Les livres ne sont pas faits pour être lus.
Celui qui coupe ses livres est capable de dépecer sa femme.
Il y a des bibliophiles honnêtes, comme il y a des maris heureux.
L’amitié entre deux bibliophiles n’est jamais qu’une conspiration contre un libraire.
Le bibliophile sera célibataire ou il ne sera pas.
Les hommes ne diffèrent que par la nature de leurs collections.
Acheter un livre pour sa reliure, c’est épouser une femme pour sa toilette.
Un bibliothécaire qui aime les livres est un garde-chasse qui aime le gibier.
Celui qui prête un livre ne mérite pas qu’on le lui rende ; celui qui l’emprunte ne mérite pas qu’on le lui confie.
La conscience humaine est un exemplaire à grandes marges.
On ne ramasse rien sans se baisser.
Les enchères sont un feu où l’on se chauffe la tête et où l’on se brûle les doigts.
Omar, le destructeur de la bibliothèque d’Alexandrie, était un bibliophile qui spéculait à la hausse.
Selon Pascal, la chasse est supérieure à la poésie ; suivant moi, le bibliophile est l’égal du chasseur.
En fait de livres, la possession ne vaut rien sans le titre.
Beaucoup d’épelés et peu de lus.
La ponctualité et la ponctuation sont les deux choses les plus difficiles de ce monde.
C’est dans l’obscurité qu’on pêche les perles.
Un érudit sans talent est une bibliothèque sans catalogue.
Donner commission c’est s’exposer à devenir, à la fois, victime et complice d’un abus de confiance.
Mieux vaut avoir du monde à sa vente qu’à son enterrement.
Charles Dumercy (Anvers, 1848-1934), avocat et homme de lettres.
In L’Art moderne, dimanche 26 octobre 1890.