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Rendre à Michel-Joseph Baillieu (1808-1887) ce qui a été attribué à son fils Alexandre

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Michel-Joseph Baillieu est né le 30 août 1808 à Paris [IIe], 9 rue du Cadran [rue Léopold Bellan], fils de Pierre-Joseph Baillieu, né le 5 février 1778 à Tournai [Belgique], devenu fabricant de bas à Paris, époux le 16 janvier 1808, en l’église Saint-Eustache, de Marguerite Cazal, née le 22 février 1771 à Bouillon [Belgique].


 

Domicilié alors 40 rue Saint-Jacques [Ve], près de la Sorbonne, Michel-Joseph Baillieu commença par être relieur et épousa, le 10 décembre 1839, Anne-Marie Berey, née à Paris le 24 février 1818, qui fut la mère de Jean-Émile, né le 13 octobre 1840 au 40 rue Saint-Jacques, décédé le 22 mars 1841 chez son père nourricier, à Saint-Rémy-l’Honoré [Yvelines] ; 

35 rue des Postes, Paris V

de Alexandre-Jean-Alphonse, né le 22 mars 1842 au 35 rue des Postes [rue Lhomond, Ve], à l’angle de la rue du Pot de Fer, dans un immeuble construit en 1800 ; de Julie-Jenny-Cécile, née le 14 février 1846 au 32 rue Neuve-Sainte-Geneviève [rue Tournefort, Ve] ; de Charles-Auguste, né le 11 septembre 1849 au 32 rue Neuve-Sainte-Geneviève ; de Mélanie-Augustine, née le 14 janvier 1854 au 37 quai des Grands Augustins [VIe], baptisée en l’église Saint-Sulpice le lendemain.

Quai des Grands Augustins
De gauche à droite, les numéros 35-37-39-41-43

En 1844, Michel-Joseph Baillieu ouvrit une librairie au 37 quai des Grands Augustins, jouxtant l’hôtel de Montholon, et devint éditeur avec la réédition de La Pléiade. Ballades, Fabliaux, Nouvelles et Légendes (Paris, Baillieu, 1850, in-12). Il déménagea en 1855 au 43 quai des Grands Augustins, proche le Pont Neuf, et eut momentanément en 1864 une adresse secondaire, 14 rue de Castiglione [Ier], près la place de la Concorde : « Achat de livres rares et curieux, autographes, manuscrits, et publie des catalogues de livres anciens avec les prix marqués, envoyés franco, se transporte en province et à l’étranger, très-bel assortiment de paroissiens et livres de piété. »



Baillieu fut chargé de plusieurs ventes de bibliothèques, dont celles de l’Abbé Claverie de Cassou en 1861 et celle de M. K., de Neuchâtel [Suisse] en 1862.

 

Librairie Moens, galerie Bortier, Bruxelles (1919)

Baillieu se rendait fréquemment à Bruxelles [Belgique] pour suivre les ventes de livres et finit par établir des relations avec Jean-Baptiste Moens (1833-1908), libraire et marchand de timbres-poste depuis 1853 au 7 galerie Bortier. L’idée de s’occuper lui aussi de la vente des timbres-poste fut accueillie avec enthousiasme par son fils Alexandre, intéressé en qualité de collectionneur, mais encore bien jeune et inexpérimenté.

Enveloppe de la Librairie Baillieu, datée du 24 août 1863
Photographie Guy Dutau

« Dans une boutique basse, ni trop spacieuse, ni trop éclairée, encombrée et surencombrée de volumes, de paperasses et de tout ce qui constitue l’arsenal d’une librairie-antiquaire, un bout de comptoir faisant dans le fond, face au public, voilà tout le champ où se livrait la bataille des timbres, où venaient s’effectuer l’offre et la demande, l’entrée et la sortie.

Des relations établies dès le début avec la Maison Moens, de Bruxelles, avaient permis à Baillieu d’avoir l’un des magasins les mieux approvisionnés de Paris.

Là ne se bornèrent pas ses efforts. Encouragé par d’heureux débuts, Baillieu se mit en rapports avec 25 consuls des colonies anglaises ou pays américains ; il adressa à chacun d’eux une somme de 125 francs, en les priant de vouloir bien, en échange de celle-ci, lui faire parvenir des timbres assortis de toutes les valeurs, des pays où, respectivement, ils “ représentaient ”. Un plein succès couronna ces démarches. […]

Si Baillieu père fut, chez lui, le promoteur de cette branche additionnelle de commerce, il faut dire que son fils Alexandre en fut véritablement l’âme. Avec la fougue de tempérament dont il était doué, il se livra fiévreusement à l’étude des timbres. Il en devint l’un des bons connaisseurs, et, par une activité infatigable, il sut donner à ce commerce nouveau dans la maison une impulsion telle que, pendant quelque temps, il dut personnellement laisser de côté la vente des livres pour s’adonner exclusivement à celle des timbres, relativement plus rémunératrice. »

(Pierre Mahé. Les Marchands de timbres-poste d’autrefois et leurs catalogues. Amiens, Yvert et Tellier, 1908, p. 100-102)

 


Ayant acquis depuis plusieurs années les bois gravés de La Grant Danse macabre imprimée à Troyes [Aube], Baillieu en donna une nouvelle édition conforme quant au texte à l’édition de 1486 : La Grande Danse macabre des hommes et des femmes, précédée du Dict des trois mors et des trois vifz, du Débat du corps et de l’ame et de la Complaincte de l’ame dampnée (Paris, Baillieu, s. d. [1862], pet. in-4, 56 gravures sur bois, la plupart à mi-page).


 

Il ne tarda pas à éditer un Guide de l’amateur de timbres-posteCatalogue de tous les timbres connus jusqu’à ce jour, avec les prix auxquels on peut se les procurer à la librairie (Paris, Baillieu, 1863), après la publication successive des catalogues, en langue française, de Potiquet (1862), de Moens (1862), de Laplante (1862), de Valette (1862) et de Mahé (1863) : il fut le premier à comporter des cotations.

Plus tard, il publia l’Histoire anecdotique d’Eudoxie Teodorowna, 1reépouse de Pierre-le-Grand empereur de Russie, d’après Un Manuscrit du temps (Paris, Baillieu, 1867, in-8).


 

On doit aussi à Baillieu l’édition, de 1868 à 1874, d’une collection imprimée, avec les caractères gothiques du prince d’Essling, par Six-Horemans à Lille, puis Durand à Chartres, intitulée « Bibliothèque gothique ». Cette collection, destinée à continuer la collection Silvestre, comprenait des reproductions d’éditions précieuses des XVe et XVIe siècles en 18 volumes in-18, recouverts d’une couverture en papier jaune, avec le titre dans un encadrement, portant un numéro d’ordre en chiffres gothiques, tirés à 200 exemplaires sur papier vergé fort, 10 exemplaires sur papier de Chine et 2 exemplaires sur peau vélin :

1.       Miracle de Monseigneur Sainct Nicolas (1868)

2.       Chansons nouvellement composées sur plusieurs chants, tant de Musique que Rustique (1869)

3.       Le Grant Testamēt Villon & le petit (1869)

4.       Le Parement & Triumphe des dames (1870)

5.       Maistre Pathelin (1870)

6.       Les Cris de Paris (1872)

7.       Les Estrenes des filles de Paris (1872)

8.       Les Regretz de Picardie & de Tournay a xxix coupletz (1873)

9.       Epitaphes en rondeaux de la royne (1873)

10.   Les Merveilles du monde selon le temps qui court (1873)

11.   Sensuyt la rencōtre & descōfitture des hennoyers faicte entre sainct-pol et bethune & a la iournee de fin faicte des hennoyers p nosgēs mis a fin et moult fort anoyez (1874)

12.   Sensuyvent viii belles chansons dont les nōps s’ensuivent (1874)

13.   Le Nũc dimittis des angloys (1874)

14.   Sensuyvent seize belles chãsons nouvelles dont les noms s’ensuyvēt (1874)

15.   Sēsuyt le testamēt de la guerre qui regne a p̃sent sur la terre (1874)

16.   Sensuivent plusieurs belles chãsōs nouvelles (1874)

17.   Sensuyvent quatorze belles chansons nouvelles (1874)

18.   Sensuyvent dix sept belles Chansons nouvelles dont les noms sensuyēt (1874)

L'Art de péter, frontispice

On doit encore à Baillieu L’Art de péter, essai théori-physique et méthodique (En Westphalie, Chez Florent-Q, 1776 [1869], in-8, 2 eaux-fortes : en rouge sur pap. vergé, en rouge et en noir dans les 10 ex. sur pap. de Chine), Description de six espèces de pets (Sur l’Imprimé, à Troyes, Chez Garnier, s. d. [1869], in-8), 

Le Nouveau Merdiana, frontispice

Le Nouveau Merdiana, p. 118
Photographie BnF


Le Nouveau Merdiana ou Manuel scatologique par une Société de Gens sans gêne (Paris, s. n. [Baillieu], 1870, in-8, 31 fig. sur bois et 1 eau-forte) et la première édition illustrée du célèbre poème scatologique La Chézonomie ou l’Art de ch… Poëme didactique en quatre chants Par Ch. Rémard (Scoropolis, Et se trouve à Paris, Baillieu, 1873, in-8, 4 eaux-fortes de J. Chauvet).

En 1875, Baillieu ne manqua évidemment pas de devenir membre de la Société des Anciens Textes français dès sa fondation, distribua son 102e Catalogue de livres d’occasion au mois de mars, et maria son fils Alexandre le 11 novembre à Louise-Jeanne Pündel, née à Paris le 15 janvier 1852, qui demeurait chez sa mère et son beau-père, bijoutier, 14 rue de Castiglione : parmi les témoins du mariage se trouvait Louis-Damascène Morgand, 35 ans, libraire au 55 passage des Panoramas [IIe].

Le 1er décembre 1875, Baillieu céda sa librairie à son fils Alexandre, conservant ses livres rares dépareillés et ses estampes. Le 27 juin 1876, Alexandre déclara officiellement qu’il remplaçait son père.

Baillieu père se logea au 1 rue Erlanger [XVIe] jusqu’en 1878, puis au 36 rue Saint-André-des-Arts [VIe], d’où, veuf depuis le 27 novembre 1878, il déménagea en 1879 à Brie-Comte-Robert [Seine-et-Marne], 65 route de Paris. Il revint en 1887 à Auteuil, 11 rue Bosio [XVIe], pour y mourir le 19 mai 1887. Il fut inhumé au cimetière du Montparnasse [transféré à l’ossuaire du cimetière du Père Lachaise le 3 décembre 1991].

 


Sa bibliothèque fut vendue à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 1 au premier, les vendredi 28 et samedi 29 octobre 1887 : Catalogue de livres anciens rares et curieuxEditions gothiques françaises. Ouvrages à gravures.Cuivres et bois gravés. Curieuses collections d’ex-libris, de lettres ornées, de marques d’imprimeurs, de frontispices, etc., de portraits, d’autographes, etc. Livres en nombre, et en lots Dépendant de la Succession de Feu M. B*** [Baillieu] Ancien Libraire (Paris, A. Claudin, 1887, in-8, [3]-[1 bl.]-45-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 271 + 1 double [bis] = 272 lots). De très nombreux exemplaires, parfois très rares, sont incomplets, notamment de la page de titre.

Photographie Le Feu Follet

10. Les Metamorphoses, ou l’Asne d’or de L. Apulée philosophe platonicien. Paris, Nicolas & Iean de la Coste, 1648, pet. in-8, fig., mar. citr. doubl. de mar. r. avec large dent. int. semée de dauphins, fil., tr. dor.



16.Œuvres complètes de H. de Balzac. Paris, VE ADRE Houssiaux, Hébert et CIE successeurs, 1877, 20 vol. in-8, 146 fig., br.



17. Metamorphoses d’Ovide en rondeaux Imprimez & enrichis de figures. Utrecht, Guillaume vande Water, 1714, 2 vol. pet. in-8, fig. à mi-page, couv. en pap.



34. Voyage aux grands lacs de l’Afrique orientale par le capitaine Burton. Paris, L. Hachette et Cie, 1862, gr. in-8, 37 vign., demi-rel. mar. r., tr. dor.



44. Chronica llamada el Triumpho de los nueve mas preciados varones de la Fama. Alcala de Henares, Iuan Iniguez de Lequerica, 1585, pet. in-fol., fig. sur bois, cart.



47. Histoire de Poliarque et d’Argenis. Par F. N. Coeffeteau. Paris, Samuel Thiboust & Iacques Villery, 1628, pet. in-12, couv. en pap.

Photographie Librairie La Jument Verte, Strasbourg


82. L’Éloge de la folie, par Erasme. Neuchatel, Samuel Fauche, 1777, in-8, fig. d’après Holbein, demi-rel. mar. bl., fil.



88. Fiel et miel. Poésies par A. Eude-Dugaillon. Avec gravures par J. J. Grandville et J. Lewicki. Paris, Paulin, et Nancy, MLLE Gonet, 1839, gr. in-8, pap. vél., fig. sur Chine, br., couv. impr.



104. Notre-Dame de Paris. Par Victor Hugo. Paris, Eugène Renduel, 1836, 3 vol. in-8, 14 vign. d’après Tony Johannot, demi-rel. v. bleu.



110. La Confession, par l’auteur [Jules Janin] de L’Ane mort et la Femme guillotinée. Paris, Alexandre Mesnier, 1830, 2 tomes en 1 vol. in-12, fig. d’Alf. Johannot sur Chine, demi-rel. dos et coins de mar. bleu, doré en tête, non rogné (Belz-Niedrée).



117. Fables nouvelles, et autres poësies. De M. de La Fontaine. Paris, Denys Thierry, 1671, in-12, fig. à mi-page, couv. en pap.



118. Fables choisies. Mises en vers par Monsieur de La Fontaine. La Haye, Henry van Bulderen, 1688, 4 vol. pet. in-8, fig. à mi-page, couv. en pap.



119. Contes et nouvelles en vers, Par M. de La Fontaine. Amsterdam, 1762, 2 vol. in-8, portr. et fig. d’Eisen et autres, mar. r., fil., large dent. à petits fers, tr. dor. (Chambolle-Duru). Édition des Fermiers Généraux.



125. Tarsis et Zélie. Nouvelle Édition. Paris, Musier Fils, 1774, 3 vol. in-8, fig. et vign. de Moreau le Jeune, Eisen, Ponce et autres, demi-rel. chagr. bleu.

Photographie Librairie Devaux, Moulins


134. Les Amours du chevalier de Faublas ; Par J.-B. Louvet. Troisième édition. Paris, Chez l’Auteur, An VI, 4 vol. in-8, fig. de Monnet et Marillier, br.

Photographie Librairie La Plume du Sud, Antibes


137. Manon Lescaut, par l’Abbé Prévost. [Paris], Glady Frères, 1875, gr. in-8, pap. de Hollande, fig. de Flameng et autres avant la lettre, br.



139. Contes et nouvelles de Marguerite de Valois, reine de Navarre. Amsterdam, George Gallet, 1708, 2 vol. pet. in-8, front. et 72 fig. à mi-page par J. Harrewyn, couv. en pap.

Photographie BnF


162. Le Parc au cerf, ou l’Origine de l’affreux deficit. Par un zélé Patriote [L.-G. Bourdon]. Paris, Sur les débris de la Bastille, 1790, portr. et fig., v. ant.

Photographie Patrick Serouge


174. Plan de Paris, dit « de Turgot », 1739, gr. in-fol., 20 pl. doubles, v. marbr. Aux armes de la ville de Paris. 10 fr.

Photographie Librairie Univers, Lausanne


185.Œuvres de maitre François Rabelais, suivies des remarques publiées en anglois par M. Le Motteux, et traduites en françois par C. D. M. Nouvelle édition, ornée de 76 gravures. Paris, Ferdinand Bastien, An VI, 3 vol. in-8, dos et coins de mar. r., fil., dor. en tête, non rogn. (Belz-Niedrée). 30 fr.



200. Les Posthumes. Paris, Duchêne, 1802, 4 vol. in-12, dos et coins de mar. du Levant poli, dos ornés, têtes dorées, non rognés (Belz-Niedrée). 18 fr.

Photographie BnF

204. Cy est le Rommant de la Roze. Paris, Jehan Petit, 1531, pet. in-fol. goth., fig. sur bois, vél. bl. 49 fr.



211. Galanteries des rois de France. Nouvelle edition. Par Mr. Henri Sauval. Paris, Charles Moette, 1731, 3 tomes en 2 vol. pet. in-8, front. et fig., couv. en pap.



220. Tabulæ Lodoicææ [sic] sive Universa Eclipseon doctrina tabulis, præceptis ac demonstrationibus explicata. Authore P. Iacobo de Billy. Divione, Petrum Palliot, 1656, in-4, mar. vert, dent., tr. dor. Aux armes du duc de Rethelois. 120 fr.

 

Alexandre Baillieu
Dans Pierre Mahé. Les Marchands de timbres-poste d’autrefois et leurs catalogues.
Amiens, Yvert et Tellier, 1908, p. 98


Alexandre Baillieu fut chargé, comme son père, de la vente de quelques bibliothèques. Il déménagea la librairie en 1894 au 30 avenue de Marinville, à Saint-Maur-des-Fossés [Val-de-Marne], laissant le 43 quai des Grands Augustins à Lucien Bodin, libraire spécialisé dans les sciences occultes.

Membre de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France depuis le 13 octobre 1891, Baillieu fils mourut prématurément le 30 juin 1899, 28 avenue de Marinville, à Saint-Maur-des-Fossés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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