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Channel: Histoire de la Bibliophilie
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Le Magazine du bibliophile. Numéro 124-125. Spécial Grand Palais 2016

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TRANSCRIPTION

Jean-Paul Fontaine, nos lecteurs vous connaissent bien, car nous avons déjà réalisé deux entretiens avec vous en 2010 et 2013 (n° 82 et 106). Vous avez aussi été un des collaborateurs de cette revue de février 2005 à novembre 2012, avant d’animer un blog bibliophilique très érudit et documenté depuis le 13 décembre 2012 (http://histoire-bibliophilie.blogspot.fr/), où vous vous définissez comme « "collecteur" de "physiologies bibliophiles"», vivant « en permanence avec ceux qui ont été nos prédécesseurs » et utilisant « sur les bibliophiles anciens des techniques équivalentes à celles qu'utilise mon confrère Philippe Charlier sur les restes d'Agnès Sorel ou de Diane de Poitiers. Mon maître en histoire fut le Dr. Cabanès, c'est tout dire. » Vous venez de publier un imposant volume, Les Gardiens de Bibliopolis, consistant en 160 portraits-notices de bibliophiles du XVIeau XIXe siècle, qui apparaît comme une émanation directe, non seulement de votre blog ou de vos articles, mais de votre démarche de collecteur de "physiologies bibliophiles". C’est donc une sorte d’aboutissement ?

Profondément intéressé par l'histoire réelle, non romancée, des bibliophiles et de la bibliophilie, j'ai essayé de faire vivre tous ces amateurs dont on connait les noms, mais qui ne sont que des fantômes.
Après un peu plus de sept années de rédaction dans le Magazine du bibliophile, j'ai regretté l'impossibilité, dans un magazine papier, de corriger les erreurs commises ou d'ajouter de nouvelles découvertes. La formule du « blog » le permettait. Mais le bibliophile ne peut se passer de livre : d'où le retour vers l'édition. L'enthousiasme et la détermination de Remy Bellenger, qui avait déjà pris le risque d'éditer Cazin, l'éponyme galvaudé, en 2012, ont permis la publication de ce travail, depuis longtemps commencé.

160 portraits (parmi lesquels trois femmes seulement), c’est beaucoup : nous ne pourrons pas tous les citer dans notre entretien. Évoquer votre livre, c’est parler de son sujet. Mais une question pour commencer : avez-vous des favoris et pour quelles raisons ? Ou bien n’établissez-vous aucune hiérarchie, par principe, entre les personnages retenus ?

La liste initiale des personnages retenus comprenait 268 noms, couvrant les quatre siècles qui suivirent celui de la découverte de l'imprimerie. Je les avais choisis selon des critères de sélection obligatoires : état civil vérifiable aux sources, catalogue de bibliothèque disponible avec les résultats de la vente, existence d'un ex-libris ou d'un portrait. Un critère supplémentaire, technique, s'est alors imposé : pour un seul volume, le nombre de pages ne pouvait être supérieur à environ 600. Une nouvelle sélection, plus rigoureuse, limita le nombre des candidats à 160.

Ce livre et vos articles procèdent à chaque fois d’enquêtes et de recherches approfondies. Quelles sont vos méthodes de travail ? Faites-vous des recherches généalogiques, des enquête de terrain, collectez-vous des informations dans les ouvrages de référence, collectionnez-vous les catalogues de vente ?

Pendant plus de trente ans, j'ai constitué plus de 800 dossiers de bibliophiles, qu'ils soient amateurs ou professionnels du livre : ils contiennent des notes de lectures et des pièces originales, photographies, gravures, ex-libris, coupures de presse d'époque, quelques lettres autographes et catalogues de bibliothèque, ces derniers prenant trop de place pour être systématiquement conservés. Ces dossiers sont le point de départ de mon travail, avec l'obligation de vérifier, aux sources, toutes les informations, évitant ainsi de recopier les erreurs de mes prédécesseurs, voire les miennes : je pense à l'accent aigu sur le premier « e » de Pixerécourt, que j'avais copié chez le Bibliophile Jacob !
Je vérifie l'état civil de tous les bibliophiles aux Archives et j'établis leur généalogie sur au moins trois générations, quand c'est possible. C'est ainsi que j'ai découvert le lieu d'inhumation et la date officielle du décès d'Étienne Psaume, les racines de la famille Beraldi à Pesaro, en Italie, et la scandaleuse reprise administrative de la sépulture des Brunet au cimetière du Montparnasse.
Je lis entièrement les catalogues des bibliothèques et relève les résultats significatifs, avec le prix d'adjudication et parfois le nom des adjudicataires.

Quelle est votre bibliothèque de travail, celle qui vous sert dans vos recherches quotidiennes ? Autrement dit, quelle est, ou devrait être, la documentation de base d'un bibliophile d'aujourd'hui ?

Hormis le Manuel de bibliophilie (Paris, Éditions des Cendres, 1997, 2 vol.), par Christian Galantaris, les ouvrages de référence en matière d'histoire de la bibliophilie et des bibliophiles n'existent pas.
Certaines publications sont néanmoins incontournables : Dictionnaire de bibliologie catholique (Paris, J.-P. Migne, 1860), par Gustave Brunet ; Armorial du bibliophile (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1870), par Joannis Guigard ; « Livres rares et pratiques bibliophiliques » et « Les Nouvelles Bibliophilies » (in Histoire de l'édition française. Paris, Promodis, 1984), par Jean Viardot ; L'Amour des livres au siècle des Lumières. Pierre Adamoli et ses collections (Paris, École des chartes, 2001) et « Bibliophilie » (in Dictionnaire encyclopédique du livre. Paris, Cercle de la Librairie, 2002), par Yann Sordet.
Outre les notices biographiques données parfois en tête des catalogues, la consultation d'autres ouvrages est indispensable : le Bulletin du Bibliophile, la Bibliographie de la France, la Biographie Michaud, La France littéraire de Quérard, la Revue biblio-iconogaphique, L'Hôtel Drouot de Paul Eudel, Le Livre-Bibliographie rétrospective, La Bibliophilie du baron de Claye, etc., les journaux contemporains et les innombrables travaux des sociétés savantes. D'autres informations sont dispersées dans de nombreuses revues françaises et étrangères, notamment artistiques.

Les portraits que vous avez sélectionnés montrent des personnages très divers. On pourrait établir d’autres hiérarchies entre les bibliophiles : les plus grandes (ou les plus petites) collections, les plus rares, les plus chères, mais les résultats n’auraient que peu de valeur dans cet ensemble quelque peu disparate, à cause de l’écart temporel qui sépare les uns des autres. Finalement, ne peut-on pas dire que ces collectionneurs n’ont que peu de points communs, en dehors d’un état d’esprit qui les a fait se lancer dans cette quête du livre rare. Pouvez-vous nous décrire en quelques mots cet « état d’esprit » du bibliophile « parfait » ou « idéal » ? Est-ce que tous les personnages retenus partagent cet état d’esprit, ou y a-t-il d’autres motivations possibles ?

La définition de la bibliophilie ne peut pas être limitée à sa définition étymologique : « amour des livres ». On peut assimiler la bibliophilie à une maladie congénitale, donc incurable. Elle se révèle le plus souvent à l'adolescence. Elle touche plus souvent le sexe masculin que le sexe féminin. Elle se manifeste par un état d'esprit particulier vis-à-vis du livre, associant goût, compétences et pratiques spécifiques mis au service de la collection de livres rares, singuliers, curieux ou précieux, dans le but de construire une bibliothèque. Touchant toutes les catégories sociales, cette maladie contraint le bibliophile à adapter ses désirs à ses moyens financiers. Enfin, le bibliophile est en général fort peu démonstratif.
Tous les amateurs ne partagent pas totalement cet état d'esprit particulier vis-à-vis du livre : c'est bien là une des difficultés rencontrées pour définir le bibliophile. En outre, les variations de la mode peuvent influencer le contenu des bibliothèques : il y a eu la mode des incunables, des Elzévirs, des reliures rétrospectives, des romans de chevalerie, des provenances, des préfaçons, etc.

On peut nommer les trois femmes bibliophiles que vous avez retenues, qui sont également des personnages historiques : la comtesse du Barry, la duchesse de Berry, la comtesse de Verrue. Ont-elles une approche similaire, ou divergente, de la bibliophilie de celle de leurs confrères masculins ? Y aurait-il, pourrait-on dire une bibliophile spécifiquement « féminine » ou non ? Les romancières ou femmes de lettres (telles Mme de Staël, George Sand, etc.) n’ont-elles pas particulièrement développé de propension à la bibliophilie ?

La comtesse de Verrue fut l'une des plus grandes femmes bibliophiles de l'Ancien Régime. Il y a effectivement moins de femmes bibliophiles que d'hommes, et elles sont moins nombreuses aujourd'hui qu'autrefois. Mais il ne faut pas oublier que, dans un certain nombre de cas, la bibliothèque est celle du couple ; à l'inverse, Madame de Chateaubriand n'aimait pas plus les livres que son illustre époux. La bibliophilie des femmes est comme celle des hommes : comme chez les hommes, il y a des femmes qui collectionnent les livres pour l'effet produit, ignorant ce qu'ils contiennent ; mais la bibliothèque de la comtesse d'Yve était l'une des plus riches d'Europe. Quant à George Sand, elle est la seule femme de lettres qui se soit déclarée « bibliophobe », dans une lettre au vicomte Spoelberch de Lovenjoul.

La quête bibliophilique peut-elle avoir une fin ? Cela dépend pour partie de la motivation, ou du type de collection poursuivi ou de l’étendue du domaine concerné. Mais y a-t-il, dans votre corpus, des bibliophiles qui ont eu l’impression, pour une raison ou pour une autre, d’avoir achevé leur collection ?

La quête bibliophilique ne peut pas connaître de fin. Le Bibliophile Jacob a écrit : « le feu sacré de la bibliomanie ne meurt qu'avec le bibliomane ». Antoine Boulard mourut sur le « champ de bataille », après avoir accumulé environ 500.000 volumes. Après que le comte de La Bédoyère, à l'âge de 54 ans, eut vendu les livres rares et précieux de sa bibliothèque en 1837, il passa le reste de sa vie à retrouver les volumes qu'il avait vendus, et les paya parfois très cher.

Plusieurs ont dû se séparer de leurs collections, pour des raisons financières, notamment. Certains ont-ils arrêté par lassitude, par exemple ? Le bibliophile peut-il connaître l’ennui ? Auriez-vous des exemples de ce cas sans doute un peu extraordinaire ?

Plusieurs bibliophiles ont effectivement dû vendre leur bibliothèque par nécessité. Souvent gêné, le journaliste gastronome Charles Monselet se résigna à se séparer de ses livres, en 1871 et en 1885. Pour payer ses dettes, le professeur Charles Giraud dut se séparer de sa collection en 1855. Même le riche Cailhava, trop dépensier, fut obligé de se défaire de sa magnifique collection, par deux fois, en 1845 et en 1862. Quant à Charles Motteley, il avoua vivre du produit des ventes successives de ses livres, ce qui lui valut d'être traité d'« industriel en librairie » par Brunet.
Àl'inverse, Jules Chenu préféra mourir pauvre, au milieu de ses livres, plutôt que les vendre pour augmenter ses maigres ressources de typographe.
« Dernière passion de l'être intelligent », la bibliophilie ne peut donc engendrer l'ennui. C'est de ne plus acheter de livres qui provoque l'ennui du bibliophile ! Seul Nicolas Yemeniz fut un jour dégoûté de tout et n'ouvrit plus ses livres : mais c'était à cause de la mort de sa femme.

Un des personnages les plus étonnants de votre galerie est Boulard, sans doute le particulier qui a amassé le plus grand nombre de livres (voir Le Magazine du bibliophile n°44, 2005). On raconte que lors de la vente de sa bibliothèque, pendant plusieurs années, le marché du livre s’est effondré, tant il a été noyé sous le nombre… N’aurait-il pas servi de modèle à certain bibliomane de fiction ? Quelle était le sens de son action ?

Charles Nodier a effectivement connu Antoine Boulard, qu'il appelle, dans « L'Amateur de livres », son « cher et honorable maître » et dont il dit, qu'après avoir « été un bibliophile délicat et difficile », il est devenu bibliomane, quand son esprit a diminué. Dix ans auparavant, dans « Le Bibliomane », Nodier avait regretté le temps où « le vénérable Boulard » enlevait chaque jour un mètre linéaire de raretés chez les bouquinistes des quais de la Seine.
En réalité, Boulard était un homme généreux qui voulut sauver les vieux livres que la Révolution avait jetés sur les trottoirs : mais rapidement, il fut pris par une obsession qui provoqua des achats désordonnés. À la vente, ses acquisitions n'attirèrent donc pas spécialement les amateurs, et le nombre inhabituel de livres remis sur le marché fit effectivement baisser les prix.
Sans citer tous les personnages dont vous traitez, nous remarquons qu’il en est d’obscurs ou du moins connus, d’autres célèbres, parfois dans d’autres domaines. Cela influe sur la longueur de certaines notices, parfois assez courtes. Vous avez ainsi inclus plusieurs littérateurs notoires, comme Jules Claretie, Anatole France, Jules Janin (LeMagazine du bibliophile n° 46, 2005), Charles Monselet (n° 56, 2006), Charles Nodier, Pixerécourt (n° 60, 2007), choix intéressant car ce n’est pas toujours leur activité bibliophilique que l’on retient d’eux, ainsi que P. L. Jacob (Paul Lacroix), plus connu sous le nom de Bibliophile Jacob (n° 59, 2006), et Octave Uzanne (n° 98, 2011), ce qui fera plaisir à Bertrand Hugonnard-Roche, libraire d’Alise-Sainte-Reine. Vous n’oubliez aucun des grands bibliographes du XIXesiècle : Antoine Barbier, Jules Brivois, Jacques Charles Brunet, Gustave Brunet, Henry Cohen, Léopold Derome, Antoine Laporte, ainsi que le premier d’entre eux, Quérard, dont vous rappelez qu’une association en sa mémoire a été créée en 2005 (voir n° 47). Il y a aussi des éditeurs, comme Firmin-Didot, Armand Bertin (directeur du Journal des débats), Curmer, Poulet-Malassis, ou La Mésangère, directeur du Journal des dames et des modes. Des libraires comme Aubry (n° 58, 2006), Barbier (n° 52, 2006), Renouard (n° 88, 2010), Rouveyre, Techener… Des érudits, Beraldi (n° 57, 2006), Bouchot (n° 91, 2011), Peignot, Klaproth, Silvestre de Sacy… Ou bien le singulier Félix Solar…
Comment s’est opéré le choix des personnages que vous traitez ? Y a-t-il des bibliophiles que vous auriez aimé inclure et sur lesquels vous n’aviez pas assez d’élément ou d’autres que vous avez exclus car ils avaient déjà été traités ailleurs ? Pouvez-vous nous citer des noms dans l’une ou l’autre catégorie ?

Nous avons vu comment les critères de sélection choisis et les contraintes éditoriales avaient limité le nombre des personnages retenus.
Parmi les bibliophiles que j'aurais aimé raconter et qui n'ont pas été retenus à cause d'insuffisance d'informations vérifiables : Jean-Baptiste Bearzi, Édouard Bocher, Michel Brochard, Léopold Carteret, Fernand Drujon, Bernard Gausseron, Girardot de Préfond, Joseph-Louis d'Heiss, Jules Le Petit, le baron de Longepierre, Firmin Maillard, Damascène Morgand, Léon d'Ourches, Diane de Poitiers, la marquise de Pompadour, le baron Portalis, Jules Richard, le marquis du Roure, le baron Taylor, Fernand Vandérem, Georges Vicaire, etc.
D'autres, déjà été traités ailleurs, auraient pu faire partie de la liste : Jean Grolier, Pierre Adamoli, Jules Mazarin, Catherine de Médicis, le marquis de Méjanes, le marquis de Paulmy, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Jean-Joseph Rive, etc. Mais je ne pouvais pas ne pas inclure le « roi des bibliophiles », Charles Nodier, pourtant déjà traité par de nombreux historiens.

Vous avez précisé que chacune de vos notices est constituée de l’état civil précis du personnage, d’éléments biographiques, notamment de ses publications, d’une reproduction de son ex-libris, de citations à son sujet, et d’informations sur sa collection, recueillies notamment à travers les catalogues de vente de sa bibliothèque. Ce dernier élément a-t-il été un critère essentiel pour le choix des personnages à traiter ?

Ce critère fut l'un des deux critères indispensables, avec l'état civil vérifiable. Si la biographie d'un bibliophile, comme celle de tout personnage, doit commencer par un acte de naissance, sa personnalité doit être recherchée dans le catalogue de sa bibliothèque.

Qu’en est-il de l’élargissement des centres d’intérêt bibliophilique au fil du temps ? Constatez-vous une évolution du « critère de bibliophilie », autrement dit de livres qui seraient exclus ou non de l’univers de la bibliophilie selon les époques ? Car en quatre ou cinq siècles la bibliophilie a beaucoup évolué, du simple fait de l’expansion de la production. Comment tenir compte de ces écarts ou de cette évolution inévitables dans un ouvrage panoramique comme le vôtre ? Un des fils conducteurs de votre travail est la « traçabilité » de certains livres, de certains exemplaires d’une collection à l’autre, dans la suite des ventes et des successions. Les collectionneurs s’intéressent-ils aux mêmes livres d’un siècle à l’autre ? Ou bien y a-t-il des livres qui « disparaissent » ou que l’on ne parvient plus à trouver ou retrouver ? Les « fondamentaux » de la bibliophilie ont-ils évolué durant cette période, et dans quel sens ?

Jusqu'au Premier Empire, les bibliophiles ont recherché les mêmes livres : les manuscrits, les premiers monuments de l'imprimerie, les classiques des XVIe et XVIIesiècles, de préférence sur grand papier et reliés en maroquin. Ce n'est qu'à la Restauration que la bibliophilie connut sa renaissance. La vulgarisation des connaissances sur les livres rares provoqua l'augmentation du nombre des acheteurs éclairés, donc la concurrence et la hausse des prix. Nodier lança la bibliophilie dans la recherche de nouvelles catégories de livres. Après l'inauguration de l'Hôtel Drouot en 1852, la hausse des prix s'accentua. Les amateurs firent preuve de plus d'exigences vis-à-vis de la rareté, de la condition ou des particularités distinctives. Puis ce fut la mode des livres à gravures du XVIIIesiècle, suivie par celle des livres romantiques, des livres à vignettes du XVIIIe, etc., enfin des livres illustrés contemporains et des publications de bibliophiles. Ces différentes catégories nouvelles favorisèrent l'arrivée de nouveaux amateurs. Mais ces derniers, écartés par le prix élevé atteint par les livres anciens, les négligèrent, et vers la fin du XIXe siècle, les prix de vente s'en ressentirent : c'est ce qui se passa à la vente Lignerolles.

Quelles sont les collections les plus curieuses ou les plus étonnantes que vous avez rencontrées dans vos recherches ?

J'aime bien la personnalité de Motteley, dont la bibliothèque se composait de 2.000 volumes remarquables par leur reliure, leur rareté comme impression ou pour avoir appartenu à de grands personnages ; léguée à la Bibliothèque du Louvre en 1853, elle fut détruite dans l'incendie allumé par les communards en 1871.
Tous les bibliophiles sont fascinés par les trois grandes bibliothèques françaises de l'entre-deux guerres : Beraldi, Descamps-Scrive et Barthou.

Y aura-t-il une suite, un tome II, consacré au XXe siècle ?

Il est plus difficile d'appliquer les critères de sélection retenus aux bibliophiles du XXe siècle, qu'à ceux des siècles précédents. Par contre, alors qu'existent une Histoire de l'édition française, une Histoire des bibliothèques et une Histoire de la librairie, il n'y a pas encore d'Histoire de la bibliophilie. J'aimerais réussir à rassembler une équipe capable de rédiger cette vaste et complexe histoire : là serait l'aboutissement.





Nouveau Catalogue de Livres pour Bibliophiles

Notes pour bibliophiles, par l'historien Lawrence Counselman Wroth (1884-1970)

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Earlier this year, Richard J. Ring reacquainted bibliophiles with the writing of an exemplary American librarian in his book, Lawrence C. Wroth’s Notes for Bibliophiles in the New York Herald-Tribune, 1937-1947 (2016). Wroth not only served as librarian at the John Carter Brown Library at Brown University from 1923 to 1957, but he was a serious scholar and author as well, focused primarily on colonial American printing. During this decade before and after World War II, Wroth accepted yet another assignment: he brought rare books and bibliography to the masses in a fortnightly column for a major city newspaper. In all, he wrote 237 columns.


Here selected, compiled, and introduced by Ring, the head curator and librarian of the Watkinson Library at Trinity College in Hartford, Connecticut, Wroth’s columns are organized into four categories: people, exhibitions, institutions, and publications. Many names and places will be familiar to bibliophiles, who will relish encountering those giants of book collecting through Wroth’s eyes. From Wilberforce Eames and Dr. A. S. W. Rosenbach to the collections at the Clements Library and the Huntington Library, Wroth provides a survey of the book world that he knew and loved. Ring deserves many thanks for mining these columns and bringing them to light. 



Of particular interest are Wroth’s columns on a “perfect” (imagined) exhibit on the tercentenary of printing in the U.S. in 1939 that would show off all the colonial “firsts,” and, relatedly, his article on the 1947 sale of a Bay Psalm Book wherein his laments its pretty new binding. Wroth edifies with a light hand and in such a way that might remind readers of the work of Joel Silver, director of the Lilly Library at Indiana University, who writes a column for Fine Books every quarter. 
Ring’s new book is paperbound, 240 pages, and includes seven color illustrations and a full checklist of Wroth’s columns. It was designed by Scott Vile of the Ascensius Pressand printed in an edition of 200 copies. The price is $40; interested readers may contact Richard Ring (richard.ring2 at gmail.com). 

Image courtesy of Richard Ring.

    

Première Bibliographie des Livres d'Astrologie

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http://www.biblioastrology.com/en/index.aspx



Martin Bossange (1766-1865), maître et doyen des libraires de l’Europe

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Martin Bossange (1766-1865)





M
artin-Adolphe Bossange, fils de Jean Bossange, maître cordonnier, et de Marie Gillabert, est né à Bordeaux [Gironde] le 4 novembre 1766 et a été baptisé le même jour en la cathédrale Saint-André.

Il monta à Paris vers 1785 pour travailler dans la libraire d'Edme-Jean Lejay (v. 1735-1797), rue Neuve-des-Petits-Champs [Ier], près celle de Richelieu, « au Grand Corneille ».


Devenu libraire et commissionnaire en librairie en 1787, il s'associa l'année suivante avec le libraire lyonnais Jean-Marie Besson, sous la raison sociale « Bossange et Cie », 33 rue des Noyers [partie du boulevard Saint-Germain, Ve].

Ils éditèrent un ouvrage périodique, Fastes de la liberté, ou Correspondance générale entre les peuples françois & leurs représentans(1789), par Belair, ancien capitaine d'artillerie ; 


Charles IX, ou l’École des rois, tragédie (1790), par Marie-Joseph de Chénier (1764-1811), frère cadet du poète ; Hymne pour la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790(1790), par Marie-Joseph Chénier ; Mémoire historique sur la vie et les ouvrages de Mr. J. Vernet (1790) ; La Liberté du cloître, poëme (1790), par l'auteur des Lettres à Émilie ; Secrets concernant les arts et métiers (1791, 4 vol.), par une Société d'artistes ; Les Harangues politiques de Démosthène, avec les deux harangues de la couronne (1791, 2 vol.), traduction nouvelle par Gin ; La Constitution civile du clergé, développée par les débats (1791), par Godefroy de Montours ; Maximes du droit naturel, sur le bonheur (1791), par Meyniel ; Vie du maréchal duc de Villars (1792, 4 vol.), par Anquetil ; Recueil d'historiettes, traduites de l'allemand (1792), par Madame la chanoinesse de P...


Arbre généalogique simplifié de la famille Bossange

Le 12 janvier 1791, en l'église Saint-Benoît-le-Bétourné [Ve, détruite en 1831], Martin Bossange épousa Marie-Joseph-Rosalie Tardieu (1770-1798), qui lui donnera cinq enfants : Rosalie-Claudine le 7 octobre 1791, Jules en 1793, Jeanne-Adélaïde-Eugénie en 1794, Jean-Hector le 9 floréal an III [28 avril 1795] et Marie-Henri-Adolphe le 20 pluviôse an V [8 février 1797].


Les presses helvétiques, habiles à reproduire les apparences de la perfection, avaient infecté les foires de leurs contrefaçons actives de la collection des Œuvres complètes de Voltaire (S. l. [Kehl], Société littéraire-typographique, 1784-1789), par Beaumarchais :


Oeuvres complètes de Voltaire ( Kehl, 70 vol. in-8)

« Afin donc que le public, les jeunes gens, les bibliothécaires et les libraires de province soient désabusés, et n’achètent pas des éditions qui fourmillent de bévues, au lieu des vraies et seules authentiques, émanées de la Société littéraire de Kehl, connue sous le nom de M. Beaumarchais, nous prévenons nos lecteurs que ces éditions se trouvent chez M. Beaumarchais, rue du Faubourg-Saint-Antoine, et chez MM. Bossange et compagnie, libraires et commissionnaires, rue des Noyers, n° 33.

Voici les éditions qui existent encore :

Edition originale, grand in-8°, sur papier vélin, grande marge, feuilles choisies, 70 vol. à 9 liv. ; 636 liv. ; - Très-beau papier de France, feuilles choisies, 70 vol. in-8°, à 6 liv. ; 420 liv. ; - Edition marquée d’une *, 70 vol. in-8°, à 4 liv. ; 260 liv. – Marquée d’une , 70 vol. in-8°, à 3 liv. ; 210 liv.

Edition in-12, papier vélin, grande marge, feuilles choisies, 92 vol. à 6 liv., 552 liv. ; - Très-beau papier de France, feuilles choisies, à 2 liv. 10 s. ; 230 liv. ; - Marquée d’une , 92 vol. à 2 liv., 184 liv. ; – marquée d’une , 91 vol. à 1 liv. 10 s. ; 138 liv.

N. B. Les reliures se paieront séparément comme il suit :

Edition in-8°, veau écaille, filet, trois pièces sur le dos, doré sur tranche, très-belle reliure et d’un nouveau goût, 3 liv. ; la même reliure, sans dorure sur tranche, 2 liv. ; sans filet, 1 liv. 15 s. ; en basane propre, 1 liv. 4 s.

Edition in-12, veau écaille, filet, trois pièces sur le dos, 6 liv. 6 s. ; veau ordinaire, 1 liv. ; basane, reliure à l’anglaise, très-propre, 12 sous. »

(Gazette nationale ou Le Moniteur universel. N° 255, lundi 12 septembre 1791, p. 639)


Lié à l’écrivain Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799), Bossange écoula difficilement les huit éditions du Voltaire de Kehl : la plus grande partie resta invendue et fut empilée dans la vieille église des Mathurins-Saint-Jacques [Ve, détruite en 1863] ; ce n’est que longtemps après qu’il put expédier outre-mer une partie de ces livres.

  

En 1792, Bossange et Besson s'associèrent avec Joseph-René Masson, libraire d'origine lyonnaise [ne pas confondre avec Victor Masson (1807-1879), fondateur des Éditions Masson, spécialisées dans l'édition médicale], et éditèrent : Les Helviennes, ou Lettres provinciales philosophiques (1792, 5 vol.), par l’abbé Augustin Barruel ; Parallèle des religions (1792, 6 vol.), par le R. Père Brunet.


En 1793, les trois associés déménagèrentrue et cour des Mathurins, depuis rue des Mathurins-Saint-Jacques [rue Du Sommerard,Ve], « à la Grille ».

Ils éditèrent: Louis XIV, sa cour, et le Régent (1793, 4 vol.), par Anquetil ; 


Jérusalem délivrée. Poëme du Tasse, traduit par Lebrun (An II, 2 vol.) ; Œuvres completes de Démosthène et d'Eschine, traduites en françois (An II, 6 vol.) ; Œuvres complettes de Mably(An III-An V, 24 vol.) ; 

Le Nègre comme il y a peu de blancs (t. I, frontispice)

Le Nègre comme il y a peu de blancs (An III, 3 vol.), par l'auteur de Cécile, fille d'Achmet

Fables de La Fontaine (4 vol. in-8)

Fables de La Fontaine, avec figures gravées par MM. Simon et Coiny (An IV-1796, 4 vol. in-8 et 6 vol. in-18) ; Synonymes français (An IV-1796, 4 vol.), par l'Abbé Roubaud ; Œuvres complettes de l'Abbé de Mably (1797, 20 vol.) ; L'Esprit de la Ligue (1797, 3 vol.), par Anquetil ; Nouveau dictionnaire portatif des langues françoise et angloise (1797, 2 vol.), par Thomas Nugent ; Œuvres de Salomon Gessner (An V-1797, 3 vol.) ; Théatre de P. Corneille, avec les commentaires de Voltaire (1797, 12 vol.).


Ce fut avec Bossange que Beaumarchais passa sa dernière soirée, le 28 floréal An VII [17 mai 1799], dans son hôtel du boulevard Saint-Antoine [à l’angle du boulevard Beaumarchais et du boulevard Richard-le-Noir, XIe, détruit]. Ce soir-là, ils jouaient ensemble aux dames, lorsque le valet de chambre de Beaumarchais entra dans le salon et lui annonça que l’heure qu’il avait fixée lui-même pour son coucher avait sonné. Beaumarchais, très occupé de sa partie, fit la sourde oreille à l’avertissement du domestique. Celui-ci insista : Beaumarchais ne bougea pas. Le valet de chambre s’approcha et fit sauter les pièces du damier au milieu du salon. Beaumarchais alla se coucher. Le lendemain matin, à l’heure convenue, le domestique entra dans sa chambre pour l’éveiller : il l’appela ; Beaumarchais ne répondit pas : il était mort.


Hôtel de Brancas, 6 rue de Tournon

Le 4 germinal An VIII [25 mars 1800], les trois associés, Bossange, Besson et Masson, achetèrent, pour 41.500 francs, l'imprimerie de Jean-Joseph Smits et de Jean Gossuin, installée depuis 1796 dans l'hôtel de Brancas, nommé depuis hôtel de Montmorency-Laval, 6 rue de Tournon [VIe], ainsi qu’une partie de l'édition du Dictionnaire de l'Académie françoise, imprimé par Smits en l'An VII, et plusieurs autres ouvrages de librairie.

Ils éditèrent : Vocabulaire des termes de marine anglois-françois et françois-anglois (An VIII), par le C. Lescallier ; Traité élémentaire, ou principes de physique (An VIII, 2 vol.), par Mathurin-Jacques Brisson ; 

Elémens ou principes physico-chimiques

Elémens ou principes physico-chymiques (An VIII-1800), par Mathurin-Jacques Brisson ; Rapport sur le perfectionnement des charrues (An IX), par François de Neufchâteau ; Recueil des lettres de Madame de Sévigné (An IX-1801, 10 vol. in-12) ; De la nature et de l'usage des bains (An IX-1801), par Henri-Mathias Marcard, traduit de l'allemand par Michel Parant ; Le Comte de Valmont, ou les Égaremens de la raison (An IX-1801, 6 vol.), par P. L. Gérard ; Nuovo dizionario portatile, italiano-francese (An IX-1801), par Giuseppe Martinelli ; Exercices de botanique, à l'usage des commençans (1801, 2 vol.), par J. C. Philibert ; Histoire médicale de l'armée d'Orient (An X-1802), par R. Desgenettes ; Lettres philosophiques sur l'intelligence et la perfectibilité des animaux (An X-1802), par Charles-Georges Le Roy ; Physiologie d'Hippocrate, extraite de ses Œuvres (An X-1802), par Delavaud ; Traités de législation civile et pénale (1802, 3 vol.), par Jérémie Bentham ; Les Voyages de Cyrus(An X-1802, 2 vol.), par Ramsay ; Dissertations de Maxime de Tyr (An XI-1802, 2 vol.), traduites par J. J. Combes-Dounous ; 

Histoire de l'art chez les anciens (t. II, deuxième partie, frontispice)

Histoire de l'art chez les anciens (XI-1802-1803, 3 vol.), par Winkelmann, traduit de l'allemand ; Jérusalem délivrée. Poëme, traduit de l'italien (An XI-1803, 2 vol.) ; Instruction relative à l'exécution des lois concernant les mines, usines et salines (An XI-1803) ; The New Pocket Dictionary, of the english and spanish languages (An XI-1803), par C. M. Gattel ; Dictionnaire abrégé de botanique (An XI-1803), par J. C. Philibert ; Des maladies qui ont régné à Malte pendant le blocus de l'An VII et VIII, et observations de chirurgie (An XI-1803), par Jean-Pierre Fauverge ;  Traité de la culture des arbres fruitiers (An XI-1803), par W. Forsyth, traduit de l'anglais par J. P. Pictet-Mallet ; Hippocrate. Traité des airs, des eaux et des lieux (An XII-1804), par D. L. V. D. M. ; Le Danger des souvenirs (1805, 2 vol.), par J.-V. de La Croix ; 


Mémoires d'un voyageur qui se repose(1806, 3 vol.), par Dutens ; 

Lettres de Madame de Sévigné (t. I, frontispice)

Lettres de Madame de Sévigné à sa fille et à ses amis (1806, 8 vol.) ; Voyage en Crimée et sur les bords de la Mer Noire (1806), par J. Reuilly ; Code civil, ou Recueil des lois qui le composent (An XIV-1806, 6 vol.) ; Recueil de cartes géographiques, plans, vues et médailles de l'ancienne Grèce, relatifs au voyage du jeune Anacharsis (1807) ; Nouveau dictionnaire de poche, françois-italien, et italien-français (1807, 2 vol.), par Joseph Martinelli ; Les Aventures de Télémaque (1807, 2 vol.), par François Salignac de La Mothe-Fénélon ; Éloge de Chrétien-Guillaume Lamoignon-Malesherbes, ancien ministre d'État (1808), par Pierre Chas ; 


Description du Tibet (1808), traduit de l'allemand par J. Reuilly ; La Nouvelle Héloïse, ou Lettres de deux amants (1808, 4 vol.), par J. J. Rousseau ; L'Iliade d'Homère, traduite du grec (1809, 2 vol.).


Martin Bossange fut un des premiers à ouvrir ou commanditer plusieurs succursales à l’étranger. Dès 1802, il avait cru pouvoir profiter de l'expédition du général Leclerc à Saint-Domingue [Haïti] pour fonder une librairie au Cap-Français [Cap-Haïtien], mais les Noirs s'étaient emparés de l'établissement, tandis que le gérant se sauvait à La Nouvelle-Orléans.


La même année, Bossange, Besson et Masson s’étaient plaints d’une contrefaçon, dans ce qui fut appelé « L’Affaire du Dictionnaire de l’Académie françoise ».



Mention en regard de la page de titre du tome I

Un jugement du 24 frimaire An XI [15 décembre 1802], rendu par le tribunal criminel du département de la Seine [Paris], avait décidé que les trois associés, spécialement autorisés par une loi à publier une nouvelle édition du Dictionnaire de l’Académie françoise [Dictionnaire de l’Académie françoise, revu, corrigé et augmenté par l’Académie elle-même. Cinquième édition.Paris, J. J. Smits et Ce, An VI-An VII, 2 vol. in-4] étaient néanmoins sans qualité pour exercer l’action en contrefaçon contre Nicolas Moutardier et Adrien Le Clère, qui, quatre ans après, avaient fait imprimer le même ouvrage, sous le même titre, en annonçant qu’il était augmenté de plus de vingt mille articles [Dictionnaire de l’Académie françoise. Nouvelle édition, augmentée de plus de vingt mille articles. Paris, Moutardier et Le Clère, germinal An X-1802, 2 vol. in-4]. Le second volume de l’édition du Dictionnaire de l’Académie françoise avait été tiré au nombre de 15.000 exemplaires par Smits, qui avait commencé son opération par l’impression du second volume ; mais ensuite les caractères se trouvant fatigués, et la disette du papier se faisant sentir, il avait tiré le premier volume à 7.000 seulement. Ce sont les feuilles de ce premier volume qui furent réimprimées par Bossange, Besson et Masson, sans quoi 8.000 exemplaires du second volume n’eussent pu être d’aucun usage. Il en est résulté un surcroît de dépenses pour les trois associés, une addition considérable au prix qu’ils avaient donné pour l’acquisition du Dictionnaire ; ce qui avait augmenté encore et rendu plus sensible le préjudice qu’ils reçurent de la part de Moutardier et Le Clère.  

Ce jugement a été cassé le 7 prairial An XI [27 mai 1803], et les parties renvoyées devant le tribunal criminel de Seine-et-Oise [Yvelines]. Là s’est élevée la question de savoir si la nouvelle édition publiée en l’An X par Moutardier et Le Clère était une contrefaçon de celle imprimée en l’An VII par Bossange, Besson et Masson, et si la plainte de ces derniers était fondée. Un jugement du 26 fructidor An XI [13 septembre 1803] prononça la négative.

Nouveau pourvoi en cassation de la part de Bossange, Besson et Masson, pour violation de la loi du 19 juillet 1793 [« Quiconque imprime et met en vente un ouvrage sans la permission formelle et par écrit de l’auteur de cet ouvrage, ou de ses ayant-droit, se rend coupable du délit de contrefaçon »], en ce que, tout en reconnaissant Moutardier et Le Clère pour auteurs d’un nouveau Dictionnaire de l’Académie qu’ils n’étaient pas autorisés à imprimer, le jugement attaqué refusait de leur appliquer les dispositions pénales de cette loi. Le 28 floréal An XII [18 mai 1804], le tribunal cassa et annula le jugement du tribunal criminel du département de Seine-et-Oise, du 26 fructidor An XI.


Veuf prématurément, Bossange épousa en secondes noces, le 26 vendémiaire an XI [1800 octobre 1802], en l’église de la Madeleine [VIIIe], Marie-Anne-Reine-Catherine Volland (1782-1852), qui lui donnera deux filles : Joséphine-Félicie-Zoé le 9 prairial An XIII [29 mai 1805], future épouse, en deuxièmes noces, du libraire Jean-Paul Méline (1798-1854), et Louise-Pauline le 25 août 1812, future épouse du libraire Xavier-Adolphe-Jules Jean (1806-1872), dit « Xavier ».


Constituant une dérogation au Blocus continental, le système de navigation sous licence, expérimenté en 1809, fut institutionnalisé par le décret de Saint-Cloud du 3 juillet 1810 : le gouvernement accorda le droit de faire entrer en France des denrées coloniales pour des valeurs égales aux marchandises françaises exportées. Bossange prit une très grande part à ces opérations :


« Seul ou associé avec des tiers, il chargea des quantités énormes de livres français sur des navires en destination pour l’autre côté de la Manche. Arrivés au milieu du canal, les ballots étaient jetés par-dessus bord ; les bâtiments arrivaient sur lest en Angleterre et revenaient chez nous chargés à mi-mât de denrées coloniales.

Les bénéfices de retour compensaient bien et au-delà la perte de la première cargaison [dont on disait que c’étaient des livres « ad usum delphinorum »]. Ces opérations, dont le résultat fut de détruire fructueusement les vieilles éditions qui encombraient les magasins de librairie, en eut un autre d’une plus grande portée, consistant à donner naissance à ces nombreuses et magnifiques réimpressions qui surgirent de toutes parts lorsque vint la Restauration. » [sic]

(Edmond Werdet. De la librairie française. Paris, E. Dentu, 1860, p. 170)


La même année 1810, après le départ de Besson, Bossange et Masson devinrent les libraires de Son Altesse Impériale et Royale Madame, Mère de Sa Majesté l'Empereur et Roi. Bossange obtint son brevet d’imprimeur en lettres le 1eravril 1811 et son brevet de libraire le 1er octobre 1812.

Bossange et Masson éditèrent : Jérusalem délivrée, poëme traduit de l'italien(1810, 2 vol.) ; Entretiens sur la pluralité des mondes, augmentés des dialogues des morts (1811), par Fontenelle ; Histoire de Théodose le Grand (1811), par Fléchier ; El ingenioso hidalgo Don Quixote de la Mancha (1814, 7 vol.) ; Explication de Playfair sur la théorie de la Terre par Hutton (1815), traduit de l'anglais par C. A. Basset ; Théorie des peines et des récompenses (1818, 2 vol.), par Étienne Dumont ; Jérusalem délivrée, poëme traduit de l'italien(1818, 2 vol.).


Dès 1813, Hector Bossange fit son apprentissage à New York, où il apprit l’anglais, l’espagnol et le commerce international, puis s’installa à Montréal [Canada, province du Québec], où il exploita, de septembre 1815 à février 1819, la première librairie française au Canada : d’abord en face du Palais de Justice, puis rue Bonsecours, rue Saint-Vincent en 1817, rue Notre-Dame. 

Premier catalogue de la librairie d'Hector Bossange, à Montréal

Il fut associé à Denis-Benjamin Papineau (1789-1854), alors administrateur de la seigneurie de La Petite-Nation [Montebello, Canada, province du Québec]. Dans la librairie, les livres côtoyaient divers produits européens de luxe, dragées, pommades, chaussures, dentelles, corsets. Le 14 octobre 1816, Hector Bossange épousa Maria-Julie Fabre, née à Montréal le 15 juin 1796. En 1819, il céda la librairie à Théophile Dufort, qui la revendra quatre ans plus tard à Édouard-Raymond Fabre (1799-1854), son beau-frère.



Son frère, Adolphe Bossange, fit son apprentissage à Londres de 1816 à 1819, chez Pierre Barthès (1793-1865), son cousin germain qui, associé avec Joseph-Cockin Lowell (1793-1859), dirigeait les dépôts de livres français que Bossange et Masson avaient établis, avec Pierre Leblanc, au 14 Great Marlborough Street, en 1814.


De retour à Paris, Adolphe et Hector obtinrent leur brevet de libraire, respectivement les 14 et 15 mars 1820, et ouvrirent, sous le nom de « Bossange frères », une librairie 60 rue Saint-André-des-Arts [VIe], transférée en 1821 au 12 rue de Seine [VIe].

Ils éditèrent les Œuvres complètes de C.-F. Volney, comte et pair de France,membre de l’Académie française (Paris, Bossange frères, 1821, 8 vol.), précédées de la vie de l’auteur par Adolphe Bossange.


En 1822, Adolphe épousa Jeanne Lebatard (1795-1843) : le couple n’aura pas d’enfant. Les deux frères se séparèrent en 1826 : Hector s’installa au 11 quai Voltaire [VIIe], Adolphe au 22 rue Cassette [VIe].


De Jules Bossange, on ne connaît guère que son installation au 35 rue Neuve-des-Petits-Champs [IIe] en 1821, et son association la même année avec Tenon, 10 rue des Poitevins [VIe], probablement Jacques-André Tenon († 1839), qui sera au 30 rue Hautefeuille [ancien Collège des Prémontrés] de 1825 à 1828. 


Martin Bossange se sépara de Masson en 1819, vendit l’hôtel de Brancas à Antoine-Augustin Renouard (1765-1853) en 1821, après avoir édité les Œuvres de d'Alembert (1821-1822, avec A. Belin, 6 vol.).  

L'arcade Colbert, vue de la rue Colbert vers la rue de Richelieu
(L'Illustration, n° 1.323, vol. LII, samedi 4 juillet 1868, p. 56) 
Entrée de l'hôtel de Nevers, 12 rue Colbert (aujourd'hui)

Dès 1822, il s’installa 60 rue de Richelieu [IIe], près l'arcade Colbert [détruite en 1868], dans l’ancien hôtel de Talaru [détruit en 1914], où il succéda à Louis Nourrit (1780-1831), ténor comme son fils. Il y fit une superbe galerie du jardin, appelée « Galerie Bossange » :


« Et d’abord vous entrez dans une vaste salle carrée avec d’immenses tablettes qui s’élèvent jusqu’au plafond. Dans cette salle et dans celle qui suit, règne à diverses hauteurs, légèrement habillée de ses couvertures imprimées et dans le négligé du brochage, ce qu’on peut nommer la librairie courante, usuelle. Là Bossuet, Montesquieu, Racine, Corneille, Pascal, Molière, La Fontaine, Rousseau, et l’immense Voltaire, tout le dix-septième et le dix-huitième siècle rangés côte à côte, attendent les ordres de sa maison de Leipzig ou de ses correspondants d’Angleterre, d’Italie, d’Espagne, de Russie, d’Allemagne et des Étas-Unis. […]

De ces deux salles (nous sommes toujours chez M. Bossange), nous passons à un troisième magasin. Vous y lisez en lettres romaines placées en frontispice sur la porte d'entrée : Librairie espagnole. A cette annonce, vos yeux parcourent ce vaste amas de livres avec une surprise curieuse, mais la surprise augmente encore lorsqu’au lieu de ces noms sonores et castillans que vous cherchez de tous côtés, vous trouvez les noms de tout à l’heure, tous les noms français avec le mot traducidoà la suite de chacun d’eux, mot triste et mendiant, qui se drape dans sa misère littéraire, comme l’Espagnol dans ses guenilles. Et puis à travers Bernardin de Saint-Pierre, Fénelon, Ségur et Lesage, peintre si original dont les modèles ne connaissent que la copie, entre Châteaubriand et Benjamin Constant, vous lisez de loin à loin les vieux noms de Lope de Vega, de Calderon, ceux de Rojas, Solis, avec leurs innombrables canevas dramatiques, puis Cervantes, et son Hidalgo ingenioso, comme il appelle Don Quichotte, puis Moratin et Herrera ; et, pour représenter tout le siècle actuel, Martinez de la Rosa, dont la vie politique le recommande plus peut-être que ses œuvres, et Melendez, Florian espagnol, qui en est encore à la poésie des prairies et des tourtereaux. […]

Mais à côté de ces auteurs à œuvres régulières et littéraires, voici des masses de chroniques élaborées à l’ombre des cloîtres. […] Ceci c’est la librairie d’importation et de transit à la fois ; car, après avoir posé à Paris, tous ces livres courent à Mexico, et vont se répandre sur ce nouveau monde, s’arrêtant avec la conquête espagnole, murmurant au bord du désert les grandes actions du vieux monde et ses idées de civilisation. […]

Quittons cette terre étrangère ; entrons dans les salons de la librairie : c’est un beau jour, il descend d’un toit vitré, il s’épand dans une longue galerie coupée de panneaux à glaces, rayée de tablettes étincelantes d’or, de maroquins jaunes, violets, rouges ; de titres arabesques, gothiques, romains. C’est un jour de gala ; tous les habits dorés sont dehors. Ici, l’œuvre compte pour rien ; ici, peu importe que l’auteur s’appelle Molière ou Lachaussée, Corneille ou Campistron ; la suprématie appartient à l’habit ; ici, Thouvenin distribue les places, Simier donne les grades, Muller et Vogel font les supériorités ; là, Pascal rivalise de coquetterie et de nervures avec Boufflers ; l’économe Sully resplendit de barriolages [sic], et M. Thiers est grand et doré comme un tambour-major. Padeloup, qui fut grondé par madame de Sévigné, pour un méplat gâté dans la reliure des Pensées de Larochefoucauld, et Derome, qui fut presque renvoyé par madame Dubarry, pour un filet impur sur une Pucelle de Voltaire, Padeloup et Derome, ces deux grands artistes du carton et de la basane, sont surpassés et vaincus. S’il y avait encore des Turcarets, c’est dans cette galerie qu’ils achèteraient leurs livres. Ce qui remplace aujourd’hui les traitants dans ce commerce, ce sont les fêtes, les anniversaires, les premiers jours de l’an. C’est à cette source que se puisent les beaux cadeaux des pères à leurs enfants, des grands seigneurs aux gens qui savent lire, et des princes aux académies. Ce qui surtout resplendit parmi ces livres à larges galons, ce sont les heures et les missels. Un jour de mariage, on donne à sa future un livre de messe odorant, soyeux, magnifique, fermé d’or par Odiot, avec un portrait de la vierge, et ce portrait ressemble à la fiancée. […]

Au bout de cette longue et splendide galerie, entrons à droite ; c’est encore une vaste salle, mais simple, mais grave, mais consciencieuse. Ici l’Angleterre et l’Allemagne se disputent le terrain : l’ Angleterre et ses éditions compactes ; l’Allemagne et ses livres si diffus : là, Milton, Shakespeare et Biron deviennent des auteurs microscopiques ; là, Goëthe et Schiller s’étendent en in-octavo sans fin ; là, se montrent sur le papier de Chine les imperceptibles gravures sur acier de l’Angleterre, merveilleux dessins que la fée Mab a tracés du bout de son doigt ; là, s’étalent les 220 gravures sur pierre de l’immense atlas de l’Europe de Woerl, dédié à S. M. Louis-Philippe, par l’éditeur Herder de Fribourg ; l’atlas des batailles, combats et sièges, par le major de Kausler, en 200 feuilles ; celui du cours du Rhin, en 20 feuilles, chef-d’œuvre de lithographie. […] Après cette pièce si soigneusement époussetée et si sévèrement entretenue, quels sont, dans ce taudis, tous ces amas de livres en feuilles à la barbe jeune et enfumée, ou vieillement reliés ? Lisez l’étiquette passée dans la ficelle des ballots, et vous retrouverez les noms de Durand, et son Histoire du droit canon ; voici Pothier et tout son commentaire ; d’Aguesseau et le livre qu’il composa dans sa salle à manger, en attendant sa femme qui donnait un dernier coup de main à sa perruque et à ses mouches ; ceci, c’est la Coutume de Paris ; cela, c’est Ulpien, qui fit les Institutes, et plaça Théodora, la maîtresse du comédien Hécébole, sur le trône des Césars, malgré le sénat et la loi sur les courtisanes. Où vont tous ces morts ? où va Patru, où va Cujas ? C’est le Canada qui les demande ; le Canada régi par notre vieux droit français, qui n’est que le vieux droit romain. Québec et Montréal les distribueront à tous leurs habitants, avec la permission des moines, pourvu qu’on glisse pour eux, en maculatures ou enveloppes, quelques exemplaires de la Guerre des Dieux, de Jacques le fataliste, du Canapé ou du Parfait Cuisinier. […]

Et maintenant si vous n’avez jamais frissonné de plaisir à la vue d’une figurine de Cérès heurtée dans un champ par les charrues sans roues des paysans narbonnais ; si le sacristain de la cathédrale de Gap vous a permis de coiffer le casque du maréchal de Tallard, et que vous n’en ayez pas pleuré de joie ; si vous n’avez jamais été tenté de voler la bague de votre ami, parce qu’elle représente un Asdrubal avec la boucle d’oreille carthaginoise, ne me suivez pas dans le sanctuaire où je vais entrer : Odi profanum vulgus et arceo. Mais vous vous dites amateur ? Je veux le croire. Déployez donc sur ce vaste pupitre ce vaste Antiphonariumà l’usage des chanoines réguliers de Sainte-Croix. N’en tournez pas si vite les immenses feuillets de vélin ; voyez serpenter ces miniatures déliées, étincelantes, capricieuses ; voyez ces singes insolents, ces oiseaux splendides, ces roses pourpres et ces filets d’or vagabonds, arabesques plus suaves que les plus légères dentelures de l’Alhambra. Vous ne jetez qu’un regard à ce D capital ; un moine a passé deux ans à le peindre. Venez donc à ce ceremoniale romanum ; l’évêque Calderini mit en gage les vases sacrés de son église chez un Juif de Ceneta pour faire achever ce magnifique manuscrit. Celui-ci relié en vert, c’est l’Ordo breviarii Romani : ne le touchez qu’avec respect, il sort du Vatican, il a été béni par le pape […].

En allant de ces manuscrits colosses à ces colosses imprimés, faites un pas vers ces roses de Redouté : prenez garde, cet exemplaire a été colorié et signé par l’auteur ; il est d’un prix inestimable. Ces neuf volumes in-folio avec leurs dos de maroquin rouge, c’est Shakespeare, c’est l’édition monumentale de Stevens. A ce texte si pompeusement imprimé, l’admiration anglaise a joint cent quatre-vingt-treize gravures, toutes puisées dans les drames du poète ; cent quatre-vingt-treize gravures sur grand Jésus, où ont été dépensées pour chacune, la composition d'un vaste tableau et l’admirable et patiente gravure des premiers artistes anglais ! hommage magnifique que Shakespeare a obtenu avec une place à Westminster et qu’attend Molière dans sa tombe de cent écus. Mais ce que l’impression et la miniature ont produit sans-doute de plus prodigieux, c’est cet exemplaire du couronnement de George IV. Toutes les figures y sont des portraits, tous les costumes d’une fidélité scrupuleuse ; chaque lettre est en or ; il a fallu faire une machine pour imprimer ce texte, du papier particulier pour le recevoir. Le portrait du duc Devonshire, peint sur satin, repose sous ses armoiries incrustées de rubis et de perles fines par un procédé nouveau. C’est un livre de rois ou de banquiers anglais ; il est bien beau pour la France d’en posséder un exemplaire. Ceci est la librairie d’art, la librairie des bibliomanes, la librairie passionnée, la sainte et religieuse librairie. »

(Frédéric Soulié. « La Librairie à Paris ». In Paris, ou le Livre des cent-et-un (Paris, Ladvocat, 1832, t. IX, p. 308-317)


Etiquette de Martin Bossange (photo. Bertrand Hugonnard-Roche)

Bossange y forma une Société littéraire baptisée le « Musée encyclopédique », où eurent lieu des lectures d’ouvrages inédits et des conférences sur des objets scientifiques ou littéraires :

« MUSÉE ENCYCLOPÉDIQUE

ÉTABLI À LA GALERIE

DE BOSSANGE PÈRE,

A Paris, Rue de Richelieu, No. 60, près l'Arcade Colbert.


DEPUIS longtemps on a senti la nécessité, dans la plupart des grandes villes de l'Europe, d'ouvrir aux savants, aux hommes de lettres, aux artistes, aux voyageurs distingués, des lieux de réunion où ils pussent former des liens de bienveillance mutuelle, aussi doux pour ceux qu'ils unissent, qu'utiles aux progrès des sciences elles-mêmes, où ils trouvassent, dans une nombreuse collection d'ouvrages périodiques, une lecture intéressante et variée ; où enfin il leur fût facile de se tenir au courant de toutes les productions de l'esprit humain, tant dans leur propre pays que chez les autres nations.

L'Athénée royal et la Société royale des Bonnes-Lettres de Paris, le Club des étrangers et l'Institution royaleà Londres, le Cercle des négocians et le Cercle des noblesà Vienne, en Autriche, le vaste et beau Casino de Francfort-sur-le-Mein, la Société de lectureà Genève, l'Institution connue à Amsterdam sous le nom de Felix meritis, remplissent en partie cette intention. Mais ces divers établissemens, entretenus par des souscriptions, sont obligés de régler leur dépense sur leur recette, considération qui limite le nombre des ouvrages qu'ils peuvent acquérir, et ferme au mérite indigent l'entrée de ces réunions.

Fondé sur un autre plan, le Musée Encyclopédique sera ouvert à tous les genres de mérite, et aux besoins de tous les genres ; dans l'intérêt des lettres, des sciences et des arts, c'est un centre, c'est un foyer de communication où l'homme qui les aime sera certain de rencontrer l'homme qui les cultive. Il fait partie d'une grande et active librairie, qui, sans exiger aucune rétribution, l'établit et l'accroît chaque jour par ses propres moyens.

La collection des feuilles périodiques et des nouveautés remarquables qui paraîtront, tant en France que chez l'étranger, s'y trouvera aussi complète qu'on pourra le désirer.

Le local est vaste, commode et agréable. Il se compose d'une belle galerie, et de deux grands salons à droite et à gauche, qui ont chacun une issue sur un jardin. Situé dans le quartier le plus fréquenté de Paris, il est cependant assez éloigné de la voie publique pour qu'on y jouisse de toute la tranquillité nécessaire à la lecture et à la réflexion.

Demander à être admis au Musée, ce sera prendre l'engagement tacite, mais formel, de s'y interdiretoute discussion politique, de se borner à s'y occuper de tout ce qui se publie sur la philosophie, les sciences, les lettres et les arts. On sentira facilement qu'un établissement de ce genre ne peut être qu'un lieu d'étude, où se réunissent fortuitement des hommes sages et paisibles de toutes les nations, qui n'ont qu'un but, celui de s'instruire.

MM. les auteurs pourront faire quelquefois au Musée des lectures d'ouvrages inédits, ou des conférences particulières sur des matières purement littéraires et scientifiques.

Les plus heureux auspices semblent présider à l'ouverture du Musée Encyclopédique. Un nouveau règne commence et remplit d'espoir tous les Français.

Un Prince auguste donne une nouvelle preuve de son amour pour les sciences, les lettres et les arts, en prenant sous sa protection un établissement dont la principale destination est de favoriser leurs progrès.

Les artistes, les fonctionnaires publics, les personnes honorablement connues, pourront, sur leur demande, obtenir leur admission au Musée. Il sera délivré, sans frais, des cartes d'entrée perpétuelle ou temporaire, signées de M. Bossange père. Ces cartes seront personnelles.

MM. les auteurs et éditeurs de la France et des pays étrangers sont invités à faire parvenir, franc de port, au Musée Encyclopédique, un exemplaire des ouvrages qu'ils publieront. Les communiquer aux personnes auxquelles cet établissement est ouvert, c'est assurer à ces ouvrages une publicité qui manque souvent aux livres étrangers.

Ces exemplaires seront remis à leurs propriétaires, aussitôt qu'ils les réclameront, ou vendus à leur compte, s'ils le désirent.

MM. les étrangers devront se faire présenter par leurs correspondants pour obtenir leur entrée, ou, s'adresser chez Martin Bossange et Co. 14, Great Marlborough Street, à Londres, qui delivreront des cartes d'entrée gratis aux personnes qui leur seront connues. » [sic]

(In The Quarterly Review. London, John Murray, 1825, vol. XXXII, p. [338])


Bossange était devenu le libraire de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le duc d’Orléans.

Il édita : Histoire de l'empire de Russie (1819-1826, 11 vol.), par Karamsin, traduite par St.-Thomas, Jauffret et Divoff ; Cours élémentaire de teinture sur laine, soie, lin, chanvre et coton, et sur l'art d'imprimer les toiles (1823), par J.-B. Vitalis ; Traduction nouvelle en vers de l'Enfer du Dante (1823), par Brait Delamathe ; Essai sur l'histoire de la peinture en Italie (1823, 2 vol.), par le comte Grégoire Orloff ; La Henriade, avec un commentaire classique(1823), par Fontanier ; Napoléon et ses contemporains (1824), suite de gravures avec texte, par Auguste de Chambure ; Analyse historique de l'établissement du Crédit public en France (Avril 1824), par Vital Roux ; Étude du Crédit public et des dettes publiques (1824), par L. C. A. Dufresne St-Léon ; De la religion (1824, avec Treuttel et Wurtz, Rey et Gravier, Renouard, Ponthieu, tome I), par Benjamin Constant ; Choix des quarante plus belles fleurs, tirées du grand ouvrage des Liliacées peintes par P.-J. Redouté (1824, avec Rey et Gravier) ; Code des émigrés (1825, avec Ponthieu, Mongie, Petit), par P. L. Le Caron ; Opinions littéraires, philosophiques et industrielles(1825) ; Calliope, ou Traité sur la véritable prononciation de la langue grecque (1825, avec Treuttel et Wurtz), par C. Minoïde Minas ; Dictionnaire de l'Académie françoise, revu, corrigé et augmenté par l'Académie elle-même. Cinquième édition (1825, 2 vol.) ; Fables (1829), par A. Naudet ; The New Universal Dictionary, english and french, and french and english (1832, 2 vol.), par John Garner.


Edition de la succursale de Mexico

Après Cap-Haïtien (1801), New York (1813), Londres (1814) et Montréal (1815), des succursales furent installées à Madrid, à Naples, à Leipzig [Reichs Strasse], Odessa, Mexico et Rio de Janeiro. D’autres relations commerciales s’installèrent avec Gorizia, le Guatemala, Lima, Pise, Trieste, Valence et Vilnius.

Les fils de Bossange participèrent à l’extension du réseau international, qui s’étendra jusqu’à Amsterdam, Anvers, Baden-Baden, Baltimore, Berlin, Boston, Bruxelles, Buenos Aires, Coblence, Cologne, Copenhague, Düsseldorf, Florence, Francfort, Gênes, Heidelberg, Helsinki, La Havane, La Haye, Liège, Mayence, Milan, Modène, Montevideo, Moscou, Pest, Presbourg, Saint-Pétersbourg, Stockholm, Turin, Uppsala, Varsovie, Vienne, Wroclaw, Zurich.  


Entre 1820 et 1830, les Bossange ont donc joué un rôle primordial dans la connaissance des ouvrages en langues étrangères en France et dans l’extension de la réputation des libraires français à l’étranger.   


Mais après la surproduction des années 1820-1826 et la fermeture de plusieurs pays européens à l’importation de livres français, auxquelles s’ajoutait la contrefaçon belge, la librairie connut une crise marquée par d’impressionnantes faillites, dont celles des Bossange, malgré leur association avec certains de leurs confrères et le soutien du banquier Jacques Laffitte (1767-1844), ami de la famille : Adolphe le 9 juin 1830, Martin le 8 décembre suivant, Hector le 10 mars 1831.


Adolphe Bossange abandonna la librairie pour la littérature. 

Le Théâtre des Nouveautés en 1831

Dès 1829, il avait pris la direction du Théâtre des Nouveautés, 27 rue Vivienne [IIe, détruit en 1869], vis-à-vis de la Bourse, avec le journaliste Victor Bohain (1805-1856), qu’il poursuivit jusqu’à sa fermeture en 1832. Connu sous le pseudonyme de « Nemo », il devint rédacteur pendant une dizaine d’années à la Gazette de France, où il écrivit des chroniques intitulées « Lettres à ma voisine », qui parurent en feuilletons. Il écrivit en outre un volume devenu rare, Des crimes, et des peines capitales(Paris, Charles Lemesle, 1832), et signa deux drames en prose, avec Frédéric Soulié (1800-1847) : Clotilde (Paris, J.-N. Barba, 1832) et La Famille de Lusigny (Paris, Charles Lemesle, 1832). Tandis qu’il poursuivait une liaison avec Louise-Élizabeth Debieffe, puis avec l’actrice Virginie Déjazet (1798-1875), Frédéric Soulié devenait l’amant de sa première femme, Jeanne Lebatard. À partir de 1847, il exerça les fonctions de secrétaire général de la Compagnie des chemins de fer de l’Est. Une longue et douloureuse maladie de cœur le força à se retirer dans sa propriété de Maisons-sur-Seine [Maisons-Laffitte, Yvelines], avenue Voltaire, où il mourut le 18 janvier 1862, veuf de Louise-Juliette Galand (1803-1852), qu’il avait épousée en 1843, après dix ans de concubinage.




Martin Bossange se replia sur Leipzig, où il fonda une revue hebdomadaire illustrée à bon marché qui eut beaucoup de succès, intitulée Das Pfennig-Magazin : le premier numéro parut le 4 mai 1833.

On lui doit des brochures relatives au prêt sur nantissement fait par le gouvernement à la librairie :  Courtes observations de M. Bossange père, à MM. Les membres de la Chambre des députés, relatives au prêt sur nantissement fait à la librairie par le gouvernement (s. d.) ; Nouvelles observations de M. Bossange père, relatives au prêt fait à la librairie ; suivies du catalogue des livres donnés en nantissement (Paris, Firmin Didot frères, 1833).



Avec Jacques-Joseph Techener (1802-1873), il rédigea le Catalogue de la riche bibliothèque de Rosny, dans laquelle se trouvent les grands et beaux ouvrages a figures, tant anciens que modernes, publiés en France, en Angleterre et en Italie, dont plusieurs sur peau de vélin, avec les dessins originaux (exemplaires uniques) ; une collection de quatre-vingt-six manuscrits très précieux et de la plus haute antiquité ; des autographes anciens, gravures et médailles modernes ; armes et armures anciennes, ayant appartenu au duc de Sully ; antiquités provenant des fouilles de Pompei [sic] (Paris, Bossange père et Techener, s.d. [1836], in-8, VIII-264 p., 2.578 lots pour les livres et les lettres autographes + 74 lots pour les estampes modernes + médailles + armes et armures anciennes + bronzes antiques + verroteries antiques + objets divers), de la duchesse de Berry, vendue en 28 vacations, du lundi 20 février au jeudi 23 mars 1837, dans une salle de la Galerie Bossange.

Il quitta alors les affaires : la Galerie Bossange fut reprise par les Allemands Friedrich Brockhaus (1800-1865) et Eduard Avenarius (1809-1885), tous deux beaux-frères du compositeur Richard Wagner (1813-1883), qui y installèrent leur Librairie et grand salon littéraire allemand-français. 

Bureau de Rédaction de L'Illustration dans l'ancienne Galerie Bossange
(L'Illustration, N° 53, vol. III, samedi 2 mars 1844, p. 9)

En 1844, L’Illustration, la Librairie Dubochet et Ce et la Librairie Paulin furent transférées dans l’ancienne Galerie Bossange père.

Du 26 janvier au 3 février 1852, en 8 vacations, eut lieu, 1 rue de Lille, la vente des livres de la Galerie Bossange : Catalogue des livres qui composaient la librairie ou qui faisaient partie de la belle galerie de M. Bossange père, rue de Richelieu (Paris, Delion, in-8).



Martin Bossange rédigea encore le Catalogue des livres anciens et modernes composant la bibliothèque de MME la maréchale Lannes, duchesse de Montebello (Paris, Bossange père et J. Techener, 1857, in-8, [3]-[1 bl.]-67 p., 627 + 6 bis lots), dont la vente eut lieu en l’hôtel de la duchesse, 73 rue de Varennes, du lundi 27 avril au vendredi 1er mai 1857, en 5 vacations.

Il mourut le 24 octobre 1865, en son domicile, 18 rue de Miromesnil [VIIIe], et fut inhumé au cimetière du Père Lachaise.



Hector Bossange continuait à envoyer gratuitement à ses correspondants son mensuel Bulletin bibliographique, qu’il publiait depuis 1830 et qui donnait la liste des ouvrages nouveaux publiés en France.

En avril 1830, il avait fondé avec Jules Renouard, libraire 6 rue de Tournon, une « Librairie des étrangers », 55 rue Neuve-Saint-Augustin, au coin de la rue de la Paix, et choisit le publiciste anglais George-Geary Bennis (1793-1866) pour gérer cet établissement jusqu’en 1836 : cette librairie a été décrite par un fidèle des soirées de Nodier, Antoine Fontaney (1803-1837), dans « Une séance dans un cabinet de lecture » (In Paris, ou Le Livre des cent-et-un. Paris, Ladvocat, 1832, t. IX, p. 227 et suiv.).

Ayant bénéficié d’un prêt du gouvernement, il poursuivit ses affaires commerciales. Dans son Opinion nouvelle sur la propriété littéraire (Paris, Rignoux, 1836), il se déclara partisan du droit de réimpression, moyennant une rétribution perpétuelle en faveur des auteurs et de leurs ayants droit, mais dix ans seulement après la première édition d’un ouvrage.   

À partir de 1837, il poursuivit les activités de son père à Paris : 11 quai Voltaire jusqu’en 1846, puis 21 bis quai Voltaire et enfin 25 quai Voltaire à partir de 1850. Convaincu qu’il manquait une nomenclature méthodique et à peu près complète des titres des ouvrages les plus recherchés par les libraires étrangers, 


il publia un Catalogue de livres français, anglais, italiens, allemands, portugais, espagnols, orientaux, grecs et latins, etc., etc., etc. Suivi de prix courants (1845) qui, avec ses « Suppléments » successifs, comprit 30.839 articles.

En 1851, il ouvrit à Québec, 12 rue Buade, vis-à-vis le presbytère, une succursale de sa librairie parisienne, sous le nom de « Bossange, Morel & Cie ».

Le 1er mai 1854, il établit une Société avec son fils Pierre-Gustave Bossange, né à Paris le 1er janvier 1836, sous la raison sociale « Hector Bossange et fils », pour exploiter le fonds de commission en librairie du 25 quai Voltaire. L’année suivante, Hector Bossange publia Ma bibliothèque française (Paris, Hector Bossange et fils, 1855) :


« Ce n’est pas un livre, ce n’est même pas un catalogue, c’est tout simplement un recueil de renseignements à l’usage de mes amis d’Amérique. […]

Quelque petit que soit ce volume, il offre pourtant une nomenclature de plus de 1100 ouvrages formant environ 7,000 volumes. » (p. I-VII)


Edouard Bossange (1820-1900)

Son autre fils, Martin-Édouard-Adolphe Bossange, né à Paris le 22 août 1820, avait fait fortune aux États-Unis dans des spéculations immobilières et épousé, le 25 septembre 1845, à Terrebonne [Canada, province du Québec], ville de la banlieue nord de Montréal, Marie-Adélaïde-Élodie Masson, née à Montréal le 15 juillet 1824, fille d’un riche industriel. 

Château de Citry

Château de Meung-sur-Loire : façade Est (XIII-XVIe s.)
Château de Meung-sur-Loire : façade Ouest (XVIIIe s.)

Grâce à ce mariage, il put se retirer des affaires, rentrer en France en 1855 et acquérir le château de Citry [Seine-et-Marne], avant de le revendre à son père pour acquérir celui de Meung-sur-Loire [Loiret], le 24 novembre 1859.


Le 26 avril 1862, Hector Bossange céda son brevet de libraire à son fils Gustave, puis se retira, avec sa femme, Julie Fabre, au château de Citry.

En 1871, Gustave Bossange déménagea la librairie du quai Voltaire au 16 rue du 4 Septembre [IIe], à mi-chemin entre la Bourse, place de la Bourse [IIe] et le Grand-Hôtel, boulevard des Capucines [IXe] : tous les journaux canadiens s’y trouvaient dans une « chambre de lecture ». 


L’année suivante, il devint en outre agent d’émigration du gouvernement canadien à Paris. En 1879, après de mauvaises affaires, il rétrocéda son brevet de libraire à son frère Oscar-Edmond-Léopold Bossange, né à Paris le 17 août 1822, veuf de Sarah-Émeline Appleton, née à New York et décédée à Paris le 5 février 1861, remarié le 5 mars 1868 à Joséphine-Estelle Aubry, née à Pommerieux [Mayenne] le 22 avril 1837.


Hector Bossange (1795-1884)

Hector Bossange et sa femme, Julie Fabre, célébrèrent le soixantième anniversaire de leur mariage [noces de diamant], le 14 octobre 1876, au château de Citry. Le chantre de cette fête fut un ancien libraire et poète de Québec, Octave Crémazie (1827-1879), qui avait été accueilli au château, ayant fui le Canada sous le nom de « Jules Fontaine », pour échapper à ses créanciers ; il adressa au couple cette stance, qui se termine par une périphrase sur le livre français :


« Comme ils sont bien remplis ces nobles douze lustres !

Le travail incessant, les amitiés illustres

Qui, dès vos premiers pas, vous ont tendu les mains ;

Les voyages nombreux aux bords du nouveau monde,

Où vous alliez porter la semence féconde

De cet esprit français, le charmeur des humains ; »


Le caveau Bossange au cimetière de Meung-sur-Loire


Après le décès de Julie Fabre à Citry, le 2 août 1883, Hector Bossange s’installa chez son fils Édouard à Meung-sur-Loire, où il mourut le 10 janvier 1884 : il fut inhumé au cimetière de Meung-sur-Loire. Après le décès de Marie Masson, à Meung-sur-Loire le 17 février 1891, sa fille Marie-Julie, née à Terrebonne le 30 juillet 1852, et Jean-Luizy-Robert Lesourd (1846-1909), qui s’étaient mariés le 27 août 1874, s’installèrent au château, dont ils héritèrent après la mort de Édouard Bossange, à Meung-sur-Loire, le 8 janvier 1900 : celui-ci fut inhumé au cimetière de Meung-sur-Loire. Gustave Bossange mourut à New-York le 2 mars 1900.













































































L'Enseigne de la Librairie de Camille Bloch (1887-1967)

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366, rue Saint-Honoré. Paris Ier






Grand jour pour les cazinophiles !

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Le hasard (les voies du Seigneur sont impénétrables) m'a fait découvrir ce matin les actes de décès, puis de naissance du libraire Augustin-Joseph Corroënne (voir et corriger Cazin, l'éponyme galvaudé. Paris, L'Hexaèdre éditeur, 2012, p. 51).

Corroënne devant sa boîte, sur les quais
(Emile Mas, 1893)

Augustin-Joseph Corroënne est né le 25 juin 1837, à Fresnes-sur-Escaut (Nord), fils de Jean-Baptiste Corroënne (né en 1791), ouvrier mineur, et de Marie-Anne-Joseph Vitas (née en 1800), ménagère.
Il est décédé le 8 septembre 1903, à 4 heures du matin, dans sa résidence secondaire de Villeneuve-sous-Dammartin (Seine-et-Marne), son domicile parisien étant alors 44 boulevard de Picpus, douzième arrondissement.


La Descendance de François Belin (1748-1808), fondateur des Éditions Belin

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D’une famille originaire de Chauvirey-le-Châtel [Haute-Saône], François Belin est né le 4 juillet 1748 à Genevrières [Haute-Marne] et fut baptisé le même jour.

Comme ses grands-parents, le 27 avril 1717, ses parents s’étaient mariés à Chauvirey-le-Châtel, le 5 août 1743 : ils eurent treize enfants, dont quatre moururent en bas âge. Son père, Nicolas Belin (1721-1798), recteur d’école, puis receveur des traites foraines en 1778, était le fils de Claude Belin (1692-1747), huissier royal, et de Françoise Lallemand, de Fayl-Billot [Haute-Marne] ; sa mère, Marie-Anne Agnus, née en 1722, était la fille de Jean-Baptiste Agnus, marchand, et de Marie Darcy.


Envoyé à Paris, François Belin obtint de l’Université, le 2 octobre 1770, un certificat de congruité en latin et en grec. 



Logé dans la Maison de l’Université, rue Saint-Jacques [Ve], près la chapelle Saint-Yves [détruite en 1796], presqu’en face de la rue du Plâtre [rue Domat], à l’emplacement de l’actuel n° 30 de la rue Saint-Jacques, il eut les moyens d’éditer, dès 1773, Joseph, poème en neuf chants, par M. Bitaubé (3eédition).



Il entra en apprentissage, le 3 décembre 1773, chez Jean-François-Louis Chardon (1738-1812), rue Galande [Ve], « À la Croix d’Or », libraire depuis le 1er septembre 1758 et surtout imprimeur depuis le 26 juin 1762, qui faisait rouler onze presses et travailler plus d’une vingtaine d’ouvriers. Il fut reçu libraire le 10 mars 1777.


Le 13 mars 1780, en l’église Saint-Séverin, il épousa Marie-Geneviève Selle (1754-1836), fille de Guillaume-Léonor Selle, son voisin rôtisseur, et de Marie-Arnoult Geney. 


Le couple aura cinq enfants, dont quatre garçons qui embrassèrent le métier de libraire ou d’imprimeur : Léonard-François le 13 janvier 1781, Auguste-Jean le 18 juin 1786, Alexandre-Thermidor, dit plus tard « Théophile », le 6 thermidor An II [24 juillet 1794] et Dominique-François le 15 août 1798.


Le 26 juillet 1785, il prit en apprentissage son frère Louis Belin, né le 11 septembre 1760, qui devint par la suite son commis.


À la Révolution, François Belin fit figure de patriote : il fut officier de la garde nationale et membre de la première assemblée électorale de Paris en 1790, membre du comité civil de la section Marat en l’An II.

Vers 1790, il acquit le fonds de Denis Humblot, rue Saint-Jacques, vis-à-vis l’église des Jésuites : celui-ci était né à Langres [Haute-Marne], le 4 avril 1726, et était l’oncle du libraire Denis Volland.

En 1792, il s’associa avec Claude Simon (1741-1798), imprimeur installé dans la même Maison de l’Université, et devint, pour un temps, imprimeur du premier tribunal criminel du département de Paris. Mais pour avoir édité la Constitution françoise, précédée de réflexions contraires aux vues de la Convention nationale, François Belin fut emprisonné du 23 germinal An II [12 avril 1794] au 21 thermidor An II [8 août 1794] : son fils, né pendant son incarcération, reçut, en souvenir, le prénom de « Thermidor ».


Marque de François Belin (1801)

François Belin céda son imprimerie à Jean Gratiot (1767-1841) en 1804 et prit, deux ans plus tard, Clément Thiériot (1790-1843), né à Genevrières, comme apprenti libraire. Probablement affaibli par des problèmes de santé, il se retira bientôt à Sceaux [Hauts-de-Seine], où il avait acquis une maison de campagne en 1801, et décéda, à Paris, le 10 décembre 1808.


François Belin avait exercé la librairie « nouvelle », c’est-à-dire le commerce des livres nouvellement imprimés : religion, sciences occultes, histoire, géographie, classiques, droit, musique, théâtre, architecture, médecine, grammaire, dictionnaires. Il fut un libraire et un éditeur éclectique : 


Histoire de l’abolition de l’Ordre des Templiers (1779, avec Besongne) ; Réflexions philosophiques sur l’origine de la civilisation, et sur les moyens de remédier aux abus qu’elle entraîne (1781), par Jacques-Vincent Delacroix ; 


Essai historique sur la Bibliothèque du Roi(1782), par Nicolas-Thomas Le Prince ; la collection « Petite Bibliothèque des Théâtres » (1783-1789, avec Brunet, 80 vol.) ; Le Moraliste Mesmérien, ou Lettres philosophiques sur l’influence du magnétisme (1784, avec Brunet), par Jean-Baptiste Salaville ; Histoire des plantes vénéneuses et suspectes de la France (1784, avec Didot le Jeune et Barrois le Jeune), par Pierre Bulliard ; L’Aventurier françois, ou Mémoires de Grégoire Merveil (1785, 4eédition, avec Quillau l’Aîné, la veuve Duchesne, Mérigot le Jeune et De Senne, 2 vol.), par Robert-Martin Lesuire ; Conduite pour passer saintement le Carême (1785), par le R. P. Jean-Baptiste-Élie Avrillon ; Mélanges de littérature étrangère(1785, avec Gogué & Née de La Rochelle, et Hardouin, 3 premiers tomes), par Aubin-Louis Millin ; Traité des jardins, ou le nouveau de La Quintinye (1785, 4 vol.), par L. B*** [René Le Berryais] ; 

Aux armes de Louis-Charles-Auguste Le Tonnelier Breteuil
4.500 € (Librairie Amélie Sourget)

Lorgnette philosophique (1785, avec la veuve Duchesne et Guillot, 2 vol.), par Alexandre-Balthazar-Laurent Grimod de La Reynière ; Étrennes du Parnasse. Choix de poésies, recueillies par M. Mayeur de St Paul (1786, avec Brunet) ; 


Méditations et sentimens sur la Ste Communion (1787), par le R. P. Jean-Baptiste-Élie Avrillon ; Peu de chose. Hommage à l’Académie de Lyon (1788, avec Desenne & Petit), par Alexandre-Balthazar-Laurent Grimod de La Reynière ; Les Conversations d’Émilie (1788, 5eédition), par la marquise d’Épinay ; Dictionnaire portatif des femmes célèbres(1788, avec Volland, 2 vol.) ; 


Mémoire en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de St.-Domingue (1789), par l’Abbé Henri Grégoire ; 


Motion en faveur des Juifs (1789), par l’Abbé Henri Grégoire ; 


la collection « Vies des plus célèbres marins » (1784-1789, 13 vol.), par Adrien Richer ; Observations faites dans les Pyrénées (1789), par Louis Ramond ; Clovis, tragédie nationale, dédiée à la Confédération(1790) ; la collection « Chef-d’œuvres [sic] dramatiques » (1791, avec Valade Aîné,   vol.) ; 


La Nouvelle Héloïse, ou Lettres de deux amans, habitans d’une petite ville au pied des Alpes (1792, avec Caille, Grégoire et Volland, 4 vol.), par J.-J. Rousseau ; 


Révolutions de Portugal(1792, « De l’Imprimerie de Belin »), par l’Abbé de Vertot ; Histoire des hommes illustres qui ont honoré la France par leurs talens et leurs vertus (An V, avec Delaplace, 4 vol.), par Louis-Pierre Manuel ; Voyages d’Antenor en Grèce et en Asie, avec des notions sur l’Egypte (An VI, avec Bernard, 2 vol.), traduction du grec par Étienne-François Lantier ; Ana, ou Collection de bons mots […] des hommes célèbres (An VII, 10 vol.),  par Charles-Georges-Thomas Garnier ; 


Cours de latinité (1799, 4eédition, 3 vol.), par le P. Jacques Vaniere ; 


Voyages au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des Hautes-Pyrénées(An IX-1801), par Louis Ramond ;  Histoire philosophique de la Révolution de France (An IX-1801, 4eédition, avec Calixte Volland, 9 vol.), par Antoine Fantin-Désodoards ; L’Année affective, ou Sentimens sur l’amour de Dieu (An X-1802), par le R. P. Jean-Baptiste-Élie Avrillon ; Avis au peuple sur sa santé (1802, dernière édition originale, avec Le Prieur, 2 vol.), par le Docteur Simon-André Tissot ; Tableau de l’Histoire de France, depuis le commencement de la Monarchie, jusqu’au règne de Louis XVI (An XI-1803, 2 vol.), par Pons-Augustin Alletz ; Les Conversations d’Émilie (An XII-1804, 6eédition, 3 vol.), par la marquise d’Épinay ; 


Reliure Charles de Samblanx (1855-1943)
19.500 $ (Librairie Philipp Pirages, U.S.A.)
La Sainte Bible, contenant l’ancien et le nouveau Testament (1789-An XII, Impr. de Monsieur [vol. I-III], Didot le Jeune [vol. IV-V], Gay, Ponce et Belin [vol. VI-XII], 12 vol.), par Louis-Isaac Le Maistre de Sacy ; Mémoires de Henri Monod (1805, avec Levrault, Schoell et Compagnie, 2 vol.) ; 


Histoire de Pierre Terrail, dit le chevalier Bayard, sans peur et sans reproche (1807, [à la fin :] « A Reims, De l’Imprimerie de Le Batard, Libraire, rue Impériale, n.° 4. »), par Guyard de Berville.

Il avait édité aussi quelques périodiques : le Journal politique et militaire,à partir d’avril 1779 ; la Gazette de France,à partir de novembre 1789 ; 


le Courrier des planètes, ou Correspondance du cousin Jacques avec le firmament (1788-1789).


Sa veuve, Geneviève Selle, lui succéda dans la librairie. Face aux crises que subit la profession de libraire, elle dut vendre sa maison de Sceaux et la bibliothèque de son mari. En 1820, elle finit par vendre le fonds de la librairie à son fils aîné, Léonard-François Belin-Le Prieur, dit « Belin fils ». Elle mourut, à Paris, le 10 novembre 1836, laissant pour héritiers quatre fils et un petit-fils. La liquidation de la succession fit naitre plusieurs contestations : Belin-Le Prieur et Théophile Belin, par suite de relations d’affaires, étaient créanciers de leurs frères Dominique Belin et Belin-Mandar ; la veuve Belin avait, à diverses reprises, cautionné ces dettes.


   

Le fils aîné de François Belin, Léonard-François Belin, dit « Belin-Le Prieur », s’était installé 55 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe] dès 1806. Le 17 février 1808, à Paris, il avait épousé Marie-Catherine-Nicole Le Prieur, fille de Pierre-Sébastien Le Prieur (1758-1834), libraire, 278 rue Saint-Jacques, près la rue du Foin, à côté de l’hôtel de Lyon. Il avait été breveté libraire le 1er octobre 1812.


Clément Thiériot, qui était passé chez Belin-Le Prieur, fut breveté libraire le 18 septembre 1820 et s’associa alors avec Dominique Belin.

En 1826, Belin-Le Prieur s’attacha Félix Morizot (1807-1871) :


« MORIZOT(Félix), ancien libraire-éditeur et l’un des membres les plus estimés de notre Cercle, est mort le 8 avril. Il était né à Genevrières (Haute-Marne), en 1807.

Il vint à Paris en 1824 et entra en qualité de commis-libraire chez Adrien Leclerc, puis en sortit en 1826 pour être attaché à la librairie Belin-Leprieur. Appréciant son intelligence, son activité et ses qualités sympathiques, ce dernier lui confia, quelques années après, la mission de voyager pour sa maison, soit en France, soit à l’étranger, et eut la bonne pensée de s’assurer d’une façon durable son concours en l’associant à ses affaires en 1844. Morizot donna une grande extension aux opérations de la maison Belin-Leprieur et marqua son passage par les soins et le goût distingué qu’il apporta dans la librairie religieuse de luxe. Ces paroissiens, imprimés primitivement par Jules Didot et plus tard par un typographe vraiment artiste, M. Crété père (de Corbeil), sont avec encadrements en couleurs, riches et quelquefois variés pour chaque page, accompagnés de gravures dues aux frères Rouargue. Tous ont un mérite d’exécution qui a pu être égalé depuis, mais n’a pas été surpassé.

Belin-Leprieur mourut en 1854 [i.e. 1855], laissant Morizot seul titulaire de la maison qui continua à publier cette splendide collection signée par J. Janin, Th. Gautier, Edmond Texier, Louis Énault, Marmier, etc., pour le texte ; par Gavarni, E. Lami, Rouargue, pour les illustrations ; par Calamatta, Colin, Delannoy, Nargeot, Outhwaite, Willmann, pour les gravures.

Au mois de février 1865, Morizot, fatigué par ses voyages et ses travaux, céda sa maison à M. Mellado (de Madrid), qui ne la conserva que trois ans, la laissant, au mois de septembre 1868, à MM. Laplace, Sanchez et Ce qui la continuent encore aujourd’hui.

Morizot était célibataire. C’était un homme d’un esprit fin, observateur, d’un caractère profondément sympathique. Le département qui l’avait vu naître l’a vu mourir le 8 avril, quatre jours après l’arrestation de Mgr Darboy, archevêque de Paris, son compatriote, et avec lequel il était lié de la plus étroite amitié. Il fut l’éditeur de plusieurs ouvrages de ce digne prélat […].

(In Chronique du Journal général de l’Imprimerie et de la Librairie. N° 25, 24 juin 1871, p. 35)



En 1829, Belin-Le Prieur déménagea au 5 rue Pavée-Saint-André-des-Arts [rue Séguier, VIe]. François-Élie André, né le 15 février 1821 à Genevrières, entra comme apprenti à la librairie Belin-Le Prieur vers 1840 : breveté le 7 décembre 1861, il succédera à Stéphanie-Joséphine Seltz, veuve Thiériot.

Belin-Le Prieur mourut à Paris, le 2 août 1855. Morizot lui succéda.


Belin-Le Prieur avait édité en particulier plusieurs ouvrages scolaires : Géographie des commençants, par demandes et par réponses, à l’usage des pensions (1806), par Charles-Constant Le Tellier ; 


La Mère gouvernante ou Principes de politesse fondés sur les qualités du cœur(1812), par Madame de Renneville ; Buonaparte peint par lui-même dans sa carrière militaire et politique (1814), par M. C*** [Antoine-Siméon-Gabriel Coffinières] ; Conseils d’un français à ses compatriotes, à l’occasion du rétablissement de l’auguste famille des Bourbons sur le trône de France (1814), par Jérôme-Balthasar Levée ; 


Grammaire françoise de Lhomond, à l’usage des pensionnats (1814, 19eédition, avec Le Prieur), par Charles-Constant Letellier ; 


Tableau de l’Histoire de France, depuis le commencement de la Monarchie jusqu’au 1er août 1815 (1815, avec sa mère, 2 vol.) ; Mœurs et caractères du dix-neuvième siècle(1817, 2 vol.), par Jean-Pierre Gallais ; Traité sur les champignons comestibles (1818), par Christian-Hendrik Persoon ; Études de la langue française sur Racine (1818, 2 vol.), par Pierre Fontanier ; Nouvel abrégé d’arithmétique pratique […] à l’usage des pensions (1819, avec Le Prieur), par Charles-Constant Letellier ; Code des Ordres de chevalerie du royaume(1819, avec Delaunay) ; Le Magnétisme éclairé, ou Introduction aux archives du magnétisme animal (1820, avec Barrois l’Aîné, Treuttel et Wurtz, Bataille et Bousquet), par le baron d’Hénin de Cuvillers ;  Exposition critique du système et de la doctrine mystique des magnétistes (1822, avec Barrois l’Aîné, Treuttel et Vurtz [sic] et Delaunay), par le baron d’Hénin de Cuvillers ; 


Feuillets tombés des tablettes de l’amour, ou Lettres à mon amie, sur quelques amours célèbres (1822), par Constant Taillard ; Recueil général des anciennes lois françaises (1822-1835, avec Verdière, 30 vol.), par Jourdan, Decrusy et Isambert ; Grammaire françoise à l’usage des pensionnats (1823, 37eédition, avec Le Prieur), par Charles-Constant Le Tellier ; Histoire d’une sœur de Charité, dédiée aux filles de Saint-Vincent de Paule (1830), par Madame Foucault ; 


Petit voyage maritime autour du monde(1835), par P. P. Hennequin ; Grammaire française à l’usage des pensionnats (1835, avec Constant Le Tellier fils), par Charles-Constant Le Tellier ; 


Le Palais des Thermes et l’hôtel de Cluny (1836), par Jules-Léonard Belin ; L’Europe pendant la Révolution française (1843, 4 vol.), par Capefigue ; 


Les Veillées du château (1845, avec Didier, 2 vol.), par Madame de Genlis ; Le Siège de La Rochelle (1847, avec Morizot et Didier), par Madame de Genlis ; 


Cours élémentaire d’histoire naturelle. Le Buffon de la jeunesse (S. d. [1849], avec Morizot), par Pierre Blanchard ; 


L’Amour d’une mère et l’Attachement d’un frère (S. d. [1849], avec Morizot), par Gustave Nieritz ; 

Genève (frontispice)

Voyage pittoresque en Suisse, en Savoie et sur les Alpes(1852, avec Morizot), par Émile Bégin ; Jérusalem et la Terre-Sainte (S. d. [1852], avec Morizot), par l’Abbé G. D. [Georges Darboy] ; 

Florence (frontispice)

Voyage pittoresque en Italie. Partie septentrionale (1855, avec Morizot), par Paul de Musset ; 


Constantinople et la Mer Noire (1855, avec Morizot), par Méry.


Le 11 juin 1809, Belin-Le Prieur avait eu un fils, Jules-Léonore [sic] Belin, qui s’était marié le 21 février 1835 avec Edmée-Cécile Cœur. Avocat, il s’associa le 6 février 1838 avec Amédée Gratiot (1812-1880), imprimeur 11 rue de la Monnaie [Ier]. Auteur en particulier d’une nouvelle édition de l’Histoire physique, civile et morale de Paris (Paris, Furne et Cie, 1837-1839, 6eédition, 9 vol.), par J.-A. Dulaure, il fut breveté imprimeur le 17 septembre 1841, en remplacement d’Amédée Gratiot, démissionnaire, qui avait été nommé directeur de la Papeterie d’Essonnes [Corbeil-Essonnes, Essonne] le 1er octobre 1840. 

Bulletin d'annonces du Moniteur de la Librairie
N° 7, 15 avril 1842



Installé au 11 rue de la Monnaie, sous la raison sociale « J. Belin-Leprieur fils », c’est lui qui, avec Colomb de Batines (1811-1855), 15 quai Malaquais [VIe], confia à Charles Nodier la direction d’une « Bibliothèque variée », à 3 fr. 50 le volume, collection dont le 1ervolume parut en 1842 : Nouvelle bibliothèque bleue, ou Légendes populaires de la France.


Le cadet des fils de François Belin, Auguste-Jean Belin, dit « Belin-Mandar », épousa, le 29 juin 1813, Adèle Mandar, née à Paris, le 7 ventôse An II [25 février 1794]. Le couple eut trois enfants : Marie-Pierre-Auguste le 3 avril 1814, Jules-Louis le 28 avril 1815 et Marie-Eugène le 6 décembre 1816.


Le N° 5 rue Hautefeuille en 1869, par T. Masson
(Musée Carnavalet)

Breveté libraire le 2 octobre 1822, Belin-Mandar ouvrit une librairie au 13 rue Hautefeuille [détruit, VIe].


En 1823, Jacques-Benjamin de Saint-Victor (1772-1858) était propriétaire de la « Librairie classique élémentaire », 8 rue du Paon [hôtel de Tours, rue du Paon-Saint-André, VIe, détruit en 1866], dernier numéro pair de la rue. Les rentrées ne se faisant pas, il fit appel au crédit de Félicité de La Mennais (1782-1854), qui lui apporta sa garantie par une lettre adressée à la banque Cor et Larigaudelle, le 17 octobre 1823. Quand il fallut, moins d’un an après, liquider l’affaire, La Mennais, peu compétent en matière d’argent, se trouva engagé fort au-delà de ce qu’il avait prévu. Ce fut un effondrement, où il laissa, avec la plus grande partie de ce qu’il possédait, son amitié pour Saint-Victor. La librairie étant le seul gage de La Mennais, il se la fit remettre par Saint-Victor, au moyen d’un traité conclu avec les banquiers. 


On n’avait pas voulu vendre immédiatement la librairie, parce qu’il était nécessaire d’achever divers ouvrages dont les clichés étaient commencés, et d’attendre une occasion favorable. Des arrangements furent pris vers la fin de 1824, et durèrent jusqu’en 1827, quand il fut décidé qu’on vendrait la librairie. Plusieurs acheteurs se présentèrent : on donna la préférence à Belin-Mandar et François-Xavier Devaux, breveté le 6 février 1827.    


Le N° 8 rue du Paon en 1865
(photographie par Charles Marville)

Belin-Mandar transporta sa librairie de la rue Hautefeuille à la « Librairie classique élémentaire ». L’établissement se composa de tous les classiques grecs et latins, de tous les ouvrages de l’Abbé de La Mennais, dont Belin-Mandar et Devaux avaient acquis la propriété, de livres de prières et de piété, Écriture sainte, histoire ecclésiastique, théologie, liturgie, polémique, sermons, et livres de littérature, d’histoire et de sciences, ainsi que d’une collection de jolis livres d’éducation, revue, pour la pureté des principes, par une société d’ecclésiastiques.


En 1828, ils déménagèrent au 55 rue Saint-André-des-Arts [VIe] et installèrent une succursale à Bruxelles, rue de la Chancellerie, place Sainte-Gudule. Mais en octobre 1830, ils furent déclarés en faillite : l’association des deux libraires fut rompue en juin 1831.


Belin-Mandar rétablit sa situation, fut breveté imprimeur à Saint-Cloud [Hauts-de-Seine], le 10 novembre 1834, tandis que sa femme était brevetée libraire à Paris, à la même date. En raison de l’obligation de résidence - ensemble pour des époux - dans la ville d’exercice, le couple fut domicilié à Saint-Cloud.
L’imprimerie était 5 rue du Calvaire, à Saint-Cloud ; 


la librairie fut déménagée au 5 rue Christine [VIe] en 1838.

Adèle Mandar étant décédée le 6 septembre 1845, Belin-Mandar se remaria, à Saint-Cloud, le 25 avril 1846, avec Marguerite-Aimable Gautier, née à Paris le 31 août 1817, et céda la librairie à son fils Eugène Belin.


Son fils Marie-Pierre-Auguste Belin, qui avait d’abord travaillé à la librairie, était devenu médecin. Son autre fils, Jules-Louis Belin (1815-1864), s’était d’abord installé comme libraire, puis était parti s’établir comme imprimeur à Santiago [Chili], où il épousa Ana-Faustina Sarmiento (1832-1904), fille de Domingo-Faustino Sarmiento (1811-1888), futur président de la République d’Argentine.


Belin-Mandar mourut à Chartres [Eure-et-Loir], faubourg Saint-Maurice, le 4 mars 1851 : la déclaration fut faite par Jacques-Marin Garnier (1806-1882), imprimeur à Chartres. Il fut inhumé au cimetière de Saint-Cloud.


Marque de Belin-Mandar (1838)

On lui doit en particulier : Les Confessions de Saint Augustin (1823, 2 vol.) ; Œuvres complètes de Bourdaloue (1823, avec Demonville, 4 vol.) ; 


L’Année affective, ou Sentimens sur l’amour de Dieu (1824), par le R. P. Avrillon ; Nouvel abrégé des méditations du Père Louis Dupont, ou l’Art de méditer (1825, 4 vol.), par le Père Nicolas Frizon ; La Vie de Jésus-Christ dans nos cœurs (1826) ; Nouvelle méthode pour étudier l’hébreu des Saintes Ecritures (1826, avec Dondey-Dupré), par l’Abbé Beuzelin ; Essai sur l’indifférence en matière de religion (1828, 4 vol.), par l’Abbé F. de La Mennais ; 


Des progrès de la révolution et de la guerre contre l’Eglise (1829, avec Devaux), par l’Abbé F. de La Mennais ; De la nécessité d’une dictature (mars 1830, avec Devaux), par Charles Cottu ; L’Iliade, traduction nouvelle en vers français (1830, 2 vol.), par A. Bignan ; 




Dictionnaire de la conversation et de la lecture (1832-1839, 52 vol.) ; Préceptes de rhétorique (1835), par l’Abbé Girard ; Dictionnaire universel de la langue française (1835, 2 vol.), par Charles Nodier et V. Verger ; Dictionnaire français-anglais et anglais-français (1836, avec Baudry), par Alexandre Boniface ; Mémoires et expériences dans la vie sacerdotale et dans le commerce avec le monde (1836, avec Lagny frères), par Alexandre prince de Hohenlohe ; Cours de littérature faisant suite au Lycée de La Harpe (1837, 2 vol.), par J.-L. Boucharlat ; Le Moyen Age et le XIXe siècle (1839), par Étienne Marcella ; La Vie de Jésus-Christ dans nos cœurs(1839), par l’Abbé L*** ; 


Chefs-d’œuvre de Shakspeare [sic] (1839) ; Glanures d’Ésope, recueil de fables (1840, avec Georges Rouiller, Lausanne), par J.-J. Porchat ; 


Dictionnaire classique de l’Antiquité sacrée et profane (1841, 2 vol.), par N. Bouillet ; Dictionnaire français-grec (1841, avec L. Hachette), par Planche, Alexandre et Defauconpret ; Xénophon, apologie de Socrate (1842), par Paul-Louis Courier et L. de Sinner ; Résurrection de la liberté grecque (1843), par Nicolaos Stephanopoli de Comnène ; Dictionnaire grec-français (1843, avec L. Hachette), par C. Alexandre ; Traité de l’accentuation grecque (1843), par L. de Sinner ; Le Code civil commenté dans ses rapports avec la théologie morale (1844), par Monseigneur Th. Gousset ; C. Corn. Tacitus. Vita Agricolæ […]. Ad usum scolarum (1844) ; 


Concordantiæ Bibliorum Sacrorum vulgatæ editionis (« Parisiis, in scholari elementariaque officina venit apud Belin-Mandar, typographum et editorem, via vulgo dicta Christine, 5. MDCCCXLIV. ») ; Précis de l’Histoire moderne depuis la prise de Constantinople jusqu’à la convocation des états généraux en France (1845), par l’Abbé Drioux.


Le troisième fils de François Belin, Alexandre-Thermidor Belin, dit « Théophile Belin », imprimeur à Épernay [Marne], y épousa une jeune veuve, le 30 décembre 1826 : Adèle-Thérèse-Victoire Sestre, marchande de nouveautés, née à Haumet [Belgique] le 2 nivôse An X [23 décembre 1801], fille de Pierre Sestre, gendarme stationné à Haumet, et de Hubertine-Isabelle-Victoire Préalle. La mère du marié, Geneviève Selle, refusa de donner son consentement à ce mariage.

Breveté imprimeur en lettres le 14 février 1829, mais handicapé par une jambe de bois, Théophile Belin s’associa, le 18 avril suivant, avec Henri Plon (1806-1872), pour fonder la première imprimerie qui ait existé à Sézanne [Marne] : 

Avant la Première Guerre mondiale

Aujourd'hui

les deux associés louèrent l’ancienne Maison de Ville, place du Marché [40, place de la République, occupé aujourd’hui par la Banque LCL]. On y lisait au-dessus du premier étage une inscription, dans quatre cartouches, extraite du Livre de Job : « POST  TENEBRAS  SPERO  LUCEM » [Après les ténèbres, j’espère la lumière].


« L’inventaire dont j’ai parlé plus haut m’a fait savoir que l’atelier de composition était installé dans deux grandes pièces mansardées au deuxième étage, et que les presses étaient réparties au premier et au rez-de-chaussée, où devaient se trouver aussi les bureaux.

L’escalier de l’immeuble, formant un grand corps de bâtiment à part sur la cour, possède encore sa rampe en bois sculpté avec pendentifs paraissant dater du seizième siècle. Le grenier, qui a une élévation de neuf mètres, avait conservé son ancien carrelage, dont les pièces proviennent des fabriques de Chantemerle et sont décorées de cerfs, de sangliers, de trèfles, de fleurs de lys.

Des fenêtres du bureau et des ateliers sur la place du Marché on avait vue, juste en face, sur le côté le plus intéressant de l’église de Sézanne, celui où sont encore incrustées aujourd’hui nombre de maisons et de boutiques de l’effet le plus pittoresque. »

(Notre livre intime de famille. Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, 1893, p. 187)


Théophile Belin et Henri Plon vinrent à tour de rôle à Paris visiter la clientèle et chercher des commandes auprès des éditeurs.

Adèle Sestre étant décédée prématurément à Sézanne le 10 juin 1830, Théophile Belin épousa, le 1er juin 1831, à Saint-Remy-sous-Broyes [Marne], Zoé-Mélanie Huot-Longchamp, née à Barbonne-Fayel [Marne], le 9 mars 1811, fille du maire.  

L’officine possédait six presses en bois, deux presses dites « anglaises » et une presse à épreuves, mais l’éloignement de la capitale nuisait aux affaires.

En 1833, Théophile Belin et Henri Plon finirent par revendre l’imprimerie à Denys et s’associèrent, à Paris, le 28 mars 1833, avec Maximilien Béthune (° 1793), 5 rue Palatine [VIe], qui imprimait le Dictionnaire de la conversation et de la lecture depuis 1832 ; l’imprimerie de Béthune, Belin et Plon, 36 rue de Vaugirard, signa les tomes XI à XVI (1834-1835).



« L’imprimerie avait là ses bureaux et ses ateliers : les bureaux avec l’atelier de conscience [la “ conscience ” est le genre d’occupation des ouvriers d’une imprimerie qui sont payés à la journée, et qui, bien qu’ils ne soient pas à la tâche et n’aient pas à rendre compte de leur travail, doivent toujours employer leur temps dans l’intérêt de l’imprimeur qui se fie à leur zèle et à leur probité] prenaient la moitié du rez-de-chaussée à droite, dans le corps de bâtiment du fond de la cour ; tout le premier étage de ce corps de bâtiment était affecté à la composition et aux presses à bras ; sur l’aile du côté droit, dans un vaste local, moitié en sous-sol, avec plafond voûté, étaient installées les machines. Le personnel de l’imprimerie avait une entrée spéciale par la rue Garancière. On voit encore les traces de cette petite porte, aujourd’hui murée, à gauche de la fontaine que la Palatine avait fait placer à l’extrémité de son hôtel dans cette rue. »

(Ibid., p. 193)  


Théophile Belin ayant abandonné la gérance peu de temps après, la raison sociale de la Société devint « Béthune et Plon » : elle prit fin en 1845.      

Théophile Belin, demeurant 55 rue de Longchamp [XVIe], mourut le 15 mars 1863, à deux heures du matin, à l’hôpital Necker, 151 rue de Sèvres [XVe].


Le benjamin des fils de François Belin, Dominique-François Belin fut breveté libraire le 18 septembre 1820, le même jour que l’ancien apprenti de son père, Clément Thiériot, avec lequel il s’associa, pour ouvrir une librairie 37 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe], qui déménagea en 1822 au 11 quai des Augustins. Il épousa, à Paris, le 12 juin 1823, Marie-Mélanie-Pélagie Pichard.

On lui doit : 


Conduite pour passer saintement le Carême (1821), par le R. P. Avrillon ; Vies des saintes femmes, des martyres et des vierges, pour tous les jours de l’année (1822, 3 vol.) ; Manuel d’une mère chrétienne, ou Nouvelles lectures chrétiennes […] pour l’instruction morale et religieuse de la jeunesse (1822, 2 vol.), par un ancien religieux [Jean-Baptiste L’Ecuy] ; 


Les Femmes, leur condition et leur influence dans l’ordre social (1825, 3 vol.), par le vicomte J.-A. de Ségur.

Il fit malheureusement faillite en 1826 : Thiériot fonda alors sa propre librairie, 13 rue Pavée-Saint-André-des-Arts. Dominique Belin mourut à Paris le 22 avril 1854.



Marie-Eugène Belin, troisième et dernier enfant de Belin-Mandar, avait été initié de bonne heure aux affaires, par son père. Resté seul en 1846 à la tête de la librairie du 5 rue Christine, il fut breveté libraire le 27 août 1847.

Il épousa, à Paris, le 9 décembre 1848, Hortense-Bernardine Sangnez, née à Paris le 12 mars 1828, fille de Jean-Baptiste Sangnez et de Marie-Adélaïde-Justine-Prudence Douillez. Le couple aura sept enfants : Henri-Jules-Auguste le 24 octobre 1849, Marie-Thérèse-Louise-Jenny le 4 octobre 1851, Marie-Ernest-Antoine dit « Tony » le 16 octobre 1853, Marie-Joséphine-Marthe le 14 mars 1855, Marie-Henriette le 22 mai 1858, Marie-Paul le 19 juillet 1861 et Marie-Clémentine-Marguerite le 3 novembre 1865.

Eugène Belin ne put obtenir un brevet d’imprimeur pour Saint-Cloud, mais la jeune veuve de Belin-Mandar, Marguerite Gautier, put l’obtenir, le 12 mars 1852, en remplacement de son mari décédé. Les livres publiés par Eugène Belin sortirent alors de « Saint-Cloud. - Imprimerie de Mme Ve Belin. ».



En 1852, la famille et lalibrairie s’installèrent au 52 rue de Vaugirard [VIe], derrière le Séminaire de Saint-Sulpice et devant le Musée du Luxembourg ; tout l’immeuble fut acheté en 1864.

Adjoint au maire du VIe arrondissement de Paris depuis 1862, administrateur de l’hospice civil de Saint-Cloud, administrateur de la Caisse d’épargne et vice-président du Cercle de la Librairie, Eugène Belin décéda prématurément à son domicile, le dimanche 22 novembre 1868, à 5 heures du matin. 


Une assistance nombreuse se pressa le mardi 24 dans la nef de Saint-Sulpice avant l’inhumation au cimetière de Saint-Cloud.


La « Librairie ecclésiastique et classique d’Eugène Belin », puis, à partir de 1852, « Librairie classique d’Eugène Belin » avait publié : 


Cours élémentaire de chimie(1850), par Deguin ; La Somme théologique de Saint Thomas (1851, 8 vol.), par l’Abbé Drioux ; Argyropolis, ou la Capitale des États confédérés du Rio de la Plata (1851, avec Garnier frères et Amyot), traduit de l’espagnol par J.-M.-B. Lenoir ; Les Actes des martyrs d’Orient (1852), par l’Abbé F. Lagrange ; 


La Chaumière bretonne, ou la Malédiction d’une mère, drame en trois actes composé pour les distributions des prix et les récréations littéraires dans les pensionnats de demoiselles (s. d. [1852]), par J.-A. Guyet ; Essai historique et critique sur l’École juive d’Alexandrie (1854), par l’Abbé F.-Joseph Biet ; Marie Stuart, drame historique en trois actes composé pour les distributions de[sic] prix et les récréations littéraires dans les pensionnats de demoiselles (s. d. [1854]), par J.-A. Guyet ; Abrégé de l’Histoire de France, depuis les Gaulois jusqu’à nos jours(1855), par l’Abbé Drioux ; Épitome historiæ sacræ […] servant d’introduction pratique à l’étude de la syntaxe (1855), par le Docteur Hanquez et Gillet-Damitte ; Nouvelle Méthode pour faciliter la première étude de l’arabe (1855), par Beuzelin ;  


Études philosophiques. Ontologie, ou Étude des lois de la pensée (1856-1857, 2 vol.), par l’Abbé F. Hugonin ; Discours sur l’Histoire universelle, de Bossuet (s. d. [1856]), par l’Abbé Drioux ; Lérins au cinquième siècle (1856), thèse par l’Abbé P. Goux ; 

Geneviève patronne de Paris (4e de couverture)

Geneviève patronne de Paris, drame historique en quatre tableaux composé pour les distributions de [sic] prix et les récréations littéraires dans les pensionnats de demoiselles (s. d. [1857]), par J.-A. Guyet ; Le Christianisme jugé par ses œuvres(1857, avec Ambroise Bray, 2 vol.), par l’Abbé A. Laviron ; Exposé des erreurs doctrinales du Jansénisme(1860), par l’Abbé Lavigerie ; Petit Carême de Massillon (s. d. [1860]), par l’Abbé F. Lagrange ; Précis de l’Histoire de France depuis les Gaulois jusqu’en 1852 (1861), par l’Abbé Drioux ; Les Poëtes antiques (1861, avec Victor Palmé), par A. Mazure ; Dictionnaire étymologique de la langue française usuelle et littéraire (1863), par A. Mazure ; Le Séminaire oriental de Ghazir au Mont Liban (1864) ; 


Cours théorique et pratique de littérature à l’usage des établissements d’instruction secondaire (1868), par l’Abbé Drioux.   


La veuve d’Eugène Belin, Hortense Sangnez, reprit seule la « Librairie classique d’Eugène Belin » et édita : Dictionnaire latin-français(1869), par Ch. Lebaigue ; Francinet, livre de lecture courante (1869), par « G. Bruno », pseudonyme d’Augustine Tuillerie (1833-1923), épouse Guyau, puis Fouillée.



L’imprimerie de Saint-Cloud fut incendiée par les Prussiens le 28 janvier 1871. 


En 1875, Hortense Sangnez acheta l’hôtel du 8 rue Férou [VIe], en partie mitoyen du 52 rue de Vaugirard.



En 1877, elle édita le livre qui deviendra le livre culte de l’école de la République : Le Tour de la France par deux enfants. Devoir et Patrie. Livre de lecture courante, par G. Bruno ; tiré à 8 millions 600.000 exemplaires en un siècle, il a compté près de 500 éditions.

En 1887, avec l’entrée de Paul Belin à la librairie, la raison sociale devint « Librairie classique Eugène Belin. Vve Eugène Belin et fils ». En 1890, Hortense Sangnez s’étant retirée, la raison sociale devint « Librairie classique Eugène Belin. Belin frères ». Les fonctions furent partagées : Henri devint président du Cercle de la Librairie, vice-président de la Chambre des imprimeurs et membre de la Chambre de commerce ; Tony fut responsable d’un atelier de reliure acheté en 1891 ; Paul fut attaché à l’imprimerie de Saint-Cloud.  

Hortense Sangnez décéda en son domicile, 5 rue du Calvaire, à Saint-Cloud, le mercredi 8 novembre 1911, à 10 heures du matin. Ses obsèques eurent lieu le 10, en l’église paroissiale de Saint-Cloud, suivies de l’inhumation au cimetière. Le 52 rue de Vaugirard fut vendu et tout fut regroupé au 8 rue Férou, actuel siège des « Éditions Belin ». 









































34e Marché de la Poésie

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Stand de L'Hexaèdre (15 juin 2012)

Le Comte Léon d’Ourches (1767-1843), incunabuliste et bienfaiteur des pauvres

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Louis-Pierre-Léon-Pascal d’Ourches, fils de Pierre d’Ourches et de Marguerite-Charlotte-Madeleine Le Goullon d’Hauconcourt, est né à Nancy [Meurthe-et-Moselle], le 19 avril 1767, et a été baptisé le même jour en l’église Saint-Roch [disparue à la Révolution, à l’emplacement du 2 rue Saint-Jean] :


« Louis-Pierre-Leon Paschal fils légitime de Messire Pierre Comte d’Ourches Seigneur dudit lieu et de Madame Marguerite Magdelaine Charlotte Legoulon D’hauconcourt ses père et mere est né le dix neuf Avril 1767 neuf heures moins un quart du matin. a été batisé le meme jour et a eu pour Parrain Messire Louis Legoulon d’hauconcourt Seigneur dudit lieu Chambellan de feu S. M. le Roy de Pologne Duc de Lorraine et de bar son oncle maternel et pour maraine Mademoiselle Margueritte – Magdelaine d’Ourches sa sœur, representés par Pierre Mangeot, et Marie Mangin domestiques de la maison » [sic]


Il descendait d’une famille qui remontait au XIIIe siècle, originaire d’Ourches-sur-Meuse [Meuse], aujourd’hui éteinte, dont les armes étaient : « D’argent, au lion de sable, armé, lampassé et couronné de gueule ».


Château de Cercueil [Cerville], avant la Première Guerre mondiale
(Photographie Olivier Petit)
 
Château de Cercueil, aujourd'hui
1, Grande Rue


Charles d’Ourches (1680-1746), seigneur de Cercueil [Cerville, Meurthe-et-Moselle], de Tantonville [Meurthe-et-Moselle] et autres lieux, lieutenant général des armées du Roi, et Anne Le Goullon, fille de Charles Le Goullon, seigneur de Champel [Moselle], procureur général, et de Suzanne Jeoffroy, s’étaient mariés à Cercueil le 3 mars 1710. Ils eurent neuf enfants, nés à Cercueil et baptisés en l’église Saint-Laurent [reconstruite après la Première Guerre mondiale] : Jeanne-Marguerite le 24 mai 1712, Marie le 14 août 1713, Louis le 20 octobre 1714, Henry le 26 novembre 1715, Joseph le 14 décembre 1717, Augustin le 12 juin 1721, Didier le 5 novembre 1722, Pierre le 19 janvier 1725 et Anne-Marguerite le 6 octobre 1727 [baptisée plus tard, le 11 août 1734].


Le 8 juin 1756, à Metz [Moselle], en l’église Sainte-Croix [détruite en 1816, avait son entrée rue Taison], deux frères, Didier d’Ourches, seigneur de Tantonville et maître de camp [colonel] au régiment Colonel-Général cavalerie, et Pierre d’Ourches, seigneur de Cercueil et capitaine au régiment de Saint-Jal cavalerie, avaient épousé deux sœurs, respectivement : Marguerite-Charlotte et Marguerite-Charlotte-Madeleine, filles de Pierre Le Goullon, seigneur d’Hauconcourt [Moselle], conseiller du Roi, président au mortier du Parlement de Metz, et de Madeleine Hillaire.
Pierre d’Ourches et Marguerite-Charlotte-Madeleine Le Goullon eurent huit enfants, nés à Nancy et baptisés en l’église Saint-Roch : Anne-Marguerite le 2 juin 1757, Marguerite-Madeleine le 21 août 1758, Marguerite-Antoinette le 17 janvier 1760, Charles-Marguerite [fille] le 22 janvier 1761, Charles-Didier le 23 mai 1764, Louis-Pierre-Léon-Pascal le 19 avril 1767, Didier-Marc le 25 avril 1771 et Marguerite-Louise le 8 juillet 1772.


Marguerite-Antoinette épousa à Nancy, en l’église Saint-Roch, le 24 avril 1787, Charles-Gabriel (° 1755), marquis de Choisy, Mognéville [Meuse] et Varney [Meuse], seigneur de Remennecourt [Meuse] et Contrisson [Meuse], capitaine au régiment Royal-Roussillon cavalerie.

Marguerite-Madeleine, chanoinesse d’honneur du chapitre de la Reine, épousa à Nancy, en l’église Saint-Roch, le 11 mai 1790, François-Hyacinthe (° 1737), comte d’Oryot d’Aspremont, seigneur de Savonnières-en-Woëvre [Meuse], commandant de l’Ordre royal et militaire de Saint-Étienne de Toscane, chambellan de Sa Majesté le roi de Hongrie et de Bohême et général de bataille à son service.


De 1765 à 1790, le village de Cercueil fut débaptisé sous le nom d’Ourches, par le seigneur du lieu ; en 1972, il fut rebaptisé sous le nom de Cerville, par décret.


Devenu officier au régiment du Roi, le comte Léon d’Ourches épousa, à Paris, le 6 mai 1789, Anne-Jacqueline de Dreux-Brézé, née à Paris et baptisée en l’église Saint-Sulpice [VIe] le 19 novembre 1768, fille de Joachim de Dreux-Brézé (1710-1781), grand maître des cérémonies, et de Louise-Jeanne-Marie de Courtarvel de Pezé (1733-1789). Le couple n’aura pas d’enfant. 


Pour construire la bibliothèque qu’il avait conçue, le comte d’Ourches porta d’abord son attention sur les premières productions de l’imprimerie et profita de sa proximité des frontières d’Allemagne pour les acquérir au-delà du Rhin, quand il ne bénéficiait pas des faveurs de Dom Jean-Baptiste Maugérard (1735-1815), trafiquant en incunables : il enrichit ainsi son cabinet de plusieurs incunables qui avaient échappé aux recherches des bibliographes ou qui n’étaient qu’imparfaitement connus.

Il rechercha aussi des éditions moins anciennes, des Alde, des Junte, des Estienne, et des impressions de Baskerville, d’Ibarra, des Didot, de Bodoni, de Bulmer, etc. Il s’intéressa également aux ouvrages d’Histoire naturelle, aux Classiques grecs et latins, aux « Variorum ». La plupart de ces livres furent achetés à Paris, aux ventes Anisson [1795], Barthélemy [1800], Méon [1803], Cotte [1804], Saint-Martin [1806], etc. Plus de la moitié des volumes était reliée en maroquin par Du Seuil, Padeloup, Derome, Bradel « l’Aîné », les deux Bozerian et par les plus habiles relieurs de Londres.



Connue seulement d’un petit nombre de personnes, sa bibliothèque était des plus précieuses. Il la mit en vente, anonymement, en l’une des salles de la rue des Bons-Enfants, n° 30, à Paris, du lundi 16 décembre 1811 au mardi 14 janvier 1812, en 20 vacations : Catalogue des livres rares, précieux et bien conditionnés du cabinet de M. *** (Paris, Brunet, 1811, in-8, xvj-304 p., 1.571 + 7 bis = 1.578 lots), avec une « Table alphabétique des noms des Auteurs, et des Ouvrages sans nom d’Auteur ».

Théologie [133 lots = 8,42 %], Jurisprudence [22 lots = 1,39 %], Sciences et Arts [243 lots = 15,39 %], Belles-Lettres [774 lots = 49,04 %], Histoire [406 lots = 25,72 %].


Bible à 42 lignes
(papier, t. II, f. 310 r°)

3. Biblia sacra latina, ex versione et cum praefationibus S. Hieronymi (Moguntiae, circa 1455), 2 vol. in-fol. rel. en bois, avec coins en cuivre. Exemplaire dont la conservation est parfaite, tant pour la blancheur du papier que pour la grandeur des marges, décoré d’ornements peints en or et en couleurs. 1.901 fr. à Tilliard.


Un des deux exemplaires de la Bible à 42 lignes, avec celui de l’Universtätsbibliothek de Leipzig [Allemagne], dont la reliure porte le nom de Johann Fogel, qui exerça de 1445 à 1460, à Erfurt [Allemagne].   

Exemplaire provenant du couvent d’Erfurt, acquis en 1808 par le comte d’Ourches, pour 1.000 florins, auprès d’un collectionneur de Ratisbonne [Regensburg, Allemagne], peut-être Alexander Horn (1762-1820), moine bénédictin écossais devenu agent secret britannique, alors le plus actif des chasseurs d’incunables. Le lundi 13 janvier 1812, 19e vacation de la vente du cabinet du comte d’Ourches, le libraire parisien Nicolas-Noël Tilliard (1755-1832) acheta cet exemplaire [n° 3 du catalogue] pour 1.901 francs, et le revendit à la comtesse Anne-Thérèse-Philippine d’Yve (1738-1814), demeurant à Bruxelles. Le mercredi 20 octobre 1819, 15e et dernière vacation de la vente des livres de la comtesse d’Yve, le libraire londonien Thomas Payne « Junior » (1752-1831) acheta cet exemplaire [n° 6 du catalogue] pour 1.750 livres, et le céda au riche mécène excentrique John Fuller (1757-1834), qui le légua au Collège d’Eton [Angleterre], dont il était ancien élève.  


4. Biblia sacra latina, ex versione S. Hieronymi. Moguntiae, per Johannem Fust et Petrum Schoyffer, 1462, 2 vol. in-fol. Première reliure en bois. Très bel exemplaire de la première Bible imprimée avec date, dans lequel toutes les grandes lettres initiales sont peintes en or et en couleurs. Les exemplaires sur papier, comme celui-ci, sont plus difficiles à trouver que ceux imprimés sur vélin. 2.001 fr. à Tilliard.

10. La Sainte Bible, contenant l’ancien et le nouveau Testament, traduite en français sur la Vulgate, par Le Maistre de Sacy ; ornée de 300 figures, d’après les dessins de Marillier et Monsiau. Paris, Defer de Maisonneuve, 1789-1804, 12 vol. in-4 en cahiers, Grand Pap. Vél. Epreuves avant la lettre. 600 fr.

30. Historia Sancti Johannis Evangelistae, ejusque Visiones apocalypticae. In-fol., mar. bl. à compartiments dorés, doublé de moire, dent. et mors de mar. Un des premiers essais de gravure en bois attribués à Laurent Coster, de Harlem. 48 figures, coloriées, entremêlées d’explications également gravées en bois et imprimées d’un seul côté des feuillets. Reliure de Bozerian « Jeune ». 661 fr. à Renouard.

33. Guilielmi Durandi Rationale divinorum officiorum. Moguntiæ, per Johannem Fust et Petrum Schoiffer, 1459, sex. die octobris, in-fol. rel. en bois. Imprimé sur vélin. Premier livre exécuté en caractères mobiles de fonte, auquel des imprimeurs aient mis leurs noms et une date. On sait que les éditions du Psautier en 1457 et en 1459 ne sont imprimées qu’en lettres de bois, ce qui ne formait pas encore la typographie proprement dite. Première reliure en bois, garnie de cuivre. 2.000 fr. à De Bure.

37. Officium B. Virginis Mariæ. In-12, mar. r. à compart., avec des fleurs peintes sur les tranches, refermé dans un étui de mar. r. tab. Manuscrit sur vélin du XVIe siècle, 67 miniatures. A appartenu à Stanislas Leczinski, roi de Pologne. 1.050 fr. à De Bure.

50. S. Johannes Chrysostomus super Psalmo quinquagesimo. (Coloniæ), per Ulricum Zel de Hanau, 1466, in-4, m. bl. dent. doublé de m. citr. dent. Premier livre auquel Ulric Zell a mis son nom et une date. 564 fr.

185. Ciceronis officiorum libri tres ; paradoxa et versus XII sapientum. Moguntiæ, Johannes Fust, manu Petri de Gernshem, 1466, in-4 vél. Très rare. Imprimé sur vélin. 651 fr.

243. Caii Plinii Secundi naturalis Historiæ libri XXXVII. Venetiis, per Nic. Jenson, 1472, gr. in-fol., première reliure en bois. Ex. du docteur Mead, à Londres. 240 fr.

246. Histoire naturelle générale et particulière, avec la description du cabinet du Roi, par Le Clerc de Buffon et d’Aubenton, continuée par M. de Lacépède. Paris, Imprimerie royale, 1749-1789, 38 vol. in-8, demi-rel., dos de v. f., non rognés. Exemplaire unique formé par Anisson du Péron. 

247. Histoire naturelle des oiseaux, par de Buffon et Gueneau de Montbeillard. Paris, Imprimerie royale, 1771 et suiv., 11 vol. gr. in-fol., fig. color. demi-rel. dos de v. f. non rognés.

2.420 fr. à Brunet les deux numéros 246 et 247 ensemble ; ils avaient été achetés 3.801 fr. à la vente Méon en 1803.

248. Histoire naturelle générale et particulière, par de Buffon, avec la description du cabinet du Roi, par d’Aubenton. Paris, Imprimerie royale, 1752-1790, 77 vol. in-12, br. en cart. non rognés. Exemplaire réglé en rouge, venant de Anisson. 601 fr. à Brunet.

271. Traité des arbres et arbustes que l’on cultive en pleine terre, par Duhamel du Monceau, seconde édition, considérablement augmentée. Paris, de l’imprimerie de Didot l’aîné (1799-1811), gr. in-fol., pap. vél., fig. en couleurs. 50 livraisons. 699 fr. 95 c. à Treutel.

275. Les Liliacées, par P.-J. Redouté. Paris, de l’Imprimerie de Didot, 1802-1811, gr. in-fol., fig. en couleurs, pap. vél. 48 livraisons. 557 fr. à Pichard.

370. Tableaux, Statues, Bas-reliefs et Camées de la galerie de Florence et du palais Pitti, dessinés par Vicar, gravés sous la direction de Lacombe et Masquelier, avec des explications par M. Mongez. Paris, 1789-1811, in-fol. atl. 42 livraisons, épreuves avant la lettre. 730 à Ch. Barrois.

453. Incipit Summa que vocatur Catholicon, edita a fratre Johanne (Balbo) Janua. Hic liber … MCCCCLX alma in urbe Moguntia impressus (per Joh. Guttemberg), gr. in-fol. rel. en bois, avec des coins en cuivre. 1.599 fr. 95 à Renouard.

498. M. Tullii Ciceronis Opera, cum delectu commentariorum, cura et studio Jos. Oliveti. Parisiis, Coignard

513. Gnomæ monostichæ, sive Sententiæ ex diversis poetis, secundum ordinem Alphabeti ; Musæi grammatici de Herone et Leandro poematium, græce, cura Joan. Lascaris. (Florentiæ, circa 1494), in-4 mar. r., litteris capitalibus. 420 fr. à De Bure.

517. Anthologia Epigrammatum græcorum a Planude Reth. collecta, græce, edente Joh. Lascari, cum ejus præfatione græca ad Petrum Medicem. Florentiæ, per Laurentium Francisci de Alopa, 1494, in-4 m. r. à compart. dorés, litteris capitalibus. Première édition. 300 fr. à Treutel. 

548. Orphæi Argonautica et Hymni. Procli Lycii Hymni, græce. Florentiæ, impensa Philippi Juntæ, 1500, in-4, mar. r. Première édition. 212 à Treutel.

562. Pindari Opera, græce, una cum omnium versione, carmine lyrico, per Nic. Sudorium (accedunt scholia et notæ, edentibus Rich. West et Rob. Welsted). Oxonii, e theatro Sheldoniano, 1697, in-fol. mar. r. Ch. Mag. Très rare. 750 fr. à Pichard.

565. Theocriti Idyllia XVIII, et Hesiodi Opera et Dies, græce, (Mediolani), pet. in-fol. mar. r. dent. Première édition fort rare, exécutée avec les mêmes caractères que l’Isocrate de Milan, daté de 1493. 1.001 fr. à De Bure.

572. Callimachi Hymni, græce, cum scholiis, cura Joan. Lascaris. (Florentiæ, circa 1495), Litteris capitalibus. = Porphyrii Homericarum Quæstionum liber et de Nympharum antro in Odyssea, opusculum, græce. Romæ, in gymnasio Mediceo, 1518, 2 tom. en 1 vol. in-4, v. br. première reliure. 670 fr. à Vincent.

595. Opera et fragmenta veterum poetarum latinorum profanorum et ecclesiasticorum (curante Mich. Maittaire). Londini, J. Nicholson, 1713, 2 tom. en 3 vol. in-fol. mar. bl. dent. d. de tab. Ch. Mag. 601 fr. à Pichard.

607. Catulli, Tibulli, Propertii Opera. Parmæ, in ædibus Palatinis, 1794, typis Bodonianis, gr. in-fol., cuir de Russie. Imprimé sur peau vélin. Passera à Hibbert, à Londres, en 1817.

615. P. Virgilii Maronis Opera (edente Jos. Nic. de Azara). Parmæ, in ædibus Palatinis, 1793, typis Bodonianis, 2 vol. gr. in-fol., cuir de Russie. Imprimé sur peau vélin.

633. Q. Horatii Flacci Opera (edente Jos. Nic. de Azara). Parmæ, in ædibus Palatinis, 1791, typis Bodonianis, gr. in-fol., cuir de Russie. Imprimé sur peau vélin.

3.000 fr. à Treutel les trois numéros 607, 615 et 633 ensemble.

609. Publii Virgilii Maronis Opera. (Argentorati, typis Johannis Mentelin, circa 1469), in-fol. goth. mar. bl. dent. doublé de moire, mors de mar. 1.100 fr. à Brunet.

610. Virgilius, ex A. Naugerii emendatione. Venetiis, in ædibus Aldi, 1514, in-8, m. bl. dent. 266 fr. à De Bure.

619. P. Virgilii Maronis Bucolica. (Argentorati, per Henricum Eggesteyn, circa 1470), in-fol. mar. r. dent. De la plus grande rareté. Conservation parfaite. 303 fr. à De Bure.

647. Ovidii Nasonis de Arte amandi libri tres ; - ejusdem de Remedio amoris libri duo. Pet. in-4, mar. r. dent. Imprimé à Cologne ? 205 fr. à De Bure.

650. Métamorphoses d’Ovide en latin, traduites en françois, avec des remarques et des explications historiques, par l’abbé Banier, ouvrage enrichi de figures gravées par B. Picart et autres habiles maîtres. Amsterdam, Wetstein, 1732, 2 tomes en 1 vol. in-fol. mar. bl. Très grand papier. 699 fr. 95 à De Bure.

664. Caii Silii Italici Punicorum libri XVII, ex recognitione Joan.-Andreæ Episc. Aleriensis. Romæ, per Conradum Sweynheim et Arnoldum Pannartz, 1471, in-fol. mar. bl. dent. Doublé de moire. Première édition, très rare. 901 fr. à Renouard.

814. Euripidis Medea, Hippolytus, Alcestis et Andromache, græce ; ex recensione Joan. Lascaris. (Florentiæ, circa 1495), in-4 mar. r. dent., litteris capitalibus. Première édition. 250 fr. à De Bure.

815. Euripidis Tragoediæ septendecim (XVIII), ex quib. Quædam habent commentaria, græce. Venetiis, apud Aldum, 1503, 2 tom. en 1 vol. in-8 mar. r. dent. Première édition. 144 fr. à Pichard.

834. Publii Terentii Affri Comoediæ sex. (Moguntiæ, typis Johannis Fust et Petri Schoyffer), in-fol. mar. bl. à compartiments, doublé de moire, mors de mar. dent. Édition presque inconnue. 1.300 fr. à Brunet.

835. Publii Terentii Affri poete comici comediarum liber incipit feliciter. (Argent., typis Joh. Mentelin, circa 1469), in-fol. m. r. dent. 700 fr. à Treutel.

868.Œuvres de Molière, avec des remarques grammaticales, des avertissemens et des observations sur chaque pièce, par Bret. Paris, les Libraires associés, 1773, 6 vol. in-8, mar. à compartiments de couleurs, doublé de tab. dent. l. r. Ex. unique avec dessins originaux de Moreau. 1.200 fr.

880.Œuvres de Jean Racine. Paris, de l’imprimerie de Pierre Didot l’aîné, 1801, 3 vol. gr. in-fol., pap. vél. avec 57 fig., br. en cart. Épreuves avant la lettre. 1.200 fr.

932. Teatro italiano, 204 vol. in-8 et in-12, vél. Recueil formé par le cardinal Jos. René Imperiali, mort en 1737, possesseur d’une belle bibliothèque, dont le catalogue à Rome est de 1711. 800 fr.

996. Lucii Apuleii Platonici Madaurensis philosophi Metamorphoseos liber : ac nonnulla alia opuscula ejusdem, necnon Epitoma Alcinoi in disciplinarum (sic) Platonis. 1469, Rome, in domo Petri de Maximo (per Conr. Sweynheym et Arn. Pannartz), in-fol. cuir de Russie. Ex. du docteur Mead. 800 fr.

1.106. Luciani Opera ; Icones Philostrati ; Philostrati junioris Icones ; ejusdem Heroica, descriptiones Callistrati ; ejusdem Vitæ sophistarum : græce. Florentiæ (Junta), 1496, in-fol. v. f. Première édition. 315 fr. à Treutel.

1.135. Suite de 108 estampes et portraits pour les Œuvres de Voltaire, gravée d’après les dessins de Moreau jeune ; épreuves avant la lettre. = Suite de 167 estampes et portraits pour la même collection, gravée sur les nouveaux dessins de Moreau jeune ; épreuves avant la lettre. 801 fr. 95 à Pichard.

1.234. Thucydidis de Bello peloponesiaco libri octo, cum adnotationibus Henr. Stephani et Joh. Hudsoni. Recensuit, et notas suas addidit Josephus Wasse ; editionem curavit, suasque animadversiones adjecit Car.-Andr. Dukerus. Amstelodami, apud Wetsteinios, 1731, 2 vol. in-fol. v. f. Ch. Mag. Ex. de Cotte. 500 fr.

1.252. Titi Livii Historiarum romanarum decades III, ex recognitione Joan. Adreæ, Episc. Aleriensis. Romæ, per Conradum Sweynheym et Arnoldum Pannartz (1469), gr. in-fol. mar. r. à compart. dorés. Première édition. 400 fr. à Treutel.

1.255. T. Livii Historiarum ab urbe condita libri qui supersunt omnes, cum notis diversorum, curante Arn. Drakenborch. Lugd. Batav., Luchtmans, 1738-1746, 7 vol. in-4, v. f. tr. d. Ch. Mag. 580 fr. à Pichard.

1.274. C. Julii Cæsaris Opera, ex recensione Johannis Andreæ, Episcopi Aleriensis. Romæ, in domo Petri de Maximis (per Arnoldum Pannartz et Conradum Sweynheym), 1469, in-fol. mar. bl. dent. doublé de tab. Première édition. L’une des plus rares impressions de Pannartz et Sweynheym. 851 fr. à Renouard.

1.276. C. Julii Cæsaris quæ extant, cum annotationibus Sam. Clarke. Londini, Jac. Tonson, 1712, in-fol. fig. cuir de Russie, dent. R. A. Ch. Max. 1.021 fr. à Pichard.

1.282. C. Taciti Opera, recognovit, emendavit, supplementis explevit, notis et dissertationibus illustravit Gabriel Brotier. Parisiis, Delatour, 1771, 4 vol. in-4 fig. mar. citr. Ch. Mag. 721 fr. à Pichard.

1.345. Raccolta delle principali vedute degli Appennini del Mugello, Casentino, e Romagna osservati dai punti piu favorevoli si dalla parte del mare Mediterraneo, si dall’ opposta dell’ Adriatico, coll’ aggiunta del prospetto della degradazione delle colline adjacenti alle terre di Galeata e di Meldola emporio illustre della Romagna papale. (Firenze, 1788-1790), très gr. in-fol. bas. t. d. = Raccolta delle piante e vedute di tutti i Porti dello stato della chiesa sul mare Adriatico, e delle prospettive piu interessanti l’istoria naturale degli Appennini, coll’ aggiunta delle vedute di molte terre e castelli della Romagna Toscana. (Firenze, 1788-1790), gr. in-fol. 47 dessins à l’aquarelle et plans. 2.600 fr. à Pichard.

1.370. Choix de (48) Vues de l’Inde, dessinées sur les lieux pendant les années 1780-1783, et exécutées en aqua-tinta par W. Hodges. London, Edwards, 1784-1788, in-fol. max. mar. r. dent. R. A. Toutes les planches sont peintes. 838 fr.

1.386. Museum Worsleyanum, or a Collection of antique basso relievos, bustos, statues and gems, with views of places in the Levant taken on the spot, in the years 1785, 86 and 87 (by Richard Worsley). London (printed by W. Bulmer), 1794, très gr. in-fol. mar. r. dent. R. A. pap. vél. 50 gravures. Édition tirée à 50 ex. jamais mise dans le commerce. 735 fr.

1.534. Dictionnaire [Bayle] historique et critique, 3eédition corrigée et augmentée (par Prosper Marchand). Rotterdam, Mich. Bohm, 1720, 4 vol. in-fol. mar. viol. dent. doub. de tabis, t. r. Ex. en grand papier, le plus beau que l’on connaisse, ayant appartenu successivement à plusieurs amateurs célèbres ; il a été vendu en dernier lieu 1.400 fr. chez d’Hangard, 1.055 fr. chez Le Pelletier de Saint-Fargeau, 1.175 chez Méon. 1.400 fr.     

   

Parmi les acheteurs, étaient présents, dans l’ordre alphabétique : Achainte, Barrois, Belin, Brunet, Chardin, Charon, Charpentier, De Bure, Fournier, Goujon, Grabit, La Bédoyère, Labitte, Letellier, Magimel, Merlin, Pichard, Pigoreau, Pixerécourt, Renouard, Tilliard, Treutel.  

La vente rapporta au total 118.609 francs.


Hôtel de la Préfecture de Meurthe-et-Moselle, à Nancy

Le 20 juin 1812, le comte d’Ourches céda pour 60.000 francs, à Stanislas-Auguste Brévillier, directeurs des domaines, l’hôtel de la rue d’Alliance, à Nancy, que Jean-Jacques Baligand (1697-1762), ingénieur en chef des ponts et chaussées de Lorraine et Barrois, avait vendu à sa grand-mère, le 7 juillet 1756. Cet hôtel, acheté 200.000 francs à Brévillier fils, devint la préfecture de Meurthe-et-Moselle en 1858.


Le comte d’Ourches fut membre de la Société des Bibliophiles français dès le 3 avril 1820 ; il y était connu pour sa douce gaité et son expérience bibliomaniaque, parlant sans cesse d’une édition des Églogues imprimées par Eggesteyn [n° 619 de son catalogue] ; démissionnaire, il fut remplacé le 15 mars 1843 par le comte Charles de L’Escalopier (1812-1861).


Les 8 et 9 novembre 1826, à la cathédrale de Nancy, le comte d’Ourches tint les coins du poèle, avec le marquis de Lamberty, le comte de Lignéville et le comte Théodore de Ludre,

lors de la cérémonie « de la translation des restes des anciens Souverains, très-hauts, très-puissants et très excellents Princes de l’auguste Maison de Lorraine, et le service expiatoire célébré avant leur réintégration dans le caveau Ducal ».



Le comte d’Ourches consacra sa fortune à des œuvres de bienfaisance. Il a donné 200.000 francs à la Colonie agricole et pénitentiaire de Mettray [Indre-et-Loire], fondée en 1839 pour les jeunes détenus acquittés comme ayant agi sans discernement, 60.000 francs aux victimes du séisme de 1843 en Guadeloupe, 40.000 francs aux victimes de l’inondation de 1840 dans le département du Rhône, et une foule d’autres riches offrandes à des œuvres et à des établissements de charité.

Pour perpétuer le souvenir de son aide à la Colonie de Mettray, son nom fut inscrit sur l’une des maisons de la Colonie et son buste, coulé en bronze, œuvre du sculpteur parisien Joseph Mezzara, fut installé dans les locaux de la Colonie en 1845.


Château de La Grange-aux-Ormes, à Marly

Veuf depuis le 30 janvier 1823, le comte Léon d’Ourches décéda le 18 décembre 1843 dans son château de La Grange-aux-Ormes, sur la commune de Marly [Moselle].        









Qui était le baron d’Heiss * ?

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* Son nom étant écrit indifféremment « d’Heiss », « de Heiss » ou « de Hesse », on a adopté l’orthographe dont il usait pour sa signature et pour son ex-libris [30 x 65 mm.].



Au rapport des dates dont nous disposons, le baron d’Heiss qui intéresse les bibliophiles serait l’arrière-petit-fils de Jean Heiss, auteur d’une Histoire de l’Empire (Paris, Claude Barbin, 1684, 2 vol.), en français, mise à jour et rééditée en 1685, 1694, 1711, 1715, 1731 et 1733. Seigneur de Kogenheim [Bas-Rhin], Jean Heiss, né vers 1615 à Clèves [Allemagne], fut résident à la cour de France pour l’électeur Palatin et décéda à Paris, en 1688 [sa dernière lettre connue est du 25 septembre]. 


Thomas Heiss, intendant des armées du Roi, baron du Saint-Empire, qui demeurait en 1696 rue du Hasard [rue Thérèse, Paris Ier], et qui possédait, en 1709, à Seine-Port [Seine-et-Marne], une maison rue de Seine et une maison rue de Melun, pourrait être son grand-père.

François-Adrien d’Heiss, décédé le 10 juin 1818, à l’âge de 54 ans, maréchal de camp, lieutenant du Roi à Calais, serait son fils, issu d’un premier mariage.


Joseph-Louis d’Heiss, dont on ignore donc les noms de ses parents, ainsi que la date de sa naissance, était baron libre du Saint-Empire romain. Il fut capitaine au régiment d’Alsace, régiment d’infanterie allemand du royaume de France. Ce fut en cette qualité qu’il assista à l’escalade de Prague [Tchécoslovaquie], dans la nuit du 25 au 26 novembre 1741, pendant la guerre de succession d’Autriche. En 1758, pendant la guerre de Sept Ans, il combattit à Lutzelberg [Staufenberg, Allemagne] et reçut, après la victoire, la croix de Saint-Louis. 


En 1770, il était à Phalsbourg [Moselle] : découvrant dans un exemplaire du numéro du mois d’août 1687 des Nouvelles extraordinaires de divers endroits, dite « Gazette de Leyde », la traduction d’une dépêche italienne qui donnait le récit de l’emprisonnement du comte Mattioli, secrétaire d’État du duc de Mantoue, le baron d’Heiss se crût obligé d’adresser une note au Journal encyclopédique qui parut dans le numéro du 15 août 1770, ravivant le débat sur l’homme au masque de fer :


« DEpuis l’anecdote de l’homme au masque de fer que nous a donné M. de Voltaire dans son Siecle de Louis XIV, j’ai toujours été très-curieux de chercher à découvrir quel pouvoit ètre ce prisonnier ; mais toutes mes recherches ne m’avoient jusqu’ici rien donné qui put me contenter ; le hazard vient de me faire trouver une feuille détachée d’un ouvrage qui a pour titre : Histoire abrégée de l’Europe pour le mois d’Août 1687, imprimée la même année. A Leide, chez Claude Jordan. A l’article MANTOUE, j’ai lu la lettre dont j’ai l’honneur de vous envoyer copie, traduite de l’italien. Il paroit que ce Secrétaire de M. le Duc de Mantoue dont il est question, pourroit bien être cet homme au masque de fer, transféré de Pignerol aux isles Ste. Marguerite, & de-la à la bastille en, 1690, lorsque M. de St. Mars en eut le gouvernement. Je le croirois d’autant plus, que, comme dit M. de Voltaire & tous ceux qui ont fait des recherches à ce sujet, il n’est disparu dans ce tems-là aucun Prince, ni personne de marque dans toute l’Europe. » [sic] (p. 132-133)  


Armes de Camus de Pontcarré

Le 2 mars 1772, à Paris, le baron d’Heiss épousa, en secondes noces, Angélique-Élisabeth Camus de Pontcarré (1733-1780), veuve de Nicolas-Élie-Pierre Camus de Viarmes (1733-1771), son cousin germain ; elle était la fille de Geoffroi-Macé Camus de Pontcarré (1698-1767), baron de Maffliers [Val-d’Oise], premier président au Parlement de Rouen, ardent bibliophile, et de Marie-Marguerite-Élisabeth de Baussan (1709-1757), sa seconde femme. Le contrat de mariage portait deux articles, en particulier :


« L’article 3 déclare en conséquence que “ les futurs époux ne seront tenus des dettes & hypothèques créées avant et pendant le mariage, & que s’il s’en trouve aucunes, elles seront payées & acquittées par celui des futurs époux qui les aura contractées, & sur ses biens, sans que l’autre en soit tenu ”. […] ; enfin l’article 8 est conçu en ces termes : “ La dame future épouse demeurera seule chargée de toute la dépense courante de la maison ; savoir, de la nourriture dudit seigneur futur époux, & de ses domestiques, fixés à trois ; de la nourriture des chevaux, ceux dudit seigneur futur époux fixés au nombre de deux ; & des loyers d’hôtel, sans aucune contribution de la part du seigneur futur époux ”. »

(Répertoire universel et raisonné de jurisprudence. Paris, Panckoucke et Visse, 1783, t. 58, p. 114-115)


Le 8 août 1775, la baronne d’Heiss acheta 112.400 livres un hôtel qui « était situé rue Saint-Louis-au-Marais, attenant à l’hôtel d’Ecquevilly, et se composait d’un corps de logis sur la rue, derrière lequel s’étendait une cour garnie de deux ailes et occupée au fond par un autre corps de logis donnant à la fois sur la cour et sur le jardin et précédé sur ce dernier de deux pavillons en saillie ; cet hôtel est aujourd’hui représenté par le n° 62 de la rue de Turenne. » (Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France. Paris, H. Champion, 1903, p. 35)  


Château de Maffliers

En 1778 et 1779, Barthélemy Mercier (1734-1799), abbé de Saint-Léger de Soissons, qui avait été bibliothécaire de Sainte-Geneviève de 1760 à 1772, vint examiner la bibliothèque du baron d’Heiss, qui était alors au château de Maffliers.

L’abbé avait contribué pour une large part à la formation de cette bibliothèque, le conseillant dans ses achats, le baron étant plus amateur que connaisseur. Il lui fit acquérir des manuscrits des Augustins déchaussés de la Croix-Rousse de Lyon, d’autres provenant des Célestins de Colombier-le-Cardinal [Ardèche], 37 manuscrits de théologie exécutés au XIIe siècle dans l’abbaye de Fontenay [Marmagne, Côte-d’Or] et quelques manuscrits de l’abbaye de Clairvaux [Ville-sous-la-Ferté, Aube].

Plusieurs libraires de Paris furent les fournisseurs du baron d’Heiss : Guillaume-François De Bure, Antoine Fournier, Guillaume-Luc Bailly, Antoine Santus, Simon Gibert « le Jeune », etc. Sa bibliothèque eut son plus grand développement entre 1773 et 1781, et la plupart des acquisitions furent faites à crédit.


Après le décès de son épouse, survenu le 12 décembre 1780, qui avait légué l’hôtel de la rue Saint-Louis-au-Marais [rue de Turenne, IIIe] à sa sœur aînée, Adélaïde-Jeanne-Claude Camus de Pontcarré, épouse du marquis Henri-François de Bricqueville, le baron d’Heiss s’installa à Paris, rue Neuve -d’Orléans [rue Daubenton, Ve].

En 1781, le chiffre des dettes du baron d’Heiss était devenu si élevé, et les libraires se montraient si impatients d’être payés, que la bibliothèque fut vendue au marquis de Paulmy (1722-1787) pour la somme de 100.000 livres, après estimation par De Bure : 60.000 à la signature du contrat, 40.000 payés dans le courant des six premiers mois de 1782.


Vincent de Beauvais. Miroir historial (XIVe s., f 1 r°)
Bibliothèque de l'Arsenal (Ms 5080 Rés.)
Provient des Augustins déchaussés de Lyon 

Paulmy l’avait acquise surtout à cause des manuscrits qu’elle contenait ; il fit son choix dans la collection [près de 300 manuscrits] et revendit les volumes qu’il n’avait pas voulu conserver : 



Catalogue des livres de la bibliothèque de M. le baron d’H** (Paris, Guillaume De Bure, fils aîné, 1782, in-8, [1]-[1 bl.]-viij-440 p., 3.558 + 88 [« Supplément »] + 2 [doubles, dont 1 vendu non imprimé] – 1 [pas de n° 900] = 3.647 lots), avec un « Supplément » (p. 397-407) et une « Table alphabétique des auteurs ».

Hors « Supplément » [non classé] : Théologie [368 lots = 10,33 %], Jurisprudence [104 lots = 2,92 %], Sciences et Arts [540 lots = 15,17 %], Belles-Lettres [868 lots = 24,38 %], Histoire [1.679 lots = 47,17 %].

Bien que les exemplaires les plus précieux en eussent été enlevés, cette collection contenait encore un assez grand nombre de manuscrits et de bonnes éditions. La partie de l’Histoire naturelle dans les Sciences et Arts, la classe des Belles-Lettres surtout et celle de l’Histoire présentaient de belles suites qu’il était difficile de se procurer.

La vente, qui se fit à partir du lundi 22 juillet 1782, dans une des salles de l’hôtel de Bullion, rue Plâtrière, produisit 25.390 livres et 13 sols.


Privé de ses livres, mais débarrassé de ses dettes, le baron d’Heiss se remit aussitôt à l’œuvre et parvint, en deux ou trois années, à reconstituer une nouvelle bibliothèque, moins considérable, mais presque aussi précieuse que la première. 


Son ami l’abbé de Saint-Léger lui adressa des lettres sous le titre Lettres de M. l’Abbé de St.-L***, de Soissons, à M. le baron de H***. Sur différentes éditions rares du XVesiècle (Paris, Hardouin, 1783).


La seconde collection, peu nombreuse, aurait pu rivaliser avec les meilleures bibliothèques privées pour les manuscrits et les exemplaires rares. Elle fut vendue en deux fois :



Catalogue des livres rares et précieux de M. ***. Ce cabinet consiste principalement en manuscrits sur vélin, avec de superbes miniatures, en premières éditions, livres imprimés sur vélin, &c.&c. (Paris, De Bure, fils aîné, 1785, in-8, [1]-[1bl.]-[2]-155-[1 bl.]-7-[1 bl.] p., 1.065 + 65 [« Supplément »] = 1.130 lots), avec une « Table alphabétique des auteurs ». Hors « Supplément » [non classé] : Théologie [44 lots = 4,13 %], Jurisprudence [4 lots = 0,37 %], Sciences et Arts [76 lots = 7,13 %], Belles-Lettres [754 lots = 70,79 %], Histoire [187 lots = 17,55 %]. La vente eut lieu en l’une des salles de l’hôtel de Bullion, rue Plâtrière, du lundi 7 au jeudi 17 mars 1785, en 10 vacations, et le vendredi 18 mars 1785 pour le « Supplément ». Le total de la vente ne s’est guère élevé au-dessus de quinze à vingt mille francs, même si, à la fin de la première vacation, le lot 138 fut adjugé 800 livres :


« 138  Anacréon, Sapho, Bion & Moschus, Hero & Léandre, (trad. Par M. Moutonnet de Clairfonds). Sous la direction de Lamy, Libraire, 1782, 2 vol. in-4. gr. pap. m. r. doubl. de tab.

EXEMPLAIRE UNIQUE, contenant les Dessins originaux d’Eisen, les vingt-huit Tableaux peints en miniature, sur Vélin, les Gravures premieres épreuves, & le texte tiré sur papier d’Hollande. » [sic]



Catalogue des livres de M. ***. (Paris, De Bure, fils aîné, 1785, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-47-[1 bl.] p., 431 + 1 double = 432 lots) : Théologie [24 lots = 5,55 %], Jurisprudence [5 lots = 1,15 %], Sciences et Arts [77 lots = 17,82 %], Belles-Lettres [230 lots = 53,24 %], Histoire [96 lots = 22,22 %]. La vente eut lieu en l’une des salles de l’hôtel de Bullion, rue Plâtrière, du lundi 6 au samedi 11 juin 1785, en 6 vacations.


On ignore la date de la mort du baron d’Heiss.


 

  


















La Réussite discrète de Jean-François Deterville (1766-1842), ami de Bernardin de Saint-Pierre

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Eglise Saint-Pierre, Grainville-sur-Odon

Jean-François-Pierre Deterville, fils de Pierre Deterville, cultivateur, et de Madeleine Blanchard, est né le dimanche 13 avril 1766 à Grainville-sur-Odon [Calvados] et fut baptisé le mardi suivant, en l’église Saint-Pierre.


Son père, systématiquement absent aux baptêmes de ses sept enfants, le confia à l’un de ses cousins, curé à Us [Val-d’Oise], qui l’éleva et qui le plaça, en 1782, avec 40 francs en poche, chez Pierre-François Didot (1731-1795), dit « le Jeune », imprimeur de Monsieur [futur Louis XVIII], quai des Augustins [quai des Grands-Augustins, VIe].

Préférant la librairie, Deterville demanda à la Chambre syndicale des libraires de Paris de le recevoir apprenti libraire et entra, en 1784, chez Jacques-François Froullé (1734-1794), libraire, Pont Notre-Dame [IVe], vis-à-vis le quai de Gesvres, ancien colporteur reçu libraire en 1771, qui fut un des premiers libraires parisiens à faire des catalogues de rabais. 

Destruction des maisons du Pont Notre-Dame en 1786
Par Hubert Robert (Musée Carnavalet)

Les maisons du Pont Notre-Dame, devenues insalubres, furent détruites en 1786 et Froullé déménagea quai des Augustins, au coin de la rue Pavée [VIe].  


En 1788, Deterville acheta le fonds de Sylvie Chaubert, veuve de Edme Rapenot (1724-1778), dit « Edme », 36 rue Saint-Jean-de-Beauvais [rue Jean-de-Beauvais, Ve], près de la rue des Noyers. Le libraire Edme, logeur et éditeur de Rétif de la Bretonne, s’était attaché à la partie des journaux : il avait travaillé pendant plus de vingt ans à les rassembler et à s’en faire un fonds unique, que sa veuve avait poursuivi.

À ses débuts, Deterville se borna à l’exploitation du fonds de Rapenot : il apportait ses livres, dans des mannettes, sur les degrés de l’église de Saint-Étienne-du-Mont [Ve] et suivait les ventes publiques pour y employer le produit de la vente de ses journaux.


Dès 1790, avec André Croullebois, ancien apprenti de Pierre-François Didot « le Jeune », reçu libraire en 1786 et installé 32 rue des Mathurins [rue Du Sommerard, Ve], au coin de celle des Maçons, spécialisé dans l’édition d’ouvrages de médecine, Deterville publia le Traité des principales maladies aiguës qui attaquent le peuple(in-12), par M. R.*** [François Richard de Hautesierck, baron d’Uberherrn], premier médecin des camps et armées du Roi et médecin consultant du Roi.


Plan Turgot (1739)

En 1792, Deterville déménagea au 26 rue des Carmes [Ve], rue parallèle à la rue Saint-Jean-de-Beauvais.

Il était parvenu rapidement à se faire un fonds de librairie ancienne, dont il fit des catalogues à des prix fixes et modérés, intitulés Rabais considérable de beaux livres, qu’il répandit en grand nombre non seulement en France, mais aussi en Russie, en Angleterre, en Allemagne et en Italie.  


« M. Deterville, libraire, rue des carmes, la premiere porte cochere à droite, n° 26, près la rue des Noyers, offre les ouvrages suivans, franc de port par tout le royaume, savoir : […].

Les personnes qui voudront avoir ces ouvrages reliés, paieront 20 f. de plus par vol. in-8°, reliure ordinaire en basanne ; 12 f. par vol. in-12, et 30 f. en basanne écaille et filets d’or.

Le même libraire a beaucoup d’autres livres, tant anciens que modernes, qui n’ont pu trouver place ici, tels que […].

Il achete les bibliotheques, en gros ou en partie, soit à Paris ou dans les départemens. Comme il suit exactement les ventes de bibliotheques, il pourra fournir les ouvrages qu’on lui demandera au meilleur marche possible.

Il fait aussi des échanges de livres contre d’autres, soit anciens ou modernes. » [sic]

(Supplément à laGazette nationale, N° 77, Samedi 17 mars 1792, Quatrième Année de la Liberté)


(Photographie Emmanuel de Broglie)

Sa réussite lui procura la possibilité pécuniaire d’ajouter de la librairie moderne à sa librairie ancienne, et de publier : La Mythologie mise à la portée de tout le monde (1793, 12 vol. in-18), ornée de 108 figures coloriées.


Plan Turgot (1739)

Le 19 brumaire an II [9 novembre 1793], il épousa, à Paris, Anne Garnery, et déménagea en 1794, 16 rue du Battoir-Saint-André [partie de la rue Serpente, entre la rue Hautefeuille et la rue de l’Éperon, VIe], près celle de l’Éperon.



Ses publications, qui eurent un grand succès, le mirent en relation avec les savants les plus illustres de son temps : Élémens de chymie (An III, 2eédition, 3 vol. in-8), par J. A. Chaptal ; Dictionnaire géographique portatif, des quatre parties du monde (An IV, 1795, in-8), traduit de l’anglais par Vosgien ; Traité de la peinture, (An IV, 1796, in-8), par Léonard de Vinci ; Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la république romaine (An IV, 1796, 6 vol. in-18), par l’abbé de Vertot ; Nouveaux costumes des autorités constituées (An IV, 1796, gr. in-4), 10 planches dessinées par Garnerey, gravées par Alix, et coloriées, contenant les costumes suivants : Membre du conseil des Cinq-Cents, des Anciens, du directoire exécutif, ministre, messager d’État, huissier, haute cour de justice, tribunal de cassation, administrateur de département et commissaire du directoire exécutif près les tribunaux, avec le décret sur ces costumes qui peut servir d’explication aux figures ; avec Desenne, au Palais-Royal, et avec Patry, imprimeur au Havre, Les Sottises du moment, comédie en prose et en trois actes (An IV [adresse rue des Carmes, erreur de l’imprimeur ?], in-8), par Jacques-Charles Bailleul ; Voyage en Portugal, et particulièrement à Lisbonne (1798, An VI, in-8) ; 


Frontispice, tome I

avec Desray, 36 rue Hautefeuille, les Œuvres de Denis Diderot (An VI-1798/An VIII, 15 vol. in-8), publiées sur les manuscrits de l’auteur par Jacques-André Naigeon ; avec Croullebois, 398 rue des Mathurins, Les Lois éclairées par les sciences physiques ; ou Traité de médecine-légale et d’hygiène publique (An VII, 3 vol. in-8), par François-Emmanuel Foderé ; Voyages de Pythagore en Égypte, dans la Chaldée, dans l’Inde, en Crète, à Sparte, en Sicile, à Rome, à Carthage, à Marseille et dans les Gaules (An VII, 6 vol. in-8), par Sylvain Maréchal ; Histoire universelle, en style lapidaire (1800, in-8), par le même ; Métamorphoses d’Ovide (An VII, 4 vol. in-8), traduites en français par Banier, avec 16 figures en taille-douce d’après B. Picart ; Principes de physiologie, ou Introduction à la science expérimentale, philosophique et médicale de l’homme vivant (An VIII-1800, 3 vol. in-8), par Charles-Louis Dumas ; Essai sur le perfectionnement des arts chimiques en France (8 [sic], in-8), par J. A. Chaptal ; 

Frontispice, tome I

Traduction en vers des Métamorphoses d’Ovide(An IX-1800, 2 vol. in-8), par F. Desaintange ; avec Plassant, rue du Cimetière Saint-André-des-Arts, Traité de la chasse de Xénophon (An IX-1801, in-12), traduit en français par J. B. Gail ; Traité élémentaire de chimie (An IX-1801, 3eédition, 2 vol. in-8, fig.), par Lavoisier ; Table analytique et raisonnée des matières contenues dans les soixante-dix volumes des Œuvres de Voltaire, (Édition in-8°, dite de Beaumarchais.) (An IX-1801, 2 vol. in-8), par le citoyen Chantreau ; Systême des animaux sans vertèbres (An IX-1801, in-8), par J. B. Lamarck ; Raison, folie, chacun son mot ; petit cours de morale mis à la portée des vieux enfans (An X-1801, 2eédition, in-8), par P. E. Lémontey.




Pensant que certains grands ouvrages alors existants pouvaient être refaits avec avantage, il fit imprimer par Charles Crapelet (1762-1809), rue de La Harpe, une Histoire naturelle de Buffon (An VII-An XI, 80 vol. gr. in-18, fig.), dont il vendit rapidement plus de 8.000 exemplaires, composée des parties suivantes :

1°. Théorie de la Terre. - Époques de la nature. - Discours généraux sur l’histoire naturelle. - Histoire naturelle des quadrupèdes (t. IV à X). - Histoire naturelle des oiseaux (t. XI à XXVI). Par René-Richard Castel. An VII, 26 vol.

2°. Histoire naturelle des minéraux. Par Eugène-Melchior-Louis Patrin. An IX, 5 vol.

3°. Histoire naturelle des poissons. Par René-Richard Castel. An IX, 10 vol.

4°. Histoire naturelle des reptiles. Par Charles-Sigisbert Sonnini et Pierre-André Latreille. An X, 4 vol.

5°. Histoire naturelle des insectes. Par Martin Grostête de Tigny. An X, 10 vol.

6°. Histoire naturelle des coquilles. Par Louis-Augustin-Guillaume Bosc. An X, 5 vol.

7°. Histoire naturelle des vers. Par Louis-Augustin-Guillaume Bosc. An X, 3 vol.

8°. Histoire naturelle des crustacés. Par Louis-Augustin-Guillaume Bosc. An X, 2 vol.

9°. Histoire naturelle des végétaux. Par Jean-Baptiste Lamarck et Charles-François de Mirbel, dit Brisseau-Mirbel. An XI-1803, 15 vol.

Les figures ont été dessinées d’après nature par Jacques-Eustache Desève (1790-1830), gravées sous sa direction et tirées en noir ou coloriées. L’Histoire naturelle des vers et des crustacés fut imprimée par Guilleminet.


À l’époque, les bibliothèques des congrégations religieuses se vendaient presque pour rien :


« Quand j’avais un peu d’argent, je courais acheter quelques-uns de ces bons livres, la plupart fort rares : ils étaient à si bon marché ! Puis, lorsque j’en eus amassé beaucoup, je me demandai comment je trouverais le moyen de m’en défaire. Arriva sur ces entrefaites une suspension d’armes entre la France et l’Angleterre, à propos de la Paix d’Amiens. Je fis filer sur Londres mes mannettes, qui renfermaient toute ma fortune, et je les y suivis de près. Peu de temps s’était écoulé que j’avais vendu ma pacotille aux libraires de la Grande-Bretagne au poids de l’or. Puis, après mille dangers, je parvins à regagner Paris avec mon trésor réalisé, de belles guinées, ma foi ! cachées sous mes vêtements, dans une large sacoche en cuir. De cette époque, de cet argent, datent mes vastes opérations de librairie. »

(Edmond Werdet. De la librairie française. Paris, E. Dentu, 1860, p. 199-200)


Les entreprises de Deterville continuèrent : Traité des maladies goutteuses (An X-1802, 2 vol. in-8), par P. J. Barthez ; De l’homme, de ses facultés physiques et intellectuelles de ses devoirs, et de ses espérances(An X-1802, 2 vol. in-8), par David Hartley, traduit de l’anglais par R. A. Sicard, publié avec Ducauroy, 279 rue Saint-Jacques ; Voyage en Piémont (An XI-1803, in-8, 6 cartes, 8 estampes), par J. B. J. Breton, publié avec Brion, 98 rue de Vaugirard, Debray, 9 place du Muséum et Fuchs, rue des Mathurins ; Élémens [sic] de chimie (An XI-1803, 4eédition, 3 vol. in-8), par J. A. Chaptal ; Principes fondamentaux de l’équilibre et du mouvement (An XI-1803, in-8), par L. N. M. Carnot ; Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, appliquée aux arts (An XI-1803 – An XII-1804, 24 vol. in-8, fig.) ; La Nouvelle Maison rustique, ou Économie rurale, pratique et générale de tous les biens de campagne (An XII-1804, 3 vol. in-4) ; Traité élémentaire d’histoire naturelle(An XII-1804, in-8), par A. M. Constant Duméril ; Études de la nature (An XII-1804, nouvelle édition revue et corrigée, 5 vol. in-8, 10 pl.), par Jacques-Bernardin-Henri de Saint-Pierre, imprimées par Crapelet :


« Un libraire, homme de bien, M. Déterville, vint me demander la permission d’imprimer une édition in-8 de mes Études de la nature, sous mon nom, et semblable à mon édition originale in-12, à quelques transpositions près, avec le privilège de la vendre à son profit pendant cinq ans, moyennant six mille six cents livres, dont il me paieroit le tiers d’avance, et les deux autres tiers dans le cours de l’année. Je remerciai la Providence, qui m’envoyoit à point nommé une partie des fonds qui m’étoient nécessaires. Nous signâmes mutuellement, le libraire et moi, l’acte de nos conventions, qui toutes ont été remplies jusqu’à présent. Cette édition a paru en l’an XII (1804). »

(Bernardin de Saint-Pierre. Paul et Virginie. Paris, P. Didot l’aîné, 1806, p. xvj)


Suivirent : Poétique française (An XIII-1804, in-8) et Rhétorique française (An XIII-1804, in-8), par Domairon ; Irons-nous à Paris ? ou La Famille du Jura. Roman plein de vérités (An XIII-1804, 2eédition, in-12) 


Histoire du canal de Languedoc (An XIII-1805, in-8), par les descendants de Pierre-Paul Riquet de Bonrepos ; Manuel de santé, ou Nouveaux élémens de médecine pratique (An XIII-1805, 2 vol. in-8), par L. J. M. Robert ; Le Dernier Homme (An XIV-1805, 2 vol. in-12), ouvrage posthume, par M. de Grainville ; Voyages entrepris dans les gouvernemens [sic] méridionaux de l’empire de Russie, dans les années 1793 et 1794 (1805, 2 vol. in-4, 28 vignettes, et un atlas in-fol. de 55 pl.), par le professeur Pallas, traduits de l’allemand.



Aujourd'hui

Le 8 mai 1806, Deterville acheta la maison du 8 rue Hautefeuille [VIe], au coin de la rue des Poitevins, en face de l’hôtel de Fécamp et sa célèbre tourelle, moyennant 26.200 francs, qu’il occupa jusqu’à sa mort.

Il spécula sur les terrains et les maisons de la rue de l’École-de-Médecine [VIe]. Il acheta un terrain situé à l’emplacement de l’église des Cordeliers, détruite en 1795, pour la somme de 136.700 francs, le 22 octobre 1822, sur lequel il fit élever une maison d’habitation. 


Il devint aussi propriétaire du château de Verveine [Condé-sur-Sarthe, Orne].

Un de ses cousins, Nicolas-Edme Roret (1797-1860), établira, en 1823, son commerce de libraire au rez-de-chaussée du 12 rue Hautefeuille, au coin de la rue du Battoir.



Les éditions se succédèrent : L’Art de faire le vin (1807, in-8), par J. A. Chaptal ; Voyage fait autour du mondeen 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 (1807, in-8), par John Turnbull, traduit de l’anglais par A. J. N. Lallemant, avec Xhrouet, 16 rue des Moineaux, Petit, Palais du Tribunat, galerie du bois, côté du jardin, n° 257, et Lenormant, 17 rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois ; Essai sur la vie, les écrits et les lois de Michel de l’Hôpital, Chancelier de France (1807, in-8), par Bernardi, avec les mêmes ; Chimie appliquée aux arts (1807, 4 vol. in-8), par J. A. Chaptal, imprimée par Crapelet ; Supplément au Recueil des lettres de M. de Voltaire (1808, 2 vol. in-12), avec Xhrouet et Petit ; Essai sur l’origine des anciens peuples (1808, in-12) et Bérose et Annius de Viterbe, ou les Antiquités caldéennes (1808, in-12), par Fortia d’Urban, avec Xhrouet et les frères Séguin, à Avignon ; Plan d’un atlas historique portatif (1809, in-12), par Fortia d’Urban, avec Xhrouet, Petit et les frères Séguin ; Nouveau Cours complet d’agriculture théorique et pratique, […] ; ou Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture (1809, 13 vol. in-8, 60 fig.) ; L’Esprit de l’histoire, ou Lettres politiques et morales d’un père à son fils (1809, 5eédition, 4 vol. in-8), par Antoine Ferrand ; De l’influence des femmes sur le goût dans la littérature et les beaux-arts (1810, in-8), par J. J. Virey ; Tableau historique et géographique du monde, depuis son origine jusqu’au siècle d’Alexandre (1810, 3 vol. in-12), par Fortia d’Urban, avec F. Schoell, 29 rue des Fossés-St-G.-l’Auxerrois, Petit, les frères Séguin et Langlois, 6 rue de Seine, hôtel Mirabeau ; Recherches physico-chimiques (1811, 2 vol. in-8, 6 pl.), par Gay-Lussac et Thenard ; Le Botaniste cultivateur, ou Description, culture et usages de la plus grande partie des plantes étrangères, naturalisées et indigènes, cultivées en France, en Autriche, en Italie et en Angleterre (1811-1814, 2eédition, 7 vol. in-8), par G. L. M. du Mont de Courset, avec Goujon, 33 rue du Bac ; Recherches sur les ossemensfossiles de quadrupèdes (1812, 4 vol. in-4, pl.), par Cuvier ; Considérations générales sur la situation financière de la France, en 1816 (1815, in-8) et La Théoriede l’économie politique (1815, 2 vol. in-8), par Ch. Ganilh ;  Histoire de la médecine, depuis son origine jusqu’au dix-neuvième siècle (1815, 7 vol. sur 9 in-8), par Kurt Sprengel, traduite de l’allemand par A. J. L. Jourdan et revue par E. F. M.  Bosquillon, avec Th. Desoer, 37 rue de Richelieu ; avec Delaunay, au Palais-Royal, Du Congrès de Vienne(1815, 2eédition, 2 vol. in-8), par De Pradt ; Analyse d’une nouvelle ornithologie élémentaire (1816, in-8), par L. P. Vieillot ; Traité de physique expérimentale et mathématique (1816, 4 vol. in-8, fig.) par J. B. Biot ; avec Jean-Jacques Lefèvre (1779-1858), son ancien commis de 1803 à 1806, 6 rue de l’Éperon,Paul et Virginie (1816, in-18), par Bernardin de Saint-Pierre, imprimé par P. Didot l’Aîné ; Petit volume contenant quelques apperçus[sic] des hommes et de la société(1817, in-12), par Jean-Baptiste Say ; 



Le Règne animal distribué d’après son organisation (1817, 4 vol. in-8, fig.), par le chevalier Cuvier ; Mémoires pour servir à l’histoire et à l’anatomie des mollusques (1817, in-4, 35 pl.), par le chevalier Cuvier ; Précis élémentaire de physique expérimentale (1817, 2 vol. in-8, 14 pl.), par J.-B. Biot ; Histoire de la politique des puissances de l’Europe (1817, 4 vol. in-8), par le comte de Paoli-Chagny ; Histoire naturelle des animaux sans vertèbres (mars 1817 et juillet 1818, t. 4 et 5, sur 7 vol. in-8), par le chevalier de Lamarck, avec Verdière, 27 quai des Augustins.


(Photographie Librairie Blomet)

Après avoir annoncé la publication des Œuvres complètes de Voltaire en 36 volumes in-8, Deterville et Lefèvre les publièrent de 1817 à 1818 en 41 volumes, imprimés par Crapelet ; le travail littéraire fut confié à Pierre-Auguste-Marie Miger (1771-1837), qui fit de notables améliorations et additions dans la Correspondance, et rédigea une table formant le 42e volume, avec le millésime 1820 ; c’est la première édition des Œuvres de Voltaire qui contient l’ode intitulée « Le Vrai Dieu ». Ils publièrent également les Œuvres de J.J. Rousseau citoyen de Genève (1817-1818, 18 vol. in-8, 20 fig.) et le Lycée ou Cours de littérature ancienne et moderne (1818, 16 vol. in-8), par J. F. La Harpe, imprimés par P. Didot l’Aîné.

Furent aussi édités : Essai sur l’établissement monarchique de Louis XIV (1818, in-8), par Pierre-Édouard Lémontey ; Aperçu géognostique des terrains (1819, in-8), par A.-H. de Bonnard ; La Morale de l’enfance, ou Quatrains moraux à la portée des enfants (1819, 9eédition, in-18), par Ch.-G. Morel de Vindé ; Nouveau Dictionnaire de la langue française (1820, 2 vol. in-4), par J.-Ch. Laveaux, imprimé par Aimé Fain, place de l’Odéon ; Histoire des trois démembremensde la Pologne (1820, 3 vol. in-8) ; Histoire des mœurs et de l’instinct des animaux (1822, 2 vol. in-8), par J.-J. Virey : on pouvait se procurer 182 planches extraites de la 2eédition du Nouveau Dictionnaire d’Histoire naturelle (1816-1819, 36 vol. in-8) et réunies avec une Table pour former un Atlas ou tome III, qui se vendait séparément ; Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique, […], ou Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture (1821-1823, nouvelle édition, 16 vol. in-8) ; Précis élémentaire de physique expérimentale (1824, 3eédition, 2 vol. in-8), par J.-B. Biot ; Élémens des sciences naturelles (1825, 3eédition, 2 vol. in-8, 33 pl.), par A.-M.-Constant Duméril ; Organographie végétale, ou Description raisonnée des organes des plantes (1827, 2 vol. in-8, 60 pl.), par Aug.-Pyr. de Candolle ; avec Ledentu, 31 quai des Augustins, Nouveau Dictionnaire de la langue française (1828, 2eédition, 2 vol. in-4), par J.-Ch. Laveaux ; Le Règne animal distribué d’après son organisation (1829, nouvelle édition, 5 vol. in-8), par le baron Cuvier, avec Crochard, 16 Cloître Saint-Benoît ;Élémens des sciences naturelles (1830, 4eédition, 2 vol. in-8, 33 pl.), par A.-M.-Constant Duméril.


Depuis longtemps privé d’un œil, il devint aveugle en 1832, comme deux de ses frères et son cousin prêtre. Veuf depuis le 23 juillet 1842, il mourut, comme son épouse, en son domicile parisien, le 2 octobre 1842. Sa succession fut évaluée à plus de quatre millions :


« Pour gagner de l’argent en librairie, disait souvent Déterville, il faut aimer son état, préférer le travail à tout autre chose, être économe, prudent, éviter les gros engagemens et être honnête homme. Avec cela, ajoutait-il, on obtient l’estime et la confiance des hommes illustres avec lesquels on a des relations ; c’est ce que, très jeune, j’ai senti ; et, par la pratique, c’est ce qui a fait le bonheur de ma vie et m’a procuré la fortune que j’ai. » [sic]

(Feuilleton du Journal de la librairie. N° 42, samedi 15 octobre 1842, p. 8)


En 1823, il avait déjà fait part de ses expériences éditoriales :


« Ne publiez jamais de livres en un ou deux volumes ; ils vous donnent autant de mal que des ouvrages considérables et ne vous rapportent rien, tandis que dans les bénéfices que vous retirez des autres vous trouvez la juste rémunération de vos peines et de vos soins. »

(Edmond Werdet. Ibid., p. 198)


Généalogie simplifiée de la famille Deterville

Il laissait pour unique héritière sa fille Françoise-Victoire Deterville, née à Paris en 1797, qui décédera au château de Verveine le 13 novembre 1858, épouse de Adrien-Joseph Rattier, né à Paris le 27 avril 1789, qui décédera à Paris le 31 mars 1854 : la maison de la rue Hautefeuille sera vendue par leurs trois enfants en 1859.














Charles Crapelet (1762-1809), le Baskerville français

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Charles Crapelet est né à Levécourt [Haute-Marne], le 13 novembre 1762, troisième enfant d’une fratrie de cinq.

Dès 1774, son père, cabaretier, l’envoya à Paris pour entrer comme apprenti typographe chez Pierre-Robert-Christophe Ballard (1744-1812), associé alors avec sa mère, rue des Noyers. S’étant formé lui-même, Crapelet acquit une connaissance parfaite de la langue française et la réputation d’un des plus habiles correcteurs de la capitale. 

La Visite de l'imprimerie, par Léonard Defrance (1785, détail)
Musée de Grenoble

En 1780, il devint prote de Jean-Georges Stoupe (1736-1808), au bas de la rue de la Harpe [Ve], qui avait succédé, en 1773, à André-François Le Breton (1708-1779), l’imprimeur de l’Encyclopédie, par Diderot et d’Alembert :


« L’imprimerie de Stoupe, alors une des plus fortes de Paris, se composoit de dix presses, et tout le zèle et l’habileté du jeune prote suffisoit à peine pour diriger cet établissement comme il le désiroit. Il travailloit souvent seul, la nuit, pour que le train du lendemain n’éprouvât aucune interruption, pour que les ouvriers ne fissent aucune perte de temps. Il étoit, dans toute l’étendue du terme, esclave de ses doubles fonctions, et tellement préoccupé des intérêts des ouvriers, que le jour même de ses noces, vers minuit, il quitta la compagnie, pour aller corriger des épreuves qu’il savoit être attendues par les imprimeurs. Ma mère m’a raconté ce fait, et toute l’inquiétude que causa la disparition subite du marié. Le grave Stoupe, qui étoit dans la confidence de son Charles, comme il l’appeloit, se divertit quelques instants de l’embarras visible de la personne la plus intéressée dans l’événement, mais il ne tarda pas à rassurer tout le monde. Vers trois heures du matin, le marié revint partager les plaisirs de la réunion. » [sic]

(G.-A. Crapelet. Études pratiques et littéraires sur la typographie. Paris, Imprimerie de Crapelet, 1837, t. I, p. 147)


Uniquement occupé de son art, Crapelet ne prit aucune part au mouvement révolutionnaire : il n’exerça qu’une seule fois des fonctions publiques, celles de juré, et eut le bonheur de sauver un citoyen, ce qui faillit lui coûter la vie. 

Ancien Collège de Beauvais, par Fichot.
In Le Magasin pittoresque, 1865, p. 285

En 1793, il monta une imprimerie avec Julien, 36 rue Saint-Jean-de-Beauvais [rue Jean-de-Beauvais, Ve] : resté seul au bout de seulement quelques mois, il s’installa au n° 3 de la même rue, avant de déménager, en 1795, au 155 rue de la Harpe, succédant à l’imprimeur Jean-François-Louis Chardon (1738-1812).


Rue de la Harpe, vue du boulevard Saint-Germain
Par Charles Marville (1865)

« [p. 179] Pendant plusieurs années, l’imprimerie de mon père fut pourvue de cinq correcteurs qui suffisoient à peine à entretenir le travail de trente presses, le nombre du tirage des labeurs n’excédant pas deux mille exemplaires l’un dans l’autre. Parmi eux il y en avoit un qu’on pouvoit regarder comme le type du correcteur de l’ancienne imprimerie de Paris. Il se nommoit Courtois, et étoit neveu de J. F. L. Chardon, imprimeur, qui se l’étoit attaché en qualité de prote et correcteur. Lorsque mon père eut transporté son établissement dans le local occupé par Chardon, il lui fallut acheter en même temps les restes séculaires [La famille de Chardon exerçoit, de père en fils, la librairie et l’imprimerie depuis 1666] de son mobilier typographique, qui n’auroit pu être déplacé sans tomber en poussière. Il ne conserva que quelques corps de casseaux, avec marbres, et deux presses à boîte et à nerfs, premier modèle des presses, qui remontoit à l’invention de l’imprimerie : elles avoient bien cent cinquante ans d’existence, et firent encore pendant plus de quinze ans un bon service pour les épreuves, qu’un nouveau déménagement fit seul cesser. Mais mon père trouva un grand dédommagement dans l’acquisition qu’il fit en même temps du correcteur Courtois, qui se regardoit comme partie intégrante du mobilier de son oncle. Jamais il n’eût consenti à exercer dans une autre imprimerie. Destiné d’abord à l’état ecclésiastique, il avoit fait de bonnes études grecques et latines. C’étoit, en 1795, un homme de cinquante-cinq ans environ, au chef branlant, sobre comme un ermite, tenant du Bénédictin par sa patience et son assiduité, plus régulier que l’horloge de la paroisse de Saint-Severin, qui dominoit l’imprimerie située aux quatrième et cinquième étages, comme presque toutes les anciennes imprimeries à cette époque. Sa mise étoit simple, mais soignée ; sa parole étoit sévère aux ouvriers et aux apprentis, qui ne l’en estimoient pas moins, parce qu’ils reconnoissoient son mérite, et que sa sévérité n’avoit d’autre cause que son zèle et les soins qu’il apportoit dans toutes les parties de la correction. Il fut enlevé dans le mois de septembre 1811, à la typographie, qui avoit usé quarante ans de sa vie. […]

[p. 233] Je n’oublierai jamais l’état d’agitation dans lequel je vis un jour mon père Charles Crapelet, tenant une bonne feuille dans ses mains ; pâle, tremblant, froissant par un mouvement convulsif, cette feuille entre ses doigts. Il venoit d’apercevoir le mot Pénélope, imprimé Pélénope ; et c’étoit dans la première feuille d’un Télémaque[Édition de 1796, 2 vol. in-8° ; la faute fut réparée au moyen d’un carton ; cette édition, remarquable pour le temps où elle fut exécutée, jouit encore de l’estime des bibliographes. Il en existe des exemplaires en grand raisin vélin.], l’un des premiers livres de bibliothéque qu’il imprimoit. Il vouloit donner à cette édition une correction rigoureuse et remarquable ; il y attachoit sa réputation ; et cette feuille avoit été lue trois fois avant de passer sous ses yeux, et il l’avoit lue et relue encore. Cette faute l’attéra : peu s’en fallut que de ce jour il ne renonçât à l’imprimerie, et plût à Dieu qu’il eût suivi son premier mouvement ! Toute sa carrière typographique n’a été qu’un [sic] longue chaîne de tourmens et d’inquiétudes, surchargée à la fin de la perte de tout le fruit de ses rudes travaux. Une lecture vétilleuse et continuelle, une continuelle tension de l’esprit, sans loisir, sans exercice ; une surveillance incessante sur toutes choses, les soucis, les embarras, les contrariétés sans fin que lui causoit la conduite de vingt-cinq et trente presses, ont consumé et abrégé ses jours. Resté seul de ses cinq fils, à l’époque de sa mort, le 19 octobre 1809, je dus embrasser un état ; j’avois ma mère, je n’eus pas à choisir : je fus imprimeur, et j’étois à peine âgé de vingt ans. […]

[p. 308] Auteurs et Imprimeur ont fait leur devoir. Mais l’Imprimeur fit encore plus que le sien : Charles Crapelet mourut de fatigue et d’inquiétude, comme Néobar, logo capitis comitante dolore [Conrad Néobar succomba, en 1540, à de violents maux de tête, suite d’un travail excessif]. Il mourut comme la plupart des hommes qui dévouent leur existence à leur réputation, sans avoir recueilli le fruit de ses travaux. » [sic]

(G.-A. Crapelet. Ibid.)      


Les ouvrages que publia Charles Crapelet sont encore recherchés de nos jours par les bibliophiles. Ils se recommandent par la correction, par la netteté, l’élégance et la variété de l’impression. Les plus beaux ouvrages sortis de ses presses sont :


Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse. Par M. de Fénelon (Paris, Imprimerie de Crapelet, An IV, 2 vol. in-8, portrait frontispice de Fénelon gravé par Hubert d’après Vivien, 24 figures gravées par

Baquoy, Dambrun, Dupréel, Delvaux, De Ghendt, Langlois « Jeune », Masquelier, Patas, Pauquet et Ponce d’après Marillier) :


« Prix : Les 2 vol., papier carré vélin, avec les fig., cartonnés, 48 fr. ; papier grand-raisin vélin, dont il n’y a eu que 100 exemplaires, avec les figures, avant la lettre, cartonnés, 60 fr.

On trouve dans cette édition les Notes allégoriques, une Table des matières, et l’Éloge de Fénélon, par La Harpe.

L’éditeur de cette édition, M. Déterville, vend aussi séparément la Collection des 25 estampes, dont chacune est le sujet d’un Livre, à l’exception de la 25e qui est le portrait de Fénelon, afin qu’on puisse s’en servir pour orner d’autres éditions de Télémaque où il n’y a point de figures. Prix des 25 figures, papier vélin, format grand in-8°., 24 fr. ; les mêmes, avant la lettre, 36 fr. ; les mêmes, in-4°., pour les éditions de ce format, 60 fr. » [sic]

(Dictionnaire de bibliographie française. Paris, 1812, t. II, p. 390)


Paris, 15 juin 2010 : 1.740 €


Christie's Paris, 12-13 décembre 2012 : 4.000 €


Fables de La Fontaine, avec figures gravées par MM. Simon et Coiny (Paris, Bossanges [sic], Masson et Besson, An IV [1796 ère vulg.], 6 vol. in-18, ou 4 vol. in-8, frontispice et 275 fig. d’après Jacques Vivier). Réimpression de l’édition imprimée par Didot « l’Aîné » en 1787.



Œuvres de Salomon Gessner (Paris, Bossange, Masson et Besson, An V-1797, 3 vol. in-12, portrait frontispice, 3 titres gravés et 14 fig., copies des fig. gravées par Delvaux d’après Marillier).



Œuvres de Boileau Despréaux, avec neuf figures, dessinées et gravées par les meilleurs artistes (Paris, Imprimerie de Crapelet, An VI-1798, in-4).



Histoire naturelle des singes et des makis (Paris, Desray, An VIII, in-fol., 63 pl.), par Jean-Baptiste Audebert (1759-1800). Il a été tiré un exemplaire sur vélin. Cet ouvrage fit une vive sensation parmi les naturalistes.


Histoire d’Hérodote, traduite du grec (Paris, Guillaume De Bure l’aîné et Théophile Barrois père, 2eédition, An XI-1802, 9 vol. in-8), par Pierre-Henri Larcher. Il en a été tiré un certain nombre d’exemplaires de format in-4, en papier vélin.

 

(Photographie Antiquariaat Junk, Amsterdam, Pays-Bas)

L'Eclatant (t. II, pl. 2)

Oiseaux dorés ou à reflets métalliques (Paris, Desray, An XI-1802, 2 vol. in-fol., 190 pl.), par J. B. Audebert et Louis-Pierre Vieillot (1748-1831). Il en existe 12 exemplaires avec le texte imprimé en or. Il a été tiré en or un seul exemplaire sur peau-vélin. Une édition grand in-4 a paru en même temps que l’in-folio. Cet ouvrage, commencé par Audebert et terminé par Vieillot, fut regardé comme le plus parfait qui ait jamais paru en ce genre.


 « TOM. I. Histoire naturelle et générale des Colibris, Oiseaux-mouches, Jacamars et Promerops. Prél. 2 feuillets, cont. Faux titre et titre ; avertiss. (p. 1)-VIII ; liste des souscripteurs, 1 f. ; préface et introd. (p. 1-) 13. Texte, Colibris, (p. 1)-40, fig. 1-20 ; Oiseaux-mouches, (p.41)-128, fig. 21-70 ; Jacamars, (p. 1)-8, fig. 1-6 ; Promerops, (p. 1)-22, fig. 1-9. Table des matières, (p.) 23-28.  

TOM. II. Histoire naturelle et générale des Grimpereaux et des Oiseaux de Paradis. Prél. 2 feuillets, cont. Faux titre et titre. Texte, Grimpereaux, (p. 1)-128, fig. 1-88, 26 bis ; Oiseaux de Paradis, fig. 1-16. Texte, (p. 1)-34. Table des matières, (p. 35)-40.

Il n’y a qu’un seul exemplaire imprimé sur vélin.

C’étoit feu M. Desray qui le possédoit. »

(Catalogue de livres imprimés sur vélin. Paris, De Bure frères, 1824, t. I, n° 45, p. 266)


Paulus Manutius, par Auguste de Saint-Aubin (t. II)

Annales de l’imprimerie des Alde, ou Histoire des trois Manuce et de leurs éditions. Par Ant. Aug. Renouard (Paris, Antoine-Augustin Renouard, An XII-1803, 2 vol. in-8). Il en a été tiré 4 exemplaires en grand papier vélin. Le 3e volume, intitulé « Supplément », imprimé par son fils Georges-Adrien Crapelet, fut publié en 1812.


Veuve au collier d'or


Histoire naturelle des plus beaux oiseaux chanteurs de la zone torride(Paris, J. E. Gabriel Dufour, 1805, in-fol., 72 pl. gravées par Bouquet d’après Prêtre), par L. P. Vieillot.


Pic gris (t. II, pl. 116)


Histoire naturelle des oiseaux de l’Amérique septentrionale (Paris, Desray, 1807, 2 vol. in-fol., 131 pl. et 1 carte géographique),par M. L. P. Vieillot. Une note du libraire certifie que 20 exemplaires seulement ont été tirés sur grand papier vélin. La plus grande partie de l’édition, dont plusieurs exemplaires en grand papier, a été absorbée et annihilée par les « licences » [autorisations spéciales d’importer, seulement par mer, certaines marchandises par exception aux lois de blocus].


Arbre généalogique simplifié de la famille Crapelet

Georges-Adrien Crapelet était né à Paris, le 15 juin 1789. Formé à l’art typographique sous la direction de son père, il fut breveté imprimeur le 1er avril 1811 et quitta alors la rue de la Harpe pour le n° 9 de la rue de Vaugirard [VIe].



En 1814, il mit en vente sa bibliothèque, qui contenait quelques ouvrages de celle de son père, du lundi 19 au samedi 24 septembre, en 6 vacations, 30 rue des Bons-Enfants : Catalogue des livres de M*** (Paris, De Bure frères, 1814, [4]-48 p., 568 + 1 bis + 9 « Addition » = 578 lots). Hors « Addition » : Théologie [26 lots = 4,56 %], Jurisprudence [27 lots = 4,74 %], Sciences et Arts [175 lots = 30,75 %], Belles-Lettres [225 lots = 39,54 %], Histoire [116 lots = 20,38 %]. Quelques éditions sont anciennes, mais la plupart sont postérieures à 1801. La vente rapporta 7.448 francs et 65 centimes.


« Amoureux de son art, toujours désireux de bien faire, de mieux faire que la majeure partie de ses confrères, ce qui n’est pas difficile, puisqu’on ne compte pas certes dix bons imprimeurs à Paris » (Annales de la typographie française et étrangère, 1er novembre 1838, p. [2]), ses travaux le mirent bientôt à la tête de la typographie parisienne et en fit un des plus éminents bibliographes français :


Drouot, 21 juin 2007 : 550 €


Œuvres complètes de Jean Racine (Paris, Raymond et Ménard, 1811, 4 vol. in-8, fig. de Moreau le Jeune).


Reliure de F. Doll

Œuvres complettes de J. Lafontaine, précédées d’une nouvelle notice sur sa vie (Paris, Lefèvre, 1814, 6 vol. in-8, portrait frontispice gravé par J. F. Ribault d’après Hyacinthe Rigault, 25 pl. gravées d’après Moreau le Jeune).


Reliure de Simier

Œuvres complettes de Montesquieu, précédées de la vie de cet auteur (Paris, Lefèvre, 1816, 6 vol. in-8, portrait frontispice et 4 cartes gravées dépliantes).


Reliure de Thouvenin

Marque au chiffre GAC (1818)

Marque au chiffre GAC (1822)

Œuvres de J. J. Rousseau, avec des notes historiques (Paris, Lefèvre, 1819, 22 vol. in-8, portrait frontispice par Leroux et 19 fig., musique). La page de titre porte comme marque le chiffre « G A C » de 1818, dont il existe une autre version qui apparait en 1822.



Œuvres complètes de Voltaire (Paris, Antoine-Augustin Renouard, 1819-25, 66 vol. in-8, 113 vignettes d’après Moreau, 47 portraits). Édition plus complète et plus correcte que celles de Beaumarchais, et, avant l’édition de Beuchot, c’était la meilleure que l’on eût des œuvres de Voltaire.


Histoire des Français, par J. C. L. Simonde de Sismondi (Paris, Treuttel et Würtz, 1821-1836, 21 vol. in-8).


Œuvres dramatiques de N. Destouches (Paris, Imprimerie de Crapelet, 1822, 6 vol. in-8, 80 ex. sur gr. raisin vélin et 20 ex. sur gr. raisin fin).


Œuvres complètes de J. F. Regnard (Paris, Imprimerie de Crapelet, 1822, 6 vol. in-8, 80 ex. sur gr. raisin vélin et 20 ex. sur gr. raisin fin).


Marque aux pensées (1824)

Les Poètes françois, depuis le XIIesiècle jusqu’à Malherbe (Paris, Imprimerie de Crapelet, 1824, 6 vol. in-8), par Pierre-René Auguis. La page de titre porte comme marque un bouquet de trois pensées, liées par un cordon qui a pour devise « ELLES NE PEUVENT PLUS MOURIR ».


Œuvres choisies de Quinault (Paris, Crapelet, 1824, 2 vol. in-8).


Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, ou Variétés littéraires et philosophiques ; par Charles Nodier (Paris, Crapelet, 1829, in-8).


Il conçut l’idée de publier une « Collection des anciens Monumens de l’Histoire et de la Langue françoise », en 13 volumes, pour aider à l’étude chronologique des changements introduits dans la langue ; c’est ainsi que furent imprimés par ses presses, de 1826 à 1834, dans le format grand in-8 :


-          Vers sur la mort, par Thibaud de Marly (s. d. [1826]) [d’autres prétendent que l’auteur est Hélinand].

-         


      Lettres de Henri VIII à Anne Boleyn (1826).

-          


      Le Combat de trente Bretons contre trente Anglois (1827).

-         


      Histoire de la Passion de Jésus-Christ, composée en MCCCCXC par le R. P. Olivier Maillard (1828).

-          

      
       Le Pas d’armes de la bergère, maintenu au tournoi de Tarascon (1828).

-         


      L’Histoire du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel (1829).

-        


      Cérémonies des gages de bataille selon les constitutions du bon roi Philippe de France, représentées en onze figures (1830).

-          Proverbes et dictons populaires, avec les dits du mercier et des marchands, et les crieries de Paris, aux XIIIeet XIVesiècles (1831).

-          Poésies morales et historiques d’Eustache Deschamps, écuyer, huissier d’armes des rois Charles V et Charles VI, châtelain de Fismes et bailli de Senlis (1832).

-          Tableau de mœurs au dixième siècle, ou La Cour et les Lois de Howel-le-Bon, roi d’Aberfraw de 907 à 948 ; suivi de cinq pièces de la langue française, aux onzième et treizième siècles […], et terminé par une notice historique sur la langue anglaise, depuis son origine jusqu’au XVIIIesiècle (1832).

-          


      Les Demandes faites par le roi Charles VI, touchant son état et le gouvernement de sa personne, avec les réponses de Pierre Salmon, son secrétaire et familier (1833).

       
-          
      Partonopeus de Blois (1834, 2 vol.).    


En 1829, Crapelet a désiré joindre à cette collection :

-          Recherches sur les sources antiques de la littérature française, par Jules Berger de Xivrey.

-          Las Obros de Pierre Goudelin (2 vol.).


Au mérite d’imprimeur habile, Crapelet joignit celui d’écrivain distingué :



Souvenirs de Londres en 1814 et 1816 ; suivis de l’histoire et de la description de cette ville dans son état actuel (Paris, Ant.-Aug. Renouard et Delaunay, 1817, 12 pl. et un plan).


Réponse à une lettre adressée par M. Henry Saint-Simon à Messieurs les ouvriers (Paris, Imprimerie de Crapelet, 20 novembre 1821, in-8), sous le pseudonyme « Antoine Nantua ».


Lettre trentième concernant l’imprimerie et la librairie de Paris, traduite de l’anglais, avec des notes (Paris, Imprimerie de Crapelet, 1821, in-8). Elle renferme des Notes qui n’ont pas été conservées dans la traduction en 4 volumes et doit être jointe à ceux-ci ; sa page de titre porte comme marque le chiffre « G A C » de 1818. Cette traduction provoqua une publication acerbe par T. F. Dibdin :

Brief remarks upon the preface and notes of G. A. Crapelet, attached to his translation of the thirtieth letter of the bibliographical, antiquarian and picturesque tour (Londres, W. Bulmer et W. Nicol, 1821, in-8, 36 ex.).


Marque aux plumes

Voyage bibliographique, archéologique et pittoresque en France, par le Rév. Th. Frognall Dibdin. Tome Premier, traduit de l’anglais, avec des notes, par Théod. Licquet, conservateur de la bibliothèque publique de Rouen [t. I et II] ou par G. A. Crapelet, imprimeur [t. III et IV](Paris, Renouard, 1825, 4 vol. in-8, fig. et fac-simile de la Bible de Mazarin). C’est à tort que tous les exemplaires ne contiennent pas ce fac-simile. La marque au titre représente une couronne dans le milieu de laquelle se trouve la lettre initiale « C » [Crapelet], ceinte d’une auréole formée de 16 plumes prêtent à écrire ; les 9 du bas sont liées par un cordon qui a pour devise « TYPOGRAPHIA CRESCUNT ».


« Dès que j’eus connaissance de l’écrit acerbe de M. Dibdin, je crus devoir, pour toute réponse, publier en entier la traduction de son Voyage en France ; c’est-à-dire le soumettre, dans son ensemble, au jugement du public. […]

Quoiqu’il en soit, on ne peut contester à ce Voyage l’avantage d’être neuf dans son genre. […] Les richesses de nos grands dépôts littéraires ont été, pour ainsi dire, inventoriées et mises à prix par le Bibliomane anglais, mais avec cette promptitude et cette légèreté qui caractérisent toutes ses autres productions. […] Toutefois, j’ai été secondé, au-delà même de ce que je pouvais attendre, par la plupart des savans et des bibliographes dont l’auteur fait mention dans son ouvrage. […]

Mais avec de pareils secours, les remarques au bas des pages auraient été trop multipliées ; j’ai donc souvent rectifié dans le texte même des indications inexactes de noms, de dates, de lieux, de format. » [sic]

(Ibid., t. III, « Préface »)


« Ayant été courtoisement accueilli et traité par Crapelet, Dibdin crut devoir, dans sa relation de voyage, rendre compte de la soirée et complimenter et congratuler ses hôtes : “ M. Crapelet est un homme de manières agréables … Il est probable qu’il deviendra un des plus riches imprimeurs de Paris … Mme Crapelet, qui a maintenant (autant que je puis croire) à peu près vingt-cinq à vingt-six ans, et que l’on peut ranger dans la classe des plus jolies femmes de Paris, fit les honneurs de la fête de la plus agréable manière ”, etc. (Cf. Voyage bibliographique, archéologique, t. IV, p. 100 et suiv.)

Ces détails, si élogieux et flatteurs qu’ils fussent, courroucèrent et indignèrent Crapelet, qui les fait suivre de cette note (Ibid., p. 106) : “ Comment M. Dibdin a-t-il pu oublier le respect que l’on doit aux lecteurs, jusqu’à leur faire le récit de dîners qu’il a reçus chez des particuliers, comme s’il rendait compte de dîners d’auberge ? Comment n’a-t-il pas senti tout ce qu’il y avait d’inconvenant et de désobligeant à mettre en scène les personnes avec lesquelles il s’est trouvé, et même les maîtresses de maison ? ”

Avouez que nous sommes aujourd’hui moins susceptibles, et que c’est absolument le contraire qui se produirait. »

(Albert Cim. Nouvelles récréations littéraires et historiques. Paris, Hachette, 1921, p. 226)

 

Observations sur un écrit de M. le Vte de Bonald, pair de France, intitulé : Sur la liberté de la presse (Paris, Jules Renouard, 22 mars 1826, in-8).


De l’état actuel de la langue française (Paris, Imprimerie de Crapelet, 1828, in-8).



Observations sur la proposition de M. Benjamin Constant relative à la suppression des brevets d’imprimeur et de libraire (Paris, Imprimerie de Crapelet, 21 septembre 1830, in-8).


Remarques historiques, philologiques, critiques et littéraires sur quelques locutions, proverbes, et dictons populaires inédits du Moyen Âge(Paris, Imprimerie de Crapelet, 22 mars 1831, in-8).


Villonie littéraire de l’abbé Prompsault, éditeur des Œuvres de Villon ; démontrée par l’écrit qu’il a fait suivre d’un soi-disant errata(Paris, Bohaire, juillet 1835, in-8).


Des progrès de l’imprimerie en France et en Italie au XVIesiècle, et de son influence sur la littérature (Paris, Imprimerie de Crapelet, 1836, in-8).


Études pratiques et littéraires sur la typographie (Paris, Armand Cluzel, 20 décembre 1837, in-8, t. I seul paru).



Robert Estienne, premier de ce nom (In Ed. Mennechet. Le Plutarque français. Paris, Imprimerie de Crapelet, 1838, in-4, t. III).


Robert Estienne, imprimeur royal, et le roi François Ier(Paris, P. Dufart, décembre 1839, in-8, 7 pl.).


De la profession d’imprimeur, des maîtres imprimeurs, et de la nécessité actuelle de donner à l’imprimerie les réglemens promis par les lois(Paris, P. Dufart, décembre 1840, in-8).


« Il [Crapelet] s’empressa d’en adresser un exemplaire au ministre de l’intérieur, premier juge de la matière et au département de qui ressortissaient les améliorations demandées. Ce livre avait donc pour le ministre le double prix d’une pièce officielle adressée au grand fonctionnaire par un écrivain compétent, et d’un hommage honorable émanant d’un homme justement renommé. Eh bien ! quelques mois après, un ami de l’auteur achetait sur le pont Saint-Michel l’exemplaire ministériel du livre de M. Crapelet, non coupé ; et, ce qu’il y a de plus singulier, c’est ques, dans les feuillets de ce livre qui n’avait même pas été ouvert, se trouvait la lettre d’envoi à M. le ministre, signée G.-A. CRAPELET.

Cette personne ayant eu l’occasion de rencontrer M. Crapelet quelque jours après, elle lui fit part de sa trouvaille. M. Crapelet refusa d’abord de croire ce fait, et l’on fut obligé de lui exhiber la pièce probante. Alors il tira de sa poche et montra une lettre dans laquelle, quelques jours après l’envoi, le ministre lui écrivait : “ Monsieur, j’ai lu avec le plus vif intérêt l’excellent livre que vous avez bien voulu m’adresser. Il renferme des vues utiles, et les considérations que vous faites valoir appellent la sérieuse attention du gouvernement. Je puis vous donner l’assurance qu’il sera consulté avec soin lorsque nous aurons à nous occuper de cette importante question… etc. LE MINISTRE. ” La date de cette lettre correspondait peut-être à celle de la vente du tome non lu, non ouvert même, et livré pour quelques centimes, avec la lettre d’envoi, à un brocanteur du pont Saint-Michel.

L’honnête M. Crapelet était stupéfait, et il se sentait humilié pour lui-même ; tous nos lecteurs partageront sa stupéfaction, et ils se sentiront humiliés pour le ministre. » [sic]

(J.-B. Hébert. De l’impôt sur les créances hypothécaires. Paris, Comon et Ce, 1848, p. 27-28)    


Des brevets d’imprimeurs, des certificats de capacité, et de la nécessité actuelle de donner à l’imprimerie les réglemens promis par les lois ; suivi du Tableau général des imprimeries de toute la France, en 1704, 1739, 1810, 1830 et 1840(Paris, P. Dufart, décembre 1840, in-8).


Crapelet fut breveté libraire le 6 juillet 1824. En 1828, il reçut la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Le 9 février 1829, il fut élu membre résidant de la Société des Antiquaires de France, qu’il eut l’honneur de présider pendant l’année 1834. L’année précédente, il avait concouru à la fondation de la Société de l’Histoire de France, qui le mit au nombre des membres de son conseil et le choisit pour son imprimeur.


Sa fille Marie-Fortunée Crapelet (1817-1843) épousa, à Paris, le 15 décembre 1836, Charles-Auguste Lahure (1809-1887), fils de Louis-Auguste Lahure (1775-1852), notaire, et de Marie-Anne-Étiennette Dumont (1782-1860). Officier de cavalerie, Charles-Auguste Lahure avait donné sa démission pour se livrer à l’industrie : une Société fut formée entre lui et son beau-père, pour l’exploitation de l’imprimerie, par actes des 27 novembre et 20 décembre 1836.



Crapelet vendit quelques livres de sa bibliothèque, du mardi 19 au samedi 23 décembre 1837, en 5 vacations, à la Maison Silvestre, salle du premier : Notice des plus beaux livres de la bibliothèque de M. Crapelet, imprimeur : la plupart en grand papier, splendidement reliés, avec ornement particulier(Paris, Silvestre, 1837, in-8, iv-44 p., 337 lots).


« La plupart des ouvrages dont se compose cette Notice, se recommandent aux Amateurs de beaux livres, par certaines particularités sur lesquelles nous appelons leur attention ; entre autres celle des Médailles serties dans un cercle doré, sur la couverture des volumes, qui ont paru l’un des ornemens de reliure le mieux appropriés à nos auteurs de premier ordre.

Plusieurs de ces ouvrages, en Grand Papier Vélin, ou sur VÉLIN, n’ont été imprimés qu’à deux exemplaires, et l’un de ces deux exemplaires ayant été placé dans des Bibliothéques publiques ou à l’étranger, indépendamment de leur rareté absolue, il est difficile qu’ils reparaissent dans les ventes. » [sic] (« Avertissement »)


3. La Sainte Bible, en latin et en françois, suivie d’un Dictionnaire étymologique, géographique et archéologique. Paris, Lefèvre, 1828-1834, in-8, 13 vol. Gr. Pap. Vél. avec trois suites de gravures, eaux-fortes, avant la lettre, et sur papier de Chine, demi-rel. d. de mar. violet, tr. sup. dor. Fil. Rel. Koehler. Magnifique ex., l’un des douze avec les eaux-fortes.

25. Essais de Montaigne. Paris, Lefèvre (de l’imprimerie de Crapelet), 1818, in-8, portrait, 5 vol., Gr. Pap. Vél., mar. r. dent. fil., doublé de moire viol., dent. mors de mar. tr. dor. Avec la médaille de Montaigne, sertie sur le plat du premier volume, dans un cercle de vermeil. Très bel exemplaire.

29. Réflexions, ou Sentences et Maximes morales de La Rochefoucauld, édit. Publiée par L. Aimé-Martin. Paris, Lefèvre, 1822, gr. in-8, mar. citron, dent. fers à froid. L’un des deux exemplaires tirés sur Vélin.

32. M. T. Ciceronis de Republica quæ supersunt, exprimaria editione Angeli Maii Vaticanæ bibliothecæ præfecti. Parisiis, Ant. Aug. Renouard (e typis Crapelet), 1823, in-8, demi-rel. dos de mar. lilas, non rogné. L’un des deux exemplaires sur Vélin.

40. Les Roses, par P. J. Redouté, avec le texte par Thory. Paris, de l’imp. de Firmin Didot, 1824, 3 vol. gr. in-4, demi-rel. dos de mar. r. orné de roses d’or. Très bel exemplaire de choix.

63.Œuvres de Cicéron, trad. en français, avec le texte en regard, publ. par J.-V. Le Clerc. Paris, Lefèvre, 1825, in-8, 30 vol. Gr. Pap. Vél. demi-rel. d. de mar. r. non rogné. Très bel exemplaire.

65. Oraisons funèbres de Bossuet, Fléchier et autres orateurs, avec un Discours préliminaire et des Notices, par Dussault. Paris, L. Janet, 1820-1826, fig. et portr. avant la lettre, in-8, 4 vol. Gr. Pap. Vél. mar. viol. dent. fil. Tr. dor. Rel. Purgold-Hering. Magnifique exemplaire de premières épreuves. 

85. Le Roman de Rou et des Ducs de Normandie, par Robert Wace, publié pour la première fois d’après les Mss. de France et d’Angleterre, avec des notes par Fr. Pluquet et Aug. Le Prévost. Rouen, E. Frère, 1827, in-8, 2 vol. Gr. Pap. Vél. fig. doubles sur pap. de Chine, demi-rel. d. de mar. vert, non rogn. Rel. Purgold. = Observations philologiques et grammaticales sur le Roman de Rou, par M. Raynouard, suivies du Supplément aux notes historiques sur le même ouvrage, par M. Auguste Le Prévost. Rouen, Ed. Frère, 1829, in-8, Gr. Pap. Vél. demi-rel. dos de mar. vert. L’un des six exemplaires avec fig. peintes en or et en couleurs, d’une très belle exécution.

105.Œuvres de J. Delille. Paris, L. G. Michaud, 1824, in-8, 16 vol. Gr. Pap. Vél. fig. avant la lettre sur pap. de Chine, demi-rel. dos de mar. raisin de Corinthe, non rogné.

166.Œuvres complètes de J. de La Fontaine, précédées d’une nouvelle Notice sur sa vie (par M. Auger). Paris, Lefèvre, 1814, in-8, 6 vol. Gr. Pap. Vél. fig. avant la lettre et eaux-fortes, mar. rouge, dent. doublé de moire bleue, tr. dor. Rel. Bozerian. = Nouvelles Œuvres diverses de J. de La Fontaine, et Poésies de F. de Maucroix, accomp. d’une Vie de F. de Maucroix, de notes et d’éclaircissemens [sic], par C. A. Walckenaer. Paris, Nepveu, 1820, in-8, mar. rouge, dent. filet, doublé de moire bleu de ciel, tr. dor., Gr. Pap. Vél. = Histoire de la Vie et des ouvrages de J. de La Fontaine, par C.-A. Walckenaer. Paris, Nepveu, 1820, in-8, port. mar. rouge, dent. fil. doublé de moire bleu de ciel, Gr. Pap. Vél. avec la médaille de La Fontaine. Ce magnifique exemplaire, formant 8 volumes, est le n° 1 de 20 ex. Gr. Pap. Vél. avec les eaux-fortes. La médaille de La Fontaine, dans un cercle de vermeil, se trouve sur la couverture du volume de l’Histoire de la Vie et des ouvrages de l’auteur.   

167.Œuvres de Fénelon, précédées d’une Notice sur sa vie et ses écrits. Paris, 1826, in-8, 12 vol. port., Gr. Pap. Vél. demi-rel d. de mar. rouge, non rogné. Rel. Purgold. Il n’a été tiré que 2 ex. en grand papier de cet ouvrage, dont il n’existe aucune autre édition en grand papier. Cet ex. est le n° 1. On a joint, à la fin du tome XII, la Lettre de Fénelon à Louis XIV, publiée par Renouard.

172.Œuvres de Voltaire. Paris, Ant. Aug. Renouard, 1819-1825, 66 vol. in-8, Gr. Pap. Vél. avec 160 grav. épreuv. avant la lettre, mar. vert, dent. fil. tr. dor. Ex. orné des médailles de différents personnages, serties dans des cercles en vermeil : Voltaire, Henri IV et Sully, Louis XIV, Richelieu, Louis XV, Pierre-le-Grand, Newton.

174.Œuvres de J.-J. Rousseau, avec des notes historiques. Paris, Lefèvre, 1819, in-8, 22 vol. Gr. Pap. Vél., fig. avant la lettre et eaux-fortes, mar. r. dent. fil. tr. dor. Ex. avec médaille de Rousseau sertie dans un cercle doré, sur la couv. du premier vol.

202. Abrégé de l’Histoire générale des Voyages, par J. F. Laharpe. Paris, 1825, in-8, 24 vol. Gr. Pap. Vél. fig. et atlas, demi-rel. d. de mar. r. non rog. Rel. Purgold. Il n’a été tiré que 2 ex. grand papier vélin de cet ouvrage, dont il n’existe aucune autre édition en grand papier. Cet ex. est le n° 1.

337. Vingt-quatre bois gravés pour l’Histoire de Gil Blas, par Pierre-François Godard, d’après la suite de Robert Smirke, format in-18. La gravure de ces 24 bois a coûté plus de deux années de travail et 3.000 francs de dépense. Il n’en a été encore tiré qu’une seule épreuve au fumé, qui sera jointe aux bois.   


Au mois de juillet 1841, Crapelet fut atteint d’un rhumatisme aigu très douloureux, qui se fixa d’abord sur le bras droit. Ne croyant plus pouvoir donner à son imprimerie les soins et la surveillance qu’il exigeait, Crapelet la céda à son fils et à son gendre : par acte du 14 janvier 1842, la Société qui existait entre Georges-Adrien Crapelet et Charles-Auguste Lahure fut dissoute, et Charles-Jean Crapelet et Charles-Auguste Lahure formèrent entre eux une Société en nom collectif pour l’exploitation de leur imprimerie, sous la raison sociale « Crapelet fils aîné et Ch. Lahure ».


Chargé d’une mission littéraire en Italie par le ministre de l’Instruction publique, Abel-François Villemain, la maladie dont était atteint Crapelet prit un caractère funeste : 

Hôtel d'York, à Nice

il succomba à Nice [Alpes-Maritimes], le dimanche 11 décembre 1842, dans l’un des trois premiers hôtels de la ville, l’hôtel d’York [5 rue de la Préfecture], entouré des soins que lui prodigua le consul de France, le marquis de Châteaugiron.







Le Chevalier Delambre (1749-1822), le plus grand astronome de l’Europe

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Le Système métrique décimal imposé à partir du 1er janvier 1840


D’une famille originaire de l’Artois [Pas-de-Calais], installée au tout début du XVIIIe siècle à Amiens [Somme], sur la paroisse Saint-Rémi, pour y exercer le commerce de vêtements d’occasion, Jean-Baptiste-Joseph Delambre naquit à Amiens, rue de la Viéserie [rue Delambre], le 19 septembre 1749, et fut baptisé le même jour en l’église Saint-Firmin-en-Castillon [détruite en 1806]. Il fut l’aîné des sept enfants de Jean-Nicolas-Joseph Delambre, né le 28 décembre 1718 et décédé le 23 thermidor An VIII [11 août 1800], marchand fripier, puis drapier, et de Marie-Élisabeth Devismes, née le 22 février 1717 et décédée le 28 brumaire An VI [18 novembre 1797], mariés depuis le 27 janvier 1749 et domiciliés, à leur décès, rue des Sœurs grises [rue Condé].


Rue des Soeurs grises, Amiens

Delambre fut atteint, vers l’âge de 13 mois, de la petite vérole [variole, officiellement éradiquée en 1978], maladie infectieuse qui occasionnait alors 10 % des décès : on crut, pendant huit jours, qu’il avait perdu entièrement la vue. On comprend pourquoi il devint membre de la « Société pour l’extinction de la petite Vérole en France, par la propagation de la Vaccine », quand elle fut créée le 14 germinal An XII [4 avril 1804].


Arbre généalogique simplifié

Destiné à la prêtrise par ses parents, il entra en 1758 au collège des Jésuites d’Amiens, où un Père lui donna le goût de la littérature et où, après l’expulsion des Jésuites, il connut Jacques Delille (1738-1813), comme professeur, futur confrère au Collège de France et à l’Institut.

Delambre avait tant d’ardeur et de facilité pour le travail, qu’il occupait toujours le premier rang dans ses classes, et Jean-Baptiste Gossart, son professeur de rhétorique, mit tout en œuvre pour le faire aller à Paris : le grammairien Noël-François de Wailly (1724-1801), natif d’Amiens, lui fit obtenir une bourse pour recommencer sa rhétorique au collège du Plessis, rue Saint-Jacques [Ve].


Sorti du collège sans ressources et sans protecteurs, il s’imposa les plus dures privations pour rester à Paris, dans l’attente d’une meilleure situation, et étudia l’histoire, la littérature, les sciences et les langues anciennes et modernes.

En 1770, Charles-Simon Favart (1710-1792), célèbre auteur d’opéras-comiques et père de son ami Charles-Nicolas Favart (1749-1806), le fit entrer comme précepteur chez Le Féron, à Compiègne, puis, l’année suivante à Paris, chez Jean-Claude Geoffroy d’Assy (1729-1794), receveur général des finances, dont la générosité et l’amitié lui assurèrent une existence indépendante.



Delambre commença à s’intéresser à l’astronomie vers 1780 et se présenta aux leçons du Collège de France le 10 décembre 1782 : à compter du 10 décembre 1782, l’élève de Joseph-Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) fut son collaborateur et son ami.

En 1788, dans son hôtel acheté l’année précédente, rue de Paradis [58 bis rue des Francs-Bourgeois, IIIe], Geoffroy d’Assy fit construire un observatoire [disparu vers 1912], que Delambre garnit d’instruments et où il fit beaucoup d’observations.


Le 15 février 1792, il fut élu à l’Académie des sciences, dont il deviendra le secrétaire perpétuel pour les sciences mathématiques le 11 pluviôse An XI [31 janvier 1803].

La même année 1792, il fut chargé, avec Pierre Méchain (1744-1804), de mesurer l’arc du méridien compris entre Dunkerque et Barcelone, afin de réformer le système de mesure et d’adopter comme unité de longueur, baptisée « mètre », la dix-millionième partie du quart du méridien ; 

In Jules Verne. Aventures de trois Russes et de trois Anglais dans l'Afrique australe
(Paris, J. Hetzel et Cie, s. d. [1872], p. 49)

cette opération, faite à l’aide d’un instrument nouveau, le cercle répétiteur de Jean-Charles de Borda (1733-1799), fut sans cesse interrompue par les vicissitudes de la Révolution et ne put être terminée qu’en 1799. 

Côté route, avec l'inscription "TERME BOREAL" [Nord]
Côté vers Melun, avec l'inscription "BASE DE LIEUSAINT A MELUN"

Le pyramidion ou borne de Lieusaint [Seine-et-Marne], face au 96 rue de Paris, classé monument historique en 1994, témoigne de la mesure de la distance entre Melun [Seine-et-Marne] et Lieusaint faite en 1798.


In Vulfranc Warmé. Opuscules (Amiens, R. Machart, 1835, p. 32)

Entre-temps, Delambre était entré au Bureau des longitudes, à sa création, le 25 juin 1795, et, de février 1796 à décembre 1797, un mètre étalon, gravé par le marbrier Jean-Baptiste-François Corbel, d’après le dessin de l’architecte Jean-François Chalgrin (1739-1811), avait été placé dans les 16 lieux les plus fréquentés de Paris, pour familiariser la population avec la nouvelle mesure ; il n’en reste que 4 exemplaires : 


36 rue de Vaugirard [VIe], le seul qui soit encore sur son site originel, et 13 place Vendôme [Ier], à Paris ; celui de la rue au Mètre, à Croissy-sur-Seine [Yvelines], est une copie dont l’original, rapporté par le maire de la ville en 1888, est conservé à la Mairie ; celui rapporté à Sceaux [Hauts-de-Seine], est conservé à l’ancienne Mairie, 68 rue Houdan.  


En 1802, Delambre fut nommé l’un des trois Inspecteurs généraux des Études et organisa le lycée de Moulins [Allier] en 1802, et celui de Lyon en 1803.


Delambre finit par se marier, dans un âge assez avancé : le 30 janvier 1804, il épousa sa compagne de longue date, Élisabeth-Aglaé Sinfray, née à Paris le 5 août 1761, veuve d'Achille-Claude-Étienne-François Leblanc de Pommard, ancien prévôt général de la maréchaussée de Touraine. 

Observatoire de Paris, côté Nord (v. 1820)

La même année, il succéda à Méchain, à la direction de l’Observatoire de Paris.

En 1807, il succéda à Lalande, comme professeur d’astronomie au Collège de France.

Nommé trésorier de l’Université en 1808, il dut quitter la rue de Paradis et renoncer à son observatoire, pour aller demeurer 10 rue du Dragon [VIe]. Il fut fait chevalier de l’Empire le 10 septembre 1808, puis baron de l’Empire le 24 août 1811.


Nommé membre du Conseil royal de l’Instruction publique en 1814, Delambre n’exerça plus de fonctions publiques après 1815. Il fut cependant fait, par le gouvernement royal, chevalier de Saint-Michel en 1817 et officier de la Légion d’honneur en 1821 ; il en était chevalier depuis la fondation de l’Ordre.


Membre des Sociétés royales de Londres, d’Uppsala, de Copenhague et d’Edimbourg, des Académies de Saint-Pétersbourg, de Berlin, de Stockholm, de Naples et de Philadelphie, de la Société astronomique de Londres, etc., Delambre consacra les loisirs de ses dernières années à écrire l’histoire de l’astronomie.

Malade depuis le mois de juillet 1822, il mourut à Paris, le 19 août 1822, à 10 heures du matin, en son domicile, 10 rue du Dragon [VIe]. Il fut inhumé le 21 août 1822 au cimetière du Père Lachaise [10e division].



Sa veuve, civilement séparée de son mari depuis 1811, décéda le 28 septembre 1833, au château d’Antiville [Bréauté, Seine-Maritime], qu’elle avait acheté le 2 ventôse An VIII [21 février 1800] pour 90.000 francs, dont 75.000 « payés en espèces sonnantes », au marquis d’Héricy ; elle fut inhumée dans l’enfeu du chevet de l’église Saint-Georges de Bréauté.


Outre ses « Mémoires », « Extraits », « Notices », « Éloges », etc., insérés en grand nombre dans la Connoissance des temps, à l’usage des astronomes er des navigateurs, de 1788 à 1822, et dans diverses collections académiques, on doit à Delambre :


Tables de Jupiter et de Saturne, par M. de Lambre (Paris, Moutard, 1789, in-4)


Tables du Soleil, de Jupiter, de Saturne, d’Uranus et des satellites de Jupiter (In Astronomie par Jérôme Le Français [sic] (La Lande). Paris, Veuve Desaint, 1792, 3eédition, 3 vol. in-4).


Méthodes analytiques pour la détermination d’un arc du méridien (Paris, Duprat, An VII, in-4)


Tables trigonométriques décimales, ou Table des logarithmes des sinus, sécantes et tangentes (Paris, Duprat, An IX, in-4)


Tables astronomiques publiées par le Bureau des longitudes de France. Première partie. Tables du Soleil, par M. Delambre. Tables de la Lune, par M. Bürg (Paris, Courcier, 1806, in-4)


Base du système métrique décimal, ou Mesure de l’arc du méridien compris entre les parallèles de Dunkerque et Barcelone (Paris, Baudouin, janvier 1806-juillet 1807-novembre 1810, 3 vol. in-4)


Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques depuis 1789, et sur leur état actuel(Paris, Imprimerie impériale, 1810, in-4)


Etiquette de libraire sur un exemplaire de l'Abrégé d'astronomie

Abrégé d’astronomie, ou Leçons élémentaires d’astronomie théorique et pratique (Paris, Mme VeCourcier, 1813, in-8, 14 pl.)


Astronomie théorique et pratique (Paris, Mme VeCourcier, 1814, 3 vol. in-4, 29 pl.)


Tables écliptiques des satellites de Jupiter (Paris, Mme VeCourcier, 1817, in-4)


Histoire de l’astronomie ancienne (Paris, Mme VeCourcier, 1817, 2 vol. in-4, 17 pl.)


Histoire de l’astronomie du Moyen Âge (Paris, Mme VeCourcier, 1819, in-4, 17 pl.)


Histoire de l’astronomie moderne (Paris, Mme VeCourcier, 1821, 2 vol. in-4, 17 pl.)


Delambre a laissé deux ouvrages inédits : une « Histoire de l’astronomie au 18e siècle » et une « Histoire de la mesure de la Terre ».


Frontispice. In Histoire de l'astronomie au dix-huitième siècle

Il avait commencé, au mois de juin 1822, l’impression du premier ouvrage, mais des souffrances qui s’aggravaient chaque jour le forcèrent, un mois avant sa mort, de l’abandonner à la huitième feuille. Elle n’a pu être reprise que longtemps après et fut publiée par Claude-Louis Mathieu (1783-1875), de l’Académie des sciences et du Bureau des longitudes, sous le titre Histoire de l’astronomie au dix-huitième siècle (Paris, Bachelier, Successeur de Mme Ve Courcier, 1827, in-4, 3 pl.).

Le deuxième ouvrage fut publié encore plus tard, augmenté de notes et de cartes, par Guillaume Bigourdan (1851-1932), membre de l’Institut, sous le titre adopté par l’auteur Grandeur et figure de la Terre (Paris, Gauthier-Villars, 1912, in-8, 29 fig.).



La bibliothèque de Delambre fut vendue après sa mort, en 15 vacations, du lundi 10 au mercredi 26 mai 1824, en sa maison du 10 rue du Dragon. Le Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le chevalier Delambre (Paris, L. F. A. Gaudefroy et Bachelier, 1824, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-xiv-[2]-100 p., 1.554 + 9 = 1.563 lots) fut rédigé par le libraire Louis-François-André Gaudefroy (1758-1839), natif d’Amiens :


« Chargé, en 1815, de faire le Catalogue de la Bibliothèque de l’illustre Lagrange, je fus obligé d’en abandonner bientôt la rédaction pour me livrer à d’autres travaux bibliographiques beaucoup plus considérables, qui m’ont retenu à Bruxelles pendant huit ans. Maintenant que je viens reprendre à Paris les occupations auxquelles je m’étais livré pendant 30 années, je me trouve très flatté d’avoir été choisi pour rédiger le Catalogue de la Bibliothèque de mon savant Compatriote qui m’a honoré de son amitié, et qui fut mon premier protecteur. […]

Riche d’ouvrages du premier ordre, mais modeste dans ses apparences, j’ai contribué depuis 1781 à l’augmenter, en procurant à M. Delambre les livres relatifs aux divers genres d’études qu’il embrassait. Aussi la collection que nous allons offrir, beaucoup plus complète, en livres de Mathématiques et d’Astronomie, que ne l’était celle de son collègue De Lalande, et qu’aucune des bibliothèques de ce genre qui les précédèrent, pourra devenir un Répertoire classique pour les Amateurs de la Science » (« Avertissement de l’éditeur du catalogue », p. xii)


150. Archimedis quæ supersunt omnia, græcè et lat., cum Eutocii Ascalonitæ commentariis, ex recensione Jos. Torelli, cum nova versione lat. Oxonii, 1692 [i.e. 1792], in-fol., br.

155. Euclidis quæ supersunt omnia, græcè et lat., ex recensione Dav. Gregorii. Oxoniæ, 1703, in-fol., bas.

164. Apollonii Pergæi conicorum libri octo, cum Pappi Alexandrini Lemmatis et Eutocii Ascalonitæ commentariis ; accedunt Sereni Antissensis de sectione cylindri et coni libri duo, gr. et lat., edente Edm. Halleio. Oxoniæ, 1710, in-fol. cart. magn. v. j.

171. Diophanti Alexandrini arithmeticorum libri VI et de numeris multangulis liber unus, gr. et lat., cum commentariis C. G. Bachet et observationibus P. de Fermat. Tolosæ, 1670, in-fol., cartâ magnâ. v. b.


« Parmi les Mathématiciens modernes, compris depuis le n°. 178 jusqu’au n°. 454, on remarquera les œuvres de Stévin, Viete, Tacquet, de Fermat, Huygens, Wallis, Newton, Leibnitz, Bernoulli, Horrebow, Simpson, Euler, D’Alembert, Lagrange, De Prony, Lacroix, Laplace, Legendre et autres. » (Ibid., p. xiij)



371. Opus palatinum de triangulis a G. J. Rhetico coeptum : L. Valentinus Otho, mathematicus, consummavit. Neostadii, 1596, in-fol. vél.



372. Thesaurus Mathematicus, sive canon sinuum ad radium 1,00000,00000,00000, et ad dena quæque scrupula secunda quadrantis ; una cum sinibus primi et postremi gradus, ad eundem radium, et ad singula scrupula secunda quadrantis : adjunctis ubique differentiis primis et secundis atque ubi res tulit, etiam tertiis ; supputatus a G. J. Rhetico, et editus à B. Pitisco. Francofurti, 1613, in-fol. Ouvrage légué à Delambre par Lalande : ex. en veau fauve aux armes d’Auguste de Thou.


« Dans la division ASTRONOMIE, qui s’étend du n°. 455 à 1020, on trouvera d’abord les ouvrages des Astronomes anciens, et ensuite les meilleurs traités qui ont paru sur cette science depuis le commencement du 16e. siècle jusqu’à ce jour. Parmi tous ces articles, beaucoup sont enrichis des notes de M. Delambre : nous avons indiqué ceux où elles étaient plus considérables. Dans cette partie, ainsi que dans la division MATHÉMATIQUES, sont classées toutes les Œuvres de M. Delambre, publiées de son vivant […].

Les autres Classes offriront presque tous les bons auteurs grecs et latins : » (Ibid., p. xiij)

  

1.080. M. Tullii Ciceronis opera omnia. Lugd. Batav. ex offic. Elseviriana, 1642, 10 vol. pet. in-12, mar. r. à compart.

1.197. Collection des Auteurs Italiens, dite de Prault et Molini. Paris, 1767-1778, 44 vol. pet. in-12, v. ec. fil.


« L’HISTOIRE présente plusieurs Atlas et des Cartesparticulières estimés, ainsi que divers Voyages savans [sic] qui ont eu pour objet des observations ou des découvertes astronomiques. » (Ibid., p. xiv)


1.515. Histoire et Mémoires de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-lettres, depuis son établissement. Paris, imp. roy. 1736, et ann. suiv., 50 vol. in-4, v. m.

1.516. Histoire et Mémoires de l’Académie des Sciences, depuis son établissement en 1666 jusqu’en 1790. Paris, 1701-1793, 154 vol. in-4, fig. v. m. et dem. rel.

1.518. Mémoires de l’Institut de France. Paris, 1796 et années suiv., 39 vol. in-4, br. en cart., et dem. rel.














L’Italianiste Pierre-Louis Ginguené (1748-1816), ami de Chamfort

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Portrait de Ginguené
Dessiné et gravé par Jouannin

Pierre-Louis Ginguené, aîné des sept enfants de Pierre-François Ginguené (1714-1791), procureur au siège présidial de Rennes [Ille-et-Vilaine], et de Marie-Anne Gagon († 10 septembre 1778), est né à Rennes, le 26 avril 1748, et fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Sauveur :



« Piere Louis fils de me piere francois Ginguené Escuyer procureur au Siege presidial de Rennes Et de dame marie anne Gagon Ses peres et meres né Le Jour de hyer a Esté par moy prestre de cette paroisse baptisé du consentement de mr Le Recteur Et tenu sur Les Saints fond de bapteme ce Jour vingt Septieme année 1748 par noble me Louis Gagon miseur de La ville Et communauté de dinan oncle maternel dudt Enfant Et par dame Louise malescot ve du sieur guy thebaut aussy tante maternel dudt Enfant Le père present qui Signe avec nous Et les autres Soussignants Interligne prestre aprouvé Raturé deux mot nuls aprouvé » [sic]   


Il fit de bonnes études au collège Saint-Thomas de Rennes [détruit], tenu par les Jésuites, où il eut comme condisciples le futur poète Évariste Parny (1753-1814) et le futur orientaliste Claude-Étienne Savary (1750-1788). Son père lui apprit les langues anglaise et italienne et lui donna le goût pour la peinture et la musique. Ses études terminées, il composa des airs de musique et des pièces de vers, dont la meilleure fut la Confession de Zulmé, qui eurent quelques succès dans les salons de la société rennaise.


Arrivé à Paris en 1772, comme précepteur dans une maison particulière, il publia quelques poésies dans l’Almanach des Muses et, avant de la publier, communiqua la Confession de Zulméà l’helléniste Guillaume Dubois de Rochefort (1731-1788). Celui-ci voulut en avoir une copie, la lut dans plusieurs maisons et la laissa copier. Cette pièce circulait toujours applaudie et anonyme : certains auteurs, comme Alexandre-Frédéric-Jacques Masson (1741-1777), dit « marquis de Pezay », à Paris, le comte de La Fare, à Saint-Germain, et Charles Bordes (1711-1781), à Lyon, se l’attribuèrent ; d’autres, comme le duc de Nivernais (1716-1798), se la laissèrent attribuer. 



Ginguené la fit enfin imprimer sous son nom dans l’Almanach des Muses de 1779 (p. 129-132), mais ce ne fut pas sans contestation qu’il parvint à s’en faire reconnaitre pour l’auteur :


« 1 Février [1779]. Une querelle fort singuliere s’est élevée entre deux petits auteurs : on connoissoit depuis plusieurs années une piece de vers très-agréables, intitulée Confession de Zulmé. Comme elle est dans la manière de M. Dorat, on la lui attribuoit ; d’autres la donnoient au Duc de Nivernois ; enfin M. de Pezay l’a réclamée dans le tems & on la lui a laissée. Un nommé Guinguené, mauvais poëte arrivé de Bretagne par le coche, s’est avisé de vouloir se faire une réputation & a fait insérer dans l’Almanach des Muses de cette année, différens morceaux de poésie pillés de côté & d’autre, entr’autres celui-là. Un autre poëte, appelé Merard de St. Just, a crié au vol & a prétendu que l’ouvrage étoit de lui : il en a résulté une querelle très-ridicule, où chaque partie a produit les preuves de sa propriété ; mais comme aucune n’a ébranlé la réclamation plus antérieure du défunt, tous deux sont reconnus pour plagiaires.

Ce Guinguené a fait exécuter, il y a deux ans, à la cour, un mauvais opéra-comique, intitulé Pomponin, qui est bien la plus détestable chose qu’on puisse lire & qui n’a pas reparu heureusement. » [sic]

([Petit de Bachaumont, Pidansat de Mairobert et Moufle d’Angerville]. Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France, depuis MDCCLXII jusqu’à nos jours. Londres, John Adamson, 1780, t. XIII, p. 270-271)


Dans la fameuse querelle des Gluckistes et des Piccinnistes, polémique qui se déroula de 1776 à 1779 et qui opposa moins les compositeurs Christoph-Willibald Gluck (1714-1787) et Niccolo Piccinni (1728-1800) que leurs partisans respectifs, Ginguené se déclara le champion de Piccinni et triompha dans des lettres ou des articles signés « Mélophile », qui lui firent quelque réputation.

Entre-temps, en 1778, Ginguené avait obtenu un emploi de commis au Ministère des Finances, qu’on appelait alors le Contrôle général, et ses relations lui avaient assuré des collaborations occasionnelles à des périodiques tels que le Mercure de France et le Journal de Paris.   


Jeton édité en 1783 par la loge des Neuf Soeurs, en l'honneur de son ancien vénérable Benjamin Franlin

En 1782, il fut reçu franc-maçon dans la loge des Neuf Sœurs que fréquentait alors l’élite littéraire et politique. Il habitait alors dans la maison de Monsieur Louis, rue de La Michodière [IIe].


Portrait de "Nancy", par Jean-Joseph Bernard (1740-1809)

Il revint à Rennes pour se marier, le 21 novembre 1786, en l’église de Toussaints [incendiée en 1793 et démolie de 1801 à 1807], avec Anne-Jeanne-Françoise Poullet (1753-1832), fille de Joseph Poullet, procureur de Dol-de-Bretagne [Ille-et-Vilaine], et veuve de François Avice, capitaine de navire marchand, décédé à bord, le 1er juillet 1774, qu’elle avait épousé à Dol, le 12 janvier 1773. Ginguené appelait son épouse « Nancy », abréviation de « Suzanne », prénom alors fort à la mode.


Rentré à Paris, Ginguené échoua aux concours académiques de poésie, avec Léopold, Poëme (Paris, Prault, 1787, in-8), puis d’éloquence, avec son Éloge de Louis XII, Père du peuple (Paris, Debray, 1788, in-8).


Il accueillit avec enthousiasme les premiers symptômes de la Révolution et célébra l’ouverture des États Généraux avec une ode médiocre. Dès 1790, et jusqu’à l’automne 1793, il collabora à la rédaction de la Gazette nationale, ou Le Moniteur universel


Il publia ensuite ses Lettres sur les Confessions de J. J. Rousseau (Paris, Barois [sic] l’Aîné, 1791, in-8), De l’autorité de Rabelais dans la Révolution présente, et dans la Constitution civile du clergé, ou Institutions royales, politiques et ecclésiastiques, tirées de Gargantua et de Pantagruel (Paris, Gattey, 1791, in-8) et participa, avec Nicolas-Étienne Framery et Jérôme-Joseph de Momigny, à l’Encyclopédie méthodique. Musique (Paris, Panckoucke et veuve Agasse, 1791-1718, 2 vol. in-4). À partir du mois d’août 1791, Ginguené fut associé à la direction du Mercure de France.



Après la mort de son fondateur, Joseph-Antoine Cerutti (1738-1792), Ginguené prit la direction, avec Philippe-Antoine Grouvelle (1758-1806), de l’hebdomadaire La Feuille villageoise


Il fonda, en floréal An II [avril 1794], La Décade philosophique, littéraire et politique, qui parut trois fois par mois, puis fut continuée, à partir de 1805, sous le titre de La Revue, philosophique, littéraire et politique, avant d’être supprimée en 1807.


Cellule à la Prison Saint-Lazare en 1793

Pendant la deuxième Terreur, Ginguené fut arrêté à Noisy-le-Sec [Seine-Saint-Denis] le 14 floréal An II [3 mai 1794] et incarcéré à Saint-Lazare. Libéré le 23 thermidor An II [10 août 1794], il fut adjoint à Dominique-Joseph Garat (1749-1833), en septembre 1794, pour la réforme de l’Instruction publique et la réorganisation des écoles ; il fut seul commissaire à partir d’août 1795.



En publiant les Œuvres de Chamfort, recueillies et publiées par un de ses amis (Paris, Directeur de l’Imprimerie des sciences et des arts, An III [1795], 4 vol. in-8), Ginguené rendit hommage à la mémoire de son ami Sébastien-Roch Nicolas (1740-1794), dit « Chamfort », mort cinq mois après un suicide raté, pour échapper aux bourreaux.


Après être entré à l’Institut le 10 décembre 1795, élu membre de la Classe des sciences morales et politiques, il fut nommé, le 18 décembre 1797, ministre plénipotentiaire près du roi de Sardaigne à Turin [Italie]. Cette ambassade lui causa bien des déboires, et il ne tarda pas, après sept mois, à revenir reprendre ses travaux littéraires, à Paris et dans sa maison de campagne.

À Paris, il logea d’abord chez Garat, 13 rue Jacob [VIe], puis rue de Grenelle-Saint-Germain [rue de Grenelle, VIIe], où on pouvait lire sur la loge de son concierge : « Ici on s’honore du titre de citoyen, et on se tutoie. Ferme la porte, s’il vous plaît. »




À Saint-Prix [Val-d’Oise], il acheta l’ancien « Prieuré blanc », rue de la Croix Saint-Jacques, en face de l’église Saint-Germain, le 13 prairial An VII [1er juin 1799] ; il sera revendu par sa veuve le 13 juin 1817.


Nommé membre du Tribunat en 1800, il se fit remarquer par son opposition à plusieurs des projets de Bonaparte, qui affectait de l’appeler « Guinguené » et le rangeait parmi les idéologues, et fut éliminé en 1802. Dans les quatorze années suivantes de sa vie, il n’est plus jamais rentré dans la carrière politique.


Sa santé avait paru s’altérer, peu après son retour de Turin. En 1801, une faiblesse de la vue, qui le força d’interrompre ses études, fut guérie par son ami le Docteur Alphonse-Louis Leroy (1742-1816). De 1802 à 1806, Ginguené professa à l’Athénée de Paris un cours de littérature italienne dont il tirera une Histoire littéraire d’Italie, inachevée et en partie posthume. En 1804, il fut obligé d’aller se reposer un mois à Laon [Aisne], chez son frère Gaspard-François Ginguené, directeur des Domaines.  

Sans enfant, Ginguené devint, en 1805, le tuteur d’un orphelin anglais, James Parry, alors âgé de six ans. 


Bas-relief représentant un astronome habillé à l'antique,
cherchant à déterminer la ligne de midi, à l'aide d'un compas.
19, rue du Cherche-Midi, Paris VI


À partir de 1808, il dut faire soigner une maladie pulmonaire chronique par le Docteur Jacques-Louis Moreau (1771-1826), dit « Moreau de la Sarthe ». Il demeurait alors 19 rue du Cherche-Midi [VIe].


Portrait de Ginguené
In Histoire littéraire d'Italie (2e éd., 1824, t. I, frontispice)


Photographie Librairie Koegui, Bayonne [Pyrénées-Atlantiques]



Membre, en 1809, de la commission pour continuer l’Histoire litéraire [sic] de la France (Paris, 1733-1763, 12 vol. in-4), par des religieux Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, il publia une importante Histoire littéraire d’Italie (Paris, Michaud frères, 1811-1819, 9 vol. in-8). Il échoua dans une candidature à l’Académie française en 1812, fut chargé d’une mission en Suisse pendant les Cent jours, d’où il revint très fatigué, et mourut d’une tuberculose pulmonaire à Paris le 16 novembre 1816.


Il était membre associé de l’Académie de la Crusca, correspondant de l’Académie impériale de Turin, des Athénées de Niort et de Vaucluse, membre de l’Académie celtique de Paris.









Il fut inhumé au cimetière du Père Lachaise [division 11], le 18 novembre : son tombeau fut placé près de ceux de Delille et de Parny. L’inscription qu’on y lit est celle qu’il avait composée lui-même et qui termine l’une de ses pièces de vers :


« Celui dont la cendre est ici,

Ne sut, dans le cours de sa vie,

Qu’aimer ses amis, sa patrie,

Les arts, l’étude et sa Nancy. »




Hôtel de Bullion, en 1825

Sa bibliothèque fut vendue en 30 vacations, du lundi 2 mars au jeudi 9 avril 1818, en l’une des salles de l’hôtel de Bullion [détruit en 1890], 3 rue J. J. Rousseau [Ier] : 





Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. P. L. Ginguené, membre de l’Institut de France, de l’Académie della Crusca, de l’académie de Turin, etc. (Paris, Merlin, 1817, in-8, xxiv-352-[2] p., 2.686 + 1.675 + 8 bis + 2 ter = 4.371 lots). Avec une « Notice sur M. Ginguené et sur ses ouvrages. », par Garat (p. v-xv), le « Discours prononcé par M. Daunou, aux funérailles de M. Ginguené, le 18 novembre 1816. » (p. xvij-xviij) et un « Avis » du libraire (p. xix) :


« M. GINGUENÉ avait rédigé lui-même le Catalogue d’une grande partie de sa Bibliothéque, particulièrement de ses livres italiens, dont la collection est l’une des plus considérables, et surtout des mieux choisies qu’on ait formée en France, depuis celle de Floncel. Elle contient des articles rares, mais elle se compose essentiellement des meilleures éditions des meilleurs ouvrages. On y distinguera beaucoup d’éditions des Aldes, des Juntes, de Giolito de’ Ferrari, de Torrentino.…. de Comino, de Bodoni. M. Ginguené écrivait son Histoire littéraire d’Italie, non d’après les autres historiens de cette littérature, mais en étudiant et en appréciant les productions de tous les âges et de tous les genres. Il avait ainsi rassemblé des séries volumineuses de grammairiens, de rhéteurs, d’épistolaires, de traducteurs…..et principalement de poëtes.

Quelque nombreux que soient ces livres italiens, ils le sont pourtant moins que ceux qui, écrits en d’autres langues, anciennes ou modernes, forment la première partie de la bibliothéque de M. Ginguené. Il y a fort peu d’ouvrages véritablement classiques qu’il n’y ait fait entrer ; et cet excellent choix pourrait attester la pureté de son goût, la variété et la profondeur de ses connaissances, s’il n’en avait donné, durant toute sa vie, de bien meilleures preuves. Les amateurs remarqueront, dans cette première partie du Catalogue, quelques éditions du quinzième siècle, plusieurs des Aldes et des Estiennes, un plus grand nombre des Elzévirs, plusieurs aussi des imprimeurs célèbres du dix-huitième siècle. Les genres dont M. Ginguené s’est particulièrement occupé, comme l’instruction publique, la musique, l’apologue, l’histoire littéraire, sont ici plus riches qu’on ne les trouve communément dans les bibliothéques des hommes de lettres.

On traitera avec les personnes qui voudraient acquérir la bibliothéque entière ou toute la partie italienne.

La vente publique, s’il y a lieu, commencera au mois de février 1818, et sera annoncée par la distribution d’une feuille de vacations. » [sic]


Cette bibliothèque, qui comportait de nombreux volumes annotés par Ginguené, était une bibliothèque de travail. Elle fut acquise en bloc par le British Museum, pour la somme de 25.000 francs [1.000 £ sterling].

Livres grecs, latins, français, anglais, etc. : Théologie [80 lots = 2,96 %], Jurisprudence [36 lots = 1,33 %], Sciences et Arts [468 lots = 17,35 %], Belles-Lettres [1.412 lots = 52,37 %], Histoire [700 lots = 25,96 %].

Livres italiens : Teologia [14 lots = 0,83 %], Scienze ed Arti [98 lots = 5,93 %], Lettere Humane [1.092 lots = 65,19 %], Storia [278 lots = 16,59 %], Traduzioni [193 lots = 11,52 %].


Les livres italiens constituaient 38,32 % de la totalité du catalogue. 


Ginguené possédait un exemplaire [n° 1.471] du catalogue de la bibliothèque d’Albert-François Floncel (1697-1773), avocat au Parlement de Paris et censeur royal, qui était devenu l’ouvrage de référence en matière de littérature italienne : Catalogo della libreria Floncel (Paris, Jean-Gabriel Cressonnier, 1774, 2 vol. in-4, vj-[1]-[1 bl.]-xxvj-[2]-378 p. et [3]-[1 bl.]-346 p., 5.287 et 2.697 [numérotés 5.288-7984] lots), avec un « Index alphabétique des noms des auteurs et des titres sans nom d’auteur » (t. II, p. 227-346). La poésie [655 lots, numérotés 308-962 = 39,10 %] dominait dans la bibliothèque italienne de Ginguené : après les traités d’art poétique et les recueils collectifs, les œuvres des poètes italiens étaient réparties par siècles ; les grands auteurs étaient évidemment bien représentés, mais aussi les auteurs de moindre envergure, confirmant la mauvaise foi de Chateaubriand.

En effet, dans les portraits que Chateaubriand trace des hommes de lettres qu’il a connus à Paris en 1788, dans les Mémoires d’outre-tombe (Liège, J.-G. Lardinois, 1849, t. I, p. 102), on peut lire ce jugement amer et inique sur Ginguené :


« L’auteur de l’Histoire de la littérature italienne, qui s’insinua dans la révolution à la suite de Chamfort, nous arriva par ce cousinage que tous les Bretons ont entre eux. Ginguené vivait dans le monde sur la réputation d’une pièce de vers assez gracieuse, la Confession de Zulmé, qui lui valut une chétive place dans les bureaux de M. de Necker ; de là sa pièce sur son entrée au contrôle-général. Je ne sais qui disputait à Ginguené son titre de gloire, la Confesion de Zulmé ; mais dans le fait il lui appartenait.

Le poète rennais savait bien la musique et composait des romances. D’humble qu’il était, nous vîmes croître son orgueil, à mesure qu’il s’accrochait à quelqu’un de connu. Vers le temps de la convocation des Etats-Généraux, Chamfort l’employa à barbouiller des articles pour des journaux et des discours pour des clubs : il se fit superbe. […]

Ginguené eut une connaissance anticipée des meurtres révolutionnaires. Madame Ginguené prévint mes sœurs et ma femme du massacre qui devait avoir lieu aux Carmes, et leur donna asile ; elles demeuraient cul-de-sac Férou, dans le voisinage du lieu où l’on devait égorger.

Après la terreur, Ginguené devint quasi chef de l’instruction publique ; ce fut alors qu’il chanta l’Arbre de la liberté au Cadran-Bleu, sur l’air : Je l’ai planté, je l’ai vu naître. On le jugea assez béat de philosophie pour une ambassade auprès d’un de ces rois qu’on découronnait. Il écrivait de Turin à M. de Talleyrand qu’il avait vaincu un préjugé : il avait fait recevoir sa femme en pet-en-l’airà la cour. Tombé de la médiocrité dans l’importance, de l’importance dans la niaiserie, et de la niaiserie dans le ridicule, il a fini ses jours littérateur distingué comme critique, et, ce qu’il y a de mieux, écrivain indépendant dans la Décade : la nature l’avait remis à la place d’où la société l’avait mal à propos tiré. Son savoir est de seconde main, sa prose lourde, sa poésie correcte et quelquefois agréable. »



Chateaubriand en voulait probablement à Ginguené d’avoir traité sévèrement Atala, puis le Génie du christianisme, paru dans La Décade philosophique, du 19 juin au 9 juillet 1802.  


Louis Duriez (1753-1825), de Lille et de la Société des Bibliophiles français

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Louis-Marie-Joseph Duriez est né à Lille [Nord], le 30 avril 1753, et fut baptisé le même jour en l’église Saint-Étienne [détruite le 29 septembre 1792 par un bombardement autrichien], fils de Louis-François-Joseph Duriez († 1787), notaire, et d’Angélique-Jeanne-Éléonore Bureau :


« Le trente d’avril Mil Sept Cent Cinquante trois fut Baptizé Louis Marie joseph Né le Meme jour, fils Legitime de Me. Louis françois joseph duriez Marguiller de cette paroisse et delle angelique jeanne eleonore Bureau, Le Parain M: michel joseph duriez oncle, vicaire de cette Paroisse La Maraine marie theresse deleporte veuve du Sr. jacque Bureau » [sic]




Avocat au Parlement de Douai en 1774, il succéda à son père, après sa démission, le 5 juin 1776, et exerça jusqu’en 1789. Le 3 septembre 1776, il épousa, en l’église Saint-Maurice, Cécile-Joseph Pottier, née le 22 avril 1753, troisième fille de Jacques-François-Joseph Pottier († 1816), négociant, et d’Angélique-Charlotte Tresca (1726-1809).




Successivement lieutenant prévôt pour le Roi en sa terre domaniale d’Esquermes [village annexé à Lille en 1858] en 1784, receveur du district de Lille en 1791, il acheta, le 13 fructidor An IV [30 août 1796], le château d’Enchemont [Nord], propriété du vicomte de Tenremonde (1736-1795) devenu bien national, pour la somme de 50.000 francs : le château avec ses 3 hectares de terre, ainsi que 15 hectare de terre arable, une maison de jardinier, une écurie, une étable, un potager et un verger.

En 1799, il devint receveur général du Piémont à l’armée d’Italie, près du général Moreau, puis receveur de l’arrondissement de Lille en 1800.

Membre du Conseil de l’arrondissement de Lille et membre du Collège électoral du département du Nord, il devint receveur de l’arrondissement de Douai en 1803.

Il fut nommé chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur, le 17 décembre 1814. 


Duriez devint membre de la Société des Bibliophiles français dès le 3 avril 1820.

Les dépenses importantes engagées pour la restauration du château d’Enchemont et la réhabilitation des jardins dévastés furent un obstacle à sa restitution aux héritiers du vicomte de Tenremonde, lorsqu’ils rentrèrent en France : le 6 mai 1825, Duriez leur versa une somme de 30.000 francs en guise de dédommagement.




Duriez mourut à Lille, en son domicile, 26 rue Royale, le 22 novembre 1825. Charles Nodier le remplaça, à la Société des Bibliophiles français, le 9 janvier 1826.




Sa bibliothèque fut vendue à Paris, à la Maison Silvestre, 30 rue des Bons-Enfants, salle du premier étage, du mardi 22 janvier au mardi 1er avril 1828, en 59 vacations : Catalogue des livres imprimés et manuscrits, composant la bibliothèque de feu M. L.-M.-J. Duriez (de Lille), membre de la Société des Bibliophiles français (Paris, J.-S. Merlin, 1827, in-8, x-530-[2] p., 5.245 + 119 bis + 1 ter = 5.365 lots).


« ANNONCER le Catalogue de la bibliothèque d’un Membre de la Société des Bibliophiles français, c’est donner au Public le droit d’exiger une Collection remarquable ou par la beauté des éditions et le luxe des reliures, ou par la réunion, toujours difficile à former, de ces curiosités bibliographiques, dont la mine semble s’épuiser chaque jour de plus en plus. Les trois seules bibliothèques de membres de cette Société, qui aient été vendues jusqu’ici, ont pleinement justifié cette attente des amateurs. Bien que dans un genre différent, elles se sont fait également distinguer, la première par de nombreux manuscrits modernes et des autographes de personnages célèbres [bibliothèque du marquis Germain Garnier, 1822] ; la seconde par une spécialité nouvelle sur la littérature et l’histoire des peuples de l’Orient [bibliothèque de Louis-Mathieu Langlès, 1825] ; la troisième tant par le mérite des ouvrages, tous choisis avec goût, que par la pureté des exemplaires et l’élégance des reliures [bibliothèque du marquis Hippolyte de Châteaugiron, 1827].

D’un autre caractère que les bibliothèques de MM. Garnier, Langlès et de Ch***, celle de M. Duriez n’est pas moins précieuse ; elle offre même des richesses plus variées ; c’est en même temps et la bibliothèque d’un homme d’étude et le cabinet de l’amateur le plus recherché. On le reconnaîtra facilement à la lecture du Catalogue que nous en publions. »

(« Avertissement », p. v)


Théologie [382 lots = 7,12 %], Jurisprudence [136 lots = 2,53 %], Sciences et Arts [1.255 lots = 23,39 %], Belles-Lettres [1.741 lots = 32,45 %], Histoire [1.851 lots = 34,50 %].


Le n° 1.888, L’Odyssée d’Homère, ou les Aventures d’Ulysse, en vers burlesques (Leyde, Jean Sambix, à la Sphère, 1653, pet. in-12, mar. bleu, d. de tabis, fil., tr. dor.), relié avec L’Ovide en belle humeur, a été volé à l’exposition du matin, le lundi 24 mars 1828. 


1. Biblia sacra polyglotta complectentia textus originales hebr., chald., græcum […] ; edidit Brianus Waltonus. Londini, Roycroft, 1657, in-fol. 6 vol., v. j., tr. dor. – Lexicon heptaglotton hebraicum, chaldaicum, syriacum […] authore Edm. Castello. Londini, Roycroft, 1669, in-fol., 2 vol., v. br. 430 fr.

52. Histoire du Vieux et du Nouveau Testament (par Dav. Martin), enrichie de plus de 400 fig. Anvers (Amst.), P. Mortier, 1700, in-fol., gr. pap., 2 tomes en 1 vol., mar. r., fil., tr. dor. Avant les clous. 232 fr.

80. La Vie de la Vierge, en 20 planches, gravées par Albert Dürer, en 1509 et 1510, et peinte en or et en couleur avec le plus grand soin, en 1585 et 1586, par J. Bochesollt, qui a signé. Vol. in-fol., v. f., fil., tr. dor. Incomplet du titre. 553 fr.

83. Physique sacrée, ou Histoire naturelle de la Bible, trad. du lat. de J.-Jacq. Scheuchzer, enrichie de figures gravées par les soins de Pfeffel. Amst., Schenk, 1732-1738, in-fol., fig., 8 vol., v. f. 162 fr.

114. Heures (latines) à lusaige de Romme. Paris, Gilles Hardouyn (1516), in-8 max., goth., mar. r. à riches compart., tr. dor., fermoirs en vermeil. Imprimé sur vélin, avec 20 grandes miniatures, quelques petites, toutes les initiales peintes en or et en couleur. Ex. de Charles IX, avec son chiffre sur la couv. 164 fr.

125. Offrande spirituelle du cœur, ou Prières chrétiennes pour la communion. Nuremberg, Seldecker, s. d., in-24, fig. (en allemand). Reliure en filigrane d’argent fin représentant des feuilles et des fleurs. La couverture se déboite et le livre peut être remplacé par un autre. 300 fr.

126. Officium B. Mariæ Virginis. Antverpiæ, Moretus, 1685, gr. in-8, tr. dor., rel. en chagrin noir, doublé de riches ornements en argent estampé et découpé ; au milieu des deux plats, les médaillons en cuivre doré portraits de J.-C. et de Marie. 180 fr.




632. Le Comte de Valmont, ou les Egaremens de la raison (par l’abbé Gérard). Paris, Bossange, 1807, in-8, pap. vél., 6 vol., d.-rel., dos de mar. r., non rognés. Ex. réunissant les dessins originaux de Moreau le Jeune, les épreuves avant et avec la lettre et les eaux-fortes. 263 fr.




835. Essai sur la Physiognomonie, destiné à faire connoître l’homme et à le faire aimer, par J.-G. Lavater. La Haye, 1783-1803, gr. in-4, fig., 4 vol., v. rac., fil. 152 fr.

874. De Buffon, Daubenton et Gueneau de Montbeillard : Histoire naturelle, générale et particulière. Paris, I. R., 1749-1767, 15 vol. ; Oiseaux. Ibid., 1770-1789, 9 vol. ; Supplément. Ibid., 1774-1789, 7 vol. ; Minéraux. Ibid., 1783-1788, 5 vol. – Ovipares et serpens, par de Lacépède. Paris, 1788 et 1789, 2 vol. ; Poissons et cétacées, par le même. Ibid., 1798-1804, 6 vol. ; les 44 vol. in-4, fig., mar. r., fil., tr. dor. 640 fr.

925. Histoire naturelle des oiseaux (par Buffon). Paris, I. R., 1771, in-fol., gr. pap., fig. color., 10 vol., mar. vert, dent., tr. dor. 999 fr.




928. Histoire naturelle des perroquets, par F. le Vaillant. Paris, Levrault, 1804, gr. in-fol., pap. vél., fig. color., 2 vol., d.-rel., dos de mar. r., non rognés. 256 fr.

931. Histoire naturelle des oiseaux d’Afrique ; par le même. Paris, Delachaussée, An XIII (1805) 1808, gr. in-fol., pap. vél., fig. doubles en noir et en couleur, 6 vol., d.-rel., dos de mar. r., non rognés. 600 fr.

932. Histoire naturelle et générale des colibris, oiseaux-mouches, jacamars et promérops, des grimpereaux et des oiseaux de Paradis, par Audebert et M. L.-P. Vieillot. Paris, Desray, An XI, gr. in-fol., pap. vél., fig. color., 2 vol., d.-rel., dos de mar. r. Légendes en lettres d’or. 360 fr.

959. Papillons exotiques des trois parties du monde, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique, rassemblés et décrits (en holl. et en franç.) par P. Cramer, dessinés sur les originaux, gravés et enluminés sous sa direction. Amst., 1779-1782, in-4, fig. color., 4 vol. – Supplément par Stoll. Amst., Gravius, 1791, in-4, fig. color ; les 5 vol., d.-rel., dos et coins de mar. r., pap. mar. r. 470 fr.




960. Papillons d’Europe, peints d’après nature par Ernst, gravés et coloriés sous sa direction (et sous celle de Gigot d’Orcy), décrits par Engramelle. Paris, Ernst, 1779-1792, gr. in-4, fig. color., 8 vol., d.-rel., dos de mar. r., pap. mar. r. 325 fr.

977. Ichthyologie, ou Histoire naturelle générale et particulière des poissons, avec des fig. enlum., dessinées d’après nature par Marc-Eliezer Bloch. Berlin, l’auteur, 1785-1797, in-fol., gr. pap. de Holl., 6 vol., v. rac., fil., tr. dor. 801 fr.

1.035. Historia muscorum in quâ circiter sexcentæ species veteres et novæ describuntur, et iconibus genuinis illustrantur […], opera Jo.-Jac. Dillenii. Oxonii, è Theatro sheldoniano, 1741, gr. in-4, fig., pap. fin, v. m. 300 fr.

1.041. Les Liliacées par P.-J. Redouté. Paris, impr. de Didot jeune, An X-1816, gr. in-fol., pap. vél., fig. color., 80 livr. formant 8 vol., mar. r., dent., tr. dor., doublé de moire à double dent. 750 fr.

1.047. Jardin de la Malmaison, par Ventenat. Paris, Crapelet, 1803, et Herhan, 1807, in-fol., pap. vél., 2 vol., d.-rel., dos de mar. r., pap. mar., dent., non rognés, fig. color. sur les dessins de Redouté. 201 fr.

1.295. Galerie du Palais-Royal, gravée d’après les tableaux des différentes écoles qui la composent, avec un abrégé de la vie des peintres et avec une description historique de chaque tableau, par de Fontenai (et M. Morel, etc.). Paris, Couché et Boulliard, 1786-1808, gr. in-fol., 3 vol., d.-rel., dos de mar. r., pap. mar., dent., non rognés. Les 59 livraisons. 481 fr.

1.300. Cours historique et élémentaire de peinture, ou Galerie complète du Musée Napoléon, publiée par Filhol, et rédigée par Jos. Lavallée. Paris, 1804-1815, gr. in-8, 10 vol., pap. vél., d.-rel., dos de mar. r., pap. mar., dent., non rognés. 900 fr.

1.310. Recueil complet des estampes du Cabinet du Roi, 23 vol., gr. in-fol., et le Catalogue indiquant la suite et l’arrangement des volumes, in-4 : les 24 vol. mar. citr., tr. dor. (exemplaire uniforme, aux armes du Roi). 1.395 fr.

1.485. Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec leurs portraits au naturel, par Perrault (grav. par Edelinck). Paris, Ant. Dezallier, 1696-1700, 2 tomes en 1 vol. in-fol., mar. r., fil., tr. dor. Derome. Grand papier. 175 fr.

1.906. Pindari Olympia, Pythia, Nemea, Isthmia. Callimachi Hymni qui inveniuntur. Dionysius de situ orbis. Licophronis Alexandra […], græce. Venetiis, in ædibus Aldi et Andreæ Asulani soceri, 1513, pet. in-8, rel. en bois recouvert de mar. r., fil., tr. dorée et ciselée, larges clous et fermoirs d’argent. Ex. aux armes de Henri II, avec son chiffre et celui de Diane de Poitiers. 800 fr.

2.047. P. Ovidii Nas. Opera, scilicet Metamorphoseon libri XV. Venetiis, in ædibus Aldi, 1502, 1 vol. – Libri amatorii. Venetiis, in ædibus hæredum Aldi et Andreæ soceri, 1533, 1 vol. – Fasti. Venetiis, in ædibus Aldi, 1503, 1 vol. ; les 3 vol. pet. in-8, mar. citr. marbré, tr. dor. Ex. de De Thou. 500 fr.

2.375. La Pucelle d’Orléans, par Voltaire. Kehl, 1785, gr. in-8, fig. avant la lettre, 2 vol., mar. r., dent., tr. dor. Ex. unique : sur peau de vélin, avec deux titres à la main en lettres d’or et fleuron aussi en or. 185 fr.




2.490. Recueil de pièces choisies, rassemblées par les soins du cosmopolite. Anconne, à l’enseigne de la Liberté, 1735, in-4, mar. vert, à large dent., tr. dor., avec recouvrement et serrure. Livre d’une grande rareté, imprimé au château de Verret en Touraine, et tiré à un très petit nombre d’exemplaires. 326 fr.

2.527. Petite bibliothèque des théâtres, publiée par Le Prince et Beaudrais. Paris, Belin, 1785, 78 vol. - Essais historiques sur l’origine et les progrès de l’art dramatique en France. Ibid., 1787, 2 vol. ; les 80 vol. in-18, pap. vél., v. f., fil., tr. dor. 300 fr.

2.553.Œuvres de Pierre et de Thomas Corneille. Paris, Renouard, 1817, in-8, gr. pap. vél., 12 vol., mar. r., dent., orn. en or et à froid, d. de moire, tr. dor. J. Thouvenin. 363 fr.

2.565.Œuvres de Molière. Paris, Bauche, 1739, in-12, 8 vol., mar. v., dent., tr. dor. Derome. Fig. de Punt ajoutées. 181 fr.

2.583 bis.Œuvres complètes de J. Racine. Paris, Deterville, 1796, in-8, divisé en 8 vol., mar. bleu, dent., d. de tabis, tr. dor., impr. sur peau de vélin, avec les dessins originaux de Lebarbier, et les fig. avant la lettre, et eaux fortes. 1.600 fr.

2.589.Œuvres de J. Racine, avec les notes de tous les commentateurs, publiées par M. Aimé Martin. Paris, Lefevre, 1820, in-8, fig. avant la lettre, 6 vol., d.-rel., dos de mar. or., non rognés. Grand papier vélin. Relié par Simier. Joints : les 3 suites de fig. d’après Moreau, Garnier et le Barbier, avant la lettre ; plusieurs portraits ; en tout 146 pièces. 420 fr.

2.656. Les Triumphes messire Françoys Petracque, translatez de langaige tuscan en françois. Paris, Hemon Lefevre, 1519, pet. in-fol. goth., mar. bleu, fil., tr. dor. Derome. Impr. sur vélin, 17 miniatures dont 5 grandes, initiales en or et couleur. 500 fr.

2.788. Le premier et le second volume de Merlin. Les Prophécies de Merlin. Paris, Ant. Verart, 1498, pet. in-fol. goth., fig. en bois, 3 vol., mar. r., fil., tr. dor. Derome. 800 fr.

2.790. Ysaie le Triste, filz de Tristan de Léonois et de la royne Izeut de Cornouaille, ensemble les nobles prouesses de chevallerie faictes par Marc Lexille, filz dudit Ysaye (reduite du viel langaige au langaige françoys). Paris, (P. Vidoue), pour Galiot Dupré, 1522, pet. in-fol. goth., mar. bleu, fil., tr. dor. 400 fr.




2.969. Le Tiers Livre des faicts et dicts héroïques du bon Pantagruel, composé par M. Fr. Rabelais, reveu et corrigé par l’autheur sur la censure antique. Paris, Mich. Fezandat, 1552, 1 vol. – Le Quart Livre des faicts et dicts héroïques du bon Pantagruel, composé par M. Franç. Rabelais. Paris, Mich. Fezandat, 1552, 1 vol. pet. in-8 réglé, les 2 vol. mar. citr., fil. tr. dor., aux armes du comte d’Hoym. 108 fr.

2.991. Recueil général des Caquets de l’acouchée, ou Discours facecieux, où se voit les mœurs, actions et façons de faire des grands et petits de ce siècle. Imprimé au temps de ne plus se fascher, 1623, pet. in-8 réglé, mar. v., fil., tr. dor. (ancienne rel.). 179,95 fr.

3.152. Lycée, ou Cours de littérature ancienne et moderne, par La Harpe. Paris, Verdière, 1821, in-8, 16 vol. br. Grand papier vél., enrichi de 637 portraits sur Chine. De la bibliothèque de Mazoyer, de Lyon. 1.100 fr.

3.319.Œuvres de Boileau Despréaux, avec des éclaircissemens historiques donnez par lui-même. La Haye, Vaillant, 1722, in-12, fig. de B. Picart, 4 vol., mar. vert, dent. et ornem. à froid, tr. dor. Simier. Réglé, enrichi par Mazoyer, de Lyon, de 260 pièces gravées. 499 fr.

3.347.Œuvres complètes de Voltaire. Kehl, Soc. typogr., 1785-1789, gr. in-8, pap. vél., 70 vol. – Supplément au Recueil des lettres de Voltaire. Paris, Xhrouet, 1808, gr. pap. vél., 2 vol. ; les 72 vol., v. rac., tr. dor. – Table des matières, par Chantreau. Paris, Deterville, 1801, 2 vol. – Commentaire sur le Théâtre de Voltaire, par de Laharpe. Paris, Maradan, 1814, 1 vol., ces 3 vol. même reliure, mais non rognés. Renferme les deux suites de figures de Moreau le Jeune. 401 fr.

3.379. Les Œuvres de J.-F. Ducis. Paris, Nepveu, 1817-1818, in-18, pap. vél., fig., 6 vol., mar. olive, dent. à froid et compart., d. de moire, dent., tr. dor. Duplanil. On joint : fig. avant la lettre, eaux-fortes et dessins originaux de Desenne. 200 fr.

3.674. Description générale et particulière de la France (publiée par de la Borde et autres). Paris, Lamy, 1781-1800, gr. in-fol., fig., 12 vol., d.-rel., dos de mar. r., non rognés. 600 fr.


Planche qui manque le plus souvent
(Seconde partie du Premier volume, p. 52)


3.677. Voyage pittoresque, ou Description des royaumes de Naples et de Sicile (par Saint-Non). Paris, 1781-1786, gr. in-fol., fig., 4 tom. en 5 vol., v. éc., dent., tr. dor. 338,05 fr.

3.681. Voyage pittoresque de la Grèce (par de Choisel-Gouffier). Paris, 1782-1822, gr. in-fol., fig., 2 vol., mar. r., fil., tr. dor. 350 fr.




3.684. Voyage dans la Basse et la Haute-Egypte pendant les campagnes de Bonaparte, par Vivant Denon. Paris, P. Didot l’aîné, An X (1802), in-fol., atl. max., fig., 2 vol., v. rac., dent., tr. dor. 299 fr.

3.704. Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde, représentées par des figures dessinées de la main de B. Picart, avec des explications historiques. Amst., Bernard, 1723-1743, 8 tom. en 9 vol. – Superstitions anciennes et modernes. Ibid., 1733-1736, 2 vol. ; les 11 vol., in-fol., v. br., gr. pap. 600 fr.

3.894. Justini Historiæ, ex Trogo Pompeio in epitomen redactæ, et libris XLIV distinctæ. Venetiis, per Nicolaum Jenson, anno Domini 1470, gr. in-4, mar. bleu, d. de tab., tr. dor. 400 fr.

4.064. Les Monumens de la monarchie françoise qui comprennent l’histoire de France, avec les figures de chaque règne que l’injure du temps a épargnées, par D. Bernard de Montfaucon. Paris, Gandouin, 1729-1733, in-fol., fig., 5 vol., v. m., gr. pap. 509 fr.

4.778. L’Antiquité expliquée (en franç. et en latin), et représentée en fig., par D. Bernard de Montfaucon. Paris, Delaulne, 1719, 5 tom. en 10 vol. – Supplément. Ibid., veuve Delaulne, 1724, 5 vol. ; les 15 vol. in-fol., v. m., gr. pap. 363 fr.

4.816. Antiquités étrusques, grecques et romaines, tirées du cabinet d’Hamilton (avec des explications en angl. et en franç. par d’Hancarville). Naples, 1766-1767, in-fol. atlant., fig. noires et en coul., 4 vol., mar. r., fil., d. de moire bleue, tr. dor. 701 fr.




4.823. Le Antichita d’Ercolano incise con qualche spigazione. Napoli, R. St., 1755-1792, gr. in-fol., fig., 9 vol., mar. r., dent., tr. dor. Les 8 premiers vol. sont de la bibliothèque du duc de La Vallière. 599,95 fr.

4.873. Description des médailles antiques, grecques et romaines, avec leur degré de rareté et leur estimation, par M. T.-E. Mionnet. Paris, Testu, 1806-1813, in-8, 6 vol. et 1 vol. de planches, d.-rel., dos de mar. r., non rognés. 199 fr.

5.100. Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français. Paris, Impr. F. Didot, 1820, 1822, 1825 et 1826, gr. in-8, pap. vél., 4 vol., pliés, non cousus. 669 fr.

5.117. Collection dite de Barbou, 68 vol. in-12, v. porph., fil., tr. dor. 150 fr.


Le cabinet d’antiquités et de curiosités de Duriez, remarquable surtout par une belle suite de coquillages, fut vendu en 1829.

Son épouse lui survivra jusqu’au 14 janvier 1842. En 1842, ses héritiers vendirent le château d’Enchemont [détruit en 1940] et le reste de la bibliothèque, à Lille, du 17 juin au 9 juillet : Catalogue des livres faisant partie de la bibliothèque de feu M. Duriez, membre de la Société des Bibliophiles français (Lille, Danel, 1842, in-8, 826 lots).







Philippe Durand de Lançon (1786-1869), « bibliophile selon la vraie science » *

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* Baron de Reiffenberg (Annuaire de la Bibliothèque royale de Belgique. Bruxelles et Leipzig, C. Muquardt, 1850, p. 212)

          



Château de Tichémont


Le 26 novembre 1853, est décédé au château de Tichémont, écart de Giraumont [Meurthe-et-Moselle], François-Benoît-Charles-Pantaléon Durand, né à Metz le 20 janvier 1765, veuf de dame Anne-Charlotte Lançon (1765-1851), fille unique de Pierre-Philippe-Clément Lançon (1732-1799), seigneur de Sainte-Catherine [Moselle], conseiller du Roi et son procureur général au Parlement de Metz, qu’il avait épousée à Metz, le 5 juillet 1785. Ils avaient eu sept enfants. La terre de Tichémont était passée entre leurs mains le 6 prairial An XI [26 mai 1803].


Arbre généalogique simplifié


Durand de Tichémont appartenait à l’une des plus anciennes familles du pays, originaire de Commercy [Meuse], au XVe siècle. 

Château de Distroff (rasé en 1985)


Son arrière-grand-père avait reconstitué l’intégralité de la seigneurie de Distroff [Moselle], cédée à la France par le Luxembourg, en 1659.

Durand de Tichémont était entré aux pages de Monsieur, frère du Roi [futur Louis XVIII] et en était sorti officier au régiment de dragons de ce prince. Sur les conseils de ses parents, il fit son droit à Strasbourg [Bas-Rhin], puis fut reçu avocat général au Parlement de Metz, le 4 décembre 1786. La suppression des Cours souveraines, en 1790, interrompit sa carrière dans la magistrature.  

Il devint maire de sa ville natale en l’An IX ; commissaire du gouvernement près le Conseil des prises, en 1800 ; chef de la 22eConservation forestière, de 1801 à 1815 ; député de Sarreguemines [Moselle], en 1823 ; créé officier de la Légion d’honneur en 1825, et réélu député par le Grand Collège de la Moselle, en 1827. Elu de nouveau par la ville de Metz en 1831, il ne se représenta pas l’année suivante et renonça à la vie politique, préférant des occupations agronomiques.


Vierge allaitante (XVe s.)
Eglise Saint-Martin, Metz



Son fils aîné, Pierre-Philippe-Clément Durand, était né à Metz [Moselle], le 21 mai 1786, et avait été baptisé le lendemain en l’église Saint-Martin.

Devenu receveur particulier des Finances, Philippe Durand épousa, à Paris, Jeanne-Antoinette-Palmyre Tempier (1800-1866), fille de Charles Tempier et d’Antoinette-Adélaïde Moynier.

Il prit quelque liberté avec l’ordonnance royale du 4 novembre 1818, qui ne l’autorisait qu’à ajouter à son nom celui de sa mère, sans particule.

Durand de Lançon exerça successivement à Lure [Haute-Saône] de 1825 à 1831, à Coutances [Manche] de 1832 à 1837, de nouveau à Lure de 1838 à 1842, et à Béthune [Pas-de-Calais] de 1843 à 1856.

Après avoir pris sa retraite, il demeura à Pont-à-Mousson [Meurthe-et-Moselle] en 1858 et 1859, puis à Heugnes [Indre] en 1860, à Choisy-le-Roi [Val-de-Marne] de 1861 à 1864 et à Lignières [Cher], où décéda son épouse, le 29 mai 1866.


Eglise Saint-Roch, Ids-Saint-Roch



Durand de Lançon mourut le 23 novembre 1869, à La Gonnerie, commune d’Ids-Saint-Roch [Cher], chez son fils Charles-Alphonse Durand de Lançon. Celui-ci, né à Lure [Haute-Saône] le 30 mai 1828, s’était marié le 11 novembre 1852 à Morlac [Cher], avec sa cousine germaine Catherine-Delphine-Pauline Durand, née à Couddes [Loir-et-Cher] le 19 mai 1830, qui lui avait donné six enfants ; capitaine de la Garde nationale mobile du département du Cher, il fut blessé le 9 janvier 1871, à la bataille de Villersexel [Haute-Saône], et décéda des suites de ses blessures, le 19 janvier 1871, à Rougemont [Doubs]. 


Membre fondateur de la Société des Bibliophiles français, le 1erjanvier 1820, Philippe Durand de Lançon avait été élu membre de la Société de l’Histoire de France le 8 janvier 1838, présenté par le marquis de Fortia. Il avait démissionné de la Société des Bibliophiles français le 2 août 1844, et avait été remplacé par la vicomtesse de Noailles, le 17 juin 1846.


Il avait édité des « Lettres de Leibniz au P. Malebranche et au P. Lelong » (88 p.), dans les Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français (Paris, Imprimerie de Firmin Didot, 1820, in-8), 



Moralité de Mundus, Caro, Demonia. - Farce des deux savetiers (Paris, Imprimerie de Firmin Didot, 1827, in-4, [15] f., caractères gothiques, 2 gravures sur bois, 100 ex. numérotés, dont 4 sur vélin, 4 sur papier vélin anglais, 2 sur papier de couleur), 



Complainte et enseignements de Françoys Garin(Paris, Silvestre, Imprimerie de Crapelet, 1832, in-4, [2]-10 p.-XLI f.-[1]-[1 bl.] p., caractères gothiques, 1 gravure sur bois, 100 ex. numérotés, dont 1 sur vélin, 10 sur papier vélin anglais, 89 sur papier de Hollande),  



L’Histoire tragique de la Pucelle d’Orléans, par le P. Fronton du Duc, représentée à Pont-à-Mousson, le VII sept. M. D. LXXX, devant Charles III, duc de Lorraine, et publiée en M. D. LXXXI par J. Barnet (Pont-à-Mousson, Imprimerie de P. Toussaint, 1859, in-4, [28]-102-[5]-[1 bl.] p., 105 exemplaires, dont les 15 premiers sur papier d’Annonay supérieur).


En 1828, l’abbé Vital Chouvy (1752-1835), professeur d’histoire à Lyon, avait confié à Durand de Lançon, trois volumes d’œuvres manuscrites de Simon Chardon de La Rochette (1753-1824), pour les publier, en vain.




La bibliothèque de Durand de Lançon fut vendue à la Maison Silvestre, en 3 vacations, du lundi 30 mai au mercredi 1er juin 1870 : Catalogue de livres rares et curieux, opuscules tirés à petit nombre, ouvrages de bibliographie et d’histoire, dépendant de la succession de feu M. Ph. Durand de Lançon, ancien membre de la Société des Bibliophiles français (Paris, A. Claudin, 1870, in-8, 56 p., 563 lots [numéros 80 et 91 absents]).


Théologie et Histoire des religions [15 lots = 2,66 %], Jurisprudence [9 lots = 1,59 %], Sciences et Arts [65 lots = 11,54 %], Belles-Lettres [194 lots = 34,45 %], Histoire [268 lots = 47,60 %], Œuvres des polygraphes, Mélanges curieux [11 lots = 1,95 %]. Seuls 169 lots [30,01 %] sont des livres antérieurs à 1800, dont un manuscrit du XVIIIe siècle [n° 49], et les tirés à part et tirages à petit nombre du XIXe siècle sont nombreux.


La « Bibliographie » [numéros 417 à 525] compte 109 lots, soit 19,36 % du total de la vente.

Dans la « Bibliographie », les « Catalogues » [numéros 479 à 525] comptent 47 lots, représentant 8,34 % du total de la vente, dont les catalogues de Bluet (1667), Giraud (1707), Longuerue (1735), Hoym (1738), Lancelot (1748), Floncel (1774), Le Tellier (1782), Sarolea (1785), Bolongaro-Crevenna (1793), Patu de Mello (1799), Mercier de Saint-Léger (An VIII), Bonnier (1800), Duquesnoy (1803), Servais (1808), Naigeon (1810), Ourches (1811), Chardin (1811), Van Bavière (1816), Galitzin (1820), Morel-Vindé (1822), Langlès (1825), Duriez (1827), Van de Velde (1831), Courcelles (1834), La Bédoyère (1837), Libri (1847), Coste (1853).
















Victor Diancourt (1825-1910), ou « Nul n’est prophète en son pays » *

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En guise de réponse à un ami lecteur, célèbre historien étranger, qui s’inquiétait de savoir si j’avais participé à la réalisation de l’exposition « Le Goût des livres. Victor Diancourt, collectionneur champenois », présentée à la Bibliothèque municipale de Reims du 9 septembre au 10 décembre 2016, ainsi qu’à la rédaction de son éventuel catalogue.







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Descendant d’une famille de laboureurs originaire de Balham [Ardennes], passée à Reims [Marne] au XVIIIe siècle, Louis-Victor Diancourt est né le 5 octobre 1825, l’année du Sacre de Charles X, dans la « Maison des musiciens », 31 rue de Tambour, datant du XIIIesiècle [détruite en 1917]. Il était le fils de Louis-Théophile Diancourt (1799-1890), marchand épicier, et de Sophie-Constance Bauchart (1798-1875), mariés à Clermont-les-Fermes [Aisne] le 15 novembre 1824.


Rue de Tambour, dessin et lithographie par J.-J. Maquart (1803-1873)
In Prosper Tarbé. Reims. Essais historiques sur ses rues et ses monuments
(Reims, Quentin-Dailly, 1844, p. 152)

La Maison des musiciens, 31 rue de Tambour
In G. Crouvezier. La Vie d'une cité. Reims au cours des siècles
(Paris, Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 80)


Après avoir passé sa thèse de licence, soutenue devant la Faculté de droit de Paris en 1852 et intitulée De la transmission de la propriété par les conventions, Victor Diancourt revint à Reims pour exercer la profession d’avocat et épouser, le 25 avril 1853, Marie-Francine Folliart, née le 29 novembre 1830, fille d’Alphonse-Denis Folliart (1799-1843), notaire, et de Mélanie Pinon (1808-1876), mariés à Reims le 12 février 1828.


Devenu négociant dans le textile, il s’intéressa à la politique et fut, en 1868, un des fondateurs de L’Indépendant rémois, journal quotidien républicain.



Conseiller municipal de la ville de Reims en août 1870, puis adjoint au maire en mai 1871, il devint maire le 30 octobre 1872. Démissionnaire le 3 février 1874, il fut appelé à remplir la fonction de maire comme premier conseiller municipal inscrit en novembre 1874, redevint maire en juin 1875, jusqu’en 1881. Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur, le 5 juin 1876.

Le 20 avril 1879, il fut élu, au second tour de scrutin, député de la 1ère circonscription de Reims. Inscrit à la gauche républicaine, il fit admettre la limitation à onze heures de travail par jour pour les femmes et les mineurs de 18 ans, et à six jours par semaine. Il ne se représenta pas en 1881. 


Il avait été membre de la loge « La Sincérité », fondée en 1804, et de la Ligue de l’enseignement d’octobre 1872 à février 1874, puis de novembre 1874 à janvier 1881.



Candidat à l'élection sénatoriale du 17 octobre 1886, il fut élu et vit son mandat renouvelé jusqu’en 1906 : il continua à se préoccuper des questions concernant le travail, les réformes sociales et l’amélioration du sort des classes laborieuses. Il ne se représenta pas aux élections du 7 janvier 1906.


10, place Godinot

Veuf sans enfant depuis le 12 octobre 1891, il mourut le mercredi 11 mai 1910, en son domicile, 10 place Godinot. Il fut inhumé le vendredi 13 mai, au cimetière du Nord [canton 3], après un service célébré en l’église Notre-Dame, sa paroisse.


Victor Diancourt sur son lit de mort
Dessin par V. Charlier-Teutsch, 12 mai 1910
(Coll. B.M. Reims)

En 1870, il était devenu membre titulaire de l’Académie nationale de Reims, qui avait distingué en lui le lettré, depuis la publication de sa tragédie intitulée Hercule et Omphale (Strasbourg, Berger-Levrault, 1866, in-12, 80 p.), imprimée pour ses amis à 50 exemplaires et illustrée de photographies d’après les dessins de l’architecte Auguste Reimbeau (1826-1865), et sa conférence faite à la Société industrielle de Reims sur Le Théâtre pendant la Révolution (Reims, Luton, 1869, in-8, 32 p.), imprimée à 20 exemplaires.



Sa lecture, faite à la séance publique de l’Académie du 30 juillet 1874, sur Le Goût des livres (Reims, Imprimerie coopérative, 1875, in-8, 23-[1 bl.] p.), tirage à part à 25 exemplaires des Travaux de l’Académie nationale de Reims (Reims, Paul Giret, 1875, 55e vol., p. 65-85), où il décrivit spirituellement les divers types d’amateurs, lui valut d’être président de l’Académie en 1874-1875 :


« Sans entrer dans le détail infini d’une classification interminable, nous diviserons les livres et les amateurs en deux groupes : d’un côté les ouvrages d’étude ou de délassement, vaste champ ouvert à tous ceux qui savent lire ; de l’autre les ouvrages de luxe et de curiosité, domaine restreint d’un public raffiné qui ne lit guère. »



Les circonstances le révélèrent historien : Les Allemands à Reims en 1870. Aperçu historique (Reims, F. Michaud, 1883, in-12, 165-[1 bl.] p.), tiré à 300 exemplaires sur Hollande, numérotés et paraphés par l’éditeur, eut un tel succès qu’une deuxième édition augmentée fut publiée sous le titre Les Allemands à Reims, 1870-1871. Aperçu historique (Reims, F. Michaud, 1884, in-8, [6]-II-186-[2] p., 1 fac-similé), dont 150 exemplaires sur Hollande furent numérotés, les exemplaires sur vélin ne l’étant pas.


Outre un rapport sur le Concours de poésie (1884), des conférences sur Jeanne d’Arc (1887) et à propos de Valmy (1892), un comptes rendu (1900) et quelques discours, Victor Diancourt a laissé :


(Photographie Remy Bellenger)

Deux originaux rémois, les Hédoin de Pons Ludon, 1739-1866(Reims, F. Michaud, 1885, in-8, 69-[1bl.], 4 pl.), tirage à part à 52 exemplaires des Travaux de l’Académie nationale de Reims (Reims, F. Michaud, 1885, 75e vol., p. 335-395) : Diancourt a bien connu Aubin-Louis Hédouin de Pons-Ludon (1783-1866), le bibliophile rémois, qu’il décrit :


« On le voyait circuler en ville d’un pas encore alerte, la tête couverte d’une casquette plate placée de travers sur de longs cheveux dont les mèches grisonnantes avaient déposé un épais vernis sur le col d’une longue lévite couleur olive, à boutons métalliques.

Les basques relevées de cette houppelande laissaient entrevoir de vastes poches de lustrine, ballottant sous le poids des livres qu’elles contenaient ; un pantalon à pont de même couleur, boutonné au-dessus de la cheville, livrait passage à des bas bleus qui s’engouffraient dans de vastes souliers lacés. Son costume se complétait d’un large gilet rayé recélant dans les profondeurs de ses poches une énorme montre en cuivre, de la famille des bassinoires, dont la breloque d’acier, toujours flottante, suivait tous les mouvements de son corps. Sa main droite s’appuyait généralement sur un énorme gourdin, de ceux qu’on désignait jadis sous le nom de juge-de-paix, ou rosse-coquin, et qui datait des beaux jours de la jeunesse dorée. Invariablement pendait à son bras un large panier couvert, où il entassait pêle-mêle, avec des livres et des brochures, du pain, des œufs durs, de la viande cuite au four, qui formaient sa nourriture exclusive, car il ne faisait pas de cuisine et n’allumait jamais de feu, même pendant les froids les plus rigoureux. » (p. 383-384)


Une philippique inconnue et une strophe inédite de Lagrange-Chancel, recueillies par un bibliophile (Paris et Reims, 1886, in-8, 42 p., 3 pl.), tirage à part à 150 exemplaires des Travaux de l’Académie nationale de Reims(Reims, F. Michaud, 1886, 77e vol., p. 106-133).



Propos de bibliophiles. Les Vicissitudes de la valeur vénale et de la recherche des chefs-d’œuvre dramatiques du XVIIe siècle et de quelques livres exceptionnels (Reims, Lucien Monce, 1909, in-8, 22 p.), tirage à part à 60 exemplaires numérotés des Travaux de l’Académie nationale de Reims (Reims, L. Michaud, 1909, 125e vol., p. 221-238), illustrant le vers du grammairien Térentianus Maurus « Pro captu lectoris habent sua fata libelli » [Par l’esprit du lecteur, les livres acquièrent leur propre destin], au cours des ventes Nodier (1827 et 1844), Soleinne (1843-1845), Aimé-Martin (1847), Bignon (1849), Monmerqué (1851), Walckenaer (1853), Bertin (1854), Giraud (1855), Hebbelinck (1856), Double (1863), Chaudé (1867), Yemeniz (1867), Benzon (1875), Lebeuf de Montgermont (1876), Rochebilière (1882), Paillet (1887), La Roche Lacarelle (1888), Guyot de Villeneuve (1901), Daguin (1905).

   

Amateur d’art, Victor Diancourt collectionnait les sculptures, peintures, médailles, miniatures et estampes.

Bibliophile, il collectionnait particulièrement les éditions des grands auteurs français, surtout poètes et auteurs dramatiques, les livres illustrés du XVIIIesiècle, les reliures qu’il commandait à Marius Michel, Gruel, Allô et Stroobants, les caricaturistes (Gavarni, Daumier, Granville) et les imprimés de l’époque révolutionnaire. 

Il aimait parler des livres et avait l’habitude de faire imprimer le texte de ses travaux à quelques exemplaires seulement et de les distribuer, avec ou sans dédicace. 



(Coll. B.M. Reims)

(Coll. B.M. Reims)



Il possédait quatre ex-libris, dont le plus utilisé avait été gravé par Stern : une bannière portant son chiffre enlacé, attachée à une hampe portant la devise « ELIGERE, COLLIGERE, LEGERE » [choisir, recueillir, lire] et son nom [82 x 66 mm.].  


Cabinet de travail, 10 place Godinot
Meuble à droite et à gauche de la cheminée
(Coll. B.M. Reims)

À son domicile, place Godinot, son cabinet de travail renfermait les plus précieux des 20.000 volumes de sa bibliothèque, qu’il légua, par testament, à sa ville natale.  


Ex-libris de Victor Charlier
(Coll. B.M. Reims)

Dans La Vérité sur le sauvetage de la bibliothèque et des archives de Reims. Notes d’un témoin. 1914-1918 (Reims, Imprimerie Delarue et Maquin, 1929, in-8, 10 p.), Victor Charlier-Teutsch (1866-1939), artiste peintre et sous-bibliothécaire à la Bibliothèque municipale, installée depuis 1809 au 1erétage de l’Hôtel de Ville, raconta les péripéties du sauvetage des livres et des archives, du mois de mai 1915 au mois d’avril 1917, transportés à l’aide d’une charrette à bras dans les caves voûtées du musée, rue Chanzy, et dans la crypte de la basilique Sainte-Clotilde. Les manuscrits et les incunables, ainsi que des livres parmi les plus précieux furent évacués par le train, à Paris et à Toulouse. Environ 30.000 ouvrages sur 150.000 furent ainsi sauvés. 

La B.M. de Reims, à l'Hôtel de Ville

Mais l’incendie de l’Hôtel de Ville du 3 mai 1917 provoqua des pertes irréparables, dont les collections de presse régionale, la chalcographie et environ 16.500 volumes du legs de Victor Diancourt.


Roger Laslier (1925-2004), conservateur à la Bibliothèque municipale de Reims, a rédigé le Catalogue des livres imprimés du legs Victor Diancourt (Reims, Bibliothèque municipale, 1974, in-8, viii-378 p., front., h.-t.).

Les Delessert, banquiers philanthropes et collectionneurs

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Château de Cossonay

Descendant d’une famille de cultivateurs protestants, originaire de Peney-le-Jorat [Jorat-Menthue, Suisse] au XVe siècle, passée à Cossonay [Suisse] deux siècles plus tard, 

Arbre généalogique simplifié des Delessert

Benjamin [I] Delessert (1690-1765) vint, en 1725, fonder un commerce de soies et d’indiennes à Lyon, où il réalisa également des opérations de banque. Il y épousa Marguerite Brun (1707-1799), fille d’Étienne Brun, banquier d’origine marseillaise, et de Marie Sabatier. Le couple aura trois fils.


Etienne Delessert

Deuxième fils de Benjamin [I] Delessert, Étienne Delessert, né le 30 avril 1735 à Lyon, épousa dans cette ville, le 9 octobre 1766, Madeleine-Catherine Boy de La Tour, née le 7 août 1747 à Neuchâtel [Suisse], fille de Pierre Boy de La Tour (1706-1759), négociant, et de Julie Roguin (1715-1780), la protectrice du philosophe Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).

En 1777, Étienne Delessert décida de fonder à Paris un établissement de banque, « De Lessert & Compagnie », rue Mauconseil [Ier]. Il finança des fabriques de gaze, fut administrateur de la Caisse d’escompte de 1781 à 1783 et de 1791 à 1792, participa en 1786 à la formation de la Compagnie royale d’assurances contre l’incendie, dissoute en 1793. Cette dernière année, tandis que l’établissement paternel fermait à Lyon, Étienne fut incarcéré du 11 frimaire An II [1erdécembre 1793] au 14 fructidor An II [31 août 1794], à la prison de Port-libre [abbaye de Port-Royal], puis à l’infirmerie de la Conciergerie.

Libéré, il confia la direction de la banque à son fils Jules-Paul-Benjamin et s’intéressa à l’agriculture, à l’amélioration des assolements, à la fabrication de nouvelles machines agricoles, à l’introduction d’un troupeau de 6.000 moutons mérinos venus d’Espagne, à la Compagnie de l’Isle de France [Île Maurice] et créa deux écoles gratuites pour les enfants de la population protestante. Amateur de tableaux, il forma une collection des chefs-d’œuvre des écoles hollandaise et flamande.

Veuf depuis le 23 mars 1816, Étienne Delessert mourut le 18 juin de la même année, en son domicile, situé, depuis 1786, à l’arrière de l’hôtel de Bullion, 3 rue Coq-Héron [Ier, détruit en 1880] ; 

Cimetière de la rue Lekain en 1912

il rejoignit son épouse dans le cimetière familial, 3-5 rue Lekain [XVIe].

Son épouse avait entretenu des relations d’amitié avec le physicien Benjamin Franklin (1706-1790) et le philosophe Jean-Jacques Rousseau, qui lui dédia ses Lettres élémentaires sur la botanique

Herbier réalisé par J.-J. Rousseau pour Madelon en 1774
Musée J.-J. Rousseau-Montmorency. Photographie P. Gaudibert

tandis qu’il offrait un herbier à sa fille Marguerite-Madeleine Delessert (1767-1838), qu’il appelait Madelon.


Benjamin [III] Delessert

Troisième des huit enfants d’Étienne Delessert, Jules-Paul-Benjamin Delessert, né à Lyon le 14 février 1773, reçut une formation scientifique en Angleterre, où il rencontra l’économiste Adam Smith (1723-1790) et l’ingénieur James Watt (1736-1819). De retour en France, Benjamin [III] Delessert entra en 1793 à l’École d’artillerie de Meulan-en-Yvelines, puis fit la campagne de Belgique dans l’armée de Pichegru. En 1795, il fut rappelé par son père, qui lui confia la direction de sa banque. 

Sucrerie de Passy en 1859

Il s’investit dans les actions sociales et dans l’industrie : il participa à la fondation de la Société d’encouragement pour l’industrie et à celle de la Société philanthropique, fut nommé au Conseil général des Hospices de Paris, créa à Passy sa première raffinerie de sucre à partir de la betterave (1801), puis une des premières filatures mécaniques de coton (1803). Devenu régent de la Banque de France le 12 octobre 1802, il épousa, le 22 août 1807, sa cousine germaine Laure-Renée-Livie-Jacqueline Delessert, née le 1er mars 1772 à Bougy [Suisse], fille de Jean-Jacques Delessert (1731-1817) et de Madeleine-Françoise de Mestral (1749-1827). Parallèlement, il débuta une carrière politique : maire du IIIe arrondissement de Paris le 18 ventôse An VIII [8 mars 1800], juge au Tribunal de commerce en 1810, député de la Seine de 1817 à 1824, conseiller général de la Seine de 1819 à 1822, député du Maine-et-Loire de 1827 à 1842, il proposa l’abolition de la peine de mort et la suppression de la loterie royale et des jeux publics, encouragea la construction des routes, des canaux et des monuments. En 1812, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur et baron d’Empire.   



Ce fut à l’initiative de Benjamin [III] Delessert que, le 22 mai 1818, fut signé l’acte constitutif d’une Société anonyme, sous la dénomination de Caisse d’Épargne et de Prévoyance, ayant pour objet de recevoir en dépôt les petites sommes qui lui seraient confiées par les personnes économes et industrieuses. Le 29 juillet suivant, une ordonnance du Roi autorisa l’établissement de la Caisse d’Épargne de Paris. Les bureaux s’ouvrirent pour la première fois le dimanche 15 novembre 1818, dans un local dépendant de la Compagnie royale d’Assurances maritimes, fondée par Benjamin [III] Delessert en 1817, qui était situé au 104 rue de Richelieu [IIe]. La Caisse d’Épargne s’installa, le 27 février 1820, dans un local appartenant à la Banque de France, 3 rue La Vrillière [Ier], puis, le 8 décembre 1844, dans l’hôtel Thoynard de Jouy, 9 rue Coq-Héron [Ier]. Succédant à François-Alexandre-Frédéric de La Rochefoucauld (1747-1827), duc de Liancourt, Benjamin [III] Delessert en fut le deuxième président à partir de 1827.

Benjamin [III] Delessert fut l’auteur de deux ouvrages, où il mit en exergue les valeurs de travail, d’éthique, de bienfaisance et de solidarité : Le Guide du bonheur, ou Recueil de pensées, maximes et prières, dont la lecture peut contribuer à rendre heureux dans cette vie et dans l’autre, choisies dans différents auteurs (Paris, Gratiot, 1840, in-8) et, avec le baron Joseph-Marie de Gérando (1772-1842), vice-président de la Caisse d’épargne de Paris, La Morale en action, ou les Bons Exemples (Paris, Kugelmann, 1842, in-4).  


In L'Illustration, 25 juillet 1844, p. 344

Benjamin [III] Delessert collectionna les autographes, les monnaies, les médailles et les tableaux, mais fut surtout passionné par la botanique et la conchyliologie. Il devint membre libre de l’Académie des sciences en 1816. Ami du botaniste genevois Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841), il reçut des spécimens des plus grands naturalistes de son époque et acheta plusieurs herbiers importants. Son herbier finit par réunir 250.000 échantillons de plantes. 

Ex-libris de Benjamin [III] Delessert

Parallèlement, il constitua l’une des plus grandes bibliothèques botaniques de l’époque, recensant plus de 6.200 titres, la deuxième après celle des Jardins de Kew, à l’ouest de Londres. Il édita les Icones selectæ plantarum (Parisiis, s. n., 1820-1846, 5 vol.), contenant 500 planches en couleur, décrites par Augustin-Pyrame de Candolle. Il constitua également une collection de plus de 150.000 spécimens de coquillages, dépassant alors celles du Muséum d’histoire naturelle de Paris et du British Muséum, et sa bibliothèque malacologique [étude des mollusques] était aussi importante. 

(Planche 31, détail)

Il édita un Recueil de coquilles décrites par Lamarck dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres et non encore figurées (Paris, Fortin, Masson et Cie, 1841).

Il soutint encore le docteur Jean-Baptiste-Marc Bourgery (1797-1849), dans la rédaction de son œuvre maîtresse : 

Frontispice

Traité complet de l’anatomie de l’homme, comprenant la médecine opératoire (Paris, C.-A. Delaunay, 1832-1854, 8 vol. de texte in-fol., 1 front. ; 1831-1844, 8 vol. d’atlas in-fol., 726 pl. lith.).

Domicilié rue Coq-Héron jusqu’en 1825, Benjamin [III] Delessert mourut d’une péricardite, le 1er mars 1847, 

In L'Illustration, 25 juillet 1844, p. 344

en l’hôtel d’Uzès, 172 rue Montmartre [IIe, détruit en 1870], qu’il avait acheté le 18 mai 1824. Veuf sans enfant depuis le 18 mai 1823, il fut inhumé près de son épouse, dans le cimetière de la rue Lekain.


François Delessert

Sixième des huit enfants d’Étienne Delessert, François-Marie Delessert, né à Paris le 2 avril 1780, banquier, d’abord associé avec son père et ses frères, puis, à la fin, avec son frère Benjamin [III] Delessert, enfin seul chef de la Maison Delessert. Président de la Chambre de commerce de Paris à plusieurs reprises, entre 1821 et 1838, il fut élu régent de la Banque de France après la mort de son frère. Il fut député du VIe arrondissement de Paris de 1831 à 1834, puis du Pas-de-Calais de 1838 à 1848. La crise financière provoquée par la révolution de 1848, marquée par la fermeture de la Bourse et les demandes de remboursement de leurs dépôts par les clients, obligea François Delessert à liquider la Banque Delessert et Ciele 24 mai 1848. Celle-ci resta toutefois dans la famille, malgré l’absence de descendance masculine, grâce à l’un de ses gendres, le baron Jean-Henry Hottinguer (1803-1866), qui la reprit dès 1848.


Julie Gautier en 1851, par Winterhalter

François Delessert avait épousé, à Paris, le 30 octobre 1812, sa nièce, Julie-Élisabeth-Sophie Gautier, née à Paris, le 29 janvier 1796, fille de sa sœur Marguerite-Madeleine Delessert (1767-1838) et de Jean-Antoine Gautier (1756-1800), banquier, qui furent inhumés tous deux dans le cimetière de la rue Lekain. Le couple avait eu trois enfants : Stéphanie-Madeleine-Caroline Delessert, née le 7 mai 1814, épousa, le 9 avril 1832, le baron Jean-Henry Hottinguer, banquier ; François-Benjamin-Marie Delessert, dit Benjamin [V], né le 17 novembre 1817 ; Anne-Caroline-Madeleine Delessert, née le 13 février 1831, épousa, le 2 février 1850, le baron Frédéric-Henri Bartholdi (1823-1893).

Devenu membre libre de l’Académie des sciences en 1852, François Delessert mourut le 15 octobre 1868, à l’hôtel Lauzon, 27 rue Raynouard [XVIe], son domicile. Ses tableaux, accumulés par plusieurs générations, furent vendus du 15 au 18 mars 1869 : Catalogue des tableaux composant la Galerie Delessert (Paris, Imprimerie de Pillet, 1869, in-8, 93-[1 bl.] p., 213 lots) ; la vente produisit au total 1.795.330 francs. Ses collections botanique et conchyliologique, héritées de son frère, furent données par sa famille au Muséum d’histoire naturelle de Genève.

Timbre humide apposé par la Bibliothèque de l'Institut

Ses livres, hérités également de son frère, avaient été légués à l'Académie des sciences pour la Bibliothèque de l'Institut.

Sa veuve lui survécut jusqu’au 3 avril 1877. Ils furent tous les deux inhumés dans le cimetière de la rue Lekain.



Septième des huit enfants d’Étienne Delessert, Abraham-Gabriel-Marguerite Delessert, né à Paris, le 17 mars 1786, fit ses études à Genève durant la Révolution. Gabriel Delessert devint adjudant-commandant dans la Garde nationale de Paris, tout en étant associé à la gestion de la banque de son père, qu’il quitta en 1833. Promu colonel d’état-major de la Garde nationale le 12 août 1830, il fit partie d’une commission chargée de réorganiser les gardes nationales du royaume. Général de brigade de la Garde nationale en 1831, il fut nommé préfet de l’Aude, puis d’Eure-et-Loir en 1834. Préfet de police de Paris le 10 septembre 1836, avec le titre de Conseiller d’État, il travailla à l’amélioration des transports, de la voirie et des prisons. Chevalier de la Légion d’honneur le 31 décembre 1814, officier le 7 janvier 1832, commandeur le 28 décembre 1839, il fut élevé à la dignité de pair de France en 1844 et promu grand officier de la Légion d’honneur le 27 avril 1845. Gabriel Delessert quitta le monde politique après la révolution de 1848 et mourut en son domicile, 19 rue Raynouard, le 31 janvier 1858.


Valentine de Laborde

Sa femme, Marie-Charlotte-Joséphine-Valentine de Laborde, née le 11 nivôse An XIV [1er janvier 1806], fille du comte Alexandre de Laborde et de Marie-Anne-Thérèse Sabatier de Cabre, qu’il avait épousée le 1er juin 1824, devint l’égérie de Mérimée et reçut dans son hôtel les principales figures de la génération romantique ; elle devint la troisième femme membre de la Société des Bibliophiles français le 22 juillet 1846, après la maréchale duchesse de Raguse (30 janvier 1820) et la vicomtesse de Noailles (17 juin 1846), et démissionna le 11 février 1862, remplacée par le comte Octave de Béhague (1826-1879). Valentine de Laborde mourut en son domicile, le 13 mai 1894 ; elle fut inhumée, près de son mari, au cimetière de la rue Lekain.


Benjamin [V] Delessert

Deuxième enfant de François Delessert et de Julie Gautier, François-Benjamin-Marie Delessert, né à Paris le 17 novembre 1817, entra dans la maison de banque qui portait son nom et devint juge au Tribunal de Commerce de Paris. Député de la Seine le 8 juillet 1849, il rentra dans la vie privée au coup d’État du 2 décembre 1851.


Blanche Triqueti, par son père (1852)

Le 2 mars 1858, à Paris, Benjamin [V] Delessert épousa Blanche-Cécile-Eugénie-Sophie Triqueti, née le 29 novembre 1837, fille du baron Joseph-François-Henri Triqueti (1803-1874), sculpteur célèbre, et de Julia Forster (1814-1875).

Il s’occupa d’art et de sciences et fut l’un des promoteurs de la photographie. Membre de la Société héliographique, fondée en 1851, il publia une Notice sur la vie de Marc-Antoine Raimondi, graveur bolonais, accompagnée de reproductions photographiques de quelques-unes de ses estampes (Paris, Goupil et Cie, et Londres, D. Colnaghi et Cie, 1853), qui a paru en trois livraisons, une grand in-4 (12 reproductions), une petit in-folio (14 reproductions) et une in-folio (10 reproductions). Il fut également membre de la Société des Bibliophiles français, du 3 juin 1846, en remplacement de Malartic, au 11 décembre 1861, alors démissionnaire et remplacé par Félix-Sébastien Feuillet de Conches (1798-1887).

Ayant demeuré longtemps à l'hôtel d'Uzès, il mourut à son récent domicile, 21 rue Raynouard, le 25 janvier 1868, et fut inhumé dans le cimetière de la rue Lekain. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur le 22 mai 1867.

Sa veuve, qui épousa en secondes noces, le 26 novembre 1868, Edward Lee-Childe (1837-1911), ami de Prosper Mérimée (1803-1870), résidait l’hiver à Paris, 1 rue François Ier [VIIIe], et l’été au château de Varennes [Amilly, Loiret] ; 

Château de Varennes


Bibliothèque du château de Perthuis

elle avait hérité en 1866 du château du Perthuis [Conflans-sur-Loing, Loiret]. Très liée à l’écrivain Pierre Loti (1850-1923), elle publia dans la Revue des deux mondes : « Le Général Robert E. Lee » (juin 1873), « Impressions de voyage. Alexandrie et Le Care » (juillet 1882), « Impressions de voyage. La Haute-Egypte » (août 1882) et « En Tunisie. Souvenirs de voyage » (août 1884).


Elle décéda le 28 février 1886, en son domicile parisien, d’une tuberculose pulmonaire et fut inhumée au Père-Lachaise [division 42]. 



Les héritiers de Benjamin [V] Delessert mirent en vente sa bibliothèque, du lundi 22 au jeudi 25 janvier 1912, en 4 vacations, 9 rue Drouot, salle n° 7 : Catalogue des livres rares et précieux composant le cabinet de feu M. Benjamin Delessert (Paris, Em. Paul et fils et Guillemin, 1912, in-8, VIII-172 p., ill., portrait-front. et 15 pl. h.-t., 483 lots de livres + 86 lots d’estampes [numéros 484-569] + 3 lots de lettres et herbier de J.-J. Rousseau = 572 lots).

Théologie [33 lots = 6,83 %], Jurisprudence [1 lot = 0,20 %], Sciences et Arts [35 lots = 7,24 %], Livres à figures [137 lots = 28,36 %], Belles-Lettres [221 lots = 45,75 %], Histoire [56 lots = 11,59 %]. 87,20 % [75 lots] des estampes sont de Marc-Antoine Raimondi (v. 1480-v. 1534) et ses deux principaux élèves, Augustin de Venise et Marc de Ravenne.

La vente produisit au total 245.900 francs.



9. Les Conférences des Pères, recueillies par S. Jean Cassian, hermite, autheur fort ancien et excellent, mises en françois par Jean de Lavardin, abbé de l’Estoille. A Paris, chez Guill. Chaudière, 1589, in-8, mar. vert, riches comp. de feuillage sur le dos, aux angles et au centre des plats, tr. dor. (Rel. anc.). Très bel exemplaire réglé, recouvert d’une belle reliure de la fin du seizième siècle. A appartenu au chancelier Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain, dont la signature autographe figure au bas du titre et il provient en dernier lieu de la bibliothèque de J.-J. De Bure. 650 fr.



14. La Dévotion réconciliée avec l’esprit (par Lefranc de Pompignan). Troisième édition. Montauban, Teulières, et Paris, Chaubert, 1755, in-12, mar. r. dos orné et fleurdelisé, large dent. sur les plats, doublé et gardes de moire bleue, tr. dor. (Rel. anc.). Bel exemplaire aux armes de la Reine Marie Leczinska, femme de Louis XV. 980 fr.

43. Les Essais de Michel, seigneur de Montaigne. Nouvelle édition, faite sur les plus anciennes et les plus correctes ; augmentées de quelques lettres de l’auteur […] avec de courtes remarques et de nouveaux indices […] par Pierre Coste. Londres, J. Tonson et J. Watts, 1724, 3 vol. – Supplément aus Essais de Michel, seigneur de Montagne [sic], contenant la Vie de Montagne, par M. le Président Bouhier, le Caractère et comparaison d’Epictète et de Montagne, par Mr. Pascal et autres pièces […] Londres, Guill. Darres et Jean Brindley, 1740, 1 vol. – Ens. 4 vol. in-4, portrait gr. par Chereau le Jeune d’après Genest, mar. r. dos orné à petits fers, fil. dent. int. tr. dor. (Padeloup). Ex. réglé provenant de la bibliothèque de J.-J. De Bure. 3.001 fr.



59. Témoignage de temps, ou Enseignemens et enhortemens [sic] pour l’Institution d’un Prince ; composé par feu maistre Guillaume Budé. A Lyon, par Guillaume Gazeau, Imp. à Lyon par Denys de Harsy, 1547, in-8, mar. r. dos et angles des plats ornés, fil. dent. int. tr. dor. (Boyet). Au centre des plats, marque rarissime, sinon unique, dit Guigard, qui la cite d’après le baron Roger de Portalis, attribuée à Madame de Maintenon. 1.190 fr.



62. Charles IX. La Chasse royale. Paris, 1625, pet. in-8, mar. r. fil. à fr., dent. int. tr. dor. (Niedrée). 730 fr.



70. Meditationes Johannis de Turrecremata. Rome, 1473, in-fol. goth. de 30 f. sans chiffres, réclames ni signatures, fig. sur bois, mar. noir, fil. et encadrement à froid, dent. int. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Premier ouvrage avec illustrations publié en Italie. 9.400 fr.



71. La Comedia di Dante Alighieri. Impresso in Firenze, per Nicholo di Lorenzo della Magna, a di XXX dagosto M.CCCC.LXXXI, gr. in-fol., 366 f., car. ronds, fig., ais de bois couverts de v. noir estampé, fermoirs en cuivre (Rel. de l’époque). 2.000 fr.



72. Ulrich Molitor. De Laniis et Phitonicis. 1489, in-4 goth., 22 f. n. ch. à 34 lignes par page, fig. sur bois, mar. bleu jans. dent. int. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Rarissime, 7 gravures sur bois qui mettent en scène des pythonisses, des sorcières, des loups-garous, etc. 750 fr.



73. Der Schatzbehalter. Nuremberg, 1491, in-fol. goth. à 2 col., 352 f., fig. sur bois, mar. r. jans. dent. int. tr. dor. (Hardy). Traité mystique très rare, 93 grav. sur bois pleine page par Michel Wolgemuth, maître d’Albert Dürer. 2.610 fr.



75. Passio Sancti Meynhardi. Bâle, Michel Furter, 1496, in-4 goth., 14 f. n. ch. à 38 lignes par page, 21 fig. sur bois, mar. vert dos orné, fil. dent. int. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 700 fr.



76. Jacobi Philippi Bergomensis. De plurimis claris mulieribus opus. Ferrare, 1497, in-fol. goth., fig. sur bois, mar. bleu dos orné, grand milieu de feuillage, dent. int. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Un des premiers livres avec portraits. 1.600 fr.



84. Figuræ passionis Domini Nostri Jesu Christi ab Alberto Durer effigiata. S. l. n. d. [Nuremberg, 1510], in-4, fig., mar. vert, fil. et comp. à la Du Seuil à froid, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Suite rare et précieuse connue sous le nom de Petite Passion, de 36 planches portant le monogramme d’Albert Dürer et quelques-unes la date de 1510. 4.650 fr.



85. Abbas Joachim magnus propheta. Venise, 1516. (A la fin :) Impressum Venetiis per Laçaz de Soardis, 1516, die 5 aprilis, in-4 goth. de 76 f. ch. à 2 col. nombr. fig. gr. sur bois, mar. bleu, dos orné, fil. encadrement et riches comp. au pointillé, dent. int. tr. dor. (Niedrée). Plusieurs bois sont signés de la lettre M, qui seraient dûs à Mantegna.



88. Prognosticatio Johannis Liechtenbergers. Cologne, 1526, in-4, 60 f. non ch., fig. sur bois, mar. brun, dos orné, fil. et comp. à la Du Seuil dor. et à froid, dent. int. tr. dor. (Capé). 45 fig. sur bois, y compris celle du titre donnant le portrait de l’auteur. De la bibliothèque de Colbert. 520 fr.



91. Le Rommant de la roze. Paris, Galliot du Pré, 1531, in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. bleu à long grain, dos orné, fil. et dent. dor. et à froid sur les plats, dent. int. tr. dor. (Simier). Ex. réglé. 1.300 fr.



93. L’Amour de Cupido et de Psiché. Paris, Jeanne de Marnef, 1546. – Le Plaint du passionnaire infortuné : avecq’aucuns épigrammes de divers propoz d’amour. Le tout par le Petit Angevin (Jean Maugin). Paris, Jeanne de Marnef, vefve de feu Denis Janot, 1546. Ens. 2 parties en 1 vol. in-16, 48 f. non ch., titres encadrés et fig. sur bois, mar. bleu dos orné, fil. et comp. à la Du Seuil, doublé de mar. r. large dent. et fil. tr. dor. (Koehler). 32 vignettes gravées sur bois représentant les célèbres peintures de Michel Cocxie, l’élève de Raphaël, d’après des gravures exécutées en Italie par des élèves de Marc-Antoine. 1.360 fr.

100. Pourtraits divers. Lyon, Jean de Tournes, 1557, pet. in-8, mar. bleu à long grain, dos orné, fil. et comp. dor. et dent. à froid, tr. dor. (Rel. anc.). Titre et 62 pl. sur bois, la plupart exécutées par le Petit Bernard ; la 9e porte la croix de Lorraine. De la bibliothèque de J.-J. De Bure. 505 fr.



133. Labyrinte [sic] de Versailles (avec l’explication en prose par Ch. Perrault et trente-neuf fables en vers par Benserade). A Paris, de l’Imprimerie royale, 1679, in-8, titre gr. et fig., mar. r. dos orné, fil. et comp. à la Du Seuil, tr. dor (Rel. anc.). 41 planches de Sébastien Le Clerc représentant les bosquets du Labyrinthe construit par le célèbre Le Nôtre dans le parc de Versailles, de 1667 à 1674. Aux armes et au chiffre de Louis XIV. Provient de la bibliothèque de J.-J. De Bure. 1.290 fr.

162. Les Œuvres de Monsieur de Molière. Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée d’une nouvelle Vie de l’auteur et de la princesse d’Elide […]. Amsterdam, Wetstein et Smith, 1741, 4 vol. pet. in-12, portr. et fig., mar. vert dos orné, fil. dent. int. tr. dor (Padeloup). Première édition contenant les fig. de J. Punt, d’après les dessins de Boucher. Ex. de Châteaugiron, de Méon et de Nodier, provenant en dernier lieu de la vente Riva. 4.500 fr.



166. L’Eloge de la folie, traduit du latin d’Erasme, par M. Gueudeville. Nouvelle édition revue et corrigée sur le texte de l’édition de Basle […] avec des notes (par Meunier de Querlon). S. l. [Paris], 1751, in-4, front. et fig. d’Eisen, mar. vert dos orné, large dent. tr. dor. (Derome). Sur grand papier avec toutes les pages et les figures dans un encadrement gravé et tiré en sanguine. 6.050 fr.

170. Contes et nouvelles en vers, par M. de La Fontaine. Amsterdam [Paris], 1762, 2 vol. in-8, fig. d’Eisen, vignettes, fleurons et culs-de-lampe de Choffard, mar. vert dos orné, fil. dent. int. tr. dor. (Derome le Jeune). Edition des fermiers-généraux provenant de la bibliothèque du prince N. Camerata. Fig. du Cas de conscience et du Diable de Papefiguière découvertes, celle du Remède en premier état, le portrait en médaillon de Choffard avant les tailles. Rel. signée. 3.200 fr.

178. Fables nouvelles (par Dorat). A La Haye et se trouve à Paris, chez Delalain, 1773, 2 tomes en 1 vol. in-8, 2 front., 1 fig. en tête de chaque tome, vign. et culs-de-lampe par Marillier, v. f. dos et coins ornés, fil. tr. dor. (Rel. anc.). Grand papier de Hollande. Le nom de Delalain est recouvert par une petite cache portant celui de Monory. 4.110 fr.



188. Les Aventures de Télémaque, par Fénelon. Paris, de l’Imprimerie de Monsieur, 1785, 2 vol. gr. in-4, pap. vélin, fig. par Monnet, gr. par Tilliard, mar. r. dos orné, large dent. avec ornements champêtres aux angles, doublé et gardes de tabis vert, dent. tr. dor. (Rel. anc.). Titre-frontispice gravé par Montulay, 72 estampes de Monnet gravées par Tilliard, 24 planches gravées donnant les sommaires des chants placés dans un encadrement et ornés de culs-de-lampe. 14.100 fr.

190. Fables de La Fontaine, avec fig. gravées par MM. Simon et Coiny. A Paris, de l’Imprimerie de Didot l’Aîné, 1787, 6 tomes en 12 vol. in-18, front. et 275 fig. gr. d’après les dessins de Vivier, mar. bleu, dos orné, dent. et comp. dor. sur les plats, doublé et gardes de moire r. dent. tr. dor. (Bradel). Ex. sur papier vélin, avec les figures en double état : avec la lettre et eau-forte (sauf une, le Torrent et la Rivière, non tirée en eau-forte). Seul exemplaire connu possédant les eaux-fortes. De la bibliothèque d’A.-A. Renouard, qui a ajouté à la fin du 12e vol. le poème d’Adonis, édition Didot, 1794, avec 4 fig. de Moreau et divers prospectus, titres, portraits et fig. en épreuves de choix. 11.000 fr.



195. Les Simulachres et Historiées Faces de la mort. Lyon, 1538. – Historiarum veteris testamenti icones ad vivum expressæ. Lyon, 1539. Ens. 2 ouvrages en 1 vol. pet. in-4, fig. sur bois, mar. r. dos orné, dent. tr. dor. (Rel. anc.). De la bibliothèque du comte Léon de Laborde. 7.000 fr.



216. Anacréon vengé, ou Lettres au sujet de la nouvelle traduction d’Anacréon, annoncée dans l’Année littéraire (par David). A Criticopolis, chez Pierre l’Observateur, 1755, in-12, mar. r. dos orné, fil. doublé et gardes de tabis bleu, tr. dor. (Rel. anc.). Sur grand papier, aux armes de la marquise de Pompadour, provenant de la bibliothèque du comte de La Bédoyère. 2.420 fr.



220. Clément Marot. Œuvres. Paris, 1582, in-16, portrait sur le titre, mar. r. dos orné, fil. doublé de mar. r. dent. tr. dor. (Boyet). Ex. réglé. De la bibliothèque de Nodier. 1.000 fr.



221.Œuvres de Joachim du Bellay, Angevin. Paris, Federic Morel et Vincent Sertenas, 1558-1560. Ens. 11 ouvrages en éditions originales en 1 vol. in-4, cart. ital. mar. vert, dos orné, fil. et riches comp. d’entrelacs et de fers azurés couvrant les plats, dent. int. tr. dor. (Hardy). Exemplaire réglé.

225. Les Œuvres de P. de Ronsard gentilhomme Vandomois, rédigées en six tomes. A Paris, chez Gabriel Buon au cloz Bruneau a l’enseigne de S. Claude. 1567. 6 tomes en 5 vol. in-4 car. ronds et ital. lettres ornées, portraits gr. sur bois, mar. r. dos orné, fil. dent. int. tr. dor. (Duru, 1858). Première édition collective, rare et recherchée. 4.250 fr. 



246. La Muse historique, ou Recüeil des lettres en vers, escrites à Son Altesse Mademoiselle de Longueville, par le sieur Loret. Année mil six cens cinquante. Livre premier. A Paris, chez Charles  Chenault, 1656, in-4, portr., mar. r. dos orné à petits fers, dent. sur les plats et dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Première édition collective de la Muse historique de Loret. Portrait de Jean Loret gravé par Michel Lasne. Aux armes de Henri II de Savoie, dernier duc de Nemours, mari de Mademoiselle de Longueville. Acquis à la vente du marquis de Coislin. 1.050 fr.




247. La Lyre du jeune Apollon, ou la Muse naissante du petit de Beauchasteau (François-Mathieu Chastelet). Paris, Ch. de Sercy, 1657, 2 parties en 1 vol. in-4, front. et portr., mar. r. dos et plats entièrement couverts de riches comp. à petits fers et au pointillé, tr. dor. (Rel. anc.). Portraits du jeune auteur de 12 ans et de 26 des destinataires de ses vers. Edition originale. Exemplaire réglé. Reliure genre Le Gascon.




274. Jean Fox. Le Triomphe de Jésus-Christ. Genève, 1562, in-4, 78 f. non ch., car. ronds et musique notée, lettres ornées, mar. r. jans. dent. int. tr. dor. (Duru, 1857). On n’en connaît que 2 ou 3 exemplaires. 920 fr.




284. Poèmes dramatiques de T. Corneille. Paris, Pierre Trabouillet, 1692, 5 vol. in-12, mar. r. dos orné et fleurdelisé, fil. doublé de mar. r. dent. tr. dor. (Rel. anc.). Exemplaire réglé, aux armes de Marie-Adélaide de Savoie, duchesse de Bourgogne, provenant de la bibliothèque du marquis de Coislin. 2.050 fr.







293. Les Œuvres de Monsieur Molière. Reveuës, corrigées & augmentées. A Paris, chez Denys Thierry, Claude Barbin et chez Pierre Trabouillet, 1682, 8 vol. pet. in-8, fig. par Brissart, mar. r. dos orné, fil. dent. int. tr. dor. (Capé). Première édition complète, renfermant 6 pièces en éditions originales, ornée de figures dont plusieurs contiennent le véritable portrait de Molière dans ses principaux rôles. Un des quatre exemplaires connus (avec ceux de Soleinne, Regnault-Bretel à la BnF et Rochebilière) avec de nombreux feuillets du tome VII non cartonnés. Provient de la vente Chaudé, en 1867, y fut vendu 2.560 fr. à Delessert qui le fit relier à nouveau : il y ajouta à la fin du tome VII les pages 133 à 146, 169 à 184 et 203 à 218, cartonnées. 3.010 fr.




366. Le Bourru bienfaisant, comédie en trois actes et en prose, de Mr Goldoni. A Paris, chez la Vve Duchesne, 1771, in-8, mar. bleu dos orné, fil. doublé et gardes de papier à ramages dorés, tr. dor. (Vente). Exemplaire sur grand papier de Hollande, aux armes du chancelier de Maupeou. Reliure exécutée par Pierre Vente, le célèbre relieur des Menus plaisirs du Roi. 510 fr.




372. Segunda comedia de Celestina. Salamanque, 1536, in-4 goth., 108 f. non ch., titre encadré et vign. gr. sur bois, mar. orange, dos orné, milieu d’arabesques et de feuillage à petits fers, dent. int. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Edition fort rare, mise à l’index par l’Inquisition. 720 fr.




402. Gabriel de Minut. De la beauté. Lyon, 1587, in-8, mar. vert pomme, dos orné, dent. sur les plats, doublé et gardes de moire rose, dent. tr. dor. (Derome le Jeune). Titre doublé et déchiré en marge. Rel. signée. 510 fr.




410. Dante. L’Amoroso Convivio. Venise, 1531, in-8, mar. vert, fil. à froid, dent. int. tr. dor. (Duru). 660 fr.




469. Almanach royal, année M.DCC.LXXXVII. Paris, Debure, 1787, in-8, mar. r. dos fleurdelisé, riches comp. sur les plats, doublé et gardes de tabis bleu, tr. dor. (Rel. anc. armoriée).




480. Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. le duc de La Vallière […] par Guill. De Bure, fils aîné. Paris, Guill. De Bure, 1783, 3 vol. in-8, portr. et fig., mar. r. dos orné, dent. sur les plats, tr. dor. (Bradel-Derome). Aux armes du baron Louis-Auguste de Breteuil, célèbre diplomate et ministre de Louis XVI, avec son ex-libris, et les prix d’adjudication manuscrits.  


          

Le 27 février 1961 eut lieu l’exhumation et le transfert des ossements des 12 membres de la famille Delessert, du cimetière de la rue Lekain au cimetière de Passy [Division 6], rue du Commandant Schloesing [XVIe].



L'Imprimerie à Reims sous l'Ancien Régime *

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* Dans l'espoir de voir cesser la publication de textes erronés sur le sujet.

































In Bulletin du bibliophile, n° 2 - 2004, p. 355-370


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