fut élevé entre l’église et la mairie de Ierarrondissement, cette dernière bâtie entre 1857 et 1861. 

La maison du Journal des Débats, à droite, avant le Café Momus

Elle se trouvait à quelques dizaines de mètres du Journal des Débats, 17 rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, la porte cochère vis-à-vis l’église :

« La maison où ses bureaux sont établis est respectable par son air de vétusté ; ses murailles noircies par le voisinage de l’imprimerie, ses escaliers de bois et de briques usés par le frottement incessant du public, ses murailles épaisses et massives, ses couloirs étroits, ses fenêtres bizarres, qui n’ont de nom dans aucune architecture, tout lui donne un air de ressemblance avec ces couvents de bénédictins, d’où le luxe était banni, et qui servaient de refuge à l’étude, à la prière, au recueillement. Ce n’est pas sans un certain respect qu’on franchit le seuil de cette porte cochère où tant d’hommes célèbres ont passé avant nous : Châteaubriand [sic] a mis le pied sur cet escalier où vous montez ; Etienne a tourné le bouton de cette porte ; Fontanes et Fiévée se sont coudoyés dans ce couloir ; Geoffroy a écrit un de ses brûlants articles sur cette table vermoulue ; des princes, des ministres, des ambassadeurs, se sont assis dans ces antichambres ; ici on a proclamé la déchéance d’une monarchie ; là, on a salué l’avènement d’un gouvernement nouveau. Que d’événements, que d’intrigues, que de mystères ces murailles nous raconteraient, si elles pouvaient parler !
Au rez-de-chaussée de la maison se trouve l’imprimerie de M. Lenormant, un des fondateurs et des copropriétaires du Journal des Débats. Là, le travail ne chôme jamais, ni dimanches ni jours de fêtes ; c’est un grincement de machines, un frôlement de papier, un sifflement de vapeur, un va-et-vient sans relâche du 1er janvier au 31 décembre. C’est de là que sort rayonnante cette feuille légère que l’art de Guttemberg [sic] a transformée, et qui fait reine du monde la pensée humaine. Au premier étage sont les bureaux de l’administration, au second étage sont ceux de la rédaction. »
(Jules Brisson & Félix Ribeyre. Les Grands Journaux de France. Paris, 1862, p. 357-358)   

Son commerce ayant prospéré, Pigoreau acheta, vers la fin de 1810, une maison de campagne qui avait appartenu au célèbre acteur Pierre-Louis Dubus (1721-1799), dit « Préville », située à l’extrémité du faubourg Saint-Antoine, 72 rue de Picpus [XIIe], près la Barrière du même nom. 

Barrière de Picpus, par Palaiseau (1819)
Photographie BnF

C’est dans cette retraite tranquille qu’il se rendait le soir et examinait les manuscrits que les auteurs lui confiaient pour être imprimés.Il fut enfin breveté le 1er avril 1812.

Son frère aîné, Claude-Balthazar Pigoreau, commissaire-priseur, fut, en 1810, maire de Vaux-sur-Seine [Yvelines], où il décéda le 1erfévrier 1848. 


Il fut l’auteur d’un Nouveau traité de la pêche dans les fleuves et rivières navigables, avec lignes volantes et flottantes, par C. B. Pigoreau ; revu et augmenté du vade-mecum du pêcheur, et de la pêche des poissons de rivières, pendant chaque mois. Par C. Kresz ainé, fabricant d’ustensiles de pêche et de chasse (Paris, Corbet ainé et Kresz ainé, 1828, in-12, pl. et tableau), qui annonçait être un supplément à la Pisciceptologie, ou l’Art de la pêche à la ligne […]. Par J. C*** [Jean Cussac] (Paris, Imprimerie de Cussac, 1816 [1817 sur la couv.], in-12, front. et 28 pl.).


Le 19 frimaire An II [9 décembre 1793], Pigoreau avait épousé une de ses cousines, Anne-Angélique-Charlotte Bertrand, née à Gènes [Italie], le 21 septembre 1775, qui lui donna quatorze enfants, tous nés à Paris, dont huit étaient toujours vivants en 1848 :

-Alexandre-Claude, né le 5e jour complémentaire de l’An VI [20 septembre 1798], mourut le 19 janvier 1868 [Ve]. Libraire breveté le 15 janvier 1823, 11 rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, puis 7 rue d’Enfer [Ve], il épousa Marie-Aglaé Lenfant, née le 25 novembre 1804, brevetée le 24 janvier 1851, qui mourut à Paris, 62 rue du Cardinal Lemoine [Ve], le 3 mai 1875.
-Adèle-Charlotte, née le 15 fructidor An VII [1erseptembre 1799] et décédée le 1er mars 1859.
-René-Adrien, né le 23 août 1800.
-Thérèse-Charlotte-Nicole, née le 7 novembre 1801, épousa Louis-Joseph Lemarchand, né le 27 juillet 1803, imprimeur breveté le 20 avril 1839.
-Le 6 janvier 1827, Alexandrine-Flore, née le 23 juin 1807, épousa Hippolyte-Désiré Bazouge, né le 15 janvier 1802, breveté le 1erjuin 1837 : ils exercèrent la librairie sous la raison sociale « Bazouge-Pigoreau », 14 rue des Beaux-Arts [VIe], puis, successivement, 21 rue des Grands Augustins [VIe], 17 bis quai des Grands Augustins [VIe], 7 quai des Grands Augustins [VIe] et 33 rue Saint-André-des-Arts [VIe].
-Louise-Joséphine, née le 2 mai 1810 et décédée le 3 mars 1862, épousa, à Crécy-en-Brie [Crécy-la-Chapelle depuis 1972, Seine-et-Marne], le 17 avril 1841, le successeur de son père, Jean-Charles Schwartz, né à Paris le 16 pluviôse An X [5 février 1802], libraire breveté le 28 janvier 1823, 9 quai des Grands Augustins [VIe].Schwartz décéda le 18 septembre 1883, 8 rue de l’Éperon [VIe].
-Eugène-Charles-Alexandre, né le 27 mars 1811.
-Alphonse, né le 24 avril 1812, épousa, le 13 novembre 1837, à Saint-Martin-les-Voulangis [Seine-et-Marne], Élisa Harmand, née le 9 mai 1818 à Maisoncelles-en-Brie [Seine-et-Marne], fille de Nicolas-Sébastien Harmand, fermier, et de Marie-Madeleine Coquillon. Libraire breveté seulement le 6 décembre 1850, il exerça, successivement, 21 rue des Grands Augustins [VIe], 15 quai des Grands Augustins [VIe], 9 quai des Grands Augustins [VIe] et 1 rue du Jardinet [VIe]. Il décéda à Caen [Calvados], le 19 mars 1858. Sa veuve, brevetée le 8 février 1862, lui succéda et décéda le 10 août 1895, 5 quai Malaquais [VIe].
Leur fils Charles-Alphonse Pigoreau, né le 21 février 1841, acheta en 1875 la librairie de la veuve Maire-Nyon [Aglaé-Henriette Nyon (1787-1872), veuve de Étienne-François Maire († 1833)], 13 quai de Conti [VIe], où il s’installa, ayant été exproprié de la rue du Jardinet, par suite des travaux du boulevard Saint-Germain. Resté célibataire, il mourut le 4 janvier 1919.

Photographie BnF

Pendant près de quarante années, Pigoreau édita une grande quantité d’ouvrages, en particulier des romans et quelques livres sur les sciences occultes, parmi lesquels :


Manuel d’Épictète et Tableau de Cébès, en Grec, avec une traduction française […]. Par Lefebvre Villebrune, bibliothécaire de la Bibliothèque nationale (Paris, Gail l’aîné et Pigoreau, An III [1794-1795], 2 vol. in-12).


Roland furieux, poëme héroïque, de l’Arioste, avec figures, par le comte de Tressan (Paris, Pigoreau, 1796, in-12).


Le Bohémien, contenant l’art de tirer les cartes, suivi de l’art d’escamoter, et de l’application des rêves aux numéros de la loterie (Paris, Pigoreau, An Six [1797-1798], in-12).


Adonis, ou le Bon Nègre, mélodrame, en quatre actes, avec danses, chansons, décors et costumes créoles. Par les citoyens Béraud de La Rochelle et Joseph Rosny (Paris, Glisau, Pigoreau et le citoyen le Pan, An VI [1797-1798], in-12).


Valérine de Monsabran, ou la Victime de la confiance. Anecdote française. Par L. F. G. B….. [Béraud]de La Rochelle, auteur de plusieurs pièces de théâtre (Paris, Pigoreau, An VII [1798-1799], in-12).


Valmor et Lydia, ou Voyage autour du monde de deux amans qui se cherchoient (Paris, Pigoreau et Leroux, An VII [1798-1799], 3 vol. in-12, fig.).


Pauliska, ou la Perversité moderne ; mémoires récens d’une Polonaise (Paris, Lemierre, Pigoreau, Raphel et Bertrandet, An VII [1798-1799], 2 vol. in-12, front.).


Tiamy, ou la Cachette de mon oncle ; histoire de quatre enfans du mystère et de leurs parens (Paris, Pigoreau, 1800, in-12).


Almanach littéraire, ou Étrennes d’Apollon. Recueil de productions en vers ou en prose […]. Par C. J. B. Lucas-Rochemont, membre de la Société libre des belles-lettres de Paris (Paris, Moller, Desenne et Pigoreau, An 9-1801, in-12).


Le Cousin de Mahomet(Paris, Pigoreau et Imbert, An IX-1801, 2 vol. in-12).


Harpagoniana, ou Recueil d’aventures, d’anecdotes, et de traits plaisans, sérieux et comiques, sur les avares […]. Par C. d’Aval….. [Cousin d’Avallon] (Paris, Pigoreau, 1801, in-8).


Les Deux Cousines, ou les Époux comme il y en a peu(Paris, Drost aîné, Fuchs, Pigoreau, Borniche, 1801, 3 vol. in-12).

Le Comte de Comminge, ou les Amans malheureux (Paris, Pigoreau, An 10-1802, in-12).


Histoire amoureus[sic] de Mme de La Valière[sic], racontée par les auteurs du temps(Paris, Pigoreau, An XIII-1804, in-8)


Histoire amoureuse de Mme de Maintenon, racontée par les auteurs du temps (Paris, Pigoreau, An XIII-1804, in-12, front.).


Histoire des Templiers(Paris, An XIII-1805, in-12).


Collection complète des bulletins de la Grande Armée et de l’Armée d’Italie, compris les XXIV articles définitif [sic] du Traité de Paix. Le 15 Janvier 1806 (Paris, Rochette, Pigoreau, s. d. [1806], in-12, front.).


Le Bachelier de Salamanque, ou les Mémoires et Aventures de Don Chérubin de La Ronda. Par Lesage (Paris, Pigoreau, 1810, in-12).


La Cuisinière bourgeoise, suivie de l’Office, à l’usage de tous ceux qui se mêlent de la dépense des maisons (Paris, Pigoreau, 1810, in-12).



Les Médicis, ou la Renaissance des sciences, des lettres et des arts en Italie, en France, etc. Par Paccard (Paris, Pigoreau et Imprimerie de Laurens aîné, 1812, 4 vol. in-12).


Les Israélites modernes, ou Aventures des deux frères Daroca. Par Joshiah Hacohen (Paris, Pigoreau, et Évreux, J.-J.-L. Ancelle, 1812, 2 vol. in-12).


Erreur et mystère. Par M.me L. V. (Paris, Pigoreau, 1813, 4 vol. in-12).


Anne de Russie et Catherine d’Autriche, ou les Chevaliers de l’Ordre Teutonique, et la mère Écuyer. Par MME. Barthélemy-Hadot (Paris, Pigoreau, 1813, 3 vol. in-12).  


Le Numéro 113 ou les Catastrophes du jeu. Histoire véritable, publiée par P. Cuisin (Paris, Pigoreau, 1814, in-12, front.).


Folie et raison(Paris, au Cabinet littéraire et chez Pigoreau, 1815, 2 vol. in-12).


Procès et supplice de Marie-Antoinette d’Autriche, veuve de Louis XVI [...]. Par Desessarts(Paris, Pigoreau, 1815, in-12).


Christine Reine de Suède, ou la Fille du Grand Gustave. Nouvelle historique du dix-septième siècle, publiée par M. Paccard (Paris, Laurens aîné et Pigoreau, 1816, 2 vol. in-12, front.).



Guillaume Penn, ou les Premiers Colons de la Pensylvanie ; par MME. Barthélemy Hadot(Paris, Pigoreau, 1816, 3 vol. in-12).


Édouard et Elfride, ou la Comtesse de Salisbury, roman historique duXIVe. siècle (Paris, Pigoreau, 1816, 3 vol. in-12, front.).


La Nouvelle Cuisinière bourgeoise[…]. Par l’auteur du Parfait cuisinier(Paris, Davi et Locard, Pigoreau, Philippe, Juillet 1817, 4eédition, in-8).


Le Panorama des boudoirs, ou l’Empire des Nairs, le vrai paradis de l’amour […] ; par le chevalier James Lawrence (Paris, Pigoreau, 1817, 4 vol. in-12, 4 grav. coloriées).


Les Admirables Secrets d’Albert Le Grand (Paris, Pigoreau, 1818, in-12).


Barbarinski, ou les Brigands du château de Wissegrade, imité de l’Anglais, d’Anne Radcliffe ; par M.mela comtesse du Nardouet (Paris, Pigoreau, 1818, 2 vol. in-12).


Mes souvenirs sur Napoléon, sa famille et sa cour ; par Mme. Ve. du général Durand, attachée, pendant quatre ans, à l’Impératrice Marie-Louise (Paris, l’Auteur et Pigoreau, 1819, 2 vol. in-12).


Dictionnaire des romans anciens et modernes, ou Méthode pour lire les romans, d’après leur classement par ordre de matières (Paris, A. Marc et Pigoreau, septembre 1819, in-8).


Le Château de Marozzi, ou l’Orpheline persécutée. Par Mme. la comtesse Amélie de C*** [Choiseul] (Paris, Pigoreau, 1819, 2 vol. in-12, front.).


Les Mille et Une Nuits, contes arabes, traduits en Français par M. Galland (Paris, Pigoreau, Corbet, Chassaignon et Lécrivain, 1819, 7 vol. in-12, fig.).


Le Guide du voyageur à Fontainebleau […] ; par Ch. Rémard, conservateur de la Bibliothèque du château royal (Fontainebleau, E. Durant, Paris, Pigoreau et Masson, 1820, in-8).





Petite Bibliographie biographico-romancière, ou Dictionnaire des romanciers, tant anciens que modernes, tant nationaux qu’étrangers (Paris, Pigoreau, Octobre 1821, in-8), avec 22 suppléments et des appendices, qui s’y trouvent rarement réunis.


L’Onanisme. Dissertation sur les maladies produites par la masturbation. Par Tissot, D. M. (Paris, Pigoreau, Corbet, Lécrivain, 1821, in-12).


L’Abbaye de la Trappe, ou les Révélations nocturnes (Paris, Pigoreau, 1821, 3 vol. in-12).


Le Jardin de l’enfance, de la jeunesse et de tous les âges, ou Complimens du jour de l’an et des fêtes, pour des parens, des bienfaiteurs, des amis, etc., par P*** [Pigoreau] (Paris, Pigoreau, 1822, 7eédition, in-18, front.), qui a eu dix éditions.


Les Petits Hommes, ou Recueil d’anecdotes sur les hommes de petite stature (Paris, Pigoreau, 1822, 2 vol. in-8, front.).


Les Liaisons dangereuses. Lettres recueillies dans une société, et publiées pour l’instruction de quelques autres. Par C*** de L***[Choderlos de Laclos] (Paris, Pigoreau, Corbet, Lecointe et Durey, 1822, 2 vol. in-12).


Weissenfelt, ou les Amours de deux jeunes Polonais ; par M. Froissent (Paris, l’Auteur, Pigoreau, Ferrat, Corbet, 1822, 2 vol. in-12, front.).


Les Trois Espagnols, ou les Mystères du château de Montillo ; roman traduit de l’Anglais, de Georges Walker (Paris, Pigoreau, 1823, 2 vol. in-12).


Le Meurtre. Traduit de l’Anglais de Henriette Lée (Paris, Pigoreau, 1824, 2 vol. in-12).


L’Abbaye de Northanger ; traduit de l’Anglais de Jeanne Austen[…]. Par Mme. Hyacinthe de F**** (Paris, Pigoreau, 1824, 3 vol. in-12).


Les Deux Propriétaires d’un vieux château dans les Hautes-Alpes, ou les Intrigans punis. Par MME. la CSSE. de Malarme, née de Bournon, de l’Académie des Arcades de Rome(Paris, Cretté et Pigoreau, 1825, 4 vol. in-12).


Naddok le Noir, ou le Brigand de Norwège. Traduit de l’Allemand, de E. F. Van der Velde(Paris, Pigoreau, 1826, 3 vol. in-12).


Le Cocher de fiacre, ou Quarante ans sur le pavé de Paris, roman de mœurs, par Auguste Ricard (Paris, Tétot, Lecointe, Corbet et Pigoreau, 1829, 2eédition, 2 vol. in-12).


Rose d’Altenberg, ou le Spectre dans les ruines, manuscrit trouvé dans le porte-feuille de feue Anne Radcliff [sic], et traduit de l’Anglais par Henri Duval (Paris, Pigoreau, 1830, 2 vol. in-12).

Photographie BnF

Asléga ou l’Infortune secourue par Napoléon, fait historique de l’Empire. Auteur MME HA DGESMontovar (Paris, Pigoreau, Corbay aîné, Levasseur et l’Auteur, 1381 [i. e. 1831], 4 vol. in-12).




L’Actrice et le Faubourien, roman de mœurs, par MM. Marie Aycard et Auguste Ricard (Paris, Lecointe, Corbet et Pigoreau, 1834, 2 vol. in-12).

Pour cause de santé, Pigoreau mit en vente son fonds de librairie et publia une annonce dans le Feuilleton du Journal de la librairie du 27 décembre 1834 : « Ce fonds est l’un des plus connus de Paris, par trente-cinq ans d’existence, par l’étendue de ses relations, par la commission, et surtout par l’exploitation des romans et autres ouvrages destinés aux cabinets littéraires, etc. »

A droite, maison natale [fortement remaniée] du mathématicien Charles-Etienne Camus, né en 1699

Après avoir cédé son fonds à Jean-Charles Schwartz, qui s’associa avec Alphonse Gagnot, Pigoreau se retira en 1835 à Crécy-en-Brie, rue du Barrois. C’est alors qu’il écrivit Chansons & poésies créçoises et commença la rédaction d’un Dictionnaire étymologique de la langue grecque, inachevé et resté manuscrit.
Le 1er avril 1845, Jacques-Julien Ledoyen et Paul Giret succédèrent à Schwartz et Gagnot, 9 quai des Augustins.
En 1849, Pigoreau revint à Paris pour se rapprocher de ses enfants. Il mourut le 21 janvier 1851, chez son fils Alphonse Pigoreau (1812-1858), 9 quai des Grands Augustins. Sa veuve lui survécut jusqu’au 20 janvier 1856, date à laquelle elle mourut, 5 rue de la Harpe [Ve].





















Introduction à l’édition agricole : de Vallat-la-Chapelle à Tremblay (1759-1887)

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Né en 1729 près de Saint-Flour [Cantal], Pierre Vallat-la-Chapelle, fils d’un tailleur, fut, à Paris, le secrétaire de Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (1721-1794), alors directeur de la librairie (1750), avant son apprentissage chez Pierre Prault (1685-1768), libraire depuis 1711 à l’entrée du quai de Gesvres [IVe], du côté du Pont au Change, à l’enseigne du Paradis. Il fut reçu libraire en 1759 :

« Nous, Syndic et Adjoints de la Communauté des Libraires et Imprimeurs Jurés de l’Université de Paris, soussignés : Certifions à tous qu’il appartiendra, avoir cejourd’hui reçu Libraire en notre Communauté, le sieur PIERRE VALLAT LA CHAPELLE,
Après qu’il Nous est apparu de son âge au-dessus de vingt ans ; Qu’il nous a remis : le Certificat de Profession de la Religion Catholique, Apostolique et Romaine, en date du 17 février 1759, signé N. Godelart, prêtre ; Celui de vie et Mœurs en date du 17 février 1759, signé Prault père, Saugrain père, Prault fils, et Le Clère fils ; la Lettre testimoniale de Monsieur le Recteur de l’Université de Paris donnée en présence du sieur Savoye, Adjoint, dont mention sur ladite Lettre en date du 23 janvier 1759, signée Vicaire, Recteur, portant que ledit Sr P. VALLAT LA CHAPELLE est congru en Langue Latine et sçait lire le Grec ; et qu’il nous est apparu de sa capacité dans la connoissance des Livres par l’Examen qu’il a subi en notre présence, le 16 février 1759, conformément au Règlement du vingt-huit février mil sept cent vingt-trois ; en vertu duquel, Nous l’avons reçu pour exercer l’Art et la Profession de la Librairie ; A la charge par ledit SrP. VALLAT LA CHAPELLE d’observer ledit Règlement, qu’il a dit bien sçavoir et promis de l’exécuter selon sa forme et teneur. En foi de quoi il a, conjointement avec Nous et Messieurs les Anciens Syndics et Adjoints présens à sa Réception, signé sur le Livre de notre Communauté. Et ensuite, Nous lui avons délivré la présente ; et lui avons déclaré qu’il ne pourra s’en servir qu’après avoir été par l’un de Nous présenté au Tribunal de l’Université pour prêter serment in Loco Majorumà l’effet d’obtenir Lettres d’Immatriculation de Membre et Suppôt de ladite Université, conformément à ce qui est ordonné par les articles V et VI de l’Arrêt en forme de Règlement du dixième décembre mil sept cent vingt-cinq ; et encore après avoir prêté, en notre présence, le Serment accoutumé à Monsieur le Lieutenant Général de Police.
Fait en notre Chambre Royale et Syndicale, le 19ejour de février 1759.
P. G. LE MERCIER, Syndic.    SAILLAUD, Adjoint.

Ledit Sieur VALLAT LA CHAPELLE a mis ès mains de moi, Syndic de la Librairie de Paris pour les affaires de la Communauté, la somme de mille livres.    P. G. LE MERCIER, Syndic.

Il a pareillement mis entre les mains de Nous Adjoint et premier Administrateur de la Confrérie de Saint-Jean l’Évangéliste la somme de vingt-quatre livres.
Enregistré, etc.    SAILLAUD, Adjoint. » [sic]
(Extrait des Registres de la Chambre Royale et Syndicale de la Communauté des Libraires et Imprimeurs Jurés de l’Université de Paris)

Le Pont au Change,  vu du quai de Gesvres, par Camille Corot (1830)


Dès 1759, Vallat-la-Chapelle ouvrit sa librairie chez Prault, quai de Gesvres. En 1763, il épousa la fille d’un vendeur de bois, Marie-Catherine Bardé, 

Détail du plan de l'abbé Delagrive (1754)

Perron construit devant l'aile qui réunissait la Sainte-Chapelle du Palais de Justice à la Grand'salle

Château de Champlâtreux

et s’installa au Palais de Justice, sur le perron de la Sainte-Chapelle [Ier] et au château de Champlâtreux [Épinay-Champlâtreux, Val-d’Oise], résidence de campagne du magistrat Mathieu-François Molé (1705-1793).

 .
Il fut l’auteur du Calendrier des réglemens, ou Notice des édits, déclarations, lettres-patentes, ordonnances, réglemens & arrêts […], qui ont paru pendant l’année […]. Par M. Vallat-la-Chapelle (Paris, Vallat-la-Chapelle, 1763-1770, 7 vol. in-16) :

« Voilà déja plusieurs années que M. Vallat-la-Chapelle nous donne ce Calendrier, qui se perfectionne & se complette de plus en plus, à mesure qu’il s’éloigne de son origine. C’est un répertoire infiniment utile, & qu’il serait à désirer qu’on eût imaginé plutôt, surtout pour les habitans des Provinces, qui ne sont pas à portée de se procurer facilement les nouveaux Réglemens, qu’on publie journellement dans la Capitale. Ce Recueil est distribué par ordre de matiéres, avec une Table des subdivisions ; & l’on trouve ordinairement à la tête des Réglemens un petit préambule qui annonce dans quelles circonstances ils ont été rendus. » [sic]
(L’Avantcoureur. Paris, Lacombe, 1767, N° 52, lundi 28 décembre, p. 832)


Pierre Vallat-la-Chapelle mourut le 12 décembre 1772, à 43 ans, et fut inhumé dans la basse Sainte-Chapelle., qui servait de paroisse aux gens du Roi et des chanoines [la haute Sainte-Chapelle contenait les reliques].

Détail du plan de l'abbé Delagrive (1754)



Nouveau régime pour les haras, frontispice



La Veuve Vallat-la-Chapelle lui succéda au Palais de Justice jusqu’en 1792 : libraire dans la Grande salle, puis, à partir de 1791, imprimeur-libraire dans la salle Dauphine, associée avec l’Imprimerie de la Jussienne, 38 rue Montmartre [Ier].

Portrait de Jean-Baptiste Huzard (1755-1838)
par Julien-Léopold Boilly (Musée Carnavalet)

Leur fille Marie-Rosalie Vallat-la-Chapelle, née à Paris le 21 mai 1766, épousa, le 31 mars 1792, Jean-Baptiste Huzard, veuf de Rosalie Barthélemy : né à Paris le 3 novembre 1755, « artiste vétérinaire », il avait succédé à son père, maréchal-ferrant, 38 rue Montmartre, où il avait ouvert une Librairie vétérinaire et l’Imprimerie de la Jussienne.


Dès lors, la librairie et l’imprimerie, consacrées aux sciences agricoles et vétérinaires, furent tenues par « M. R. Huzard » [Marie Rosalie Huzard] ou « Madame Huzard (née Vallat-la-Chapelle) », d’après les conseils de son mari, membre de l’Institut [Académie des sciences], du Conseil supérieur d’agriculture, de l’Académie de médecine, du Conseil de salubrité de la ville de Paris, de la Société centrale d’agriculture, de celles d’encouragement pour l’industrie nationale, d’horticulture, philanthropique, etc., inspecteur général des écoles vétérinaires, 


auteur de l’ Instruction sur les soins à donner aux chevaux (Paris, Imprimerie vétérinaire, An II), etc., 


éditeur de Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, d’Olivier de Serres, seigneur du Pradel(Paris, Madame Huzard, An XII-An XIV [1804-1805], 2 vol.), décoré de l’Ordre royal de la Légion d’honneur en 1819, chevalier de l’Ordre royal de Saint-Michel, qui décéda le 1er décembre 1838 [voir Les Gardiens de Bibliopolis. Paris, L’Hexaèdre, 2015, t. I, p. 319-321].
Plus tard, elle profita aussi des conseils de ses trois enfants.

Jean-Baptiste Huzard, né le 4 janvier 1793, vétérinaire, membre et trésorier perpétuel de la Société impériale et centrale d’agriculture de France, membre de l’Académie de médecine, du Conseil général d’hygiène et de salubrité publiques, des Sociétés philomathique, d’horticulture, d’encouragement pour l’industrie nationale, etc., chevalier de la Légion d’honneur en 1831 et officier en 1864, 


auteur de Des haras domestiques en France (Paris, Mme Huzard, 1829), 


de l’ Esquisse de nosographie vétérinaire(Paris, Madame Huzard et Deterville, 1820), etc., qui épousa le 7 juin 1828, à Versailles [Yvelines], Clémence-Pauline-Marie de Boigneville, née à Paris le 13 mai 1804, fille d’un négociant, et qui, veuf depuis le 18 mai 1855, décéda le 5 avril 1878.

Démophile Huzard, dit « Huzard-Courcier », né le 22 fructidor An II [8 septembre 1794] et portant un prénom dit « révolutionnaire » issu de la Grèce antique, épousa, le 11 février 1820, Angélina-Félicité-Clémence Courcier, née le 13 nivôse An X [3 janvier 1802], fille de Jean Courcier (1755-1811), 

12 rue du Jardinet

imprimeur 12 rue du Jardinet [VIe]. 


Breveté le 14 mars 1820, Démophile Huzard dirigea alors l’imprimerie de sa belle-mère, Victoire-Félicité Lemaire, « Mme Ve Courcier ». Il serait mort dans l’incendie de son imprimerie, lors de la révolution de 1830 : on ne retrouva pas son corps parmi les cendres. Sa femme mourut le 30 décembre 1850.
 
Adèle-Joséphine Huzard, née le 25 brumaire An V [15 novembre 1796], épousa, le 20 décembre 1823, Louis Bouchard, né à Tréauville [Manche] le 4 septembre 1784.

Rue de l'Eperon, vers la rue Saint-André-des-Arts, entre la rue Serpente et la rue Suger
Photographie Charles Marville (1866)



Marie-Rosalie Huzard déménagea ses entreprises 11 rue de l’Éperon [VIe] en 1795, puis 7 rue de l’Éperon en 1805. Brevetée imprimeur le 1er avril 1811, elle confia, dès 1824, la gérance de ses établissements à son gendre, avant de les lui céder en 1839. Propriétaire-agriculteur, Louis Bouchard avait été professeur à Pontlevoy [Loir-et-Cher] et Orléans [Loiret], puis principal du collège de Nogent-le-Rotrou [Eure-et-Loir] ; il fut membre de la Société d’horticulture, de celle d’encouragement pour l’industrie nationale, etc., 


directeur des Annales de l’agriculture française, officier de l’Université et chevalier de la Légion d’honneur en 1838. 


En décembre 1839, Marie-Rosalie Huzard publia une Notice sur la bibliothèque de J.-B. Huzard (Paris, Imprimerie de L. Bouchard-Huzard, 1839, in-8, 16 p.), dans l’espoir que cette Notice pourrait déterminer quelque établissement public ou quelque riche amateur à acheter en masse cette immense et précieuse collection. Cet appel étant resté sans effet, la famille se décida à faire dresser un catalogue, dont elle a confié la rédaction à Pierre Leblanc, ancien imprimeur-libraire, dit « Le Bibliophile voyageur » : 


Catalogue des livres, dessins et estampes de la bibliothèque de feu M. J.-B. Huzard (Paris, Mme Ve Bouchard-Huzard, 1842, 3 vol. in-8). 
« L. Bouchard-Huzard » mourut prématurément le 12 décembre 1841, et sa belle-mère le suivit dans la tombe le 23 janvier 1842.    

Adèle-Joséphine Bouchard, « Mme VeBouchard-Huzard », succéda à son mari. 


Dans le courant de l’année 1848, son adresse devint 5 rue de l’Éperon. Elle continua sa spécialité des ouvrages d’agriculture et d’horticulture, imprimant le Bulletin de la Société centrale et impériale d’agriculture, les Annales de l’agriculture française, les Annales de la Société impériale d’horticulture de Paris et centrale de France, le Bulletin d’encouragement pour l’industrie nationale, les Mémoires de la Société impériale et centrale d’agriculture, le Catalogue des brevets d’invention, la Description des brevets d’invention, les Annales de l’Institut agronomique.
Brevetée imprimeur le 21 janvier 1842, elle fut aidée par son fils Jean-Baptiste-Louis-Honoré Bouchard, dit « Louis Bouchard », né en 1824, secrétaire-général de la Société impériale et centrale d’horticulture de France, lauréat de la Société impériale et centrale d’agriculture de France, de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, de la Société protectrice des animaux, etc., correspondant des Sociétés d’agriculture de Lyon, Rouen, etc., secrétaire du jury du IXegroupe [horticulture] à l’Exposition universelle de 1867, membre de la Société impériale zoologique d’acclimatation, de la Société des agriculteurs de France, de l’Institut des provinces de France, etc., l’un des rédacteurs des Annales de l’agriculture française


auteur du Traité des constructions ruraleset de leur disposition (Paris, Mme Ve Bouchard-Huzard, 1869, 2eéd., 2 vol.gr. in-8, 180 pl.), mort célibataire le 23 novembre 1873, en son domicile du 5 rue de l’Éperon.

La mort de Adèle-Joséphine Bouchard, le 14 octobre 1876, en son domicile du 5 rue de l’Éperon, 


mit son gendre Jules-Pierre Tremblay dans l’obligation de prendre la direction de l’imprimerie et de la librairie le 20 octobre 1876. Il était né le 23 mars 1816 à Ballancourt-sur-Essonne [Essonne], fils d’un meunier du hameau de Paillot, et était devenu attaché au ministère de l’Agriculture, puis rédacteur au bureau des brevets d’invention. Il avait épousé, le 30 juin 1851, Adèle-Rosalie Bouchard, née le 19 avril 1826.
Entré dans l’imprimerie à l’âge ou d’autres la quittent, il n’a pas cherché à développer la maison Bouchard-Huzard, mais il l’a maintenue.

85 boulevard du Montparnasse
Photographie Eugène Atget

À la mort de « Jules Tremblay, gendre et successeur », arrivée le 26 avril 1884 à son domicile, 85 boulevard du Montparnasse [VIe], ancienne maison du peintre Hyacinthe Rigaud (1659-1743), « Madame Veuve Tremblay, née Bouchard-Huzard » lui succéda, jusqu’à son décès le 4 juin 1887, 85 boulevard du Montparnasse.
Adèle-Joséphine Bouchard, son fils Jean-Baptiste-Louis-Honoré Bouchard et le couple Tremblay furent inhumés au cimetière du Montparnasse [11e division].






















Hyacinthe-Théodore Baron (1707-1787), médecin curieux de charlatanisme

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Originaire de La Côte-Saint-André [Isère] – ville natale du compositeur Hector Berlioz (1803-1869) -, la famille Baron, qui exerçait depuis deux générations la profession d’apothicaire ordinaire du Roi en son artillerie de France, donna au XVIIIe siècle trois médecins qui honorèrent la Faculté de Paris :


Paul Colomb de Batines et Jules Ollivier. Mélanges biographiques et bibliographiques relatifs à l’histoire littéraire du Dauphiné 
(Valence, L. Borel et Paris, Techener, 1837, t. I, p. 201)


Hyacinthe-Théodore Baron (1686-1758), né dans le centre de la Pharmacie de l’Arsenal, fut reçu docteur en 1710, élu doyen de la Faculté en 1730 et continué dans cette place en 1732 ; pendant son administration la bibliothèque de la Faculté commença par le legs de 3.456 volumes fait par François Picoté de Belestre (1661-1733) et fut enrichie par Philippe Hecquet (1661-1737) et Antoinette de Brion (1672-1747), veuve du président Charles Amelot (1644-1726) ; 


par ses soins s’imprima le Codex medicamentarius seu Pharmacopæa Parisiensis (Paris, Guillaume Cavelier, 1732, in-4).


Hyacinthe-Théodore Baron (1707-1787), fils aîné du précédent et de Marie Pellemoine, fille d’un chirurgien d’Arpajon [Essonne], fut reçu docteur en 1732, exerça la médecine aux armées de 1739 à 1748, remplit quelque temps les fonctions de médecin de l’Hôtel-Dieu, fut élu doyen de la Faculté en 1751, réélu en 1754 ; il s’occupa surtout de la partie historique et littéraire de la médecine ; sa bibliothèque contenait presque tous les monuments du charlatanisme des hommes, ayant réuni surtout ceux des gens de lettres, des chimistes et des médecins.  

Théodore Baron (1715-1768), dit « d’Hénouville », frère du précédent, fut reçu docteur en 1741, se distingua plus particulièrement comme chimiste, devint membre de l’Académie des sciences en 1752 ; 


il donna une nouvelle édition du Cours de chymie […]. Par M. Lemery (Paris, Charles-Maurice D’Houry, père, 1756, in-4) 


et de la Pharmacopoeia extemporanea […], per Thomam Fuller, M. D. Editio castigatior(Paris, Pierre-Guillaume Cavelier, 1768, in-12).

Hyacinthe-Théodore Baron fils naquit à Paris le 12 août 1707. 

Ancienne Ecole de médecine
13 rue de la Bûcherie, Paris V

Le 29 octobre 1732, il reçut des mains de son père le bonnet doctoral. Les talents dont il fit preuve lui méritèrent la confiance du public et la protection de quelques hommes distingués.
Le marquis de Maillebois (1682-1762) l’attacha en qualité de premier médecin à l’armée dont il alla prendre le commandement en Corse en 1739. Baron remplit cette charge jusqu’à la fin des troubles et la retraite de l’armée, en mai 1741. L’année suivante, il eut le même titre dans l’armée de Bavière, et revint à Paris passer l’hiver de 1743. Baron suivit encore les armées que le prince de Conti (1717-1776) et le maréchal duc de Belle-Isle (1684-1761) commandèrent successivement en Italie, depuis 1744 jusqu’en 1748.

Ancien Hôtel-Dieu

De retour à Paris, après la paix de 1748, Baron continua d’y exercer la médecine et il y remplit pendant quelque temps les fonctions de médecin de l’Hôtel-Dieu, qui occupait alors le côté sud du parvis Notre-Dame, entre le Petit-Pont et le pont au Double.


Il fut élu doyen de la Faculté en novembre 1751, et continué les années suivantes jusqu’en novembre 1754. Son décanat fut marqué par son zèle à remettre en vigueur, et à faire observer les règlements, par ses soins pour la bibliothèque, et par des publications importantes pour l’histoire de la Faculté.

Portrait de Baron
par Claude-Antoine Littret de Montigny (1735-1775)

Localisation du domicile de Baron (point rouge)
sur le plan dit "de Turgot"

Baron vécut dans le célibat et passa sa vieillesse en son domicile, rue Culture Sainte-Catherine [rue de Sévigné, IVe], vis-à-vis le Jardin de l’Hôtel de Lamoignon, au milieu de la bibliothèque héritée de son père, qu’il avait considérablement enrichie.

« Baron fut un amateur de livres ardent et éclairé ; et, d’après son catalogue, on peut inférer que son savoir bibliographique égalait ses connaissances médicales. D’abord, par goût et par état, il avait réuni la majeure partie des publications, tant anciennes que modernes, françaises et étrangères, concernant sa profession. En correspondance avec les principaux libraires de l’Europe, il grossissait chaque jour son fonds d’ouvrages sur la littérature, la philosophie, les beaux-arts et les autres parties de la science. L’incomparable bibliographe, abbé de Saint-Léger, son ami, l’aidait dans ses recherches et dans le choix des sujets. C’est dire que sa collection fut l’une des plus riches et des plus curieuses de son temps […]
Peu de bibliothèques, avant et après la sienne, offrirent un tel amas de pièces, plaquettes ou opuscules sur les moyens, toujours infaillibles, de ramener la santé au corps et même à l’âme par des pratiques occultes ou avérées. A cette suite, bien digne d’un philosophe, il avait ajouté une série innombrable d’histoires de démons, de sorciers, enchanteurs, loups-garous, énergumènes, possédés, fantômes, spectres et revenants, avec les traités les plus hétéroclites sur la création du monde, sur l’existence des êtres et leur génération ; sur les phénomènes, les monstres et les écarts tératologiques de la nature. Les écrits des disciples d’Hermès, de Paracelse, de Van Helmont, de Raymond Lulle, Swedenborg, Sanchez, Molina, cabalistes, rose-croix, magnétiseurs et francs-maçons, accompagnés des voyages extraordinaires dans la lune, au soleil, dans le centre de la terre, au fond de l’Océan, partout où l’homme ne peut aller qu’en idée, avaient pris place sur ses rayons. De plus, figuraient des œuvres en style burlesque ou macaronique, des facéties rutilantes, des diatribes acerbes, des prédications saugrenues ; l’explication des songes et tous les genres de divination par les mains, par le front, par le vol des oiseaux, par les signes de la température, par les entrailles des animaux, par la baguette de coudrier, etc., etc., sans compter l’alchimie, la pierre philosophale, l’astrologie, l’amour, les femmes, le mariage, ana, dictons, maximes, événements singuliers ; en un mot, toutes les rêveries de l’imagination en délire semblaient s’être donné rendez-vous dans son cabinet.
Les verrues morales, les faiblesses de l’humanité n’empêchèrent pas notre bibliophile de cultiver le beau ; il recherchait aussi avec ardeur les objets d’art et de curiosité. Son salon était plein de tableaux, de sculptures, de dessins, d’estampes et de portraits. »
(Joannis Guigard. « La Reliure illustrée ». In Le Livre. Bibliographie rétrospective. Paris, A. Quantin, 1880, p. 154-155)   

Photographie BM Lyon

Baron utilisa un ex-libris armorié [81 x 50 mm] : « D’azur à un dextrochère d’argent ; mouvant du flanc senestre de l’eau une plante et accompagné en chef de 2 étoiles d’argent et en pointe d’un croissant versé du même », portant « Bibliothecæ M. Hyacinthi Theodori Baron, Antiqui Facultatis Medicinæ Parisiensis Decani, nec non Castrorum Regis et Exercituum Protomedici. », avec la devise « Mihi Res, non Me Rebus. » [i.e. « Et mihi res, non me rebus submittere conor. » : Je m’efforce de me soumettre les choses, et non de leur être soumis (Horace, Epist. I, 1, 19)].

Suite de longues veilles, une maladie priva Baron de l’usage de ses yeux à partir de 1775 : il se faisait lire les productions nouvelles. 

Eglise Saint-Paul-Saint-Louis, fontaine de Birague [ou fontaine Sainte-Catherine] et rue Saint-Antoine
par Victor-Jean Nicolle (1754-1826)

Il mourut le 27 mars 1787 et fut inhumé dans l’église des chanoines de Saint-Louis-de-la-Couture [église Saint-Paul-Saint-Louis], rue Saint Antoine [IVe], dont il avait été le médecin pendant trente ans et où fut placée une épitaphe.


Il avait composé un assez grand nombre d’ouvrages, dont la plupart sont restés manuscrits. Il n’a publié que les suivants :


Question de médecine, dans laquelle on examine, si c’est aux médecins qu’il appartient de traiter les maladies vénériennes (Paris, 1735, in-4).


Formules de médicamens, à l’usage des hôpitaux d’armée (Paris, P. G. Cavelier, 1758, in-12, 6eédition). La 1èreédition à Straubing, 1742, pour les hôpitaux de l’armée de Bavière, commandée par le maréchal duc de Broglie. La seconde pour les hôpitaux de l’armée du Roi en Souabe, 1743. La troisième à Nice, 1744, pour l’armée d’Italie, commandée par le prince de Conti et ensuite par le maréchal de Maillebois. Les 4e et 5eà Nice en 1747 et 1748, pour l’armée commandée par le maréchal duc de Belle-Isle.


Ritus usus et laudabiles facultatis medicinæ Parisiensis consuetudines (Paris, G. F. Quillau, 1751, in-12).


Quæstionum medicarum, quæ circa medicinæ theoriam et praxim, ante duo sæcula, in scholis facultatis medicinæ Parisiensis, agitatæ sunt & discussæ, series chronologica ; cum doctorum præsidum, et baccalaureorum priopugnantium nominibus (Paris, Jean-Thomas Herissant, 1752, in-4).


Quæstionum medicarum, quæ circa medicinæ theoriam et praxim, à duobus ferè sæculis, in actibus vesperiarum, doctoratûs, & regentiae, apud medicos Parisienses agitatæ sunt & discussae, chronologica series altera(1752, in-4).


Compendiaria medicorum Parisiensium notitia, sive clarorum virorum, qui a sæculo circiter decimo quarto ad hunc usque diem, in facultate medicinæ Parisensi, vel decanatum gesserunt, vel baccalaureatûs, licentiatûs aut doctoratûs gradum obtinuerunt, chronologica series (1752, in-4).


Quæstionum medicarum, quæ circa medicinæ theoriam et praxim, per decennium proximè elapsum, in scholis facultatis medicinæ Parisiensis, agitatæ sunt & discussæ, series chronologica ; cum doctorum præsidum, et baccalaureorum propugnantium nominibus (Paris, Despilly, 1763, in-4).


Quæstionum medicarum, quæ circa medicinæ theoriam et praxim, per decennium proximè elapsum, in actibus vesperiarum, doctoratûs, & pastillariæ, apud medicos Parisienses, agitatæ sunt & discussae, chronologica series altera (1763, in-4).


Compendiaria medicorum Parisiensium notitia, sive chronologica series eorum qui, per decennium proxime elapsum, in facultate medicinæ Parisiensi, vel decanatum gesserunt, vel baccalaureatûs, licentiatûs aut doctoratûs gradum obtinuerunt. Additis dignitatibus & muneribus, quibus pro tempore functi sunt (1763, in-4).

Photographie BnF

Codex medicamentarius, seu Pharmacopœa Parisiensis (Paris, Pierre-Guillaume Cavelier, 1758, in-4). Publié sous le nom de Jean-Baptiste Boyer, alors doyen.

Photographie BnF

Hormis plusieurs ouvrages légués à la bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris, sa bibliothèque fut vendue en 1788, à son domicile : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Baron, premier médecin des camps & armées du Roi en Italie& en Allemagne, ancien doyen de la Faculté de médecine de Paris, &c. (Paris, Née de La Rochelle, 1788, in-8, [2]-xx-339 [i.e. 340] [p. 212, 306, 339 et 340 chiffrées 112, 406, 338 et 339]-142 [p. 35 chiffrée 3] p., 6.506 + 24 doubles [*] – 17 manquants […] = 6.513 lots), dont Théologie [254 lots = 3,89 %], Jurisprudence [113 lots = 1,73 %], Sciences et Arts [4.104 lots = 63,01 %], Belles-Lettres [1.021 lots = 15,67 %], Histoire [1.021 lots = 15,67 %].


30. Recherches sur ce qu’il faut entendre par les Démoniaques, dont il est parlé dans le Nouveau Testament, trad. de l’anglois, avec la réponse de M. Twells. Leide, 1738, in-12. 1 livre 4 sols.


62. La Corruption du grand et petit monde, où il est montré, que toutes les créatures sont corrompues par le péché d’Adam. Paris, 1668, in-12. 4 l.


111. De l’abus des nuditez de gorge. Paris, 1677, in-12. 4 l.


131. Les Funérailles de Sodome et de ses filles, descriptes en vingt Sermons sur l’Histoire de Moyse, par R. le Maçon, dict de la Fontaine. Londres, 1600, p. in-8. 5 l. 16


227. Les Très-Merveilleuses Victoires des femmes du nouveau monde, et la Doctrine du Siècle doré, par Guillaume Postel. Sur l’imprimé de Paris, Jehan Ruelle, 1553, in-12, v. ec. fil. 6 l. 1


290. Code de la librairie et imprimerie de Paris. Paris, 1744, in-12. 6 l.


358. Les Gymnopodes, ou de la nudité des pieds, par Sebastian Roulliard. Paris, 1624, in-4, gr. pap. 11 l. 19



554. Dendrologie, ou la Forest de Dodonne, par Jacques Howel. Paris, 1641, in-4, fig., dentelles. Ouvrage de politique et singulier, dans lequel l’Auteur a déguisé les personnages dont il parle sous des noms tirés du règne végétal. La clef de ces noms est imprimée et se trouve dans cet exemplaire. 37 l. 19


688. Apologie pour les grands hommes soupçonnez de Magie, par G. Naudé. Amsterdam, 1712, p. in-8. 7 l. 1


699. Des satyres, brutes, monstres et démons. De leur nature et adoration, contre l’opinion de ceux qui ont estimé les satyres estre une espèce d’hommes distincts & séparez des Adamicques. Par F. Hedelin. Paris, 1627, in-8. 3 l. 17


707. Les Ruzes de Satan : recueillies & comprinses en huit livres, par Jaques Aconce. Delf, 1611, in-8. 4 l.


731. Les Devins, ou Commentaire des principales sortes de devinations. Par G. Peucer. Anvers, 1584, in-4, d. s. tr. 3 l. 2


749. La Métoposcopie de H. Cardan. Le Traité des marques naturelles du corps, par Melampus, traduit par de Laurendière. Paris, 1658, in-fol., fig. 3 l.

Exemplaire de Baron
Drouot, 28 mars 2017 : 548 €

751. Epitoma chyromantico di Patritio Tricasso da Cerasari Mantouano. Venise, 1538, in-12, fig.


753. La Chiromancie médicinale. Accompagnée d’un Traité de la Physionomie. Par Philippe May. La Haye, 1665, in-12, fig. 4 l. 10


802. E. Swedenborgii. Opera philosophica & mineralia. Dresdæ, 1734, 3 vol. in-fol., fig. 42 l.


830. Antonii Galatei liciensis philosophi et medici doctissimi. Basileæ, 1558, in-12. 10 l. 19


931. Le Ventriloque, ou l’Engastrimythe ; par M. de la Chapelle. Paris, 1772, in-12. 5 l. 12.


1.059. L’Histoire naturelle et généralle des Indes, isles et terre ferme de la grand mer océane. Traduicte de Castillan en François. Paris, Vascosan, 1555, in-fol., fig., avec une note curieuse de l’abbé de Saint-Léger sur cet ouvrage. 30 l. 1.


1.079. L’Oryctologie, qui traite des terres, des pierres, des métaux, des minéraux, et autres fossiles. Par M. d’Argenville. Paris, 1755, gr. in-4, fig. 16 l.

Exemplaire de Baron


1.414. Description des plantes qui naissent ou se renouvellent aux environs de Paris. Par M. Fabregou. Paris, 1740, 6 vol. in-12. 8 l. 8.

Vignette de la page de titre et de la fin du texte

1.660. Les Sirènes, ou Discours sur leur forme et figure. Par l’abbé Nicaise. Paris, 1691, in-4. 15 l.


Exemplaire de Baron
Photographies Librairie Benoît Forgeot (5.800 €)

1.834. La Police de l’art et science de medecine. Par M. André du Breil. Paris, 1580. – Rob. Fevini de abusu medecinæ coercendo tractatus. Ibid., 1574. 2 vol. in-8. 3 l.


2.019. Pauli Aeginetæ medici insignis opus divinum. Albano Torino vitodurensi interprete. Basileæ, 1532, in-fol.

Exemplaire de Baron
Photographie Librairie Bertran

3.055. Traité pratique de l’inoculation. Par M. Gandoger de Foigny. Nancy, Leclerc, et Paris, Merlin, 1768, in-8. 3 l. 10.


4.311. Les Prophéties de M. Michel Nostradamus. Lyon, 1568, in-8. 1èreédition complète. 5 l. 1.


4.359. La Science pratique de l’imprimerie. Par Fertel. Saint-Omer, 1723, in-4. 6 l. 12.


Exemplaire de Baron
Reliure vélin XVIIe en 1895 [Libr. Morgand, n° 27.768]
Maroquin rouge doublé de maroquin vert [Chambolle-Duru] le 5 octobre 2016 :
Sotheby's, Paris : 519.000 €

4.451. Phebus des deduiz de la chasse des bestes sauvaiges et des oyseaux de proye. Paris, Vérard, s. d. [v. 1507-1510], in-4 goth. 8 l. 19.

Photographie BnF

4.473. L’Art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes, où sont représentées les têtes coeffées. Et un supplément. Par le sieur Legros. Paris, 1767 et 1768, 2 vol. gr. in-8, v. éc., fil. 6 l.

Photographie Musée Médard

4.686. Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, prototype de Rabelais. Plus l’horrible bataille advenuë entre les Mousches & les Fourmis. Paris, 1606, p. in-12. Édition originale. 5 l.



4.865. Les Quakres françois, ou les Nouveaux Trembleurs, comédie. Utreck, 1732, in-12.

Photographie BnF

5.034. L’Ingénue, ou l’Encensoir des dames ; par la nièce à mon oncle. Genève et Paris, 1770, in-12. Passa à Ansse de Villoison, puis à la BnF.


5.193. L’Art de connoitre les femmes, avec une dissertation sur l’adultère. Par le chevalier Plante-Amour. La Haye, 1730, p. in-8. 7 l. 19.


5.226. La Peau de beuf ou Remède universel pour faire une bonne femme d’une mauvaise. Valenciennes, 1710, in-12, fil. 8 l.


5.542. Relation d’un voyage du Levant. Par M. Pitton de Tournefort. Paris, Imprimerie royale, 1717, 2 vol. in-4, fig. 49 l. 1.


5.767. Funérailles & diverses manières d’ensevelir des Rommains, Grecs & autres nations, tant anciennes que modernes, descrites par Claude Guichard. Lyon, 1581, in-4, fig. 8 l.


6.022. Histoire naturelle, civile et géographique de l’Orénoque, et des principales rivières qui s’y jettent. Par le P. Joseph Gumilla. Traduit de l’Espagnol par M. Eidous. Avignon, Paris, Desaint et Saillant, et Marseille, Jean Mossy, 1758, 3 vol. in-12. 4 l.




6.486. Histoires prodigieuses, extraictes de plusieurs fameux autheurs : mises en nostre langue par P. Boaistuau. Paris, 1566, in-8. 5 l.

Étienne-Alexandre-Jacques Anisson-Duperron (1749-1794), directeur de l’Imprimerie royale, put y acquérir de nombreux catalogues.


Suivit la vente de son cabinet de curiosité, au mois de février 1788 : Catalogue de différens objets de curiosité, qui composoient le Cabinet de feu M. Baron, médecin (Paris, Basan et MeGeorge, 1788, in-8, 12 p., 82 lots), consistant en tableaux, dessins, estampes, plus de 2.400 portraits divers, tant encadrés qu’en feuilles, et diverses pièces d’histoire naturelle.



Paul Girardot de Préfond (1722-1808), un des grands bibliophiles du XVIIIe siècle

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Passage du Pertuis de Clamecy
Photographie Nièvre Tourisme


Plusieurs Girardot, protestants et originaires de la région de Clamecy [Nièvre], capitale du flottage de bois, montèrent à Paris, vers le milieu du XVIIe siècle, comme marchands de bois. 

Plan Félibien (1734)

Ils demeurèrent sur le quai de la Tournelle et sur le quai Saint-Bernard, quartier Saint-Victor et paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet [Ve].
Toutes parentes, ces familles Girardot étaient différenciées par l’attribution d’un lieu. Mais leur distinction les uns des autres est rendue difficile par l’existence de mariages entre eux, l’utilisation des mêmes prénoms et l’absence d’archives de l’état-civil antérieures à 1667 à Clamecy et à 1860 à Paris.



François Girardot de Préfond [Préfonds, commune de La Chapelle-Saint-André, Nièvre] épousa en juillet 1645, au temple de Charenton [Val-de-Marne], Marie Cuper, née le 3 janvier 1629 et baptisée au temple de Blois [Loir-et-Cher], fille de Sulpice Cuper (1589-1670), conseiller du Roi et contrôleur des rentes en Guyenne, et de Marie Masnier (1606-1670).
Leur fils Paul Girardot naquit le 2 avril 1651 et épousa, le 28 juillet 1679 à Charenton, Madeleine Panou, fille de Jean Panou, chirurgien de la duchesse d’Orléans, et d’Élisabeth Girardot.
Leur fille Marie Girardot épousa en 1664, à Charenton, son cousin germain François Girardot, fils de Jean Girardot de Sozay [Sauzay, commune de Corvol-l’Orgueilleux, Nièvre] et de Jacqueline de Buissières, mariés le 4 janvier 1629 à Clamecy.

André Girardot de Chancourt [Champcourt, commune de Moulins-Engilbert, Nièvre] épousa Catherine de Buissières, à Clamecy, le même 4 janvier 1629.
En 1679, leur fils Jean Girardot épousa, en secondes noces, sa nièce Jeanne Girardot, fille de Paul Girardot, marchand de bois à Château-Chinon [Nièvre], et de Jeanne Boutin. Leurs deux fils, Paul Girardot de Chancourt et Jacques Girardot de Chancourt, épousèrent leurs cousines germaines, respectivement Marguerite Foissin (1701-1735) et Marie-Louise Foissin (1699-1778), filles du banquier Paul Foissin († 1735) et de Louise Girardot († 1748).
Intérieur du temple de Charenton
Détruit en novembre 1685
Photographie Musée protestant

Ces familles furent persécutées après la révocation de l’édit de Nantes [18 octobre 1685], qui supprima les avantages accordés aux protestants par Henri IV lors de l’édit de Nantes [13 avril 1598]. Elles résistèrent aux menaces, à la dragonnade, à la prison et à l’exil : c’est ainsi que Jacques Girardot de Chancourt, baptisé le 8 septembre 1685 à Charenton, fit si mal son devoir de catholique, qu’il mourut le 26 octobre 1731 dans la religion prétendue réformée.

Fils de Jacques Girardot de Chancourt et de Marie-Louise Foissin, Paul Girardot de Préfond est né à Paris, le 18 septembre 1722 et fut baptisé le surlendemain en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Il acquit une belle fortune dans le commerce du bois flotté à Paris. Quand il tomba malade, il dut s’astreindre au repos et commença alors à déprimer. Il demeurait alors rue de Touraine [rue de Saintonge, IIIe], après avoir vécu dans le quartier Saint-Victor, chez ses parents. Son médecin, Hyacinthe-Théodore Baron (1686-1758), ardent bibliophile, lui donna le conseil de se créer une occupation en achetant des livres.
Ce conseil fut suivi avec tant d’ardeur que Girardot de Préfond fut contraint, en 1757, de vendre environ la moitié de sa riche bibliothèque, dans le but de former une seconde bibliothèque mieux choisie et mieux reliée. La vente eut lieu du 25 avril au 9 mai 1757, dans une des salles du couvent des Grands Augustins [détruit à la Révolution, 55 quai des Grands Augustins, VIe].

Couvent des Grands Augustins
In  Aubin-Louis Millin. Antiquités Nationales. Paris, Drouhin, 1791, t. 3, p.10

Il n’existait pas encore, au XVIIIe siècle, d’espace fixe dévolu aux ventes publiques, comme ce fut le cas ensuite avec les hôtels d’Aligre et de Bullion, puis l’hôtel Drouot. Les ventes se déroulaient alors dans trois lieux différents : la boutique du libraire, le domicile du défunt ou dans le couvent des Grands Augustins. Outre de nombreuses maisons d’habitation et boutiques, dont certaines se trouvaient dans l’enceinte même du couvent, les moines louaient à des particuliers des salles, parmi lesquelles un local attenant à la porterie, la salle de la grande cour du couvent, la salle royale dans la première cour du couvent, la grande salle au bout du réfectoire, le bâtiment au fond du jardin et quatre salles dans le bâtiment neuf au rez-de-chaussée dans la seconde cour. Gersaint fut le premier à organiser des ventes publiques au couvent des Grands Augustins. Un arrêt de la Cour du Parlement, en date du 17 juin 1777, fit « défenses aux huissiers-priseurs de faire aucune vente dans les lieux autres que les salles des couvents des Grands Augustins, de la Merci, et de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, rue des Billettes ».


Page [3]

Catalogue des livres du cabinet de MR. G…D…P…[Girardot De Préfond] (Paris, Guillaume-François De Bure, le Jeune, 1757, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[2]-lv-[1]-241-[1 bl.] p., 1.428 lots), dont Théologie [188 lots = 13,16 %], Jurisprudence [56 lots = 3,92 %], Sciences et Arts [315 lots = 22,05 %], Belles-Lettres [488 lots = 34,17 %], Histoire [381 lots = 26,68 %].
Avec des « Eclaircissemens et remarques sur quelques Articles précieux de ce Catalogue », 9 lots de « Machines de Physique, &c. », une « Liste des Auteurs dits de VARIORUM in-8., compris dans ce Catalogue, selon leur rang », une « Liste alphabétique des Auteurs illustrés de Commentaires & de Tables, pour l’usage de M. le Dauphin » et une « Table des auteurs ».
La vente rapporta 40.400 livres : ces ouvrages avaient coûté 259.691 livres à son possesseur.

Le rédacteur de ce catalogue, Guillaume-François De Bure (1732-1782), dit « Le Jeune », se montre un piètre bibliographe : les titres des ouvrages sont trop souvent inexacts, tronqués, voire inventés, nous obligeant à en restituer quelques-uns.



1. Biblia Sacra Polyglotta [Bible polyglotte dite « Bible de Complute »]. Alcala, Brocar, 1514-1517, 6 vol. in-fol., mar. rouge. 499 l. 19 s.


21. La Biblia, que es, los sacros libros del vieio y nuevo Testamento. Trasladada en Español, [dite « Bible de l’ours »]. S. l. [Bâla], s. n. [T. Guarinus], 1569, in-4, mar. rouge. 31 l.


38. Missa latina, quæ olim ante Romanam, circa annum 700 in usu fuit. Argentinæ, Mylius, 1557, in-8, mar. r. 207 l.


49. De Conciliis Sinodia Ugonia episcopi phamaugustani. Venetiis, 1563, in-fol., veau fauve. 48 l.


61. Ludovici Molinæ Concordia liberi Arbitrii cum Gratiæ donis. Olyssipone, Riberius, 1588. Appendix ad Concordiam liberi Arbitrii Lud. Molinæ. Olyssipone, de Lyra, 1589. In-4, mar. bleu. 24 l. 5.


73. De Inferno, et statu Dæmonum ante mundi exitium, libri quinque. Mediolani, Ex Collegij Ambrosiani Typographia, 1621, in-4, mar. vert. 53 l.


75. Francisci Collii Collegii Ambrosiani Doctoris De Animabus Paganorum libri quinque. Mediolani, Ex Collegij Ambrosiani Typographia, 1622 et 1633, 2 vol. in-4, mar. r. 80 l.



141. De Trinitatis erroribus libri septem. Per Michælem Serveto, 1531. - Dialogorum de Trinitate libri duo. De Justicia regni Christi, Capitula Quatuor. Per Michælem Serveto, 1532. In-8, mar. bleu. 321 l. 1.


152. De Duplici statu, officio, et cognitione Christi, Videlicet, secundum carnem, & secundum Spiritum, 1546, in-8, mar. r. 181 l. 19.


166. Spaccio de la Bestia trionfante, proposto da Giove. Paris, 1584, in-8, mar. r. 219 l.


168. La Cena de le Ceneri. Descritta in cinque dialogi, per quattro interlocutori, 1584, in-8, veau fauve. 120 l.


184. Réflexions curieuses d’un Esprit des-Interressé sur les matières les plus importantes au salut, tant Public que Particulier. Cologne [Amsterdam], Claude Emanuel, 1678, in-12, mar. bleu. 6 l. 4.


189. Ant. Augustini, Archiep. Tarraconensis, de emendatione Gratiani Dialogorum libri duo. Tarracone, Philippe Mey, 1587, in-4, mar. r. 43 l. 12.



198. Antonii Sanctarelli, ex Societate Jesu, Tractatus, de hæresi, schismate, apostasia, sollicitatione in sacramento Poenitentiæ. Rome, Zannetti, 1625, in-4, mar. bleu. 20 l.






203. Statuta ordinis cartusiensis a domno Guigone priore cartusie edita. Bâle, Johannes Amerbach, 1510, in-fol., veau fauve. [Illustration attribuée à l’artiste bâlois Urs Graf, comprenant 5 grandes compositions gravées sur bois et 33 petits portraits répétés de papes et d’évêques dans la dernière partie]. 48 l.



204. Regulæ Societatis Jesu. Rome, 1582, in-12, mar. r. 150 l.


213. Teatro Jesuitico apologetico. Coimbra, 1654, in-4, mar. bleu. 800 l.



229. Sebast. Ximenès Concordantiæ. Toleti, Rodericus, 1596, et Rodriguez, 1619, 2 vol. in-fol., mar. r. 24 l.


230. Digestorum, seu Pandectarum, libri quinquaginta. Florence, Torrentinus, 1553, 3 vol. in-fol., Carta Magna, mar. r., lavé, réglé. 73 l. 19.

Photographie Université de Liège

276. Speculum vitæ humanæ. Lyon, Guillaume Le Roy, 1477, in-4, mar. r. 79 l. 19.


283. Ioannis Marianæ […] de rege et regis institutione Libri III. Toleti, Petrum Rodericum, 1599, in-4, mar. bleu. 101 l. 19.

Photographie Librairie Gaelle Cambon

287. De la puissance légitime du Prince sur le peuple, et du peuple sur le Prince. 1581, in-8, mar. bleu. 12 l. 5. [Librairie Gaelle Cambon, Tours, novembre 2018 : 3.000 €]


289. Question royalle et sa décision [par l’abbé de Saint-Cyran]. Paris, Du Bray, 1606 [i.e. 1609], in-12, mar. bleu. Édition originale. 10 l.

Photographie BnF

290. Considérations politiques sur les coups d’Estat. Par G. N. P. [Gabriel Naudé Parisien]. Rome, 1639, in-4, gr. pap., mar. r. avec initiales P. G. D. P. au bas du dos. 30 l. [Sotheby’s, Paris, 12 octobre 2010 : 51.150 €]

Photographie B.M. Lyon

306. Manuel ou, Enchiridion de prières. Contenant les Sept Pseaumes penitentiaux diverses oraisons de Leon Pape, & plusieurs autres oraisons contre les perils du Monde. Lyon, 1584, in-24, mar. bleu. 27 l. 19.


308. Henrici Cornelii Agrippæ Opera omnia. Lugd., Peringos Fratres, 1550, 3 vol. in-8, mar. vert. 26 l. 10.




378. Phytanthoza-iconographia, Sive Conspectus Aliquot millium, Tam Indigenarum quam Exoticarum. Ratisbonne, 1737-1745, 4 vol. in-fol., fig., « reliés en écaille du Pays ». 563 l.



391. Traité de l’Adianton, ou cheveu de Vénus, contenant la description […] de cette Plante. Par Pierre Formi. Montpellier, Du Buisson, 1644, in-8, mar. vert. 15 l.


405. Tratado de las langostas muy util y necessario. Madrid, Luis Sanchez, 1620, mar. vert. 20 l.



485. Le Diverse & Artificiose Machine del capitano Agostino Ramelli. Paris, 1588, in-fol., fig., mar. bleu. 40 l.

Photographie BnF

544. La Méthode nouvelle et Invention extraordinaire de dresser les chevaux. Anvers, Jacques Van Meurs, 1658, in-fol., gr. pap., fig., mar. citron. 100 l.



560. Etymologicum magnum græcum [en grec]. Venise, Zacharias Callierges et Nicolaos Blastos, 8 juillet 1499, in-fol., carta magna, mar. citron [Chef-d’œuvre de la prototypographie grecque en Occident]. 69 l. 19.


567. Joannis de Janua, ordinis fratrum prædicatorum, summa, quæ vocatur Catholicon. Moguntiæ, P. Schoeffer, 1460, 2 vol. in-fol., mar. r. 200 l.


568. Stephani Doleti Commentariorum linguæ latinæ volumina duo. Lyon, Gryphius, 1536, in-fol., veau fauve. 126 l.



Exemplaire de Girardot de Préfond
Paris, Piasa, 19 oct 2016 : 10.652 €

710. Le Rommant de la Rose. Paris, Galliot du Pré, 1529, in-8, fig., mar. rouge, lettres rondes. 25 l. [Provient de la bibliothèque de la comtesse de Verrue (1670-1736) : alors relié en mar. bleuà ses armes, Maximilien-Louis de Clinchamp l’aurait fait relier par Trautz-Bauzonnet. Piasa, 19 octobre 2016 : 10.652 €. Librairie Amélie Sourget, automne 2018 : 25.000 €]


Exemplaire de Girardot de Préfond
Drouot, 11 décembre 2015 : 202.532 €

714. Les fais maistre alain Chartier notaire et secretaire du Roy charles vie. Paris, Pierre le Caron, 1484, in-fol., veau fauve [rel. attribuée à Boyet par Eugène Paillet]. 23 l. 19. [Drouot, 11 décembre 2015 : 202.532 €]


768. Orlando innamorato composto. Venise, 1545, in-4, mar. bleu. 93 l. 19.


883. Hypnerotomachia Poliphili. 1545, in-fol., fig., mar. r. 30 l.



961. Le recueil des histoires troIennes contenans troys livres. Paris, Vérard, s. d. [1494], in-fol., goth., sur vélin, miniatures, gr. pap., veau marbré. 621 l.

Photographie BnF

1.011. Les Œuvres de Bernard de Bluet d’Arberes, comte de Permission. 1601, 2 vol. in-12, mar. r. 96 l. 19.


1.042. Francisci Philelphi Epistolarum familiarium libri XXXVII. Venise, De Gregoriis, 1502, in-fol., mar. bleu. 180 l.


1.060. Collectionnes Peregrinationum in Indiam Orientalem et Indiam Occidentalem, XXV partibus comprehensæ, opus illustratum figuris Fratrum de Bry et Meriani. Francfort, 1590-1634, 12 vol. in-fol., mar. bleu. 985 l.


1.065. Historia del Gran Tamorlan. Sevilla, Pescioni, 1582, in-fol., mar. r. 144 l.


1.211. Histoire de France, depuis Faramond iusqu’à maintenant. Par F. E. du Mezeray. Paris, Guillemot, 1643 et suiv., 3 vol. in-fol., fig., mar. r. 159 l. 19.


1.258. Figures des monnoyes de France. S. l., s. n., 1619, in-4, mar. citron. 120 l.


1.259. Recherches curieuses des monoyes de France. Par Claude Bouterouë. Paris, Edme Martin, 1666, in-fol., gr. pap., fig., veau marbré. 80 l.


1.282. Nuevo descubrimiento del gran rio de las Amazonas. Madrid, 1641, in-4, mar. r. 252 l.

« C’est un des premiers catalogues où l’on rencontre des notes et des éclaircissemens bibliographiques. Mais ce catalogue ne contient pas les beaux livres de Girardot de Préfond, qui portaient la plupart, à la première garde, un écusson doré sur maroquin vert, bleu ou rouge, que certains acquéreurs de ces livres provenant de sa seconde bibliothèque ont enlevé, pour ne paraître pas enrichir la leur aux dépens de ce riche marchand de bois, qui avait un goût délicat de bibliophile. Cette seconde bibliothèque de Girardot de Préfond, où pas un article n’était ordinaire, fut achetée en bloc par le comte de Mac-Carthy, qui la réunit à la sienne. » [sic]
(Bibliothèque de M. G. de Pixerécourt. Paris, 1838, p. 326, n° 2.199)

Girardot de Préfond utilisa deux ex-libris :

Photographie Librairie Gaelle Cambon

-          avant 1757 : un ex-libris gravé [86 x 62 mm], qui porte ses armes, « Ecartelé : aux 1 et 4, d’argent au lion de sable ; aux 2 et 3, de gueules au chevron d’argent », sous une couronne de comte. Accompagné ou non d’une bande de maroquin portant « GIRARDOT DE PREFOND ».
-   
   

             après 1757 : un ex-libris ovale [30 x 27 mm], orné d’une guirlande de feuillage en dorure, sur maroquin de couleur, portant « EX MUSÆO PAULI GIRARDOT DE PREFOND » ; cet ex-libris sera copié par le relieur Joseph Thouvenin (1791-1834), pour son super ex-libris, et par La Roche Lacarelle (1816-1887).

La seconde bibliothèque de Girardot de Préfond fut plus grande et plus rare que la première. Le 17 janvier 1768, Pierre-Antoine Soyer, secrétaire et bibliothécaire du marquis de Paulmy (1722-1787), écrivit :

« J’ay l’honneur d’envoyer à Monseigneur la note des livres que je luy ay acquis cette semaine, à la vente de M. de La Vallière. Dans tout ce qui étoit sur le catalogue, il n’y a eu que la Bible de Mayence que je n’ay point eue. Mon oncle [Capperonnier, de la Bibliothèque du Roi] l’avoit portée à 600 livres, parce qu’elle étoit sur papier. Cependant, il s’est trouvé là un M. Girardot de Préfonds qui l’a payée 2,500 livres. Il avoit pour concurrent un homme chargé d’une commission pour un évêque portugais, qui la luy a fait payer ce prix. Quelle folie ! M. de La Vallière gagne sur cet article 700 livres, parce qu’on m’a dit qu’il ne l’avoit payée que 1,800 livres aux Jésuites. M. Girardot de Préfonds vient d’hériter de 100,000 livres. Il est dangereux qu’il veuille un livre qu’on désire. » [sic]
(Henry Martin. Histoire de la Bibliothèque de l’Arsenal. Paris, Plon, 1900, p. 54)  

Girardot de Préfond acheta, au mois d’avril 1769, à la vente des livres du cabinet de Louis-Jean Gaignat (1697-1768), des articles de la plus grande rareté, dont 

Photographie British Library

une Bible de Gutenberg imprimée sur vélin (2 vol. in-fol., mar. r.), pour 2.100 livres [adjugée 6.260 francs à  Thomas Grenville (1755-1846) lors de la vente Mac-Carthy en 1817, aujourd’hui à la British Library], 

Photographie BnF

et un Psautier de 1457 imprimé sur vélin (in-fol., mar. r.), pour 1.340 livres [adjugé 12.000 francs lors de la vente Mac-Carthy en 1817, aujourd’hui à la BnF].

La même année 1769, sous la pression de ses créanciers, Girardot de Préfond dut se résoudre à vendre en bloc la majeure partie de cette seconde collection au comte de Mac-Carthy Reagh (1744-1811), pour la somme de 50.000 francs.
Paul Girardot de Préfond déménagea bientôt dans le IIe arrondissement actuel, rue du Sentier, puis rue Beauregard. Resté célibataire, il mourut très vraisemblablement à Paris, dans les premières années du XIXe siècle - probablement vers 1808 -, dans l’indifférence générale.




























Louis-Philippe-François de Warenghien (1771-1854), expert en bibliographie et en législation militaire

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Détail du plan de Douai (1649)

D’une famille arrivée du Danemark à Lille [Nord] au XIe siècle, passée à Douai [Nord] au XVIe siècle, Louis-Philippe-François de Warenghien [prononcez « varaine-gaine »] est né à Douai, sur la paroisse Saint-Albin [l’église Saint-Albin fut rasée en 1797], le 5 août 1771, fils de Louis-Joseph-Marie de Warenghnien (1741-1824), conseiller en la cour du Parlement de Flandre, et de Anne-Barbe Pieffort (1752-1838).

Louis-Joseph-Marie de Warenghien
par Charles-Emile de Sylva
Musée de la Chartreuse, Douai

Louis-Joseph-Marie de Warenghnien était né à Douai le 11 mars 1741. Il était fils de Louis-Joseph de Warenghien (1698-1769) et petit-fils de Philippe de Warenghien (1666-1736), tous deux successivement conseillers-secrétaires du Roi, en la chancellerie près le Parlement de Flandre à Douai. Il fut reçu avocat au Parlement de Flandre en 1761 et conseiller en 1765. Il épousa, le 18 septembre 1770, Anne-Barbe Pieffort (1752-1838), fille de François de Paul-Florimond Pieffort, président de l’Élection de Péronne [Somme], et de Anne-Françoise Sentier.
En 1774, Louis-Joseph-Marie de Warenghien acheta la seigneurie de Wavrechain-sous-Faulx [Nord], à 2 km à l’ouest de Bouchain. 

Seigneurie de Flory
In Comitatuum Hannoniae et Namurci descriptio, par Joan Blaeu, 1635

Son grand-père, Philippe de Warenghien (1666-1736), seigneur de Grandmetz [commune de Leuze-en-Hainaut, Belgique], avait acheté en 1719 la seigneurie de Flory [hameau de Fleury, Haspres, Nord], à 4 km au sud de Denain, et en 1722 le fief d’Appencourt [commune de Leforest, Pas-de-Calais], à 6 km au nord de Douai.
Après avoir successivement rempli les fonctions de commissaire du Roi pour la formation du département du Nord, celles de procureur-général-syndic de cette administration, de commissaire du Roi près le Tribunal criminel, d’agent-général du gouvernement près l’administration centrale de toute la Belgique, séant à Bruxelles, de président du Conseil général du département, de membre du collège électoral du département du Nord, Louis-Joseph-Marie de Warenghnien fut installé premier président de la Cour d’appel des départements du Nord et du Pas-de-Calais en 1803. Créé chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de l’Empire en 1810, puis baron de l’Empire en 1813. Divorcé le 26 avril 1794, il mourut le 11 janvier 1824 et fut inhumé en l’église de Wavrechain-sous-Faulx.

    
Louis-Philippe-François de Warenghien fit ses études à Paris, au Collège des Quatre Nations [Institut de France depuis 1795, 23 quai de Conti, VIe], fut reçu bachelier en droit en 1789, puis licencié en droit en 1790, et devint avocat au Parlement de Flandre, à Douai.
En 1792, il fut nommé chef du bureau du contentieux à Douai et membre de l’administration des hospices, fonctions qu’il cumula avec celle d’administrateur du collège des Écossais. 

Commissaires des guerres (Premier Empire)


Plaque de ceinturon d'un commissaire des guerres (Consulat-Empire)

Le 28 octobre 1792, il entra comme adjoint dans le corps des commissaires des guerres et débuta à la bataille de Jemmapes [Belgique], le 6 novembre 1792. Nommé commissaire des guerres le 4 décembre 1792, il fut envoyé à Douai. Ses oppositions aux violences révolutionnaires l’ayant rendu suspect, il fut arrêté et enfermé en 1794 dans la maison des Filles de la Providence, rue des Malvaux, devenue une prison, mais bientôt rendu à la liberté, grâce à l’intervention de Nicolas-Joseph Ducellier (1750-1831), alors colonel d’artillerie, qui avait servi à l’armée du Nord. Successivement commissaire des guerres de 2e et de 1èreclasse, il fut employé à Châteauroux [Indre], Anvers [Belgique], Rotterdam et La Haye [Pays-Bas]. Il remplit même souvent, par intérim, les fonctions d’ordonnateur à Lille, Münster [Allemagne], Besançon [Doubs], Amsterdam [Pays-Bas]. Il quitta la Hollande après la bataille de Leipzig [Allemagne], qui se déroula du 16 au 19 octobre 1813, où les Français, cernés par 300.000 hommes, durent battre en retraite.

Le 1er nivôse An VI [21 décembre 1797], à Rémy [Pas-de-Calais], il avait épousé Amélie-Françoise-Thérèse-Victoire Delambre, née le 19 janvier 1776 à Boiry-Notre-Dame [Pas-de-Calais], fille de Charles-Guislain Delambre, cultivateur, et de Thérèse Goubet. Seuls quatre de leurs sept enfants atteignirent l’âge adulte : Charles-Florimond, né le 9 vendémiaire An VII [30 septembre 1798] ; Amélie, née le 28 juillet 1800 ; Jules-Lamoral, né le 14 floréal An XIII [4 mai 1805] ; Adèle, née le 6 avril 1815.

Après Waterloo [Belgique], il fut victime des réactions politiques et fut placé dans le cadre de non activité. Plus tard, on le nomma sous-intendant militaire, chevalier de la Légion d’honneur le 6 août 1815 et de Saint-Louis le 11 mars 1820, et on le mit à la retraite.

Hôtel de Warenghien, à Douai (septembre 2010)

En 1824, il devint propriétaire de l’hôtel de Warenghien, situé 250 rue Morel, à Douai, que son père avait acheté en 1791 et où avait logé son beau-frère, le général Louis-Joseph Lahure (1767-1853), célèbre pour avoir capturé, en 1795, avec un corps de cavalerie, la flotte hollandaise prise par les glaces à l’île du Texel [Pays-Bas].

En 1828, il accepta les fonctions d’adjoint au maire de Douai, le 25 février, puis de maire, le 24 septembre. Pendant le cours de son administration, il prit des arrêtés utiles, essentiels pour la police des marchés, pour l’application de la vaccine ; il réglementa les moyens de circulation ; il poursuivit les concussionnaires des deniers publics ; il fit paver quelques-unes des rues ; il fit exécuter d’importantes réparations à la salle des spectacles et contribua à son ornementation. Il fit rouvrir l’école d’enseignement mutuel, qu’on avait fermée. Ses règlements relatifs à l’exercice de la profession de boulanger, au service de l’octroi reçurent l’approbation générale. Il fut le fondateur de la Société de l’industrie, fit établir en divers lieux des boites fumigatoires pour les noyés, agrandir le cimetière commun ; et fit faire de grandes réparations au Musée et à la Bibliothèque.
Rendu encore une fois à la vie privée, par la révolution de 1830, il oublia dans l’intérieur de sa bibliothèque les hommes et leurs injustices. Ne renonçant pas à se rendre utile à la cité, il fut vice-président des Sociétés des amis des arts et de l’industrie, administrateur de la Caisse d’épargne, membre de la Commission de la Bibliothèque, de la Société centrale et impériale d’agriculture.
En 1837, il fut maire de Hamel [Nord], à 11 km au sud de Douai, et le redevint en 1844. Veuf depuis le 23 mars 1843, il vendit l’hôtel de Warenghien à son fils Charles-Florimond Warenghien (1798-1874) en 1845.

« Le goût du beau était inné chez M. de Warenghien : aussi parvint-il à réunir de nombreuses collections de tableaux, de curiosités, de porcelaines de vieux Saxe et de vieux Sèvres, du Japon et de la Chine. Ces richesses ont été amassées avec soin et avec patience. Mais la passion la plus prononcée de notre amateur était, sans contredit, celle d’acquérir de beaux et bons livres. Depuis l’époque de ses études jusqu’au jour de sa mort, arrivée le 13 août 1854, il ne cessa jamais d’augmenter et d’enrichir une des plus belles et des plus nombreuses bibliothèques qu’il soit donné à un simple particulier de posséder.
La guerre, l’occupation militaire, les missions à l’étranger, les voyages excentriques, loin d’arrêter le penchant de M. de Warenghien à acquérir des livres, ne firent que l’entretenir. C’est même à ses longs et fréquents séjours en Hollande qu’on doit les beaux et purs classiques reliés en vélin blanc qui brillaient en si grand nombre sur les rayons de sa bibliothèque. Toutes les ventes les plus fameuses faites dans la première moitié du XIXe siècle ont, en outre, fourni un notable contingent à cette collection, dont le catalogue, après de nombreuses éliminations, est encore volumineux, et comprend plus de 10,000 volumes choisis avec autant de goût que de sagacité.
La bibliothèque de M. le baron de Warenghien se distingue, comme nous l’avons dit, par une riche collection de classiques grecs et latins de tous les temps, depuis les éditions princeps du XVe siècle jusqu’aux belles impressions modernes des Didot. Aussi devient-il superflu de mentionner, sinon en courant et comme pour mémoire, qu’elle possède des labeurs de ce genre sortis des presses renommées des Aldes, des Estienne, des Plantin, des Elzevir, des Barbou, des Coustelier, des Baskerville, etc.
Il deviendrait fastidieux d’énumérer les livres remarquables rassemblés pendant soixante années consécutives par un bibliophile ardent à qui la fortune souriait assez complaisamment pour lui permettre de satisfaire ses goûts intelligents et éclairés : il suffira de dire que cette collection comprend la crème des bons ouvrages dans chacune des grandes classes de la bibliographie. » [sic]
(A. D. « Notice ». In Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baron de Warenghien. Paris, P. Jannet, 1855, p. VI-VII)

Louis-Philippe-François de Warenghien utilisa deux ex-libris.


Avant la Révolution, son ex-libris [84 x 60 mm], gravé par F. Danchin, à Cambrai, porte ses armes « D’azur, au chevron d’or, accompagné de 3 besans de même » sous une couronne de comte, avec « EX LIBRIS DE WARENGHIEN DE FLORY ».


Après la Révolution, son ex-libris [85 x 60 mm] porte ses armes « D’or à 3 léopards superposés de sable » sous une couronne de baron, surmontée de la devise « VIS UNITA FORTIOR » [L’union fait la force], avec « Bibliothèque de Mr. le Bon. de Warenghien. »

Il avait réuni, colligé avec soin et collationné sur les meilleurs manuscrits les poésies d’un des plus anciens poètes artésiens, Adam de la Halle, actif au XIIIe siècle, dont il désirait publier les œuvres, inédites jusqu’alors. La mort est venue mettre obstacle à ce louable projet. Louis-Philippe-François de Warenghien mourut le 13 août 1854, en son hôtel particulier, 19 rue Saint-Jean. 


Il fut inhumé au cimetière de Douai.
   
Le 25 avril 1855, furent vendus à Douai sa collection de tableaux, gravures, porcelaines de Sèvres, etc., et son mobilier.


Sa bibliothèque fut vendue du lundi 9 au samedi 28 juillet 1855, en 18 vacations, à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons-Enfants : Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baron de Warenghien, ancien commissaire des guerres, ancien maire de la ville de Douai, chevalier de la Légion-d’honneur et de S.-Louis (Paris, P. Jannet, 1855, in-8, X-[2]-304 [p. 209-224 chiffrées 309-324] p., 3.440 [n° 834 chiffré 83] + 108 doubles [bis] = 3.548 lots), dont Théologie [219 lots = 6,17 %], Jurisprudence [42 lots = 1,18 %], Sciences et Arts [453 lots = 12,76 %], Belles Lettres [1.583 lots = 44,61 %], Histoire [1.251 lots = 35,25 %].


5. Paraphrasis poetica in psalmos Davidis, auct. R. H. L. Magnetio. Remis, 1646, in-12, vél.



25. Commentaire littéral sur tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, par dom Calmet. Paris, 1724, 9 vol. in-fol., v. f., fil.


121. Les Provinciales (par Pascal). Cologne, Pierre de la Vallée (Hollande, Elzevir), 1657, in-12, vél.

Exemplaire de Warenghien
Paris, Rossini, 10 juin 2015 : non vendu

139. Caroli Paschalii christianarum precum libri duo. Cadomi, 1592, in-8, mar. r., fil., tr. dor. Aux armes de J.-A. De Thou.

Photographie Bibliothèque de Munich

152. Spechio della fede (di Fra Roberto di Leza). Venetiis, 1495, in-fol., mar. citr., fil., tr. dor. (Rel. anc.).


180. La Chasse de la beste romaine, par G. Thomson. La Rochelle, 1612, in-8, vél.


228. Corpus juris civilis, cum D. Gothofredi et aliorum notis. Amstelodami, Apud Joannem Blaeu, Ludovicum & Danielem Elzevirios, 1663, 2 tomes en 1 vol. in-fol., vél. de Hollande, comp.


261. Platonis opera omnia, gr. lat., interp. J. Serrano. S. l., H. Stephanus, 1578, 3 vol. in-fol., vél. comp., gr. pap.


286. L. Annæi Senecæ philosophi opera omnia. Lugd. Batav., Apud Elzevirios, 1649, 4 vol. in-12, vél.


331. Boetius. De consolatione philosophiæ. Lovanii, 1484, in-fol., v.



335. Le Doctrinal de sapience, qui contient les trois estats du monde (par Guy de Roye). Paris, Trepperel, s. d., in-4 goth., mar. r., fil., tr. d. (Koehler).


336. Les Essais de Michel, seigneur de Montaigne. Amsterdam, Antoine Michiels, 1659, 3 vol. in-12, vél.


392. Plinii Secundi historiæ naturalis libri XXXVII. Lugd. Bat., Elzevir, 1635, 3 vol. in-12, m. r., tr. d. (Duru).



428. Traité des arbres fruitiers, par Duhamel de Monceau. Paris, 1768, 2 vol. in-4, fig., v. f., tr. d., gr. pap.



432. Aldrovandi historia naturalis. Bononiæ, 13 vol. in-fol., fig., vél. cordé.


467. Les Œuvres d’Ambroise Paré. Lyon, 1685, in-fol., fig., v., fil.


472. Aphrodisiaque externe, ou Traité du fouet (par Doppet). S. l. [Lausanne], s. n. [Henri Vincent], 1788, in-18, v.



474. L’Art de procréer les sexes à volonté (par Millot). Paris, 1802, in-8, fig., d. rel. v., n. r.


479. Essai sur la physiognomonie, par J. G. Lavater. La Haye, Jaques Van Karnebeek [Hendrik Van Teeckelenburgh pour le t. IV], 1781-1803, 4 vol. in-fol., fig., d. rel. mar., v. n. r.



523. Le Mareschal de bataille, contenant le maniement des armes, les évolutions (par de Lostelneau). Paris, 1647, in-fol., fig., v.



527. Histoire militaire de Flandres, 1690-1694, par de Beaurain. La Haye, 1776, 5 tomes en 4 vol. in-4, fig., v.



555. Escalier des sages, ou la philosophie des anciens. Groningue, 1689, in-fol., fig., d. rel. v. r.


558. Manuel typographique, par Fournier. Paris, Barbou, 1766, 2 vol. in-8, vél., fil., tr. dor.


569. Monuments des arts du dessin chez les peuples tant anciens que modernes, recueillis par le baron Vivant Denon. Paris, Brunet Denon, 1829, 4 vol. gr. in-fol., pap. vél., d. rel. mar. r., non rogné.

Photographie BnF

575. Vies et œuvres des peintres les plus célèbres de toutes les écoles, par C. P.  Landon. Paris, 1803-1824, 25 vol. in-4, fig., d. rel. mar. r., n. r.


586. Galerie du Palais Royal, gravée d’après les tableaux des différentes écoles qui la composent, par M. l’abbé de Fontenai. Paris, J. Couché et J. Bouilliard, 1786, 3 vol. gr. in-fol., fig., d. rel. mar. r., n. r.



633. Voyage pittoresque de la Grèce (par de Choiseul-Gouffier). Paris, 1782, 2 tomes en 3 vol. gr. in-fol., fig., pap. vél., d. rel. v. r.


645. Architecture de Vitruve, trad. par Perrault. Paris, 1684, in-fol., v.




648. L. B. Alberti de re ædificatoria. Florentiæ, Laurentii Alamani, 1485, in-fol., v. f., tr. dor.


665. Antiquæ musicæ auctores septem. Græce et latine. Marcus Meibomius restituit ac notis explicavit. Amstelodami, Louis Elzevir, 1652, in-4, vél. de Hollande, comp.


675 bis. Les Soupers de la Cour, ou l’Art de travailler toutes sortes d’alimens. Paris, Guillyn, 1755, 4 vol. in-12, d. rel. Édition originale du traité de Menon.


916. Les Œuvres de Lucrèce, trad. en fr. par le baron de Coutures. Paris, 1692, 2 vol. in-12, v. f., fil., aux armes de Madame de Pompadour.

Photographie BnF

1.005. Les Métamorphoses d’Ovide, trad. par l’abbé Banier, texte en regard. Amst., 1732, 2 vol. in-fol., fig., v. éc., dent.


1.035. Statii Sylvæ cum Domitii Commentariis. Statii Thebais cum Lactantii Commentariis. Statii Achilleis cum Maturantii Commentariis. Domitii. Venise, Bartholameus de Zanis de Portesio, 1494, in-fol., v. f. Aux armes de De Thou, avec sa signature sur le titre.


1.078. C. Sollii Sidonii Apollinaris lucubrationes. Bâle, Henricus Petrus, 1542, in-4, vél. Exemplaire de Baluze.


1.087. Aurelii Prudentii Clementis quæ exstant. Amstelodami, Daniel Elzevir, 1667, in-12, mar. r., fil., tr. d. Aux armes de Durfort-Duras.


1.199. Stephani Doleti carminum libri quatuor. Lyon, 1538, in-4, cuir de Russie, dent., tr. dor.


1.215. La Sifilide, poema di Girolamo Fracastoro, tradotto da Sebastiano degli Antonj. Bolonia, 1738, in-4, v. f. (exemplaire Soubise).


1.514. Poésies de M. de La Monnoye. La Haye, 1716, in-8, v., fil., aux armes du comte d’Hoym.

Exemplaire de Warenghien
Paris, Alde, 7 décembre 2016 : 1.300 €

1.530. La Henriade de Voltaire. Paris, P. Didot, 1790, in-4, pap. vél., mar. r., dent., tr. d.



1.538. Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine. Paris, 1755-1759, 4 vol. gr. in-fol., très gr. pap., fig. d’Oudry, m. r., dent., tr. d. Aux armes de Molé de Champlâtreux.


1.572. La Pieuse Alouette avec son [sic] tirelire. Valenciennes, 1619, 2 vol. in-8, d.-rel., v. f.


1.616. Aristophanis comoediae, gr. lat., ed. L. Kusterus. Amst., 1710, in-fol., vél. cordé.


1.739. Le Roman de la Cour de Bruxelles. Spa, 1628, in-8, mar. bleu, fil., tr. dor. Aux armes de la comtesse de Verrue.


1.775. Le Songe de Boccace. Paris, 1698, in-12, v. Aux armes de Madame de Pompadour.


1.809. Formulaire fort récréatif de tous les contracts, par Bredin le Cocu. Lyon, 1618, in-16, m. r., fil., tr. dor. (Padeloup).


2.133.Œuvres diverses de Bayle. La Haye, 1726-1731, 4 vol. in-fol., veau. Gr. pap.


2.135.Œuvres de Fénelon, avec sa vie par de Bausset. Versailles, Lebel, 1820-1824, 28 vol. in-8, d.-rel. v. f.


2.210. Recueil de quelques pièces nouvelles et galantes, tant en prose qu’en vers. Cologne, P. du Marteau, 1667-1685, 2 part. en 1 vol. in-12, d.-rel.

Photographie BnF

2.224. Géographie de Strabon (trad. par La Porte du Theil, Coray et Letronne). Paris, 1805-1819, 5 vol. in-4, v. ant., fil.

Photographie BnF

2.239. Le Monde, ou Description de ses quatre parties, par Davity. Paris, 1657, 5 vol. in-fol., m. r., comp., tr. dor. Aux armes du chancelier Séguier.



2.266. Voyages très curieux et très renommés faits en Moscovie, Tartarie et Perse, par Ad. Olearius. Amst., 1727, 2 tomes en 1 vol. in-fol., fig., v. f.


2.297. Alberic Vespucci Lauretio petri francisci de medicis Salutem plurimam dicit. Paris, Jehan Lambert, s. d. [1504], in-4, lettres rondes, fig. sur bois, cart.


2.339. Cleri totius romanæ ecclesiæ subjecti, seu pontificiorum ordinum omnium omnino utiusque sexus habitus figuris a J. Ammano expressi, quibus Fr. Modii octosticha adjecta sunt. Francfort, 1585, in-4, fig., vél.


2.468. Sept livres des Histoires de Diodore Sicilien (trad. par Jacques Amyot). Paris, Vascosan, 1554, in-fol., l. r. m. v., riche dent., tr. dor.


2.488. Titi Livii historiarum quod extat. Amst., D. Elzevir, 1678, in-12, vél.


2.516. Julii Cæsaris commentarium de bello gallico. Venetiis, per Philippum de Pinciis, 1494, in-fol., v. f.


2.523. P. Cornelii Taciti libri quinque noviter inventi, ed. Ph. Beroaldo. Romæ, impressi per Stephanum Guillereti de Lotharingia, 1515, in-fol., v. f., fil., tr. d. Première édition dans laquelle se trouvent les cinq livres des Annales.


2.597. Les Monuments de la monarchie françoise, par B. de Montfaucon. Paris, 1729-1733, 5 vol. in-fol., fig., v. f., fil., gr. pap.


2.616. Recueil des historiens des Gaules et de la France, par D. Bouquet et ses continuateurs. Paris, 1738-1840, 20 vol. in-fol., v. f., fil.



2.628. Sammarthani fratres. Gallia christiana, seu series archiepiscoporum, episcoporum et abbatum Franciæ. Parisiis, 1716-1735, 13 vol. in-fol., v. m. Aux armes de France.


2.772. Histoire généalogique de la Maison de France, par Scévole et Louis de Sainte-Marthe. Paris, 1619, in-4, v. Aux armes du cardinal Mazarin.


2.794. Monétaires des Mérovingiens, Recueil de 920 monnaies en 62 planches, avec leur explication (par M. G. Conbrouse). Paris, 1843, in-4, fig., d.-rel.



2.816. Plan de Paris, levé et dessiné par Louis Bretez, gravé par Claude Lucas. Paris, 1734-1739, gr. in-fol., m. r., fil., tr. dor. Aux armes de la ville de Paris. [Plan dit « de Turgot »].


2.866. Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, par D. Morice. Paris, 1750, 5 vol. in-fol., v.



2.893. Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, par Dom Calmet. Nancy, 1728, 4 vol. in-fol., fig., v. Première édition.


2.931. Histoire de la ville de Bouchain, capitale du comté d’Ostrevant, par le P. Ph. Petit. Douay, 1659, in-8, v. f., fil., tr. dor.


2.937. Description de tout le Pays-Bas, par Guicciardin. Anvers, 1567, in-fol., fig., v. Exemplaire du chancelier d’Aguesseau.



2.942. Les Illustrations de la Gaulle belgique, antiquitez du pays de Haynau (par Jacques de Guyse). Paris, François Regnault, 1531, 3 tomes en 1 vol. in-fol. goth., v.


3.141. Histoire généalogique de la Maison royale de France, par le Père Anselme. Paris, 1726-1733, 9 vol. in-fol., fig., v.


3.240. Histoire littéraire de la France, par les religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur. Paris, 1733-1847, 21 vol. in-4, v.


3.272. Dictionnaire raisonné de bibliologie, par G. Peignot. Paris, 1802, 3 vol. in-8, d. rel., v. f.

Photographie Grolier Club New York

3.289. Annales de l’imprimerie des Alde, par A. A. Renouard. Paris, 1803, 2 vol. in-8, v.



3.296. Dictionnaire bibliographique, avec supplément, par J. C. Brunet. Paris, Cailleau, 1790-An X, 4 vol. in-8, v.


3.353. Les Supercheries littéraires dévoilées, par Quérard. Paris, 1847-1854, 5 vol. in-8, br.


3.390. Biographie universelle. Paris, Michaud, 1811 et suiv., 81 vol. in-8, d. rel., v. f.


3.414. Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle : avec leurs portraits au naturel. Par MR Perrault. Paris, Antoine Dezallier, 1696, 3 vol. in-fol., fig., m. r., tr. d. Gr. pap. aux armes du cardinal Albani.



3.432. Mélanges tirés d’une grande bibliothèque. Paris, 1781, 28 vol. in-8, m. r., fil., tr. d. Aux armes de la comtesse d’Artois.  [Les soixante-neuf volumes des Mélanges tirés d’une grande bibliothèque, publiés de 1779 à 1788 et distingués par les lettres A. B. C. D. etc., sont l’œuvre anonyme du marquis de Paulmy (1722-1787), assisté par un rédacteur professionnel, André-Guillaume Contant d’Orville, membre honoraire de l’Académie des antiquités de Cassel].



 
 
  








Jean-Charles-Pierre Lenoir (1732-1807), injustement calomnié

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Plan Turgot

Descendant d’un marchand de toile, qui vivait à Paris au milieu du XVIIe siècle, sur la paroisse Saint-Leu-Saint-Gilles, rue Saint-Denis [Ier], centre du commerce de la draperie, des soieries, des dentelles et de la mercerie, Jean-Charles-Pierre Lenoir est né le mercredi 10 décembre 1732, rue des Fossés-Montmartre [partie de la rue d’Aboukir, entre la place des Victoires et la rue Montmartre, IIe], et fut baptisé le même jour en l’église Saint-Eustache, rue Rambuteau [Ier].

Le Grand Châtelet de Paris (1800)

Son père, Jean-Charles-Joseph Lenoir (1687-1754), conseiller du Roi en ses Conseils, lieutenant particulier au Châtelet de Paris [Ier, place du Châtelet, détruit en 1802], demeurant alors rue du Roi de Sicile [IVe], paroisse Sant-Gervais, avait épousé, en l’église Saint-Germain de Pantin [Seine-Saint-Denis], le 20 janvier 1728, Marie-Anne Lenoir (1708-1787), demeurant alors rue des Fossés-Montmartre, paroisse Saint-Eustache, d’une famille différente de la sienne, originaire de Sancerre [Cher], fille de Guillaume Lenoir (1683-1731), seigneur de Cindré [Allier], receveur général des finances à Alençon [Orne] et l’un des fermiers généraux de Sa Majesté, et de Anne Baugy (1684-1726).


Jean-Charles-Joseph Lenoir avait hérité de son père, Jean-Charles Lenoir (1647-1724), marchand de soie dans la rue de la Vieille-Monnaie [IVe, supprimé par le boulevard Sébastopol], voisine de la rue Saint-Denis, la charge anoblissante de secrétaire du Roi qu’il avait achetée en 1709, changeant ainsi le cours de l’histoire de sa descendance.

Portrait de Jean-Charles-Pierre Lenoir
Attribué à J.-B. Greuze
Musée de la Police

Après des études au célèbre collège de Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques [Ve], Jean-Charles-Pierre Lenoir conquit sa licence en droit à la Faculté, rue Jean-de-Beauvais [Ve]. Le 27 mars de cette même année 1752, son père lui acheta une charge de conseiller au Châtelet. Après la mort de son père, arrivée le 23 avril 1754, il lui succéda dans sa place de lieutenant particulier au Châtelet.

Le 27 avril 1757, en l’église Saint-Merry [IVe], il épousa Marie-Nicole Denis (1736-1762), fille d’un marchand épicier parisien, et s’établit rue des Saints-Pères, au faubourg Saint-Germain [VIIe].

Le 9 décembre 1759, il acquit la charge de lieutenant criminel et déménagea rue de Paradis [partie de la rue des Francs Bourgeois, entre la rue Vieille-du-Temple et la rue des Archives, IVe], 


puis, en 1760, rue d’Anjou, au Marais [partie de la rue Pastourelle, entre la rue des Archives et la rue Charlot, IIIe], maison qu’il louait 2.200 livres par an à Charles Marnays de Saint-André, comte de Vercel.
Son épouse mourut prématurément, le 16 novembre 1762, laissant une fille unique, Anne-Pauline, baptisée le 31 octobre 1760 en l’église Saint-Jean-en-Grève [IVe, détruite en 1800]. L’inventaire des biens des époux fut fait le 6 décembre 1762 :

« Cette demeure possédait de nombreuses pièces. Dans celle du rez-de-chaussée, servant de salle d’audience, fort bien meublée, nous relevons un bureau “ de bois plaqué de divers couleurs, mains, entrées et ornements de cuivre ” ; un écritoire en maroquin noir ; douze fauteuils de bois de noyer recouverts de velours d’Utrecht rouge ; une tapisserie de damas rouge, encadrée par une baguette de bois sculpté doré ; une bibliothèque en bois de chêne, etc… Les meubles du salon “ de plain-pied ” ayant vue sur le jardin sont remarquables : secrétaire “ marqueté façon de Iacque, orné de cuivre, contour d’or ” ; deux “ chiffonniers ” en “ bois plaqué et marqueté ” ; un canapé “ de trois places ” ; six fauteuils et une bergère “ de bois sculpté et doré ” couverts de damas rouge ; un lustre “ monté en forme de lanterne à cinq pans, en cuivre doré, garni de ses verres en forme de cristal ” ; une pendule “ sonnante en forme d’oignon, faite par Louis Monnoye, dans sa boete de cuivre, contour d’or ”, etc… Pour infirmer les mensonges des contemporains qui prétendaient que Le Noir ne savait pas lire, disons que sa bibliothèque se composait en 1762 de 931 volumes. On y relève le Traité des criées, les Coutumesde Normandie et de Paris, le Code criminel, les Ordonnances de Néron, les Lettres et Mémoires de Madame de Maintenon, l’Histoire des Juifs, les œuvres de Tite-Live, celles de Marot et de Rabelais, etc… Le testament de Marie-Nicole Denis (13 novembre 1762, étude CXII, liasse 727) permet de connaître le nombreux personnel attaché au ménage Le Noir : la demoiselle Le Roy, femme de chambre de Marie-Nicole Denis ; Ambault, valet de chambre de Le Noir ; Janneton, cuisinière de Marie-Nicole Denis ; Picard et Duplessis, premier et second laquais de Le Noir ; la demoiselle Edmée, gouvernante de la future épouse de Boula de Nanteuil ; Lanois et Neuville, premier et second laquais Mme Le Noir ; Duval et Fribourg, respectivement cocher de Le Noir et de son épouse ; Millet, portier, etc… » [sic]
(Henri Diné. « Un intendant de Poitiers sous Louis XVI. Boula de Nanteuil ». In Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest et des Musées de Poitiers. Poitiers, 3etrimestre de 1962, p. 554-555, n. 120)

Hôtel de Mesmes (1838)
  
Le 17 juillet 1765, il acquit l’office de maître des requêtes pour 100.000 livres et occupa alors, en location, un appartement de l’hôtel de Mesmes, 71 rue Sainte-Avoye [62 rue du Temple, IIIe, entre les rues de Braque et des Blancs-Manteaux, détruit en 1838 par la rue de Rambuteau], qu’il quitta en 1770 pour un quartier plus aéré, vers l’extrémité de la rue de Richelieu [IIe], non loin du boulevard.

En 1766, il fut le rapporteur de la commission chargée d’enquêter sur la fronde parlementaire dirigée par Louis-René de Caradeuc de La Chalotais (1701-1785), procureur général du Parlement de Bretagne, à Rennes [Ille-et-Vilaine], et fut considéré alors, à tort, comme un fourrier du despotisme. Président au Grand Conseil le 3 janvier 1768, il fut chargé en 1772 d’appliquer la réforme Maupeou à Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône].


Le 25 août 1774, il venait d’être nommé à l’intendance de Limoges [Haute-Vienne], lorsque Antoine de Sartine (1729-1801), devenu ministre de la Marine, le désigna pour lui succéder dans la place de lieutenant-général de police. 
Il s’installa, avec une partie de ses bureaux, dans l’hôtel Desmarets, 20 rue Neuve-Saint-Augustin [16 rue Saint-Augustin, IIe, détruit par le coin de la rue de Choiseul].
En mai 1775, Turgot, le trouvant en opposition avec les principes qu’il cherchait à établir, mit à la police Joseph d’Albert (1721-1790), qui partageait ses opinions.
Conseiller d’État le 23 août 1775, Lenoir fut chargé de restaurer le Parlement de Pau [Pyrénées-Atlantiques].


La lieutenance-générale de police lui fut rendue le 17 juin 1776, Turgot n’étant plus ministre depuis le 12 mai. 


En 1780, Lenoir acquit, au nom du Roi, un hôtel de la rue Neuve-des-Capucines [20 rue des Capucines, IIe, détruit en 1854 par la rue Volney], tout auprès du boulevard, qui devint l’hôtel de la lieutenance de police.
Il s’occupa en particulier des hôpitaux, des prisons et des approvisionnements de Paris. 


On lui doit également l’établissement de l’École de boulangerie ; les travaux établis et les salaires accordés aux pauvres des paroisses, dans les hôpitaux et aux prisonniers ; 


Mont-de-Piété
16 rue des Blancs-Manteaux [IVe]

l’établissement du Mont-de-Piété ; 

La Halle au blé et l'église Saint-Eustache (1845)

les couvertures de la Halle au blé et de celle aux toiles ; l’illumination sur la route de Versailles ; les secours urgents aux noyés, blessés et asphyxiés, tant pour le pansement que pour le transport dans les hôpitaux ; la suppression des vaisseaux de cuivre des laitières et des comptoirs de plomb des marchands de vins ; 

Cimetière des Saints-Innocents (1750)

la suppression du cimetière des Innocents et les précautions pour arrêter les effets du méphitisme ; les constructions des halles aux veaux, aux cuirs et à la marée ; le rétablissement de piliers dans les carrières ; la distribution de plus de 300.000 livres en pain, bois et argent aux gens occupés à casser les glaces pendant l’hiver rigoureux de 1784 ; 


l’illumination sans cessation dans la capitale.            

Si Lenoir aimait se détendre au spectacle d’une comédie ou à l’Opéra, aucun lieu ne le lui permettait mieux que sa bibliothèque, dont il fit faire le catalogue : 



Catalogue des livres qui composent la bibliothèque de M. Le Noir. Conseiller d’État, lieutenant-général de police (Paris, Imprimerie de Valade, 1782, in-4, [2]-V-[3]-161-[1 bl.] p., 1.307 titres), dont Théologie [88 titres = 6,73 %], Jurisprudence [190 titres = 14,53 %], Sciences et Arts [102 titres = 7,80 %], Politique [47 titres = 3,59 %], Métaphysique [184 titres = 14,07 %], Belles Lettres [25 titres = 1,91 %], Rhétorique [346 titres = 26,47 %], Histoire [325 titres = 24,86 %].

« Le catalogue des livres qui la composaient a été imprimé en 1782 par Valade, imprimeur-libraire de Mgr le lieutenant général de police. En quelques lignes de dédicace, Valade affirme “ qu’il n’y a pas une lettre qui ne soit placée par la main de la reconnaissance, de l’attachement et du respect.”. Suivent soixante et une pages in-quarto qui témoignent de l’éclectisme intellectuel du possesseur de ces livres. Le catalogue est divisé en neuf parties : Théologie, subdivisée en douze chapitres couvrant dix pages, Jurisprudence (quatorze chapitres, dix-neuf pages), Sciences et Arts (trois chapitres, sept pages), Politique (un chapitre, trois pages), Métaphysique (quatorze chapitres, dix-sept pages), Belles-Lettres (deux chapitres, trois pages), Rhétorique (treize chapitres, vingt-cinq pages), Histoire (trois chapitres, trois pages), et Histoire ecclésiastique (dix chapitres, vingt pages). A la fin de chaque chapitre, des blancs sont ménagés pour permettre d’ajouter les nouvelles acquisitions. A la droite de chaque page, deux colonnes, portant en tête les rubriques “ Armoire ” et “ Tablette ”, attendent les lettres ou les numéros de classement des ouvrages. Les trente-deux dernières pages du catalogue énumèrent toutes les brochures mises en liasses par ordre alphabétique ; beaucoup étaient d’autant plus précieuses qu’elles provenaient des saisies faites par la police. Les archives de la Bastille conservent plusieurs lettres au major de la forteresse, où le magistrat laisse la plume au bibliophile : en 1775, il demandait un des trois exemplaires d’un ouvrage intitulé : Les deux Règnes, en 1784 un pamphlet sur l’Administration provinciale et la F… tromanie. “ M. Le Noir, notait le major, est venu à la Bastille le jeudi 17 juillet 1775, et on lui remet les Trois Pucelles.”
La bibliothèque du chef de la police avait d’autres occasions de s’enrichir sans frais. Il était d’usage de lui faire hommage d’un exemplaire de tout ouvrage nouvellement paru, en même temps qu’au garde des Sceaux et au censeur. Souvent, pour s’assurer les bonnes grâces d’un si puissant personnage, l’éditeur le revêtait d’une riche reliure de maroquin grenat ou vert ; sur chacun des plats, les armes très bourgeoises des Le Noir [D’azur au chevron d’or, accompagné en chef de deux têtes de maure affrontées de sable, bandées d’argent, et en pointe d’une grappe de raisin au naturel, feuillée de sinople] étaient frappées en or, surmontées d’une couronne ducale [i.e. couronne de marquis], à moins qu’un peintre miniaturiste n’ait pris soin de les colorier à la gouache sur un fragment de parchemin inséré dans le cuir. Le Manuel de l’amateur de reliures armoriées n’a pas relevé moins de seize modèles différents de fers à dorer. 

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Photographies Eric Zink

Il faut toutefois enlever au lieutenant de police l’attribution que lui font sans raison ses auteurs de trois marques aux armes de Le Noir de Cindré 

O.H.R.
Photographie Eric Zink

(d’or au chevron d’azur, accompagné en chef de deux étoiles du même et en pointe d’une tête de more de sable, tortillée d’argent), poussées sur des volumes datés de 1754, 1767 ou 1768, c’est-à-dire à une époque où personne ne songeait à de telles libéralités envers un jeune magistrat.
Charles Nodier possédait un exemplaire du catalogue Le Noir et, cédant à la faiblesse des collectionneurs à l’égard de leurs trésors, il aimait à y voir “ le plus rare des livres ”. Toutefois, Jules Taschereau ne manque pas de signaler l’existence d’autres exemplaires aux mains de Renouard, de Beuchot, de Barbier. Celui de la Bibliothèque nationale renferme de nombreuses additions et quelques corrections au bas des pages ; il semble qu’on soit en présence d’une épreuve mise à jour par l’imprimeur. » [sic]
(Comte Maxime de Sars. Le Noir, lieutenant de police, 1732-1807. Paris, Hachette, 1948, p. 176-178)

Château de Trilbardou (1883)

Le 8 février 1783, Lenoir fit l’acquisition des seigneuries Seine-et-Marnaises de Trilbardou, Charmentray et Bois-Garnier, puis de celle de Vignely, le 10 décembre 1785. Le premier soin de Lenoir fut de raser le vieux château de Trilbardou, appelé la « maison des Olivettes », pour en faire construire un autre, sur les bords de la Marne, par l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813). La construction demanda trois ans, quand Lenoir dut bientôt prendre le chemin de l’exil : ses quatre seigneuries furent vendues, le 20 mars 1790, au banquier parisien Jean Dupont (1732-1819). En 1883, l’aspect du château fut transformé, en l’habillant d’une construction d’inspiration Louis XIII, dont les murs furent juxtaposés en grande partie à ceux de l’ancienne construction.

Le 4 avril 1784, Lenoir fut autorisé à acquérir la charge de bibliothécaire du Roi. Pendant un an, Lenoir cumula sa charge de magistrat avec le poste de bibliothécaire du Roi, avant d’être congédié de la police. Lenoir attribua à la Reine son départ. Il habita alors l’hôtel de Nevers, à l’angla de la rue Neuve-des-Petits-Champs [rue des Petits-Champs, IIe, partiellement détruit en 1869] et de la rue de Richelieu, où avait été installée la Bibliothèque royale en 1721. En 1787, le Roi lui donna la présidence de la commission des finances.
Entre l’hostilité du baron de Breteuil (1730-1807), secrétaire d’État de la Maison du Roi, une campagne de calomnies et un personnel rebelle, il échoua dans sa tentative de réforme, 

Projet pour la Bibliothèque (Boullée, 1785)

de même que les dessins de l’architecte Étienne-Louis Boullée (1728-1799), auxquels il adhéra pour la rénovation du dépôt, restèrent dans leurs cartons.

Fuyant la Révolution, Lenoir émigra en Suisse et arriva à Genève le 19 octobre 1789. Il démissionna de la charge de la Bibliothèque du Roi au mois de décembre 1789. L’année suivante, il quitta Genève pour Versoix, puis Ferney, Berne et Frauenfeld. 


À Soleure, résidence habituelle des ambassadeurs de France, il fit la connaissance de Sophie-Élisabeth Huguenin (1746-1830), veuve du vicomte Gratien-Jean-Baptiste-Louis de Flavigny (1740-1783), qu’il épousa en la collégiale Saint-Nicolas de Fribourg [cathédrale en 1924], le 23 février 1797.

Lorsque les événements le permirent, Lenoir revint à Paris, au mois de novembre 1801. Ruiné par la Révolution, il obtint en 1805, sur le Mont-de-Piété, dont il avait été le fondateur, une pension annuelle de 4.000 francs, qui désormais fut son unique ressource. Après avoir résidé 17 rue des Bons-Enfants, 

Plan de Turgot

il partagea sa vie entre son appartement du 20 rue Saint-Marc 

Vestiges du château de Crosne (XIXe siècle)

et sa maison de campagne, à Crosne [Essonne], qu’il acheta le 29 germinal An XI [19 avril 1803], conjointement avec un nommé Perrin, à la complaisance sans bornes, qui paya de suite la totalité du prix de 12.000 francs :

« Située en face du ci-devant château, on y pénètre par une porte cochère qui laisse apercevoir trois corps de bâtiments. Le premier, dit le bâtiment vieux, possède huit pièces distribuées sur le rez-de-chaussée et les deux étages ; il a même un donjon. Le second bâtiment, “ dit le bâtiment neuf, est composé au rez-de-chaussée d’une remise, écurie, cuisine, salle-à-manger et une serre ; au premier étage, cinq pièces et lieux à l’anglaise, comble au-dessus ”. Le dernier bâtiment sert de logement au jardinier.
Un grand jardin, séparé de la cour par une grille de fer, d’une contenance de quatre arpents, et trois pièces de terre, constitueront le parc de l’ancien émigré. »
(Henri Diné. Ibid., p. 556)

Jean-Charles-Pierre Lenoir mourut le mardi 17 novembre 1807, à dix heures du soir, dans sa demeure parisienne, et fut inhumé au cimetière du Calvaire, à Montmartre [XVIIIe], contigu à l’église Saint-Pierre. Sa sépulture a disparu. À la requête de son petit-fils Antoine-Charles-Auguste Boula de Nanteuil (1778-1856), on procéda, le 24 novembre 1807, à l’évaluation de ses biens :

« Le mobilier du défunt ne se composait que de trois pièces : une console en bois d’acajou, un secrétaire et un fauteuil qui furent estimés 100 francs. Les 520 volumes de sa bibliothèque, dont beaucoup étaient dépareillés, furent prisés 550 francs. Sa garde-robe était dans un tel état de vétusté qu’on pensa n’en retirer que 250 francs. Huit rasoirs à manche d’écaille furent estimés 6 francs, et le seul bijou que la veuve présenta comme ayant appartenu à Le Noir était une montre à timbre, dans sa boîte d’or, qu’on évalua 150 francs. »
(Henri Diné. Ibid., p. 559-560)

Sophie-Élisabeth Huguenin décéda le 18 mars 1830, rue Duphot [Ier], et fut inhumée au cimetière de Montmartre.

Homère. L'Iliade (Paris, Imprimerie du Cabinet du Roi, 1784, in-8)
 Librairie Amélie Sourget : 27.000 € (2012) 

 

 
Berthelot. La mécanique appliquée aux arts (Paris, Demonville, 1781, in-4 1781, t. I seul)
 Paris, Alde, 7 décembre 2016 : 1.000 €
Armes inconnues à O.H.R.
 
Almanach 1775 (Paris, Le Breton, in-8). Reliure de Derome
Drouot, 23 avril 2014 : 1.150 €
 

 
Librairie Camille Sourget : 9.500 €

 
Homère. L'Odyssée (Paris, Brunet, 1777, in-8)
Paris, Tajan, 14 septembre 2017

 
 Almanach royal (Paris, Le Breton, 1775, in-8)
 
Librairie Cortade : 2.000 €

 
 Manuscrit (1785)
Christie's, New York, 5 avril 2016 : 47.500 $








Les Fantaisies vaniteuses de Henry Houssaye (1848-1911) et de son père

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Vorges, vu du moulin de la Tour.
Au premier plan, à gauche, le château de Valbon


D’une famille de meuniers installés au XVIIe siècle à Vorges [Aisne], passés à Bruyères-et-Montbérault [Aisne] par mariage en 1813, Georges-Henry Housset est né à Paris, 98 rue de Lille [VIIe], le 7 février 1848, fils de François-Arsène Housset (1814-1896), homme de lettres, et de Anne-Stéphanie Bourgeois (1821-1854), mariés à Paris, le 5 avril 1842.



          L’inépuisable fécondité de l’imagination de Arsène Housset est à l’origine de nombreuses fables, dont celle concernant les circonstances de sa propre naissance et celle concernant la date de naissance de son fils, qu’il a dit être né le 24 février 1848, date de naissance de la Deuxième République : « date fatidique pour un futur historien », fit remarquer l’auteur des Figures contemporaines tirées de l’Album Mariani (Paris, Henri Floury, 1896, vol. II).

Son acte de naissance ayant été détruit le 24 mai 1871, lors de l’incendie de l’Hôtel de Ville de Paris, Henry Housset crut pouvoir faire une fausse déclaration de patronyme [Houssaye au lieu de Housset] et de date de naissance [24 février 1848 au lieu de 7 février 1848] lors de son inscription comme membre de la Légion d’honneur en 1872, puis comme membre de l’Académie française en 1894 ; c’est aussi ce qui fut ensuite inscrit sur sa tombe. Mais c’était sans compter sur son acte de mariage du 27 octobre 1875, à la Mairie du VIIIe arrondissement, qui révèle sa véritable date de naissance. Et l’acte admis à la reconstitution de l’état-civil de Paris fixa sa naissance au 7 février 1848 :

« Acte de naissance du neuf février mil huit cent quarante-huit, à onze heures du matin.
Aujourd’hui nous a été présenté Georges Henry, du sexe masculin, né avant-hier, à midi, rue de Lille, 98, fils de M. François Arsène Housset (Houssaye), âgé de trente-quatre ans, homme de lettres, et d’Anne Stéphanie Bourgeois, âgée de vingt-six ans, sans profession, son épouse, tous deux demeurant rue et n° susdits.
Sur la déclaration de M. François Arsène Housset (Houssaye), père de l’enfant, en présence de MM. Louis-Athanas [sic] Clément de Ris, âgé de vingt-sept ans, propriétaire, demeurant rue de l’Université, 62, et de Pierre-Alexandre-Edmond Hédouin, âgé de vingt-sept ans, peintre artiste, demeurant rue et n° susdits. Le déclarant et les témoins ont signé, avec nous, pour lecture faite de l’acte. [Signé :] Housset, Clément de Ris, Edmond Hédouin, C. Roger. »
(Mairie du Xe arrondissement [le nom de « Housset » a prévalu dans les actes, et c’est en représentation de « dit » qu’on a mis « Houssaye » entre parenthèses]).

Dès 1899, le publiciste Victor Advielle (1833-1903) avait demandé à Henry Houssaye si la transformation du nom avait été consacrée par un décret : sa réponse évasive, et fautive, se terminait par « Pour moi, tout cela n’a aucune importance. Mon père a signé ses livres Houssaye ; je suis né Houssaye ; je porte le nom de Houssaye. » (L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, 30 septembre 1899, col. 530-531).

Arsène Houssaye, par Eugène Disdéri (1819-1889)

          Arsène Housset, « un des derniers grands chênes de la forêt romantique » a dit Émile Zola sur sa tombe, était né au Moulin de la Tour, à Bruyères, le 28 mars 1814. Il s’était enfui de chez ses parents en 1832 pour vivre une vie de bohême à Paris, où il fréquenta Théophile Gautier et Gérard de Nerval, dans l’impasse du Doyenné [Ier, détruit en 1850]. Il avait débuté par des romans : De Profundis(Paris, Lecointe et Pougin, 1834, in-8), sous le pseudonyme « Alfred Mousse », puis La Couronne de bluets (Paris, Hippolite [sic] Souverain, 1836, in-8) et La Pécheresse (Paris, Louis Desessart, 1836, 2 vol. in-8), sous le pseudonyme « Arsène Houssaye », fruit de ses prétentions nobiliaires fantaisistes. Il avait remporté ses premiers vrais succès dans la critique avec : sa Galerie de portraits du dix-huitième siècle, écrite peu à peu dans la Revue de Paris (1838-1844), L’Artiste (1840-1848), la Revue des Deux Mondes (1842-1843) et dans Le Constitutionnel(1844-1848) ; sa Revue du Salon de 1844 (Paris, Martinon, 1844, in-4) et son Histoire de la peinture flamande et hollandaise (Paris, Jules Hetzel, 1866 [i.e. 1846], in-fol.).
Il aborda ensuite tous les genres littéraires et publia au total plus de cent vingt volumes. Son nom n’est resté attaché qu’à l’Histoire du 41me fauteuil de l’Académie française (Paris, Victor Lecou, 1855, in-8), fauteuil académique que n’ont pas occupé, de Molière jusqu’à Balzac, quelques-unes des gloires de la littérature française.
En 1849, il fut nommé administrateur de la Comédie-Française, où il resta jusqu’en 1856, quand il fut nommé inspecteur général des Beaux-Arts. Il fut fait officier de la Légion d’honneur en 1858. Il devint, en 1866, directeur de la Revue du XIXe siècle et, en 1884, président de la Société des Gens de lettres, dont il était membre depuis 1844.
Il accrut sa fortune personnelle par d’heureuses opérations en Bourse et des spéculations foncières dans le quartier Beaujon [VIIIe] : « A Beaujon il a bâti sept hôtels, et il les a habités tous les sept ; aussi c’était un labeur effrayant que de l’aller voir. On vous renvoyait d’une maison à l’autre ; on ne savait jamais au juste son vrai logis. » (Théodore de Banville. « Arsène Houssaye ». In Œuvres poétiques. Paris, L. Hachette, 1857, p. 33).




 « Cet hôtel est le bijou du quartier. C’est encore et toujours la Folie Beaujon. Notre habile dessinateur [Ernest Breton (1812-1875)] vous le montre sous ses deux faces, face de la rue et face du jardin ; le style gothique, le style renaissance et le style indou, fondus ensemble par l’architecte Dussillon [i.e. Pierre-Charles Dusillion (1804-1878)]. Supposez les tours en porcelaine, et vous vous croirez au bord de l’Indus. C’est simple et royal, sévère et coquet, mystérieux et charmant.
Le jardin est un morceau de l’ancien parc Beaujon. Il est dominé par deux arbres enroulés de lierre, qui ont vu les folies du défunt banquier. Un vieux jardinier les a reconnus avec une émotion d’enfant. Un jet d’eau s’élance, à leurs pieds, d’une grotte de rocaille, et retombe en perles dans un bassin tapissé de fleurs grimpantes. Derrière les arbres antiques, un jeune pavillon chinois dresse sa girouette, son toit polygonal, ses verres de couleur et ses ornements fantasques. La serre au midi, les fruits mêlés aux fleurs, les tonnelles où court le pampre, les arbustes embaumés, la basse-cour pleine d’oiseaux rares, donnent à l’ensemble l’aspect d’un petit Jardin des Plantes.
Toutes ces découpures qui foisonnent au balcon, autour des fenêtres, le long des tourelles, au-dessous de la toiture, sont des sculptures en bois d’un goût original et harmonieux.
Le salon s’ouvre de plain-pied dans le jardin ; entrons dans le salon. Quel savant désordre de richesses artistiques ! Ces vitraux sont anciens et résument tout l’art gothique allemand. Une vieille cour germanique y défile avec ses types naïfs, ses costumes éblouissants et ses attributs singuliers. Remarquez ce renard cajolant ce corbeau : est-ce la fable de La Fontaine ? Non pas ; c’est l’origine de cette fable, - un chapitre de ce curieux Roman du Renard, que le Musée des Familles ressuscitait l’an dernier. Le plafond est du style renaissance, avec poutres et pendentifs bleus et or. La cheminée, sculptée en plein chêne et surmontée d’une glace sans tain, paraît flamboyer en plein air, au-dessous de vases chinois gigantesques, où tout un monde revit dans le bariolage de Kanton, à l’ombre des plantes extérieures qui se penchent comme pour un spectacle.
La galerie des tableaux est à l’avenant : c’est une des plus belles collections de portraits de femmes des seizième, dix-septième et dix-huitième siècles : Mme de Montespan, par Mignard ; Mmes de Maintenon, de Pompadour et du Barry, etc., etc. ; plus un Louis XV, par Vanloo ; le portrait de Mme Houssaye, par H. Lehmann, et le Combat d’Arabes, d’Eugène Delacroix.
Dans la salle à manger, les vitraux continuent et les tableaux recommencent. On y reconnaît un Boucher, un Claude Vignon, etc. Les belles portes renaissance ont des serrures qui sont des bijoux de fer, le luxe le plus rare aujourd’hui.
Montez l’escalier ; les peintures y montent avec vous ; un chef-d’œuvre ou un gracieux visage vous sourit à chaque marche : voici un Fontenelle, par Rigaud ; une Sévigné, par Nanteuil ; une princesse de Lamballe, une Gabrielle d’Estrées, les duchesses de Guise et du Maine, la Nina Biancoletti, de Watteau, etc.
Le cabinet de M. Houssaye n’a qu’un Molière, - juste hommage du directeur de la Comédie-Française, - et un portrait par Mme Edmée de Brucy, l’élève la plus habile peut-être de Prud’hon.
Chez Mme Houssaye, voici Prud’hon lui-même dans un de ses meilleurs ouvrages, une étude de femme qi rappelle évidemment Mme Récamier.
Allons jusqu’à la lanterne de l’édifice, et nous verrons tout Paris se dérouler à nos pieds, depuis l’Arc-de-Triomphe jusqu’à la Bastille, et depuis les Invalides jusqu’aux sommets de Montmartre : tableau philosophique et poétique, sévère et doux à la fois pour l’écrivain qui contemple cette tempête humaine du haut de son ermitage noyé dans la verdure, au bruit du chant des merles et des rossignols. » [sic]
(P.-C. « Le Nouveau Paris. - Le Quartier Beaujon ». In Musée des familles. Paris, 1852-1853, t. X, p. 334-335) 
      
« Sur le point culminant de Beaujon, Arsène Houssaye avait autrefois un château de la Renaissance, pignon sur rue, donjon, tourelles, belvédère, jardin d’un arpent qui valait tout un parc, comme un in-32 contient tout un livre : pelouses ombragées de sycomores, allées de pommiers nains en fleurs blanches, kiosque gardé par les hibous [sic] et les merles, bouquets d’arbres de Judée, serre aux plantes tropicales, grotte de lierre, avec grenouilles, écrevisses, poissons rouges, haies rougies de fraisiers embaumants et rongées de tortues vagabondes. Ce château si coupable de poésie fut détruit par autorité de justice de la commune de Paris. Les édiles ont parlé ; il faut abattre le charmant séjour. Le propriétaire ne se consola qu’en bâtissant à deux pas un autre château, et en achetant un tableau de Léonard de Vinci. Cet autre édifice a sa face sur l’avenue Friedland ; Clésinger a sculpté au fronton une Diane à la biche. Un petit palais mauresque se profile à côté. Ainsi l’avenue Friedland a été fécondée entre la rue Lord-Byron et la rue Chateaubriand. »
(X. de Villarceaux. « Paris en 1867 ». In Revue du XIXe siècle. Paris, 1867, t. V, p. 433-434)

Arsène Houssaye fit construire aussi trois châteaux : 


en 1867 le château de Breuil, à Bruyères, près de la forêt de Lavergny, revendu en 1873 ; 


en 1876 le château de Valbon, à Vorges, où il installa sa compagne Anne-Ernestine Durand, dite « Diane de Foucault » ; 


en 1880 le château de Parisis, à Bruyères, où il écrivit Les Confessions. Souvenirs d’un demi-sècle, 1830-1880 (Paris, E. Dentu, 1885-1891, 6 vol. in-8). 

De gauche à droite : numéros 35, 37 et 39 avenue de Friedland

In L'Illustration, t. LIII, 1869, p. 153
Arsène Houssaye décéda des complications d’une grippe, le 26 février 1896, dans son hôtel particulier du 49 [i.e. 39] avenue de Friedland [VIIIe, détruit en 1924] :

« Entre la rue Balzac et la rue du Bel-Respiro [rue Arsène Houssaye], sur l’avenue Friedland, presqu’en face du petit palais rose tendre du duc de Brunswick, s’élève l’hôtel d’Arsène Houssaye, un charmant édifice renaissance, où l’art grec se marie à l’art français autant que le siècle de Périclès peut se marier au siècle de François Ier. L’Ictymes [i.e. Ictinos] en a été Arsène Houssaye lui-même, et Clesinger le Polyclète : Clesinger a sculpté au fronton une Dianequi n’aurait pas été déplacée dans l’olympe d’Anet.
Cette belle façade de style renaissance, a pourtant un style tout personnel ; c’est de la renaissance par intuition, ou de la renaissance nouvelle. Lorsque le soleil s’incline derrière l’arc de l’Etoile, ses rayons font ressortir vivement cette blanche façade, aux lignes simples et pures, qui n’attirent l’œil du passant que par la saillie de trois belles choses : la Diane du fronton, les cariatides qui supportent le balcon du premier étage, les amours qui coupent le cintre en saillie des fenêtres à meneaux finement sculptés.
La grande porte de l’hôtel s’ouvre sur un vestibule à la fois sévère et riant : colonnes doriques cannelées, stuc blanc ; a hauteur d’homme des peintures, branches de lauriers en fleurs, roses, tulipes et jacinthes idéales. Après les quatre colonnes, une niche de chaque côté, où veille un négrillon vénitien portant un plat en argent, deux Zamors qui regardent les lettres et n’envoient pas à l’échafaud comme a si bien dit Eugène Chapus en sa poétique description de l’hôtel dans le Sport.
On monte un escalier de marbre avec une rampe en fer ouvragé : déjà les portraits des anciens vous souhaitent la bienvenue. Sur le palier, deux colonnes Louis XVI, où rêvent deux admirables terres cuites, Louis XVI et Marie-Antoinette. On entre dans un petit salon long, on trouve sur la gauche une serre donnant sur le jardin, avec un buste de la princesse Mathilde ; à droite, on entre dans la galerie dont l’Illustrationdonne aujourd’hui le dessin général, grâce aux spirituels croquis de M. Riou, mis sur bois par M. Pauquet, qui, lui-même, a voulu dessiner sur nature. » [sic]
(Le marquis de Montferrat. « Les Mardis d’Arsène Houssaye ». In L’Illustration, t. LIII, 1869, p. 154)

          Henry Houssaye fit ses études en partie au lycée Napoléon [rue Clovis, Ve, lycée Henri IV] et les termina sous la direction particulière du poète Philoxène Boyer (1829-1867). Il se tourna d’abord vers la peinture, mais se voua bientôt tout entier à l’étude de l’antiquité grecque. Son début dans les lettres fut une Histoire d’Apelles (Paris, Didier & Cie, 1867, in-8). 

Henry Houssaye en tenue de sous-lieutenant de réserve au 28e régiment d'infanterie (1875)
In Carnet de la Sabretache n° 225-septembre 1911 p. 513
Il partit en Grèce en 1868, mais revint à la hâte pour servir en qualité d’officier au 4e bataillon des mobiles de la Seine et assister à la plupart des combats livrés sous Paris. En récompense de ses brillants services, particulièrement à la maison crénelée de Champigny [Val-de-Marne, 30 novembre 1870], il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur le 28 octobre 1871.

Eugénie Ritter
par Benjamin-Constant (1845-1902)
Photographie BnF
Le 27 octobre 1875, il épousa une américaine, Eugénie Ritter, née le 21 mai 1855 à Névada City [Californie, U.S.A.], demeurant 154 avenue des Champs Elysées, avec sa mère, Jennie Byam (1835-1907), veuve de William Ritter (1831-1865), riche homme d’affaires. Ses témoins furent deux hommes de lettres, Victor Hugo (1802-1885) et Paul de Saint-Victor (1827-1881).

Henry Houssaye quitta l’hôtel particulier de son père, avenue de Friedland, en 1880, pour habiter au 5 rue Léonard-de-Vinci [XVIe, ambassade de Serbie], du côté de l’avenue du bois de Boulogne. Il y revint de 1887 à 1904, puis déménagea 50 avenue Victor Hugo [XVIe], immeuble construit en 1890, 

L'immeuble du 161 avenue Victor Hugo, bâti en 1920,
qui a remplacé celui occupé par Henry Houssaye en 1911 (mai 2018)
avant de s’installer 161 avenue Victor Hugo [XVIe, détruit] en 1911.

Collaborateur assidu de la Revue des Deux Mondes et du Journal des débats, il réunit ses articles dans L’Art français depuis dix ans (Paris, Didier & Cie, 1882, in-18), Les Hommes et les Idées (Paris, Calmann Lévy, 1886, in-18). Il a écrit aussi sous le pseudonyme de Georges Werner dans la Revue du XIXe siècle et dans L’Artiste. Ses principaux ouvrages sont : Histoire d’Alcibiade et de la République athénienne, depuis la mort de Périclès jusqu’à l’avènement des trente tyrans (Paris, Didier & Cie, 1873, 2 vol. in-8), qui a obtenu le prix Thiers, de l’Académie française ; Le Premier Siège de Paris. An 52 avant l’ère chrétienne (Paris, H. Vaton, 1876, in-16) ; Athènes, Rome, Paris - L’Histoire et les Mœurs (Paris, Calmann Lévy, 1879, in-18) ; La Loi agraire à Sparte (Paris, Émile Perrin, 1884, in-8, extrait de l’Annuaire des études grecques) ; Aspasie, Cléopâtre, Théodora (Paris, Calmann Lévy, 1890, in-18) ; La Charge. Tableau de bataille (Paris, Perrin et Cie, 1894, in-12).

Photographie Expertissim
Mais c’est surtout dans ses travaux sur l’époque napoléonienne, que Henry Houssaye s’est révélé un historien, bien qu’il n’ait rien compris à l’œuvre de réparation entreprise par Louis XVIII et par Talleyrand au Congrès de Vienne : 1814 (Paris, Perrin et Cie, 1888, in-8), suivi des volumes intitulés 1815. La Seconde Abdication. La Terreur blanche, 1815. La Première Restauration. Le Retour de l’ile d’Elbe. Les Cent jours et 1815. Waterloo (Paris, Perrin et Cie, 1893-1899, 3 vol. in-8). Il a publié en outre une amusante fantaisie bibliographique, Napoléon le Grand par Victor Hugo (Paris, Henri Leclerc, 1902, in-4, extrait du Bulletin du bibliophile), et Napoléon homme de guerre (Paris, H. Daragon, 1904, in-16). Il a été élu membre de l’Académie française le 6 décembre 1894, par 28 voix sur 30 votants. Il occupa le fauteuil de Pierre Corneille (1606-1684), de Victor Hugo (1802-1885) et de Leconte de Lisle (1818-1894), dont il prononça l’éloge.
  
Membre de l’Association pour l’encouragement des études grecques en France depuis 1868, Henry Houssaye devint membre de la Société des Amis des livres en 1880 - vice-président en 1901 -, puis membre d’honneur de la Société Les Cent Bibliophiles, fondée en 1895. Il fut vice-président de la Société d’études d’histoire militaire La Sabretache à partir de 1897 et membre du comité de la Société française des Collectionneurs d’ex-libris.


Son ex-libris [50 x 45 mm] avait été dessiné en 1895 par Adolphe Giraldon (1855-1933) et tiré en noir sur papier blanc, en vert et en rouge sur papier doré : son portrait, entouré de « HENRY HOUSSAYE DE L’ACADEMIE FRANÇAISE • », surmonté de « EKTΩN BIBΛIΩN » [Ex libris].

« Fut-il un bibliophile dans toute la force du terme ? Doit-on le compter parmi ces amoureux passionnés du livre dont la vie est une perpétuelle chasse à l’exemplaire rarissime et qui caressent avec des mains tremblantes d’émotion le joyau typographique qu’ils viennent d’acquérir au poids de l’or ? Non, il ne porta point à ce sublime degré la tendresse pour le livre, d’abord parce qu’elle eut alors constitué pour lui une occupation terriblement absorbante et qu’un labeur acharné de dix heures par jour ne lui en eût pas laissé le loisir. Et puis, il n’avait pas un tempérament de collectionneur. Les êtres l’intéressaient plus que les choses et il donnait toutes les ressources de son activité à la vie, celle d’autrefois n’excluant pas celle d’aujourd’hui, car il s’intéressait à son temps, en observateur aussi bien qu’en homme éminemment sociable qui fréquente assidument dans le monde. Il cherchait avec un cœur trop ému et trop vibrant la vérité des grands faits de l’histoire pour éprouver un attrait bien puissant à fureter patiemment dans les boites vertes des bouquinistes des quais, à la façon d’un Xavier Marmier. Mais il n’était resté étranger à aucune forme d’art et une belle impression, une reliure de maître, une vignette finement burinée le séduisaient par la part de beauté qu’elles contenaient plus que par leur rareté. S’il ne cherchait pas par habitude d’existence, il ne manquait jamais de remarquer la perle parmi le sable ou la vase, lorsque le hasard favorable la mettait sur son chemin. Il la jugeait en fin connaisseur, s’entendait à en retrouver les origines et en faisait l’emplette pour la mettre en bonne place parmi les plus nobles ornements de sa bibliothèque. »
(Louis Sonolet. « Henry Houssaye bibliophile ». In Catalogue de la bibliothèque de M. Henry Houssaye. Paris, Librairie Damascène Morgand, Édouard Rahir successeur, 1912,Première partie, p. III)

Henry Houssaye est l’auteur d’un texte sur « L’Amour des livres et la Folie du livre » :

« On commence par aimer les livres uniquement pour ce qu’ils sont. On lit les chefs-d’œuvre et les demi-chefs-d’œuvre dans des volumes à trois francs, voire même à un franc. On les relit, on se promet de les relire encore. Pour conserver, et aussi pour honorer ces livres, on les fait relier, - très mal d’abord ! Ces humbles volumes sont le noyau de la bibliothèque. Puis on s’arrête devant l’étalage des bouquinistes en plein vent. On trouve là quelques livres anciens, intéressants, qu’on n’avait pas lus. On les achète. On a déjà deux ou trois cents volumes sur ses rayons. Si l’on continue ainsi, on aura la bibliothèque d’un lettré, - celle d’un érudit, au cas où l’on s’attacherait à une spécialité. Si, au contraire, on est prédestiné, marqué pour la bibliophilie, une transformation s’opère. On ne s’en tient plus aux parapets des quais, on entre chez les libraires en boutique, on fait de longues haltes devant les vitrines rutilantes des grands bouquinistes des passages, on pénètre timidement dans ces terres promises, on va aux ventes, on lit les catalogues et les manuels, on demande des conseils que l’on suit plus ou moins. On fait bien des écoles ; on achète à tort et à travers, et sans y regarder de trop près, les Elzeviers rognés à la marge, les poètes du XVIe siècle roussis et piqués, les prosateurs du XVIIe siècle outrageusement lavés, les livres à figures de second tirage, les gothiques incomplets, les romantiques maculés, les maroquins anciens à coiffes brisées, à coins écornés, à plats éraillés, les reliures armoriées salies ou remboîtées. Peu à peu pourtant, le goût se forme et s’épure. On possède par hasard quelques exemplaires irréprochables ; on les compare avec ses autres livres et l’on devient tout confus. On se débarrasse des volumes qu’il y a un an encore on considérait comme joyaux inestimables, on devient difficile, on n’achète plus qu’à bon escient. Mais en même temps que le goût se raffine, il dévie. La curiosité se mêle à l’amour du livre. On achetait jadis les livres pour les lire, on les achète pour les posséder. On voulait un bon texte dans une belle édition, ornée de belles gravures, et dans un bel exemplaire revêtu d’une belle reliure. On ne demande plus que la belle édition, les belles gravures, le bel exemplaire, la belle reliure ; pour le bon texte, on n’en a cure. […]. C’est la folie qui commence. »
(In Le Livre. Bibliographie rétrospective. Paris, A. Quantin et Octave Uzanne, 1883, p. 241-248)

Malade, Henry Houssaye finit par succomber au mal qui l’étreignait depuis deux ans et mourut le 23 septembre 1911, au 161 avenue Victor Hugo. Ses obsèques eurent lieu le 27 septembre 1911 en l’église Saint-Honoré-d’Eylau. 


Il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise [Division 4].
Il avait exprimé dans ses dernières dispositions le désir qu’un médaillon de lui fût frappé à un petit nombre d’exemplaires, d’après le portrait existant chez son éditeur Paul Perrin : il priait sa femme d’en donner au Musée du Luxembourg, à la Bibliothèque de l’Institut, au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale et à ses meilleurs amis. Madame Houssaye eut la touchante pensée d’offrir l’un de ces médaillons à la Sabretache.

De sa bibliothèque, en partie héritée de son père, les livres concernant la Révolution, l’Empire et la Restauration, et les ouvrages sur l’histoire militaire furent cédés à la Fondation Thiers [Bibliothèque Thiers, 27 place Saint-Georges, IXe], créée en 1893, annexe de la Bibliothèque de l’Institut de France.


La deuxième partie du reste fut vendue à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 7 au premier, le mercredi 1ermai 1912 : Catalogue de la bibliothèque de M. Henry Houssaye, membre de l’Académie française, vice-président de la Société des Amis des livres. Deuxième partie (Paris, Librairie Damascène Morgand, Édouard Rahir successeur, 1912, in-8, 37-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 270 lots [chiffés 578-847]), dont Théologie-Jurisprudence-Philosophie [13 lots = 4,81 %], Sciences [3 lots = 1,11 %], Beaux Arts [55 lots = 20,37 %], Arts divers [5 lots = 1,85 %], Littérature [43 lots = 15,92 %], Histoire [151 lots = 55,92 %]. Bons livres anciens et modernes, particulièrement sur la littérature et l’histoire ; ouvrages sur les beaux-arts et l’archéologie.


Suivit la vente de la première partie, du jeudi 2 au samedi 4 mai 1912, en 3 vacations : Catalogue de la bibliothèque de M. Henry Houssaye, membre de l’Académie française, vice-président de la Société des Amis des livres. Première partie (Paris, Librairie Damascène Morgand, Édouard Rahir successeur, 1912, in-8, [6]-IX-[1]-107-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 577 lots), dont Théologie [19 lots = 3,29 %], Jurisprudence [8 lots = 1,38 %], Sciences et Arts [36 lots = 6,23 %], Belles Lettres [152 lots = 26,34 %], Histoire [77 lots = 13,34 %], Livres modernes [285 lots = 49,39 %].


2. Novum Testamentum. Ex Bibliotheca Regia. Lutetiæ, ex officina Roberti Stephani, 1568- 1569, 2 part. en 1 vol. in-16, mar. rouge, dos orné, fil. à froid et bandes d’ornements dorés, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Des bibliothèques de Solar et de La Roche Lacarelle.
4. L’Office de la Semaine Sainte, selon le missel & le bréviaire romain. Paris, Libraires associés, 1671, in-12, réglé, fig., mar. rouge, dos et plats ornés d’un semis de chiffres et de fleurs de lis, tr. dor (Rel. anc.). Aux armes de Philippe d’Orléans Régent.
11. Apologétique de Tertulien, ou Défense des premiers Chrétiens contre les calomnies des Gentils. Paris, Jacques Collombat, 1715, seconde édition, in-12, mar. rouge, dos orné, pet. dent., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque de Lignerolles.
24. Ordonnance de Louis XIV, roi de France et de Navarre, pour les matières criminelles. Paris, 1738, in-24, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Armes de La Vieuville sur le dos et aux angles des plats.
26. Dictionnaire raisonné des lois pénales de France. Paris, Garnery, 1811, 3 vol. in-8, mar. rouge à grains longs, dos orné, dent., tabis, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Cambacérès, duc de Parme.


29. Le Diogène françois tiré du grec. Lyon, J. A. Huguetan, 1601, in-8, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque de Le Riche.
30. Les Divins Oracles de Zoroastre, ancien philosophe grec. Paris, Impr. de Philippe Danfrie et Richard Breton, 1558, pet. in-8, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Caractères de civilité. Des bibliothèques de La Vallière et de Nodier.
40. Les Caractères de Théophraste traduits du grec. Paris, E. Michallet, 1688, in-12, mar. rouge jans., tr. dor. (Cuzin). De la bibliothèque de Guy-Pellion.
44. La Civilité puérile. Lyon, Hugues Gazeau, 1609, in-16, vélin. De la bibliothèque de Eugène Paillet.
50. Les Ordonnances militaires du Roy. Paris, Fr. Léonard, 1707, in-12, mar. rouge, dos orné, pet. dent., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de J. Ph. Bernard, marquis de Cordouan.


51. Manuel militaire, ou l’Art de vaincre par l’épée. Paris et Versailles, 1775, in-12, mar. rouge, fil., dos et coins fleurdelisés, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du duc de Noailles.
52. La Science des postes militaires, ou Traité des fortifications de campagne. Paris, Desaint et Saillant, 1759, in-12, 10 pl., mar. vert, fil., dos et coins fleurdelisés, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du prince de Conti.


Exemplaire de Henry Houssaye
Librairie Hellmut Schumann, Zurich : 10.380 €
56. La Marine des anciens peuples. Paris, Nyon Aîné et Stoupe, 1777, in-8, 6 pl. par Sellier, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du chancelier Hue de Miromesnil.
58. Traité du beau. Amsterdam, Fr. L’Honoré, 1715, in-12, pl., veau marbré, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux insignes de Longepierre, sur le dos et les plats.
62. Dialogue sur la musique des anciens. Paris, Veuve Pissot, 1735, in-12, pl., veau. Aux armes de Matignon, pair de France. Exemplaire de Sainte-Beuve.

Photographie Biblioteca Digital memoriademadrid
67. Julii Pollucis Onomasticon, decem libris constans. Francofurti, apud Cl. Marnium, 1608, in-4, mar. bleu, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes et chiffre de Charles de Valois, duc d’Angoulême, fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet.
71. Traité de la grammaire françoise. Paris, J. B. Coignard, 1705, in-4, mar. rouge, dos orné, fil. et coins ornés, tr. dor. (Rel. anc.). Ex-libris de Saporta.
73. Traicté de la conformité du langage françois avec le grec. Paris, Robert Estienne, 1569, pet. in-8, mar. vert jans., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). De la bibliothèque de Lignerolles.
81. Des mots à la mode et des nouvelles façons de parler. La Haye, A. Troyel, 1693, pet. in-12, mar. bleu, fil. à froid, tr. dor. (Duru). Aux armes du baron Pichon. Ex-libris de Charles Cousin.


85. Demosthenis orationes duæ et sexaginta. Venise, Alde, 1504, 2 part. en 1 vol. in-4, ais de bois recouverts de mar. citron, dos orné à froid, comp. de fil. dorés et à froid, fermoirs (Rel. anc.). Des bibliothèques de Giraud et de Guy-Pellion.

Exemplaire de Henry Houssaye
Paris, Sotheby's, 6 Nnovembre 2014 : 1.125 €
88. Les Quatre Poétiques : d’Aristote, d’Horace, de Vida, de Despréaux, avec les traductions et des remarques par M. l’abbé Batteux. Paris, Saillant et Nyon, 1771, 2 vol. in-8, front. de Cochin, mar. vert, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.).


92. Pindari Olympia, Pythia, Nemea, Isthmia. Antverpiæ, ex off. Chr. Plantini, 1567, 2 part. en 1 vol. in-16, réglé, mar. rouge, fil. à froid, doublé de mar. rouge, dent., tr. dor. (Boyet). De la bibliothèque de Lamoignon.
105. Nouvelle traduction des Epîtres d’Ovide en vers françois. Bruxelles, G. de Backer, 1736, 3 part. en 1 vol. in-12, veau fauve, dos orné, fil. (Rel. anc.). Aux armes de la Pompadour.
111. Choix de poésies, traduites du grec, du latin et de l’italien. Londres, [Cazin], 1786, 2 vol. in-18, mar. brun, dos orné, comp. de fil., doublures et gardes en tabis rose, tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque de Emmanuel Martin.


113. Les Lunettes des princes. Paris, Galliot du Pré, 1528, pet. in-8, mar. rouge, dos orné, riches comp. de filets autour des plats, doublé de mar. bleu, fil., gardes en tabis bleu, tr. dor. (Lortic). De la bibliothèque de A. Firmin-Didot.


116. Les Œuvres françoises de Joachim du Bellay. Paris, Fédéric Morel, 1574, in-8, veau fauve, dos orné, fil. et milieux (Rel. anc.). De la bibliothèque de Guyot de Villeneuve.


126. Les Épistres en vers et autres Œuvres poétiques de Mr de Bois-Robert-Métel. Paris, Aug. Courbé, 1659, in-8, mar. rouge, dos orné, double rangée de fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex-libris de J. Janin.

Photographie BnF
127. Les Œuvres du sieur de Saint-Amant. Paris, Robert Estienne, 1629, in-4, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de la comtesse de Verrue, sur le dos et les plats. Des bibliothèques de H. de Fourcy, La Roche Lacarelle et J. Pichon.
137. Odes de M. de La Motte, de l’Académie françoise. Paris, G. Dupuis, 1711, 2 vol. pet. in-8, front., mar. vert, dos orné, dent., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque La Bédoyère.
151. Recueil de nouvelles poésies galantes, critiques, latines et françoises. Londres, s. d. [1740], 2 part. en 1 vol. in-12, mar. rouge, coins ornés, tr. dor. (Hardy). Ex-libris Lebarbier de Tinan.


Exemplaire de Henry Houssaye
Paris, Christie's, 3 novembre 2015 : 12.500 €

155. Der Glucklichste Fruhling fur den unschatzbaren flor des franzosischen lilien-gartens [Le Très Heureux Printemps de l’inestimable floraison du jardin des lys françois]. Strasbourg, J. H. Heitz, 1770, pet. in-4, vign., velours bleu, dent. en fils argentés autour des plats, doublé en soie blanche, tr. dor. (Rel. anc.). Imprimé sur soie, aux armes de Marie-Antoinette, Dauphine, en or sur le premier feuillet de garde.

Exemplaire de Henry Houssaye
Alde, 14 novembre 2017 : 1.000 €

175. Les Amours de Clytophon et de Leucippe. Paris, T. Quinet, 1635, pet. in-8, front. et fig., mar. bleu, dos orné, fil., tr. dor. Aux armes de la comtesse de Verrue. Ex-libris A. Firmin-Didot.

Exemplaire de Henry Houssaye
Bruxelles, Ferrraton, 6 mars 2010

178.Œuvres de Maistre François Rabelais, docteur en médecine. Lion, Pierre Estiart, 1571, 3 part. en 1 vol. in-16, mar. citron, dos orné, milieux dorés et mosaïqués, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). De la bibliothèque Lignerolles.
186. Entretiens des cheminées de Paris [par Laurent Bordelon]. La Haye, Pierre de Hondt, 1736, pet. in-8, mar. bleu jans., non rogné (Chambolle-Duru). De la bibliothèque Béhague.


188. Acajou et Zirphile. Minutie [Paris], 1744, in-12, fig. de Boucher, mar. vert, dos orné, fil., tr. dor. (Capé). De la bibliothèque Béhague.

Exemplaire de Henry Houssaye
Drouot, 20 mars 2014 : 1.200 €

192. Tableaux de la vie, ou les Mœurs du dix-huitième siècle [par Rétif de la Bretonne]. Neuwied sur le Rhin, s. d. [1787], 2 vol. in-12, fig., veau marbré, fil. (Rel. anc.). Ex-libris O. Uzanne.


194. Le Decameron de Jean Boccace. Londres [Paris], 1757-1761, 5 vol. in-8, portr., titres gravés et fig., mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque Guy-Pellion.


195. Le Nouveau Gulliver, ou Voyage de Jean Gulliver, fils du capitaine Gulliver [par Guyot Desfontaines]. Amsterdam, 1730, 2 tomes en 1 vol. in-12, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex-libris de La Roche Lacarelle.


196. Traduction entière de Pétrone. Cologne [Paris], P. Groth, 1694, 2 vol. in-12, mar. rouge, dos orné, double rangée de fil., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque du baron Pichon.



199. Henri Corneille Agrippa de Nettesheim, sur la noblesse, & excellence du sexe féminin. Leiden, Th. Haak, 1726, 3 vol. in-12, front. et portr., mar. vert, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex-libris de J. Van Schinne, G. de Pixerécourt, comte de La Bédoyère, baron de La Roche Lacarelle et St. de Guaita.
200. Alphabet de l’imperfection et malice des femmes. Rouen, M. Brocard, 1666, in-12, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque Lebarbier de Tinan.
205. Le Secrétaire à la mode, par le sieur de La Serre. Amsterdam, Louis Elzevier, 1646, 2 part. en 1 vol. pet. in-12, front., mar. bleu, dos orné, fil., tr. dor. (Cuzin). Aux armes du comte de Lagondie.
209. Les Épistres morales du sieur de Luzy. Rouen, Adam Mallassis, 1604, 2 part. en 1 vol. pet. in-12, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Lortic). Ex-libris et marque de Poulet-Malassis sur les plats.

Exemplaire de Henry Houssaye
213. Nouvelles Œuvres meslées de Monsieur de Saint-Évremont [sic]. Paris, Vve de Cl. Barbin, 1700, in-12, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Portrait de l’auteur ajouté.


227. Abrégé de l’Histoire romaine. Paris, Nyon, 1789, in-4, front. et fig., veau fauve, fil., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque de H. Destailleur.


230. Discours politiques de Machiavel, sur la I. décade de Tite Live. Amsterdam, H. Desbordes, 1691, 1 tome en 2 vol. in-12, mar. bleu, dos orné, fil. à froid, tr. dor. (Rel. anc.). Aux chiffres sur les dos et armes sur les plats de Crémeaux d’Entragues, avec son ex-libris.


231.Œuvres de Salluste. Paris, Brunot-Labbe, 1809, 2 tomes en 1 vol. in-12, mar. rouge à grains longs, dos orné, pet. dent., tr. dor. (Gaudreau). Aux armes de Napoléon Ier. Gaudreau avait été le relieur de Marie-Antoinette.


238. Explication abrégée des coutumes et cérémonies observées chez les Romains. Paris, Desaint, 1741, in-12, veau. Aux armes du duc de Richelieu. Ex-libris de J. Janin.


242. Recueil de diverses pièces servant à l’histoire de Henry III, roi de France et de Pologne. Cologne, Pierre du Marteau, 1666, in-12, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Mérard de Saint-Just.


244. Le Tableau de la vie et du gouvernement de Messieurs les cardinaux Richelieu et Mazarin, et de Monsieur Colbert. Cologne, P. Marteau [Hollande], 1694, in-12, mar. rouge, dos orné, dent., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque de A. Audenet.


245. Histoire de Madame Henriette d’Angleterre, première femme de Philippe de France, duc d’Orléans. Amsterdam, 1720, in-12, veau fauve, dos orné, fil. (Rel. anc.). Aux armes du comte d’Hoym.


280. Relation de l’establissement de la Compagnie françoise, pour le commerce des Indes orientales. Paris, Cramoisy, 1665, in-4, mar. rouge, dos orné, double rangée de fil., tr. dor. (Duseuil). Aux armes de J. B. Colbert de Seignelay.

Exemplaire de Henry Houssaye
Librairie Bonnefoi, Paris : 2.500 €
388. Houssaye (Henry). Histoire d’Alcibiade et de la République athénienne, depuis la mort de Périclès jusqu’à l’avènement des trente Tyrans. Paris, Didier et Cie, 1873, 2 vol. in-8, front., mar. rouge, dos orné, comp. de fil. avec fleurons, tr. dor., couv. (Champs). 1 des 2 ex. sur pap. de Chine. Ex. de l’auteur avec un dessin par Nargeot et 60 lettres autographes. Prix Thiers 1874.

Exemplaire de Henry Houssaye
389. Histoire d’Apelles. Paris, Didier et Cie, 1867, in-8, front., mar. bleu, dos orné, fil., tr. dor., couv. (Ch. Meunier). Ex. de l’auteur sur pap. de Hollande. On a joint 30 lettres autographes de ceux à qui l’auteur avait envoyé son livre.


Exemplaire de Henry Houssaye
Drouot, 1 juin 2016 : 33.020 €
504. Cros (Ch.). Le Fleuve. 8 eaux-fortes d’Édouard Manet. Paris, s. d. [1874], in-4, fig., cart. en soie, non rogné, couv. (Pierson). Tirage 100 ex. numérotés et signés par les auteurs. Exemplaire de Charles Cros.

Exemplaire de Henry Houssaye
Librairie Sébastien Vatinel
 577. Wordsworth. La Grèce pittoresque et historique. Traduction de M. E. Regnault. Ill. sur acier et sur bois. Paris, L. Curmer, 1841, gr. in-8, fig., demi-rel. mar. vert, dos orné, ébarbé (Petit). Premier tirage.

Eugénie Ritter, qui tenait à être appelée « comtesse Henry Houssaye », mourut le 21 août 1928, au 161 avenue Victor Hugo.
















Le Comte Alfred d’Auffay (1808-1861), bibliophile cauchois

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Rue de l'Ecole, Rouen (août 2013)

D’une famille originaire de Rouen [Seine-Maritime], Alfred-Laurent-Joseph Le Poulletier est né le 6 juillet 1808 à Rouen, 4 rue de l’École, fils de Marie-Laurent Le Poulletier (1767-1838), comte d’Auffay [hameau de la commune d’Oherville, Seine-Maritime], et de Claude-Marthe Arnois de Captot (1782-1866), mariés à Rouen le 12 novembre 1806. Le comte de Lignerolles (1816-1893), célèbre bibliophile, était le cousin du comte d’Auffay.

La seigneurie d’Auffay appartint dès le XIIIe siècle à la famille Houdetot, par le mariage de Jeanne Mallet, fille de Lucas Mallet, seigneur d’Auffay, avec Colard de Houdetot. Le château à cette époque consistait en un château-fort situé sur un éperon dominant la vallée de la Durdent. À la fin de la guerre de Cent ans, le château était ruiné.
On attribue à Jean de Houdetot, mort en 1492, la construction, vers 1442, d’un nouveau château au bord de la plaine.


La dernière Houdetot, Marie-Geneviève-Adrienne de Houdetot, fille d’Adrien de Houdetot († 1719) et de Marguerite Feuillette († 1723), née le 27 mai 1697 à Oherville, y mourut à 104 ans, le 17 pluviôse An IX [6 février 1801] : elle avait porté la terre d’Auffay dans la famille Le Poulletier de Montenant, par son mariage, en l’église Saint-Godard de Rouen, le 11 juillet 1723, avec Jean-Paul Le Poulletier de Montenant, né à Rouen le 9 août 1682, ancien lieutenant du régiment d’Orléans, conseiller du Roi, élu en l’élection de Caudebec-en-Caux [Seine-Maritime]. Leur fils Laurent-Paul Le Poulletier de Montenant, né à Étoutteville [Seine-Maritime] le 9 août 1726, conseiller du Roi, maître ordinaire en sa Cour des comptes, aides et finances de Normandie, épousa, en l’église Saint-Vivien de Rouen, le 19 mai 1761, Catherine Mouchard, fille de Pierre-Paul Mouchard, sieur de La Corbière, conseiller du Roi, receveur des consignations de Neuchâtel-en-Bray [Seine-Maritime], et de Marie-Catherine Bénard. 

Château d'Auffay (façade sud)


Le fils de Laurent-Paul Le Poulletier de Montenant, Marie-Laurent Le Poulletier, né le 22 septembre 1767, à Neufchâtel-en-Bray, baptisé le lendemain en l’église Notre-Dame, hérita du château d’Auffay, qui était resté jusqu’à la fin du XVIIIesiècle dans la famille Houdetot, et ajouta à son nom patronymique celui d’Auffay ; chevalier de l’Ordre du croissant de Turquie et de Saint-Louis, il mourut à Rouen le 27 mars 1838 ; Claude-Marthe Arnois de Captot, née à Roue le 27 mai 1782, mourut à Oherville le 22 novembre 1866 ;

Le comte Albert d’Auffay fut page du roi Charles X (1757-1836), puis officier de cavalerie. Resté fidèle au serment et au principe de la légitimité, il quitta le service et se consacra à la littérature et à l’histoire, à la bibliographie normande et à la collection de dessins anciens. On a de lui : « Chantereine, le riant verger des folâtres amours des ducs de Normandie » (Revue de Rouen, 1835, t. VI, p. 145-157), « Lettres sur quelques châteaux de la Haute-Normandie. Le Château de Navarre » (Revue de Rouen et de la Normandie, 1838, Premier semestre, p. 213-228), « Notice sur les châteaux de Bizy et Malassis » et « Notice sur la vallée de la Durdent » (Gazette de Normandie).

L’utilisation du nom de son beau-frère, Norbert-Louis d’Auray (1806-1851), comte de Saint-Pois [Manche], dans Le Capitaine Paul(Paris, Dumont, 1838, 2 vol. in-8), lui fit adresser des reproches à l’auteur et ami Alexandre Dumas (1802-1870), qui lui répondit :

« Je suis vraiment désolé de ce que vous me dites : j’ai sans le vouloir, et croyant la famille éteinte, pris un simple nom de petite ville, pour en faire le nom de mes héros. Monsieur le comte Norbert d’Auray porte probablement le nom de marquis de Saint-Pois plus habituellement que l’autre, car je me suis adressé à Lacabane [Léon Lacabane (1798-1884), employé au cabinet des titres à la Bibliothèque royale] notre d’Hozier moderne pour lui demander s’il existait encore quelque membre de la famille d’Auray et il m’a répondu que non.
Maintenant mon cher d’Auffay, faites agréer mes excuses à Monsieur le comte Norbert – rien n’est vrai de ce qu’il a lu et j’ai tout pris bon ou mauvais dans ma pauvre imagination ; désire-t-il que je mette une note dans la prochaine édition ou que je change les noms, je ferai là-dessus tout ce que vous me direz de faire.
Appartenant moi-même à une ancienne famille dont, par la suite de circonstances étranges, je ne porte plus le nom [Davy de La Pailleterie], j’ai toujours pris à tâche, malgré mes opinions à peu près républicaines, de grandir notre vieille noblesse au lieu de l’abaisser et j’ai fait un peu pour elle ce que les Castillans avaient fait pour le Cid, je l’ai attachée, morte, mais debout sur son cheval de bataille, pour que les ennemis la crussent encore vivante. Jugez donc mon cher Auffay, au chagrin très réel que me fait votre lettre, à laquelle j’eusse répondu plus tôt si je n’avais été absent.
Au reste mon cher Auffay, ces attaques inconvenantes contre la noblesse viennent un peu de la faute de ceux qui règnent ; ils ont dégradé la France comme on faisait d’un chevalier traître ou vaincu, ils lui ont arraché ses armes, pièce à pièce, pour les jeter aux aboyeurs de l’émeute, ils ont gratté son blason, le plus vieux, le plus noble et le plus beau de tous, pour y mettre un livre de notaire ou un registre de banquier, je ne sais quelle pancarte enfin – lorsqu’en l’écartelant en croix, ils pouvaient y réunir, le coq de Brennus, les abeilles de Charlemagne, les fleurs de lys de saint Louis et l’Aigle de Napoléon – que voulez-vous mon cher d’Auffay, tout s’en va et les Bourbons eux-mêmes, cette belle race d’aigles, n’a-t-elle pas tant soit peu fini en perroquets. »
(Paris, octobre 1838)

Château de Villebadin (Orne)
 Le 23 avril 1839, à Paris, le comte Alfred d’Auffay épousa Marie-Constance de La Motte-Ango, née au château de Villebadin [Orne], le 24 octobre 1820, fille de Antoine-Guillaume-François de La Motte-Ango (1776-1832), marquis de Flers [Orne], et d’Alexandrine-Anne de La Pallu (1788-1841). Ils eurent trois filles : Berthe-Marie-Laurence, née à Paris le 16 février 1840, épouse de Louis-Ernest de Vergès (1827-1875) le 8 août 1864 à Paris [VIIe], décédée à Paris [VIIe] le 7 novembre 1904 ; Blanche-Armande-Marie-Annette, née à Paris le 27 avril 1843, épouse de Antoine-Louis de Ligniville (1835-1884) le 7 juillet 1868 à Paris [VIIe], décédée à Metz [Moselle] le 7 décembre 1923 ; Marthe-Marguerite-Clémence-Marie-Thérèse, née à Paris le 17 mars 1852, épouse de Jean-François-Ernest Ligier (1837-1887) le 19 mai 1877 à Paris [VIIe], décédée à Paris [XVIe] le 28 mars 1910. Par jugement du Tribunal civil de première instance de la Seine, rendu le 13 novembre 1879 et homologuant un décret présidentiel du 22 août 1878, Jean-François-Ernest Ligier a été autorisé à ajouter à son nom patronymique celui de « de la Prade ».


Son ex-libris [43 x 45 mm], octogonal, sur papier rouge, présente un écu d’or plein, au chef échiqueté d’or et de gueules, sous une couronne de marquis, supporté par deux lions, avec un listel portant l’inscription « COMTE ALFRED D’AUFFAY »


Ses initiales gothiques, sommées d’une couronne de comte, ornent certaines reliures de sa bibliothèque.

On retrouve ce chiffre [11 x 13 mm] au verso de dessins de toutes les écoles : école italienne du XVIe siècle (Londres, Christie’s, 28 mars 1979, n° 5), atelier de Rubens (Paris, Couturier-Nicolay, 4 mars 1988, n° 90), école italienne du XVIIe siècle (Londres, Christie’s, 4 juillet 1995, n° 202), F. Müller (Berlin, Bassenge, 26 novembre 1999, n° 5.707), Conrad Meyer (Londres, Sotheby’s, 20 avril 2004, n° 92), attribué à A. Bosse (Amsterdam, Sotheby’s, 2 novembre 2004, n° 33), 


école hollandaise du XVIIe siècle (Paris, Ader, 14 novembre 2014, n° 42).

14 rue de Beaune, Paris VII

Alfred d’Auffay, domicilié à Paris, 14 rue de Beaune [VIIe], mourut le 13 novembre 1861, lors d’un déplacement à Hautot-sur-Seine [Seine-Maritime].


Sa bibliothèque fut vendue à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons-Enfants, salle n° 2, du lundi 15 au jeudi 16 avril 1863, en 4 vacations : Catalogue des livres rares et précieux, la plupart concernant la Normandie, composant la bibliothèque de feu M. le comte Alfred d’Auffay (Paris, L. Potier, 1863, in-8, VII-[1 bl.]-88 p., 546 – 1 manque [n° 189] + 2 doubles [bis] = 547 lots). Première partie. Livres de divers genres [189 lots = 34,55 %] : Théologie [18 lots = 3,29 %], Sciences et Arts [34 lots = 6,21 %], Belles-Lettres [75 lots = 13,71 %], Histoire [62 lots = 11,33 %]. Deuxième partie. Normandie [358 lots = 65,44 %] : Théologie [17 lots = 3,10 %], Jurisprudence [23 lots = 4,20 %], Sciences et Arts [10 lots = 1,82 %], Belles-Lettres [84 lots = 15,35 %], Histoire [224 lots = 40,95 %].

« Le Catalogue que nous offrons au public se divise en deux parties. La première se compose de livres qui conviennent à toutes les bibliothèques. Il y en a plusieurs de précieux. […]
La seconde partie contient une collection très-remarquable de livres relatifs à la Normandie, ou composés par des auteurs normands, ou, enfin, imprimés dans les diverses villes de cette province. Les livres rares et précieux y abondent. […]
Presque tous les livres qui figurent dans cette collection se recommandent par leur condition. Beaucoup ont passé par les mains des meilleurs relieurs modernes, Capé, Duru et Bauzonnet. »
(p. V-VII)


2. Novum Iesu Christi Testamentum, Vulgatæ editionis. Parisiis, E typographia regia, 1649, 2 vol. in-12, mar. r., plats et dos couverts de riches compartiments dorés à petits fers, tr. dor. (Le Gascon).

Exemplaire Auffay, légué par les frères Dutuit au Petit Palais, Paris, en 1902

4.Hore intemerate Virginis Marie secundum usum Romanum. (À la fin : ) Ces présentes heures, à lusage de Romme, furent achevées le premier iour de octobre, lan mil cinq cens et cinq, par Guillaume Anabat, pour Germain Hardouin. In-8, fig. color., v. f., compart., tr. dor. (Rel. anc.). Imprimé sur vélin. Livre d’heures enrichi de bordures en noir, de 12 grandes figures et de beaucoup de petites, toutes peintes avec soin, en or et en couleur. Belle reliure à compartiments et fleurdelisée, sur les plats de laquelle sont représentés l’Annonciation et le Crucifiement, et portant le nom de « Roze Lyon ». [Des bibliothèques Auffay, puis P. Desq et Dutuit]


Exemplaire Auffay (photographies BnF)
Paris, Alde, 14 juin 2007 : 6.000 €

16. Ordonnances et statuts des sœurs de la Celle (de l’Ordre de Saint-François) faits et ordonnés par leur visiteur, selon l’autorité de notre saint père le Pape, corrigés par le vicaire provincial de France, l’an 1478. In-4, 32 f., v. n. impression à froid. Manuscrit sur vélin avec initiales en couleur.


17 bis. Deux lettres de MR. Des Mahis, cy-devant ministre de la R. P. R., à Orléans. Orléans, Jean Boyer, 1685, in-12, mar. r., fil., tr. dor. Aux armes du marquis de Louvois.


30. L’École de l’homme, ou parallèle des portraits du siècle, & des tableaux de l’Écriture Sainte (par Génard). Amsterdam, 1752, 3 vol. in-12, v. m., fil., tr. dor. Aux armes de Madame de Pompadour.


39. La Démonomanie des sorciers. Par I. Bodin Angevin. Paris, Adrian Périer, 1598, in-16, mar. r., compart., tr. dor. (Duru).


58. Aurélia ou Orléans délivré, poème latin traduit en françois (composé par l’abbé de Roussy). Paris, Mérigot, Veuve Delatour et Prault fils, 1738, in-12, mar. r., fil., compart., tr. dor. Aux armes de la duchesse du Maine.


151. Mémoires de Monsieur L*** (Lenet), conseiller d’État : contenant l’histoire des guerres civiles des années 1649 & suivantes ; principalement celles de Guienne & autres Provinces. S. l., 1729, 2 vol. in-12, v. f. Aux armes de J.-B. Colbert, marquis de Torcy.

Photographie BnF

212. La Coutume de Normandie réduite en maximes. Par Pierre de Merville. Paris, Henry Charpentier, 1707, in-4, v. gr.


234. Le Royal Syrop de pommes, antidote des passions mélancholiques. Par Gabriel Droyn. Paris, Jean Moreau, [1615], in-8, vél.

Photographie BnF

251. Les Menus Propos (par P. Gringore). Cy finissent les menus propos, composez par Pierre Gringore, imprimé à Paris pour ledit Gringore, par Gilles Couteau en lan mil cinq centz vingt et ung, in-8, goth., fig. sur bois, demi-rel., v. ant. Ex. de J.-J. De Bure.

Exemplaire Auffay
Paris, Maigret, 18 novembre 2008 : 21.000 €

257. La Première Leçon des matines ordinaires du grand abbé des conardz de Rouen, souverain monarque de l’ordre contre la response faicte par un corneur à lapologie du dict abbé. De l’impression de Cardin Hamilton, [19 octobre 1537], in-4, goth., mar. bl., tr. dor. (Duru). [Des bibliothèques Auffay, puis Desq, Thomas Powell et La Germonière].



Exemplaire Auffay
Musée Condé de Chantilly

260.Élégies de Ian Doublet, Dieppoys. Paris, Charles Langelier, 1559, in-4, réglé, mar. r., ornements sur les plats, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet).


261. Le Discours demonstrant sans feincte comme maints pions font leur plainte, et les tavernes desbauchez parquoy tavernies sont faschez. Rouen, Jehan du Gort et Jaspar de Remortier, s. d. [v. 1556], in-16, fig. sur bois sur le titre, mar. citr., tr. dor. [Ex. de Dibdin, puis Nodier. Depuis, ex. de Desq, W. Martin, La Roche Lacarelle].


265. Les Premiers Exercices poëtiques de Ian de Vitel, Avranchois. Paris, Estienne Prévosteau, 1588, in-12, réglé, vél., tr. dor.





Exemplaire Cigongne
Musée Condé de Chantilly

266. Les Premières Œuvres poétiques de Iehan Grisel, Rouennois. Rouen, Raphaël du Petit Val, 1599, pet. in-12, réglé, mar. r., compart., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet) [Entre les pages 96 et 97, manquent 4 f. non chiffrés, imprimés en rouge et noir, comprenant le titre et les quatre premières pièces de la partie intitulée « Bouquet poétique ». Un ex. complet a été vendu 29.000 €, le 6 mars 2010, à Bruxelles, chez Ferraton].


Photographies Librairie Bertran

268. Le Tracas de la foire du pré. Où se voyent les amourettes. Rouen, L. Maury, in-16, pap. vélin, mar. viol., tr. dor., chiffres (Lebrun). Réimpression par Pinard, en 1830, à 60 ex.


269. La Friquassée crotestyllonnée, des antiques et modernes chansons. Rouen, Abraham le Cousturier, 1604, pet. in-8, mar. br., doubl. de mar. r., dent., tr. dor. (Koehler). Des bibliothèques de Méon [n° 2.473] et de Morel de Vindé [n° 1.807].

Photographie BnF

279. Inventaire général de la Muse normande, divisée en XXVIII parties. Par David Ferrand. Rouen, chez l’Autheur, 1655, in-8, mar. citr., fil. (Trautz-Bauzonnet).

Photographie Pierre Brillard

295. Le Coup d’œil purin. Ou abrégé de l’histoire mémorable à la postérité. Tote, le Grand-Père de Fiquet, et Rouen, Perchel, 1773, in-8, mar. r., fil., tr. dor., chiffres.

Photographie BnF

303. Tragédie de Ieanne d’Arques, dite la Pucelle d’Orléans, native du village d’Emprenne, près Voucouleurs [sic] en Lorraine. Rouen, Raphaël du Petit Val, 1606, pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet).


304. L’Amour tirannique [sic], tragi-comédie par Monsieur de Scudéry. Paris, Augustin Courbé, 1639, in-4, vélin vert, compart. Envoi de l’auteur au marquis de Montausier.


305.Œuvres de Pierre Corneille. Paris, Nyon, 1757, 6 vol. – Œuvres de Thomas Corneille. Paris, Nyon, 1758, 5 vol. Ensemble 11 vol. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Derome).

Photographie BnF

315. Les Triomphes de l’abbaye des conards, sous le resveur en décimes Fagot abbé des conards, contenant les criées & proclamations faites, depuis son advenement jusques à l’an présent. Rouen, Nicolas Dugord, 1587, pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque Le Prévost.




324. La Normandie chrestienne, ou l’Histoire des archevesques de Rouen qui sont au catalogue des saints (par F. Farin). Rouen, Louys Du Mesnil, 1659, in-4, fig., v. f., compart., tr. dor., chiffres (Lebrun). Les gravures représentant la Sainte Vierge et Saint Romain terrassant la Gargouille manquent presque toujours.



350. Description de l’abbaye de la Trape [sic]. Nouvelle édition avec figures (par A. Félibien). Paris, Jacques Lefebvre, 1689, in-12, v. f., fil., tr. dor. (Capé).



360. La Vie parfaicte et immaculée de saincte Austreberte, princesse du sang de la première race des rois de France et première abbesse du célèbre monastère de Pavilly. Composée par le R. P. S. Martin. Paris, Sébastien Huré, 1635, in-8, fig., mar. br., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet).


370. L’Heureuse Conversion de cent cinquante personnes notables de la religion prétendue réformée, tant en la ville du Havre que des environs. Paris, Claude Percheron, Jouxte la copie imprimée à Rouen par Estienne Mallasis, [1613], pet. in-8, mar. r., tr. dor. (Duru).


377. Recueil de lettres qui peuvent servir à l’histoire, et diverses poésies. Rouen, Laurens Maurry, 1657, in-8, mar. v., tr. dor. (Duru).


382. Les Recherches et Antiquitez de la province de Neustrie, à présent duché de Normandie, comme des villes remarquables d’icelle. Caen, Imprimerie de Vincent le Feure et de Iean le Feure, 1588, 2 parties en 1 vol. in-4, portr. et plans de la Normandie et de Rouen, mar. v., tr. dor. (Duru). [titre de la première partie manque].


391. Les Cronicques de Normendie. Lesquelles ont esté de nouveau corrigées à la vérité. Esquelles sont contenues les vaillãces & proesses des ducz, barõs & seigneurs de la noble duche de normendie. Rouen, Richard Macé, s. d. [v. 1502], in-4, goth., à 2 col., fig. sur bois, mar. v., compart. à froid, tr. dor. (Bauzonnet-Trautz).



400. Histoire de la première descouverte et conqueste des Canaries. Faite dès l’an 1402 par Messire Iean de Béthencourt, chambellan du roy Charles VI. Paris, Michel Soly, 1630, in-8, mar. r., chiffres, tr. dor. (Bauzonnet-Trautz).

Exemplaire Auffay
Paris, Sotheby's, 16 mars 2005 : 420 €

414.Étrennes supérieures de Normandie pour l’année bissextile 1772, par un maître perruquier de la famille. In-8, mar. r., tr. dor. (Duru).


423. Histoire de la ville de Rouen (par F. Farin). Rouen J. Hérault, 1668, 3 vol. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Duru).


Exemplaire Auffay
Drouot, vente Berès, 13 décembre 2006 : 31.000 €

430. C’est la déduction du sumptueux ordre plaisantz spectacles et magnifiques théatres dressés, et exhibés par les citoiens de Rouen ville métropolitaine du pays de Normandie, à la sacrée maiesté du trèschristian Roy de France, Henry second. Rouen, Robert Le Hoy, Robert et Iehan dits du Gord, 1551, in-4, fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. chiffres (Trautz-Bauzonnet).



440. Discours du siège de la ville de Rouen : au mois de novembre, mil cinq cens quatre vingts onze. Avec le pourtraict du vieil & nouveau fort. Rouen, Richard L’Allemant, s. d. [1592], pet. in-8, plan, mar. r., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet).



Photographies I.N.H.A.

443. Discours de la ioyeuse et triomphante entrée de très-haut, très-puissant et très-magnanime prince Henri IIII de ce nom. Rouen, Raphaël du Petit Val, 1599, in-4, 19 fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet).

Exemplaire Auffay, puis Lignerolles (III 2.816) et La Germonière
Drouot, 27 mai 2016 : 850 €

457. La Prinse et Rendition de la ville d’Eu, située près la ville de Diepe [sic], par Monseigneur le duc de Mayenne. Paris, Hubert Velu, 1589, pet. in-8, fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet).  


465. Antiquitez de la ville de Harfleur, recherchées par le sieur de la Motte eschevin en ladite ville. Au Havre de Grace, Iacques Gruchet, 1676, in-8, v. f., fil., tr. dor., chiffres. Porte sur la garde : « Ex libris vicecomitis C. G. Toustain eq., 1787 ».


489. La Prinse de la ville de Sainct Lo, le ieudy dixième iour de iuin, mil cinq cens septante quatre, par monsieur de Matignon. Paris, Michel Buffet, 1574, pet. in-8, mar. r., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet).

La comtesse d’Auffay mourut en son domicile, 53 rue de Varenne [VIIe], le 1er janvier 1886.
Le château d’Auffay, qui avait été dévolu à Berthe Le Poulletier, épouse du comte de Vergès, fut acquis en 1891 par Marie Le Verdier, alliée aux Houdetot par son arrière-grand-tante maternelle, Madeleine-Suzanne Carrel († 1760), épouse de Louis de Houdetot (1684-1764).




Paul Bellon (1853-1895), attaché à Cuzin et à Reymann

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D’une famille de cultivateurs originaire de Le Sauze, hameau d’Enchastrayes [Alpes-de-Haute-Provence], Paul-Joseph Bellon est né à Écully [Rhône], le 16 septembre 1853, dans la maison de campagne de son grand-père maternel, Étienne Berger (1795-1861), courtier pour la soie.


Paul Bellon était le fils de Claudine-Isabelle Berger (1831-1904) et de Joseph-Damien Bellon (1815-1882), demeurant à Lyon, 21 rue des Deux Angles, associé depuis 1847 dans une entreprise de soierie, « Bellon frères et Conty », fondée en 1834 par son frère aîné Jean-Joseph-Louis Bellon (1810-1888). Ce fut ce dernier qui, avec d’autres associés, participa en 1863 à la fondation du Crédit lyonnais par Henri Germain (1824-1905). Les parents de Paul Bellon s’étaient mariés à Lyon [1er], le 4 décembre 1852.  

Paul Bellon, pour qui la carrière de son père et de son oncle n’avait aucun attrait, fut quelque temps attaché au cabinet du préfet de l’Allier, puis travailla le droit administratif en vue de se faire nommer auditeur au Conseil d’État. Il finit par y renoncer et put, grâce à une belle fortune, vivre en dilettante et consacrer ses loisirs aux agréables recherches du bibliophile, qu’il avait commencées dès sa jeunesse.
Le 19 février 1879, à Avignon [Vaucluse], il épousa Marie-Adèle Olivier (1858-1884), fille de Jules Olivier (1804-1885), fabricant de produits chimiques, et d’Antoinette-Sophie Perret (1821-1884), qui lui donna deux enfants : Henriette (1882) et Jacques (1884).
Le 24 novembre 1886, à Paris [XVIe], il épousa, en secondes noces, Marie-Joséphine-Antoinette-Jeanne Olivier (1866-1944), fille de Marius-Arthur Olivier (1837-1896), négociant, et de Claire-Marie-Françoise-Joséphine Floret (1844-1892), qui lui donna trois enfants : Marie-Louise (1887), Paul (1889) et Adèle (1891).
 
À partir de 1875, il s’intéressa aux publications artistiques de Jouaust, de Quantin, et surtout de Conquet. Il souscrivait aux papiers de luxe et se portait souvent acquéreur des dessins originaux : l’éditeur faisait alors imprimer pour lui des exemplaires uniques.
Il ne tarda pas à se débarrasser de ses premières acquisitions, par une vente qui eut lieu à Lyon, du 17 au 20 janvier 1887 : Catalogue d’un joli choix de beaux livres modernes, de quelques beaux livres anciens et duXVIIIe siècle, provenant de la bibliothèque de M. P. B., bibliophile lyonnais (Lyon, G. Crozet, 1887, in-8, 431 lots).

Il reconstitua sa bibliothèque en ouvrages mieux choisis - presque rien de ce qui était digne de l’attention des amateurs ne lui échappa - et encouragea les innovations de la reliure moderne : Marius Michel exécuta à son intention quelques grandes et belles œuvres ; Cuzin travailla beaucoup pour lui ; Thibaron lui trouva des décorations personnelles ; Reymann, beau-frère de Cuzin, et sa femme lui firent quelques reliures.

Photographie Nicolas Ducimetière

Son ex-libris fantaisiste [34 x 40 mm], qui existe en noir et en bistre, a été gravé par Charles Gillot (1853-1903), d’après un dessin de Pierre-Adolphe Varin (1821-1897).

À partir de 1890, son état de santé ne lui permit plus de s’adonner à son occupation favorite.


Paul Bellon mourut prématurément, dans sa 42eannée, le 29 mai 1895, à Écully, au château de Charrière-Blanche, que son père avait fait construire en 1860, par l’architecte Louis-Frédéric Benoît (1831-1899).

Sa bibliothèque fut dispersée en deux ventes. Depuis la vente Charles Bouret (1841-1892), du 16 au 18 février 1893, on n’avait pas vu une pareille réunion d’exemplaires de choix, enrichis de suites, ni autant de reliures extraordinaires.


La première vente eut lieu à l’hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 10, du mardi 11 au jeudi 13 février 1896, en 3 vacations : Catalogue de beaux livres anciens & modernes. Livres à figures du XVIIIe siècle, livres illustrés du XIXe siècle, livres modernes avec aquarelles originales, éditions originales d’auteurs contemporains, publications de luxe, composant la bibliothèque de feu M. Paul Bellon de Lyon. Première partie (Paris, Techener [H. Leclerc et P. Cornuau Srs], 1896, in-8, 114-[2] p., 496 lots), dont Livres anciens [51 lots = 10,28 %], Livres illustrés du XVIIIe siècle [57 lots = 11,49 %], Livres illustrés du XIXe siècle [204 lots = 41,12 %], Éditions originales d’auteurs contemporains [184 lots = 37,09 %]. Le montant total des adjudications s’éleva à 130.716 fr. 50 c. : la partie ancienne s’est très convenablement vendue ; les livres modernes ont très largement dépassé les cours pratiqués.


Exemplaire Bellon

9. Cholières. La Guerre des masles contre les femelles. Paris, Gilles Robinot, 1614, in-12, mar. r., compart. de fil. et guirlande de feuillage sur les plats, dos orné, dent. int., tr. dor. (Bozerian Jeune). Au chiffre d’Audenet. De la bibliothèque de Nodier. 74 fr. [passera chez R. Hoe et chez Cortlandt-F. Bishop]

Photographie Librairie Le Feu follet

13. Du Chesne (Joseph). Le Grand Miroir du monde. Deuxième édition. Lyon, 1593, in-8, pl. chag. violet, compart de fil. sur les plats, dos orné (Andrieux). Ex. Viollet-le-Duc et Chasles. 13 fr.


17. L’Eschole de Salerne en vers burlesques. Suivant la copie imprimée à Paris, 1651 (Hollande, Elzevier), pet. in-12, mar. r. jans., dent. int., tr. dor. (Thibaron-Jolly). Ex. Génard. 17 fr.
21. Gringore (Pierre). S’ensuyvent les fantasies de mere Sotte. Paris, Alain Lotrian, s. d., pet. in-4 goth., fig. sur bois, mar. La Vallière doublé de mar. r., riches comp. de filets, fleurons, fers azurés, tr. dor. (Thibaron-Echaubard). Ex. Chaponay et Bancel. 435 fr.


25. Lupanie, histoire amoureuse de ce temps (par P.-C. Blessebois). S. l. (Hollande, à la Sphère), 1668, pet. in-12, mar. citr., fil., coins ornés, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Béhague. 181 fr.


34. Pastissier françois (Le). Amsterdam, Louys et Daniel Elzevier, 1655, in-12, mar. vert, front. grav., riches compart. à mosaïque de mar. citr. et rouge, dorures à petits fers couvrant le dos et les plats, doublé de mar. citr., dent., tr. dor., étui (Thibaron. Dorure de Marius Michel). Exemplaire Bancel. 1.650 fr.

Photographie BM Lyon

38. Rabelais. Pantagruel, roy des Dipsodes, restitué à son naturel. Lyon, Étienne Dolet, 1542, in-16, fig. sur bois, mar. brun, dent., tr. dor. (Thibaron-Joly). Ex. Desq. 90 fr.

Photographie BnF

43. Ronsard. Les Quatre Premiers Livres des odes. Paris, Guillaume Cavellart [i.e. Cavellat], 1550, in-8, mar. r. jans., doublé de mar. r., large dent. de feuillages à petits fers, tr. dor. (Cuzin). 295 fr.
44. Le Cinquieme des odes. Paris, Veuve Maurice de la Porte, 1553, in-8, mar. bleu jans., tr. dor. (Thibaron). Ex. Bancel. 81 fr.

Exemplaire Bellon
Paris, Rossini, 3 novembre 2010 : 15.500 €

45. Satyre Menippée de la vertu du catholicon d’Espagne. S. l. [Tours], s. n. [Jean Mettayer], 1593, in-8, mar. citr., comp. de mosaïque de mar. bleu et rouge, fil. droits et courbés et croix de Lorraine, doublé de mar. rouge, dent. de feuillages, tr. dor. étui (Cuzin. Dorure de Maillard). Exemplaire Paillet [1887, 704]. 3.450 fr.


50. Taillemont (C. de). Discours des champs faez à l’honneur & exaltation de l’amour & des dames. Lyon, Michel du Bois, 1553, in-8, portr., mar. brun, compart. fers, tr. dor. (Capé). 106 fr.
51. Villon. Les Œuvres de maistre Françoys Villon. Paris, Anthoine Bonnemere, 1532, pet. in-8, mar. La Vallière, fil., dos orné, doublé de mar. r., large dent., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Techener. 500 fr.


54. Anacréon, Sapho, Bion et Moschus, traduction nouvelle en prose. A Paphos et se trouve à Paris, 1773. – Héro et Léandre, poème de Musée, 1774. En 1 vol. in-8, mar. bleu, fil., dos orné, tr. dor. (Lortic). Suite complète des 12 vignettes et des 13 culs-de-lampe d’Eisen en tirages à part. Exemplaire Roger Portalis [1 des tirages à part manquait]. 1.810 fr.


57. Blin de Sainmore. Héroïdes ou lettres en vers. Nouvelle édition. Paris, Séb. Jorry, 1767. – Lettre de Sapho à Phaon. Paris, Jorry, 1766. – Lettre de Jean Calas à sa femme et à ses enfants. Paris, Jorry, 1767. Ensemble en 1 vol. in-8, mar. rouge, large dent., dos orné, dent. int., doublé de tabis bleu, tr. dor. (Padeloup). Aux armes de Louis-Philippe d’Orléans, petit-fils du Régent. Exemplaire De Bure et Didot. 2.500 fr.

Circé

62. Demoustier (C.-A.). Lettres à Émilie sur la mythologie. Paris, A.-A. Renouard, 1809, 6 part. en 3 vol. in-8, mar. bleu, fil., comp., doublé de tabis rose, tr. dor. (Cuzin). Suite des 36 fig. de Moreau en deux états. 1.210 fr.


65. Dorat. Les Baisers, précédés du Mois de Mai, poème. La Haye, et se trouve à Paris chez Lambert et Delalain, 1770, in-8, pap. de Hollande, front., vign. et culs-de-lampe d’Eisen, mar. bleu, large dent., dos orné, doublé de mar. rouge, semé de roses et de marguerites, gardes de tabis, tr. dor. (Lortic). 1.300 fr.


74. Laborde (de). Choix de chansons mises en musique, ornées d’estampes par J.-M. Moreau. Paris, de Lormel, 1773, 4 vol. gr. in-8, mar. r., fil., dos ornés, tr. dor. (Bradel l’Aîné, successeur de Derome le Jeune). Avec le portrait de J.-B. de Laborde « à la lyre » et celui, très rare, de Madame de Laborde. 4.605 fr.


78. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Amsterdam (Paris, Barbou), 1762, 2 vol. in-8, mar. vert, plats et dos ornés de fers spéciaux, doublés de tabis roses, tr. dor. (Rel. anc. dite « de présent »). Les fig. du « Diable de Papefiguière », du « Bât » et du « Rossignol » sont découvertes [ces deux dernières sont rarissimes] ; celle de l’ « Imitation d’Anacréon » est avant la flèche ; le portrait de Choffard est avant les tailles. 5.500 fr.
79. La Fontaine. Collection de figures, vignettes et fleurons pour l’édition des Fermiers généraux, 1762, en feuilles. En tout 186 pièces. Exemplaire Delbergue-Cormont. 4.100 fr.


80. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Paris, Imprimerie de P. Didot l’Aîné, 1795, 2 vol. in-4, papier vélin, dos et coins mar. vert, tête dor., non rognés (Fixon). Avec 20 fig. de Fragonard, Mallet et Touzé, 1 dessin original à l’aquarelle de Mallet, 18 calques de dessins de Fragonard, 6 fig. supplémentaires, 1 portrait de La Fontaine. 3.000 fr.
81. La Fontaine. Collection d’eaux-fortes et pièces diverses pour l’édition de Didot, 1795 : 40 eaux-fortes, 9 épreuves avant la lettre, 2 fig. gravées à la manière noire et 3 épreuves du fleuron du premier vol., avec le portrait de Fragonard gravé à l’eau-forte par Le Carpentier en trois états et une gravure pour le conte « La Cruche » du second vol. gravée par Patas en deux états. 4.000 fr.


86. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. S. l. [Paris, Quillau], 1718, pet. in-8, front. par Coypel, 28 fig. par Philippe d’Orléans [le Régent] grav. par Audran, mar. citr., compart. à mosaïque de mar. r. et vert foncé, dorure au pointillé, dos orné et mosaïqué, doublé de mar. bleu, large dent., tr. dor., étui (Thibaron-Joly). Exemplaire Bancel. 3.950 fr.


89. Montesquieu. Le Temple de Gnide. Nouvelle édition. Paris, Le Mire, 1772, in-4, front. et 9 fig., mar. vert, large dent., doublé de mar. rouge, large encadrement, dorure à petits fers, gardes de moire, tr. dor., étui (Cuzin). Exemplaire Delbergue-Cormont. 5.300 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet

101. Voltaire. La Henriade, nouvelle édition. Paris, Veuve Duchesne, 1769-1770, 2 vol. pet. in-8, front., titre gravé, 10 fig. et 10 vign. d’Eisen, gravées par de Longueil, mar. bleu, fil., doublé de mar. r., dent., gardes de moire rouge, tr. dor. (Thibaron-Joly). Avec les fig. avant la lettre et tirage hors-texte des dix vign. 410 fr.


105. Voltaire. La Pucelle d’Orléans, poëme en vingt et un chants. Paris, Renouard, 1816, in-8, demi-rel. toile grise, non rog. Avec 4 pièces et 4 suites en divers états. Ex. Renouard. 470 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet

117. Balzac (H. de). Les Contes drolatiques. Cinquième édition. 425 dessins par G. Doré. Paris, Société générale de librairie, 1855, pet. in-8, mar. olive, 6 filets, dos orné, doublé de mar. rouge, compart. de 14 filets entrelacés, tr. dor. (Cuzin). Exemplaire R. Lion, imprimé sur pap. de Chine. 2.210 fr.


118. Balzac (H. de). Eugénie Grandet. Paris, Imprimé pour les Amis des livres, 1883, 120 ex., in-8, mar. bleu jans., doublé de mar. La Vallière, large dent., tr. dor., ébarbé (Cuzin). Les gravures sont en trois états. 1.400 fr.


121. Béquet (Étienne). Marie, ou le Mouchoir bleu. Paris, Conquet, 1884, in-16, mar. r., encadr. mar. brun, filets dor. et feuillages, dos orné, doublé de mar. brun, 8 filets, gardes soie rouge, tr. dor., non rogné, couv. cons. (Louise Reymann-Cuzin). Ex. unique sur pap. du Japon, imprimé pour Bellon, acquéreur des dessins originaux. 1.000 fr.


123. Béranger. Œuvres complètes. Nouvelle édition. Paris, Perrotin, 1847, 2 vol. – Dernières chansons. Id., 1857. – Ma biographie. Id., 1860. Ensemble 4 vol. in-8, br., couv. Avec fig. avant la lettre. 555 fr.
124. Béranger. Collection d’eaux-fortes et d’épreuves d’artistes des figures de Charlet, A. de Lemud, Johannot, Daubigny, Pauquet, Jacques, etc., pour l’édition de Perrotin, 1847-1857-1860. Environ 78 pièces. 1.320 fr.

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche

131. Boufflers (Chevalier de). Aline, reine de Golconde. Paris, Société des Amis des livres, 1887, in-8, mar. r., dent. à petits fers, tête dor., non rog., couv. cons. (Joly). N° 108/115. 421 fr.


143. Claretie (Jules). Le Drapeau. Paris, Decaux et Dreyfous, 1879, in-4, cartonn. en vélin, non rog., couv. cons. (Champs). Un des 40 ex. sur Whatman. Avec dessins et aquarelles de H. de Sta. 430 fr.
155. Daudet (Alphonse). Lettres de mon moulin. Paris, Lemerre, 1879, pet. in-12, mar. brun jans., doublé de mar. r., fil., large bande mosaïque de mar. brun et vert, gardes moire rouge, tête dor., non rog. (Joly). Un des 50 ex. sur Chine, avec 25 dessins originaux par A. Poirson. 950 fr.


156. Daudet (Alphonse). Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon. Paris, Dentu, 1872, in-12, mar. olive, compart., riche dorure à petits fers sur les plats, doublé de mar. La Vallière très clair, gardes de moire, fil., tête dor., non rog., couv. cons. (Joly). Avec aquarelle originale et 15 dessins originaux de Poirson. 650 fr.

Photographie Librairie Koegui

158. Daudet (Alphonse). La Défense de Tarascon. Paris, Conquet, 1886, in-18, mar. vert doublé de mar. r., armes de Tarascon, tête dor., non rog., couv. cons. (Joly). Ex. sur Japon pour Bellon acquéreur des dessins originaux de Draner. 990 fr.


161. Droz (Gustave). Monsieur, madame et bébé. Paris, Havard, 1878, in-4, dos et coins mar. bleu, tête dor., non rog., couv. cons. (Reymann). Un des 50 sur Chine. 305 fr.   


168. Feuillet (Octave). Julia de Trécœur. Paris, Calmann Lévy, 1885, pet. in-8, mar. citr., guirlandes de fleurs sur les plats, doublé de mar. tête de nègre, riches compart. de filets et de feuillages, gardes de moire, tr. dor., couv. conserv. (Cuzin). Un des 225 ex. imprimés pour Conquet. Avec les dessins originaux d’Henriot. 1.195 fr.

Photographie Amélie Sourget

176. Gautier (Théophile). Le Capitaine Fracasse. Paris, Charpentier, 1863, 2 vol. in-12, mar. tête de nègre, compart. de 6 filets sur les plats, tête dor., non rogné, couv. cons. (Joly). Édition originale, avec 9 études et 13 aquarelles originales par V.-A. Poirson. 550 fr.  


178. Gautier (Théophile). Mademoiselle de Maupin. Paris, Conquet, 1883, 2 vol. gr. in-8, mar. vert, guirlande de roses et filets sur les plats, dos ornés, tr. dor., couv. cons. (Cuzin). Ex. sur pap. du Japon, avec suite des fig. de Toudouze, portrait d’après Célestin Nanteuil, vign. d’après Louis Leloir, aquarelle originale de Toudouze, 4 pl. refusées. 1.800 fr.


179. Gautier (Théophile). L’Eldorado ou Fortunio. Paris, Imprimé pour les Amis des livres par Motteroz, 1880, 115 ex., gr. in-8, mar. r. antique, compart. à fr. sur les plats, fleurons dorés, doublé de mar. r. antique, filet doré, fers à froid, gardes en soie, tr. dor. (Marius Michel). Avec une suite d’épreuves d’artiste en deux états, un dessin original de Milius et 4 épreuves refusées. 1.160 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet

182. Gérard de Nerval. Sylvie, souvenirs du Valois. Paris, Conquet, 1886, pet. in-8, cartonnage, dos et coins mar. vert, non rog., couv. cons. (Camps). Pap. du Japon, fig. en 3 états, aquarelle de Rudaux. 385 fr.


190. Halévy (Ludovic). Criquette. Paris, Calmann Lévy, 1883, in-12, mar. brun jans., doublé de mar. brun, comp. de mar. orange, riche rel. à petits fers, gardes de satin, tête dor., non rog., couv. cons. (Thibaron-Joly). Édition originale. Avec 27 aquarelles originales de Noël Saunier. 800 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet

196. Hamilton. Mémoires du comte de Grammont. Paris, Conquet, 1888, gr. in-8, cartonn., dos et coins mar. vert, non rog., couv. cons. (Champs). Gravures en triple état et aquarelle originale de Delort. 750 fr.


197. Hugo (Victor). Les Orientales. Paris, Imprimé pour les Amis des livres, 1882, in-4, mar. brun, comp. de 16 filets entrelacés sur les plats, tête dor., non rog., couv. cons. (Thibaron-Joly). N° 65/135 pap. Japon. Planches en double état. 520 fr.


204. La Fontaine. Fables. Paris, Hachette, 1867, in-fol., cart., dos et coins toile olive, non rog. Dessins de G. Doré. Ex. sur Chine. 650 fr.     


205. La Fontaine. Fables. Paris, Quantin, 1883, 2 tomes divisés en 4 parties, cartonn., dos et coins mar. vert, non rognés, couv. cons. (Carayon). Un des 50 ex. sur pap. Chine, avec les 75 dessins originaux de Delierre, deux suites d’épreuves d’artiste, une suite sur Japon de 22 fleurons inédits. 1.300 fr.
207.Œuvres de La Fontaine. Nouvelle édition. Paris, Lefèvre, 1822, 14 vol. in-8, mar. citr., fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Petit). Sur pap. jonquille. Contient env. 1.300 pièces. 515 fr.


213. Loti (Pierre). Pêcheur d’Islande. Paris, Calmann Lévy, 1886, in-8, en feuilles, couv. cons. Avec aquarelle originale de P. Jazet, fig. en triple état, 20 dessins de P. Jazet, portr. Loti par Abot. 205 fr.


220. Maupassant (Guy de). Contes choisis. Paris, Société des Bibliophiles contemporains, 1891-1892, 10 fascicules in-8, fig., brochés, couv., 188 ex. 500 fr.   


223. Mérimée (Prosper). Carmen. Paris, Calmann Lévy, 1884, pet. in-8, mar. r. jans., tête dorée, non rogné (Gruel). 225 ex. imprimés pour Conquet. Avec les dessins originaux d’Arcos, 4 suites des eaux-fortes de Nargeot, un dessin à la plume d’Arcos avec envoi au comte Berthier. Aux armes du comte Berthier. 2.030 fr.


224. Mérimée (Prosper). Chronique du règne de Charles IX. Paris, Imprimé pour les Amis des livres, 1876, 2 vol. gr. in-8, mar. La Vallière, compart. de mar. noir, fil. dor., tête dor., non rogn., couv. cons. (Joly). N° 39/115. Avec suite complète des gravures à l’état d’eau-forte pure, épreuves d’état et 3 pl. refusées. 1.725 fr.
230. Molière. Œuvres complètes. Paris, Imprimerie nationale, 1878, 5 tomes en 10 vol. in-4, carton., dos et coins mar. grenat, non rog., couv. cons. (Champs). Avec 485 fig. et portraits. 960 fr.


236. Muller (Eugène). La Mionette. Paris, Conquet, 1885, pet. in-4, mar. bleu jans., doublé de mar. La Vallière très clair, encadrement et décoration de 14 filets entrelacés, gardes de moire rouge, tête dor., non rogné, couv. cons. (Joly). Ex. pour Bellon avec les dessins originaux à l’encre de Chine de Cortazzo, les eaux-fortes en triple état, un portrait de Muller par Abot. 1.700 fr.
237. Murger (Henry). Scènes de la vie de bohême. Paris, Imprimé pour les Amis des livres, 1879, in-8, mar. r., encadr. à coins de 10 filets, doublé de mar. bleu, encadr. de 8 filets entrelacés, ornements dans les coins, gardes en soie bleue, tr. dor., couv. cons. (Cuzin). Un des 118 ex., avec 3 suites des fig., 1 dessin original. 1.400 fr.


238. Musset (A. de). Nouvelles. Paris, L. Conquet, 1887, gr. in-8, cartonnage, doins et coins mar. bleu clair, non rog., couv. cons. (Champs). N° 9 sur gr. pap. vélin, avec fig. et vign. en trois états et 6 aquarelles originales de Cortazzo. 405 fr.
239. Musset (Alfred de). Œuvres complètes. Paris, Charpentier, 1865-1866, 10 vol. pet. in-4, dos et coins mar. grenat, non rog., couv. cons. (Champs). Avec trois suites en divers états et portraits ajoutés. 605 fr.


243. Nodier (Charles). Journal de l’expédition des Portes de fer. Paris, Imprimerie royale, 1844, gr. in-8, cart., non rog. 570 fr.
245. Nodier (Charles). Trilby ou le Lutin d’Argail, nouvelle écossaise. Lyon, Société des Amis des livres, 1887, 45 ex., in-8, pap. de Hollande, mar. r., fil., dos orné, non rogné, couv. cons. (Champs). Enrichi des 12 aquarelles originales de Paul Avril, adjugées à Bellon pour 1.700 fr., à l’assemblée générale de la Société, le 29 février 1888. 1.600 fr.
247. Noriac (Jules). Le 101e Régiment. Paris, Librairie nouvelle, 1858, pet. in-12, mar. r., doublé de mar. bleu clair, compart. de 7 filets, tête dor., non rog., couv. cons. (Joly). Édition originale, avec 36 aquarelles de Sta. 785 fr.


252. La Pléiade. Ballades, fabliaux, nouvelles et légendes. Paris, L. Curmer, 1842, pet. in-8, mar. violet à longs grains, 6 filets sur les plats, dos sans nerfs orné de filets, tr. dor. (Chambolle-Duru). Sur pap. de Chine. 925 fr.


258.Œuvres complètes de J. Racine. Deuxième édition. Paris, Lefèvre, 1822, 6 vol. in-8, mar. r., compart. de fil. et coins dorés, dos orné, doublé de faille bleue, dent. int., gardes de faille bleue, tr. dor., non rog. (Rel. Louise Reymann, dorure Cuzin). Suites et portraits ajoutés, ensemble 231 pièces. 660 fr.  


277. Saint-Pierre (Bernardin de). Paul et Virginie. Paris, Lefèvre, 1828, in-18, mar. vert, comp. de filets, coins et dos ornées, doublé de mar. La Vallière, large guirlande de feuilles de lierre mosaïque, gardes en soie, tr. dor. (Cuzin). Avec 9 dessins originaux à la sépia de Corbould pour l’édition de Lequien [vente Rochefontaine, Lyon, 1887] et les gravures de ces dessins en 2 états. 1.640 fr.


284. Silvestre (Armand). Le Conte de l’archer. Paris, 1883, in-8, mar. r., dos et plats ornées de compart. de mar. citron, bleu, vert et brun, rinceaux de feuillages, doublé de mar. r., filets et guirlandes d’œillets, tr. dor., couv. cons. (Louise Reymann-Cuzin). Un des 50 ex. sur pap. du Japon, avec suite unique des épreuves d’essai de Poirson, 2 aquarelles originales du même et un front. inédit. 2.000 fr.

Photographie Librairie Les Trois Plumes

286. Soulié (Frédéric). Le Lion amoureux. Paris, L. Conquet, 1882, gr. in-18, mar. r., compart. de 7 filets, coins ornés, doublé de mar. bleu, guirlandes de roses, gardes de satin, tr. dor., couv. cons. (Cuzin). Grand papier du Japon, avec les fig. en 3 états. 1.039 fr.


296. Theuriet (André). Nos oiseaux. Paris, H. Launette et Cie, 1886, in-4, cart., dos et coins mar. bleu, non rog., couv. cons. (Champs). Avec une aquarelle originale de Giacomelli. 340 fr.


298. Theuriet (André). Sous bois. Paris, Conquet, 1883, in-8, mar. brun jans., doublé de mar. La Vallière clair, large guirlande de feuillage en mosaïque, gardes de moire, tr. dor., couv. cons. (Louise Reymann). Un des 75 ex. sur Chine, avec 5 aquarelles originales de Giacomelli. 1.280 fr.


300. Uchard (Mario). Mon oncle Barbassou. Paris, J. Lemmonnyer, 1884, 2 vol. mar. vert foncé jans., doublés de mar. La Vallière très clair, encadr. mosaïque de mar. vert, semis de fleurs mosaïque de mar. rouge, gardes de soie, tr. dor., couv. cons. (Thibaron-Joly). Un des 50 ex. sur Japon, avec double suite d’épreuves d’artiste, 13 aquarelles originales de Paul Avril. 2.205 fr.


308. Vigny (Alfred de). Servitude et grandeur militaires. Paris, Imprimé pour les Amis des livres, 1885, gr. in-8, 121 ex. sur Japon, mar. grenat jans., doublé de mar. grenat, dent. avec fleuron aux quatre coins, tête dor., non rog., couv. cons. (Gruel). Avec deux suites des eaux-fortes. 450 fr.


317. Baudelaire (Charles). Les Fleurs du mal. Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1857, in-12, cart., dos et coins mar. bleu, tête dor., non rogné, couv. Édition originale. 57 fr.


366. Flaubert (Gustave). Madame Bovary. Paris, Michel Lévy frères, 1857, in-12, dos et coins toile verte, tête dor., non rog., couv. Édition originale. Un des rares exemplaires sur papier vélin. 300 fr.


373. Gautier (Théophile). Poésies. Paris, Charles Mary, 1830, in-12, mar. r., plats ornés de compart. de filets entrelacés, milieu orné de feuillages, doublé de mar. r., tr. dor., non rogné (Marius Michel). Édition originale. 430 fr.


376. Gautier (Théophile). Mademoiselle de Maupin, double amour. Paris, Eugène Renduel, 1835-1836, 2 vol. in-8, dos et coins toile grise, tête dor., non rog. Rare édition originale avec les couv. 500 fr.


421. Maupassant (Guy de). La Maison Tellier. Paris, Havard, 1881, in-12, dos et coins mar. orange, tête dor., non rogné, couv. cons. (Chapalain). Édition originale, pap. de Hollande. 230 fr.


481. Zola (Émile). L’Assommoir. Paris, Charpentier, 1877, in-12, dos et coins toile orange, tête dor., non rog., couv. Édition originale, pap. de Hollande. 135 fr.


La deuxième vente, qui présenta des livres plus ordinaires, se déroula 28 rue des Bons-Enfants, salle n° 1, les vendredi 21 et samedi 22 février 1896 : Catalogue de livres modernes. Beaux-arts, éditions originales d’auteurs contemporains, bibliographie, composant la bibliothèque de feu M. Paul Bellon de Lyon. Deuxième partie (Paris, Techener [H. Leclerc et P. Cornuau Srs], 1896, in-8, 66-[2] p., 441 lots), dont Livres modernes [382 lots = 86,62 %], Bibliographie [59 lots = 13,37 %]. Elle produisit 9.420 fr. 50 c.
   






Paul Desq (1816-1877), entre soieries et littérature

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Limoux (v. 1840)

Paul Desq était né à Limoux [Aude], le 18 février 1816, fils de Antoine Desq, marchand détailleur [au détail], et de Marie Rech, mariés à Limoux, le 13 novembre 1810.


Le 16 février 1843, à La Guillotière [Rhône] – qui constitua le 3e arrondissement de Lyon à partir du 12 avril 1852 -, Paul Desq, fabricant d’étoffes de soie, demeurant 49 Grande Rue, épousa Marguerite Falconiery, dévideuse de soie, demeurant 30 Grande Rue, née à Lyon le 13 avril 1819, fille de François Falconiery et de Anne Berger.
Le couple eut quatre enfants : Alfred-Numa, né le 30 janvier 1841 à La Guillotière, reconnu le 19 janvier 1844 ; Virginie-Marguerite, née le 9 novembre 1843 à La Guillotière ; Antoine-Joseph-Léopold, né le 9 septembre 1846 à La Guillotière ; Marie-Julie, née le 26 mai 1854 à Lyon [3e].


En peu d’années, Paul Desq créa une remarquable bibliothèque, qui fut vendue à Paris, 28 rue des Bons-Enfants, à la Maison Silvestre, du mercredi 25 avril au mercredi 2 mai 1866, en 7 vacations : Catalogue des livres rares et précieux, manuscrits et imprimés, composant la bibliothèque de M. P. Desq, de Lyon (Paris, L. Potier, 1866, in-8, XII-203-[1] p., 1.101 + 40 doubles [bis] = 1.141 lots), dont Théologie [125 lots = 10,95 %], Jurisprudence [18 lots = 1,57 %], Sciences et Arts [189 lots = 16,56 %], Belles Lettres [618 lots = 54,16 %], Histoire [191 lots = 16,73 %].

« M. D*** recherchait les beaux manuscrits, et il avait su s’en procurer de plus d’un genre : manuscrits ornés de miniatures, volumes écrits par le Gangneur [Guillaume Le Gangneur (1553-1624)] et par Jarry [Nicolas Jarry (1615-1666)], copies figurées exécutées par Fyot [François-Florent Fyot, fin XVIIIes.] et par le bibliophile A. Veinant. Il avait réuni près de cent volumes imprimés sur vélin. Les livres ornés de gravures sur bois et en taille-douce avaient un charme particulier pour lui, et ils abondent dans toutes les divisions de son catalogue. On y trouve aussi réunis beaucoup de livres curieux de théologie mystique, de médecine, de sciences occultes, d’exercices gymnastiques, etc. ; mais la partie la plus brillante de la bibliothèque, c’est la littérature. Les Poëtes français y occupent près de trois cents numéros ; le Théâtre, et surtout les Romans, Contes et Nouvelles et les Facéties y tiennent une large place. On compte aussi dans l’Histoire nombre de volumes précieux.
C’est principalement dans les ventes importantes qui ont eu lieu dans ces dernières années, notamment dans celles de MM. Cailhava, de Chaponay, Chedeau, Double, La Bédoyère, Solar, Veinant, que M. D*** a fait ses acquisitions. Il tenait à la beauté des exemplaires, à l’élégance des reliures, et n’admettait dans ses armoires que des volumes recommandables sous tous les rapports. » (p. V-VI)


Paul Desq utilisait un ex-libris [25 x 22 mm] doré, de forme ovale, sur papier rouge octogonal, portant « EX LIBRIS P. DESQ ».


7. Le Cantique des cantiques de Salomon. Lyon, Antoine Briasson, 1688, in-8, mar. r., fil., tr. dor. Aux armes de Savalette.


23. Les Figures de l’apocalipse de saint ian. Paris, Estienne Groulleau, 1547. – Dix histoires du Nouveau Testament. Paris, Estienne Groulleau, 1551. 2 parties en 1 vol. pet. in-8, mar. bl., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). De la bibliothèque L. Double.
47. Heures à lusaige de Rome. Paris, Gilles Hardouyn (calendrier de 1516 à 1530), gr. in-8 goth., fig., encadr., mar. r., compart. à petits fers, tr. dor., fermoirs en vermeil -Le Gascon). Ex. Duriez [la reliure, qui est du milieu du XVIIe, ne peut laisser subsister l’assertion selon laquelle elle aurait appartenu à Charles IX]. Acheté à la vente de la duchesse de Berry, le 22 mars 1864.

Exemplaire Desq
Photographie Petit Palais, Paris

51. Hore intemerate Virginis Marie secundum usum Romanum. Paris, Guillaume Anabat, 1505, in-8, fig. color., v. f., compart., tr. dor. (Rel. anc.). Imprimé sur vélin. Enrichi de bordures en noir, de 12 grandes figures et de beaucoup de petites, toutes peintes en or et en couleur. Reliure à compartiments et fleurdelisée, sur les plats de laquelle sont représentés l’Annonciation et le Crucifiement. On y remarque le nom : Roze Lyon. Ex. Auffay.


Exemplaire Desq
Photographies Camille Sourget

77. De l’abus des nuditez de gorge. Bruxelles, François Foppens, 1674 [i.e. 1675, l’édition de 1674 n’existant pas], in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Duru, 1846).
79. Miroir de la vanité des femmes mondaines. Namur, Adrien la Fabrique, 1675, pet. in-12, réglé, mar. br., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Veinant et Chaponay.

Photographie BnF

139. Bref sommaire des sept vertus. Paris, Nicolas Cousteau, 1533, gr. in-8, goth., mar. r., fil., tr. dor. (Thompson). Ex. Nodier.


150. Livre des Essais de Michel, seigneur de Montaigne. Lyon, Gabriel de la Grange, 1593, 2 part. en 1 vol. pet. in-8, mar. v., tr. dor. (Duru). Ex. Cailhava.


151 bis. De la sagesse, trois livres, par Pierre Charron. Leide, les Elseviers, 1646, pet. in-12, mar. r., comp., mosaïque, dent., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. Double.


157. Pensées de Christine, reine de Suède. Paris, Ant.-Aug. Renouard, 1825, in-8, encadr. rouges, portr. ajoutés, cuir de Russie, comp. de fil., n. r. (Purgold). Ex. Renouard, un des 4 imprimés sur vélin.

Exemplaire Desq
Drouot, 28 novembre 2018 : 1379 €

176 bis. Des tumeurs oultre le coustumier de nature. Lyon, Est. Dolet, 1542, in-8, mar. amar., comp. à mosaïque, fil., tr. dor. (Lortic).

Photographie BM Montpellier

178. Le Trésor des pouvres. Lyon, Claude Nourry, 1527, pet. in-fol., goth., mar. bl., tr. dor. Ex. Solar.


188. La Décoration d’humaine nature. Lyon, Gilles et Jacques Huguetan, 1541, in-16, mar. lie de vin, fil., tr. dor. (Thompson). Ex. Méon.


207. L’Usage de l’astrolabe. Paris, Guillaume Cavellat, 1559, pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. Ex. du cardinal de Bourbon, avec ses armes sur le dos et sa devise, un lis, avec ces mots « Superat candore et odore ».

Photographie BnF

217. Dissertation sur les maléfices et les sorciers. Tourcoing, 1752, in-12, mar. r., fil., non rog. (Vogel). Ex. Nodier [vente de 1830].


Photographies BnF

259. Recueil de la diversité des habits qui sont de présent en usage. Paris, Richard Breton, 1567, pet. in-8, 119 fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (Duru). Ex. Veinant.


Exemplaire Desq
Photographies Bibliothèque Musée Condé

277. Quadrille de Marie Stuart, 2 mars 1829. In-fol., 27 pl. lithographiées, mar. viol., compart., tr. dor. Tiré à petit nombre, H.C.  



297. Nobilita di Dame del SR. Fabritio Caroso da Sermoneta, libro, altra volta, chiamato Il Ballarino. Venetia, 1600, in-4, fig. sur cuivre et musique, mar. r., tr. dor. (Thompson). Ex. Solar.

Photographie Musinsky, New York

352. La Grand Nef des folz du monde. Lyon, François Juste, 1529, in-4 goth., fig. sur bois, mar. br., tr. dor. (Duru). Ex. Chaponay.


357. Histoire macaronique de Merlin Coccaie. S. l. [Paris], 1734, 2 tomes en 4 vol. in-12, mar. v., dent., doublé de tabis, tr. dor. (Bozerian). Ex. de Renouard imprimé sur vélin.

Exemplaire Desq
Drouot, 13 mai 2009 : 1600 €

358. Cy commence le Fabel d’Estula (mss. du roy, 7218). – Le Fabel de cele qui se fist… sur la fosse de son mari (mss. du roy, 7615). In-4, mar. r., fil., tr. dor. (Hardy-Mennil). Manuscrit du XVIIIe en lettres gothiques, avec lettres ornées.



360. Le Roman de Robert le Diable. Paris, Silvestre, 1837, in-4 goth., à 2 col., fig. sur bois, mar. bl., non rog. (Niedrée). Un des 4 ex. imprimé sur vélin, aux armes et aux chiffres du marquis de Coislin.

Photographie British Library

361. Le Roman de la Rose. Manuscrit sur vélin, à 2 col., in-4, seconde moitié du XVe siècle, rel. en velours rouge, doublé de tabis. Ex. Solar.

Exemplaire Desq
Paris, Rossini, 3 novembre 2010 : 15.500 €

363. Le Rommant de la Rose. Paris, Galliot du Pré, 1529, lettres rondes, pet. in-8, fig. sur bois, mar. vert, dorures à petits fers, tr. dor. (Hardy-Mennil).


366. La Fontaine des amoureux de science. Lyon, Jean de Tournes, 1571, pet. in-8, mar. marbré, fil., tr. dor. (Derome). Ex. Renouard.


367. Les Faiz maistre Alain Charetier. Paris, Pierre le Caron, 1489, 2 tomes en 1 vol. pet. in-fol., goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. bleu, compart., doublé de mar. citr., dent., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. L. Double.


373. Les Œuvres de François Villon. Paris, Coustelier, 1723, pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Imprimé sur vélin. Ex. de l’abbé Rothelin et depuis de Double.

Photographie BnF

376. Les Vigilles de la mort du roy Charles septiesme. Paris, Pierre le Caron, s. d. [1500], in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. r., comp., tr. dor. (Duru-Chambolle). Ex. Cailhava.


378. Les Lunettes des princes. Paris, Jehan Bignon, 1539, in-16, lettres rondes, mar. v., compart. de fil., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. J.-J. De Bure.

Photographie BnF

380. Les Œuvres de maistre Guillaume Coquillart. Paris, J. Bonfons, 1532, in-16, lettres rondes, mar. bl., fil., tr. dor. (Koehler). Ex. Audenet.

Exemplaire Desq
Paris, Sotheby's, 19 juin 2013 : 1.750 €

421. Les Ventes d’amour. Paris, Techener, s. d., in-8, goth., 50 ex., mar. r., compart. (Thompson). Un des 2 ex. sur vélin. Ex. Nodier.

Photographie BnF

431. Marguerites de la Marguerite des princesses. Lyon, Jean de Tournes, 1547, 2 vol. pet. in-8, fig. sur bois, mar. br., dent., tr. dor. (Thouvenin). Ex. Cailhava [1862].


433. Delie object de plus haulte vertu. Lyon, Sulpice Sabon, 1544, pet. in-8, portr. de Maurice Scève et fig. sur bois, mar. r., dent., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. Chaponay. 


441. Mimes de Publian. Lyon, Jean Citoys, 1557, pet. in-8, mar. v., compart. à petits fers, tr. dor. (Capé). Ex. Chaponay.


456. Les Jeux de Jan-Antoine de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1573, pet. in-8, réglé, mar. v., fil., compart., tr. dor. (Capé). Ex. Double.

Photographie Cornell University Library

462. Les Œuvres poétiques d’Amadis Jamyn. Paris, Robert Estienne, 1575, pet. in-4, v. gr., fil., tr. dor. Aux armes de Madame de Pompadour. Ex. Solar.


470. La Sepmaine, ou Création du monde, de G. de Saluste. Paris, Hiérosme de Marnef, 1585, in-4, mar. r., fil., tr. dor. (Koehler). Ex. Nodier.

Photographie Camille Sourget

474. La Colombière et maison rustique de Philibert Hegemon, de Chalon sur Saône. Paris, Jamet Métayer, 1583, pet. in-8, mar. r., compart., tr. dor. (Duru). Ex. L. Double.


477. Les Touches du seigneur des Accords. Paris, Jean Richer, 1585, pet. in-12, mar. r., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. Chaponay.

Photographie BnF

493 bis. Le Paranymphe de la Cour. Où sont dépeintes les vertus héroyques du Roy. […] Et quelques particularitez de ce qui s’est passé tant à l’Isle de Ré, que devant La Rochelle. Par le sieur Elis, de Fallaize. Rouen, Jacques Cailloüé, 1628, pet. in-8, mar. v., fil., tr. dor. (Duru). Ex. Auffay.


498. La Lyre du jeune Apollon, ou la Muse naissante du petit de Beauchasteau. Paris, Charles de Sercy et Guillaume de Luynes, 1657, in-4, mar. r., fil., tr. dor. (Hardy). Ex. L. Double.


Exemplaire Desq
Londres,  Symonds : 1.250 £

507. Poésies de Boileau-Despréaux. Paris, Didot l’Aîné, 1781, 2 tomes en 1 vol. in-18, mar. v., dent., tr. dor., doublé de tabis (Derome). Ex. du comte d’Artois.


509. Recueil d’apophthegmes ou bons mots anciens et modernes. Toulouse, Boude, 1694, in-12, mar. r., fil., tr. dor. fleurdelisé. Aux armes de Madame de Maintenon.


511.Œuvres choisies d’Alexis Piron. Paris, Haut-Cœur et Gayet, 1823, 2 vol. in-8, gr. pap. vélin, fig., mar. r., fil., non rog., tr. sup. dor. (Muller). 57 pièces ajoutées. Ex. Saint-Mauris.


559. Le Parnasse satyrique du sieur Théophile. S. l., 1625, pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Chaponay.


563. L’Espadon satyrique. Lyon, Jean Lautret, 1619, pet. in-12, mar. r., compart. de fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. Armand Bertin.

Photographie Musée Médard

566. L’Origine des puces. Londres, 1749, pet. in-12, texte gravé, fig., mar. br., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Auffay.

Photographie BM Toulouse

609. L’Antiquité du triomphe de Bésiers. Bésiers, Jean Martel, 1628. – Seconde partie du triomphe de Bésiers. Bésiers, Jean Martel, 1644. Deux part. en 1 vol. pet. in-12, fig., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. du duc de La Vallière et de Soleinne.

Photographie Eric Zink

646. Les Œuvres et meslanges poétiques d’Estienne Jodelle. Lyon, Benoist Rigaud, 1597, pet. in-12, mar. v., fil., tr. dor. (Thouvenin). Ex. Nodier, avec son « Ex Museo » sur les plats, acheté à la vente Chaponay.

Photographie BnF

666. Célestine en laquelle est traicte des déceptions des serviteurs envers leurs maistres. Paris, Galliot du Pré, 1527, in-8, goth., fig. sur bois, mar. vert, dent., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. Soleinne.


675. Les Amours de Clitophon et de Leucippe. Paris, L’Huillier, 1568, pet. in-8, mar. citr., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. Nodier (1830).

Photographie BM Toulouse

677. Le Premier [Le Second et Le Tiers] Volume de Lancelot du Lac. Paris, Jehan Petit, 1533, 3 tomes en 1 vol. in-fol. goth., à 2 col., fig. sur bois, mar. bl., tr. dor. (Duru). Ex. Charles Giraud et Solar.

Photographie BnF

679. Chronique et histoire faicte et composée par révérend père en Dieu Turpin, archevesque de Reims. Paris, Regnault Chauldière, 1527, in-4, goth., mar. r., doublé de mar. r., dent., tr. dor. (Koehler). Ex. prince d’Essling.


693. Rabelais. La Vie tres horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel. Lyon, Françoys Juste, 1542. – Pantagruel, roi des Dipsodes. Lyon, Françoys Juste, 1542. In-16, goth., fig. sur bois, mar. r., compart. à petits fers, doubl. mar. citr., dent., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. de Clinchamp, Solar et Double.

Photographie Université de Liège

817. Les Mondes célestes, terrestres et infernaux. Lyon, Estienne Michel, 1580, 2 part. en 1 vol. in-8, fig. sur bois, mar. bl., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. Armand Bertin.


821. Les Yeux, le Nez et les Tétons, ouvrages curieux, galants et badins. Amsterdam, J. Pauli, 1760, 3 part. en 1 vol. pet. in-8, mar. citr., compart. de fil., tr. dor. (Capé). Ex. Chaponay.

Photographie BnF

832. Les Secrettes Ruses d’amour. Rouen, 1610, pet. in-12, mar. r., tr. dor. (Hardy). Ex. Veinant.

Photographie BnF

841. La Blanque des filles d’amour. Paris, Nicolas Alexandre, 1615. – Le Contenu de l’assemblée des dames de la confrairie du grand habitavit. Paris, Nic. Alexandre, 1615. Pet. in-8, mar. bl., compart. tr. dor. (Bauzonnet). Ex. Nodier acheté à la vente Chaponay.

Photographie BnF

845. Anecdotes pour servir à l’histoire secrète des Ebugors [anagramme de Bougres]. Medoso [Sodome], MMMCCCXXXIII [Amsterdam, J. P. du Valis, 1733], in-12, v. f., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Cigongne.


852. Le Tableau des piperies des femmes mondaines. Cologne, Piere [sic] du Marteau, 1685, pet. in-12, mar. bl., tr. dor. (Duru). Ex. Nodier et Chaponay.


923. La Chronique martiniane de tous les papes qui furent jamais. Paris, Antoine Vérard, s. d. [v. 1505], in-fol. goth. à 2 col., mar. r., fil., tr. dor., doublé de mar. v., large dent., petits fers, tr. dor. (Hardy). Ex. L. Double.



937. Histoire de la papesse Jeanne. La Haye, Kieboom, 1736, 2 tomes en 1 vol. pet. in-8, fig., mar. r., fil., tr. dor. (Duru). Ex. La Bédoyère.



965. Le Catalogue des antiques érections des villes et cités. Lyon, François Juste, s. d. [1539], in-16, goth., fig., mar. r., fil., tr. dor. Ex. Pixerécourt.

Photographie Musée Médard

1.013. L’Art d’assassiner les rois, enseigné par les Jésuites à Louis XIV et Jacques II. Londres, Th. Fulher, 1696, pet. in-12, portr. ajouté, mar. bl., fil., tr. dor., doublé de tabis. Ex. Renouard.


1.033.Éloge historique de la ville de Lyon. Lyon, Benoist Coral, 1669, in-4, gr. pap., mar. r., fil., tr. dor. (Duru). Ex. Cailhava.

Photographie Hugues de Latude

1.035. Cy commence ung petit livre de lantiquite et noblesse de la très antique cité de Lyon. Imprimé à lisle gallique dicte Lyonnoise (1529), in-4 goth., mar. r., tr. dor. (Duru et Chambolle). Ex. Cailhava.

Photographie BnF

1.037. Les Mazures de l’abbaye royale de l’Isle Babe lès Lyon. Lyon, Claude Galbit, 1665, et Paris, Jean Couturot, 1681, 2 vol. – Supplément. Lyon, Rivoire, 1846. Ensemble 3 tomes en 2 vol. in-4, mar. r., compart. de fil., tr. dor. (Bruyère). Ex. Chaponay.

Exemplaire Desq
Christie's, Londres, 20 mars 2013 : 2.000 £

1.071. Les Illustres Observations antiques du seigneur Gabriel Syméon, Florentin, en son dernier voyage d’Italie, l’an 1557. Lyon, Jan de Tournes, 1558, in-4, fig. sur bois du Petit Bernard, mar. r., comp., tr. dor. (Hardy).


1.089. Cazin, sa vie et ses éditions, par un cazinophile. Cazinopolis [Reims], 1863, gr. in-16, mar. r., compart., tr. dor. Un des 10 ex. tirés sur papier de Chine.

Le produit de cette vente s’est monté à 106.400 francs. Tous les prix ont été des plus élevés. Les raretés ont été enlevées surtout par les principaux libraires de Paris : Dumoulin, Potier, Aubry, Fontaine, Techener. Le Lyonnais Joseph Renard (1822-1882), teinturier en soie, a acquis plus de 130 articles de la collection de Paul Desq.

Paul Desq mourut tragiquement en 1877, après le désastre commercial de sa fabrique de soieries, « P. Desq et Cie », située 23 place de la Comédie. Un choix de livres, de gravures, de miniatures et de bibelots fut dispersé en deux ventes, qui eurent lieu à Lyon, sous la direction du libraire-antiquaire Louis Boullieux (1813-1887), 48 quai de l’Hôpital, rédacteur des catalogues, les 27 novembre 1877 et 16 mai 1878.
Marguerite Falconiery, sa veuve, mourut à Bron [Rhône], le 8 mars 1909.




















La Folie du pauvre violon : Charles Sauvageot (1781-1860) et ses curiosités.

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Vieux château, propriété du comte de Drée.
Le donjon est du XIVe siècle, les pavillons furent construits sous Louis XIV.
Dans cette propriété se trouvent deux platanes mesurant 9,50 m de circonférence

D’une famille originaire de Santenay [Côte-d’Or], Alexandre-Charles Sauvageot est né à Paris, le 6 novembre 1781, rue de Bourgogne [VIIe], et fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Sulpice [VIe]. Ses parents étaient commerçants : Jean Sauvageot et Françoise-Antoinette Frénel sont décédés tous les deux à Paris, 9 rue du Faubourg Saint-Martin [Xe], respectivement le 21 décembre 1820 et le 1er octobre 1822.

Charles Sauvageot commença ses études au Collège des Quatre Nations et se livra très jeune à l’étude du violon. Admis au Conservatoire de musique à son ouverture en 1795, rue Bergère [2 bis rue du Conservatoire, IXe], il fut l’élève de Frédéric Blasius (1758-1829) et remporta le premier prix de violon le 24 octobre 1797, ce qui lui valut, le 4 mai 1800, une place de deuxième violon à l’orchestre de l’Opéra, où il resta jusqu’au 1er juillet 1829.

Portrait de Sauvageot
par Henri Grévedon (1827)

À partir du 15 février 1810, il cumula un emploi dans l’Administration des Douanes : nommé commis principal le 1erseptembre 1840, il obtint sa retraite en 1847.

Le goût de Sauvageot pour les curiosités et les marchands de bric-à-brac datait de 1797, quand il fit sa première acquisition. Il forma sa célèbre collection à partir des années 1810, sous l’impulsion de son supérieur au bureau des Douanes, féru d’archéologie, et avec deux collègues musiciens de l’Opéra, Louis Norblin, violoncelliste et numismate, et Lamy, contrebassiste et collectionneur de chinoiseries. Après s’être porté d’abord vers les médailles et la porcelaine chinoise, il délimita bientôt son propre domaine : la Renaissance.

Buste de Sauvageot
par Louis Auvray (1833)
Musée du Louvre

Le 4 décembre 1816, il devint membre de la Société des Enfants d’Apollon, fondée en 1741, qui avait « pour but de son institution et pour objet de ses travaux, la culture des Lettres, des Arts, et spécialement de la Musique ». Le 12 janvier 1843, il fut adjoint à Prosper Mérimée (1803-1870), inspecteur général des monuments historiques depuis 1834, pour dresser le catalogue descriptif et estimatif de la collection d’objets d’art et d’antiquités d’Alexandre Du Sommerard (1779-1842), acquise par l’État, pour la formation du Musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny [Musée national du Moyen Âge – Thermes et Hôtel de Cluny, Ve].

Sa retraite acquise, Sauvageot se consacra tout entier à ses goûts, malgré ses faibles ressources : en réunissant au petit patrimoine que lui avait laissé un frère, ses deux pensions de l’Opéra et des Douanes, il ne comptait que 6 à 7.000 francs de rentes, ce qui favorisa la création d’une légende sur les occasions extraordinaires et les hasards heureux qui l’auraient favorisé. En réalité, s’il paya vraisemblablement des prix minimes au début, il acheta ensuite dans les ventes publiques ou chez les marchands, payant « toujours plus cher qu’un autre, parce qu’il voulait être le premier à voir les objets » (A. Sauzay. Catalogue du musée Sauvageot. Paris, 1861, p. VIII).
Le 15 mars 1852, il fut membre d’une commission formée pour la création au Louvre d’un musée réunissant des objets ayant appartenu aux souverains qui ont régné sur la France. Le 20 janvier 1855, il fut nommé membre du jury d’examen et d’admission des œuvres d’art présentées à l’Exposition universelle, section de sculpture.

Petit, pâle, avec des yeux ardents, Sauvageot portait un bonnet noir, qui couvrait à peine ses cheveux blancs. 

Musée du Louvre

Aiguière et bassin dits "de la Tempérance"
Musée du Louvre

Le graveur Louis-Pierre Henriquel-Dupont (1797-1892) l’a dessiné et gravé d’après nature en 1839 : vu jusqu’à mi-corps, vêtu d’une robe de chambre, la tête couverte d’une calotte noire, il tient sous son bras gauche un bassin et dans sa main droite une aiguière, dits « de la Tempérance », de l’orfèvre François Briot (1550-1616).

C’est lui que Honoré de Balzac a analysé sous le nom de Sylvain Pons, dans Le Cousin Pons ou les Deux Musiciens(Bruxelles, Méline, Cans et Compagnie, 1847, t. I, p. 18-19) :

« Entre Pons et M. Sauvageot, il se rencontrait quelques ressemblances. M. Sauvageot, musicien comme Pons, sans grande fortune aussi, a procédé de la même manière, par les mêmes moyens, avec le même amour de l’art, avec la même haine contre ces illustres riches qui se font des cabinets pour faire une habile concurrence aux marchands.
De même que son rival, son émule, son antagoniste, pour toutes ces œuvres de la main, pour ces prodiges du travail, Pons se sentait au cœur une avarice insatiable, l’amour de l’amant pour une belle maîtresse, et la revente, dans les salles de la rue des Jeûneurs aux coups de marteau des Bonnefonds de Lavialle, des Ridel, etc., lui semblait un crime de lèse-bric-à-brac. »

56 rue du Faubourg Poissonnière (avril 2019)

Sauvageot habita longtemps un modeste appartement de trois pièces, au 3e et dernier étage du 56 rue du Faubourg Poissonnière [Xe] :

« Après avoir gravi trois étages d’une maison de la rue du Faubourg-Poissonnière, vous rencontriez une porte entourée de fragments du moyen âge et de la renaissance scellés dans les murs, et chargés de deux écussons portant les initiales C. S. Après avoir sonné, vous frappiez deux coups bien accentués, si vous étiez un ami, afin de n’être point confondu avec le commun des importuns. Et le maître de la maison venait lui-même vous ouvrir.
Dans l’étroit vestibule, vous remarquiez tout d’abord, contre le mur, un tabernacle d’Andrea della Robbia, rapporté de San-Miniato, terre cuite émaillée délicieuse, où deux anges, se combinant avec un ensemble de frontons, de pilastres et de culs de lampe, s’inclinent de chaque côté de la porte qui doit conserver le saint ciboire. Sur la porte intérieure était fixé un bas-relief en bois du quinzième siècle, représentant saint Georges combattant le dragon, tandis que la fille du roi de Cappadoce est en prières ; puis les ferrures si charmantes et si variées du château d’Ecouen, et vous entriez dans la pièce que représente notre seconde gravure, juste au point où le dessinateur était placé.

Salle d'entrée, par Arthur Roberts, le fils (1856) 

Sur les deux dressoirs placés au fond de la pièce s’étalaient les faïences de Bernard de Palissy, au nombre de quatre-vingt-dix-sept pièces, et des plus rares, et cinq faïences de Henri II, estimées, les premières, à la somme totale de cent trente-huit mille francs, les secondes, à celle de vingt-sept mille cinq cents francs, dans l’inventaire que M. Sauvageot fut obligé de faire en donnant sa collection […].
Sur la table, couverte d’un tapis de Smyrne, qui occupe le centre de la pièce, éclairée d’aplomb par un vitrage chargé d’arabesques de couleur au centre duquel pend une lampe arabe, sont exposés les grès flamands couverts de reliefs émaillés, les vidrecoms allemands chargés des armoiries du Saint-Empire, et les majoliques italiennes […].
Sur le mur du fond est appuyé un buffet en chêne sculpté ; et sur le mur de gauche, qu’on ne peut voir, auquel est pendue la portière semée de France et d’L couronnées du temps de Louis XII, étaient accrochées des faïences italiennes, de Pesaro, de Faenza ou d’Urbino, remarquables par leurs décors ou leur fabrication.
Cette porte sculptée à jour, que vous voyez entre les deux crédences, que va ouvrir le propriétaire de la collection, portant sur un bras une délicieuse statuette du quinzième siècle représentant saint Michel armé de toutes pièces comme un chevalier du roi Charles VII, et terrassant le dragon, elle conduit à la bibliothèque.
C’est un cabinet en appentis où M. Sauvageot, curieux, non-seulement de belles choses, mais encore de beaux livres relatifs à l’histoire de l’art, entassait les siens avec les moulages, les dessins, les gravures et les lithographies.
Quittons maintenant la pièce que M. Arthur Roberts a reproduite avec une grande vérité, et pénétrons dans le sanctuaire, la chambre à coucher.

Chambre à coucher, par James Roberts, le Père (1856) 

Si vous le voulez, nous allons immédiatement nous asseoir le dos au jour, à la place qu’occupait M. James Roberts, sur le canapé en acajou, garni de velours d’Utrecht, qui remplissait l’intervalle des deux fenêtres […].
Sur la table placée devant vous se dressent de petits cabinets italiens en ébène incrusté d’ivoire, meubles précieux qui, derrière leurs volets chargés de blanches arabesques, dans leurs nombreux tiroirs, renferment une foule de menus objets plus précieux qu’eux-mêmes […] parmi eux se trouve la monture de l’aumônière du roi Henri II […].
Autour de ces cabinets sont étalées de ces boîtes à miroir circulaires que les miniatures du quatorzième siècle mettent dans la main des dames à leur toilette, dont l’intérieur est garni d’un disque de métal poli, dont l’extérieur est sculpté de sujets de galanterie. A côté des miroirs, il y a les peignes chargés de devises d’amour ; une quenouille sculptée en Flandre ; sur la hampe s’étagent en groupes successifs les hommes que les femmes ont vaincus, Aristote, Virgile, et, au sommet, trône Omphale, pour qui Hercule est en train de filer. Une râpe à tabac en bois, dont le manche, formé d’un faune et d’une nymphe entrelacés […].
Toujours sur cette table que vous avez sous les yeux, se pressent une foule de coffrets en ivoire des onzième, quatorzième et quinzième siècles, français et italiens.
Derrière s’élève sur son plateau une aiguière d’étain de Briot, portant le médaillon de cet artiste inconnu, mais célèbre par ses œuvres, et contemporain de Bernard de Palissy […].
Au pied de la table chargée de toutes ces merveilles que nous venons de décrire se dresse un trépied italien en fer forgé, sur lequel repose, faute d’une œuvre de la renaissance, une aiguière arabe en cuivre jaune, très élégante dans sa simplicité.
Le buffet-crédence, qui garnit le fond de la pièce, renferme dans ses flancs, derrière ses volets sculptés, des colliers vénitiens en argent, du seizième siècle, des verreries filigranées de Venise […].
Le rez-de-chaussée de ce meuble, dont le premier étage seul était clos, était garni de grandes pièces de faïences simples d’ornements et de tons, comme il convient à des pièces de “ soubassement.” […].
Sur la crédence s’étalent des coupes en argent, dont la panse bosselée se dresse sur un pied mince et élevé ; des nautiles gravés, des bustes et des statuettes […].
Sur les murs étaient accrochés des portraits historiques du seizième siècle, des faïences de Gubbio, qui lancent dans l’ombre leurs reflets métalliques mordorés ou verts ; des mandolines persanes ou vénitiennes, des portraits en cire colorée du seizième siècle.
Dans le mur latéral, à gauche, s’ouvre l’alcôve, que tapissent intérieurement des peintures de Fragonard et des dessins de Boucher, dignes en tout point de ces maîtres de la peinture galante. Dire tout ce qui garnissait les montants et le linteau de cette alcôve serait impossible : dagues et épées à la poignée ciselée aux seizième et dix-septième siècles ; poires à poudre en ivoire et en corne de cerf sculptées avec tout le goût de la renaissance ; armes orientales en fer bruni couvert de capricieux dessins damasquinés ; arquebuses et pistolets à rouet ciselés, gravés et incrustés ; éperons et étriers […].
Les parois des murs, les ventaux des portes des cabinets disparaissent sous les peintures, sous les bas-reliefs. Parmi ceux-ci, vous remarquerez, dans le fond, un buste de Charles-Quint protégé par deux volets, sculpture allemande du seizième siècle ; et deux bas-reliefs en pierre lithographique, signés du monogramme d’Alde Graver. Sur le meuble sculpté qui occupe le premier plan, trône, avec toute la bonhomie allemande, le buste de l’électeur de Bavière, Othon-Henry, assis dans son fauteuil, derrière une table […].
Comme dans l’autre pièce, après avoir parlé de ce que l’on voit dans le dessin, il faut indiquer ce qui, étant en dehors du rayon visuel du peintre, n’a pu être reproduit derrière lui.
Sur la cheminée qui fait face à l’alcôve, une pendule du seizième siècle marque les heures […]. Avec celle-ci il y en a trois ou quatre autres aussi variées de forme que d’ornementation […].
Autour de la glace est accrochée la plus belle collection de médaillons en buis sculpté qu’il soit possible de rencontrer, mêlés à des feuillets de dyptique en ivoire, qui ont bien aussi leur prix […].
A droite et à gauche de la cheminée il y a deux meubles, une crédence et un coffre fort beaux […].
Sur ces meubles étaient répartis quelques émaux peints de Limoges, entre autres une aiguière et son bassin, de Pierre Courteys, des plateaux et des aiguières en verre de Venise, des brûle-parfums orientaux ou vénitiens, des gobelets en argent repoussé. Une belle miniature représentant François Ierà cheval était accrochée au mur à côté d’un cadre à miroir en poirier […].
Des vitraux suisses du seizième siècle, quelques grisailles françaises dans le goût de Théodore de Bry, garnissent les fenêtres, dont les appuis servent encore de refuge à des statuettes […].
Maintenant que nous en avons fini avec la chambre à coucher, si l’on peut dire ainsi lorsqu’on a à peine commencé, tirons à nous la porte entr’ouverte qui est à notre gauche, dont une Andromède, étalant avec insolence sa beauté, garnit le panneau inférieur, et entrons dans le cabinet réservé aux émaux. » [sic]
(Alfred Darcel. « La Collection de M. Charles Sauvageot ». In L’Illustration, 27 février 1858, p. 141-142)

Sauvageot avait réussi à amasser une collection dont des marchands anglais lui offrirent 500.000 francs en 1853. 


Après avoir refusé cette offre, il fit dresser un inventaire de sa collection par un expert, qui l’estima à 589.187 francs, et céda gratuitement ses 1.650 objets d’art au Musée du Louvre, le 15 janvier 1856 [enregistré le 7 mars 1857], à la condition de ne pas recevoir de traitement, d’en être le conservateur honoraire – il fut nommé le 7 mars 1856 - et que le public n’y fût admis qu’après son décès.
Il légua par testament sa collection érotique, qui ne pouvait figurer au Louvre, à son ami le sculpteur Jean-Pierre Dantan (1800-1869), dit « Dantan Jeune » : la veuve de ce dernier, Élise-Polycarpe Moutiez (1828-1888), aurait fait disparaître son « Musée secret ».
Le déménagement de la collection pour le Louvre commença le 23 avril 1856. Le 16 juin 1856, Sauvageot fut nommé chevalier de l’Ordre impérial de la Légion d’honneur. Le 20 juillet 1858, il déménagea dans un appartement mis à sa disposition au Louvre.

Ce fut après 1830 qu’on vit paraître Sauvageot dans les ventes de livres importantes. En 1832, à la vente La Mésangère, il fit l’acquisition du beau livre d’heures à l’usage de Rouen, imprimé par Simon Vostre [n° 32], qu’il paya 25 francs 50 centimes. À partir de 1840, il fréquenta les librairies de De Bure, puis de Crozet, de Techener et de Potier.


Il collait sur la garde de ses livres un ex-libris [64 x 44 mm], qui montre : un chiffre formé d’un « S » qui s’enlace dans deux « C » accolés, entouré par une jarretière portant la devise « DISPERSA COEGI » [J’ai rassemblé ce qui était dispersé], et la mention « CH. SAUVAGEOT de l’Acadie Roylede Musique. »

Depuis les années 1840, Sauvageot était atteint de lithiase urinaire. On dut lui pratiquer l’opération du broiement de la pierre tous les deux mois, par suite de la continuelle formation du calcul. Une dernière fois opéré le 27 mars 1860, il fut emporté par une crise irrémédiable et mourut au Louvre, le vendredi 30 mars 1860. Le lundi 2 avril, une grande partie de la foule, qui s’était rassemblée en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois [Ier], suivit le corps jusqu’au cimetière de Montmartre [XVIIIe]. 


Resté célibataire, sa bibliothèque fut vendue du lundi 3 au jeudi 13 décembre 1860, en 10 vacations, 28 rue des Bons-Enfants, Maison Silvestre, salle N° 2 : Catalogue des livres, manuscrits et imprimés, composant la bibliothèque de M. Charles Sauvageot, chevalier de la Légion d’honneur, conservateur honoraire des Musées du Louvre. Avec une notice biographique par M. Le Roux de Lincy (Paris, L. Potier, 1860, in-8, XXXI-[1 bl.]-175-[1 bl.] p., 1.691 + 7 doubles [bis] – 3 manquants = 1.695 lots), dont Théologie [55 lots = 3,24 %], Jurisprudence [ 10 lots = 0,58 %], Sciences et Arts [232 lots = 13,68 %], Belles Lettres [300 lots = 17,69 %], Histoire [1.085 lots = 64,01 %], Articles omis [13 lots = 0,76 %].

Elle comprenait tous les grands ouvrages d’art qui étaient les outils du collectionneur, et une grande quantité de livres curieux. Parmi les manuscrits, se voyaient quatre livres d’heures, un calendrier perpétuel portatif dressé l’an 1381 [n° 121], des Statuts de la Toison d’or de 1491 [n° 1.388], l’Inventaire d’une saisie faite chez Rembrandt en 1656 [n° 164]. Dans les imprimés, encore des livres d’heures, cinq sur vélin et cinq sur papier, des relations de cérémonies royales, des vues de Paris et des villes de France, dont 600 d’Israël Silvestre [n° 681].



32. Les Présentes Heures à lusaige de Rouan [sic]. Paris, Simon Vostre, calendrier 1508-1528 [1 f. manque], in-4 goth., fig. et bord. sur bois, v. à comp., tr. dor. Acheté par Sauvageot 25 fr. 50 c.


Photographies BnF

35. Heures, à la louange de la vierge Marie, selon lusage de Rome. Paris, Geofroy Tory, 1525, très pet. in-4, caract. rom., fig., v. br., comp. et ornem. en or, tr. dor. (Rel. du temps). Imprimé sur vélin.

Photographie BnF

849. Le Cérémonial françois. Paris, Sébastien Cramoisy et Gabriel Cramoisy, 1649, 2 vol. in-fol., v. ant., tr. dor.


Photographie British Library
858. Le Trespas, obsèques, & enterrement de treshault, trespuissant, & tres magnanime François par la grâce de Dieu roy de France, treschrestien, premier de ce nom. Paris, Rob. Estienne, s. d. – De adeptione regni, consecratione, & coronatione Henrici Secundi, Francorum Regis invictissimi. Paris, Matthieu David, 1547, in-4, mar. n., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz).



Photographies Université de Tours

860. C’est l’ordre qui a esté tenu à la nouvelle et ioyeuse entrée, que treshault, tresexcellent, & trèspuissant Prince, le Roy treschrestien Henry deuzième de ce nom, a faicte en sa bonne ville & cité de Paris, capitale de son Royaume, le sezième iour de Iuin M. D. XLIX. Paris, Jean Dallier. – C’est l’ordre et forme qui a esté tenue au Sacre & Couronnemēt de trèshaulte & tresillustre Dame, Madame Catharine de Medicis, Royne de France, faict en l’Eglise Monseigneur sainct Denys en France, le X. iuor de Iuin. M. D. XLIX. Paris, Jean Dallier. In-4, vélin blanc, fig. sur bois.



861. La Magnificence de la superbe et triumphante entrée de la noble & antique Cité de Lyon faicte au Trèschrestien Roy de France Henry deuxiesme de ce Nom, Et à la Royne Catherine son Espouse le XXIII. de Septembre M. D. XLVIII. Lyon, Guillaume Rouille, 1549, in-4, fig. sur bois, v. f., fil., tr. dor.


Figure des Brisilians

862. Cest la déduction du sumptueux ordre plaisantz spectacles et magnifiques théatres dressés, et exhibés par les citoiens de Rouen, ville Métropolitaine du pays de Normandie, A la sacrée MaIesté du Treschristian Roy de France, Henry secõd, leur souverain Seigneur, Et à Tresillustre dame, ma Dame Katharine de Medicis, la Royne son espouze, lors de leur triumphant, ioyeulx & nouvel advénement en icelle ville. Rouen, Robert le Hoy, Robert et Jehan dictz du Gord, 1551, pet. in-4, 29 fig. sur bois dont 5 doubles, v. f., tr. dor. La « Figure des Brisilians » représente la fête exotique donnée sur les bords de la Seine grâce à la présence de 50 indigènes de la tribu des Tupinambas amenés spécialement du Brésil : une des toutes premières représentations des indiens.


865. L’Entrée, sacre, et couronnement du roy Charles neufiesme, Faicte en la ville de Reims, le mercredy xiiii. iour de May 1561. Paris, Jehan Chrestien et Jehan Colloump, 1561. – La Harangue au roy nostre sire Charles neufvième, faite à l’entrée de la ville de Reins, par monseigneur le cardinal de Lorraine. Lyon, B. Rigaud, 1561. Pet. in-8, mar. r., fil. tr. dor. (Duru).


Photographies University of Virginia

867. Bref et sommaire recueil de ce qui a esté faict, & de l’ordre tenüe à la ioyeuse et triumphante Entrée de tres-puissant, tres-magnanime & tres-chrestien Prince Charles IX. de ce nom Roy de France, en sa bonne ville & cité de Paris, capitale de son Royaume, le Mardy sixiesme iour de Mars. Paris, Olivier Codoré, 1572, 3 part. en 1 vol. in-4, fig. sur bois, vélin blanc.


Figure de la Salle

870. Balet comique de la royne, faict aux nopces de monsieur le Duc de Ioyeuse & madamoyselle de Vaudemont sa sœur. Paris, Adrian le Roy, Robert Ballard et Mamert Patisson, 1582, in-4, fig. et musique gravées, mar. r., dent., tr. dor. (Bauzonnet).


Photographies I.N.H.A.

871. La Ioyeuse & Magnifique Entrée de Monseigneur Françoys, fils de France, et frère unicque du Roy […] en sa très-renommée ville d’Anvers. Anvers, Christophle Plantin, 1582, in-fol., demi-rel. veau brun.


872. Cérémonies observées au sacre et coronement du Tres-chrestien et Tres-valeureux Henri IIII. Roy de France & de Navarre. Paris, Jamet Mettayer et Pierre L’Huillier, 1594, in-4, v. f., tr. dor.   


Photographies I.N.H.A.

873. Discours de la ioyeuse et triomphante entrée de tres-haut, tres-puissant et tres-magnanime Prince Henry IIII de ce nom, tres-Chrestien Roy de France & de Navarre, faicte en sa ville de Rouën, capitale de la province & duché de Normandie, le Mercredy saizième iour d’Octobre M. D. XCVI. Rouen, Raphaël du Petit Val, 1599, in-4, réglé, vél., fil., tr. dor. (Rel. anc.).


Photographies I.N.H.A.

874. Les Deux Plus Grandes, Plus Célèbres et Mémorables Resiouissances de la ville de Lyon. Lyon, Thibaud Ancelin, 1598, in-4, portr. et fig., v. f., fil., tr. dor. (Duru).


Photographies BnF

875. Labyrinthe royal de l’Hercule gaulois triomphant. Avignon, Jacques Bramereau, 1601, in-4, fig., v. ant., tr. dor.


878. Le Bouquet royal, ou le Parterre des riches inventions qui ont servy à l’Entrée du Roy Louis le Iuste en sa Ville de Reims. Reims, Simon de Foigny, 1637, in-4, v. f., fil., tr. dor.


879. Pompe funèbre du tres-chrestien, tres-puissant et tres- victorieux Prince, Henry le Grand, Roy de France et de Navarre : Faicte à Paris & à S. Denys, les 29. & 30. iours du mois de Iuin, & le 1 de Iuillet, 1610. Lyon, Claude Morillon, 1610, in-8, mar. n., tr. dor. (Duru).

Photographie BnF


880. Le Camp de la place royalle, ou Relation de ce qui s’y est passé les cinquiesme, sixiesme, & septiesme iour d’Avril, mil six cens douze. Paris, Jean Micard et Toussaint du Bray, 1612, in-4, vél.


Photographies I.N.H.A.

881. Discours sur les arcs triomphaux dressés en la ville d’Aix, à l’heureuse arrivée de tres-Chrestien, tres-Grand, & tres-Iuste Monarque Louys XIII. Roy de France, & de Navarre. Aix, Jean Thiolosan, 1624, in-fol., titre grav. et pl., parchem.


Photographies I.N.H.A.

882.Éloges et discours sur la triomphante réception du Roy en sa ville de Paris, après la réduction de la Rochelle. Paris, Pierre Rocolet, 1629, in-fol., gr. pap., vél. bl., fil., tr. dor. Aux armes de la ville.

Photographie Camille Sourget


883. Histoire curieuse de tout ce qui c’est [sic] passé à l’entrée de la Reyne Mère du Roy treschrestien dans les villes des Pays Bas. Anvers, Balthasar Moretus, 1632, in-fol., fig., rel. en vél.



885. Les Armes triomphantes de son altesse, Monseigneur, le duc d’Espernon. Dijon, Philiber Chavance, 1656, in-fol., fig., vél.



886. L’Entrée triomphante de leurs maiestez Louis XIV. roy de France et de Navarre, et Marie Thérèse d’Austriche son espouse, dans la ville de Paris. Paris, Pierre Le Petit, Thomas Joly et Louis Bilaine, 1662, in-fol., v. ant., fil., tr. dor.

Photographie Bibliothèque virtuelle humaniste


889. Catalogue des tresillustres ducz et connestables de France. Paris, Michel de Vascosan, 1555, 6 part. en 1 vol. in-fol., v. ant. Ex. Isenghien.
   

  





Désiré Ruggieri (1817-1885), premier pyrotechnicien d’Europe

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« Les frères Ruggieri, artificiers italiens, étaient cinq frères qui vinrent s’établir en France en 1739. L’aîné avait pour noms de baptême Pietro-Antonio-Marie (à Paris on le connaissait plus particulièrement sous le seul nom de Pierre) ; le second était nommé François ; le troisième, Antoine ; le quatrième, Petroni-Sauveur-Balthasar Ruggieri, mon père ; c’est le seul qui ait eu des enfans, deux fils et quatre filles. Le cinquième enfin se nommait Gaëtano. Les cinq frères mirent d’abord leurs intérêts en commun ; l’aîné se chargea spécialement de la partie administrative. Antonio et mon père firent connaître d’abord leur talent par les feux qu’ils exécutèrent en 1739, sur le théâtre de la Comédie-Italienne. Depuis, indépendamment de leur établissement, ils firent un grand nombre de feux, non-seulement pour le roi et la ville, mais pour le Colisée et autres lieux publics. Gaëtano, dont le mérite fut apprécié par Georges II, roi d’Angleterre, fixa son séjour à Londres, où il mourut. » [sic]
(Claude Ruggieri. Précis historique sur les fêtes, les spectacles et les réjouissances publiques. Paris, Bachelier, Delaunay et Barba, 1830, p. 77, note 1)


Les Ruggieri sont originaires de Bologne. En 1739, les cinq frères Ruggieri vinrent à Paris avec la Comédie italienne qui, à ses spectacles ordinaires, ajoutait celui des feux d’artifice sur la scène. 


Ils donnèrent un spectacle pyrotechnique éblouissant sur la terrasse du château de Versailles à l’occasion du mariage de Louise-Élisabeth, fille aînée du roi Louis XV, avec Dom Philippe, Infant d’Espagne, le 26 août 1739.

Petroni Ruggieri (1724-1794) a exécuté un grand nombre de feux d’artifice très remarqués. Il était artificier du roi Louis XV et de Monsieur, frère du roi. 

Les Porcherons (1880)
Le roi lui octroya une pension de 6.000 livres et lui donna le château des Porcherons, rue Saint Lazare [IXe, démoli en 1857], où il ouvrit, en 1766, le « Jardin Ruggieri », premier jardin public payant, qui réunit des divertissements de toutes sortes et des feux d’artifice :

« Cet établissement consistait, sans parler des bâtimens, en un très-beau jardin artistement disposé. Les spectacles, les jeux et les amusemens qu’on y avait réunis formaient un ensemble agréable de fêtes auquel on a donné le nom de fêtes champêtres. Un très-beau feu d’artifice terminait les plaisirs de la soirée. Peu après, les frères Ruggieri ajoutèrent à leurs feux d’artifice des actions pantomimes, qui augmentaient le charme et l’attrait de ce nouveau genre d’établissement.
D’abord, on représenta la place de Louis XV et son inauguration ; plus tard, la descente d’Orphée aux enfers ; Thésée délivré par Hercule, et quantité d’autres scènes […].
Contre le principal corps de bâtimens étaient construites de vastes galeries pour placer les spectateurs qui désiraient voir le feu d’artifice à couvert […].
Mon père, après la mort de ses frères, resté seul propriétaire, fit construire, en 1785, une très-belle salle de cent pieds de long, sur cinquante de large ; elle servait à mettre le public à couvert en cas de pluie. En 1774 il y eut des courses de chevaux et des exercices exécutés par un nommé Hyam et sa troupe.
En 1784, on enleva, pour la première fois, un ballon, spectacle dont l’invention était toute récente […]. En 1786, on enleva également des figures aérostatiques, au moyen du gaz hydrogène.
Ce jardin eut une vogue soutenue, et conserva long-temps la faveur du public, mais les événemens de la révolution le firent fermer le 12 juillet 1789, avant-veille de la prise de la Bastille.
Ce jardin fut ouvert de nouveau en 1794, sous la direction du sieur Ducy, qui le tenait des enfans Ruggieri, dont le père venait de mourir. Cette entreprise fut exploitée deux ans de suite avec succès. Enfin, en 1815, Ruggiéri aîné, mon frère, rouvrit l’établissement en continuant d’y offrir le même genre de plaisirs. Il y ajouta même des montagnes dans le genre russe, et connues sous le nom de Saut du Niagara ; mais tout cessa en 1818. Depuis, la propriété ayant changé de maître, la formation du nouveau quartier Saint-Georges entraîna la destruction du jardin et d’une partie des bâtimens. » [sic] (Claude Ruggieri. Ibid., p. 77-79)


C’est Petroni qui, le 30 mai 1770, exécuta sur la place Louis XV [place de la Concorde, VIIIe], le feu d’artifice donné par la ville de Paris en l’honneur du mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette : la chute d’une fusée provoqua un incendie et une panique, responsable de la mort de 133 personnes qui furent piétinées et étouffées.
En 1785, Petroni restait seul en France : Gaëtan était passé en Angleterre, était devenu artificier du roi Georges II et de l’arsenal de Woolwich, au sud-est de Londres, et était mort en 1782 ; ses trois autres frères étaient également morts. Petroni mourut à Paris le 10 février 1794, laissant deux fils, Michel-Marie et Claude-Fortuné.

Cimetière du Père Lachaise, division 45
 Michel Ruggieri, né à Paris le 27 juin 1765, fut successivement artificier de Napoléon Ier, de Louis XVIII et de Charles X, et mourut à Paris le 23 décembre 1849. Son fils, François Ruggieri, né à Paris le 22 avril 1795, élève de Saint-Cyr, quitta le service et s’occupa de pyrotechnie : il devint artificier de Méhémet Ali, vice-roi d’Égypte, et mourut à Paris le 28 janvier 1862.

Claude Ruggieri, né à Paris en 1777, fut, avec son frère, artificier de Napoléon Ier, de Louis XVIII et de Charles X. 


Il publia les Élémens de pyrotechnie, divisés en cinq parties(Paris, Barba et Magimel, An X-1802, in-8, 25 pl.), 


la Pyrotechnie militaire, ou Traité complet des feux de guerre et des bouches à feu (Magimel, Patris et Cie et Barba, 1812, in-8, 8 pl.) 


et un Précis historique sur les fêtes, les spectacles et les réjouissances publiques(Paris, Bachelier, Delaunay et Barba, 1830, in-8). Il mourut à Paris le 30 août 1841, laissant un fils, Eugène-François-Désiré, né le 29 décembre 1817, 3 rue de Clichy [IXe], de Marie-Madeleine-Joseph François, qui était morte à Paris le 21 novembre 1818 et qui était née le 3 décembre 1783 à Condé-sur-l’Escaut [Nord], fille de Pierre-Joseph François, maître cirier, et de Marie-Françoise Ducrez.

Le 10 décembre 1831, la demi-sœur de Désiré Ruggieri, Louise-Aimée Ruggieri (1811-1887), épousa Henry-Frédéric Barba (1803-1879), libraire rue Gît-le-Cœur [VIe], fils de Jean-Nicolas Barba (1769-1846), libraire au Palais-Royal [Ier], et de Marie-Françoise Cavanagh († 1815).
Souhaitant unir l’art et l’artifice, Désiré Ruggieri entra en 1835 à l’atelier du peintre Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), pour apprendre les rudiments du dessin. Devenu artificier à la mort de son père, il épousa, le 24 décembre 1846, Marie-Louise-Blanche Rousseau, née à Versailles [Yvelines] le 5 mars 1821, fille de Jean-Félix Rousseau, marchand de soieries, et de Marie-Cécile Vol.

Champ de Mars, 15 août 1861
Désiré Ruggieri exécuta tous les feux d’artifice tirés sur la place du Trône lors de la fête de Louis-Philippe, mais c’est de l’Empire que date sa réputation. Le 15 août 1852, l’empereur lui confia l’exécution du feu d’artifice dont le principal sujet représentait Napoléon Ierau passage du Mont Saint Bernard : la réussite et le succès de ce feu établirent sa réputation. Dès ce moment, Désiré Ruggieri fut reconnu pour le maître des artificiers et a exécuté tous les feux d’artifice officiels qui ont été tirés, de 1852 à 1870, à l’occasion de la fête de l’empereur ; celui qui fut tiré à l’occasion du baptême du prince impérial et dont la pièce décorative représentait un grand baptistère ; celui qui fut donné, en 1855, à Versailles, lors du voyage de S. M. la reine d’Angleterre ; celui de 1864, en l’honneur du roi d’Espagne. Ses feux les plus brillants depuis 1870, furent ceux qu’il composa en l’honneur du Shah de Perse en 1873, lors de l’Exposition universelle de 1878 et aux fêtes nationales du 14 juillet.

Désiré Ruggieri fut aussi un bibliophile distingué. Sa bibliothèque se composait surtout de tous les ouvrages connus sur la pyrotechnie et des documents les plus intéressants sur toutes les fêtes données en l’honneur des souverains, en France, en Italie, pour Charles-Quint, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Belgique et en Hollande, en Suisse, en Suède et au Danemark, en Pologne, en Russie, en Turquie et en Perse, en Amérique.



Son ex-libris [44 x 33 mm], signé par Baticle, est une impression dorée sur papier bleu azur ou bleu marine, qui représente un artificier vêtu à la mode italienne du XVIe siècle, allumant une pièce d’artifice, accompagné du monogramme entrelacé « DR ».
Il utilisait également un fer de même composition et un chiffre pour les plats de certaines de ses reliures.


Il mit en vente sa bibliothèque, du lundi 3 au mardi 11 mars 1873, en 8 vacations, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, rue Drouot, salle n° 3, au premier : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. E.-F.-D. Ruggieri (Paris, Adolphe Labitte, 1873, in-8, [3]-[1 bl.]-280 p., 1.200 + 16 doubles [bis] + 3 triples [ter] – 12 manquants = 1.207 lots), dont Histoire [49 lots = 4,05 %], Bibliographie [56 lots = 4,63 %], Cérémonial [91 lots = 7,53 %], Naissances, Baptêmes, Sacres -Entrées triomphales, Mariages -Tournois, Joutes, Carrousels, Obsèques – Fêtes populaires et Feux d’artifice [981 lots = 81,27 %], Varia [30 lots = 2,48 %].



Photographies BnF
 9. Les Grandes Croniques des roys de France. Paris, Poncet le Preux et Galliot du Pré, 1514, in-fol. goth., fig. sur bois, mar. r., fil. tr. dor. (Duru). 261 fr.


Photographies BnF
136. Le Vray Théâtre d’honneur et de chevalerie, ou le Miroir héroïque de la noblesse. Paris, Augustin Courbé, 1648, 2 vol. in-fol., gr. pap., front., portr. et fig., mar. br., fil., tête dor., non rognés (Hardy-Mesnil). 385 fr.

Photographie BnF
227. Lentrée de la Royne en sa ville et cité de Paris. Paris, Geofroy Tory, 1531, pet. in-4, fig., mar. bleu, plats fleurdelisés, doublé de mar. grenat, large dent., tr. dor. 675 fr.

Photographie Université de Tours
248. La Sciomachie & Festins faits à Rome. Lyon, Sébastien Gryph [sic], 1549, pet. in-8, mar. bl., comp., tr. dor. 365 fr.




250. Cest la déduction du sumptueux ordre plaisantz spectacles et magnifiques théâtres dressés, et exhibés par les citoiens de Rouen. Rouen, Robert le Hoy, Robert et Jean dits du Gord, 1551, in-4, 29 fig. sur bois, 2 p. de musique, mar. bl., comp., dos orné, tr. dor. (Chambolle-Duru). 1.525 fr.

Photographie BM Lyon
266. Recueil faict au vray, de la chevauchée de l’asne, faicte en la ville de Lyon. Lyon, Guillaume Testefort, s. d. [1566], pet. in-8, mar. r., dent., tr. dor. 500 fr.

Photographie I.N.H.A.
328. Discours de la joyeuse et triomphante entrée de très-haut, très-puissant et très-magnanime Prince Henry IIII de ce nom, très-Chrestien Roy de France & de Navarre, faicte en sa ville de Rouën, capitale de la province & duché de Normandie, le Mercredy saiziéme jour d’Octobre 1596. Rouen, Raphaël du Petit Val, 1599, in-4, fig. sur bois, mar. r., comp., dos orné, tr. dor., avec étui. 2.020 fr.

Exemplaire Ruggieri
Librairie Fabrice Teissèdre : 3.500 €



366. Ludovico XIII. Galliarum et Navarrae Regi christianissimo feliciter inaugurato. Pictavis, Antonii Mesnerii, 1611 – Elegiarum de tristi morte Henrici Magni. Augustoriti Pictonum, Antonii Mesnerii, 1611. En 1 vol. in-4, mar. r., double fil., ornem. au milieu des plats, dos et coins fleurdelisés, tr. dor.  

Photographie BnF
558. Description de la feste et du feu d’artifice qui doit être tiré à Paris, sur la rivière, au sujet de la naissance de monseigneur le Dauphin. Paris, Pierre Gandouin, 1730, in-4, 3 pl. par Servandoni, parchemin. Ex. du comte François de Bournonville.

Photographie I.N.H.A.
571. Description du feu d’artifice et de la fête donnée par son excellence monseigneur de Lamina, ambassadeur d’Espagne, à cause du mariage de Madame première de France avec l’infant Philippe, grand amiral d’Espagne. Paris, Philippe-Nicolas Lottin, 1739, in-4, pl., cart.

Photographie Libreria Bardon, Madrid
606. Sacre et couronnement de Louis XVI. roi de France et de Navarre, à Reims le 11 juin 1775. Paris, Vente et Patas, 1775, in-4, fig. grav., mar. r., larges dent., tr. dor. Aux armes de Marie-Antoinette. 1.600 fr.



738. Descrizione del regale apparato per le nozze della serenissima Madama Cristina di Loreno. Florence, Antonio Padovani, 1589, in-fol., 63 grav., mar. r., tr. dor. (Masson et Debonnelle).



914. La Magnifique et Sumptueuse Pompe funèbre, faite en la ville de Bruxelles, le XXIX. jour du mois de décembre, M.D.LVIII. aux obsèques de l’empereur Charles V. de très digne mémoire. Anvers, Christophle Plantin, 1559, pet. in-fol., 33 pl., mar. r. 790 fr.

Marie-Louise-Blanche Rousseau, épouse de Désiré Ruggieri, décéda au domicile conjugal, 5 place Blanche, à Paris [IXe], le 11 mai 1883. Le 23 juillet de l’année suivante, Désiré Ruggieri, demeurant alors 172 rue Championnet [XVIIIe], épousa sa nièce, Laure-Camille-Pauline Barba, fille de Henry-Frédéric Barba et de Louise-Aimée Ruggieri, née à Paris le 11 avril 1835. Âgé de 67 ans, Désiré Ruggieri mourut à son domicile, le 26 mars 1885.


Sa bibliothèque fut vendue par ses fils, du lundi 1er au jeudi 4 juin 1885, en 4 vacations, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 4, au premier : Catalogue de livres anciens et modernes, rares et curieux […], composant la bibliothèque de feu M. D.-E.-F. Ruggieri, artificier du gouvernement(Paris, Antonin Chossonnery, 1885, in-8, [4]-122 p., 694 + 9 doubles [bis] – 1 = 702 lots et 59 lots Estampes-Dessins-Pastels), dont Cérémonial [428 lots = 60,96 %], Théologie-Philosophie-Morale [3 lots = 0,42 %], Sciences et Arts [106 lots = 15,09 %], Beaux-Arts [36 lots = 5,12 %], Belles Lettres [23 lots = 3,27 %], Histoire [106 lots = 15,09 %].


17. Gaya (de). Cérémonies nuptiales de toutes les nations. Paris, Michallet, 1681, in-12, mar. bleu, chiffre de Ruggieri, non rogn. (Hardy-Mesnil).



168. Courses de testes et de bague, faites par le Roy, par les princes et seigneurs de sa cour, en l’année M. DC. LXII. Paris, Imprimerie royale, 1670, gr. in-fol., front. de Rousselet, 4 pl. grav. d’Israël Silvestre, 85 pl. de Chauveau et 6 en-têtes du même, mar. r., double fil., dos orné, tr. dor. Aux armes de Louis XIV et à son chiffre. 290 fr.



435. Trésor de Evonime Philiatre des remèdes secretz. Lyon, Balthazar Arnoullet, 1555, in-4, fig. sur bois, mar. La Vallière, tr. dor. (Masson-Debonnelle).



442. Theoria et praxis artilleriæ. Oder deutliche Beschreibung. Nurnberg, Johann Hofmanns, 1683-1685, 3 part. en 1 vol. in-4, fig., vélin.



449. Traité de l’exercice militaire. Lyon, Pierre Anard, 1650, in-8, portrait de l’auteur gravé par Margallet, front. et 13 grav. sur bois de Claude Audran, mar. vert, fil., chiffre de Ruggieri sur les plats, tr. dor. (Niedrée). Ex. Yemeniz.



455. Gaya (de). Traité des armes, des machines de guerre, des feux d’artifice. Paris, Sébastien Cramoisy, 1678, in-12, front. et 19 fig. de Guérard, mar. La Vallière, dos orné, fil., tr. dor.



497. Pyrotechnia hoc est, de ignibus festivis, iocosis, artificialibus et seriis, variisque eorum structuris. 1611, pet. in-4, fig., v. f. Aux armes de Bonnier de La Mosson.


498. Le Bombardier françois, ou Nouvelle Méthode de jetter les bombes avec précision. Paris, Imprimerie royale, 1731, gr. in-4, mar. r., fil., tr. dor. Aux armes du duc du Maine, grand maître de l’artillerie de France.


499. Biringuccio (Vanoccio). De la pirotechnia. Venetia, 1540, in-4, fig. sur bois, v. f.



501. La Pyrotechnie, ou Art du feu. Paris, Claude Frémy, 1556, in-4, fig. sur bois, demi-veau.



504. Boillot (Joseph). Modelles, artifices de feu et divers instrumēs de guerre avec les moyēs de s’en prévaloir. Chaumont en Bassig., Quentin Mareschal, 1598, in-4, fig. et titre gravé, demi-rel.


507. Frézier. Traité des feux d’artifice pour le spectacle. Paris, Nyon fils, 1747, in-4, front. et vignettes de Cochin, 13 pl., mar. r., fil., tr. dor.



512. Hanzelet (Jean Appier, dit). Recueil de plusieurs machines militaires, et feux artificiels pour la guerre, & récréation. Pont-à-Mousson, Charles Marchant, 1620, in-4, fig., 6 part. en 1 vol., mar. r. à compart., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Camille de Neufville de Villeroi, archevêque de Lyon.



513. La Pyrotechnie de Hanzelet Lorrain. Pont-à-Mousson, I. & Gaspard Bernard, 1630, gr. in-4, titre grav. et nombreuses gravures d’Hanzelet, vél.



515. Traité des feux artificiels pour la guerre, et pour la récréation. Paris, Pierre Guillemot, 1629, in-8, front., fig., mar. r., fil., tr. dor. (Hardy-Mesnil).


Photographies BnF
518. Perrinet d’Orval. Essay sur les feux d’artifice pour le spectacle et pour la guerre. Paris, Coustelier, 1745, in-8, 13 pl., mar. r., fil., tr. dor., gr. pap.


Photographies Eric Zink
532. La Pyrotechnie pratique, ou Dialogues entre un amateur des feux d’artifice, pour le spectacle, & un jeune homme curieux de s’en instruire. Paris, L. Cellot et Jombert fils Jeune, 1780, in-8, 7 pl., demi-v. à coins, n. rogn.



583. Hugo (Victor). Le Roi s’amuse. Paris, Société de publications périodiques, 1883, in-4, en feuilles, dans un cartonnage couvert de moire, tiré à 200 ex. Sur la couverture, signature estampée de Victor Hugo. Sur le faux titre la mention « A M. Ruggieri, Victor Hugo », et sur le verso de ce faux titre la mention imprimée « Exemplaire imprimé pour la bibliothèque de Ruggieri ».  








Jean-Nicolas Barba (1769-1846), infatigable éditeur de pièces de théâtre

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Carte de Cassini


D’une famille d’ouvriers agricoles à Sommelans [Aisne], Jean-Nicolas Barba y est né le 23 janvier 1769, fils de Nicolas Barba (1746-1822) et de Marie-Jeanne Barrast (1744-1782), mariés le 23 janvier 1769, après s’être fait la cour pendant cinq ans.

Jean-Nicolas Barba fut envoyé en apprentissage chez Ledru, peintre et vitrier, à Gandelu [Aisne], dont le seigneur était le duc Louis-Joachim Potier de Gesvres (1733-1794).
En 1785, Barba partit pour Paris où il arriva chez Honoré-Clément Dehansy, libraire sur le Pont-au-Change [IVe], qui lui donna l’adresse de son oncle, frère cadet de son père, qui exerçait l’état d’assembleur [qui assemble des feuillets ou des cahiers dans l’ordre, pour constituer un livre]. 

Angle de la rue Pavée [rue Séguier] et du quai des Augustins

Jugeant son oncle trop sévère, Barba le quitta pour entrer chez Pierre-Michel Lamy (1752-v. 1829), libraire, quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe].

Drapeau d'ordonnance

Sur un coup de tête, il s’engagea en 1788 dans le régiment de Boulonnais, en garnison à Cambrai [Nord] depuis le mois de mars. La Révolution ne tarda pas à éclater, entraînant le soulèvement d’une partie de l’armée, dont le régiment de Boulonnais, qui déserta presqu’entier : Barba déserta le 30 août 1789 et rejoignit Paris.

Arrivé dans la capitale, il s’enrôla dans le district du quartier des Filles-Saint-Thomas, caserné dans l’hôtel Richelieu [détruit], rue Neuve-Saint-Augustin [rue Saint-Augustin, IIe], puis fut engagé dans la compagnie Catol, 4e division, faubourg Poissonnière [Xe]. 


Après quelques mésaventures qui le conduisirent pour un mois à la prison de l’Abbaye, place Sainte-Marguerite [boulevard Saint-Germain, VIe, démolie en 1854], il s’associa avec un colporteur d’un village près de Bavay [Nord], qui vendait des mauvais livres édités par Charles Lehoucq (1748-1830), libraire à Lille [Nord]. L’association rapidement rompue, il partit pour la foire de Saint-Remi à Reims [Marne], où il ouvrit une boutique, que les libraires de la ville réussirent à faire fermer en quelques jours.

Plan du Palais-Royal en 1818
Photographie BnF

De retour à Paris, il s’établit libraire, le 1erfévrier 1791, au Palais-Royal [Ier], dit alors « Palais de la Révolution » ou « Jardin de la Révolution », dans la galerie vitrée, située au bout des galeries de bois et conduisant au Théâtre-Français, alors Théâtre de la République

« En m’établissant en 1791, j’avais deux cents francs, après avoir donné cent cinquante francs pour six mois d’avance. Le Prieur [Pierre-Sébastien Le Prieur (1758-1834)] me fit crédit de cinquante francs sur cent que je lui achetais de livres, et le bon Maradan [Claude-François Maradan (1762-1823)] me fit aussi crédit de cent francs. Bance père [Jacques-Louis Bance (1761-1847)] me vendit à crédit la Vie de Marie-Antoinette pour deux mille francs. Je fis en tremblant vingt billets à ordre, et je réussis. […] Puis vint mon père nourricier, Pigault-Lebrun, le Cuisinier royalavec lequel j’ai gagné cent mille francs. J’ai imprimé sept millions d’exemplaires de pièces de théâtre ; je ne réussissais pas toujours. […] Quant aux livres, je réussissais presque toujours, jusqu’aux Œuvres d’Alex. Duval. »
(Souvenirs de Jean-Nicolas Barba, ancien libraire au Palais-Royal. Paris, Ledoyen et Giret, 1846, p. 175-176)

En 1793, année de la mort de Marie-Antoinette Cailleau, veuve de Nicolas-Bonaventure Duchesne (1710-1765), libraire rue Saint-Jacques [Ve], Barba aurait racheté le fonds de théâtre de la maison Duchesne.
Rue Gît-le-Coeur, vue de la rue Saint-André-des-Arts (septembre 2018)

Rue Gît-le-Coeur 
A gauche : Bouton, relieur, est au n° 12 ;  Gennequin est au n° 6 ; Brunet est au n° 4. A droite : Barba est au n° 15.
 P
hotographie Charles Marville (1866)


Barba quitta sa petite boutique du Palais-Royal pour ouvrir un magasin rue Gît-le-Cœur [VIe] et édita dès 1793, avec Léonard Mongie, dit « Jeune », libraire au Palais-Royal, la première pièce de théâtre de Charles-Augustin Bassompierre, dit « Sewrin », Les Loups et les Brebis, ou la Nuit d’été, ainsi que L’Hiver, ou les Deux Moulins, par le même Sewrin et Vrain-Antoine Vée, dit « Duchaume ».


Il rencontra le romancier prolifique Guillaume-Charles-Antoine Pigault de l’Épinoy, dit « Pigault-Lebrun » (1752-1835), avec lequel il fit ses premières affaires en lui achetant des comédies en 1793 – Charles et Caroline, ou les Abus de l’Ancien Régime– et en 1794 : Les Dragons et les Bénédictines et Les Dragons en cantonnement, ou la Suite des Bénédictines. Par la suite, Barba édita tous les ouvrages de Pigault-Lebrun, dont la vente s’éleva à plus de 600.000 francs, et le proclama son « père nourricier ».


Dès 1793, Barba ouvrit également un « Magasin de pièces de théâtre » au 27 rue Saint-André-des-Arts [VIe], dans un hôtel particulier du XVIIesiècle, dit « hôtel Duchesne » [construit pour l’historien André Duchesne], voisin de la maison [n° 29, détruite] du célèbre notaire bibliophile Antoine Boulard (1754-1825).


Avant d’acheter 49.000 pièces de théâtre à Maradan, en 1795, Barba en édita quelques-unes avec lui, dont Robert chef de brigands et Le Tribunal redoutable, en 1793, par Jean-Henri Lamartelière.


En 1796, la veuve de Philippe Fabre d’Églantine, au nom de son fils, mineur, a fait saisir une contrefaçon de L’Intrigue épistolaire chez Barba, qui fut poursuivi (Les Tribunaux civils de Paris pendant la Révolution. Paris, Léopold Cerf, Noblet et Quantin, 1907, t. II, 1ère partie) :

-          le 5 floréal An IV [24 avril 1796], pour avoir contrefait, vendu et distribué l’ouvrage dramatique dit L’Intrigue épistolaire, comédie en cinq actes dont était l’auteur le feu Fabre d’Églantine, Barba fut condamné à payer à la veuve Fabre d’Églantine une somme équivalente à la valeur de 3.000 exemplaires de l’édition originale, ce qui sera évalué par experts ; le tribunal ordonna la confiscation des exemplaires contrefaits saisis.
-          le 24 thermidor An V [11 août 1797], pour avoir contrefait un ouvrage dit L’Intrigue épistolaire, dont le feu citoyen Fabre d’Églantine était l’auteur, Barba fut condamné à 3.000 livres, pour la valeur de 3.000 exemplaires dudit ouvrage ; les exemplaires saisis furent confisqués au profit de la veuve Fabre d’Églantine.
-          le 5 ventôse An VI [23 février 1798], vu le procès-verbal dressé le 7 pluviôse An IV [27 janvier 1796] par le commissaire de police de la division du Théâtre-Français constatant qu’il s’est trouvé dans le magasin de Barba 132 exemplaires contrefaits de l’imprimé intitulé L’Intrigue épistolaire, comédie en cinq actes de Fabre d’Églantine, et attendu que Barba est convenu d’avoir rendu 2 exemplaires à différents prix, mais qu’il n’est pas prouvé qu’il soit lui-même contrefacteur, Barba fut condamné à payer à la veuve Fabre d’Églantine la somme de 500 francs à laquelle elle a fixé elle-même, à raison d’un franc par exemplaire, la valeur de 500 exemplaires ; les 132 exemplaires saisis furent confisqués au profit de la veuve.   

Au Petit Dunkerque, 3 quai Conti
Eau-forte par Ernest Laborde. In Gazette des beaux-arts, février 1913, p. 158



En 1798, Barba déménagea son Magasin de pièces de théâtre dans la maison « Au Petit Dunkerque » [détruite en 1913], 3 quai de Conti [VIe], en face du Pont Neuf, au coin de la rue de Nevers, ancienne boutique de Charles-Raymond Granchez, bijoutier de la reine Marie-Antoinette.

En 1800, Barba s’installa définitivement au Palais-Royal, alors Palais du Tribunat, dans la galerie derrière le Théâtre-Français.

Barba avait épousé Marie-Françoise-Lucie Cavanagh († 1815) le 8 juin 1793. Ce mariage n’a pas été heureux. Il y avait entre les époux incompatibilité d’humeur et, après quelques années de mariage, ils avaient cessé de vivre ensemble. Ils divorcèrent le 3 germinal An XI [27 mars 1803].


Marie-Françoise Cavanagh ouvrit alors une librairie 5 passage des Panoramas [IIe], devint libraire du Théâtre des Variétés, puis déménagea en face de ce Théâtre, 2 boulevard Montmartre [IXe].


Le 5 fructidor An XI [23 août 1803], Marie-Françoise Cavanagh accoucha de Henri-Frédéric Barba.
Le 13 brumaire An XII [4 novembre 1803], Barba présenta à l’état-civil, comme né de lui et d’Adélaïde Cavanagh, sœur de son ex-épouse, Gustave-Émile Cavanagh, dit « Barba » : cette déclaration impliquait un inceste, puisqu’en 1803 le mariage était prohibé de manière absolue entre le beau-frère et la belle-sœur, sans même qu’il fût possible de lever l’interdiction.

Jean-Nicolas Barba
In Souvenirs. Paris, Ledoyen et Giret, 1846

Spécialisé dans le théâtre et éditeur de Pigault-Lebrun, Barba fut aussi acteur au Théâtre de la Cité, place du Palais de Justice [IVe], et agent dramatique, ce qui lui permit de faire d’importants profits :

« Voyez, par exemple, ce gros monsieur, à la figure épanouie, à l’air franc et ouvert, qui vient de terminer ses comptes, de donner sa signature, et qui sort un sac d’argent à la main. Vous croyez sans doute que c’est quelque gai successeur de Panard et de Désaugiers, le soutien de quelque théâtre chantant, le géant du couplet de facture. Détrompez-vous : ce gros monsieur, c’est M. Barba.
-          M. Barba ! me direz-vous en faisant un bond ; M. Barba, auteur ! Pour qui me prenez-vous ? Je sais que M. Barba est l’éditeur de la Cuisinière bourgeoise, des romans de Pigault-Lebrun, du Cuisinier royal, des mélodrames de M. Pixérécourt [sic], et de douze à quinze cents pièces de théâtre. Mais M. Barba, auteur ! Vous voulez rire ?
-          En effet, M. Barba n’est pas auteur ; ce qui ne l’empêche pas de venir tous les mois toucher une somme assez ronde chez l’agent dramatique ; et voici comment :
Un vaudeville, un mélodrame a-t-il réussi sur l’un de nos théâtres, M. Barba offre du manuscrit trois, quatre, cinq cents francs, selon le succès.
-          Jusque là, me direz-vous, rien de mieux. Il fait son métier de libraire. Seulement il offre peu.
-          Oui, mais un instant. Voici venir le spéculateur. M. Barba, vous dis-je, offre trois, quatre ou cinq cents francs du manuscrit, somme que vous trouvez fort modique ; mais il l’offre à condition que vous lui céderez le tiers de vos droits d’auteur en province. Comprenez-vous maintenant ?
-          Mille fois trop ! vous écriez-vous. Mais c’est une horreur ! c’est un marché de dupe !
-          Attendez ! car il faut voir la question sous toutes ses faces. S’il y a avantage pour le libraire, et avantage énorme, peut-être aussi n’y a-t-il pas dommage complet pour l’homme de lettres, et voici comment. Vous comprenez que M. Barba, acquéreur d’une pièce nouvelle aux conditions que je viens de vous décrire, se hâte d’en adresser des exemplaires aux directeurs de tous les théâtres de France, avec une recommandation de sa propre main ! Et vous sentez ce que ce doit être qu’une recommandation de M. Barba ! Aussi un mois après, le nouveau chef-d’œuvre est-il à l’étude au Nord et au Midi ; on le répète à Marseille et à Cambrai ; on le joue partout. M. Barba apporte dans ses intérêts dramatiques toute son activité de commerçant ; il expédie les succès, franc de port, par toute la France ; il fait voyager par le roulage accéléré la tirade et le couplet, le marivaudage et le gros comique, le rire et les sanglots ; il ne néglige pas la plus petite bourgade, pourvu qu’elle ait un théâtre. La France ne sait vraiment pas tout ce qu’elle a d’obligations à M. Barba, ce grand pourvoyeur de ses plaisirs. Il résulte de cette sollicitude de l’infatigable éditeur, que si les droits de l’auteur sont diminués, ils sont plus fréquents ; que s’il touche moins dans chaque ville, il touche dans presque toutes : cela se compense. Je ne parle pas de l’avantage d’être représenté dans tous nos départements, d’être adulé, prôné, encensé, dans les circulaires de M. Barba, et au bas de ses factures : au temps où nous sommes, on tient si peu à la gloire ! Qu’il me suffise de vous avoir prouvé qu’entre M. Barba et les auteurs qui traitent avec lui, les profits se balancent.
-          Oui ; mais je vois aussi qu’au bout de six mois, M. Barba, rentré dans ses déboursés, s’est créé un revenu durable et certain ; que la somme qu’il offre n’est pas en rapport avec les bénéfices qu’il en retire, et que, moyennant ce genre de spéculation, c’est une véritable dîme qu’il prélève sur les travaux de nos auteurs dramatiques, sur les veilles de nos écrivains.
-          Permis à vous de le dire ; mais M. Barba n’impose à personne ses conditions ; libre à tout le monde de les rejeter : il ne fait point signer ses traités au coin d’un bois, et le pistolet à la main ; cela s’opère à l’amiable, et de gré à gré. Si nos auteurs veulent l’enrichir, qu’y trouvez-vous à redire ? Et puis vous ne songez qu’aux bénéfices ; il faut aussi songer aux pertes, aux non-valeurs, aux chutes de province, aux banqueroutes !
-          Laissez-moi donc tranquille ! Voyez donc seulement cet air de jubilation ! voyez la rotondité de ce sac d’écus ; voyez ce sourire qui annonce l’abondance de la récolte et la douce prévision de l’avenir ! Je vous dis que M. Barba mourra millionnaire, et dans l’impénitence finale.
-          Dieu vous entende ! dirait-il, s’il connaissait le vœu que vous formez. »   
(Léon Halévy. « Une agence dramatique ». In Paris, ou le Livre des cent-et-un. Paris, Ladvocat, 1832, t. IX, p. 299-302)

Photographie Archives de Nantes

Outre d’innombrables pièces de théâtre, Barba édita, en particulier : 


Photographies BnF

La Religieuse, par Diderot (avec Le Prieur, An V-1797, 3 vol. in-12) ; Des calembourgs comme s’il en pleuvoit(An VIII-1800, in-16) 

Photographie G.F. Wilkinson, San Francisco

et Angotiana, ou Suite des calembourgs comme s’il en pleuvoit (An IX-1801, 6eédition), par Armand Ragueneau de la Chainaye ; 


Les Nouveaux Savans de société (An IX-1801), attribué à S.-J. Ducœurjoly ; 

Photographie Thierry Corcelle

Les Sérails de Londres (An IX-1801, 2 vol. in-16) ; 

Photographie Médiathèque Fontainebleau

Histoire de Bonaparte (An IX-1801) et Histoire du général Moreau (An X-1801) ; 

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche

Vie philosophique
, politique et littéraire de Rivarol (An X-1802, 2 vol. in-12), par Sulpice de la Platière ; 


Abrégé chronologique de la révolution de France (An X-1802, 3 vol. in-12), par Antoine Fantin-Desodoards ; 


Vie de Chrétien-Guillaume Lamoignon Malesherbes (An X-1802), par Alphonse Martainville ; 


L’Ami des femmes (1804), par P. J. Marie de Saint-Ursin ; 


Souvenirs de Paris (An XIII-1805, 2 vol. in-12), par Auguste Kotzebue ; 



Le Cuisinier impérial (1806, in-8) - dont le titre devint Le Cuisinier royal en 1814 -, par André Viard ; 


Fêtes du mariage de S. M. l’Empereur Napoléon-le-Grand avec la princesse Marie-Louise (1810).

Barba fut breveté libraire le 1eroctobre 1812. D’autres éditions suivirent : 

Photographie Musée Médard

Ligue des nobles et des prêtres contre les peuples et les rois (1820, 2 vol. in-8), par Paul de P. ; 


Promenade de Dieppe aux montagnes d’Écosse (1821), par Charles Nodier ; 


Œuvres de L. B. Picard (1821-1823, 10 vol. in-8) ; Œuvres complètes d’Alexandre Duval (avec Chasseriau, 1822-1823, 9 vol. in-8) ; 


Œuvres complètes de Pigault-Lebrun (1822-1824, 20 vol. in-8) ; Histoire de France, abrégée, critique et philosophique (1823-1828, 8 vol. in-8) ; 


Dictionnaire théâtral (1824, in-16), par François Harel, Maurice Alhoy et Auguste Jal ; Dictionnaire historique de Paris(1828, 2eédition, 2 vol. in-8), par Antony Béraud et P. Dufey ; Histoire philosophique de Marc-Aurèle (1830, 2eédition, 4 vol. in-8), par feu Louis Ripault ; 


Almanach perpétuel des gourmands(1830, 6eédition, in-18) ; 


Rabelais analysé (1830), par Francisque Michel ; 


La Ruine de Missolonghi (avec Garnier et Blosse, 1836), par Alphonse Muzzo Mauro.
À partir de 1824, Barba fut également le premier éditeur des œuvres de Charles-Paul de Kock (1793-1871). 

Barba fut impliqué dans divers procès l’opposant à des auteurs ou à des éditeurs, et fut également condamné pour outrage à la morale publique et religieuse :


-          le 26 juin 1821, Victor Ducange fut condamné à 6 mois d’emprisonnement et à 500 francs d’amende, pour avoir composé, fait imprimer, publier, vendre et distribuer Valentine, ou le Pasteur d’Uzès (Paris, J.-N. Barba, 1820, 3 vol. in-12) ; la cour a en outre déclaré définitive la saisie de l’ouvrage et a ordonné la suppression et la destruction des exemplaires saisis, ainsi que de tous ceux qui pourraient l’être ultérieurement.
-     

        le 3 décembre 1824, Barba a été condamné à 1 mois de prison et 520 francs d’amende, pour avoir fait réimprimer, publier et distribuer Monsieur de Roberville(1824, 4 vol. in-12). Sur l’appel de ce jugement, la Cour royale de Paris, par arrêt rendu le 15 janvier 1825, a infirmé ledit jugement et déchargé Barba des condamnations prononcées contre lui, attendu qu’il a pu être induit en erreur par une édition publiée en 1818 ; mais néanmoins la Cour a maintenu l’ordre que les exemplaires saisis et tous ceux qui seraient trouvés par la suite, seraient supprimés et mis au pilon.


-          le 25 juin 1825, Barba a été condamné à 8 jours d’emprisonnement, 16 francs d’amende et aux dépens, pour avoir fait imprimer, publier et vendre L’Enfant du carnaval (1824, 3 vol. in-12) ; le même jugement ordonna que les exemplaires saisis soient confisqués pour être détruits.

Une ordonnance royale du 7 août 1825 retira à Barba son brevet, mais il continua à exercer son état de libraire en s’associant à Théophile Grandin, pourvu d’un brevet depuis le 20 novembre 1820. Des poursuites furent alors dirigées contre Barba, comme exerçant la librairie sans brevet, et le Tribunal correctionnel les condamna le 5 juillet 1826 tous deux à 500 francs d’amende, pour avoir éludé le règlement de la librairie de 1723, au moyen d’un acte de société simulé, par lequel Grandin s’établissait en réalité le prête-nom de Barba. Ils en appelèrent, et la Cour royale, par arrêt du 19 avril 1827, a infirmé ce jugement en considérant que la loi ne défendait pas à un libraire d’avoir un associé, et qu’ainsi il n’y avait pas de délit de la part de Barba. Le ministère public s’est pourvu contre cet arrêt, et la cour de cassation, dans sa séance du 28 juillet 1827, l’a annulé et a renvoyé l’affaire devant la Cour royale d’Amiens, pour statuer sur la condamnation. La Cour royale d’Amiens les a renvoyés des poursuites dirigées contre eux, par le motif qu’aucune loi pénale ne pouvait leur être appliquée. Le ministère public s’est pourvu en cassation contre cet arrêt. Le 13 février 1836, la Cour de cassation rejeta le pourvoi.

« Les galeries de bois, appelées dans l’origine Camp des Tartares, et la galerie adossée au Théâtre Français, ont toujours été un sujet continuel d’alarmes. On eût appris avec autant de peine que de surprise qu’elles avaient été la proie des flammes ; ce pronostic, fondé sur la frêle construction des baraques qui déparent cette partie du plus beau palais de la capitale, s’est réalisé dans la nuit du 28 au 29 octobre 1827, dans la galerie adossée au Théâtre Français. Le feu éclata vers 3 heures du matin. Un soldat en faction dans la cour donna le premier signal d’alarme. Les secours furent prompts, mais toute la partie qui longe la cour était déjà consumée ; elle se composait de légers étalages en planches, occupés par des marchands de chaussures. L’étalage de librairie de M. Lécrivain, établi sur la partie intérieure de la cour, fut entièrement brûlé. Heureusement pour le propriétaire, qu’il s’était fait assurer ; mais pour peu que les secours eussent tardé, les lettres et le commerce subissaient une perte peut-être irréparable ; la librairie de M. Barba était dévorée par les flammes. Déjà toutes les boutiques en face ne formaient qu’un seul foyer. Les flammes enveloppaient dans toute sa largeur la devanture du magasin de M. Barba ; l’épaisseur et la solidité des volets et des portes, avaient résisté aux premières atteintes du feu ; mais un instant plus tard, tout périssait. Le même danger menaçait le magasin de comestibles de Chevet. Les huiles, les liqueurs, tous les corps gras qui s’y trouvaient amoncelés, eussent augmenté l’intensité et la violence de l’incendie, dont les ravages auraient bientôt atteint le Théâtre Français, la galerie de tableaux et les appartemens du prince. Echappée aux flammes par la prodigieuse rapidité et l’habile application des secours, la librairie Barba fut endommagée par le jeu des pompes. Tous les livres furent plus ou moins avariés, mais rien ne fut entièrement détruit. Cette perte aurait dû désarmer la sévérité de la direction de la police, qui, récemment, avait retiré à M. Barba son brevet de libraire, à la suite d’un jugement qui l’avait condamné pour un ouvrage dont il était éditeur depuis trente-cinq ans, et dont la publication n’avait jamais éprouvé le plus léger obstacle.
Les renseignemens donnés sur la cause de ce désastre l’attribuaient à l’imprévoyance de M. et madame Warnier, dont la boutique avait été ou présumée être le premier foyer de l’incendie ; on répétait qu’une chaufferette allumée y avait été oubliée, et qu’un chat resté dans l’étroit magasin avait renversé cette chaufferette, dont la braise avait promptement enflammé le plancher et le comptoir. Le fait, eût-il été prouvé, ne constituait point délit d’incendie par imprudence. Les époux Warnier ont été traduits en police correctionnelle. Un premier jugement ordonna une plus ample information ; mais les nouvelles dépositions furent aussi vagues, aussi insignifiantes que les premières, et au jugement du 16 janvier 1828 a renvoyé M. et madame Warnier de la plainte portée contre eux. » [sic]
(Antony Béraud et P. Dufey. Dictionnaire historique de Paris. Paris, J.-N. Barba, 1828, Seconde Edition, t. II, p. 685-686)    

Construction de la galerie d'Orléans en 1829 [détail]

L’incendie du Palais-Royal força Barba, au mois de novembre 1827, de déplacer son magasin cour des Fontaines, entre la rue de Valois et la rue des Bons-Enfants [passage de la Cour des Fontaines, Ier], 



et au Magasin de pièces de théâtre, vis-à-vis le Café de la Régence, « À la Civette », 210 rue Saint-Honoré [Ier]. Les embellissements du Palais étant terminés dans la partie incendiée, le magasin y fut de nouveau transféré, Grande Cour, derrière le Théâtre-Français, à partir du 1erjanvier 1829.


En 1834, Barba, Pierre-Joseph-Victor Bezou (1795-1860) - boulevard Saint-Martin et 34 rue Meslay [IIIe] – et Charles-Alexandre Pollet († 1834) – rue du Temple [IIIe] -, qui fut remplacé en 1835 par Henri-Louis Delloye (1787-1846) – rue des Filles-Saint-Thomas [IIe], près de la Bourse -, fondèrent La France dramatique au dix-neuvième siècle, collection composée du répertoire de tous les théâtres de Paris.

Atteint de cécité, Barba se retira des affaires, après avoir vendu son fonds de commerce, à son commis Christophe Tresse (1808-1867) :

« Suivant contrat passé devant MeHalphen et son collègue, notaires à Paris, le 6 juillet 1839, enregistré, M. Jean-Nicolas BARBA, libraire, demeurant à Paris, cour des Fontaines, n° 3, et Palais-Royal, galerie de Chartres, n° 2 et 3, a vendu à M. Christophe TRESSE, commis en librairie chez M. Barba, demeurant à Paris, cour des Fontaines, n° 3 ;
LE FONDS DE COMMERCE DE LIBRAIRIE exploité par M. Barba au Palais-Royal, galerie de Chartres, n° 2 et 3, et composé notamment de : 1° l’achalandage et la clientèle attachés audit fonds et au nom qu’il porte ; 2° tous les meubles et objets mobiliers, et généralement tout le matériel servant à son exploitation ; 3° tous les exemplaires des pièces de théâtre, tant anciennes que modernes ; 4° tous les livres de fonds et d’assortiment existant ; 5° la propriété de tous les ouvrages publiés jusqu’à ce jour par M. Barba, ou dont il est éditeur ou propriétaire ; 6° tous les livres, brochures, pièces mis en dépôt ou confiés en quelque lieu et à quelque personne que ce soit ; 7° la propriété de tous les exemplaires de la France Dramatique, appartenant à M. Barba ; 8° et tous les droits de propriété, possession et jouissance appartenant à M. Barba dans la France Dramatique, y compris la propriété des clichés et du matériel, sauf la réserve qui a été faite par M. Barba au sujet de ladite France Dramatique : le tout ainsi qu’il est expliqué audit contrat de vente ;
Cette vente a été faite moyennant cent soixante-onze mille francs, sur lesquels M. Tresse a payé comptant quatre-vingt mille francs ; pour le surplus de ce prix, payables aux époques indiquées dans le contrat de vente, M. Tresse a souscrit soixante-douze billets à l’ordre de M. Barba ; lesquels billets, acquittés à leurs échéances, vaudront quittance à M. Tresse de son prix. »
(Feuilleton du Journal de la librairie, 13 juillet 1839, p. 3)  

Jean-Nicolas Barba mourut à Paris, le 17 mai 1846, après avoir publié ses Souvenirs (Paris, Ledoyen et Giret, 1846, 2 portraits).


Après avoir travaillé deux ans dans la librairie de son père, Gustave-Émile Barba s’était installé en 1826, assembleur, satineur et brocheur, au 33 rue de Seine [VIe]. Devenu éditeur et « Propriétaire des œuvres de Pigault-Lebrun et de Paul de Kock », il s’était établi 34 rue Mazarine [VIe] en 1831, puis déménagea 31 rue de Seine en 1847, avant de se fixer 8 rue Cassette [VIe] en 1859. 


Aussi infatigable que son père, il s’occupa surtout, à partir de 1847, de publications populaires à bon marché. 
7 rue Christine (avril 2019)

7 rue Christine
Photographie Eugène Atget



Atteint d’une cruelle et douloureuse affection du pylore, il mourut le 15 mai 1867, en son hôtel - qui datait de 1771 -, 7 rue Christine [VIe], veuf de Lucie Noël.

Parmi ses publications : Œuvres complètes du capitaine Marryat (1838-1841, 60 vol. in-12) ; 


La Case du Père Tom (1853), première traduction française, par Émile de Labédollière, de Uncle Tom’s Cabin (Boston, 1852), par Harriet Beecher Stowe ; Géographie universelle (s. d. [1853], 3 vol. in-4, ill. Gustave Doré), par Conrad Malte-Brun ; Histoire de la guerre d’Orient (s. d. [1856], ill. par Janet-Lange, cartes par A.-H. Dufour), par Labédollière ; Abd-el-Kader(s. d. [1856], ill. par Janet-Lange), par Léon Plée ; Histoire des environs du nouveau Paris (s. d. [1860], in-8, ill. par Gustave Doré, cartes par Ehrard) 


et Le Nouveau Paris. Histoire de ses 20 arrondissements(s. d. [1860], gr. in-8, ill. par Gustave Doré, cartes par Desbuissons), par Labédollière ; Histoire de la guerre d’Italie (s. d. [1860], ill. par Janet-Lange), par Charles Paya ; Londres et les Anglais (s. d. [1862], ill. par Gavarni), par Labédollière.

S. d. [1863]
Photographie BnF

Fils adultérin de Gustave-Émile Barba et de Élise-Ismérie Coteau, Georges-Émile Barba avait succédé à son père dès 1862, 8 rue Cassette. Après avoir été breveté libraire le 24 mars 1863, il s’était installé 7 rue Christine. Il fit beaucoup de librairie courante et n’eut pas, comme éditeur, de spécialité particulière : ce fut lui qui édita l’Histoire de la guerre du Mexique (s. d. [1863-1868], ill. par Janet-Lange et G. Doré), par Labédollière.
Georges Barba mourut prématurément le 9 janvier 1877, à son domicile parisien, 63 boulevard Saint-Michel [Ve]. Sa veuve, Nathalie-Claire Rochette, née le 19 janvier 1841 à Paris, mariée à Paris [IXe] le 7 octobre 1867, céda le fonds de librairie, le 1ermars 1877, à Jules Rouff (1846-1927).

In Oeuvres complètes de Casimir Delavigne. Paris, Delloye et Lecou, 1836

Henri-Frédéric Barba, relieur-libraire, 38 rue Saint-Jacques [Ve], puis 4 rue des Poitevins [VIe], fut breveté le 6 septembre 1831, tint une simple boutique de détail et réalisa quelques ouvrages sérieux de science, de morale et d’histoire, 


telle que Jésus devant Caïphe et Pilate (1864), par André Dupin. Après qu’il eut appris que Gustave Barba venait de céder sa librairie à son fils Georges, Henri leur contesta le droit de porter le nom de Barba ; le Tribunal civil de la Seine jugea le 12 juillet 1866 :

« Attendu que la reconnaissance faite de Gustave Cavanagh par Nicolas Barba étant nulle, ledit Gustave Cavanagh et son fils Georges n’ont pas le droit de porter le nom de Barba […] ; - Dit que Georges Cavanagh, sans qu’il puisse jamais prendre le nom de Barba, sera néanmoins autorisé à mettre sur les livres qu’il publiera, sur les lettres et annonces relatives à son commerce, toute mention indiquant que sa librairie n’est autre que l’ancienne librairie Barba. »
(Bulletin de la Cour impériale de Paris, 1867, p. 823-826)

« Gustave et Georges Barba ont interjeté appel de ce jugement. De son côté, Henri Barba en a interjeté appel incident, et le fait seul de cet appel incident prouve que Henri Barba fait ce procès non dans un intérêt de famille, mais dans un intérêt commercial et de concurrence […]. M. l’avocat général Sallé a conclu à la confirmation du jugement, tant sur l’appel principal que sur l’appel incident.
La Cour, conformément à ces conclusions, a confirmé. »
(Gazette des tribunaux, 25 juillet 1867, p. 706-707)

Henri-Frédéric Barba mourut à Paris, à son modeste domicile du 55 rue des Moines [XVIIe], le 11 février 1879.





Denis-Simon Magimel (1766-1831), beau-frère de Firmin Didot

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Destruction de l'église Saint-Barthélemy, Paris (1792)
par Pierre-Antoine Demachy (Musée Carnavalet)

Descendant d’une famille d’orfèvres parisiens remontant au XVIIe siècle, Denis-Simon Magimel est né à Paris, le 2 avril 1766, et a été baptisé en l’église Saint-Barthélemy [IVe, détruite en 1792], fils de Augustin-Simon Magimel (1730-1792), syndic des orfèvres, et de Élisabeth-Anne-Marguerite Rieutort (1741-1790). 

Philippe-Antoine Magimel (1692-1772)
Grand-père de Denis-Simon Magimel


Son oncle, Antoine-Édouard Magimel (1724-1793), orfèvre, était échevin de la ville de Paris, époux de Marie-Louise Aubert (1735-1810), fille du violoniste Jacques Aubert (1689-1753) et de Marie-Louise Lecat.

En 1789, le 2e fils de François-Ambroise Didot, dit « l’Aîné », Firmin Didot (1764-1836), libraire 116 rue Dauphine [VIe], succéda à la fonderie de son père et épousa Catherine-Denise-Élisabeth Magimel, sœur cadette de Denis-Simon Magimel, née à Paris le 13 août 1770.



Devenu « Libraire pour les Mathématiques, l’Art Militaire et l’Architecture », Firmin Didot céda en 1793 à son beau-frère la partie de son fonds de librairie concernant l’art militaire, pour qu’il puisse ouvrir sa librairie « pour l’Art militaire et les sciences et arts », quai de la Vallée, c’est-à-dire 73 quai des Augustins [n° 61 de 1805 à 1807, avant le déménagement], près le Pont-Neuf [VIe].

Le 26 décembre 1793, à Paris, Denis-Simon Magimel épousa Geneviève-Aglaé Luce, fille de Michel-Vincent de Paul Luce (1740-1791) et de Jeanne-Joseph Séjean (1752-1835), qui lui donna deux enfants : Aglaé, née le 29 octobre 1794, et Albert, né le 2 floréal An VII [21 avril 1799].

Catalogue [1795]

Vers 1800, Charles-Louis-Étienne Bachelier (1776-1852) entra comme apprenti chez Magimel ; il épousa la fille de l’imprimeur-libraire Louis Courcier (1755-1811) en 1804 et ouvrit sa librairie en 1805, au 55 quai des Augustins.





Geneviève-Aglaé Luce décéda prématurément le 1erseptembre 1806, à l’âge de 31 ans ; sur sa tombe, au cimetière de Vaugirard [XVe], fut gravée l’inscription suivante :

« La douleur qu’elle ressentit de la
mort successive et prématurée de son père,
de son frère, et de deux de ses sœurs,
l’a conduite au tombeau.

Douée de toutes les vertus, exempte de
tout défaut, le modèle en un mot de son sexe,
sa vie entière fut consacrée à rendre heureux
tout ce qui l’entoura. Sa mort est pour
son mari, ses enfans, ses parens, ses amis,
le sujet d’une douleur éternelle. »

Le 26 décembre 1807, Denis-Simon Magimel épousa, en secondes noces, la jeune veuve de Alexis-Claude-Étienne Dejean, Angélique-Marguerite-Jeanne Guénard-Demonville, fille du libraire Antoine Guénard-Demonville († 4 germinal An V [24 mars 1797]), imprimeur de l’Académie française, et de Angélique-Catherine Brunet (1748-1785).


En 1808, la librairie de Magimel déménagea au 9 rue de Thionville [XIXe], 


Entrée de la rue Dauphine, vue du Pont Neuf (1830)
1. Immeuble du quai des Augustins
2. Immeuble du 9 rue Dauphine

puis revint, en 1814, près de sa première localisation, à l’angle du quai des Augustins, 9 rue Dauphine [VIe].  


« Lors de la nouvelle réglementation de l’imprimerie, par décret du 5 février 1810, sous le premier Empire, le nombre des imprimeurs fut réduit et limité dans chaque localité. Par arrêté du 27 janvier 1811, Antoine-Louis Guénard Demonville fut maintenu imprimeur en lettres à la résidence de Paris et compris sur la première liste de soixante imprimeurs qui, dans cette ville, devaient recevoir le brevet désormais exigé ; son nom était le septième sur cette liste.
Mais, en décembre 1813, il faisait paraître un volume intitulé : Cours de droit public. “ Le but de cet ouvrage était de montrer la tyrannie ou la folie du pouvoir exécutif de France et la faiblesse des Corps constituants.” L’ouvrage fut saisi et Demonville forcé de donner sa démission d’imprimeur. Il fut alors convenu que le brevet serait passé à M. Magimel, son beau-frère, qui accepta cette responsabilité, afin de pouvoir lui conserver l’état de ses pères sous son nom et de le lui rendre dans des circonstances plus heureuses. Denis-Simon Magimel fut breveté le 8 janvier 1814.
A l’époque de la première Restauration, Demonville voulut recouvrer son brevet, et son beau-frère, qui tenait le Magasin de Livres militaires, de Registres et d’Etats pour la Comptabilité des Corps, rue Thionville (aujourd’hui rue Dauphine), écrivait, le 28 octobre 1814, à M. le Directeur général de l’Imprimerie et de la Librairie : “ Vous connaissez sans doute les raisons qui, dans le temps, ont engagé M. Demonville, mon beau-frère, à donner sa démission du titre d’imprimeur et moi à demander à en être revêtu.
Ces circonstances n’existant plus, je vous prie de vouloir bien agréer la démission que je vous offre aujourd’hui du titre dont je m’étais chargé, et vous prie de vouloir bien en revêtir de nouveau M. Demonville.” […]
Napoléon revint de l’île d’Elbe et les Cent-Jours suspendirent les décisions définitives à prendre au sujet de Demonville. Toutefois, il ne fut jamais donné suite à sa demande en réintégration dans le titre d’imprimeur de l’Académie française, et sa situation d’imprimeur en lettres ne se trouva régularisée que le 15 octobre 1816, par la délivrance qui lui fut faite d’un brevet comme remplaçant Denis-Simon Magimel, démissionnaire ; il y joignit, le 15 mars 1817, un brevet de libraire. »
(Paul Delalain. Les Libraires & Imprimeurs de l’Académie française de 1634 à 1793. Paris, Alphonse Picard et Fils, 1907, p. 106-108)




Photographie Librairie Gil


Photographies Bertrand Malvaux

En 1816, Magimel prit deux associés brevetés le 19 janvier 1816 : Auguste-Édouard-Gabriel Anselin (1784-1853), un de ses anciens apprentis, et Augustin-Marie Pochard. 



Ils lui succédèrent en 1820 ; Anselin resta le seul successeur de Magimel en 1827.

Denis-Simon Magimel mourut le 19 mars 1831, à Paris [VIe].



Balzac, qui êtes-vous ?

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Avec les Galantaris
Saché (Indre-et-Loire), le 19 octobre 2019







La Bibliothèque des frères Goncourt

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Hâcourt [Haute-Marne] (mars 2011)

Répondant à un article du journaliste Louis Ulbach (1822-1889), paru dans Le Charivari du 26 décembre 1858, les frères Goncourt écrivirent au rédacteur en chef du journal :

« 1° Nous ne sommes pas nés à Goncourt [Haute-Marne]. Nous sommes nés l’un à Nancy [Meurthe-et-Moselle], l’autre à Paris. De ceci, nos actes de naissance font foi.
2° Nous ne nous appelons pas comme notre village ; nous nous appelons comme notre père ; nous nous appelons comme notre grand-père, membre de l’Assemblée constituante de 1789. De ceci le Moniteuret l’acte de naissance de notre père font foi.
3° Nous n’avons jamais protesté, dans les journaux, “ contre la témérité du Dictionnaire des Contemporains.” Nous avons introduit une action civile contre MM. Hachette et Vapereau, pour le rétablissement de notre état civil. MM. Hachette et Vapereau nous ayant proposé une conciliation, nous avons exigé comme réparation, outre un carton, la rectification de l’erreur nous concernant, erreur reconnue par MM. Hachette et Vapereau dans les quatre grands journaux ; et MM. Hachette et Vapereau ont jugé convenable d’arrêter notre action civile par cette insertion. De ceci la correspondance de notre avoué et les faits font foi.
4° Nous ne demandons pas qu’on nous attribue un nom ; nous entendons seulement qu’on nous laisse le nôtre.
Nous pensons n’avoir pas besoin de requérir l’insertion de cette lettre dans votre plus prochain numéro. »


Petit-fils de Claude Huot (1670-1748), né, marié et décédé à Hâcourt [Haute-Marne], amodiataire [locataire] de la seigneurie de Doncourt [Doncourt-sur-Meuse, Haute-Marne] pour François-Gaston de L’Hostel, et fils de Jean Huot (1701-1764), né à Hâcourt, marié et décédé à Bourmont [Haute-Marne], avocat et notaire, Antoine Huot – arrière-grand-père des frères Goncourt -, né à Bourmont le 4 mai 1731, était conseiller du Roi, garde-marteau [officier chargé du martelage ou marquage des arbres] en la maîtrise des eaux et forêts de Bourmont : le 4 septembre 1786, il a acquis, à titre d’échange, de Henri-Nicolas-François-Antoine de Mouginot, ancien capitaine au régiment de Limousin, l’écart de « La Papeterie », ce qui lui permit de porter le titre de seigneur de Noncourt [Noncourt-sur-le-Rongeant, Haute-Marne] et de Goncourt. Ainsi anobli, il s’était fait composer des armoiries : « D’azur, au croissant d’argent, avec deux étoiles de même en pointe, le tout surmonté d’une grappe de raisin au naturel, l’écu timbré d’une couronne de fantaisie. »

Jean-Antoine Huot de Goncourt
Musée Carnavalet

2 place Jeanne d'Arc, Neufchâteau [Vosges]
Photographie Ji-Elle

Mais ce fut le grand-père des frères Goncourt, Jean-Antoine Huot, né à Bourmont le 16 avril 1753, qui, le premier, porta la particule.
Jean-Antoine fut avocat, bailli de Clefmont [Haute-Marne], subdélégué de l’intendant de Lorraine et Barrois, lieutenant général au bailliage de Bassigny, député du Bassigny-Barrois au Tiers État, à l’Assemblée nationale et à la Constituante jusqu’en 1791, colonel honoraire de la garde nationale de Bourmont en 1790, commissaire chargé de la formation et de l’établissement du département de la Haute-Marne et de ses districts, membre du club des Jacobins, juge au tribunal du district de Bourmont jusqu’en 1792, commissaire du gouvernement près le tribunal du district de Bourbonne-les-Bains [Haute-Marne] de 1792 à 1797, membre de l’administration centrale et du conseil général de la Haute-Marne, et, en 1800, magistrat de sûreté près le tribunal criminel du département des Vosges pour l’arrondissement de Neufchâteau, jusqu’au 31 mars 1811. Le 10 octobre 1792, il avait été nommé conservateur des forêts pour la 7e conservation, chef-lieu Épinal [Vosges], ce qu’avait déjà été son père.
Il avait épousé à Breuvannes [Breuvannes-en-Bassigny, Haute-Marne], le 8 août 1780, Marguerite-Rose Diez, sa cousine par alliance, née le 28 novembre 1758 à Breuvannes [et non aux Indes, comme il est répété partout !], fille de François Diez (1728-1808), conseiller du Roi au bailliage de Bourmont, et de Rose Aubert (1740-1797). Il habitait le château de Sommerécourt [Haute-Marne], à une lieue à l’est de Goncourt, et, à Neufchâteau, 2 place Jeanne d’Arc, en face de la statue de la sainte, une maison construite en 1700 où sa femme et lui moururent, respectivement le 11 avril 1829 et le 18 septembre 1832.

District de Bourmont [Haute-Marne] (1789)
Photographie BnF

Le fils aîné de Jean-Antoine, Pierre-Antoine-Victor, oncle des frères Goncourt, né à Bourmont le 29 juin 1783, entra à l’École polytechnique et fut nommé sergent d’artillerie le 1erfrimaire An VIII [22 novembre 1799], élève sous-lieutenant à l’École de Châlons-en-Champagne [Marne] le 1er frimaire An X [22 novembre 1801], lieutenant en second au 5e régiment d’artillerie à pied le 1ervendémiaire An XI [23 septembre 1802], capitaine d’artillerie au 1erbataillon de pontonniers, dit du Rhin, le 30 août 1808. Campagnes de 1803 à 1805 au camp de Boulogne-sur-Mer [Pas-de-Calais], de 1805 en Allemagne, de 1806 et 1807 en Prusse et en Pologne, de 1809 en Allemagne. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1809.
Il quitta l’armée en 1811 et fut nommé entreposeur des tabacs à Neufchâteau. Il reprit du service lors de l’invasion en 1814.  
Le 5 septembre 1814, à Bourmont, il avait épousé Anne-Virginie Henrys, née le 20 nivôse An III [9 janvier 1795] à Bourmont, fille de François-Joseph Henrys (1762-1850), ancien député de la Haute-Marne à l’Assemblée législative de 1791 à 1792 et administrateur des eaux et forêts, et de Élisabeth-Mathilde Diez ; elle mourut prématurément le 13 décembre 1830, chez son père, rue du Coin, à Bourg-Sainte-Marie [Haute-Marne].
Le 23 avril 1848, Pierre-Antoine-Victor fut élu représentant des Vosges à l’Assemblée constituante et fut réélu, le 13 mai 1849, à l’Assemblée législative, qu’il ne quitta qu’au coup d’État de 1851. Il mourut dans la maison de Neufchâteau le 11 juillet 1857.

Chapelle funéraire de la famille Huot de Goncourt
Neufchâteau [Vosges]

Le fils cadet de Jean-Antoine, Marc-Pierre, père des frères Goncourt, né à Bourmont le 28 juin 1787, s’était enfui du domicile paternel pour s’engager. Entré au service comme élève de l’École militaire à Fontainebleau [Seine-et-Marne], le 1er thermidor an XI [20 juillet 1803] ; nommé sous-lieutenant au 35e régiment d’infanterie de ligne, le 19 nivôse an XIII [9 janvier 1805], lieutenant au même régiment le 12 août 1807 ; capitaine au 2e régiment de la Méditerranée le 26 mars 1811, puis au 1er régiment ; en janvier 1812, capitaine aide de camp du lieutenant général Nicolas-François Roussel d’Hurbal (1763-1849), natif de Neufchâteau ; nommé chef d’escadron le 28 septembre 1813. Campagnes de l’An XIII en Batavie, de vendémiaire An XIV pour la capitulation d’Ulm, de l’An XIV en Allemagne, de 1806 en Italie, de 1807 et 1808 en Italie et Dalmatie, de 1809 et 1810 en Italie et Istrie, de 1812 en Russie, de 1813 en Allemagne et de 1814 en France. Blessé de deux coups de sabre portés sur la tête au combat de Pordenone, en Italie, le 15 avril 1809 ; blessé d’un coup de feu qui lui a traversé l’épaule droite, le 8 septembre 1812 près de Mojaïsk, en Russie.
Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1812, officier en 1814.
Veuf sans enfant d’un premier mariage avec la nièce de Nicolas-François Roussel d’Hurbal, il épousa, en l’église Saint-Roch de Paris, le 10 juillet 1821, Annette-Cécile Guérin, née à Paris le 30 fructidor An VI [16 septembre 1798], fille de François-Pierre Guérin, fournisseur aux armées, et de Adélaïde-Louise de Monmerqué (1767-1835). Le couple s’installa à Nancy [Meurthe-et-Moselle], 33 rue des Carmes, où naquit leur premier enfant, Edmond-Louis-Antoine, le 26 mai 1822. Revenu à Paris, le couple se logea 22 rue Pinon [rue Rossini, IXe], où naquirent deux filles - Nephtalie-Jenny-Cécile, née le 6 mars 1824, décédée le 29 janvier 1825, et Émilie-Alexandrine, née le 12 mars 1829, décédée à Chaumont [Haute-Marne] le 13 avril 1832 -, et un deuxième garçon, Jules-Alfred, né le 17 décembre 1830.
Épuisé par ses blessures de guerre, Marc-Pierre Huot de Goncourt mourut le 7 janvier 1834, à 47 ans. Il fut inhumé au cimetière de Montmartre [XVIIIe] ; sur la pierre tombale est inscrit : « Charles [sic, i.e. Marc-Pierre] Huot de Goncourt, ancien officier supérieur, officier de la Légion d’honneur, 1789 [sic]-1834 ». 

Pour limiter les dépenses, Annette-Cécile Guérin habita d’abord chez son frère, au 2eétage du 13 rue de Provence [IXe], puis, à partir de juillet 1838, dans l’appartement d’une amie, au 2eétage du 12 rue des Capucines [IIe].


Château de Magny-Saint-Loup (juillet 2018)
3 rue de la Chapelle, Boutigny [Seine-et-Marne]

Malade [cancer du sein ou, statistiquement moins fréquent, du col de l’utérus ?], elle mourut le 5 septembre 1848, âgée de 50 ans, chez son cousin Anne-Pierre-Charles-Timoléon Laurent (1781-1854), marquis de Villedeuil, au château de Magny-Saint-Loup [détruit], sur la commune de Boutigny [Seine-et-Marne]. Elle fut inhumée au cimetière de Montmartre ; sur la pierre tombale est inscrit : « Cécile [sic, i.e. Annette-Cécile] Huot de Goncourt, 1798-1848 ».

Les premières acquisitions d’Edmond de Goncourt datent du temps de ses études de droit. Un jour de 1843, Gamba, marchand de bric-à-brac qui occupait le rez-de-chaussée du 12 rue des Capucines - « Un singulier homme, ce Juif au goût délicat, ce gros homme trapu, au cou de taureau, à l’immense torse, aux jambes de basset, et qui étonnait les bonnes peu chastes de la maison en portant un seau d’eau tirée à la pompe de la cour sur sa verge en érection. » -, lui prêta les 400 francs nécessaires à l’achat du Télémaque sur peau de vélin avec miniatures de la vente Boutourlin.

 « Mais je crois au fond que le collectionneur chez moi ne doit rien aux ascendances, et qu’il a été créé uniquement par l’influence d’une femme de ma famille. En ces temps, qui remontent à l’année 1836 […]. Moi j’étais à la pension Goubaux, et tous les dimanches où je sortais, voici à peu près quel était l’emploi de la journée : Vers les deux heures, après un goûter qui était, je me rappelle, toujours un goûter de framboises, les trois femmes […] descendaient la montée, se dirigeant [de Ménilmontant] vers Paris. Un charmant trio que la réunion de ces trois femmes : ma tante, avec sa figure brune pleine d’une beauté intelligente et spirituelle, sa belle-sœur, une créole blonde, avec ses yeux d’azur, sa peau blanchement rosée et la paresse molle de sa taille ; ma mère, avec sa douce figure et son petit pied. Et l’on gagnait le boulevard Beaumarchais et le faubourg Saint-Antoine. Ma tante se trouvait être, à cette époque, une des quatre ou cinq personnes de Paris, enamourées de vieilleries, du beau des siècles passés, des verres de Venise, des ivoires sculptés, des meubles de marqueterie, des velours de Gênes, des points d’Alençon, des porcelaines de Saxe. Nous arrivions chez les marchands de curiosités […]. Alors c’était, dans la demi-nuit de ce chaos vague et poussiéreux, un farfouillement des trois femmes lumineuses, un farfouillement hâtif et inquiet, faisant le bruit de souris trotte-menu dans un tas de décombres […].
Et toujours au bout de la battue, quelque heureuse trouvaille, qu’on me mettait dans les bras, et que je portais comme j’aurais porté le Saint-Sacrement, les yeux sur le bout de mes pieds et sur tout ce qui pouvait me faire tomber. Et le retour avait lieu dans le premier et expansif bonheur de l’acquisition […].
Ce sont certainement ces vieux dimanches qui ont fait de moi le bibeloteur que j’ai été, que je suis, que je serai toute ma vie. »
(Edmond de Goncourt. La Maison d’un artiste. Paris, G. Charpentier, 1881, t. I, p. 355-357) 

Edmond Huot de Goncourt

Jules Huot de Goncourt
Photographies Etienne Carjat
Musée Carnavalet

À la mort de leur mère, Edmond et Jules se trouvèrent en possession d’une fortune modeste, mais suffisante à leurs besoins. Edmond avait abandonné la Caisse centrale du Trésor public où la comptabilité l’ennuyait, Jules venait d’obtenir son baccalauréat.
Résolus d’attaquer le métier de peintre, les deux frères partirent en voyage en juillet 1849, traversèrent la Bourgogne, le Dauphiné et la Provence ; arrivés à Marseille, ils embarquèrent pour Alger.

De retour à Paris le 17 décembre 1849, ils s’installèrent 43 rue Saint-Georges [IXe, détruit, l’immeuble d’aujourd’hui a été construit en 1870], dans un obscur rez-de-chaussée qu’ils échangèrent bientôt contre un 4eétage plus clair, au fond de la cour.

Château-Vert (1856)
Photographie Gustave Le Gray [détail]

Après un voyage en Suisse et en Belgique au printemps de 1850, septembre les trouva installés à l’établissement de bains du Château-Vert, à Sainte-Adresse [Seine-Maritime], près Le Havre. L’automne les ramena à Paris.


Leurs véritables débuts littéraires commencèrent avec En 18… (Paris, Dumineray, 1851, in-12, 1.000 ex. et 5 sur papier de Hollande avec titre en rouge et noir) : 84 exemplaires seulement furent vendus ou donnés, le reste fut détruit.
Le premier article de journal publié par les Goncourt fut « Silhouettes d’acteurs et d’actrices : Fechter », dans le premier numéro de la revue hebdomadaire L’Éclair, fondée par le comte de Villedeuil, le 12 janvier 1852.
À cette époque, les frères Goncourt connurent le dessinateur Sulpice-Guillaume Chevalier, dit « Paul Gavarni » (1804-1866) : Gavarni et Théophile Gautier (1811-1872) furent ceux de leurs contemporains avec lesquels ils se sentirent le plus étroitement liés.


Ce fut d’après un dessin de Gavarni que Jules de Goncourt grava le célèbre ex-libris [63 x 54 mm] des frères Goncourt : deux doigts d’une main tenant une pointe de graveur sont posés sur les initiales de leurs prénoms.

Leur bibliothèque n’avait pas alors le séduisant aspect qu’elle prit plus tard à Auteuil :

« Au numéro 43 de la rue Saint-Georges, leurs plus beaux livres, c’est-à-dire quelques volumes en vieux maroquin aux armes de Marie-Antoinette, de Madame Victoire, de Madame de Pompadour, de Madame Du Barry, de Madame de Choiseul, etc., et les exemplaires luxueusement habillés par Lortic ou par Capé de quelques-unes de leurs œuvres occupaient dans le salon une armoire incrustée par Boulle et provenant de la mère des deux écrivains ; le surplus s’alignait sur de simples rayons de sapin dans une chambre de débarras, voisine de celle d’Edmond qui servait de cabinet de travail. Même après l’acquisition de la maison du boulevard Montmorency, les brochures et les plaquettes allèrent s’empiler provisoirement sur ces mêmes rayons transportés au grenier, non pas celui que les visiteurs actuels ont connu, mais un réel et vulgaire grenier éclairé de fenêtres à tabatière. »
(Maurice Tourneux. « La Bibliothèque des Goncourt ». Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Librairie Techener, 15 septembre 1896, p. 455)

53 boulevard de Montmorency
Façade sur rue (juillet 1886)

Façade sur jardin (mai 1886)

Cabinet de travail (mai 1886)
Photographies Ferdinand Lochard

Après que Edmond de Goncourt fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1867, les deux frères quittèrent leur appartement au printemps de l’année suivante, pour s’installer dans un hôtel particulier, à Auteuil, 53 boulevard de Montmorency [67 boulevard de Montmorency, XVIe].

« Au premier étage de la maison d’Auteuil, couvrant les murs de haut en bas, est savamment classée une collection de livres sur le dix-huitième siècle. Il y a là beaucoup de séries uniques, de documents originaux, tous les pilotis de l’œuvre des Goncourt. L’intérêt de cette bibliothèque réside surtout dans l’inédit qu’on y trouve, dans les pièces à l’appui qu’on y a jointes. Chaque livre, la plus mince plaquette, gonflés d’autographes rapportés, de notes manuscrites, d’indications de références, renferment ainsi un peu de la collaboration des historiens. Leur bibliothèque est devenue une œuvre personnelle. Tout ce que le siècle de Mme de Pompadour a émietté de curieux autour de lui, tout ce qu’on a pu sauver d’épaves dans son naufrage : lettres, manuscrits, biographies individuelles, histoire des mœurs, du théâtre ; enfin tout ce que ce titre vague comporte XVIIIe Siècle est là rassemblé. Un charmant petit meuble de Boule [sic, i. e. Boulle] renferme le saint chrème [sic, i. e. chrême] de la collection : les ouvrages à images, les exemplaires aux armes des femmes de goût qui ont eu la coquetterie des livres, les exemplaires uniques, sur vélin, Hollande, Chine ou Japon que les Goncourt ont fait tirer de leurs livres, et qui, remplis, eux aussi, d’autographes, de dessins originaux et d’états d’eaux-fortes, ont été habillés par les plus illustres relieurs de notre époque. »
(Alidor Delzant. Les Goncourt. Paris, G. Charpentier et Cie, 1889, p. 265-268)

Au commencement de juin 1870, Jules de Goncourt s’alita. Après une agonie de quatre jours, il mourut le 20 juin 1870, emporté par la syphilis qu’il avait contractée durant l’été 1850. Son enterrement et son inhumation, au cimetière de Montmartre, eurent lieu le surlendemain.

Les deux frères avaient publié : Salon de 1852 (Paris, Michel Lévy frères, 1852, in-12, 200 ex. et 10 ex. sur papier vergé avec titre en rouge et noir) ; La Lorette (Paris, Dentu, 1853, in-32, 6 ex. sur pap. vergé) ; Mystères des théâtres 1852 (Paris, Librairie nouvelle, 1853, in-8, 4 ex. sur papier rose) ; La Révolution dans les mœurs (Paris, E. Dentu, 1854, in-12, 2 ex. in-8 dont 1 sur gr. pap.) ; Histoire de la société française pendant la Révolution(Paris, E. Dentu, 1854, gr. in-8, 3 ex. sur pap. de Hollande) ; Histoire de la société française pendant le Directoire (Paris, E. Dentu, 1855, gr. in-8, 3 ex. sur pap. de Hollande) ; La Peinture à l’Exposition de 1855(Paris, E. Dentu, 1855, in-12, 42 ex. dont 2 sur pap. rose) ; Les Actrices (Paris, E. Dentu, 1856, in-32, 3 ex. sur pap. rose) ; Une voiture de masques (Paris, E. Dentu, 1856, in-12, 7 ex. sur pap. de Hollande) ; Sophie Arnould (Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in-12, 30 ex. sur pap. ordinaire et 10 ex. sur pap. vergé avec appendice ajouté, quelques ex. sur pap. de Hollande) ; Portraits intimes du XVIIIe siècle (Paris, E. Dentu, 1857-1858, 2 vol. in-12, 100 ex. sur pap. de Hollande) ; Histoire de Marie-Antoinette (Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1858, in-8, 6 ex. sur pap. de Hollande) ; L’Art du dix-huitième siècle (Paris, E. Dentu, 1859-1875, 12 fascicules, in-4, 200 ex. sur pap. teinté et 2 sur Hollande) ; Les Hommes de lettres(Paris, E. Dentu, 1860, in-12, 8 ex. sur pap. de Hollande et 1 ex. sur vélin chamois pour J. Janin) ; Les Maîtresses de Louis XV (Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1860, 2 vol. in-8, 8 ex. sur pap. de Hollande) ; Sœur Philomène (Paris, Librairie nouvelle, 1861, in-12, 8 ex. sur pap. de Hollande) ; La Femme au dix-huitième siècle (Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1862, in-8, 5 ou 6 ex. sur pap. de Hollande) ; Renée Mauperin (Paris, Charpentier, 1864, in-12, 8 ex. sur pap. de Hollande) ; Germinie Lacerteux (Paris, Charpentier, 1864, in-12, 7 ex. sur pap. de Hollande) ; Henriette Maréchal (Paris, Librairie internationale, A. Lacroix et Verboeckhoven & Cie, 1866, in-8) ; Idées et sensations (Paris, Librairie internationale, A. Lacroix et Verboeckhoven & Cie, 1866, in-8, 5 ex. sur pap. vergé) ; Manette Salomon(Paris, Librairie internationale, A. Lacroix et Verboeckhoven & Cie, 1867, 2 vol. in-12, 5 ex. sur pap. de Hollande) ; Madame Gervaisais (Paris, Librairie internationale, A. Lacroix et Verboeckhoven & Cie, 1869, in-8, 25 ex. sur pap. vergé).

Après 1870, l’accroissement de la bibliothèque porta principalement sur les albums et les objets du Japon.

En 1871, pendant le siège de Paris, inquiet de l’effet des obus prussiens sur ses collections, Edmond de Goncourt accepta l’hospitalité chez le critique d’art Philippe Burty (1830-1890) et déménagea ses pièces les plus précieuses dans son appartement du 55 rue Vivienne [IXe], dans la maison d’angle où la Gazette des beaux-arts avait alors ses bureaux. 


Avant de réintégrer la maison d’Auteuil, il mit en vente, anonymement, quelques livres étrangers à ses études, à la Maison Silvestre, les mardi 14 et mercredi 15 novembre 1871 : Catalogue de livres curieux sur les beaux-arts, la littérature et l’histoire. Éditions originales romantiques et pièces sur la Révolution française (Paris, A. Voisin, 1871, in-8, 47-[1 bl.] p., 400 + 1 double [bis] = 401 lots), dont Théologie-Morale-Sciences-Arts divers [30 lots = 7,48 %], Beaux-Arts [58 lots = 14,46 %], Belles Lettres [158 lots = 39,40 %], Histoire [155 lots = 38,65 %].  

Reliure japonisante de Pierson sur Des portraits de femme dans la poésie épique de l'Inde
Paris, Alde, 12 novembre 2015 : 4.200 €

Edmond de Goncourt découvrit bientôt dans E.-T. Pierson, rue Mazarine [VIe], « le rare ouvrier qui a la passion de son art et que la faveur qu’on lui accorde de mettre un cuir japonais sur un bouquin remplit de bonheur » : il l’appela le « roi des cartonneurs ». Celui-ci avait été l’élève du relieur danois F.-N. Behrends, 8 rue Gît-le-Cœur [VIe], qui s’occupait spécialement des cartonnages toile, dits « cartonnages Behrends », imitation parchemin en couleurs diverses, destinés exclusivement aux petites plaquettes et ouvrages anciens format in-12 et in-8.
En 1885, Pierson réalisa pour Edmond de Goncourt une reliure japonisante en kami-kawa [papier-cuir] sur un exemplaire de l’édition originale de Des portraits de femme dans la poésie épique de l’Inde (Bruxelles, Auguste Decq, 1858, in-8), par l’orientaliste Félix Nève : plats entièrement estampés d’un décor de fleurs rouges et feuillage vert sur fond doré, dos lisse, doublures et gardes de papier kara-kami [papier à motifs] blanc à motif de bambous argentés, tranches lisses, emboîtage. Cet exemplaire passa dans la bibliothèque de Robert de Montesquiou [3evente, 1924, n° 1.528].
Dès 1854, l’Occident avait en effet découvert une culture nouvelle, avec l’ouverture du Japon sur le monde. Les bibliophiles français s’enthousiasmèrent pour le style japonisant. Le nom de « japonisme » fut forgé en 1872 par Philippe Burty, dans une série d’articles publiés dans l’hebdomadaire La Renaissance littéraire et artistique. Prônée par Edmond de Goncourt, qui découvrit Hokousaï en 1885, la reliure en kami-kawa fut l’un des modes de la reliure japonisante, parfois appelé « cartonnage des Goncourt ».

Edmond de Goncourt poursuivit ses publications : Gavarni, l’homme et l’œuvre (Paris, Henri Plon, 1873, in-8, portrait à l’eau-forte par Flameng d’après Gavarni, 30 ex. sur pap. de Hollande) ; La Patrie en danger (Paris, E. Dentu, s. d. [1873], in-12, 10 ex. sur pap. de Hollande et 100 ex. sur pap. vélin dans le format in-8) ; Catalogue raisonné de l’œuvre peint, dessiné et gravé d’Antoine Watteau (Paris, Rapilly, 1875, in-8, portrait, quelques ex. sur Chine et sur Whatman) ; Catalogue raisonné de l’œuvre peint, dessiné et gravé de P. P. Prud’hon (Paris, Rapilly, 1876, in-8, portrait, quelques ex. sur Chine et sur Whatman) ; La Fille Élisa (Paris, G. Charpentier, 1877, in-12, 75 ex. sur pap. de Hollande et 2 ex. sur pap. de Chine) ; Les Frères Zemganno (Paris, G. Charpentier, 1879, in-12, 100 ex. sur pap. de Hollande et 2 sur Chine) ; Théâtre (Paris, G. Charpentier, 1879, in-12, 50 ex. sur pap. de Hollande et 10 sur pap. de Chine) ; La Maison d’un artiste (Paris, G. Charpentier, 1881, 2 vol. in-12, 50 ex. sur pap. de Hollande et 10 sur pap. de Chine ; pour l’illustrer, Lochard a fait 22 clichés photographiques in-4, tirés à 3 ex. H. C.) ; La Saint-Huberty (Paris, E. Dentu, 1882, in-16 carré, portrait par Lalauze, 100 ex. sur pap. de Hollande et 25 ex. sur pap. de Chine) ; La Faustin (Paris, G. Charpentier, 1882, in-12, 175 ex. sur pap. de Hollande, 10 sur Chine et 2 H. C. sur Japon) ; Chérie(Paris, G. Charpentier et Cie, 1884, in-12, 100 ex. sur pap. de Hollande, 10 sur pap. de Chine et 2 sur Japon) ; Lettres de Jules de Goncourt (Paris, G. Charpentier et Cie, 1885, in-12, portr., 10 ex. sur Japon et 50 ex. sur Hollande) ; Pages retrouvées (Paris, G. Charpentier et Cie, 1886, in-12, 50 ex. sur Hollande et 2 sur Japon) ; Journal des Goncourt (Paris, G. Charpentier et Cie, E. Fasquelle, 1887-1896, 9 vol. in-12, 50 ex. sur pap. de Hollande et 10 sur Japon) ; Préfaces et manifestes littéraires (Paris, G. Charpentier et Cie, 1888, in-12, 25 sur Hollande et 5 sur Japon) ; Mademoiselle Clairon(Paris, G. Charpentier et Cie, 1890, in-12, 50 sur Hollande, 5 sur Chine et 1 sur Japon pour Edmond de Goncourt) ; Outamaro (Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, in-12, 50 ex. sur Japon, 25 ex. sur Hollande) ; A bas le progrès (Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, 1893, in-12, 10 ex. sur Japon) ; La Guimard (Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, 1893, in-12, 50 ex. sur Hollande et 6 sur Japon) ; L’Art japonais du XVIIIe siècle. Hokousaï (Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1896, in-12, 30 ex. sur Japon, 25 sur Hollande).    

Dans son testament rédigé dès 1884, Edmond de Goncourt avait souhaité que le produit de la vente de ses collections puisse servir à la fondation d’une Société littéraire qui s’appellerait « Académie Goncourt » :

« Ma volonté est que mes dessins, mes estampes, mes bibelots, mes livres enfin les choses d’art qui ont fait le bonheur de ma vie, n’aient pas la froide tombe d’un musée, et le regard bête du passant indifférent, et je demande qu’elles soient toutes éparpillées sous les coups de marteau du commissaire-priseur et que la jouissance que m’a procurée l’acquisition de chacune d’elles, soit redonnée pour chacune d’elles, à un héritier de mes goûts. »

Le Grenier : porte d'entrée

Le Grenier : petite pièce au fond, au-dessus de la chambre d'Edmond

Le Grenier : panneau du fond, à droite
Photographies Ferdinand Lochard (mai 1886)

La même année 1884, Edmond de Goncourt, à la sollicitation de ses amis et aidé par un architecte et homme de lettres, Frantz Jourdain (1847-1935), fit des trois pièces du second étage sur le jardin de la maison d’Auteuil une espèce d’atelier, qui fut appelé « le Grenier ». Dans la dernière semaine de janvier 1885, ses amis reçurent l’invitation suivante : « Le Grenier de Goncourt ouvre ses dimanches littéraires le dimanche 1er février 1885. Il sera très honoré de votre présence. »
Ce fut Frantz Jourdain qui, en 1890, eut à élever la tombe en granit des Goncourt au cimetière de Montmartre.


Edmond de Goncourt était le parrain d’Edmée Daudet (1886-1937), 3e enfant d’Alphonse Daudet (1840-1897) et de Julia Allard (1847-1940), chez lesquels il dînait tous les dimanches et tous les jeudis en hiver. Durant la belle saison, il passait chaque année un mois dans la riante et rouge maison de son vieil ami, au hameau de Champrosay, sur la commune de Draveil [Essonne].
En 1896, il y arriva le samedi 11 juillet. Dès le lendemain, il commença de souffrir de sa maladie de foie, qui lui gâchait la vie depuis tant d’années. Il mourut le jeudi 16 juillet, à une heure et demie du matin :

« Mercredi matin, Goncourt se sentit plus souffrant. Il voulut prendre un bain. Déjà, l’an dernier, dans une crise pareille, il avait fallu que Mme Daudet luttât contre lui pour l’empêcher de se mettre au bain ; mais, cette fois, sa volonté fut plus forte que les affectueuses remontrances de ses amis, et il fallut céder. Tandis qu’il se baignait, Daudet vint frapper à la porte :
-          Etes-vous mieux ?
-          Un peu faible mon ami. Dites-moi donc quelle heure il est : je n’ai pas la force d’atteindre ma montre.
Il voulait descendre à table, mais on le força de se recoucher. Alors il se sentit tout à fait mal. Il avait pris froid : il eut un commencement de congestion pulmonaire. Ses amis, inquiets, mandèrent par télégraphe son médecin, le docteur Barrier, qui arriva après déjeuner, presque en même temps qu’un de ses confrères de Draveil.
Mais, dès ce moment, tout était dit. La congestion pulmonaire se déclara, il fut impossible de l’enrayer, et la faiblesse s’accrut d’heure en heure. A six heures, le corps robuste de Goncourt était terrassé : souffle par souffle, toute la force de ce géant s’était échappée, il s’éteignait sans bruit, sans révolte, et la vie demeurée en lui s’exprimait par des murmures plaintifs où il nommait ses amis.
A minuit, on appela Daudet. Il monta au second étage dans la claire chambre où gémissait son ami. Goncourt avait perdu connaissance. Le docteur Barrier lui dit :
-          Savez-vous où vous êtes ?
Il sourit sans répondre. Il ne pouvait plus parler. Et l’agonie commença. “ Ce fut, nous dit Alphonse Daudet, un râle d’abord continu, puis saccadé, puis très lent, qui se termina en spirale plaintive.” Puis il se tut : c’était fini.
Autour de son lit, M. et Mme Alphonse Daudet, leur plus jeune fils Lucien et le docteur. »
(Georges Béhenne. « La Mort d’Edmond de Goncourt ». Le Figaro, 17 juillet 1896, p. 2)


Ses obsèques eurent lieu le 20 juillet en l’église Notre-Dame d’Auteuil. Il fut inhumé au cimetière de Montmartre, avec son frère et ses parents, dans une même tombe ornée de deux médaillons signés par le sculpteur Alfred Lenoir (1850-1920). Il avait été fait officier de la Légion d’honneur en 1895.

La vente des collections des frères Goncourt, en 1897, produisit au total 1.367.992 francs : dessins (15-17 février), objets d’art et d’ameublement du XVIIIe siècle (22-24 février), objets d’art japonais et chinois (8-13 mars), livres, manuscrits, autographes, affiches et placards (29 mars-3 avril et 5-10 avril), estampes (26-28 avril et 30 avril-1er mai). Le soin de dresser les catalogues fut confié au critique d’art Roger Marx (1859-1913) et à l’avocat et biographe Alidor Delzant (1848-1905).


La vente de la première partie des livres eut lieu à l’Hôtel Drouot, salle n° 9, du lundi 29 mars au samedi 3 avril 1897, en 6 vacations : Bibliothèque des Goncourt. XVIIIe siècle. Livres, manuscrits, autographes, affiches, placards (Paris, D. Morgand, 1897, in-8, XVI-184 p., 1.126 lots), dont Jurisprudence [11 lots = 0,97 %], Sciences [19 lots = 1,68 %], Beaux-Arts [249 lots = 22,11 %], Arts divers [68 lots = 6,03 %], Belles Lettres [324 lots = 28,77 %], Histoire [455 lots = 40,40 %].
Le montant de l’adjudication a été de 40.181 fr. 50.


307. Galerie des modes et costumes français dessinés d’après nature, gravés par les plus célèbres artistes en ce genre et colorés avec le plus grand soin par Mme Le Beau. Paris, Esnauts et Rapilly, 1778-1780, in-fol., pl., cart. vélin, chiffre. 1.850 fr.


354. Contes et nouvelles en vers par M. de La Fontaine. Amsterdam [Paris], 1762, 2 vol. in-8, réglés, portr., fig., mar. vert, dent., doublé de tabis, tr. dor. (Rel. anc.). Éd. des fermiers généraux. 1.055 fr. à Georges Hugo.

Photographie Gonnelli

372. Les Baisers, précédé du mois de mai, poème [par Dorat]. La Haye et Paris, Lambert et Delalain, 1770, in-8, fig., mar. rouge, double rangée de fil., chiffre, doublure et gardes en soie, tr. dor. (Lortic). Grand papier. 500 fr.


390. Choix de chansons, mises en musique par M. de La Borde. Paris, Lormel, 1773, 4 tomes en 2 vol. in-8, front., fig., texte et musique gravés, mar. citron, fil. à froid, chiffre en mosaïque, tr. dor. (Lortic frères). 1.205 fr. à Georges Hugo.


463.État actuel de la musique du Roi et des trois spectacles de Paris. Paris, Vente, 1778, in-12, mar. r., fil., doublé de tabis, tr. dor. (Rel. anc.). Armes de Marie-Antoinette. 355 fr. au libraire Pairault.

Photographie Librairie Walden : 7.500 €

472. Hugo (Madame V.). Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie (Mme Adèle Hugo). Paris, A. Lacroix et Cie, 1863, 2 vol. gr. in-8, cart. perc. rouge, non rog. (Pierson). Éd. originale avec les couv., sur pap. de Hollande. 5 fr.


521. La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro, par Beaumarchais. Paris, Ruault, 1785, gr. in-8, fig., mar. bleu, fil., chiffre, doublure et gardes en soie, tr. dor. (Meunier). Gr. pap. 105 fr.


Genève, Piguet, 19 juin 2018 : 5.000 CHF 

524. [Choix de comédies de Mme la marquise de Montesson]. S. l., s. d. [1772-1777], 2 vol. in-8, mar. rouge, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Tiré à petit nombre. Chiffre LB sur les plats. 271 fr.

Photographie BnF

530. Recueil de comédies et ballets représentés sur le Théâtre des Petits Appartements pendant l’hiver de 1747 à 1748. S. l. [Paris], s. d. [1748], in-8. – Divertissements du Théâtre des Petits Appartements pendant l’hiver de 1748 à 1749 (de 1749 à 1750). S. l. [Paris], s. d. [1749-1751], 3 vol. in-8. Ensemble, 4 vol. in-8, mar. rouge, dos orné, dent., tr. dor. (Rel. anc.). Imprimés à quelques exemplaires par le duc de La Vallière. 1.595 fr. à Georges Hugo.

Photographie Studio Bibliografico Benacense

566. Lettres chinoises, ou Correspondance philosophique, historique et critique entre un Chinois voyageur à Paris & ses correspondans à la Chine, en Moscovie, en Perse & au Japon. La Haye, P. Paupie, 1755, 6 vol. in-12, veau, dos orné, fil. (Rel. anc.). Armes de Marie-Antoinette. Portent sur le dos les initiales C. T. [Château de Trianon]. 455 fr. à Georges Hugo.

Drouot, 11 décembre 2015 :  23.811 €

599. Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé (par Rétif de la Bretonne). Paris (veuve Marion Restif), 1794-1797, 16 part. en 8 vol. in-12, cart., non rognés. Éd. originale. 51 fr.


746. Bulletin de la santé de Louis XV, pendant sa dernière maladie (Paris, 7 mai 1774), placard pet. in-4 obl., cart.


Photographies Librairie Le Pas Sage

809. Collection des mémoires relatifs à la Révolution française. Mémoires de Bailly. Paris, Baudoin frères, 1821, 3 vol. in-8, perc. rouge, non rog. (Pierson).
961. Estat des maisons qui relèvent du fief Popin et bâties sur son estendue. Manuscrit in-12, 3 pl., demi-rel. mar. rouge, tête dor. (Lortic). 380 fr. à Morgand.


La vente de la seconde partie des livres se déroula à l’Hôtel Drouot, salle n° 9, du lundi 5 au samedi 10 avril 1897, en 6 vacations : Livres modernes. Ouvrages avec le portrait des auteurs peint sur la reliure, romantiques, auteurs contemporains, œuvres des Goncourt manuscrits et imprimés, ouvrages divers anciens et modernes, composant la bibliothèque des Goncourt (Paris, A. Durel, 1897, in-8, [2]-XVI-175-[1bl.] p., 1.096 lots), dont Ouvrages avec le portrait des auteurs [29 lots = 2,64 %], Romantiques et auteurs contemporains [827 lots = 75,45 %], Œuvres des Goncourt [103 lots = 9,39 %], Ouvrages divers [137 lots = 1,25 %].
Le montant de l’adjudication a été de 68.555 fr. 50.

Drouot, 12 février 2015 : 7.400 €

1. Ajalbert (Jean). En amour. Paris, Tresse et Stock, 1890, in-12, cart. vél. bl., non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couverture. Un des 10 ex. sur pap. du Japon. Envoi signé, 1 page autographe du manuscrit. Portr. de l’auteur peint à l’huile par Eugène Carrière (janvier 1894). 330 fr.


9. Geffroy (Gust.). Notes d’un journaliste. Paris, Charpentier, 1887, in-12, cart. vél. blanc, non rog. (Pierson). Éd. originale. Ex. encollé. Envoi autographe signé. Portrait monochrome à l’huile, de l’auteur, exécuté par Eugène Carrière, en janvier 1891. 505 fr.


10. Goncourt (E. et J. de). Germinie Lacerteux, illustrations de Raffaëlli, préface de Gustave Geffroy. Paris, Imprimé par G. Chamerot pour Paul Gallimard, 1890, in-4, cart. vél. bl., non rog., couv. (Pierson). Tiré à 3 ex. Portraits des frères Goncourt, peints à l’huile par Eugène Carrière en juillet 1892. 3.000 fr. au libraire Floury.


11. Hennique (Léon). Un caractère. Paris, Tresse et Stock, 1889, in-12, cart. vél. bl., non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couverture. N° 6/25 sur pap. du Japon. Envoi autographe signé et une page autographe du manuscrit. Portrait de l’auteur peint par Jeanniot en 1890. 420 fr.


15. Jourdain (Frantz). À la côte. Paris, Quantin, 1889, in-12, cart. vél. bl., non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couverture. Ex. sur pap. de Hollande. Envoi autographe signé. Portrait de l’auteur peint par Besnard en 1890. 140 fr.


17. Lorrain (Jean). Buveurs d’âmes. Paris, Charpentier et Fasquelle, 1893, in-12, cart. vél. bl., non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couv., ex. sur Hollande, envoi autographe signé. Portrait de Jean Lorrain par Antonio de La Gandara, en mai 1894. 145 fr.
19. Mathilde (la Princesse). Histoire d’un chien. S. l. [Paris], s. d. [1876], plaq. pet. in-4, texte encadré de fil. r., cart. vél. bl., non rog., couv. (Pierson). Tiré à petit nombre, non mis dans le commerce. Ex. sur Chine. Envoi autographe signé. Portr. à l’aquarelle par Doucet, 1890. 680 fr.
20. Mirbeau (Octave). Sébastien Roch, roman de mœurs. Paris, Charpentier, 1890, in-12, cart. vél. bl., non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couverture. N° 6/25 tirés sur pap. de Hollande. Triple portrait de l’auteur, dessiné à la plume par A. Rodin en 1892. 580 fr.


21. Montesquiou-Fezensac (Cte Robert de). Les Chauves-Souris (poésies). S. l. [Paris], s. d. [1892], gr. in-8, 100 ex. numérotés pour l’auteur, pap. vergé Van Gelder, cart. vél. bl., tête dor., non rog., couv. satin (Pierson). Lettre dédicatoire manuscrite. Portr. par La Gandara en été 1893. 455 fr.


25. Rod (Édouard). La Course à la Mort. Paris, Frinzine et Cie, 1885, in-12, cart. vél. bl., non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couv., n° 7/15 sur pap. de Hollande, envoi autographe signé et page autographe du manuscrit, portrait par Rheiner, peintre suisse. 70 fr.


28. Toudouze (G.). Péri en mer ! Paris, V. Havard, 1890, in-12, cart. vél. bl., non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couverture. Ex. unique tiré sur pap. du Japon pour Edmond de Goncourt. Envoi autographe signé et une page autographe du manuscrit. Portrait de l’auteur peint par son frère L. Toudouze en 1890. 210 fr.

Photographie BnF

29. Zola (É.). L’Assommoir. Paris, Charpentier, 1877, in-12, cart. vél. bl., non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couv. N° 7/75 sur pap. de Hollande. Envoi autographe signé. Une page autographe du manuscrit et la carte d’entrée du bal donné à l’Élysée-Montmartre, par les auteurs et les directeurs du théâtre de l’Ambigu, à l’occasion du centenaire de L’Assommoir. Portrait de Zola peint à l’huile par Raffaëlli en 1892. 980 fr.

Photographie Amélie Sourget

140. Barrès (Maurice). Un homme libre. Paris, Perrin et Cie, 1889, in-12, perc. rouge, couv. jaune, non rog. (Pierson).

Depuis, enrichi d'une lettre autographe signée de Théodore Duret à Louis Vauxcelles, datée du 30 octobre 1924

319. Duret (Th.). Critique d’avant-garde. Paris, Charpentier, 1885, in-12, cart. perc. r., non rog., couv. (Pierson). N° 2/5 sur Japon, envoi autographe signé. 13 fr.   


332.Flaubert (G.). Madame Bovary, mœurs de province. Paris, Lévy frères, 1857, in-12, mar. rouge, fil. à froid, milieu doré avec les initiales E. J. entrelacées, dent. int., tête dor., non rog. Éd. originale. Envoi autographe de l’auteur aux frères Goncourt. Une page du ms. original. 501 fr.

Photographie Le Feu follet

333. Flaubert (G.). Salammbô. Paris, Lévy frères, 1863, in-8, cart. cuir japonais, doublé et gardes de soie japonaise, tête dor., non rog. Éd. originale. Un des 25 sur pap. de Hollande. Envoi autographe. 712 fr.


Depuis, mar. noir, couv., non rog.
Photographies Librairie Faustroll 

482. Huysmans (J.-K.). Croquis parisiens. Paris, L. Vanier, 1886, in-12 allongé, titre vert et noir, cart. perc. r., non rog., couv. (Pierson). N° 3/13 sur pap. du Japon, envoi autographe signé. 15 fr.


664. Raffaëlli (J.-F.). Les Types de Paris. Paris, [E. Plon, Nourrit et Cie, 1889], in-4, fig. dans le texte et pl. hors-texte en héliogravure et en couleurs, cart. perc. grise, non rog., couv. impr. en couleurs (Pierson). Avec 4 dessins originaux de Raffaëlli. Un des 40 ex. sur Japon, ex. d’Edmond de Goncourt. 270 fr.  

Photographie BnF

693. Rodrigues (E.). Cours de danse fin de siècle. Paris, Dentu, 1892, in-4, fig., vign., culs-de-lampe, lettres ornées en coul., cart. perc. grise, non rog., couv. illustr. (Pierson). Ex. sur pap. Japon. 450 fr.



701. Rosny (J.-H.). Marc Fane, roman parisien. Paris, Librairie moderne, 1888, in-12, cart. perc. rouge, non rog. (Pierson). Éd. originale avec la couv., pap. de Hollande, envoi autographe signé, une page autographe du manuscrit. 13 fr.

Photographie Musée d'Orsay

857. Notes sur l’Italie, par E. et J. de Goncourt. Manuscrit in-8, mar. rouge jans., titre doré sur le premier plat, 3 fil. int. (R. Petit). 4.250 fr. à Floury.
858. La Fille Élisa (1878). Manuscrit gr. in-4, mar. brun jans., dent. int., non rog. (Pierson). Contient un chapitre qui n’a pas été imprimé. 1.650 fr. à la librairie Rondeau.
859. Les Frères Zemganno (1879). Manuscrit gr. in-4, mar. grenat jans., dent. int., non rog. (Pierson). Manuscrit. 505 fr. à la librairie Rondeau.
860. Chérie (1884). Manuscrit in-4, mar. vert olive foncé jans., dent. int., non rog. (Pierson). 705 fr. à la librairie Rondeau.




864. Nécrologie de Jules de Goncourt. Recueil contenant les principaux articles de journaux publiés après sa mort, et précédé des lettres de condoléances de Michelet, Victor Hugo, George Sand, Jules Janin, Flaubert, Renan, Saint-Victor, Taine, Ernest Feydeau, Banville, Zola, Berthelot, Seymour Haden, la princesse Mathilde. In-8, portrait à l’eau-forte, mar. noir, dent. int. à froid, tr. dor. (Lortic frères). Sur le plat de la reliure se trouve incrusté le portrait de J. de Goncourt en émail par Claudius Popelin (1825-1892). 2.305 fr. à Floury.

Exemplaire de Gavarni
Paris, Favart, 16 mai 2019 : 1.250 €

869. La Lorette, par E. et J. de Goncourt. Paris, Dentu, 1853, in-32, mar. rouge, milieux dor. avec les initiales E. J. entrelacées, fil. à fr., dent. int., tr. dor. (Lortic). Éd. originale. Un des 6 ex. sur pap. vergé de la 1èreédition. Dessin original de Gavarni avivé d’aquarelle. 835 fr. au libraire Conquet.



870. La Lorette, par E. et J. de Goncourt. Paris, Charpentier, 1883, in-16, titre rouge et noir, texte encadré de fil. r., br. couv. Un des 50 sur Japon. Avec un dessin de Gavarni gravé par J. de Goncourt. 22 fr.   


Drouot, 12 décembre 2015

875. Histoire de la société française pendant la Révolution, par E. et J. de Goncourt. Nombreuses planches hors-texte, en taille-douce, phototypie, chromotypographie, et des fac-similés en noir et en couleur. Paris, Quantin, 1889, gr. in-4, cart. vél. bl., milieux dor. avec les initiales EJ entrelacées, non rog., couv. (Pierson). N° 1/25 sur Japon. 65 fr.

Photographie Le Feu follet

889. Histoire de Marie-Antoinette, par E. et J. de Goncourt. Paris, Firmin-Didot et Cie, 1858, in-8, mar. rouge, dos et plats semés de fleurs de lys, dent. int., tr. dor. sur brochure avec les initiales E. J. entrelacées et ciselées (Lortic). Éd. originale. Un des 6 sur pap. de Hollande. Une médaille d’argent, frappée en Allemagne, à l’occasion du mariage de Marie-Antoinette a été encastrée par Lortic dans sa reliure. 531 fr. à Durel.


890.  Histoire de Marie-Antoinette, édition ornée d’encadrements à chaque page par Giacomelli, et de 12 planches hors-texte. Paris, Charpentier, 1878, in-4, cart. vél. bl., dos et plats ornés de fleurs de lys dor., non rog., couv. Un des 10 ex. sur pap. de Chine. Front. à l’aquarelle de Giacomelli. 700 fr. au libraire Morgand.


892. L’Art du dix-huitièmesiècle, par E. et J. de Goncourt. Paris, Dentu (1859-1875), 12 fascicules en 1 vol. in-4, eaux-fortes, mar. La Vallière foncé, ornem. en cuir incisé sur le premier plat, doublé et gardes en ancienne étoffe japonaise, encadr. de fil. avec coins dor., mors de mar. La Vallière foncé, doubles-gardes, tr. dor. sur brochure (Marius-Michel). Première édition tirée à 200 ex. Ex. unique enrichi de plusieurs pièces. 4.000 fr. au libraire Floury.


Photographies Jean-Baptiste de Proyart : 3.200 €

893. L’Art du dix-huitième siècle, par E. et J. de Goncourt. Paris, Rapilly, 1874, 2 vol. in-8, cart. vél. bl., milieux dor. avec les initiales E. J. entrelacées, non rog., couv. (Pierson). Ex. sur pap. vergé de la seconde édition. 33 fr.    


905. La Femme au dix-huitièmesiècle. Nouvelle édition revue et augmentée, illustrée de 64 reproductions sur cuivre par Dujardin. Paris, Firmin-Didot, 1887, in-4, mar. rouge jans., dos à nerfs, doublé et gardes de soie japonaise, large dent. et fil., mors de mar. rouge, doubles gardes, tr. dor. sur brochure, couv. (Ruban). Ex. unique sur Japon, pièces ajoutées. 550 fr. à Durel.


909. Renée Mauperin, par E. et J. de Goncourt. Paris, Charpentier, 1884, gr. in-8, mar. rouge jans., milieux dor., avec les initiales E. J. entrelacées, doublé et gardes de soie brochée, encadrem. de fil. avec coins dor., mors de mar. rouge, doubles gardes, tr. dor. sur brochure, couv. (Marius-Michel). Un des 20 ex. sur pap. impérial du Japon. Pièces ajoutées. 531 fr. au libraire Conquet.

Photographie BnF

913. Henriette Maréchal, par E. et J. de Goncourt. Paris, A. Lacroix et Cie, 1866, in-8, mar. bleu, fil. à fr., milieux dor. avec les initiales E. et J. entrelacées, dent. int., tr. dor. sur brochure (Lortic). Éd. originale. Pièces ajoutées. 600 fr. au libraire Rondeau.


Manette Salomon [i. e. Marie Lepelletier]

915. Manette Salomon, par E. et J. de Goncourt. Paris, A. Lacroix et Cie, 1867, 2 tomes en 1 vol. in-12, mar. grenat jans., doublé et garde de moire grenat, dent. à petits fers, mors de mar. grenat, tr. dor. avec les initiales E. et J. entrelacées et ciselées (R. Petit). Éd. originale. Deux émaux de Popelin encastrés dans les plats. 1.825 fr. à Parran [vendu tout d’abord 2.520 francs, il a été rapporté sous le prétexte qu’un des émaux portait une trace de coup de feu et remis en vente].




Drouot, 9 octobre 2018 : 10.742 €

918. Gavarni, l’homme et l’œuvre, par E. et J. de Goncourt. Paris, Plon, 1873, in-8, mar. brun, fil. à fr., dent. int., tr. dor. sur brochure avec les initiales E. J. entrelacées et ciselées (Lortic frères). Éd. originale. Ex. sur pap. de Hollande. Pièces ajoutées. 2.800 fr. à Durel.

Reliure signée Maylander

941. Journal des Goncourt. Paris, Charpentier, 1887-1896, 9 vol. in-12, mar. bleu, fil. à froid, milieux dor. avec les initiales E. et J. entrelacées, dent. int., tr. dor. sur brochure, couv. (Ruban). Un des 15 ex. sur pap. du Japon. Les tomes VIII et IX sont brochés. 450 fr. au libraire Rondeau.

Photographie Librairie Le Pas Sage

1.024. La Bruyère. Les Caractères de Théophraste. Paris, Michallet, 1696, 9eédition, in-12, mar. La Vallière jans., milieux dor. avec les initiales E. J. entrelacées, dent. int., tr. dor. (Cuzin). 30 fr.  


Les huit premiers membres de la Société littéraire des Goncourt, qui fut constituée dès le 20 juillet 1896, avaient fréquenté le Grenier : Alphonse Daudet (1840-1897), Joris-Karl Huysmans (1848-1907), Octave Mirbeau (1848-1917), J.-H. Rosny aîné (1856-1940), J.-H. Rosny jeune (1859-1948), Léon Hennique (1850-1935), Paul Margueritte (1860-1918) et Gustave Geffroy (1855-1926). L’effectif complet fut formé le 7 avril 1900, au domicile de Léon Hennique, 11 rue Descamps [XVIe, détruit, l’immeuble actuel fut construit en 1907] : les précédents, sauf Alphonse Daudet décédé, cooptèrent Léon Daudet (1867-1942), Élémir Bourges (1852-1925) et Lucien Descaves (1861-1949). La Société fut officiellement fondée le 24 janvier 1902 et reconnue d’utilité publique le 19 janvier 1903.

Drouant, 16 place Gaillon, Paris II

Les dix hommes de lettres, académiciens Goncourt, décernent chaque année un prix, au début du mois de décembre, après un déjeuner traditionnel qui les réunit. La maison d’Auteuil est aujourd’hui la propriété de la Ville de Paris.













J.-P.-A. Madden (1808-1889), initiateur d’une nouvelle école bibliographique

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Entrée de la Bibliothèque municipale de Versailles

Patrice-Jean-Auguste Madden, dit « J.-P.-A. Madden » ou « John-Patrick Madden », est né à Versailles [Yvelines], le 4 janvier 1808, fils de Cécile-Antoinette Job (1783-1851) et de John Madden (° 1780), ingénieur mécanicien, demeurant à Paris, 10 rue de Jouy [IVe], en face de l’Hôtel d’Aumont, alors mairie du IXe arrondissement, et à Versailles, 7 rue Montbauron.

Lycée Hoche et Librairie Maréchal, Versailles

Devenu professeur d’anglais au collège royal de Versailles [lycée fondé en 1803, devenu collège royal de première classe en 1816, redevenu lycée en 1848, lycée Hoche en 1888] et demeurant 10 rue de l’Orangerie, 


Madden épousa, en l’église [détruite en 1876] de la paroisse Sainte-Marie de Newington [Surrey, Angleterre], le 23 octobre 1830, Marie Boyton, née en Irlande en 1813, qui lui donna : John-Patrick-Edward, né le 2 août 1832, 12 rue Montbauron ; Augustine-Henriette-Pauline, née le 13 mars 1834, 12 rue Montbauron ; Marie-Eugénie-Antonie, née le 16 décembre 1835, 125 boulevard de la Reine ; Virginie-Léonide, née le 2 décembre 1838, 12 rue Montbauron ; Blache-Hélène, née le 13 janvier 1841, 5 rue des Vieux Coches [rue Saint-Simon] ;  Charles-Étienne-Guillaume, le 31 juillet 1844, 48 avenue de Saint-Cloud, en face du lycée. Il eut la douleur de perdre son épouse le 17 mars 1845, âgée de 32 ans, puis son fils aîné, fusilier au 62e régiment de ligne, 1er bataillon, 5ecompagnie, le 8 avril 1850, à l’hôpital militaire de la ville.


Madden devint, en 1836, membre de la Société des sciences naturelles de Seine-et-Oise [Yvelines], dont il fut le vice-président, et, en 1853, membre de la Société asiatique. Trop occupé à ses cours de préparation aux baccalauréats et aux écoles du gouvernement, Madden resta étranger à la bibliographie jusqu’au jour où, en 1856, dressant le catalogue de sa bibliothèque, il voulut savoir de quelle imprimerie venait un vieux Psalterium qu’il avait acheté à un libraire de Versailles.  


L’ex-libris [60 x 45 mm] de Madden représente un vigneron manœuvrant son pressoir, avec la devise « TORCULAR CALCAVI SOLUS » [J’ai foulé seul au pressoir] (Isaïe, verset 63 : 3). Il a été gravé par Lacoste aîné, actif à Paris vers 1834-1872, successivement 13 rue du Coq-Saint-Honoré [rue de Marengo, Ier], 20 rue des Marais-Saint-Germain [rue Visconti, VIe]- maison anciennement occupée par Balzac imprimeur -, 20 rue des Grands-Augustins [VIe], 1 rue du Pont-de-Lodi [VIe]et 86 rue de l’École-de-Médecine [VIe]. 

« Presque tous les Ex-libris nous offrent quelque signe particulier : emblème, chiffre ou monogramme, blason, etc., qui permet de retrouver plus ou moins facilement le nom de leur possesseur. Il en est cependant un petit nombre qui ne présentent au chercheur aucun indice pouvant lui faire retrouver l’origine de la vignette qu’il vient de rencontrer. Dans ce cas, il ne reste d’autre ressource que de faire appel à l’obligeance et à la mémoire de libraires-experts qui ont pu voir passer en vente, à une époque plus ou moins éloignée, de grandes quantités de volumes portant la marque anonyme dont on cherche la provenance.
Tel est celui de M. Madden, dont nous donnons ici la reproduction avec le cliché original lui-même, et dont la devise seule pourrait servir de memorandum pour ceux qui en auraient pris note à propos. » [sic]
(Dr L. Bouland. « Ex-libris de M. J.-P.-A. Madden ». Archives de la Société française des Collectionneurs d’ex-libris, 8e année, n° 5, mai 1901, p. 90)

Madden entretint la Société des sciences naturelles de Seine-et-Oise dans plusieurs communications et publia, en particulier, trois articles dans les Mémoires de cette Société, dont il fit des tirés à part : « Expédition scientifique des Anglais au pic de Ténériffe » et « Origine des espèces », tirés à part dans Notes et notices (Versailles, E. Aubert, 1864, in-8), et « Passage de Vénus sur le disque du Soleil » (Versailles, E. Aubert, 1874, in-8).  Il fut aussi l’auteur de recherches sur Les Psaumes de David et les Cantiques (Paris, Tross, 1872, in-8) et donna à La Typologie-Tucker, revue bibliographique mensuelle créée en mai 1873 par Henry-J. Tucker, la primeur de ses savantes et remarquées « Études sur l’Imprimerie ».


Ses Lettres d’un bibliographe (Paris, Tross et Ernest Leroux, 1868-1886, 6 vol. in-8) sont son principal ouvrage : les 4 premiers volumes sont anonymes et un atlas in-4 a paru avec les 5eet 6e volumes. Les Lettres sont suivies d’un « Essai sur l’origine de l’imprimerie de Paris » (5e vol.) et d’un « Essai sur l’origine de “ L’Imitation ” » (6e vol.).
Ces Lettres, où il expose ses recherches et ses découvertes concernant ses incunables, ont nécessité d’innombrables visites aux bibliothèques publiques françaises – particulièrement la BnF -, et aux bibliothèques étrangères – particulièrement celle de Cologne, en Allemagne -, d’innombrables rapprochements de faits épars, et d’innombrables comparaisons longues et minutieuses d’incunables découverts à de longs intervalles.

« La méthode que j’applique à la solution des problèmes bibliographiques est différente de celle en usage ; La Serna Santander, partisan le plus déclaré de cette dernière, repousse toute date qui n’est pas imprimée : en prétendant faire ainsi l’histoire de l’établissement de l’imprimerie dans les différentes villes de l’Europe, il n’en fait que le roman, et encore le roman le moins poétique et le moins flatteur. C’est, en bibliographie, une espèce de matérialisme brutal, qui favorise la paresse, en faisant taire le raisonnement, et qui interdit les découvertes, en niant leur possibilité.
Il semble, suivant cette école, qu’il suffise de rédiger de longues kyrielles, de courtes notes bibliographiques, sans lien, sans but, sans ensemble, pour mériter le titre de bibliographe ; autant vaudrait rassembler en un même lieu toutes les pierres qu’on a pu trouver pour pouvoir s’ériger en architecte.
Il est des dates qui ne sont pas imprimées et qui n’en sont pas moins certaines ; il y a des données qui sans être des dates peuvent les faire connaître. Souvent même le rapport entre la date ou le nom que l’on cherche et certaines données authentiques est tellement éloigné, qu’il échappe au regard inattentif ou indifférent ; plus souvent le bibliographe, n’étant pas même en possession de ces données, n’en saurait faire usage, ce qui ne l’empêche pas d’assigner une date ou un nom que rien ne justifie. Ainsi La Serna Santander dit : “ on attribue à cet ARTISTE (Caxton) une impression PRÉTENDUMENT faite à Cologne ; mais cette prétention n’est pas fondée.” Sans parler de ce style barbare et baroque, que penser d’une méthode qui, appliquée à l’un des plus faciles problèmes de la bibliographie, en donne la solution la plus absurde qu’on puisse imaginer ? Le livre dont parle La Serna n’a pas été imprimé par Caxton et l’a été à Cologne (et non à Bruges, n’en déplaise à M. Blades !), ce double démenti résulte de l’examen sérieux des données du problème.
Quelle est donc la méthode, digne de ce nom, qu’il faut appliquer ? Je n’en vois pas de meilleure que celle des géomètres, la déduction : partir de principes avoués par le sens commun, de faits certains, pour s’élever à leurs conséquences légitimes et trouver ainsi la vérité que l’on cherche. Il est vrai que ces faits certains semblent manquer souvent en bibliographie ; mais cherchez et vous trouverez, pourvu qu’à la façon de La Serna vous ne vous borniez pas à feuilleter un livre pour y lire la date de l’impression et le nom de l’imprimeur en toutes lettres, ce qui n’est pas chercher et ce qui n’exige par conséquent aucune méthode.
Pourquoi cette méthode, si féconde ailleurs, deviendrait-elle stérile en bibliographie ? Les auteurs, les imprimeurs, en un mot les hommes du XVe siècle ne ressemblaient-ils pas par leur esprit, leurs passions, leurs besoins, à nos contemporains ? Les différences dues à la distance des siècles ne nous sont-elles pas connues ?
On peut donc s’élever de la connaissance du présent à celle du passé.
Seulement, comme la méthode des géomètres s’applique à des faits simples et par conséquent parfaitement connus, tandis que les faits qui s’accomplissent sous l’empire de la volonté peuvent parfois s’écarter des lois qui les régissent, il ne faudra pas se borner, en bibliographie, à une seule démonstration ; il faudra les multiplier autant que les données le permettront, et si plusieurs considérations d’un caractère différent vous amènent toutes à une même solution du problème, je ne vois pas quel motif de douter il vous resterait encore.
En adoptant la méthode des géomètres, j’en ai aussi parlé le langage : j’ai évité, le plus possible, les mots et les phrases superflus. La lecture de ces lettres exigera donc une attention soutenue ; les lecteurs habitués à notre littérature facile ne s’engageront pas loin dans nos sentiers épineux ; ceux qui, plus instruits, ont des idées arrêtées sur les questions que j’agite, apercevant le but où je les mène, se garderont de m’y suivre ; je ne trouverai donc de lecteurs que chez les amis sévères et sincères de la vérité ; puisse le nombre n’en être pas beaucoup moindre que celui de mes lettres elles-mêmes ! »
(« Préface ». In Lettres d’un bibliographe. Paris, Tross, 1868, [Première série], p. VII-X)   

« Un écrivain de talent, mais dont l’esprit ingénieux et hardi ne recule point devant certaines témérités, initiateur d’une nouvelle école bibliographique, qui veut, à l’aide de formules empruntées aux sciences exactes, substituer à l’ensemble des faits acquis toute une suite d’hypothèses vigoureusement enchaînées et déduites avec une logique si serrée qu’elles arrivent au mirage de la réalité, M. J.-P.-A. Madden, mathématicien [il fut professeur de mathématiques en 1838] de Versailles, nous a révélé l’existence d’un nouvel et vaste atelier typographique, remontant aux premières années de l’art divin, c’est-à-dire fondé lors de la dispersion des ateliers de Mayence, en 1462.
Nous n’avons vu que la première brochure de M. Madden ; elle nous a vivement intéressé, bien qu’elle nous semble vouloir saper par la base un assez grand nombre de nos allégations. Le bibliogr. résume ses propositions en quelques mots : Quand, en 1463, plusieurs ouvriers de Gutenberg et de Schoeffer vinrent se réfugier à Cologne, ils y furent reçus à bras ouverts par les Frères de la Vie Commune, occupant une maison dite de Weidenbach. Ces religieux éclairés avaient compris tout d’abord que leur commerce de transcription des mss. allait être paralysé par une industrie contre laquelle il n’y avait pas de concurrence soutenable ; leur parti fut pris résolûment. Ils n’hésitèrent pas à s’approprier les procédés nouveaux, tournant ainsi au profit de leur ordre ce qui pouvait amener sa ruine ; en conséquence, ils ouvrirent leur maison aux fugitifs de Mayence, parmi lesquels était Ulrich Zell, auquel ils confièrent la direction de leurs presses, et le soin de former un certain nombre d’apprentis, choisis avec intelligence parmi les jeunes membres de l’ordre.
Mais, ajoute M. Madden, “ c’est au couvent de Weidenbach qu’on a imprimé non-seulement les livres attribués à Ulric Zell, mais encore beaucoup d’autres, ceux, par exemple, où l’on voir la lettre R d’une forme bizarre ” ; voilà ce que M. Madden prouvera dans la suite des brochures qu’il nous promet. S’il arrive à démontrer que c’est au couvent de Weidenbach que furent imprimés les livres à la lettre R (on peut les désigner ainsi), lorsqu’il est pour nous constant que le papier sur lequel ils sont exécutés est celui qu’employait Mentelin de Strasbourg, et que les caractères sont ceux dont se servait Adolphe Rausch d’Ingweiler, autre célèbre imprimeur de la même ville, nous reconnaissons qu’il aura accompli un véritable tour de force.
Tenté par la difficulté d’éclaircir les ténèbres qui enveloppent l’origine de la typographie dans certaines cités importantes avoisinant le Rhin, comme Ulm, Augsbourg, Nuremberg, etc., M. Madden a dû certainement recueillir quelques faits nouveaux, à l’aide desquels il aura reconstitué sur des bases solides une histoire, que les bibliographes qui l’ont précédé n’ont pu qu’ébaucher ; nous regrettons de ne pas avoir son opinion sur ces questions attachantes, mais nous espérons, au nom de la solidarité bibliographique, qu’il ne refusera pas de redresser les erreurs dans lesquelles nous avons pu tomber : notre amour-propre n’en souffrira pas, et la science y gagnera. » [sic]
(Un bibliophile [Pierre Deschamps]. Dictionnaire de géographie ancienne et moderne à l’usage du libraire et de l’amateur de livres. Supplément. Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1870, col. 1.281-1.282)

Si de nombreux articles bienveillants furent consacrés à ses travaux bibliographiques, Madden ne put s’empêcher de s’élever, à juste titre, contre les absurdités malveillantes écrites par le rédacteur de TheAthenæum, le 22 janvier 1876 (p. 130-131), et par le traducteur incompétent du Journal des débats, le 30 janvier 1876 (p. 2) :

« - On lit dans l’Athenæum :
“ M. J.-P.-A. Madden, ancien professeur de mathématiques de l’Université de Paris, est un zélé bibliophile et le possesseur d’une belle bibliothèque de livres précieux. Il est connu aussi par ses Lettres d’un Bibliophile, 1868-75. Les trois quarts de cet ouvrage ne sont uniquement que des Mémoires et des brochures sans valeur. Mais la quatrième partie, celle qui vient de paraître, est un beau volume in-8°. Tous les ouvrages de M. Madden sont très bien imprimés, sur beau papier, à Versailles. L’impression en a été surveillée par l’auteur, et la publication a eu lieu à Paris, avec des fac-simile.
Dans son dernier volume des Lettres d’un Bibliophile, M. Madden écrit aux Frères de Common-Lot, du couvent de Weldenbach, à Cologne, que la plupart de leurs livres étaient considérés comme étant sortis des presses d’Ulrich Zell (célèbre imprimeur de Cologne, mort vers 1500).
Selon M. Madden, plusieurs des ouvriers ou compagnons de Gutenberg et de Schœffer se seraient réfugiés dans le couvent de Weldenbach, après le sac de Mayence, en 1463, et ce serait là que Nicolas Jenson (célèbre imprimeur français, 1420-1483), et Caxton (imprimeur anglais), auraient été initiés aux secrets de la typographie.
Nous voudrions de meilleures preuves de tout cela qu’une note manuscrite, rédigée en termes ambigus, trouvée par M. Madden sur une feuille enlevée à un vieux livre et couverte par lui de fac-simile.
Il n’est pas douteux que les Frères du Common-Lot, voyant leur industrie de copistes et d’enlumineurs de manuscrits se perdre, s’adonnèrent de bonne heure à l’art nouveau, la typographie. Il est presque certain que les Hœrnen et les Weldener furent leurs élèves ; mais l’histoire typographique des Frères du Common-Lot n’est pas suffisamment claire pour faire croire que tous leurs livres soient sortis des presses d’Ulrich Zell, généralement imprimés sans nom d’imprimeur. Le couvent de Weldenbach étant devenu une grande imprimerie, une école de typographie, les sargumens [sic] de M. Madden ne reposent que sur une simple note manuscrite d’une vieille écriture à la main et ne nous paraissent pas tout à fait concluans. ” » [sic]

Ces absurdités malveillantes furent reproduites dans le Journal officielde la République française, du 31 janvier 1876 (p. 977-978), et dans la Chronique du Journal général de l’Imprimerie et de la Librairie, du 12 février 1876 (p. 31).
Le texte de Madden traitait en réalité du monastère des Frères de la Vie Commune, à Weidenbach [Le Ruisseau des Saules], situé en face de l’abbaye Saint-Pantaléon, à Cologne ; par ailleurs, jamais Weldener n’imprima à Cologne.


Photographies Philippe Landru

Resté veuf pendant 44 ans, Patrice-Jean-Auguste Madden mourut en son domicile, 6 rue Saint-Louis, à Versailles, le 2 juin 1889, et fut inhumé au cimetière des Gonards. Il avait donné 70 de ses incunables à la ville de Versailles.


Sa bibliothèque fut vendue à son domicile, du lundi 14 au mardi 22 avril 1890, en 8 vacations : Catalogue d’une collection importante d’incunables, d’impressions gothiques du XVIe siècle et de livres anciens et modernes, manuscrits et imprimés, dans tous les genres, composant la bibliothèque de feu M. J.-A.-P. Madden, agrégé de l’Université, ex vice-président de la Société des sciences naturelles de Seine-et-Oise(Paris, Labitte, Ém. Paul et Cie, 1890, in-8, VIII-212 p., 1.284 + 4 doubles [bis] = 1.288 lots), dont Théologie [164 lots = 12,73 %], Jurisprudence [25 lots = 1,94 %], Sciences et Arts [176 lots = 13,66 %], Belles Lettres [262 lots = 20,34 %], Histoire [328 lots = 25,46 %], Ouvrages de M. Madden [4 lots = 0,31 %], Incunables [328 lots = 25,46 %]. Sous le n° 1.284, furent vendus en lots environ 10.000 volumes de bons ouvrages dans tous les genres.
De nombreux exemplaires étaient incomplets ou en mauvais état (mouillures, piqûres de vers, raccommodages, annotations, cachets) et la vente ne produisit que la somme de 25.000 francs.



51. Hore intemerate Dei genitricis Virginis Marie secūdum usum romanum. [À la fin :] Ces presentes heures a lusaige de Romme furēt achevees le xx. iour de Jāvier Lan mil cinq cens et vii. Par Thielman Kerver imprimeur et libraire iure de luniversite de Paris, demourant en la rue saint Jaques a lenseigne du Gril (1507), in-8, marque de Th. Kerver sur le titre avec l’homme anatomique au verso, 18 fig. sur bois à mi-page, encadrements, bas. Ex. réglé imprimé sur vélin, avec les initiales en or sur fond rouge et bleu. Les feuillets e1 et e2 sont abîmés. Taches.



Photographies Library of Congres

141. Horologiu devotiōis. [À la fin :] Explicit Horologium devotionis per me Johannem Landen, Colonie, s. d. [v. 1498], pet. in-8 goth., 35 fig. sur métal et sur bois, chag. noir, fil. à fr., tr. dor.  


147.Œuvres spirituelles de feu monseigneur François de Salignac de La Mothe-Fénelon. S. l., 1752, 3 vol. in-12, portr., mar. vert, dos orné, large dent. à l’oiseau, doublé et gardes de tabis rose, tr. dor. (Derome). Tomes I, II et IV. Armes et ex-libris de Madame Victoire, fille de Louis XV.



149. Fortalitium fidei contra Judeos : Sarrecenos : aliosq christiane fidei inimicos. Venūdātur a Stephano Gueynard : prope sanctū Anthonium, 1511, in-8 goth., à 2 col., encadrements et vign. sur bois, peau de truie estampée.

Photographie Librairie Bonnefoi

150. Justi Lipsii de Cruce libri tres, ad sacram profanamque historiam utiles. Una cum notis. Antverpiæ, ex off. Plantiniana, 1594, in-fol., fig. gravées sur cuivre, vél.


166. Digestorum seu Pandectarum Juris Cæsarei tomus secundus, quod vulgo Infortiatum appellant. Ad exemplar Gregorii Haloandri qua licuit fide castigatum. Parisiis, ex officina Carolæ Guillardæ, 1540, in-8, v. f. ant.


239. Le Mercure indien ou le Trésor des Indes, par Pierre de Rosnel, orfèvre ordinaire du Roy. Paris, 1668, 2 tomes en 1 vol. in-8, vél. Sur la valeur des pierres et métaux précieux.


Photographies Donald A. Heald, New York

249. Histoire des arbres forestiers de l’Amérique septentrionale, considérés principalement sous les rapports de leur usage dans les arts et de leur introduction dans le commerce, par F. André-Michaux. Paris, Haussmann et d’Hautel, 1810-1813, 3 vol. gr. in-8, pl. en couleur, v. ant. marb., dos orné, dent., tr. dor. 

Photographie BnF

292. Lettres de A. Dettonville [Blaise Pascal], contenant quelques-unes de ses inventions de géométrie. Paris, G. Desprez, 1659, in-4, pl. v. ant. marb., fil. Suite d’écrits imprimés successivement et réunis ici sous un titre commun. On trouve à la fin l’Histoire de la Roulette, la fameuse invention de Pascal, qui n’aurait été imprimée qu’à 60 ex. Aux armes de Colbert.


Photographies BnF


293 bis. Le Cosmolabe ou Instrument universel concernant toutes observations qui se peuvent faire par les Sciences Mathématiques. De l’invention de M. Jaques Besson. Paris, Ph. G. de Roville, 1567, in-4, fig. sur bois, bas. ant. Présente la grande planche pliée du Tripaston, qui manque en général.

Photographie Hugues de Latude

294. Déclaration de l’usage du graphomètre, par la pratique duquel l’on peut mesurer toutes distances. Inventé nouvellement et mis en lumière par Philippe Danfrie. A la fin de ceste déclaration est adjousté par Ph. Danfrie un traicté de l’usage du trigomètre. Paris, Danfrie, 1597, in-8, fig., vél. Imprimé en caractères cursifs.



330. De la manière de graver à l’eau-forte et au burin. Et de la gravûre en manière noire. Par Abraham Bosse. Nouvelle édition enrichie de dix-neuf planches. Paris, Charles-Antoine Jombert, 1745, in-8, fig., v. ant. marb.


Photographies Bayerische Staatsbibliothek

373. Vocabularius Gemma gemmarū. Quia per in sertionē multos vocabulorus emēdatus est, ideo merito Gemma gemmarum appellatur. [À la fin :] Vocabularius gēmagēma diligent revisus et castigatus impressusq in impiali oppido Haguenaw p industriū Henricū Gran inibi incolā. impensis ac sumptibus circūspecti viri archibibliopole Joannis Rynman de Oringaw finit feliciter. Anno virginei part. M D Xij. in die beati Gregorij pape et cōfessoris (1512), pet. in-4 goth. à 2 col., peau de truie estampée. Trois ouvrages du même genre à la suite : Vocabularius predicantium (s. l. n. d.), Modus latinitatis (Strasbourg, 1498), Vocabularius rerum (Strasbourg, 1495).

Photographie Musée Médard

445. Les Œuvres de Maistre Alain Chartier, clerc, notaire et secrétaire des Roys Charles VI et VII. Par André du Chesne, Tourangeau. Paris, Samuel Thiboust, 1617, in-4, demi-rel. bas. Édition la plus complète. Ex. court de marges.


446. Les Œuvres de Clément Marot de Cahors, vallet de chambre du Roy. Paris, Nicolas du Chemin, 1546, in-16, v. ant. gr.

Photographie BnF

470. Nouvelles Odes, par Victor-M. Hugo. Paris, Ladvocat, 1824, in-16, front. de Devéria, br. couverture. Édition originale.

Exemplaire de Madden
Christie's, Paris, 3 novembre 2015 : 30.000 €

528. Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut. Amsterdam, 1756, 2 vol. in-18, v. ant. marb. Armes de Marie-Antoinette ; monogramme C T [Château de Trianon], surmonté de la couronne royale, sur le dos.


586. In hoc Codri volumine haec continentur. Orationes, seu sermones ut ipse appellabat. Epistolae. Sylvae. Satyrae. Eglogae. Epigrammata. [À la fin :] Bononiae, per J. Ant. Platonidem, 1502, in-fol., cart. Édition originale. Contient la vie de Codrus Urceus, qui manque souvent.



587. Ioannis Ioviani Pontani Opera. De fortudine : libri duo. De principe : liber unus. Dialogus qui Charon inscribitur.  [À la fin :] Impressum Venetiis, per Bernardinum Vercellensem, 1501, in-fol., v. ant. rac. Ex. avec la première initiale enluminée et quelques autres en couleurs. 

Photographie Bibliothèques virtuelles humanistes

654. De scriptorib’ ecclesiasticis Disertissimi viri Johannis de Trittēhem abbatis Spāhemēsis de scriptoribus ecclesiasticis collectanea. Venūdatur Parrhisi’ a magistro Bertholdo Rembolt, 1512, in-4, vél.


960. Aeneas Sylvius (Pius Papa II). Bulla retractationum. Pij ppe secūdi Bulla retractationū oīm dudū p cum in minoribus adhuc agētem pro. Concilio Basilien et con Eugemium summū pōtificem scriptorum Incipit feliciter. [À la fin :] Anno domini millesimo quadringentesimo quarto Indiction septima. S. l. n. d., in-4 goth., demi-rel. chag. r. avec coins. Édition princeps imprimée à Cologne par Ulric Zell. Ex. avec les initiales en rouge et bleu. 


963. Epistola sive oratio Pii in conventu mantuano. [À la fin :] Has Pii Secundi : pont. Max. epistolas diligentissime castigatas Antonius Zarothus impressit opera & impendio Johannis petri novariensis. Anno domini. M. cccc lxxxvij (1487), in-fol., dos de mar. vert, plats de cuir de Russie. Ex. avec la première initiale enluminée en or et couleurs : les autres en rouge et bleu. En bas du premier feuillet se trouvaient, dans un encadrement en or et en couleurs, des armoiries qui ont été grattées. Le feuillet A1 manque. Timbres sur le premier feuillet.



986. Vita sancti Ambrosii mediolanensis episcopi secundum Paulinum episcopum nolanum ad beatum Augustinum episcopum. [À la fin :] Impressus mediolani p Christophor Valdarfer Ratisponensem. M. cccc lxx. iiii die vii Ianuarii. (1474), 2 parties en 1 vol. in-4, vél. Premier volume imprimé à Milan par Valdarfer. Se divise en Vie de Saint Ambroise et traité du même saint De officiis.


Photographies Bibliothèque Mazarine

999. Aurelii Augustini de civitate Dei primi libri incipiut Rubricæ. [À la fin :] Qui docuit Venetos […] hadriacaque morabitur urbe. M. CCCC. LXX (1470), in-fol., mar. brun, dos orné, comp. et fil. à fr., non rog. Imprimé à Rome par Jean et Windelin de Spire. 22 grandes lettres enluminées en or et couleurs. En bas du premier feuillet se trouvent des armoiries entre deux monogrammes.



1.000. Augustinus (S.). De civitate Dei. [À la fin :] Per Petrū schoiffer de gernsheim. Anno domini M. ccc. lxxiij. (1473), in-fol. goth. à 2 col., v. f., comp. à fr. Première édition avec date qui contienne les Commentaires de Th. Valois et Nic. Triveth. Ex. avec grandes initiales enluminées et autres en rouge. Dernier feuillet de table manque. 


1.074. Cronica von Cöln. Die Cronica van der hilliger Stat Coellen. [À la fin :] Got have lof tzo aller tzyt und ewichlich [Cologne, Jean Koelhoff, 1499], in-fol. goth., pl. et vign. sur bois, ais de bois, peau de truie. Chronique de Cologne. Mouillures, dernier feuillet remonté.

Exemplaire Madden
Drouot, 14 décembre 2012















1.138. Lactantius (Firmianus). Lactantii opera. S. l. n. d., in-fol., v. f., comp. à fr. Imprimé à Venise par Adam de Venise, en 1471. Ex. avec les grandes initiales enluminées en or et couleur et les petites en rouge et vert. Armoiries peintes en bas de la première page. Manquent les 11 premiers et les 5 derniers feuillets. Mouillures, raccommodages.





1.148. Leonardus de Utino. Sermones : Incipit registr pntis operis. [À la fin :] Expliciut sermones aurei de sanctis pet totu annum qs compilavit magister Leonadus de Utino sacre theologie doctor ordinis fratrum predicatorum Ad instantia et coplacentia magnifice coitatis Utinensis ac nobiliu viroru eiusdem. M. cccc. xlvi. in vigilia beatissimi pris nostri Dominici cofessoris Ad laudem et gloriam dei omnipotentis et totius curie triumphantis. M. cccc. lxxiij. (1473), 2 vol. in-fol. goth. à 2 col., v. brun ant., ais de bois. Une des rares éditions avec date imprimées par Ulric Zell, de Cologne. Ex. avec initiales en rouge et bleu. Mouillures, piqûres de vers, cachet sur les titres.



1.158. Ludolphus de Saxonia. Vita Christi salvatoris nostri juxta seriem evangelistarū cum multa eruditione sancta doctrina diligēter ac succinte collecta a religiosissimo viro ludolpho ordinis Carthusientium. [À la fin :] Ac etiam per magistrū Felicem baligault impressorem fidelissimum ibidem impressum. anno a nativitate dñi Millesimo quadringētesimo nonagesimo septimo (1497), in-fol. goth. à 2 col., v. f. ant., fil., tr. dor. Feuillet a6 manque. Marque de Félix Baligault au titre. 



1.179. Missale Frisingense. [À la fin :] Liber missalis impssus p magistrū Erhardum ratdolt de Augusta dni M. CCCC. xcij (1492) Kalend vero aprilis xvj. Finit feliciter., in-fol. goth. à 2 col., impr. en r. et noir, musique notée, bas. Premier feuillet avec fig. sur bois et feuillets CXXXIII-CXL manquent. Raccommodages. Marque de Ratdolt.




Photographies Bayerische Staatsbibliothek

1.180. Missale Pragense.  [À la fin :] Impēsis vero industrij Conradi Kachelofen cōcivis Lipczēsis sic nitida fronte politū et lris cleris impssū Anno anici natal. M. ccccxcviij (1498), in-fol. goth., ais de bois, peau de truie estampée. Imprimé en noir et rouge avec de grands caractères. Raccommodages en marge du titre et cassures à quelques feuillets.


1.262. Liber de Scriptoribus ecclesiasticis [À la fin :] Explicitus est liber de Scriptoribus ecclesiasticis disertissimi patris domini Johānis de Trittēhem abbatis Spanhemēsis : Basileæ : Anno domini Millesimo quadringentesimo nonagesimo quarto (1494), in-fol., bas. Mouillures, piqûres de vers.


























Georges Vicaire (1853-1921) inventeur de la bibliographie moderne

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Château et hameau de Varey


Au XVIe siècle, la famille Vicaire habitait au Varey, hameau de Saint-Jean-le-Vieux [Ain], dont les archives antérieures à 1669 sont perdues. 

Hameau de Sécheron
Pont sur la rivière Le Riez

Hameau de Sécheron
N° 13 : maison Vicaire, détruite en 1842
(Blog Jacques Ruty)

Au siècle suivant, elle s’installa au hameau voisin de Sécheron, sur la même commune, où ses membres cultivèrent la vigne.


Antoine Vicaire, né à Saint-Jean-le-Vieux le 2 juin 1676, devint commis du greffier des tailles de la paroisse en 1691, se maria le 8 février 1695 et mourut le 11 novembre 1734. Son fils François Vicaire naquit à Saint-Jean-le-Vieux le 30 décembre 1702 et y mourut le 6 mars 1778 ; il se maria à Poncin [Ain] le 8 février 1724.
Vinrent ensuite Claude Vicaire, né à Saint-Jean-le-Vieux, le 19 février 1728, mort au clos de « La Jayette » [18 rue Bir Hakeim], à Jujurieux [Ain], le 16 décembre 1788, qui fut châtelain de Varey, et son frère cadet, Claude-Joseph Vicaire, né à Saint-Jean-le-Vieux, le 12 novembre 1740, qui fut notaire royal à Saint-Vulbas [Ain], où il mourut le 7 mars 1808, après s’être marié à Chavagneux-Montbertrand [Isère] le 30 janvier 1770.
Jean-Baptiste Vicaire, né à Saint-Vulbas le 3 mars 1771, devint greffier de la Justice de paix du canton d’Ambérieu-en-Bugey [Ain], s’y maria, le 30 brumaire An VII [20 novembre 1798], et y mourut, ancien notaire et membre du Conseil général du département de l’Ain, le 4 avril 1857. Son fils Louis-Henri Vicaire devint parisien, provisoirement en 1837-1838, puis définitivement en 1849.

Georges Vicaire

Ernest-Marie-Georges Vicaire naquit à Paris, 11 rue de l’Isly [VIIIe], le 8 décembre 1853, fils de Louis-Henri Vicaire, alors administrateur général des domaines et forêts de la Couronne, né à Ambérieu-en-Bugey le 4 frimaire An XI [25 novembre 1802], ancien élève de l’École forestière de Nancy [Meurthe-et-Moselle], chevalier de la Légion d’honneur en 1842, officier en 1854, commandeur en 1861, et mort à Paris [VIIIe], directeur général des Forêts, le 16 janvier 1865, et de Marie-Marthe Blais, née à Sauxillanges [Puy-de-Dôme] le 26 août 1817 et décédée à Paris [IXe] le 11 novembre 1875, qui s’étaient mariés à Mâcon [Saône-et-Loire] le 2 février 1835.

Bachelier en 1872 au lycée Saint-Louis, Georges Vicaire suivit les cours de l’École de droit. Dès 1876, il débuta dans des journaux de province [L’Éclaireur de la Somme, Écho de la Somme, L’Abbevillois, La Vie lyonnaise], puis collabora surtout, pendant de nombreuses années, avec Le Petit Moniteur universel et La Petite Presse, publiant des articles sur des sujets divers : politique, beaux-arts, chroniques, fantaisies, bibliographie.

Le 5 juillet 1882, à Saint-Germain-en-Laye [Yvelines], Vicaire, demeurant alors 74 rue de la Tour, à Paris [XVIe], épousa Jeanne-Élisabeth-Marie Gras, née à Saint-Germain-en-Laye le 31 mai 1862, fille de Jean-Marc Gras et de Marie-Catherine Stroobant, qui lui donna : Henriette-Louise-Marie-Marthe, née le 27 décembre 1883, 1 rue de Mantes, à Saint-Germain-en-Laye ; Jean-Marie-Constant, né le 15 avril 1888, 24 bis rue Singer, à Paris [XVIe; Marcel-Marie-Émile, né le 29 septembre 1893, et Élisabeth-Marie-Odette-Jeanne, née le 25 septembre 1898, tous deux 6 Villa Scheffer, 51 rue Scheffer, à Paris [XVIe].


Primitivement gravé pour sa collection de publications gastronomiques, l’ex-libris [98 x 78 mm] de Vicaire le représente « en costume de cuisinier, le tablier garni d’un assortiment de couteaux, la broche au côté en guise de flamberge, le livre d’une main, la plume de l’autre, devant une haute et traditionnelle cheminée dans laquelle se prépare un substantiel rôti … bibliographique. » (L. Bouland. « Ex-libris de M. Georges Vicaire ». In Archives de la Société française des collectionneurs d’ex-libris. Paris, 1896, p. 25-26). En bas, à gauche, cette eau-forte est signée « F R Tatt » [Francis Tattegrain (1852-1915)] et porte la mention « ultima » [la dernière] et la date « 1888 ».

Un jour, chez le libraire Pierre-Jean Rouquette (1833-1912), 57 passage Choiseul [IIe], Vicaire fit la connaissance du baron Jérôme Pichon (1812-1896), qui lui ouvrit les portes de sa bibliothèque et le nomma, plus tard, son exécuteur testamentaire.

A la Librairie Leclerc, en 1906
De gauche à droite : Paul Lacombe, Maurice Tourneux, Georges Vicaire, François Courboin, Léon Gruel et Henri Leclerc

En 1891, Vicaire entra à la Bibliothèque de l’Arsenal, comme conservateur surnuméraire, non rétribué, puis fut nommé attaché, toujours non rétribué, à la Bibliothèque Mazarine.

Institut de France. Collection Spoelberch de Lovenjoul
23 rue du Connétable, Chantilly (août 2018)

Devenu sous-bibliothécaire à la Mazarine, l’Institut vint le chercher en 1909 pour lui confier les fonctions de conservateur de la collection de manuscrits, autographes, livres, gravures et estampes, que le vicomte Charles de Spoelberch de Lovenjoul (1836-1907) lui avait léguée, à Chantilly [Oise], dans un ancien pensionnat de jeunes filles, une grande maison voisine des Grandes Écuries, 23 rue du Connétable.

« S’il y a peut-être quelque exagération à nommer, comme on l’a fait, les archives littéraires du XIXe siècle une collection qui ne concerne guère que la France et dans la France même quelques-uns seulement de ses écrivains les plus célèbres (Balzac, Gautier, Sainte-Beuve, Musset, George Sand, Mérimée, Augier, Lamennais), il est du moins incontestable que les documents recueillis par M. de Lovenjoul seront fort précieux pour l’histoire de nos écrivains et de leurs œuvres. Il a lui-même, dans quelques livres relatifs surtout à Balzac, montré tout le parti qu’on en pouvait tirer. »
(Bibliothèque de l’École des chartes, 1907, t. 68, p. 680)

De 1914 à 1917, les Vicaire accueillirent un hôpital militaire, appelé « ambulance », dans les locaux de la bibliothèque, après évacuation de la collection avec celles du Musée Condé, localisé dans le château voisin.En 1987, la collection fut rapatriée à la bibliothèque de l’Institut de France, 23 quai de Conti à Paris [VIe], et le bâtiment de Chantilly fut vendu, en appartements, à des particuliers. 

Georges Vicaire dans son bureau

Malade, Georges Vicaire mourut le 4 novembre 1921 dans son cabinet, alors qu’il écrivait une des dernières fiches de l’inventaire de la collection Lovenjoul. Il fut inhumé au cimetière de Montmartre.
Il était membre fondateur de la Société des Bibliophiles contemporains en 1889, directeur du Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire depuis 1896 et membre de la Société des Bibliophiles françois depuis 1901. Cette dernière année, il avait publié une histoire de La Société des Bibliophiles françois, pour les membres de la Société, tirée à 34 exemplaires non mis dans le commerce.

Outre de nombreux articles publiés dans le Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, Vicaire a laissé en particulier :


Roti-Cochon ou Méthode tres-facile pour bien apprendre les enfans a lire en latin & en françois (Paris, Morgand, 1890, pet. in-8, 330 ex.). Réimpression de l’édition de Claude Michard, Dijon [v. 1690], dont il n’existe plus qu’un seul exemplaire à la Bibliothèque de l’Arsenal, pour la Société des Bibliophiles françois. Introduction par Georges Vicaire. Tiré à 30 exemplaires sur gr. pap. de Hollande pour les membres de la Société et 300 ex. sur pet. pap., tous numérotés à la presse ; 220 ex. seulement ont été mis dans le commerce.


Ode à la goinfrerie par le Sieur du Vieuget (Châteaudun, Joseph Pigelet, 1890, pet. in-8, 35 ex.) Réimpression de l’édition de Paris, 1632, pour Georges Vicaire. Tiré à 1 ex. sur pap. rose et 34 ex. sur pap. de Hollande, non mis dans le commerce. Un des 2 vol. de la « Petite collection gourmande ».

Le Brie et le Pont-l’Evesque par Saint-Amant et H. Le Cordier(Châteaudun, Joseph Pigelet, 1890, pet. in-8, 35 ex.) Réimpression de l’édition de Paris, 1629-1662, pour Georges Vicaire. Tiré à 1 ex. sur pap. bleuté et 34 ex. sur pap. de Hollande, non mis dans le commerce. Un des 2 vol. de la « Petite collection gourmande ».


Bibliographie gastronomique par Georges Vicaire (Paris, P. Rouquette et fils, 1890, gr. in-8, fac-similés, 500 ex.). Préface de Paul Ginisty. Tiré à 50 ex. sur pap. de Hollande et à 450 ex. sur pap. vélin.

Bibliographie des publications faites par M. le baron Jérôme Pichon (Paris, Aux dépens de l’auteur, 1892, pet. in-8, 51 ex. H. C.). Tiré à 1 ex. sur parchemin et à 50 ex. numérotés sur pap. vélin, non mis dans le commerce.

Photographie Librairie Le Feu follet

Photographie BnF

Le Viandier de Guillaume Tirel dit Taillevent […] par le baron Jérôme Pichon et Georges Vicaire (Paris, Techener, 1892, 2 vol. in-8, 6 planches, 354 ex.). Tiré à 300 ex. sur pap. vélin du Marais de format in-8 et à 50 ex. sur pap. de Hollande de format pet. in-4 ; il a été tiré en outre 1 ex. sur vélin et 3 ex. pet. in-4 sur pap. de Hollande, portant imprimés les noms de leurs possesseurs et non mis dans le commerce.


Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle 1801-1893 […]. Par Georges Vicaire. Préface de Maurice Tourneux (Paris, A. Rouquette, 1894-1920, 8 vol. gr. in-8). Tiré à 50 ex. sur pap. de Hollande et 1.000 ex. sur pap. vélin, tous numérotés à la presse ; il a été tiré en outre 2 ex. sur pap. de couleur, numérotés I et II, non mis dans le commerce.

« En un mot, - et dans ma pensée l’éloge n’est pas mince -, votre Manuel sera pour les écrivains du XIXe siècle ce que le livre de M. Henri Beraldi est pour les graveurs de la même période : le vade mecum indispensable à tous ceux qui, à un point de vue quelconque, voudront se rendre compte de l’effort continu de dix générations successives dans des voies et sous des influences prodigieusement diverses. »
(« Préface », t. I, p. XVIII-XIX)

« En treize ans, de 1893 à 1910, le livre fut achevé ; la table ne parut qu’en 1920. Vicaire, admirable bibliographe, apparaissait, dès lors, comme un investigateur original et comme un précurseur ; c’est à son “ Manuel ” que remonte la vogue, qui bat son plein maintenant, des éditions romantiques ; comme intérêt, comme variété, comme choix, comme scrupule, il égala et dépassa peut-être les Brunet et les Quérard. Par lui s’est débrouillée la confusion de ces éditions originales et de ces impressions et réimpressions si longtemps négligées, dont les rares exemplaires étaient perdus au fond des cabinets de lecture de province. On lui doit la bibliographie de Balzac (un monde), la bibliographie de Stendhal (un casse-tête), la bibliographie de Victor Hugo (un abîme). Il a dirigé les pas de toute la bibliographie moderne. Grâce à lui ont été sauvés des trésors inestimables. »
(Gabriel Hanotaux. « Georges Vicaire ». In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Henri Leclerc, 1922, p. 53-54)



Documents pour servir à l’histoire des libraires de Paris, 1486-1600, publiés par le baron Jérôme Pichon & Georges Vicaire(Paris, Techener, 1895, in-8, 2 pl. en couleurs).


Catalogue des livres précieux composant le cabinet de feu M. le baron Lucien Double (Paris, Techener, 1897, in-8, [3]-[1 bl.]-VI-[1]-[1 bl.]-57-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 166 lots). Préface de Georges Vicaire.


Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baronJérôme Pichon(Paris, Techener, 1897-1898, 3 vol. gr. in-8,[4]-XLVI-[2]-459-[1], [4]-274-[2] et [4]-309-[3] p., 1.875, 1.910 et 2.532 lots). Le 1ervolume contient « Le Baron Jérôme Pichon 1812-1896 » par Georges Vicaire et des tables ; 500 des 2.250 exemplaires ordinaires et 75 ex. de luxe sur papier de Hollande contiennent 11 planches hors-texte, dont le portrait et l’ex-libris du baron Pichon.


Collection du bibliophile parisien. Les Bourbons bibliophiles par Eugène Asse (Paris, Henri Daragon, 1901, in-12, 375 ex.). Avant-propos par Georges Vicaire. Tiré à 10 ex. sur pap. du Japon (A à J), 5 ex. sur pap. de Chine (K à 0), 10 ex. sur pap. de Hollande (P à Y), 350 ex. sur alpha vergé (1 à 350).


Imprimerie de Balzac, rue des Marais Saint-Germain
Photographies BnF

La Jeunesse de Balzac. Balzac imprimeur 1825-1828. Par Gabriel Hanotaux et Georges Vicaire (Paris, A. Ferroud - F. Ferroud, successeur, 1903, in-8, 3 estampes et 2 portraits gravés sur bois par A. Lepère, 350 ex.). Tiré à 60 ex. sur pap. du Japon et à 290 ex. sur pap. vélin d’Arches, tous numérotés.


Les Livres composant le cabinet de M. Eugène v. W*** [von Wassermann] (Bruxelles, 1913, in-4, 58 pl. en noir et en coul., [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]- VII-[1]-239-[2]-[1 bl.] p., 1.198 + 4 doubles [bis] = 1.202 lots). Préface par Georges Vicaire. Tiré à 100 ex. par la Librairie Henri Leclerc, Paris. Catalogue imprimé « ad usum amicorum ».


Le Vicomte de Savigny de Moncorps, de la Société des Bibliophiles françois et de la Société des Amis des livres 1837-1915 (Paris, Henri Leclerc, 1916, in-8, 2 pl.).

Le Figaro, 16 avril 1923

La bibliothèque de Georges Vicaire fut dispersée à l’Hôtel Drouot : Bibliothèque de feu M. Georges Vicaire. Première partie [Deuxième partie] (Paris, Henri Leclerc et L. Giraud-Badin, 1922-1923, 2 vol. in-8).



















Victor Deséglise (1839-1916), le naundorffiste

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Venu de la paroisse Saint-Germain de La Châtre [Indre], Jacques Deséglise, âgé de 29 ans, marchand chapelier, épousa, en l’église Saint-Cyr d’Issoudun [Indre], le 30 septembre 1704, Anne Dauteville, d’une dizaine d’années sa cadette, fille de Louis Dauteville, chapelier, et de Jacqueline Robillard.
Le patronyme Deséglise doit s’écrire sans accent sur le premier « e », - comme l’ont toujours écrit les membres de la famille -, et se prononcer « des église[s] », ce qui a été traduit par l’entourage, dès le XVIIe siècle, par « Déséglise ».


Des très nombreux enfants de Jacques Deséglise, Gabriel, baptisé le 27 avril 1725 en l’église Saint-Cyr d’Issoudun, fut marchand épicier et épousa en l’église Saint-Jean, le 7 novembre 1747, la fille d’un épicier, Ursule Chatelin, née à Issoudun le 5 mai 1727, qui mourut en couches le 18 septembre 1766 ; après s’être remarié le 20 août 1768, Gabriel Deséglise mourut le 15 juin 1793. L’un des fils de ce dernier, prénommé aussi Gabriel, né à Issoudun le 21 juin 1752, lui succéda et épousa, le 7 janvier 1779, Jeanne-Catherine Baron, née à Vierzon [Cher], le 30 août 1751 ; il mourut à Issoudun le 16 thermidor An VII [3 août 1799] ; son épouse mourut, également à Issoudun, le 7 août 1831.
Pierre Deséglise, grand-père de Victor Deséglise, naquit le 4 décembre 1781 à Issoudun, où il mourut le 19 avril 1839, rue de la Pierrerie ; il fut marchand tanneur, puis fabricant de chandelles ; le 1er août 1808, à La Châtre, il épousa Marie-Véronique Plaut, née le 6 novembre 1784, qui mourut à Issoudun le 16 janvier 1870.

Le Monde illustré, 10 septembre 1859, p. 169
Photographie BnF

Victor Deséglise est né le 1er avril 1839, à Paris, sur l’île de la Cité, 31 rue de la Barillerie [boulevard du Palais, IVe].
Son père, Silvain-Jacques Deséglise, brossier, était né à Issoudun le 3 septembre 1809 et avait épousé, à Paris, le 19 mai 1838, Geneviève-Clarisse Chachoin, née à Toussus-le-Noble [Yvelines] le 8 mars 1816, fille de Jean-Mathieu Chachoin, cultivateur, et de Marie-Geneviève-Constance Huvet.

17 rue Geoffroy l'Angevin (1908). Photographie Eugène Atget.
 Gabrielle d'Estrée y aurait habité
Musée Carnavalet

« Suivant acte passé devant MeJean DUFOUR, notaire à Paris, soussigné, le vingt-quatre octobre mil huit cent soixante-deux, enregistré,
Il a été formé une société en nom collectif entre :
1° M. Sylvain-Jacques DESÉGLISE, négociant, et Mme Geneviève-Clarisse CHACHOUIN, son épouse, de lui autorisée, demeurant ensemble à Paris, rue Geoffroy-Langevin, n. 17 ;
2° Et M. Victor DESÉGLISE, leur fils, négociant, demeurant à Paris, mêmes rue et numéro.
La raison sociale est DESÉGLISE ET FILS AINÉ.
Le siège social est à Paris, rue Geoffroy-Laugevin [sic], n. 17.
M. Deséglise père et M. Deséglise fils ont chacun la signature sociale, dont ils ne peuvent faire usage que pour les besoins et affaires de la société. En cas de décès de M. Deséglise père, Mme Deséglise mère, survivante, aurait cette signature sociale.
La société a pour objet le commerce et la vente en gros et en détail des soies de sanglier et autres matières premières brutes ou préparées pour la fabrication de la brosserie.
Ce commerce s’exerce au siège social, à Paris, avec une fabrique de préparation à Issoudun (Indre), qui a été apportée dans la société par M. et Mme Deséglise père et mère.
Sa durée est de dix années, qui commenceront à courir du premier novembre mil huit cent soixante-deux. »
(Le Moniteur universel, 6 novembre 1862, p. 1.544)

Le 13 novembre 1862, à Paris [Ier], Victor Deséglise, demeurant chez ses parents au 17 rue Geoffroy l’Angevin [IVe], épousa Denise-Émilie-Jenny Bezançon, née à Paris le 8 janvier 1842, demeurant 20 rue Harlay-au-Palais [Ier], chez ses parents, Pierre-Louis Bezançon, négociant, et Marie-Élisabeth-Zoé Guérin. Le jeune couple aura quatre enfants : Gustave, né à Sceaux [Hauts-de-Seine] le 8 avril 1864 ; Jeanne, née à Paris [IVe] le 28 novembre 1866 ; Albert, né à Paris [IVe] le 22 octobre 1868 ; Charles, né à Issoudun le 2 janvier 1871.

Château de Frapesle
13 avenue de Frapesle, Issoudun (septembre 2012)

Avenue de Frapesle (1916)


Le 25 janvier 1868, Silvain-Jacques Deséglise acheta à François Marteau d’Autry (1818-1872), demeurant à Paris, 5 rue du Marché-Saint-Honoré, le chalet de Frapesle [13 avenue de Frapesle, Issoudun], où Balzac séjourna de 1834 à 1838, chez son amie Zulma Tourangin (1796-1889), épouse du capitaine François-Michel Carraud (1781-1864), et où il commença l’écriture de La Rabouilleuse :

« Il aurait occupé la chambre du premier étage à l’extrémité de l’aile Est, donnant sur le balcon. De son temps elle était indépendante. On ne pouvait y accéder de l’extérieur, il fallait sortir de la maison et prendre un escalier particulier, ouvert sur le jardin. L’escalier a été supprimé en même temps que l’on aménageait l’aile, qui d’abord, à l’exception de la chambre de Balzac, avait abrité des communs. »
(Chanoine M. de Laugardière. « Satellites de Balzac ». In Mémoires de la Société historique littéraire et scientifique du Cher. Bourges, Xavier Desquand, 4e série, 44evolume, 1939-1940, p. 78).


À l’emplacement d’un ancien moulin transformé en maison de maître au XVIIIe siècle, le grand bâtiment et le parc de 5 hectares furent améliorés de 1869 à 1871 : toiture avec zinc décoratif, cheminées surélevées, balcon en bois type Louisiane ; pièce d’eau avec île et kiosque, serre et orangerie, bélier et bassins, grille décorative.
Geneviève-Clarisse Chachoin et Silvain-Jacques Deséglise décédèrent au château de Frapesle, respectivement le 12 février 1884 et le 14 juillet 1895.

Victor Deséglise hérita de la propriété de Frapesle, où il réunit quantité de beaux livres, de gravures et d’autographes. Lié d’amitié avec les Goncourt et Georges Vicaire, il possédait une série de leurs ouvrages.

Photographie Jacques Laget

Son ex-libris [81 x 69 mm], gravé par Stern, porte le monogramme « J. B. V. D. » [Jenny Bezançon Victor Deséglise] dans un cartouche à enroulements Renaissance, avec la devise « DONNE ET PARDONNE », empruntée à la salonnière Marie-Thérèse Rodet-Geoffrin (1699-1777).



Ecole française du XIXe s. Guerrier grec partant au combat [18,5 x 14 cm]
Drouot, 3 décembre 2014

Pour marquer sa collection, modeste, d’estampes et de dessins, anciens et surtout modernes, ainsi que les cartes postales de sa propriété de Frapesle, qu’il envoyait à ses correspondants, Victor Deséglise utilisait un timbre humide, au même monogramme, dont Frits Lugt a identifié trois modèles (Les Marques de collections de dessins & d’estampes. Supplément. La Haye, Martinus Nijhoff, 1956, p. 54-55) : il utilisait le plus souvent celui à l’encre rouge [9,5 x 6,5 mm].

Plaque en argent [61,8 x 131 mm], par A.-L.-M. Charpentier (v. 1910)
Buste du duc d'Aumale à gauche

Victor Deséglise fut membre fondateur de la Société des Amis des livres en 1880, de la Société des Bibliophiles contemporains en 1889 et de la Société des Cent Bibliophiles en 1895. 

Pour une raison inconnue, Victor Deséglise dispersa une partie de ses collections à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, les mardi 17 et mercredi 18 novembre 1896 : Catalogue de la bibliothèque de Frapesle. Première partie : livres illustrés du XVIe au XVIIIe siècle, dessins originaux, portraits, suites de vignettes et autographes du XVIIIe siècle (Paris, Techener, 1896, in-8, 209 lots).

Retiré des affaires depuis plusieurs années, Victor Deséglise mourut subitement au château de Frapesle, le 27 décembre 1916. Ancien membre du Tribunal de commerce de la Seine, il était chevalier de la Légion d’honneur depuis 1878.
Passionné par la question de la survivance de Louis XVII, il fut un naundorffiste fervent, partisan de la théorie selon laquelle Karl-Wilhelm Naundorff (1785-1845), horloger prussien, aurait été Louis XVII, qui aurait survécu à sa détention à la prison du Temple [IIIe, détruite en 1810].

Photographie BnF

Sa bibliothèque fut vendue en 4 vacations, du lundi 28 novembre au jeudi 1er décembre 1921, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 9 : Catalogue de livres anciens et modernes, autographes, estampes anciennes et modernes, dessins, provenant de la bibliothèque de M. Victor Déséglise [sic], de la Société des Amis des livres et des« Cent bibliophiles » (Paris, Henri Leclerc, Noël Charavay et Loys Delteil, 1921, in-8, 127-[1] p., 778 lots), dont Livres anciens [39 lots = 5,01 %], Dessins et vignettes pour l’illustration de livres des XVIIe , XVIIIe et XIXe siècles [44 lots = 5,65 %], Livres modernes [490 lots = 62,98 %], Autographes [92 lots = 11,82 %], Estampes anciennes et modernes [113 lots = 14,52 %].
La vente a produit, au total, 103.895 francs. Parmi les acheteurs : le libraire Henri Leclerc (1862-1941), 219 rue Saint-Honoré [Ier] ; Maurice Escoffier (1879-1959), professeur à l’École libre des sciences politiques, qui ouvrit l’année suivante une librairie de livres anciens, « La Maison du bibliophile », 11 rue de Miromesnil [VIIIe] ; le libraire Louis Conard (1867-1944), 6 place de la Madeleine [VIIIe].


10. Collection Coustelier. Paris, Urbain Coustelier, 1723-1724, 10 vol. in-12, mar. bleu, fil., dos ornés, dent. int., tr. dor. (Allô). 490 fr.

Photographie Musée Médard

12. Destouches (Nericault). Œuvres dramatiques ; nouvelle édition. Paris, Crapelet, 1822, 6 vol. in-8, dos et coins de mar. bleu, fil., dos ornés, non rognés (Capé). Gr. pap. vélin. Dessins, aquarelle et fig. ajoutés. De la bibliothèque Emmanuel Martin. 620 fr. à Escoffier.
15. Habert (François). Les Épistres contemplatives servants de consolation & d’exemple à toute ame fidelle. Manuscrit du XVIe siècle, pet. in-4, réglé, veau fauve 2 fil., dos orné, tr. rouges (Rel. XVIIe siècle). Chiffre couronné aux angles des plats et sur le dos [maréchal duc d’Estrées ?]. De la bibliothèque de Monmerqué. 400 fr. à Leclerc.

Photographie Bibliothèques virtuelles humanistes

16. Habert (François). La Nouvelle Pallas, présentée à Monseigneur le Daulphin par François Habert, natif d’Issouldun en Berry. Lyon, Jean de Tournes, 1547, pet. in-8, mar. vert, fil., dos orné, dent. int. tr. dor. (Koehler). Ex. Yemeniz, quelques petits raccommodages. 620 fr.


20. Habert (François). Les Divins Oracles de Zoroastre, ancien philosophe grec, interprétez en rime françoise par François Habert de Berry. Paris, Philippe Danfrie et Richard Breton, 1558, pet. in-8 réglé, mar. La Vallière à longs grains, 2 fil., dos orné, fil. int., tr. dor. (Rel. angl. mod.). En caractères de civilité. 455 fr.


21. Habert (François). Les Quinze Livres de la Métamorphose d’Ovide. Paris, Hierosme de Marnef, 1580, gros vol. in-16, fig. sur bois, mar. rouge, fil., dos orné au pointillé, doublé de mar. orange, compart. de fil. à la Duseuil, doubles gardes, tr. dor. (Brany). 305 fr.


32. Régnier. Les Satyres du Sr Regnier, reveües, corrigées & augmentées de plusieurs satyres. Rouen, Jacques Besongne, 1626, in-8, mar. rouge, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Capé). 380 fr. à Conard.

Photographie BnF

34. Sainte-Marthe. Les Premières Œuvres de Scévole de Sainte-Marthe, gentilhomme lodunois qui contiennent ses imitations & traductions recueillies de divers poètes grecs et latins. Paris, Fédéric Morel, 1569. – Scœvolæ Sammarthani Consiliarii regis et ærarii apud pictones antigraphei. Lutetiæ, Federici Morelli, 1575. 2 ouvrages en 1 vol. in-8, mar. bleu, large dent. à petits fers, milieu avec emblème et devise de la bibliothèque Génard dans un ovale de mar. rouge, dos orné au pointillé et mosaïqué, dent. int., tr. dor. et ciselées (Lortic). Première édition française des Œuvres de Sainte-Marthe. 720 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet

37. Voiture. Œuvres. Seconde édition. Paris, Courbé, 1650, in-4, front. et portr., veau marb., fil., dos orné, tr. marb. (Rel. anc.). Ex. de Monmerqué. 350 fr. à Leclerc.


39. Weber (J.). Mémoires concernant Marie-Antoinette. Londres, Daponte et Vogel, 1804-1809, 3 vol. in-8, fig., demi-rel. dos de mar. bleu ornés, non rognés. Lettre aux souscripteurs ajoutée. Éd. originale. 420 fr.  
50. Chants et chansons populaires de la France. Réunion de 31 dessins de Steinheil (24), Giraud (1) et Staal (6), à la mine de plomb, la plupart gr. in-8, montés à la Glomy sur bristol bleu ou blanc. 4.100 fr. à Carteret.


102. Banville (Théodore de). Odes funambulesques, avec un frontispice gravé à l’eau-forte par Bracquemond d’après un dessin de Charles Voillemot. Alençon, Poulet-Malassis et De Broise, 1857, in-12, mar. rouge, large encadr. de dent. et de fil. brisés aux angles, fleurons, violon mosaïqué au centre du premier plat, dos orné, dent. int., tr. dor. (Amand). Édition originale, couv. cons., lettre autographe de Banville ajoutée. 400 fr. à Escoffier.

Photographie BnF

143. Delavigne (Casimir). L’École des vieillards, comédie en cinq actes. Paris, Barbat et Ladvocat, 1823, in-8, mar. rose foncé à longs grains, encadr. d’une étroite guirlande de roses et d’un fil. d’or., dos orné de roses et de fil., dent. int., tr. dor. (Rel. de l’époque). Édition originale. Ex. de Mademoiselle Mars portant son nom en lettres dorées sur le premier plat de la reliure. Envoi autographe de l’auteur. Portrait de l’actrice ajouté. Ex. non conforme à la description de Vicaire. 1.000 fr. à Leclerc.

Photographie Librairie des Carrés

149. Dovalle (Ch.). Le Sylphe, poésies précédées d’une notice par M. Louvet et d’une préface par Victor Hugo. Paris, Ladvocat, 1830, in-8, mar. tête de nègre, fil. et ornements à froid aux angles, fil. dor. à l’int., tr. argent (étui). Éd. originale. Ex. de Paul Arnauldet, orné au centre des plats de son chiffre mosaïqué en mar. blanc, chiffre en petites lettres dor. aux angles et sur le dos. 300 fr. à Leclerc.


164. Flaubert (Gustave). Salammbô. Paris, Michel Lévy frères, 1863, in-8, cartonn. dos de toile rouge, non rogné (Couvert.). Éd. originale. 300 fr. à Escoffier.


169.France (Anatole). Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut. Paris, Calmann Lévy, 1881, in-12, cartonn. toile grenat, non rogné (Couvert.). Éd. originale avec la couv. bleue. 500 fr. à Leclerc.


179. Girardin (MmeÉmile de). Essais poétiques par Mlle Delphine Gay. Paris, Impr. Gaultier-Laguionie, 1824, in-8, veau bleu, double encadr. de fil. et pet. dent. à fr. et dor., fleurons aux angles, dos orné, dent. int., tr. jasp. (Rel. de l’époque). Éd. originale, front. lithographié par Collière. Ex. de Mlle Mars. Envoi autographe de l’auteur. Portr. de Madame de Girardin ajouté. Rousseurs. 555 fr. à Leclerc.

Photographie Librairie Magic Books

203. Hugo (Victor). Hernani ou l’Honneur castillan. Paris, Mame et Delaunay-Vallée, 1830, in-8, demi-rel. mar. violet, tr. marbr. (Rel. de l’époque). Éd. originale. Envoi de l’auteur à Mademoiselle Mars. Lettre autographe de l’auteur à la même ajoutée. 800 fr. à Leclerc.


206.Hugo (Victor). Lucrèce Borgia, drame. Paris, Eugène Renduel, 1833, in-8, front., mar. bleu jans., dent. int., tête dor., non rogné (Marius Michel). Éd. originale. De la bibliothèque Noilly. Pièces ajoutées. 725 fr. à Davis.


211. Hugo (Victor). Les Misérables. Paris, Pagnerre, 1862, 10 vol. in-8, dos et coins de mar. rouge, tête dor., non rognés (Brany). Un des quelques ex. sur pap. de Hollande. Éd. originale. 25 photographies gouachées ajoutées. De la bibliothèque Eugène Paillet. 1.000 fr. à Leclerc.


237. Monselet (Charles). Les Premières Représentations célèbres. Paris, Faure, 1867, in-12, dos et coins de mar. bleu, dos orné de fil., tête dor., non rogné. Éd. originale. 52 lettres ou billets autographes ajoutés. 335 fr.

Photographie Vincent Rometti

239. Musset (Alfred de). Contes d’Espagne et d’Italie. Paris, A. Levavasseur et Urbain Canel, 1830, in-8, demi-rel. veau fauve, tr. jasp. (Rel. de l’époque). Éd. originale. 315 fr. à Escoffier.


267. Stendhal. Promenades dans Rome. Paris, Delaunay, 1829, 2 vol. in-8, fig., demi-rel. veau fauve, dos ornés à fr. et dor., tr. marb. (Rel. de l’époque). Éd. originale. 370 fr. à Leclerc.

Photographie Julien Mannoni

276. Vigny (Alfred de). Chatterton, drame. Paris, H. Souverain, 1835, in-8, front., cartonn. dos et coins toile bleu clair, non rogné (Couvert.). Éd. originale. Portr. ajoutés. 340 fr. à Leclerc.


288. Aumale (Duc d’). Les Zouaves et les Chasseurs à pied. Paris, Société des Amis des livres, s. d. [1896], in-8, mar. rouge jans., doublé de mar. bleu, gardes de soie brochée, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couvert., étui (Nolhac). N° 23/123 au nom de Deséglise. Dessin et portr. gravé ajoutés. 370 fr. à Escoffier.


292. Balzac (H. de). Les Contes drolatiques. Cinquiesme édition illustrée de 425 dessins par Gustave Doré. Paris, Société générale de librairie, 1855, in-8, mar. rouge, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Allô). Aux armes du vicomte Savigny de Moncorps. 470 fr.


295. Balzac (H. de). Œuvres complètes. La Comédie humaine. Paris, Houssiaux, 1855, 20 vol. in-8, fig., demi-rel. chagr. marron, dos ornés, tr. jasp. 350 fr. à Leclerc.


302. Boccace (Jean). Les Dix Journées de Jean Boccace. Paris, Librairie des bibliophiles, 1873, 4 vol. in-8, dos et coins de mar. bleu, fil., dos ornés et mosaïqués, tête dor., non rognés, couvertures (Lacornée). Un des 150 sur pap. de Hollande. 300 fr.


312. Caricature (La). Journal fondé et dirigé par Charles Philipon. Paris, Aubert, 1830-1835, 251 livraisons formant 10 vol. in-4, cartonn. demi-bas. rouge, dos ornés, tr. jaunes (Rel. de l’époque). Collection complète. Pièces ajoutées. 2.500 fr.


317. Chants et chansons populaires de la France. Paris, H.-L. Delloye, 1843, 3 vol. gr. in-8, dos et coins de mar. rouge, fil., dos ornés, tête dor., ébarbés (Brany). Ex. de premier tirage. 360 fr.


323. Claretie (Jules). La Canne de M. Michelet. Promenades et souvenirs. Paris, L. Conquet, 1886, in-8, texte réimposé, mar. rouge foncé, encadr. de fil. et dent., feuillages dor. aux angles, dos orné, dent. int., tr. dor. sur témoins, couv. (Marius Michel). N° 64 imprimé sur pap. du Japon, contenant 2 états des illustrations. 310 fr.


334. Daudet (Alphonse). Fromont jeune et Risler aîné, mœurs parisiennes. Paris, Conquet, 1885, 2 vol. in-8, mar. rouge jans., dent. int., tr. dor., couv. (Marius Michel). N° 33 imprimé sur pap. du Japon, contenant 2 états des illustrations. 325 fr.

Photographie David Baisnée

347. Dumas fils (Alexandre). La Dame aux camélias. Paris, Michel Lévy frères, 1872, in-8, pap. de Hollande, portr., cartonn. vélin blanc à recouvr., dos orné, tête dor., non rogn. Enrichi de 4 pl. et 51 en-têtes et culs-de-lampe à l’aquarelle ou au lavis d’encre de Chine par Paul Avril, de 2 portr. et lettre autographe de Paul Avril à V. Deséglise. 400 fr.


357. France (Anatole). Les Opinions de M. Jérôme Coignard. Paris, Cent Bibliophiles, 1914, pet. in-4, br., ill. de Louis Jou. N° 31 au nom de Deséglise. 600 fr.


361. Gautier (Théophile). Mademoiselle de Maupin. Double amour. Paris, L. Conquet et G. Charpentier, 1883, 2 vol. gr. in-8, mar. grenat, encadr. de 4 fil. dorés avec guirlandes de roses et épées aux angles, dos ornés, dent. int., tr. dor. sur témoins, couv. (Marius Michel). Ill. de Toudouze. N° 369 sur pap. vélin. 820 fr.


362. Gautier (Théophile). Militona. Paris, Conquet, 1887, in-8, texte réimposé, mar. orange, double encadr. de fil. et pointillé, campanules bleues mosaïquées aux angles, dos orné et mosaïqué ; même décoration formant cadre à l’int., doublé et gardes de soie brochée vieux bleu, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couv. (Marius Michel). N° 98 imprimé sur pap. du Japon, contenant 2 états des illustrations. 320 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet

385. Janin (Jules). Clarisse Harlowe, précédée d’un essai sur la vie et les ouvrages de l’auteur, Samuel Richardson. Paris, Amyot, 1846, 2 part. en 4 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos ornés à petits fers, dent. int., tr. dor., non rognés (Capé). Éd. originale de cette traduction. Ex. de Janin avec sa signature. Pièces ajoutées, fig. et 3 lettres autographes. 510 fr.

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche

408. Maupassant (Guy de). Contes choisis. Paris, Bibliophiles contemporains, 1891-1892, 10 fascicules gr. in-8, cartonn. toile de diverses couleurs, non rognés, couv., sous une enveloppe demi-toile rouge, étui. N° 50/188 au nom de Deséglise. 680 fr.


409. Maupassant (Guy de). Cinq contes parisiens. Ill. de Louis Legrand. Paris, Cent bibliophiles, 1905, gr. in-8, br. Tiré à 130 ex. Ex. au nom de Deséglise. 560 fr.

Photographie Boston Book Company

412. Mérimée (Prosper). Chronique de Charles IX. Ill. de Edmond Morin. Paris, Amis des livres, 1876, 2 vol. gr. in-8, dos et coins de mar. bleu, fil., dos ornés de fleurons, tête dor., non rognés, couv. (Lacornée [Charles Lacornée, 32 rue Hautefeuille, VIe]). N° 56/115 au nom de Deséglise, dont le chiffre est mosaïqué au bas du dos. 330 fr.


416. Molière. Théâtre, collationné minutieusement sur les premières éditions. Lyon, Scheuring, 1864-1870, 8 vol. – Galerie historique des portraits des comédiens. Ibid., 1869. Ensemble 9 vol. in-8, portr. et vign., dos et coins de mar. rouge, fil., dos ornés et mosaïqués, tête dor., non rognés, couv. (Lacornée). Portr. et fig. ajoutés. 510 fr.


425. Musset (Alfred de). Œuvres complètes. Paris, Charpentier, 1865-1866, 10 vol. gr. in-8, portr. et 28 fig., pap. de Hollande, dos et coins de mar. rouge, fil., dos ornés et mosaïqués, tête dor., non rognés (Lacornée). 3 portr. ajoutés. N° 278 au nom de Deséglise. 820 fr.


426. Musset (Alfred de). Nouvelles. Paris, Conquet, 1887, gr. in-8, fig., mar. bleu, compart. de 7 fil. dor. dont 4 à coins brisés ; à l’int., large bande de mar. bleu encadr. de 2 fil. dont 1 au pointillé, motifs d’angles, doubl. et gardes de soie brochée, tr. dor. sur témoins (Marius Michel). N° 92 sur grand pap. vélin avec 2 états des ill. 585 fr. 

Photographie Librairie Le Feu follet

431. Nerval (Gérard de). Sylvie, souvenirs du Valois. Paris, Conquet, 1886, pet. in-8, 42 ill. par Rudaux, mar. vert, compart. de fil., encadr. de branches ornées de feuillages et de fleurs mosaïquées, dos orné et mosaïqué, dent. int., doubl. de mar. La Vallière, compart. de 3 fil. dont 1 au pointillé, motifs d’angles, gardes de tabis vert foncé, doubles gardes, tr. dor., couv. (Marius Michel). Un des 50 ex. sur pap. du Japon, avec double suite des ill. 355 fr.


438. Pauquet (H. et P.). Modes et costumes historiques français, dessinés et gravés par Pauquet frères. Paris, s. d. [1864]. – Modes et costumes étrangers. Ibid., 1865. Deux ouvrages en 1 vol. in-4, 192 pl. coloriées, demi-rel. dos de mar. brun, tête dor. 4 dessins ajoutés. 440 fr.


457. Saint-Pierre (Bernardin de). Paul et Virginie. Paris, Curmer, 25 rue Ste Anne, 1838, gr. in-8, encadr. de 16 fil. dont 9 à coins brisés et entrelacés, dos plat orné de compart. de fil. droits et courbes avec ornements de feuillage et fers azurés, fil. inter., doubl. et gardes de pap. moiré, tr. dor., étui (Corfmat [13 rue des Bernardins, Ve, rival de Koehler]). Premier tirage. Portr. anglais du Docteur. Rousseurs dans les marges des planches. 680 fr.

Photographie Librairie Le Feu follet

466. Stendhal. La Chartreuse de Parme. Paris, Conquet, 1883, 2 vol. in-8, 32 eaux-fortes par Foulquier, mar. bleu, compart. de 8 fil. ornem. d’angles, dos ornés, dent. int., tr. dor., couv. (Marius Michel). N° 177 sur pap. vélin de cuve. 715 fr.

Photographie Librairie des Carrés

468. Sterne (L.). Voyage sentimental en France et en Italie. Paris, Librairie des bibliophiles, 1875, in-8, 6 eaux-fortes par Edmond Hédouin, dos et coins de mar. bleu, fil., dos orné et mosaïqué, tête dor., non rogn., couv. (Lacornée). Un des 170 ex. sur pap. de Hollande. 340 fr.


482. Verhaeren (Émile). Les Blés mouvants. Paris, Cent bibliophiles, 1918, in-4, bois de Georges Le Meilleur, br., étui. Un des 120 ex. sur pap. du Japon, au nom de Deséglise. 430 fr.


489. Voltaire. Zadig, ou La Destinée, histoire orientale. Paris, Amis des livres, 1893, gr. in-8, 8 fig. gravées par Gaujean et 29 pl., mar. rouge jans., doublé de mar. du même rouge, fil. dor., gardes de soie grenat brochée de dessins noirs et dorés, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couv., étui (Noulhac). N° 22 au nom de Deséglise. 3.600 fr.


492. Zola (Émile). Nouveaux contes à Ninon. Paris, Conquet, 1886, 2 tomes en 1 vol. in-8, front. et 30 ill. par Rudaux, mar. Havane, fil., dos orné ; à l’int., large bande de mar. Havane, encadr. de 4 fil. dont 1 au pointillé, fleurons d’angles, doubl. et gardes de soie brochée, doubles gardes, tr. dor. (Marius Michel). Un des 50 sur pap. du Japon, avec 2 états des ill. 410 fr.


514. Collection [complète] du Bibliophile français. Paris, Bachelin-Deflorenne, 1863-1869, 12 vol. in-16, portraits par G. Staal, mar. rouge, fil., dos ornés, dent. int., tr. dor. (Belz-Niedrée). 400 fr.


523. Goncourt (Edm. et J. de). L’Art du dix-huitième siècle. Paris, Dentu, 1859-1875, 12 fasc. in-4, front. et 38 fig., cartonn. dos et coins toile vert clair, non rognés, couv. (Carayon). Éd. originale. Portraits et dessins ajoutés. 310 fr.


528. Hugo (Victor). Œuvres, édition elzévirienne, ornements par E. Froment. Paris, J. Hetzel et Cie, 1869-1870, 8 vol. in-18, mar. rouge, compart. de fil. à froid, milieux et fleurons d’angles dorés, dos ornés, dent. int., tr. dor. (Smeers). 605 fr.


572. Vicaire (Georges). Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, 1801-1893. Paris, Rouquette, 1894-1910, 7 vol. gr. in-8, cartonn. dos de parchemin grenat, non rognés (Couvert.). Table parue récemment ajoutée, in-8, br. 720 fr.

Une troisième vente [tableaux, œuvres d’art, miniatures, médailles, dessins] eut lieu le 26 mai 1929 et les jours suivants, à Frapesle : Catalogue résumé de la bibliothèque de Frapesle(Issoudun, 1929, in-8, 176 lots) ; elle rapporta 81.172 francs. Le château de Frapesle fut vendu à Jean Luneau, fervent balzacien.



















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