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Le Cabinet précieux de Chenest

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Né à Paris le 12 février 1816, Alfred Chenest fit le tour du monde avant de se marier en 1846 avec Clémence Camion (1826-1908), fille d’un notaire, maire de Sedan et propriétaire du château de La Cassine [Vendresse, Ardennes], construit en 1571 par Louis de Gonzague, duc de Rethel et de Nevers, détruit par la foudre en 1697, reconstruit en 1850 et détruit par un incendie en 1927.


Banquier, gros propriétaire foncier, Chenest acheta en 1871 un des hôtels des maréchaux de la place de l’Étoile [aujourd’hui place Charles De Gaulle], au 3 rue de Tilsitt. Membre de la Société de l’Histoire de France, il mourut à Paris (IXe) le 3 mars 1880.



La plus grande partie de sa bibliothèque, formée d’ouvrages précieux acquis au mois de mars 1848 parmi ceux que les événements forçaient le directeur du Journal des débats, Armand Bertin (1801-1854), de vendre, a été dispersée le 4 mai 1853.

Catalogue d’une petite collection de livres rares et précieux, anciennes poésies, romans de chevalerie, chroniques, manuscrits, etc., provenant du cabinet de M. A. C. (Paris, J. Techener, 1853, in-8, [3]-[1 bl.]-III-[1 bl.]-48 p., 302 lots).

Ce catalogue est de peu d’étendue, mais il n’est guère d’articles qui ne soient d’une importance extrême, splendidement reliés : « Peu de ventes ont mérité à un degré égal, d’être suivies par les hommes distingués qui s’occupent de bibliographie ; bien des volumes qui se rencontreront là, ne passeront sans doute pas de longtemps sous les yeux. », écrit Techener en tête du catalogue. Cette collection a produit 47.149 francs, en trois vacations.  



Parmi les manuscrits :

un Missel du xiiie siècle sur vélin, in-4 orné de 46 miniatures, avec la musique notée qui accompagne les prières, dans une reliure de Bauzonnet-Trautz en velours vert, tranches dorées, avec fermoirs en vermeil formant fleurs de lys (n° 12, 950 fr.) ; un autre Missel du xive siècle sur vélin, in-4 contenant 28 petites miniatures, dans une reliure en velours cramoisi, tr. ciselée, avec fermoirs en vermeil enrichis de pierres fines (n° 13, 2.000 fr.) ; Preces piae, in-8 du xve sur peau de vélin, orné de 15 miniatures, dans une reliure en velours bleu, provenant d’une ancienne vente de Bourdillon (n° 16, 1.030 fr.) ; Legenda sanctorum, in-8 du xive sur vélin, exécuté en Italie, avec 24 miniatures, dans une reliure de Bauzonnet en maroquin citron, fil. à comp. entrelacés à la Grolier, doublé de vélin blanc, mosaïque, tr. d. ciselée (n° 36, 1.000 fr.) ; Aeneas Sylvius [Pie II], in-4 sur vélin, orné de 11 miniatures, rel. velours rouge, provenant de la vente du sénateur Grivaud la Vincelle et de celle de Didier-Petit de Lyon (n° 221, 1.475 fr.).


Parmi les imprimés :

Aristoteles opera, imprimé à Venise chez Alde Manuce, en 1495-1498, 5 t. en 6 part. in-fol., dans une riche et belle reliure de Capé en mar. vert, fil. à comp. avec l’ancre, tr. dor. (n° 38, 1.300 fr.) ;

Essais de Michel de Montaigne, édition seconde, Bordeaux, S. Millanges, 1582, in-8, mar. v., fil., dos à la Duseuil, tr.dor., Trautz-Bauzonnet (n° 43, 220 fr.) ;

L’Œuvre de Jean Berain, dessinateur du Roi, composé de 138 pièces, in-fol. dans une reliure d’époque en veau brun (n° 68, 1.075 fr.) ;

Compost et Calendrier des bergers, Paris, Guy Marchant, 1500, in-fol. goth., fig. en bois, dans une des plus belles reliures de Niedrée, mar. vert, riche dorure à filets composés, doublé de mar. rouge, riches compart., dent., tr. dor. (n° 88, 475 fr.), qui fera 1.850 fr. en 1867 à la vente Yemeniz (n° 961) ;

Phebus des deduiz de la chasse des bestes sauvaiges et des oyseaux de proye, rarissime édition in-fol. goth. imprimée à Paris par Jean Treperel à la fin du xve dans une reliure mar. r., fil., large dent., tr. dor. de Bauzonnet-Trautz (n° 94, 1.605 fr.) ;

Ficheti rethoricorum libri, in-4 imprimé vers 1471 à la Sorbonne, par Gering, Crantz et Friburger (n° 100, 530 fr.) ;

Virgilius, Venise, Alde, 1528, in-8, mar. br., fil., reliure à comp. à la Grolier, tr. dor., de Capé (n° 102, 335 fr.) ;

Lespinette du jeune prince conquérant le royaulme de bonne renommée, impr. à Paris pour Vérard en 1508, in-fol., goth., mar. cit., comp., fil., tr.d., reliure en mosaïque de Niedrée qui a figuré à l’exposition de 1844 (n° 121, 585 fr.) ;

Le Romant de la rose, édité par Galliot du Pré en 1529, in-8, fig. sur bois, mar. v., fil. à riches comp., à petits fers, tr. d., doublé de mar. r., dent., de Thouvenin (n° 122, 385 fr.), acquis 160 fr. à la vente de la bibliothèque Saint-Mauris en 1849 (n° 630) ;

Les Œuvres de Me Alain Chartier, in-8 édité par Galliot du Pré en 1529, dans une reliure de Bauzonnet-Trautz, mar. r., fil. à comp., dorure à petits fers, doublé de mar. r., large dentelle à petits fers (n° 123, 510 fr.), acquis 551 fr. à la vente de la bibliothèque Saint-Mauris en 1849 (n° 636) ;

Saingelais, œuvres de luy, Lyon, Pierre de Tours, 1547, in-8, mar. v., à comp., tr. d., édition rarissime dans une reliure de Niedrée (n° 129, 1.258 fr.) ;

Chronique et histoire faicte et composée par révérend père en Dieu Turpin, archevesque de Reims, imprimée à Paris par Pierre Vidoue pour Regnault Chauldière en 1527, in-4 goth., mar. r., tr. d., doublé de mar. bleu, riches comp., dent., dorures à petits fers, chef-d’œuvre de reliure de Bauzonnet-Trautz (n° 166, 610 fr.) ;

Le Recueil des histoyres troyennes, Lyon, Jacques Maillet, 1494, édition in-fol. très rare, une des plus remarquables productions ornées de gravures sur bois, dans une reliure de Bauzonnet-Trautz en mar. r., fil., comp., dent., tr. d. (n° 168, 400 fr.) ;

très rare et très belle édition de Cy finist le livre des faiz de messire Bertrand du Guesclin, in-fol. goth., s.l., s.d., fig. en bois, mar. r. de Bauzonnet, fil., tr. d., doublé de mar. vert, dent. (n° 169, 800 fr.) ; rare et magnifique exemplaire in-fol. goth. à 2 col., avec fig. en bois, de Cy fine le livre intitulé le Triumphe des neuf preux, imprimé à Paris, pour Michel Le Noir, 1507, dans une reliure de Bauzonnet-Trautz, mar. gr., fil. à comp., riche dorure sur les plats (n° 171, 900 fr.) ;

fort rare in-fol. goth. à 2 col. et fig. en bois de la Très-plaisante et récréative histoire du très-preux et vaillant chevalier Perceval le Galloys, imprimé à Paris pour Jean Sainct-Denys en 1529, reliure de Bauzonnet-Trautz, mar. r., fil., tr. d., doublé de mar. bleu, fil., dent. (n° 172, 710 fr.) ;

Le Trésor de la cité des dames, in-fol. goth. superbe et rare, imprimé à Paris en 1497 pour Vérard, reliure de Bauzonnet-Trautz, mar. bleu, dent. à petits fers, tr. d. (n° 173, 1.255 fr.) ;

Hystoire de deux vrays amans, Eurial et Lucresse, s.l., s.d., in-4 goth., fig. en bois, de la plus grande rareté, mar. br., fil. à comp., mosaïque, tr. d., de Niedrée (n° 174, 680 fr.) ;

Origine delli volgari proverbi, di Aloyse Cynthio de gli Fabritii, Vinegia, Bern. et Matth. Vitali, 1527, in-fol., mar. r., fil., tr.d., de Bauzonnet, exemplaire de Libri, regardé comme le plus beau connu (n° 214, 670 fr.), payé 575 fr. à la vente Libri, en 1847 (n° 1.498) ;

Collection d’ouvrages français en vers et en prose, imprimée par ordre du comte d’Artois, Paris, Didot, 1780-1784, 64 vol. in-18, tirée à 60 ex., mar. bleu, dent., tr. d., de Bozerian, ex. vendu 712 fr. à la vente Chénier, acheté par Pixerécourt (n° 228, 480 fr.) ;

Racolta di poemetti italiani stanze, réunion dans un seul volume in-4 de petits poèmes italiens et opuscules en vers, imprimés de 1518 à 1524, la plupart à Venise par Fr. Bindoni, achetée 1.050 fr. à la vente Crozet en 1841, mar. v., fil. et comp., large dent., tr. d., reliure de Bauzonnet dans le goût italien du xvie (n° 230 bis, 1.360 fr.) ;

Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, Paris, Lequien, 1822, 7 vol. in-8, mar. bleu, fil. comp à la Duseuil, grand papier vélin, rel. de Niedrée (n° 236, 500 fr.) ;

C. Sallustii, de conjuratione Catilinae et de bello Jugurthae, historiae, Venise, 1546, in-fol., fig. en bois, rel. ancienne en mar. br., fil., tr. d., dent., portant sur les plats « Maioli et amicorum » (n° 240, 295 fr.) ;

Rob. Gaguini compendium super Francorum gestis ab ipso recognitum et auctum, Paris, Th. Kerver, 1500, in-fol., mar. r., fil. tr. d., Bauzonnet, précieux exemplaire imprimé sur peau de vélin, la plus belle édition, la plus complète et la plus recherchée (n° 247, 651 fr.) ;

première édition d’une rareté extrême des Chroniques de France, Paris, Pasquier Bonhomme, 1476, 3 in-fol. goth., mar. r., fil., tr. d., de Purgold (n° 248, 3.605 fr.) ;



Les Vies des hommes illustres, par Plutarque, transl. de grec en français par Amyot, Decade, par Allègre, Paris, Vascosan, 1567-1574, ensemble 14 vol. in-8, rel. Derome, mar. r., fil., tr. d., superbe exemplaire de Nodier (n° 292, 521 fr.), vendu 17.500 £ le 4 juin 2008, par Christie’s, à Londres.                                      



Auguste Veinant, le bibliographe tabarinesque

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Après quelques jours de maladie, Alexandre-Auguste Veinant est mort à Paris le 4 mars 1859. Né, au même lieu, le 30 juillet 1799, il n’avait donc que 59 ans.

Il s’était pris de bonne heure de passion pour les livres. N’ayant pour toute fortune qu’un traitement fort modeste de surnuméraire au ministère des finances dans la division des contributions indirectes, il était cependant parvenu, à force d’économies, d’activité, de patience et d’habileté, à se rendre possesseur de volumes curieux ou introuvables qui se payèrent plus tard au poids de l’or.

Tous les jours, il assistait à l’ouverture des boîtes des bouquinistes. Il lisait tous les catalogues, connaissait tous les libraires et tous les amateurs. Les hasards des ventes publiques, les échanges, ont beaucoup contribué à enrichir sa collection.

Une tache de rouille dans le papier, un pli ou un feuillet mal plié, ou encore un fer mal poussé sur une reliure, faisaient son désespoir. Il lavait et réparait les livres avec beaucoup d’habileté, avant de les remettre entre les mains de ses relieurs préférés, Trautz-Bauzonnet, Duru et Hardy :


« Il fallait voir avec quel soin il enlevait la vieille reliure, lavait et encollait les feuillets, les réglait à l’encre rouge, une encre d’un beau rouge pâle dont il avait le secret. Il fallait voir avec quel soin il pliait et ajustait les feuillets, avec quel goût il indiquait aux relieurs les plus habiles la couleur du maroquin et des gardes, et les ornements qui convenaient à chaque volume ! Il fallait voir avec quelle sollicitude il surveillait les opérations lentes, délicates et nombreuses de la reliure ! Et les relieurs l’écoutaient avec déférence, suivaient ses instructions avec docilité : car ils le savaient infaillible. Aussi l’on peut affirmer que tout volume qu’il a fait relier est un volume parfait. »





Veinant était un homme grand, sec, un peu voûté. Son portrait a été gravé, en charge, pour le titre de la Bibliotheca scatologica, dont il est l’un des auteurs : c’est le personnage à droite, courbé en deux et appuyé sur une béquille. En réalité, il n’était pas boiteux, pas plus que n’était bossu le personnage – le libraire Pierre Jannet (1820-1870) – qui figure à gauche dans la même vignette. Il dépensait beaucoup plus d’argent pour la toilette de ses livres que pour la sienne. Lorsque l’alpaga cessa d’être à la mode, vers 1830, il fit l’acquisition d’une redingote d’alpaga très ample et pourvue de poches in-folio, qui devint sa compagne inséparable.


Veinant a fait réimprimer, soit seul, soit avec la collaboration de Giraud de Savines, 31 pièces rares, tirées à un très petit nombre d’exemplaires. Pour donner à ces réimpressions fac-similé toute l’exactitude possible, il poussait le soin jusqu’à collationner les épreuves deux fois et lettre à lettre, une fois de gauche à droite et une autre fois de droite à gauche.

Lorsque parut le tome 4e du Catalogue des livres imprimés, manuscrits, estampes, dessins et cartes à jouer composant la bibliothèque de M. C. Leber (Paris, P. Jannet, 1852), il se chargea de faire la table des quatre volumes. Il donna, sous l’anagramme de son nom, Gustave Aventin, une édition des Œuvres complètes de Tabarin (Paris, P. Jannet, 1858, 2 vol. in-16), qui fait partie de la « Bibliothèque elzévirienne » publiée par Pierre Jannet. Très peu de temps après, Georges d’Harmonville publiait lui-même Les Œuvres de Tabarin (Paris, Adolphe Delahays, 1858, in-8), de la « Bibliothèque gauloise », édition qui fut le sujet d’un article inséré dans le numéro d’octobre 1858 du Bulletin du bibliophile, et auquel Paul Lacroix et d’Harmonville ont répondu dans le numéro de mars 1859. La mort qui a surpris Veinant ce même mois ne lui a pas permis d’en prendre connaissance et nous a privé d’une polémique instructive.


Veinant rédigea un Catalogue des livres rares et précieux du cabinet de M. *** (Paris, E. Tross, 1855, in-8, VI-[2]-118 p., 1.093 lots), pour une vente qui eut lieu le 20 décembre 1855 :

Heures latines manuscrites (n° 32, 400 fr.) ; Heures manuscrites, avec miniatures (n° 33, 800 fr.) ; Heures imprimées par Simon Vostre, 1497 (n° 34, 455 fr.) ; Confessions de saint Augustin, 1702 (n° 42, 130 fr.) ; Les Simulachres de la mort, de Holbein (n° 309, 350 fr.) ; Phébus, des Déduits de la chasse, in-fol., exemplaire très inférieur à celui de Chenest qui fut acheté par le comte de Montesson (n° 331, 595 fr.) ; Vénerie de J. du Fouilloux, 1561 (n° 339, 250 fr.) ; Recueil d’anciennes poésies françoises, manuscrit avec miniatures (n° 450, 275 fr.) ; Le Séjour d’honneur, Antoine Vérard, 1519 (n° 455, 395 fr.) ; Heures de Notre-Dame, de P. Gringoire (n° 459, 240 fr.) ; Les Notables enseignements, de P. Gringoire (n° 460, 240 fr.) ; Œuvres de Clément Marot, 1538 (n° 466, 248 fr.) ; Œuvres de Clément Marot, Dolet, 1543 (n° 468, 300 fr.) ; Débat et procès de nature (n° 471, 405 fr.) ; Chansons de Christofle de Bordeaux (n° 613, 315 fr.) ; Chansons historiques de 1590 (n° 614, 250 fr.).    


Après sa mort, on trouva, dans le Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. Auguste Veinant (Paris, L. Potier, 1860, in-8, XV-[1 bl.]-187-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 1.081 lots), des livres rares et curieux dont Veinant ne put se décider à se séparer en 1855 et ceux qu’il s’était procurés depuis. Cette bibliothèque, vendue en sept vacations du 30 janvier au 6 février 1860, n’a peut-être pas rempli deux armoires et a produit néanmoins 47.000 francs, démontrant ainsi qu’il était toujours possible, avec de l’intelligence et du goût, malgré les contraintes financières, de former des collections et de capitaliser son plaisir. Parmi les adjudications les plus importantes :




3.Cinquante deux pseaumes de David, traduits par Clément Marot, Paris, Est. Groulleau, 1550, in-8, mar. grenat, jans. tr. d. (Duru), 115 fr. à Coccox, libraire, pour Ratier.

78. Recueil de pièces satiriques (12) contre le pape et l’Eglise romaine, 1562-1563, in-8, mar. r. fil. tr. dor. (rel. anc.), de la bibliothèque de Richard Heber (p. 5391), 455 fr. pour Solar.

131.La Civile Honesteté pour les enfans, Paris, Rich. Breton, 1560, in-8, mar. bl. fil. tr.d. (Trautz-Bauzonnet), imprimée en caractères cursifs français, lesquels, d’après le titre de l’ouvrage, ont été ensuite nommés vulgairement « caractères de civilité », 320 fr. pour le baron Pichon.

139.Les Quatre Livres du courtisan du conte Baltazar de Castillon, s.l., s.d. [Lyon, Denis de Harsy, v. 1537], in-8, réglé, mar. r., tr.dor. (Trautz-Bauzonnet), 122 fr. pour le comte de Lurde.

204.Des habits, mœurs, cérémonies, façons de faire anciennes et modernes du monde, Liège, Jean de Glen, 1601, in-8, 200 fig. sur bois, réglé, mar. bl. fil. tr. d. (Trautz-Bauzonnet), 120 fr. pour Villeneuve.

205.Maniement d’armes, d’arquebuses, mousquetz et piques, par Jacques de Gheyn, Francfurt am Main,  Wilhem Hoffman, 1609, in-4, 3 part., texte allemand et français, mar. r. tr. d., rel. jans. (Hardy), 102 fr. pour Béhague.

230.La Vénerie de Jaques du Fouilloux, Poitiers, de Marnefz et Bouchetz frères, 1568, réimprimée à Beyreuth par Fred. Elie Dietzel, 1754, in-4, réglé, fig. sur cuivre, mar. rouge, jans. tr. d. (Duru), tirée à petit nombre aux frais de l’Electeur de Bavière, 361 fr. à Fresnes.

234.Le Plaisir des champs, par Cl. Gauchet, Paris, Nic. Chesneau, 1583, in-4, mar. vert, fil. tr. dor. (Thompson), 146 fr. pour le baron de Grandjean.

239.Le Parfait Chasseur, par de Sélincourt père, Paris, Gabriel Quinet, 1683, in-12, mar. vert, fil. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 80 fr. pour le baron de Grandjean.

260.Nouvelle invention de chasse pour prendre et oster les loups de la France, par Louys Guau, Paris, P. Chevalier, 1613, in-8, fig. sur bois, mar. r., fil. à fr., tr. dor. (Koehler), 202 fr. pour le baron de Grandjean.

275.Le Miroir de Fauconnerie, par Pierre Harmont, Paris, Claude Percheron, 1620, in-8, réglé, fig. mar. rouge, fil. tr. dor., rel. jans. (Duru), 171 fr. pour Techener.

353 bis.Les Œuvres maistre Guillaume Coquillart, Paris, Denys Jannot pour P. Sergent et Jehan Longis, 1534, in-16, mar. r., fil. tr. d. (Derome), exemplaire de Charles Nodier (vendu 64 fr. à sa vente), 421 fr. pour un amateur de Reims.

362.Le Livre de Facet translaté de latin en françoys, par Jacques Delahogue, imprimé à Paris par Pierre Vidoué pour Galliot du Pré, 1535, in-8, mar. puce à compart., tr.dor. (Bauzonnet), 224 fr. à Deschamps pour Solar.

363.Le Rousier des dames, par Bertrand Desmarius de Masan, s.l., s.d., fig. sur bois sur le titre, in-8, 24 f., goth., mar. r. jans., tr. d. (Duru), seul exemplaire connu, faisait partie du catalogue du baron d’Heiss en 1785 (n° 256), 255 fr. pour le comte H. de La Garde.

364. le même, publié par Veinant, réimprimé en 1852 par Crapelet, à 57 exemplaires, un des deux sur vélin, in-16, goth., br., 75 fr. pour le duc d’Aumale.

371.Dialogue du fol et du sage, Paris, Simon Calvarin, in-8, goth., fig.s.b., cart., réimpression tirée à 40 ex., un des deux ex. sur vélin, 85 fr. pour le duc d’Aumale.

374.Souhaitz du monde, s.l., s.d., in-8, goth., fig. s. b., 4 f., mar. bl. jans., tr.d. (Duru), 151 fr. pour Solar.

376. Recueil de quatre Sermons, Rouen, s.d. (xvie), in-8, mar. vert, jans., tr. dor. (Bauzonnet), 340 fr. pour Double.

379.Déploration de la mort de feu hault, puissant et noble roy François de Valois, Paris, Nicolas Buffet, 1547, in-8, goth., 8 f., mar. r. fil. tr. d. (Bauzonnet), 203 fr. pour Solar.

384.Regrets et complaintes des gosiers alterez, Paris, 1575, in-8, 8 f., fig. sur le titre, mar. bl. fil. tr. d. (Bauzonnet), 200 fr. pour Techener.

400.L’Amie de court, Paris, Gilles Corrozet, 1542, in-8, réglé, 32 f. non chiffrés, mar. r. fil. tr. d. (Bauzonnet), 107 fr. pour Techener.

413.Recueil de quelques vers amoureux (par J. Bertaut), Paris, veuve Mamert Patisson, 1602, in-8, réglé, mar. r. fil. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 190 fr. pour Double.

416.Pièces héroïques et diverses poésies de César de Notre-Dame, Tholose, veuve Jac. Colomiez, 1608, 7 part. en 1 vol. in-12, mar. bl. fil. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 99 fr. pour Solar.

462.Les Satyres du Sr Thomas de Courval, Paris, Rolet Boutonné, 1621, in-8, portrait, mar. vert, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 160 fr. pour Fresnes.

471.Le Parnasse satyrique du Sr Théophile (Viaud), Holl. Elzev., 1660, in-12, mar. r. fil. tr. d. (Bauzonnet), 128 mill. (4 p. 8 lign. ½), 190 fr. à Coccoz, pour Ratier.

472.Le Cabinet satyrique, Holl. Elzev., 1666, 2 vol. in-12, réglés, mar. rouge, fil. tr. d. (Trautz-Bauzonnet), 128 mill. (4 p. 8 lign. ½), 230 fr. à Coccoz, pour Ratier.

517.Les Triumphes excellens et magnifiques du très élégant poète Françoys Pétrarque, Lyon, Romain Morin, 1531, in-8, fig. s. bois, mar. r. tr. d. fil. (Padeloup), exemplaire du duc de La Vallière (n° 3.607 du Catal. de 1783), de Méon (n° 1.956 du Catal. de 1803) puis de Pixerécourt (n° 921 du Catal. de 1838), 352 fr. pour Léopold Double. Il passera dans la bibliothèque Lignerolles en 1863, pour 356 fr.

594.Zayde, histoire espagnole, par M. de Segrais (Mme de la Fayette), Amsterd. Abr. Wolfgank, 1661, in-8, titre gravé par Romain de Hooge, mar. citr. jans. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 95 fr. pour le marquis de Ganay.

630.Nouveaux contes à rire, 3eéd., Cologne, Roger Bontemps, 1702, in-8, front. gravé, fig. réglé, mar. bl. fil. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 132 fr. pour Ratier.

631.Nouveaux contes à rire, 20eéd., Cologne, Roger Bontemps, 1722, 2 vol. in-8, front. gravé, réglé, mar. r. jans. tr. dor. (Hardy), 112 fr. pour Béhague.

649.Voyages de Gulliver, Paris, Jacques Guérin, 1727, 2 tomes en 1 vol. in-12, fig., réglé, mar. vert, fil. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 306 fr. pour le comte d’Essertenne.

657.Joyeusetez, facécies et folastres imaginations, Paris, Techener, 1829 et années suivantes, 20 vol. in-16, cart., collection tirées à 76 ex., 295 fr. pour Techener.

668.Discours joyeux des friponniers et fripponnières, Rouen, Richard Aubert, s.d. [v. 1600], in-8, mar. bl. à comp., v. fil. tr. dorée (Bauzonnet), 155 fr. pour Giraud de Savines.

673.Le Moyen de parvenir (par Béroalde de Verville), Holl. s.d., in-12, mar. bl. fil. doublé de mar. orange, tr. dor. (Bauzonnet), 175 fr. pour Ratier.

677.Les Cent Drogues admirables du merveilleux opérateur des iles non découvertes, etc, recueil de trois facéties du xviieen 1 vol. in-8, mar. r. tr. d., rel. jans. (Duru), 159 fr. pour Solar.

678. Recueil de dix pièces rares en prose et en vers, 1613-1624, in-8, réglé, mar. r. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 129 fr. pour Solar.

679.Les Fantasies de Bruscambille, Paris [La Haye], Florentin Lambert, 1668, in-12, réglé, mar. bleu fil.tr.dor. (Trautz-Bauzonnet), 130 fr. pour Ratier.

686.Inventaire universel des œuvres de Tabarin, Paris, P. Rocollet et Ant. Estoc, 1622, titre gravé. Les Rencontres, fantaisies et coq à l’asnes facecieux du baron de Grattelard, Paris, impr. Julien Trostolle, in-12, 64 p., mar. bl. fil. doublé de mar. rouge, dent. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 350 fr. pour le comte du Tillet.

749.Les Quinze Joyes de mariage, Paris, Jannet, 1853, in-16, un des deux sur vélin, mar. r. fil. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 180 fr. pour Aumale.

760.Le Putanisme, Cologne (Holl.), 1669, in-12, 6 f. prél. et 255 p., mar. citr. fil. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), édition rare, décrite pour la première fois par Veinant dans le Bulletin du bibliophile (décembre 1858), 205 fr. pour Béhague.

819.Histoire des Albigeois, Tolose, Colomies frères, 1568 [à la fin : 1569], in-4, réglé, mar. rouge, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 201 fr. pour Potier, libraire.





839.L’Obsèque du feu roy de France Loys douziesme de ce nom, s. l., s. d. [Paris, 1514], in-8, goth., 8 f., fig. sur bois, mar. r. fil. tr. dor. (Koehler), 380 fr. pour Julien, libraire.

874. Recueil de quatorze pièces (Mazarinades), in-4, dans un portefeuille, 101 fr. pour Potier.

875. Autre recueil de Mazarinades rares ou curieuses (19 pièces, in-4), 76 fr. pour Potier.

916.Discours de la mort de très-haute et très-illustre princesse madame Marie Stouard. Version françoise d’une oraison funèbre faicte sur la mort de la royne d’Escosse. Remonstrance à madame Elizabeth royne d’Angleterre. Trois pièces rares, Lyon, 1587, in-8, mar. v. à comp. fil. tr. dor. (Koehler), 120 fr. pour le baron Pichon.

917.Martyre de la royne d’Escosse, Edimbourg, Jean Nafeild, 1588, in-8, réglé, mar. brun, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet), 153 fr. pour Villeneuve.

923.Livre de lordre de trescrestien roy de France Loys xi a lonneur de monsieur saint Michel, manuscrit du xve sur vélin, 3 miniatures, in-4, tr. dor., relié en velours cramoisi (Bauzonnet), 712 fr. pour Villeneuve.


La nombreuse collection de catalogues réunis par Veinant méritait aussi une attention particulière (numéros 951-1058, p. 165-180) : bon nombre d’entre eux étaient enrichis de notes de sa main, indiquant les prix de vente, les noms des acquéreurs et la provenance des exemplaires.

    

  


          

Monsieur Millot, mystérieux elzéviriomane, victime d’une attribution désinvolte

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Après la mort de Daniel Elzevier en 1680, de plus en plus de bibliophiles recherchèrent les éditions elzéviriennes.

À propos des Elzeviers,  Adrien Baillet (1649-1706), le premier biographe de Descartes, écrivait dans ses Jugemens des sçavans sur les principaux ouvrages des auteurs (Paris, Antoine Dezallier, 1685, t. II, première partie, p. 81) :


« Il n’y a point de boutique d’où il soit sorti de plus beaux livres ny en plus grand nombre. Il faut avoüer qu’ils ont esté au dessous des Estiennes tant pour l’erudition que pour les editions Grecques & Hebraïques : mais ils ne leur ont cédé ny dans le choix des bons livres, ny dans l’intelligence de la Librairie ; & ils ont eu mesme le dessus pour l’agrément et la delicatesse des petits caracteres.

Ainsi ce n’est point sans raison qu’on les considere encore comme la Perle des Imprimeurs, non seulement d’Hollande, mais encore de toute l’Europe. » [sic]


Quelques années plus tard, l’abbé Pierre de Villiers écrivait anonymement dans ses Entretiens sur les contes de fées (Paris, Jacques Collombat, 1699, p. 263) :


« Vous sçavez combien depuis quelque tems les impressions des Elzeviers sont recherchées ; cela est venu jusqu’en Province et j’y connois un homme qui se refuse les choses les plus necessaires, pour amasser dans une Bibliotheque assez dénuée des autres Livres, tout autant de petits Elzeviers qu’il en peut trouver ; il se console de mourir de faim pour avoir le plaisir de dire, I’ai tous les Poëtes que les Elzeviers ont imprimez : j’ai dix exemplaires de chacun, & jl [sic] les ai tous avec des lettres rouges, & ils sont du bon temps. » [sic]




Le premier bibliographe elzévirien fut Jean de La Faye, qui « n’est pas un guide très sûr » : il publia un « Catalogue de toutes les Républiques, imprimées en Hollande in 24. avec des remarques sur les différentes éditions qui s’en sont faites » dans les Mémoires de littérature par M. de S *** [Albert-Henri de Sallengre] (La Haye, Henri du Sauzet, 1717, t. II, seconde partie, p. 149-162). Ce catalogue fut publié ensuite séparément, à Paris, par Panckoucke en 1842 (125 ex.) et par Potier en 1854 (200 ex., et 2 ex. sur vélin reliés en maroquin rouge par Capé et Duru). 
Le premier travail biographique sur cette famille de libraires et d’imprimeurs hollandais originaires de Louvain (Belgique), est dû au Père Jean-Félicissime Adry (1749-1818), bibliothécaire de la maison de l’Oratoire, à Paris, intitulé « Du nombre des imprimeurs sortis de la famille des Elzévirs » et publié dans le Magasin encyclopédique (Paris, août 1806, p. 313-338, et septembre 1806, p. 5-38).
Dans la troisième édition de son Manuel du libraire et de l’amateur de livres (Paris, chez l’auteur, 1820, t. IV, p. 533-570), Jacques-Charles Brunet (1780-1867) fut le premier à restituer aux imprimeurs Wolfgang ou Foppens les volumes qui portaient leurs noms. Sa « Notice de la collection des auteurs latins, français et italiens imprimés en petits formats par les Elsevier » sera définitivement constituée pour la 5eédition (Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1864, t. V, col. 1.709-1.784).
Suivit le travail bibliographique d’un amateur, Auguste-Simon-Louis Bérard (1783-1859), sous le titre Essai bibliographique sur les éditions des Elzévirs les plus précieuses et les plus recherchées, précédé d’une notice sur ces imprimeurs célèbres (Paris, F. Didot, 1822) : « d’une insignifiance absolue […]. Son livre, dépourvu de toute autorité, est comme non avenu. »
Dans sa « Théorie complète des éditions elzéviriennes », publiée dans ses Mélanges tirés d’une petite bibliothèque (Paris, Crapelet, 1829, p. 1-32), Charles Nodier (1780-1844) a utilisé une classification trop compliquée de ces éditions, en huit classes.
Willem Iman Cornelis Rammelman Elsevier (1810-1885) débrouilla définitivement l’histoire généalogique de sa famille dans Uitkomsten van een onderzoek omtrent de Elseviers (Utrecht, N. van der Monde, 1845). Une pseudo-traduction de son livre, par le plagiaire Auguste de Reume, parut sous le titre Recherches historiques, généalogiques et bibliographiques sur les Elsevier (Bruxelles, Société typographique belge, 1847), orné d’un portrait de fantaisie de Matthieu Elzevier : ce livre « n’est qu’un tissu de bévues à faire rougir un élève de sixième ».
Dans son Aperçu sur les erreurs de la bibliographie spéciale des Elzévirs et de leurs annexes (Paris, Panckoucke, 1847), Charles Motteley (1778-1850) signala diverses erreurs et omissions de Brunet. Par contre, profitant de sa réputation d’expert, Motteley ne se fit pas scrupule d’attribuer une provenance elzévirienne à des volumes qui ne la méritaient pas, dans ses catalogues de vente.
Après avoir distribué à 50 exemplaires son Analyse des matériaux les plus utiles, pour de futures annales de l’imprimerie des Elsevier (Gand, C. Anoot-Braeckman, mars 1843), Charles Pieters (1782-1863) publia des Annales de l’imprimerie elsevirienne ou Histoire de la famille des Elsevier et de ses éditions (Gand, C. Anoot-Braeckman, 1851), se contentant de tirer parti des travaux de ses devanciers : il avait acheté en 1848, à la vente de la bibliothèque de Jérôme Bignon (n° 3.246), le « Catalogue raisonné des petits Elzeviers » du Père Adry, manuscrit in-4 de 254 pages, daté de 1801, qui « n’est qu’une compilation médiocre ».
L’ouvrage définitif sur Les Elzevier. Histoire et annales typographiques (Bruxelles, G.A. Van Trigt ; Paris, A. Labitte ; La Haye, M. Nijhoff, 1880) fut l’œuvre d’Alphonse-Charles-Joseph Willems (1839-1912). Willems mentionne les travaux sur les éditions elzéviriennes d’un Monsieur Millot, qui n’a jamais rien publié, qui était établi non loin de Paris et qui n’a pas été identifié.



Millot avait réuni une importante collection qu’il livra aux enchères le 11 mai 1846, salle Silvestre. Le Catalogue de livres rares et précieux, éditions elzeviriennes ou sorties des presses de Hollande au 17e siècle, exemplaires sur peau vélin, grands ouvrages à figures, journaux et pièces historiques de la Révolution française, livres sur la science héraldique, la numismatique, l’archéologie, etc. ; reliures de Derome, Padeloup, Thouvenin, Muller, Purgold, Bauzonnet, Lebrun, Niédrée [sic], etc. ; provenant du cabinet de M. M***. (Paris, L’Alliance des arts et Techener, 1846, in-8, [4]-iv-344 p., 1.523 lots), rédigé par Paul Lacroix, contient de nombreuses notes renfermant d’utiles renseignements bibliographiques. Parmi les articles intéressants, outre un certain nombre d’ouvrages sur vélin et d’autres venant de collections célèbres (Thou, Hoym, Nodier, etc.) :


39. De Imitatione, Amsterd., Elzevir, 1679, in-12, 210 fr. (payé 100 fr. à la vente Pixerécourt).

244.Le Cuisinier françois, par La Varenne, La Haye, 1656, cuir de Russie Bauzonnet, 87 fr.

377.Virgilius, Leyde, Elzevir, 1636, mar. bl. Bozérian, 156 fr.

387.Odes d’Horace en vers burlesques (par H. de Picou), Leyde, Jean Sambix, 1653, in-12, vélin blanc, non rogné, très rare, 155 fr.

419.L’Eschole de Salerne, en vers burlesques, 1651, très rare, relié avec L’Ovide en belle humeur de d’Assoucy, mar. vert Biziaux, 261 fr.

819.De viris illustribus ordinis Praedicatorum, par Leandre Albert, Bononiae, 1517, in-fol., exemplaire de Grolier avec ses deux devises, 401 fr. (acheté 302 fr. à la vente Audenet). Passera dans la bibliothèque de Yemeniz (n° 2.947).

« Voilà un livre dont malgré sa rareté on n’eût peut-être pas tiré 10 fr., et qui, grâce à une ancienne reliure en v. f. à compartim. avec le nom et la devise de J. Grolier, le prince des bibliophiles passés, présents et futurs, a été payé 303 fr. à la vente faite à Paris en 1841, sous les initiales W. et AA. [Wurtz et A. Audenet] » [J.-Ch. Brunet. Manuel du libraire et de l’amateur de livres. Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1860,   t. I, col. 141]

947.Histoire du roy Henry le Grand (Henri IV), par Perefixe, Amsterdam, Elzevir, 1661, mar. vert Derome, 79 fr.

1.070.Journal des débats (et de LaCorrespondance) de la Société des amis de la Constitution séante aux Jacobins, 5 vol. (871 numéros), exemplaire complet d’un journal rarissime, 600 fr.

1.077.Le Premier Journal de la Convention ou le Point du jour, 3 vol. in-4 (382 numéros), très rare, 445 fr.

1.082.Journal de la Montagne, 4 vol. in-4 (526 numéros), excessivement rare, 290 fr.




D’autres ouvrages, dont Le Pastissier françois (Amsterdam, Louys et Daniel Elzevier, 1655), furent vendus hors catalogue.

Après le décès de Millot, une seconde vente eut lieu à la maison Silvestre, en huit vacations, du 17 au 25 juin 1861. Le Catalogue de livres rares et curieux parmi lesquels on remarque une jolie collection d’éditions elzéviriennes reliées par Du Seuil, Padeloup, Derome, Courteval, Ducastin, Vogel, Bozérian, Thouvenin, Muller, Simier, Héring, Koehler, Bauzonnet, Duru, etc. ayant appartenu à M. Millot (Paris, François, 1861, in-8, VIII-204 p.,  1.463 lots) avait été rédigé par le libraire Honoré-Pierre François.



Le catalogue présente, parmi des raretés elzéviriennes précieuses, l’Illustre Théâtre de Pierre Corneille, volume dont on ne connaissait que deux exemplaires, celui de Pixerécourt, adjugé 228 fr. à sa vente en 1839 et revendu 245 fr. à la vente Buvignier en 1849, et celui de Pieters, de Gand. Et aussi une collection presque complète des pièces de Pierre et Thomas Corneille, imprimées isolément par les Elzeviers et par Abraham Wolfgang, ainsi que diverses éditions de Molière publiées à Amsterdam, avec le nom de Jacques le Jeune, et qu’on joint aux collections elzéviriennes.

Ce catalogue contenait surtout, sous le n° 1.456, des « Manuscrits de M *** (Millot), concernant les éditions elséviriennes ou celles qui s’annexent à leurs collections ; environ 20 cahiers in-fol. » qui furent acquis, mis en ordre et complétés par Gustave Brunet (1805-1896) dans les Recherches sur diverses éditions elzéviriennes extraites des papiers de M. Millot (Paris, Aubry, 1866, in-12, 250 ex. sur papier vergé et 7 ex. sur papier de Chine).

« A la différence de ses devanciers, Millot avait compris qu’une étude minutieuse et comparative du matériel et des procédés typographiques pouvait seule donner la solution des problèmes que soulèvent les productions des presses hollandaises et belges au xviie siècle. Malheureusement Millot n’a fait l’application de sa méthode qu’à une centaine d’articles. Ses notes, rangées par ordre alphabétique, s’arrêtent brusquement au milieu de la lettre C (art. Commines) [En tout 114 p. Le reste du volume est occupé par des notes bibliographiques d’origines diverses et par une liste des prix d’adjudication, œuvre de l’éditeur], soit que l’auteur n’ait pas poussé plus loin son travail, soit que l’éditeur n’ait pas jugé à propos d’en donner la suite. Millot soumet chaque volume à une sorte d’autopsie ; il analyse un à un les fleurons, culs-de-lampe, lettres grises, et les confronte avec des types d’une authenticité bien établie. Cette enquête lui fournit les éléments sur lesquels il assoit son jugement ; jugement qu’on peut accepter comme définitif, parce qu’il est fondé, non sur des apparences souvent décevantes, mais sur des preuves intrinsèques et indiscutables. Il est à regretter que cet intéressant travail n’ait pas été continué ; nous y aurions puisé avec confiance, et notre tâche en eût été de beaucoup abrégée : car Millot est le seul, entre tous ceux qui se sont occupés des elzeviers, dont les appréciations ne soient pas sujettes à caution. » [A. C. J. Willems. Les Elzevier. Histoire et annales typographiques. Bruxelles, G.A. Van Trigt ; Paris, A. Labitte ; La Haye, M. Nijhoff, 1880, p. XXX]


Certains bibliographes ont cru pouvoir identifier ce « Monsieur Millot » : il serait l’abbé Claude-François-Xavier Millot (Ornans, Doubs, 1726 – Paris, 1785), de l’Académie française.

Comment peut-on attribuer à l’abbé Millot, mort en 1785, une collection de journaux de la Révolution, d’éditions et de reliures du xixe siècle ? Comment peut-on penser qu’il ait pu étudier les catalogues de Cramayel (1826), Sensier (1828), Bérard (1829), Pixerécourt (1839), Nodier (1844) et Montaran (1849), qui intéressent particulièrement les elzéviriophiles ?

Nous ne nommerons pas ces « bibliographes », pour ne pas aggraver leur cas …






Adolphe Audenet et le 1er catalogue français avec reproductions de reliures

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Jean Audenet († 1835), négociant receveur de rentes, associé à Guillaume Slingerland, administrateur de la Caisse d’épargne et de prévoyance de Paris, régent de la Banque de France de 1831 à 1835, et juge au Tribunal de commerce de la Seine pendant six ans, fut maire de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) de 1816 à 1829, membre du Conseil général du département de la Seine, trésorier de la Société philanthropique et membre de la Société pour la propagation des connaissances scientifiques et industrielles. Mariés en 1792, Jean Audenet et Marie-Denise Hautot († 1837) eurent deux enfants : Adolphe et Laure.


Adolphe-Jean Audenet naquit à Paris le 3 germinal an VIII [24 mars 1800] et épousa Élisabeth-Adélaïde Dominé (1804-1892) le 27 septembre 1823. Il suivit les traces de son père, fut banquier, juge au Tribunal de commerce de la Seine, administrateur de L’Urbaine, compagnie anonyme d’assurance, et de la Compagnie [financière] des quatre canaux. Abonné à la Bibliothèque de l’École des chartes, il était membre de la Société de l’Histoire de France.


Guidé par Techener père, Audenet forma une des plus intéressantes bibliothèques de son temps. En vue de la vente de cette bibliothèque, il en publia le catalogue, Catalogue d’une précieuse collection de livres anciens et rares, la plupart en riches et élégantes reliures, provenant du cabinet de M. AA. (Paris, J. Techener, 1839, in-12, iii-130p., 3 pl., 817 lots), précisant dans sa préface :


« J’ai voulu distinguer mon catalogue, même par son apparence extérieure, des catalogues ordinaires, pour annoncer aux amateurs une de ces collections qui apparaissent rarement dans les chances des ventes publiques. Une réunion choisie de livres singuliers, précieux et rares ne s’est peut-être jamais présentée dans un cadre si étroit. […] le goût prédominant du jour pour les vieilles chroniques, pour les romans de chevalerie, pour ces délicieuses poésies des deux ou trois premiers siècles de notre littérature, qui ne se montrent que de loin en loin dans les plus riches bibliothèques, y sera servi à souhait. Je n’ai pas besoin d’ajouter que les exemplaires sont très beaux, et la plupart des reliures élégantes ou magnifiques. Il s’agit d’une collection d’amateur faite avec sollicitude, avec amour, et pour laquelle on n’a rien épargné. J’ajoute à ce catalogue trois planches de fac-simile, exécutées sur de superbes reliures du seizième siècle. »


On y remarquait surtout un grand nombre de livres de chasses, sur la langue et la poésie française, des mystères et anciennes pièces de théâtre, une collection de romans de chevalerie, d’anciennes chroniques et un choix de lettres autographes.




Ce catalogue fut le premier, en France, à donner des reproductions de reliures anciennes : reliure aux armes de Thou (n° 13), sur Precationes ex veteribus orthodoxis doctoribus (Lipsiæ, 1575, in-8, mar. bl.) ; reliure pour Grolier (n° 45), sur De viris illustribus ordinis predicatorum libri sex (Bononiæ, Hier. Plato, 1517, in-fol., v. f., fig. en bois) ; reliure ancienne en mar. à comp., tr. d. et cis. (n° 230, et non 229 comme indiqué sur la planche) sur Livret de folastrie, à Janot parisien (Paris, 1555, in-8).     


La vente, prévue du 2 au 11 avril 1839 en 9 vacations, ne semble pas avoir eu lieu, on ne sait pour quelles raisons, et fut reportée au 11 mars 1841. Entre-temps, de nombreux exemplaires, et non des moindres, furent cédés, probablement de gré à gré : exemplaires de Thou (nos 13, 23, 24, 46, 143, 581, 584, 683, 694, 710, 711), de Girardot de Préfond (nos 21, 29, 386), de François Ier (n° 22), de Henri IV (n° 71), de Longepierre (n° 151), de Hoym (n° 154), du marquis d’Aubais (n° 168), de Marie Leczinska (nos 290, 730), de Brunck (n° 332), de Saint-Ange (n° 413), de Sartine (n° 502), de Girardin de Vauvré (n° 579), de Nodier (n° 583), d’Aguesseau (n° 606), de Richelieu (n° 652), de la comtesse d’Artois (n° 680), du cardinal de Lorraine (n° 684), de Gaston d’Orléans (nos 706), de Colbert (n° 712), de Mesdames (n° 716), du Dauphin (n° 720) et de Madame de Maintenon (n° 731).    




La vente dura donc du 11 mars au 3 avril 1841, en 21 vacations. Le Catalogue d’une collection de très beaux livres, tant anciens que modernes, […] provenant de MM. W. et AA. (Paris, J. Techener, 1841, in-8, [4]-264 p., 1.863 et 100 lots) montrait l’une des plus précieuses et des plus riches bibliothèques de la capitale, composée en partie de beaux ouvrages imprimés sur peau vélin, dont La Bible de Robert Étienne, 1557, avec miniatures et ornements, ayant appartenu à Diane de Poitiers, et reliés par Derome ; la Collection de Classiques italiens, imprimée à Pise, destinée à l’empereur Napoléon ; la Collection du comte d’Artois ; de curieux manuscrits sur peau vélin, avec miniatures, dont un Office de la Vierge, avec peintures attribuées à Cluvio ; un Antiphonaire, in-fol. max., avec peintures attribuées à Lebrun ; de vieilles chroniques et romans de chevalerie très rares, comme Bertrand du Guesclin, Godefroy de Bouillon, Bayard, Perceval le Gallois, Lancelot du Lac et Tristan ; de vieux poètes français ; de grandes Collections historiques, telles que les Registres du Parlement de Paris, MSS, la Collection des Cortès d’Espagne, l’Académie des Inscriptions ; un choix de beaux autographes, dont Galilée, Marie Stuart ; de vieilles chartes, avec sceaux.   

À la collection Audenet, on avait ajouté des livres de la librairie Techener, une certaine quantité de livres sur peau de vélin réunis par le libraire Johann-Gottfried Würtz (1768-1841) et quelques ouvrages à figures appartenant à Martin Bossange (1766-1865).

Les volumes les plus précieux de la bibliothèque Audenet portaient sur les plats deux A entrelacés, accompagnés de trois étoiles, deux en chef, une en pointe ; l’écu surmonté d’un casque grillé, taré de fasce et entouré de lambrequins.

Les prix parurent élevés, mais ils furent bien inférieurs à ceux obtenus depuis par les volumes qui ont été de nouveau exposés aux enchères :

81.Histoire de la mappemonde papistique, par Frangidelphe Escorche-Messes [Théodore de Bèze] (Luce Nouvelle [Genève], Brifaud Chasse-diables [François Perrin], 1567, in-4, mar. r., fil., tr. d., rel. ancienne). Exemplaire de Girardot de Préfond (1757, n° 128 – date erronée 1577 -, 26 l. 19 s.).





171.Le Livre du monde faict par Aristote (Paris, Denis Janot, 1541, in-8, mar. v., dent., tr. d. de Thompson). Adjugé 3.200 € le 18 mars 2010 (Paris, P. Bergé).
242.Mirabilis liber (S. l. s.d., in-4, goth., mar. bl., fil., tr. d. de Muller). Passé chez Borluut de Noortdonck (1858, n° 641, 75 fr. à Pieters), dont le catalogue prétend que la reliure est de Thompson.
319.La Fauconnerie de Jean de Franchières (Paris, Abel l’Angelier, 1585, in-4, fig. en bois, mar. bl., riche dorure, tr.d.). Passé chez Yemeniz (1867, n° 1.042), dont le catalogue donne Corfmat comme relieur.
667. Le Grand Testament Villon (Paris, Pierre Caron, s.d., in-4, goth., fig. en bois, mar. cit., comp., tr. d. de Bauzonnet).



690.LeDoctrinal des bons serviteurs (S.l., s.d., in-16, goth., fig. en bois, mar.cit., riche dent. de Bauzonnet). Nodier (1844, n° 319, 145 fr.). Bruce McKittrick Rare Books (Narberth, Pennsylvanie) : à vendre 17.000 $.

695.La Voye de Paradis (Paris, Jehan Saint-Denys, s.d., in-8, goth., fig. en bois, mar. r., fil., tr. d. de Thompson). Nodier (1844, n° 338, 80 fr.).
710.Les Actes et Dernier Supplice de Nicolas Le Borgne (Gand, Josse Lambert, 1543, in-4, mar. olive, dent., tr. d., fig.). Brisart (1849, n° 349, 110 fr.), Borluut de Noortdonck (1858, n° 1.497, 355 fr.).
A fait partie de la collection du duc de La Vallière, relié en v. f. (1783, n° 3.151, 4 l. 4 s.).



727.Livre de la fontaine périlleuse (Paris, J. Ruelle, 1572, in-8, mar. r., comp ., fil., tr. d.). On lit sur l’un des plats « Ex musaeo Caroli Nodier » et sur l’autre « Ex officina Jos. Thouvenin. »  
797.Recueil des plus belles chansons de ce temps (Orléans, Eloy Gibier, 1580, in-12, mar. bl., fil., tr. d. de Bauzonnet). Exemplaire de Nodier (1844, n° 541, 90 fr.), puis du baron Pichon (1869, n° 640).
859.La Tragédie d’Euripide, nommée Hecuba (Paris, Robert Estienne, 1550, in-8, mar. bl., comp., dent., tr. d. de Thompson). Yemeniz (1867, n° 1.882).
956.La très joyeuse, plaisante et récréative histoire […] gentil seigneur Bayart (Paris, Galliot du Pré, 1527, in-4, goth., mar. r., fil., tr. d. de Koehler, 170 fr.). Aimé-Martin (1847, n° 967, 252 fr.), Yemeniz (1867, n° 3.225, 1.540 fr.).
1.037.Discours joyeux des friponniers et des friponnières (Rouen, Richard Aubert, s. d., in-8, mar. puce, large dent. de Bauzonnet). Un des deux exemplaires sur peau vélin de la réimpression de 1831. W. Martin (1869, n° 294, 130 fr.).
1.051.Le Débat du vieulx et du jeune (s. d., in-4, goth., mar. citr., tr. d.). Librairie Techener (1855, n° 2.516, 120 fr.).


1.058.Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords (Paris, A. Cotinet, 1662, in-12, mar. v., fil., tr. d. de Thompson).
1.083.La Fortune d’amours suivi du De profundis des amoureux (Paris, s. d. [v. 1530], in-8, goth., mar. bl., fil., tr. d.). Le catalogue Audenet de 1839 ajoute « chiffre orné ».
Ce recueil a appartenu successivement à Nodier (1844, n° 328, mar. violet), Yemeniz (1867, n° 1.685, mar. violet aux armes de A. Audenet, ex. de Nodier), A.-F. Didot (1878, n° 228, mar. violet aux armes de A. Audenet) et J. de Rothschild (1884, n° 567, mar. r. jans. de Trautz-Bauzonnet). En 45 ans, le maroquin est passé du bleu au violet, puis rouge.  
1.107. Les Présomptions des femmes (Rouen, A. Cousturier, s. d., in-8, mar. olive, dent., comp., non rogné). Un des deux ex. sur peau de vélin de la réimpression fac-similé de Pinard en 1830. W. Martin (1869, n° 293, 140 fr.).
1.129. Les Motz dorez de Cathon (Troyes, Jehan Lecoq, s. d. [v. 1531], in-8, fig. en bois, goth., mar. r., fil., tr. d. de Koehler). Librairie Techener (mars-avril 1841, n° 777, 16 fr.) Bibliothèque champenoise (1886, n° 179, 350 fr.).
1.265.Le Nouveau Monde et Navigations faictes par Emeric de Vespuce (Paris, Denis [sic] Janot, s. d., in-4, goth., v. br., tr. d., 270 fr.).
1.302.De viris illustribus ordinis praedicatorum libri sex (Bononiae, Hier. Plato, 1517, in-fol., fig. en bois, v. fauv., à comp., tr. d., 303 fr.). Exemplaire de Grolier. Yemeniz (1867, n° 2.947, 3.050 fr.).        
1.355.Cronicques abrégées depuis lan tresze jusques à lan vingt-sept [1513 à 1527] (S. l. [Anvers], [Vosterman] s. d. [v. 1527], in-4, goth. à 2 col., mar. br., dent., tr. d., 37 fr. 50 c.). Solar (1860, n° 2.665)
1.357.Le Traicté de la paix faicte et accordée entre nostre sainct pere le pape […] (Paris, Nicolas Basin, s. d. [v. 1530], in-8, goth., mar. r., dent.). Coste (1854, n° 1.502, 29 fr., ex. Audenet : le maroquin est devenu olive).
1.427.Epigramme des enseignes des Véniciens envoyees à sainct Denis suivi de Lepitaphe de feu tres hault prince Phelippes d’Austrice (S. l., s. d., in-4, goth., fig. en bois, mar. bl., fil. tr. d.). Monmerqué (1851, n° 727).
1.460.Légende de Domp Claude de Guyse, abbé de Cluny (S. l., 1581, in-8, mar. bl., riche bordure, tr. d. de Bauzonnet). Passera successivement dans les bibliothèques Aimé-Martin (1847, n° 991, 28 fr.), Chenest (1853, n° 258), librairie Techener (mai-juin 1853, n° 1.173, 65 fr.) et Solar (1860, n° 2.705, 36 fr.).

Audenet ne tarda pas à reconstituer une nouvelle bibliothèque. Elle n’eut pas l’importance de la première, mais se recommanda par un choix d’ouvrages d’histoire et de littérature, et surtout par leur habillement, les livres que lui-même avait fait relier étant frappés de son chiffre héraldique. Elle fut dispersée du 9 au 14 février 1874,  après la mort  d’Audenet, arrivée à Paris (IXe) le 23 octobre 1872. Parmi les Livres anciens et modernes rares et curieux composant la bibliothèque de feu M. Adolphe Audenet (Paris, Léon Techener, 1874, in-8, 182 p., 1.388 lots) :


1.Les Évangiles des dimanches et fêtes (Paris, Curmer, 1864, 2 vol. in-4, mar. rouge, tr. dor., doublé de moire, étui, 395 fr.).

7.Œuvres de Jehan Foucquet (Paris, L. Curmer, 1866, 2 vol. in-4, mar. rouge, fil. compart., ornements à la Grolier, mosaïque de mar. vert, doublé de tabis, tr. dor., 410 fr.).

26.La Vie des Saints, texte par Henry de Riancey (Paris, in-4, mar. rouge, doublé de moire, tr. dor., 142 fr.).

81.Manuel d’ornithologie, par C. J. Temminck (Paris, 1820-1840, 8 vol. in-8, d.-rel., mar. vert, 205 fr.).

104.Le Moyen Age et la Renaissance (1848-1851, 5 vol. in-4, planches, d.-rel. mar. vert, tête dor. non rogn., 380 fr.).

108.Decamps et son œuvre, par Adolphe Moreau (Paris, 1869, in-8, dos et coins de mar. rouge doré en tête, non rogné, 38 fr.).

128.Costumes civils et militaires de la monarchie française (380 planches par Hippolyte Lecomte, en 2 vol. in-4, dem.-rel., 110 fr.).

293.Œuvres de Casimir Delavigne (1846, 6 vol. in-8, figures, dem.-rel. veau bleu ; ex. orné de 18 gravures, une grande partie est ajoutée, quelques-unes sont coloriées ; on y a joint aussi une lettre autographe signée de Casimir Delavigne, 100 fr.).

505.Nouveaux contes à rire (Amsterdam, 1700, in-12, mar. rouge, fil. à comp., tr.dor. de Hardy, jolies figures à mi-page, 110 fr.).

506.Roger Bontemps, en belle humeur (Cologne, 1731, 2 tomes en 1 vol. in-12, mar. rouge, fil., tr. dor., de Capé, 80 fr.).

576.Œuvres complètes de Voltaire (Kehl, 1785-1789, 70 vol. in-8, veau jaspé, fil., 130 fr.).

640.Histoire de France, par Henri Martin (Furne, 1855-1860, 17 vol. in-8, portrait, demi-rel., mar. vert, 130 fr.).

643. Collection complète des Mémoires relatifs à l’Histoire de France avec des notices, par Petitot (Paris, 1820-1829, 131 vol. in-8, demi-rel. veau bleu et fauve, 499 fr.).

644.Collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France, par Guizot (1823-1835, 31 vol. in-8, demi-rel., veau violet, 191 fr.).

645.Collection des chroniques nationales françaises, par J. A. Buchon, 1829-1828, 47 vol. in-8, demi-rel., veau vert, 170 fr.).

669.Les Amours de François Ier, par M. de Lescure (Paris, 1865, in-12, mar. rouge, fil. tr. dor., un des 6 exemplaires imprimés sur papier de Chine ; on y a ajouté 17 portraits, 35 fr.).

793.Correspondance secrète, politique et littéraire (du 4 juin 1774 au 7 octobre 1785), rédigée par Métra et autres (Londres, 1787-1790, 18 vol. in-12, demi-rel., toile non rogn., 199 fr.).

870.Le Nain jaune ou Journal des arts, des sciences et de la littérature, par Dirat, Cauchois-le-Maire, Dufey, Babeuf fils et autres, (2 vol.). Le Nain jaune réfugié, par une société d’Anti-Éteignoirs (2 vol., Paris, 1815, et Bruxelles, 1816). Ensemble (4 vol. in-8, figures allégoriques coloriées, demi-rel. toile, 50 fr).

1.099.Œuvres de Brantôme avec des remarques, par Le Duchat (La Haye, 1740, 15 vol. in-12, portrait, mar. rouge, fil., tr. dor., 139 fr.).

1.100.L’Europe illustre, par Dreux du Radier (Paris, 1777, 6 vol. in-8, 505 portraits gravés par les soins d’Odieuvre, demi-rel. [mauvaise reliure], 230 fr.).

1.115.Revue rétrospective (Paris, 1833-1834, 3 séries en 20 vol. in-8, demi-rel., veau fauve, non rogn., 319 fr.).

1.119.La Bigarure, ou Meslange curieux (20 vol.). La Nouvelle Bigarure (16 vol., La Haye, 1749-1754). Ensemble (36 tomes en 18 vol. in-12, demi-rel. toile, non rogn., 80 fr.).

1.138.Les Fables de La Fontaine (Paris, 1755, 4 vol. in-fol., v. m., fil., édition recherchée pour les figures d’Oudry, 360 fr.).

1.384. Autographes (un vol. in-fol., relié en mar. violet, tr. dor. dans un étui. Recueil important de 54 lettres autographes, 1.000 fr.).


 


La Bataille de Borluut

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La célèbre « bataille » de Roxburghe, qui avait eu lieu à Londres le 17 juin 1812, et dont le souvenir avait été perpétué le soir même par la fondation de la première Société de bibliophiles, « The Roxburghe Club », avait été anglo-anglaise.



Le lundi 19 avril 1858, à 9 heures du matin, ce furent les bibliophiles de toute l’Europe qui eurent rendez-vous à Gand, au Kouter ou place d’Armes, à l’ancien hôtel Falligan, où siégeait depuis 1802 la Société littéraire dite « Le Club », qui existe encore aujourd’hui, domicile de feu Borluut de Noortdonck, pour la vente de son cabinet.

Le Catalogue des livres, manuscrits, dessins et estampes, formant le cabinet de feu M. Borluut de Noortdonck (Gand, Van der Meersch, 1858, 3 vol. in-8, [2]-XXI-[3]-374 p., 2.655 lots ; [4]-XIV-[2]-426 p., lots 2.656-5.527 ; [4]-XIII-[3]-364 p., 2.629 lots) avait été rédigé par Polydore-Charles Van der Meersch (1812-1868), avocat et conservateur des Archives de l’État et de la Province.

 

François-Xavier-Joseph-Ghislain Borluut, dit « de Noortdonck », était né à Gand le 12 octobre 1771, du second mariage de Pierre-Jean Borluut (1725-1782), seigneur de Noortdonck et échevin à Gand, descendant d’une des plus illustres familles de Flandre.


La bibliothèque du père, qui inculqua très tôt l’amour du livre à son fils, fut vendue après sa mort : Catalogue de livres historiques et généalogiques, délaissés par feu Monsieur Mon.r Pierre-Jean Borluut (Gand, Pierre de Goesin, s. d. [1782], in-12, 24 p., 165 et 51 lots).Son ex-libris (111 x 87 mm), aux armes des Borluut, « D’azur à 3 cerfs courants d’or », porte deux fois la devise « Groeninghe Velt », nom du champ de la bataille de Courtrai, dite « des éperons d’or », où s’était illustré un de ses ancêtres, en 1302.

Orphelin très jeune, François-Xavier Borluut fut élevé chez son tuteur, envoyé au collège à Liège et à Douai, puis fit son droit à l’Université de Louvain. C’est à Louvain qu’il fit ses premières armes, comme bibliophile. Rentré dans sa ville natale, il devint amoureux, mais fut éconduit et resta célibataire. Il s’isola dans une vie paisible et retirée, consacrant son intelligence, son temps et sa fortune considérable à sa bibliothèque et à sa collection d’estampes. Il voyagea en Allemagne et en France. Au cours de ses nombreux séjours à Paris, il noua de bonnes relations avec les frères Nicolas-Noël et Jacques-François Tilliard et les frères Jean-Jacques et Marie-Jacques Debure, libraires qui lui adressèrent tous les catalogues des ventes remarquables. Borluut n’acheta pas seulement à Paris, mais aussi en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Hollande et en Belgique. Sans jamais avoir été malade, il s’éteignit le 21 juin 1857, et la branche aînée de la famille Borluut s’éteignit avec lui.




Le cabinet de François-Xavier Borluut passait, avec raison, pour le plus beau, le plus riche et le plus précieux que jamais particulier ait formé en Belgique. Moins nombreux que les bibliothèques de Jean-François Van de Velde (Gand, 1832) et de Pierre-Philippe-Constant Lammens (Gand, 1839), moins volumineux que celle de Charles Van Hulthem (Gand, 1836-1837), qui était devenue la propriété de l’État, le cabinet de Borluut l’emportait sur ces collections par le choix des ouvrages et la beauté des exemplaires qu’il renfermait, et par leur admirable conservation et l’élégance de leur reliure. Borluut lisait tous ses livres, leur joignant de remarquables notes bibliographiques, qui furent heureusement conservées par le rédacteur des catalogues de sa vente. C’est en rédigeant le catalogue de sa collection que Borluut écrivit :

« Les livres sont l’essence des meilleurs esprits, le précis de leurs connaissances, le fruit de leurs veilles : l’étude d’une vie s’y recueillit dans peu d’heures. Ce sont des amis paisibles, instructifs, agréables, sans caprices, sans indiscrétions, sans fard, qui n’exigent rien, accordent beaucoup ; qu’on quitte et reprend, qu’on oublie dans la prospérité et retrouve dans l’infortune ; toujours prêts à nous consoler, nous distraire et nous diriger. Ils sèment dans nos cœurs des germes de sagesse, qui y fermentent doucement et se développent au besoin. »


Il se servait de trois ex-libris : celui de son père, pour ses in-folios ; un ex-libris (64 x 52 mm) gravé par le Gantois Charles Onghena, représentant, dans un jardin, devant un portail en ruines, une statue de Minerve avec, sur le piédestal, l’inscription « Ex-libris Borluut-de Noortdonck. », et, à ses pieds, un paysage, un autoportrait de Raphaël, un parchemin aux armes des Borluut, un globe et un carton à estampes ; un ex-libris (29 x 29 mm) imprimé en or sur papier lustré noir, avec la mention « Du cabinet de Mr Borluut de Noortdonck » dans un double cercle entouré d’une guirlande de lauriers, le tout enfermé dans un filet octogonal.

À la vente de la première partie des livres et manuscrits du cabinet, qui eut lieu du 19 au 27 avril en huit vacations, on n’avait jamais vu une plus brillante réunion de bibliophiles et de libraires, venus d’Angleterre, d’Allemagne, de Hollande, de Belgique et de France.
Cette dernière était représentée par Firmin-Didot, Techener, Baillieu, Giraud de Savine, Claudin, Porquet, Schlesinger, Gouin, Potier et La Villestreux, de Paris ; Leleu, Beghin, Corbel et Lefevre, de Lille ; Gilain, de Tourcoing ; Ternas, de Douai.
La vente eut lieu dans un des confortables salons de l’appartement de Borluut, au premier étage. La lutte fut vive, mais courtoise et loyale. Jamais les livres n’avaient été vendus en Belgique à des prix aussi élevés, et ceux des ventes les plus célèbres de Paris et de Londres furent dépassés de beaucoup. Entre les deux vacations, un dîner digne de Véfour, présidé par le rédacteur du catalogue, réunissait tous les jours une grande partie des amateurs présents à la vente.
Au début de la vente, la possession de vieux livres flamands fut vivement disputée à l’Angleterre par la Belgique. Un exemplaire de la première édition de la Bible en langue flamande (n° 3), imprimée à Delft, a été adjugée à W. Boone, de Londres, au prix de 145 fr., plus les 10 % habituels.

La vente de la deuxième partie des livres et manuscrits de la riche bibliothèque de Borluut eut lieu du 19 au 28 juillet, en neuf vacations. Cette vente, comme la première, attira un grand concours d’amateurs ; les beaux livres furent vivement disputés et vendus à des prix extrêmement élevés.

Les adjudications égales ou supérieures à 500 francs, au cours des ventes des deux parties des livres et manuscrits :

65.Horae beatae Mariae Virginis. [sic]
In-8. velours rouge tr.d. 

Magnifique manuscrit du xive sièclesur peau de vélin, orné de 96 miniatures au calendrier, de 19 grandes miniatures, dont 10 entourées de 4 plus petites, et de 9 miniatures en initiales à la fin, provenant de la bibliothèque des ducs de Bretagne. Le recto et le verso de toutes les pages sont ornés d’arabesques. [adjugé 630 fr. à Giraud de Savine, Paris, ami et prête-nom du Nantais Thomas Dobrée]
220. Jehan Boutillier, la somme rurale compillée par lui. (In fine :) Cy fine la somme rural compillee par Jehan Boutillier conseillier du roy à Paris. Et imprimée à Bruges par Colard Mansion lan mil cccc. Lxxix. [sic]
In-fol. goth. à 2 col. mar. bl. doublé de mar. rouge entouré d’une large et riche dent. à pet. fers dans l’intérieur. tr. d. Chef-d’œuvre de reliure de Niedrée.
Magnifique exemplaire, et certainement le plus beau et le plus splendide qui existe de cette rarissime édition. Le volume, qui se compose de 253 f. imprimés en lettres rondes, sans chiffres, signatures ni réclames, commence par la table des sommaires, précédée d’une inscription en rouge. La souscription, aussi en rouge, se trouve au recto de la seconde colonne du dernier feuillet.
Van Praet, qui a donné une description très minutieuse de cette précieuse édition (Notice sur Colard Mansion, pp. 38-40), assure qu’il n’en existe que trois exemplaires, et Brunet dit qu’on n’en connaît que quatre ou cinq. [adjugé 2.650 fr. à Techener, Paris]



245.Bonifacius, papa VIII, liber sextus decretalium. (In fine :) Presens huius sexti decretalium preclarum opus, non atramento plumali canna neque aerea, sed artificiosa quadam adinuentione imprimendi seu caracterizandi sic effigiatum, et ad eusebiam dei industrie est consummatum per Johannen Fust ciuem moguntinum et Petrum Schoiffer de Gernsheym. Anno domini M. CCCC. sexagesimo quinto [1465], die vero decima septima mensis decembris. [sic]
Gr. in-fol. 142 f., y compris un f. bl., mar. vert, fil.
Exemplaire des plus précieux, imprimé sur peau de vélin, et le seul qui soit enrichi d’une miniature, d’initiales et d’une bordure peinte en or et en couleurs (f. 6). C’est celui mentionné par Van Praet, et qui appartenait alors aux frères Debure, à la vente desquels il a été acheté en 1840. On n’en connaît que dix exemplaires. [adjugé 2.000 fr. à Didot, Paris]
299. (Jacques Legrant), le livre des bonnes mœurs. [sic]
In-4. mar. oliv. tr. d. Aux armes des ducs de Bretagne.
Manuscrit de la plus grande beauté sur peau de vélin, du xve siècle. Ce magnifique volume, composé de 161 feuillets, est orné de 51 charmantes miniatures très délicatement peintes en or et en couleurs et occupant les trois quarts des pages ; elles sont exécutées avec la plus grande finesse par un artiste habile de l’ancienne école française. Reliure du xviie siècle. [adjugé 3.700 fr. à De Buyser, marchand antiquaire à Gand]
472. Georges Cuvier, le règne animal distribué d’après son organisation, pour servir de base à l’histoire naturelle des animaux et d’instruction à l’anatomie comparée. Edition accompagnée de pl. gravées par une réunion de disciples de Cuvier. [sic]
Paris, Fortin, Masson et Cie, impr. chez Paul Renouard (1849). 17 vol. sur papier vélin et ornés d’un nombre considérable de figures coloriées, dem. rel. mar. Exemplaire de souscription. [adjugé 635 fr. au baron de Saint-Genois, bibliothécaire de l’Université de Gand]
681.L’artiste, journal hebdomadaire. [sic]
Six premières séries en 57 vol. in-4, les vol. de 1831-1856 dem. rel. dos de v. sumach rouge non rogné (Simier), le vol. de 1857 en cahiers. Magnifique exemplaire sur papier vélin satiné, orné d’un grand nombre de lettres ornées, culs-de-lampe, vignettes, gravures sur bois et sur acier, tirés sur papier de Chine. Dans cet exemplaire se trouvent les planches qui manquent dans presque tous les exemplaires, savoir : les Moissonneurs, t. 6, p. 48 ; le jeune Clifford, t. 8, p. 284 ; l’Italie, t. 4, p. 188 ; une planche gravée sur pierre par Gigoux, t. 1, p. 189. Ces planches ont été brisées pendant le tirage, et n’ont été tirées les unes qu’à 50, les autres qu’à 100 exemplaires seulement. [adjugé 680 fr. au baron de Vinck, Bruxelles]

694. Du Sommerard, les arts au moyen-age, en ce qui concerne principalement le palais romain de Paris, l’hôtel de Cluny, issu de ses ruines et les objets d’art de la collection classés dans cet hôtel. [sic]
Paris, Techener, 1837 et années suiv. 5 vol. gr. in-8. dem. rel., un atlas et un album, reliés en 6 vol. gr. in-fol. dem. rel. dos de v. vert.
Ouvrage splendide, contenant les principaux types dans les diverses branches de l’art au Moyen Age, exécutés d’après les dessins des principaux artistes français. Exemplaire magnifique, dont les planches sont soigneusement coloriées, et un grand nombre richement rehaussées d’or. [adjugé 1.350 fr. à Van Baalen, Rotterdam]
757.Die Sammlung alt-nieder und oberdeutscher Gemälde der Brüder S.-M. Boisserée und J. Betram, lithographirst von J.-N. Strixner. [sic]

Stuttgart und Munich, 1821 et ann. suiv. gr. in-fol. en cahiers.

Ce bel ouvrage, renfermant la reproduction des plus beaux tableaux de l’ancienne école de peinture allemande et flamande que possède la galerie royale de Munich, a paru en 40 livraisons et a coûté 1.600 fr. aux souscripteurs. [adjugé 515 fr. à Onghena, Gand] 
764.Musée français, ou collection complète des tableaux, statues et bas-reliefs qui composent la collection nationale, avec l’explication des sujets, et des discours sur la peinture, la sculpture et la gravure, (par S.-C. Croze Magnan, Visconti et Eméric David), publié par Robillard Péronville et Pierre Laurent. [sic]
Paris, 1803-1811. 4 vol. in-fol. max., dem. rel. dos et coins de mar. vert.
Magnifique exemplaire de l’édition originale, dont toutes les planches sont avant la lettre et en épreuves de choix ; de tels exemplaires ont coûté par souscription 7.880 fr. Celui-ci, qui provient de la vente du comte de La Bédoyère (n° 257), a été adjugé au prix de 2.560 fr. ; c’est le même qui est mentionné par Brunet.
765.Le Musée royal, publié par Henri Laurent, ou recueil de gravures d’après les plus beauxtableaux, statues et bas-reliefs de la collection royale, avec description des sujets, notices littéraires et discours sur les arts, (par Visconti, Guizot et le comte de Clarac.) [sic]
Paris, 1816-22. 2 vol. in-fol. max., dem. rel. dos et coins de mar. vert du Levant.
Magnifique et précieux exemplaire dont toutes les planches sont avant la lettre. L’exemplaire avec les planches avant la lettre avait coûté 3.840 fr. aux souscripteurs.
[764 et 765 adjugés 3.200 fr. à Techener, Paris]
769. Gavard, galeries historiques de Versailles, avec une histoire de France servant de texte explicatif aux peintures et sculptures du musée de Versailles. [sic]
Paris, 1837 et années suiv., 13 vol. gr. in-fol. dem. rel. dos et coins de mar. vert du Levant, tête d.
Exemplaire de toute beauté, en papier vélin demi-colombier, avec les planches sur papier de Chine, et le texte orné de vignettes, culs-de-lampe et ornements gravés sur bois. Cette importante collection a paru en 300 livraisons, au prix de 5 fr. chacune.
770. Gavard, galeries historiques de Versailles : histoire de France servant de texte explicatif aux tableaux des galeries de Versailles. [sic]
Paris, Gavard, 1838-41, 4 vol. gr. in-4. cart., non rogn.

[769 et 770 adjugés 800 fr. au baron de Saint-Genois, bibliothécaire de l’Université de Gand]
1.136. (Joannes Balbus de Janua) summa que vocatur catholicon, edita a fratre Johanne de Janua, ordinis fratrum predicatorum, etc. (souscription) : Hic liber egregius catholicon, dominice incarnacionis annis M. CCCC. LX, alma in urbe maguntina nacionis inclite germanice … impressus atque confectus est. [sic]
Gr. in-fol. rel. en 2 vol. goth. de 373 f. à 2 col. de 66 lignes, mar. bl. richement d. sur pl. tr. d. dans un étui.
Magnifique exemplaire, et certainement un des plus beaux qui existe de cette édition précieuse, attribuée par les uns à Gutenberg, par d’autres à Henri Bechtermuntze. Il est orné d’un grand nombre de lettres tourneures et de bordures élégamment peintes en différentes couleurs et rehaussées d’or. Il provient de la vente de la riche bibliothèque de Lammens (Gand, 1839, t. I, n° 24), où Borluut l’a acheté au prix de 710 fr., non compris les frais. Depuis, il a été recouvert d’une belle reliure de maroquin bleu du Levant. [adjugé 1.150 fr. à Didot, Paris]
1.476. (Christienne de Pisan), les cent hystoires de Troye. Lépistre de Othea, déesse de prudence, enuoyée àlesprit cheualereux Hector de Troy ; avec cent hystoires Nouuellement imprimées à Paris par Philippe le Noir, libraire et relieur juré en luniversité de Paris lan mil cinq cens vingt et deux, le dernier jour de nouembre. [sic]
Gr. in-4 goth. de 52 f. non chiffrés à 2 et 3 col. avec fig. en bois, mar. vert, fil. tr. d. (Derome).
Volume très rare, bien complet et d’une parfaite conservation. Provient de la vente du baron Taylor (n° 1.086). [adjugé 500 fr. à Techener, Paris]
1.493. (P. Gringoire), les fantaisies de la mere sote. On le vend a lelephant sur le pont nostre dame à paris (vers 1516). [sic]
In-4, 110 f., fig. sur bois, col. mar.vert, fil. à comp., tr. d. (Thompson).Magnifique exemplaire relié par Thompson à l’imitation des plus belles reliures de Duseuil. Provient de la bibliothèque de Richard Heber (avril 1836, 10 liv. 10 sh. = 262 fr. 50 c., alors non relié). [adjugé 500 fr. à W. Boone, Londres]
1.840. Recueil de mystères : Le mistère de la Conception, Natiuité, Mariage et Annonciation de la benoiste Vierge Marie. Avec la natiuité de Jesuchrist en son enfance. Contenant plusieurs belles matières : dont les noms sont en la table de ce présent livre xxii, 1540. [sic]
In-4, mar. rouge ancien, fil. tr. d. (Padeloup). Provient de la vente Giraud (Paris, 1855, n° 1.582). [adjugé 750 fr. à W. Boone, Londres]
2.063-2.098. Trente-six mystères et moralités imprimés à Florence au xvie siècle. [adjugés 750 fr. à W. Boone, Londres]
2.169.La genealogie auecques les gestes et nobles faitz darmes du trespreux et renomme prince Godeffroy de Boulion et de ses cheualereux freres Baudouin et Eustace : yssus et descendus de la tresnoble et illustre lignee du vertueux cheualier au Cyne. [sic]
Paris, Michel le Noir, 1511. In-fol. goth. à 2 col. fig. en bois, mar. rouge du Levant, richem. d. s. tr. et pl. (Bauzonnet).
Exemplaire magnifique, parfaitement conservé, de ce livre précieux, compté au nombre des plus rares et des plus recherchés de la classe des anciens romans de chevalerie. Cet exemplaire, relié au chiffre d’Audenet, est celui mentionné par Brunet, et qui a été vendu à Paris en 1841 au prix de 343 fr. (n° 938). [adjugé 1.000 fr. à Quaritch, Londres]
2.798.Des saintes peregrinations de Jerusalem et des lieux prochains, du mont Synai et la glorieuse Caterine (tiré du latin de Bernard de Breydenbach, par frère Nicole le Huen). [sic]
Lyon, Michelet Topie de Pymont et Jacques Herembeck, 1488. In-fol. goth. fig. en bois, mar. puce, fil. tr. d. rich. d. à l’intér. Reliure anglaise.
Magnifique exemplaire de cette édition extraordinairement rare provenant de la vente du prince Essling (Paris, 1847, n° 364, 601 fr.). Renferme plusieurs planches sur cuivre, les plus anciennes qu’on trouve dans les livres français. [adjugé 1.110 fr. à Duquesne, Gand]      

3.311. Dom.-Mart. Bouquet, recueil des historiens des Gaules et de la France, accompagné de sommaires, de tables et de notes. [sic]
Paris, 1738-1840. 20 vol. in-fol. v. m. [adjugé 1.850 fr. à W. Boone, Londres]

3.337.Premier volume, contenant quarante tableaux ou histoires diverses qui sont mémorables, touchant les guerres, massacres et troubles advenus en France, en ces dernières années, le tout recueilly selon le temoignage de ceux qui y ont este en personne et qui les ont veues, lesquels sont pourtraits à la vérité (de 1559-1570). [sic]
In-fol. mar. rouge, fil. tr. d. Premier et seul volume qui ait paru de cette suite précieuse, dont les exemplaires complets sont extrêmement rares. Celui-ci offre d’autant plus d’intérêt qu’il se compose de 44 pl. au lieu de 40. Cet exemplaire est celui de Lair mentionné par Brunet. [adjugé 630 fr. à Potier, Paris]

3.735.Ant. Sanderi chorographia sacra Brabantiæ, sive celebrium aliquot in ea provincia ecclesiarum et cænobiorum descriptio, imaginibus æneis illustrate. [sic]

Brux., Lovanii et Antverpiæ, 1659-1669, 2 vol. in-fol., fig. v. br.

Edition originale et extraordinairement rare d’un ouvrage estimé par son exactitude. Le 2e volume est tellement rare que son existence a été ignorée de presque tous les bibliographes et qu’on n’en connaît que cinq ou six exemplaires. Manquent deux planches au 1er volume, qu’on peut obtenir facilement. Acheté 325 fr. 89 c. par Borluut, dans une vente à Gand le 6 mars 1827. [adjugé 530 fr. à W. Boone, Londres]
4.126.Monumenta Germaniæ historica, inde ab anno Christi 500 usque ad annum 1500, auspiciis societatis aperiendis fontibus rerum germanicarum medii ævi, edidit Geor.-Henr. Pertz. Hanoveræ, impensis bibliopolii aulici haniani, 1826-1856. [sic]
16 vol. in-fol. Exemplaire en grand papier vélin, en cours de publication. [adjugé 605 fr. à Duquesne, Gand]
4.707.Paléographie universelle ; collection de fac-simile d’écritures de tous les peuples et de tous les temps, tirés des plus authentiques documens de l’art graphique, chartes et manuscrits existants dans les archives et les bibliothèques de France, d’Allemagne et d’Angleterre, publiés d’après les modèles écrits, dessinés et peints sur les lieux mêmes par M. Silvestre et accompagnés d’explications historiques et descriptives par MM. Champollion-Figeac et Aimé Champollion fils.
Paris, typogr. de Firmin Didot frères, 1839-1841.
4 vol. in-fol. max. pap. vél. dem. rel. dos et coins de mar. vert du Levant, fil. sur les jonctions. Ouvrage somptueux divisé en huit parties. Toutes les planches sont coloriées et un grand nombre rehaussées d’or. Ces sortes d’exemplaires ont coûté 1.690 fr. [adjugé 1.210 fr. au baron de Saint-Genois, bibliothécaire de l’Université de Gand]     

4.793.Jehan Bocace de Certald de la ruyne des nobles hommes et femmes. (À la fin :) A la gloire et loenge de dieu et a linstruction de tous a este cestui euuvre de Bocace du dechiet des nobles hommes et femmes, imprimé à Bruges par Colard Mansion. Anno M. CCCC. lxxvj. [sic]
In-fol. mar. bl. tr. d.

Magnifique exemplaire de cette édition précieuse dont Van Praet n’indique qu’une dizaine d’exemplaires. Il paraît que dans celui-ci deux feuillets de la table, qui manquaient, ont été refaits à la plume, mais avec une telle perfection que l’œil le plus exercé ne pouvait les distinguer. [adjugé 1.858 fr. à W. Boone, Londres]      


La bibliothèque a produit une somme totale de 125.471 fr. et 75 c. Leleu avait emporté 395 lots (toutes les classes), Techener 98 (théologie, jurisprudence, sciences et arts, belles-lettres), Baillieu 58 (toutes les classes), Schlesinger 53 (sciences et arts, belles-lettres, histoire), Porquet 49 (sciences et arts, belles-lettres, histoire), Gouin 47 (belles-lettres, histoire), Potier 22 (histoire), Didot 12 (théologie, jurisprudence, sciences et arts, belles-lettres), Claudin 10 (sciences et arts, belles-lettres), Corbel et Gilain 7 (histoire), La Villestreux 6 (belles-lettres, histoire), Beghin 5 (théologie, sciences et arts, belles-lettres), Ternas 4 (histoire), Lefèvre 2 (histoire) et Giraud 1 (théologie).

La troisième partie du cabinet de Borluut, qui comprenait les dessins et les estampes, fut vendue du 13 au 18 décembre 1858 et produisit 36.954 fr. Les dessins n’étaient pas en très grand nombre, mais on en trouvait de Rubens, de Nicolas Poussin, de Cochin, de Fragonard, etc. La collection d’estampes était composée de plus de 15.000 pièces qui provenaient, pour la plupart, de ventes célèbres : l’école flamande et hollandaise était la plus riche et la plus nombreuse, acquise essentiellement dans la vente de la collection Lousbergs (Gand, 1811).     




Nouvelles découvertes sur le relieur Théodore Hagué

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Dès le xviiie siècle, les amateurs n’hésitèrent pas à substituer aux reliures des livres anciens, d’autres reliures au goût de leur époque. Au cours du siècle suivant, qualifié « le siècle de la copie » par Henri Beraldi (1849-1931), ils se mirent à rechercher les livres anciens dans leurs reliures originales, et, quand ces reliures étaient en mauvais état, ils faisaient réaliser des restaurations ou, comme Charles Nodier (1780-1844) ou Joseph Barrois (1784-1855), ils les faisaient remplacer par des pastiches, aux décors dits « rétrospectifs ». C’est alors que des artisans peu scrupuleux firent circuler des reliures falsifiées, copiant de préférence les chefs-d’œuvre de la Renaissance, ou ajoutant à des reliures anciennes des armoiries prestigieuses : tandis que Vittorio Villa († 1892) sévissait à Bologne, puis à Milan, d’autres collectionneurs furent abusés, à Paris, à Bruxelles et à Londres par Théodore Hagué (1823-1891).


Sextus et Clementinae de Tortis (Venise, Tortis, 1496)
Armes du pape Léon X
(Blacker, 1897, n° 91)


 

On a cru longtemps que le prénom du célèbre « relieur-truqueur » Hagué était Louis, découvert dans les archives de la librairie londonienne Quaritch. Il se prénommait en réalité Pierre-Étienne-Théodore, selon son acte de mariage – perdu en 1871 et reconstitué – à Paris, du 31 décembre 1853, avec Eugénie Coutin, née à Reims le 11 août 1836. Il serait né à Paris, fils d’un chantre de la cathédrale, et serait venu à Reims pour faire son apprentissage chez le relieur Jean-Baptiste Tinot.


Tinot avait été formé par l’habile Charles-François Capé (1806-1867), rue Dauphine, à Paris, relieur de l’Impératrice Eugénie, qui était devenu célèbre pour ses compositions pastichées et qui, selon Edmond de Goncourt, « était inimitable pour la résurrection des reliures riches du xviiie siècle et de leurs arabesques fleuries ». Tinot avait ensuite fondé son atelier de reliure et dorure sur tranche en 1852, au n° 25 de la rue Saint-Symphorien, à Reims. Un peu plus tard, il le transféra au n° 5 de la rue de l’École de Médecine, puis au n° 36 de la rue du Bourg-Saint-Denis, actuelle rue Chanzy. Sa spécialité était, selon sa propre publicité, la « Reproduction de Reliures Antiques de toutes les époques ». Tinot exerça jusque vers 1882, eut une certaine vogue, et ses reliures furent remarquées dans les expositions régionales : à celle de Troyes, en 1860, il obtint une médaille d’argent pour ses très belles reliures, tandis que sa fille Clémentine, ouvrière chez lui, obtenait une mention honorable, et son contremaître, Riche, une médaille de bronze.

Pontificale romanum (Venise, Giunta, 1561)
Armes du pape Pie IV
(Wittock, 7 octobre 2005, 3.360 £)
Après son retour à Paris, Hagué partit pour Londres en 1858 et fut employé dans l’atelier de Joseph Zaehnsdorf (1816-1886), un des relieurs les plus remarquables de la seconde moitié du xixe siècle, mais dont les reliures reproduisaient les défauts reprochés à presque toutes les reliures anglaises, c’est-à-dire des châsses trop larges et des cartons trop épais.

Né en Hongrie, Zaehnsdorf avait fait son apprentissage à Stuttgart, puis avait travaillé en Autriche, en Suisse et en France avant de se rendre à Londres en 1837, où il travailla pour Westley & Co, puis pour Mackenzie. Il s’était installé à son compte en 1842 au 30 Brydges Street, Covent Garden : relieur du roi de Hanovre, il réalisait des reliures « in the Monastic, Grolier, Maioli and Illuminated styles ». C’est son fils, Joseph-William Zaehnsdorf (1853-1930), son associé puis son successeur, qui publia un traité pratique de reliure intitulé The Art of Bookbinding (London, George Bell & Sons, 1880).





Le Champion des dames (Lyon, J. du Pré, 1488)
Armes de Montmorency
(New York, 24 octobre 2007, 40.000 $)

À Londres, Hagué rencontra le célèbre Bernard Quaritch (1819-1899), surnommé par ses collègues « le tsar des libraires antiquaires », grand spécialiste de la reliure dite « historique », qui entretenait des rapports ambigus avec le monde des faussaires.

Né en Allemagne, Quaritch avait travaillé chez des libraires à Nordhausen et à Berlin avant de partir en 1842 à Londres, où il fut engagé par le premier libraire d’occasion d’Angleterre, Henry Bohn (1796-1884). Il s’était installé à son compte en 1847, au 16 Castle Street, Leicester Square. Vers 1858, il avait commencé à acheter des livres rares, et il avait déménagé en 1860 au 15 Piccadilly.


Hagué rencontra également le fameux Guillaume Libri (1803-1869) qui, poursuivi en France pour avoir soustrait frauduleusement de nombreuses pièces des dépôts publics, s’était réfugié à Londres en 1848 et avait été condamné par contumace en 1850 à dix ans de réclusion ; il continuait néanmoins d’organiser la vente des caisses de livres qu’il avait emportées avec lui. Hagué mourait presque de faim à Londres, lorsqu’il rencontra Libri qui le guida dans la restauration des vieilles reliures, alors authentiques. Il travailla également pour le duc d’Aumale, exilé à Londres depuis 1848, mais ayant mis les livres du prince en gage, il le perdit comme client. C’est alors qu’il se mit à fabriquer des fausses reliures.




Sextus liber Decretalium (Paris, U. Gering et B. Rembolt, 1500)
(Blacker, 1897, n° 39)
(New York, 19 mai 2000, 5.640 $)

Hagué quitta l’Angleterre et vint s’installer, vers 1868-1870, dans une maison de Croissy-sur-Seine (Yvelines).

Tandis qu’il réparait des reliures anciennes pour les amateurs et les libraires, il achetait discrètement des livres anciens dont la reliure était sans ornementation et les transformait en fausses reliures du xvie siècle pour des personnages illustres, brillamment exécutées. Il prenait les empreintes d’armoiries sur des volumes authentiques et, par les procédés nouveaux de la galvanoplastie, il fabriquait lui-même des fers armoriés absolument semblables aux anciens. Il travailla ainsi pour de grands bibliophiles : Joseph Renard (1822-1882), maire d’Écully (Rhône), l’imprimeur Ambroise-Firmin Didot (1790-1876), dont la bibliothèque renfermait au moins 67 reliures exécutées en fac-similé, dispersées au cours des six ventes publiques qui eurent lieu entre 1878 et 1884.

Ses stratagèmes finissant par être connus à Paris, il voyagea alors en Champagne, où il réussit à vendre à Eugène Deullin (1827-1897), riche banquier sparnacien, un certain nombre de reliures soi-disant historiques du xvie siècle. Cet amateur, cazinophile par ailleurs, ne tarda pas à céder ses fausses reliures, qui disparurent alors du marché français, à Edwin Tross (1822-1875), libraire-éditeur et bibliophile, rue Neuve-des-Petits-Champs, à Paris, qui connaissait la supercherie.



L'Histoire des successeurs de Alexandre le Grand
(Paris, Josse Bade, 1530)
(Londres, 7 juillet 2004, 5.378 £)

Après la guerre franco-prussienne, ses créanciers obligèrent Hagué à s’enfuir en Belgique, ce qui ne l’empêcha pas de revenir périodiquement en France. Le libraire parisien Anatole Claudin (1833-1906) rapporta que « sa présence [à Bruxelles] fut décelée par l’apparition soudaine d’un lot de reliures princières [...] Les gens honnêtes s’abstinrent ; mais, comme à Paris, des spéculateurs et des gens sans scrupule les achetèrent à de petits prix, espérant les repasser avec de gros bénéfices. »

Hagué était à Bruxelles sous un faux nom : « J. Caulin ». Son atelier était rue Caroly, à Ixelles, une des dix-neuf communes de la capitale. Il y réalisait des reliures rétrospectives du xvie siècle : il se réservait le travail de décoration et confiait le lavage et le corps d’ouvrage à des artisans habiles, dont Joseph-François Dubois d’Enghien. Il les proposait, comme authentiques, à Quaritch, qui prenait 5 % de commission, et avec lequel il entretenait une correspondance régulière, sous forme de lettres strictement personnelles et de lettres qui pouvaient être montrées à des acheteurs potentiels.


À partir de 1882, Quaritch eut des doutes sur l’authenticité des reliures que lui fournissait Caulin : certaines avaient des couleurs trop vives pour être du xvie siècle, d’autres présentaient des armes manifestement retouchées récemment ou dont le propriétaire était mort avant la date d’impression de l’ouvrage, d’autres encore semblaient avoir servi à un remboîtage. Quaritch contestait alors les prix trop élevés, mais Hagué continuait d’affirmer qu’il s’agissait de reliures authentiques. Parmi les clients amateurs figuraient le peintre Charles-Fairfax Murray (1849-1919), le fabricant de tapis Michael Tomkinson (1841-1921) et, « le gros client », John Blacker (1823-1896), homme d’affaires qui commerçait avec l’Amérique du Sud.

Ce dernier devint le seul client à partir de décembre 1885, après qu’il eut appris la véritable identité de Caulin, lors d’un voyage en France, à Blois : persuadé que Hagué voulait récupérer ses reliures à bas prix pour les revendre, il continua à acheter des reliures chez Quaritch. Celui-ci, pourtant informé de la découverte de Blacker, accepta de poursuivre les ventes, mais en dégageant sa responsabilité et en faisant passer sa commission à 10 % : il devenait ainsi complice du faussaire. C’est à cette époque que Caulin lui interdit la vente au duc d’Aumale et au baron de Rothschild, qui connaissaient sa malhonnêteté.



John Blacker et son fils Carlos

Chaque soir après le dîner, au 12 Sussex Square, Blacker examinait seul et en secret ses chers livres. Chaque livre était placé dans un coffret en cuir tapissé intérieurement de velours, fabriqué par Leuchars, installé dans Bond Street, et dans lequel était glissé un sachet parfumé Atkinson. Le bibliopégimane gardait à portée de main un tissu de soie permettant de cacher les livres en cas de l’arrivée d’un intrus.

En 1890, Hagué se rendit à Londres chez Quaritch où il rencontra Blacker : malgré les aveux de contrefaçon du relieur, Blacker continua de croire à l’authenticité des reliures qu’i possédait, mais cessa alors d’en acheter. Il avait dépensé au total, selon sa belle-fille, plus de 70.000 £.


En 1887, ce fut au tour de l’expert de Quaritch, le bibliographe Michael Kearney, d’avoir des doutes : il renvoya à Caulin une reliure aux armes de Catherine de Médicis, qui lui paraissait de fabrication récente.


Hagué rentra en France et s’installa en Normandie, selon Claudin, pour y mourir. Le 19 mars 1891, Madame Hagué annonça à Quaritch la mort subite de son mari Théodore, à l’âge de 68 ans, le lundi 16 mars 1891, à 9 h. 30 du matin : c’est ainsi qu’elle révéla le véritable prénom de son mari et sa naissance en 1823. Le 7 avril suivant, de Rouen, la veuve Hagué adressa une autre lettre à Quaritch pour lui proposer de lui céder, contre la somme de 6.000 francs, des dessins d’ornements ayant appartenu à son mari, ce que le libraire accepta. Jusqu’à présent, les recherches n’ont pas permis de retrouver l’acte de décès de Hagué à Rouen, lieu d’affranchissement des lettres de sa veuve et ville nommée par Henri Menu.

Cinq ans plus tard, à la mort de son père, Carlos Blacker apporta des reliures au British Museum : les experts annoncèrent en dix minutes qu’elles étaient fausses. Pour éviter le ridicule à son père, préserver l’honnêteté de Quaritch et la crédibilité de son expert, il fit procéder à la vente publique de la collection de reliures par Sotheby, Wilkinson & Hodge, sans publicité, le 11 novembre 1897.




Le Catalogue of a remarkable collection of books in magnificent modern bindings formed by an amateur (Recently deceased) présentait 110 reliures, dont une reliure authentique [Biblia Germanico-Latina.Wittenberg, J. Krafft, 1574] et 109 reliures de Hagué, aux armes ou devises de François Ier (14 reliures), Henri II et Diane de Poitiers (11), Jean Grolier (11), Thomas Mahieu (7), Anne de Montmorency (6), Pierre-Ernest de Mansfeldt, gouverneur de Luxembourg (4), Charles IX (4), Diane de Poitiers (4), Catherine de Médicis (4), du pape Jules III (3), Henri II (3), Charles de Lorraine (3), Henri IV (3), Henri III (3), du pape Paul III (2), Philippe II (2), Marc Lauwereins, de Bruges (2), du pape Paul IV (2), Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesle (2), etc. L’ensemble rapporta 1.907 £ et parmi les  acheteurs furent remarquées les librairies Uriah Maggs, Henry Sotheran, et même Bernard Quaritch pour 27 lots.



Chez Sotheby's : Quaritch est immédiatement au-dessous de la tribune
du commissaire-priseur


Outre les reliures des ventes Didot et Blacker, celles achetées par Tross, celles détenues par Quaritch et celles des clients de Hagué non identifiés sont susceptibles d’apparaître un jour sur le marché. L’impressionnante perfection de leur composition et de leur exécution, liées aux moyens techniques utilisés par l’habile faussaire, ne pourront alors que les trahir.





Le Comte de Mosbourg et « la boîte à 10.000, et plus »

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Jean-Antoine-Michel Agar (Mercuès, Lot, 1771-Paris, 1844) passa une grande partie de sa jeunesse à Saint-Domingue, devint avocat à Cahors (Lot), suivit son ami d’enfance, le maréchal Murat, dont il épousa en 1807 une des nièces, Alexandrine Andrieu (1791-1811), et reçut, pour prix de ses services, le comté de Mosbourg, en Bavière. Il fut créé comte de Mosbourg par décret en 1813. Devenu roi de Naples, Murat le nomma son ministre des finances. Il rentra en France en 1815, épousa Alexandrine Janet (1795-1874) en 1819, fut élu député du Lot en 1830, puis élevé à la dignité de pair de France en 1837.

En dehors de sa féroce bibliophilie, on en sait moins sur le fils que lui donna sa seconde épouse, Michel-Pierre-Antoine-Laurent Agar, comte de Mosbourg. Il naquit à Paris le 8 novembre 1824, fut ministre plénipotentiaire à Karlsruhe, puis à Vienne, et mourut célibataire, en son domicile, 9 quai Voltaire, le 16 mais 1892. Il fut le dernier représentant mâle de sa famille.
Le comte de Mosbourg fut surtout un fidèle de l’hôtel Drouot, de 1877, époque de la vente Turner, jusqu’à sa mort. Il forma une petite, mais précieuse, collection de merveilles les plus chères, semblant savourer le double plaisir de posséder un livre et d’en avoir privé ses confrères.

« C’était un vaillant acheteur que le comte de Mosbourg, faisant de la bibliophilie de haute lutte, et, pour son plaisir, combattant à visage découvert en vente publique : attaquant de face, tenant bon, même contre Morgand, et finalement, à ce jeu-là, conquérant souvent le morceau, mais au triple du grand maximum ; de vrais prix de bibliophile de 1875. », écrivit Henri Beraldi en 1896.


Oeuvres de Diderot (Paris, Desray et Deterville, 1798-1821, 17 vol. in-8)
Reliure de Jean-Claude Bozerian
(Christie's, Londres, 01/06/2005, 16.800 €)
La vente de la première partie de son Catalogue deslivres rares et précieux, manuscrits et imprimés, provenant de la bibliothèque de feu M. le comte de Mosbourg (Paris, Ch. Porquet, 1893, in-8, IX-112 p., 367 lots) eut lieu du 6 au 9 février 1893 et fut un événement bibliophilique.

La vente produisit 332.000 francs. Pourtant, des sommes non négligeables furent perdues sur des livres que le comte de Mosbourg avait achetés à des prix variant entre 5.000 et 20.000 francs ; mais il est vrai que souvent c’était son intervention qui avait fait monter ces livres à des prix excessifs et impossible à maintenir. La perte la plus considérable a été faite sur le numéro 285 de son catalogue. On a souvent parlé des bonnes affaires et des bénéfices des bibliophiles : « sur quinze articles ayant coûté 154.000 francs et revendus 91.000, soixante-trois mille francs de perte apparente, quatre-vingt-dix-huit mille de perte réelle. […] Là, les Trautz furent enveloppés dans la débâcle. Dix-huit articles reliés par lui et payés 33.154 francs firent 8.290. Sur certains livres la perte allait des cinq sixièmes aux huit neuvièmes du prix coûtant ! », ajouta Beraldi.

19.D. Aurelii Augustini libri XIII confessionum, édition elzévirienne de 1675, mar. bleu ancien aux insignes de Longepierre, 2.600 fr. (Lacarelle, 1888, 4.100 fr.).
24.Sermons et Pensées de Bourdaloue, 1707-1734, 16 vol. in-8, mar. citron aux insignes de Longepierre. 3.600 fr. (Ganay, 1882, 6.000 fr.).
26.Les Provinciales. Cologne, 1700, 2 vol. in-12, mar. doublé de Boyet aux armes de Madame de Chamillart. 9.250 fr. (Ganay, 1882, 10.000 fr.). Adjugé au comte de Sauvage.
27.Instruction sur les états d’oraison, par Bossuet, 1697, édition originale, mar. rouge aux armes de Bossuet, avec un autographe de l’auteur, 820 fr. (Didot, 1882, 1.320 fr.).
39.Cicéro, De officiis, édition elzévirienne de 1642, in-12, mar. doublé aux armes du comte d’Hoym, 3.450 fr. (Lacarelle, 1888, 4.000 fr.).
59.Monument du costume, 1774-1777-1783, les trois suites complètes des figures de Moreau le Jeune et Freudeberg, 9.000 fr. (Muller, 1891, 10.200 fr.).
63.Le Roy Modus, 1560, mar. doublé de Trautz, 700 fr. (Quentin-Bauchart, 1881, 4.000 fr. ; Delbergue-Cormont, 1884, 1.475 fr.).
64.La Chasse royale de Charles IX, 1625, mar. rouge de Derome, 6.950 fr. (Béhague, 1880, 13.282 fr.).
70.Anacreontis carmina, Paris, 1639, édition donnée par le célèbre abbé de la Trappe, de Rancé, à l’âge de 12 ans, puis supprimée par l’éditeur lui-même, exemplaire dans une superbe reliure mar. rouge de Le Gascon, un des trois qu’on connaisse ainsi reliés, 2.715 fr. (Desbarreaux-Bernard, 1879, 2.530 fr.).
80.Les Poésies d’Horace, 1750, 2 vol. in-12, mar. rouge aux armes de Madame de Pompadour, 580 fr. (Firmin-Didot, 1879, 605 fr.).
91.Joannis JovianiPontani opera, édition aldine de 1518, mar. br., avec filets et compartiments, exemplaire de Grolier, portant son nom et sa devise, 4.520 fr. (Techener, 1887, 5.000 fr. ; Franchetti, 1890, 6.500 fr.).
98.L’Eschole de Salerne, édition elzévirienne de 1651, mar. cit., mosaïque de mar. bleu et rouge doublé de mar., de Trautz-Bauzonnet, 10.060 fr. (Béhague, 1880, 16.100 fr. ; Hoe, 1912, adjugé 17.500 fr. à Cortland F. Bishop).
103.Le Chevalier délibéré, d’Olivier de la Marche, Gouda, 1483, un des plus précieux de la vente, seul exemplaire connu, exemplaire ayant appartenu à Colbert, puis à Hoym, qui l’avait fait relier en veau fauve à ses armes, reliure cassée pour la remplacer par une reliure mar. vert doublé mar. rouge de Trautz-Bausonnet, 13.520 fr. (Ganay, 1881, 16.200 fr.).
105.Les Œuvres de Clément Marot, La Haye, 1700, qu’on joint aux elzévirs, 2 vol. in-12, mar. doublé de Boyet, 2.600 fr. (Béhague, 1880, 3.120 fr.).
107.Les Marguerites de la Marguerite des princesses, Lyon, 1547, mar. doublé de Trautz, 1.200 fr. (Essling, 1881, 4.450 fr. ; Hoe, 1912, 1.805 fr.).
110.Les Odes d’Olivier de Magny, Paris, 1559, mar. rouge ancien, 735 fr. (Ganay, 1881, 1.400 fr. ; Lacarelle, 1888, 1.115 fr. ; Franchetti, 1890, 610 fr.).
111.Les Diverses Poésies du sieur de La Fresnaye Vauquelin, Caen, Macé, 1612, mar. doublé de Trautz, 1.000 fr. (Quentin-Bauchart, 1881, 3.600 fr. ; Delbergue-Cormont, 1884, 1.480 fr.).
114.La Guirlande de Julie, le moins beau des deux manuscrits calligraphiés par N. Jarry en 1641, celui-ci dépourvu de tout ornement, belle reliure de Le Gascon, 19.000 fr. (Sainte-Maure-Montausier, 15.030 fr.).
118.Fables de La Fontaine, édition originale de 1668, in-4, mar. vert de Trautz, 550 fr. (Silvestre de Sacy, 1879, 2.045 fr.).
119.Fables de La Fontaine, 1678-1694, édition originale complète en 5 vol., mar. rouge doublé de Boyet, 10.000 fr. (Turner, 11.950 fr.).
121.Fables de La Fontaine, édition de 1755-1759, fig. d’Oudry, 4 vol. in-fol., grand papier de Hollande, mar. ancien aux armes de la comtesse de Montessuy, 7.500 fr. (Paillet, 10.000 fr. ; Muller, 6.600 fr.).
125.Contes de La Fontaine, 2 vol. in-12, 1762, édition des Fermiers Généraux, mar. rouge  avec dentelles de Derome, 3.000 fr. (Ganay, 4.700 fr.).
144.Chansons de Laborde, avec le portrait, 4 vol. mar. rouge ancien, 3.910 fr. (E. Martin, 1877, 6.400 fr.).
164.Œuvres de Molière, 1741, recherchée pour ses figures de Punt, 4 vol. in-12, mar. rouge d’Anguerran, 510 fr. (Béhague, 1.000 fr.).
177.Les Amours de Daphnis et Chloé, s. l. [Paris], 1718, in-8, édition dite du Régent, exemplaire du Régent, à ses armes, dans une reliure mosaïque de Padeloup, 12.500 fr. (Quentin-Bauchart, 1881, 17.500 fr. ; D. C., 1885, 10.650 fr.).



178. Même ouvrage, même édition, mar. rouge, larges dentelles, avec attributs, 1.900 fr. (J.-C. Brunet, 1868, t. I, n° 413 ; H. Grésy, 1869 ; Montgermont, 1911 ; Rahir, 1930 ; Christie’s, 8 novembre 2004, 37.600 €).
187.La Plaisante et Joyeuse Histoire du grand géant Gargantua, Lyon, Dolet, 1542 ; dans le même vol. Pantagruel, 1542, et le Tiers Livre, Paris, 1547. Vélin blanc, 8.020 fr. (Techener, 1887, 14.100 fr.).
189.Œuvres de Rabelais, édition elzévirienne de 1663, 2 vol. in-12, ex. mesurant 135 mm., mar. doublé de Trautz-Bauzonnet, 450 fr. (Ganay, 1881, 1.700 fr.).
194.La Princesse de Clèves, édition originale de 1678, avec la critique, 4 vol., rel. Trautz, 285 fr. (Silvestre de Sacy, 1879, 1.310 fr.).
197.Mémoires de Grammont, Londres, 1792, in-4, mar. bleu de Thouvenin, 520 fr. (Silvestre de Sacy, 1879, 375 fr.).
202.Manon Lescaut, 1797, 2 vol. in-18, figures de Lefèvre avant la lettre et eaux-fortes, mar. bleu de Trautz, 1.200 fr. (Quentin-Bauchart, 1881, 4.450 fr.).
205.Les Amours de Faublas, an VI, 4 vol. in-8, épreuves avant la lettre, avec des planches doubles offrant des variantes, mar. de Trautz, 1.300 fr. (Turner, 3.750 fr.).
216.Le Songe de Poliphile, édition princeps, Venise, Alde Manuce, 1499, in-fol., superbe reliure veau fauve de l’époque, 10.020 fr. (Gosford, 1884, 14.800 fr.).
217. Même ouvrage, trad. française de 1554, rel. veau par Thouvenin, aux armes de la duchesse de Berry, ex. médiocre, 325 fr. (Firmin-Didot, 1882, 935 fr.).
231.L’Origine des puces, Londres, 1749, in-12, texte gravé, mar. rouge ancien, armes de Madame de Pompadour, 2.384 fr. (Lebeuf de Montgermont, 1876, 1.150 fr. ; Quentin-Bauchart, 1881, 1.410 fr.).
238.Giordano BrunoNolano, 1585, rel. mosaïque de Padeloup, 7.100 fr. (Laroche-Lacarelle, 1888, 6.000 fr. ; Franchetti, 1890, 8.120 fr.). Ce vol. avait fait partie des collections Girardot de Préfond et Mac-Carthy.
239.Les Divers et Mémorables Propos, par Gilles Corrozet, Lyon, 1558, in-16, mar. bleu aux armes de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, 2.850 fr. (Ganay, 1881, 2.770fr.).
268.Histoire des variations, par Bossuet, 1688, 2 vol. in-4, édition originale, mar. rouge ancien aux armes de Bossuet, 5.100 fr. (Roger du Nord, 1884, 5.110 fr.).
275.C.J. Caesariscomment., Amsterdam, 1661, in-8, mar. rouge de Le Gascon, compartiments, dorure à petits fers, aux armes et au chiffre de Du Fresnoy, 2.200 fr. (Gosford, 1882, 3.419 fr.).
277.Procopius, 1509, in-4, veau brun, riches compartiments, volutes et fleurs en or et en couleurs, rel. exécutée pour Th. Maioli, avec son nom et sa devise, 5.300 fr. (Firmin-Didot, 6.700 fr.).
285.L’Entrée de Henri II à Paris, 1549, in-4, ex. célèbre, en papier fort, dans son vélin blanc primitif, aux armes et au chiffre de J.-A. de Thou, 13.000 fr. (Beckford, 1882, 11.750 fr. ; Destailleur, 1891, 20.200 fr.).
286.L’Entrée de Charles IX, 1572, in-4, ex. en vélin blanc, aux armes de J.-A. de Thou, 3.900 fr. (Destailleur, 1891, 10.200 fr.).
296.Histoire de Henri le Grand, par Péréfixe, édition elzévirienne de 1664, in-12 mar. rouge par Derome, 505 fr. Provient de Pixerécourt.
310.Recueil des portraits et éloges, par Mademoiselle de Montpensier, Paris, 1659, in-8, mar. rouge aux armes de Mademoiselle de Montpensier, portant sur le titre la signature de Charles de Lorraine, 10.685 fr. (Turner, 14.000 fr. ; Lacarelle, 15.080 fr.).
330.Histoire de Gustave Adolphe, 1686, in-12, mar. rouge aux armes du duc de Montausier et de Julie d’Angennes, 595 fr. (Béhague, 1.305 fr.).

La seconde partie, passée antérieurement les 5 et 7 décembre 1892, ne semble pas avoir laissé de trace dans les annales de la bibliophilie :Bons livres anciens et modernes, bien conditionnés, provenant de la bibliothèque de feu M. le comte de Mosbourg (Paris, Ch. Porquet, 1892, in-8, 35 p.).




L’ex-libris du comte de Mosbourg porte ses armes, « tiercé en fasce de gueules, à la croix tréflée d’or, accostée de deux molettes du même, d’or au lion de sable et de sinople à une sirène d’argent. »





L’ Identité révélée du marquis de Bruyères-Chalabre

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Tous les dimanches, le marquis de Chalabre déjeunait chez Pixerécourt. Là, il retrouvait Nodier, le Bibliophile Jacob et le marquis de Ganay. Jaloux des livres de Pixerécourt, qui refusait de les lui vendre, le marquis s’était vengé en achetant, non pas à la vente de Madame de Castellane (1834) comme il a été raconté [le marquis de Chalabre était décédé depuis deux ans], mais directement à Mathieu de Villenave (1762-1846), une lettre autographe signée de Henri IV à la marquise de Verneuil, sans date, que Pixerécourt ambitionnait d’avoir depuis dix ans.
« N’importe ! dit Pixerécourt, furieux : je l’aurai !
-          Quoi ? demanda le marquis de Chalabre.
-          Votre autographe.
-          Et quand cela ?
-          À votre mort, parbleu ! »
Et Pixerécourt tint parole. À la mort du marquis de Chalabre, il acheta l’autographe.

La bibliomanie peut aller jusqu’au délire. Le marquis de Chalabre, ambitionnant d’avoir une Bible que personne n’eût, tourmenta Nodier pour qu’il lui indiquât un exemplaire unique. Nodier fit mieux : il lui indiqua un exemplaire qui n’existait pas. Le marquis se mit aussitôt à la recherche de cet exemplaire. Plus la Bible était introuvable, plus le marquis mettait d’ardeur à la trouver. Les recherches durèrent trois ans, en vain.
Un jour, on apporta au marquis de Chalabre une Bible. Ce n’était pas la Bible indiquée par Nodier : elle n’était pas unique, mais seulement le second exemplaire connu. Le marquis l’acheta néanmoins, moyennant la somme de 2.000 fr., la fit relier et la mit dans une cassette particulière.

Le marquis de Chalabre devint amoureux de Anne-Françoise Boutet (1779-1847), comédienne connue sous le nom de « Mademoiselle Mars ». Celle-ci lui trouvait bonne façon et beaucoup d’originalité, mais sa figure ombragée d’une barbe noire, son teint cadavéreux, ses deux yeux brillants et renfoncés dans leur orbite ne la réjouissaient que médiocrement, et elle l’avait surnommé « le beau ténébreux ». Il la suivait dans toutes les villes où elle jouait, l’invitait à souper et l’accablait de présents, qu’elle refusait le plus souvent : fortes sommes en billets de banque, une très belle maison de campagne à Sceaux, un exemplaire des Lettres choisies de Madame de Sévigné (Paris, Bossange et Masson, 1815, 2 vol. in-12), avec l’ex-dono anonyme sur la garde « Quand on aime, on se plaît à l’écrire », etc. À cette époque, Mademoiselle Mars n’était pas libre, et cette poursuite obstinée pouvait amener quelques ennuis. C’est ainsi qu’un soir, au théâtre, le marquis vint chercher querelle au colonel Antoine-Fortuné de Brack (1789-1850) : l’affaire se termina heureusement à l’amiable.

Le marquis de Chalabre commença très tard à acheter des livres, à la vente Duriez (1827), puis des autographes, à la vente Techener (1831). Il ne regardait pas à payer ce qu’il désirait.
Sur la fin de sa vie, il avait pris Thouvenin en grippe, persuadé que le relieur, qu’il avait chargé de réparer un exemplaire du comte d’Hoym, lui avait changé son exemplaire.
Quand il mourut, le marquis laissa sa bibliothèque à Mademoiselle Mars. Celle-ci pria Merlin de classer les livres du défunt et d’en faire la vente. Un jour, Merlin entra chez Mademoiselle Mars avec 30 ou 40.000 fr. de billets de banque à la main : il les avait trouvés dans une espèce de portefeuille pratiqué dans la reliure de la Bible presque unique.

 

La vente du cabinet du marquis eut lieu du 6 au 25 mai 1833, en 17 vacations : Catalogue des livres imprimés et manuscrits et des autographes, composant le cabinet de feu M. de Bruyères Chalabre (Paris, J.-S. Merlin, 1833, in-8, [2]-4-136 p., 920 lots de livres et 570 lots d’autographes). 

« Le beau cabinet dont nos publions le catalogue n’est que le commencement d’une bibliothèque que M. de Bruyeres Chalabre se proposait d’étendre, lorsque la mort est venue le frapper dans un âge encore peu avancé. On s’étonnera sans doute de trouver déjà, dans une réunion dont il ne s’occupait sérieusement que depuis quelques années, un aussi grand nombre de raretés bibliographiques, et dans quelques parties un ensemble qui ne s’obtient guère que lentement. Mais M. de Bruyeres Chalabre, riche, ami du beau et impatient de jouir, ne suivait pas seulement la marche ordinaire des ventes pour y arrêter les belles choses qui s’y présentaient, il pénétrait dans les cabinets des amateurs, et souvent il leur arrachait, à force d’argent, les objets dont ils étaient le moins disposés à se dessaisir. C’est avec de tels sacrifices que sont entrés dans son cabinet une partie des manuscrits et des éditions anciennes, ainsi que les beaux Elzeviers qui en font un des principaux ornemens ; c’est ainsi encore que s’est formée, en moins de trois années, la collection d’autographes qui termine le catalogue, collection aussi précieuse dans son ensemble que curieuse dans ses détails, et la plus belle qui ait encore paru en vente. […]
Les livres qui sont en reliûres anciennes sortent, pour la plupart, des bibliothèques de De Thou, de Colbert, de Longepierre, du comte de Hoym, de Girardot de Préfond, de Gaignat ; les reliûres des Deseuil, des Padeloup, des Derome, y abondent ; les reliûres modernes sont presque toutes des premiers ateliers de la capitale. » [sic]

5. Biblia (latina) cum summariis (Paris, Fradin et Picard, 1497).  In-fol., goth., réglé, mar. r., dent., tr. dor., signature « M. Stuart » sur le titre, 105 fr. Ex. de Duriez (n° 8).
94.Le Miroir de l’humaine salvation, traduction française du Speculum humanae salvationis de Vincent de Beauvais. In-fol. relié en bois, recouvert de v. f. chargé d’ornements à froid, avec coins, clous et fermoirs en cuivre. Très beau manuscrit du xve siècle, sur peau de vélin, orné de 168 miniatures en or et en couleur. Provient de la bibliothèque de Duriez, à la vente duquel il fut payé 2.860 fr. Adjugé 1901 fr. à Crozet.
128.Lactantii Firmiani de divinis institutionibus adversus gentes Libri VII (In Monasterio sublacensi, 1465). In-fol., mar. r., fil., tr. dor., 1.550 fr. à Techener. Première édition de Lactance, et premier livre imprimé avec date en Italie, rarissime, ex. de Renouard vendu 80 liv. st. à Londres en 1830.
139.Traité de la nature et de la grâce, par Malebranche (Amst., Dan Elzevir, 1680) avec Esclaicissement, par le même (Amst., veuve Dan Elzevir, 1681).  In-12, réglé, mar. r., fil., tr. dor., Duseuil, 43 fr. Ex. de Nodier, avec  « Le seul exemplaire connu où se trouve la seconde partie » de sa main.

149.Des. Erasmi rot. Ecclesiastaesive de ratione concionandi libri quatuor (Basilae, in offic. Frobeniana, 1535). In-fol., v. f., à compartim., tr. dor., 49 fr. 05 c. (Nugent, 1826, 120 fr. Coste, 1854, 530 fr.). Ex. de Grolier avec titre et nom seulement, contrairement à ce qu’annonce le catalogue (« avec sa devise »).
153.Thomae à Kempis, de Imitatione Christi Libri IV (Lugd. [Bat.], Joh. et Dan. Elzevirii, absque anni nota). In-12, mar. r., fil., doublé de tabis, tr. dor., Derome, 153 fr. 05 c. Ex. de Renouard. 
187.Traité de l’existence et des attributs de Dieu (Amst., J. F. Bernard, 1727). In-12, réglé, 3 vol., mar. r., fil., tr. dor., Padeloup, 86 fr. 50 c. Ex. du comte d’Hoym avec la signature de Guyon de Sardière.
265.Le comte de Gabalis, ou Entretiens sur les sciences secrètes, par l’abbé de Villars (Paris, Barbin, 1670). In-12, mar. r., doublé de mar. vert, tr. dor., 42 fr. 50 c. Ex. de Longepierre, portant sa signature.



284.Mutus Liber (Rupellae, P. Savouret, 1677). In-fol., fig., v. f., fil., tr. dor., 18 fr. Rare.

291.Le Miroir d’alquimiede Rogier Bacon, avec Rogier Bachon, de l’admirable pouvoir et puissance de l’art et de nature, et L’Elixir des philosophes, attribué au pape Jean XXII (Lyon, Macé Bonhomme, 1557). In-16, mar. v., dent., tr. dor, 30 fr. Ex. de Gaignat.



304.Catalogue raisonné de coquilles et autres curiosités naturelles, par Gersaint (Paris, 1736), avec Catalogue d’une collection considérable de curiositez de différens genres, par le même (Paris, 1737). In-12, mar., r., fil., tr. dor., aux armes du Dauphin, avec prix, 10 fr. 50 c.
342.Les Dix Livres d’architecture de Vitruve (Paris, Coignard, 1673). In-fol., fig., mar. r., fil., tr. dor., aux armes de Colbert, 43 fr.
350.Le Roy Modus des deduitz de la chace (Paris, Guill. Lenoir, 1560). In-8, fig. en bois, mar. bl., fil., tr. dor., Thouvenin, 49 fr. 95 c.
355.Traité de la relieure des livres, par Gauffecourt (1763), d.-rel., très rare, tiré à 12 ex., 15 fr. 60 c.
395.Stephani Doleti Orationes duae in Tholosam (S. l., s. n., s.d. [Lyon, Gryphius ?, 1534]). In-8, v. f., fil., le plus rare des livres de Dolet, 16 fr.
429.Q. Horatii Fl. Poemata (Amst., Dan. Elzevir., 1676). In-12, vél., non rogné, 150 fr. Payé 280 fr. à la vente Bérard.
436.Les Odes d’Horace en vers burlesques (Leyde, J. Sambix [Elzevir], 1653). In-12, mar. citr., dent., non rogné, très rare, 64 fr. 50 c.
486.Francisci Philelfi satyrarum hecatosticon decades X (Mediolani, per Christ. Valdarpher, 1476). In-fol., d.-rel., dos de mar. r., première édition fort rare, 290 fr. Ex. de Renouard payé à Londres 33 liv. sterl. en 1830.
501.Constant. Hugenii Momenta desultoria (Lugd.-Batav., Bonav. et Abr. Elzevirii, 1644). In-8, mar. vert, fil., tr. dor., rel. anc., signature de J. Racine, 19 fr. 50 c.
595.La Célestine (Paris, G. Robinot, 1578). In-16, réglé, mar. bl. à compart., tr. dor., quelques piqûres, aux chiffres de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, 32 fr.
598.Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé (Paris, Quillau, 1718). In-8, mar. vert à riches compart. en mosaïque, doublé de tabis, tr. dor., 180 fr. 95 c. Ex. Renouard payé 10 liv. sterl. à Londres en 1830.
674.T. Ciceronis Opera (Lugd. Bat., ex offic. Elzevir., 1642). In-12, 10 vol., mar. bleu, dent., doublés de moire, tr. dor., Derome, 341 fr. Ex. Renouard, avec quelques défauts.
677.L. Ann. Senecae philosophi Opera omnia (Lugd.-Bat., Elzevirii, 1640). In-12, réglé, 3 vol., vél. Avec Joh.-Fred. Gronovii ad L. et M. Ann. Senecas Notae (Lugd.-Bat., ex offic. Elzevir., 1649), réglé, plié. Non rogné, 500 fr.
753.L’Histoire de Cyrus, roi de Perse. In-fol., mar. bleu, dent., Bozerian jeune, 715 fr. Manuscrit du xve siècle, sur vélin, avec 7 miniatures.
765.Titi Livii Historiarum Libri (Lugd.-Bat., ex offic. Elzevir., 1634, 3 vol.), avec Joh.-Fred. Gronovii in Titum Livium notae (Lugd.-Bat., Elzevirii, 1645, 1 tom. en 2 vol.), avec Supplementorum Livianorum Decas (Holmiae, Janssonius, 1649, 1 vol.). Les 6 vol. in-12, mar. bleu, dent., doublés de tabis, tr. dor., 109 fr. Ex. Renouard.
779.C. Jul. Caesaris Commentarii (Venetiis, Nic. Jenson, 1471). In-fol., mar. bleu, à compart., mors et bords de mar. bleu, tr. dor., Bozerian jeune, 400 fr. Ex. payé à Londres en 1830 à la vente Renouard, 23 liv. st. et 2 sch.
793.P. Cornelii Taciti ab excessu Augusti annalium libri sedecim (Lugd., Haeredes S. Gryphii, 1559). In-16, mar. bl., fil., tr. dor., aux armes du comte d’Hoym, 17 fr. Le catalogue d’Hoym ne porte pas cette édition pour la raison que cet exemplaire est remboîté.
809.Figures des monnoyes de France, par J.-B. Haultin (1619). In-4, mar. bleu à compart., doublé de tabis, tr. dor., fort rare, 99 fr. Payé 7 liv. st. 17 sch. à Londres en 1830, à la vente Renouard.
818.Les Mémoires de Phil. de Commines (Leyde, Elzeviers, 1648). In-12, mar. r. à compart., mors et bordures de mar., tr. dor., [reliure assez laide] 107 fr. Haut de 5 pouces 1 ligne.
823.Le Cabinet du roy de France, par N. D. C. [Nic. Barnaud] (1581). In-8, réglé, mar. vert à riches compart., tr. dor., aux chiffres de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, 66 fr.
829.Histoire de France et des choses mémorables advenues aux provinces estrangères (Paris, Métayer, 1605). In-4, réglé, mar. r., couvert de fleurs de lis, tr. dor., aux armes et au chiffre de Marie de Médicis, 26 fr. 50 c.
840.Mémoires du duc de La Rochefoucauld et de M. de La Chastre (Villefranche, 1702). In-12, mar. r., fil., tr. dor., aux armes du comte d’Hoym, 49 fr. 95 c.
844.Remarques curieuses sur plusieurs songes de quelques personnes de qualité (Amst., Jac. Le Jeune, 1690). In-12, mar. vert, fil., tr. dor., Derome, 65 fr. 05 c.
856.La Ville et la République de Venise, par le chev. de Saint-Disdier (La Haye, Adr. Moetjens, 1685, 4eédition). In-12, v. gris, dent. à froid, non rogné, Simier, 97 fr. Ex. de Nodier, avec note de sa main qui restitue à Dan. Elzevir cette édition.
894.Manuel du libraire et de l’amateur de livres, par Brunet (Paris, 1820). In-8, 4 vol., d.-rel., dos de v. bleu, papier fort, 85 fr.

La première grande collection d’autographes qui ait été mise en vente fut celle du marquis de Chalabre, « formée en trois années, à force d’or, par un amateur qui n’aimait pas à attendre. » Elle était surtout riche à partir de Louis XIII et dans la série des rois et maîtresses, chronique d’alcôve et de cour.


Il y eut un supplément à ce catalogue, sous le titre de Notice de livres et d’autographes dépendans du cabinet de feu M. de Bruyères-Chalabre (Paris, J.-S. Merlin, 1833, in-8, [2]-9-[1 bl.] p., 35 lots d’imprimés et 87 lots d’autographes), dont la vente se déroula en deux vacations, les 31 mai et 1er juin 1833.

Qui était donc ce marquis de Chalabre bibliophile ?
Tout le monde en a parlé, souvent d’une manière anecdotique ou erronée : Eugène Roger de Beauvoir dans la Revue de Paris, Charles Nodier dans le Bulletin du bibliophile, Élisa Aclocque dans ses Souvenirs anecdotiques sur Mademoiselle Mars, Alexandre Dumas dans Les Mariages du Père Olifus, Paul Dupont dans son Histoire de l’Imprimerie, Madame Roger de Beauvoir dans ses Confidences de Mlle Mars, Mathurin de Lescure dans ses Autographes, le baron Pichon dans des notes publiées dans le Bulletin du bibliophile, Gabriel Hanotaux dans ses Bibliophiles, etc.
Personne ne s’est soucié de transmettre son identité véritable.

Après avoir eu soin de ne pas le confondre avec Roger, dit « le comte de Chalabre », administrateur des jeux de Paris, on découvre qu’il s’agit de Jean-Marthe-Félicité de Bruyères, marquis de Chalabre. Il était d’une très ancienne famille ayant pris son nom de la terre de Bruyères (Essonne), près d’Arpajon. Après la guerre contre les Albigeois et le partage des domaines du comte de Toulouse, cette famille reçut dans son lot la principauté de Chalabre (Aude), près de Carcassonne. Ses armes étaient « D’or, au lion de sable, armé et lampassé de gueules, la queue fourchée et passée en sautoir. »



Le marquis de Bruyères-Chalabre est né au château de Chalabre le 26 juillet 1785, fils de Jean-Louis-Félicité de Bruyères-Chalabre (1762-1838), ancien chef d’escadron et député de l’Aude, et de Anne-Françoise Bouret d’Étigny (1764-1785). Il mourut à Paris, le 28 mai 1832.  



Les Bibliothèques de la famille Paris

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Le berceau de la famille Paris [dont les membres ont toujours signé leur nom sans accent circonflexe] se trouve dans le Dauphiné, à Moirans (Isère), à 20 km. au nord de Grenoble.



Maison Paris à Moirans, dite "Château de la Grille"

L’union en 1665 de Pierre-Jean Paris avec Justine Trénonay fut d’une fécondité peu commune. Ils auraient eu 24 enfants [on ne retrouve que les actes de baptême de 16 enfants dans les registres de la paroisse de Moirans], dont six seulement survécurent, deux sœurs et quatre frères. Ceux-ci devinrent les célèbres financiers qui s’enrichirent comme pourvoyeurs des armées, pendant les guerres de 1700 à 1713, puis au cours de la spéculation qui eut lieu après l’instauration du système du banquier John Law : Antoine Paris (1668-1733), dit « le Grand Paris », l’aîné ; Claude Paris (1670-1744), dit « la Montagne », du surnom de son grand-père maternel ; Joseph Paris (1684-1770), dit « du Verney », du nom d’une propriété familiale ; Jean Paris (1690-1766), dit « de Monmartel » [il écrivait son nom sans « t »], du nom d’une autre propriété familiale.


Généalogie simplifiée des Paris

Les dernières années de la vie de Claude Paris furent remplies d’amertume et bouleversées par le chagrin que lui causa la conduite de ses fils. Leurs dissipations l’obligèrent à vendre ses terres, et quand il se retira en Dauphiné, il ne lui resta que 8.000 livres de rente.
Il légua ses livres et ses manuscrits à son fils François-Joseph Paris [et non Joseph-Louis] (1719-1744). La mort sans postérité de ce dernier fit échoir la bibliothèque à son autre fils, Jean-Baptiste Paris de Meyzieu, né à Paris le 16 mai 1718, qui en fit imprimer le catalogue pour la vendre : Catalogue des livres de feu Monsieur *** (Paris, G. Martin, 1760, in-8, 283 p., 3.538 lots).


Après cette vente, Paris de Meyzieu forma une nouvelle collection de livres auxquels vinrent s’ajouter une partie de ceux provenant des bibliothèques de ses oncles et  de son extravagant cousin, Armand-Louis-Joseph Paris de Monmartel (1748-1781), marquis de Brunoy.
Le château de Brunoy (Essonne), qui sera détruit à la Révolution, fut vendu en 1775, avec tout ce qui le garnissait, au comte de Provence, futur Louis XVIII, qui se composa alors une bibliothèque, dont chaque volume portait sur les plats un écusson spécial : « De France, à la bordure engrêlée de gueules, entouré des colliers des ordres, sommé d’une couronne ducale fleurdelisée », avec au-dessous la légende « Bibliothèque de Brunoy ».


La vente de la collection de Paris de Meyzieu eut lieu après sa mort, arrivée à Paris le 6 septembre 1778, en l’hôtel de Joyeuse, rue Saint-Louis-au-Marais [aujourd’hui sur l’emplacement du 37-39 rue de Turenne, IIIe], en 14 vacations du 15 au 31 mars 1779, puis en 25 vacations du 13 avril au 12 mai 1779. Tous les jours, au commencement de la vente, furent vendus des livres qui n’avaient pu être insérés dans le catalogue : Catalogue des livres de la bibliotheque de feu M. Pâris [sic] de Meyzieu, Ancien Conseiller au Parlement, & ancien Intendant de l’Ecole Royale Militaire (Paris, Moutard, 1779, in-8, xvj-336-10-[10] p., 3.758-16-89-81 lots). La vente produisit 54.000 livres.


« La Bibliothèque dont nous offrons aujourd’hui le Catalogue, a été formée par les soins de M. Pâris de Meyzieu : elle est le fruit de ses recherches & de son amour pour les Livres depuis quarante années. Ce célebre Bibliophile n’a d’ailleurs rien épargné pour l’enrichir. Dans ses voyages d’Italie, d’Allemagne, de Hollande, il a recueilli les Livres les plus précieux de la Littérature de ces différens Pays. Il en a visité tous les Savans, & parcouru toutes les Bibliotheques. Aussi peu de Catalogues offrent autant de richesses en Littérature étrangere, sur-tout en Poëtes & en Historiens.
M. de Meyzieu avoit réuni un très-grand nombre d’Editions des premiers temps de l’Imprimerie, connues sous la dénomination d’Editio princeps. Beaucoup aussi de celles des plus fameux Imprimeurs du seizieme siecle, tels que les Juntes, les Aldes, les Plantin, les Vascosan, les Etiennes, les Morels, les Gryphes & les Elzévirs. Une Collection aussi précieuse auroit demandé un détail plus circonstancié & une plus grande exactitude ; mais le peu de temps qui nous a été laissé pour les dispositions de ce Catalogue, ne nous a pas permis d’y apporter tous nos soins : nous nous sommes contentés d’indiquer les articles les plus précieux, & de renvoyer pour ces articles, à la Bibliographie instructive de M. Debure le Jeune. Nous nous sommes aussi servis de cet excellent Ouvrage, pour collationner ces mêmes articles, & nous n’en exposerons aucun en vente sans qu’il ait été collationné. » [sic]

Le catalogue indique les formats, rarement la nature de la reliure, jamais l’existence des armes du propriétaire, « D’or, à une fasce d’azur chargée d’une pomme d’or, feuillée et tigée de sinople », et donne très peu de commentaires, uniquement pour les numéros suivants :

9.Biblia Sacra (Lugduni, a Porta, 1542, in-fol.). Bible rare, imprimée par les soins du fameux Servet, que Calvin fit brûler à Genève en 1553, pour ses erreurs sur la Trinité.
455.Christianismi Restitutio ; opus Mich. Serveti, paginae 252 impressae, reliquaMss. (1553. 2 v. in-4). « L’original de ce Livre unique est un in-8° de 734 pag. il a appartenu à feu M. de Bose, & est à présent dans la Bibliotheque de M. le Duc de la Valliere. M. de Bose avoit prêté cet original au Docteur Mead qui s’étoit décidé à en faire imprimer un seul exemplaire, de forma in-4. mais l’impression a été interrompue à la page 252. Le reste est manuscrit ; c’est cet exemplaire aussi unique que nous présentons au Public. » [sic]
553.Procès-verbal de l’Assemblée du Clergé de France, tenue à Paris en 1625 (Paris, Etienne, 1625, in-4). Très rare. « Ce volume finit comme tous les exemplaires qu’on connoît, à la page 448 ; mais on a joint à la fin de celui-ci les avis de l’assemblée, publiés par Léonor d’Estampes, qui commencent seulement à la page 5. » [sic]
738.Roderici Zamorensis Speculum vitae humanae (s.l., s.d., in-fol.). « Cette Edition nous paroît être la premiere de 1478, indiquée dans la Bibl. inst. sous n°. 1328 ; cependant les quatre derniers vers qui commencent par ces mots hoc Conradus, & finissent par de maximo 1468, ne s’y trouvent pas ; ce qui fait que cette Edition est sans date. » [sic]
1.254.T. Lucretii Cari, de Rerum primordia natura Libri sex (Veronae, excudebat Paulus Fridenperger, anno 1486, in-fol.). « Edition fort rare, & la premiere qui ait été publiée. » [sic]
1.264.Caïus Catullus (Londini, Litteburius, 1684, in-4). « Edition recherchée, parce qu’elle renferme dans les Notes une partie du fameux Traité de Beverland, qui auroit eu pour titre De Prostibulis veterum. » [sic]
1.270. Publii Virgilii Maronis Opera quae exstant ; scilicet, Bucolica. = Georgica & Æneis. (Venetiis, per Vindelinum de Spira, anno Domini 1470, in-fol.). Editio princeps & impressa in membranis. « Ce Livre est l’unique qu’on connoisse en France. » [sic]
1.323.Francisci Philelphi Satyrae (Mediolani, Valdarfer, 1476, in-fol., m. r.). « Cette édition est la première, & est d’une grande rareté. » [sic]
1.325.Pacifici Maximi Poëtae Asculani Hecatelegium (Florentiae, Mischoninus, anno 1489, in-4). « Cette édition est la première, & est si rare, que M. Debure dit, dans sa Bibl. Instit. n°. 2878, qu’il n’en pas vu d’exemplaire, lors de la publication de son Livre en 1765. » [sic]
1.485.Gierusalemme liberata del medesimo, con le figure di Gian B. Piazetta (Vinezia, Albrizzi, 1745, in-fol.). G. P. mar. à compartiments, avec figures colorées en miniatures. Cet exemplaire a été acheté à la vente de Madame la marquise de Pompadour.
1.770.Gasparini Pergamensis Epistolae (Parisiis, Ulric Gerning [sic], 1470, in-4). Edition très rare, on la regarde comme un des premiers essais de l’Imprimerie de Paris, établie en Sorbonne.
1.878.Collectionnes Peregrinationum in Indiam Orientalem & in Indiam Occidentalem, XXV partibus comprehensae, cum figuris Meriani & Fratrum de Bry (Francofurti, 1598, 1634, 10 vol. in-fol., mar.). N. B. L’Amérique, première Edition, 1590, 9 part. Les Indes Orientales, 1598, 4 vol. avec l’Index, & l’Amérique, deuxième Edition, 13 part. 1634, 3 vol. in-fol. Cet exemplaire vient de M. de Boze, et est un des plus complets.
1.913.Justini Historici in Trogi Pompeii Historias Liber XLIIII feliciter explicit (Venetiis, Jenson, 1470, in-fol., vélin). Première édition.
2.173.Josephi Flavii Historia, cum Prologo Sancti Jeronimi (Editio vetustissima absque anno, in-fol., m. r.). Cet exemplaire est celui qui a appartenu à Colbert.
3.195.Olavi Rudbeckii Atlantica (Upsalae, Carius, 1675-1699, in-fol., 4 vol. m. j.). Livre d’une très grande rareté. L’auteur y veut prouver que la Suède est la fameuse Isle Atlantique dont les Anciens ont dit tant de merveilles, et que c’est le pays où les sciences et les arts ont pris naissance.
          




Le neveu de Paris de Meyzieu, Antoine-Marie Paris d’Illins [et non d’Illens], du nom d’une seigneurie en Dauphiné, naquit à Paris le 9 mars 1746. Officier de cavalerie, il hérita de Villers-sur-Mer (Calvados) à la mort de son cousin le marquis de Brunoy.
Son fils Raoul Paris d’Illins (1802-1874) sera maire de Villers-sur-Mer pendant 28 ans et contribuera au développement et à l’embellissement de la station balnéaire.  

Sous la Révolution, Paris d’Illins, qui fut un des acquéreurs à la vente La Vallière en 1784, fit passer en Angleterre la plus grande partie de sa bibliothèque. Elle fut dispersée en vente publique à Londres, du 28 mars au 1er avril 1791.


L’édition française du catalogue, Bibliotheca elegantissima, Parisina. Catalogue De livres choisis, provenants du cabinet d’un amateur très distingué par son bon goût, et l’ardeur qu’il a eu de rassembler ce qu’il a trouvé de plus beau, de plus rare et de plus curieux ; auxquels on a aussi joint un choix de la collection d’un autre amateur (Londres, Edwards, et Paris, Laurent, 1790, in-8, [4]-192-[2] p., 637 lots, dont 3 bis et 537 bis), est plus rare que l’édition anglaise : Bibliotheca Parisiana. A catalogue of a collection of books, formed by a gentleman in France, Not less conspicuous for his Taste in distinguishing, than for his Zeal in acquiring, whatever, of this Kind, was most perfect, curious, or scarce (Londres, Edwards, et Paris, Laurent, s.d. [1791], in-8, viii-164 p., 662 lots dont 26 numéros bis).


« Le cabinet de livres dont nous donnons le catalogue, est sans contredit le plus beau (pour le petit nombre) qu’on ait jamais offert au public ; la rareté extrême d’un très grand nombre d’articles, les qualités extraordinaires des autres, par quelques augmentations qui les rendent supérieurs, la magnificence des livres de desssins et de ceux imprimés sur vélin, la conservation parfaite et la superbe reliure de tous, font voir avec quel zele et quel plaisir on s’étoit amusé à les former sans égard à la dépense. » [sic]

1.Bibliorum sacrorum versiones quatuor (Venetiis, ap. Ant. Pinellum, 1650, m. r.). Avec les écussons de de Thou. 3 £ 4 sch.
3 bis.Biblia sacra vulgatae editionis (Romae, ex typographia apostolica vaticana, 1590, in-fol. ch. mag. mar. r.). Avec les armes de Sixte Quint. Il s’est vendu 1.210 livres (50 £) à la vente de M. de Limare. 64 £ 1 sch.


15.Office de la Vierge. Manuscrit avec 39 miniatures et un grand nombre de figures bizarres, oiseaux, etc., supérieurement exécuté, 2 vol. in-8, m. bl. doublé de tabis, avec étuis. 110 £ 5 sch.
25.La Légende dorée, translatée de latin en françois, in-fol., velours vert. Manuscrit sur vélin du xive siècle, en lettres de forme, avec beaucoup de miniatures. A appartenu à Claude d’Urfé. 5 £ 5 sch.
30.Mich. Serveti de Trinitatis erroribus libri septem, 1531 ; ejusdem Serveti de Trinitate dialogorum libri duo, et de justitia regni Christi capit. Quatuor, anno 1532, in-8, mar. r. d. s. t., édition originale. 10 £ 15 sch. Il s’est vendu 605 livres (25 £) à la vente Gaignat, 700 liv. 1 s. (29 £) à la vente La Vallière.
121.Histoire naturelle des oiseaux, par Eléazar Albin, ornée de 306 estampes (La Haye [Londres], 1750, 3 t. in-4, v. f.). Vient de Madame de Pompadour. 12 £ 12 sch.
186.Petrus Crinitus de poetis latinis (Florentiae, per P. Juntam, 1565 [et non 1505], in-fol., v. dentelles). Exemplaire de Grolier, parfaitement conservé. 1 £ 9 sch.
211.Marci Manlii poetae clarissimi astronomicon ad Caesarem Augustum liber primus (Bononiae impressum per me Ugonem Rugerium et dominum Bertochum, anno Domini 1474, die vigesimâ martii. In-fol., mar. r., première édition. Livre si rare que plusieurs bibliographes en nient l’existence. 30 £ 9 sch. à Cracherode.
402.L’Heptameron, ou Histoire des amants fortunés (Paris, 1574, in-8, mar. r.).Exemplaire du comte d’Hoym. 14 £
403.Les Heures de récréation et d’après-dîners, de Louis Guicciardin (Paris, 1578, mar. r.). Exemplaire du marquis de Vieuville. 1 £ 4 sch.
453.Adagiorum chiliades quatuor cum ses quicenturia D. Erasmi (Oliva, Stephani, 1558, in-fol., mar. r.). Avec les écussons de de Thou. 1 £
486. Collectionnes peregrinationum in Indiam orientalem et in Indiam occidentalem, XXV partibus comprehensae (Francofurti ad Moenum, typis Jo. Wecheli, sumptibus vero Theodori de Bry, anno 1590 et sequentibus, 60 tomes reliés en 24 vol. mar. cit., bleu et rouge). Exemplaire de l’abbé Rothelin vendu après sa mort à Paris de Meyzieu. Ce n’est que Paris d’Illins qui parvint à rendre cet exemplaire le plus complet et le plus beau qui existe. 210 £
508.Histoire de Thucydide (Paris, 1527, in-fol., avec une belle miniature au frontispice, mar. r. dentelles). Exemplaire imprimé sur vélin qui a appartenu à François Ier. 20 £ 9 sch.
509.Xenophontis opera omnia graecè, cum annotationibus (1581, in-fol. mar. r.). Ex. sur grand papier, avec les écussons de de Thou. 5, £ 15 sch.
513.Q. Curtii Rufi historiarum Alexandri Magni libri novem (Venetiis, per Vindelinum Spirensem, circa annum 1470, in-4, mar. r. dentelles). Première édition d’un livre très rare, superbe exemplaire. 22 £ Vient de la bibliothèque du duc de La Vallière où il a été payé 619 liv. 19 sous. Maittaire et d’autres annoncent à tort le format in-fol.
580.Nuevo descubrimiento del gran rio de las Amazonas ; por de Acuna (Madrid, 1641, in-4, réglé, mar. dentelles). 10 £ 10 sch. Livre de la plus grande rareté. Exemplaire acheté par Paris d’Illins à la vente Girardot de Préfond, 252 liv. (10 £ 12 sch.)
608.Jo. Mabillon de re diplomatica libri 6 (Paris, 1681) ; ejusdem Supplementum (Paris, 1704). Deux vol. in-fol., m. r. Exemplaire de Colbert, sur grand papier. 21 £ à lord Spencer.

Parmi les acquéreurs se trouvèrent lord Spencer, Douce, Woodhull, Cracherode, Laurent, Molini, Payne, Barrow, Johnes, Mason, Elmsley, lord Gray, Hilbert, lord Gainsborough, Braddyl, Nowel, Wilson, Royal Library, Knight, Turner, B. White, Robson, Sterling, Nash et le duc de Newcastle. La vente produisit 7.076 £ 17 sch. 6 d.

Les anglo-saxons ont le chic pour détourner à leur profit certaines découvertes françaises. J’ai déjà signalé ailleurs le cas de la « bibliographie matérielle ». Ici, ce sont Arthur Rau, en 1969, puis Milton McC. Gatch, en 2011, qui ont prétendu avoir découvert l’identité de l’ « amateur très distingué », le « gentleman in France », alors que Seymour de Ricci (1881-1942) l’avait fait depuis au moins septembre 1915, dans son article sur « Quelques bibliothèques françaises passées en Angleterre », paru dans le Journal des savants (p. 420) :


« Un joli catalogue est celui de la Bibliotheca Parisina, vendue le 26 mars 1791 ; elle renfermait non seulement des livres de M. Pâris (qui était Paris d’Illins et non pas comme on l’a souvent dit Pâris de Meyzieu), mais encore un choix précieux d’incunables provenant du cardinal Loménie de Brienne. On peut assurer notamment que toutes les belles impressions sur vélin, annoncées au catalogue comme provenant de Claude d’Urfé, n’ont point cette origine : en 1772, le duc de la Vallière avait acheté toute la bibliothèque des d’Urfé et ces volumes ne s’y trouvaient point. Ils venaient, en réalité, des Minimes de Tonnerre [Yonne], de qui le cardinal Loménie de Brienne, en sa qualité d’archevêque de Sens, n’avait pas eu trop de peine à les obtenir. »

Antoine-Augustin Renouard (1765-1853) écrivait déjà en 1819, dans son Catalogue de la bibliothèque d’un amateur (t. IV, p. 259), à propos de son exemplaire de la Bibliotheca Parisina :

« C’est bien le plus fautif de tous les catalogues. On y estropie les titres, on y crée des éditions qui jamais n’existèrent ; et néanmoins l’extrême importance de la collection rend très curieux cet incorrect volume. Sur cet exemplaire, le seul qui existe de ce grand format [petit in-4, pap. vél., mar., bl., tabis, dent.], sont les prix de la vente qui fut faite à Londres, en 1791, et sur les marges intérieures ceux de l’estimation préalablement faite par Edwards, qui vendoit de compte à demi avec M. Pâris, propriétaire de cette riche bibliothèque. » [sic] 

Colonel à la retraite en 1801, Antoine-Marie Paris d’Illins reprit de l’activité en 1807, comme général de brigade, et fut tué à la bataille d’Ocaña (Espagne), le 18 novembre 1809.
Le reste de sa bibliothèque était demeuré au château de Villers-sur-Mer (Calvados) et fut vendu du 27 au 29 mai 1889 : Bibliothèque de M. P *** Catalogue d’un beau choix de livres anciens rares et curieux. Ouvrages à figures du xviiie siècle, pièces rares sur l’histoire de France des règnes de Charles IX à Henri IV, en grande partie reliés par Derome jeune(Paris, Antonin Chossonnery, 1889, in-8, 57 p., 348 lots).





Dupuy-Demportes. Traité historique et moral du blason
Paris, Jombert, 1754
Christie's, Paris, 8 novembre 2004, 5.875 €









La Bibliothèque de Méon, placée deuxième, après celle de La Vallière

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Dominique-Martin Méon naquit le 1er septembre 1748 en Lorraine,  à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle). Il trouva un emploi au ministère de la Guerre, où il fut attaché au service administratif des munitions de cavalerie. Après le retour d’Égypte de Bonaparte, à la fin de 1799, il fut destitué. Pour subsister, il fut bientôt obligé de vendre la bibliothèque de choix, qu’il avait formée pendant un quart de siècle, particulièrement pendant la période révolutionnaire.

C’est Pierre-François Bleuet, libraire depuis 1784, d’abord au Havre, puis à Paris, place de l’École, qui publia le Catalogue des livres précieux, singuliers et rares, tant imprimés que manuscrits, qui composaient la Bibliothèque de M. ** (Paris, Bleuet jeune, an XII-1803, in-8, xxiv-522-4-[2] p., 4.166 lots) :

« La Bibliothèque dont nous publions le Catalogue présente dans son ensemble une des plus riches collections qu’on ait offertes depuis vingt ans à la curiosité des amateurs. En effet, depuis la vente de la fameuse Bibliothèque du Duc de la Vallière, il ne s’en est point présenté en ce genre qui offrît autant d’intérêt que celle-ci, par la variété des ouvrages, le choix des exemplaires, ou l’excellence des éditions. »

Les bibliographes font, encore aujourd’hui, beaucoup de cas du catalogue de cette bibliothèque. La vente se fit rue des Fossés Montmartre, du 23 brumaire [15 novembre 1803] au 16 nivôse an XII [7 janvier 1804], en 42 vacations. Cette vente mémorable, qui trouva peu d’amateurs au milieu des guerres du Consulat, donna le spectacle d’un étrange rabais infligé aux livres les plus précieux et ne produisit environ que le huitième de ce qu’elle aurait pu produire. Le jeune Alexandre de Soleinne (1784-1842) y commença sa bibliothèque, en achetant autant de livres que ses moyens pécuniaires lui permirent de le faire.

368.Missae ac Missalis anatomia, hoc est dilucida ad minutissimas usque particulas Missae ac Missalis enucleatio. Impressum anno 1561, in-8, mar. r. lav. réglé, rel. de Padeloup. Livre rarissime, inconnu à la plupart des bibliographes. Ex. de Girardot de Préfond. 61 fr. 5 c.
537.L’Encyclopédie, ou Dictionnaire des sciences, arts et métiers, rédigé par Diderot et d’Alembert. Paris, Briasson, 1751, 35 vol. in-fol., v. m. (Première édition). 520 fr.
766.Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du cabinet du Roy ; par MM. de Buffon et d’Aubenton. Paris, imprim. Royale, 1749, 38 vol. in-4, cart. non rognés, dos de veau fauve. Première édition et exemplaire unique.
767.Histoire naturelle des oiseaux, par M. de Buffon. Paris, impr. Royale, 1771, et ann. suiv., 10 vol. gr. in-fol., cart. non rognés, dos de veau fauve. On y a joint les Scarabées qui forment un 11e vol.
Les deux articles766-767 vendus ensemble 3.801 fr. Ces deux ouvrages ont été achetés à la vente Anisson du Péron (numéros 183 et 236).
944.L’Escalier des sages, ou la Philosophie des anciens, avec de belles figures ; par un amateur de la vérité (Barent Comders van Helpen). Groningue, 1689, in-fol. mar. r. 36 fr. 5 c.
1.186.Toutes les Œuvres de Jacq. Calot. Paris, Fagnani, 2 vol. in-fol., mar. r. Ex. Pompadour. 120 fr. 5 c.
1.367.Les Œuvres de Virgile, traduites en françois, le texte vis-à-vis la traduction, ornées de fig. en taille douce, avec des remarques ; par l’abbé des Fontaines. Paris, Quillau, 1743, 4 vol. gr. in-8, fig. mar. bl. rel. de Derome. 57 fr. 5 c.
1.385.M. Annaei Lucani poetae ac oratoris clarissimi Pharsalia : cum familiari atque perlucidâ annot. Petri de Ponte caeci Brugensis, quâ singularum lectionum sententiae vel minimis historiographiae ac poetices tyrunculis facilè enotescunt. Parrhisiis, Guielmum Lerouge, 1512, in-8, mar. r. Édition de la plus grande rareté. Ex. vendu 131 liv. à la vente Mérigot (n° 1.805). 139 fr.
1.495.Le Champion des dames. Paris, Galiot Dupré, 1530, in-8, fig. mar. bl. lav. rég. Édition rare et recherchée. Ex. de Girardot de Préfond. 36 fr. 5 c.
1.589.Les Marguerites de la Marguerite des princesses, très-illuste Royne de Navarre. Lyon, de Tournes, 1547, 2 vol. in-8, mar. r. rel. de Derome. 36 fr.
1.616.Œuvres de P. Ronsard, gentilhomme Vendomois, rédigées en 10 tomes. Paris, Buon, 1587, 5 vol. in-12, mar. r. bl. et cit., rel. uniforme. Ex. de La Vallière (n° 3.162). 56 fr.
1.692.La Guirlande de Julie, offerte à Mademoiselle de Rambouillet, par le marquis de Mautausier. Paris, Didot jeune, 1784, in-8, sur peau de vélin, dos de mar. 104 fr.


1.710.Contes et Nouvelles en vers, par la Fontaine, avec les figures de Romain de Hodge [sic]. Amst., Brunel, 1699, 2 tomes en 1 vol. in-8, mar. r. Ex. de Piron. 95 fr.
1.714 [i.e. 1.715]. Œuvres complettes d’Alexis Piron, publiées par Rigoley de Juvigny. Paris, Lambert, 1776, 8 vol. in-8 (pap. de Holl.), mar. r. rel. de Derome. 137 fr.  


1.882.Recueil de pièces choisies rassemblées par les soins du Cosmopolite. Ancône, Uriel, 1735, in-4, mar. v. dent. Ce recueil, de la plus grande rareté, fait par le duc d’Aiguillon d’alors, et imprimé chez lui et par lui, à Verret en Lorraine, est une collection des pièces les plus impies et les plus libres connues dans ce temps. Cet ouvrage n’a été tiré qu’à 7 ex. 300 fr.
1.962.Les Aventures périlleuses du brave et valeureux héros Thewerdanck, écrites en vers Teutoniques ; par Melchior Pfintzing, et ornées de 118 figures allégoriques, gravées en bois. Ausbourg, Hansen Schoensperger l’aîné, 1519, in-fol., mar. r. rel. de Derome. Ouvrage magnifique et d’une grande rareté, dont l’exécution est regardée comme un des plus beaux chef-d’œuvres de l’imprimerie ; les 118 estampes allégoriques ont mérité d’être attribuées pendant longtemps au célèbre Dürer. Cet ex. a appartenu à Girardot de Préfond. 130 fr.
2.016.Moralité de la vendition de Joseph, fils du patriarche Jacob, à 49 personnages. Manuscrit figuré sur vélin, in-fol., goth. de forme longue, mar. bl. dent. doublé de moire. 120 fr. 5 c. à Soleinne. 


2.452. Œuvres de Me François Rabelais, ornées de figures en taille-douce gravées par Bernard Picart. Amst., Fred. Bernard, 1741, 3 vol. in-4. G. P. mar. r. doublé de moire, dent. Magnifique exemplaire, satiné, relié à Londres par H. Walther. 479 fr.
2.610.Le Roman de Merlin l’enchanteur. Paris, Ant. Vérard, 1498, 3 vol. pet. in-fol. goth., v. f. fil. d. s. t. 72 fr.

2.612.Gyron le Coutoys. Paris, Ant. Vérard, s. d., in-fol. goth. mar. cit. Magnifique exemplaire. 90 fr. 

2.961.Libro della origine delli volgari proverbi di Aloyse Cynthio. In Venegia, per Maestro Bernardino et Vitali Fratelli, 1526, in-fol. mar. r. Ouvrage d’une excessive rareté, rempli d’obscénités, supprimé et brûlé par l’Inquisition. Exemplaire qui vient de la bibliothèque de Paris de Meyzieu, avec une lettre de Girardot de Préfond sur la recherche inutile qu’il fit pendant 30 ans de cet ouvrage que le hasard seul lui procura, et qui annonce cet exemplaire comme celui de l’auteur même. 506 fr.
3.000.Omnia Andreae Alciati Emblemata. Antverpiae, Plantin, 1577, in-8, fig. en bois, v. f. à comp. (rel. anc.). Ex. de Beaucousin. 68 fr.
3.046.Œuvres d’Alain Chartier, en son vivant secrétaire du roy Charles VII. Paris, Galiot Dupré, 1529, in-8, mar. cit. rel. de Padeloup. Ex. La Vallière (n° 2.793). 78 fr. 10 c.
3.065.Œuvres de Fontenelle, édition enrichie de figures gravées par Bernard Picart. La Haye, Gosse et Néaulme, 1728, 3 vol. in-fol. G. P. mar. bl. (lavé-réglé). 300 fr.
3.072.Collection d’ouvrages imprimés par ordre du comte d’Artois. Chez Fr. Ambr. Didot l’aîné (Vulgairement dite Collection d’Artois), 64 vol. in-18, papier fin d’Annonay, mar. rouge dent. doublés de moire, reliure très élégante de Bozerian l’aîné. Cette précieuse collection, livrée en feuilles à la reliure, est conservée dans toute la grandeur de ses marges. On l’a ornée de plus de deux cents cinquante figures avant lettres, prises de différentes éditions des ouvrages qui la composent ; on y a joint des portraits et eaux-fortes. Toutes ces figures sont en doubles et coloriées avec le plus grand soin. 1.450 fr.
3.130.Description générale et particulière, ou Voyage historique, topographique et pittoresque de la France. Paris, Pierres et Lamy, 1781 et ann. suiv., 12 vol. gr. in-fol., fig., v. m. f. d. s. t. (les trois derniers en feuilles et en cahiers). Très bel exemplaire de souscription provenant de la bibliothèque de Paignon-Dijonval. 499 fr.
3.719.Recueil de chansons, vaudevilles, sonnets, épigrammes, épitaphes et autres vers satyriques et historiques, avec des remarques curieuses, depuis 1389 jusqu’à l’an 1747 inclusivement, 41 vol., précédé d’un Recueil d’anciennes chansons de différens auteurs, faites sous le règne de S. Louis et depuis. En tout 44 vol. in-fol. Manuscrit, mar. r. Recueil formé par M. de Maurepas. 2.850 fr.
3.767.Figures des monnoyes de France, publiées par J. Baptiste Haultin. Paris, 1619, in-4, mar. cit. à comp. Magnifique exemplaire d’un livre très rare. 450 fr.
3.876.Recueil de peintures antiques. Paris, Hypp.-Louis Guerin et L.-Franç. Delatour, 1757. – La Mosaïque de la Palestine, 1760, gr. in-fol., mar. r. tabis. Ouvrage très rare, publié par le comte de Caylus, qui n’a été tiré qu’à 30 ex. Celui-ci est un des trois coloriés par lui-même. 851 fr.
3.953.Catalogue des livres de la bibliothèque de M. le Duc de la Vallière. Paris, Debure, 1783, 6 vol. in-8, G. P. de Holl. cart. non rognés, dos de m. r. (avec les prix). Il n’y a eu que 12 exemplaires tirés sur ce papier. 91 fr.

4.052. Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle. Rotterdam, 1720, 4 vol. in-fol. G. P. de Holl. mar. violet, dent. doublé de tabis, lavé-réglé. Ex. très précieux, dans lequel on trouve, à la tête de l’Épître dédicatoire, les vers adressés au Régent, supprimés dans les autres exemplaires de la même édition. On y a joint la vie de Bayle par Desmaizeaux, de l’édition de 1740, tirée également en grand papier. Il n’a paru dans le commerce, depuis nombre d’années, que trois exemplaires aussi complets que celui-ci. Il a passé du cabinet de Randon de Boisset dans celui de d’Hangard, à la vente duquel il fut acheté 1.400 liv. au mois de mars 1789 (n° 2.451). 1.173 fr.
4.088.Raccolta de quadri piu cospicui del Palazzo Gran-Ducale in Firenze. Firenze, 1764, in-fol. Atlant. cart. dos de v. f. Cet exemplaire, qui vient du cabinet du général marquis Manfredini, est un des trois tirés avant la lettre. 100 fr.   

4.136.Histoire des empereurs romains, depuis Jules-César jusques à Posthumus, avec toutes les Médailles d’argent qu’ils ont fait battre de leurs temps, par J. B. Haultin. Paris, Sommaville, 1645, in-fol. Extrêmement rare. Non vendu.    

Les connaissances que Méon avait acquises en bibliographie le firent employer comme surnuméraire à la section des manuscrits de la Bibliothèque impériale, où il fut chargé de dresser le catalogue des manuscrits français et en langues modernes : son travail laisse beaucoup à désirer sous le rapport de l’exactitude. Suspendu de ses fonctions pendant quelque temps, par suite d’une décision des conservateurs, Méon fut réintégré par ordre supérieur, et nommé en 1826 conservateur adjoint de la Bibliothèque royale ; il reçut en même temps la croix de la Légion d’honneur et une pension de 1.200 francs. Il mourut à Paris le 5 mai 1829.

Méon contribua à la résurrection de la littérature française médiévale. On lui doit en effet plusieurs éditions d’anciens ouvrages : Blasons, poésies anciennes recueillies par D. M. M. (Paris, Guillemot, 1807, in-8) ; Fabliaux et contes des poètes françois des xi, xii, xiii, xiv et xve siècles (Paris, B. Warée oncle, 1808, 4 vol. in-8) ; Le Roman de la Rose par Guillaume de Lorris et Jehan de Meung (Paris, P. Didot l’aîné, 1814, 4 vol. in-8) ; Nouveau recueil de fabliaux et contes inédits, des poètes françois des xiie, xiiie, xive et xve siècles (Paris, Chasseriau, 1823, 4 vol. in-8) ; Le Roman du Renart (Paris, Treuttel et Würtz, 1826, 4 vol. in-8). Il prit part aussi à l’édition de Le Roman de Rou et des ducs de Normandie, par Robert Wace (Rouen, Edouard frère, 1827, 2 vol. in-8), des Lettres de Henri VIII à Anne Boleyn (Paris, Crapelet, s.d. [1826]) et de Les Hommes de la Révolution peints d’après nature, par Coste d’Arnobat (Paris, 21 janvier 1830).  

Obsédé par les imprimés sur vélin : le comte Mac-Carthy Reagh

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Issu de l’une des anciennes et grandes familles qui régnèrent sur l’Irlande au Moyen Âge, Justin Mac-Carthy Reagh est né le 18 août 1744, à Springhouse, près de Bansha, dans le comté de Tipperary. [« Reagh » est un surnom qui veut dire « le Roux » et qu’on doit prononcer « Riabac »]
Il était le fils unique de Denis Mac-Carthy (1718-1761), qui était venu se fixer en France pour soustraire sa famille au despotisme politique et religieux de l’Angleterre, et qui mourut prématurément en l’hôtel de la Promenade, à Argenton-sur-Creuse (Indre).
Entrée de l'hôtel Mac-Carthy

 

Après avoir réalisé tout ce qu’il avait pu conserver des débris d’une immense fortune, Justin Mac-Carthy s’établit, avec sa nombreuse famille composée de six garçons et trois filles, dans le plus bel hôtel toulousain du xviiie siècle, à l’angle de la rue Mage et de la rue d’Aussargues, l’hôtel d’Espie.



Il l’avait acheté en 1773 au marquis de Chalvet, au prix énorme de 93.000 livres : vastes pièces sans coupure, sans rétrécissement, belles par leurs proportions et par l’élévation exceptionnelle de leurs plafonds ; partout de soyeuses tentures, de larges draperies, des portraits de famille, par Thomas Lawrence ou Angelica Kauffman, des personnages graves aux habits brochés et aux grandes chevelures, par Pompeo Batoni, Nicolas de Largillière ou Jean-Marc Nattier, des meubles de velours amples et commodes, des lustres d’un cristal pur dont le bronze ou les dorures ne dissimulaient pas l’éclat. La bibliothèque était placée au premier étage, au-dessus du grand salon.


En 1776, Mac-Carthy fut naturalisé français et obtint le titre de comte, puis fut admis l’année suivante aux honneurs de la cour.

Justin Mac-Carthy avait montré dès sa jeunesse un goût éclairé pour les sciences et les lettres. Il avait fait l’acquisition en 1769 de la totalité du second cabinet de Girardot de Préfond, qui avait acheté récemment chez Gaignat des articles de la plus grande rareté. Mac-Carthy chargeait généralement Debure de faire des achats pour lui dans les ventes parisiennes et lui faisait adresser ses envois d’Angleterre. Se trouvant bientôt à la tête d’une grande quantité de livres doubles, dont il pratiquait ordinairement l’échange, il chargea Debure d’en faire la vente au mois de janvier 1780 : Catalogue des livres rares et précieux du cabinet de M.  L. C. D. M. (Paris, G. de Bure fils aîné, 1779, in-8, x-[2]-164 p., 1.375 lots) et Supplément au Catalogue des livres rares et précieux du cabinet de M.  L. C. D. M. (Paris, G. de Bure fils aîné, 1779, in-8, iv-19-[1 bl.] p., 167 lots).



Ce catalogue renferme tant d’articles précieux, qu’on l’eût pris plutôt pour la vente d’un cabinet entier que pour celle de doubles : des manuscrits et quelques livres imprimés sur vélin, des premières éditions, telles que les Bibles de Jenson, de Gering, de Servet, la Missa latina de Flaccus Illyricus, S. Augustinus de Civitate Dei, Wiclefi Dialogi, les Ouvrages de Postel, de Jordanus Brunus, un superbe exemplaire des Offices de Cicéron imp. à Mayence en 1466, des auteurs grecs et latins en grand papier, des livres modernes, tels que le Corps diplomatique de Dumont en grand papier, l’Histoire de la Caroline par Catesby, celle de la Jamaïque par Sloane, le Dictionnaire des arts et des sciences 33 vol. in-fol., grand papier, etc. La plus grande partie des livres avaient été reliés par les plus habiles relieurs de Paris (Derome le jeune) et de Londres (Roger Payne, John Baumgarten).

Il forma une des plus belles et des plus riches bibliothèques particulières qui existaient en Europe, et fit de son hôtel le rendez-vous des savants et des artistes les plus distingués. Cette bibliothèque était plus remarquable par le choix des ouvrages, la rareté des éditions et la condition somptueuse des reliures, que par le nombre des ouvrages et la quantité des volumes.
Il était à la recherche de tous les ouvrages curieux. Il lui fallait particulièrement des exemplaires précieux par leur conservation. Souvent, on l’a vu, pour en former un tel qu’il le souhaitait, réunir les diverses feuilles de deux exemplaires qu’il sacrifiait au désir de posséder un ouvrage unique et sans maculature. Durant la Révolution, il profita de la vente des bibliothèques des monastères, achetant à bas prix les livres dont les administrateurs de cette époque étaient loin de connaître la valeur.

Il glana également avec un rare bonheur dans la bibliothèque d’Albi, dans laquelle il trouva de bien beaux ouvrages qui ne lui coûtèrent pas cher. C’est à l’incompétent Jean-François Massol (1737-1824), chanoine défroqué et premier bibliothécaire d’Albi nommé en 1795, que la ville d’Albi doit la perte de plusieurs manuscrits médiévaux échangés contre des ouvrages « plus utiles » avec Mac-Carthy. La bibliothèque d’Albi possédait en effet une douzaine de manuscrits précieux qui avaient presque tous appartenu à des personnages célèbres, tels que le roi René d’Anjou, le duc de Berry et Nicolas Flamel, et Massol racontait en 1820 qu’il avait eu le bonheur de « purger » la bibliothèque de toutes ces « inutilités » en les livrant au célèbre bibliomane, qui donna en échange une édition, petit format, de l’Histoire naturelle de Buffon. En se vantant de ce déplorable marché, il faisait aussi connaître le regret qu’il avait éprouvé de ne pouvoir livrer à Mac-Carthy un autre manuscrit qu’un professeur avait emporté à la campagne. Ce manuscrit, si peu apprécié par l’ancien bibliothécaire d’Albi, n’était autre chose que la traduction, en latin, des dix-sept livres de la Géographie de Strabon, par Guarini, de Vérone, présentée au roi René lui-même, par le traducteur. 



"Bible de Mortier" (Amsterdam, P. Mortier, 1700, 2 vol. in-fol.)
Reliure de Richard Wier
Mac-Carthy, n° 140, 1817, 267 fr. - Paris, 23 avril 2008, 17.000 €
Mac-Carthy possédait surtout une superbe collection des premiers livres imprimés sur vélin. Tandis qu’on en trouvait  à peine quelques volumes dans les bibliothèques les mieux soignées, lui en avait 825, formant 601 ouvrages. Nombre bien supérieur à celui que renfermait la bibliothèque de La Vallière ! Les éditions princeps, celles imprimées à Mayence, étaient chez lui en grand nombre. La seul Bibliothèque du Roi à Paris pouvait, dans toute l’Europe, lutter avantageusement contre la sienne. Les Aldes, les Estienne, les Gryphe, les Elzévirs, les Jenson, les Barbou, les Foulis, les Baskerville, les Bodoni, les Didots, paraient de toutes parts les rayons de sa vaste bibliothèque. Il avait fait venir chez lui, de Londres, Richard Wier, habile relieur d’origine écossaise qui, de 1774 à 1777, travailla exclusivement pour sa bibliothèque. La femme de Wier s’occupait de la restauration et de la réglure. En outre, Mac-Carthy s’adressait à Derome et Bozerian pour ses livres les plus recherchés.



New York, Christie's, 21 mars 2005, 16.800 $
Exemplaire de l'archiduc Karl-Ludwig (1771-1847), duc de Teschen

Cette magnifique bibliothèque, « digne d’un souverain » disait Debure, fut dispersée après la mort de celui qui l’avait formée. Sa mort arriva à Toulouse le 31 décembre 1811. Ses nombreux enfants désirèrent conserver intacte la bibliothèque de leur père, mais, faute d’avoir trouvé un amateur assez riche pour en faire l’acquisition, le catalogue en fut fait, avec le plus grand soin, par les frères Debure. Ils s’aidèrent du catalogue manuscrit que Mac-Carthy avait fait. Quand le Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de feu M. le comte de Mac-Carthy Reagh (Paris, De Bure frères, 1815, 2 vol. in-8, xxviij-583 p., 3.858 lots ; [4]-473-[1 bl.] p., 1.657 lots chiffrés de 3.859 à 5.515, 2 articles omis, Notice abrégée des livres imprimés sur vélin, Table alphabétique des noms des auteurs et des titres de leurs ouvrages, Seconde table contenant les titres des livres sans noms d’auteurs) fut terminé, la bibliothèque fut transférée à Paris.

Pendant les 73 vacations, du lundi 27 janvier au mardi 6 mai 1817, les salles de l’hôtel de Bullion, 3 rue Jean-Jacques Rousseau, furent constamment encombrées de tout ce que la France renfermait de bibliophiles connus, et d’une multitude d’amateurs arrivés des principaux États de l’Europe.
Dans une des séances les plus importantes, le samedi 8 février 1817, le fameux Psautier de Mayence fut soumis aux enchères, et après une lutte acharnée, il fut adjugé à la Bibliothèque du Roi, au prix de 12.000 francs. Debure le prenant alors entre ses mains et l’exposant aux regards, fit le tour de la table sur laquelle il était monté, invitant l’assemblée à jeter encore un regard sur cet ouvrage inestimable, dont la propriété si longtemps désirée venait enfin d’être assurée à la France. L’assemblée entière se leva, et répondit à cette invitation par d’unanimes applaudissements.
Malgré des circonstances aussi favorables, cette vente ne réalisa pas les espérances qu’on avait conçues, car elle ne produisit que 404.746 fr. 55 c., non compris les livres retirés sans enchères. Pourtant, sous l’Empire, le maréchal Berthier en avait offert 800.000 francs, et le duc de Devonshire avait offert 600.000 francs pour certaines parties de ce cabinet qu’il avait désignées. Mais en 1817, toutes les préoccupations de la France étaient alors absorbées par les grands événements politiques qui venaient de s’accomplir.
Articles portés à plus de 2.000 francs :    

1.Biblia Sacra polyglotta (Compluti, industria Arn. Guill. de Brocario, ann. 1514, 1515 et 1517, 6 vol. in-fol., m. r. dent. tab.). Imprimé sur vélin. Un des trois exemplaires connus. Vient de la bibliothèque de Pinelli et fut acheté à cette vente 483 £ ; il n’était alors que relié en vélin, depuis relié en maroquin par Derome. 16.000 fr.
61.Biblia Sacra latina (Charactere gothico majori, quem formae appellant, 2 vol. in-fol., m.r.). Imprimé sur vélin. Première édition de la Bible imprimée à Mayence par Gutenberg et Fust, entre 1450 et 1455. On a déjà vu passer plusieurs fois dans les ventes des exemplaires sur papier, mais on ne l’a vu qu’une fois sur vélin à la vente de Gaignat, et c’est de cette vente que vient cet exemplaire. 6.260 fr.
62.Biblia Sacra latina (Moguntiae, per Joan. Fust et Petrum Schoiffer de Gernsheim, 1462, 2 vol. in-fol. goth., m. viol.). Imprimé sur vélin. Vient de la vented u duc de La Vallière. 4.750 fr.
205.Guillelmi Durandi Rationale divinorum officiorum (Moguntiae, Johannes Fust et Petrus Schoiffer de Gernsheim, 1459, gr. in-fol., goth. m. r. dent.). Imprimé sur vélin. 2.000 fr.
254.Psalmorum codex (Moguntiae, Joannes Fust et Petrus Schoiffer de Gernsheim, 1457, in vigilia assumptionis, in-fol. goth. m. r.). Imprimé sur vélin. Premier livre qui porte une date. Seul exemplaire en France. Ex. des cabinets de Gros de Boze et de Gaignat. 12.000 fr.
255.Psalmorum codex (Moguntiae, Joannes Fust et Petrus Schoiffer, 1459, gr. in-fol. goth. m. bl. dent. tabis). Imprimé sur vélin. Second livre qui porte une date. Seconde édition. Ex. des cabinets de Gros de Boze et de Gaignat. Incomplet à l’époque de Gaignat (n° 52), Debure le compléta en 1806 pour Mac-Carthy et le fit relier par Bozerian jeune. 3.350 fr.
507.Lactantii Firmiani Opera (In monasterio Sublacensi, 1465, in-fol. m. r. dent. tabis). Première edition de la plus grande rareté. Mac-Carthy l’a acheté dans sa première reliure en bois. On y trouve les deux feuillets d’errata qui manquent à presque tous les exemplaires connus. C’est dans cette édition, et dans les Offices de Cicéron imprimés à Mayence en 1465, qu’on a employé pour la première fois les caractères grecs. 2.000 fr.
2.170.Prisciani de arte grammatica libri XVI (Absque loci ac typogr. nota [Venetiis, Vindelinus de Spira], 1470, in-fol., mar. vert dent.). Imprimé sur vélin. 2.200 fr.
2.183.Joannis (Balbi) de Janua, summa quae vocatur catholicon (Moguntiae, [Joannes Fuste et Petrus Schoiffer de Gernsheim], 1460, 1 tome en 2 vol. in-fol. goth. m. r. dent.). Imprimé sur vélin. Vient de la vente du duc de La Vallière. 2.620 fr.
2.544.Pub. Virgilii Maronis bucolica, georgica et aeneis, et reliqua opuscula cum Priapeiis (Venetiis, per Bartholomeum Cremonensem, 1472, in-fol., m. r.). Imprimé sur vélin. Seul connu sur vélin. Vient de la Bibliotheca Harleiana. Manquent deux feuillets au début du XIe livre de l’Enéide, refaits à la plume. 2.440 fr.
2.917.Œuvres de Nicolas Boileau-Despréaux, avec des éclaircissements historiques donnés par lui-même (Amst., Dav. Mortier, 1718, 2 vol. in-fol. fig. de Bernard Picart, mar. bl. dent. tab. l. R. A. Gr. Pap.). Superbe ex. de la plus grande rareté. Le dernier passé en vente publique à Paris fut celui de Le Camus de Limare (1786, 2.402 fr., broché). 2.195 fr.
3.044.Sonetti et triomphi di Francesco Petrarcha (In Venetiis, [Nicolaus Jenson], 1473, in-fol., m. bl.). Imprimé sur vélin. Vient de la bibliothèque du cardinal de Loménie. 3.000 fr.
3.439.Le Romant de Milles et Amys (Paris, pour Antoine Vérard, in-fol. goth. m. vert). Imprimé sur vélin. Seul exemplaire connu sur vélin. Enrichi de 52 miniatures. Décoré, aux quatre coins de la couverture, du chiffre en cuivre doré de Claude d’Urfé, et au milieu, de ses armes aussi en cuivre doré. 2.300 fr.
4.298.Xenophontis de Cyri institutione libri octo (0xonii, e Theatro Sheldoniano, 1727, in-fol. m. cit. dent. tab. l. r . R. A. Charta Maxima). Ejusdem de Cyri expeditione libri septem (ibid., 1735, 1 tome relié en 2 vol. in-fol. v. b. Charta Maxima). Deux des livres les plus rares de cette bibliothèque. Jamais vus en France. 2.550 fr.
4.519.Chroniques de France, d’Angleterre, d’Ecosse, d’Espagne, de Bretaigne, etc. par Messire Jehan Froissart (Paris, Ant. Vérard, 4 vol. in-fol., goth. m. r.). Imprimé sur vélin. Orné de 327 miniatures. Vient de la bibliothèque de La Vallière où il fut acheté 920 fr. Mac-Carthy a substitué un nouveau premier volume à l’ancien mal conservé, dans la même reliure. 4.250 fr.


Eschyle (Glasgow, Foulis, 1746, 2 vol. in-8)
Reliure de Richard Wier
Mac-Carthy, n° 2.471, 1817, 56 fr. - Paris, 18 décembre 2007, 3.400 €

Une partie n’a pu être vendue, faute d’enchères, pourtant aussi beaux et aussi parfaits que ceux qui furent vendus ; une autre a été rachetée pour la famille. Celle-ci se décida bientôt à vendre tous les livres sur catalogue : Catalogue de livres rares et précieux, […] provenant de la vente de feu M. le comte de Mac-Carthy-Reagh [sic], à vendre aux prix marqués à chaque article (Paris, De Bure frères, 1817, in-8, vj-57-[1 bl.] p., avec les mêmes numéros du Catalogue de 1815).



66.Biblia Sacra latina (Venetiis, Nicol. Jenson, 1476, in-fol. goth. m. r.). Imprimé sur vélin. Un des 4 ex. connus. Rel. aux armes d’un roi du Portugal. 2.700 fr. (acheté à la vente pour la famille 2.350 fr.).

1.785.The Birds of great Britain, with their eggs accurately figured, by Will. Lewin (London, for the author, 1789, 7 vol. in-4, m. r. dent. tab). Superbe reliure anglaise. Imprimé sur vélin. 317 planches, dont 265 représentent des oiseaux, 52 des œufs. 3.000 fr. (acheté à la vente pour la famille 2.000 fr.).
2.540.P. Virgilii Maronis Opera (in-fol., m. r. dent. doub. de m. dent.). Manuscrit sur vélin du xve siècle. 3.500 fr. (acheté à la vente pour la famille 3.300 fr.).
3.089.Orlando furioso, di Lodovico Ariosto (Parigi, Claudio Molini, 1788, 5 vol. in-12 tirés de format in-4, m. r. dent. tab.). Imprimé sur vélin. Seul qui existe sur vélin. Enrichi de 53 miniatures originales. A coûté 3.600 fr. en feuilles. 3.000 fr. (acheté à la vente pour la famille 2.100 fr.).
3.365.Les Aventures de Télémaque, par de Fénelon (De l’imprimerie de Monsieur [Paris, Didot jeune], 1785, 2 tomes en 4 vol. gr. in-4 dem. rel. dos de m. non rogné). Un des 4 imprimés sur vélin. Orné de 25 tableaux peints en miniature. 2.000 fr. (acheté à la vente pour la famille 1.280 fr.).
3.460.Banquet des savans, par Athénée, trad. du grec par Lefebvre de Villebrune (Paris, Lamy, 1789 et années suiv. 5 tomes en 15 vol. in-4 dem. rel. dos de m.). Imprimé sur vélin. Il n’en a été tiré que 2 exemplaires. Les 30 fig. peintes destinées à cette édition sont dans un portefeuille séparé. 2.600 fr. (non vendu à la vente).
5.070.Recueil de peintures antiques trouvées à Rome […] ; seconde édition suivie de l’histoire critique de la pyramide de C. Cestius, par l’abbé Rive (Paris, Didot l’aîné, 1783, 3 vol. in-fol. max. m. r. dent. tab.). Imprimé sur vélin. 2.500 fr. (acheté à la vente pour la famille 1.600 fr.).

Mac-Carthy possédait neuf ouvrages venant de chez Grolier :

1.687.Hieron. Cardani de subtilitate libri XXI (Norimbergae Petreius, 1550, in-fol. m. r.). Reliure gâtée. 45 fr.
1.709.C. Plinii S. Historia naturalis (Basileae, 1539, in-fol., v. b. antiqué). Volume taché. 31 fr. à Payne.
2.639.Lucanus, ex recens. Aldi Manutii (Venetiis, in aedibus Aldi, 1515, in-8, m. antiqué). 300 fr. à Chardin.



Londres, Christie's, 13 juin 2002, 59.750 £

3.647.Erasmi adagiorum chiliades quatuor centiriaeque totidem, quibus etiam quinta additur imperfecta (Venetiis, Aldus, 1520, in-fol. mar. vert antiqué). 132 fr. à Payne.
3.775.Stephani Nigri dialogus, in quo, quidquid in graecarum litterarum penetralibus reconditum (Mediolani, in officina Minutiana, 1517, in-fol reliure antique à compartimens. Ch. Mag.). Reliure fatiguée. 73 fr.

3.930.Chronicon divinum ab initio mundi usque ad annum 1512 (Basileae, Henr. Petrus, 1529, in-fol. veau à compart. Ch. Mag.). 55 fr. à Vassimon.
4.302.Xenophontis Opera latine versa (Basileae, Cratander, 1534, in-fol. v. b. à compartimens). 75 fr. à Chardin.
5.106.Guill. Budaei Parisiensis libri V de asse et partibus ejus (Venetiis, apud Aldum, 1522, in-4, m. r.). Le seul qu’on connaisse sur vélin. 1.500 fr. à Payne, pour lord Spencer (Soubise, 1789, 402 fr.).
5.377.Philostrati de vita Apollonii Tyanei libri octo, graece (Venetiis, apud Aldum, 1501, 1502 et 1504, in-fol. mar. antiqué. Ch. Mag.). 255 fr.      



Oeuvres de Gresset (Londres, E. Kelmarneck, 1748, 2 vol. in-12)
Reliure signée de Devers, à Lyon
Mac-Carthy, n° 2.944, 1817, 9 fr. 50 c. - Paris, 8 novembre 2004, 2.350 €







Passionné par l’Histoire naturelle : Le Camus de Limare

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Michel-Louis Le Camus, dit « de Limare », du nom d’un hameau de la commune de Crestot, canton de Neubourg, arrondissement de Louviers (Eure), serait né en 1736, fils d’un fabricant de draps de Louviers. Son acte de baptême n’a pas été retrouvé aux Archives départementales de l’Eure, berceau de toute sa famille. Il vint habiter à Paris, sur la paroisse Saint-Eustache. Intéressé dans les affaires du roi concernant l’exploitation des ressources du sous-sol (mines d’argent, de plomb, de charbon) et doué de connaissances en mécanique et en métallurgie, il présenta, après un voyage en Angleterre, un projet de création d’une manufacture de doublage en cuivre pour la protection des carènes des vaisseaux de guerre, qui fut autorisé par arrêt du Conseil du 23 avril 1782. Le but était d’affranchir la France du tribut qu’elle payait à l’Angleterre pour la fourniture de tous les cuivres laminés et martelés.


C’est ainsi que furent créées les fonderies de Romilly-sur-Andelle (Eure), sur l’emplacement de trois moulins à fouler le drap, au pied de la côte des Deux-Amants, bénéficiant des chutes nombreuses de la petite rivière qui se jette dans la Seine, auxquelles on demandait la force motrice pour les puissantes machines que réclamait la nouvelle industrie. Jusqu’au commencement de 1785, cette manufacture ne fut qu’une faible entreprise qu’un nommé Chauvet, du Havre, soutenait de son crédit. Eugenio Izquierdo de Ribera (1745-1813), naturaliste et diplomate espagnol, désirant sauver son ami d’une déroute annoncée, s’adressa aux frères Le Couteulx, banquiers à Paris, et aux frères Lefebvre, négociants à Rouen, pour obtenir des capitaux et du crédit. C’est alors que Le Camus vendit sa riche bibliothèque. 
L’établissement devint bientôt prospère et put fournir, non seulement tous les cuivres pour les constructions de la marine royale, mais encore des planches légères en cuivre laminé pour couvrir les toits, des fonds plats et ronds pour casseroles, marmites et chaudières, des planches pour gravure, flaons pour monnaies, etc. Le Camus acheta l’horloge et les cloches de la Bastille, peu après sa chute, chez un chaudronnier du faubourg Saint-Antoine, et les installa à la fonderie. Celle-ci connut une nouvelle période difficile pendant l’année 1793. Tandis que la plupart des Le Couteulx étaient emprisonnés, Le Camus mourut le 27 nivôse an II [16 janvier 1794].



Le Camus de Limare avait fait imprimer un catalogue de sa bibliothèque pour son usage personnel. Tiré à 15 ou 20 exemplaires, ce catalogue était tellement succinct qu’il ne pouvait s’en servir que pour le récolement matériel de la bibliothèque : Catalogue des livres de M. L.C.D.L. Distribué par ordre Alphabétique des noms d’Auteurs ([Paris], [Didot l’aîné], 1779, in-12, 150 p.).



Pour sauver son entreprise, il fut obligé de vendre cette collection qui avait été formée aux ventes Gaignat, Lemarié, Randon de Boisset, Paris de Meyzieu, Gouttard et La Vallière : Catalogue de livres rares (Paris, G. Debure fils aîné, 1786, in-8, xij-259-[1 bl.]-26 p., 1.812 lots). C’était l’une des belles bibliothèques de particulier qui furent vendues depuis un demi-siècle. Elle était riche, surtout en Histoire naturelle et en exemplaires extraordinaires. La plus grande partie des livres avaient été reliés par Derome « le jeune » et par les plus habiles relieurs de Londres.

Prévue à partir du lundi 13 mars 1786, la vente eut lieu en l’une des salles de l’hôtel de Bullion, rue Plâtrière, à partir du lundi 20 mars :

3.Vetus Testamentum juxta septuagenta ex autoritate Sixti V. Pont. Max. editum, graecè (Romae, Zanetti, 1586, in-fol. Ch. Mag. m. r. l. r.). Superbe exemplaire d’un livre très rare en grand papier. A été acheté 299 liv. 19 s. à la vente Gouttard. Adjugé 399 liv. 19 s.
7.Biblia Sacra vulgatae editionis, tribus tomis distincta (Romae, ex Typographia Apostolica Vaticana, 1590, in-fol. Ch. Mag. m. r.). Superbe exemplaire d’un livre de la plus grande rareté. Porte sur la couverture les armes de Sixte V. Adjugé 1.210 liv.
32.Ars moriendi : opus, si structuram spectes, nullius momenti ; sed quod ab eo Typographia, Ars nobilissima, exordium sumpserit, multi pretii. Laurentius Joann. Costerus, civis Harlemensis, excudebat, ut aiunt, circa annum reparatae salutis humanae (1440, in-4, m. r. dent. doub. de tab. dans une boîte de m. r.). De la plus belle conservation. Acheté 1.610 liv. à la vente La Vallière (n° 591). Adjugé 1.280 liv.
458.Plantes peintes à gouache, par Cl. Aubriet (in-fol. m. r.). Recueil de 30 plantes peintes d’après nature. Acheté 1.100 liv. à la vente La Vallière (n° 1.544). Adjugé 1.200 liv.
663.Recueil d’oiseaux, peints par Cl. Aubriet (in-fol. m. r.). Contient 56 feuillets de vélin collés sur papier, représentant 92 oiseaux. Acheté 2.400 à la vente La Vallière (n° 1.618). Adjugé 2.500 liv.



782.Caroli Clerck icones insectorum rariorum, cum nominibus eorum trivialibus, locisque e C. Linnaei syst. nat allegatis (Holmiae, 1759, in-4 m. violet dent. doub. de tabis). A appartenu à Mariette (Cat. estampes, p. 377). Adjugé 720 liv. à Dincourt d’Hangard.
783.Caroli Clerck Aranei Suecici, descriptionibus & figuris aeneis illustrati, ad genera subalterna redacti, speciebus ultra LX determinati, suecicè & latinè (Stockholmiae, Laur. Salvius, 1757, in-4, m. violet dent. doub. de tabis). Acheté 370 liv. 19 s. à la vente Gouttard (n° 274). Adjugé 600 liv. à Dincourt d’Hangard.



875.Papillons, plantes & fleurs, peints par Cl. Aubriet (53 f. vélin, in-fol. m. r.). 28 f. représentent des plantes avec leurs fruits, et les 26 autres 97 papillons mâles et femelles et un assez grand nombre de papillons en coques, en chenilles et en chrysalides. Acheté 3.000 liv. 10 s. à la vente La Vallière (n° 1.677). Adjugé 3.430 liv.
884.Locupletissimi rerum naturalium collectio, per Albertum Seba (4 vol. in-fol. m. r.). Cet ex., qui ne contient que les fig. de ce superbe ouvrage, est on ne peut pas plus précieux. Il a été peint par les soins et sous les yeux de Gronovius, célèbre naturaliste, d’après tous les objets (animaux, oiseaux, serpents, coquillages, etc.) qui composaient le célèbre cabinet de Seba, son ami. Adjugé 4.600 liv. à Mérigot le jeune.
1.049.Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts & des métiers (Paris, Briasson, 1751, 33 vol. in-fol. fig. Gr. Pap. m. r. de Derome). Adjugé 2.900 liv.
1.215.Les Métamorphoses d’Ovide en latin, avec des gravures par B. Picart (Amsterdam, Wetstein, 1732, 2 tomes rel. en 1 vol. in-fol. très Gr. Pap. m. viol.). Les exemplaires imprimés sur ce format sont très rares. Acheté 800 liv. à la vente Gouttard. Adjugé 842 liv.
1.248.Œuvres de Nicolas Boileau Despréaux (Amsterdam, Dav. Mortier, 1718, 2 vol. in-fol., Gr. Pap., fig. de B. Picart, br. en cart.). Extraordinairement rare. Cet ex. est le premier qu’on ait vu en France exposé en vente : il est d’autant plus précieux, qu’il est broché, sans être rogné. Voir Debure, Bibliographie instructive (n° 3.163). Adjugé 2.402 liv.
1.265.Canti XI, composti dal Bandello de le lodi de la S. Lucretia Gonzaga di Gazuelo, e del vero amore, col tempio di pudicita (Agen, per Ant. Reboglio, 1545, in-8, Ch. Mag. rel. à compartiments, doub. de tab. l. r.). Superbe ex. d’un livre très rare. Acheté 600 liv. 12 s. à la vente Gaignat. Adjugé 400 liv.
1.313.Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse (Londres, R. Dodsley, 1738, 2 vol. in-8, fig.). Superbe ex. d’un livre très rare, relié à Londres en tabis couleur de cerise, doublé de même, avec dentelles. Renfermé dans une boîte de m. r. doublé de tabis. Adjugé 260 liv.
1.380.Collectiones peregrinationum in Indiam Orientalem & in Indiam Occidentalem, XXV partibus comprehensae (Francofurti ad Moenum, Typis Jo. Wecheli, sumptibus vero Theodori de Bry, anno 1590, & annis seq., 21 vol. in-fol. m. viol. du Levant,dent. doub. de tabis). Superbe ex., peut-être le plus complet qui existe, relié par Derome. Vendu par Debure 2.400 liv. et relieur 1.200 liv. Adjugé 4.802 liv. pour le Roi : Debure lui a présenté à Versailles le 30 avril 1786.

1.527.C. Cornelii Taciti opera recognovit (Parisiis, Lud. Franc. Delatour, 1771, 4 vol. in-4, Ch. Mag. m. r.). Superbe exemplaire relié à Londres par Baumgarten. Adjugé 900 liv.

1.545.Les très Elégantes, très Véridiques & Copieuses Annales des très preux, très nobles modérateurs des belliqueuses Gaules, compilées par Nicole Gilles (Paris, Galliot du Pré, 1525, 2 vol. in-fol. goth. m. r.). Superbe ex. imprimé sur vélin, avec 14 miniatures. Acheté 802 liv. à la vente La Vallière. Adjugé 531 liv.

1.548.Histoire de France, par Mezeray (Paris, Matth. Guillemot, 1643, 3 vol. in-fol., Gr. Pap., fig. mar. viol.). Superbe ex. de Gouttard. Adjugé 725 liv.





1.568.Pompa introitûs Ferdinandi Austriaci, Hispaniarum infantis, Belgarum & Burgundionum gubernatoris, in urbem Antverpiam XV. Kal. Maii anno 1635 (Antverpiae, veneunt exemplaria apud Theodorum a Tulden, qui iconum tabulas ex Archetypis Rubenianis delineavit & sculpsit, 1641, in-fol. m. r.). Imprimé sur vélin. Seul livre entièrement illustré par Rubens. Acheté 1.700 liv. à la vente La Vallière (n° 5.335). Adjugé 1.825 liv.





1.729.Georgii Agricolae de Mensuris & Ponderibus Romanorum atque Graecorum libri V (Basileae, Froben, 1550, in-fol. v. f. à compartiments). Superbe exemplaire de Grolier. Adjugé 35 liv. 19 s.

1.738.Recueil de peintures antiques, imitées fidèlement pour le trait, d’après les dessins coloriés faits par Pietro Sante Bartoli par MM. le comte de Caylus & Mariette (Paris, 1757) – La Mosaïque de Palestrine, expliquée par M. l’abbé Bathelemy (1760). In-fol. Gr. Pap. mar. viol. dent. doub. de tab. Ex. de la plus grande beauté. Tiré à 30 ex. Acheté 2.272 liv. à la vente Gouttard (n° 1.495). Adjugé 1.200 liv.         

       

Pendant que se faisait la vente de cette bibliothèque, Antoine-Augustin Renouard raconta, en 1819, avoir vu de ses propres yeux « son propriétaire acheter chez Belin junior, et chez d’autres libraires, vingt, trente volumes à la fois, de livres rares et fort chers ».

François Belin (1754-1797), dit « junior », vendait surtout des livres anciens, rares et précieux, plus particulièrement des livres d’histoire naturelle. Il avait acheté en 1782 le fonds de Jean-Gabriel Cressonnier sous le nom duquel il exerça quai des Augustins, entre le pont Saint-Michel et la rue Gît-le-Cœur, maison de la Marchande de modes, au premier, avant d’être reçu libraire en 1787.

Aussi, après la mort de Le Camus fut faite une vente avec un nouveau Catalogue des livres rares et précieux, reliés en maroquin, de la bibliothèque de feu le C. Camus de Limaire [sic] (Paris, Santus, an III [1794], in-8, 58 p.). Antoine Santus, libraire de 1767 à 1800, était alors installé rue de la Harpe. La vente commença le 11 pluviose an III [30 janvier 1795] dans une des salles de la maison Bullion, rue Jean-Jacques Rousseau (Ier) depuis 1791, ancienne rue Plâtrière.    



L’Être multiple qu’on nommait Padeloup

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Pendant longtemps, on n’a rien su sur « Pasdeloup [sic] si connu que partout on renomme » (Mathurin Lesné. La Reliure, poème didactique en six chants. Paris, Lesné et Nepveu, 1820, p. 26). Si connu, que le journaliste Charles Robin, auteur de la Galerie des gens de lettres au xixe siècle le nomme « Dupandeloup » ! (Histoire illustrée de l’Exposition universelle. Paris, Furne, 1855, 1ère partie, p. 63). Si connu qu’on introduisait la lettre « s » dans son nom, certes très logique, mais toujours rejetée par la famille.


Ce furent les découvertes de Augustin Jal (1795-1873), historiographe et archiviste de la Marine, dans les registres des paroisses du quartier latin à Paris, sur la famille Padeloup, qui ont grandement contribué à faire connaître cette famille de relieurs et de libraires. Ces découvertes, heureusement publiées dans son Dictionnaire critique de biographie et d’histoire (Paris, Henri Plon, 1867, p. 930-932), sont d’autant plus précieuses qu’elles ont été faites aux Archives de l’état civil de Paris, détruites en 1871 :

« Fils de Michel [Padeloup] et de Françoise Baron, il [Antoine-Michel Padeloup] naquit le 22 décembre 1685 ; épousa,  avant 1712, Marguerite Renault, et eut de ce mariage un assez grand nombre d’enfants, dont un seul, Jean, vécut une vie d’homme.– Antoine-Michel Padeloup demeura successivement rue de la Parcheminerie, rue St-Jacques et rue de Cluny [ou place de la Sorbonne : la maison qu’il habitait, louée à la Sorbonne, faisait le coin de cette rue et de cette place, la porte d’entrée se trouvant rue de Cluny] ; il était établi dans cette dernière, lorsque, le 20 avril 1751, il épousa, âgé de 65 ans et 4 mois, Claude Perrot, qui n’avait que 19 ans et demi, et qui était née à Stainville, diocèse de Toul. (St-Benoît) L’acte dit Ant.-Michel “ Relieur du Roi ”. Il l’était depuis dix-huit ans. Son brevet est de l’année 1733 (Arch. de l’Emp., vol. E. 3419.) Je me crois fondé à penser que le Padeloup resté célèbre est celui qui eut, en 1733, le brevet de Relieur du Roi, dont je ne vois pas qu’aucun autre avant lui ait été honoré. En effet, Antoine-Michel put fort bien, âgé de 30 ans quand mourut Louis XIV, briller déjà sous la Régence à côté de son père, dont il fut certainement l’élève et pendant un temps l’ouvrier. A.-M. Padeloup eut de Claude Perrot plusieurs enfants (12 avril 1752, 13 oct. 1753, 13 août 1755, 9 janv. 1757, 9 janv. 1758, 27 mai 1759). Un d’eux, Jean-Antoine, fut tenu (1753) par “ Jean Padeloup, me relieur, son frère ” ; ce Jean était un fils du premier lit d’Ant.-Michel. Sans doute il continua les bonnes traditions de son père. Il était né le 3 août 1716. Ant.-Michel mourut “ âgé de 72 ans ”, dit l’acte de son inhumation, mais en réalité de 72 ans et neuf mois ou environ, le 8 sept. 1758. (St-Benoît) »


La famille doit donc son illustration à Antoine-Michel Padeloup, dit « le jeune », qui acquit une très grande réputation. Sa cousine germaine, Françoise Padeloup, épousa en 1714 le relieur Augustin Duseuil. C’est leur grand-père, Antoine Padeloup, reçu libraire en 1633, rue Saint-Jacques, qui fut à l’origine de la lignée : il épousa Françoise Cusson, sœur de Jean Cusson, « le plus habile relieur de son temps » selon La Caille. 


Son apprentissage se fit chez son père. Il devint relieur ordinaire du roi de Portugal, titre qu’il transmit à son fils Jean. Après le décès de Luc-Antoine Boyet, il reçut le brevet de relieur ordinaire du Roi le 23 août 1733. Il fut le relieur en titre de Louis XV et de la marquise de Pompadour, le relieur le plus recherché, par le comte d’Hoym, Bonnier de La Mosson, Baylenx de Poyanne, etc., et le plus copié par ses contemporains.


On peut juger à coup sûr son travail grâce aux étiquettes qu’il plaçait sur les volumes reliés chez lui, habitude qu’il fut un des premiers à suivre.


Office de la Semaine Sainte (Paris, 1728)
Aux armes de Marie Leszczynska

Il produisit deux types de reliures en particulier :
-          des reliures à belles et larges dentelles, décorées aux petits fers ou à la plaque : ces dernières, sur les ouvrages de très grand format, furent parfois exécutées par René Dubuisson.


Sacre de Louis XV (Paris, 1723)
Christie's, Paris, 2 juin 2005, 19.200 €

-          beaucoup de reliures mosaïquées, dites « à compartiments » : à motifs répétés (reliures dites « à répétition ») et, plus tardivement, à motifs floraux.  



Homélies ou Sermons de Saint Jean Chrysostome (Paris, 1689)
Christie's, Paris, 8 novembre 2004, 29.375 €







Heures nouvelles tirées de la Sainte Ecriture (Paris, v. 1730)


Antoine-Michel Padeloup mourut peu avant 5 heures du soir, le jeudi 7 septembre 1758, dans la maison de la rue de Cluny. D’après la déclaration de sa veuve, il aurait succombé à l’attaque d’un rhumatisme qui le faisait souffrir depuis longtemps. Le chiffre élevé des loyers réclamés par la Sorbonne et les autres réclamations de créanciers, dont celles des Dubuisson père et fils, suggèrent qu’il n’avait guère su profiter de sa vogue et de son titre de relieur du Roi.     

Le Marquis d’Aubais, un des esprits les plus accomplis du XVIIIe siècle

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Aujourd’hui dans le département du Gard, deux baronnies, Aubais, canton de Sommières, et Le Caylar, canton de Vauvert, passèrent en 1591 dans la famille Baschi, par le mariage de Marguerite du Faur avec Balthazar de Baschi (1571-1598), trisaïeul de Charles de Baschi.



Charles de Baschi, par Jean-Baptiste Perronneau (1746)
Coll. priv.

Charles de Baschi naquit le 20 mars 1686 au château de Beauvoisin, canton de Vauvert, bâti sur une hauteur, d’où on pouvait apercevoir les Alpes et les Pyrénées. Sa famille, originaire de l’Ombrie, région du centre de l’Italie,  et alliée aux Médicis, aux Farnèse et aux Borromée, était l’une des plus anciennes du Languedoc. Son père huguenot fut le premier de sa lignée qui revint à la foi catholique. Après une brillante éducation, au collège de Toulouse, puis au collège de Clermont, à Paris, il entra aux mousquetaires dès l’âge de 18 ans et fit la campagne de 1705 en Flandre.



Mais la passion des livres lui fit rapidement donner sa démission et revenir dans son château d’Aubais. Il épousa en 1708 Diane de Rozel (1683-1765), dame de Cors et Beaumont, d’une ancienne famille de robe originaire de Nîmes, et partagea désormais sa vie entre sa famille et ses livres.
A partir de cette époque, Charles de Baschi ne cessa d’acheter des livres et de les accumuler dans sa vaste demeure. Il fut obligé d’entreprendre de grandes réparations et travaux d’agrandissement, qui durèrent sept ans, pour loger plus commodément son immense bibliothèque. Il déclara alors :

« Je suis né avec un goût décidé pour la littérature, et dès l’âge de sept ans, et depuis cinquante ans, je ramasse des livres, surtout des historiens, sur lesquels roulent mes plus grandes recherches, de manière que j’ai actuellement une bibliothèque de plus de vingt mille volumes. »


Voyages et Conquestes du capitaine Ferdinand Courtois
(Paris, Abel l'Angelier, 1588)
Ader, 13 mars 2012, 6.800 €
La bibliothèque n’était pas seulement pourvue d’un grand nombre de volumes concernant l’histoire, les sciences et les belles-lettres, mais encore de beaucoup d’éditions rares et choisies, de reliures magnifiques, et d’une infinité de manuscrits curieux sur la géographie, l’histoire de France, et l’histoire du Languedoc en particulier ; on peut s’assurer de ce que pouvait être ce dépôt par les nombreux emprunts que lui fit la Bibliothèque historique du Père Lelong.

Par lettres patentes du mois de mai 1724, la terre d’Aubais fut érigée en marquisat en faveur de Charles de Baschi. Ce marquisat était formé de cinq paroisses ou clochers : Aubais, Gavernes, Junas, Mauressargues et Saint-Nazaire.


Le marquis d’Aubais a beaucoup écrit, mais peu publié, et aucun ouvrage ne porte son nom.
Ce mécène a fourni de nombreux documents aux Vaissète, Montfaucon, Ménard, Moréri, pour la publication de leurs grands ouvrages historiques.
Joseph Vaissète écrit dans la « Préface » de son Histoire générale de Languedoc (Paris, J. Vincent, 1730, t. I, p. xvj) :

« Outre les différentes archives de la province, entr’autres celles des Etats où nous avons travaillé, nous avons tiré encore divers secours de plusieurs manuscrits de la bibliothèque de M. de Croissi évêque de Montpellier, & sur-tout de celle de M. le marquis d’Aubays. Ce dernier qui n’est pas moins distingué par son goût pour les lettres, que par sa politesse, a recueilli un très-grand nombre de mémoires & de volumes manuscrits sur le Languedoc, qu’il conserve dans la riche bibliotheque qu’il a formée dans son château d’Aubays, situé entre Nismes & Montpellier. Il a acquis entr’autres ceux qui avoient appartenu autrefois à M. de Rignac, conseiller en la cour des aydes de Montpellier, & s’est fait un plaisir de nous les communiquer. » [sic]  

Il a collaboré avec Léon Ménard aux Pièces fugitives, pour servir à l’histoire de France (Paris, Chaubert et Hérissant, 1759, 3 vol. in-4), où on peut lire, à propos du château d’Aubais (t. I, partie seconde, « Mélanges », p. 141) :

« On connoît la hardiesse de son escalier, la rampe dont il est décoré, qui a été faite avec beaucoup de goût par un habile artiste, nommé Ravisé, natif de la Fleche. On connoît aussi la bibliotheque de ce château, très-riche en historiens & en géographes, & dont le vaisseau a été construit avec art, pour en rendre l’usage commode & aisé. On sçait enfin que les curieux, même les étrangers, sont très-empressés à venir voir ce château. » 


À l’origine de sa bibliothèque, Charles de Baschi se contentait d’imprimer sur la page de titre de ses livres, avec un timbre humide, à l’encre rouge, un ovale contenant un écusson à ses armes, surmonté d’une couronne de comte, avec l’inscription « Bibliotheca Albassiana ».


Ce timbre humide fut bientôt remplacé par un ex-libris qu’il fit graver par Gérard Scotin : un Bacchus et une Bacchante, tenant par les mains un écusson piriforme de gueules, contenant l’écu d’argent à la fasce de sable, armes des Baschi ; un casque fermé, de profil, entouré de lambrequins, supporte une couronne comtale, de laquelle surgit un autre Bacchus tenant à la main droite une bouteille, et à la gauche une coupe. Cet ex-libris datant d’avant 1724, la mention « Charles de Bachi Marquis d’Aubaïs » a donc été ajoutée postérieurement.


Un autre ex-libris plus petit fut gravé par le même artiste, en tout semblable au premier, mais avec cette seule différence que l’écu est ovale et que la couronne est de marquis, porte les armes de deux vieilles familles qui s’étaient éteintes dans la famille de Baschi : Ecartelé, aux 1er et 4e : D’or, à l’ours dressé de sable, armé et lampassé de gueules, qui est de Bozène ; aux 2e et 3e : D’azur, à deux jumelles d’or, accompagnées de six besans d’argent, trois en chef et trois en pointe, qui est du Faur ; sur le tout : D’argent, à la fasce de sable, qui est de Baschi. Contrairement à ce qu’a écrit Prosper Falgairolle, archiviste de la ville de Vauvert, dans son article sur « Les Ex-Libris du marquis d’Aubais » (Arch. Soc. fr. coll. ex-libris, avril 1902, n° 4, p. 55-59), cet ex-libris est postérieur à 1724.



Après 1724, époque de l’érection de la baronnie en marquisat, un autre ex-libris est gravé, non signé, surmonté d’une couronne de marquis et portant « Charles de Baschi Marquis d’Aubaïs » : Ecartelé, au 1er : D’or, à six fleurs de lis d’azur, qui est de Farnèse ; au 2e : D’or, à l’ours dressé de sable, armé et lampassé de gueules, qui est de Bermond ; au 3e : parti D’argent, au chef de sable, l’écu bordé de gueules, qui est de Pelet, parti Fascé d’or et de gueules de six pièces, qui est de Languissel ; au 4e : D’azur, à deux jumelles d’or, accompagnées de six besans d’argent, trois en chef et trois en pointe, qui est du Faur ; sur le tout : D’argent, à la fasce de sable, qui est de Baschi.

Le marquis d’Aubais mourut dans son château le 5 mars 1777.
Sa fille Jacqueline-Marie, mariée en 1741 au comte Alexandre-François-Joseph d’Urre, hérita du marquisat d’Aubais. Quelques-uns des livres manuscrits furent vendus aux enchères du 18 au 20 juin 1777 : Notice des principaux livres faisant partie de la bibliothèque de feu M. le marquis d’Aubais (Paris, Saugrain le jeune, 1777, in-8, 24 p.).
Sollicitée de tous côtés par les érudits, la comtesse d’Urre vendit peu à peu la collection de son père. L’antiquaire et botaniste nîmois Jean-François Séguier (1703-1784), qui en avait dressé une liste détaillée, envoyée aux riches acquéreurs, écrivit le 31 décembre 1778 au baron d’Orbessan, ancien président au Parlement de Toulouse :  


« La belle bibliothèque qu’avoit le marquis d’Aubaïs, à quelques lieues de notre ville, nous a été enlevée cette année ; c’étoit ma ressource, j’y allois souvent. Un libraire de Grenoble l’a achetée 40 mille livres et l’a fait voiturer chez lui ; je la regrette infiniment. »

Le 1er avril 1792, environ 1.500 hommes armés, pour la plupart des gardes nationaux, investirent le château et l’incendièrent : on ne put sauver que peu de livres qui y étaient encore. Après la Révolution, devant l’énorme dépense nécessaire pour faire réparer le château, le comte d’Urre le mit en vente.
       

Repères pour le tricentenaire de la naissance de Diderot

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Le 1er août 1784, à Paris, on chuchotait à la sortie de l’église Saint-Roch … On venait d’inhumer Diderot sous les dalles de la chapelle de la Vierge, et certains prétendaient que le philosophe n’était pas mort à Paris, mais à Sèvres, et que son corps avait été ramené rue de Richelieu.

Façade de l'église Saint-Roch
Tout avait commencé moins de six mois auparavant, exactement le 19 février, rue Taranne (VIe, disparue au percement du boulevard Saint-Germain), où il habitait depuis trente ans. Ce jour-là, Diderot eut une hémoptysie, et la pieuse Madame Diderot fit venir le curé de Saint-Sulpice, Jean-Joseph Faydit de Tersac, celui qui avait refusé en 1778 une sépulture ecclésiastique à Voltaire. Il fut reçu courtoisement, mais il ne fut point question de conversion. Diderot décida d’aller reprendre des forces à Sèvres, où il avait un pied-à-terre, et s’y installa au mois de mai.



Hôtel de Bezons

Il serait rentré à Paris le 18 juillet. Catherine II, l’impératrice de Russie qui avait fait assassiner son mari Pierre III en 1762, mit à la disposition de Diderot l’hôtel de Bezons, situé au n° 39 de la rue de Richelieu (Ier). C’est là, selon la tradition, qu’il mourut, à table, des complications d’une insuffisance cardiaque, le vendredi 30 juillet 1784, et non le 31 : ce n’est en effet que le lendemain que son gendre déclara au clergé de Saint-Roch que Diderot était décédé le jour même, d’où l’erreur de date qui figure dans l’acte d’inhumation, qui a été détruit :

« L’an 1784, le 1er août, a été inhumé dans cette église M. Denis Diderot, des Académies de Berlin, Stockholm, et Saint-Pétersbourg, bibliothécaire de Sa Majesté Impériale Catherine seconde, Impératrice de Russie, âgé de 71 ans, décédé hier, époux de dme Anne-Antoinette Champion, rue de Richelieu, de cette paroisse ; présents : M. Abel-François-Nicolas Caroilhon de Vanduel, écuyer, trésorier de France, son gendre, rue de Bourbon, paroisse Saint-Sulpice, M. Claude Caroilhon Destillières, écuyer, fermier général de Monsieur frère du Roy, rue de Ménard, de cette paroisse, M. Denis Caroilhon de la Charmotte, écuyer, directeur des domaines du Roy, susd. rue de Ménard, et M. Nicolas-Joseph Philpin de Piépope, chevalier, conseiller d’Etat, lieutt général honoraire au bailliage de Langres, rue Traversière, qui ont signé avec nous curé : Caroilhon de Vanduel, Caroilhon Destillières, Naigeon, Cochin, Caroilhon de la Charmotte, Michel ... Marduel, curé. » [sic]

Les restes mortels de Diderot ont disparu, après le 4 février 1796, quand les sépultures de Saint-Roch furent violées par les soldats qui y tenaient garnison. Au xixe siècle, le caveau fut utilisé pour installer le chauffage.



Statue et maison natale (à droite) de Diderot à Langres

Diderot était né à Langres (Haute-Marne) le 5 octobre 1713, au 1erétage du n° 9 de la place Chambeau (aujourd’hui place Diderot), sur la paroisse Saint-Pierre, et non au n° 6, sur la paroisse Saint-Martin, comme on l’a cru pendant longtemps, maison où il vécut avec ses parents de 1714 à 1728. Le lendemain de sa naissance, il fut conduit par son grand-père paternel, Denis Diderot (1654-1726), et par une tante maternelle, Claire Vigneron, sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Pierre, aujourd’hui disparue.
Il fut élève du collège des Jésuites de Langres, qui sera détruit en 1744. Devant succéder à son oncle maternel, Didier Vigneron (1667-1728), il reçut la tonsure le 22 août 1726 des mains de Monseigneur Pardaillan de Gondrin d’Antin.
Dès 1729, Diderot termina ses études à Paris au collège Louis-le-Grand, c’est lui qui le dit, et non pas au collège d’Harcourt, comme le prétend sa fille Marie-Angélique, dans ses soi-disant Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot (Paris, Paulin et A. Mesnier, 1830-1831, 4 vol. in-8). Il fut reçu maître ès arts à l’Université de Paris le 2 septembre 1732. Son père décida qu’il serait clerc de procureur à Paris et le fit entrer chez un ami Langrois, François Clément, dit « de Ris ». Inconstant et primesautier, il quitta cet emploi en 1734 et vécut alors plusieurs années mal connues, teintées de libertinage et de parasitisme.

On a souvent écrit qu’il eut une vie de bohême. Or son père n’a jamais cessé de le ravitailler, tout en sachant que sa femme et sa fille en faisaient autant par l’intermédiaire d’une servante, Hélène Brûlé, qui aurait fait au moins deux fois le voyage de Langres à Paris … à pieds !
Installé dans un garni, Diderot toucha à divers métiers : il donna des leçons, fit des traductions, arrangea des discours, fut pendant trois mois le précepteur des enfants d’un receveur des finances, Elie Randon de Massanes d’Aneucourt.
Vers 1741, il quitta la rue de l’Observance (aujourd’hui Antoine Dubois, VIe) pour s’installer rue Poupée (supprimée par le boulevard Saint-Michel, Ve), sur la paroisse Saint-Séverin. C’est là qu’il fit la connaissance d’Anne-Toinette Champion, née en 1710 à La Ferté-Bernard (Sarthe), dont la mère tenait un petit commerce de lingerie ; toutes deux habitaient sur le même palier que lui. Pour l’empêcher de se marier, le père de Diderot réussit à obtenir une lettre de cachet contre son fils. Quand il fut libéré, il s’installa rue des Deux-Ponts (IVe), sur la paroisse Saint-Louis-en-l’Ile, et se maria le 6 novembre 1743, à minuit, en l’église Saint-Pierre-aux-Bœufs ; cette petite église de la Cité, qui sera démolie en 1837, servait aux mariages conclus sans le consentement des parents. Le père de Diderot n’apprendra le mariage de son fils que six ans plus tard. Cette union était mal assortie, elle ne fut pas heureuse.
Le jeune ménage s’installa rue Saint-Victor (Ve), sur la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet, et dès le 13 août 1744 naquit Angélique, baptisée le lendemain, qui mourut « en nourrice » le 29 novembre suivant.
Les Diderot ne restèrent qu’une année rue Saint-Victor. Dès 1745, ils furent rue Traversière (XIIe). C’est à cette époque que commença une liaison avec la frivole Madame de Puisieux, épouse d’un avocat au Parlement. Cette liaison dura jusqu’en 1749. Entre-temps, Diderot déménagea encore une fois, et c’est rue Mouffetard (Ve) que naquit François-Jacques-Denis, le 22 mai 1746, qui fut baptisé le lendemain à Saint-Médard.
Après la publication de la Lettre sur les aveugles, à l’usage de ceux qui voyent (Londres, 1749), Diderot, déjà suspect, fut arrêté chez lui, au 2eétage du n° 3 de la rue de l’Estrapade (Ve), et détenu au château de Vincennes du 24 juillet au 3 novembre 1749. L’année suivante, Anne-Toinette, alors enceinte pour la troisième fois, eut la douleur de perdre son deuxième enfant : François-Jacques-Denis, âgé de 4 ans, fut emporté le 30 juin 1750 au cours « d’une fièvre violente ».


C’est probablement en 1750 que Diderot rencontra le baron Frédéric-Melchior de Grimm (1723-1807), qui devint son plus grand ami. C’est en octobre de la même année que le « Prospectus » de l’Encyclopédie fut répandu dans le public. Il y eut au total près de 5.000 souscripteurs qui versèrent chacun 956 livres. L’année se termina très mal : Denis-Laurent, né le 29 octobre, mourut fin décembre, le jour de son baptême : « il tomba des bras de la femme qui le portait sur les marches de l’église » Saint-Étienne-du-Mont.
La premier tome de l’Encyclopédie parut le 28 juin 1751 : Diderot avait 38 ans.
Lors d’un premier voyage à Langres en août 1752, Anne-Toinette fit enfin connaissance avec sa belle-famille. Le 2 septembre de l’année suivante naquit Marie-Angélique, rue de l’Estrapade.  C’est en 1754 que les Diderot emménagèrent rue Taranne, au coin de la rue Saint-Benoît, au 4eétage ; la bibliothèque fut installée à l’étage au-dessus. C’est là que s’écoula la plus grande partie de leur existence. Cette même année débuta probablement la liaison de Diderot avec Louise-Henriette, dite Sophie, Volland (1716-1784). Quatre ans plus tard, Diderot se brouilla avec Jean-Jacques Rousseau, qu’il avait rencontré quinze ans auparavant.

Le père du philosophe, Didier Diderot (1685-1759), fit un voyage à Bourbonne-les-Bains à la fin du mois de mai 1759 ; renvoyé chez lui par le docteur Juvet, il mourut le lendemain de son retour, dans son fauteuil, le 3 juin 1759, jour de la Pentecôte, et fut inhumé le surlendemain au cimetière de Langres. La maison paternelle de la place Chambeau devint alors la propriété des trois enfants : Denis, le philosophe, Denise (1715-1797 s.p.) et l’abbé Didier-Pierre (1722-1787 s.p.). Seule Denise l’habita et y mourut ; après sa mot, la maison fut rapidement vendue.

En mars 1765, le général Betzky acheta la bibliothèque de Diderot pour le compte de Catherine II de Russie, lui en laissant l’usage pendant sa vie. Marie-Angélique avait alors 12 ans ; elle en avait 6 quand Diderot commença à envisager de vendre sa bibliothèque : il est donc douteux qu’il la vendit pour constituer la dot de sa fille, qui se maria en 1772 à Saint-Sulpice avec Abel-Françoids-Nicolas Caroillon, dit « de Vandeul ».



Encyclopédie
Paris, Piasa, 6 mars 2012, 28.933 €

L’Encyclopédieétait achevée : 17 volumes de textes et 11 volumes de planches, imprimés par Le Breton et publiés de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot. Celui-ci pouvait enfin répondre à l’invitation de Catherine II. Il quitta Paris le 11 juin 1773, séjourna à La Haye et arriva à Saint-Pétersbourg le 8 octobre, quitta la Russie le 5 mars 1774 et fut de retour à Paris le 21 octobre.

Les Diderot vécurent leurs dernières années entourés des Caroillon et de leurs petits-enfants, « Minette » et « Fanfan ». Anne-Toinette Diderot mourut le 10 avril 1796 à Paris, au n° 742 de la rue Caumartin (IXe).


Denis Diderot
Plâtre bronzé par Jacques-Antoine Houdon

On raconte que les Diderot sont venus de Franche-Comté et se sont fixés à Langres au xve siècle. Le père du philosophe, Didier, devint maître coutelier, comme son père. Après son mariage en 1712 avec Angélique Vigneron (1677-1748), il s’installa sur la paroisse Saint-Pierre, puis sur la paroisse Saint-Martin en 1714. Didier et Angélique eurent sept enfants : Denis, le philosophe, très souvent désigné comme étant l’aîné, fut le second.
À la veille de la Révolution, il n’existait plus à Langres qu’un seul chef de famille du nom de Diderot, la « sœurette » Denise. Depuis plus de deux siècles, les Diderot ont complètement disparu de la ville de Langres. L’arrière-petit-fils de Marie-Angélique Diderot, épouse Caroillon, Charles-Denis Caroillon de Vandeul, dit « Albert de Vandeul », dernier du nom, né en 1837, mourut le 16 mai 1911 au château d’Orquevaux (Haute-Marne).
  

Cazin et cazinophilie

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Dans la seconde moitié du xixe siècle, une biographie et une bibliographie de Hubert Cazin (1724-1795), libraire et éditeur à Reims et à Paris, furent publiées par des amateurs qui, devant l’absence d’archives consultables, lui inventèrent une histoire conforme à leur imaginaire. Limitant sa production aux éditions dans les petits formats, ils lui attribuèrent toutes ces éditions du dernier quart du xviiie siècle dont ils ne connaissaient pas les éditeurs et, utilisant l’appellation éponymique de « Cazin », favorisèrent ainsi la confusion entre « édition de Cazin » et « format Cazin ». Exclusivistes, les « cazinophiles » ne sont donc amateurs que de « Cazins », c’est-à-dire de petits formats (in-16, in-18, in-24 et in-32), alors que le libraire a aussi édité des textes dans des formats plus grands (in-12, in-8o et in-4o).  




Au début du xixe siècle, on ne connaissait de Cazin que ce que La Bastille dévoilée (Paris, Desenne, 1789), anonyme attribué à Pierre Manuel, procureur de la commune de Paris en 1792, avait rapporté à propos d’une perquisition faite en 1776.

Relevant le défi lancé en 1845 par Louis Paris, bibliothécaire de la ville de Reims, – « Il serait d’un bon bibliophile rémois de chercher à distinguer et à réunir tout ce qui est véritablement l’œuvre de Cazin » – le libraire rémois Charles Brissart-Binet publia anonymement Cazin. Sa vie et ses éditions par un cazinophile (Cazinopolis [Reims], s.n. [Brissart-Binet], 1863), où l’invention le dispute à l’inexactitude (332 titres, en 706 volumes tous formats, de 1758 à 1793).

Devant les insuffisances de cet ouvrage, le libraire parisien Augustin Corroënne commença en 1877 la publication mensuelle d’un Bulletin du cazinophile qui complétait un Manuel du cazinophile(Paris, A. Corroënne, 1877), où la collection, réduite aux éditions dans le format in-18, est présentée, sans raison véritablement légitime, en cinq périodes triennales (140 titres, en 438 volumes in-18, réimpressions comprises).

Par leurs limites arbitraires, leur inachèvement et leurs inexactitudes, tous ces travaux créèrent, involontairement, désordre et confusion.


À la lumière des résultats de l’étude des archives de l’État civil, de la trop rare correspondance de Cazin – 31 lettres –, d’environ 200 textes imprimés (biographies, bibliographies, mémoires, catalogues, journaux, etc.) témoins de son existence et de quelques milliers d’exemplaires d’éditions qu’il a, ou qu’il aurait, commandées, on peut aujourd’hui réviser la cazinophilie éponymomaniaque qui s’est imposée au xixe siècle.


Que sait-on de Cazin aujourd’hui ?

 

1. Libraire à Reims.


Hubert-Martin Cazin est né au pied de la cathédrale de Reims le 22 mai 1724. Il fit son apprentissage de libraire et relieur chez son père, ancien syndic de la communauté des marchands libraires et imprimeurs de Reims, auquel il succéda en 1755, rue des Tapissiers [aujourd’hui rue Carnot]. Sa femme, Marie-Françoise Duhamel, fille d’un maître brasseur de Soissons, lui donnera cinq filles : Marie-Françoise (1759), Marie-Thérèse (1761), Marie-Anne (1767-1811), future épouse du diplomate bavarois Antoine Cetto (1756-1847), Charlotte-Constance (1771) et Marie-Anne-Henriette (1774).


Client des frères Cramer, à Genève, Cazin fut pour la première fois destitué de sa qualité de libraire en 1759, pour avoir vendu des livres prohibés, des « mauvais livres » contraires aux bonnes mœurs, à la religion ou à l’État, édités en Hollande, en Suisse ou à Avignon, que les librairies provinciales s’étaient mises à vendre pour survivre, les libraires parisiens ayant monopolisé les privilèges et dominé le monde de l’édition. Grâce à l’intervention de son beau-frère, Nicolas Gerbault, procureur au bailliage ducal, il fut rapidement réhabilité.        


Cette sanction ne l’empêcha pas, dès l’année suivante, de s’entendre avec Pierre Rousseau, imprimeur de contrefaçons, fondateur du Journal encyclopédique et, en 1768, de la Société typographique de Bouillon, pour faire quelques affaires : le libraire bouillonnais Luc Trousseaud conduisait les ballots de livres chez Pierre Thésin, imprimeur à Charleville, qui les chargeait au carrosse pour Reims où Cazin devait s’entendre avec les officiers de la Chambre syndicale.

Comble du paradoxe, c’est Cazin qui fut chargé, en 1762 et 1763, de dresser le catalogue et de faire la saisie des livres interdits de la bibliothèque des Jésuites de Reims qui avaient été bannis du royaume !


C’est avec son complice carolopolitain, Pierre Thésin, que Cazin aurait débuté en 1762 ses activités éditoriales : ils auraient édité ensemble, selon Brissart-Binet, une Méthode nouvelle, courte et facile pour apprendre le plain-chant, par Henri Hardouin, maître de musique de l’Église métropolitaine de Reims (1 vol. in-8o).


Mais en 1764, des perquisitions faites à Bouillon et à Reims entraînèrent la condamnation de Cazin à 3.000 livres d’amende et sa destitution. Sa seconde réhabilitation fut moins rapide que la première. Il ne reprit ses activités que trois ans plus tard et se fit plus discret pendant plusieurs années, entreprenant des activités éditoriales, seul ou associé à des collègues de Paris et de Liège.


La deuxième édition connue réalisée par Cazin est anonyme et attribuée au philosophe Nicolas de Malebranche : elle s’intitule Recherches sur l'état monastique et ecclésiastique (Amsterdam, avec le libraire parisien Dessain junior et l’imprimeur rémois J.-B. Jeunehomme, 1769, 1 vol. in-12).



En 1773, il déménagea sa librairie sur la nouvelle place Royale voisine [aujourd’hui salon de coiffure, en face de la banque Société Générale]. Devenu libraire de l’Université l’année suivante, il édita la Relation des formalités observées au sacre des rois de France (1774, avec l’imprimeur liégeois Jean Dessain, 1 vol. in-12), attribuée au chanoine Charles Régnault, une Ordonnance du roi, concernant les régimens provinciaux (1775, 1 vol. in-8o), l’anonyme Corbeille galante : aux demoiselles de Reims (1775, avec l’imprimeur parisien Valleyre l’aîné, 1 vol. in-8o) et, selon Saugrain, le Traité économique et physique des oiseaux de basse-cour (1775, avec le libraire parisien Lacombe, 1 vol. in-12), par le docteur Pierre Buchoz.


C’est en 1775 que Cazin devint client de la Société typographique de Neuchâtel, fondée en 1769, dont le catalogue manuscrit de « livres philosophiques », – terme qui qualifiait les livres prohibés –, était déposé à Reims par l’un des fondateurs, Frédéric Ostervald.


En 1776, exaspérés par les atteintes portées à leurs privilèges par leurs collègues de province, les libraires parisiens obtinrent qu’une perquisition soit effectuée à Meaux chez un libraire qui, pour se défendre, dénonça Cazin. Celui-ci, se fournissant en particulier auprès de la Société typographique de Neuchâtel, était effectivement en contravention avec les règlements : il vendait des livres prohibés ou contrefaits. Des milliers de livres furent saisis chez lui et il fut conduit à la Bastille où il resta dix semaines. Ruiné, Cazin mettra  plus d’un an à remettre sur pieds son commerce, au prix de nombreux voyages à Paris et à l’étranger (Flandres, Hollande, Liège, Neuchâtel), et avec l’aide des relations de son beau-frère et la coopération à prix d’or d’individus sans scrupules. Cette affaire lui aurait coûté plus de 60 000 livres [environ plus de 600 000 €].


Ayant repris ses activités, Cazin aurait publié dès 1777, selon une lettre de Cazin à la Société typographique de Neuchâtel datée du 1er janvier 1780, une Histoire de Gil Blas de Santillane (Londres, 4 vol. in-12), par Le Sage. En 1778, il publia l’Analyse et abrégé raisonné du Spectacle de la nature de M. Pluche (1 vol. in-8o), par le marquis de Puységur, et la fameuse Question agitée dans les écoles de la Faculté de médecine de Reims […]. Sur l’usage du vin de Champagne mousseux contre les fièvres putrides (1 vol. in-8o, avec les libraires parisiens Méquignon l’aîné et Didot le jeune, le libraire châlonnais Paindavoine et l’imprimeur châlonnais Seneuze), par le docteur Jean-Claude Navier ; il publia son premier catalogue la même année.

Cherchant à s’installer à Paris, il échoua dans une association avec Jean-Baptiste Musier, libraire quai des Augustins, avant de faire la connaissance du libraire et imprimeur Jacques-François Valade (env. 1727-1784), rue des Noyers [aujourd’hui partie du boulevard Saint-Germain, Ve] : celui-ci, s’inspirant de la collection des auteurs latins éditée par son collègue londonien James Brindley, débuta en 1779 une collection in-18 sous la rubrique de Londres, allait fonder la « Bibliothèque amusante » et imprimer la « Petite bibliothèque des théâtres ».  




S. n. [Valade], Londres [Paris], 1780


2. Libraire à Paris.


Rue des Noyers


Séjournant de plus en plus souvent à Paris chez Valade depuis 1780, – au point de ne pas pouvoir assister au mariage de sa seconde fille à Reims en 1781 –, Cazin s’installa définitivement chez son hôte et s’associa à lui pour éditer certains titres de la collection in-18, dont le premier fut Les Jardins, ou l’Art d’embellir les paysages (Paris, 1782, 1 vol., grav. Laurent), par l’abbé Jacques Delille. Suivirent La Morale de Confucius (Paris, 1783, 1 vol., grav. Delvaux), attribuée au journaliste Louis Cousin, la Traduction nouvelle de l’Art d’aimer d’Ovide (Paris, 1783, 1 vol., grav. Duponchel, et 1784, 1 vol.), attribuée au magistrat Claude Masson de Saint-Amand, l’édition princeps grec-latin des Aphorismes et Pronostic d’Hippocrate (Paris, 1784, 2 vol.), annotés par le docteur Édouard Bosquillon, et, selon Paul Lacroix, les Œuvres de Molière (Londres, 1784, 7 vol., grav. Delvaux, catalogue de Valade au t. VII).

En 1783, Cazin se rendit à trois reprises à la Bastille, chargé de surveiller la destruction des livres saisis et mis au pilon sur ordre de Jean-Charles Lenoir, lieutenant général de police à Paris, ami de Valade et bibliophile. Cette même année, Cazin décida de cesser de se procurer des livres prohibés à l’étranger.


Malade, Valade laissa bientôt la direction de sa collection in-18 à Cazin. La première série que celui-ci publia dans le format in-18 fut éditée en 1784, à l’adresse de Reims, sous le titre de « Petite bibliothèque de campagne ou collection de romans », et comprend des traductions des œuvres de Henry Fielding (16 vol.), de Sarah Fielding (3 vol.), de Tobias Smollett (4 vol.) et de Goethe (1 vol.).


Valade mourut le 24 juin 1784 et sa veuve, Marie-Jeanne Ledoux, lui succéda. Cazin commença alors la publication de deux ouvrages importants : une Histoire des Allemands (Reims, 1784-1789, avec l’imprimeur liégeois Clément Plomteux, 8 vol. in-8o), traduite de l’allemand de Michel Schmidt, et une Histoire de l’Ordre Teutonique (Reims, 1784-1790, avec la veuve Valade, 8 vol. in-12), par le baron de Wal.


À la fin de l’année 1785, au cours de laquelle Cazin avait réédité, dans le petit format, Les Jardins de l’abbé Delille (Reims, 1 vol.), et édité le Roman comique,de Scarron (Londres, 3 vol., grav. Chapuy), les Penséesde Pascal (Londres, 2 vol., grav. Delvaux), le Nouveau voyage sentimental, traduction de l’anglais de Sterne qu’il fit imprimer à Bouillon (Londres, 1 vol.), et les Œuvresde M. Gresset (Londres, 2 vol.), la veuve Valade abandonna définitivement la collection in-18 à Cazin.

Devenu propriétaire d’un dépôt de gravures et de petits formats brochés ou « en blanc » [livres non reliés dont les feuilles sont classées et non pliées], Cazin fit graver son nom sur les planches de cuivre qui lui avait été cédées, signant ainsi le second tirage des titres gravés, des frontispices et autres portraits. C’est pourquoi certains volumes de la collection in-18 mis en vente par Cazin ont une ou des  gravures portant la mention « Edition de Cazin. » ou « Collection de Cazin. », avec un titre typographié datant de l’époque d’activité de Valade. D’autres volumes sont une véritable réimpression, avec date mise à jour au titre et une ou des gravures portant la mention « Edition de Cazin » [second tirage] ou non [premier tirage du dépôt].


Rue des Maçons


En 1786, Cazin quitta la rue des Noyers et installa sa petite librairie au 31 rue des Maçons [aujourd’hui rue Champollion, Ve].





La « Collection des poètes italiens », imprimée à Orléans et éditée sous l’adresse de Paris, commencée en 1785 avec La Gerusalemme liberata du Tasse (2 vol., grav. Delvaux), fut poursuivie avec d’autres textes du Tasse (1 vol.), de Guarini (1 vol.), de Tassoni (1 vol.), de Pétrarque (2 vol., grav. Delvaux), de Bonarelli (1 vol.), de Pignotti (1 vol.), de l’Arioste (5 vol., grav. Delvaux) et de Bonesana (1 vol.), et terminée en 1787, avec les trois actes distincts de La Divina commedia de Dante (3 vol.). Cette même année 1786, il publia, selon Brissart-Binet, Le Diable boiteux (Paris, 3 vol. in-12) par Lesage, et compléta la collection des petits formats avec les Poésies du romancier suisse François Vernes de Luze (Londres, 1 vol.), un Choix de poésies traduites du grec, du latin et de l’italien par le docteur Édouard-Thomas Simon (Londres, 2 vol., grav. Thomas), De l’amour de Henri IV pour les lettres par l’avocat Gabriel Brizard (Paris, 1 vol.), les Passions du jeune Werther par Goethe (Paris, 1 vol., grav. Chapuy), qu’il fit imprimer à Genève par Paul Barde, un Choix de pièces de théâtre du chansonnier Jean-Joseph Vadé (Londres, 2 vol.), Les Orangers, les Vers à soie et les Abeilles, poèmes traduits du latin et de l’italien par le monarchiste Anselme Crignon (Paris, 1 vol.), un Choix de petits romans de différens genres par le marquis de Paulmy (Paris, 1 vol. sur les 2), et les Nouvelles Lettres angloises traduites de l’anglais de Richardson (Londres, 7 vol., grav. Chapuy).


En 1787, outre les trois volumes de Dante, Cazin publia dans la collection in-18, Caroline de Lichtfield par la baronne de Montolieu, qu’il fit imprimer à Bouillon (Londres, 2 vol., grav. Frussotte), un Choix de pièces de théâtre du comédien Jean-Baptiste Sauvé dit « Lanoue » (Londres, 1 vol., grav. Duponchel), un Choix de pièces de théâtre des avocats Brueys et Palaprat (Londres, 1 vol.), Laure par le publiciste Samuel Constant (Londres, 5 vol., grav. Frussotte), et les Mémoires de madame la baronne de Staal (Londres, 3 vol., grav. Delvaux).


En 1788, la collection in-18 fut complétée par Ismene and Ismenias, traduit du français de l’historien Godard de Beauchamps (London, 1 vol., grav. Delvaux), et Les Chefs-d’œuvre de Pope traduits de l’anglais (Londres, 1 vol., grav. Frussotte). Cazin publia également Les Délassemens poétiques (Paris, avec le libraire lausannois Lacombe, 1 vol. in-8o), par le botaniste suisse Samuel-Élias Bridel, qu’il fit imprimer à Neuchâtel, et la Nouvelle grammaire pour enseigner le françois aux Anglois (Paris, 1 vol. in-12), par dom Jean-Noël Blondin, de l’ordre des Feuillants.   


Toujours désireux de multiplier ses activités éditoriales, il participa en 1789 à l’édition du quotidien royaliste, politique et littéraire de Jean-Charles Le Vacher de Charnois, intitulé Le Spectateur national.

La collection des « Cazins » fut complétée par le Voyage sentimental (Londres, 1789, 2 vol., grav. Duponchel, catalogue au t. II), traduit de l’anglais de Sterne, L’Aminte (Londres, 1789, 1 vol., catalogue), traduit de l’italien du Tasse, la Seconde partie des Confessions de J.J. Rousseau (Londres, 1790, 7 vol.), qu’il fit imprimer à Neuchâtel par Louis Fauche-Borel, l’Hymne au soleil (Londres, 1790, 1 vol., grav. Delaunay), par l’abbé de Reyrac, Les Saisons (S.l. [Paris], s.d. [1790], 1 vol.), poème traduit de l’anglais de Thomson, La Pucelle d’Orléans poème héroï-comique en dix-huit chants (Londres, 1790, 1 vol.), par Voltaire, Les Aventures de Télémaque (Londres, 1790, 3 vol., grav. Chapuy, id. 1791), par Fénelon, Les Jardins (Paris, 1791, 1 vol., grav. Delvaux), par l’abbé Delille, Du contrat social (Paris, 1791, 1 vol.), par J.-J. Rousseau, et les Entretiens de Phocion (Paris, 1792, 1 vol.), traduits du grec par l’abbé de Mably.     




Cazin publia des catalogues en 1788 et 1789, qui présentaient ses collections dans tous les formats, ainsi que les collections de Valade et celles d’autres éditeurs. Ses catalogues de 1792 et 1793 (154 titres en 382 vol., dont seulement 48 titres en 106 vol. sont des éditions authentiques de Cazin) ne contiennent que des petits formats.


Rue du Coq


Après son déménagement au numéro 3 de la rue du Coq-Saint-Honoré, dite cul-de-sac du Coq [aujourd’hui rue de Marengo, Ier], Cazin participa à l’édition en français des Considérations importantes sur les droits et les devoirs respectifs de la France et des états de l’empire d’Allemagne possessionnés en Alsace (Paris, Desenne et Gattey, Blanchon, Cazin, et Strasbourg, Kœnig, 1792, 1 vol. in-4o), traduites de l’allemand de l’archiviste Georg-August Bachmann, et publia ses derniers volumes dans le format in-18 avec les Œuvres du poète Charles-Pierre Colardeau(Paris, 1793, 3 vol., grav. L’Épine).


Rue Pavée


Cette dernière année, il déménagea au numéro 15 de la rue Pavée-Saint-André [aujourd’hui rue Séguier, VIe]. Dans l’après-midi du 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), il se trouvait dans un café de la petite rue du Dauphin et en sortit au moment où le tir des boulets de Bonaparte enfilait la rue pour enlever le porche de l’église Saint-Roch où s’étaient barricadés les royalistes. Il fut atteint au ventre par un éclat de mitraille et expira le surlendemain 15 vendémiaire (7 octobre).


Cazin n’a donc jamais été imprimeur, n’a jamais eu de fils (invention de l’érudit rémois Lacatte-Joltrois), n’a été emprisonné qu’une seule fois à la Bastille en 1776, n’a jamais eu de valise toujours prête pour y séjourner (invention de son petit-fils, l’écrivain Chaalons d’Argé), s’est installé à Paris dès 1780 et définitivement en 1782, n’a jamais tenu de salon littéraire (invention de Brissart-Binet) et est mort le 15 et non le 13 vendémiaire an IV. 

À la mort de Cazin, sa femme lui succéda jusqu’en 1806 et lui survécut jusqu’en 1814. En 1799, la Société Richard, Caille et Ravier, rue Hautefeuille, racheta la collection des petits formats in-18 qui passa, après la mort de Richard en 1802, à la Société de Crapart, Caille et Ravier, au numéro 17 de la rue Pavée-Saint-André-des-Arcs, jusqu’en 1808, puis à la Société de Caille et Ravier jusqu’en 1822.


Comment authentifier une édition de Cazin ?


On devrait toujours garder à l’esprit les idées, en avance sur leur temps mais aujourd’hui évidentes, que l’abbé Jean-Joseph Rive (1730-1791) développait dans La Chasse aux bibliographes et antiquaires mal-advisés (Londres, N. Aphobe, 1789, t. I, p. 48-49) :


« Ainsi il n’y a rien de moins solide, que d’attribuer à un Artiste l’exécution typographique d’un ouvrage sorti de la presse sans nom d’Imprimeur, sous prétexte que les types de ce même ouvrage ont de l’analogie avec ceux des éditions qui portent son nom. […] Ne sera-t-il pas plus sage de renoncer à des conjectures inconcluantes, & de croire que ces éditions peuvent ne venir ni de l’une, ni de l’autre presse, mais qu’elles sortent peut-être d’une troisième que nous ne connoissons pas ? »    


Par un abus de langage, conséquence de l’ignorance de sa biographie et de sa bibliographie exactes, Cazin est considéré, sans preuve et donc à tort, comme l’éditeur de presque tous les petits formats du dernier quart du xviiie siècle sans nom d’éditeur, imprimés clandestinement à Paris ou dans les Provinces-Unies. S’ils appartiennent, pour partie, à la collection parisienne de Valade, ils pourraient, pour le reste, tout aussi bien appartenir à d’autres collections, dont celles de Couret de Villeneuve à Orléans, de Lehoucq à Lille, de La Roche ou de Bruyset et Périsse à Lyon, de Tutot à Liège, de Didot et Debure à Paris, de Hardouin et Gattey à Paris, de Le Prince et Baudrais à Paris, de Ancelle à Évreux, de Manoury à Caen, de Mercier à Paris, etc.


Parmi ces éditions sans nom d’éditeur attribuées à Cazin sans aucune preuve, les cazinophiles ont toujours été très intéressés par les éditions pornographiques, dites « érotiques », illustrées souvent par François-Roland Elluin (1745-1810), d’après Antoine Borel (1743-1810) :

Nouvelle traduction de Woman of pleasur[sic], ou Fille de joie par John Cleland (Londres, chez G. Fenton, 1776) ; La Pucelle d’Orléans, poème héroï-comique en dix-huit chants par Voltaire (Genève, 1777, 18 fig. libres non signées connues sous le nom de « suite anglaise » parce qu’elle est imitée des 27 figures d’un graveur anglais, gravées par Pierre Duflos d’après Marillier) ; La Pucelle d’Orléans, poème héroï-comique en dix-huit chants par Voltaire (Londres, 1780, mêmes illustrations que dans l’édition de 1777) ; La Foutromanie, poème lubrique par Sénac de Meilhan (Londres, aux dépens des Amateurs, 1780) ; Les Sonnettes par Guillard de Servigné (Londres, 1781) ; Le Meursius françois par Nicolas Chorier (Cythère, 1782) ; Parapilla par Charles Borde (Londres, 1782 ; Florence, 1784) ; Félicia par Nerciat (Londres, s.d. [1782]) ; La Tentation de Saint-Antoine par Sedaine (Londres, 1782) ; Les Égarements de Julie par Perrin (Londres, 1782) ; Mémoires de Saturnin par Gervaise de La Touche (Londres, 1787) ; Le Doctorat in-promptu par Nerciat (S.l., 1788) ; Étrennes aux amateurs de Vénus (Paphos, s.d. [1788]) ; Théâtre gaillard (Londres, 1788) ; Justine par Sade (Londres, 1792 : « Un des ouvrages les plus rares de la collection Cazin » dit Henri Cohen, dans la 6e et dernière édition de son Guide de l’amateur de livres à gravures du xviiie siècle, col. 920 !) ; etc.


L’attribution à Cazin des petits formats sans nom et à la fausse adresse de Londres (celle de Genève signant des éditions lyonnaises) ne peut se faire :


- ni à l’aide du format in-18 : économique, aisément maniable, discrètement transportable, voire facilement dissimulable, il est apparu au commencement du xviiie siècle, quand on voulut obtenir un volume de dimensions équivalentes à celles de l’ancien in-12 qui était devenu plus grand par l’emploi de papiers de plus grande forme. À la fin du même siècle, l’in-18 mesurait alors, en moyenne, 127 sur 80 millimètres. 

Pour obtenir un in-18, la feuille totale est divisée :

. soit en deux cahiers inégaux de 12 et de 24 pages : les signatures tombent alors aux pages 1, 25, 37, 61, etc., les pontuseaux de chaque feuillet sont verticaux et le filigrane est visible tout entier au milieu du feuillet dont la place est variable dans la feuille.

. soit en trois cahiers de 12 pages chacun : les signatures tombent alors aux pages 1, 13, 25, 37, etc., et coïncident avec celles d’un in-12 plié, par demi-feuilles, en deux cahiers successifs ; la direction des pontuseaux du papier permet alors de reconnaître le format, horizontaux dans l’in-12, verticaux dans l’in-18. 


- ni à l’aide de la reliure : en veau écaille [orné de marbrures rouges], triple filet d’encadrement sur les plats, filet ou roulette sur les coupes, avec ou sans roulette sur les chasses, dos long à six compartiments délimités par un double filet, dont deux portent les pièces de titre et de tomaison et les quatre autres ornés d’une grenade stylisée, baptisée « fer Cazin » et entourée d’une paire de volutes de feuillage, tranches dorées, signet de soie verte : ce type de reliure existait avant la collection Valade-Cazin. On peut regretter que cette reliure n’ait jamais retenu l’attention des historiens. Les dos de reliures qui portent en queue la mention dorée « Edition Cazin » appartiennent à des reliures réalisées au xixe siècle.


- ni à l’aide du papier azuré : rare, il est le plus souvent réuni au papier blanc dans un même volume, comme par accident ou indifférence.


- ni à l’aide des caractères, des fleurons ou des dispositions typographiques : prétendument caractéristiques, ils n’appartiennent qu’aux imprimeurs.

. la petite tête couronnée aux cheveux bouclés fait partie du matériel de Couret de Villeneuve à Orléans puis à Paris ;

. la petite tête rayonnée de Glisau et Pierret a appartenu auparavant à Valade et à Pierres ;

. les deux pigeons font partie du matériel de Valade qui les a utilisés pour les Œuvres de M. Gresset (Londres, 1780), Bélisaire, par M. Marmontel (Londres, 1780), les Œuvres mêlées de M. le chevalier de Boufflers, et de M. le marquis de Villette (Londres, 1782), Les Amours de Psyché et de Cupidon, par M. de La Fontaine (Londres, 1782), les Considérations sur les mœurs de ce siècle, par M. Duclos (Londres, 1784) et les Passions du jeune Werther (Reims, Cazin, 1784).

Quand bien même on identifierait l’imprimeur d’une édition adressée à Londres, il faudrait d’autres arguments pour pouvoir l’attribuer à Cazin.


- ni à l’aide des gravures : on cherchera en vain des éditions de Cazin avec des figures gravées d’après Charles Eisen (1720-1778).

Le graveur privilégié de Cazin fut Rémi-Henri-Joseph Delvaux (1748-1823), élève de Noël Le Mire, qui grava des figures pour La Morale de Confucius (1783), les Œuvres de Molière (1784) d’après Pierre Mignard (1612-1695), les Pensées de Pascal (1785) d’après Robert Nanteuil (1623-1678), La Gerusalemme liberata (1785) et Le Rime (1786) et Orlando furioso (1786) d’après Titien (1490-1576), les Mémoires de madame la baronne de Staal (1787) et, d’après Clément-Pierre Marillier (1740-1808), Les Jardins (1785 et 1791) et Ismene and Ismenias (1788).

Charles-Eugène Duponchel (né en 1748), élève de Tardieu, grava les figures de la Traduction nouvelle de l’Art d’aimer d’Ovide (1783) d’après Kaspar Pitz (1756-1795), du Choix de pièces de théâtre de La Noue (1787) d’après Charles Monnet (1732-1808) et du Voyage sentimental (1789).

Jean-Baptiste Chapuy (1760-1802) grava les figures duRoman comique de Scarron (1785), des Nouvelles Lettres angloises (1786) d’après Clément-Pierre Marillier, des Passions du jeune Werther (1786) et Les Aventures de Télémaque (1791).  

On ne sait pas grand chose sur C. Frussotte qui grava des figures pour Caroline de Lichtfield (1787) d’après Louis Binet (1744-1800), le collaborateur régulier de Rétif de la Bretonne, Laure (1787) d’après Balthasar-Antoine Dunker (1746-1807) et Les Chef-d’œuvres [sic] de Pope (1788) d’après Godfrey Kneller (1646-1723) ; ni sur P.-E. L’Épine qui grava le portrait de l’auteur des Œuvres de Colardeau (1793) ; surN. Thomas, élève de Ingouf, qui grava le frontispice du Choix de poésies, traduites du grec, du latin et de l’italien (1786) d’après Jean-Jacques-François Le Barbier « aîné » (1738-1828) ; ni sur F. Dubercelle qui grava pour Le Diable boiteux (1786) d’après Magdelaine Hortemels (1688-1767), mère de Charles-Nicolas Cochin « fils ».

C’est Pierre-François Laurent (1739-1809), élève de Baléchou, qui grava d’après Charles-Nicolas Cochin « fils » (1715-1790) pour Les Jardins (1782).

Nicolas Delaunay (1739-1792), élève de Lempereur, grava pour l’Hymne au soleil (1790).


- ni à l’aide des catalogues de la librairie : sont ceux de tout libraire donnant la liste des ouvrages en différents formats disponibles en sa boutique.

- ni à l’aide des journaux contemporains : toute l’ambiguïté des annonces ou des comptes rendus des journaux contemporains se trouve dans celui-ci :


« Théatre [sic] de Regnard. Nouvelle édition, revue, exactement corrigée, & conforme à la représentation. 4 vol. in-18. A Londres, & se trouve à Paris, chez la veuve Valade ; à Reims, chez Cazin. 1784. On connoît les jolies éditions que le Sr. Cazin donne depuis quelque tems [sic] au public : nous lui devons encore celle-ci, qui sans doute ne sera pas moins recherchée. »

(Journal encyclopédique ou universel. Bouillon, février 1785, p. 552-553)


Elle concerne le « Théatre de Regnard ; Nouvelle édition, Revue, exactement corrigée, & conforme à la représentation. [entre deux filets] Tome Premier. [fleuron] A Londres. [double filet] M. DCC. LXXXIV. », en 4 vol. in-18.

Le matériel typographique appartient à l’imprimerie Valade, avec, en particulier, le même fleuron aux quatre pages de titre que celui utilisé pour la page de titre du Choix de pieces de théatre de Brueys et Palaprat (Londres, et Paris, Cazin, 1787).

Rien ne permet d’ajouter « & se trouve à Paris, chez la veuve Valade ; à Reims, chez Cazin. », comme s’il s’agissait de l’adresse au titre : en février 1785, le Journal encyclopédique sait effectivement que madame Valade est veuve et que Cazin a édité l’année précédente, sous l’adresse de Reims, la « Petite bibliothèque de campagne ou Collection de romans ».


Mais alors, comment peut-on attribuer à Cazin des éditions ne portant ni son nom, ni son adresse ?

En se souvenant qu’aucun petit format ne peut être de Cazin avant 1786, la collection appartenant aux Valade qui, eux, ne l’ont commencée qu’en 1779 :


- sur l’existence de la mention « Edition de Cazin » sur les gravures, seulement quand il n’y a pas d’édition antérieure par Valade : Roman comique de Scarron en 1785, Laure par Constant en 1787, Mémoiresde Madame la baronne de Staal en 1787, Hymne au soleil par l’abbé de Reyrac en 1790.  


- sur le témoignage d’un éditeur : Claude-Marin Saugrain pour le Traité économique et physique des oiseaux de basse-cour par Buchoz en 1775, Cazin lui-même pour l’Histoire de Gil Blas par Le Sage en 1777.


- ou d’un bibliographe : Brissart-Binet pour la Méthode nouvelle, courte et facile pour apprendre le plain-chant en 1762 et pour Le Diable boiteux par Lesage en 1786, Paul Lacroix pour les Œuvres de Molière en 1784, Joseph-Marie Quérard pour les Pensées de Pascal en 1785.


- sur l’identité de l’imprimeur : Glisau pour les Œuvres de M. Gresset en 1785, Glisau et Pierret pour Les Aventures de Télémaque en 1790 et en 1791, Fauche-Borel pour la Seconde partie des Confessions de J.J. Rousseau en 1790.


- sur l’existence d’un « Avis » (Pensées de Pascal en 1785) ou d’un catalogue de Cazin (Voyage sentimental  en 1789).  




Dans la collection in-18, Cazin, seul ou associé, n’est donc le responsable, de 1782 à 1793, que de l’édition de 59 titres formant 120 volumes. Il ne peut être tenu responsable, de 1762 à 1793, que de l’édition de 74 titres, en 154 volumes, tous formats confondus, et d’un journal quotidien.

Ces éditions en d’autres formats que l’in-18, négligées jusqu’à présent, pourraient sensibiliser les amateurs à une nouvelle cazinophilie qui s’attacherait enfin à l’identification des éditeurs restés jusqu’à présent anonymes.




Gouttard n’est plus énigmatique

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On ne savait rien sur Gouttard, pas même son prénom, malgré le « Précis sur la vie et la bibliothèque de feu M. Gouttard, par un de ses amis », qui est en tête du Catalogue des livres rares et précieux de feu M. Gouttard (Paris, G. de Bure fils aîné, 1780, in-8, [4]-xvj-246 p., 1.604 lots). L’ami était le philosophe Jacques-André Naigeon (1738-1810) :

« Monsieur Gouttard s’étoit rendu familieres par de bonnes études, les Langues Grecque & Latine, qu’il ne cessa de cultiver ; & son goût pour les Ouvrages des Auteurs qui ont illustré Athènes & Rome, devint si décidé, qu’il prit l’habitude d’en faire sa principale & sa plus douce occupation. […]
Sa carriere terminée à cinquante-quatre ans, eût été infailliblement beaucoup plus longue avec une vie aussi réglée que la sienne, si, par une suite de la routine des Colleges, il n’avoit dédaigné les Sciences relatives à l’économie animale. De là, la méprise qui lui fit adopter un régime funeste à sa poitrine ; […]
M.Gouttard s’occupoit depuis peu à revoir les différentes Editions d’Horace & de Virgile, afin d’en former un Texte plus correct encore que les précédens. […]
Loin d’être un de ces Bibliomanes qui entassent des Livres sans connoissances & sans goût, il rejetta absolument tous ceux qu’on ne lit point. Son plan se réduisoit à rassembler, en moindre nombre de volumes possible, les meilleures Editions & les plus beaux Exemplaires de tous les bons Ouvrages. […] Aussi son Catalogue a-t-il le mérite unique de ne renfermer que des Livres de choix. Les Exemplaires sont en grand Papier, autant que cela est possible, & réunissent la plus belle conservation, avec les relieures les plus soignées, presque toutes par de Rome, le Phénix des relieurs.
Quoique cette Collection soit peu nombreuse, on y trouve cependant à peu-près tout ce qu’il y a de plus rare parmi les Ouvrages qui méritent d’être lus ; il n’y manque presqu’aucune des bonnes Editions des Auteurs Classiques en grec & en latin ; la suite des Variorum est complette, & celle des Elzéviers ne laisse à désirer que ceux qui ne sont pas estimés. [sic] »



Plus tard, le baron Jérôme Pichon (1812-1896) a raconté que Gouttard « n’avait d’abord qu’une pension de six à huit mille francs que lui faisant son père, homme assez avare. Cependant, avec ce revenu modique, il était parvenu à réunir une fort belle collection de livres lorsque la mort de son père le rendit possesseur de 60.000 livres de rente.
M. Debure, le père, qui faisait ses commissions, était très lié avec lui. M. Gouttard lui disait de mettre le dernier sur les livres qu’il désirait avoir. – Mais, Monsieur, si je rencontrais quelqu’un d’aussi fou que vous ? – Cela m’est égal, mettez toujours le dernier.
Il ne poussait pas ses livres lui-même, mais il assistait presque toujours à la vente. Quand un livre qu’il avait commissionné montait, il devenait un peu pâle et souriait. M. Debure lui en demandait la raison. – Je ris, disait-il, parce que je sais que celui qui me le pousse ne l’aura pas.
Un jour, il avait chargé M. Debure de lui acheter un exemplaire d’un ouvrage du comte de Caylus qui n’a été tiré qu’à dix-huit exemplaires et qui était relié en peau de truie, reliure qu’affectionnait M. Gouttard.
Il n’avait pas assisté à la vente parce qu’il était malade et avait pris médecine. Le lendemain matin, M. Debure lui porte le livre qu’il avait acheté. Quand M. Gouttard le vit entrer avec le volume, il sauta au bas de son lit et, courant à lui en chemise, il l’embrassa en s’écriant : Ah vous l’avez ! Le voilà donc enfin ! – Il fallut que M. Debure le forçât de se recoucher.
Il avait économisé deux cent mille francs en or pour acheter à la vente du duc de La Vallière. Il avait son magot dans une armoire à côté de sa cheminée. Quand M. Debure venait le voir, il lui disait quelquefois : – J’ai là de quoi faire payer les livres à la vente du duc. – Mais ses espérances furent trompées, puisque le duc de La Vallière lui survécut au contraire trois ans. » (Bulletin du bibliophile. Paris, Techener, 1906, p. 389-390)

D’une famille estimée originaire de Vernon (Eure), l’avocat Mathieu Gouttard (1686-1778) fut prévôt de Vétheuil (Val-d’Oise), berceau de sa belle-famille, avant de devenir en 1728 bailli et receveur du duché-pairie de La Roche-Guyon (Val-d’Oise), noble en 1735 par l’achat d’une charge de secrétaire du Roi, puis seigneur de Courcelles-lès-Gisors (Oise) en 1746. Il avait épousé en 1721 Marie-Gabrielle Oursel, qui lui donna deux fils. Dans sa maison de La Roche-Guyon, la bibliothèque était au rez-de-chaussée :


« Plus de 200 volumes sont repérés et témoignent des différentes préoccupations de Mathieu Gouttard. L’intérêt pour la religion et la morale se marque chez lui par la présence d’une histoire du peuple de Dieu, du nouveau testament et par la présence d’une bible. Cette exigence spirituelle s’accompagne d’un intérêt pour les découvertes scientifiques du siècle : les Voyages de Tournefort ou un dictionnaire de médecine en six volumes et un autre d’anatomie animent l’univers mental de notre serviteur. Ses préoccupations d’administrateurs sont nourris par la coutume de Normandie et la présence des fables de la [sic] Fontaine finissent par le ranger parmi ceux qui affirment un certain éclectisme. L’inventaire ne présente pas de liste exhaustive de cette bibliothèque, sans doute la maison parisienne [héritée en 1758 de son cousin germain homonyme, médecin du Roi] nous réserve-t-elle d’autres ressources livresques, mais la liste n’en fait pas état. » (Michel Hamard. La Famille La Rochefoucauld et le duché-pairie de La Roche-Guyon au xviiie siècle. Paris, L’Harmattan, 2008, p. 219)


À sa mort, ses deux fils se partagèrent un important héritage de 615.070 livres, où dominait le foncier. C’est de l’aîné dont il s’agit ici : Mathieu-Robert Gouttard (1726-1780), décédé prématurément, dont la bibliothèque fut vendue en 17 vacations, du lundi 5 au vendredi 23 mars 1781, en l’une des salles de l’hôtel de Bullion, rue Plâtrière. 




Catalogue des livres de Gouttard. Exemplaire de Mérard de Saint-Just, relié par Derome.
New York, Christie's, 22 mars 2005, 13.200 $

Le littérateur Mérard de Saint-Just (1749-1812) a noté sur son exemplaire du catalogue de cette vente : « doit faire époque dans l’histoire de la Bibliographie. Les livres ont été porté [sic] à un tel prix par les acquéreurs, qu’il n’y a pas encore eu d’exemples d’une pareille folie dans ce genre de luxe. » Gouttard ayant été un amateur exigeant, la plupart des volumes sortis de sa bibliothèque furent alors reconnus et vendus effectivement à des prix excessifs. À côté des libraires (Bailly, Tilliard, Janet, etc.), on pouvait voir, parmi les acquéreurs, Gouttard de Levéville, frère cadet et héritier du mort, le comte d’Artois, Le Camus de Limare, Dincourt d’Hangard, Naigeon, Anisson-Duperron, le président Lepeletier de Saint-Fargeau, Girardot de Préfond et le procureur Lolliée.

De rares exemplaires du catalogue des livres sont suivis par un « Etat des bronzes, porcelaines, bijoux & autres effets précieux de la succession » (4 p., 51 lots), dont la vente se fit dans la même salle de l’hôtel de Bullion le samedi 24 mars 1781.


Cette bibliothèque ne renfermait que des livres de choix, le plus souvent en grand papier, de la plus belle conservation et presque tous reliés par Derome :


119. Platonis opera quae exstant omnia, graecè ex nova Joan. Serrani interpretatione, perpetuis ejusdem notis illustrata ; & cum annotationibus Henr. Stephani. Paris. Henr. Stephanus, 1578, 3 vol. in-fol. m. r. l. r. Chartâ Magnâ.

Exemplar nitidissimum & tarissimum. 699 liv. 19 s.   


Jeton aux armes de Charles-Claude Briasson, échevin de la ville de Lyon,
frère du libraire parisien Antoine-Claude Briasson (1757)
313. Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts & des Métiers, par une société de Gens de Lettres ; mis en ordre par MM. Diderot & d’Alembert. Paris, Briasson, 1751, 33 vol. in-fol. Gr. Pap. rel. en peau de truie.

Cet exemplaire a été choisi avec le plus grand soin, par le libraire Antoine-Claude Briasson (1700-1775), l’un des associés qui se l’était réservé. Gouttard l’acheta après la mort de Briasson le fils ; il l’a fait relier par Derome le jeune. On y a joint les portraits de Diderot, d’Alembert, de Voltaire et de Montesquieu. 2.510 liv.

428. Lysiae orationes & Fragmenta. graecè, cum novâ interpretatione & notis Jo. Taylor. Accedunt Jer. Marklandi conjecturae. Londini, Bowyer, 1739, 2 vol. in-4. Ch. Mag. en peau de truie.

Exemplar nitidissimum, libri rarissimi. 250 liv.

444. M. Tullii Ciceronis Opera omnia, ex recensione & cum notis Petri Victorii. Venetiis, in offic. Lucae Ant. Juntae, 1537, 4 vol. in-fol. m. viol. l. r.

Superbe exemplaire du comte d’Hoym. 361 liv.

648. P. Virgilii Maronis Bucolica, Georgica, & Æneis. Venetiis, Vindelinus de Spira, 1470, in-fol. m. cit. Editio Princeps & Exemplar impressum in Membranis.

On trouve à la tête du volume deux feuillets de vélin qui contiennent une pièce de vers latins manuscrits, adressés au marquis d’Uxelles par Charles Enoch Virey, secrétaire du roi, en 1626. Ce volume contient 161 feuillets. Cet exemplaire a été acheté 2.300 liv. à la vente de Paris de Meyzieu. 2.270 liv.

888. Collection des Ouvrages imprimés par ordre de Monseigneur le Comte d’Artois. Paris, de l’Imprimerie de Didot l’aîné, 1780, 18 vol. in-18, br.

Cette Collection dont il n’a été tiré qu’un très petit nombre d’exemplaires, est de la plus belle exécution ; mais ce qui la rend encore plus précieuse, c’est qu’on ne peut l’avoir que de la munificence du Prince. 2.210 liv.




1.040. Collectiones Peregrinationum in Indiam Orientalem & in Indiam Occidentalem XXV. Partibus comprehensae, cum appendice Regni Congo, & figuris aeneis Fratrum de Bry & Meriani. Francofurti, 1590, 9 vol. in-fol. m. viol. & m. r. Prima editio, & Exemplar elegans & integrum libri rarissimi.

1.041. Historia Americae sive Novi Orbis, comprehendens in XIII. sectionibus exactissimam descriptionem vastissimarum & multis abhinc seculis incognitarum Terrarum, quae nunc passim Indiae Occidentalis nomine vulgò usurpantur. Cum elegantissimis tabulis & figuris aeri incisis, necnon Elencho sectionum, & Indice capitum ac rerum praecipuarum. Francofurti, sumptibus Matt. Meriani, 1634, 3 vol. in-fol. m. cit. Secunda editio.

Ouvrage curieux qui renferme presque toutes les relations originales des voyageurs qui ont fait la découverte du Nouveau Monde, et dont toutes les figures ont été dessinées sur les lieux d’après nature. Cet exemplaire vient de la bibliothèque de l’abbé de Rothelin. Gouttard l’acheta à la vente de Paris de Meyzieu 1.911 liv. Il y ajouta deux volumes, des figures et des cartes qui y manquaient, pour le rendre absolument complet.



1.042. Premier Livre de l’Histoire de la Navigation aux Indes Orientales, par les Hollandois, & des choses à eux advenues […] par G. M. A. VV. L. Imprimé à Amstelredam, par Cornille Nicolas, sur l’eaue, au livre à écrir. anno 1598. 2.551 liv. pour les numéros 1.040 à 1.042.   







Octave Uzanne, par Bertrand Hugonnard-Roche : la référence

Dincourt d’Hangard n’était pas tout seul

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Pierre-Antoine-François Dincourt, chevalier, seigneur d’Hangard (Somme) et autres lieux, naquit à Amiens le 16 octobre 1743.


Château de Hangard avant la Première Guerre mondiale
Avant la Révolution, il était domicilié à Paris, chez Didot, imprimeur, rue Pavée-Saint-André-des-Arts, 1ère porte cochère à droite, au second. « D’Hangard, amateur assez peu instruit, disait Renouard, s’avisa de faire vendre ses livres pour se donner le sot plaisir de voir comment on payeroit ses curiosités. » Il vendit donc sa bibliothèque, une des plus belles de son temps, à deux libraires du quai des Augustins, Jean-Baptiste-François Née de La Rochelle (1751-1838) et François Belin, dit « Junior » (v. 1760-1797), qui la livrèrent aux enchères publiques, en l’une des salles de l’hôtel Bullion, à partir du lundi 9 mars 1789 : Catalogue des livres choisis et bien conditionnés du cabinet de M *** (Paris, Née de La Rochelle et Belin Junior, 1789, in-8, ix-11 [chiffrées 10-20]-270-[2] p., 2.499 lots) ; certains exemplaires de ce catalogue comportent les prix imprimés à la fin et un supplément de 175 articles en 18 pages ; il a été tiré 25 exemplaires de ce catalogue en grand papier. L’ « Avertissement » des libraires fait l’apologie d’un goût qui se défend de lui-même :


Un des 25 exemplaires sur papier azur
New York, Christie's, 22 mars 2005, 2.040 $
« Lorsqu’une Bibliothèque réunit ce que la Littérature a de plus excellent, ce que la Presse a produit de plus beau, & ce que l’Art de la Relieure a exécuté de plus parfait, c’est un puissant motif de recommander aux Amateurs de jeter les yeux sur le Catalogue que l’on en publie. […]
Depuis long-temps il n’a point été vendu de collection plus importante que celle-ci, & qui fut plus digne de cette classe de curieux que l’on appelle les Gourmets de la Littérature. Elle est principalement remarquable par la quantité d’Auteurs classiques Grecs & Latins qu’elle renferme, par un bon choix d’Auteurs François, Italiens, Espagnols & Anglois les plus estimés. Les classes de Théologie, des Sciences, des Arts & de l’Histoire offrent un très grand nombre d’ouvrages rares ou utiles. Les Exemplaires en sont parfaits pour la plûpart, & si l’on observe que c’est ici le Cabinet d’un curieux qui a pu dîmer dans les Bibliothèques de MM. Le MariÉ [1776], Gouttard [1781], Randon de Boisset [1777], Mariette [1775], de la Valliere [1783], Paris de Mezyeux [1779], & dans les ventes les plus intéressantes qui se sont faites depuis plusieurs années ; que ce même curieux a fouillé les magazins les mieux assortis de la Librairie, qu’il a rassemblé à grands frais plusieurs belles éditions des Aldes& des Etiennes, presque toutes celles des Elzeviers ; les chef-d’œuvres d’Ibarra& ceux de Bodoni, les éditions si célèbres  de Baskerville, de Foulis, de Balfour& Ruddimann, & enfin toutes les belles productions des presses de MM. Didot& des plus célèbres Imprimeurs François, on se convaincra que les éloges que nous donnons à cette collection n’ont rien d’exagéré ni de suspect.
A la vue de tant de livres imprimés sur grand papier, & de plusieurs exemplaires d’une même édition exécutée en divers formats, soit sur des papiers plus beaux les uns que les autres, soit sur du velin d’Italie, nous entendrons peut-être renouveller les murmures de quelques hommes peu fortunés ou peu curieux, qui ne conçoivent pas que l’on puisse élever ses désirs au-delà des éditions de Quinet, de Sercy, de Ribou & de la veuve Oudot. Sans doute, ils vont nous demander à quoi bon toutes ces belles choses ? & ils ne manqueront pas de traiter de Bibliomanes tous ceux qui paroîtront vouloir les acquérir ; mais, nous leur répondrons que chacun est libre de boire des eaux de l’Hypocrène dans la coupe qui lui convient, & que pour qui veut s’enyvrer en homme délicat, mieux valent les vins de Tockai, de Pomare & de Lunelle, que ceux de Surenne ou de Pierrefitte. » [sic]


D’Hangard avait également acheté la bibliothèque de Naigeon qui connaissait alors des embarras pécuniaires et qui, comme en témoigne cette lettre du 4 décembre 1782, s’employa ensuite à recouvrer quelques livres d’affection, au nombre desquels se trouvait un exemplaire relié par Derome du Bayle de 1740 :

« Je compte toujours, Monsieur, sur la promesse que vous m’avez faite de me donner, à la nouvelle année, un sac de 1.200 livres. Cela vous liquidera toujours d’autant, et moi, cela me fera arranger mes petites affaires et me donnera le temps d’attendre la recette de mon petit revenu que je ne touche que tous les ans au quinze de may. Quelque important qu’il soit pour moi, vu ma position, d’avoir ces 1.200 livres vers la nouvelle année, ce n’est pourtant pas là, Monsieur, l’objet de ma lettre, car, comme vous m’avez promis formellement de me faire ce payement, j’y comptois, et ne vous aurois pas importuné d’une lettre pour une affaire que je regardois comme arrangée entre nous. Mais l’objet de ma missive est de vous prier de me céder au même prix le Bayle de 1740. J’ai à tout moment besoin de ce livre. Ce ne peut être pour vous un sacrifice, puisqu’on trouve en feuilles ce livre tant qu’on veut, et que, ne travaillant pas dessus comme moi, vous pouvez vous donner le loisir de le faire relier de même par Derome ; il sera même plus frais que le mien, dont je me suis uniquement servi pendant huit ans. Considérez, Monsieur, que la vie est un commerce réciproque de services rendus et reçus. Si ce livre étoit un ouvrage un peu rare, ou même difficile à trouver, je ne serois pas assez indiscret pour vous prier de me le céder, vous ayant vendu une fois ma bibliothèque. Pour moi qui travaille et qui ai besoin trois ou quatre fois par jour de ce livre, jugez si j’ai comme vous le temps d’attendre que Derome ou Chamon me relie cet ouvrage. Tout ce qui a pu vous faire plaisir et qui a dépendu de moi, je l’ai fait ; je vous ai prévenu et j’ai devancé vos désirs en vous promettant mes trois volumes de Sévigné sans cartons ; je vous les ai donnés avec plaisir pour un exemplaire cartonné. Je serai encore dans le cas de vous obliger de la même manière, et il me semble que ma conduite avec vous mérite de votre part quelque égard. J’ai même été plus loin : je vous ai offert de vous donner en troc, et comme un bon à compte, le Montesquieu, gr. p., relié magnifiquement par Baumgarten [le plus célèbre des relieurs anglais] : c’est le plus grand sacrifice que je puisse faire en ce moment, car j’aime ce livre comme mes yeux, et d’autant plus que le relieur est mort et n’en fera plus. Enfin, Monsieur, voilà le plaisir que je vous demande. Si vous me refusez, je ne vous cache pas que j’en serai profondément blessé, car je verrai alors que vous vous souciez fort peu de me faire de la peine. Encore un coup, je ne vous demande rien qui puisse être pour vous un sacrifice, et moi j’en ai fait un grand en vous offrant mon Montesquieu, qui est le livre le mieux relié que vous ayez dans toute votre bibliothèque. » [sic] (Robert Luzarche. Une lettre inédite de Naigeon. In Le Chasseur bibliographe. Paris, François, 1863, novembre, n° 11, p. 7-10)

Le catalogue ne donne pas de noms de relieurs français et cite deux relieurs anglais. Parmi toutes les provenances citées, toutes répertoriées ci-dessous, on remarque 18 lots provenant de la bibliothèque du comte d’Hoym et deux exemplaires ayant appartenu à Grolier :   
 
5. Nov. J. C. Testamentum, graecè, cum variantibus & paralipomenis Jo.Millii. Oxonii è Theatro Sheldoniano, 1707, in-fol. mar. violet aux armes du comte de Hoym.
15. Nov. J. C. Testamentum, latinè.Paris. T. R.. 1649, 2 vol. in-12, mar. violet, aux armes du comte de Hoym.
91. Traité des restitutions des Grands (par Cl. Jolly) avec une Lettre sur quelques points de la Morale chrétienne ; 1665, p. in-12, v. f. aux armes du comte de Hoym.
162. Les Pensées de Simon Morin, avec ses Cantiques & Pensées spirituelles ; sa déclaration après sa sortie de la Bastille, & l’Arrêt du Parlement qui condamne Morin à être brûlé vif ; 1647, in-8. mar. r. dent. exempl. de M. de Cangé, avec quelques notes de la main de ce curieux. On peut consulter la Bibliographie instructive sur la rareté de cet Ouvrage, N°. 845.
195. Observations sur un Livre intitulé de l’Esprit des Loix par M. Dupin. Paris, 3 vol. in-8. mar. r. Ouvrage dont on assure qu’il n’existe que six exemplaires que l’Auteur a distribué à ses amis. Voyez le Catalogue des Livres du Cabinet de M *** dont la vente a commencé le 19 Novembre 1787, par M. Debure l’aîné.


368. Il novo Cortegiano de vita cauta & morale. Senza l’anno, il nome della citta e del Tipografo, in-4. veau antiq. ex. de Grolier. Ce livre paroît avoir été imprimé vers 1530. Vendu 3 livres et 12 sous.
441. Hier. Cardani de subtilitate libri xxi. Norim. 1550, in-fol. v. f. aux armes du comte de Hoym.
591. Car. Clerck Icones Insectorum rariorum, eum nominibus eorum trivialibus, locisque è C. Linnaei systemate naturali allegatis ; Holmiae, 1759, in-4. avec les figures enluminées & relié en mar. viol. dent. doublé de tabis. Ce Livre est de la plus grande rareté, & l’exemplaire est connu pour sa perfection ; il vient de la belle collection de M. de Limare dont on peut consulter le Catalogue, n°. 782. Il fut acheté 720 liv. à cette vente.
592. Ejusdem Car. Clerck Aranei Suecici, descriptionibus & figuris aeneis illustrati, Suecicè & Latinè. Stockolmiae, Jo. Salvius, 1757, in-4. fig. enluminées, mar. viol. dent. doublé de tabis, exemplaire sur papier fort, d’un livre très-rare ; c’est celui de M. de Limare, sur lequel on peut consulter son Catalogue, n°. 783. Il a coûté 600 liv. à cette vente.



629. And. Baccii de naturali Vinorum historia, de Vinis Italiae & de conviviis antiquorum libri VII. Romae, Mutius, 1596, in-fol. v. f. f. d. s. tr. Exemplaire du comte d’Hoym. Ouvrage rare & très intéressant par son objet. Voyez la Bibliographie instructive, N°. 1.850.
802. Laurentii Vallae Elegantiarum libri sex, & de reciprocatione sui & suus Libellus. Venetiis, Aldus, 1536, gr. in-8. v. br. Exemplaire qui a été offert à François Ier. Roi de France, & qui porte ses armes & sa devise.
876. M. T. Ciceronis operum tomus primus ex Petri Victorii castigationibus. Lugduni, Gryphius, 1540, in-8. Exemplaire qui a appartenu à Jean Racine ; on y trouve des notes écrites par lui-même, & sa signature existe sur le titre.
991. Les Poésies d’Anacréon & de Sapho, trad. en françois, avec des remarques, par Mad. Dacier. Amst. 1699, p. in-8., v. f. Exemp. du comte de Hoym.
1.029.Lucrezio Caro, tradotto da Aless. Marchetti. In Londra, Pickard, 1717, in-8. gr. pap. Mar. citron, aux armes du comte de Hoym.
1.048. Virgilius ex recensione. Nic. Hem. Amster. apud Elzevirios, 1676, in-12, mar. violet. Ex. du comte de Hoym. Cette édition est l’une des plus correcte qui existent.


Sans lieu [Paris], sans date [1548]
Edition dite "à la tête de mort"

1.173. Theod. Bezae Poemata Juvenilia. Editio excusa ad insigne capitis mortui absque anno, in-16. mar. citron.

1.202. Merlini Coccaii (Theoph. Folengi) Opus Macaroricorum. Tusculani, per Alex. de Paganinis, 1521, in-12. v. f. Exemplaire aux armes du comte d’Hoym, très-complet, avec l’épître de l’Imprimeur Paganini. Voyez la Bibliographie instructive, N°. 2.951.
1.239. La Guirlande de Julie pour Madlle de Rambouillet, Julie-Lucine d’Angennes. In-8. relié en maroquin rouge, semé du chiffre de Madelle de Rambouillet. Cet ouvrage, écrit par Nicolas Jarry en 1641, offre un chef-d’œuvre de galanterie & le modèle de la plus parfaite écriture. Il ne passe que rarement dans les ventes publiques des articles aussi dignes de piquer la curiosité des amateurs.
1.251. Fables choisies, mises en vers, par de la [sic] Fontaine. Anvers, H. Van Dunewalt, 1688 & 1694, 5 part. reliées en 2 vol. in-12. fig. mar. r. aux armes du comte de Hoym.
1.307. Noei Borguignon de Gui Barozai (M. de la Monnoye). Ai Dioni, Abran Lyron de Modène, 1720, in-8. v. f. d. s. tr. pap. fin. C’est l’exemplaire de M. de la [sic] Monnoye, avec quelques corrections écrites de sa main.



Type de reliure par Edwards

1.397. Terentius. Birminghamiae, Typis Jo. Baskerville, 1772, in-8. dont la relieure peut passer pour un chef-d’œuvre. Elle est en velin blanc, orné d’une dentelle d’or très-légère. Sur un côté de la couverture on a peint la Muse de la Comédie, & sur l’autre côté se voit la Muse de la Poésie Pastorale. La tranche, quoique dorée, présente, lorsqu’on la fait jouer, une vue d’un château antique & du Paysage qui l’environne. Ce genre de relieure, inventé par un Artiste Anglois nommé Edwards [famille – le père et ses quatre fils – de relieurs et libraires originaire de Halifax (Yorkshire)], est aussi riche qu’agréable, & il ne se trouve en France pour le moment, qu’un bien petit nombre de livres reliés ainsi.



1.409. Rodogune, Princesse des Parthes, tragédie de P. Corneille. Au Nord, 1760, in-4. fig. br. Cette tragédie a été imprimée en partie par Madame de Pompadour, & en partie sous ses yeux dans son appartement.
1.444. Poesie dell’Abbate P. Metastasio. In Parigi, presso la Vedova Quillau, 1755, 10 vol. in-8. grand papier, mar. r. d. s. tr. Exemplaire de M. Randon de Boisset, où se trouve un carton, tom. 2, pag. 341 & 342, qui n’est dans aucun autre. On y a joint aussi l’extrait du Journal de Trévoux, avec des additions aux réflexions du Journaliste sur cette édition de Metastase.
1.588. Histoire de Primaleon de Grece, continuant le Discours de Palmerin d’Olive, trad. en franç. par François Vernassal. Paris, 1572, 4 vol. in-8. mar. v. Exemplaire du comte Hoym.
1.646. L’Heptameron, ou Histoire des Amans fortunés des nouvelles de très-illustre & très-excellente Princesse Marguerite de Valois, Reine de Navarre, remis en son vrai ordre, par Claude Gruget. Paris, 1567, in-16. mar. r. lavé, réglé. Exemplaire du comte d’Hoym.
1.697. Les Œuvres de maître François Rabelais. Lyon, Estiart, 1596, in-16. v. f. aux armes du comte d’Hoym.


1.714. L’Éloge de l’Yvresse, (par Sallengre). La Haye, 1715, in-12. v. f. Exemplaire du comte de Hoym.


1.718. Les Etrennes de la St. Jean, (par le Cte de Caylus, & autres) Troyes, veuve Oudot, 1742, in-12. v. f.

1.792. Philostratorum quae supersunt omnia, gr. & lat. edente Gotfrido Oleario. Lipsiae, 1709, in-fol. papier fin, v. br. Exemplaire de M. Gouttard.
1.807.Œuvres de M. de Montesquieu. Londres (Paris), 1777, 3 vol. in-4. grand papier v. m. dent. reliure de Baumgharten.
1.812. Tutto le opere di Nic. Machiavelli. In Firenze, 1550, in-4. v. f. fil. d. s. tr. Exemplaire de M. l’Abbé de Rothelin.
1.845. Des. Erasmi Colloquia. Lugd. Bat. apud Elzevirios, 1645, petit in-12. mar. violet, aux armes du comte de Hoym.
2.048. La Cyropédie de Xénophon. – De la Vie et Institution de Cyrus, roi de Perse, trad. du grec par Jacq. des Comtes de Vintimille. Lyon, de Tournes, 1555, in-4. mar. cit. Exemplaire qui a appartenu à Catherine de Médicis, femme de Henri II, à qui l’ouvrage est dédié.
2.088. Polybii historiarum libri qui supersunt, gr. & lat. cum notis Isaaci Casauboni. Paris, Drouard, 1609, in-fol. mar. cit. Exemplaire de M. de Boze. Voyez son Catalogue N°. 1.690.
2.108. Tacitus, cum notis H. Grotii. Lugd. Bat. apud Elzevirios, 1640, 2 vol. p. in-12. mar. rouge doublé de mar. lavé, réglé, aux armes du comte de Hoym.
2.130. Histoire de Dion Cassius de Nicée, abrégée par Xiphilin, & trad. en franç. par M. de B. G. (de Bois-Guillebert.) Paris, 1674, 2 vol. in-12. v. f. Exemplaire du comte d’Hoym.
2.168. De re vestiaria libellus ex Baysio excerptus. Lugd. Gryphius, 1536, in-8. veau antiqué, exemplaire de Grollier [sic].
2.227. Histoire de France, par Mezeray. Paris, Guillemot, 1643, & années suivantes, 3 vol. in-fol. fig. br. Exemplaire conforme à la description qui est consignée dans le Catalogue Gouttard, n°. 1.273. Remis en vente en 1812 (n° 1.272).
2.251. La vie & faits notables de Henri de Valois, tout au long, sans rien requérir ; où sont contenues les trahisons, perfidies, sacrilèges, exactions, &c. de cet hypocrite & apostat, ennemi de la religion catholique ; 1589, in-8. fig. mar. r. Livre rare, exemplaire de Gouttard.
2.328. Histoire de la véritable origine de la troisième race des Rois de France, par le Duc d’Espernon, publiée par de Prades. Paris, 1679, in-12. mar. r. Exemplaire aux armes de Mgr. le Dauphin, à qui il a été dédié.
2.358. Lettres & négociations de Jean de Witt. Amsterdam, Waesberge, 1725, 5 vol. in-12. v. f. Exemplaire du comte Hoym.
2.451. Dictionnaire historique & critique de Bayle. Rotterd. 1720, 4 vol. in-fol. Grand papier, mar. violet, avec dentelles & doublés de tabis. Magnifique exemplaire qui a appartenu à M. Randon de Boisset, & dans lequel se trouvent les vers à la louange de Philippe d’Orléans, Regent, & la vie de Bayle, en gr. pap.
2.458. Plutarchi omnia quae extant opera, gr. & lat. cum notis J. Rualdi. Paris. Typis Regiis, 1624, 4 vol. in-fol. charta magna, l. r. relié en peau de truie. Ce superbe exemplaire vient de M. Gouttard, voyez son Catalogue, n°. 1.555.

La vente de la bibliothèque rapporta 75.000 francs, mais il prêta l’entier produit de sa vente à une espèce de banquier qui, peu après, fit banqueroute. Entre-temps, il avait pris part aux assemblées de la noblesse tenues à Amiens, avant d’émigrer. Rentré à Paris, au 21 rue de l’Odéon, il « employa toutes les économies de son mince revenu à refaire un simulacre de la belle bibliothèque qu’il avoit perdue par sa faute » et qui fut vendue après sa mort : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. Dincourt d’Hangard, la plupart rares, singuliers et d’une belle condition (Paris, Bleuet, successeur de Jombert, fils aîné, 1812, in-8, [4]-255-[1 bl.] p., 1.703 lots). La vente eut lieu en sa maison, du mercredi 1er au mardi 14 avril 1812, en 12 vacations :

147. Panégyriques et autres Sermons preschez par Mess. Esprit Fléchier. Paris, Jean Anisson, 1696, in-4°, v. fau. fil. b. b. d. s. tr. (Exempl. du comte d’Hoym et à ses armes).
155. Sermons du P. Ségaud ; (publiés par le P. Berruyer). Paris, H. L. Guérin, 1750, 6 vol. in-12, m. bl. fil. b. b. d. s. tr. aux arm. du R.
157. Sermons du P. Pierre-Claude Frey de Neuville l’aîné. Rouen, Laur. Dumesnil, 1778, 2 vol. in-12, papier d’Holl. aux arm. du R.
203. Pensées de Pascal, avec des notes ; (par Condorcet et Voltaire), et l’éloge de Pascal (par Condorcet). Londres, (Deux-Ponts) 1776, gr. in-8°, v. fau. fil. b. b. (rel. par Derome le jeune).
239. Opuscules de Bayle. Tous ces petits ouvrages de Bayle sont fort difficiles à recueillir et on les trouve rarement. Ils ont appartenu à Naigeon.
272. Le Corps politique, ou les Élem. de la loi morale et civile, avec des réflexions sur la loi de nature, sur les sermens, les pactes et les divers gouvernemens ; trad. de l’angl. de Th. Hobbes. Leyde, Elzevir, 1653, in-12, m. r. fil. b. b. d. s. tr. (Rel. par Derome le jeune).
279. Discours sur le Gouvernement ; par Algernon Sidney, trad. de l’angl. par P. A. Samson. La Haye, Van Dole, 1702, 3 vol. in-12, rel. en vél. (Exempl. chargé de notes manuscrites de Naigeon).
426. Flore française, ou Description succinte de toutes les plantes qui croissent naturellement en France ; par le chev. de La Marck. Paris, Impr. roy., 1778, 3 vol. in-8°, m. v. d. de tabis, d. b. b. d. sur tr. (Exempl. de Anisson fils, 1reédit.).
522. Litteratur der Mathematischen Wissenschaten ; von Fr. Wilh. Aug. Murhard ; id est, Fr. Wilh. Aug. Murhard Bibliotheca mathematica, lat. et germ. 1797 et 1798, 2 vol. in-8°, pap. fin, fil. b. b. d. s. tr. (Exempl. de la vente Renouard, en novembre 1804).
536. Pauli Frisii dissertationes variae. Lucae, apud Vincentium Junctinium, 1759-1761, 2 vol. in-4°, fig. br. en cart. (Exemplaire de d’Alembert, avec la signature autographe de P. Frisi).
539. Description et explication des globes qui sont placés dans les pavillons du château de Marly ; (par de La Hire). Paris, veuve Thiboust, 1704, in-8°, gr. pap. m. r. d. b. b. d. s. tr. aux arm. du Roi.
562. Table des équations, ou de la différence du temps vrai au temps moyen, pour tous les jours de l’année. In-18, m. bl. dent. tab. b. b. d. s. tr. (Manuscrit d’une belle exécution sur pap. fin, et entouré d’ornemens en or, exécuté pour Randon de Boisset, de chez lequel il vient).
759. Nic. Heinsii poematum nova editio auctior : Accedunt Joh. Rutgersii posthuma et adoptivorum carminumlib. II. Amstel. Dan. Elzevirius, 1666, p. in-8°, v. br. (Exempl. de de Thou à qui il a été donné par Nic. Heinsius).
800.Œuvres diverses du sieur R *** (J. B. Rousseau). Soleure, Ursus Heuberger, 1712, in-12, v. fau. b. b. (Edit. recherchée et rare, exemplaire de Soubise).
802. Odes Philippiques ; par La Granche-Chancel. Sans nom de lieu, ni d’imprimeur et sans date. In-12, v. m. (Exempl. de La Vrillière).
806. La Pucelle d’Orléans, avec figures. Paris (Amsterdam), 1775, in-12, m. r. fil. B. b. d. s. tr. (rel. par Derome). Cette édition est charmante et très-difficile à trouver. Elle contient dans les variantes les vers hardis sur Louis XV, le Roi de Prusse, Mme de Pompadour.
874. Tables alphabétiques et chronologiq. des pièces de l’anc. théâtre italien depuis son établissem. en 1697, avec des remarq. et une table alphabétique des auteurs ; par N. B. D. G. (N. B. du Gérard). Paris, Prault, 1750, in-8°, m. r. fil. b. b. d. s. tr. (Exempl. du duc de Fleury, et à ses armes).
875. Recueil de différentes pièces du théâtre franç., 9 vol. in-12, m. r. b. b. d. s. tr. (Exempl. du duc de La Vallière. Voyez le Catalogue de la vente faite en 1773, n° 1.184).
880. Œuvres de J. Racine. Paris, Cl. Barbin, (Hollande) ; 1697, 2 vol. in-12, fig. m. r. doub. de m. d. d. s. t. aux armes du duc d’Orléans.
942. Fables choisies, mises en vers ; par de La Fontaine ; (enrich. des fig. de Causse). Paris, Cl. Barbin, 1668, in-4°, m. r. fig. b. b. d. s. tr. aux armes du duc d’Orléans. Première édition rare et recherchée, quoiqu’elle ne contienne que les 6 premiers livres.
971. Histoire de Mélusine, princesse de Lusignan et de ses fils, desquels l’illustre Maison de Lusignan tire son origine ; (par Fr. Nodot). Paris, Cl. Barbin, 1700, 2 vol. in-12, v. br. (Exempl. du baron d’Heiss).
1.008. Daïra, histoire orientale ; (par de La Popelinière). Paris, imp. de Cl. Fr. Simon, gr. in-4°, m. r. dent. b. b. d. s. tr. (Avec le portrait et aux armes de l’auteur).

1.020.Œuvres de maître Franç. Rabelais, contenant la vie, faits et dits héroïques de Gargantua et de son fils Pantagruel. 1556, in-16, m. r. fil. b. b. d. s. tr. (Exempl. enrichi d’une table analytique manuscrite de Naigeon et de sa main).
1.126. Lettres choisies de Richard Simon, où l’on trouve un grand nombre de faits-anecdotes de littérature ; édit. revue, augm. d’un volume et de la vie de l’auteur ; par Bruzen de La Martinière. Amst. P. Mortier, 1730, 4 vol. in-12, v. fau. fil. b. b. (Exempl. Soubise).
1.135. Traité de géographie qui donne la connaissance et l’usage du globe et de la carte ; par P. Duval, rev. et augm. par le P. Placide. Paris, Mlle Duval, in-12, m. r. fil. b. b. d. s. tr. (Exempl. de Crozat et à ses armes, auquel on a ajouté le portrait de mademoiselle Crozat, à qui l’ouvrage est dédié).
1.213. Les Vies des Saints pour tous les jours de l’année, avec une prière et des pratiques à la fin de chaque vie ; (par Fr. Ph. Mesenguy). Paris, Phil. Nic. Lottin, 1737, 2 vol. in-12, m. r. fil. b. b. d. s. tr. (exempl. aux arm. de Madame).
1.242. Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence ; (par Montesquieu). Amst. Jacq. Desbordes, 1734, p. in-8°, v. br. (Exempl. de Dortous de Mairan, non cartonné, avec quelq. remarques de lui). – Hist. des Révolutions arrivées dans le gouvernement de la Républ. Romaine ; par l’abbé de Vertot. Paris, Fr. Barrois, 1719, 3 vol. in-12, v. br. (Exempl. du comte d’Hoym et à ses armes).
1.299. Mém. du comte de Brienne. Amst. J.-F. Bernard, 1719, 3 vol. p. in-8°, v. b. (aux armes du duc de Mortemart).

1.300. Mém. De Guy-Joly, conten. l’Histoire de la Régence d’Anne d’Autriche. Amst. J. Fred. Bernard, 1738, 2 vol. p. in-8°, m. v. fil. b. b. d. s. tr. (Aux armes du Roi).

1.304. Vie du Dauphin, père de Louis XV ; par l’abbé Proyart. Lyon, Bruyset Ponthus, 1782, 2 vol. in-12, m. r. fil. b. b. d. s. tr. (Aux armes du Roi).

1.412. Hist. du card. Ximenes, arch. de Tolède et Régent d’Espagne ; par Marsollier. Paris, Grég. Dupuis, 1704, 2 vol. in-12, v. fau. fil. b. b. (Exempl. du comte d’Hoym).
1.451. Calendarium inclyti ordinis equestri de Huberto Sacro. 1761, in-12, fig. m. r. d. b. b. d. s. tr. (Aux armes de Charles Théodore, grand maître de l’ordre).
1.698. Dictionnaire Historique portatif, par l’abbé Ladvocat. Paris, Didot, 1752, 2 vol. in-8°, m. v. fil. b. b. d. s. tr. (aux armes de madame Victoire de France).    






Pierre-Antoine-François Dincourt, seigneur d’Hangard, mourut à Paris en 1811, au 21 de la rue d’Odéon (VI). Il était le fils de Pierre-François Dincourt (Amiens, 22 septembre 1713-9 mai 1760), chevalier, seigneur d’Hangard, Hourges, Abancourt et autres lieux, conseiller du Roy, lieutenant général de police, maire de la ville d’Amiens de 1757 à sa mort, marié en 1742 à Marie-Jeanne Boistel († 1783), demeurait à Amiens, rue et chaussée de Noyon, paroisse de Saint-Michel. Il possédait un ex-libris, aux armes « De gueules à un daim d’argent courant, les cornes d’or », qui se trouve sur le n° 1.718 de la bibliothèque de son fils vendue en 1789, aujourd’hui à la Bibliothèque municipale de Lyon : sa bibliothèque fut donc à l’origine de celle de son fils.

Table de bibliothèque du duc d'Aumale

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