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Channel: Histoire de la Bibliophilie
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Le Comte de Fleurieu (1738-1810), ministre de la Marine sous Louis XVI

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D’une famille de marchands, originaire de Nantua [Ain], Pierre Claret s’installa, vers 1570, à Lyon [Rhône], sur la paroisse Saint-Pierre et Saint-Saturnin.


Château de La Tourette

Ses petit-fils, Blaise Claret (1614-1688) et Jean Claret (1620-1704), s’étant enrichis, achetèrent le château de La Tourette [Éveux, Rhône], le 23 septembre 1681. 


Anoblie par l’échevinage de Blaise Claret en 1687, puis de Jean Claret en 1689, la famille choisit pour blason « D’argent, à la bande d’azur, chargée d’un soleil d’or. » et s’installa dans le quartier d’Ainay.



Quatrième des dix enfants de Jean Claret et de Marguerite Vial (1628-1713), Jacques [et non « Jacques-Claude »] Claret a été ondoyé en l’église Saint-Saturnin, le 28 juin 1656. 

Château de Bel-Air, Fleurieux


6, rue de Boissac, Lyon

Seigneur de La Tourrette [sic], de Fleurieu [sic] et autres lieux, il acheta le château de Bel-Air [Fleurieux, Rhône] et un hôtel particulier, à Lyon, 6 rue de Boissac, construit en 1646. Il devint conseiller du Roi, lieutenant criminel en la sénéchaussée et siège présidial de Lyon et président en la cour des monnaies, dit « président de La Tourrette ».

Protecteur des peintres et des sculpteurs, le président de La Tourrette fit richement orner par Daniel Sarrabat (1666-1748) son hôtel lyonnais. Les camaïeux du vestibule et le beau plafond de la même pièce faisaient l’admiration des visiteurs. Outre ces décorations, on y voyait quelques tableaux de cet artiste et d’artistes italiens. On y admirait aussi le célèbre médaillier du chanoine Jean-François Roman de Rives (1666-1740), acquis le 14 décembre 1717, avec des livres de médailles et deux figures de bronze, pour 2.500 livres comptant et une rente viagère de 175 livres.


Armes de Jacques Claret de La Tourrette

Le président de La Tourrette fut aussi le fondateur d’une belle bibliothèque, constituée à partir de celle de son beau-père.

Il avait épousé, le 29 juin 1690, Bonne Michon, née le 2 novembre 1669, fille d’Annibal Michon (1642-1694), receveur des dons et octrois de la ville, et de Bonne Bathéon. 

Eglise d'Ainay
In Lyon ancien et moderne (Lyon, L. Boitel, 1838, t. I, p. 20)

Veuf depuis le 26 octobre 1741, il mourut le 26 août 1746 et fut inhumé le lendemain dans l’église d’Ainay.


Deuxième des sept enfants de Jacques Claret et de Bonne Michon, Jacques-Annibal Claret est né le 28 mai 1692, comme le précise son acte de baptême, fait en l’église Saint-Pierre :


« Jaques Annibal fils de Jaques Claret escuyer seigneur de la Tourrette conseiller du Roy en la senechaussee, & siege presidial de Lyon, & de dame bonne michon sa femme né ce matin a la place de st pierre, a esté baptisé par moy Curé soussigné ce vingt huict may 1692, & ont esté parrain sieur Annibal michon ancien receveur des dons & octroys de cette ville, & marraine dame marguerite vial femme de noble Jean Claret ancien Eschevin de cette ville qui ont signé » [sic]


Plan géométral de la Ville de Lyon
Gravé par Claude Séraucourt, 1740 (détail)

Connu sous le nom de « président de Fleurieu », Jacques-Annibal Claret de La Tourette et de Fleurieu, fut conseiller du Roi, président en la cour des monnaies le 1er août 1718, à la place de son père, lieutenant criminel en la sénéchaussée et siège présidial de Lyon, prévôt des marchands et commandant pour le Roi en la ville de Lyon du 11 décembre 1740 à la fin de décembre 1745 :


« Il a de l’esprit, de l’érudition, de la douceur et de la modestie, toutes ces qualités sont accompagnées des biens de fortune et soutenues d’un vrai fond de religion. Tout ce qui peut être aujourd’hui à son désavantage c’est qu’il est d’une fort petite taille et qu’il a un accent et une prononciation qui se sent tout à fait du pays dont il n’a jamais pu se défaire et qui ne prévient pas d’abord en sa faveur. »

(Léonard Michon. Mémoires ou Journal historique et politique de ce qui s’est passé de plus remarquable dans la ville de Lyon et dans la province depuis l’année 1715. Musée historique de Lyon, Ms. N 2480)


Il épousa, en l’église Saint-Pierre et Saint-Saturnin, le 15 décembre 1722, Agathe Gaultier, née le 12 septembre 1705 et baptisée le lendemain en l’église Saint-Pierre et Saint-Saturnin, fille de Pierre Gaultier, seigneur de Dortan [Ain] et autres lieux, conseiller secrétaire du Roi, et de Marie-Louise de Barcot.

Le président de Fleurieu fut un lettré, à l’exemple de son père dont il augmenta la bibliothèque et les collections :


« M. Claret de la Tourrette de Fleurieu, Président honoraire à la Cour des Monnoies, ancien Prévôt des Marchands, a une Bibliothéque nombreuse, composée de Livres rares & des plus parfaites éditions ; ils ont pour objet principal l’Histoire, les Poëtes, les Orateurs, les Grammairiens & tout ce qui peut regarder les Belles-Lettres & la Jurisprudence : la propreté de la reliüre répond au choix des Livres. Il a joint à cela plusieurs Tableaux des grands Maîtres d’Italie & autres en différens genres ; un très-grand nombre de Portraits gravés & d’Estampes des plus excellens Graveurs, sur tout parmi les modernes, & un recueil fort curieux d’Empreintes de Pierres antiques des plus fameux Cabinets d’Italie & de celui du Roi, tirées en soufre & cinnabre, qui ont la dureté & le poli des véritables Pierres. » [sic]

(Almanach astronomique et historique de la ville de Lyon et des provinces de Lyonnois, Forez et Beaujolois. Lyon, Aymé Delaroche, 1754, p. 143)


Il ne conserva pas le médaillier acquis par son père : il le vendit à la ville de Lyon, le 16 octobre 1733, moyennant la somme de 2.400 livres et une rente viagère de 175 livres, réversible sur la tête de Roman de Rives. 

Jeton de l'Académie de Lyon, fondée en 1700

Reçu à l’Académie des sciences et belles-lettres de Lyon en 1716, il en devint le secrétaire perpétuel en 1736, pour la classe des belles-lettres.





Le président de Fleurieu possédait quatre ex-libris, de facture identique, portant ses armes et un texte en latin dans un cartouche, datés de 1718, 1719, 1740 et 1758 [date de la fusion de l’Académie des sciences et belles-lettres avec la Société des beaux-arts pour former l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon].



Il fit graver sur cuivre un soleil, dont il faisait parer le dos des livres reliés pour lui. On trouve rarement ce petit fer poussé aux angles des plats et en semé.

Le président de Fleurieu mourut au château de La Tourette le 18 octobre 1776 et fut inhumé dans la chapelle de la Vierge de l’église d’Éveux. Son épouse, Agathe Gaultier, était décédée le 6 novembre 1756 et avait été inhumée le lendemain dans l’église d’Ainay.

Au château de Laye [Saint-Georges-de-Reneins, Rhône], sont conservés les portraits au pastel du président de Fleurieu, celui de sa femme, par Robineau, 1780, et celui de son fils Marc-Antoine-Louis Claret (1729-1793), par Valade, 1747.


Charles-Pierre Claret de Fleurieu

Huitième des neuf enfants de Jacques-Annibal Claret et d’Agathe Gaultier, Charles-Pierre Claret naquit le mercredi 2 juillet 1738 à Lyon et fut baptisé le lendemain en l’église d’Ainay. Entré dès 1752 dans la marine royale à Toulon [Var], il fit la guerre de Sept ans, fut nommé enseigne de vaisseau en 1762 et se livra à l’étude théorique des sciences nautiques. Bien qu’absent de Lyon, il avait été nommé membre de l’Académie de Lyon en 1761.


Horloge marine n° 6 de Berthoud

En 1766, le « chevalier de Fleurieu » aida l’horloger Ferdinand Berthoud (1727-1807) à construire des horloges propres à déterminer les longitudes en mer et en fit l’essai au cours d’une campagne de 376 jours, sur la frégate « Isis », au départ de Rochefort [Charente-Maritime], et en rendit compte dans le Voyage fait par ordre du Roi en 1768 et 1769, à différentes parties du monde, pour éprouver en mer les horloges marines inventées par M. Ferdinand Berthoud(Paris, Imprimerie royale, 1773, 2 vol. in-4, fig.).

Lieutenant de vaisseau en 1773, capitaine de vaisseau et directeur des ports et arsenaux en 1776, il travailla, en cette dernière qualité, à la réorganisation de la marine royale et eut la direction des opérations navales pendant la guerre de l’Indépendance américaine (1778-1783). En 1785, il fut chargé de tracer le plan du voyage de La Pérouse. Il composa l’ouvrage intitulé Découvertes des François, en 1768 & 1769, dans le sud-est de la Nouvelle Guinée. Et reconnoissances pstérieures des mêmes terres par des navigateurs anglois qui leur ont imposé de nouveaux noms ; précédées de l’abrégé historique des navigations & des découvertes des Espagnols dans les mêmes parages (Paris, Imprimerie royale, 1790, in-4, 13 cartes et plans), dans le but de restituer aux navigateurs français les découvertes dont les Anglais cherchaient à s’attribuer l’honneur.

Ministre de la marine et des colonies, du 26 octobre 1790 au 17 mai 1791, il démissionna et fut alors nommé gouverneur du Dauphin, le 17 avril 1791, poste qu’il occupa jusqu’au 10 août 1792.


Château du Bousquet, Arcambal

Au début du mois d’avril 1792, il épousa Aglaé-Félicité-Françoise Deslacs du Bousquet, née à Paris le 10 janvier 1775, fille d’Antoine-Joseph-François Deslacs du Bousquet, marquis d’Arcambal [Lot], et de Françoise-Félicité du Crest de Chigy. Elle partagea volontairement la captivité de son mari, quand, déclaré suspect au début de la Terreur, il fut enfermé à la prison des Madelonnettes, rue des Fontaines du Temple [IIIe],jusqu’au 9 thermidor An II [27 juillet 1794]. Elle fut l’auteur de Pauline, comédie en deux actes et en vers (Paris, s. n., 1791, in-8) et du roman intitulé Stella, histoire anglaise (Paris, Maradan, 8 [1800], 4 vol. in-12, fig.).


Rappelé dans les bureaux du ministère de la marine, il devint successivement membre de l’Institut en 1795, du Conseil des Anciens en 1797, du Bureau des longitudes en 1798, du Conseil d’État en 1799, avec présidence de la section de la marine de 1801 à 1806. 


Il avait repris ses travaux de prédilection et publié le Voyage autour du monde, pendant les années 1790, 1791, et 1792, par Étienne Marchand, précédé d’une introduction historique ; auquel on a joint des recherches sur les terres australes de Drake, et un examen critique du voyage de Roggeween ; avec cartes et figures (Paris, Imprimerie de la République, An VI-An VIII [1797-1800], 4 vol. in-4 et in-8).


Il avait acquis le riche cabinet d’estampes du conseiller Antoine Trollier (1697-1759), seigneur de Messimieux, après sa mort, et formé une importante bibliothèque, dont il avait rédigé le catalogue manuscrit en 1782, et la plus importante collection de cartes géographiques et hydrographiques qu’on eût vue jusqu’alors.

Fer de Charles-Pierre Claret de Fleurieu
Couronne de marquis


Fer de Charles-Pierre Claret de Fleurieu
Coupé au 1 d'azur, à un soleil d'or et une lune d'argent ;
au 2 de sinople, au compas d'argent, les pointes tournées vers le centre des astres
Couronne de comte




Son ex-libris [115 x 63 mm.] porte ses armes, une petite pièce de canon et la carte des Açores. Son épouse utilisait un ex-libris gravé portant des initiales enlacées et accolées : C F [Claret Fleurieu] et A D A [Aglaé Deslacs Arcambal].


Des revers de fortune, occasionnés par la Révolution et ses publications, l’obligèrent à vendre ses livres et ses collections géographiques, en la Maison d’agence et de commerce des citoyens Mauger, Amelot et Hubert, 4 rue des Fossés-Montmartre [rue d’Aboukir, IIe], du 23 prairial [11 juin] au 26 messidor An VI [14 juillet 1798], en 28 vacations :  


Catalogue des livres de la bibliothèque du C. *** (Paris, Mauger, An VI [1798], in-8, 3-[1 bl.]-xvj-208 p., 1.921 + 119 bis + 9 ter + 163 [« Supplément »] + 2 bis = 2.214 lots [pas de n° 44, lot n° 548 chiffré 348, lot n° 914 chiffré 614]), avec une « Note d’articles précieux qui se trouvent au Magasin de Librairie des Cit. Mauger, Amelot et Hubert, rue des Fossés-Montmartre, n.° 4. » [p. 205-208].

Hormis le « Supplément », sans indication des divisions : Théologie [43 lots = 2,09 %], Jurisprudence [28 lots = 1,36 %], Sciences et Arts [517 lots = 25,23 %], Belles-Lettres [536 lots = 26,15 %], Histoire [925 lots = 45,14 %].

La classe Histoire domine, en particulier dans l’histoire récente et contemporaine. De nombreuses éditions sont de qualité : Elzevier, Alde, Baskerville, Colines, Blaeu, etc.


« La Bibliothèque dont nous offrons le Catalogue au Public, est celle d’un homme distingué, non-seulement par les places importantes qu’il a remplies, mais plus encore par ses connoissances profondes dans les Sciences et dans les Arts, et sur-tout dans la Navigation. Quoique cette Bibliothèque n’existe pas dans son entier, et qu’elle ne présente aucune partie absolument complète, il y a cependant des classes où on trouvera des objets infiniment précieux et rares, qu’on chercheroit inutilement maintenant dans les Cabinets particuliers. Tels sont entre autres dans la partie des Voyages et dans l’Histoire des deux Indes, la Collection de Théodore de Bry, connue sous le nom des Grands et des Petits Voyages ; la Collection espagnole de Barcia ; les Collections hollandaises de Gottfried et de Valentyn, et les Collections anglaises de Hackluyt, de Purchass, de Harris, d’Osborn et Churchill. On trouvera dans l’Histoire littéraire la suite peut-être la plus précieuse qui existe des Mémoires des Académies et Sociétés littéraires, tant françaises qu’étrangères ; on y distinguera sur-tout les Transactions philosophiques de la Société royale de Londres, dont il est presqu’impossible aujourd’hui de se procurer des exemplaires complets. La partie des Sciences Mathématiques offre également une quantité d’objets de détail, qu’on trouve très-rarement rassemblés. Je passe sous silence les autres classes qui, quoiqu’elles n’entrassent pas dans le but principal de l’homme savant qui a formé cette collection, ne laissent pas encore d’offrir des articles que les Amateurs verront avec intérêt. Au surplus, je dois laisser au Public à juger du mérite et du choix des Ouvrages qui composent l’ensemble de ce Catalogue. » [sic]

(« Avertissement », p. v-vj)


187. Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du cabinet du Roi, par MM. de Buffon et d’Aubenton. Paris, 1749 et suiv., 39 vol. in-4, v. m., fig. 480 liv.

244. The natural History of Carolina, Florida and the Bahama Islands, by Marc Catesby. London, 1771, 2 vol. in-fol. magn., v. éc., d. s. t., fig. coloriées. 260 liv.

1.032.Œuvres complètes de Voltaire. Genève, 1768, et le Théâtre de P. Corneille, avec les Commentaires sur la Henriade. 39 vol. in-4, v. f., dos de mar. 99 liv. 19.

1.057. Geographiæ veteris Scriptores Græci minores, gr. et lat. edente Edmundo Wells. Oxoniæ, 1698 et 1712, 4 vol. in-8, mar. r. dent. 168 liv. 9.

1.102. Collectio Peregrinationum in Indias Orientales. Francofurti, 1598, 12 part. en 4 vol. in-fol., m. bl. – Collectio Peregrinationum in Indiam Occidentalem. Francofurti, 1590 et aliis annis, 13 parties en 6 vol. in-fol., m. bl., fig. Ces deux recueils sont connus sous le nom de Collection des grands et des petits Voyages. 500 liv.

1.108. Recueil de Voyages, en hollandais, par Johan Lodewyk Gottfrietd. Leyde, Vander-Aa, 8 vol. in-fol., v. m., fig. 150 liv.

1.109. Collection de Voyages aux Indes, en hollandais, par François Valentyn. Amst., 1724, 9 vol. in-fol., v. m., fig. 218 liv.

1.111. A Collection of Voyages and Travels. London, Churchill and Osborne, 1732 et seqq., 8 vol. in-fol., v. m., fig. 160 liv.

1.214. Voyage du chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l’Orient. Amst., 1735, 4 vol. in-4, v. m., fig. 120 liv. 11.

1.283. Voyage d’Egypte et de Nubie, par Norden. Copenhague, 1755, 2 tom. en 1 vol. in-fol., v. marb. allem., dos de mar., fig. 264 liv.

1.287. A Voyage to the Islands Madera, Barbados, Nieves, S. Christophers, with the Natural History, by Hans Sloane. London, 1707, 2 vol. in-fol., cuir de Russie, d. s. t., fig. 120 liv.

1.360. Voyage Pittoresque de Naples et de Sicile, par l’abbé de Saint-Non. Paris, 1782, 2 vol. in-fol., v. éc., d. s. t. Plus 9 cahiers broch. du tom. 3. 148 liv. 1.

1.410. Histoire Universelle, trad. de l’angl. d’une Société de Gens de Lettres. Amst., 1742 et années suiv., 44 vol. in-4, v. b., cartes et fig. 180 liv.


Membre de la Légion d’honneur le 9 vendémiaire An XII [2 octobre 1803], grand officier le 25 prairial An XII [14 juin 1804], il devint intendant général de la Maison de l’empereur le 21 messidor An XII [10 juillet 1804], entra au Sénat le 5 thermidor An XIII [24 juillet 1805] et fut fait gouverneur du Palais des Tuileries le lendemain, puis comte en 1808. 


Il publia un atlas intitulé Neptune du Cattégat et de la mer Baltique (Paris, 1809, gr. in-fol., 30 exemplaires) qui, commencé en 1785, lui coûta plus de 200.000 francs : il se compose d’un tableau allégorique servant de faux titre, d’un frontispice, de 2 feuillets d’explication et de 65 cartes, plans et vues ; les cuivres furent détruits après la mort de Fleurieu, excepté celui du plan de Saint-Pétersbourg. On doit joindre à cet atlas les Fondemens des cartes du Cattégat et de la Baltique (Paris, Imprimerie nationale, An II [1793], in-4).

Le 11 février 1809, Napoléon ordonna au maréchal Duroc de payer les dettes du comte de Fleurieu, de lui remettre sur le champ 12.000 francs et de lui payer le reste par mois sur la Caisse des théâtres, jusqu’à ce que la somme de 40.000 francs soit soldée. 

Hôtel Fleurieu, 18 rue Taitbout (façade sur le jardin)
La bibliothèque était au rez-de-chaussée de la tour gauche

Tandis qu’il jouait avec ses enfants, le comte de Fleurieu mourut brutalement d’une hémorragie cérébrale, à Paris, en son hôtel, 18 rue Taitbout [IXe], le 18 août 1810. Ses obsèques eurent lieu en l’église Saint-Roch [I er], sa paroisse, d’où il fut transporté à l’église de Sainte-Geneviève [Panthéon, Ve], destinée à la sépulture des grands hommes. Il laissait deux filles et une veuve. Cette dernière épousa, à Paris, le 18 juillet 1815, Anne-Joseph-Eustache-Eusèbe Baconnière de Salverte (1771-1839) et mourut le 1er décembre 1828.



Après sa mort, la bibliothèque du comte de Fleurieu fut vendue en 25 vacations, du 17 décembre 1810 au 18 janvier 1811, en son hôtel de la rue Taibout : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. le comte C. P. Claret de Fleurieu, sénateur, grand officier de la Légion d’honneur, gouverneur du palais impérial des Tuileries, Louvre, etc. conseiller d’État à vie, membre de l’Institut et du Bureau des longitudes, etc. (Paris, Théodore Le Clerc Jeune, 1810, in-8, [3]-[1 bl.]-3-[1 bl.]-199-[1 bl.] p., 1.990 + 2 * [n° 839 * et n° 1775 *] = 1.992 lots). Théologie [22 lots = 1,10 %], Jurisprudence [23 lots = 1,15 %], Sciences et Arts [363 lots = 18,22 %] – dont « Marine » [87 lots = 4,36 %] -, Belles-Lettres [283 lots = 14,20 %], Histoire [1.285 lots = 64,50 %], « Atlas ou Collections de cartes géographiques et hydrographiques » [16 lots = 0,80 %].  

  





Le Comte Henry de Chaponay (1811-1878), amateur de provenances dorées sur tranches

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Ex-libris d'Eléonor-Alexandre de Chaponay (1617-1696)


La Maison de Chaponay, qui remonte au XIIIe siècle, est probablement la plus ancienne famille de Lyon [Rhône] : elle portait « D’azur, à trois coqs d’or, becqués, crêtés, barbés et membrés de gueules, 2 et 1 », avec la devise « Gallo canente spes redit » [L’espoir renaît au chant du coq].


S’il traduit littéralement la forme moderne du patronyme, ce blason parlant est loin d’en faire apparaître le sens étymologique et la provenance historique. Ce n’est pas un coq, c’est une source jaillissant de terre qu’il faudrait pour traduire sa signification réelle : « Caput aquæ » [la tête de l’eau].


Château de Beaulieu-Morancé

Les seigneurs de Chaponay étaient barons de Morancé [Rhône] et de Belmont [Belmont d’Azergues, Rhône], seigneurs de Chaponnay [Rhône], Ponsonnas [Isère], Eybens [Isère], Feyzin [métropole de Lyon], Bresson [Isère], Saint-Marcel [Barraux, Isère], La Mure [Isère], Leyrieu [Isère], Certeaux, Beaulieu [Morancé], L’Izerable [Morancé], Le Pin [Isère], Marzé [le « Petit Marzé », Morancé], la Regnière [Belmont] Saint-Jean-des-Vignes [Rhône], Saint-Pierre-la-Chapelle, l’Île-Méan [Lyon], Trédo [Morancé], titrés marquis de Chaponay-Morancé.


Arbre généalogique simplifié

« Nous trouvons les Chaponay par-tout dans notre histoire, & toujours avec des distinctions. Je crois, quoi qu’en puisse dire le Sr. Allard dans son manuscrit sur les Chaponay, que leurs diverses branches tirent leur premiere origine de la province de Lyon, où il y en a encore. La branche qui y existe réside dans la personne de Pierre de Chaponay, Seigneur de Beaulieu, Comte de Morancé, Baron de Belmont & de Marzé. Il avoit épousé en 1722 Marianne Dareste, morte, dont il a eu plusieurs enfants. Les fils sont dans le service, & les filles Religieuses à Alix. Le second de ses fils, Pierre-Elizabeth-Philibert de Chaponay, a épousé Suzanne Nicolau, fille de Pierre Nicolau, Receveur-général des deniers communs, Droits & Octrois de la ville & communauté de Lyon, fils lui-même d’un Capitoul de Toulouse, & il en a des enfants. […]

Le P. Menestrier, dans sa Méthode générale des principes du Blason, imprimée à Lyon en 1660, parle des alliances des Chaponay avec les Grolée, les Sassenage, les Beranger, &c. dès le commencement du dixieme siecle. J’ai vu le contrat de mariage de Guillaume de Chaponay avec Lucie de Grolée, passé le 18. Janvier 964.

Si l’on consulte les tombeaux des Chaponay, on en trouve aux Cordeliers de St. Bonaventure à Lyon en 1232, à notre Dame de l’isle sous Vienne en 1265, aux Jacobins de Lyon en 1284, 1285, 1319, au village de Feizin en 1457, à Enay à Lyon en 1477, à Ste. Claire à Grenoble en 1520, &c.

J’ai vu un manuscrit dans lequel il est dit que dès 670, 768, 819, 891, il y avoit au monastere d’Enay de Lyon des tombeaux des Chaponay détruits par le temps & par les guerres, & qu’ils sont mentionnes dans les anciens actes capitulaires, fol. 62. 104. & fol. 38. & 49. lib. 311. fol. 63. & 75. » [sic]

([Abbé Pernetti]. Recherches pour servir à l’histoire de Lyon, ou les Lyonnois dignes de mémoire. Lyon, Frères Duplain, 1757, t. II, p. 89-91)


Sur la paroisse d’Ainay, Pierre-Anne de Chaponay, né le 30 mars 1691 et baptisé seulement le 3 juin 1700, épousa, le 29 novembre 1722, Marie-Anne Dareste, fille d’Antoine Dareste, seigneur de Rosarge, et de Marie Baronnat ; il mourut le 23 septembre 1775.


Soupière en argent massif, par Etienne-Jacques Marcq (1749)
Aux armes des Chaponay



Sur la même paroisse, Pierre-Elisabeth de Chaponay, né le 5 janvier 1726, ondoyé le 6 et baptisé le 14, épousa, le 27 février 1753, Suzanne Nicolau, née le 26 novembre 1730, fille de Pierre Nicolau, seigneur de Poussan, trésorier général de la ville de Lyon, et de Anne Ollivier ; demeurant à Lyon, rue de la Charité, il fut condamné à mort comme aristocrate le 2 frimaire An II [22 novembre 1793].


Château de Chervé, à Perreux
  

Jacques-Hugues-Suzanne de Chaponay, né à Lyon le 19 mars 1763 et baptisé le même jour en l’église d’Ainay, épousa, le 30 messidor An VIII [19 juillet 1800], à Perreux [Loire], Marguerite-Jeanne-Émilie Gayardon, née au même lieu le 1er décembre 1771, fille de Charles-Henry de Gayardon (1740-1819), comte de Grésolles [Grézolles, Loire], et de Suzanne de Fournillon (1744-1831). Le couple demeura au château de Chervé, à Perreux, et y mourut : Émilie le 11 décembre 1832, Hugues le 27 juillet 1842.


L’avant-dernier de leurs six enfants, Alexandre-Henry de Chaponay, est né à Perreux, le 28 octobre 1811.


Stradivarius de 1722, acquis en 1857 par le comte Henry de Chaponay
(Photographie Tarisio Auctions, New York et Londres)

Henry de Chaponay possédait un talent remarquable sur le violon et connaissait à fond tous les secrets de la lutherie. Il organisait chez lui, chaque semaine, des concerts où figuraient toutes les célébrités musicales étrangères et de Lyon. Sa nombreuse collection d’instruments de musique passait pour une des plus remarquables de l’Europe.

Il fut l’auteur de deux articles publiés dans la Revue du Lyonnais : « Ferney et les Charmettes. 1835. » (Lyon, L. Boitel, 1836, t. III, p. 92-108), sous le nom de « A. H. de C. G. » [Alexandre Henry de Chaponay Grésolles], et « Bulletin musical. Térésa et Maria Milanollo » (Lyon, L. Boitel, 1846, t. XXIV, p. 358-360), anonymement.


Membre de la Société des Bibliophiles français depuis 1851, sa collection de livres formait, non pas seulement un cabinet d’amateur, mais une véritable bibliothèque composée de livres de tous genres et des plus dignes d’être recueillis. Il lui fallait les meilleures éditions et des exemplaires qui ne laissaient rien à désirer.

Dans les ventes, il recherchait de préférence les livres qui avaient figuré dans des collections célèbres, de sorte qu’il ne possédait pas seulement des livres provenant des ventes auxquelles il avait assisté, telles que celles de Du Roure, Taylor, Saint-Mauris, De Bure, Renouard, Coste, Bertin, Giraud, Veinant, Solar, mais encore des exemplaires ayant appartenu à des amateurs plus anciens, tels que Méon, Mac-Carthy, Coulon, Sensier, Pixerécourt, Essling et surtout Charles Nodier, dont il possédait de nombreux livres provenant de ses bibliothèques dispersées.

Tous ses livres étaient beaux, grands de marges, bien conservés. A chacun on trouvait le nom d’un relieur célèbre, ancien ou moderne : Duseuil, Padeloup, Derome, Bauzonnet, Duru, Niedrée, Capé, Hardy.

Les livres qu’il recherchait avec le plus d’ardeur étaient les poètes français [263 lots = 29,35 %], les facéties [102 lots = 11,38 %], les romans français [65 lots = 7,25 %] et les poètes latins anciens [59 lots = 6,58 %].



La partie la plus curieuse de sa bibliothèque fut vendue à la Maison Silvestre, du lundi 26 au samedi 31 janvier 1863, en 6 vacations : Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. le comte H. de Ch***. Beaux classiques latins et français, éditions des Elsevier, ouvrages anciens ornés de gravures sur bois, poètes français des XVeet XVIesiècles, romans et facéties, etc. (Paris, L. Potier, 1863, in-8, X-[1]-[1 bl.]-147-[1 bl.] p., 883 [pas de nos 71, 581, 582, 583, 584, 585, 684 ] + 13 bis = 896 lots), avec une notice par Laurent Potier [p. V-X]. On peut joindre au catalogue une « Table alphabétique des noms d’auteurs et des ouvrages anonymes […], suivie de la liste des prix d’adjudication ».

Théologie [70 lots = 7,81 %], Sciences et Arts [52 lots = 5,80 %], Belles-Lettres [669 lots = 73,99 %], Histoire [110 lots = 12,27 %].

La vente produisit 79.300 francs.


Ex-libris du comte Henry de Chaponay

7. Icones historiarum Veteris Testamenti, ad vivum expressae et gallicis versibus redditae. Lugduni, apud Joan. Frellonium, 1547, in-4, réglé, mar. br., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 98 gravures sur bois d’Holbein [2 de plus que dans l’édition de 1538]. Quatrains français de Gilles Corrozet. Ex. de Veinant (1ère vente). 265 fr.

12. Tableaus sacrez de Paul Perrot, sieur de La Sale P., qui sont toutes les histoires du Vieil Testament, représentées et exposées selon leur sens en poésie françoise. Francfort, Jean Feyrabendt, aux dépens de Théodore de Bry, 1594, pet. in-8, mar. bl., compart. 110 figures gravées sur bois par Jost Amman. Ex. de Viollet-Leduc. 78 fr.

18. Vitae, passionis et mortis Jesu Christi mysteria, piis meditationibus et adspirationibus exposita per G. Johannem Bourghesium Malbodiensem, figuris aeneis expressa per Boetium a Bolswert. Antverpiae, H. Aertssius, 1622, in-8, mar. br., tr. dor. (Hardy). Frontispice et 76 fig. Ex. Veinant ; 102 fr.

28. Heures à lusage de Romme au long, sans rien requerir. Imprimées à Paris par Gillet Hardouyn (almanach de 1512 à 1524), gr. in-8, fig. sur bois, mar. br., compart. à fr., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Sur vélin. 18 grandes figures et 23 petites, peintes en or et en couleur. 686 fr.

34. Miroir de la vanité des femmes mondaines, par le P. Louis de Bouvignes, prédicateur capucin. Namur, Adrien la Fabrique, 1675, pet. in-12, réglé, mar. br., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Veinant. 155 fr.

43. Duodecim specula Deum aliquando videre desideranti concinnata, auctore P. Joanne David. Antverpiae, ex officina Plantiniana, 1610, in-8, réglé, fig., mar. br., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 12 fig. gravées par Th. Galle. Ex. Veinant. 59 fr.

45. La Manière de se bien préparer à la mort par des considérations sur la Cène, la passion et la mort de Jésus-Christ, avec de très-belles estampes emblématiques, expliquées par M. de Chertabon. Anvers, G. Gallet, 1700, in-4, demi-rel., dos et coins de mar. bl., n. rog. (Bauzonnet). 42 figures de Romain de Hooge. Ex. de La Bédoyère. 45 fr.

52. Anatomie de la messe. Où est monstrée par l’Ecriture-Saincte, et par les tesmoignages de l’ancienne Eglise, que la messe est contraire à la parole de Dieu, et éloignée du chemin de salut, par Pierre du Moulin. Leyde, B. et A. Elsevier, 1638, pet. in-12, vél. Ex. de Pixerécourt. 29 fr.

59. Discours sur la liberté de penser, traduit de l’anglois et augmenté d’une lettre d’un médecin arabe (par Collins). Londres, 1714, in-8, mar. v., fil., tr. dor. (Duru). Grand papier, fort rare. Ex. de Nodier. 42 fr.

61. Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, par M. Fréret. S. l., 1767, pet. in-8, mar. r., fil. (Rel. anc.). Ex. de Renouard. 14,50 fr.

67. Essai sur les préjugés, ou De l’influence des opinions sur les mœurs et sur le bonheur des hommes. Ouvrage contenant l’apologie de la philosophie, par M. D. M. (du Marsais, ou plutôt le baron d’Holbach). Londres, 1770, pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Derome). Ex. de La Bédoyère. 26 fr.

69. Les Abus dans les cérémonies et dans les mœurs, développés par M. L*** (l’abbé du Laurens). Genève, P. Pellet, 1786, in-8, mar. br., tr. dor. (Duru). Ex. relié sur brochure, aux armes du marquis de Coislin.

70. L’Alcoran de Mahomet, translaté d’arabe en françois par le sieur Du Ryer. Suivant la copie imprimée à Paris, chez Ant. Sommaville, 1672 (Holl. Elzevier), pet. in-12, mar. r., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. de Nodier. 80 fr.



75. Les Essais de Michel, seigneur de Montaigne. Amsterdam, A. Michiels, 1659, 3 vol. in-12, cuir de Russie, comp., tr. dor. Très grand de marges, avec témoins. Ex. du prince d’Essling (vente 1839). 320 fr.

87.Œuvres complètes de Vauvenargues, précédées d’une notice sur sa vie et ses ouvrages, et accompagnées de notes de Voltaire, Morellet et Suard. Paris, Brière, 1821, 3 vol. gr. in-8, demi-rel., dos et coins de mar. r., n. rog. (Simier). Grand papier vélin. Ex. de Coulon. 35 fr.

94. La Génération de l’homme, ou Tableau de l’amour conjugal considéré dans l’état de mariage, par Nicolas Venette. Londres, 1751, 2 vol. in-12, fig., mar. r., fil., tr. dor. (Padeloup). Grand papier. Ex. de Pixerécourt et Taylor. 122 fr.

119. Manuel typographique, par Fournier le jeune. Paris, Barbou, 1764, 2 vol. in-12, pap. fin, fig., mar. v., fil., tr. dor., doublé de tabis (Bisiaux). Portrait ajouté de Fournier gravé par Gaucher. Ex. de Renouard. 27 fr.

122. Jeux de cartes tarots et de cartes numérales du quatorzième au dix-huitième siècle, représentés en cent planches d’après les originaux, avec un précis historique et explicatif (par M. Duchesne), publiés par la Société des Bibliophiles français. Paris, Crapelet, 1844, in-fol., mar. r., fil., tr. dor. (Koehler). Tirage 132 exemplaires. 1 des 32 exemplaires sur grand papier, au nom du marquis du Roure. 250 fr.

137. Des mots à la mode et des nouvelles façons de parler, avec un discours en vers sur les mêmes matières. Seconde édition, augmentée d’une lettre sur les mots à la mode (par de Callières). Paris, Claude Barbin, 1692, in-12, mar. r., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. réglé, de la bibliothèque de Veinant. 50 fr.

148. Essai sur Pindare, contenant une traduction de quelques odes de ce poète […] par Vauvilliers. Paris, 1772, pet. in-8, v. m., fil., tr. dor. Ex. de Du Roure. 2 fr.

150. Opera et fragmenta veterum poetarum latinorum profanorum et ecclesiasticorum (studio M. Maittaire). Londini, Tonson, 1713, 2 vol. in-fol., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). En grand papier. Ex. de Coulon. 210 fr.

153. Dominici Baudii amores, edente Petro Scriverio, inscripti Th. Graswinckelio equiti. Lugduni Batavorum, Hegerus et Hackius (typis Abr. Van der Marse), 1638, in-12, mar. r., compart., doubl. de tabis, dent., tr. dor. (Thouvenin). Ex. de J.-J. De Bure. 15 fr.

162. Virgilii Maronis opera, ad Jac. Pontani castigationes excusa. Sedani, ex typogr. et typis novissimis Joan. Jannoni, 1625, in-32, mar. r., comp., fil., tr. dor. (Duseuil). Ex. Renouard. 50 fr.

172. P. Virgilius Maro, varietate lectionis et perpetua adnotatione ilustratus a Chr. Gottl. Heyne. Lipsiae, Casp. Fritsch, 1800, 6 vol. in-8, fig., mar. v., dent., doubl. de tabis, tr. dor. (Bozerian). Papier vélin. Ex. de La Bédoyère. 610 fr.

177. Quinti Horatii Flacci opera. Parisiis, e typographia Regia, 1733, in-16, mar. r., dent., réglé, tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de J.-J. De Bure. 34 fr.

184. Q. Horatii Flacci quae supersunt, recensuit et notulis instruxit Gilbertus Wakefield. Londini, Kearsley, 1764, 2 vol. in-8, gr. pap. vél., mar. r., fil., tr. dor. (Héring). Ex. de La Bédoyère (1èrevente). 32 fr.

192. Publii Ovidii Nasonis opera, cum integris J. Micylli, H. Ciofani, D. Heinsii notis, etc., cura et studio Petri Burmanni. Amstelodami, Fr. Changuion, 1727, 4 vol. in-4, front. gr., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Grand papier. Ex. de Mac-Carthy et de La Bédoyère. 290 fr.

215. Jacobi Mosanti Briosii poemata. Cadomi, Joan. Cavelier, 1663, in-8, mar. r., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. réglé de Veinant. 59 fr.

216. Mosanti Briosii poematum pars altera. Cadomi, J. Cavelier, 1669, pet. in-12, mar. r., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. réglé de Veinant. 40 fr.

220. Antonius de Arena provençalis, de Bragardissima villa de Soleriis, ad suos compagnones studientes […] nouvellos quam plurimos mandat. – Nova novorum novissima sive poemata stylo macaronico conscripta quae faciunt crepare lectores et saltare capras ob nimium risum, per Barth. Bollam. Stampatus in stampatura stampatorum, 1670, in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Padeloup). Ex. de Nodier. 76 fr.

245. Les Œuvres de maistre Françoys Villon. Le Monologue du franc archer de Baignollet. Le Dyalogue des seigneurs de Mallepaye et Baillevent. Paris, Galiot du Pré, 1532, in-16, lettres rondes, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. réglé, de Veinant. 365 fr.

250. Les Œuvres de M. Guillaume Coquillart. Lyon, Benoist Rigaud, 1579, in-16, mar. r., fil., tr. dor. Aux armes du marquis de Coislin. 301 fr.

255. Contredits de Songecreux. On les vend à Paris, en la boutique de Galiot du Pré. [à la fin :] Nouvellement imprimez a Paris, par Nicolas Couteau, le second jour de may, lan mil cinq et trente, pet. in-8, goth., mar. v., fil., tr. dor. (Rel. angl). Quelques taches. Ex. Solar. 210 fr.

257. Controverses des sexes masculin et féminin (par Gratien du Pont). S. l., 1537, in-16, fig. sur bois, lettres rondes, mar. v., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. de Crozet. 285 fr.

258. Les Dictz de Salomon, avec les responses de Marcon, fort joyeuses. In-8, mar. v., fil., doubl. de moire, tr. dor. (Bradel). Copie fac-similé sur vélin, exécutée par Fiot. Ex. de Méon. 28 fr.

262. Les Œuvres de Clément Marot, desquelles le contenu s’ensuit : l’Adolescence Clémentine, la suite de l’Adolescence, deux livres d’épigrammes, le premier livre de la Métamorphose d’Ovide ; le tout par lui autrement et mieux ordonné que par cy devant. On les vend à Lyon, chez Gryphius (1538), in-8, goth., réglé, mar. bl., dent., tr. dor. (Simier). Ex. de Coulon (1829), Bignon (1834) et Veinant (1835). 830 fr.

264. L’Adolescence Clémentine, autrement les œuvres de Clément Marot […], faictes en son adolescence, avec autres œuvres par lui composées […], reveues et corrigées selon la copie de sa derniere recongnoissance […]. On les vend à Anvers, en la maison de Jean Steels, M.D.XXXIX. – Recueil des œuvres Jehan Marot, contenant rondeaulx, epistres, vers espars, chants royaulx. – Jan Marot de Caensur les deux heureux voyages de Gênes et Venise, victorieusement mys a fin par le tres-chrestien roy Loys, douziesme de ce nom. [à la fin :] Imprimé en Anvers, par Guillaume du Mont, M.D.XXXIX ; 2 vol. pet. in-8, mar. ol., compart., tr. dor. (Koehler). Ex. de Armand Bertin. 380 fr.

265. Les Œuvres de Clément Marot, l’Adolescence Clémentine, la suyte de l’Adolescence, deux livres des épigrammes, le premier livre de la Métamorphose, une églogue (les cent trente-deux cantiques de la paix) ; le tout par luy autrement et mieulx ordonné que par cy devant. Paris, J. Bignon (1540), in-16, portrait ajouté, fig. sur bois, mar. br., fil., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. de Nodier. 300 fr.

267. Les Œuvres de Clément Marot, plus amples et en meilleur ordre que paravant. Lyon, à l’enseigne du Rocher (chez S. Sabon), 1544, in-8, réglé, portrait par Gaucher, ajouté, mar. bl., compart., tr. dor. (Rel. de Bisiaux). Ex. de Renouard (vente 1853). 850 fr.

272. Marguerites de la Marguerite des princesses, très-illustre royne de Navarre. Lyon, Jean de Tournes, 1547, 2 vol. in-8, fig. sur bois, mar. v., comp., tr. dor. (Thompson). Ex. du prince d’Essling (vente 1839). 435 fr.



274. Lesperon de discipline, pour inciter les humains aux bonnes lettres, stimuler à doctrine, animer à science, inviter à toutes bonnes œuvres vertueuses et morales […], lourdement forgé et rudement limé par noble homme fraire Antoine du Saix, commendeur de Sainct-Antoine de Bourg-en-Bresse. S. l., 1532, 2 part. en 1 vol. in-4, goth., mar. r., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. de Charles Giraud. 335 fr.

275. Lesperon de discipline, pour inciter les humains aux bonnes lettres, stimuler à doctrine, animer à science […], par noble homme frère Antoine du Saix, commendeur de Sainct-Antoine de Bourg-en-Bresse. Paris, Denys Janot, 1539, 2 part. en 1 vol. in-16, fig. s. b., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Viollet-Leduc. 41 fr.

284.Œuvres poétiques de Mellin de S. Gelais. Lyon, Benoist Rigaud, 1582, in-16, mar. r., compart., tr. dor. (Duseuil). Aux armes de Caumartin Saint-Ange. 90 fr.

292. Les Œuvres poétiques de Jacques Peletier du Mans. Paris, Michel de Vascosan, 1547, pet. in-8, mar. vert, tr. dor. (Duru). Ex. de Nodier. 170 fr.

294.Œuvres poétiques de Estienne Forcadel. Paris, Guillaume Chaudière, 1579, in-8, mar. bl., dent., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. de Nodier. 270 fr.

305. Les Poésies de Jacques Tahureau du Mans, mises toutes ensemble. Paris, Nicolas Chesneau, 1574, pet. in-8, v. f., fil. Ex. de Viollet-Leduc. 120 fr.

306. Erreurs amoureuses, augmentées d’une tierce partie. Plus un livre de vers liriques (par Ponthus de Thiard). Lyon, Jean de Tournes, 1555, pet. in-8, 169 p., fig. sur bois, mar. ol., compart., tr. dor. (Thouvenin). Ex. de Nodier. 275 fr.

311. Les Chastes Amours, ensemble les chansons de N. Renaud, gentilhomme provençal. Paris, Thomas Brumen, 1565, in-4, réglé, mar. r., compart. de fil., tr. dor. (Koehler). A appartenu à Jamet. Ex. de Nodier. 355 fr.



313. Les Omonimes, satire des mœurs corrompues de ce siècle, par Antoine du Verdier. Lyon, Ant. Gryphius (de l’imprimerie de P. Roussin), 1572, in-4, 12 f. réglés, mar. r., tr. dor. (Duru). Ex. de Veinant (première vente). 102 fr.

325. Les Poèmes de Pierre de Brach, Bourdelois. Bourdeaux, Simon Millanges, 1576, in-4, mar. r., fil., tr. dor. dos à la Padeloup (Koehler). Ex. de Nodier. 205 fr.

333. La Génération de l’homme et le Temple de l’âme, avec autres œuvres poétiques extraittes de l’Esculape de René Bretonnayau, médecin, natif de Vernantes en Anjou. Paris, Abel L’Angelier, 1583, in-4, bas. Ex. de Viollet-Leduc. 42 fr.

336. La Colombière et maison rustique de Philibert Hegemon, de Chalon-sur-Saône, contenant une description des douze mois et quatre saisons. Paris, Robert Le Fizelier, 1583, pet. in-8, mar. v., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Aux armes du marquis de Coislin. Ex. de Huzard. 115 fr.

338. Les Souspirs amoureux de F. B. (Beroalde) de Verville. Avec un discours satyrique de ceux qui escrivent d’amour, par N. Le Digne. Paris, Timothée Jouan, 1584, pet. in-12, mar. r., tr. dor. (Thompson). Ex. de Monmerqué. 38 fr.

342. Les Œuvres poétiques de Marc-Claude de Buttet, Savoisien. Paris, H. de Marnef, 1588, in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Koehler). Ex. de Viollet-Leduc. 260 fr.

343. Trois centuries de sonnets, par François Perrin, Autunois, contenant le vray pourtraict de la vie humaine, avec les antiquitez de plusieurs citez mémorables (et notamment d’Autun). Paris, Guillaume Chaudière, 1588, pet. in-8, mar. viol., fil., tr. dor. (Koehler). Ex. de Nodier. 255 fr.

346. Les Essais poétiques de Guillaume Du Peyrat, gentilhomme lyonnois. Tours, Jamet Mettayer, 1593, pet. in-12, mar. bleu, compart. tr. dor. (Koehler). Ex. de Nodier. 200 fr.

348. Les Premières Œuvres poétiques du capitaine Lasphrise, à César Monsieur. Paris, J. Gesselin, 1597, pet. in-12, portr., bas. Ex. de Soleinne. 80 fr.

349. Les Œuvres du sieur de La Roque, de Clermont en Beauvoisis, de nouveau reveues et augmentées. Paris, G. Robinet, 1597, in-12, mar. bl., fil., tr. dor. (Niedrée). Aux armes du marquis de Coislin. 60 fr.

352. Les Diverses Poésies du sieur de la Fresnaye Vauquelin. Caen, Charles Macé, 1605, in-8, mar. citr., fil., tr. dor. (Koehler). Grand papier. Ex. Armand Bertin. 455 fr.

360. Le Jardin et Cabinet poétique de Paul Contant, apoticaire de Poictiers, à Monseigneur Maximilian de Béthune, duc de Sully. Poictiers, Ant. Mesnier, 1609, in-4, 11 fig., v. fauve, fil., tr. dor. (Thompson). Ex. de Nodier. 60 fr.

363. Le Cabinet des Muses, ou Nouveau Recueil des plus beaux vers de ce temps. Rouen, David du Petit-Val, 1619, in-12, mar. r., tr. dor. (Thompson). Ex. de Nodier. 80 fr.

369. Les Œuvres poétiques du sieur Du Pin Pager. Paris, Jacques Quesnel, 1629, in-8, mar. br., fil., tr. dor. (Niedrée). Aux armes du marquis de Coislin. 64 fr.

371. Les Œuvres du sieur de Saint-Amant. Paris, Toussainct Quinet, 1651-49, 3 part. en 1 vol. in-4, mar. bl., tr. dor. (Duru). Aux chiffres du marquis de Coislin. 160 fr.

372. La Musette D. S. D. (Dalibray). Paris (1646), pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. d’Armand Bertin. 100 fr.

375. Poésies du sieur de Malleville. Paris, Nicolas Bessin, 1659, in-12, mar. br., fil., tr. dor. (Niedrée). Ex. d’Aimé Martin. 39 fr.

380. Poésies de Boileau Despréaux. Paris, Didot l’aîné, 1781, 2 tomes en 1 vol. in-18, mar. bl., doubl. de tabis, tr. dor. (Derome). Ex. de Renouard. 23 fr.

381.Œuvres de Boileau Despréaux, avec un commentaire par M. de Saint-Surin. Paris, Blaise, 1821, 4 vol. in-8, portr. et fig. d’après Hersent, C. et H. Vernet, etc., cart. non rogn. Ex. du prince d’Essling : n° 9 des 12 sur grand papier de Hollande. 175 fr.

392. La Henriade de Voltaire, poème en dix chants avec notes et variantes. Paris, de l’imprimerie de Crapelet, 1823, in-8, demi-rel., dos de mar. viol., n. rog. (Doll). Ex. Crapelet et De Bure. 15 fr.

397. Fables inédites des XIIe, XIIIe et XIVe siècles, et Fables de La Fontaine rapprochées de celles de tous les auteurs qui avaient, avant lui, traité les mêmes sujets, précédées d’une notice, par C.-M. Robert. Paris, E. Cabin, 1825, 2 vol. in-8, pap. vél., fig., mar. r., fil., non rogn., tr. sup. dor. (Niedrée). Ex. de Saint-Mauris. 210 fr.

398. Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine, avec de petites notes pour en faciliter l’intelligence. Hambourg, Vandenhoeck, 1731, 2 tom. en 1 vol. pet. in-12, mar. br., compart., tr. dor. (Müller). Ex. de Nodier. 61 fr.

401. Fables de La Fontaine. Paris, Didot l’aîné, 1782, 2 vol. in-18, mar. r., fil., tr. dor. (Derome). Ex. de Coulon. 33 fr.

422. Le Banquet des Muses, ou les divers [sic] Satires du sieur Auvray, contenant plusieurs poèmes non encore veues [sic] n’y [sic] imprimez. Ensemble est adjousté l’Innocence descouverte, tragi-comédie. Rouen, David Ferrand, 1628, in-8, mar. or., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. de A. Bertin. 205 fr.

423. Les Satyres de M. du Lorens, président de Chasteau-neuf. Paris, Ant. de Sommaville, 1646, in-4, mar. bl., tr. dor. (Duru). Aux armes et aux chiffres du marquis de Coislin. Ex. ayant appartenu à Hérisson, de Chartres. 230 fr.

433. Les Muses gaillardes, recueillies des plus beaux esprits de ce temps, par A. D. B. (Ant. Du Breuil), Parisien, dernière édition, reveue et de beaucoup augmentée. Paris, Ant. Du Breuil, 1609, in-12, titre gravé, mar. br., compart., tr. dor. (Bauzonnet). Double de la bibliothèque de Cigongne. 135 fr.



435. Les Satyres bastardes, et autres œuvres folastres du cadet Angoulevent. Paris, Anthoine Estoc, 1615, pet. in-12, mar. br., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. de Nodier. 455 fr.

445. Le Desert [sic] des Muses, ou les Délices de la satyre galante, par P. M. D. G. Paris, Lamy, s. d., pet. in-12, mar. bl., fil., tr. dor. (Niedrée). Ex. de Nodier. 210 fr.

446. Les Poésies facétieuses, par les beaux esprits de ce temps. S. l. [Hollande], 1668. – Recueil de quelques pièces curieuses tant en prose qu’en vers. Cologne, Pierre Marteau [Hollande], 1670, pet. in-12, mar. vert, dent., doublé de soie, tr. dor. (Rel. de Noël de Besançon). Ex. de Nodier. 165 fr.

447.Œuvres satirique [sic] de P. Corneille Blessebois. Leyde [Elsevier ?], 1676, 3 vol. pet. in-12, front. gr. et titre impr., mar. r., fil., doré en tête. Non rogné. Provient des ventes Sensier [399 fr.] et Montaran [391 fr.]. 680 fr.

448. Sotisier, ou Recueil de B. S. et F. (Bêtises, sotises et fadaises). Paris [Holl.], 1717, in-8, mar. vert, tr. dor. (Duru). Aux armes et aux chiffres du marquis de Coislin. 61 fr.

457. La Messe de Gnide, ouvrage posthume de C. Nobody (Labaume, suivi de fragments des Vêpres de Gnide, par le même, et de la Veillée de Vénus). Genève, 1797, in-24, mar. r., tr. dor. Ex. de Pixerécourt. 22 fr.

458 bis. La Méchanceté des femmes, avec le Caquet des chambrières. Ensemble la lettre d’un gentilhomme à une damoiselle, et la Response de la damoiselle au gentilhomme. Plus la lettre d’Escorniflorie. Lyon, jouxte la copie imprimée à Paris, 1650, pet. in-12, 46 p., mar. r., fil., tr. dor. (Thompson). Ex. de Veinant. 97 fr.

465. Relation d’un voyage de Copenhague à Brème, en vers burlesques (par Clément). Brème, Claude Lejeune, 1705, pet. in-12, vél., dent. Ex. non rogné provenant des ventes Bérard et Montaran, avec une longue note autographe de Nodier. 120 fr.

468. Le Parnasse des Muses, ou Recueil des plus belles chansons à danser. Paris, Ch. Hulpeau, 1628 (titre gravé et titre imprimé). – Le Concert des enfans de Bacchus. Paris, Hulpeau, 1628. – Le second volume du Parnasse des Muses. Paris, Ch. Hulpeau, 1628, titre gr. et titre impr. – Le second tome du Concert des enfans de Bacchus. Paris, Ch. Hulpeau, 1628. Ensemble 4 part. en 1 vol. pet. in-12, mar. bl., fil., tr. dor. Ex. de Nodier. 355 fr.

473. Recueil complet des chansons de Collé. Paris, 1807, 2 tom. en 1 vol. in-18, mar. citr., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Aux armes du marquis de Coislin. 51 fr.



480. Origine delli volgari proverbi di Aloyse Cynthio degli Fabritii, della poderosa et inclyta citta di Vinegia cittadino, delle arti et di medicina dottore, ad Clemente settimo, degli illustrissimi signori de’ Medici imperatore massimo. [à la fin :] Stampata in Vinegia per maestro Bernardino et maestro Matheo de i Vitali fratelli Venitiani, 1526, in-fol., mar. r., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. des ventes Libri (1847) et A. Chesnet (1853). 605 fr.

481. L’Orlando furioso e le satire di Lod. Ariosto, con note di diversi, per diligenza e studio di A. Buttura. Parigi, Lefèvre, 1836, 4 vol. gr. in-8, dem.-rel., dos et c. de mar. or., n. rog., tr. sup. dor. (Niedrée). Grand papier vélin. Ex. de Saint-Mauris. 129 fr.

488. Scelta di prose et poesie italiane. Londra, Nourse [Paris], 1765. – Il Libro del perche, colla pastorella del cav. Marino, e la novella dell’ Ang. Gabriello. Pelusio, MMM.D.XIV (Paris, Grangé, 1757). Dubbii amorosi, altri dubbii, e sonetti di Pietro Aretino. Nella stamperia del Forno, alla corona de’ Cazzi, s. d. (Paris, Grangé, vers 1757), in-12, pap. de Holl., mar. v., fil., tr. dor. (Derome). Ex. de Nodier. 90 fr.

498. Moralité nouvelle du mauvais riche et du ladre, à douze personnages. In-12, mar. br., fil., doublé de tabis, tr. dor. (Bradel). Copie fac-similé sur vélin exécutée par Fiot. Ex. de Méon. 40 fr.

499. Les Œuvres et meslanges d’Estienne Jodelle, sieur du Lymodin. Lyon, Rigaud, 1597, pet. in-12, mar. v., fil., tr. dor. (Thouvenin). Ex. de Nodier avec son écusson sur la reliure. 128 fr.

509. Le Maréchal de Luxembourg au lit de la mort. Tragi-comédie (en prose). Cologne, Pierre Richemont [Holl.], 1695, pet. in-12, portr. ajoutés, mar. br., fil. (Simier). Non rogné. Ex. de Renouard. 22 fr.

513. Titi Petronii Arbitri Satyricon, acedunt divers. poetarum lusus in Priapum, etc., omnia commentariis et notis illustrata, concinnante Mich. Hadrianide. Amstelodami, J. Blaeu, 1669-1671, 2 part. en 1 vol. in-8, front. gr., mar. v., dent., tr. dor. (Bradel-Derome). Ex. de J.-J. De Bure. 48 fr.

515. L. Apuleii Metamorphoseos libri XI, cum annotationibus Joannis Pricaei. Goudae, Gul. van der Hoeve, 1650, in-8, portr., mar. r., fil., tr. dor. (Bradel-Derome). Ex. de J.-J. De Bure. 31 fr.

522. La Folie feinte de l’amant loyal. Histoire nouvelle, contenant plusieurs chansons, stances et sonnets, reveue et changée de tiltre puis la première impression, par N. C. I. R. Lyon, André Papillon, 1597, in-16, mar. r., fil., tr. dor. (Koehler). Ex. de Cailhava. 96 fr.

526. Eve ressuscitée, ou la belle sans chemise, avantures plaisantes. Cologne, Louis Le Sincère [Holl.], 1683, pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Müller). Ex. de Nodier. 150 fr.

527. Le Zombi du grand Perou, ou la Comtesse de Cocagne. Nouvelement imprimé le quinze fevrier, 1697, pet. in-12, mar. r., compart. de fil., tr. dor. (Duru). Ex. de Nodier. 278 fr.

531.Œuvres du comte Antoine Hamilton. Paris, A.-A. Renouard, 1812, 4 tomes en 3 vol. in-8, fig. et portr., mar. r., fil., tr. dor. (Bozerian). Ex. de Coulon. 80 fr.

546. Tansaï et Néadarné, histoire japonaise (par Crébillon fils). Pékin [Paris], 1743, 2 vol. in-12, fig., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Pixerécourt. 80 fr.

556. La Cour de Saint-Germain, ou les Intrigues galantes du roy et de la reine d’Angleterre, depuis leur séjour en France. A S. Germain, chez Jaques le Bon [Holl.], 1695, pet. in-12, mar. v., dent., doubl. de tabis, tr. dor. (Bisiaux). Ex. de Nodier. 82 fr.

572. Les Neuf Matinées du seigneur de Cholières, reveues, corrigées et augmentées. Paris, Jean Richer, 1586. – Les Après-Dinées du seigneur de Cholières. Paris, J. Richer, 1587. Ensemble 2 vol. in-12, v. m., fil. Aux armes de Madame de Pompadour. 102 fr. Passera à P. Desq (1866, n° 737, vendu à Potier) et Henri Bordes (1873, n° 446). Drouot, 24 avril 2002 : 2.800 €.

574. Les Heures perdues d’un cavalier françois, dans lequel les esprits mélancholiques trouveront des remèdes propres pour dissiper cette fâcheuse humeur. Paris, Estienne Maucroy, 1662, in-12, mar. vert, fil., tr. dor. (Thouvenin). Ex. de Nodier avec son écusson sur le plat. 68 fr.

580. Intrigues monastiques, ou L’Amour encapuchonné, nouvelles espagnoles, italiennes et françoises. La Haye, Van den Bergh, 1739, in-12, cuir de Russie, fil. (Thouvenin). Non rogné. Ex. de Renouard. 28 fr.

596. La Fouyne de Séville, ou l’Hameçon des bourses, traduit de l’espagnol de D. Alonço de Castillo Souorçano (par Le Metel d’Ouville). Paris, Louis Billaine, 1661, in-8, vél. Ex. de Nodier. 36 fr.

605. Collection de différents ouvrages anciens, poésies et facéties, réimprimés par les soins de P. S. Caron (Paris, 1798-1806). – Recueil de pièces du même genre, publiées par M. de Montaran (Paris, 1829-30). Ensemble 4 vol. pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor., non rogn. (Koehler). Ex. de Nodier avec les écussons sur les plats [Cat. 1844, n° 855]. 560 fr.

606. Les Joyeusetez, facecies et folastres imaginations de Caresme-Prenant, Gauthier Garguille, Guillot Gorju, Roger Bontemps, Turlupin, Tabarin, Arlequin, Moulinet, etc. (publiées par M. Aimé Martin). Paris, Techener, 1829-1834, 21 vol. in-16, mar. de diverses couleurs, fil. à comp., non rog., doré en tête. (Muller). Tiré à 76 ex. Ex. d’Aimé Martin, un des 10 en papier vélin fort. 430 fr.

608. Les Triomphes de l’abbaye des conards sous le resveur en decimes, fagots abbé des conards, contenant les criées et proclamations faites depuis son advenement jusques à l’an présent. Plus l’ingénieuse lessive qu’ils ont conardement monstrée aux jours gras en l’an M.D.XL. Rouen, Loys Petit, 1587, pet. in-8, mar. br., compart. de fil., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. de Nodier. 470 fr.

610. La Nouvelle Fabrique des excellens traits de vérité, par Philippe d’Alcripe, sieur de Neri, en Verbos. (Le Picard, sieur de Rien en Bourse.) Imprimé cette année (Rouen, Viret, vers 1730). In-12, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. de Aimé Martin. 44 fr.

611. Procez et amples examinations sur la vie de Caresme-Prenant. Paris, 1605. – Traicté de mariage entre Julian Peoger et Jaqueline Papinet. Lyon, 1611. – La Copie d’un bail. Paris, 1609. – La Raison pourquoi les femmes ne portent barbe au menton. Paris, 1601. – La Source des […] sauvages. La Grande Pronostication des […] sauvages. La Source du gros f… des nourrices. Rouen, Yves Bomont, s. d. Sermon joyeux d’un d… de nourrice. Pet. in-8, mar. bl., dent., tr. dor. (Simier). Ex. de Pixerécourt. 60 fr.

619. Le Moyen de parvenir. Nouvelle édition corrigée de diverses fautes, etc. Chinon, chez François Rabelais, l’année pantagruéline (vers 1700), 2 tomes en 1 vol. très pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Purgold). Ex. de Nodier. 62 fr.

621. Plaisant contract de mariage passé nouvellement à Aubervilliers le 35 de février mil trois cent trente trois entre Nicolas Grand Jean et Guilemette Ventrue, ensuite le Festin du dit mariage, apresté à la plaine de Longboyau. Paris, Ve du Carroy, s. d. (vers 1600), pet. in-8, 8 f., mar. r., fil., tr. dor. (Koehler). Ex. de Nodier. 165 fr.

622. Thrésor des récréations, contenant histoires facétieuses et honnestes propos, plaisans et plein de gaillardises […] tant pour consoler les personnes qui du vent de bize ont esté frappez au nez que pour récréer ceux qui sont en la misérable servitude du tyran d’Argencourt. Rouen, Jean Osmont, 1611, pet. in-12, mar. bl., dent., tr. dor. Ex. de Nodier [1830] et du prince d’Essling [1839]. 166 fr.



626. Les Fantaisies de Bruscambille. Paris, Florentin Lambert [Holl.], 1668, pet. in-12, mar. v., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Chardin [vente 1806]. 150 fr.

627. Les Œuvres de Bruscambille, contenans ses fantaisies, imaginations et paradoxes et autres discours comiques, le tout tiré de l’escarcelle de ses imaginations. Rouen, Martin de La Motte, 1635, pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Nodier [1830] et du prince d’Essling [1839]. 170 fr.

632. Le Tombeau de la mélancholie, ou le Vray Moyen de vivre joyeux ; seconde édition, revue, corrigée et augmentée, par le sieur D. V. G. Paris, Ch. Sevestre, 1634, in-12, front. gr., mar. v., dent. tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Méon. 50 fr.

639. Roger Bontemps en belle humeur, donnant aux tristes et aux affligés le moyen de chasser leurs ennuis, et aux joyeux le secret de vivre toujours contents. Cologne, Pierre Marteau [Holl.], 1670, pet. in-12, front. gr., mar. br., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. de Nodier. 275 fr.

648. Le Conservateur de la santé, volume incomparable renfermant l’art de péter et de c.… Moncuq [Guyenne], s. d., gr. in-8. Sur papier vélin bleu. – Le Nouveau M…, ou Manuel des facétieux et bons ch… recueil de poésies et d’anecdotes. Merdianopolis, s. d., gr. in-8, fig. de Langlois. Sur papier vélin jaune. Mar. bl., fil., tr. dor. (Boutigny). Ex. de Monmerqué. 55 fr.

653. Eloge de l’enfer, ouvrage critique, historique et moral (attribué à Benard). La Haye, Pierre Gosse, 1759, 2 vol. in-12, front. gr., mar. bl., fil., tr. dor. (Duru). Papier de Hollande. Ex. de Nodier. 60 fr.

664. Almanach perpétuel d’amour, selon les observations astronomiques de Cupidon, diligemment supputé et réduit au méridien du cœur, par Joly Passioné, professeur es-mathématiques d’amour. A l’Isle d’Adonis, par Fidelle Soupirant, 1681, pet. in-12, mar. bl., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. de Nodier. 86 fr.

665. La Chasse aux filles, ou Jardin d’amour réformé, dans lequel est enseigné la manière de conserver et d’entretenir une maîtresse, par L. G. avocat. Autun, Pierre Laymeré, s. d. (vers 1680), pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Duru). Ex. de Nodier. 148 fr.

673. La Blanque des filles d’amour. Dialogue où la courtizane Myrthale et sa mère Philire devisent du rabais de leur métier. Paris, Nic. Alexandre, 1615, 7 f. – Le Contenu de l’assemblée des dames de la confrairie du grand habitavit. Paris, Nic. Alexandre, 1615, 4 f., in-8, mar. bl., compart. tr. dor. (Bauzonnet). Ex. de Nodier. 160 fr.

674. Histoire du prince Apprius, manuscrit persan, traduction françoise par Monsieur Esprit (par de Beauchamps). La Haye, Jaques van den Kieboom, 1729, pet. in-8, mar. v., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Pixerécourt. 28 fr.

680. Capricciosi et piacevoli ragionamenti di M. Pietro Aretino. Stampati in Cosmopoli (Amsterd., D. Elzevier), 1660. – La Puttana errante, overo dialogo di Madalena e Giulia, di M. P. Aretino. Pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. du maréchal Sébastiani. 185 fr.



688. De la beauté, discours divers […]. Avec la Paulegraphie, ou Description des beautez d’une dame Tholosaine nommée la belle Paule, par Gabriel de Minut. Lyon, Barthelemy Honorat, 1587, in-8, mar. vert, compart., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Le Riche [XVIIIe], puis de Renouard. 850 fr.

693. Le Tableau des piperies des femmes mondaines, où par plusieurs histoires se voyent les ruses et artifices dont elles se servent. Cologne, Pierre du Marteau [Holl.], 1685, pet. in-12, mar. bl., tr. dor. (Duru). Ex. de Nodier. 170 fr.

698. Le C… consolateur (par Caron). Lan du c… 5789, in-18, mar. r., fil., doubl. de tabis, tr. dor. (Ginain). Ex. de Nodier. 30 fr.

702. Antidote contre les C…, ou Dissertations sur les cornes antiques et modernes, ouvrage philosophique. Paris, s. d., in-8, demi-rel., mar. r., non rog. Ex. de Nodier [1830]. 13 fr.



717. Le Conte du tonneau, contenant tout ce que les arts et les sciences ont de plus sublime et de plus mystérieux, par Jonathan Swift, traduit de l’anglois (par Van Effen). La Haye, Scheurleer, 1732, 4 vol. in-12, fig., mar. r., fil., tr. dor. (Derome). Ex. de Pixerécourt. 115 fr.

721. Les Proverbes notables et Belles Sentences de plusieurs bons autheurs, tant anciens que modernes, dans lesquelles le latin précède le françois. Paris, Pierre Menier, 1602, in-16, mar. v., fil., tr. dor. (Koehler). Ex. de J.-J. De Bure. 41 fr.

724. Proverbii di Messer Antonio Cornazano in facetie. Parigi, Didot, 1812, in-12, pap. vél., mar. r., dent., compart., doubl. de tabis, tr. dor. (Bozerian). Tirage 100 exemplaires. Ex. de Renouard. 15 fr.

726. Poggiana, ou la Vie, le caractère, les sentences et les bons mots de Pogge Florentin, avec son histoire de la république de Florence (publ. par J. Lenfant). Amsterdam, Pierre Humbert, 1720, pet. in-8, portr., v. f., fil. (Rel. anc.). Ex. de J.-J. De Bure. 8 fr.

737. Pia desideria emblematis elegiis et affectibus S. S. Patrum ilustrata authore Hermanno Hugone, Vulgavit Boetius a Bolswert. Typis Henrici Aertssenii, Antverpiae, 1624, pet. in-8, mar. br., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. réglé, de Veinant. 49 fr.

741. Le Théâtre des bons engins, auquel sont contenus cent emblèmes moraux, composé par Guillaume de la Perrière, Tholosain. Lyon, Jean de Tournes, 1583, in-16, fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). 100 fig. sur bois. Ex. de Racine Demonville. 40 fr.

743. Le Premier Livre des emblèmes, composé par Guillaume Gueroult. Lyon, Balthazar Arnoullet, 1550, in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. de A. Bertin. 110 fr.

752. Jacobi Mosanti Briosii epistolae. Cadomi, J. Cavelier, 1670, in-8, réglé, mar. r., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. de Veinant. 49 fr.

754. Lettres choisies de Mr Bayle, avec des remarques. Roterdam, Fritsch et Böhm, 1714, 3 tomes en 2 vol. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de la comtesse de Verrue. 60 fr.

756.Œuvres de Lucien, traduites du grec, avec des notes historiques et littéraires (par Belin de Ballu). Paris, Bastien, 1788, 6 vol. in-8, portr., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Coulon. 40 fr.

760. Les Méditations historiques de M. Philippe Camerarius, comprises en trois volumes qui contiennent trois cens chapitres […] tournez de latin en françois par S. G. S. (Simon Goulart, Senlisien). Lyon, veuve d’Antoine de Harsy, 1610, 3 tomes en 1 vol. in-4, mar. vert, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes et aux chiffres de Charles, duc d’Angoulême (alors comte d’Auvergne), fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet. 92 fr.

774.Œuvres de La Harpe, accompagnées d’une notice sur ses ouvrages. Paris, Verdière, 1820, 16 vol. in-8, pap. vél., portr., v. f., fil., tr. dor. (Simier). Ex. de Coulon. 75 fr.

775. Recueil de divers ouvrages et opuscules de Gabriel Peignot. 30 vol. ou broch. rel. en 6 vol. in-8, demi-rel., mar. r., non rog. Formé par Guillaume de Besançon, membre de la Société des Bibliophiles et ami de Peignot.176 fr.

781. Collection des auteurs classiques françois imprimés pour l’éducation du Dauphin. Paris, Didot l’aîné, 1784-1786, 17 vol. in-8, pap. vél., mar. r., fil., tr. dor. (Derome). Ex. du prince d’Essling. 590 fr.

782. Mélanges, publiés par la Société des Bibliophiles françois. Paris, imprimerie de Firmin Didot, 1820-1829, 6 vol. in-8, gr. pap. vél., demi-rel., mar. rouge, non rog. Ex. n° 24 de Guillaume de Besançon. 255 fr.

798. L’Antiquité dévoilée par ses usages, par Boulanger. Amsterdam, Michel Rey, 1766, 3 vol. in-12, mar. vert, fil., tr. dor. Aux armes de la duchesse de Grammont, sœur du duc de Choiseul. 54 fr.

804. Dionysii Halicarnassensis antiquitatum romanarum libri quotquot supersunt (et quae extant Rhetorica et critica, omnia gr. et lat. ex recens. J. Hudson). Oxoniae, ex theatro Sheldoniano, 1704, 2 vol. in-fol., mar. r., dent., doubl. de tabis, tr. dor. (Bradel-Derome). Grand papier. Ex. de Caillard. 270 fr.

805. Titi Livii historiarum libri ex recensione Gronovii. Lugd. Batavorum, ex officina Elzeviriana, 1645, 3 vol. pet. in-12, mar. r., compart., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Caumartin Saint-Ange. 89 fr.

808. L. Annaeus Florus, Cl. Salmasius addidit Lucium Ampelium. Lugd. Batav., Elzevirius, 1657, pet. in-12, mar. bl., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux chiffres de Saux-Tavannes. 26 fr.

816. Caius Suetonius Tranquillus ex recensione Francisci Oudendorpii. Lugduni Batavorum, S. Luchtmans, 1751, in-8, mar. bl., fil., non rog. (Thouvenin). Ex. de La Bédoyère. 29 fr.

817. Les Impératrices romaines, ou Histoire de la vie et des intrigues secrètes des femmes des douze Césars, de celles des empereurs romains et des princesses de leur sang, par M. de Serviez. Paris, Guillyn, 1758, 3 vol. in-12, mar. r., fil., tr. dor. Aux armes de la comtesse Du Barry. 231 fr.

820. Les Mémoires de messire Philippe de Commines. Leide, les Elzeviers, 1648, pet. in-12, mar. v. à compart., fil., tr. dor. (Thouvenin). Provient des ventes Sensier et du prince d’Essling [1839]. 145 fr.



826. Histoire du roy Henry le Grand, composée par messire Hardouin de Perefixe. Amsterdam, L. et D. Elzevier, 1661, pet. in-12, front., mar. r., doubl. de tabis, dent., tr. dor. (Bozerinan). Ex. du prince d’Essling [Cat. 1839]. 106 fr.

829. Les Héros de la Ligue, ou la Procession monacale conduitte par Louis XIV pour la conversion des protestants de son royaume. Paris, chez père Peters, à l’enseigne de Louis le Grand [Holl.], s. d., in-4, 26 pl., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. non rogné, du roi Louis-Philippe. 50 fr.

834. Discours non plus mélancoliques que divers, de choses mesmement qui appartiennent à notre France : et à la fin, la manière de bien et justement entoucher les lucs et guiternes. Poitiers, Enguibert de Marnef, 1557, in-4, mar. v., compart., tr. dor. (Thouvenin). Ex. de Nodier. 140 fr.

835. La Loi salique, livret de la première humaine vérité, par Guillaume Postel. Suivant la copie de 1552, Paris, Lamy, 1780, in-16, mar. r., dent., tr. dor. (Rel. anc.). Ex-libris de Madame Campan. 12 fr.

864. Extrait d’un Mémoire généalogique déposé en la Bibliothèque, portant que la famille de Mrs Laisné de Parvilli, originaires de la ville de Nogent-le-Roi, en Beausse, est une branche de celle de Laisné, établie en Angoumois […]. In-fol., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Manuscrit sur papier, par Montchaussé. Aux armes de Antoine Laisné, seigneur de Parvilli.24 fr.

885. Histoires tragiques extraites des œuvres italiennes de Bandel, et mises en langue françoise, les six premières, par P. Boaistuau, les suivantes, par Fr. de Belle-Forest. Rouen, Adrian de Launay, 1603-1604, 7 vol. pet. in-12, mar. r., tr. dor. (Duru). Ex. de Veinant. 162 fr.


La santé du comte Henry de Chaponay s’était affaiblie, quelques atteintes de surdité étaient survenues, sa vue s’altéra et finit par s’éteindre. 

Porte du 38 rue Victor Hugo, Lyon
(Photographie Claude Devigne)

Il mourut, célibataire, le 30 mars 1878, en son domicile lyonnais, 38 rue Bourbon [rue Victor Hugo]. La seconde partie de sa bibliothèque fut vendue après sa mort, à son domicile, à partir du 28 novembre 1878 : 

N° 332 (Reliure de Thompson)
Paris, Alde, 3 novembre 2010 : 2.000 €

Catalogue de la bibliothèque de feu le comte Henri de Chaponay, l’un des 25 membres de la Société des Bibliophiles français (Lyon, Auguste Brun, 1878, in-8, 256 p., 2.747 lots). La vente produisit 34.643 francs et 75 centimes.

Il avait légué ses recueils de duos, trios, quatuors et quintettes à cordes, reliés dans de forts volumes à dos de daim vert, à la bibliothèque du Conservatoire de Lyon.
































Le Chroniqueur et feuilletoniste Francisque Sarcey (1827-1899)

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Cliché Robert Frank

Critique dramatique dont l’autorité, souvent contestée, fut considérable, qui était devenu populaire dans le monde des lettres sous le nom familier de « l’Oncle » - surnom que lui aurait donné Rodolphe Salis (1851-1897), fondateur en 1881 du célèbre cabaret du Chat Noir [84 boulevard de Rochechouart, XVIIIe] -, François Sarcey, dit « Francisque Sarcey » est mort en son domicile, 59 rue de Douai [Paris IXe], le mardi 16 mai 1899 :


« Hélas ! oui, c’est seulement jeudi qu’il a dû s’aliter… La veille encore, toute la journée du mercredi, il était allé à ses occupations habituelles. Vous savez si ces journées étaient remplies : celle-là, qui devait être sa dernière journée de labeur, fut une des plus occupées.

Après avoir travaillé toute la matinée, il avait assisté à la première communion de son fils au collège Stanislas, déjeuné chez M. Jules Claretie, puis il avait écrit un de ses “ Grains de bon sens ” qu’il était allé lui-même, vers six heures, porter au Figaro. Il était rentré ensuite dîner chez lui, et, quoique se sentant un peu fatigué, il n’avait pas manqué, selon sa coutume, d’aller passer sa soirée au théâtre.

Il commit malheureusement l’imprudence, en rentrant, de prendre une voiture découverte. Il fut saisi par le froid, et dans la nuit une congestion pulmonaire se déclara, que les soins les plus dévoués et les plus éclairés furent impuissants à combattre. Vendredi matin, cependant, une légère amélioration se produisit, mais elle fut de très courte durée. Dans l’après-midi eut lieu une consultation des médecins qui ne laissa plus d’espoir ; l’agonie commença dans la soirée, et la mort est bientôt venue, très rapide, mais très douce : Francisque Sarcey ne s’est pas vu mourir… »

(Adolphe Brisson. In Le Figaro, mercredi 17 mai 1899, p. 1)  


In Revue illustrée, 1er juin 1899

Les obsèques eurent lieu le 18 mai en l’église de la Trinité, sa paroisse. Au cimetière Montmartre [Paris XVIIIe], des discours furent prononcés par Georges Leygues, ministre de l’Instruction publique, Jules Claretie, de l’Académie française, Gaston Jollivet, de l’Assemblée des journalistes parisiens, Camille Le Senne, président du Cercle de la critique, Gustave Larroumet, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, Adrien Hébrard, directeur du Temps et le poète Gaston Habrekorn. 


Le samedi 20 mai, selon sa volonté, il fut incinéré au Père-Lachaise et ses cendres furent déposées dans le caveau familial du cimetière Montmartre [Division 2], où on lit ces simples mots : « Francisque Sarcey, professeur et journaliste ».


Maison natale, à Dourdan

D’une famille qui tire son nom d’un village du Beaujolais, appelé Sarcey [Rhône], François Sarcey était né le lundi 8 octobre 1827, à Dourdan [Essonne], rue Neuve [30 rue Debertrand], où son père, Jean-Benoît Sarcey, né à Lyon, le 9 messidor An IV [27 juin 1796], onzième enfant d’un canut, d’abord canut, puis soldat, était devenu maître de pension. Sa mère, Odile-Constance de Brunel, était née le 21 mars 1808 à Serbonnes [Yonne] – village natal de Jacques Clément, l’assassin du roi Henri III en 1589 -, et s’y était mariée le 19 juillet 1826 ; elle était la dernière fille de Alexandrine-Thérèse Berthelin et de François-Maximilien de Brunel, seigneur de Serbonnes, juge de paix du canton de Sergines, descendant d’une famille originaire de Guyenne et fixée à Serbonnes au XVIesiècle.


Arbre généalogique simplifié

Quelques biographes, notamment Pierre Larousse dans son Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, le font naître à Suttières, une commune qui n’existe pas, le confondant avec un écrivain du XVIIIe siècle, André Sarcey de Sutières [avec un seul « t »], né à Lyon le 16 mars 1738, fondateur, en 1771, de la première ferme expérimentale, à Annel [Longueil-Annel, Oise].


« Je dois, en effet, m’appeler Sarcey de Sutières. Mon père me l’a toujours dit, et il le tenait de son père. Mais ni mon acte de naissance, ni celui de mon père, ni celui de mon grand-père ne portent ce nom.

Je possède des liasses de lettres de famille, où des oncles, signant Sarcey de Suttières, ou plus simplement Sutières, écrivent à mon grand-père. Mais je ne me suis jamais donné la peine de débrouiller cette généalogie, qui est restée obscure pour moi.

Il y a eu, en effet, un de Sutières établi en Beauce, qui a laissé quelques ouvrages sur l’agronomie. J’en ai un dans ma bibliothèque.

Dans un autre volume qui a pour titre : Almanach de Paris pour l’année 1789, à Paris, chez Lesclapart, libraire de Monsieur, à la Sainte Famille, rue du Roule, n° 11 (c’était le Bottindu temps), je trouve un : de Sutières-Sarcey, professeur d’agriculture, rue de Tournon, 5. Peut-être était-ce le même.

Mais les de Sutières-Sarcey ne sont pas originaires de la Beauce. Mon père est né à Lyon, et les de Sutières-Sarcey viennent de la Savoie, où, m’a-t-on dit, le nom est encore porté par plusieurs personnes. Mais jamais le hasard ne m’a mis en relations avec aucune d’elles. Il y en avait de fort riches : j’appartenais à une branche tombée dans la misère.

C’était encore une tradition dans ma famille que nous étions cousins du grand Ampère. J’ai vu avec plaisir, en lisant la Correspondance d’Ampère (c’est un délicieux volume), que cela était vrai.

Quand je suis entré dans les journaux, j’ai été obligé de prendre un pseudonyme, puisque je relevais encore de l’Université. J’ai pris naturellement le nom que mon père m’avait dit être à moi, et j’ai signé Sutières.

Le jour où j’ai eu donné ma démission, j’ai repris devant le public le seul nom que j’aie, de par les actes civils, le droit de porter : Francisque Sarcey. »

(Francisque Sarcey. In L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, 25 mars 1885, col. 177-178)


Son père, qui aimait lire des pièces de théâtre et qui chantait volontiers, rêvait de faire de son fils unique un artiste, peintre ou musicien. Vers 1838, il céda son pensionnat et acheta la charge de greffier près le Tribunal de commerce de Dourdan. En 1852, il partit cacher la misère de sa famille à Paris et mourut à Neuilly-sur-Seine [Hauts-de-Seine], le 21 novembre 1857. Sa mère se cassa un bras en 1888 et décéda le 10 août 1889, à Villers-sur-Mer [Calvados], où elle s’était installée pour l’été.



En 1839, François Sarcey entra à l’internat de la célèbre Institution Barbet-Massin, 12 rue des Minimes [Paris IIIe]. À cinq heures du matin, le tambour le réveillait, hiver comme été ; après la chapelle et deux heures d’études, il avalait une assiettée de soupe et se rendait pour 8 h. au lycée Charlemagne, lycée d’externes qui était la pépinière de l’École normale supérieure ; en classe de huit à dix heures, il retournait à l’Institution pour trois heures d’étude, puis déjeuner et récréation ; de nouveau en classe de 14 à 16 h., puis retour à l’Institution, goûter et récréation de vingt minutes, étude jusqu’à 22 h., avec interruption d’un quart d’heure pour le dîner.



C’est au lycée Charlemagne qu’il fit la connaissance d’Edmond About (1828-1885), qui était à l’Institution Jauffret, 29 rue Culture-Sainte-Catherine [rue de Sévigné, IIIe], et qu’il prit le prénom de « Francisque ».  


En 1848, il entra à l’École normale supérieure, installée 45 rue d’Ulm [Paris Ve] depuis le 4 novembre 1847, le cinquième de « la grande promotion », dont les quatre premiers étaient Hippolyte Taine (1828-1893), Adam Libert (1827-1858), Edmond About et Auguste Lamm (1828-1853). Dans ce milieu, Sarcey se montra un élève studieux, un joyeux camarade, se passionna pour les écrivains du XVIIIe siècle et devint un fervent disciple de Voltaire.


Sarcey est le premier, à droite, debout.
In Journal de jeunesse de Francisque Sarcey (frontispice)

En 1851, il fut nommé professeur de troisième au lycée de Chaumont [Haute-Marne], ancien collège des Jésuites, rue de Buxereuilles [rue Victoire de la Marne], où il arriva le 16 octobre 1852. L’administration, issue du coup d’État de décembre 1851, voulait alors étouffer dans le corps enseignant tout esprit d’indépendance et de libéralisme, et rendit la vie impossible aux professeurs, par d’intolérables tracasseries :


« Parmi les nombreuses circulaires qui nous tombaient régulièrement sur la tête, comme feuilles sèches au vent d’automne, il s’en trouva une un peu plus inepte encore et plus tracassière que les autres. Il y était dit que certains professeurs menaçaient par la longueur de leur barbe la sécurité de l’empire ; on nous enjoignait de la couper et d’expliquer Virgile en menton ras.

Vous imaginez aisément les quolibets que souleva cette circulaire. Il n’en fallait pas moins obéir. On nous donna huit jours pour nous mettre en règle. Je ne m’étais jamais rasé et je sentais un vif dépit d’être obligé de le faire. Il me vint à l’idée d’écrire une pétition à mon recteur dans le style de Paul-Louis, pour lui demander la permission de garder une barbe qui avait rendu plus respectables les mentons des illustres universitaires d’autrefois. La pétition était vraiment drôle et c’est le premier article de petit journal qui soit jamais sorti de ma plume.

Si j’avais eu pour recteur un homme d’esprit, il eût ri sans aucun doute de cette boutade, […]. Mais ce dévôt [sic] personnage était doublé d’un sot. Il blémit [sic] de fureur à lire cette gaminerie et l’expédiant au ministère, il demanda net ma destitution ; rien que cela ! »

(Francisque Sarcey. Souvenirs de jeunesse. Paris, Paul Ollendorff, 1892, p. 209-210) 


Sarcey fut alors déporté au collège communal de Lesneven [Finistère], rue des Récollets, « bergerie cléricale » tenue par des ecclésiastiques, où il arriva le 17 mars 1853, comme professeur de rhétorique. Il y mena une existence tellement agréable qu’il demanda, à la fin de l’année scolaire, de rester à Lesneven.

En réponse, il fut envoyé, sous prétexte d’avancement, au lycée de Rodez [Aveyron], ancien collège des Jésuites, rue Louis Blanc, comme professeur de quatrième.

Ayant passé son agrégation de lettres en 1854, il fut nommé au lycée de Grenoble [Isère], ancien collège des Jésuites, rue Raoul Blanchard, où il fut professeur de seconde, puis de philosophie, au commencement de l’année scolaire 1855-1856. La veille de son retour d’un voyage à Paris, il écrivit un article sur la vie de province, qu’il donna à lire à Edmond About : son ami signa l’article du pseudonyme « Satané Binet », y ajouta « Prière de lire » avec sa signature, et le lui rendit en disant « Jette cela dans la boîte du Figaro, c’est comme si c’était imprimé. » Ce premier article de Sarcey, intitulé « La Première aux Parisiens. Lettres d’un provincial », parut effectivement dans le Figaro du dimanche 1er novembre 1857 [p. 2-3].


Sarcey envoya au Figaro d’autres articles, dont les trois premiers seulement furent publiés [19 novembre 1857, 10 décembre 1857, 27 décembre 1857] : le secrétaire de rédaction avait su qu’il l’avait traité de « crétin qui ne sait pas un mot de français » …

Sous le pseudonyme de « Jean », il donna alors des chroniques en vers et en prose à La Revue des Alpes, hebdomadaire de Grenoble, qui furent remarquées par le rédacteur en chef du Salut public de Lyon. Décidé alors à abandonner le professorat pour le journalisme, il demanda, sa mise en disponibilité et revint à Paris au mois d’août 1858.

Il devint, à partir du 3 octobre 1858, un des rédacteurs attitrés du Figaro, d’abord sous le pseudonyme de « S. de Suttières », puis sous les noms de « Sarcey de Suttières » et enfin de Francisque Sarcey, et publia ses « Grains de bon sens » Il resta, pendant quelques mois, le correspondant du Salut public.


Le 4 septembre 1859, il publia son premier article dans L’Opinion nationale, qui venait d’être fondé par Adolphe Guéroult (1810-1872) et quelques amis. Il ne tarda pas à s’y faire remarquer, en introduisant un genre nouveau, la critique dramatique expérimentale, et en soutenant de vives polémiques, dont l’une lui valut un duel avec Clément Duvernois, de La Liberté.


Le Temps, lundi 3 juin 1867

Il réussit si bien qu’en 1867, il fut chargé de remplir le même office dans Le Temps : chaque lundi, il y écrivit son « Feuilleton », intitulé « Chronique théâtrale », sans interruption du 3 juin 1867 au 8 mai 1899, et les « Fagots », sous le pseudonyme de « Sganarelle », à partir du 3 août 1896.

En 1871, il quitta Le Gaulois, où il était entré en 1868, pour la sortie du premier numéro de Le XIXeSiècle, le 17 novembre, qui annonçait : « MM. Jules Noriac et Francisque Sarcey feront, alternativement, un article quotidien à la première page du journal. »

Il collabora encore à un grand nombre d’autres revues et journaux : Revue européenne, Le Nain jaune, L’Illustration, Le Gagne-Petit, L’Estafette, La France, Le Rappel, Le Radical, Le Parti national, Le Matin, Le Petit Journal, L’Écho de Paris, Les Annales politiques & littéraires, Revue bleue, Journal de Paris, Revue encyclopédique, Revue des lettres et des arts, Revue illustrée, Le Soleil, Le Drapeau tricolore– qu’il fonda en 1871 -, Cosmopolis, La Dépêche, etc.


A partir de 1859, Sarcey n’a jamais passé une seule soirée sans aller au théâtre, et souvent, il y allait, de plus, en matinée : il aurait assisté à plus de quinze mille représentations théâtrales ! Pendant quarante ans, il écrivit deux ou trois articles par jour : ses œuvres complètes formeraient cinq ou six cents volumes ! Si ses jugements témoignaient toujours d’une grande honnêteté, ses goûts très conformistes le rendaient beaucoup plus sensible à l’habileté de la composition qu’à l’originalité ; il a toutefois été la providence des jeunes auteurs, tant qu’ils n’enfreignaient pas les lois académiques. Toute son esthétique tenait dans cette phrase de La Bruyère :


« […] vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige ; dites, il pleut, il neige : vous me trouvez bon visage, & vous désirez de m’en féliciter, dites, je vous trouve bon visage ; […] est-ce un si grand malheur d’être entendu quand on parle, & de parler comme tout le monde ? »

(Les Caractères de Théophraste traduits du grec. Paris, Estienne Michallet, 1691, 6eédition, p. 162-163)



Sarcey remporta en outre de grands succès comme conférencier, à Paris – aux théâtres de l’Athénée, de la Gaité, puis de la Porte-Saint-Martin [« Matinées Ballande »], de l’Odéon, de la Bodinière, des Capucines -, en Angleterre, en Belgique et en Hollande. Sa première conférence eut lieu à Sceaux [Hauts-de-Seine], en 1864. Il fut toujours un improvisateur, avouant ne pas avoir de mémoire et étant trop myope pour consulter des notes.


59 rue de Douai, Paris IXe

« En 1872, Sarcey avait acheté, rue de Douai, un petit hôtel habité avant lui par un peintre. Son intime ami, l’architecte Charles Garnier, se chargea de transformer en cabinet de travail le vaste atelier qui occupait presque tout le second étage. Une immense bibliothèque couvrait de haut en bas les parois de ce cabinet. C’est là que, chaque matin, vers huit heures et demie, en quittant sa chambre à coucher, Sarcey venait s’asseoir devant sa table de travail. Il écrivait un ou deux articles et ne voulait voir personne. Vers onze heures, la consigne était levée. Il recevait alors jusqu’à l’heure du déjeuner des solliciteurs de toutes conditions, pour lesquels il était, soit un conseiller, soit une sorte de confesseur laïque, soit une providence. Le petit hôtel de la rue de Douai a vu passer presque tout ce que le monde des lettres et surtout du théâtre a compté d’hommes et de femmes de talent. Chaque mardi, Sarcey recevait à déjeuner ses amis, les personnes qu’ils amenaient, et même des visiteurs fortuits. »

(Henri Castets. « Francisque Sarcey ». In Revue encyclopédique. Paris, Librairie Larousse, 1899, p. 484)


Sarcey dans son cabinet de travail (1888)
Cliché Dornac & Cie

« Aucun luxe, en ce domicile grave de travailleur : au sous-sol, les cuisines ; au rez-de-chaussée, la salle à manger et un salon-bibliothèque ; au premier étage, la chambre à coucher, avec un mobilier artistique, mais sévère ; au second, le cabinet de travail. C’est dans cette pièce, qui occupe tout l’étage supérieur de l’hôtel, que le maître critique passait la plus grande partie de sa vie laborieuse. […]

Cette pièce est très vaste ; la lumière tombe à flots par une large baie d’atelier ; les lambris sont garnis d’une bibliothèque vitrée, à deux étages, que dessert à mi-hauteur une légère galerie en balcon ; le bureau, immense, est chargé de brochures, de manuscrits, de cahiers de notes ; sur la cheminée, un buste du maître, par Crauch [i.e. Crauk] ; çà et là, des aquarelles, des dessins, un paysage, un portrait de Sarcey jeune par Amaury Duval, un pastel de Sarcey septuagénaire par Marcel Baschet, des fusains, des plâtres, des bibelots… et encore et partout, des livres.

Sarcey était un bibliophile passionné. Il soignait avec amour sa bibliothèque et se montrait jaloux des trésors qu’elle renfermait. Chaque année, il grevait son budget d’une somme importante pour faire relier proprement les innombrables volumes qu’il recevait. Il a souvent parlé “ du frisson de plaisir qui vous saisit à insérer le couteau entre les pages d’une belle impression à grandes marges, fleurant l’encre d’imprimerie toute fraîche ”. Mais il détestait cordialement les gens qui ont coutume d’emprunter des livres à leurs amis et… oublient toujours de les rendre.

Ces livres n’étaient pas, d’ailleurs, pour le critique, des armes ou des outils de parade. Il les maniait journellement, et l’échelle mobile, qui permettait d’atteindre aux rayons supérieurs, ne cessait pas de circuler. »

(Sergines [i.e. Adolphe Brisson]. « Francisque Sarcey. L’Homme privé » In Les Annales politiques et littéraires, 21 mai 1899, p. 326)


A Viroflay [Yvelines], chez Jules Claretie
De gauche à droite : Claretie, sa femme, Adolphe Brisson, Sarcey

Rue de Douai, Sarcey avait comme voisins Edmond About au n° 6, Ludovic Halévy (1834-1908) au n° 22 et Jules Claretie (1840-1913) au n° 50.


Villa " Les Flots ", à Malo-les-Bains, aujourd'hui



En 1880, Sarcey fit construire, à Rosendaël [Malo-les-Bains, Nord], sur la Digue [entrée 41 avenue About], une villa, qu’il nomma « Les Flots », par Charles Garnier 1825-1898), le célèbre architecte de l’Opéra de Paris. Elle était séparée de celle d’Edmond About, nommée « La Marmaille » [détruite en 1900, emplacement occupé par le restaurant « La Potinière », aujourd’hui « Le Bistrot de la plage »], également construite par Charles Garnier, par la villa [détruite] du journaliste Henry Bauër (1851-1915).


Villa, à Nanterre, aujourd'hui



Sarcey dans le jardin de Nanterre, avec son dernier fils, Raoul, et le chien " Trac " (1895)

C’est vers 1880 que Sarcey adopta Nanterre [Hauts-de-Seine] pour sa maison de campagne, durant la belle saison : sa maison, gardée par son chien baptisé « Trac », était boulevard du Couchant [6 rue Francisque Sarcey].


 « La modeste maison de campagne de Nanterre était une succursale de l’hôtel-bibliothèque de la rue de Douai. Elle était bondée de livres. Sarcey y empilait de préférence les volumes précieux, pour les soustraire sans doute aux regards indiscrets des emprunteurs. Il s’y trouve un exemplaire des Souvenirs de jeunesse sur lequel on peut lire cette belle dédicace, écrite par le maître à l’intention de sa fille, la femme si charmante, si distinguée, de notre rédacteur en chef et ami Adolphe Brisson :

“ Il y a une leçon que tu emporteras, je le souhaite, de cette lecture. J’ai beaucoup travaillé, mon enfant, et je travaille encore énormément. Il faut travailler dans la vie, il n’y a que cela au monde de bon et de vrai. Le travail m’a épargné bien des sottises et m’a consolé de celles que j’avais faites. Voltaire a enfermé dans un livre que tu liras plus tard le mot où se trouve le secret du bonheur : « Il faut cultiver son jardin. » ” (Ibid.)



L’existence des deux résidences de villégiature n’ont jamais empêché la famille Sarcey de se réunir, chaque 25 août, à Serbonnes, au château du Petit-Varennes [62 rue du Maréchal Leclerc].  


C’est à Nanterre que Sarcey avait enfin épousé, le 26 mars 1891, Julie-Thérèse Carbonari, de trente ans sa cadette, qui était domiciliée 9 rue du Quignon. Elle lui avait donné deux fils, reconnus le 14 octobre 1885 : Jacques, né à Bougival [Yvelines], le 3 décembre 1877, et Jean, né le 6 juin 1885 à Nanterre. Elle lui donna un troisième fils, Raoul-Henri, né à Paris, le 19 mars 1893, qui, caporal au 128e R. I., sera tué à la tranchée de Calonne [Meuse], le 24 juin 1915.


Sarcey chez sa fille en 1893, par Marcel Baschet (1862-1941)
De gauche à droite : Adolphe Brisson, Madeleine Sarcey, Jules Brisson, Anne Brisson, Sarcey

Sarcey avait eu de Madeleine Varner, une fille, Madeleine, dite « Yvonne », née le 15 octobre 1869, à Cannstatt [quartier de Stuttgart, Bade-Wurtemberg, Allemagne], qui épousa, à Paris, le 21 août 1889, le publiciste Charles-Félix-Marie-Adolphe Brisson (1860-1925), fils de Jules Brisson (1828-1902), fondateur de la revue Les Annales politiques & littéraires, dans lesquelles Sarcey publia, chaque dimanche, du 4 janvier 1885 au 14 mai 1899, ses « Notes de la semaine ».


La collaboration de sa jeune femme, très intelligente, qui avait obtenu seule son diplôme d’institutrice, lui fut précieuse en raison de la fatigue croissante de sa vue. Au début du mois de juin 1884, il s’était fait opérer de la cataracte de l’œil gauche – l’œil droit étant perdu -, à la maison de santé des frères hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, à Paris, 19 rue Oudinot [VIIe]. Depuis cette époque, il avait renoncé à faire des campagnes contre le cléricalisme et avait même fini par faire élever son fils au collège Stanislas [VIe], dirigé par un prêtre.


Jamais Sarcey ne se plaignit de l’humoriste Alphonse Allais (1854-1905) qui, dès 1886, signa certains de ses articles du nom de Francisque Sarcey, affirmant que « Deux personnes seulement à Paris ont le droit de signer Sarcey, moi d’abord et ensuite M. Francisque Sarcey lui-même. »


Le 27 décembre 1886 au Chat Noir, par Paul Merwart (1855-1902)
Sarcey est le deuxième personnage en partant de la gauche

Le 27 décembre 1886, Sarcey assista à la première des projections d’ombres de « L’Épopée », dessinée par Caran d’Ache (1858-1909), qui eut lieu au cabaret du Chat Noir, qui avait déménagé au 12 rue de Laval [12 rue Victor Massé, IXe].


D’une grande indépendance, Sarcey refusa d’être décoré. En 1893, pressé de se présenter à l’Académie française, où il était à peu près certain d’entrer, il déclina l’offre, pensant qu’il était « impossible d’appartenir aux quarante sans relever quelque peu du monde qui circule autour d’eux, sans être obligé à quelques-unes des concessions que ce monde exige. »


Outre ses articles et préfaces, Sarcey a publié en volumes : Le Mot et la Chose (Paris, Michel Lévy frères, 1862), Le Nouveau Seigneur de village. Suivi des Misères d’un fonctionnaire chinois et de Henri Perier (Paris, Charpentier, 1862), Le Bilan de l’année 1868 (Paris, Armand Le Chevalier, 1869), avec Castagnary, Paschal Grousset, A. Ranc, Le Siège de Paris. Impressions et souvenirs(Paris, E. Lachaud, 1871), Étienne Moret(Paris, Calmann Lévy, 1876), Le Piano de Jeanne. Qui perd gagne. Il ne faut jamais dire : Fontaine… Un ami véritable (Paris, Calmann Lévy, 1876), Comédiens et comédiennes. La Comédie française (Paris, Librairie des bibliophiles, 1876, 16 livraisons en 1 vol. in-8), Comédiens et comédiennes. Théâtres divers (Paris, Librairie des bibliophiles, 1884, 16 livraisons en 1 vol. in-8), Gare à vos yeux !! Sages conseils donnés par un myope à ses confrères (Paris, Paul Ollendorff, 1884), Souvenirs de jeunesse (Paris, Paul Ollendorff, 1885), Souvenirs d’âge mûr(Paris, Paul Ollendorff, 1892), Le Théâtre (Paris, Société artistique du livre illustré, 1893), Grandeur et décadence de Minon-Minette. Pataud (Paris, Paul Ollendorff, 1895) et quelques plaquettes.


Après sa mort, son gendre publia ses articles les plus importants sous le titre Quarante ans de théâtre (Feuilletons dramatiques) (Paris, Bibliothèque des Annales, 1900-1902, 8 vol. in-18) et le Journal de jeunesse de Francisque Sarcey (1839-1857). Recueilli et annoté par Adolphe Brisson et suivi d’un choix de chroniques (Fagots, Notes de la Semaine, Grains de Bon Sens) (Paris, Bibliothèque des Annales politiques et littéraires, s. d.).


In Le Temps, 11 novembre 1899

Une partie du mobilier de la rue de Douai – meubles de salle à manger, chambres à coucher, cabinet de travail, tableaux, aquarelles, dessins, gravures, bronzes d’art et d’ameublement -, fut vendu à l’hôtel Drouot, le samedi 11 novembre 1899 :


« Et quoi, c’était donc ça le mobilier de Sarcey, du célèbre critique dont les jugements faisaient autorité et dont le nom était connu du monde entier. Il paraît que c’était ça, du moins en partie. À six heures, une dernière enchère, un dernier appel du crieur, lent et triste comme un cri de douleur, un dernier coup du marteau d’ivoire, et les garçons emportent quelques chaises dépareillées qui geignent et crient. »

(Jean-Bernard Passérieu. La Vie de Paris 1899. Paris, Lemerre, 1900, p. 414)


La famille avait conservé tous les objets ayant une valeur d’art : une écritoire en cuivre ciselé et repoussé a été adjugée pour 30 francs.


La bibliothèque de Francisque Sarcey fut dispersée en 8 vacations à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 11, au 1erétage :



1°- Du lundi 20 au mercredi 22 novembre 1899 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Francisque Sarcey Seconde partie. Beaux livres modernes - Publications de luxe. Auteurs contemporains en éditions originales. MémoiresVoyagesPhilosophie (Paris, A. Durel, 1899, in-8, 108 p., 694 + 1 bis = 695 lots).  

Publications de la Société des Amis des Livres [12 lots = 1,72 %], Publications de la Société des Bibliophiles Contemporains [7 lots = 1 %], Publications de la Société des Cent Bibliophiles [3 lots = 0,43 %], Publications de Léon Conquet [54 lots = 7,76 %], Livres modernes [619 lots = 89,06 %].


La première vacation fut assez calme : les enchères ne donnèrent qu’un total de 9.854 francs. Parmi les chiffres les plus élevés se trouvèrent quelques exemplaires des publications Conquet :


29. Beraldi (Henri). La Reliure du XIXesiècle. Paris, L. Conquet, 1895-1897, 4 vol. in-4, fig., br., couv. N° 20 des 295 ex. numérotés. Envoi autographe signé. 162 fr.

32. Bourget (Paul). Pastels. Dix portraits de femmes. Nouvelle édition. Ill. de Robaudi et Giraldon. Paris, L. Conquet, 1895, in-8, en feuilles dans une boîte, tir. 200 ex. 250 fr.

40. Gautier (Théophile). Mademoiselle de Maupin – Double amour – Réimpression textuelle de l’édition originale. Portraits et médaillons de L. Leloir, 18 compositions de E. Toudouze, gravées par Champollion. Paris, L. Conquet, 1883, 2 vol. gr. in-8, mar. vert olive, dos orné, encadr. de fil., coins orn. d’initiales entrelacées, dent. int., tête dor., non rog., papier du Japon. 318 fr.



44. Goudeau (Émile). Paris qui consomme. Dessins de Pierre Vidal. Paris, impr. pour Henri Beraldi, L. Conquet, 1893, gr. in-8, titre r. et n., fig. en coul., mar. r., dos orné, encadr. de fil., initiales entrelacées aux angles, dent. int., tête dor., non rog., couv. N° 126 sur 138 ex. numérotés. 200 fr.



45. Goudeau (Émile). Paysages parisiens, heures et saisons. Ill. Auguste Lepère. Paris, impr. pour H. Beraldi, L. Conquet, 1892, gr. in-8, br., couv. illustr. N° 22 sur 138 ex. 439 fr.

51. Lafayette (Madame de). La Princesse de Clèves. Portrait et 12 compositions de Jules Garnier, gravés par A. Lamotte. Paris, L. Conquet, 1889, in-8 cavalier, mar. La Vallière foncé, dos orné, fil., milieux orn. d’initiales entrelacées, dent. int., tête dor., non rog., couv. Papier du Japon. 83 fr.

57. Moreau (Hégésippe). Le Myosotis. Petits contes et petits vers. Nouvelle édition. 134 compositions de Robaudi, gravées sur bois par Clément Bellenger. Paris, L. Conquet, 1893, gr. in-8, br., couv. illutr. Papier de Chine. 69 fr.

58. Morin (Louis). Les Cousettes. Physiologie des couturières de Paris. 21 compositions dessinées et gravées par Henry Somm. Paris, L. Conquet, 1895, in-8 raisin, br., couv., papier du Japon, 100 ex. 83 fr.

63. Nodier (Ch.). Le Dernier Chapitre de mon roman. Nouvelle édition. 33 compositions de Louis Morin. Paris, L. Conquet, 1895, in-8, ill. tirées en deux teintes superposées et rehaussées à l’aquarelle, en feuilles dans un emboitage. Tir. 200 ex. 111 fr.

67. Soulié (Frédéric). Le Lion amoureux. Nouvelle édition illustrée de 19 vignettes dessinées par Sahib et gravées sur acier par Nargeot. Paris, L. Conquet, 1882, in-18, mar. bleu, dos orné, encadr. de fil., coins dor., milieux orn. d’initiales entrelacées, dent. int., tête dor., non rog., papier du Japon. Avec une lettre autographe de Ludovic Halévy. 105 fr.

68. Staal (Madame de). Mémoires de Mme de Staal. Un portrait et 30 compositions de C. Delort, gravés par L. Boisson. Paris, L. Conquet, 1891, in-8, mar. grenat, dos orné, ornem. encadrés de fil. droits et courbés, initiales entrelacées aux angles, dent. int., tête dor., non rog., couv., papier du Japon. 92 fr.

69. Stendhal (de). La Chartreuse de Parme. Réimpression textuelle de l’édition originale, illustrée de 32 eaux-fortes par Foulquier, préface de Francisque Sarcey. Paris, L. Conquet, 1883, 2 vol. gr. in-8, veau marbré, dos orné, 3 fil. et coins dor. sur les plats, dent. int., doubles gardes, tr. dor., étuis. Papier du Japon. Eaux-fortes en 4 états dont l’eau-forte pure, front. en 3 états. 270 fr.

70. Stendhal (de). Le Rouge et le Noir. Réimpression textuelle de l’édition originale, illustrée de 80 eaux-fortes par H. Dubouchet. Paris, L. Conquet, 1884, 3 vol. gr. in-8, veau marbré, dos orné, 3 fil. et coins dor. sur les plats, dent. int., doubles gardes, tr. dor., étuis. Papier du Japon. 149 fr.

72. Theuriet (André). Sous Bois. Nouvelle édition illustrée de 78 compositions de H. Giacomelli, gravées sur bois par Berveiller, Froment, Méaulle et Rouget. Paris, L. Conquet, 1883, in-8, mar. rouge jans., dent. int., doubles gardes, tr. dor., couv. Papier du Japon. 100 fr.

74. Villon (François). Œuvres. 90 ill. en deux teintes de A. Robida. Paris, L. Conquet, 1897, in-8 raisin, br., couv. illustrée. Papier de Chine. 100 fr.


Parmi les livres modernes de cette première vacation :


80. About (E.). Tolla. Avec les illustrations de Félicien de Myrbach, les ornements typographiques composés par Adolphe Giraldon et un portrait d’après Paul Baudry. Paris, Hachette et Cie, 1889, in-4, mar. paille de fer, dos orné, encadr. de fil. et ornem. dor. et initiales entrelacées aux angles, dent. int., tête dor., non rog., couv., étui. Ex. sur papier du Japon impr. pour Sarcey, contenant 3 suites des planches h.-t., sur Japon, sur Chine et sur papier vélin blanc. 203 fr.

99. Balzac (H. de). Les Chouans. Ill. de Julien Le Blant, gravées sur bois par Léveillé. – Les Chouans, compositions de Julien Le Blant, gravées par Émile Boilvin. Paris, E. Testard, 1889-1890, 1 vol. gr. in-8, mar. r., dos orné, encadr. de fil., coins ornés d’initiales entrelacées, dent. int., tête dor., non rog., couv. et 2 albums en feuilles dans des cartons. Ex. sur papier de Chine. 205 fr.



240. Davillier (Baron Ch.). L’Espagne, illustrée de 309 gravures dessinées sur bois par Gustave Doré. Paris, Hachette et Cie, 1874, gr. in-4, mar. r. à gros grain, dos orné, comp. de fil. et coins dor., dent. int., tête dor., non rog. Ex. sur papier de Chine. 439 fr.


La deuxième vacation n’a guère présenté plus d’animation : elle a produit 10.650 francs.  

Il s’agissait des publications des Bibliophiles Contemporains :



14. Balades dans Paris. Au Moulin de la Galette – A l’Hôtel Drouot – Sur les Quais – Au Luxembourg. Paris, impr. pour les Bibliophiles Contemporains, Académie des Beaux-Livres, 1894, pet. in-4, ill. de A. Bertrand, texte avec cadres lithographiques polychromes par Alexandre Lunois, br., couv. impr. en couleurs. N° 143 sur 180 ex., avec 2 états des planches en noir et coloriées. 141 fr.

15. Haraucourt (Edmond). L’Effort. – La Madone. – L’Antéchrist. – L’Immortalité. – La Fin du monde. A Paris, publié pour les Sociétaires de l’Académie des Beaux Livres, Bibliophiles Contemporains, 1894, in-4, fig., br., couv. impr. en couleurs. Tir. 160 ex. 142 fr.


Cliché Librairie L'Amour qui bouquine

16. Maupassant (Guy de). Contes choisis. Paris, imprimé aux frais et pour les Sociétaires de l’Académie des Beaux-Livres, 1891-1892, 10 fasc. gr. in-8, ill., br., 372 fr.

17. Richepin (Jean). Les Débuts de César Borgia. Compositions de Georges Rochegrosse. Paris, publié pour la Société des Bibliophiles Contemporains, 1890, gr. in-8, br., couv. N° 141 sur 186 ex. 160 fr.

18. Stendhal (de). L’Abbesse de Castro, avec illustrations de Eugène Courboin. Paris, publié pour les Sociétaires de l’Académie des Beaux-Livres, 1890, in-8, front. et vign., texte avec ornements, br., couv. N° 141 sur 160 ex. 130 fr.



Exemplaire semblable à celui de Sarcey : celui de Auguste Fabre (1839-1922), n° 57
12.500 $
Cliché Jeremy Norman

19. Uzanne (O.). Dictionnaire bibliophilosophique, typologique, iconophilesque, bibliopégique,  et bibliotechnique à l’usage des bibliognostes, des bibliomanes et des bibliophilistins. Paris, imprimé pour les Sociétaires de l’Académie des beaux livres, Bibliophiles Contemporains. En l’An de Grâce Bibliomaniaque, 1896 (Janvier 1898), in-8, titre r. et n., texte avec ornements, lettres ornées, 31 planches hors-texte en héliogravure, tirées sur Japon, en noir et en couleurs, br., couv., emboîtage. N° 139 sur 176 ex. Avec une lettre autographe de l’auteur à F. Sarcey. 110 fr.


Et des publications des Cent Bibliophiles :


20. Baudelaire (Ch.). Les Fleurs du Mal. Suite complète de 23 compositions de Wagner, Charles Jouas, Jean Veber, etc. Premier essai d’illustration des Fleurs du Mal que devait publier la Société des Cent Bibliophiles. 100 fr.



21. Baudelaire (Charles). Les Fleurs du Mal. Ill. de A. Rassenfosse. Paris, pour les Cent Bibliophiles, 1899, pet. in-4, titre r. et n., texte encadré de fil. r., fig. en couleurs, en feuilles dans un carton. N° 96 sur 115 ex. 390 fr.


Cliché Librairie Le Feu follet

22. Delorme (Hugues). Quais et trottoirs, 13 litho. en couleurs de Heidbrinck. Paris, impr. pour les Cent Bibliophiles, 1898, in-8 raisin, br., couv. illustr. N° 93 sur 115 ex. 122 fr.

Non catalogué. A. de Musset. Mimi Pinson. Ill. de François Courboin, br., 180 fr.


Parmi les livres modernes de cette deuxième vacation :


270. Dumas fils (Alex.). La Dame aux camélias. Paris, M. Lévy frères, 1872, in-8 raisin, titre r. et n., portr. de la Dame aux camélias, demi-rel., dos et coins de chag. vert, dos orné, fil., tête dor., non rog. Tir. 526 ex. N° 11 des 25 ex. sur papier de Chine. Avec une lettre de Dumas fils et un envoi de l’auteur à Sarcey. 305 fr.

298. Foucquet. Œuvre de Jehan Foucquet. Heures de maistre Estienne Chevalier. Texte restitué par l’abbé Delaunay. Paris, L. Curmer, 1866, 2 vol. in-4, planches, mar. r., dos orné, comp. de fil. et coins dor., dent. int., tr. dor., texte et planches sur onglets. 201 fr.



370. Histoire des quatre fils Aymon. Compositions en couleurs par Eugène Grasset. Paris, H. Launette, 1883, in-4, en feuilles dans un carton. L’un des 100 ex. tiré sur papier de Chine. 302 fr.

379. Hugo (Victor). Œuvres complètes. Édition nationale. Paris, Le Monnyer et Testard, 1885 et années suivantes, 43 vol. in-4, demi-rel. mar. rouge, tête dor., non rog. Pap. vergé de Hollande, fig. hors-texte avec et avant la lettre. 739 fr.



394. Labiche (Eugène). Études de mœurs. La Clef des champs. Deuxième édition. Paris, Gabriel Roux, 1839, in-8, demi-rel. chag. bl., dos orné. Avec envoi autographe de l’auteur à Sarcey. Premier ouvrage publié par Labiche ; il en a racheté tous les exemplaires, d’où sa rareté. 135 fr.

407. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Amsterdam [Paris, Barbou], 1762, 2 vol. pet. in-8, mar. r. foncé, dos orné à petits fers, fil., doublé de mar. bleu, large dent. à petits fers, mors de mar. r., tr. dor. (Allô). Édition des fermiers généraux. Les fig. du « Cas de conscience » et du « Diable de Papefiguière » en double épreuve, découvertes et couvertes. Ex. de H. Grésy, avec une lettre autographe. 423 fr.   


La troisième vacation a été plus animée et a donné 14.086 francs.

Elle proposait des exemplaires imprimés pour les Amis des Livres :


1. About (Edmond). Les Mariages de Paris. Ill. de Piguet, gravées sur bois par Huyot. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1887, pet. in-8,  br., couv. étui. Papier de Chine. Suite des ill. tirées à part. N° 74 sur 115 ex. 91 fr.

2. Aumale (Duc d’). Les Zouaves et les Chasseurs à pied. Ill. de Charles Morel, gravées sur bois. Paris, impr. pour la Société des Amis des Livres, s. d. [1896], in-8, br., couv. N° 71 sur 123 ex. 379 fr.

3. Baudelaire (Ch.). Quinze histoires d’Edgar Poe. Ill. de Louis Legrand. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1897, gr. in-8, demi-rel. mar. vert, dos mosaïqué, fil., tête dor., non rog., couv. Gravures en deux états. N° 71 sur 115 ex. 233 fr.


Exemplaire de Sarcey, relié depuis par Marius Michel
Paris, Rossini, 6 mai 2010 : 900 €

4. Boufflers (Stanislas de). Aline, reine de Golconde, conte. Ill. de Lynch, grav. par Gaujean. Paris, gravé et imprimé pour la Société des Amis des Livres, 1887, plaq. in-8, br., couv. 420 fr.

5. Diderot. Jacques le Fataliste et son maître. Douze dessins de Maurice Leloir gravés. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1884, gr. in-8, mar. La Vallière foncé, dos orné, comp. de fil. et coins dor., dent. int., mors de mar. La Vallière, doubles gardes, tr. dor., étui. Deux suites des gravures. N° 73 sur 138 ex. 205 fr.

6. Fiévée (Joseph). La Dot de Suzette, avec notice biographique inédite. Ill. par V. Foulquier. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1892, pet. in-8, pap. vél. à la cuve, br., couv. Tirage à part des gravures en 2 états. N° 72 sur 115 ex. 151 fr.

7. Musset (Alfred de). Lorenzaccio, drame. Décoration d’Albert Maignan. Paris, pour les Amis des Livres, 1895, in-8, br., couv., emboitage. Papier de Chine. N° 72 sur 115 ex. 249 fr.

8. Paris qui crie. Petits métiers. Préface par H. Beraldi, dessins de Pierre Vidal. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1890, pet. in-4 carré, br., couv. illustr. N° 72 sur 120 ex. 310 fr.

9. Vigny (A. de). Servitude et grandeur militaires. Dessins de H. Dupray, gravés par Daniel Mordant. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1885, gr. in-8, fig., mar. r. jans., dent. int., doubles gardes, tr. dor., couv. Papier du Japon. Gravures en 3 états, dont l’eau-forte pure. N° 72 sur 121 ex. 199 fr.


Cliché Librairie Thalie

11. Voltaire. Zadig ou la destinée. Histoire orientale. Ill. gravées en couleurs par Gaujean. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1893, gr. in-8, br., couv. N° 72 sur 115 ex. 1.080 fr.

Non catalogué. Henry Houssaye. Aspasie, Cléopâtre, Théodora, br. 325 fr.


Parmi les livres modernes de cette troisième vacation :


483. Mérimée (Prosper). Chronique du règne de Charles IX. 110 compositions par Édouard Toudouze, gravées par Eugène Abot. Préface par Francisque Sarcey. Paris, E. Testard et Cie, 1889-1890, 1 tome en 3 vol. gr. in-8, br. et en feuilles dans des cartons. Sur papier de Chine. Eaux-fortes de Abot en 4 états, dont l’eau-forte pure avec remarques. 459 fr.



2°- Du jeudi 23 au samedi 25 novembre 1899 : Catalogue de labibliothèque de feu M. Francisque SarceyPremière partie. Ouvrages relatifs au théâtre. Œuvres dramatiques. Autographes et manuscrits (Paris, Léon Sapin, 1899, in-8, 64 p., 499 lots).

Ouvrages relatifs au théâtre [211 lots = 42,28 %], Musique et musiciens [41 lots = 8,21 %], Œuvres dramatiques [130 lots = 26,05 %], Éditions originales – Éditions de luxe [115 lots = 23,04 %], Autographes [1 lot = 43 lettres d’Alexandre Dumas], N° 499 [environ 300 vol. vendus par lots].


Peu de prix curieux à relever au cours de cette vente, qui a produit 14.609 francs :



23. Le Nouvel Opera, par Ch. Garnier. Paris, Ducher, 1878-1881, 2 vol. in-4 (texte) et 2 vol. in-fol. (planches). Ensemble 4 vol., demi-rel., dor. en tête, non rog. 155 fr.

333. Théâtre complet de A. Dumas fils. Paris, 1868, 5 vol. in-12, demi-rel. dos et coins, mar. vert, dor. en tête, non rog. Deux lettres de l’auteur ajoutées. 330 fr.

394. Augier (Émile). La Conscience de M. Piquendaire, en un acte. In-4, 12 p., cart. Manuscrit autographe d’une pièce inédite, avec croquis à la plume. Avec lettre de Madame Augier. 136 fr.

439. Dumas fils (Alex.). Théâtre complet. Edition des comédiens, avec les premières préfaces. Paris, 1882-1893, 7 vol. in-8, pap. de Hollande, mar. bleu, chiffres et fil. sur les plats, dos ornés, dent. int., dor. en tête, non rog. H. C. tirage à 99 ex. Envoi et deux lettres de l’auteur ajoutées.

474. Molière. Théâtre complet, préface par Nisard, dessins de L. Leloir, gravés par Flameng. Paris, Jouaust, 1876, 8 vol. in-4, papier vergé, portrait en 3 états, mar. r., dent. int., couv. imp., tr. dor. 315 fr.

476. Molière. Ill. pour le Théâtre de Molière dessinées et gravées à l’eau-forte, par Ed. Hédouin. Paris, Morgand, 1888, in-4, mar. Suite complète de 1 titre, 1 front. et 34 sujets, mar. rouge, dent. int., tr. dor. 3 suites d’états : épreuves à l’eau-forte pure, avant l’encadrement et avec l’encadrement, mais avant la lettre. Lettre d’Hédouin ajoutée. 250 fr.  


Sous le n° 498, étaient cataloguées 43 lettres d’Alexandre Dumas (1802-1870) adressées à Mélanie Waldor (1796-1871), formant en tout 94 pages. Ces lettres qui avaient été prêtées à Sarcey, réclamées par leur propriétaire, n’ont pas été vendues.



3°- Les lundi 27 et mardi 28 novembre 1899, sans catalogue : Bibliothèque de feu M. Francisque SarceyTroisième partie5,000volumes. RomansPoésiesCuriositésBibliographie EnseignementPhilosophieReligions Médecine Droit PédagogieÉconomie politiqueRevuesJournauxBiographiesSciences & ArtsClassiques.Gravures. Bibliothèques tournantes (Paris, A. Durel et Léon Sapin, 1899, in-8).

Presque tous ces volumes portent des envois d’auteurs ou des lettres autographes qui y furent ajoutées par Sarcey.





Tardivement - après 1885 -, Sarcey utilisa un ex-libris, gravé par Charles Demengeot, graveur, dessinateur et peintre héraldiste, 48 rue de La Tour d’Auvergne [IXe], et tiré en noir ou en rouge [105 x 78 mm.], avec, dans un encadrement portant en bas le monogramme « FS », la mention « Bibliothèque  de  FRANCISQUESARCEY» sur un rideau de théâtre cachant une bibliothèque, dont le dos d’un livre porte le nom de Rabelais, et, au premier plan, deux petits amours, dont l’un écrit, un encrier et sa plume, des livres, des journaux, un buste de Voltaire.














Nicolas Malais : Bibliophilie & création littéraire (1830-1920)

Là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir

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La BnF fait fi des droits d'auteur, dans le cadre de la "numérisation des indisponibles" !

Le Livre des livres (Paris, Hatier, 1994) est disponible sur "Gallica", en couleurs, pour 15 % des pages, depuis le 13 juin 2016 !




Félix Soleil, père et fils

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Rouen, rue des Charettes, par Hippolyte Madelaine (1920)


Descendant d’une famille originaire de Mâcon [Saône-et-Loire], Félix Soleil est né à Rouen [Seine-Maritime], le 25 fructidor An XI [12 septembre 1803], fils de Pierre Soleil (1763-1833), perruquier, 16 rue des Charrettes, et de Geneviève-Françoise Meunier (1775-1825), qui s’étaient mariés à Rouen le 9 germinal An VI [29 mars 1798].


1 quai Voltaire, Paris VII

Devenu comptable à Rouen, demeurant rue du Grand Pont, Félix Soleil épousa, à Paris, le 25 avril 1835, Claudine-Louise Porquet, d’une famille originaire de Vire [Manche], née le 14 mai 1815, à Paris, fille de Pierre Porquet (1777-1853), libraire dans l’Hôtel de Tessé, 1 quai Voltaire [VIIe], depuis 1820, et de Marguerite Pierre (1787-1877), qui s’étaient mariés à Paris le 4 septembre 1813.

Après la naissance de leur fille Marguerite-Caroline, à Rouen, rue du Grand Pont, le 28 août 1836, ils s’installèrent à Paris, 1 quai Voltaire, où naquirent Pierre-Félix, le 23 mars 1839, puis Eugénie-Louise, le 23 mai 1840. 

Bâtiments extérieurs de la Banque de France, rue de La Vrillière, Paris I
In L'Illustration, 11 juillet 1846, p. 296

Félix Soleil était employé à la Banque de France, 1 rue de La Vrillière [Ier]. Veuf le 3 juin 1850, il éleva ses trois enfants en son dernier domicile, 3 rue de La Vrillière : Marguerite-Caroline épousa Marie-Gratien Tisserant, employé à la Banque de France, le 24 décembre 1864 ; Pierre-Félix épousa Adèle-Eugénie Duméril, le 23 janvier 1865 ; Eugénie-Louise épousa Louis-Alfred Citerne, principal clerc de notaire, le 14 mars 1865.


Félix Soleil en 1849
Coll. Pierre et Xavier Soleil

Caissier principal de la Banque de France, chevalier de la Légion d’honneur, Félix Soleil mourut en son domicile, le 2 mars 1870.



Il aura fallu 11 vacations pour vendre sa collection considérable d’estampes, des plus curieuses et des plus intéressantes, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 5 rue Drouot, salle n° 4, au 1erétage, du lundi 15 au vendredi 26 janvier 1872 : Catalogue d’une belle collection d’estampes, anciennes et modernes, des diverses écoles, lithographies et dessins, composant la collection de feu M. F. Soleil, caissier principal de la Banque de France, chevalier de la Légion d’honneur(Paris, s. n. [Clément], 1872, in-8, [2]-173-[1 bl.] p., 2.248 + 3 bis = 2.251 lots). Numéro 1.962 chiffré 962.

Estampes de diverses écoles [1.797 lots = 79,87 %], Normandie [62 lots = 2,75 %], Pièces modernes [390 lots = 17,32 %], Histoire de la Maison de Bourbon [n° 2.248 = 20 portraits dessinés au crayon noir et rehaussés de blanc, sur papier bleu, renfermés dans un vol. in-fol., mar. vert, dent., tr. dor., aux armes de France].



Sa bibliothèque fut vendue en 18 vacations, du 22 janvier au 10 février 1872, à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons-Enfants, salle N° 1 : Catalogue des livres anciens et modernes, en partie rares et précieux, composant la bibliothèque de feu M. F. Soleil, caissier principal de la Banque de France, chevalier de la Légion d’honneur. Livres rares et curieux en divers genres. Heures sur vélin.Traités divers sur les beaux-arts. Ouvrages avec gravures sur bois. Auteurs français du XVIesiècle : poètes, romanciers, etc. Éditions originales des classiques français. Ouvrages sur l’histoire de France, et en particulier sur la Normandie. Livres rares sur l’Amérique. Éditions des Elsevier. Belles reliures anciennes et modernes (Paris, L. Potier et Ch. Porquet, 1871, in-8, XII-396 p., 2.974 + 38 bis – 10 absents [pas de nos1710 à 1719] = 3.002 lots). Numéros 995 et 2.645 chiffrés respectivement 895 et 1.645. Théologie [368 lots = 12,25 %], Jurisprudence [21 lots = 0,69 %], Sciences et Arts [566 lots = 18,85 %], Belles-Lettres [1.057 lots = 35,20 %], Histoire [974 lots = 32,44 %], Livres omis [16 lots = 0,53 %].


« C’est dans les rares loisirs que lui laissait sa place à la Banque de France et aux heures que l’on accorde ordinairement au repos, que le regrettable M. Soleil trouvait le moyen de se livrer à son goût pour les livres et pour les estampes. On sera étonné qu’ayant si peu d’instants à y consacrer, il ait pu former deux collections aussi importantes que celles qui vont être exposées en vente. […]

Outre les livres qui entrent ordinairement dans la composition de la Bibliothèque d’un homme du monde instruit, et qui sont ici en exemplaires de choix, on y remarquera d’abord deux spécialités dont il s’est occupé particulièrement, celle des livres sur les Beaux-Arts et celle des ouvrages sur la Normandie, son pays natal. Ces deux séries sont très-riches.

On verra aussi que les livres curieux avaient un grand attrait pour lui, et que dans ce genre il est peu de parties qui n’aient été l’objet de ses recherches. Il aimait beaucoup par exemple les livres ornés de gravures sur bois qui se rattachaient à son goût pour les estampes, les poètes français du moyen âge et du XVIe siècle, et en général nos vieux auteurs dans tous les genres.

Les Elsevier, peut-être moins recherchés qu’autrefois, en tant que collection, mais dont les belles éditions des grands auteurs latins et français n’ont jamais été plus appréciées que maintenant, étaient une des prédilections de M. Soleil. Il avait réuni à peu près leurs plus beaux spécimens.

Nos vieilles reliures françaises, qui tiennent actuellement une des hautes places de la curiosité, n’étaient pas non plus moins désirées par lui. Le nombre de celles qu’il a amassées est assez considérable, et l’on en distingue plusieurs de très-précieuses, tant par leur mérite qu’à cause des armoiries et des marques des illustres amateurs auxquels elles ont appartenu.

D’autres parties de la Bibliothèque, sans être aussi riches que celles que nous indiquons, renferment cependant encore bien des livres précieux, notamment en éditions originales de nos classiques, en ouvrages sur l’histoire de France et sur celle de l’Amérique. » (p. IX-X)


La vente a produit 57.867 francs.


2. Biblia. Venetiis, per Frabciscum de Hailbrun et Nicolaum de Frankfordia socios, MCCCCLXXV, pet. in-fol. goth. à 2 col., rel. en peau de truie estampée, fermoirs. 165 fr.

3. Biblia sacra ad optima quaeque veteris, ut vocant, tralationis exemplaria summa diligentia, pariq ; fide castigata. Lugduni, apud Sebastianum Gryphium, 1550, 1 tom. en 2 vol. in-fol., mar. r., compart., fil. tr. dor. (Du Seuil). Imprimée avec les plus gros caractères qu’on eût encore vus jusqu’alors. Ex. de Bossuet. 115 fr.

7. La Sainte Bible en latin et en françois, traduction de Le Maistre de Sacy, suivie d’un dictionnaire étymologique, géographique et archéologique. Paris, Lefèvre, 1824-1834, 13 vol. in-8, fig. de Devéria, dem.-rel., dos et coins de mar. viol., tête dor., n. rog. Grand papier vélin avec les fig. avant la lettre. 205 fr.



41. Le Nouveau Testament de N.-S. Jésus-Christ, traduit en françois (par Arnauld, Sacy et Nicole). Mons, Gaspard Migeot (Holl., Elzev.), 1667, 2 vol. pet. in-8, mar. r., riches compart., tr. dor. Aux armes et au chiffre de Du Fresnoy sur le dos et sur les plats. 405 fr.

54. (Le Nouveau Testament). Imprimé à Basle, lan M.D.XXV, 4 part. en 1 vol. in-8, goth., v. br. avec impress. à froid, fermoirs. (Rel. du temps dans un étui). Edition rare de la version de Le Fèvre d’Etaples. L’Apocalypse est ornée de 21 gravures, faites d’après les dessins d’Holbein. 510 fr.

69. Icones historiarum Veteris Testamenti (avec les quatrains françois de Gilles Corozet au bas de chaque figure). Lugduni, apud Joan. Frellonium, 1547, pet. in-4, fig. sur bois, vélin. 98 fig. sur bois d’Holbein, épreuves de premier tirage. 400 fr.

110. (Hore Sanctissime Dei genitricis Virginis Marie) ad usum Romane curie. Parisiis, E. G. de Marnef (calendrier de 1489 à 1508), gr. in-8, 19 grandes fig. peintes en or et en couleur avec bordures, goth., rel. basane. Imprimé sur vélin. 390 fr.

123. Heures à lusaige de Soissons. Paris, Simon Vostre (calendrier de 1502 à 1520), in-8, goth., bordures et fig. sur bois, v. ant., fil. Imprimé sur vélin. 295 fr.

163. La Perpétuité de la foy de l’Eglise catholique touchant l’Eucharistie […] avec la Réfutation de l’écrit d’un ministre contre ce traité (par P. Nicole). Paris, Vve Ch. Savreux, 1672, 1672, in-12, réglé, mar. r., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Paule de Gondy, duchesse de Retz et de Lesdiguières. 200 fr.

271. De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction nouvelle, par l’abbé de Choisy. Paris, Ant. Dezallier, 1692, in-12, fig. par Mariette, mar. vert, tr. dor. (Capé). Avec la fig. du second livre représentant Madame de Maintenon dans la chapelle de Versailles, supprimée dans la plupart des exemplaires. 298 fr.

288. Traicté de l’amour de Dieu, par François de Sales, évesque de Genève. Lyon, P. Rigaud, 1617, in-8, réglé, mar. vert, dos et coins ornés, fil., tr. dor. (Rel. du temps). Édition originale. 235 fr.

338. Confession de la foy presentee a Tres inuictissime Empereur Charles V à la journée d’Auspurg, composee en latin par Philippe Melanchthon, et depuis translatée en françoys par Jehan Dalichamps. Imprime nouvellement, M.D.XLII. [à la fin :] Achevé d’imprimer le IX de janvier Mil cinq Cent XLIII. Strasbourg. In-8, titre avec encadr. sur bois, 143 p., v. j. La plus ancienne traduction connue de la Confession d’Augsbourg. [Relié à la suite :] La Doctrine nouvelle et ancienne, revue de nouveau et conférée selon le texte de la Sainte Ecriture (par J. Calvin). S. l., 1551. 500 fr.



424. Les Essais de Michel de Montaigne. Amsterdam, Anth. Michiels, 1659, 3 vol. in-12, titre gr., mar. vert, fil., tr. dor. (Koehler). 157 fr.



857. Les Simulachres et historiées faces de la Mort, autant élégamment pourtraictes que artificiellement imaginées. Lyon, soubz l’escu de Coloigne, M.D.XXXVIII. [à la fin :] Excudebant Lugduni M. et G. Trechsel fratres, 1538, pet. in-4, 41 fig. sur bois, mar. br., riches compart., tr. dor. (Hardy-Mennil). Edition originale de la Danse des morts d’Holbein. L’un des plus beaux exemplaires connus. 920 fr.



868. De gli Habiti antichi et moderni di diverse parti del mondo, libri due, fatti da Cesare Vecellio. Venetia, presso Damian Zenaro, 1590, in-8, 420 pl. gr. sur bois, mar. br., compart. à froid, tr. dor. (Chambolle-Duru). Première édition. 295 fr.

1.410. Fables de La Fontaine, avec figures gravées par Simon et Coiny. Paris, impr. de Didot l’aîné, 1787, 6 vol. in-18, pap. vélin, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). 170 fr.

1.426.Œuvres satyriques du sieur de Courval-Sonnet ; seconde édition, augmentée. Paris, Rollet Boutonné, 1622, in-8, portr., mar. r., fil., tr. dor. (Chambolle-Duru). 295 fr.

1.443. Les Baisers, précédés du Mois de mai (par Dorat). La Haye, Paris, Lambert, 1770, in-8, pap. de Holl., fig., vignettes et culs-de-lampe d’Eisen, v. éc. 202 fr.

1.517. Théâtre de P. Corneille. Rouen et Paris, chez Thomas Jolly, 1664, 3 vol. in-8, fig. de Chauveau, mar. r., compart. à la Du Seuil, tr. dor. (Hardy-Mennil). 161 fr.

1.518. Le Théâtre de P. Corneille, reveu par l’autheur. Rouen, et se vend à Paris, chez Guill. de Luyne, 1668, 4 vol., front. et portr. – Poëmes dramatiques de T. Corneille. Rouen et Paris, G. de Luyne, 1669, 4 vol. Ensemble 8 vol. in-12, vélin. 240 fr.

1.522. Recueil de pièces de P. Corneille, imprimées à Leyde par les Elseviers, 9 pièces en 1 vol. pet. in-12, 1644-1647, mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Hardy-Mennil). 495 fr.

1.539. Les Œuvres de M. Molière. Amsterdam, Jaques le jeune (Daniel Elzevier), 1679, 5 vol. pet. in-12. – Les Œuvres posthumes de M. Molière. Amsterdam, Jaques le jeune, 1684, 1 vol. Ensemble 6 vol. pet. in-12, mar. r., dos orné, fil., tr. dor. (Lortic). 355 fr.

1.540. Les Œuvres de M. Molière (publi. par Vinot et La Grange). Paris, D. Thierry, 1682, 8 vol. in-12, fig., vél. Première édition complète des Œuvres de Molière. 165 fr.

1.573. Les Œuvres de M. Regnard. Paris, Pierre Ribou, 1708, 2 vol. in-12, fig., v. f. Ed. originale. [à la suite :] Le Légataire universel. Paris, P. Ribou, 1708, fig., éd. originale, et La Critique du légataire. Paris, 1708. 245 fr.

1.640. Les Œuvres de M. François Rabelais. S. l. (Holl., Elzevier), 1663, 2 vol. pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Hardy-Mennil). 220 fr.

1.641. Les Œuvres de François Rabelais. S. l. (Holl., Elzevier), 1663, 2 vol. pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Chambolle-Duru). 155 fr.

1.662. La Princesse de Montpensier (par Madame de La Fayette). Paris, Ch. de Sercy, 1662, pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Hardy-Mennil). Édition originale. 145 fr.

1.678. Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut (par l’abbé Prévost). Amsterdam (Paris), 1753, 2 vol. in-12, fig. de Pasquier, demi-rel. mar. r. Grand papier. 340 fr.



1.696. Les Cent Nouvelles nouvelles […], contenant cent histoires nouveaux qui sont moult plaisans à raconter […], avec d’excellentes figures gravées sur les dessins de Romain de Hooge. Cologne, P. Gaillard (Holl.), 1701, 2 vol. pet. in-8, réglés, mar. bl., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. du premier tirage. 151 fr.

1.699. L’Heptaméron, ou Histoire des amants fotunez des nouvelles de très illustre princesse Marguerite, royne de Navarre. Paris, Gilles Gilles, 1567, in-16, mar. vert, fil., tr. dor. (Bauzonnet). De la bibliothèque de G. Duplessis. 111 fr.

1.706. Les Serées de Guillaume Bouchet, sieur de Brocourt. Lyon, Thibaud Ancelin, 1608, 3 vol. in-12, vélin. C’est la même que celle de Paris, J. Périer, 1608. 145 fr.

1.728. Hypnerotomachie, ou Discours du songe de Poliphile (traduit de l’Italien de F. Columna, par J. Martin). Paris, Jaques Kerver, 1561, in-fol., réglé, fig. sur bois, v. gr. 134 fr.

1.733. Le Décameron de Jean Boccace (trad. par Le Maçon). Londres, 1757-1761, 5 vol. in-8, fig. et culs-de-lampe d’Eisen, Gravelot, etc., v. m., fil. 199 fr.

1.941. M. T. Ciceronis Opera. Lugduni Batavor., ex officina Elseviriana, 1642, 10 vol. pet. in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Boyet). 231 fr.

1.949.Œuvres de M. Scarron, nouv. édition augmentée de sa vie et de ses ouvrages et de quantité de pièces omises dans les éditions précédentes. Amsterdam, J. Wetstein, 1752, 7 vol. pet. in-12, portr. et fig., mar.r., tr. dor. (Capé). Relié sur brochure. 156 fr.

2.030. Histoire de la mission des Pères capucins en l’isle de Maragnon et terres circonvoisines, où est traicté des singularitez et des mœurs des Indiens habitans de ce pays (par le P. Cl. d’Abbeville). Paris, Fr. Huby, 1614, in-8, front. gr., v. ant., fil. (Petit). 100 fr.

2.033. L’Art de vérifier les dates des faits historiques. Paris, 1820. – L’Art de vérifier les dates. Paris, 1818-1819, 5 vol. – L’Art de vérifier les dates. Paris, 1824-1838, 4 vol. Ensemble 10 vol. in-4, cart., n. rog. 173 fr.

2.215. Les Mémoires de Messire Philippe de Commines. Leide, les Elzeviers, 1648, pet. in-12, front. gr., mar. vert, tr. dor. (Duru). 175 fr.

2.358. Les Antiquitez, chroniques et singularitez de Paris (par G. Corrozet). Paris, Gilles Corrozet, 1561, pet. in-8, mar. br., dos à mosaïque, fil., tr. dor. (Lortic). 200 fr.



2.683. Le Premier Livre de l’histoire de l’Inde […] faict par Ferdinand Lopez de Castagneda, et traduit de portuguès en françois par Nic. de Grouchy. Paris, de l’imprimerie de Michel de Vascosan, 1553, in-4, vélin. 155 fr.

2.688. Histoire naturelle et morale des Indes tant orientales qu’occidentales […] composée en castillan par Joseph Acosta, et traduite en françois par Robert Regnault, Cauxois. Paris, Marc Orry, 1606, in-8, mar. vert, dos orné, dent., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du duc de La Vieuville. 150 fr.

2.689. Les Singularitez de la France antarctique, autrement nommée Amérique […] par F. André Thevet, natif d’Angoulesme. Anvers, Chr. Plantin, 1558, in-8, fig. sur bois, mar. vert, fil., tr. dor. (Hardy-Mennil). 325 fr.



2.690. Histoire de la Nouvelle-France […] par Marc Lescarbot. Paris, J. Milot, 1609, pet. in-8, avec 4 cartes qui manquent souvent, mar. r., dos orné, fil., tr. dor. (Hardy-Mennil). Première édition. 505 fr.


Pierre-Félix Soleil
Coll. Pierre et Xavier Soleil

Fils de Félix Soleil et de Claudine-Louise Porquet, Pierre-Félix Soleil est né le 23 mars 1839, au 1 quai Voltaire. Devenu employé à la Banque de France et demeurant chez son père, 3 rue de La Vrillière, il épousa, le 23 janvier 1865, Adèle-Eugénie Duméril, née à Paris le 13 mai 1844, demeurant chez ses parents, 13 rue Cuvier [Ve], fille de Caroline-Césarine-Eugénie Duméril (1819-1914), qui avait épousé son cousin, Auguste-Henri-André Duméril (1812-1870), professeur au Muséum d’histoire naturelle.


Arbre généalogique simplifié de la famille Soleil

Le couple eut cinq enfants. À Paris, 13 rue Cuvier : Marie-Cécile-Caroline, née le 22 novembre 1865 ; Joseph-Léon, né le 7 février 1868 ; Pierre-Louis, né le 21 mai 1870. À Chaumont [Haute-Marne], 1 place Émile Goguenheim : Caroline-Pauline-Louise, née le 22 décembre 1872. À Besançon [Doubs], 19 rue de la Préfecture : Georges-Augustin, né le 11 janvier 1875.

Pierre-Félix Soleil fut nommé sous caissier de la succursale de la Banque de France à Nantes en 1869, puis caissier de celle de Chaumont en 1870, de celle de Besançon en 1874 et de celle de Saint-Brieuc en 1880.


Les Heures gothiques et la Littérature pieuse aux XVe et XVIe sièclesFrontispice à l'eau-forte, par Jules Adeline

Il fut alors l’auteur de Les Heures gothiques et la Littérature pieuse aux XVe et XVIe siècles (Rouen, E. Augé, 1882, 300 ex. numérotés), dédié « A Madame veuve Auguste Duméril, hommage filial », où se trouve, en particulier, « La Danse macabre de Kermaria »(p. 281-287), qui bénéficia d’un tirage à part (Saint-Brieuc, L. Prud’homme, 1882, fig.) :


« L’un de nos aînés en bibliomanie a donné du Livre cette charmante définition :

“ Un livre est un ami qui ne change jamais.”

Nos contemporains aiment à s’entourer de ces hôtes discrets du foyer ; mais que vaut leur possession sans la lecture, sans l’étude constante d’où découlent l’aliment et la parure du cœur et de l’esprit ? Nous ne parlons ici, bien entendu, que des bons livres, nous faisant un point d’honneur de ne pas même saluer les autres en passant.

Aujourd’hui la mode, un des tyrans le plus servilement obéis de ce bas monde, fait acheter à très haut prix des livres rares, pour les tenir enfermés dans de somptueuses armoires, après qu’ils ont été revêtus par les relieurs en renom d’un habillement si luxueux qu’on ne saurait, sans une sorte de profanation, les sortir de leurs sanctuaires.

Nous avons cru qu’il pourrait ne pas être inopportun de décrire ici quelques-uns des plus intéressants Livres d’Heures imprimés aux XVe et XVIe siècles, maintenant si avidement recherchés.

Parmi leurs heureux possesseurs, peut-être en est-il qui ignorent le charme réel attaché à l’examen de ces monuments primitifs de l’imprimerie et de la gravure, dont les imitations modernes paraissent si faibles en regard des originaux.

Reconnaissant notre insuffisance en pareille matière, nous placerons ce modeste travail, entrepris à titre de simple délassement, sous l’égide de cette parole d’un illustre bibliophile :

“Après le plaisir de posséder des livres, il n’y en a guère de plus doux que celui d’en parler.” »

(« Au Lecteur », p. 7-8)


Banque de France, 2 place de l'Etoile, Le Mans

Pierre-Félix Soleil est décédé prématurément le 18 juin 1891, à son domicile, 2 place de l’Étoile, Le Mans [Sarthe], directeur de la succursale de la Banque de France. Sa veuve lui survivra jusqu’au 6 février 1909. 


Ils reposent tous les deux au cimetière du Père Lachaise [Division 25], dans le caveau de la famille Delaroche-Duméril.



La bibliothèque de Pierre-Félix Soleil fut dispersée à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle N° 4, les jeudi 25 et vendredi 26 février 1892 : Catalogue de beaux livres rares et curieux composant le cabinet de feu M. Félix Soleil, directeur de la succursale de la Banque de France au Mans (Paris, Charles Porquet et Ém. Paul, L. Huard et Guillemin, 1892, in-8, [3]-[1 bl.]-64 p., 279 lots). Numéro 93 non chiffré.

Théologie [63 lots = 22,58 %], Jurisprudence [6 lots = 2,15 %], Sciences [22 lots = 7,88 %], Beaux-Arts [45 lots = 16,12 %], Belles-Lettres [86 lots = 30,82 %], Histoire [52 lots = 18,63 %], Livres en nombre [5 lots = 1,79 %].



6. Ces présentes Heures à lusaige de Rome furet achevez le XVI. jour de septembre. lan mil cccc. iiii.xx. et XVIII. pour Simon Vostre, libraire demourant à Paris, a la rue Neuve Nostre dame, a lymage sainct Jehan levangeliste (1498), in-4, car. goth., fig. et bordures sur bois, mar. r., dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Thivet). Impr. par Philippe Pigouchet dont la marque est au titre. Almanach de 1488 à 1508. 22 planches, non compris le titre et l’« Homme anatomique ». Ex. réglé, sur vélin, initiales et bouts de lignes en or et en couleurs. 750 fr.

7. Hore Christiphere Virginis Marie secundum usum. S. l. n.d. (Paris, Simon Vostre, almanach de 1508 à 1528), in-4, car. goth., fig. et bordures gr. sur bois, mar. r., comp. sur le dos et les plats, mosaïqués de mar. noir et blanc, fil. entrelacés et fleurons dorés, doublé de mar. olive, riches comp. dor., tr. dor. (Capé). 25 grandes planches, non compris le titre et l’Homme anatomique. Ex. réglé. 1.400 fr.

8. Hore dive Virginis Marie scd’m verum usum Romanum cum aliis multis folio sequenti notatis. [à la fin :] Impressu Parisiis anno dni Millesimo qngetesimo primo ad idus Februarias. Opera Tielmanni Kerver. (1501), in-8, goth., fig. sur bois, mar. olive, large dent. à froid, dent. int., tr. dor. (Thivet). 16 planches sur bois, non compris l’Homme anatomique, ex. sur vélin, initiales peintes en or et en couleurs. 300 fr.



9. Hore Deipare Virginis Marie secundum usum Romanum. Paris, Thielman Kerver, 24 novembre 150. In-8, 132 f. non chiffrés, caract. ronds, fig. sur bois, mar. bleu, fil. tr. dor. et ciselées (Rel. anglaise aux armes). Impr. en rouge et noir, 47 grandes planches, ex. sur vélin, initiales peintes en or et en couleurs. Provient de la bibliothèque A. Firmin-Didot. 300 fr.

10. Hore Beate Marie Virginis secundum usum Romanum. Paris, Germain Hardouyn, s. d. (almanach de 1527 à 1541), in-8, goth., bordures et fig. sur bois, mar. brun, dos orné à fers azurés, fil., dent. int., tr. dor. (Thivet). 16 grandes fig. et plusieurs petites, peintes en or et en couleurs ainsi que les initiales, ex. sur vélin. 330 fr.

19. Destruction de l’orgueil mondain, ambition des habitz, et autres inventions nouvelles, extraicte de la Saincte escriture et des anciens docteurs de l’Eglise, par M. François Grandin, curé de l’Eglise monsieur S. Jean Baptiste d’Angers. Paris, Claude Fremy, 1558, in-8, mar. r., dos et plats ornés de riches comp. à mosaïque de mar. grenat, genre Grolier, dent. int. tr. dor. (Thibaron ; Marius Michel, doreur). [à la fin :] le Blason des Basquines, en première édition, sous une pagination suivie. Ex. de Bancel [1882, 230 fr.]. 175 fr.



23. Pensées de M. Pascal sur la Religion et sur quelques autres sujets, qui ont esté trouvées après sa mort parmy ses papiers. Paris, Desprez, 1670, in-12, mar. brun jans., doublé de mar. r., large dent., tr. dor. (Chambolle-Duru). 182 fr.

37. Sermons du Père Bourdaloue. Paris, Rigaud, Cailleau, 1707-1734, 16 vol. in-8, portrait, mar. r. à long grain, dos orné, fil., dent. et coins dorés, doublé de moire violette, tr. dor. (Bozerian jeune). 160 fr.

39. Devotissime Meditationes de vita : beneficiis et passione salvatoris Jesu Christi cum gratiarum actione. [Augsbourg], Grimm et Wyrsung, 5 avril 1520, in-8, car. goth., 38 fig. sur bois, mar. noir, dos orné, fil. à froid, coins ornés, milieu doré et mosaïqué de mar. violet, dent. int., tr. dor. (Lortic). Ex. de A. Firmin-Didot. 116 fr.

42. Le Livre intitulé Eternelle consolaciion. Paris, Michel Le Noir, 1500, in-4, car. goth., fig. sur bois au titre et au verso, lettres ornées, mar. La Vallière jans., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 185 fr.

43. Sensuyt le prologue de ce présent livre intitulé La Fleur de dévotion. Paris, Alain Lotrian, s. d., in-4, car. goth., fig. sur bois, lettres ornées, mar. brun jans., doublé de mar. La Vallière, dent., tr. dor. (Chambolle-Duru). 201 fr.

44. Sensuyt le grant ordinaire des chrestiens. Paris, Jehan Trepperel, s. d., in-4, à 2 col., titre avec encadr. gr. sur bois, car. goth., fig. sur bois, mar. r., dos orné, fil., tr. dor. (Thompson). Provient de la vente Renard. 80 fr.

45. La Vierge sacrée. […] Lequel a esté composé par scientifique docteur en théologie maistre Georges de Esclavonie chanoine & pénitencier de Tours. Paris, Simon Vostre, s. d., in-8, goth., mar. r., fil. et comp. à fr., chiffre de Simon Vostre aux angles des plats, dent. int., tr. dor. (Capé). Ex. réglé. C’est le même ouvrage sous un titre différent que Le Chasteau de Virginité, de Georges d’Esclavonie, publié par Antoine Vérard en 1505. 101 fr.

46. Le Dialogue de consolation entre l’âme et raison [par François Le Roy]. Paris, Simon Vostre, 1499, in-8, goth., mar. vert, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 60 fr.

47. Ortulus rosarum de valle lachrimarum. Paris, Claude Jaumar, s. d. [1494], in-16, goth., 9 grandes fig. et 1 vign. gr. sur bois, tr. dor., préparé pour la reliure. 76 fr.

49. Le Livre de consolations contre toutes tribulations. Lyon, Barnabé Chaussard, 13 juin 1532, in-4, goth., 2 fig. sur bois, lettres ornées, mar. vert à long grain, fil. à fr., dent. int., tr. dor. (Koehler). Provient des collections Veinant et P. Desq. 100 fr.

50. Un petit traicté appelle larmeure de patience en adversité tresconsolatif pour ceulx qui sont en tribulation. Paris, Yolande Bonhomme, 1530, in-8, car. goth., fig. sur bois, mar. brun jans., dent. int., tr. dor. (Duru). Marque de Thielman Kerver sur le titre. Première édition. Ex. réglé de A. Veinant et J. Renard. 63 fr.

51. Tressingulier dévot & salutaire traicté intitulé la marchandise spirituelle ordonnée & distinguée en sept régions spirituelles selon les sept jours de la sepmaine. Lyon, Olivier Arnoullet, s. d., pet. in-8, goth., titre r. et noir avec vign. sur bois, fig. au dernier f., mar. vert, dos orné, fil. et comp., dent. int., tr. dor. (Lortic). Provient de la bibliothèque Chedeau. 87 fr.

52. Horologium devotionis circa vitam Christi. S. l. [Cologne] n. d. [fin XVe], in-8, goth., fig. sur bois, mar. brun, dos orné, fil. dorés, comp. à fr., fil. int., tr. dor. (W. Pratt). 83 fr.

53. Horologium devotionis circa vitam Christi. Paris, Jehan de Gourmont, s. d., in-8, car. goth., 12 fig. sur bois, mar. bleu, fil. à fr., dent. int., tr. dor. (Capé). Marque de Robert de Gourmont au titre. 79 fr.

57. La Pratique spirituelle de la dévote & religieuse princesse de Parme, fort utile à toutes dames pour vivre chrestiennement. Douai, Jean Bogart, 1617, in-8, car. goth., fig. sur bois, mar. bleu, dos orné, fil. et comp., dent. int., tr. dor. (Lortic). Aux armes du comte de Villafranca. 120 fr.

61. Le Manuel des dames. Paris, Anthoine Vérard, s. d., in-8, goth., fig., mar. bleu foncé jans., dent.int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 256 fr.

62. Cy commence une petite instruction & manière de vivre pour une femme séculière. Troyes, Jean du Ruau, s. d., in-8, goth., titre avec encadr. gr. sur bois, vign., mar. bleu foncé jans., dent. int., tr. dor. (Coverly). 41 fr.

69. Le Prothocolle ou Formulaire stille et art des notaires royaulx tabellions greffiers sergens. Paris, s. n., s. d., in-8, car. goth., mar. r., comp. dor. et à fr., dent. int., tr. dor. (Capé). 43 fr.

73. Cy commence ung petit livre intitulé chapellet de vertus auquel est traictié de leffect de plusieurs vertus et des vices contraires à ycelles. Lyon, M. G. Le Roy, s. d. [v. 1480], in-fol., car. goth., fig. sur bois, mar. r., dos orné, fil. et comp. à la Duseuil, dent. int., tr. dor. (Bauzonnet). De la bibliothèque Heber. 520 fr.

77. La Description de l’isle d’Utopie […] par Thomas Morus. Paris, Charles l’Angelier, 1550, in-8, fig. sur bois, mar. bleu, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Première édition de cette traduction de Jehan Le Blond. 95 fr.

82. Platine en françoys très utile & nécessaire pour le corps humain qui traite de hôneste volupté et de toutes viandes et choses que lomme menge. Lyon, François Fradin, 1505, in-fol. à 2 col., car. goth., lettres ornées, mar. bleu, fil. à fr., doublé de mar. citr., large dent., tr. dor. (Koehler). Première édition. 265 fr.

86. La Décoration dhumaine nature et aornement des dames. Paris, Jehan Saint-Denis et Jehan Longis, 1530, in-8, car. goth., fig. sur bois, mar. brun jans., dent. int., tr. dor. (Hardy-Mennil). Première édition. 81 fr.



90. Le Grant Kalendier et compost des bergiers composé par le bergier de la grant montaigne. Paris, veuve feu Jehan Trepperel et Jehan Jehannot, s. d. [1516], in-4, goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. orange, fil., dent. int., tr. dor. (Bauzonnet). Titre en rouge et noir avec grande fig., répétée sur le dernier feuillet, représentant des bergers aux champs. Ex. Yemeniz [1867, N° 964] et J. Renard. 335 fr.

91. Almanach, ou Prognostication des laboureurs. Paris, Jean Richer, 1588, in-8, demi-rel. chag. vert, dos orné. Ex. Yemeniz [1867, N° 952]. 30 fr.

92. Champfleury. Auquel est contenu l’art et la science de la deue et vraye proportion des lettres attiques. Paris, Geofroy Tory et Gilles Gourmont, 28 avril 1529, in-4, fig. sur bois, mar. r., dos orné, fil. et comp. dor., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). Première édition. 180 fr.

98. Icones historiarum veteris testamenti. Lugduni, apud Joannem Frellonium, 1547, in-4, fig. sur bois, mar. brun foncé jans., dent. int., tr. dor. (Thivet). 94 fig. de Hans Holbein. 185 fr.

99. Quadrins historiques de la Bible (par Claude Paradin). Lyon, Jean de Tournes, 1553. – Quadrins historiques d’Exode. Lyon, Jean de Tournes, 1553. – Les Figures du Nouveau Testament. Lyon, Jean de Tournes, 1554. Ensemble 3 parties en 1 vol. in-8, vign. gr. sur bois, mar. r. jans. doublé de mar. bleu, large dent., tr. dor. (Motte). Première édition des trois parties. 600 fr.

102. Memorabiles evangelistarum figuræ. [à la fin :] Ista tibi Tohmas Phorcensis cognomento Anshelmi […], 1502, in-4, car. ronds, 15 fig. sur bois, mar. grenat, comp. à fr. sur les plats, dent. int., tr. dor. (Thivet). Ex. des ventes Desq et A. Firmin-Didot, relié depuis. 137 fr.

104. Contemplatio totius vitae et passionis Domini nostri Jesu Christi. Venetiis, apud Joannem Ostaum et Petrum Valgrisium, 1557, in-8, 49 vign. gr. sur bois, mar. bleu, dos orné, fil., comp. à fr. et dor., tr. dor. (Thivet). 85 fr.

108. Ars moriendi ex variis sententiis collecta cum figuris ad resistendum in mortis agone diabolice suggestioni valens […]. Nuremberg, s. d., in-4, car. goth., 14 fig. sur bois, mar. brun, comp. à fr. sur le dos et les plats, doublé en gardes de vélin blanc, tr. dor. (Cuzin). 389 fr.

113. Vita Beati P. Ignatii Loiolae Societatis Jesu fundatoris. Rome, 1609, in-4, mar. r., dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Thibaron). Titre frontispice, portrait et 79 planches numérotées, gravées sur cuivre. Texte gravé au-dessous de chaque planche. 87 fr.

115. La Danse des morts, comme elle est dépeinte dans la louable et célèbre ville de Basle. Bâle, Im-Hoff, 1744, in-4, texte en français et en allemand, front. et pl. gr. sur cuivre, mar. noir, plats mosaïqués de mar. r. citron et blanc marbré, avec emblêmes et têtes de morts sur le dos et les plats, doublé et gardes de papier doré, tr. dor. (Étiquette de Bradel le jeune, 1 rue d’Écosse, quartier Sainte-Geneviève, Paris). 218 fr.

116.Épitomes des roys de France en latin et en françoys avec leurs vrayes figures. Lyon, Balthasar Arnoullet, 1546, in-4, titre gr., 58 portr. gr., mar. r., dos et angles des plats fleurdelisés, dent. int., tr. dor. (Capé, Masson-Debonnelle). Première édition. 51 fr.

117. Effigies regum Francorum omnium. Noribergae, 1576, pet. in-4, 62 portr., mar. vert foncé, fil. à fr., dent. int., tr. dor. (Niedrée). 107 fr.

120. Degli habiti antichi et moderni di diverse parti del Mondo libri due, fatti da Casare Vecellio. Venise, Damian Zenaro, 1590, fort vol. in-8, 420 fig. sur bois, mar. orange, milieu doré, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Édition originale. Ex. de Lebeuf de Montgermont. 380 fr.

121. Habiti antichi et moderni du tutto il Mondo, di Cesare Vecellio. Venise, Gio Bernardo Sessa, 1598, fort vol. in-8, 507 fig. sur bois, mar. r., dos et plats ornés de comp. à fers azurés et mosaïqués de mar. noir, doublé de mar. r., fil., tr. dor. (Chambolle-Duru). Seconde édition. Aux armes de Henri Bordes sur les plats intérieurs. 255 fr.

122. Cleri totius Romanae Ecclesiae subjecti. Francfort, Feyerabend, 1585, 2 parties en 1 vol. in-4, fig. sur bois, mar. La Vallière jans., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 85 fr.

137. La Déclaration des abus que l’on commet en escrivant. Par Honorat Rambaud, maistre d’escole à Marseille. Lyon, Jean de Tournes, 1578, in-8, mar. r. à long grain, fil., dent. int., tr. dor. (Thouvenin). Ex. réglé de la bibliothèque de Nodier. 80 fr.

143. Recueil d’oraisons funèbres, composées par Messire Jacques-Bénigne Bossuet. Paris, Vve Sébastien Mabre-Cramoisy, 1689, in-12, mar. noir jans., dent. int., tr. dor. (Thibaron-Joly). Première édition originale. 70 fr.



152. Sensuit le grant chaton en françois, qui parle de plusieurs belles exemples moralles et fort joyeuses pour resjouyr les personnes. Paris, Alain Lotrian et Denis Janot, s. d. [v. 1535], in-4, car. goth., fig. sur bois sur le titre et au dernier f., mar. La Vallière jans., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 76 fr.



153. Les Quatre Livres de Caton, pour la doctrine de la jeunesse. Paris, Danfrie et Breton, 1559, in-8, mar. bleu jans., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). Caractères de civilité. Ex. du baron Pichon et d’Ambroise-Firmin Didot. 102 fr.

155. Stultifera navis. Bâle, Johann Bergman de Olpe, 1498, in-4, car. ronds, fig. sur bois, mar. brun, fil. et comp. dorés, dent. int., tr. dor. (Lortic). 220 fr.

161. La Complainte doloureuse de lame damnée. S. l. n. d., in-4, mar. r. jans., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. réglé provenant des ventes Potier et Bancel. 151 fr.

163. Ces presentes devotes louenges à la Vierge Marie ont estees imprimees pour Symon Vostre libraire. 1509, in-8, goth., 2 fig., mar. bleu, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. des bibliothèques Cigongne, Chedeau et J. Renard. 101 fr.

164. Le Séjour d’honneur composé par reverend père en Dieu messire Octovien [sic] de Sainct Gelais, evesque dangoulesme. Paris, Anthoyne Verard, 1519, in-4, goth., mar. r., dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. du marquis de Ganay. 350 fr.



165. Le Livre de la deablerie (par Éloy Damerval). Paris, Michel Le Noir, 1508, in-fol. à 2 col., car. goth., fig. sur bois, mar. r. jans., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Première édition. Ex. La Roche-Lacarelle. 251 fr.

166. Notables enseignemens, adages et proverbes : faitz & composez par Pierre Gringore dit Vauldemont. Paris, Nicolas Couteau, 26 janvier 1528, in-8, car. goth., fig. sur bois, mar. La Vallière, comp. à fr., encadrement doré, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Seconde édition. Ex. de la vente Bancel. 196 fr.

176. Les Œuvres de Mre François de Malherbe. Paris, Chappellain, 1630, 2 parties en 1 vol. in-4, portr., mar. bleu, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Thibaron-Joly). Edition originale collective. Ex. Génard. 160 fr.

181. La Ville de Paris, en vers burlesques […], par le sieur Berthaud. Paris, Antoine Rafflé, 1665, in-12, mar. r. à long grain, fil., tr. dor. (Thouvenin). Contient la seconde partie intitulée Le Tracas de Paris, Paris, Antoine Rafflé, 1666. Ex. de Nodier. 51 fr.

184.Œuvres diverses du Sr Boileau Despreaux, avec le Traité du sublime ou du merveilleux dans le discours, traduit du grec de Longin. Paris, Denys Thierry, 1701, 2 vol. in-12, front. et fig., mar. bleu, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Cuzin). 47 fr.

194. Œuvres de Racine. Paris, Claude Barbin, 1697, 2 vol. in-12, front. de Lebrun, fig. de Chauveau, mar. r. jans. doublé de mar. r., dent., tr. dor. (Chambolle-Duru). Dernière édition donnée par Racine. 116 fr.



199. La Princesse de Clèves (par Madame de La Fayette). Paris, Claude Barbin, 1678, 4 tomes en 2 vol. in-12, mar. citr., dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Édition originale. Réglé en rouge, en or pour les titres. Provient des bibliothèques Odiot et H. Bordes. 275 fr.

200. Les Avantures de Télémaque, fils d’Ulysse. Paris, Jacques Estienne, 1717, 2 vol. pet. in-8, portr. front. par Duflos, 25 fig. sur cuivre par Bonnard et Giffart, mar. r., dos orné, fil. et comp. à la Duseuil, dent. int., tr. dor. (Thibaron). Première édition. De la bibliothèque de J. Renard. 61 fr.

201. Le Diable boiteux, par Monsieur Le Sage. Paris, Prault père, 1737, 2 vol. in-12, front. et fig. de Dubercelle, mar. vert, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). Dernière édition donnée du vivant de l’auteur. Ex. de Génard. 50 fr.

202. Histoire de Gil Blas de Santillane, par M. Le Sage. Paris, Libraires associés, 1747, 4 vol. in-12, fig., mar. r., dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). Édition originale. 74 fr.

206. Servitude et grandeur militaires, par le comte Alfred de Vigny. Paris, Bonnaire et Magen, 1835, in-8, mar. r. jans., dent. int., tr. dor. (Cuzin). Édition originale. Ex-libris de Lebarbier de Tinan. 196 fr.

208. Les Principales Avantures de l’admirable Don Quichotte. La Haye, Pierre de Hondt, 1746, gr. in-4, pl., mar. r., dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Cuzin). Planches du premier tirage. 140 fr.

214. Dialogue apologétique excusant ou defendant le dévôt sexe féminin. Paris, 23 août 1516, in-4, goth., fig. sur bois au titre, mar. r., fil. à fr., fleurons et milieu dorés, dent. int., tr. dor. (Duru). Ex. réglé. 100 fr.

217. Lettres de Marie Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, à Madame la comtesse de Grignan, sa fille. S. l. [Rouen], 1726, 2 vol. gr. in-12, mar. olive jans., dent. int., non rog. (David). 69 fr.

226. La Vie et légende de Monseigneur Sainct François. Paris, François Regnault, s. d., in-8, car. goth., fig. sur bois, mar. brun jans., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 65 fr.

228. Le Purgatoire Sainct Patrice. Paris, s. d., in-8, car. goth., fig. sur bois, mar. citron, fil. et fleurons dorés aux coins et au centre des plats, doublé de mar. vert, large dent., tr. dor. (Bauzonnet). 120 fr.

229. Les Miracles de nostre Dame de Lyesse. Paris, veuve Jean Bonfons, s. d., in-8, goth., fig. sur bois sur le titre, mar. olive à long grain, fil. à fr., chiffre sur les plats, dent. int., tr. dor. (Koehler). 200 fr.

239. Aureliae Urbis memorabilis ab Anglis Obsidio, anno 1428, et Joannae Viraginis Lotharingae res gestae. Aureliae [Orléans], apud Petrum Treperel, 1560, in-8, mar. r. jans., dent. int., tr. dor. (Chambolle et Duru). Première édition. Ex. de A. Firmin-Didot. 67 fr.

240. Heroinae Nobilissimae Joannae Darc Lotharingae Historia. Ponti-Mussi, apud Melchiorem Bernardum, 1612, in-4, titre-front. et portraits, mar. bleu, dos et coins des plats fleurdelisés, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 89 fr.

241. L’Innocence de la tresillustre, tres-chaste et débonnaire princesse Madame Marie, royne d’Escosse. S. l. [Paris], 1572, in-8, mar. bleu foncé, fil. à fr., doublé de mar. r., dent. à petits fers, tr. dor. (Bauzonnet). Aux armes et au chiffre du baron Pichon, provient de la bibliothèqyue J. Renard. 150 fr.

242. Martyre de la royne d’Escosse, douairière de France. Edimbourg, Jean Nafeild, 1588, pet. in-8, mar. bleu foncé, fil. à froid, dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Aux armes du baron Pichon. Vient de la bibliothèque de J. Renard. 140 fr.

253. Histoire du Roy Henry le Grand, composée par messire Haudouin de Perefixe. Amsterdam, Daniel Elzevier, 1664, in-12, titre-front. gr., mar. bleu, dos et plats fleurdelisés et armes de Henri IV sur les plats, dent. int., tr. dor. (Capé). 69 fr.

273. Le Proprietaire en françoys. Lyon, Mathieu Husz, 15 mars 1491, in-fol. à 2 col., car. goth., fig. sur bois, lettres ornées, mar. brun, comp. à fr. sur le dos et les plats, tr. dor. (Chambolle-Duru). Ex. de la vente Noilly. 325 fr.

274. Bref sommaire des sept vertus sept ars liberaulx sept ars de Poesie sept ars mechaniques des Philosophies des quinze ars magicques. Paris, Galliot du Pré, 12 février 1533, in-4 goth., titre r. et noir, lettres ornées, mar. vert, dos orné, fil., comp. aux angles des plats à petits fers et au pointillé, dent. int., tr. dor. (Niedrée). Des bibliothèques Crozet et Yemeniz. 200 fr.


Coll. Pierre et Xavier Soleil

Les Soleil père et fils utilisaient un ex-libris [54 x 38 mm.], gravé par le Rouennais Jules Adeline (1845-1909) : sous le soleil, ils se présentent, avec des livres sous le bras, à l’entrée de leur bibliothèque, gardée par un ange qui porte la devise « OPTIMI SOLI» [seul le meilleur].

   

          





     





         

















Extrait de " Les Gardiens de Bibliopolis " (Paris, L'Hexaèdre, 2015)

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http://www.hexaedre.fr/Bibliopolis/#issue/Issue/portrait/1

Un morvandiot providence des romantiques : Eugène Renduel (1798-1874)

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Eglise de Lormes en 1841, détruite en 1865, par Corot
Wadsworth Atheneum, Hartford, Connecticut, USA


La famille Renduel a vécu à Lormes [Nièvre], dans le Morvan. La forme « Randuel » du patronyme, qui figure dans les actes, n’est pas qu’une erreur de leurs différents rédacteurs : tous les membres de la famille ont signé « Randuel », ou parfois « Randuelle », jusque vers la fin du XVIIIe siècle, quand Jacques adopta la forme « Renduel ».     


Généalogie simplifiée des Renduel

Claude [I] Randuel, huissier, épousa, le 9 décembre 1727, Anne, fille de Simon Pannetrat, lui-même huissier, et de Marguerite Collin. Il en eut six enfants, dont Claude [II], baptisé le 3 octobre 1736, qui devint armurier-serrurier et qui prit pour femme, le 15 septembre 1760, Reine Camusat, fille d’un drapier : elle décéda prématurément le 14 janvier 1763. Claude [II] se remaria, le 7 juin 1763, avec Reine Ducrot, qui lui donna six enfants, puis, le 24 novembre 1789, avec Gabrielle Girard ; il mourut le 22 nivôse An XI [12 janvier 1803].


Claude [I] Randuel, veuf en premières noces d’Anne Pannetrat le 10 juin 1740, s’était remarié le 18 octobre 1740 avec Françoise Droit, fille de Bernard Droit, tailleur d’habits, et de Élizabeth Chalumeau : il avait eu d’elle huit autres enfants et mourut le 23 décembre 1757 ; sa veuve lui survécut jusqu’au 4 septembre 1778.


Jacques Renduel, deuxième des enfants de Claude Randuel et de Reine Ducrot, naquit le 29 mars 1767, devint cabaretier et épousa Étiennette-Henriette Gourdault, fille de Pierre Gourdault, relieur à Avallon [Yonne], dont il eut deux filles et quatre fils : Marie, née le 18 messidor An III [6 juillet 1795] ; Jean-Alban-Louis, né le 17 floréal An V [6 mai 1797] ; Pierre, né le 28 brumaire An VII [18 novembre 1798], qui devint l’éditeur connu sous le prénom d’Eugène ; Hugues-Alban, né le 14 germinal An X [4 avril 1802] ; Jeanne-Françoise, née le 29 frimaire An XII [21 décembre 1803] ; Jean-Alban, né le 16 mars 1807.


***


Eugène Renduel en 1832
par Jean-François Gigoux

Pierre Renduel est donc né dans une famille modeste, le 28 brumaire An VII [18 novembre 1798], et non le 23, comme dit Adolphe Jullien, dans Le Romantisme et l’éditeur Renduel (Paris, Charpentier et Fasquelle, 1897, p. 12) :


« Le vingt neuf Brumaire an sept de la republique francoise à neuf heures du matin, devant moy nicolas heulhard du fery agent municipal de la commune de Lorme dept. de la nievre y demeurant, et en cette qualité chargé de dresser les actes de naissances et deces des citoyens, a comparu en la salle Publique de la maison commune dud. Lorme, Jacques Randuel cabaretier y demeurant, le quel assisté de pierre thieblot son oncle maréchal agé de soixante deux ans, et de marie Claudine Randuel sa tante agée de quarante ans femme de claude Jean francois Camusat, tous les deux demeurans aud. lorme, m’a déclaré que Etiennette henriette Gourdeau sa femme en légitime mariage est accouchée hier soir sur les trois heures d’un garcon qu’il m’a présenté et au quel il a donné le prénom de pierre, d’après cette déclaration que led. pierre thieblot et marie claudine Randuel m’ont certiffiée conforme a la vérité et la presentation qui m’a eté faitte de l Enfant denommé j’ay en vertu des pouvoirs qui me sont délégués dressé le présent acte que led. randuel père de l Enfant, et led. pierre thieblot ont signés avec moy, lad. marie claudine Randuel a déclaré ne scavoir signer : faît aud. lorme les jour an heure le lieu que dessus.

[signatures :]   pierre thiéblot        renduel        heulhard du fery » [sic]   


Dès la fin de sa scolarité, il fut clerc de notaire chez Pierre-Gaspard Lobbé (1756-1826), à Lormes. Parti avec ses parents, en 1816, pour Clamecy [Nièvre], il entra comme clerc d’avoué chez Vrain-Pierre-Gabriel Pellault. Bientôt atteint par la conscription, il fut peu de temps soldat, ayant pu se faire remplacer.  


En 1819, il s’en fut à Paris, où il trouva une place de commis chez deux libraires avant d’entrer, en 1821, chez Jean-Baptiste-Pierre-Louis Touquet (1775-1836), ancien colonel d’État-major, qui venait d’ouvrir une librairie, au 4eétage d’une maison, 18 rue de la Huchette [Ve] :


« Fidèle aux promesses qu’il a faites à ses nombreux souscripteurs, M. Touquet a publié ce matin le premier volume de son Voltaire. Cette première édition contient les soixante-deux premiers chapitres de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, c’est-à-dire plus de trois tomes de l’édition de Kehl. L’édition du Voltaire-Touquet, ainsi qu’on la désigne à la Quotidienne et autres lieux semblables, n’est pas comparable, sans doute, sous le rapport de l’exécution typographique au Racine de Didot, par exemple ; mais le papier est beau, l’impression est correcte, et la petite dimension des caractères ne fatigue point l’œil des lecteurs.

M. Touquet, déjà célèbre par son édition de la charte à cinq centimes, acquiert une nouvelle célébrité par son édition du Voltaire à trente francs, et pour achever de se mettre aux prises avec les partisans de l’obscurantisme, il vient de faire confectionner je ne sais combien de milliers de tabatières, dont nous avons déjà parlé, et qui se vendent, rue de Richelieu, n. 83, à l’enseigne de la Charte TOUQUET ; il répand la charte avec profusion, il place aux mains des artisans, des ouvriers, des plus modestes habitans de la campagne, les œuvres du plus philosophe des philosophes, et il fabrique des tabatières au moyen desquelles on a toujours le nez sur la charte. » [sic]

(Le Constitutionnel, journal du commerce, politique et littéraire, 25 septembre 1820, p. 3)  


Le magasin de Touquet fut transféré, en novembre 1822, au 1erétage du 40 rue de la Huchette, au coin du nouveau quai Saint-Michel et de la place du pont, puis, le 15 juillet 1823, au Marais, 21 rue Saint-Louis [rue de Turenne, IVe].


Les affaires amenaient fréquemment Renduel chez Jean-Joseph Laurens (1751-1833), dit Laurens « Aîné », imprimeur-libraire, alors 14 rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice [rue Bonaparte, VIe]. 


Il y rencontra plusieurs fois la cadette des filles de l’imprimeur, Célestine-Rose Laurens, née à Paris le 21 septembre 1801, et la demanda en mariage. Mais la mort de Madame Laurens, Marie-Rose Grégoire, le 23 avril 1823, retarda cette union.

La librairie de Touquet commençant à décliner – en faillite déclarée le 15 mars 1824 -, Renduel travailla quelque temps chez la veuve de Étienne-Théodore Dabo, décédé le 20 août 1822, 5 rue Hautefeuille [VIe], et chez Herménégilde-Honorat Hautecoeur, libraire 7 rue de Grenelle-Saint-Honoré [rue Jean-Jacques Rousseau, Ier].


Dès 1825, devenu « Eugène » Renduel, il s’installa à son compte, 20 rue du Battoir [rue de Quatrefages, Ve].



L’ancien clerc édita alors, pour moitié avec Charles Froment, libraire-éditeur des classiques français, 37 quai des Augustins [quai des Grands-Augustins, VIe], Les Cinq Codes, avec indication de leurs dispositions corrélatives, qui furent imprimés par Jules Didot Aîné, 6 rue du Pont-de-Lodi [VIe], dans le format in-48.


Rue des Grands Augustins, vue de la rue Saint-André-des-Arts
Photographie de Charles Marville
Le n° 22 est à gauche, au niveau de la charette

En 1826, tandis que Touquet déménageait galerie Vivienne [IIe], Renduel déménagea son cabinet de librairie au 22 rue des Grands-Augustins [VIe] et devint, pour deux ans, directeur du Journal des avoués, rédigé par Adolphe Chauveau (1802-1868), avocat à la Cour royale de Paris. 


Il édita, avec Charles Froment, le tome troisième des Lettres sur la Suisse, par Raoul-Rochette, intitulé Lettres sur la Suisse écrites en 1824 et 1825 et imprimé en un volume in-8 par Cosson, 9 rue Saint-Germain-des-Prés [rue Bonaparte, VIe].

Pendant ce temps, et avant le 16 mars 1826, Laurens « Aîné », installé alors 17 rue des Marais-Saint-Germain [rue Visconti, VIe], vendait son imprimerie à Honoré de Balzac (1799-1850) et quittait Paris pour Villers-Cotterêts [Aisne].


Renduel obtint enfin son brevet de libraire le 7 août 1827 et publia, avec Pichon-Béchet, libraire 47 quai des Augustins, successeur de Béchet « Aîné », le Code forestier expliqué par les motifs et la discussion (in-12), par Adolphe Chauveau.


En 1828, Renduel édita une Nouvelle grammaire italienne, élémentaire et raisonnée, divisée en vingt leçons, avec des thèmes (in-12), par Clément Pantini et Jérôme Monaci ; le Cours d’archéologie, professé par M. Raoul-Rochette, à la Bibliothèque du Roi, tous les mardis (in-8).


En 1829, il édita L’Homme blanc des rochers, ou Loganie et Délia (4 vol. in-12), par Toulotte ; 

Frontispice gravé sur bois, d'après un dessin de Eugène Sue

Soirées de Walter Scott à Paris (1829-1831, 2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Les Tarifs en matière civile, commerciale et criminelle, expliqués et commentés (in-18), par A. Vervoort, avec A. H. Devielbanc, 2 rue Saint-Étienne-des-Grès [rue Cujas, Ve] ; deux ouvrages de l’historien Alexandre-Fursy Guesdon, sous son pseudonyme « Mortonval » - Maurice Pierret, épisode de 1793 (5 vol. in-12) et Le Comte de Villamayor, ou l’Espagne sous Charles IV (5 vol. in-12) ; Les Marionnettes politiques ; (Mœurs contemporaines) (4 vol. in-12), par G. Touchard-Lafosse ; 


Palmerin d’Angleterre, chronique portugaise(4 vol. in-12), par Francisco Moraes ; etc.


Devenu le libraire à la mode, Renduel lança sur le marché un grand nombre de rééditions et d’ouvrages nouveaux. Il eut l’habileté d’attirer à lui tous ces écrivains, aujourd’hui célèbres, alors modestes débutants, de les enlever aux libraires qui avaient mis au jour leurs livres de début, par des propositions plus avantageuses et l’audace de publier tous leurs ouvrages, laissant au lecteur le soin de décider lesquels auraient le plus de succès et le dédommageraient des pertes occasionnées par les autres. Il s’entoura des meilleurs illustrateurs contemporains : Louis Boulanger (1806-1867), Tony Johannot (1803-1852) et Célestin Nanteuil (1813-1873).


« La vie littéraire était, en ce tems-là, une vie d’abnégation et de misère. Les grands journaux ne publiaient pas de romans. La vieille critique y jouait encore son jeu. Seuls, Loëve Weimars et Jules Janin avaient mis en œuvre l’esprit nouveau. Ce qui dominait alors, c’était le voltairianisme tombé en enfance. La mode était de railler le romantisme, - avec le rire de ceux qui ne sont pas contens. Il n’y avait donc pas à frapper à la porte des journaux. Restaient les libraires ; mais ces messieurs étaient des autocrates qui ne publiaient que les livres de leur bon plaisir. Eugène Renduel tenait le haut du pavé ; quand un nouveau venu se présentait devant lui, il le désarmait bien vite par un sourire moqueur. Il avait pourtant publié les Jeunes France, de Théophile Gautier ; mais cela ne voulait pas dire qu’il les eût payés. » [sic]

(Arsène Houssaye. Les Confessions. Souvenirs d’un demi-siècle. 1830-1880. Paris, E. Dentu, 1885, t. I, p. 289-290)


Aux deux premiers rangs des écrivains qui alimentèrent la librairie Renduel figurent Victor Hugo, puis les frères Lacroix.


1830 : Les Deux Fous. Histoire du temps de François Ier. 1524(in-8), par P. L. Jacob ; 


Contes fantastiques de E. T. A. Hoffmann (12 vol. in-12) ; Contes nocturnes de E. T. A. Hoffmann (4 vol. in-12) ; Législation et jurisprudence des tribunaux de simple police (in-8), par Bost et Daussy ; Le Bourreau (4 vol. in-12), par François-Eugène Garay de Monglave, sous le pseudonyme « Maurice Dufresne » ; Tableau de l’histoire moderne (2 vol. in-8), par Frédéric Schlegel, traduit de l’allemand par Joël Cherbuliez ; La Fin du monde, histoire du temps présent et des choses à venir (in-8), par Rey-Dussueil ; etc.


1831 : Le Roi des ribauds, histoire du temps de Louis XII (2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Plik et Plok (in-8), par Eugène Sue ; Don Martin Gil. Histoire du temps de Pierre-le-Cruel (2 vol. in-8), par Mortonval ; 


Les Intimes (2 vol. in-8), par Michel Raymond, pseudonyme de Raymond Brucker ; Le Caprice (2 vol. in-12), par Eugène Chapus ; Le Monde nouveau, histoire faisant suite à La Fin du monde, par Rey-Dussueil ; Marion Delorme, drame (in-8), par Victor Hugo, premier traité conclu entre le poète et Renduel ; etc.


Notre-Dame de Paris (1832)
Frontispice par Célestin Nanteuil

1832 : Œuvres de Victor Hugo.- Romans(I. Le Dernier jour d’un condamné. 18….5eédition, in-8. II. Bug-Jargal. 1791. 5eédition, in-8. III. IV. V. Notre-Dame de Paris. 8eédition, 3 vol. in-8) ; Œuvres de Charles Nodier (I. Jean Sbogar. in-8. II. Le Peintre de Saltzbourg. Adèle. Thérèse Aubert. in-8. III. Smarra. Triby. Mélanges. Hélène Gillet. in-8. IV. La Fée aux miettes. in-8. V. Rêveries. in-8. VI. Mademoiselle de Marsan. Le Nouveau Faust et la Nouvelle Marguerite. Le Songe d’or. in-8) ;  Œuvres de Charles Nodier. Le Dernier Chapitre de mon roman (in-8, pas de tomaison) ; Un divorce, histoire du temps de l’Empire. 1812-1814(in-8), par P.-L. Jacob ; 


La Danse macabre, histoire fantastique du quinzième siècle (in-8), par P. L. Jacob, dont seule la 2eédition, la même année, présente une gravure par Johannot en page de titre ; Vertu et tempérament, histoire du temps de la Restauration. 1818-1820-1832 (2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Critiques et portraits littéraires (in-8), par C.-A. Sainte-Beuve ; La Salamandre, roman maritime(2 vol. in-8), par Eugène Sue ; Aux enfants. Contes de E.-T.-A. Hoffmann (in-12) ; Contes et fantaisies de E. T. A. Hoffmann (Le t. XVII porte la date de 1833, les t. XVIII et XIX la date de 1832, 3 vol. in-12) ; 

Paris, Alde, 16 octobre 2014 : 1.400 €
Reliure G. Mercier

Les Consultations du Docteur-Noir. Stello, ou les diables bleus (blue devils). Par le comte Alfred de Vigny. Première consultation (in-8, trois vignettes de Tony Johannot, gravées par Brevière), avec Charles Gosselin, 9 rue Saint-Germain-des-Prés ; 

Paris, Drouot, 21 novembre 2014 : 800 €
Reliure Salvador David, dorure Domont

Les Feuilles d’automne (in-8, préface datée de novembre 1831, vignette sur bois de Porret d’après Tony Johannot), par Victor Hugo ; Critiques et portraits littéraires (3 vol. in-8, les deux derniers ont paru en 1836), par Charles-Augustin Sainte-Beuve ; 


Le Roi s’amuse, drame (in-8, vignette frontispice gravée sur bois par Andrew, L. B., d’après Tony Johannot et tirée sur Chine), par Victor Hugo ; Les Deux Cadavres (2 vol. in-8), par Frédéric Soulié ; La Table de nuit(in-8), par Paul de Musset ; 

Traité conclu entre Martin et Renduel pour la publication de Minuit et midi
Coll. Bertrand Hugonnard-Roche

Minuit et midi1630-1649 (in-8), par Henri Martin ; etc.


1833 : Œuvres de Victor Hugo.- Romans (VI. VII. Han d’Islande. 4eédition, 2 vol. in-8) ; Œuvres de Victor Hugo. - Drames. (I. Le Roi s’amuse. 3eédition, in-8) ; 


Œuvres de Victor Hugo. Drames. (V. Lucrèce Borgia. 3eédition, in-8. VI. Marie Tudor. in-8) ; Œuvres complètes de Charles Nodier (VII. Le Dernier Banquet des Girondins ; étude historique, suivie de Recherches sur l’éloquence révolutionnaire. in-8. VIII. Souvenirs et portraits. in-8) ; Quand j’étais jeune, souvenirs d’un vieux(2 vol. in-8), par Paul L. Jacob ; De la France (in-8), par Henri Heine ; La Vie de E.-T.-A. Hoffmann, d’après les documens originaux (non tomé, mais forme le t. XX des Œuvres complètes de E. T. A. Hoffmann, in-12, portrait de Hoffmann gravé sur acier par P. Pelée, d’après Henriquel-Dupont) ; 


Les Jeunes France, romans goguenards (in-8, frontispice eau-forte de Célestin Nanteuil), par Théophile Gautier ; Les Deux Cadavres (3eédition, 2 vol. in-8), par Frédéric Soulié ; 


Champavert. Contes immoraux (in-8, vignette sur bois de Jean Gigoux, gravée par Godard), par Pétrus Borel, le lycanthrope ; Le Sabbat des sorcières, chronique de 1459 (in-8), traduit de l’allemand de Louis Tieck ; De la France(in-8), par Henri Heine ; Titime ? Histoires de l’autre monde (in-8), par Eugène Chapus et Victor Charlier ; 

"La Coupe et les Lèvres"

Un spectacle dans un fauteuil (in-8), par Alfred de Musset ; 


Les Écorcheurs ou l’Usurpation et la Peste, fragmens historiques. 1418 (2 vol. in-8, vignettes de Tony Johannot), par le vicomte d’Arlincourt ; L’Âme et la Solitude (in-8), par Achille du Clésieux ; Samuel, roman sérieux (in-8), par Paul de Musset ; L’Amulette. Étrennes à nos jeunes amis. - 1834 (in-18), édité avec F. Astoin ; Le Libelliste. 1651-1652 (2 vol. in-8), par Henri Martin ; Une grossesse (in-8), par Jules Lacroix ; 


Le Balcon de l’Opéra (in-8), par Joseph d’Ortigue, seule incursion de Renduel sur le terrain musical ; 


Poésies posthumes et inédites (2 vol. in-8), par André Chénier, avec Gervais Charpentier, 4 rue Montesquieu [Ier] ; etc.


Au cours de l’année 1833, Renduel fut aussi le libraire, pour la France, de L’Europe littéraire, journal de la littérature nationale et étrangère, paraissant trois fois par semaine, dont le premier numéro parut le 1er mars 1833, et le 69e et dernier, le 9 août 1833.


1834 : Œuvres complètes de Victor Hugo.- Poésie (I. II. Odes et ballades. 2 vol. in-8. III. Les Orientales. in-8. IV. Les Feuilles d’automne. in-8) ; Œuvres complètes de Victor Hugo. 1819-1834. Littérature et philosophie mêlées. (I. II. 2 vol. in-8) ; Œuvres complètes de Charles Nodier (X. Souvenirs de jeunesse. in-8. XII. Notions élémentaires de linguistique. in-8) ; Les Francs-Taupins, histoire du temps de Charles VII, 1440 (3 vol. in-8), par Paul L. Jacob ; Volupté (2 vol. in-8), anonyme [C.-A. Sainte-Beuve] ; Œuvres de Henri Heine (II. III. Reisebilder-Tableaux de voyages. 2 vol. in-8, t. I non paru) ; Paroles d’un croyant 1833 (in-8), anonyme [Félicité de La Mennais] ; La Sainte-Baume (2 vol. in-8), par Joseph d’Ortigue ; 


Venezia la bella (2 vol. in-8), par Alphonse Royer ; Les Hirondelles(in-18), par Alphonse Esquiros ; 

Paris, Sotheby's, 19 juin 2013 : 1.250 €
Reliure Duplanil



Un roman pour les cuisinières (in-8, blason sur le titre, frontispice signé par Camille Rogier), par Émile Cabanon ; Études sur la science sociale (in-8), par Jules Lechevalier ; La Tête et le Cœur (in-8), par Paul de Musset ; Corps sans âme (2 vol. in-8), par Jules Lacroix ; Un accès de fièvre (in-8), par Juliette Bécard ; etc.


1835 : Œuvres complètes de Victor Hugo.- Poésie (V. Les Chants du crépuscule. in-8) ; Œuvres de Victor Hugo. Drames. (VII. Angelo, tyran de Padoue. in-8) ; Œuvres de Sainte-Beuve. Poésie (II. Les Consolations. 2eédition, in-8) ; Œuvres de Henri Heine (V. VI. De l’Allemagne. 2 vol. in-8) ; 

Lyon, Librairie ancienne Clagahe : 6.000 €
Reliure de Cuzin

Mademoiselle de Maupin – Double amour – (1835-1836, 2 vol. in-8), par Théophile Gautier ; Pélerinages (in-8), par Édouard d’Anglemont ; Lettres autographes de Madame Roland, adressées à Bancal-des-Issarts, membre de la Convention(in-8) ; 




Œuvres complètes de Berquin(4 vol. in-12), avec Félix Astoin, 60 rue Saint-André-des-Arts, et A. Biais, 26 rue des Bons-Enfants ; Une fleur à vendre (2 vol. in-8), par Jules Lacroix ; Le Monde comme il est (2 vol. in-8), par le marquis de Custine ; Outre-mer (2 vol. in-8), par Louis de Maynard de Queilhe ; etc.


1836 : Œuvres complètes de Victor Hugo. Drames. (I. II. Cromwell. 2 vol. in-8. III. Hernani. in-8. IV. Marion de Lorme. in-8) ; La Folle d’Orléans, histoire du temps de Louis XIV (2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Pignerol, histoire du temps de Louis XIV. 1680 (2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Mon grand fauteuil (2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Critiques et portraits littéraires (1836-1839, 5 vol. in-8), par C.-A. Sainte-Beuve ; 



Reliure "à la cathédrale"


Notre-Dame de Paris (1 vol. in-8, première édition illustrée, dite « édition keepsake », et 3 vol. in-8 avec les mêmes gravures), par Victor Hugo ; La Carte jaune, roman de Paris (2 vol. in-8), par Eugène Chapus ; Histoire des lettres avant le christianisme (2 premiers tomes, in-8), par Amédée Duquesnel ; etc.



En 1837, Renduel transféra sa librairie au 3 rue Christine [VIe] :


« Il y a bien des années, j’avais entrevu le Renduel des anciens jours, dans son dernier domicile de libraire, celui de la rue Christine (1837). Les établissements des éditeurs les plus renommés n’étaient pas alors, comme aujourd’hui, de véritables ministères. Ce magasin de Renduel occupait le rez-de-chaussée d’une vieille maison qui n’avait été ni repeinte, ni peut-être balayée depuis la première Révolution. C’était une vaste pièce tirant son jour d’une petite cour intérieure profondément encaissée. […]. J’aurais volontiers remercié Renduel, qui daignait me vendre lui-même un certain nombre de volumes in-8° à couverture jaune, de 250 à 300 pages en moyenne, dont plus de la moitié n’était que du papier blanc, ou plutôt gris ; - le tout au prix réglementaire de 7 fr. 50 le volume, sans escompte ni remise. […]. Le tout formait un gros paquet que Renduel aurait bien voulu se dispenser de me faire porter à domicile ; attendu, disait-il, que son unique commis était sujet à s’attarder aux vitrines des marchands d’estampes. Avec de si beaux bénéfices, et d’aussi belles économies sur les frais généraux, il ne pouvait manquer de s’enrichir promptement. Aussi il “ pensait déjà à faire la retraite ”, comme le Tircis de Racan. »

(Bon E. [Baron Ernouf]. « Causeries d’un bibliophile ». In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Léon Techener, 1880, p. 88-89)



1837 : Œuvres complètes de Victor Hugo.- Poésie (VI. Les Voix intérieures. in-8) ; Œuvres complètes de Charles Nodier (XI. Contes en prose et en vers. in-8) ; Pensées d’août, poésies (in-18), par Sainte-Beuve ; Luccioles (in-8), par Théodore Guiard, avec Houdaille, 11 rue du Coq [rue de Marengo, Ier] ; Le Livre des communes, ou le Presbytère, l’École et la Mairie (in-8), par Roselly de Lorgues, avec la Société agiographique, 14 rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice ; Arthur (in-8), par Ulric Guttinguer ; etc.    


1838 : Castille et Léon, drame(in-8), par Ferdinand Dugué ; Tout est bien, poésie (in-8), par Victor Leroux ; etc. Le libraire Henry-Louis Delloye, 13 place de la Bourse [IIe], reprit les Œuvres complètes de Victor Hugo. 


Château de Beuvron, vers 1880

Château de Beuvron, aujourd'hui
Photographie Ph. Poiseau


Cette même année 1838, Renduel, las de la librairie, acheta le château de Beuvron [Nièvre], à une quinzaine de kilomètres au sud de Clamecy et à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Lormes, avec 20 hectares de prés et 40 hectares de terres en culture. Ce château, bâti au XVe siècle, au bord de la rivière, a été fortement remanié aux XVIIeet XVIIIe siècles. Il se compose de deux corps de logis, disposés à angle droit, et flanqués d’une tour ronde à leur jonction ; on y pénètre par un portail carré défendu par une bretèche. Il y passa d’abord plusieurs mois par an.


1839 : Histoire des Français des divers états aux cinq derniers siècles XVIIe siècle (7eet 8e vol., in-8), par Amans-Alexis Monteil ; Le Vol des heures. Poésies (in-8), par Ferdinand Dugué ; etc.


Port-Royal (Paris, Eugène Renduel et L. Hachette et Cie, 1840-1859)

1840 : Port-Royal (t. I daté 1840, t. II daté 1842, 2 vol. in-8), par C.-A. Sainte-Beuve.


En 1841, le libraire Louis Hachette (1800-1864), 12 rue Pierre Sarrazin [VIe], reprit le fonds romantique de Renduel.

Renduel avait promis, en 1833, à Louis, dit « Aloysius », Bertrand de faire paraître son livre, Gaspard de la nuit. Bertrand essaya une dernière fois, le 5 octobre 1840, de faire sortir son manuscrit des tiroirs de son éditeur : celui-ci était absent et Bertrand lui laissa un sonnet, qui furent ses derniers vers. Quelques mois après, le 11 mars 1841, Bertrand entra à l’hôpital une troisième fois, cette fois à Necker, pour y mourir, le 29 avril. À la fin de l’année 1842, grâce aux efforts de Sainte-Beuve et de David d’Angers, qui racheta le manuscrit à Renduel, Gaspard de la nuit. Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot (Angers, V. Pavie, et Paris, Labitte, 1842, in-8) vit enfin le jour.


Après avoir enfin épousé Célestine-Rose Laurens, le 29 février 1840, aux Batignolles [Paris XVIIe], Renduel, en libraire avisé - sentant peut-être le déclin du romantisme -, se retira des affaires et s’installa définitivement à Beuvron. Il s’occupa alors d’agriculture, obtint des prix aux comices, se fit aimer et élire maire d’octobre 1840 à octobre 1846 et de janvier 1871 à février 1874 : il se donna tout entier à ses fonctions municipales, veillant à mieux employer les fonds de secours et faisant exécuter des routes praticables, dont l’un, la route de Clamecy à Brinon-sur-Beuvron, fut appelé « le chemin de Renduel ».


À Paris, on l’oublia, malgré quelques brefs retours : il descendait à l’hôtel des Colonies, 27 rue Paul Lelong [IIe], et dînait au Restaurant Magny, qui fonctionna de 1842 à 1895, 3 rue de Contrescarpe-Dauphine [rue André Mazet, VIe]. On se demande pourquoi Edmond Werdet n’a pas un mot de souvenir pour son ancien confrère, dans De la librairie française(Paris, E. Dentu, 1860).

Pour soigner une ancienne maladie du foie, Renduel allait presque chaque année aux eaux de Bourbonne-les-Bains [Haute-Marne]. Il était encore alerte et solide, quand il fut subitement frappé d’une paralysie partielle ; une seconde attaque plus violente l’emporta le 19 octobre 1874.

La plupart des journaux se contentèrent d’annoncer cette mort comme un simple fait divers, tous le croyant enterré depuis longtemps :

 


« Eugène Renduel vient de mourir dans sa soixante-seizième année, au château de Beuvron (Nièvre).

A ce seul nom, ce qui reste de la génération de 1830 n’a pu s’empêcher de dresser l’oreille. Eugène Renduel a été celui des éditeurs qui a le plus contribué à affermir l’école romantique dans son triomphe. C’est lui qui a prononcé une sorte de fiat lux pour les œuvres magistrales d’alors ; ses in-octavos, illustrés de vignettes de Poret et des Johannot, donnaient plus de relief encore à Victor Hugo, à Charles Nodier, à Théophile Gautier et aux autres. […]

S’il faisait de bonnes affaires avec les grands écrivains de son temps, il les mettait de moitié dans la réussite de l’entreprise. Un livre édité par lui avait, rien que sur le nom de celui qui l’avait fabriqué, un passe-port sûr auprès du public.

Les catalogues qu’il a laissés sont des monuments littéraires. Il n’y a pas de bibliophile qui ne se fasse un devoir de les consulter, afin de se rendre compte de ce que pouvait être l’esprit français en 1830. Eugène Renduel, très-téméraire, a été le premier éditeur des deux ouvrages les plus audacieux de ce temps : Reisebilder, d’Henri Heine, et les Paroles d’un croyant, de Lamennais. » [sic]

(Philibert Audebrand. « Courrier de Paris » In L’Illustration, samedi 7 novembre 1874, p. 295)


« Renduel en avait gardé beaucoup de ces livres précieux, mais il en avait perdu aussi beaucoup par manque de prudence et par la bêtise des paysans qui fouillaient librement dans ces volumes, en regardaient d’abord les images et puis les déchiraient pour allumer leur feu. Ne surprit-on pas un jour la bonne et le jardinier qui s’escrimaient de la plume et du crayon sur une brochure dont l’édition princeps vaut de l’or aujourd’hui : le Sacre de Charles X, par Victor Hugo ? Renduel n’avait pas perdu des livres de ce seul fait : il en avait aussi donné à de prétendus amateurs ; il en avait prêté qui n’étaient jamais revenus […] mais sa bibliothèque, après tant de malheurs, était encore assez bien garnie en éditions originales, et le vieux libraire regardait surtout avec amour des tirages sur beau papier de Chine ou des Vosges, sur papier rose ou vert, qu’il avait faits pour lui-même et seulement pour des volumes de choix, ceux signés de Victor Hugo, de Sainte-Beuve et de Lamennais, de Charles Nodier et d’Alfred de Musset ; il couvait enfin d’un œil jaloux deux recueils médiocrement élégants et qui n’étaient rien moins que les épreuves complètes des Voix intérieures et de Cromwell, avec corrections de la main de l’auteur.

Vous figurez-vous quelle quantité inconcevable de lettres : offres, requêtes, demandes d’argent, reproches, engagements, Renduel dut recevoir pendant les dix ans qu’il fut le libraire attitré de l’école romantique ? Et dans cet énorme masse de papiers qu’il avait conservés, que de noms illustres dans les lettres, les arts et la politique à côté d’autres de notoriété moyenne ou même absolument inconnus ! » [sic]

(Adolphe Jullien. Le Romantisme et l’éditeur Renduel. Paris, Charpentier et Fasquelle, 1897, p. 76-79)


Eugène Renduel, par Auguste de Châtillon (1836)
Musée Carnavalet 
 



















































Henri Nicolle (1767-1829), barbiste et ami des Bertin

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Carte de Cassini

Parmi les nombreux libraires et éditeurs que la Normandie a fourni à la capitale, Gabriel-Henri Nicolle est né à Fresquiennes [Seine-Maritime], le 23 mars 1767, descendant d’une famille de laboureurs originaire de Roumare, en pays de Caux. 

Arbre généalogique simplifié des Nicolle


Il était le sixième des neuf enfants de Marie-Françoise Neufville, née à Pôville [Pissy-Pôville depuis 1822] le 4 juin 1734 et décédée à Fresquiennes le 11 messidor An X [30 juin 1802], et de Charles Nicolle, né le 9 février 1730 à Roumare et décédé à Fresquiennes le 1er frimaire An XII [23 novembre 1803] ; ils s’étaient mariés à Pôville le 12 juillet 1757 et tenaient la ferme du château de Nicolas-Louis Romé (1693-1773), officier au régiment de Condé cavalerie.


Maison de Sainte-Barbe
Entrée rue de Reims en 1830

Fils de laboureur aisé, Henri Nicolle put faire d’excellentes études à Paris, dans la célèbre Maison de Sainte-Barbe, dont l’entrée était rue de Reims [Ve, disparue en 1880], fondée le 30 mai 1430, le plus ancien collège de Paris. Il y avait été précédé par son frère aîné, Charles-Dominique Nicolle (1758-1835), devenu en 1782 maître de conférences, puis préfet des études. Henri Nicolle se destinait, comme son frère, à l’instruction publique, lorsque la Révolution renversa ses projets ; le collège Sainte-Barbe fut dissous avec les autres collèges de l’Université.


L’abbé Charles-Dominique Nicolle, précepteur, depuis 1790, du second fils du comte Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul-Gouffier (1752-1817), ambassadeur à Constantinople, ayant refusé le serment imposé aux ecclésiastiques, fut obligé de quitter sa patrie en 1792 : il conduisit son élève chez son père, qu’il suivit ensuite à Saint-Pétersbourg, où il établit un institut pour la jeune noblesse russe.


Resté à Paris, Henri Nicolle concourut à la rédaction de plusieurs journaux.

Il fut propriétaire et rédacteur en chef du quotidien Journal français, ou Tableau politique et littéraire de Paris, qui parut du 15 novembre 1792 au 2 juin 1793 :  


« La stupeur profonde qui avait brisé la plume de nos écrivains s’est dissipée ; la terreur, cette arme perfide entre les mains des scélérats, s’est émoussée. On peut enfin témoigner hautement l’horreur qu’ont inspirée les effroyables journées des 2 et 3 septembre ; il est permis de vouer à l’exécration de la postérité ce comité des boucheries dit de surveillance ; on peut appeler la vindicte publique sur cette meute de scélérats qui, lâchés dans les départements par la régence tripolitaine de Paris, prêchent partout le carnage et la sédition […]. Arracher le masque de l’hypocrisie à ces individus d’un jour, publicistes par famine, anarchistes par besoin, assassins par tempérament, voilà la tâche honorable et périlleuse que nous nous sommes imposée. » (Prospectus)


Les opinions contre-révolutionnaires qu’il y manifesta le firent incarcérer en janvier 1793, mais la Convention, considérant sa détention comme attentatoire à la liberté de la presse, ordonna sa mise en liberté le 1er février. 

Bertin l'Aîné en 1802
Par François-Xavier Fabre

Son ami et ancien barbiste, Louis-François Bertin (1766-1841), dit « Bertin l’Aîné », y fit ses débuts comme journaliste.


Bertin de Veaux en 1815
Par Anne-Louis Girodet de Roucy dit "Girodet-Trioson"

Henri Nicolle prit aussi part à la rédaction du Courrier universel de J.-H.-Alexandre Poujade de Ladevèze (v. 1770-v. 1840), qui parut du 21 décembre 1792 au 27 nivôse An VIII [17 janvier 1800], où il eut pour collaborateurs les deux frères Bertin, Bertin l’Aîné et Louis-François Bertin (1771-1842), dit « Bertin de Veaux ». Ceux-ci eurent l’idée de former, entre les jeunes écrivains politiques de leur opinion, une sorte de société qui se réunissait chez un petit restaurateur de la place du Louvre [Ier], où on dressait les plans d’attaque contre les Jacobins.




En l’An IV, les Bertin créèrent L’Éclair, qui s’imprimait, comme le Courrier universel, chez Jean-Baptiste-Étienne-Élie Lenormant (1765-1832), 42 rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois [Ier, emplacement sur lequel fut construit l’agrandissement du magasin 2 de la Samaritaine en 1928], et qui parut du 17 vendémiaire An IV [9 octobre 1795] au 17 fructidor An V [3 septembre 1797]. Henri Nicolle le faisait parvenir à ses abonnés du nord de la France par une berline, qui précédait le courrier ordinaire. « Pierre » était le pseudonyme de Bertin de Veaux, qui, lors de son arrestation au sujet d’un article très vif contre Germain-Théodore Abolin (1757-1842), membre du Conseil des Cinq-Cents, fut provisoirement remplacé par son frère, Bertin l’Aîné, durant sa détention à la prison de La Force, rue Saint-Antoine [3 rue Mahler, IVe], et qui signa ensuite en toutes lettres. Après le coup d’État du 18 fructidor An V [4 septembre 1797], Bertin de Veaux et Nicolle continuèrent à publier L’Éclairsous le nom des Annales politiques et littéraires.


Le Courrier universel et L’Éclairmenèrent côte à côte la même existence précaire jusqu’au jour où –

1er et 2 pluviôse An VIII [21 et 22 janvier 1800] - les frères Bertin achetèrent à l’imprimeur François-Jean Baudouin (1759-1835) le Journal des débats et à Ladevèze le Courrier universel, qui, sous leur direction, devinrent une seule et même feuille dont leur nom reste inséparable : le Journal des débats prit le format de L’Éclair- petit in-4 -, l’imprimeur fut Lenormant – 42 [17, à partir de 1806] rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois -, le service des voitures imaginé par Nicolle pour L’Éclair emporta le nouveau journal dans les départements, la rédaction fut composée de ceux qui avaient lutté dans L’Éclair et le Courrier universel, des amis de la réunion du restaurant de la place du Louvre et des anciens barbistes.



La prudence avait imposé de séparer, aux yeux du pouvoir, les intérêts du journal et ceux de la librairie que Nicolle avait établie dès la fin de l’année 1797, avec le soutien financier de Bertin de Veaux, 56 rue du Bouloy [Ier], à l’entrée de la rue, près la rue de la Croix-des-Petits-Champs, dans la maison natale du cardinal de Richelieu, devenue hôtel de La Reynie [détruit en 1880].



En décembre 1802, la librairie déménagea 26 rue des Jeûneurs [IIe].


Le 14 germinal An XI [4 avril 1803], Henri Nicolle épousa, à Saint-Eustache, Reine-Jeanne Prévost, qui lui avait donné deux filles, Clémentine-Louise-Françoise, en 1800, et Henriette, le 1er jour complémentaire An IX [18 septembre 1801] ; elle lui donna une troisième fille, Louise-Clémentine-Gabrielle, en 1809.



En juillet 1803, la librairie déménagea dans le Petit Hôtel Bouillon, 15 quai Malaquais [VIe].



En 1797, Louis-Étienne Herhan (1768-1854), employé du graveur Jean-Pierre Droz (1740-1823), avait perfectionné un procédé de fabrication des assignats par clichage, pour imprimer en stéréotype. N’ayant pu rendre son entreprise rentable, il loua, le 27 novembre 1804, à Bertin de Veaux le droit exclusif de se servir de son procédé pendant dix-huit ans, puis, le 30 octobre 1805, lui vendit fictivement son imprimerie pour 24.000 francs, à condition de ne plus travailler que pour Nicolle et Jean-Baptiste Garnéry (1764-1843).



Entre-temps, au mois de décembre 1804, Henri Nicolle avait installé sa « Librairie Stéréotype » 9 rue Pavée-Saint-André-des-Arts [rue Séguier, VIe]. 





Il la déménagea, au mois de juin de l’année suivante, 33 rue des Petits Augustins [rue Bonaparte, VIe], puis, en 1806, 15 rue des Petits Augustins.


Il entreprit alors de donner une immense collection de livres classiques, connus sous le nom d’« éditions stéréotypes ».


In Bibliographie de la France, samedi 28 mars 1818, p. 184

Il conçut le premier le plan d’une « Bibliothèque latine, ou Collection d’auteurs classiques latins, avec des commentaires dits perpétuels, et des index. », mais il dut y renoncer après en avoir publié quelques volumes, pour éviter une concurrence fâcheuse avec Nicolas Éloi Lemaire (1767-1832), professeur à la Faculté des lettres de Paris, ancien maître de Sainte-Barbe.

Il se fit l’éditeur des Nouveau dictionnaire latin-français (1807) et Nouveau dictionnaire français-latin(1808), par François Noël (1756-1841), inspecteur général des études, et du Dictionnaire grec-françois (1808), par Joseph Planche (1762-1853), professeur et ancien barbiste, devenus ensuite la propriété de Lenormant.


« Je vous dirai qu’en me trouvant à dîner avec un M. Nicolle, que Marmontel et moi nous avons connu comme instituteur au collège de Sainte-Barbe, et qui est aujourd’hui libraire, à la tête du magasin d’Herhan, auteur d’une nouvelle manière de stéréotyper, il m’a engagé à aller voir l’atelier de M. Herhan. J’ai été frappé de la beauté et de la grandeur de l’établissement : j’y ai trouvé quarante presses en mouvement à la fois, occupées à tirer à cinquante mille exemplaires le catéchisme qui doit servir à tous les diocèses de France.

Herhan et Nicolle m’ont fait suivre toutes ces opérations que j’entreprends de vous décrire en peu de mots. Figurez-vous donc de petites lames de cuivre sur une des extrémités desquelles on grave les lettres en creux qu’on compose comme des caractères ordinaires pour en faire une page solide. Cette page ensuite est enfoncée avec force dans une matière de caractères d’imprimerie en demi-fusion et donne une planche ou page en relief formant aussi une seule masse, chaque page ou planche n’ayant guère que quatre à cinq lignes d’épaisseur. C’est de ces planches, assemblées dans un châssis de construction nouvelle, que se forme la feuille qui doit passer sous la presse.

J’ai vu là des ouvrages stéréotypes in-octavo, ce qu’on n’avait point encore fait jusqu’ici, et d’une netteté, d’une correction vraiment admirables.

J’ai vu les formes de tout un Racine n’occupant qu’un très-petit espace et pouvant être envoyées dans une caisse au bout du monde, sans risque d’aucun dérangement. »

(Mémoires inédits de l’abbé Morellet, de l’Académie française, sur le dix-huitième siècle et sur la Révolution. Paris, Ladvocat, 1822, t. II, p. 193-194)




Tableau historique et pittoresque de Paris
Frontispice

En février 1809, un dernier déménagement de la « Librairie stéréotype » eut lieu 12 rue de Seine [VIe], dans l’hôtel de La Rochefoucauld [détruit en 1825]. Henri Nicolle fut breveté libraire le 1er octobre 1812.

Après le décès de son épouse, Reine-Jeanne Prévost, arrivé le 5 janvier 1813, il épousa, au plus tard en 1815, Angélique-Justine Dussault, qui lui donna une quatrième fille, Gabrielle-Joséphine-Louise, le 5 août 1816.



« Le goût du théâtre, qui se répand de jour en jour, a suggéré depuis quelques années l’idée d’offrir aux nombreux amateurs de l’art dramatique la collection de tous les ouvrages restés au répertoire, qu’il seroit difficile de se procurer autrement, sans des frais considérables et sans des recherches longues et pénibles, et qui d’ailleurs, à raison de la différence des formats, de l’impression et du papier, ne peuvent jamais composer un recueil élégant et commode. Dans le nombre de ces collections, on a toujours distingué celle qui a été donnée par H. Nicolle, en soixante-sept volumes in-18, et imprimée d’après le procédé stéréotype d’Herhan. On connoit les avantages de cette découverte, qui seule a atteint le but principal que l’imprimerie doit se proposer, celui de produire des éditions exemptes de fautes. Déjà plusieurs tirages successivement épuisés ont prouvé combien cette collection étoit agréable au public. Cette considération a persuadé à l’éditeur qu’un nouveau tirage imprimé avec soin, d’après une révision plus sévère, dans un format plus élégant, sur du plus beau papier, enfin avec cette sorte de luxe que peuvent admettre les éditions stéréotypes, trouveroit aussi de nombreux amateurs dans la classe de ceux à qui leur fortune permet de rechercher à la fois les bons livres et les belles productions de l’imprimerie. C’est donc une édition in-12 du Répertoire du Théâtre Français qu’annonce aujourd’hui l’éditeur : les vingt-sept premiers volumes sont consacrés aux auteurs du premier ordre, c’est-à-dire à Pierre et Thomas Corneille, dont les chefs-d’œuvre sont accompagnés des Commentaires de Voltaire, à Racine, à Crébillon, à Voltaire, à Molière et à Regnard. Les quarante volumes suivants renferment, par ordre de temps, tous les ouvrages restés au théâtre, depuis Scarron jusqu’aux auteurs de nos jours, et les pièces de chacun d’eux sont précédées d’une notice biographique, rédigée avec autant de précision que d’exactitude.

Cette belle collection composée, ainsi que nous venons de le dire, de soixante-sept volumes in-12, paroîtra par livraisons de trois volumes chacune, à l’exception de la dernière qui sera de quatre. Le prix de chaque livraison sur papier fin, sera pour les souscripteurs de 9 fr., et de 15 fr. sur papier vélin satiné. Le prix, pour les personnes qui n’auront pas souscrit, sera de 3 fr. 50 c. le volume en papier fin, et 6 fr. en papier vélin satiné, dont il ne sera tiré qu’un très petit nombre d’exemplaires. La souscription sera fermée le 15 août prochain. Les deux premières livraisons ont paru. On souscrit sans rien payer d’avance, chez H. Nicolle, à la librairie stéréotype, rue de Seine, n° 12 ; chez le Normant, même rue, n° 8 ; et chez les principaux libraires de province. » [sic]

(Journal des débats politiques et littéraires, vendredi 26 juin 1818, p. 4)


Tome 1



Tome 67

À partir d’octobre 1819, Henri Nicolle fit gérer sa librairie par son commis et neveu Charles Gosselin (1795-1859), ex-élève de Sainte-Barbe, en faveur de qui il se démit le 12 décembre 1821 et qui succéda à son brevet le 24 janvier 1822.



Retiré des affaires, Henri Nicolle rejoignit son frère, qui venait de rétablir le Collège de Sainte-Barbe.


Dès que la tourmente révolutionnaire fut passée, la Maison de Sainte-Barbe, dénommée « Collège des sciences et des arts », s’était réorganisée, en 1798, dans les bâtiments de la rue de Reims, sous l’habile direction de Victor de Lanneau (1758-1830), ex-théatin et ex-vicaire épiscopal, alors sous-directeur du Prytanée français [lycée Louis-le-Grand, Ve].

Pendant ce temps, des anciens barbistes avaient repris l’enseignement, dans les bâtiments de la communauté de femmes de Sainte-Aure, situés rue Neuve-Sainte-Geneviève [rue Tournefort, Ve] ; ils avaient été transférés, en 1806, rue des Postes [rue Lhomond, Ve], dans les bâtiments du couvent des religieuses de la Présentation Notre-Dame, sous le titre « Association des anciens élèves de la communauté de Sainte-Barbe », puis achetés, en 1818, par l’abbé Nicolle.

Une lutte s’était engagée entre les deux établissements pour la possession exclusive du titre de « Maison de Sainte-Barbe ». L’autorité administrative avait donné plusieurs fois gain de cause à Victor de Lanneau, notamment en 1808 et en 1818, mais l’abbé Nicolle, revenu définitivement de Russie et ayant été nommé recteur de l’Académie de Paris en 1821, la question fut alors tranchée dans son intérêt, sous le nom de « Collège de Sainte-Barbe ».



L’abbé Nicolle plaça son frère, libraire et attaché à la rédaction du Journal des débats, à la tête du Collège de Sainte-Barbe de la rue des Postes. Après la mort de Henri Nicolle, le collège fut racheté par la ville de Paris et prit le nom de « Collège Rollin », le 6 octobre 1830 ; il déménagea, en 1876, avenue Trudaine [IXe] et devint, en 1944, le Lycée Jacques Decour.



La Maison de Sainte-Barbe, devenue Collège Sainte-Barbe, eut, en 1882, son entrée 4 rue Valette [Ve], fut fermé en 1999 et devint, en 2009, la Bibliothèque Sainte-Barbe.


Malade depuis les derniers mois de 1828, Henri Nicolle mourut d’apoplexie le mercredi 8 avril 1829. Une épouse et trois filles lui survécurent. Ses obsèques eurent lieu le vendredi 10 avril 1829, en l’église Saint-Étienne-du-Mont [Ve], sa paroisse. Il fut inhumé au cimetière du Montparnasse, où Charles-Auguste Defauconpret (1797-1865), préfet des études et son successeur dans la place de directeur du Collège Sainte-Barbe, prononça un discours.


Le 20 février 1841, quelques mois avant la mort de Bertin l’Aîné, arrivée le 13 septembre 1841, son fils Édouard Bertin (1797-1871) épousa la petite-fille de Henri Nicolle, Amélie-Henriette-Joséphine Gobert (1822-1915).








" Les Gardiens de Bibliopolis " In " Revue française d'histoire du livre ". Genève, Droz, 2016, n° 137

Le 55 passage des Panoramas, Paris IIe, en 1897

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Émile Goudeau (1849-1906), fondateur en 1878 du Cercle des Hydropathes, était employé au ministère des Finances et consacra sa vie à la poésie.


La Librairie Morgand et Fatout, 55 passage des Panoramas, Paris II
Bois gravé par H. Paillard, d'après Ch. Jouas
(Photographie Hugues de Latude) 

Parmi ses publications, le bibliophile s’arrête surtout à la page 303 de ses Poèmes parisiens, imprimés en 1897 sur les presses à bras de Lahure, pour Henri Beraldi : on y trouve le poème « Bibliophilie », dédié « A Madame Henri Beraldi », avec une illustration de Charles Jouas (1866-1942), gravée sur bois par Henri Paillard (1846-1912), représentant la Librairie de Damascène Morgand (1840-1898) et de Charles Fatout (1839-1882).

Le 20 octobre 1897, les bois gravés par Paillard furent brûlés par Moret, chef mécanicien de l’Imprimerie générale, en présence de Beraldi, de Lahure et de Bauche.


En 1875, Morgand et Fatout avaient succédé à Ernest Caen, établi à la même adresse depuis 1854. Édouard Rahir (1862-1924) succéda à Morgand en 1898.





Aujourd’hui, le 55 passage des Panoramas est occupé par un magasin pour philatélistes : « La Postale. Le Vermillon ». Le célèbre escalier est toujours en place.



Bertrand Hugonnard-Roche en pèlerinage
(Photographie Eric Zinc)

Avec mes remerciements à Hugues de Latude.


Joseph-Marie Portalis (1778-1858), grand magistrat, fils de grand magistrat

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Arbre généalogique simplifié

D’origine italienne, et vraisemblablement de lointaine ascendance grecque, la famille Portalis était établie au village provençal de Le Beausset [Var], dès la fin du XVe siècle.


Maison natale de Joseph-Marie Portalis
25 rue de l'Opéra, Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône]

Joseph-Marie, dit « Charles », Portalis naquit à Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône], 25 rue de l’Opéra, le 19 février 1778, de Marguerite-Françoise Siméon, née à Aix le 24 février 1752, et de 

Maison natale de Jean-Etienne-Marie Portalis
25 rue Saint-Sébastien [aujourd'hui rue Portalis], Le Beausset [Var]

Jean-Étienne-Marie Portalis, né au Beausset le 1eravril 1746, avocat, mariés au Beausset le 8 août 1775. Par ses parents, il appartenait à deux familles importantes de la bourgeoisie de Provence.


Château Pradeaux, Saint-Cyr-sur-Mer [Var]

Son père l’éleva dans le culte du droit : à l’âge de dix ans, il analysait De l’esprit des loix [sic], par Montesquieu. Quand survint la Révolution, Jean-Étienne-Marie Portalis fut obligé de quitter la ville d’Aix, où il n’était plus en sûreté : en 1790, il se retira, avec sa famille, dans sa terre des Pradeaux [Saint-Cyr-sur-Mer, Var], dont il avait hérité en 1752. Menacé de mort jusque dans cette retraite, il refusa d’émigrer et chercha, en 1793, un asile à Lyon [Rhône], puis à Villefranche-sur-Saône [Rhône], avant de se réfugier à Paris. Comme il fallait s’y attendre, il fut découvert et emprisonné dans la pension Belhomme [détruite en 1972], rue de Charonne [XIe], jusqu’à la chute de Robespierre [9 thermidor An II, 27 juillet 1794]. 

5 rue du Croissant, Paris II






Hôtel Portalis, 2 rue La Vrillière, Paris I

La famille s’installa alors 5 rue du Croissant [IIe], puis 2 rue La Vrillière, à l’angle de la rue Croix-des-Petits-Champs [Hôtel de Jaucourt, Ier]. Les universités ayant été fermées par les révolutionnaires, Joseph-Marie Portalis poursuivit sa formation intellectuelle chez les bouquinistes des quais de la Seine.

Élu membre du Conseil des anciens en 1795, Jean-Étienne-Marie Portalis, toujours réputé contre-révolutionnaire, fut compris dans le coup d’État du 18 fructidor An V [4 septembre 1797] et n’échappa à la déportation que par la fuite : retiré d’abord en Suisse, à Bâle et à Zurich, puis à Fribourg-en-Brisgau [Allemagne], il fut invité à s’établir dans le Schleswig-Holstein [Allemagne], alors territoire danois, chez le comte Christian de Stolberg, au château de Tremsbüttel [détruit par un incendie en 1851], 

Château d'Emkendorf 

puis chez le comte Frédéric de Reventlau, au château d’Emkendorf, où il arriva en mai 1798.


Frédérique-Ernestine de Holck
Marseille, 24 novembre 2012 : 2.600 €

À Emkendorf, Joseph-Marie Portalis rencontra Frédérique-Ernestine, dite « Ina », de Holck, née à Kiel [Schleswig-Holstein, Allemagne] le 24 octobre 1784, et l’épousa le 9 mai 1801 à Königsbrück [Saxe, Allemagne]. Après le renversement du Directoire, le 18 brumaire An VIII [9 novembre 1799], Jean-Étienne-Marie Portalis fut rappelé en France, où il arriva le 18 février 1800, et fit partie, comme conseiller d’État, de la commission d’étude du Code civil.


Dès l’année même de son retour en France, Joseph-Marie Portalis entra dans la carrière diplomatique. Il fut tour à tour surnuméraire au ministère des Relations extérieures (1800), secrétaire d’ambassade en Saxe (novembre 1800), premier secrétaire d’ambassade en Angleterre (octobre 1802), premier secrétaire d’ambassade près de la cour de Prusse (mai 1803), ministre plénipotentiaire à Ratisbonne (novembre 1803), et resta cinq ans dans cette carrière. 

Portefeuille à soufflet de Jean-Etienne-Marie Portalis
Marseille, 24 novembre 2012 : 13.000 €

Il en sortit le 2 juin 1805, rappelé auprès de son père, pour être son auxiliaire dans l’administration des cultes. Son père dut subir, au printemps de 1806, l’opération de la cataracte, qui échoua et le rendit aveugle. Il mourut peu de temps après, enlevé par une pneumonie, le 25 août 1807 : son cercueil fut déposé au Panthéon avec une pompe nationale.

L’administration des cultes fut laissée quelque temps à Joseph-Marie Portalis, qui fut bientôt nommé conseiller d’État (1808), créé comte de l’Empire (1809), chargé de la direction de l’Imprimerie et de la Librairie en 1810. Mais le 4 janvier 1811, l’Empereur, qui voulait « faire cesser cette lutte scandaleuse de la prêtraille » contre son autorité, lui reprocha d’avoir méconnu ses obligations en ne l’avertissant pas d’avoir reçu communication d’un bref apostolique lancé par le pape Pie VII contre Jean-Sifrein Maury (1746-1817), qu’il avait nommé archevêque de Paris.

Chassé du Conseil d’État et privé de toutes ses places, Joseph-Marie Portalis fut exilé à 40 lieues de Paris, où il habitait 105 rue de Grenelle-Saint-Germain [rue de Grenelle, VIIe]. Il se rendit d’abord à Auxerre [Yonne], puis à Lyon et enfin dans sa terre des Pradeaux. Pendant près de trois années, il se livra aux travaux des lettres et devint président, en 1813, de la Société des sciences, des lettres, de l’agriculture et des arts d’Aix, fondée en 1808 [Académie en 1829].

Le 14 décembre 1813, réparant une injustice, Napoléon lui conféra la première présidence de la cour d’Angers [Maine-et-Loire]. 
En 1815, il devint conseiller à la Cour de cassation et redevint conseiller d’État.


4 place des Vosges, Paris IV

De 1817 à 1851, il demeura 4 place des Vosges [IVe]. Il fut nommé ministre plénipotentiaire près le Saint-Siège (1818), puis membre de la Chambre des pairs (1819).

Ses talents l’appelèrent deux fois au gouvernement pendant la Restauration : la première en 1820 comme sous-secrétaire d’État au ministère de la Justice, 

Grande tenue de ministre de Joseph-Marie Portalis
Paris, Ader, 1er juillet 2015

la seconde en 1828 comme ministre de la Justice et en 1829 comme ministre des Affaires étrangères. Après la révolution de 1830, il demeura étranger au maniement des affaires politiques, sans l’être aux intérêts fondamentaux du pays : à la Chambre des pairs, il prit une part active et considérable à tout ce qui se fit en matière de législation et d’État. 

Joseph-Marie Portalis
Vice-président de la Cour de cassation

Mais nulle part sa supériorité n’a été plus éclatante qu’à la Cour de cassation, où il a siégé durant trente-huit années, d’abord comme conseiller (1815), ensuite comme président de chambre (1824), et depuis 1829 comme premier président.


Bijou de grand-croix de la Légion d'honneur de Joseph-Marie Portalis
Marseille, 24 novembre 2012 : 7.500 €

Grand-croix de la Légion d’honneur en 1833, il fut nommé sénateur le 26 janvier 1852 et résigna, le 2 novembre 1852, la première présidence de la Cour de cassation, atteint par la limite d’âge dans la magistrature. 

Rue de la Tour, Paris XVI

Retiré à Passy, 60 rue de la Tour [Paris XVIe], il y vécut dans une maison agréable et modeste qu’il y avait fait construire lui-même, au milieu d’un jardin, dont il avait planté les arbres [détruit entre 1924 et 1933 par l’avenue de la Muette, devenue avenue Paul Doumer]. Il possédait deux autres résidences, au 65 rue d’Anjou-Saint-Honoré [rue d’Anjou, VIIIe] et au 11 rue de Caumartin [IXe]. Tous les samedis, il quittait sa retraite pour venir aux séances de l’Académie des sciences morales et politiques, dont il était membre libre depuis 1837 et titulaire depuis 1839. Il ne manquait pas non plus d’assister aux diverses assemblées de bienfaisance dont il avait toute sa vie mêlé les œuvres aux œuvres de la Justice. Il poursuivit des travaux restés inachevés. Tous les ans, il entreprenait un voyage, à l’automne, avant d’aller aux Pradeaux passer les mois les plus rudes de l’hiver : lors du dernier, en 1857, il avait parcouru l’Allemagne, accompagné de ses petits-enfants et de leur mère, Philippine Mounier, fille de son vieil ami Édouard Mounier (1784-1843).

Il n’entreprenait jamais rien au mois d’août, qui était pour lui un mois funeste : il avait perdu son père le 25 août 1807 ; 

Château de Gennevilliers [Hauts-de-Seine], en 1896

le 25 août 1813, sa mère, atteinte d’une maladie de cœur, avait succombé au château de Gennevilliers [Hauts-de-Seine, démoli en 1905] ; à quelques années d’intervalle, il avait vu mourir le 25 août deux de ses enfants en bas âge ; sa femme avait été frappée au mois d’août 1838 et était morte à Paris le 2 septembre ; ce fut le 30 août 1846 que son fils Frédéric-Étienne Portalis (1804-1846) était décédé prématurément.

Le 5 août 1858, il s’éteignit soudainement et sans souffrance. 

Cimetière de Passy, Paris XVI

Il fut inhumé au cimetière de Passy [Division 10], auprès de son épouse et de son fils Frédéric-Étienne.



Sa bibliothèque fut vendue à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons-Enfants, du lundi 18 avril au mercredi 4 mai 1859, en 15 vacations :

Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. le comte J.-M. Portalis, ancien ministre de la Justice et des Affaires étrangères, membre de l’Institut, ancien premier président de la Cour de cassation (Paris, L. Potier, 1859, in-8, [3]-[1 b l.]-212 p., 2.035 -1 [n° 114 absent] + 2 bis = 2.036 lots).

Théologie [113 lots = 5,55 %], Jurisprudence [300 lots = 14,73 %], Sciences et Arts [266 lots = 13,06 %], Belles-Lettres [361 lots = 17,73 %], Histoire [987 lots = 48,47 %]., Articles omis [8 lots = 0,39 %].



Depuis 1809, Joseph-Marie Portalis avait utilisé un ex-libris [80 x 62 mm.] portant la mention « Ex libris bibliothecæ. Comitis J. M. PORTALIS » et ses armes : « Parti, au premier d’azur, à la fasce cousue de gueules, au signe de chevalier, accompagnée en pointe d’une tour ouverte, crénelée de trois pièces échiquetées de sable et d’argent, au quartier de comte conseiller d’État brochant au neuvième de l’écu ; au second écartelé ; au premier d’argent à la fasce de gueules, au second aussi d’argent à sept billettes d’azur ; au troisième d’azur, à la chausse-trape évidée d’or ; au quatrième d’argent, au mur de sable maçonné d’or, crénelé de trois pièces. »


La vente produisit environ 30.000 francs :


291. Recueil alphabétique des questions de droit, par Merlin. Paris, 1829, 9 vol. in-4, demi-rel. bas. Répertoire universel et raisonné de jurisprudence, par le même. Paris, 1827, 18 vol. in-4, demi-rel. bas. 171 fr.



338. Collection de lois maritimes antérieures au XVIIIe siècle, par Pardessus. Paris, Impr. royale, 1828-1845, 6 vol. in-4, demi-rel., v. bl. 102 fr.

442.Œuvres de Descartes, publiées par Victor Cousin. Paris, 1824, 10 vol. in-8, pl., demi-rel., v. ant. 59 fr.

452. G. G. Leibnizii opera omnia, collecta a Lud. Dutens. Genevæ, de Tournes, 1768, 6 vol. in-4, demi-rel. 63 fr.

552. Histoire naturelle, générale et particulière, par Buffon et Lacépède, avec la description du cabinet du roi (par Daubenton). Paris, 1749-1798, 45 vol. in-4, fig., v. éc., fil., tr. dor. 171 fr.




564. Traité des arbres et arbustes que l’on cultive en France en pleine terre, par Duhamel, édition considérablement augmentée par M. Vieillard, Jaume de Saint-Hilaire, Mirbel et Loiseleur-Deslongchamps. Ouvrage orné de planches d’après les dessins de Bessa et Redouté. Paris, 1800-1819, 7 vol. in-fol., fig. color., demi-rel., m. r. 225 fr.

567. Les Liliacées (d écrites par de Candolle, F. de la Roche et Reffeau-Delille), peintes par P. J. Redouté. Paris, Didot, 1802, 10 vol. gr. in-fol., pap. vél., 486 planches coloriées, demi-rel. m. r. 275 fr.

573. Choix des plus belles fleurs prises dans les différentes familles du règne végétal et de quelques branches des plus beaux fruits, par Redouté. Paris, 1827, in-fol., fig. color., demi-rel. m. r. 77 fr.

580. Nouveau recueil de planches coloriées d’oiseaux, pour servir de suite et de complément aux planches enluminées de Buffon, publié par Temminck. Paris, 1838, 5 vol. in-4, tiré in-fol., demi-rel. m. bl. 400 fr.

581. Histoire naturelle des oiseaux de paradis et des rolliers, suivie de celle des toucans et des barbus, par Fr. Levaillant. Paris, 1806, 2 vol. in-fol., pap. vél., fig. color., demi-rel., m. r. 70 fr.



587. Histoire naturelle des poissons, par le baron Cuvier et par Valenciennes. Paris, 1828-1844, 22 vol. in-4, fig. color., demi-rel. (tomes 19 à 22 brochés). 280 fr.

645. Recueil d’estampes gravées d’après des peintures antiques italiennes, etc., par Auguste Boucher-Desnoyers, ou exécutées sous sa direction d’après les dessins qu’il a faits dans les années 1818-1819. Paris, F. Didot, 1821, gr. in-fol., 34 pl., demi-rel. 100 fr.

647-648. Le Musée français, publié par Robillard-Péronville et Laurent. Paris, 1803-1809, 4 vol. gr. in-fol., pap. vél., demi-rel. mar. r. – Le Musée royal, publié par Henri Laurent. Paris, Didot, 1816, 2 gr. in-fol., pap. vél., demi-rel. m. r. Ensemble, les 6 vol. 1.515 fr.

886.Œuvres de Jean Racine. Paris, Imprimerie de Didot, 1801, 3 vol. gr. in-fol., pap. vél., 57 fig., cart., non rog. 175 fr.

898. Chefs-d’œuvre des théâtres étrangers, traduits en français. Paris, Ladvocat, 1822, 25 vol. in-8, gr. pap. vél., demi-rel. m. 185 fr.

906.Œuvres complètes de Shakspeare, traduites de l’anglais par Letourneur, édition revue par M. Guizot. Paris, Ladvocat, 1821, 13 vol. in-8, gr. pap. vél., demi-rel. mar. v. 137 fr.



1.033. Bibliothèque latine française, publiée par Panckoucke. Paris, Panckoucke, 178 vol. in-8, cart. et 1 vol. gr. in-8 pour l’iconographie. 640 fr.

1.034. Collection des meilleurs ouvrages de la langue française, dédiée aux amateurs de l’art typographique. Paris, Imprimerie de Pierre Didot, 73 vol. in-8, cart. 355 fr.

1.039. Collection orientale, manuscrits inédits de la Bibliothèque royale, traduits et publiés par ordre du roi. Paris, Imprimerie royale et impériale, 1836-1855, 8 vol. in-fol., cart., n. rog. 180 fr.

1.046. Géographie de Strabon, traduite du grec en français. Paris, Imprimerie impériale, 1805-1819, 5 vol. gr. in-4, br. 145 fr.

1.058. Voyage autour du monde exécuté sur la corvette la Coquille, pendant les années 1822-25, par Duperrey. Paris, Arth. Bertrand, 1826 et années suivantes, 6 vol. in-4 de texte et 4 vol. in-fol. de pl., demi-rel. mar. 80 fr.



1.059. Voyage de l’Astrolabe, pendant les années 1826 à 1829, par J. Dumont d’Urville. Paris, 1830-34, 22 livr. in-8 de texte, cart., 1 vol. in-4, demi-rel. et 4 vol. in-fol. d’atlas, demi-rel. mar. 101 fr.

1.062. Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, par Ch. Nodier, Taylor et A. de Cailleux. Ancienne Normandie. Paris, 1820, 2 vol. gr. in-fol., demi-rel m. r. 111 fr.

1.064.Id. Le Languedoc. Paris, Didot, 1834, 4 tomes en 3 vol., demi-rel. m. r. 200 fr.

1.065.Id. L’Auvergne. Paris, Didot, 1829, 2 vol. in-fol., demi-rel. m. r., n. rog. 100 fr.

1.389. Recueil des historiens des Gaules et de la France, par Dom Bouquet, etc. Paris, 1738-1833, 19 vol. in-fol., bas. 1.550 fr.

1.391. Nouvelle collection de mémoires pour servir à l’histoire de France, par Michaud et Poujoulat. Paris, 1836-1839, 33 vol. gr. in-8, demi-rel. v. viol. 181 fr.

1.392. Archives curieuses de l’histoire de France, par Cimber et Danjou. Paris, 1834-1848, 27 vol. in-8, br. 59 fr.

1.394. Collection de documents inédits sur l’histoire de France, publiés par les soins du ministre de l’Instruction publique. Paris, Imprimerie royale et impériale, 1835-1856, 113 vol. in-4 et atlas pet. in-fol., cart. 399 fr.

1.470. Le Moniteur universel. 1795-1857, 110 vol. in-fol., demi-rel. et rel. en bas. 300 fr.

1.474. Collection complète des tableaux historiques de la Révolution française (par Fauchet, Chamfort et Ginguené). Paris, 1804, 3 vol. gr. in-fol., pap. vél., fig., demi-rel. mar. r. 121 fr.

1.553. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, par l’abbé Lebeuf. Paris, Prault, 1754-1758, 15 vol. in-12, v. m. 101 fr.



1.602. Histoire de Bresse et de Bugey, par Samuel Guichenon. Lyon, Huguetan, 1650, 2 vol. in-fol., fig., bas. 101 fr.

1.828. Les Tournois du roi René, d’après le manuscrit et les dessins originaux de la Bibliothèque royale, publiés par Champollion-Figeac pour le texte ; pour les dessins, par L. J. J. Dubois. Paris, Motte, 1826, gr. in-fol., 21 planches lith. coloriées, demi-rel. mar. r. 100 fr.

1.846. Collection d’ouvrages sur les antiquités et l’architecture, gravés par J. B. F. et Ch. Fr. Piranesi. 26 vol. in-fol., mar. r., fil., tr. dor. 570 fr.

1.863. Musée des antiques, dessiné et gravé par P. Bouillon. Paris, Didot, 3 vol. gr. in-fol., fig., demi-rel. 150 fr.



1.866. Les Ruines de Pompéi, dessinées et mesurées par Mazois. Paris, Didot, 1824-1838, 4 vol. gr. in-fol., fig., demi-rel. m. r. 196 fr.

1.872. Collection des vases grecs de M. le comte de Lemberg, expliquée et publiée par Alexandre de La Borde. Paris, 1813-1828, 2 vol. in-fol., fig. en couleur, demi-rel. m. r. 140 fr.

1.923. Iconographie ancienne, ou Recueil des portraits authentiques des empereurs, rois et hommes illustres de l’antiquité, par E. Q. Visconti. Iconographie grecque. Paris, P. Didot, 1808, 3 vol. – Iconographie romaine. Paris, 1817-1833, 4 vol. Ensemble 7 vol. gr. in-fol., pap. vél., demi-rel. mar. r. 160 fr.

2.014. Bibliothèque historique de la France, par Jacques Lelong ; nouvelle édition, revue par Fevret de Fontette. Paris, Hérissant, 1768, 5 vol. in-fol., v. m. 135 fr.



  

Ansse de Villoison (1750-1805), l’enquêteur d’Homère

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In Annales nécrologiques de la Légion d'honneur
Paris, F. Buisson, 1807, p. 368

Jean-Baptiste-Gaspard d’Ansse, fils de Jean-Baptiste d’Ansse, seigneur de Villoison [commune de Villabé, Essonne], et de Charlotte Nollière, est né à Corbeil [Corbeil-Essonnes, Essonne], le 5 mars 1750, et fut baptisé, le 8 mars suivant, en la chapelle de Saint-Martin, située dans la collégiale de Saint-Spire, qui servait de paroisse.


Il descendait d’une famille navarraise de la vallée de Roncal [Espagne], originaire du village de Garde et passée au XVIe siècle à Tudela.


Arbre généalogique simplifié

Son trisaïeul Michel de Anssio (1588-1649) était arrivé en France en 1615, dans la suite d’Anne d’Autriche, femme de Louis XIII, dont il était l’apothicaire, et avait été naturalisé en 1619, quelques jours avant d’épouser Marie Lambert (1601-1680), fille d’un maître épicier et femme de chambre de la Reine ; leur fille Louise-Angélique aurait servi de type à Molière pour le rôle d’Elmire dans Le Tartuffe.

Son bisaïeul, Jean d’Ansse († 1672), avait été aussi l’apothicaire d’Anne d’Autriche, puis celui de Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV, et avait acquis la seigneurie de Villoison.

Son aïeul, Jean-Gaspard d’Ansse, avait succédé au célèbre mathématicien, le marquis Guillaume de L’Hôpital, dans la charge de capitaine du régiment Mestre-de-camp-général cavalerie et avait été fait prisonnier, en 1690, à la bataille de Fleurus [Belgique], avant d’épouser, le 7 juillet 1698, la fille du prévôt de Corbeil.

Son grand-oncle, Pierre d’Ansse, capitaine de Dragons, avait été tué à la bataille d’Höchstädt [Allemagne], en 1703.

Son père, Jean-Baptiste d’Ansse (° 7 août 1701) avait été élevé page de la grande écurie du Roi, était entré dans les mousquetaires et y était resté le temps nécessaire pour obtenir la croix de Saint-Louis, avant de quitter le service.     




Entrée du Collège des Grassins, aujourd'hui

Jean-Baptiste-Gaspard d’Ansse de Villoison commença très jeune ses études dans les collèges de Lisieux, du Plessis, d’Harcourt et enfin des Grassins, rue des Amandiers [12 rue Laplace, Ve], afin de suivre les leçons de grec du savant Charles Le Beau (1701-1778). Ses progrès lui permirent de devenir un des auditeurs de Jean Capperonnier (1716-1775), qui professait le grec au Collège royal de France. En même temps, il commença l’étude de l’arabe, du syriaque et de l’hébreu.



À 23 ans, il publia le lexique grec d’Apollonius, manuscrit unique du Xesiècle, venu de la bibliothèque de Henri-Charles de Coislin (1665-1732), premier aumônier du Roi, léguée à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, qu’il avait trouvé dans la Bibliothèque de l’abbaye en 1770 : Apollonii sophistæ lexicon græcum Iliadis et Odysseæ (Paris, J. C. Molini, 1773, 2 vol. in-4). L’Académie des inscriptions et belles-lettres, à laquelle il avait soumis son travail avant l’impression, l’avait admis parmi ses membres dès 1772, après avoir obtenu pour lui une dispense d’âge, le règlement défendant d’élire un membre avant l’âge de 25 ans.

À partir de 1774, il fut en correspondance avec presque tous les hellénistes de l’Europe et avec les plus grands érudits contemporains, et les principales académies de l’Europe s’empressèrent de l’inscrire au nombre de leurs correspondants : Société royale de Londres, Société des Antiquaires de Londres, Académie royale d’Histoire de Madrid, Académie des Belles-Lettres, Sciences et Arts de Marseille, Académie royale de Berlin, Société royale de Göttingen, Société royale de Mannheim, Académie de Cortone, Académie des Arcades de Rome, Société royale d’Uppsala, Académie royale danoise.


Plan de Turgot

Villoison habitait rue Saint-Jean-de-Beauvais [rue Jean-de-Beauvais, Ve], qui était alors une des rues de Paris les plus obscures et les plus sales.


Dès 1776, il déménagea quai de la Tournelle, près la rue des Grands-Degrés, entre les rues de Bièvre et des Bernardins [Ve]. Le 31 décembre 1776, Villoison épousa, en l’église Saint-Salomon-et-Saint-Grégoire de Pithiviers [Loiret], Hélène-Caroline de Neufcarres, née le 22 novembre 1756, d’une famille originaire de Suisse, fille de Charles-Henri de Neufcarres, ancien major du Régiment de Champagne et aide major général de l’armée du Roi, et de Hélène-Bernard Mercier de La Tour :


« Je viens d’épouser une demoiselle d’une très ancienne famille, qui, à un bien fort honnête, à une figure agréable, joint un esprit fin, délicat, mûr et solide, cultivé par beaucoup de littérature, même latine (je ne désespère pas qu’elle apprenne le grec). Elle est élevée dans la campagne avec la plus grande simplicité, modestie, candeur, aversion du luxe, de la frivolité et des plaisirs, choses qu’il est impossible de rencontrer dans Paris et qui étoient nécessaires pour mon bonheur. Je la connois, je l’épie et l’observe depuis deux ans ; ce n’est pas un mariage d’inclination, ni formé par une folle passion, qui ne dure que quinze jours. Elle partage tous mes goûts, mes inclinations et même mes études. Je l’ai prévenue que mon usage étoit de travailler douze heures par jour au grec, et que tout l’or du monde n’étoit pas capable de me faire renoncer à ce genre de vie, qu’ainsi, d’après cet exposé, elle n’avoit qu’à voir si elle vouloit m’épouser et si je lui convenois, parce que je ne changerois jamais de conduite ; elle est la première à m’exciter et même à me forcer à travailler et à entrer dans toutes mes vues et à m’encourager. Un homme qui vit dans son cabinet avec nos amis les Grecs a besoin d’une société douce et intime qui le délasse de ses travaux, et voilà ce que j’ai cherché et trouvé dans ma femme. » [sic] (Lettre à Louis-Gaspard Valckenaer, 16 janvier 1777)  






À 28 ans, Villoison publia une édition du roman de Longus, qui accrut encore sa réputation : Longi pastoralium de Daphnide et Chloe, libri quatuor (Paris, Guillaume De Bure, 1778, 2 vol. in-8).

Le 1er septembre 1778, il partit pour Venise faire des recherches dans la Bibliothèque de Saint-Marc. Il avait conduit sa femme à Pithiviers, chez son père, où elle resta tout le temps du voyage ; sa mère resta à Paris, dans sa maison du quai de la Tournelle. Il se rendit à Lyon, puis passa à Turin, Milan, Vérone et Padoue. À Venise, il fut en pension chez les frères Coleti, libraires et imprimeurs, au pont Saint-Moïse. 


Ses découvertes parurent sous le titre Anecdota græca (Venise, Coleti, 1781, 2 vol. in-4), qui lui valurent le titre de correspondant de l’Académie d’Utrecht. 


Mais la découverte qui rendra son nom immortel fut celle d’un manuscrit grec de l’Iliade, copié dans le Xe siècle, qui fut publié sous le titre Homeri Ilias ad veteris codicis Veneti fidem recensita (Venise, Coleti, 1788, in-fol.). Cette édition est un des plus beaux présents que l’érudition ait faits aux Lettres dans le XVIIIesiècle : les prolégomènes sont un trésor d’érudition ; les scolies offrent des variantes puisées dans les antiques éditions d’Aristarque, de Zénodote, d’Aristophane, de Philémon, etc. ; on retrouve sur les marges les signes dont les premiers critiques se servaient pour indiquer les passages supposés obscurs, corrompus ou remarquables.


Villoision quitta Venise le 15 avril 1782 et se rendit à Weimar [Allemagne], « l’Athènes germanique », chez le duc Charles-Auguste de Saxe-Weimar (1757-1828), en passant par Innsbruck, Augsbourg et Nuremberg. Il y arriva le 7 mai 1782. Il fut logé au palais, admis à toutes les parties de plaisir, à toutes les fêtes de la cour et n’eut d’autre table que celle même du duc. 


En reconnaissance de l’hospitalité dont il avait été l’objet, il publia trois recueils de commentaires relatifs aux richesses de la Bibliothèque ducale sous le titre Epistolæ Vinarienses (Turici [Zurich], Aurelius [Orell], Gessnerus [Gessner], Fuesslius [Füssli] & Co, 1783, in-4). Il quitta Weimar pour Paris, le 5 mars 1783.


Le 4 août 1784, Villoison embarqua à Toulon, avec le comte de Choiseul-Gouffier, pour Constantinople [Istanbul, Turquie], dans le but de recueillir les inscriptions antiques et les manuscrits qui pouvaient avoir échappé à la destruction. Dès son installation à Péra [Beyoğlu, quartier d’Istanbul, résidence des colonies étrangères], il se pourvut d’un maître en grec vulgaire. Il visita les îles de l’Archipel, le mont Athos, la Grèce proprement dite et le Péloponnèse, les villes des côtes de l’Asie Mineure. Il fit une riche moisson d’inscriptions inconnues et recueillit de nombreuses observations sur les mœurs, les usages et les institutions des Grecs, mais ses recherches de manuscrits furent infructueuses : les bibliothèques ne lui offrirent que des livres ascétiques ou des ouvrages de controverse religieuse.


Villoison rentra en France après 27 mois d’absence, en novembre 1786. Au lieu de retourner directement à Paris et à Pithiviers, il résolut, après un court séjour à Marseille, d’aller visiter les antiquités des villes voisines : Aix, Salon, Arles, Nîmes, Avignon, Mormoiron, Orange, Vienne. 

Rue de Bièvre, depuis le quai de la Tournelle

Arrivé enfin à Paris en avril 1787, Villoison déménagea au 4 rue de Bièvre [Ve]. Le 29 novembre 1788, sa femme mourut prématurément, à Pithiviers, chez son père, d’une « maladie de poitrine ».


Quand la Révolution de 1789 éclata, Villoison se renferma dans la société de ses amis, la poursuite de ses travaux d’érudition et l’accroissement de sa bibliothèque.

En octobre 1792, Villoison partit pour Orléans [Loiret], dans l’intention de passer quelques-jours avec sa belle-sœur, Hélène-Henriette-Marie de Neufcarres (1755-1824), mais ne put s’empêcher de profiter des livres grecs et latins de la Bibliothèque publique et se logea en face d’elle, 35 rue du Bourbon Blanc, maison de Monsieur Lubin. Chaque matin, de bonne heure, il entrait dans les salles désertes de la bibliothèque, s’y installait et y restait jusqu’à la nuit. Il y lut de nombreux livres qui jusqu’alors avaient échappé à ses recherches, et recueillit les notes savantes déposées par deux historiens du XVIIesiècle, les frères Henri et Adrien de Valois, sur les marges de leurs livres.


Il ne revint à Paris qu’en 1799 et se réinstalla rue de Bièvre, au n° 22, au second au-dessus de l’entresol. Ruiné par les assignats et espérant se procurer un supplément de revenu, il ouvrit un cours de langue grecque, mais un trop petit nombre de personnes répondit à l’appel du premier helléniste de l’Europe et le cours ne dura que quelques mois :


« Jean Baptiste Gaspardd’ANSSE DE VILLOISON, ancien membre de l’académie des inscriptions et belles-lettres, et des douze plus célèbres de l’Europe, telles que celles de Londres, Berlin, Gottingue, Manheim, Upsal, Copenhague, Madrid, Cortone, etc., etc. ; auteur de plusieurs ouvrages sur la littérature grecque ; rentier, et ainsi totalement ruiné par une force majeure ; né dans l’aisance, et ayant toujours joui d’un patrimoine assez considérable, et se glorifiant maintenant d’une honorable pauvreté, après avoir longtemps lutté contre la mauvaise fortune, sans se plaindre ni murmurer, se trouve réduit à tirer parti des connoissances qu’il ne cultivoit, auparavant, que pour son plaisir, et qu’il a tâché d’acquérir dans la langue grecque, ancienne et moderne, par un travail opiniâtre de quarante ans, par ses voyages en Allemagne et en Italie, et par un séjour de trois ans dans la Grèce.

Il ne veut ni solliciter, ni accepter aucune place qui l’empêche de se livrer à sa passion dominante, l’amour de la littérature grecque, (qu’il préfere à la vie,) et l’oblige de renoncer à sa bibliothèque, (l’unique bien qui lui reste,) et d’abandonner un ouvrage sur la Grèce ancienne et moderne, considérée sous tous les rapports, dont il s’occupe exclusivement depuis quinze ans.

En conséquence, incapable d’être à charge à ses amis, et desirant, au contraire, être utile à ses concitoyens, il offre de donner de deux jours l’un, rue des Petits-Champs, n.° 11, au coin de celle de la Loi, un cours de langue et de littérature grecque ancienne et moderne, et commencera par Pindare. Il ne taxera personne, mais il se voit contraint, par les circonstances impérieuses, d’obéir à la dure loi de la nécessité, et de prendre vingt-quatre francs par mois.

Les personnes qui voudront suivre son cours, qu’il s’efforcera de rendre instructif, sont averties de se faire inscrire chez lui, rue de Bièvre n.° 22. Ce cours commencera le 6 Brumaire à deux heures, et aura lieu les jours pairs de chaque décade.

Nous connoissons plusieurs hommes de lettres, même des savans distingués qui s’empresseront de suivre le cours du C. Villoison, qui doit nécessairement offrir un grand interêt par la solidité et l’étendue de son érudition ; nous savons même que la plupart des hellénistes qui existent encore à Paris, ont l’intention d’y être assidus. Ce cours peut ranimer l’étude des lettres antiques. Nous n’ajouterons pas que, dans un pays où il y auroit plus d’esprit public, en Angleterre par exemple, on verroit, aussitôt après la publication de cette note, une liste nombreuse de souscripteurs, qui s’empresseroient d’y mettre leur nom, sans même avoir intention de suivre ce cours ; mais par le seul motif de témoigner le respect dû à un savant qui honore la patrie, et de concourir à améliorer son sort, sans blesser sa délicatesse. » [sic] (A. L. M. « Cours de langue grecque, par le C. D’ANSSEDE VILLOISON » In Magasin encyclopédique. Paris, Fuchs, An VII-1799, t. III, p. 523-525)



 

En 1797, le gouvernement avait créé pour Villoison une chaire provisoire de grec moderne près l’École des langues orientales vivantes, fondée en 1795 dans l’enceinte de la Bibliothèque nationale : les cours se faisaient dans une salle placée sous une sorte de hangar, élevé dans une petite cour du côté de la rue Neuve-des-Petits-Champs [rue des Petits-Champs, IIe]. Le 24 avril 1802, Villoison fut élu à l’Institut. En 1804, sa chaire de grec moderne fut transférée au Collège de France, sous le nom de chaire de langue grecque ancienne et moderne. Mais il ne put prendre possession de cette chaire : au commencement de l’année 1805, il fut atteint d’un ictère aigu. Il déménagea au 3 rue de Bièvre et expira prématurément le 6 floréal An XIII [26 avril 1805]. Villoison était gros et gras et était fort gourmand : « son intempérance, dans le boire et le manger » fut une des principales causes de la maladie de foie dont il mourut. Ses obsèques eurent lieu le dimanche 28 avril suivant : le nom seul de sa belle-sœur figure sur la lettre de faire-part ; le lieu d’inhumation n’y est pas indiqué. 

         

L’appartement qu’il occupait dans une maison sans apparence particulière était vaste, mais meublé avec une grande simplicité. La bibliothèque en formait le seul ornement. Villoison avait eu toute sa vie un goût passionné pour les livres. Quand il séjournait deux heures dans une ville, il employait au moins une heure à visiter les boutiques des libraires et les étalages des bouquinistes. Habitué à faire des économies, il avait les moyens de satisfaire son noble goût et se procurait tous les ouvrages où il pouvait trouver des renseignements utiles.

Sa bibliothèque, une des meilleures et des plus nombreuses qu’ait possédées un homme de lettres, offrait des trésors précieux sur la théologie savante, la philologie grecque et latine, les littératures française et italienne, les voyages, l’histoire, les antiquités et l’histoire littéraire. La littérature ancienne formait la base de cette belle collection. On y trouvait de très beaux exemplaires, achetés aux ventes Soubise, La Vallière, etc. Il faisait revêtir les livres qu’il avait acquis en feuilles d’un cartonnage couvert d’un papier gris, dont le dos portait le titre manuscrit. 


Sur la première page, on lisait « Ex libris d’Ansse de Villoison », et en tête, on trouvait une note qui donnait des détails sur le livre et l’auteur.



Sa bibliothèque fut vendue, du lundi 3 mars au samedi 19 avril 1806, en 36 vacations, en sa maison, 3 rue de Bièvre : Catalogue des livres de feu M. d’Ansse de Villoison, membre de la classe d’histoire et de littérature ancienne de l’Institut ; membre de la Légion d’honneur ; professeur en langue grecque au Collège de France ; de la Société royale de Londres ; des Académies de Berlin, Madrid, etc. (Paris, Debure père et fils, Tilliard frères, 1806, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-xij-266 p., 3.067 + 4 bis = 3.071 lots).

Théologie [227 lots = 7,39 %], Jurisprudence [22 lots = 0,71 %], Sciences et Arts [314 lots = 10,22 %], Belles-Lettres [1.220 lots = 39,72 %], Histoire [1.247 lots = 40,60 %], Livres omis [41 lots = 1,33 %].


Gazette nationale ou Le Moniteur universel
Mardi 21 janvier 1806, p. 88



Le Président de Rieux (1687-1745), nouveau riche et libertin

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Le président de Rieux a souvent été présenté sous les traits d’un libertin, qui aurait mené une vie indécente, consacrée aux plus célèbres danseuses de l’Opéra :


« M. le comte de Clermont, prince du sang, abbé de Saint-Germain-des-Prés, avoit depuis sept à huit ans pour maîtresse mademoiselle Camargo, fameuse danseuse de l’Opéra, d’où elle étoit sortie ; elle faisoit sa résidence dans le château de Berny, terre de l’abbé de Saint-Germain, mais on n’en parloit plus.

M. le comte de Clermont a changé de maîtresse ; on dit même que la Camargo y a donné les mains pour sortir de l’esclavage où elle étoit. Ce prince a pris mademoiselle Le Duc, autre danseuse de l’Opéra, qui n’est pas jolie, mais bien faite, et il l’a enlevée au président de Rieux, fils du grand Samuel Bernard, et pour qui il a fait des dépenses considérables.

La Camargo, qui aime infiniment la danse, est rentrée à l’Opéra, peut-être aussi comme asile de protection. Le président de Rieux, pour se venger du tour qui lui avoit été fait, a déterminé avec de l’argent mademoiselle Camargo à l’écouter. Cela a fait du bruit dans Paris. Le président se ruine avec cette conduite, et il n’a que soixante mille livres de rentes substituées avec lesquelles il ne pouvoit plus vivre. On avoit parlé de l’obliger à se défaire de la charge de président des enquêtes, dont la conduite doit être plus grave et moins indécente ; mais cela est tombé, et il est en place. » [sic]

(Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763) ou Journal de Barbier (Paris, Charpentier, 1866, t. III, p. 341-342, « Avril 1742 »)


Marie-Anne de Cupis, dite "La Camargo", par Nicolas Lancret
Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg

« La Camargo a toujours été très-laide, & trente personnes se sont dérangées pour elle, moins parce qu’elle se disoit la niéce d’un Cardinal, que parce qu’elle avoit le talent de faire un entrechat. Le Président de Rieux, fils du fameux Samuel Bernard, qu’on a cru faussement Juif à cause de ces deux noms, avoit la manie d’être bien auprès de toutes les femmes qui faisoient du bruit, & vouloit voir de près la Danseuse ; il se fit annoncer chez elle par un écrin de soixante mille francs, & par une écuelle d’or remplie de doubles louis. Camargo sensible à un compliment aussi éloquent, reçut le grave Sénateur qui, aprenant le lendemain que la fille d’un chapelier étoit courue par un Prince, voulut l’avoir, & usa pour y réussir des moyens efficaces qu’il avoit employés auprès de la Camargo ; croiroit-on que ce superbe prodigue avoit l’impudence de dire qu’il ne savoit comment on pouvoit se ruiner ? L’insolent l’auroit apris si la petite vérole, qui s’étoit méprise, ne l’eût pas emporté ; je me rappelle à propos de cela qu’il mourut le même jour que l’Abbé Desfontaines, le fléau des Auteurs, aussi mal-honnête homme que le vil Fréron, mais plus éclairé & plus amusant que lui ; ce fut à l’occasion de ces deux morts que l’athée Boindin fit ces vers :

Desfontaines & Rieux ont fini leurs destins,

Riez Auteurs, pleurezCatins. » [sic]

(Almanach des gens d’esprit. Londres, Jean Nourse, 1763, p. 63-64)


Sans doute, le président de Rieux a mené l’existence facile des grands seigneurs de son temps, mais il était avant tout un lettré et un amateur d’art. Il tenait ses goûts artistiques de ses ancêtres. 


Son grand-père, Samuel [I] Bernard (1615-1687), 10 rue de l’Université [VIIe], avait acquis une assez grande renommée comme peintre et graveur et avait été professeur à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Son trisaïeul, Noël Bernard, avait été lui-même maître peintre au faubourg Saint-Germain [VIIe].


Arbre généalogique simplifié

Appartenant à la religion protestante et venus d’Amsterdam [Hollande], les Bernard s’étaient installés à Paris vers la fin du XVIesiècle. Samuel [I] Bernard s’était converti au catholicisme le 20 octobre 1685, dans l’église Saint-Sulpice [VIe], son fils Samuel [II] Bernard (1651-1739) le 17 décembre suivant, en l’église Saint-Michel de Saint-Denis [Seine-Saint-Denis]. Le nom patronymique des Bernard tendit à devenir un simple prénom ajouté aux titres qu’ils conquirent.


Le président de Rieux, Gabriel Bernard, est né à Paris, rue du Bourg-l’Abbé [IIIe], le 8 novembre 1687, second fils de Samuel [II] Bernard, marchand mercier, et de Madeleine Clergeau (1669-1716), sa première femme, fille d’une faiseuse de mouches de la rue Saint-Denis, qu’il avait épousée au début de l’année 1681.

Gabriel Bernard entra jeune dans la magistrature et fut reçu conseiller au Parlement de Paris le 31 août 1714.


Eglise Saint-Eustache

Il épousa, le 23 août 1717, en l’église Saint-Eustache, Bonne de Saint-Chamans (1690-1718), fille de François de Saint-Chamans et de Bonne de Chatellux, qu’il perdit le 9 novembre 1718, morte des suites de couches. Il avait reçu, à l’occasion de ce premier mariage, la seigneurie de Rieux [Rieux-Minervois, Aude], qui avait été attribuée à son père le 21 juin 1707, après confiscation de ce fief appartenant au comte de Mérinville endetté : il était devenu ainsi comte de Rieux, baron et seigneur de La Livinière [Hérault], Ferrals [Ferrals-les-Montagnes, Hérault], Fief-Madame [Peyriac-Minervois, Aude], Saint-Julia-de-Bec [Aude] et Azille[Aude].  



Il se remaria, le 29 mai 1719, à Boissy-Saint-Léger [Val-de-Marne], dans la chapelle du château de Grobois, acheté par son frère aîné Samuel-Jacques le 4 mars 1718, avec Suzanne-Marie-Henriette de Boulainvilliers (1696-1776), fille d’Henri de Boulainvilliers (1658-1722), le célèbre historien, et de Marie-Anne-Henriette Hurault († 1696). Son épouse lui apporta la seigneurie de Saint-Saire [Seine-Maritime].

Il devint, le 7 janvier 1727, président de la seconde chambre des enquêtes du Parlement, fonction qu’il remplit jusqu’à sa mort.


Samuel [II] Bernard, par Hyacinthe Rigaud

Son père, Samuel [II] Bernard, était devenu le plus grand banquier de l’Europe et avait déménagé dans une petite maison qu’il louait rue Mauconseil [Ier], avant d’acheter, le 16 juin 1714, une grande maison 7 place des Victoires [Ier], où il avait établi ses comptoirs de banque, 

Plan de Turgot



Les Messageries royales, 22 rue Notre-Dame-des-Victoires

et une autre 22 rue Notre-Dame-des-Victoires [IIe], qui resta la propriété de la famille jusqu’en 1785, quand elle fut vendue aux Messageries royales [détruit en 1809]. Il avait perdu Madeleine Clergeau le 17 novembre 1716, au cours d’une épidémie de variole, et s’était remarié le 12 août 1720, à Méry-sur-Oise [Val-d’Oise], avec Pauline-Félicité de Saint-Chamans (1695-1763), sœur cadette de l’épouse de son fils.


Le 17 août 1733, à Saint-Eustache, eut lieu le mariage de la fille du président de Rieux, Anne-Gabrielle-Henriette Bernard (1722-1736), avec Gaston-Charles-Pierre de Lévis (1699-1757), marquis de Mirepoix : 

In Mercure de France, septembre 1733, p. 2.108

la fête, qui dépassa en splendeur tout ce qu’on avait vu jusqu’alors, eut lieu la veille dans l’hôtel de la rue Notre-Dame-des-Victoires.


Le 18 janvier 1739, le président de Rieux perdit son père, mort place des Victoires, qui laissait un avoir évalué à trente millions de livres, partagé entre ses trois enfants survivants. Outre de l’argent, ils reçurent : Samuel-Jacques, le comté de Coubert [Seine-et-Marne], acheté par son père en 1719 ; Gabriel, le château de Glisolles [Eure, détruit en 1741, reconstruit en 1753, détruit en 1940], acheté par son père en 1736, et les maisons des rue et place Notre-Dame-des-Victoires ; Bonne-Félicité, épouse du premier président Molé, des diamants. 

Méry-sur-Oise : le château et le clocher de l'église Saint-Denis

La veuve de Samuel [II] Bernard hérita d’une rente et préféra aller vivre à Méry-sur-Oise. Le comte de Mérinville obtint l’annulation de l’adjudication du comté de Rieux aux Bernard et rentra dans l’entière possession de son héritage.


Château de Passy, par  Charles-Léopold  Grevenbroeck, 1743
Musée Carnavalet

Le 18 mars 1739, le président de Rieux racheta le château de Passy, que son père avait offert, le 30 avril 1722, à sa maîtresse, Marie-Armande Carton (1684-1745), dite « Manon Dancourt », veuve de Jean-Louis-Guillaume de Fontaine (1666-1714), qui lui avait donné trois filles. Il passa dès lors la plus grande partie de sa vie dans cette résidence, une des plus belles des environs de Paris. Il y donna des fêtes magnifiques, où il reçut une société brillante, grands seigneurs, écrivains et artistes. Le château, détruit en 1826, était situé au niveau du 2 rue des Marronniers [XVIe] :


« Le château, comprenant deux corps de bâtiments coupés à angles droits, avait du côté d’Auteuil une façade longue de 48 mètres où se trouvaient un grand salon de compagnie, éclairé de cinq fenêtres, et deux autres pièces plus petites ; trois perrons de sept marches descendaient aux terrasses superposées, et le regard était conduit des parterres en gazon de la première terrasse, ornés de sculpture, aux bassins et aux vasques en marbre de la seconde, enfin aux bosquets géométriques et aux salons en verdure des derniers plans. L’autre aile du château donnait sur la Seine ; là, au rez-de-chaussée, se trouvait la salle à manger, longue pièce de 24 mètres, où sept fenêtres s’ouvraient de plain-pied sur les jardins. La vue s’étendait sur la rivière et ses bateaux à voiles, sur les berges occupées par le halage et enfin sur la route de Paris à Versailles toujours retentissante du perpétuel va-et-vient des carrosses, qui, la nuit, mettaient un cordon de lumière sur les chemins.

Un théâtre et une chapelle terminaient les deux ailes. […]

Une vaste cour grillée s’étendait devant le château. On apercevait à gauche une salle de marronniers ornée au centre d’un groupe de sculptures ; un portique de treillage entourait un bassin rond, un bosquet de tilleuls se découpait en arcades sur l’horizon : ainsi se terminait le parc dessiné par Le Nôtre.

En contre-bas d’une des terrasses étaient l’orangerie, les volières en filigrane d’or, des serres remplies de plantes et d’essences rares. Les jardins potagers, qu’il ne faut pas omettre, étaient en partie clos de murs. »

(E. de Clermont-Tonnerre. « Le Château de Passy » In La Revue hebdomadaire. Paris, Tome XI-Novembre 1912, p. 357-358)

 

Dans l’hôtel de la rue Notre-Dame-des-Victoires était réunie une collection de 80 tableaux à l’huile et au pastel, des paysages, des scènes de genre, et surtout des portraits. Le président de Rieux s’intéressa à la peinture et se prit d’une grande admiration pour le pastelliste de Saint-Quentin [Aisne], qui avait exposé pour la première fois au Salon de 1737. 

Gabriel Bernard, président de Rieux, par Maurice-Quentin de La Tour

Son portrait, par Maurice-Quentin de La Tour (1704-1788), fut exposé au Salon de 1741. Jamais le peintre n’avait exécuté d’œuvres aussi grandes, jamais il n’en devait refaire de cette dimension : le pastel mesure, hors cadre, 210 x 151 cm.   


« Dans l’enfoncement qu’on trouve ensuite est placé au grand Pastel qui est le Portrait en pié de M. le President de Rieux dans son Cabinet. Il est assis dans un Fauteuil de Velours Cramoisi, adossé à un Paravant, & ayant sur sa droite une Table couverte d’un Tapis de Velours bleu, enrichi d’une Crepine d’or. Entre les objets qui chargent cette Table on remarque come inimitables uneTabatiere de ces Maubois entrelassees& une Plume un peu jaspée d’encre sur ses barbes.

Quant à la figure, ele est d’une ressemblance qui passe toute expression, toute imagination mème, & d’une Etude qui tient du Prodige. Ele est terminée avec le dernier soin, & a cependant un air de liberté qui en déguise le travail. Ele est vétüe d’une Simarre noire& d’une Robe rouge. L’un se recrie : la Peruque, l’autre, le Rabat ; les plus somptueux sont jaloux des Manchetes. On sent la legereté du Cheveu, la finesse de la Trame du Linge & l’Aprêt de l’Ouvriere, la délicatesse & le détail immense de la Dentele. C’est un Ouvrage miraculeux, c’est de la Saxe mème, il n’est pas possible que ce ne soit que du crayon. Cete figure a sous les Pieds un Tapis de Turquie, qui n’est pas moins admirable dans son genre. Ce M. la Tour a les secrets de toutes les Manufactures.

Tout ce que les Gens les plus dificiles trouvent à redire dans ce grand morceau, roule sur les accidens. C’est que le Paravant est trop près du Fauteüil : il ne fait pas bien son effet. Une Table couverte les choque : ils disent qu’un Burau à pié de Biche doneroit plus de dégagement, & n’auroit pas mis tant d’étofe l’une sur l’autre. Enfin, malgré ces legeres circonstances, ce Tablau sera toujours un Chef-d’œuvre en son espéce ; & pour vous doner une idée de son Prix, on prétend que la Glace & le Cadre coutent seuls cinquante loüis. » [sic]

(« Lettre à Monsieur de Poiresson-Chamarande, lieutenant-général au bailliage & siège présidial de Chaumont en Bassigny, au sujet des tablaux exposés au Salon du Louvre. Paris, le 5. Septembre 1741. » In Les Amusemens du cœur et de l’esprit. Amsterdam, Zacharie Chastelain, 1741, t. XI, p. 14-15)


Vendu en 1918 par le duc de Clermont-Tonnerre, il devint la propriété de Maurice de Rothschild en 1931, fut saisi par les Allemands en 1940, retrouva son propriétaire après la guerre et fut acheté en 1994 par le J. Paul Getty Museum [Los Angeles, États-Unis]. 

Suzanne de Boulainvilliers, présidente de Rieux, par Maurice-Quentin de La Tour

Le peintre représenta aussi Madame de Rieux en habit de bal, tenant un masque à la main : ce pastel figura au Salon de 1742.


Le président de Rieux aima aussi les livres. Le calligraphe Siméon Le Couteux fut son bibliothécaire vers 1720. Plusieurs de ces livres furent achetés en 1738, à la vente du comte d’Hoym (1694-1736). 


Ses livres étaient habillés de maroquin rouge, frappés de ses armes, 


et portaient un ex-libris [100 x 68 mm.], dessiné par Duflocq (1702-1749) et gravé par Gabriel Huquier (1695-1772), à ses armes : « D’azur, à l’ancre d’argent senestrée en chef d’une étoile de même, rayonnée d’or » ; l’écu est surmonté d’une couronne comtale et est soutenu, à droite, par un amour ; à gauche, Minerve, symbole de la sagesse, assise, casquée et tenant une lance, l’égide à ses pieds ; au bas, « EX LIBRIS G. BERNARDDERIEUX. ».


Le président de Rieux mourut le 13 décembre 1745, en son hôtel de la rue Notre-Dame-des-Victoires. 


Il fut inhumé dans les caveaux de Saint-Eustache, où était la sépulture de sa famille, sous la chapelle de la Vierge. Ses biens et ses collections furent alors en partie dispersés. Le château de Glisolles passa aux mains de son fils, Anne-Gabriel-Henri Bernard de Rieux (1724-1798), marquis de Boulainvilliers, dit « le président de Boulainvilliers », qui s’y retira quelques années plus tard : il y fit transporter plusieurs des œuvres d’art qui avaient embelli les demeures de Paris et de Passy, notamment les portraits exécutés par La Tour. Le château de Passy, avec son mobilier et les œuvres d’art qu’il contenait, fut loué, le 4 mai 1747, au fermier général Alexandre-Jean-Joseph Le Riche de La Popelinière (1693-1762), qui avait épousé une nièce de Manon Dancourt.




La bibliothèque fut vendue, en son hôtel de la rue Notre-Dame-des-Victoires, à partir du 27 février 1747 : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Monsieur le Président Bernard de Rieux (Paris, Barrois, 1747, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-xv-[1]-351-[1]-40-[2] p., 3.314 – 1 [pas de n° 510] + 6 * = 3.319 lots).

Avec une « Table des auteurs », les « Auteurs de l’édition des Elzeviers », les « Auteurs avec les notes qu’on appelle Variorum », les « Auteurs à l’usage de Monseigneur le Dauphin » et une « Note des livres qui ont été mis dans ce catalogue par erreur ».

Théologie [510 lots = 15,36 %], Jurisprudence [436 lots = 13,13 %], Sciences et Arts [423 lots = 12,74 %], Belles-Lettres [750 lots = 22,59 %], Histoire [1.200 lots = 36,15 %]. Nombreux manuscrits.


Catalogue p. xv
 

58. Histoire du V. & du N. Testament enrichie de plus de 400 figures gravées par les plus habiles maîtres, avec l’explication par David Martin. Amsterd., P. Mortier, 1700, 2 vol. in-fol., v. b. 65 livres.

89. L’Année chrétienne, contenant les messes des dimanches, fériés & fêtes de l’année en latin & en françois, avec les explications des épîtres & évangiles & un abrégé de la vie des saints dont on fait l’office (par Nicolas le Tourneux). Paris, Elie Josset, 1685 & suiv., 12 vol. in-12, mar. r. 96 livres.

196.Œuvres de Mes. Jacq. Bégn. Bossuet, ev. de Meaux. Paris, le Mercier, 1743 & suiv., 10 vol. in-4, v. b. 139 livres.



363. De l’Abus des nudités de gorge, seconde édition. Paris, de Laize de Bresche, 1677, in-12, v. m. 1 livre 16 sols.

585. Le Bouclier de la France, ou les Sentimens de Gerson & des Canonistes touchant les differens des Rois de France avec les Papes, par Eust. le Noble. Cologne (Paris), 1692, in-12, v. m. 1 livre 16 sols.

653. Ordonnances des Rois de France de la troisième Race recueillies, avec des observ. sur le texte par Eusèbe de Lauriere & Denys Fr. Secousse. Paris, Imprimerie Royale, 1723 & suiv., 6 vol. in-fol., v. é. 120 livres.

759. Coutumes de Beauvoisis par Phil. de Beaumanoir : Assises & bons usages de Jerusalem, par Jean d’Ibelin & autres anciennes Coutumes, avec des Notes & un Glossaire, par Gasp. Thaumas de la Thaumassiere. Bourges, Fr. Toubeau, 1690, in-fol., v. b. 13 livres 19 sols.

847. Coustumes de Rheims, avec les commentaires de J. Bapt. de Buridan. Paris, L. Billaine, 1665, in-fol., v. b. 3 livres.

865. Coutumes du Bailliage de Vermandois, de Chaalons, de Rheims, de S. Quentin. Rheims, N. Bacquenois, 1557, in-fol. sur vélin. 11 livres 11 sols.

917. Caroli Molinaei Opera, editio novissima auctior & emendiator. Paris, Nicolas Pepingué, 1681, 5 vol. in-fol., v. b. 100 livres.

1.073. De la Sagesse, trois livres par Pierre Charron. Leide, les Elseviers, 1646, in-12, mar. r. 9 livres 10 sols.

1.110. Histoire physique de la Mer, enrichie de figures dessinées d’après le naturel, par Louis Ferdinand, comte de Marsilli. Amsterdam, 1725, in-fol., v. f. 27 livres 2 sols.



1.156. Phytantoza Iconographia, sive conspectus aliquot millium à Joanne Guillelmo Weinmanno plantarum, arborum, fruticum, florum, fructuum, fungorum &c. collectarum. Ratisbonae, 1737 = 1745, 4 vol. in-fol., Cart. M., v. b. 800 livres.

1.205. Le Cuisinier moderne qui apprend à donner toutes sortes de repas en gras & en maigre, avec figures, par Vincent de la Chapelle, chef de cuisine du prince d’Orange. La Haye, Antoine de Groot, 1735, 4 vol. in-8, v. é. 18 livres.



1.223. Godefridi Bidloo Anatomia humani corporis 105 tabulis per Guil. de Lairesse ad vivum delineatis demonstrata. Amstel., Vid. à Someren, 1685, in-fol., Carta Maxima, mar. r. 190 livres.

1.247. Thrésor de la philosophie des anciens, où l’on conduit le lecteurs par degrés à la connoissance de tous les métaux & minéraux, la manière de les travailler & de s’en servir pour arriver enfin à la perfection du grand œuvre, par Barent Comders-Van-Helpen. Cologne, Cl. le Jeune, 1693, in-fol., vél. 24 livres.

1.275. Traité de l’horlogerie méchanique & pratique, par Thiout. Paris, Charles Moette, 1741, 2 vol. in-4, v. m. 15 livres 10 sols.

1.287. Le Diverse & Artificiose Machine del’Agostino Ramelli, composte in lingua italiana & francese. A Parigi, 1588, in-fol., v. é. 59 livres 50 sols.

1.311. Les Dix Livres d’architecture de Vitruve, corrigés & traduits avec des notes & des figures, par Cl. Perrault, seconde édition augmentée. Paris, J. B. Coignard, 1684, in-fol., v. b. 30 livres.



1.348. L’Art des armées navales, ou Traité des évolutions navales, & théorie de la construction des vaisseaux, enrichie de figures, par le P. Paul Hoste. Lyon, Bruyset, 1727, in-fol., v. f. 22 livres.

1.560.Œuvres de Jean de La Fontaine, nouvelle édition. Anvers (Paris), 1726, 3 vol. in-4, v. f. 48 livres.

1.617. La Destruction de Troye la grant, mise par personnaiges par Jacq. Milet (ou Millet). Lyon, Methys Huss, 1491, in-fol., mar. r. 80 livres.

1.715.Œuvres de François Rabelais. Nouvelle édition ornée de figures de Bernard Picart, & augmentée de nouvelles remarques de le Duchat, de le Motteux & autres pièces. Amst., Fréd. Bernard, 1741, 3 vol. in-4, gr. pap., mar. bl. 67 livres.

1.775. Il Decamerone di Giovanni Boccaccio nuovamente corretto & con diligentia stampato. In Firenze li heredi di Phil. di Giunta, 1527, in-8 maggiore, mar. cit. 100 livres.

1.872. Les Avantures de Télémaque fils d’Ulysse, par François de Salignac de la Mothe Fénelon, nouvelle édition, avec des figures en taille douce de Bernard Picart. Amst., Westein, 1734, in-fol., mar. bl. 180 livres.

1.912. Le Roman de Lancelot du Lac, avec figures. Paris, Ant. Vérard, 1494, 3 vol. in-fol., gr. pap., mar. r. 126 livres.




2.043.Œuvres diverses de M. (Bernard) de Fontenelle, nouvelle édition, augmentée & enrichie de figures gravées par Bernard Picart. La Haye, Gosse, 1728, 3 vol. in-fol., mar. bl. 90 livres. Sotheby’s, Paris, 6 novembre 2014 : 9.375 € [les roulettes au chasseur ainsi que les doubles rameaux dans les angles des caissons rappellent la façon des décors du doreur de Boyet].

2.078. Cymbalum mundi, ou Dialogues satyriques de Bonaventure des Périers : nouvelle édition augmentée d’une Préface & des notes de Bernard de la Monnoye. Amst. (Paris), 1732, in-12, v. b. 2 livres 11 sols.



2.137. Théâtre contenant la description de la carte du monde, avec celles de l’Europe, de la France, de l’Espagne, d’Angleterre &c. avec un discours sur chacune d’icelle. Paris, Melch. Tavernier, 1642, in-fol. magno, v. m. 60 livres 10 sols.

2.142. Le Grand Atlas ou Cosmographie Blaviane, en laquelle sont décrits la Terre, la Mer & le Ciel, par Jean Blaeu (ouvrage enrichi de cartes, de figures en taille douce, lavées & mises en couleurs). Amst., Jean Blaeu, 1667, 12 vol. in-fol., vél. 399 livres 19 sols.

2.145. Atlas contenant le monde, les 4 hémisphères, l’Europe, les Isles Britanniques, les Royaumes du Nord, la Moscovie, la France, l’Espagne, l’Italie & la Turquie d’Europe, l’Allemagne, les Provinces-Unies, la Pologne, l’Asie, la Turquie d’Asie, l’Afrique, les deux Amériques & la Géographie ancienne, par Hubert Jaillot. 2 vol. in-fol. maximo, m. r. 270 livres.

2.195. Collectiones variarum peregrinationum in Indiam Orientalem & in Indiam Occidentalem, XXV. partibus comprehensae : cum figuris fratrum de Bry & Meriani. Francof. ad Moen., 1590 & seqq., 7 vol. in-fol., mar. r. 300 livres.

2.211. Histoire universelle, sacrée & profane, par D. Augustin Calmet. Strasbourg, J. Ren. Doulssecker, 1735, 6 vol. in-4, v. b. 48 livres.

2.255. Cérémonies & Coutumes religieuses de tous les peuples du monde, représentées par des figures dessinées par Bernard Picard, avec une explication historique & quelques dissertations.Amst., J. F. Bernard, 1723 & suiv., 9 vol. in-fol., gr. pap., v. f. 390 livres.

2.274. Histoire des Papes depuis S. Pierre jusqu’à Benoît XIII. inclusivement. La Haye, Henr. Scheurleer, 1732, 5 vol. in-4, mar. v. 122 livres.

2.505. Les Grans Croniques de France (dites les Chroniques de S. Denis), depuis l’origine des François jusqu’en 1513 (exemplaire imprimé sur vélin avec des miniatures). Paris, Guill. Eustace, 1514, 3 vol. in-fol., velours. 399 livres 19 sols.

2.512. Histoire de France depuis Faramond jusqu’à la paix de Vervins sous Henri IV en 1598. par Franç. Eudes de Mézeray. Paris, Matthieu Guillemot, 1643 & 1651, 3 vol. in-fol., gr. pap., l. r., mar. bl. 310 livres.



2.570. Légende de Charles Card. de Lorraine & de ses frères de la Maison de Guise, par Franç. de l’Isle. Reims, Jacques Martin, 1576, in-8, mar. verd. 29 livres 1 sol.

2.597. Chronologie Novenaire contenant l’histoire de la guerre depuis 1589 jusqu’en 1598 par Pierre Victor Palma Cayet. Paris, J. Richer, 1608, 3 vol. in-8, v. b. 193 livres 5 sols.

2.619. Chronologie septenaire de l’histoire de la paix entre les Rois de France & d’Espagne depuis 1598 jusqu’en 1604 (par Pierre Victor Palma Cayet). Paris, J. Richer, 1606, in-8, v. b. 396 livres.

2.711. Histoire militaire du règne de Louis XIV, enrichie des plans nécessaires, avec un Traité de pratiques & de maximes de l’art militaire, par M. le marquis de Quincy. Paris, Den. Mariette, 1726, 8 vol. in-4, gr. pap., v. f. 96 livres.



2.724. Mémoires de M. (René) du Guay-Trouyn, nouvelle édition faite sur l’original, avec un abrégé de sa vie : publiée par M. de la Garde. Paris, 1740, in-4, gr. pap., v. b. 14 livres.

2.740. Histoire de la ville de Paris, par D. Michel Félibien, revue & augmentée & mise au jour par D. Guy Alexis Lobineau, avec les preuves, les plans de Paris & figures. Paris, Guill. Desprez, 1725, 5 vol. in-fol., gr. pap., v. f. 73 livres.

2.770. Histoire de Bretaigne, des Roys, Ducs, Comtes & Princes d’icelle, jusqu’à Anne dernière Duchesse, par Bertrand d’Argentré. Paris, Jacq. du Puys, 1588, in-fol., v. m. 4 livres 10 sols.

2.789. Histoire générale du Languedoc avec des notes & les pièces justificatives par les PP. DD. Cl. de Vic & Joseph Vaissete. Paris, Jacques Vincent, 1730 & suiv., 3 vol. in-fol., v. m. 45 livres.



2.818. Le Dessein de l’histoire de Rheims avec diverses curieuses remarques touchant l’établissement des peuples & la fondation des villes de France, par Nicolas Bergier. Reims, Nic. Hécart, 1635, in-4, v. é. 7 livres 19 sols.

2.902. Recherches curieuses des monnoyes de France, depuis le commencement de la monarchie, par Cl. Bouteroue. Paris, Seb. Cramoisy, 1666, in-fol., mar. bl. 62 livres.

2.905. Traité de la police, où l’on trouvera l’histoire de son établissement, les fonctions & les prérogatives de ses magistrats, les loix & réglemens qui la concernent, par Nicolas de la Mare, avec la continuation, par le Clerc du Brillet. Paris, M. Brunet, 1713-1738, 4 vol. in-fol., v. b. 103 livres.

2.939. Le Grand Théâtre sacré du duché de Brabant. La Haye, Chr. Van Lom, 1729, 3 vol. in-fol., gr. pap., v. m. 80 livres.

2.978. Histoire générale d’Espagne, trad. de l’Espagnol de Jean de Ferreras avec des notes par M. d’Hermilly. Paris, Ch. Osmont, 1742, 4 vol. in-4, gr. pap., mar. r. 77 livres 1 sol.

2.996. Nouveau Théâtre de la Grande Bretagne, ou Description exacte des palais du Roy, & des Maisons les plus considérables du royaume avec un Supplément. Londres, Jos. Smith, 1724-1728, 6 vol. in-fol. magno, v. m. 120 livres.

3.079. Description géographique, historique, chronologique, politique & physique de l’empire de la Chine & de la Tartarie chinoise, avec des cartes, par le P. J. Bapt. du Halde. Paris, le Mercier, 1735, 4 vol. in-fol., gr. pap., v. m. 130 livres.

3.097. Histoire des avanturiers flibustiers, des boucaniers, par Alex. Olivier Oexmelin. Paris, Jacques le Fèvre, 1699, 3 vol. in-12, v. f. 4 livres 12 sols.

3.115. Armorial général de la France, par Louis Pierre d’Hozier. Paris, Jacq. Collombat, 1738 & suiv., 4 vol. in-fol., v. f. 100 livres.



3.131. Abrégé de l’histoire de la royale Maison de Savoye, par Thomas Blanc. Lyon, J. Girin, 1668, 3 vol. in-12, v. f. 85 livres.

3.168. Commentaires historiques contenant l’histoire générale des empereurs, impératrices, césars & tyrans de l’empire romain, enrichie de médailles, par Jean Tristan. Paris, Seb. Huré, 1657, 3 vol. in-fol., v. é. 50 livres.



3.185. Le Cabinet de la Bibliothèque de Sainte Geneviève, par le P. Claude du Molinet. Paris, Ant. Dezallier, 1692, in-fol., gr. pap., v. é. 26 livres.

3.209. Bibliothèque d’Antoine du Verdier seigneur de Vauprivas, avec le supplément latin de Gesner par le même du Verdier. Lyon, Barth. Honorat, 1585, in-fol., v. f. 40 livres.

3.271. Plutarchi Vitae illustrium & Opera moralia, Gr. Lat. cum latina interpretatione & annot. Henr. Stephani. Henr. Stephanus, 1572, 13 vol. in-8, mar. bl. 66 livres.

3.313. Dictionaire historique & critique par Pierre Bayle : troisième édition, revue, corrigée & augmentée. Rotterd., Mic. Boom, 1720, 4 vol. in-fol., v. f. 160 livres.   


Jeton aux armes du président de Rieux et de Suzanne de Boulainvilliers (1727)

   




Bonne Année 2017 !


Urbain Canel (1789-1867), oublié et rare

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Urbain-Louis-François Canel est né à Nantes, rue Dauphine [rue Jean-Jacques Rousseau], le 1erjanvier 1789, de Louise-Marie-Rose-Thérèse-Augustine Foucher et de Nicolas-Urbain-Charles Canel, négociant. Il fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Nicolas : on y admirait, derrière le grand autel, un superbe vitrail de 1499 qui fut brisé en 1793, lorsque l’église devint un atelier d’armes ; détruite vers 1848, la première pierre de l’église actuelle fut posée le 1er août 1844.


Abandonnée par son mari, Madame Canel et ses trois enfants vinrent s’installer à Paris en 1816. 


Ayant fait de bonnes études, Urbain Canel trouva un emploi de teneur de livres [comptable] chez Madame Nattier, plumassier-fleuriste, 89 rue de Richelieu [IIe].


Depuis longtemps intéressé par la librairie, il finit par demander un brevet de libraire à la résidence de Paris, le 8 septembre 1822.

Sa demande fut appuyée par un certificat attestant son attachement à la famille royale et la régularité de ses mœurs et de sa conduite, et par un certificat attestant sa capacité pour exercer la librairie, signé par les libraires Jacques-Frédéric Lecointe et Étienne Durey, 49 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe], Aimé-François-Louis André, 59 quai des Augustins, Pierre-Jacques Heu, 18 rue du Petit-Lion-Saint-Sulpice [partie de la rue Saint-Sulpice, VIe], et Alexandre-Pierre-Victoire Crevot, 11 rue de l’École-de-Médecine [Ve].



Il reçut son brevet le 4 décembre 1822 et s’installa à l’hôtel de Fécamp, 5 rue Hautefeuille [VIe].



Il s’associa alors, pour de nombreuses éditions jusqu’en 1826, avec Jean-Marie-Vincent Audin (1793-1851), breveté le 4 décembre 1815, qui avait ouvert, 25 quai des Augustins, un humble magasin de librairie, dont les cases furent d’abord garnies des livres de sa propre bibliothèque.



Ils commencèrent par éditer l’Histoire de l’administration du royaume d’Italie pendant la domination française (Paris, Audin et Urbain Canel, 1823, in-8), par Frédéric Coraccini [pseudonyme de Giuseppe Valeriani], traduite de l’Italien par Charles-Jean Lafolie, 


et le Guide du voyageur en France (Paris, Urbain Canel et Audin, et Toulon, Bellue, 1823, in-12), par Richard [pseudonyme de J.-M.-V. Audin], imprimés par Alexandre-Joseph-Eugène Guiraudet (1792-1860), 315 rue Saint-Honoré [Ier], vis-à-vis Saint-Roch, breveté le 27 mars 1820.



Puis ce furent les Nouvelles méditations poétiques (Paris, Urbain Canel et Audin, 1823, in-8) et la Lettre de M. Alphonse de Lamartine à M. Casimir Delavigne, qui lui avait envoyé son École des vieillards (Paris, Urbain Canel et Audin, 1824, in-18 et in-8), par Alphonse de Lamartine, imprimées par Thomas-François Rignoux (1781-1865), 8 rue des Francs-Bourgeois-S.-Michel [partie de la rue Monsieur-le-Prince, VIe], breveté le 14 mars 1820.

Ulfrand Ponthieu, Palais-Royal, galerie de bois [Ier], breveté le 1er décembre 1820, se joignit à eux à la fin de l’année 1823, pour quelques éditions.



En 1824, Canel déménagea 30 place Saint-André-des-Arts [VIe] et publia L’An 1860, ou Pline le jeune, historien de Charles X (Paris, Audin, Urbain Canel et Ponthieu, 1860 [i.e. 1824], in-8), par J.-M.-V. Audin, imprimé par Marie-Jean-Christophe Lebègue, breveté le 1er avril 1811, 8 rue des Noyers [disparue en 1855, Ve] ; avec Jean-Nicolas Barba, breveté le 1er octobre 1812, au Palais-Royal, Fiesque, tragédie en cinq actes et en vers (Paris, Urbain Canel, Audin, Ponthieu et Barba, 1824, in-8), par Jacques-François Ancelot, imprimée par Joseph Tastu (1787-1849), breveté le 12 août 1822, 36 rue de Vaugirard [VIe].


L’année 1825 fut une grande année pour Urbain Canel. Elle commença par l’édition de La Fiancée de Bénarès. Nuits indiennes (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-12), par Philarète Chasles, imprimée par Tastu, et la Suite des chants héroïques et populaires des soldats et matelots grecs (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-8), traduits en vers français par Népomucène-Louis Lemercier, imprimée par Rignoux.


Demi-maroquin à coins de V. Champs
Paris, Drouot, 12 juin 2015 : 2.200 €

Canel devint l’éditeur des Tablettes romantiques (Paris, Persan et Pelicier, 1823, in-18), qui n’avaient paru qu’une année et qui prirent alors le titre d’Annales romantiques. Recueil de morceaux choisis de littérature contemporaine (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-18) : recueil annuel, rival moderne de l’Almanach des muses, qui fut imprimé par Rignoux en 1825 et 1826 et par Honoré Balzac (1799-1850) en 1828 et qui passa en 1829 chez Louis Janet (1788-1840), 59 rue Saint-Jacques [Ve], perdant alors sa première physionomie.

Canel s’associa avec François-Marie Maurice, breveté le 24 août 1824, 1 rue des Mathurins-Saint-Jacques [rue Du Sommerard, Ve], pour publier Louis-Antoine-François de Marchangy : La Gaule poétique (6 vol. in-8), imprimée par Tastu, et Tristan le voyageur, ou la France au XIVesiècle (6 vol. in-8), dont les deux derniers tomes sont datés de 1826, imprimé par Rignoux.



Le 31 mars 1825, Canel s’associa avec Augustin Delongchamps, breveté le 20 juin 1820, 3 boulevard Bonne-Nouvelle [IIe], pour une édition de Molière en un volume in-octavo. Le 14 avril 1825, il s’engagea à partager avec Honoré Balzac, au 5eétage du 2 rue de Tournon [VIe], qui lui avait été présenté par le journaliste Horace Raisson (1798-1854), les bénéfices de cette édition : en résumé, l’entreprise fut faite pour 2/4 par Delongchamps, pour 1/4 par Canel et pour 1/4 par Balzac ; Balzac et Canel, étant courts d’argent, empruntèrent à un ami du père de Balzac, Jean-Louis-Henri Dassonvillez de Rougemont (° Paris, 1788), demeurant au château de Montglas, à Cerneux [Seine-et-Marne]. 


Simultanément, Canel entreprit avec Balzac, qui demeurait alors momentanément 7 rue de Berry [partie de la rue Charlot, IIIe], mais cette fois sans Delongchamps, une édition de La Fontaine, pour laquelle ils s’associèrent avec Charles Carron, médecin demeurant 17 rue de l’Odéon [VIe], et Jacques-Édouard Benet de Montcarville, officier en réforme demeurant 41 rue Meslay [IIIe].


Pour interpréter sur bois les vignettes d’Achille Devéria (1800-1857) dans les deux ouvrages, Balzac s’adressa au graveur Pierre-François Godard (1797-1864), 16 rue aux Sieurs, à Alençon [Orne], qui lui avait été recommandé par Nicolas-Edme Roret (1797-1860), libraire 10 bis rue Hautefeuille, mais qui fut rapidement remplacé par l’anglais Charles Thompson (1789-1843), introducteur en France de la gravure sur bois de bout.


Oeuvres complètes de Molière (1826)
Reliure de Joseph Thouvenin l'Aîné
Paris, Drouot, 12 juin 2015 : 22.500 €

Le Molière fut annoncé dans la Bibliographie de la France du 23 avril 1825 [n° 2.123], pour paraître en quatre livraisons. Le La Fontaine fut annoncé dans la Bibliographie de la France du 14 mai 1825 [n° 2.799], pour paraître en huit livraisons : les six premières livraisons furent annoncées avec les noms des éditeurs Urbain Canel et Baudouin frères.

Le 31 décembre 1825, le Molière était terminé : les frères Baudouin, brevetés en 1820, 17 rue de Vaugirard [VIe], derrière l’Odéon, s’étaient joints à Canel et Delongchamps, pour les Œuvres complètes de Molière, ornées de trente vignettes dessinées par Devéria et gravées par Thompson (Paris, Delongchamps, Urbain Canel et Baudouin frères, 1826, in-8), imprimées par Rignoux.

À cette date, la 5elivraison du La Fontaine était encore à paraître. La Société constituée pour le La Fontaine fut dissoute le 1er mai 1826, Canel, Carron et Montcarville cédant à Balzac seul tous les droits de propriété sur le La Fontaine, pour l’indemniser des sommes qu’il avait servies à Canel en vue de l’entreprise : Canel, tombé en déconfiture, était dans l’impossibilité de continuer. La dernière livraison du La Fontaine fut enfin annoncée dans la Bibliographie de la France du 29 juillet 1826 [n° 4.901].

Les Œuvres complètes de La Fontaine, ornées de trente vignettes dessinées par Devéria et gravées par Thompson (Paris, A. Sautelet et Cie ou Baudouin frères, 1826, in-8), imprimées par Rignoux, furent publiées par Auguste Sautelet (1800-1830), breveté le 22 mars 1825, place de la Bourse [IIe], et les frères Baudouin. On lit au verso du faux titre : « H. Balzac, éditeur-propriétaire, rue des Marais-S.-Germain, n° 17 ».


L’insuccès du Molière et du La Fontaine fut complet : on ne vendit pas vingt exemplaires en un an. Depuis, le La Fontaine sur Chine de la vente Brivois [1920, n° 677] a fait 2.100 fr. et le Molière sur Chine de la vente Descamps-Scrive [1925, 2epartie, n° 157] a fait 2.700 fr.


Entre-temps, Wann-Chlore (Paris, Urbain Canel et Delongchamps, 1825, 4 vol. in-12), roman anonyme de Balzac, était paru le 3 septembre 1825.  En octobre 1825, Victor Hugo et Charles Nodier s’étaient rendus à Chamonix, aux frais d’Urbain Canel, qui espérait de cette illustre collaboration un Voyage poétique et pittoresque au Mont-Blanc et à la vallée de Chamouny. L’ouvrage en question n’a jamais été écrit, mais on peut lire, dans la Revue des deux mondes (Paris, Bureau de la Revue, 1831, t. III-IV), le « Fragment d’un voyage aux Alpes (Août 1825) » de Hugo (p. 47-54), ainsi que « Le Mont Saint-Bernard » de Nodier (p. 571-594).


Le catalogue de Canel ne comportait pas que des titres de littérature, mais aussi de nombreux livres pratiques, édités avec Pierre-Adam Charlot, dit « Charles Béchet », breveté le 27 juillet 1824, 57 quai des Augustins : 


Le Vignole des ouvriers, des propriétaires et des artistes, renfermant les ordres d’architecture (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1825, 2 vol. in-12) ; Astronomie enseignée en 22 leçons, ou les Merveilles des cieux (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu, Henri, Roux-Dufort, 1825, in-12), traduit de l’anglais par M. C. [Coulier] ; 


Manuel du manufacturier (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1826 [sic], in-12), par Pelouze ; 


L’Art de jouer et de gagner à l’écarté, enseigné en 8 leçons (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1826, in-12), par Teyssèdre.


À la fin de l’année 1825, Canel avait déménagé 9 rue Saint-Germain-des-Prés [partie de la rue Bonaparte, entre la rue Jacob et la place Saint-Germain-des-Prés, VIe], au 3e étage : il était le locataire, pour 1.800 francs par an, du libraire Charles Gosselin (1795-1859).



Il avait édité de nouveau Jacques-François Ancelot : Marie de Brabant, poème en six chants (Paris Urbain Canel, Ponthieu, 1825, in-8).



Et Alphonse de Lamartine : Chant du sacre ou la Veille des armes(Paris, Baudouin frères et Urbain Canel, 1825, in-8) ; 


Épitres (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-8) ; 

Frontispice t. I

avec Jules Boquet, 8 rue Vivienne [IIe], et Charles Gosselin, les Œuvres d’Alphonse de Lamartine (Paris, Jules Boquet, Ch. Gosselin et Urb. Canel, 1826, 2 vol. in-8).

Etait apparu un nouvel associé pour certaines publications : Ambroise Dupont, breveté le 1erfévrier 1825, 37 quai des Augustins, qui travailla en 1825 et 1826 en association avec Jean-Pierre Roret, sans brevet, commissionnaire en librairie, sans lien de parenté avec Nicolas-Edme Roret : 


Le Couronnement d’un roi, essai allégorique en un acte et en prose (Paris, Urbain Canel, Dupont et Roret, Henri Jannin, 1825, in-8), par Louis-Jérôme Gohier ; 


Le Classique et le Romantique, dialogue (Paris, Urbain Canel , Ambroise Dupont et Roret, 1825, in-8), par P.-M.-L. Baour-Lormian ; 


Les Épreuves de Marguerite Lindsay (Paris, Ambroise Dupont et Roret, Urbain Canel, 1825, 4 vol. in-12), roman traduit de l’anglais d’Allan Cuningham par Mme la comtesse M*** [Molé] ; Encore un mot, seconde satire (Paris, Ambroise Dupont et Roret, Urbain Canel, 1826, in-8), par Baour-Lormian ; 


Collection de résumés géographiques, ou Bibliothèque portative de géographie physique, historique et politique, ancienne et moderne (Paris, Ambroise Dupont et Roret, Urbain Canel, 1826, 8 vol. in-18), sous la direction du colonel Bory de Saint-Vincent ; 


Nouveaux essais poétiques (Paris, Urbain Canel, Ambroise Dupont et Roret, 1826, in-18), par Delphine Gay [future épouse du publiciste Émile de Girardin].

Il avait édité aussi Alfred de Vigny : Poèmes antiques et modernes(Paris, Urbain Canel, 1826, in-8) ; 

Librairie Camille Sourget, catalogue n° 9 : 9.500 €

Cinq-Mars, ou une Conjuration sous Louis XIII(Paris, Urbain Canel, 1826, 2 vol. in-8). Et Jean-Gabriel Cappot de Feuillide : Vendéennes et chants hellènes (Paris, Urbain Canel, 1826, in-16) ; Le Jubilé, ode (Paris, Urbain Canel, 1826, in-8) ; avec Thomas Potey, brevet du 1eroctobre 1812 renouvelé le 6 janvier 1820, 46 rue du Bac [VIIe], La Mort du duc Mathieu de Montmorency, chant élégiaque (Paris, Urbain Canel et Potey, 1826, in-8). Et encore deux tragédies en cinq actes de Népomucène-Louis Lemercier : Les Martyrs de Souli ou l’Épire moderne (Paris, Urbain Canel, 1825, in-8) et Camille ou le Capitole sauvé (Paris, Urbain Canel et Barba, 1826, in-8).   


Frontispice

Il avait publié Victor Hugo : Bug-Jargal, par l’auteur de Han d’Islande (Paris, Urbain Canel, 1826, in-12), imprimé par Alexandre Lachevardière (1795-1855), dit « Lachevardière fils », breveté le 9 décembre 1823, 30 rue du Colombier [partie orientale de la rue Jacob, VIe].



À partir de 1826, il utilisa parfois une marque portant son chiffre « UC » et la devise du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, « IE LAY EMPRINS. » [Je l’ai osé] : Bonaparte et les Grecs(Paris, Urbain Canel, 1826, in-8), par Louise Swanton-Belloc.


Honnête homme, dont la clairvoyance lui faisait dire « Sans emphase, sans charlatanisme, rien ne se vend », Urbain Canel fut suffisamment maladroit en affaires pour devoir déclarer sa faillite le 13 juillet 1826. Le règlement de la faillite intervint au mois de mars de l’année suivante, mais dès le mois de mai, Canel publia de nouveau : Armance, ou quelques scènes d’un salon de Paris en 1827 (Paris, Urbain Canel, 1827, 3 vol. in-12), anonyme par Stendhal ; L’Art de donner à dîner […] ; enseigné en douze leçons (Paris, Urbain Canel, 1828, in-18), « par un ancien maître d’hôtel du président de la Diète de Hongrie, ex-chef d’office de la princesse Charlotte » [Émile-Marc Hilaire] ; 


Tableaux poétiques (Paris, Urbain Canel, 1828, in-8), par le comte Jules de Rességuier.


Le 20 août 1828, en l’église Saint-Germain-des-Prés [VIe], Urbain Canel épousa Marie-Louise-Anna Roch, née à Lainville [Lainville-en-Vexin, Yvelines], le 5 thermidor An XII [24 juillet 1804], fille de Françoise-Rosalie d’Ausbourg et de François Roch, « vivant de son bien ».



Canel dut déménager 3 rue des Fossés-Montmartre [partie de la rue d’Aboukir, IIe, entre la place des Victoires et la rue Montmartre], partie de l’ancien hôtel de Rambouillet de La Sablière ou hôtel de Clairambault : 


Études françaises et étrangères (Paris, Urbain Canel, 1828, in-8), par Émile Deschamps ; Le Dernier Chouanou la Bretagne en 1800 (Paris, Urbain Canel, 1829, 4 vol. in-12), par Honoré Balzac, imprimé par Tastu.


Pour la quatrième fois, Canel déménagea en 1829, 16 rue Jean-Jacques Rousseau [Ier].

Il s’associa avec Alphonse-Théodore-Hortensius Levavasseur, breveté le 26 mars 1829, au Palais-Royal, qui avait acheté en 1828 une partie du fonds de Ponthieu, pour éditer :  Poèmes par M. le comte Alfred de Vigny, auteur de Cinq-Mars ou une Conjuration sous Louis XIII (Paris, Charles Gosselin, Levavasseur, 1829, in-8) ; 


La Divine Comédie de Dante Alighieri, traduite en vers français par M. Antoni Deschamps (Paris, Charles Gosselin, Urbain Canel, Levavasseur, 1829, in-8) ; 


Fragoletta. Naples et Paris en 1799 (Paris, Levavasseur, Urbain Canel, 1829, 2 vol. in-8), anonyme par Henri de Latouche ; 


Contes d’Espagne et d’Italie par M. Alfred de Musset (Paris, A. Levavasseur et Urbain Canel, 1830, in-8) ; 

Reliure Semet et Plumelle
Librairie Koegui : 770 €

Le More de Venise, Othello (Paris, Levavasseur, Urbain Canel, 1830, in-8), tragédie traduite de Shakspeare en vers français, par le comte Alfred de Vigny ; Physiologie du mariage, ou Méditations de philosophie éclectique, sur le bonheur et le malheur conjugal (Paris, Levavasseur et Urbain Canel, 1830, 2 vol. in-8), par un jeune célibataire [Balzac] ; 


Les Sociétés secrètes de France et d’Italie(Paris, Levavasseur et Urbain Canel, 1830, in-8), par Jean Witt ; 

Envoi de l'auteur à Alexandre Dumas
Librairie Camille Sourget : 19.500 €

Les Consolations, poésies (Paris, Urbain Canel et Levavasseur, 1830, in-16), anonyme par Sainte-Beuve.



Pour éditer un ouvrage du célèbre Docteur Prosper Ménière (1799-1862), qui a donné son nom à une maladie de l’oreille interne et qui avait été le témoin de son mariage, Canel s’associa avec Chrétien-Victor-Gustave-Charles Heideloff (1800-1879), 1 quai Malaquais [VIe], qui avait acheté en 1828 une partie du fonds de Ponthieu : L’Hôtel-Dieu de Paris en juillet et août 1830 (Paris, Charles Heideloff et Urbain Canel, 1830, in-8).


Canel édita les grands noms de la littérature française et beaucoup d’écrivains célèbres, mais qui se vendirent mal. Le Corsaire, journal des spectacles, de la littérature, des arts, mœurs et modes, s’en fit l’écho, à sa manière, le 21 juin 1830 :


« Pauvre libraire romantique

Quoi, tes livres mignons, imprimés avec soin

Presqu’au sortir de ta boutique

Sont roulés en cornet chez le marchand du coin !

Je les plains, c’est mourir d’un trépas monotone

Mais je trouve pourtant leur destin naturel

Il ne faut pas que l’on s’étonne

De voir chez l’épicier des livres de Canel. »


Pour la dernière fois, Canel déménagea sa librairie en 1831, 104 rue du Bac [VIIe]. Il publia d’abord La Peau de chagrin, roman philosophique (Paris, Charles Gosselin, Urbain Canel, 1831, 2 vol. in-8), par M. de Balzac, imprimé par Claude-Jacques Cosson (1789-1866), breveté le 27 juillet 1818, 9 rue Saint-Germain-des-Prés.

Puis il s’associa avec Adolphe Guyot, 18 place du Louvre [Ier] : 

Librairie Eric Grangeon : 1.000 €

Iambes (Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-8) par Auguste Barbier ; 


Le Saphir. Morceaux inédits de littérature moderne (Paris, Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1832, in-18) ; L’Émeraude, morceaux choisis de littérature moderne(Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-18) ; 


Contes bruns. Par une[tête à l’envers : vignette de Tony Johannot, gravée par Thompson] (Paris, Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1832, in-8), imprimés par Adolphe-Auguste Éverat, breveté le 1er août 1832, 16 rue du Cadran [rue Léopold Bellan, IIe] ; La Coucaratcha(Paris, Canel, Guyot, 1832, 2 vol. in-8), par E. Sue ; 


L’Élysée-Bourbon (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1832, in-18), anonyme par Jules Janin ; Heures du soir. Livre des femmes (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1833, 4 vol. in-8) ; 


Le Livre rose, récits et causeries de jeunes femmes(Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1834, 4 vol. in- 8) ; Étude sur Mirabeau (Paris, Adolphe Guyot et Urbain Canel, 1834, in-8), par Victor Hugo ; Cécile, par Eugène Sue (Paris, Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1834, in-12).


Ces volumes, élégants et imprimés sur papier vélin, coûtaient cher et se vendaient mal. Adolphe Guyot fit faillite le 8 novembre 1834 et fut détenu pour dettes à la nouvelle Maison d’arrêt, 70 rue de Clichy [IXe, fermée en 1867 et démolie en 1872] :


« Une visite de quelques heures à la Prison pour Dettes, suffit pour convaincre l’esprit le plus rebelle de l’inutilité de la contrainte par corps. Elle n’atteint jamais le débiteur solvable, et dès-lors, de mauvaise foi quand il ne paie pas. Elle ne frappe que le malheur ; elle ne sert qu’à grossir la liste des frais ; elle augmente le montant de la dette, et elle enlève les seules ressources qui puissent la payer, le travail, la confiance et l’industrie. »

(Jules Mayret. « La Nouvelle Prison pour dettes. » In Paris, ou le Livre des cent-et-un. Paris, Ladvocat, 1834, t. XV, p. 363)


Urbain Canel, ruiné, dut quitter la librairie. Il redevint teneur de livres dans une grande maison de commerce. Après avoir sollicité en vain une place de lecteur pour le colportage auprès de la Direction de la Librairie, l’ami de Balzac et de George Sand mourut le 17 décembre 1867, en son domicile parisien, 20 rue du Cirque [VIIIe]. Sa veuve se retira dans sa famille maternelle, à Lainville, où elle mourut le 28 juin 1888.












Édouard Turquety (1807-1867), disciple de Lamartine

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D’une famille originaire de la paroisse Saint-Martin de Vitré [Ille-et-Vilaine], Marin-François Turquety (1742-1800), seigneur de Cohigné, greffier du marquisat de Cucé [Cesson-Sévigné, Ille-et-Vilaine], s’installa à Rennes en 1770 et devint huissier au Parlement de Bretagne en 1781.


Son fils Pierre-Gabriel-Marie Turquety, né à Vitré le 8 juin 1775, épousa, à Rennes, le 18 prairial An IX [7 juin 1801], Renée-Anne Couapel, née le 20 mars 1772 à Bourgbarré [Ille-et-Vilaine], au château de Mesneuf, dont son père était le régisseur. Il fut nommé, le 24 fructidor An IX [11 septembre 1801], notaire pour les communes de Bourgbarré et Orgères, puis, le 7 ventôse An XI [26 février 1803], maire de la commune d’Orgères. Il fut autorisé à transférer sa résidence à Rennes le 19 juin 1806.


Rennes, rue du Chapitre

Son petit-fils, Édouard-Marie-Louis-Casimir Turquety, naquit à Rennes, dans la « noire maison gothique et retirée » de la rue du Four-du-Chapitre [rue du Chapitre], le 21 mai 1807 ; il fut baptisé le lendemain dans l’église Saint-Aubin [démolie en 1904].
Édouard Turquety suivit les cours du petit séminaire des Cordeliers, puis ceux du Collège royal de Rennes. Après la mort de son frère Julien, le 11 février 1821, son père démissionna, vendit son étude en juillet, déménagea rue de Beaumanoir et devint adjoint au maire de la ville de Rennes le 17 octobre 1821 ; il sera fait chevalier de la Légion d’honneur en 1826.
Devenu fils unique, Édouard Turquety termina ses études avec le diplôme de bachelier ès-lettres, le 19 août 1824 ; il avait déjà alors la réputation d’un poète. Dès 1825, il eut le bonheur de lire ses essais poétiques dans Le Lycée armoricain (Nantes, Imprimerie Mellinet-Malassis, 1825, t. VI, p. 80), revue avec laquelle il s’était mis en relation. Destiné au notariat, il suivit les cours de la Faculté de droit de Rennes, où il se lia d’amitié avec Émile Souvestre (1806-1854), et obtint son diplôme de licencié le 22 août 1828. Reçu avocat, il préféra s’adonner à la poésie.


In Les Contemporains, 22 juillet 1900

Au mois de septembre 1828, Turquety partit pour Paris, dans l’espoir de rencontrer les écrivains célèbres de son temps : il fut reçu avec bienveillance par Nodier et par Hugo.
Il y retourna en juin 1829. Sa première visite fut pour Chateaubriand, puis il fut reçu par Nodier et par Hugo, qui l’engagèrent à publier son premier volume de poésies. Nodier l’introduisit auprès de son éditeur, Nicolas Delangle (1792-1866), breveté le 21 février 1826, 19 rue du Battoir-Saint-André-des-Arts [partie de la rue Serpente, entre la rue Hautefeuille et la rue de l’Éperon, VIe], qui avait donné en 1827 la première édition des poésies de Nodier. Pendant que le petit volume de ses Esquisses poétiques s’imprimait, Turquety prit l’habitude de passer ses soirées du dimanche à l’Arsenal, fit la connaissance de Sainte-Beuve et d’Émile Deschamps et sacrifia à la mode des lectures, chez Alfred de Vigny et chez Hugo. 


Les Esquisses poétiques (Paris, Delangle frères, 1829, in-18) parurent vers la fin août 1829, et Turquety rentra à Rennes.

En décembre 1832, Turquety fut cordialement accueilli par La Mennais au château de La Chênaie [Plesder, Ille-et-Vilaine].


Il repartit pour Paris au mois d’avril 1833 pour surveiller l’impression de son livre Amour et foi (Paris, Delaunay, Corbet, Chamerot et Rignoux, et Rennes, Molliex, 1833, in-8) : son ode contre la « Peine de mort » (p. 127-134) est un chef-d’œuvre.


Il fit de nouveau un séjour de plusieurs mois à Paris, de janvier à juin 1836, pour surveiller l’impression de son nouveau recueil intitulé Poésie catholique (Paris, Delaunay et Debécourt, et Rennes, Molliex, 1836, in-8) : il rencontra Lamartine, qui était le seul des grands écrivains qu’il ne connût encore que par correspondance et qui l’engagea à faire les Hymnes sacrées (Paris, Debécourt, et Rennes, Molliex, 1839, in-8).


De 1839 à 1842, Turquety collabora à la Gazette de France et y donna des articles en prose sur les châteaux de Bretagne.
Un nouveau recueil de vers, dont la moitié reproduisait les Esquisses poétiques de 1829, vint s’étaler aux vitrines des libraires : Primavera (Paris, Chamerot, 1841, in-8).


Sa mère mourut le 22 février 1844, à Rennes, rue du Four-du-Chapitre. C’est alors qu’il fit paraître les Fleurs à Marie (Paris, Sagnier et Bray, 1845, in-18). Il reçut la Légion d’honneur le 5 mai 1847. Son père mourut le 9 octobre 1849, à Rennes, place des Lices.


Turquety se maria sur le tard, le 23 juin 1852, à Rennes, en épousant Zédélie-Caroline-Marie de Gacon, née à Angers [Maine-et-Loire] le 24 septembre 1808, fille de Joseph-Étienne de Gacon, sous-préfet de Barcelonnette [Alpes-de-Haute-Provence], et de Julie-Suzanne Saillard de Seguin. Quelques semaines après, les époux s’établirent à Passy, rue de la Pompe [XVIe].


Ses amis apprirent alors avec stupéfaction la publication d’un poème héroï-comique en l'honneur du coup d'État de décembre 1851, intitulé Les Représentants en déroute ou le Deux Décembre (Paris, Ledoyen, 1852, in-12). Regrettant d’avoir insulté ceux qui firent alors leur devoir, Turquety fit disparaitre les exemplaires de ce libelle rimé.



Après environ vingt ans de réelle popularité, le silence se fit peu à peu autour du nom de Turquety. Malade depuis plusieurs années, affaibli peu à peu par la morphine qu’il utilisait contre l’insomnie, il mourut obscurément le 18 novembre 1867, 5 chaussée de la Muette [XVIe]. Il avait été membre de la Société académique de Brest et de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen.


Il fut inhumé à Rennes, dans le cimetière du Nord, le 5 décembre 1867. Ce fut à l’aide d’une souscription publique que fut élevé sur sa tombe le monument inauguré le 15 octobre 1886 [Section 16-Rang 44-Tombe 1] : un buste en bronze [qui a disparu], haut de 60 cm., qui le représente de face, le visage imberbe, les cheveux plats, était placé sur un socle portant la signature « A. LÉOFANTI» [Adolphe Léofanti (1838-1890)], adossé à une stèle verticale qui se dresse au sommet d’un tombeau en granit ; la stèle est surmontée d’un fronton, au centre duquel est sculptée une croix en bas-relief ; au-dessous du fronton est gravé : « A ÉDOUARD TURQUETY» ; au-dessous du buste, à la droite du personnage : « RENNES 1807», à la gauche : « PARIS 1867» ; entre ces deux inscriptions, une lyre, une palme et des feuillets, renoués d’une guirlande de cyprès, sont fixés sur la stèle ; ces attributs décoratifs, exécutés par Léofanti, sont en bronze ; la hauteur totale de la stèle est de 3,70 m. ; sur les faces latérales sont gravés les titres des œuvres du poète : AMOUR ET FOI, 1833; POÉSIES CATHOLIQUES, 1836 ; HYMNES SACRÉES, 1839; PRIMAVERA, 1840 ; FLEURS A MARIE, 1845; ACTE DE FOI, 1868et SOUSCRIPTION PUBLIQUE, 1884-1886.


Turquety ne laissait pas d’enfant. Sa veuve lui survécut jusqu’au 30 avril 1892, décédée 3 rue Poussin [XVIe].

« Turquety n’a rien d’original ; il a débuté vers 1829 avec assez de douceur ; il imitait les élégies de Nodier, il y mettait de l’harmonie, - mais de la pensée et du sentiment, très-peu. Nodier l’a payé alors de son imitation par un de ces articles de louange exagérée et banale qu’il n’accordait pas toujours aux vrais talents. Turquety est un Breton doux et francisé. Plus tard il s’est fait un genre par ses poésies catholiques où il y a une certaine onction et de la pureté. Quand on lui demandait ce qu’il faisait, il répondait en ce temps-là : “ Je catholicise de plus en plus.” Il disait cela sans sourire. Les catholiques l’ont pris très au sérieux quelque temps. Ses poésies ont eu des éditions. Il a correspondu avec madame Swetchine. Cela a duré tant bien que mal jusqu’à la date du 2 décembre. A cette époque, il a eu l’idée malheureuse de faire imprimer une satire où étaient raillés et insultés de la manière la plus vulgaire les députés et les généraux battus ce jour-là. Son pamphlet publié à Paris a dû avoir un contre-coup et faire un effet épouvantable à Rennes où il habitait. C’est à la suite de cette incartade que Turquety a quitté sa province et est venu habiter Paris, Passy. Il a des goûts simples et domestiques. Il s’est un peu confit dans les poëtes du seizième siècle. Il a fait sur quelques-uns d’entre eux des articles dans le Bulletin du Bibliophile. Ses articles, d’ailleurs élégamment écrits, sont dénués de toute vue critique neuve et de toute originalité. En somme, vers ou prose, ce n’a été qu’une doublure assez élégante. Rapprochement singulier ! le bon Géruzez, qui lui-même a résumé élégamment et avec assez de justesse l’histoire littéraire du passé, mais qui ne compte pas comme critique contemporain, s’est épris d’un bel amour pour Turquety ; il faisait pour lui seul une exception entre tous les poëtes de la nouvelle École : un tel choix juge le critique et le poëte : ils s’appareillaient tous deux. Le bon Géruzez en effet n’a jamais eu, en fait de poésie contemporaine, que deux vues saillantes : l’une qu’on était à la veille d’une réhabilitation de Delille, l’autre que Turquety était le plus parfait et le seul vraiment élégant des poëtes romantiques. Sur quoi quelqu’un a eu ce mot assez juste : “ Turquety, c’est le Géruzez de la poésie.” Je vous dis tout. Mais si vous voyez l’homme, si vous rencontrez Turquety en personne, vous vous assurerez que la vraie élégance, - je parle de celle de l’esprit, - il ne l’a pas. Il m’a adressé une fois des vers, et je lui ai répondu par une pièce qui est dans mon Recueil de poésies. Je n’aurais pas volontiers écrit en prose sur lui ; car les vrais éloges qu’on se plait à accorder à un poëte original, je n’aurais pu les lui donner, pour être sincère, qu’avec parcimonie et mesure. » [sic] (C.-A. Sainte-Beuve. Causeries du lundi. Paris, Garnier frères, s. d., 3eédition, t. XI, p. 517-519 [lettre à Asselineau])

Eugène Villemin (1815-1869) n’était pas de l’avis de Sainte-Beuve :

« Dans chacune des pages respirent une naïve croyance, une fraîcheur, une jeunesse de sentimens, où se révèle l’homme de sa race, le Breton de la vieille souche, simple et catholique. […]
Quelquefois, sous l’obsession de Lamartine, Edouard Turquety, dominé, chante dans la même octave. Mais la pensée est toujours sienne ; il procède de son invariable point de départ. Seulement, au lieu de sa rote celtique, il fait résonner la harpe de l’immortel auteur des Méditations. » (In Le Constitutionnel, samedi 4 janvier 1868, p. 3)

Édouard Turquety possédait une bibliothèque qui, jusque vers 1844, contenait tous les bons ouvrages des diverses littératures, les classiques et les auteurs contemporains, sans préoccupation exclusive. Désirant alors étudier la poésie dramatique du XVIesiècle, il s’intéressa aux ventes publiques et fit ses premières acquisitions à la vente Soleinne. ÀRennes, il put moissonner fructueusement chez Jean-Marie-Ange Ganche, breveté libraire le 20 février 1829, installé au rez-de-chaussée d’une vieille maison délabrée donnant sur la douve de la Visitation, et chez Le Moal, rue de la Poulaillerie, qui, le samedi, quittait sa petite échoppe pour aller étaler ses livres rue Le Perdit. Pour comble de fortune, deux curieuses bibliothèques, celle de Aymé-Marie-Rodolphe Baron du Taya (1783-1850), ancien conseiller à la Cour de Rennes, et celle de Casimir-Victor-Amédée-Félicien du Fos de Méry (1777-1849), ancien référendaire de la Chambre des comptes, furent acquises par Ganche et vendues au détail de 1850 à 1852.

Une fois installé à Passy, il consacra tout son temps à ses études et à ses goûts de bibliophile. Quand on ne le voyait pas aux expositions qui précédaient les ventes à la salle Silvestre ou chez les libraires, Techener, Potier ou Claudin, il travaillait dans les bibliothèques publiques, à l’Arsenal, au Louvre ou à la Mazarine.

« Je suis allé à une ou deux séances de cette vente [vente Bertin] et j’y ai fait aussi quelques acquisitions. Mais ce qu’il fallait voir, c’était l’ensemble de cette magnifique bibliothèque avant qu’elle eût été livrée au public. Par faveur grande, Techener m’avait ouvert les portes du sanctuaire : j’avais pu examiner et palper pendant des heures entières ces rares trésors, car c’étaient de vrais trésors. Je ne crois pas qu’il y ait à Paris ni ailleurs un pareil assemblage de livres dans cette condition et avec de pareilles reliures. Je vis l’adjudication du Rabelais de 1533, misérable petit livret que la Bibliothèque impériale acheta 1800 francs : M. de Clinchamp poussa jusque-là ; il ne put se décider à aller plus loin. Il m’avait dit qu’il ne mettrait que 800 francs et tout au plus 1000 francs. » (Lettre du 25 septembre 1854. In Frédéric Saulnier. « Édouard Turquety bibliophile ». Revue de Bretagne et de Vendée. Nantes, 1884, 1er semestre, p. 431)

Le Bulletin du bibliophilecompta Turquety au nombre de ses rédacteurs de 1860 à 1866 : « Lettre sur quelques poëtes du XVIesiècle. A Monsieur Techener » (1860, p. 1.364-1.382), « Poëtes françois du XVIesiècle. Olivier de Magny. 1560 » (1860, p. 1.637-1.672), « Publications nouvelles. Poésies de Saint-Pavin, la plupart inédites, publiées par M. Paulin Paris. 1 vol. in-8 » (1861, p. 631-640), « Lettre de M. Ed. Turquety sur la liste en vers de livres rares, publiée dans le numéro de mars » (1862, p. 972-976), « Lettres de Mme de Sévigné. Nouvelle édition, revue et annotée par M. de Sacy, de l’Académie françoise » (1862, p. 1.028-1.044), « Poëtes françois du seizième siècle. Joachim du Bellay. 1560 » (1864, p. 1.125-1.159), « Réponse à un reproche » (1865, p. 172-181), « Une causerie de Charles Nodier » (1866, p. 161-173), « Bibliophile et bibliomane » (1866, p. 533-541).

Le marquis de Clinchamp et le vicomte de Gaillon comptèrent les premiers parmi ses meilleures relations chez les bibliophiles. Plus tard, un hasard le rapprocha de Prosper Blanchemain : ils possédaient l’un et l’autre des exemplaires incomplets d’un livre fort rare, Les Premières Amours poétiques (1598, in-12), par Guy de Tours ; des deux on pouvait en faire un complet. L’exemplaire de Turquety fut complété, mais entra plus tard dans la bibliothèque de Blanchemain, souvenir offert par la veuve du poète au fidèle ami des derniers jours.

L’admiration que lui inspirait le mouvement littéraire du XVIesiècle, il l’avait aussi pour l’aspect matériel des livres :

« J’aime à voir que vous partagiez mon opinion sur la supériorité de la typographie au XVIesiècle : je crois en effet que jamais la poésie n’a été mieux imprimée qu’alors. J’ai toujours été singulièrement frappé des rapports qui existaient entre les architectes, sculpteurs, peintres, imprimeurs de cet ère mémorable. Il y a entre ces divers arts de secrètes affinités qui me pénètrent et m’enchantent en même temps. Ainsi, à Fontainebleau, la salle de bal de Henri II me rappelle, quand je m’y trouve, les beaux livres de la Renaissance, comme les livres de la Renaissance me font penser, dès que je les aperçois, à cette salle merveilleuse, création splendide, multiforme, qu’on dirait éclose sous la main des génies et des fées. » (Lettre du 27 janvier 1861, à l’imprimeur lyonnais Perrin. Ibid., p. 436)


La première partie de sa bibliothèque fut vendue du mercredi 22 au samedi 25 janvier 1868, en 4 vacations, à 19 heures, à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 3 le premier jour et salle n° 2 les autres jours : Catalogue des livres rares et précieux formant la bibliothèque poétique de feu M. Édouard Turquety, chevalier de la Légion d’honneur, membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes, composée de poètes français, principalement des XVe, XVIeet XVIIesiècles, en partie reliés par Bauzonnet, Capé, Duru, Simier, Lortic, etc., etc. (Paris, L. Potier et A. Claudin, 1868, in-8, VIII-63-[1 bl.] p., 660-2 [nos360 et 622 absents] + 3 bis = 661 lots), avec « Edouard Turquety, poète et bibliophile », par Prosper Blanchemain [notice extraite du Bulletin du bouquiniste du 1erdécembre 1867, p. 613-615], et le signalement des livres les plus précieux.

Poètes français depuis les trouvères jusqu’à Clément Marot [50 lots = 7,56 %], Clément Marot et ses contemporains [32 lots = 4,84 %], Poètes français depuis Ronsard jusqu’à Malherbe [280 lots = 42,36 %], Poètes depuis Malherbe [261 lots = 39,48 %], Poésie dramatique [38 lots = 5,74 %].


8. Le Romant de la rose. Paris, Michel Le Noir, 1509, in-4, goth. à 2 col., fig. s. bois, mar. r., fil., tr. dor., doublé de moire. Raccommodage dans le coin de la marge du haut du titre. 81 fr.
10. Le Romant de la rose, moralisé cler et net, translaté de rime en prose, par vostre humble Molinet. Paris, veuve Michel Le Noir, le 17 août 1521. Pet. in-fol. goth., fig. sur bois, mar. rouge, fil., tr. dor. (Anc. rel.). 161 fr.
29. Ovide, de arte amandi, translaté de latin en françoys. Genève, s. d. [fin XVe]. Pet. in-4 goth. à 2 col., fig. s. bois, mar. vert, dent. à comp., tr. dor. (Niedrée). De la vente Edward Vernon Utterson [Londres, 1852]. 135 fr.
56. Controverses des sexes masculin et femenin (par Gratien de Pont, sieur de Drusac). S. l. [Toulouse], 1536, 3 tomes en 1 vol. in-16, lettres rondes, fig. sur bois, mar. vert, fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Exemplaire de Crozet et de Chaponay. 210 fr.


61. Marguerites de la Marguerite des princesses, très illustre royne de Navarre. Lyon, Jean de Tournes, 1547, 2 parties en 1 vol. in-8, fig. sur bois, v. m., fil. 180 fr.
69. Œuvres poétiques de Jaques Peletier du Mans, intitulez Louanges. Paris, R. Coulombel, 1581, in-4, v. fauve, fil., tr. dor. (Closs). 132 fr.
71. Délie, object de plus haute vertu (par Maurice Scève). Paris, Nicolas Duchemin, 1564, in-16, mar. rouge, fil., tr. dor. (Niedrée). 125 fr.
75. Œuvres de Loyse Labé Lionnoise, du débat de folie et d’amour. Rouen, Jan Garou, 1556, in-16, mar. r., fil., plats ornés et à petits fers, tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Provient des bibliothèques du marquis de Coislin et de A. Bertin. Le 81efeuillet qui manquait a été refait parfaitement. 230 fr.
81. Œuvres poétiques de Mellin de S.-Gelais. Lyon, Antoine de Harsy, 1574, in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Koehler). Edition originale sous cette date. 120 fr.
87. Les Amours de P. de Ronsard, Vandomois, ensemble le cinquiesme de ses Odes. Paris, veuve Maurice de la Porte, 1552, in-8, musique notée, non relié. Quelques feuillets de la fin ont été remontés. 175 fr.
100. Les Œuvres de P. de Ronsard, gentilhomme Vandomois. Paris, Gabriel Buon, 1567, 6 tomes en 5 vol. in-4, réglé, portrait, mar. vert janséniste, tr. dor. (Duru). On a relié avec le tome IV les sixiesme et septiesme livres des Poèmes de Ronsard, Paris, Jean Dallier, 1569, 2 part. in-4, éditions originales. Exemplaire de Charles Giraud. 1.000 fr. à Ernest Odiot.
101. Les Œuvres de P. de Ronsard, gentilhomme Vandomois, rédigées en six tomes. Paris, 1572-1573, 6 tomes en 5 vol. in-16, portr., mar. br., fil., tr. dor. (Lortic). 155 fr.
119. Les Œuvres françoises de Joachim du Bellay, gentilhomme Angevin. Paris, Abel L’Angelier, 1584, in-12, mar. r., milieu orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Très grand de marges, rempli de témoins. 169 fr.
123. Les Œuvres et Meslanges poétiques d’Estienne Jodelle, sieur du Lymodin. Paris, 1583, in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 230 fr.
129. Les Amours de Jan Antoine de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1572, in-8, dem.-rel., tr. dor. 100 fr.
131. Euvres en rime de Jan Ant. de Baïf. Paris, L. Breyer, 1573, in-8, dem.-rel. Titre doublé. 120 fr.
142. Quadrins historiques (en vers françoys, par Cl. Paradin), revuz et augmentez d’un grand nombre de figures. Lyon, Jean de Tournes, 1555-1556, 2 tomes en 1 vol. in-8, fig. du Petit-Bernard, mar. r., fil. à riches comp., plats à petits fers, tr. dor. (Capé). 525 fr.
145. La Tragédie d’Agamemnon, avec deux livres de chants de philosophie et d’amour, par Charles Toutain. Paris, Martin le Jeune, 1557, in-4, mar. rouge, fil., tr. dor. (Anc. rel.). Ex. de Favart. 355 fr.
146. Les Odes d’Olivier de Magny, de Cahors en Quercy. Paris, André Wechel, 1559, in-8, réglé, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 755 fr.


147. Elegies de Jan Doublet, Dieppoys. Paris, Charles Langelier, 1559, in-4, réglé, mar. rouge, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). De la collection d’Auffay. Raccommodage au titre. 805 fr.
148. Le Premier Livre des Odes de Charles de Rouillon. Anvers, Christophe Plantin, 1560, in-8, v. fauve, fil., tr. dor. Ex. de Viollet-le-Duc. 250 fr.
151. Orphéide. Œuvre excellent et singulier, contenant plusieurs chantz royaux, ballades, notables inventions et matières d’honneur et vertu. Autheur frère Adrien du Hecquet, de l’ordre des Carmes du couvent d’Arras. Anvers, Amé Tavernier, s. d. [1562], in-8, portr., v. br., fil., tr. dor. 111 fr.
152. Les Chastes Amours, ensemble les Chansons d’amour de N. Renaud, gentilhomme Provençal. Paris, Thomas Brumen, 1567, pet. in-4, réglé, portr. gravés sur bois, mar. r., fil. à comp., tr. dor. (Koehler). Ex. de Charles Nodier, avec la signature de Jamet, de Lunéville, au titre. 425 fr.
165. Œuvres poétiques de Jean et Jacques de la Taille. Paris, Fédéric Morel, 1572-1574, in-8, 5 parties en 1 vol., mar. br., fil., milieux ornés, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 480 fr.
180. Les Poèmes de Pierre de Brach, Bourdelois, divisés en trois livres. Bordeaux, Simon Millanges, 1576, in-4, mar. r., compart., fil., tr. dor. 180 fr.
189. Les Œuvres et Meslanges poétiques de Pierre Le Loyer Angevin, ensemble la comédie Nephelococugie ou la nuée des cocus non moins docte que facétieuse. Paris, J. Poupy, 1579, in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Derome). Titre doublé. Ex. de Chaponay. 300 fr.
190. Les Œuvres de Claude de Pontoux, gentilhomme Chalonnois, docteur en médecine. Lyon, Benoît Rigaud, 1579, in-16, mar. bleu, fil., tr. dor. (Capé). 200 fr.
194. Les Œuvres poétiques de Jaques de Courtin de Cissé, gentilhomme Percheron. Paris, Gilles Beys, 1591, in-12, mar. cit., fil., tr. dor.(Trautz-Bauzonnet). Suivi des Hymnes de Synèse Cirénéan, traduits par le même. Paris, 1591. Ex. du comte Alfred d’Auffay. 240 fr.
195. Les Premières Œuvres poétiques de madamoiselle Marie de Romieu Vivaroise. Paris, Lucas Breyer, 1581, in-12, mar. r., fil., tr. dor. (Niedrée). 190 fr.


204. Les Œuvres poétiques de Pierre de Cornu, Dauphinois. Lyon, J. Huguetan, 1583, in-8, mar. r., fil. à comp., doublé de mar. bl., dent. int., tr. dor. (Bruyère). Ex. de Chaponay. Très lavé et reliure médiocre. 400 fr.
211. Les Premières Œuvres poétiques de Flaminio de Birague. Paris, Th. Périer, 1585, in-12, portr., mar. r., fil., tr. dor. (Anc. rel.). 160 fr.
222. Trois centuries de sonnets, par François Perrin, Autunois. Paris, Guillaume Chaudière, 1588, in-8, mar. bleu, fil., tr. dor. (Koehler). Ex. de Nodier, avec son « Ex Musaeo », puis de Chaponay. 250 fr.
244. Les Essais poétiques de Guill. Du Peyrat, gentilhomme Lyonnois. Tours, Jamet Mettayer, 1593, in-12, mar. bl., fil., tr. dor. (Koehler). Titre raccommodé. Ex. de Nodier et de Chaponay. 245 fr.
259. Les Premières Œuvres poétiques du capitaine Lasphrise à César Monsieur. Paris, J. Gesselin, 1597, in-12, portr., bas. Les 2 feuillets d’errata manquent. 102 fr.
262. Les Premières Œuvres poétiques de Jehan Grisel, Rouennois. Rouen, R. du Petit-Val, 1599, in-12, v. fauv., fil., tr. dor. (Thouvenin). 185 fr.
305. Les Marguerites poétiques […], par Esprit Aubert. Lyon, 1613, in-4, titre gravé par L. Gaultier, mar. r. à comp., dos de mosaïque, dent. int., tr. dor. (Lortic). 180 fr.
324. Les Poèmes divers du sieur Annibal de Lortigue, Provençal. Paris, J. Gesselin, 1617, in-12, mar. vert, fil., tr. dor. (Petit). Ex. de Châteaugiron. 142 fr.
358. Les Tragiques ci-devant donnez au public par le larcin de Prométhée et depuis avouez et enrichis par le Sr d’Aubigné. S. l. [de l’imprimerie particulière de d’Aubigné, dirigée par J. Moussat], s. d. [v. 1630], in-8, v. fauve (Anc. rel.).150 fr.


405. La Muse chrestienne du sieur Adrian de Rocquigny. S. l., 1634, 2 part. en 1 vol. in-4, portr., mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. d’Auffay. 165 fr.
408. Les Nouveaux Satires et Excersices de ce temps, […], par R. Angot, Sr de l’Eperonnière. Rouen, Michel l’Allemant, 1637, in-12, réglé, mar. r., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. d’Auffay. Très raccommodé. 270 fr.
415. Les Œuvres chrestiennes du sieur Jean Gaston. Orthez, Jacques Rouyer, et Rouen, Jacques Cailloüé, 1639, in-8, v. m. 100 fr. pour le Docteur Payen.
621. La Ligue, ou Henry le Grand, poème épique, par Voltaire. Genève, J. Mokpap [Rouen, Viret], 1723, in-8, mar. vert, fil., tr. dor. (Duru). Edition originale de la Henriade. 260 fr.
630. La Tragédie d’Euripide nommée Hecuba, traduicte de grec en rythme françoise. Paris, Robert Estienne, 1544, in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Capé). 150 fr.


La deuxième partie de la bibliothèque de Turquety fut vendue en 6 vacations, du lundi 20 au samedi 25 juin 1870, à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 1, à 19 h. 30 : Catalogue des livres rares et curieux, en tous genres […], composant la deuxième partie de la bibliothèque de feu M. Edouard Turquety, chevalier de la Légion d’honneur (Paris, A. Claudin, 1870, in-8, [4]-96 p., 1.068 lots, absence de n° 877 et présence d’un n° 103 bis). Théologie [74 lots = 6,92 %], Jurisprudence [10 lots = 0,93 %], Sciences et Arts [95 lots = 8,89 %], Belles-Lettres [698 lots = 65,35 %], Histoire [191 lots = 17,88 %].

« Une partie de la bibliothèque d’Edouard Turquety a déjà été dispersée au feu des enchères.
Cette portion consistait en une très-remarquable collection d’anciens poètes français.
La deuxième partie que nous présentons aux hasards de la vente publique, comprend des livres de tous genres presque tous écrits en prose, si l’on en excepte une partie du théâtre et les poètes de ce siècle. C’est pour ainsi dire la bibliothèque de travail du poète.
Sans être riche en raretés bibliographiques de premier ordre comme la première vente, ce deuxième catalogue mérite d’être lu attentivement. On y trouvera bon nombre de livres curieux et intéressants à divers titres, et les véritables bibliophiles trouveront certainement à glaner, chacun dans leur spécialité. Nous leur laisserons le plaisir de découvrir eux-mêmes ce qui pourrait les tenter ; aussi n’avons-nous indiqué que très-sommairement quelques-uns des principaux articles.
Nous avions commencé nous-même la rédaction de ce catalogue, auquel nous avions voulu conserver quelques-unes des notes écrites par Ed. Turquety. Diverses circonstances et de nombreuses occupations ne nous ont pas donné le loisir de continuer par nous-même ce travail. Nous avons dû laisser à d’autres mains le soin de terminer le catalogue et de le classer. On voudra bien en conséquence nous pardonner les erreurs de rédaction et de classement qui ne sont pas de notre fait, et de regrettables omissions qu’il ne nous était plus possible de rétablir sur les épreuves.
Un de nos confrères, avait procédé conjointement avec nous à la première vente d’Edouard Turquety. Aujourd’hui, après quarante années d’exercice, M. Potier se retire des affaires. Nous restons seul chargé de cette deuxième vente ; nous ferons notre possible pour nous acquitter au mieux de cette tâche que nous eût rendue plus facile le concours des lumières et de l’expérience de notre excellent et très-honorable confrère. » (p. [3-4])

On y remarque :

12. Exercitia D. Joannis Thauleri piissimi super vita et passione Salvatoris nostri Jesu Christi in gratiam sitientium salutem ex idiomate Germanico in latinum versa per F. Laurentium Surium Carthusianum. Lyon, G. Rouille, 1572, in-16, réglé, mar. rouge, fil. à riches compartiments, plats et dos richement dorés à la fanfare, tr. dor. (Armoiries). Rel. du XVIesiècle avec feuillage et entrelacs, attribuable à Clovis Eve.
21. Quæstiones theologicæ et philosophicae Cæsarii, S. Gregorii Nazianzeni fratris, gr. et lat. August. Vindel, 1626, pet. in-4, front. gr., v. fauve (Aux armes de De Thou).
28. Quatre livres de l’Imitation de Jésus-Christ, par Thomas à Kempis, chanoine régulier, traduits en françois du latin, pris sur le manuscrit original de l’auteur de l’an 1441, avec la vie du mesme autheur, recueillie par Héribert de Rosweyde, de la compagnie de Jésus. Paris, Claude Grould, 1657, in-32, réglé, mar. rouge, plats à compart., dorures à petits fers, tranche dorée et ciselée en mosaïque, coins et fermoirs en or massif, ouvrage émaillé. Aurait appartenu à la duchesse de La Vallière.
100. Filosofia naturale de M. Allessandro Piccolomini. Venise, Giorgio de Cavalli, 1565, in-8, v. fauve, pl., compart., plats et dos richement dorés, tr. dor. Rel. française du seizième siècle.
103 bis. L. Annei Senecæ Romani senatoris ac philosophi clarissimi libri duo de Clementia ad Neronem Cesarem, Joannis Calvini Noviodunæi commentariis illustrati. Paris, apud Ludovicum Cyaneum, 1532, pet. in-4. Dérelié.
238. Chants et chansons populaires de la France. Paris, Delloye, 1843-44, 3 vol. gr. in-8, fig. et musique, br., non rog.
675. Paul et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre. Paris, Curmer, 1836, gr. in-8, fig., br., n. r.
918. Nouvelle collection de Mémoires pour servir à l’histoire de France, depuis le XIIIesiècle jusqu’à la fin du XVIIIe, par Michaud et Poujoulat. Paris, 1835-39, 33 vol. gr. in-8, br.
989. John Smith Oppidum Batavorum, seu Noviomagum lib. singularis. Amstel., typ. Blaeu, 1645, pet. in-4, fig., mar. rouge, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du prince Eugène de Savoie.
1.031. Manuel du libraire et de l’amateur de livres, par Jacq.-Charles Brunet. Paris, Didot, 1860-65, 6 vol. en 12 tomes in-8, br.








Bibliothèque de Barante

Pierre-François Ladvocat (1791-1854), « le Magnifique »

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Caudebec-en-Caux : Grande Rue et église Notre-Dame

Fils aîné de Pierre-François-Barbe Ladvocat, conducteur des Ponts-et-Chaussées, et de Marie-Françoise-Victoire Récusson, mariés à Caudebec-en-Caux [Seine-Maritime] le samedi 27 novembre 1790, Pierre-François Ladvocat est né le 29 août 1791, à Caudebec, dans une maison à colombages de la Grande Rue ; 

Arbre généalogique simplifié

il fut baptisé le lendemain sur les fonts baptismaux du XVIIe siècle, en bois sculpté et de forme octogonale, de l'église Notre-Dame, « la plus belle chapelle de mon royaume », avait dit Henri IV.
Il aurait reçu une formation d'« ingénieur-architecte » et arriva à Paris vers 1813. Il y devint le collaborateur et le compagnon de Constance-Sophie Aubé, née le 28 avril 1782 à Vernon [Eure], fille de Jacques-Philippe Aubé, marchand drapier, et de Geneviève Mollier. Divorcée de Jacques-Nicolas-Charles Courtois, qu'elle avait épousé, à Paris, le 20 frimaire An VII [10 décembre 1798], Constance-Sophie Aubé était propriétaire d'un « Cabinet littéraire », au Palais-Royal [Ier], alors centre de l'agitation littéraire et bibliographique, qui occupait le n° 205 de la première galerie de bois, et habitait un appartement au 25 rue de Chartres [disparue lors de l'aménagement du Louvre, Ier].

Galeries de bois au Palais-Royal en 1828 (extérieur)

Àcette époque, quand on voulait se procurer une nouveauté littéraire, il fallait aller la chercher au Palais-Royal, « capitale de Paris », où se trouvaient les célèbres librairies de Ladvocat, de Delaunay, de Barba, et le cabinet de lecture, alors fort en vogue, de la « Tente », fondé en 1815 par le capitaine Gautier.
Le Palais-Royal a été élevé en 1636 par le cardinal Richelieu, sous le nom de « Palais-Cardinal ». Après la mort de Richelieu, le palais prit le nom de « Palais-Royal » quand Anne d'Autriche et Louis XIV enfant s'y installèrent en 1643. Le palais fut réédifié par le duc de Chartres – duc d'Orléans à la mort de son père en 1785 et « Philippe Égalité » en 1792 -, après les incendies de 1763 et de 1781 : il fit élever les trois galeries qui entourent le jardin à l'ouest, au nord et à l'est, afin d'y aménager des boutiques, et les deux salles de spectacles, qui sont aujourd'hui la Comédie-Française et le théâtre du Palais-Royal ; en 1786, il fit compléter la clôture de la face sud du jardin par des galeries provisoires en bois, d'abord appelées le « Camp des Tartares », rendez-vous des mauvais sujets :

Galeries de bois au Palais-Royal en 1820 (intérieur)

« Des draperies grossières ornaient les portiques de ces promenoirs bordés de boutiques qui étaient séparées seulement par des vitrages. Les marchandises n'y étaient pas toujours à l'abri de la pluie. […] C'était un endroit scandaleux, mais pittoresque, et une foire perpétuelle. Rien de plus varié, rien de plus pêle-mêle et de plus fouillis que les étalages des baraques. On y trouvait réunis les objets les plus disparates, les plus communs et les plus étranges : des chapeaux, des pompons, des plumes, des livres, des chiffons, des estampes, des joujoux, des brochures, des gilets, des bonnets de femme, des soieries, des dorures, des bijoux, des cannes, des pipes, des fleurets, des friperies, du papier, des portefeuilles, des saucissons, de la lingerie, des fruits, des faïences, des bouquets, des marrons, des dragées, des lorgnettes, du pain d'épice, des têtes à perruque, des colifichets à la mode, de la pommade, des rubans, des robes, de la gaze, des fleurs, des nouveautés et des vieilleries. […]
A la nuit tout se mêle et tout s'anime. C'est entre cinq et six heures que de tous côtés, des alentours comme du Palais-Royal même, arrivent les sirènes. Elles s'immiscent parmi les promeneurs, les incitent par des œillades et des sourires. […] Après minuit elles sont maîtresses de leur personne. »
(B. Saint-Marc et le marquis de Bourbonne. Les Chroniques du Palais-Royal. Paris, L. Baillière et H. Messager, s. d. [1860], p. 204-208)
Les marchandes de modes régnaient dans la « galerie vitrée », dite « Camp des Barbares », située au bout des galeries de bois, construite en 1792, entre le Théâtre-Français et l'aile des arcades qui séparait la rue de Montpensier du jardin du Palais-Royal. Après l'exécution de Philippe Égalité en 1793, le palais fut vendu à l'encan. De 1801 à 1807, il fut occupé par le Tribunat, resta ensuite vide jusqu'en 1814 et fut enfin restauré par la famille d'Orléans.
Le 31 octobre 1827, le feu éclata dans la galerie vitrée, vers 4 heures du matin. Plusieurs boutiques furent entièrement brûlées, dont la librairie de Casimir-Nicolas Lécrivain. Échappée aux flammes par la rapidité des secours, la librairie Barba fut endommagée par l'eau : tous les livres furent plus ou moins avariés, mais rien ne fut entièrement détruit.

Galerie d'Orléans
In L'Illustration, 7 février 1846

Les galeries de bois n'ont fait place que sous Louis-Philippe, duc d'Orléans - futur Louis-Philippe Ier -, à la galerie neuve, dite « galerie d'Orléans », passage vitré construit à moitié en 1828 et achevé en 1829.

Dès 1816, bien que n'étant pas encore mariés, Pierre-François Ladvocat et Constance-Sophie Aubé éditèrent des pièces de théâtre, sous les patronymes respectifs de Monsieur Ladvocat et de Madame Ladvocat, avec Mademoiselle Adélaïde-Julie Huet, 7 rue de Richelieu [Ier], qui ne sera brevetée que le 28 juillet 1820. Leur imprimeur fut Étienne-Joachim Doublet, 7 rue Gît-le-Coeur [VIe], breveté depuis le 1eravril 1811 : 


Trois pour une, ou les Absens n'ont pas toujours tort. Comédie-vaudeville, en un acte, par MM. Désaugiers et Barrière (« M. Ladvocat », 1816, in-8) ; 


Les Deux Maris, opéra-comique en un acte. Paroles de M. Étienne, musique de M. Nicolo(« Mad. l'Advocat », mars 1816, in-8) ; Fortunatus, féérie vaudeville en deux actes ; par MM. du Mersan et Brazier(« Mad. L'Advocat », avril 1816, in-8) ; Le Bateau à vapeur, comédie en un acte, mêlée de couplets, par M. Henri-Simon (« Mad. L'Advocat », mai 1816, in-8).

Le « Cabinet littéraire » déménagea à la fin de l'année 1816, au n° 197, côté de la cour. Madame Ladvocat édita : 


avec Aaron Martinet, 15 rue du Coq [rue de Marengo, Ier], breveté depuis le 1eroctobre 1812, Le Comte Ory, anecdote du XIesiècle, vaudeville en un acte, par MM. Eugène Scribe et Delestre-Poirson(1816, in-8), imprimé par Hugues-Marie Feugueray, 4 rue du Cloître-Saint-Benoît [Ve, disparue en 1855], breveté depuis le 1eravril 1811 ; avec Jean-Nicolas Barba, derrière le Théâtre-Français, breveté depuis le 1eroctobre 1812, La Petite Coquette, comédie-vaudeville en un acte ;par MM. Désaugiers et Gentil (1817, in-8), imprimé par Pierre-Nicolas-Firmin Didot
« Jeune », 13 rue des Maçons-Sorbonne [rue Champollion, Ve], breveté depuis le 1eravril 1811 ; avec Martinet et Barba, Encore un Pourceaugnac, folie-vaudeville en un acte, de MM. Eugène Scribe et Delestre-Poirson(1817, in-8), imprimé par Feugueray.

Le 7 mars 1817, Ladvocat épousa Constance-Sophie Aubé. L'année 1817 se termina avec des éditions de Madame Ladvocat, imprimées par François Hocquet, 4 rue du Faubourg Montmartre [IXe], breveté depuis le 1eravril 1811 : Le Solliciteur, ou l'Art d'obtenir des places, comédie en un acte, mêlée de couplets, par MM. Eugène S..... et M***(1817, 3eéd., in-8) ; Le Petit Dragon, comédie en deux actes, mêlée de vaudevilles, par MM. Eugène Scribe, Delestre-Poirson et Mélesville (1817, in-8) ; L'Homme gris, comédie en trois actes et en prose, par MM. d'Aubigny et Poujol(1817, in-8) ; Les Comices d'Athènes ou les Femmes orateurs, comédie vaudeville en un acte, traduit du grec (d'Aristophane) ; par MM. Eugène Scribe et ***(1817, in-8) ; 

Naufrage de la frégate La Méduse : frontispice

avec Hocquet, Eymery, 30 rue Mazarine [VIe], Barba et Delaunay, au Palais-Royal, Naufrage de la frégate La Méduse, faisant partie de l'expédition du Sénégal, en 1816 […]. Par J. B. Henri Savigny, ex-chirurgien de la marine, et Alexandre Corréard, ingénieur-géographe(1817, in-8).

Les véritables débuts d'éditeur de Ladvocat commencèrent en 1818. La devanture de sa petite boutique, qui ne comptait que quelques rayons, un modeste comptoir et deux ou trois sièges, présentait des couvertures voyantes qui attiraient l'œil. Il lança ses publications au moyen de prospectus et d'affiches apposées partout, non seulement sur sa boutique, mais aussi sur les murs de Paris, et bénéficia souvent de souscriptions royales.


Avec Pierre-Henry Raymond, « éditeur du Dictionnaire le plus portatif de la langue française », 4 rue de la Bibliothèque [Ier,supprimée en 1854], qui était breveté libraire depuis le 1er octobre 1812, il publia Les Fastes de la gloire, ou les Braves recommandés à la postérité ; monument élevé aux défenseurs de la patrie, par une société d'hommes de lettres et de militaires (1818-1822, 5 vol. in-8), sous la direction du linguiste Pierre-François Tissot, imprimés par Pierre-Nicolas Rougeron, 22 rue de l'Hirondelle [VIe], breveté depuis le 1eravril 1811 ; le prix de chaque volume était fixé à 6 fr. pour les souscripteurs, 7 fr. 50 c. pour les non-souscripteurs. Ladvocat prit alors souvent, jusqu'en 1820, le titre d'« Éditeur des Fastes de la gloire ».
Suivirent les éditions de : Une visite à Bedlam, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, par MM. Eug. Scribe et Delestre-Poirson (1818, in-8), imprimée par Hocquet ; avec l'imprimeur-libraire Julien-Léonard Chanson, 10 rue des Grands-Augustins [VIe], breveté depuis le 1eravril 1811, qui imprima Mes visites au musée royal du Luxembourg, ou Coup-d'œil critique de la galerie des peintres vivans [sic], par M. Gustave J** (juin 1818, in-8) ; avec Barba, Palais-Royal, Les Orphelins, comédie en un acte et en vers ; par M. Hennet-Duvigneux (1818, in-8), imprimés par Chanson ; avec Nicolle, rue de Seine [VIe], et Béchet, 3 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe], Lettres à Jennie, sur Montmorency, L'Hermitage, Andilly, Saint-Leu, Chantilly, Ermenonville, et les environs […]. Par M. F. L*** (juillet 1818, in-8), imprimées par Charles-Frobert Patris, 4 rue de la Colombe [IVe], quai de la Cité, breveté depuis le 1eravril 1811 ; L'École du village, ou l'Enseignement mutuel, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, par MM. Brazier, Dumersan et Delestre-Poirson (1818, in-8), imprimée par Hocquet ; L'Ultra, ou la Manie des ténèbres, comédie en un acte et en vers (1818, in-8), dont la représentation n'avait pas été autorisée par le Ministre de la Police, imprimée par Hocquet ; avec Eymery, Mémoires de M. Clémandot, en réponse à ceux de Mme Manson (1818, in-8), imprimés par Marie-Jean-Christophe Lebègue, 14 rue des Rats [rue de l'Hôtel Colbert, Ve], près la place Maubert, breveté depuis le 1eravril 1811 ; Journée de Mont Saint-Jean, par Paul (1818, in-8), imprimée par Joseph-Raymond Plassan, 15 rue de Vaugirard [VIe], breveté depuis le 1eravril 1811.



Emploi de ma demi-solde, ou Budget d'un sous-lieutenant en expectative. Par un officier du 3e bataillon de la légion du c..... (1818, in-8), imprimé par Plassan, et les Trois Messéniennes. Élégies sur les malheurs de la France (1818, in-8), par le poète Casimir Delavigne, imprimées par Charles Baudouin « fils », 36 rue de Vaugirard [VIe], breveté depuis le 16 février 1816, se vendirent en peu de temps à plusieurs milliers exemplaires et furent la première source de la fortune de Ladvocat.

Avec l'année 1818 cessa l'activité éditoriale de Madame Ladvocat.
Elle fit imprimer par Hocquet : Le Solliciteur, ou l'Art d'obtenir des places, comédie en un acte, mêlée de couplets, par MM. Eugène S..... et M***(1818, 4eéd., in-8) ; L'Homme gris, comédie en trois actes et en prose, par MM. d'Aubigny et Poujol (1818, 3eéd., in-8) ; L'Esprit de parti, comédie en trois actes et en vers, par MM. Bert et O. Le Roy (1818, in-8) ; L'Homme vert, comédie en un acte, mêlée de couplets, par MM. Delestre-Poirson et Mélesville (1818, in-8) ; avec Eymery, Delaunay, et Treutell et Wutz [i.e. Wurtz], Londres et Strasbourg, Naufrage de la frégate La Méduse, faisant partie de l'expédition du Sénégal en 1816[…]. Par Alexandre Corréard, ingénieur-géographe, et J. B. Henri Savigny, ex-chirurgien de la marine (1818, 2eéd., in-8).
Elle édita avec Barba, L'An 1840, ou Qui vivra verra, comédie épisodique, de MM. Delestre-Poirson, Brazier et Mélesville (1818, in-8), imprimée par Jules-Louis-Melchior Porthmann, 43 rue Sainte-Anne [Ier], breveté depuis le 1eravril 1811 ; Le Tournoi, ou une journée du vieux tems [sic], vaudeville à spectacle, en un acte, de M. Mélesville (1818, in-8, [« n° 19 » i.e. n°197]), imprimé par François Nicolas-Vaucluse, 59 rue de Grenelle-St-Honoré [partie sud de la rue Jean-Jacques Rousseau, Ier], breveté depuis le 1eravril 1811.

La petite boutique ne devenait plus qu'un souvenir. Dès la fin de l'année 1818, la librairie de Ladvocat occupa également le n° 198 de la première galerie de bois du Palais-Royal, d'où la coexistence momentanée d'éditions datées 1818 à l'adresse des numéros 197-198, avec des éditions datées 1819 à l'adresse du n° 197 : 


Le Tour de faveur, comédie en un acte, en vers (1818, in-8), imprimée par Plassan ; avec l'Éditeur et propriétaire des Œuvres de Mme de Genlis, 26 rue Neuve-des-Petits-Champs [rue des Petits Champs, IIe], près celle Sainte-Anne, Les Parvenus, ou les Aventures de Julien Delmours, écrites par lui-même ; par MMEla comtesse de Genlis (1819, 2 vol. in-8) et Pétrarque et Laure, par M.ME la comtesse de Genlis (1819, in-8), imprimées par James Smith, 16 rue de Montmorency [IIIe], breveté depuis le 24 mars 1813.
Un contemporain – Édouard Thierry (1813-1894) - a rapporté qu'une figure dorée du dieu Mars servait alors d'enseigne à la librairie.
Les années 1819 et 1820 virent des éditions imprimées par Armand-Louis-Jean Fain, place de l'Odéon et 4 rue Racine [VIe], breveté depuis le 1eravril 1811 : 


Jeanne d'Arc à Rouen, tragédie en cinq actes, en vers. Par M. C. J. L.-d'Avrigni (1819, in-8) ; Proverbes dramatiques, par Étienne Gosse (1819, 2 vol. in-8) ; Thérèse Aubert, par l'auteur de Jean Sbogar (1819, in-8) ; avec Barba, Les Vêpres siciliennes, tragédie en cinq actes, […], par M. Casimir Delavigne (1819, in-8) ; avec Lacretelle aîné et Cie, 21 rue Dauphine [VIe], Réflexions sur l'art de la comédie. Par M. Alexandre Duval (1820, in-8) ; avec Barba, Le Marquis de Pomenars, comédie en un acte et en prose ; par MME. Sophie Gay (1820, in-8) ; Le Folliculaire, comédie en cinq actes et en vers, par M. de La Ville de Mirmont (1820, in-8) ; De l'esprit public, ou de la toute-puissance de l'opinion. Par le baron Guérard de Rouilly (1820, in-8) ; Œuvres complètes de lord Byron, traduites de l'anglais par A. E. de Chastopalli (1820, 2e éd., 3 vol. in-8) ; avec Barba, Clovis, tragédie en cinq actes ; par M. Viennet (1820, in-8) ; 



Du gouvernement de la France depuis la Restauration, et du ministère actuel ; par F. Guizot(1820, in-8).
D'autres furent imprimées par Rougeron : De la liberté religieuse, par Mr. A. V. Benoît (1819, in-8) ; Trois Messéniennes. Élégies sur les malheurs de la France. Deuxième édition,augmentée de deux élégies sur la vie et la mort de Jeanne d'Arc. Par M. Casimir Delavigne (1819, in-8) ; Le Champ-d'Asile, tableau topographique et historique du Texas […]. Par L. F. LH.....(de l'Ain) (1819, in-8).
Le Ministériel, ou la Manie des dîners, comédie en un acte et en vers (1819, in-8), fut imprimée par Hocquet ; l'édition, avec Barba, de Marie Stuart, tragédie en cinq actes, par M. Pierre Lebrun(1820, in-8), fut imprimée par Firmin Didot, 24 rue Jacob [VIe], breveté depuis le 1eravril 1811.


L'édition, avec Henri Nicolle et Charles Gosselin, 12 rue de Seine [VIe], des Œuvres complètes de Walter-Scott (1820-1832, 165 vol. in-12), traduites de l'anglais par divers traducteurs et imprimée par divers typographes, était alors la seule collection complète en français de cet écrivain.


En 1820, la librairie, qui avait pris le nom de « Librairie française de Ladvocat » en automne, s'installa, au mois de décembre, au n° 195, toujours du côté de la cour :

« Ce Ladvocat, bavard, confiant, jeune encore et assez fashionable [élégant], est un charlatan qui a des premiers découvert et exploité grandement les ressources de l'annonce et de la réclame. Il allait au café avec les journalistes et il était bon pour lancer un pamphlet. Mais c'était un fripon qui n'avait pas le sou et il m'a avoué depuis que, lorsque j'étais entré dans sa boutique pour lui proposer le manuscrit de Guizot [Du gouvernement de la France depuis la Restauration], il ne savait pas où donner de la tête, à ce point qu'il avait été obligé de mettre en gage un shall [châle] de sa femme pour trouver crédit avec un peu d'argent comptant chez l'imprimeur. » (Charles de Rémusat. Mémoires de ma vie. Paris, Plon, 1958, t. I, p. 456-457)

En effet, jamais éditeur ne comprit, mieux que Ladvocat, l'influence du journalisme à cette époque : il traitait les journalistes princièrement, et la publicité lui coûtait fort cher ; tous les rédacteurs qui travaillaient à un journal recevaient un exemplaire de chacune de ses publications nouvelles.
Chaque matin, le premier soin de Ladvocat était de lire les journaux. Il donnait dans la matinée quelques heures aux soins de sa librairie et le reste du temps était tout aux journalistes. 

Au Rocher de Cancale

Il partait vers 13 h. et ne rentrait chez lui que vers 2 h. du matin, après avoir dîné au restaurant « Au Rocher de Cancale », rue Montorgueil [IIe], ou à celui du « Café de Paris » [IIe].

De même, jamais éditeur n'a, mieux que Ladvocat, honoré les auteurs : ne cherchant que la renommée et le succès, il les payait convenablement et les défendait contre la critique.

Tandis qu'un grand nombre de libraires, qui n'étaient pas brevetés, s'étaient mis en règle, Ladvocat était le seul qui ne l'était pas, mais ses activités éditoriales ne faiblissaient pas.
Il fit imprimer par Fain : 


Frontispice, t. I

Œuvres dramatiques de F. Schiller, traduites de l'allemand (1821, 6 vol. in-8) ; 


Frontispice, t. I

Œuvres complètes de Shakspeare [sic], traduites de l'anglais par Letourneur (1821, 13 vol. in-8) ; Mémoires de l'abbé Morellet, de l'Académie française, sur le dix-huitième siècle et sur la Révolution (1821, 2 vol. in-8, portr.) ; 


éditée avec Barba, Le Présent du prince, ou l'Autre Fille d'honneur. Comédie en trois actes et en prose […]. Par MM. de Comberousse et B. d'Aubigny (1821, in-8, [« galerie de bois, N.° 16. »]) ; Des conspirations et de la justice politique, par F. Guizot (1821, in-8) ; Des communes et de l'aristocratie, par M. de Barante (1821, in-8) ; Du gouvernement de la France depuis la Restauration, et du ministère actuel, par F. Guizot (1821, in-8, 4eéd.).
Éditée avec Barba, L'Amour et le Procès, comédie en un acte et en vers, par M. Gaugiran Nanteuil (1820, in-8), fut imprimée par Hocquet. Édité avec Marie-Françoise Goullet, au Palais-Royal, galeries de bois, du côté du jardin, n° 259, brevetée depuis le 1er octobre 1812, et Favério, à Lyon, Examen critique du judaïsme et du mahométisme […] ; par P. Feuillade (1821, in-8), fut imprimé par Feugueray. Éditée avec Théophile-Étienne Gide « fils », 20 rue Saint-Marc [IIe], breveté depuis le 1er octobre 1812, Bertram, ou le château de S.T-Aldobrand, tragédie en cinq actes. Traduite librement de l'anglois […], par MM. Taylor et Nodier (1821, in-8), fut imprimée par Smith. Éditée avec Barba, La Femme du sous-préfet, ou le Charlatan, comédie en un acte, en prose, mêlée de couplets, par MM. Moreau et Sewrin (1821, in-8), fut imprimée par Jean-Baptiste Constant-Chantpie, 20 rue Sainte-Anne [Ier], breveté depuis peu, le 28 décembre 1820. Des moyens de gouvernement et d'opposition dans l'état actuel de la France, par F. Guizot (octobre 1821), furent imprimés par Joseph-Denis David, 14 rue du Pot-de-Fer [Ve], breveté récemment, le 26 juillet 1821.

Mais le 28 septembre 1821, alors qu'il avait enfin demandé son brevet le 20 septembre, Ladvocat fut condamné à 500 francs d'amende, et à cesser d'exercer sa profession, comme ayant contrevenu à l'article 11 de la loi du 21 octobre 1814, portant que nul ne sera imprimeur ni libraire, s'il n'est breveté par le Roi et assermenté ; le 21 novembre 1821, le tribunal réduisit l'amende à 100 francs. Ladvocat reçut enfin son brevet le 13 décembre 1821.

Dès 1822, Achille Devéria (1800-1857) vit paraître ses vignettes, gravées par divers burins, chez Ladvocat. Celui-ci entreprit diverses publications, imprimées par Firmin Didot : De la littérature française pendant le dix-huitième siècle, par M. de Barante(1822, 3e éd., in-8) ; Œuvres inédites de Millevoye, dédiées au Roi (1822, in-8) ; 



Frontispice, t. I

Œuvres complètes de Millevoye, dédiées au Roi (1822, 4 vol. in-8, portrait gravé par West d'après Devéria) ; 


Titre gravé, t. I

Frontispice, t. I

Œuvres de lord Byron. […] par A. P....T (1822-1825 [t. I et VI datés 1823, t. II à V datés 1822, t. VII daté 1824, t. VIII daté 1825], 4eédition, 8 vol. in-8, 27 vign.), édition la plus luxueuse qui ait été donnée de la traduction Pichot.
D'autres furent imprimées par Fain : éditée avec Barba, Valérie, comédie en trois actes et en prose, par MM. Scribe et Mélesville(décembre 1822, in-8) ; 


la collection des Chefs-d'œuvre des théâtres étrangers, allemand, anglais, chinois, danois, espagnol, hollandais, indien, italien, polonais, portugais, russe, suédois; traduits en français (1822-1823, 25 vol. in-8).


Du système financier, ou coup-d'œil analytique sur le budget de 1822. Par Guérard de Rouilly (1822, « Galerie de Bois, N° 519 » i.e. 195), fut imprimé par Paul Dupont, Hôtel des Fermes [rue de Grenelle, VIIe], breveté depuis le 25 novembre 1818.
Le Voyage aux colonies orientales […]. Par Augte Billiard(1822, in-8) et L'Écolier,ou Raoul et Victor,par MME. Guizot,née Pauline de Meulan (1822, 4 vol. in-12, 16 grav. non signées), couronné par l'Académie française, furent imprimés par David.
Cosson imprima Rob-Roy, par sir Walter Scott […]. Traduit de l'anglais (1822, 4 vol. in-12), édité avec Charles Gosselin.

En 1823, Ladvocat engagea le jeune Gervais Charpentier (1805-1871) comme commis-voyageur, installa une succursale de sa maison à Bruxelles, au 731 Montagne de la Cour, pour contrecarrer la contrefaçon belge, et édita de nombreux ouvrages, plus ou moins importants, qui lui conservèrent une position exceptionnelle.
Les Œuvres posthumes de Millevoye (1823, 2 vol. in-8), les Œuvres complètes de Millevoye, dédiées au Roi (1823, 4 vol. in-8, portrait et 6 vignettes), 


La Mort de Socrate, poëme, par A. de Lamartine (1823, in-8) et les Messéniennes et poésies diverses, par Casimir Delavigne (1823, in-18, première et non sixième édition comme indiqué au titre, 4 fig. dessinées par Devéria) furent imprimées par Firmin Didot.
La Bibliothèque étrangère d'histoire et de littérature, ancienne et moderne, […] ; par M. Aignan (1823, 3 vol. in-8) fut imprimée par David [t. I-II], qui déménagea au 6 boulevard Poissonnière [IXe], puis par Edme-Eugène Pochard [t. III], 14 rue du Pot-de-Fer, récemment breveté le 29 août 1823, qui imprima ensuite les Mémoires du général Hugo (1823, 3 vol., fig.).
Fain fut l'imprimeur des Mémoires anecdotiques pour servir à l'histoire de la Révolution française ; par Lombard de Langres (1823, 2 vol. in-8), 


Frontispice

de Les Hermites en prison, ou Consolations de Sainte-Pélagie, par E. Jouy, membre de l'Institut, et A. Jay (1823, 2 vol. in-12, portr., 2 grav. et 6 vign.), éditées avec Martin Bossange, Londres, dont la première partie de la 2eédition fut vendue à plus de 1.000 exemplaires dans la seule journée de sa parution le 15 juin 1823, 


et de L'École des vieillards, comédie en cinq actes et en vers ; par M. Casimir Delavigne (1823, in-8), éditée avec Barba et dont les 3.000 exemplaires de la première édition furent épuisés en 24 heures.

La réussite de Ladvocat lui valut, en 1824, le titre de « Libraire de S. A. R. Monseigneur le Duc de Chartres » [Ferdinand-Philippe d'Orléans, fils aîné de Louis-Philippe Ier], titre qui deviendra
« Libraire de S. A. R. le duc d'Orléans » en 1831, puis « Libraire du Prince Royal » en 1838.

Pierre-François Ladvocat
Lithographie de Henri Grévedon (1776-1860),
d'après le tableau d'Eugène Devéria

Eugène Devéria (1808-1865), frère d'Achille Devéria, exposa au Salon de 1824 un « Portrait en pied de M. Ladvocat, libraire », qui tient à la main un volume in-12.

Dans L'Imprimeur sans caractère, ou le Classique et le Romantique, comédie-vaudeville en un acte, par MM. Francis, Dartois et Gabriel (Paris, J.-N. Barba, 1824), le personnage de « Satiné », libraire romantique, est le portrait de Ladvocat : « Satiné est mis dans le dernier genre, chapeau de soie, gilet de poil de chèvre, cravatte à l'anglaise, redingotte à manche de gigot, pantalon à larges plis et bottes à talons ; il porte un lorgnon. » [sic]

« Un jockey l'accompagne dans ses courses ou ses promenades. Les petites affaires ne sont pas pour lui ; partout, on célèbre ses largesses et son audace : il “achète un manuscrit 100 louis dans les journaux, pour l'amour-propre de l'auteur, et 300 francs espèces sonnantes, pour la bourse de l'homme de lettres. Dans sa maison, les tirages commencent toujours par la cinquième édition, et le dixième mille est en vente, quand le premier sommeille encore dans les magasins. Il sait l'art d'attirer l'attention du lecteur par des lignes de points, par des épigraphes étranges, et de réserver au milieu des pages de larges blancs qui donnent une importance aux vers les plus anodins et élèvent une plaquette à la dignité d'un volume. Et quelle variété dans ses entreprises !

J'aurai des traducteurs, des romans à fracas
Et des collections … qui n'en finiront pas !
Nous vendrons de l'Anglais, du Chinois, du Tartare,..

du Français, même, à condition pourtant que ce Français soit habillé à la mode étrangère, car la vogue de W. Scott a déterminé le décor de toutes les fictions romanesques. Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux, c'est-à-dire hors celui qui ne se vend pas: voilà le principe fondamental de son esthétique. »
(Jules Marsan. Notes sur la bataille romantique (1813-1826). In Revue d'Histoire littéraire de la France. Paris, Armand Colin, 1906, t. XIII, p. 599)

Jules Janin raconte qu'après avoir vu la pièce, « il envoya au comédien qui le représentait dans cette comédie à sa louange l'habit, le gilet et le pantalon que lui-même il avait portés ! Gilet à fleurs panachées, habit à boutons d'or, pantalon gris blanc, rayé de bleu, morbleu ! Le chapeau était blanc, la cravate était comme un semis de pois de senteur. Il portait des gants de peau de Suède ; ajoutez le soulier à talon haut et presque rouge que rattache au cou de pied un ruban noir. Apprenez, mon cher Monsieur, disait Ladvocat au comédien, à vous habiller historiquement, lorsque vous représentez un personnage historique !»
(Feuilleton du Journal des débats. In Journal des débats politiques et littéraires, lundi 11 septembre 1854, p. 3)

Au cours de l'année 1824, furent imprimés par Jean-Baptiste Pinard, 8 rue d'Anjou-Dauphine [rue de Nesle, VIe], breveté depuis le 9 avril 1823 : Jane Shore, tragédie en cinq actes, par Nicholas Rowe ; traduite de l'anglais (1824, in-8) ; 


Ourika, par Mme la duchesse de Duras(mars 1824, 2e éd., in-12) ; Poësies et Messéniennes, par M. Casimir Delavigne (1824, 9eéd., in-8) ; 


Frontispice


Nouvelles odes, par Victor-M. Hugo (1824, in-18) ; Messéniennes et poésies nouvelles. Par M. Casimir Delavigne (1824, in-18, fig.) ; avec Barba, Trois Messéniennes nouvelles, par M. Casimir Delavigne (1824, 4eéd., in-8) ; Le Temple de Gnide (1824, in-fol., vign., 140 ex.).
Furent imprimés par Fain : Essai sur l'éducation des femmes, par MME. la comtesse de Rémusat (1824, in-8) ; Les Hermites en liberté, par E. Jouy et A. Jay (1824, 2 vol. in-8, 2 grav. et 18 vign.) ; Œuvres nouvelles de lord Byron, traduites de l'anglais par A. P....T(1824, 10 vol. in-12) ; Mémoires du général Custine sur les guerres de la République (1824, in-8, portr.).
Furent imprimés par Pochard : Mémoires d'Olivier d'Argens […] ; pour servir à l'histoire de la guerre civile de 1793 à 1796 (1824, in-8, portr.) ; Études morales, politiques et littéraires, ou Recherche des vérités par les faits ; par M. Valery (1824, in-8) ; Du commerce de la France. […] ; par M. le comte de Vaublanc(1824, in-8) ; Dictionnaire historique des événemens [sic] remarquables, par Voltaire (1824, in-8).
Furent imprimés par Joseph Tastu, 36 rue de Vaugirard [VIe], breveté depuis le 12 août 1822 : Éveline(1824, in-12) ; 


Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois. 1364-1477 ; par M. de Barante (1824-1826, 13 vol. in-8) ; éditée avec Barba, Messénienne sur lord Byron, par M. Casimir Delavigne (10 août 1824, in-8, « galeries de bois, numéros 195 et 196 »).


Les Chants hellènes […]. Par Alexandre Guiraud (1824, in-8, « galeries de bois, numéros 195 et 196 »), « Vendus pour la délivrance de deux jeunes grecs prisonniers. », furent imprimés par Démophile Huzard-Courcier, 12 rue du Jardinet [VIe], breveté depuis le 14 mars 1820. Éditées avec Delaunay, les Observations sur l'histoire de la révolution helvétique de M. Raoul-Rochette, par Charles Monnard(1824, in-8), furent imprimées par Paul Renouard, 22 rue de L'Hirondelle [VIe], breveté depuis le 23 décembre 1823. De la littérature française, pendant le dix-huitième siècle, par M. de Barante (1824, 4eéd, in-8) fut imprimée par Firmin Didot. Le Bal, poème moderne, suivi de poésies, par Ulric Guttinguer (1824, in-18) fut imprimé par Henri Fournier, 9 rue de Cléry [IIe], breveté récemment le 6 juillet 1824.

Des premières difficultés financières obligèrent Ladvocat à s'associer, le 4 septembre 1824, avec Augustin-Pierre Dufey, de quatre ans son aîné, qui n'était pas encore libraire et qui fut uniquement son bailleur de fonds.
En 1825, Fain fut l'imprimeur des Proverbes et comédies posthumes de Carmontel […], par Madame la comtesse de Genlis (1825, 3 vol. in-8), 


Frontispice

des Mœurs administratives, par M. Ymbert (1825, 2 vol. in-12, 2 grav. et 18 vign.), 


des Mémoires inédits de Madame la comtesse de Genlis, sur le dix-huitième siècle et la Révolution françoise (1825, 10 vol. in-8) et de Édouard, par l'auteur d'Ourika (1825, 2 vol. in-12), première édition tirée à 100 ex., non destinée au commerce, publiée au profit d'un établissement de charité.
Firmin Didot fut l'imprimeur des Élégies et poésies nouvelles, par MME Desbordes Valmore(1825, in-8).
Jules Didot « Aîné », 6 rue du Pont-de-Lodi [VIe], breveté depuis le 6 avril 1822, imprima Le Duc de Guise à Naples ou Mémoires sur les révolutions de ce royaume en 1647 et 1648 (1825, in-8). Claude-Joseph Carpentier-Méricourt, 59 rue de Grenelle-S.-Honoré [partie sud de la rue Jean-Jacques Rousseau, Ier], breveté depuis le 21 mai 1823, imprima Les Antilles françaises, particulièrement la Guadeloupe […], par le colonel Boyer-Peyreleau (1825, 3 vol. in-8).
Fournier fut l'imprimeur de Lascaris, ou les Grecs du quinzième siècle […]. Par M. Villemain (1825, in-8).
Éditées avec Ponthieu, au Palais-Royal, Gabon, rue de l'École-de-Médecine, et Charles Gosselin, rue Saint-Germain-des-Prés, Alexandre Lachevardière « fils », 30 rue du Colombier [rue du Vieux Colombier, VIe], breveté depuis le 9 décembre 1823, imprima les Opinions des médecins d'Édimbourg sur la petite-vérole et la vaccine, publiées par M. Amédée Pichot (1825, in-8). 


Georges-Adrien Crapelet, 9 rue de Vaugirard [VIe], breveté depuis le 1eravril 1811, fut l'imprimeur du Voyage historique et littéraire en Angleterre et en Écosse par M. Amédée Pichot (1825, 3 vol. in-8 et atlas), édité avec Gosselin, et de l'Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois. 1364-1477 ; par M. de Barante (1825-1826, 3e éd., 13 vol. in-8).

« Le libraire Ladvocat ajoute chaque jour au luxe et à l'œilde ses éditions, par le rétrécissement des lignes de chaque page, et par l'amplitude des marges ; de telle sorte que le lecteur est contraint, pour les lire, de faire un mouvement de pouce continuel et fatigant. M. Ladvocat, pour remédier à cet inconvénient vient, dit-on, d'inventer un petit tournefeuille-mécanique à l'usage de ses éditions. » (La Pandore. Journal des spectacles,des lettres, des arts, des mœurs et des modes, mercredi 21 décembre 1825, p. 4)

Ladvocat était devenu un libraire magnifique. Il portait des gants jaunes et un pantalon avec une bande de soie de son invention. On disait qu'il était le libraire le mieux chaussé d'Europe et qu'il était l'homme qui mettait le mieux sa cravate : la cravate « à la Ladvocat » était un heureux assemblage du nœud de la Chateaubriand, de la sévérité de la Talma, de l'originalité de la Byron et des pointes de la Bergami. 


Il possédait un cheval et un cabriolet à ses armes : une ancre accompagnée d'un flambeau et d'un caducée, avec les mots « Aidez moi. »
L'auteur dramatique Jean-François Bayard (1796-1853), dans son Roman à vendre, ou les deux libraires, comédie en trois actes et en vers(Paris, Barba et Brière, 1825, p. 22), le représente sous le nom de « Fortuné » :

« Grâce aux souscriptions, tout va bien ; les auteurs
Rançonnent le libraire, et lui, les souscripteurs.
Voyez : jeune, estimé, ma maison est brillante,
J'ai sur l'esprit courant vingt mille écus de rente,
Je vends tout, j'use tout ; par trente éditions,
J'exploite à mon profit les réputations,
Et pour me composer de séduisans ouvrages,
J'ai mis par un traité vingt savans à mes gages.
Tout Paris vient chez moi ; je plais dans les salons ;
On me trouve à la Bourse, au Gymnase, aux Bouffons ;
Recherché des auteurs, estimé des actrices,
Je fais des marchés d'or jusques dans les coulisses ;
Pour me mettre en crédit j'ai partout un prôneur,
Et dans chaque journal j'engraisse un rédacteur :
On dîne mieux chez moi que chez une Excellence. » [sic]

Fain imprima en 1826 : 


Les Deux Apprentis, par M. Merville (1826, 4 vol. in-12) ; Dictionnaire analytique d'économie politique. Par M. Ganilh (1826, in-8) ; 




éditées avec Dufey, 14 rue des Beaux-Arts [VIe], Œuvres complètes de M. le vicomte de Chateaubriand (1826-1831, 28 tomes en 31 vol. in-8, car il y a des tomes Vbis, Vteret XVIIIbis, titres gravés par C. Thompson), première édition des œuvres complètes qui, achetées 550.000 francs – contrat réduit à 350.000 francs l'année suivante -, eurent un grand succès et valurent à Ladvocat le titre de « Prince des éditeurs » ; 


édités avec Ponthieu et Delaunay, Mémoires historiques et littéraires sur F.-J. Talma, par M. Moreau (1826, in-8, fac-similé) ; Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois. 1364-1477; par M. de Barante (1826, 4eéd., 13 vol. in-8).
Tastu imprima le Mémoire sur la vie et les ouvrages de J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, par L. Aimé Martin (1826, in-8), la Correspondance de J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, […]. Par L. Aimé Martin(1826, 3 vol. in-8) 


et les Odes et ballades, par Victor Hugo (1826, in-18).
Édité avec Barba, 7 cour des Fontaines [Ier], le Théâtre de M. C. Delavigne (1826, 4 vol. in-8, vign.) fut imprimé par Fournier.
Les Messéniennes et poésies diverses, par M. Casimir Delavigne (1826, 13eéd., 2 vol. in-18, fig.) furent imprimées par Pinard.
Balzac, 17 rue des Marais-Saint-Germain [VIe], breveté très récemment le 1er juin 1826, le imprima l'Affaire Tétard. Accusation d'assassinat portée contre Joseph Tétard, ouvrier maçon, défendu par Me Bautier(1826, in-8).

Au cours du premier trimestre de 1827, Ladvocat, sans renoncer à son magasin de la galerie de bois, voulut éblouir le tout Paris et se logea dans le quartier des bouquinistes, dans le somptueux hôtel du 23 quai Malaquais [VIe], à l'angle de la rue des Saints-Pères, hôtel qui a depuis été habité par la tragédienne Rachel (1821-1858).
Depuis, presque tous les livres qu'il publia portèrent « Quai Voltaire et Palais-Royal ». Or, le quai Voltaire [VIIe] finissait alors à la rue des Saints-Pères, qui le séparait du quai Malaquais : mais quai Voltaire, c'était plus littéraire.
Les Préludes poétiques, par M. de Loy, membre de l'Académie provinciale (1827, in-8), furent imprimés par Charles Coque, 3 rue de l'Archevêché, à Lyon.
Pinard imprima les Sept Messéniennes nouvelles, par M. Casimir Delavigne (1827, in-8), 


Portrait de "la Contemporaine"
In 2e édition, 1828, t. VIII

les Mémoires d'une contemporaine (1827, 8 vol. in-8), les Chansons et poésies diverses de M.-A. Désaugiers (1827, 4 vol. in-12), Les Trois Quartiers, comédie en trois actes et en prose, par MM. Picard et Mazères (1827, in-8), édités avec Barba.
Fain imprima les Nouveaux mélanges historiques et littéraires, par M. Villemain (1827, in-8, portr.) et les Mélanges historiques et littéraires, par M. Villemain (1827, 3 vol. in-8, portr.).
Thomas-François Rignoux, 8 rue des Francs-Bourgeois-S.-Michel [partie de la rue Monsieur-le- Prince, VIe], breveté depuis le 14 mars 1820, fut l'imprimeur des Œuvres de J. F. Ducis (1827, 4 vol. in-18, portr.), éditées avec Aimé André, [quai des Grands Augustins, VIe], et de Du rétablissement de la censure par l'ordonnance du 24 juin 1827 ; par M. le vicomte de Chateaubriand (1827, in-8).
Jean-Baptiste-Jules-Marcellin Gaultier-Laguionie, Hôtel des Fermes [rue de Grenelle, VIIe], breveté depuis le 17 avril 1823, imprima l'Opinion de M. le vicomte de Chateaubriand, pair de France, sur le projet de loi relatif à la police de la presse (1827, 2e éd., in-8).
Balzac imprima le Cri d'un vieux soldat à l'ex-garde nationale. Par A. Béraud(1827, in-8), Mélanges historiques et littéraires, par M. Villemain(1827-1828, 3 vol., in-8, portr.), 


Proverbes romantiques, par Romieu(1827, in-8).


Gaspard Doyen, natif de Reims [Marne], 38 rue Saint-Jacques [Ve], breveté depuis le 20 juillet 1824, imprima Poésies diverses de Ch. Nodier (1827, in-8), éditées avec Delangle frères, 19 rue du Battoir-Saint-André-des-Arcs [partie de la rue Serpente, VIe].
L'une des plus importantes opérations de Ladvocat, non au point de vue littéraire, mais sous le rapport des énormes bénéfices qu'il en retira, fut la fabrication et la publication des fameux Mémoires d'une contemporaine, par une courtisane hollandaise, Maria-Elselina Versfelt (1776-1845), dite « Ida Saint-Elme », au prix de 7 francs le volume, et qui eurent en moins de deux ans quatre éditions :

« M. Ladvocat avec une délicatesse qui, n'en déplaise aux commerçans [sic], tenait bien plus de la politesse de la bonne compagnie, que de la haute prudence des chiffres, M. Ladvocat n'ayant que peu de cahiers et nulle autre garantie que ma bonne volonté à lui livrer au fur et à mesure mon manuscrit complet, me remit cinq cents francs en or, et deux billets de la même somme. La confiance qu'on témoigne aux autres est un sûr moyen d'en inspirer, et j'avoue que la mienne pour M. Ladvocat allait jusqu'à la reconnaissance. » (t. VIII, p. 409)

Ladvocat installa chez lui son ami Pierre-Armand Malitourne (1796-1866), rédacteur de La Quotidienne, pour rédiger en chef les Mémoires, sur les notes de la « Contemporaine ». Malgré son étonnante facilité d'improvisateur, Malitourne n'allait pas encore assez vite au gré de Ladvocat qui, encouragé par le succès du livre, lui adjoignit plusieurs écrivains, dont Maxime de Villemarest, autre rédacteur de La Quotidienne, Amédée Pichot, traducteur des Œuvres de lord Byron, et Charles Nodier.

En octobre 1827, Ladvocat acheta Le Mercure du dix-neuvième siècle, fondé en 1823, dont il voulait relever l'ancienne splendeur et qui devint Le Mercure de France au dix-neuvième siècle.

En 1828, Gervais Charpentier quitta son patron, qui l'avait abandonné à Lyon alors qu'il était tombé malade, pour reprendre le cabinet de lecture de Charles Mary, 69 rue et passage Saint-Antoine [IVe].

Pinard imprima pour Ladvocat : Mémoires sur Napoléon, l'impératrice Marie-Louise et la cour des Tuileries […] ; par MME VEdu général Durand (1828, in-8) ;

Librairie Koegui


éditée avec Dufey, Histoire des rois et des ducs de Bretagne, par M. de Roujoux(1828-1829, 4 vol. in-8, Pinard imprimeur des t. I à III, Fain imprimeur du t. IV) ; Mélanges philosophiques et littéraires, par M. Auger (1828, 2 vol. in-8) ; Mémoires sur l'impératrice Joséphine (1828, 3 vol. in-8) ; éditée avec Barba, La Princesse Aurélie, comédie en cinq actes et en vers ; par M. Casimir Delavigne (1828, in-8) ; Heures poétiques et religieuses, dédiées au Roi, par MmeHortense de Céré-Barbé (1828, in-18).
Balzac imprima les Mémoires sur la cour de Louis Napoléon et sur la Hollande (1828, in-8), L'Écolier ou Raoul et Victor par MME. Guizot née Pauline de Meulan (1828, 4 vol. in-12, 2eéd., fig.), Odes et poésies diverses, par M. Léon Dusillet (1828, in-18), Le Cri des employés du gouvernement, par un chef de division (1828, in-8) et le Catalogue général de la Maison Ladvocat (1828, in-8).


Les Mémoires d'un apothicaire sur la guerre d'Espagne, pendant les années 1808 à 1814 (1828, 2 vol. in-8) furent imprimés par Gaultier-Laguionie, 


l'Histoire de Pierre Terrail seigneur de Bayart […]. Par Alfred de Terrebasse (1828, in-8), par Tastu, et, éditées avec Delaforest, place de la Bourse [IIe], les Poésies européennes […] ; par Léon Halevy (août 1828, in-8), par Anthelme Boucher, 34 rue des Bons-Enfants [Ier], breveté depuis le 22 juin 1818.

Àla suite de mauvaises spéculations de son mari, Madame Ladvocat s'efforça de sauver la librairie, avec l'aide de Charles Malot, libraire au Palais-Royal, galerie de bois n° 201, qui avait acquis, le 2 juin 1828, le fonds de détail de la librairie. Ladvocat et Dufey se séparèrent le 22 décembre 1828. Dufey s'associa avec les frères Pourrat, 5 rue des Petits Augustins [partie de la rue Bonaparte, VIe], avant d'obtenir son brevet de libraire le 5 mai 1829.

Certaines éditions de 1829 sont à l'adresse de « Quai Voltaire, et Palais-Royal, Galerie neuve » : Mémoires d'une contemporaine (1829, 4eéd., 8 vol. in-8), imprimés par Gaultier-Laguionie ; 


Mémoires de M. de Bourrienne, ministre d'État, sur Napoléon (1829, 10 vol. in-8), imprimés par André Barbier, 17 rue des Marais-Saint-Germain [VIe], successeur de Balzac, breveté depuis le 26 septembre 1828.


Barbier a aussi imprimé les Mémoires posthumes, […] de Charles-François duc de Rivière (1829, in-8), édités avec Dufey, et De l'origine, de la nature et des progrès de la puissance ecclésiastique en France. Par M. le comte de Montlosier (1829, in-8).
Rignoux a imprimé Marino Faliero, par M. Casimir Delavigne (1829, in-8), édité avec Barba, et Œuvres complètes de M. le vicomte de Chateaubriand (1829-1831, 20 vol. in-8, portr.), éditées avec Lefèvre, 6 rue de l'Éperon [VIe].

En octobre 1829, Ladvocat transféra la propriété du journal Le Mercure de France au dix-neuvième siècle à Paul Lacroix et à Amédée Pichot.

Le 6 décembre 1829, par suite d'arrangements passés avec les syndics de Malot et Ladvocat, Gervais Charpentier, libraire 9 rue des Beaux-Arts [VIe], acquit la librairie de Ladvocat au Palais-Royal et la totalité de l'édition des Œuvres complètes de M. le vicomte de Chateaubriand, publiée par Ladvocat et Lefèvre.
Pour devenir exclusivement éditeur, Charpentier quittera en 1833 la librairie Ladvocat, 

In Journal des débats, 8 mai 1836

que Madame Ladvocat récupérera.
Charles Malot conserva sa librairie au Palais-Royal, galerie neuve d'Orléans, nos 38-39, côté de la cour.


En 1830, Gaultier-Laguionie imprima Alger. Esquisse topographique et historique du royaume et de la ville […] ; par A. M. Perrot (1830, in-8) ; éditée avec Camoin, Marseille, et Laurent, Toulon, Esquisse de l'état d'Alger […] ; traduit de l'anglais, et enrichi de notes, par M. X. Bianchi (1830, in-8, plan) ; Napoléon, ses exploits et sa mort, poème élégia-héroïque en douze chants, par F. E. Belly (1830, in-8).
Auguste Mie, 9 rue Joquelet [rue Léon Cladel, IIe], breveté depuis le 1er octobre 1829, imprima Histoire de Charles-Édouard, dernier prince de la maison de Stuart […]. Par Amédée Pichot (1830, 2 vol. in-8) ; édité avec Urbain Canel, Journal de ST-Cloud à Cherbourg, ou Récit de ce qui s'est passé à la suite du Roi Charles X, du 26 juillet au 16 août 1830. Par M. Théodore Anne (1830, in-8).
Le Sylphe, poésies de feu Ch. Dovalle (1830, in-8), fut imprimé par Alexandre Selligue, 14 rue des Jeûneurs [IIe], breveté depuis le 20 septembre 1825.
Claude Cosson, 9 rue Saint-Germain-des-Prés [partie de la rue Bonaparte, VIe], breveté depuis le 27 juillet 1818, imprima les Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l'Empereur (1830-1831, 6 vol. in-8).



Barbier fut l'imprimeur des Mémoires de Brissot, membre de l'Assemblée législative et de la Convention nationale (1830-1832, 4 vol. in-8), dont les deux derniers tomes portent l'adresse du 22 rue Neuve-des-Petits-Champs [rue des Petits Champs, IIe].

Sur le crédit de 30.000.000 créé par la loi du 9 octobre 1830, Ladvocat obtint du trésor public un prêt de 40.000 francs. En échange, il souscrivit à l'ordre du caissier central du trésor des billets qui, à leur échéance, n'ont pas été payés. Suivant acte passé devant Me Chaudron, notaire à Paris, les 1er et 31 décembre 1830, Ladvocat donna, en nantissement au trésor, pour le garantir, divers ouvrages de librairie, et, de plus, la moitié de la propriété littéraire des Ducs de Bourgogne, estimée par le jury d'équité à la somme de 6.000 francs.

En 1831, Barbier imprima pour Ladvocat Paris en province et la province à Paris, par MMEGTTE Ducrest (1831, 3 vol. in-8). 


Cosson imprima La Contemporaine en Égypte. Pour faire suite aux souvenirs d'une femme (1831, 6 vol. in-8), écrit par Villemarest et qui n'eut aucun succès, et Seize mois ou La Révolution et les Révolutionnaires […]. Par N. A. de Salvandy (1831, in-8).


Firmin Didot frères imprimèrent les Mémoires de Madame la duchesse d'Abrantès (1831-1832, 8 vol. in-8), dont les tomes VII et VIII portent l'adresse du 2 rue de Chabannais [rue Chabanais, IIe] ; ils seront continués jusqu'en 1835 et jusqu'au tome XVIII, par Mame-Delaunay, 25 rue Guénégaud [VIe], puis Louis Mame, à la même adresse :

« Les Mémoires de la duchesse d'Abrantès ne devaient d'abord se composer que de 4 volumes in-8°. Un traité intervint entre elle et son libraire, M. Ladvocat, le 11 juillet 1830, par lequel le prix de l'ouvrage fut stipulé payable partie comptant, partie en billets. Il fut expressément convenu qu'en cas de retard dans les paiemens, Mme d'Abrantès rentrerait dans la libre disposition de la partie de son manuscrit qui ne serait pas encore livrée à l'impression. Différens effets furent souscrits par le libraire, et avant l'échéance de la plupart d'entre eux, un nouveau traité intervint pour la publication de six nouveaux volumes, et l'on y maintint la clause du traité primitif, relative aux conséquences de non paiement. Après avoir vainement patienté, et accordé des facilités qui n'eurent pas le résultat qu'elle attendait, Mme d'Abrantès, s'appuyant de la clause qui lui maintenait ses droits, traita, pour les 4 derniers volumes de ses Mémoires, avec un nouveau libraire, le sieur Mame. Dès qu'il eut connaissance de ce traité, M. Ladvocat attaqua Mme d'Abrantès et le nouvel éditeur, afin d'obtenir contre eux condamnation à la remise du manuscrit des 4 derniers volumes des Mémoires, sinon 20,000 francs de dommages-intérêts, et en outre 100 francs par chaque jour de retard. M. Léon Duval a soutenu ces conclusions devant la 1re instance. Me Patorni, avocat de la duchesse d'Abrantès, les a combattues avec succès. Le tribunal, reconnaissant que les divers traités stipulés entre le demandeur et la défenderesse n'avaient pas été exécutés, et que celle-ci rentrait dans son droit de disposer de son manuscrit, a déclaré M. Ladvocat non recevable et mal fondé dans ses demandes contre la duchesse d'Abrantès et M. Mame, libraire, et l'a condamné aux dépens. » [sic]
(Feuilleton du Journal de la librairie, samedi 11 mai 1833, p. 5)


En août 1831, cent soixante-et-un auteurs déclarèrent venir en aide à Ladvocat en lui donnant chacun au moins deux chapitres qui composeraient un ouvrage intitulé Le Diable boiteux à Paris, ou Paris et les Mœurs comme elles sont. L'ouvrage devint Paris, ou Le Livre des cent-et-un(1831-1834, 15 vol. in-8), dont les tomes VIII à XV portent l'adresse du 2 rue de Chabannais, qui fut imprimé par Firmin Didot frères ; la vignette de titre fut gravée par Thompson, d'après Henry Monnier :

« la librairie éditante, la librairie de Ladvocat, que Ladvocat a poussée jusqu'à ses colonnes d'Hercule, cette librairie qui marche, flanquée de prospectus, de larges affiches ; adroite, audacieuse, saluant le public, lui mettant le titre d'un livre sous les yeux, à toutes les heures, dans tous les endroits, sur sa porte, dans son journal, au spectacle, à la Bourse, sous sa serviette, partout. Livre des Cent-et-Un, souscription littéraire, honorable pour ceux qui l'ont faite, honorable pour celui qui la mérite, vous serez un monument durable de l'appui généreux prêté par la littérature à l'éditeur qui lui a beaucoup donné. »
(Frédéric Soulié. La Librairie à Paris. In Paris, ou Le Livre des cent-et-un. Paris, Ladvocat, 1832, t. IX, p. 317-318)

Mais le 27 janvier 1832, le Tribunal de commerce de Paris déclara Ladvocat en état de faillite : elle fut suivie d'un concordat par lequel les créanciers lui firent remise de 90 pour 100 ; les 10 pour 100 restant furent stipulés payables en huit années par huitième ; mais Ladvocat ne put effectuer que les trois premiers paiements, et ses créanciers ne reçurent que 3 fr. 75 c. pour 100. Il quitta le quai Voltaire pour un appartement situé d'abord au 22 rue Neuve-des-Petits-Champs, puis au 2 rue de Chabannais, dans le même immeuble, à l'angle des deux rues : 


Frontispice

La Conspiration de Cellamare. Épisode de la Régence.Par J. Vatout (1832, 2 vol. in-8, 2 portr.) fut imprimée par Firmin Didot frères.

Frontispice, t. I

En 1833, Jean Casimir, 12 rue de la Vieille-Monnaie [IVe, supprimée], breveté depuis le 27 décembre 1822, imprima les Mémoires de Mademoiselle Avrillion, première femme de chambre de l'Impératrice (1833, 2 vol. in-8, portr. et fac-similé) et les Mémoires du cardinal Pacca, sur la captivité du Pape Pie VII […] ; traduits de l'italien […]. Par L. Bellaguet (1833, 2 vol. in-8).


Le Népenthès. Contes, nouvelles et critiques, par M. Loève-Veimars (1833, 2 vol. in-8), fut imprimé par Firmin Didot frères.
André Éverat, 16 rue du Cadran [rue Léopold Bellan, IIe], breveté depuis le 1er avril 1811, imprima Les Enfans[sic] d'Édouard tragédie en trois actes et en vers, par M. Casimir Delavigne(1833, in-8) 





et Les Cent-et-Une Nouvelles nouvelles des cent-et-un (1833, 2 vol. in-8, 101 vign.), dont le prospectus, imprimé par Firmin Didot frères, porte la signature de « C. Ladvocat », qu'on doit traduire par « Camille Ladvocat » et non par « Charles Ladvocat », comme l'a prétendu Edmond Werdet (De la librairie française. Paris, E. Dentu, 1860, p. 233).
En effet, la révolution de Juillet ayant précipité sa ruine, Ladvocat s'en était allé demeurer avec Madame Camille, qui devint une couturière célèbre : appelé « Monsieur Camille » par les ouvrières et certaines clientes, Ladvocat adopta ce prénom.

Le 18 février 1834, le Tribunal de commerce de Paris déclara Ladvocat une nouvelle fois en état de faillite : il obtint un nouveau concordat par l'abandon de son actif qui, réalisé, produisit pour ses créanciers un dividende de 2 centimes ½ p. 100.


Casimir imprima Les Voisins de l'autre côté, par l'auteur d'Élisa Riwers (1834, 2 vol. in-8).

En 1835, Fain imprima Saphira, ou Paris et Rome sous l'Empire. Par M. Kératry (1835, 3 vol. in-8). Casimir imprima pour Ladvocat et Bohaire, 10 boulevard des Italiens [IXe], les Mélanges historiques et littéraires, par M. le baron de Barante (1835, 3 vol. in-8) 


et l'Histoire du royaume de Naples, depuis Charles VII jusqu'à Ferdinand IV. […]. Traduite de l'italien sur la 4e édition par ChesLefèvre et L** B** (1835-1840, 4 vol. in-8).

Au cours du premier trimestre de l'année 1835, Louis-André Corbet « aîné », libraire 61 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe], acquit de Ladvocat les restants d'éditions de onze ouvrages : Mémoires d'une contemporaine (8 vol. in-8), La Contemporaine en Égypte(6 vol. in-8), Mémoires de Mademoiselle Avrillion (2 vol. in-8), Mémoires de Brissot (4 vol. in-8), Mémoires contemporains, contenant ceux des impératrices Joséphine et Marie-Louise, de Napoléon, du duc de Rivière, etc. (8 vol. in-8), 13e livraison des Œuvres complètes de M. le vicomte de Chateaubriand, contenant les « Études historiques »et « Moïse » (6 vol. in-8), La Conspiration de Cellamare (2 vol. in-8), Histoire de Charles Édouard(2 vol. in-8), Seize mois ou La Révolution (in-8), De l'origine, de la nature et des progrès de la puissance ecclésiastique en France (in-8), Les Voisins de l'autre côté(2 vol. in-8).

Le 12 décembre 1835, alors qu'il était à Londres pour affaires, Ladvocat fut sinistré à Paris :

« Un incendie considérable a éclaté ce matin, à dix heures et demie, rue du Pot-de Fer, n° 14. La vaste cour de cette propriété était entourée de constructions légères qu'habitaient des brocheurs et des assembleurs de livres, ou qui servaient de magasin à la librairie de Paris, et renfermaient un nombre immense d'ouvrages en feuilles.
Le feu a pris, dit-on, dans les ateliers de brochage de M. Perrotet ; une feuille tombée de l'étendage auprès de la porte du poêle a communiqué la flamme à toutes les autres. Les pompiers sont accourus ; mais les papiers qui servaient d'aliment aux flammes et la nature des constructions propageaient l'incendie avec une effrayante rapidité.
Malheureusement le froid de la nuit avait gelé les conduits des fontaines, et dans les premiers momens on manquait d'eau. Cependant l'expérience des pompiers et le zèle des citoyens ont bientôt organisé des moyens de secours. M. le maire du onzième arrondissement, le colonel et le lieutenant-colonel de la légion, M. Pernot, commandant du 1er bataillon, un capitaine d'état-major de la garde nationale, M. Legris, capitaine d'état-major de la place, et M. Prunier-Quatremère, commissaire de police du quartier, se sont trouvés des premiers sur les lieux avec un grand nombre de gardes nationaux.
Le préfet de police et le préfet de la Seine y sont arrivés quelques momens après. Tout le 6e régiment d'infanterie, officiers et soldats, y était déjà venu de la rue Mouffetard. Quant aux étudians ecclésiastiques qui habitent le séminaire Saint-Sulpice, et aux gardes municipaux qui ont une caserne rue de Tournon, ils furent presque aussitôt arrivés qu'avertis.
Gardes nationaux et soldats, artisans et séminaristes, rivalisaient de zèle pour former des chaînes, traîner des tonneaux et manœuvrer les pompes. On a vu même des femmes prendre rang dans la chaîne et ne la quitter qu'épuisées de fatigue. Mais lorsque tant d'habitans s'honoraient par un empressement respectable, d'autres ne voyaient qu'un spectacle dans un pareil évévement : des hommes et des femmes contemplaient du haut des tours Saint-Sulpice les toits embrâsés et les bâtimens s'écroulant dans des tourbillons de fumée.
On doit aux séminaristes une justice que tout le monde aimait à leur rendre. On ne saurait montrer plus d'activité et de dévouement. Les meubles qu'on arrachait aux flammes, les marchandises enlevées de chez un épicier, les livres qu'on pouvait transporter des magasins ont été mis en dépôt dans le séminaire.
Toute l'habileté des pompiers, qui ont déployé leur courage et leur sang-froid ordinaires, a dû se réduire à concentrer le feu dans les bâtimens en pans de bois, que leur construction condamnait, pour ainsi dire, aux flammes. A une heure on était complètement maître du feu, et les maisons voisines n'avaient plus rien à craindre.
Indépendamment de la ruine des bâtimens, qui appartenaient à Mme la comtesse des Brosses, ce déplorable événement cause une perte immense au commerce de la librairie. On évalue à plus de 1 million 500,000 fr. les résultats du sinistre. S'il peut y avoir quelques motifs de consolation dans un pareil désastre, c'est que du moins personne n'a péri. Deux pompiers ont été légèrement blessés, l'un à la main, l'autre au visage. » [sic]
(Journal des débats politiques et littéraires, dimanche 13 décembre 1835, p. 2)


« Le libraire Ladvocat, qui se trouve en ce moment à Londres, a fait une perte considérable dans l'incendie de la rue du Pot-de-fer. Cinq ou six cents exemplaires de l'Histoire du royaume de Naples, par le général Colletta, ont été consumés, avec quinze cents autres d'un volume des Mémoires du Prince de la Paix, qui se trouvaient dans les ateliers d'assemblage et de brochure. Du reste, toutes les mesures sont prises pour que cet ouvrage paraisse le 25 décembre. »
(Journal des débats politiques et littéraires, mardi 15 décembre 1835, p. 3)

Rentré de Londres le 25 décembre 1835, Ladvocat écrivit au rédacteur du Journal des débats le lendemain :
« L'incendie de la rue du Pot-de-Fer, qui a fait tant de malheureux, ne m'a pas épargné non plus. J'ai appris ce désastre à Londres où m'avait appelé une affaire majeure, le besoin de m'entendre avec M. le prince de Canino (Lucien-Bonaparte), sur la publication de ses Mémoires, auxquels l'illustre auteur met en ce moment la dernière main ; j'ai l'espoir d'offrir bientôt cet important ouvrage à l'impatience des personnes qui attendent depuis si long-temps les révélations historiques de ce frère de Napoléon. Ce n'est qu'à mon retour à Paris, c'est-à-dire depuis hier seulement, que j'ai pu connaître la grandeur de la perte que m'a causé l'incendie ; une partie considérable des livres édités par moi depuis un an a été la proie des flammes, et notamment la première livraison des Mémoires du Prince de la Paix, qui devait paraître le 20 de ce mois, et dont la publication aura certainement lieu le 18 janvier prochain.
Je serais doublement à plaindre, Monsieur, si je n'obtenais, dans cette fâcheuse circonstance, une part de la vive sympathie à laquelle ont droit toutes les victimes de cette affreuse calamité. »
(Journal des débats politiques et littéraires, lundi 28 décembre 1835, p. 3)

« Nous n'avons point à nous justifier des retards qui ont été apportés à la publication DES DEUX PREMIERS VOLUMES DE CES MÉMOIRES: nos motifs d'excuse sont malheureusement trop légitimes, et le public lui-même, loin d'en contester la valeur, a été le premier à déplorer les nouveaux revers qui sont venus nous frapper.
Notre promptitude à réparer des pertes impossibles à prévoir, témoignera du prix que nous attachons à satisfaire l'impatience des lecteurs ; nous n'avons reculé devant aucun sacrifice pour hâter la réimpression de cette première livraison, et le peu de jours qui se sont écoulés depuis le désastre, sembleront peut-être une preuve suffisante de notre zèle et de notre activité.
Toutefois, si nous sommes parvenus à reproduire en si peu de temps le texte de cette première partie des Mémoires, il n'en pouvait être de même pour les portraits lithographiés dont elle était accompagnée. Les flammes les ayant consumés, et le premier tirage ayant épuisé les pierres, nous nous sommes décidés à faire graver nos portraits sur acier, par les artistes les plus célèbres de Londres, afin de pouvoir répondre promptement au vœu de tous nos souscripteurs, dont le nombre s'était considérablement augmenté depuis l'incendie : cette circonstance nous force à publier ensemble les six portraits avec la deuxième livraison de l'ouvrage, qui paraîtra vers la fin de février prochain. »
(Au public, le libraire éditeur. In Mémoires du prince de la paix. Paris, Ladvocat, 1836, t. I, p. II-III)

Les magasins étaient assurés : Ladvocat n'obtint donc aucune indemnité de la part de la Commission des secours pour les incendiés.

En 1836, Casimir imprima LesAventures d'un renégat écrites sous sa dictée, par H. Arnaud (1836, 2 vol. in-8), Le Château de Saint-Germain par H. Arnaud (1836, 2 vol. in-8) 


et les Mémoires du prince de la paix Don Manuel Godoy […], traduits en français d'après le manuscrit espagnol par J.-G. d'Esménard (1836, 4 vol. in-8), édités avec Richard Bentley, Londres, et Casimir Monnier, Madrid.
Éverat imprima les Mémoires du chevalier d'Éon[…] ; par Frédéric Gaillardet (1836, 2 vol. in-8) et les Mémoires sur la reine Hortense et la famille impériale, par Mademoiselle Cochelet (1836-1838, 4 vol. in-8) dont les tomes III et IV portent l'adresse du 241 place du Palais-Royal [Ier].
En 1837, Éverat imprima le Voyage du maréchal duc de Raguse (1837, 4 vol. in-8). Fain imprima Le Faubourg ST-Germain, par M. le comte Horace de Viel Castel (1837, 2 vol. in-8).


Ce ne fut qu'au troisième trimestre de 1837 que Ladvocat déménagea au 241 place du Palais-Royal et que Casimir commença l'impression de l'Histoire des salons de Paris […]. Par la duchesse d'Abrantès(1837-1838, 6 vol. in-8).

En 1838, Ladvocat constitua une Société en commandite pour l'exploitation de la librairie historique, sous la raison sociale C. Ladvocat et compagnie, au capital de 200.000 francs.

Aux armes de Marie-Louise, impératrice.
Christie's, Paris, 21 avril 2010 : 5.250 €

Fain fut l'imprimeur de L'Espagne sous Ferdinand VII, par le marquis de Custine (1838, 4 vol. in-8), de Madame la duchesse, par M. le comte Horace de Viel Castel (1838, 2 vol. in-8) et de Mademoiselle de Verdun, par M. le comte Horace de Viel Castel (1838, 2 vol. in-8).


Les Mémoires et pérégrinations d'une paria 1833-1834. Par MMEFlora Tristan (1838, 2 vol. in-8, 2eéd.) furent imprimés par Madame Huzard, 7 rue de l'Éperon [VIe] : il n'y a pas eu réimpression de l'ouvrage, mais seulement substitution de nouveaux titres à ceux qui portaient le nom de Arthus Bertrand, 23 rue Hautefeuille [VIe].
Les Mémoires d'un prisonnier d'État au Spielberg. Par A. Andryane (1838, 4 vol. in-8) furent imprimés par Auguste Desrez et Cie, 24 rue Lemercier [XVIIe].

Ce fut aussi Desrez qui imprima Mannarino ou Malte sous les chevaliers. (1775.) par A. de Kermainguy (1839, 2 vol. in-8). Les Bourbons de Goritz et les Bourbons d'Espagne, par le comte Robert de Custine(1839, in-8) furent imprimés par Fain. 


Casimir fut l'imprimeur de deux ouvrages du marquis de Custine : Mémoires et voyages (1839, 2 vol. in-8) et Éthel (1839, 2 vol. in-8).

Dauriat, par E. Lampsonius
In "Un grand homme de province à Paris"
Œuvres illustrées de Balzac. Paris, Maresque et Havard, 1852

C'est en 1839 que Balzac publia la deuxième partie des Illusions perdues, où il décrit les galeries de bois du Palais-Royal et dresse le portrait de Ladvocat, sous le nom de « Dauriat », « le libraire fashionable » :

« A cette époque, les Galeries de Bois constituaient une des curiosités parisiennes les plus illustres. Il n'est pas inutile de peindre ce bazar ignoble, car, pendant trente-six ans, il a joué dans la vie parisienne un si grand rôle, qu'il est peu d'hommes âgés de quarante ans à qui cette description, incroyable pour les jeunes gens, ne fasse encore plaisir.
En place de la froide, haute et large galerie d'Orléans, espèce de serre sans fleurs, se trouvaient des baraques, ou, pour être plus exact, des huttes en planches, assez mal couvertes, petites, mal éclairées sur la cour et sur le jardin par des jours de souffrance appelés croisées, mais qui ressemblaient aux ouvertures les plus sales des guinguettes hors barrière. Une triple rangée de boutiques y formaient deux galeries. Les boutiques de la rangée sise au milieu donnaient sur les deux galeries, ne tiraient leur jour que des vitrages, et leur air que de la méphitique atmosphère des deux galeries, hautes d'environ douze pieds. Ces boutiques, ou plutôt ces alvéoles, avaient acquis un tel prix par suite de l'affluence du monde, que la largeur de certaines n'excédait pas six pieds, la longueur huit à dix, et leur location coûtait mille écus. Les rangées éclairées sur le jardin et sur la cour étaient protégées par de petits treillages verts, peut-être pour empêcher la foule de démolir, par son contact, les murs en mauvais platras qui formaient le derrière des boutiques. Là donc se trouvait un espace de deux ou trois pieds où végétaient les produits les plus bizarres d'une botanique inconnue à la science, et mêlés à diverses industries non moins florissantes. […] Ces galeries étaient percées au milieu par un passage comme aujourd'hui, et comme aujourd'hui l'on y pénétrait encore par les deux péristyles actuels commencés avant la révolution, et abandonnés faute d'argent. La belle galerie de pierre qui mène au Théâtre-Français formait alors un passage étroit d'une hauteur démesurée et si mal couvert, qu'il y pleuvait souvent. Elle était appelée Galerie Vitrée, pour la distinguer des Galeries de Bois. Les toitures de ces bouges étaient toutes d'ailleurs en si mauvais état, que la Maison d'Orléans eut un procès avec un célèbre marchand de cachemires et d'étoffes, qui, pendant une nuit, trouva des marchandises avariées pour une somme considérable, et le marchand eut gain de cause. Les toitures, en quelques endroits, étaient composées d'une double toile goudronnée. Le sol de la Galerie Vitrée, où Chevet commença sa fortune, et celui des Galeries de Bois étaient le sol naturel de Paris, augmenté du sol factice amené par les bottes ou les souliers des passants. En tout temps, les pieds y heurtaient des montagnes et des vallées de boue durcie, incessamment balayées par les marchands, et qui demandaient aux nouveaux-venus une certaine habitude pour y marcher.
Ce sinistre amas de crottes, ces vitrages encrassés par la pluie et par la poussière, ces huttes plates et couvertes de haillons au dehors, la saleté des murailles commencées, cet ensemble de choses qui tenait du camp des Bohémiens, des baraques d'une foire, des constructions provisoires dont Paris entoure les monuments qu'on ne bâtit pas, cette physionomie grimaçante allait admirablement aux différents commerces qui grouillaient sous ce hangar impudique, effronté, plein de gazouillements et d'une gaîté folle, où depuis la révolution de 1789 jusqu'à la révolution de 1830, il s'est fait d'immenses affaires. […] Il n'y avait là que des libraires, de la poésie, de la politique et de la prose, des marchandes de modes et des filles qui venaient seulement le soir. Là fleurissaient les nouvelles et les livres, les jeunes et les vieilles gloires, les conspirations de la tribune et les mensonges de la librairie. Là se vendaient les nouveautés au public, qui s'obstinait à ne les acheter que là. […] Jusqu'au jour où périt cette étrange colonie sous le marteau de l'architecte Fontaine, les boutiques sises entre les deux galeries furent entièrement ouvertes, soutenues par des piliers comme les boutiques des foires de province, et l'œil plongeait sur les deux galeries à travers les marchandises ou les portes vitrées. Comme il était impossible d'y avoir du feu, les marchands n'avaient que des chaufferettes, ils faisaient eux-mêmes la police du feu : une imprudence pouvait enflammer en un quart d'heure cette république de planches desséchées par le soleil et comme enflammées déjà par la prostitution, encombrées de gaze, de mousseline, de papiers, et soufflées par des courants d'air.
[…] Les libraires et les marchandes de modes vivaient en bonne intelligence.
Dans le passage, nommé si fastueusement la Galerie Vitrée, se trouvaient les commerces les plus singuliers. Là s'établissaient les ventriloques, les charlatans de toute espèce, les spectacles où l'on ne voit rien et ceux où l'on vous montre le monde. […]
Le matin, jusqu'à deux heures après midi, les Galeries de Bois étaient muettes, sombres et désertes. Les marchands y causaient comme chez eux. Le rendez-vous que s'y est donné la population parisienne ne commençait que vers trois heures, à l'heure de la Bourse. Dès que la foule venait, il se pratiquait des lectures gratuites à l'étalage des libraires par les jeunes gens affamés de littérature et dénués d'argent. Les commis chargés de veiller sur les livres exposés laissaient charitablement les pauvres gens tourner les pages. […]
Ce terrible bazar brillait de toute sa poésie à la tombée du jour. Des rues adjacentes, allaient et venaient un certain nombre de filles qui pouvaient s'y promener sans rétribution. De tous les points de Paris, une fille accourait faire son Palais. Les Galeries de Bois étaient le Palais par excellence, mot qui signifiait le temple de la prostitution. Les Galeries de Pierre appartenaient à des maisons privilégiées qui payaient le droit d'exposer des créatures habillées comme des princesses, entre telle ou telle arcade, et à la place correspondante dans le jardin. Les Galeries de Bois étaient pour la prostitution, un terrain public. […]
Le libraire Ladvocat s'était établi depuis quelques jours à l'angle du passage qui partageait ces Galeries par le milieu, devant Dauriat, jeune homme maintenant oublié, mais audacieux, et qui défricha la route où brilla depuis son concurrent. La boutique de Dauriat se trouvait sur une des rangées donnant sur le jardin, et celle de Ladvocat était sur la cour. Divisée en deux-parties, la boutique de Dauriat offrait un vaste magasin à sa librairie, et l'autre lui servait de cabinet.
[…]
- [...] Moi, je ne m'amuse pas à publier un livre, à risquer deux mille francs pour en gagner deux mille, je fais des spéculations en littérature : je publie quarante volumes à dix mille exemplaires, comme Panckoucke, comme les Beaudouin. Ma puissance et les articles que j'obtiens poussent une affaire de cent mille écus au lieu de pousser un volume de deux mille francs. Il faut autant de peine pour faire prendre un nom nouveau, un auteur et son livre, que pour faire réussir les Théâtres Étrangers, Victoires et Conquêtes, ou les Mémoires sur la révolutionqui sont une fortune. Je ne suis pas ici pour être le marchepied des gloires à venir, mais pour gagner de l'argent et pour en donner aux hommes célèbres. Le manuscrit que j'achète cent mille francs est moins cher que celui dont un inconnu me demande six cents francs ! Si je ne suis pas un Mécène, j'ai droit à la reconnaissance de la littérature, j'ai fait déjà hausser de plus du double le prix des manuscrits. […] - Si je causais avec tous les auteurs qui veulent que je sois leur éditeur, il faudrait fermer ma boutique, je passerais mon temps en conversations extrêmement agréables, mais beaucoup trop chères. Je ne suis pas encore assez riche pour écouter les monologues de chaque amour-propre. Ça ne se voit qu'au théâtre dans les tragédies classiques. Le luxe de la toilette de ce terrible Dauriat appuyait, aux yeux du poète de province, ce discours cruellement logique.» [sic]
(H. de Balzac. Un grand homme de province à Paris, scène de la vie de province. Paris, Hippolyte Souverain, 1839, t. I, p. 193-227)

En 1840, Ladvocat fit imprimer par Schneider et Langrand, 1 rue d'Erfurth [VIe, supprimée en 1866], une nouvelle édition de l'Histoire du royaume de Naples, qui est intitulée Histoire de Naples depuis Charles VI [sic] jusqu'à Ferdinand IV […] ; traduite de l'italien par MM. B. et Lefebvre (1840, nouvelle édition, 4 vol. in-8, portr.).


Il fit encore imprimer par Eugène Dépée, à Sceaux [Hauts-de-Seine], une seconde édition des Mémoires sur la reine Hortense et la famille impériale, par Mademoiselle Cochelet (1841-1842, 2eéd., 4 vol. in-8).

Les tentatives de Ladvocat pour renouer avec le succès furent vaines : les lecteurs achetaient désormais leurs livres chez Gosselin et chez Renduel. Ladvocat abandonna définitivement la librairie.

Le Trésor ayant assigné Ladvocat devant le tribunal de commerce en paiement intégral des 40.000 francs prêtés, de la valeur du gage qui lui avait été donné et en dommages-intérêts, le jugement du 10 août 1843 repoussa la demande en paiement de la totalité de la créance et condamna seulement Ladvocat par corps à payer 6.000 fr., montant de la valeur du gage, et aux dépens pour tous dommages-intérêts. Dans ses attendus, le tribunal n'a retenu que deux faillites [1832 et 1834] du libraire. Ladvocat ayant fait appel, ce jugement fut confirmé le 20 avril 1844.

Ladvocat était devenu l'associé de Madame Camille. Il se rendit un jour en Espagne, où il reçut le titre de fournisseur des objets d'art de la reine d'Espagne. 

Dessin de Renard, gravé par Lavieille
In L'Illustration, 14 août 1852, p. 101

En 1851, il présenta à la reine d'Espagne un divan-jardinière pour le palais de Madrid, qu'il avait composé et qu'il avait fait exécuter par Thomire, pour les bronzes, et par Sallandrouze, pour la tapisserie. Le même meuble fut exécuté pour le prince-président de la République Louis-Napoléon Bonaparte, au palais de Saint-Cloud, dans le salon de Mars.

Ladvocat végéta jusqu'au dernier jour de sa vie. 

Hôtel-Dieu de Paris en 1859

Il finit par tomber malade et dut quitter son appartement de quatre pièces du 48 rue de Provence [IXe] pour l'Hôtel-Dieu [IVe]. Celui qui avait été le plus grand éditeur de la Restauration mourut, seul, abandonné de tous, des complications d'un ictère, le 4 septembre 1854. Il fut enterré dans la fosse commune, le titre de la concession qu'il avait achetée au cimetière du Père-Lachaise ayant été perdu. Madame Camille l'aurait fait retirer de cette fosse et transporter dans un cimetière, introuvable, où un monument convenable aurait été érigé sur sa tombe.
Son ami Jules Janin fut le seul à publier un article nécrologique dans le Journal des débatsdu lundi 11 septembre 1854.

Devenue aveugle, Madame Ladvocat bénéficia des secours du gouvernement et d'une souscription ouverte par Simon-Alexandre Ledoyen, éditeur-libraire au Palais-Royal, 31 galerie d'Orléans. Elle décéda en son domicile, 42 rue de Sèvres [VIIe], le 27 mai 1862.


BIBLIOGRAPHIE

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Karr Alphonse. Pendant la pluie. Paris, Calmann-Lévy, 1880, p. 28-30.

Pichot Amédée. Revue britannique. Recueil international. Paris, Rotterdam et Madrid,1854, t. XXIII, p. 252-253.

Viel Castel Horace de.Vendredi 16 février [1855]. In Mémoires du comte Horace de Viel Castel sur le règne de Napoléon III. Paris, chez toutes les librairies, 1883, t. III, p. 110-112.








































Pierre-Henri Larcher (1726-1812), de Dijon à Harvard

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Rue et église Saint-Pierre, à Dijon

D'une famille avantageusement connue dans la magistrature, originaire d'Arnay-le-Duc [Côte-d'Or] et passée au XVIIe siècle à Beaune [Côte-d'Or], puis Dijon [Côte-d'Or], Pierre-Henri Larcher est né le 12 octobre 1726 à Dijon, rue Saint-Pierre [aujourd'hui rue Pasteur], dernier des quatre enfants de Henri Larcher (1684-1738), trésorier de France, et de Pétronille-Marie Gautier (1693-1757), apparentée à la famille Bossuet, mariés en l'église Saint-Pierre de Ouges [Côte-d'Or] le 2 juin 1722. Il fut baptisé le 14 octobre suivant, en l'église Saint-Pierre [démolie en 1793].

Arbre généalogique simplifié

Orphelin de père avant d'avoir 12 ans, il fit ses humanités chez les Jésuites, d'abord à Dijon, puis à Pont-à-Mousson [Meurthe-et-Moselle]. 

Collège de Laon, 34 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, Paris

Destiné à la magistrature, il préféra s'établir à Paris, dans le collège de Laon, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève [Ve], pour étudier les lettres et les sciences.


Dès le début de son séjour à Paris, il rassembla une assez nombreuse bibliothèque, dont il vendit des exemplaires pour financer un voyage en Angleterre, en 1748, fait à l'insu de sa famille, dans le but de se perfectionner dans la langue anglaise : le Père Louis Patouillet, jésuite, avait accepté de recevoir et de faire parvenir à leur destination les lettres qu'il écrivait de Londres à sa mère, mais qu'il datait de Paris. Àl'amour de l'anglais, Larcher joignait celui du grec.



De retour à Paris, il publia, anonymement, des traductions : Électre d'Euripide, tragédie traduite du grec (Paris, Cailleau, 1750, in-12), « Discours[de Pope] sur la poésie pastorale » (In [Boulenger de Rivery] Mélange littéraire, ou Remarques sur quelques ouvrages nouveaux. Berlin [Paris], s.n. [Duchesne], 1752, in-12, p. 19 [i.e. 163]-174), 


Observations sur les maladies des armées dans les camps et dans les garnisons […]. Par M. Pringle, docteur en médecine (Paris, Ganeau, 1755, 2 vol. in-12), 


Essai sur le blanchiment des toiles, traduit de l'anglois de M. Home (Paris, Ganeau, 1762, in-8), 


Histoire des amours de Chéréas et de Callirrhoë, traduite du grec (Paris, Ganeau, 1763, 2 vol. in-8), qui lui valut d'être élu membre non résident de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 


et Essai sur le Sénat romain. Traduit de l'anglois de M. Chapman (Paris, Ganeau, 1765, in-12).


Larcher dut une grande part de sa célébrité à une polémique avec Voltaire, qui avait publié, sous le pseudonyme de « feu l'Abbé Bazin », 


La Philosophie de l'histoire (Genève, Aux dépens de l'Auteur, 1765, in-8 ; Utrecht, Aux dépens de la Compagnie, 1765, in-12 ; Amsterdam, Changuion, 1765, in-8 et in-12), ouvrage dédié à Catherine II, impératrice de toutes les Russies, et « Offert très-humblement par le neveu de l'Auteur ». Outre des erreurs, cet ouvrage renfermait des propositions hardies qui l'ont fait condamner.
A l'instigation de l'abbé Mercier de Saint-Léger, Larcher en releva les erreurs dans son ouvrage intitulé 


Supplément à la Philosophie de l'histoire de feu M. l'abbé Bazin, nécessaire à ceux qui veulent lire cet ouvrage avec fruit (Amsterdam, Changuion, 1767, in-8). Ce livre, rempli d'une solide érudition, rendit furieux Voltaire, qui y répondit par des injures, dans une diatribe intitulée La Défense de mon oncle contre ses infâmes persécuteurs. Par A....T de V****(Genève, 1767, in-8), qui fut condamnée à Rome en 1771. Larcher répliqua par sa 


Réponse à la Défense de mon oncle, précédée de la mort de l'abbé Bazin ; et suivie de l'Apologie de Socrate, traduite du grec de Xénophon (Amsterdam, Changuion, 1767, in-8), puis cessa de répondre à Voltaire.



Pendant ses travaux de traduction d'Hérodote, Larcher composa un Mémoire sur Vénus, auquel l'Académie royale des inscriptions & belles-lettres a adjugé le prix de la Saint Martin 1775 (Paris, Valade, 1775, in-12) et traduisit 


L'Expédition de Cyrus dans l'Asie supérieure, et la Retraite des dix mille. Ouvrage traduit du grec (Paris, Frères De Bure, 1778, 2 vol. in-12).

Les travaux de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, dans laquelle il fut reçu le 10 mai 1778, auxquels il prit une part fort active [Mémoires de littérature, tirés des registres de l'Académie. Paris, 1786-1808, t. 43-48], le détournèrent un peu de sa traduction d'Hérodote, qui ne parut qu'en 1786 : 


Histoire d'Hérodote, traduite du grec (Paris, Musier et Nyon l'aîné, 1786, 7 vol. in-8).


Pendant la Révolution, Larcher vécut dans une retraite profonde, ne s'occupant que de littérature, et fut peu inquiété. 

Bibliothèque de l'Institut
Dessiné et gravé par Augustin-François Lemaître (1797-1870)
In Dictionnaire de l'Académie française (1835, 6e éd., t. II, vignette de titre)

Il entra à l'Institut de France le 5 thermidor An IV [23 juillet 1796] et fut attaché à la section des langues anciennes de la classe de littérature et beaux-arts.
Il fit paraître une nouvelle édition de son Histoire d'Hérodote, revue, corrigée et considérablement augmentée (Paris, Guillaume De Bure l'aîné et Théophile Barrois père, An XI-1802, 9 vol. in-4), avant d'être nommé, le 6 mai 1809, professeur de littérature grecque dans la Faculté des lettres de l'Académie de Paris, mais dispensé de leçons étant donné son grand âge.

Il mourut le 22 décembre 1812, à son domicile, 104 rue de la Harpe [Ve], des complications d'une chute, qui n'avait pourtant touché qu'un membre supérieur.


Le catalogue de sa bibliothèque fut imprimé l'année suivante, annonçant la parution de l'ordre des vacations « dans le courant de décembre 1813. » : Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de feu M. Pierre-Henri Larcher, membre de l'Institut impérial de France et de la Légion-d'Honneur, honoraire de l'Académie des Sciences de Dijon, et Professeur de Littérature grecque dans la Faculté des Lettres de l'Académie de Paris (Paris, De Bure frères, 1813, in-8, [4]-xxxvj-276 p., 2.143 lots).
Avec « Avertissement » par les frères De Bure, « Notice sur la vie et les écrits de feu M. Larcher » par l'helléniste Jean-François Boissonade, « Table alphabétique des noms des auteurs, et des titres de leurs ouvrages » et « Seconde table, contenant les titres des livres sans noms d'auteurs ». Toutes les classes, à l'exception de la Jurisprudence, présentaient des articles de la plus grande rareté : Théologie [103 lots = 4,80 %], Jurisprudence [8 lots = 0,37 %], Sciences et Arts [264 lots = 12,31 %], Belles-Lettres [1.174 lots = 54,78 %], Histoire [594 lots = 27,71 %].



Le même catalogue fut utilisé pour la vente, augmenté de l'« Annonce » des vacations et avec des feuillets du du faux titre et du titre réimprimés : Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de feu M. Pierre-Henri Larcher, membre de l'Institut de France et de la Légion d'Honneur, honoraire de l'Académie des Sciences de Dijon, et Professeur de Littérature grecque dans la Faculté des Lettres de l'Académie de Paris (Paris, De Bure frères, 1814, in-8, [3]-[1 bl.]-xxxvj-276-3-[1 bl.] p., 2.143 lots).
La vente eut lieu, 30 rue des Bons-Enfants, du lundi 7 novembre au samedi 3 décembre 1814, en 24 vacations. Les 20 premiers numéros, rares et précieux, furent vendus à la fin : les 12 premiers lors de la 24evacation, les numéros 13 à 20 lors de la 23e vacation.


1. Sacræscripturæ veteris novæque omnia, græce. Venetiis, in ædibus Aldi, 1518, in-fol., m. bl., dent., l. r. 261 fr.


12. Biblia Sacra latina. Charactere gothico majori quem formæappellant, 2 vol. in-fol. goth., m. bl. dent. Bible de Gutenberg sur papier, exemplaire complet. Adjugé 2.120 fr. à Payne & Foss, Londres, pour John Lloyd. Aujourd'hui à la Bibliothèque Widener de l'Université Harvard.


35. Philonis Judæi Opera, gr. et lat. ex recens. et cum notis Th. Mangey. Londini, Innys, 1742, 2 vol. in-fol., m. r., Ch. Mag. 240 fr.
72. Sermons du P. Bourdaloue, de la Compagnie de Jésus. Paris, Rigaud, 1707, 16 vol. in-8, m. r. 222 fr.
124. Omnia Platonis Opera, græce, (ex recensione Marci Musuri et Aldi Manutii). Venetiis, in ædibus Aldi, 1513, in-fol., m. r. Première édition. 249 fr.
125. Platonis Opera, gr. et lat. ex nova Joan. Serrani interpr. ex recens. H. Stephani. Excud. H. Stephanus, 1578, 3 vol. in-fol., m. r. 190 fr.


147. Aristotelis Opera omnia, græce. Venetiis, Aldus Manucius, 1495, 6 tom. en 4 vol. in-fol., v. f. Première édition. 436 fr.
253. Caii Plinii Secundi Historiæ naturalis libri XXXVII. Venetiis, Joannes de Spira, 1469, in-fol., m. r., dent., tabis, dent. Première édition. Extrêmement rare. 1822 fr.
277. Pedacii Dioscoridis Anazarbei de materia medica libri sex. de Alexipharmacis et Theriacis libri tres. Nicandri Thiriaca et Alexipharmaca, cum scholiis, (hæc omnia græce). Venetiis, apud Aldum, 1499, in-fol., m. r. Avec les 10 feuillets de scholies sur Nicandre, qui manquent dans presque tous les exemplaires. 201 fr. 50 c.
385. Demetrii Chalcondylae erotemata. Manuelis Moschopuli erotemata, Georgii (Gregorii) Corinthi archiepiscopi libellus de dialectis græcorum, græce. (Mediolani, circa 1493), in-fol., m. viol., dent., doub. de tabis, dentelle. Première édition. 357 fr.
419. Suidæ Lexicon, gr. et lat. ex recens et cum notis Ludolphi Kusteri. Cantabrigiæ, typ. acad. 1705, 3 vol. in-fol. v. b. Ch. Mag. 214 fr.


424.Thesaurus linguæ græcæ, ab Henr. Stephano constructus. Anno 1572, excudebat Henr. Stephanus, 5 tom. en 4 vol. in-fol., v. f. = Glossaria duo e situ vetustatis eruta, ad utriusque linguæcognitionem, auct. H. Stephano. Anno 1573, excudebat Henr. Stephanus, in-fol. v. f. 482 fr.


428. Benj. Hederici Lexicon manuale græcum, omnibus sui generis lexicis longe locupletius, recensitum et plurimum auctum a Sam. Patrick ; hanc tertiam edit. curavit Guil. Young. Londini, Innys, 1755, 1 tom. rel. en 4 vol. in-4. dem. rel. Interfolié avec additions et augmentations. 1.780 fr.
481. Rhetores græci : scilicet, Aphthonii Sophistæprogymnasmata. Hermogenis ars Rhetorica. Aristotelis Rhetorica, etc. græce. Venetiis, in ædibus Aldi, 1508 et 1509, 2 vol. in-fol., m. r. 650 fr.
528. Isocratis Orationes, græce, ex recensione Demetrii Chalcondylæ. Mediolani, Henr. Germanus et Sebastianus ex Ponte Tremulo, 1493, in-fol., m. viol. dent. Première édition. 620 fr.
543. Demosthenis Orationes diligenti recognitione emendatæ, græce, studio Joan. Bernardi Feliciani. Venetiis, Franc. Bruccioli, 1543, 3 vol. in-8, m. r. dent. 201 fr.
579. M. T. Ciceronis Opera, (cum animadversionibus et notis Petri Victorii). Venetiis, L. A. Junta, 1534 et suiv., 4 vol. in-fol., v. f. 202 fr.

Librairie Martial Duvert

583. M. T. Ciceronis Opera, cum delectu commentariorum, studio Jos. Oliveti. Paris, Coignard, 1740, 9 vol. in-4, v. m. 375 fr.
635. Planudis Rhethoris anthologia epigrammatum græcorum, græce, cum scholiis græcis, ex recensione Joan. Lascaris Rhindaceni. (Editio litteris capitalibus excusa). Florentiæ, per Laur. Franc. de Alopa, 1494, in-4, m. viol. dent. Première édition. 280 fr.
645. Analecta veterum poetarum græcorum, gr. editore Rich. Fr. Ph. Brunck. Argentorati, J. H. Heitz, 1772, 3 vol. in-4, m. r. Gr. Pap. de Hollande. 281 fr.
653. GnomæMonostichæ, sive sententiæ ex diversis poetis. Musæi grammatici de Herone et Leandro poematium, græce, cura Joannis Lascaris. (Editio litteris capitalibus excusa). Florentiæ, (circa 1494), in-4, m. r. Première édition. 350 fr.
668. Theocriti Idyllia, et Hesiodi opera et dies, græce. (Mediolani, circa 1481), in-fol. m. r. dent. Première édition. Acheté 1.001 fr. à la vente Léon d'Ourches [déc. 1811]. 1.001 fr.
669. Theocriti EclogæXXX, etc. nec non Hesiodi Ascræi Theogonia, scutum Herculis et Georgicon libri duo, græce. Venetiis, Aldus Manutius, 1495, in-fol., m. bl. 200 fr. 05 c.
671. Theocriti, Bionis et Moschi quæ supersunt ; Dosiadæ Rhodii, aræ; Callimachi hymni et epigrammata, græce (ex recensione Rich. Franc. Phil. Brunck). Argentorati, Jo. H. Heitz, 1772, in-8, tiré sur Pap. de Holl. in-4, m. r. dent. 200 fr.
677. Homeri Opera omnia, græce, ex recens. Demetrii Chalcondyli Atheniensis et Demetrii Cretensis, cum præfatione latina Bern. Nerlii, typographi. Florentiæ, Nerlius, 1488, 2 tom. en 1 vol. in-fol., m. r. Première édition. 1.122 fr.
678. Homeri Ilias et Odyssea, Batrachomiomachia et hymni ; accedit vita Homeri per Herodotum et Plutarchum, græce (ex recensione Aldi Pii Manutii). Venetiis, Aldus, (circa anno 1504), 2 vol. in-8, m. viol. dent. Sur vélin. Adjugé 2.900 fr. à A.-A. Renouard, pour lord Spencer : « Lorsque j'achetai cet Homère j'entendis autour de moi vingt personnes dire : Ah tant mieux ! ce beau livre restera en France. » [Catalogue de la bibliothèque d'un amateur. Paris, Renouard, 1819, t. III, p. 270].
681. Homeri Opera, græce, cum commentariis græcis Const. Eustathii, archiepiscopi Thessalonicensis. Romæ, Bladus, 1542, 4 vol. in-fol., v. m. 640 fr.
699. Homeri Carmina, græce. (Ilias) cum brevi annotatione. Accedunt variælectiones, curante C. G. Heyne. Lipsiæ, in libraria Weidmanniana, 1802, 8 tom. rel. en 16 vol. in-8, m. bl. dent. Pap. de Hollande. 260 fr.
738. Orphei Argonautica, Hymni, etc. græce. Florentiæ, Phil. Junta, 1500, in-4, m. r. dent. Première édition. 250 fr.
811. Apollonii Rhodii Argonautica, græce, cum scholiis græcis, ex recensione Joan. Lascaris. (Editio litteris capitalibus impressa). Florentiæ, 1496, in-4, vél. Première édition. 192 fr.
831. Oppiani de Venatione libri IV, et de Piscatione libri V, græce et lat. cum paraphrasi græca librorum de aucupio ; curavit Joh. Gottl. Schneider. Argentorati, Koenig, 1776, in-4, m. r. Papier de Hollande. 1 des 4 ex. 400 fr.
280.Euripidis Tragoediæ, Medea, Hippolytus, Alcestis et Andromache, ex recens. J. Lascaris. (Editio litteris capitalibus excusa). Florentiæ, (circa 1495), in-4, m. r. dent. Première édition. 280 fr.
947. Aristophanis Comoediæ, gr. et lat. studio Ric. Fr. Ph. Brunck. (Argentoratri), 1783, 4 tom. rel. en 9 vol. in-8, m. r., pap. de Holl. 380 fr.
996. P. Virgilii Maronis Bucolica, Georgica et Æneis. Venetiis, Vendelinus de Spira, 1470, in-fol., m. r. dent. Sur vélin. Première édition avec date des Œuvres de Virgile. 2.000 fr.
997. Virgilius (ex recensione A. Navageri). Venetiis, in ædibus Aldi, 1514, in-8, m. viol. dent. 226 fr.
999. Pub. Virgilii Maronis Opera, Nic. Heinsius, Dan. filius e membranis compluribus, iisque antiquissimis recensuit. Amstelodami, ex officina Elzeviriana, 1676, in-12, m. violet, dent., doub. de tabis, dent. Ch. Max. 280 fr.
1.102. Opera Aurelii Clementis Prudentii. (Daventriæ, Rich. Paffroed, circa 1492), in-4, m. r. dent. Première édition. 176 fr.
1.338. Auli Gellii noctes Atticæ, ex recognitione Joannis Andreæ, episcopi Aleriensis. (Romæ), in domo Petri de Maximis, 1469, in-fol., m. viol. dent. doub. de tab., dent. Première édition. 860 fr.



1.559. Strabonis rerum Geographicarum libri XVII, gr. et lat. cum notis var. (studio Th. Janssonii ab Almeloveen). Amstel., Wolters, 1707, 2 tom. en 1 vol. in-fol., vélin, dent., Ch. Mag. 219 fr.
1.576. C. Julii Solini ad adventum Polihistor, sive de situ orbis ac mundi mirabilibus liber, ex recensione Guillelmi Tardivi. (Parisiis, Petrus Cæsaris et Joan. Stol, circa 1472), in-4, m. viol. dent. 219 fr.
1.647. L'Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, etc. (publié par D. Fr. Clément). Paris, Jombert, 1783, 3 vol. in-fol. v. m. 248 fr. 5 c.
1.707. Histoire d'Hérodote, trad. du grec, avec des remarques historiques et critiques, un essai sur la chronologie d'Hérodote et une table géographique, par M. Larcher. Paris, Musier, 1786, 7 vol. in-4, m. r. Gr. Pap. Vél.Tiré à 12 ex. sur ce papier. 200 fr.
1.742. Diodori Siculi Bibliothecæ historicælibri qui supersunt, gr. et lat. ex recens. P. Wesselingii. Amstel., Wetstenius, 1746, 2 vol. in-fol., v. f. Ch. Mag. 322 fr.
1.782. Caii Julii Cæsaris quæ extant, cum annotat. Sam. Clarke. Londini, Tonson, 1712, in-fol., fig., m. bl., l. r. 310 fr.
1.791. Dionysii Halicarnassensis Antiquitatum romanorum libri, nec non opuscula varia, gr. et lat. ex recens. Jo. Hudsoni. Oxoniæ, e Theat. Sheldon, 1704, 2 vol. in-fol., m. r., gr. pap., Ch. Mag. 459 fr.
1.798. Titi Livii Patavini Historiarum libri qui supersunt, cum notis variorum, curante Arn. Drakenborch. Lugd. Bat., Luchtmans, 1738, 7 vol. in-4, vél., Ch. Mag. 494 fr.
1.838. Ammiani Marcellini Historiarum libri qui extant, ex recognitione Angeli Sabini. Romæ, Georgius Sachsel et Barthol. Golsch, 1474, in-fol., m. r. dent. Première édition. 560 fr.
1.878. Mémoires pour servir à l'histoire de madame de Maintenon, et à celle du siècle passé (par de la Beaumelle). Amst., 1755, 6 vol. in-12, v. m., pap. de Hollande = Lettres de madame de Maintenon (recueillies par de la Beaumelle). Amst., 1756, 9 vol. in-12, v. m. pap. de Hollande. 301 fr.



1.941. L'Antiquité expliquée et représentée en figures, par dom Bern. de Montfaucon. Paris, Delaulne, 1719, 10 vol. in-fol., v. b., gr. pap. = Supplément de l'Antiquité expliquée, par le même. Paris, 1724, 5 vol. in-fol., fig., v. b. gr. pap. 1.201 fr.
2.012. The Antiquities of Athens measured and delineated by James Stuart and Nic. Revett. London, Haberhorn, 1762, and John Nichols, 1787, 2 vol. in-fol. atlant., fig., m. r. dent. et dem. rel. 270 fr.
2.047. Photii Biblioteca librorum quos legit et censuit, græce edidit Dav. Hoeschelius, latine reddidit et scholiis auxit And. Schottus. Rothomagi, Berthelin, 1653, in-fol. m. r. dent. Ch. Mag. 200 fr.


2.095. Plutarchi quævocantur parallela, hoc est vitæillustrium virorum græci nominis ac latini, græce. Venetiis, in ædibus Aldi, 1519, in-fol., m. citr. dent. Reliure dans le genre de celles de Grolier, portant « M. Laurini et amicorum », avec la devise « Virtus in arduo ». 300 fr.
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