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Les Exemplaires conservés connus de la Bible de Gutenberg

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La Bible latine en deux volumes in-folio de 324 f. [648 p.] et 317 f. [634 p.] non chiffrés, imprimée avec des caractères mobiles métalliques, sur deux colonnes de 42 lignes chacune, dont on attribue l’impression à Johannes Gensfleisch (Mayence, v. 1398-3 février 1468), dit « Gutenberg », fut tirée à environ 180 exemplaires vers 1455, à Mayence.




On en connaît encore aujourd’hui de multiples fragments dispersés, quelques exemplaires conservés dans des bibliothèques privées et 50 exemplaires dans des Bibliothèques publiques : 38 sur papier (dont 18 complets) et 12 sur vélin (dont 4 complets). 




ALLEMAGNE

1- Aschaffenburg (Hofbibliothek und Stiftsbibliothek) : 2 vol., papier
Exemplaire incomplet [14 f. manquent].

2- Berlin (Staatsbibliothek) : 2 vol., vélin
Exemplaire incomplet [2 f. manquent].




3- Francfort-sur-le-Main (Universitätsbibliothek) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.





4- Fulda (Hochschul- und Landesbibliothek) : 1 vol., vélin
Exemplaire incomplet [t. I seul].


 5- Göttingen (Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek) : 2 vol., vélin
Exemplaire complet.



6- Kassel (Universitätsbibliothek) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [t. I seul].
A été découvert en 1958 lors de la démolition du vieux presbytère d’Immenhausen, près de Kassel.




7- Leipzig (Universitätsbibliothek) : 4 vol., vélin
Exemplaire incomplet [1 f. manque].

8- Mayence (Gutenberg-Museum) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.
Exemplaire Shuckburgh acheté en 1978 à New York pour 1,8 million $.




9- Mayence (Gutenberg-Museum) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [t. II seul].
Exemplaire Solms-Laubach acheté en 1925.

10- Munich (Bayerische Staatsbibliothek) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.
Seul exemplaire, avec celui de Vienne, à avoir une « Tabula rubricarum ».
Acheté en 1803 à l’abbaye d’Andechs.



11- Schleswig (Château de Gottorf) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet de Rendsburg (t. I seul, 129 f.). 




12- Schweinfurt (Bibliothek Otto Schäfer) : 2 vol., papier
Exemplaire incomplet.

13- Stuttgart (Württembergische Landesbibliothek) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.



Finger Lakes Times, 8 avril 1978.


14- Trèves (Stadtbibliothek Weberbach) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [t. I seul].

AUTRICHE

15- Vienne (Österreichische Nationalbibliothek) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.
Seul exemplaire, avec celui de Munich, à avoir une « Tabula rubricarum » :




BELGIQUE

16- Mons (Bibliothèque Université) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [421 f. manquent].
Ne contient que le début du tome I et se termine à la fin du livre d’Esdras. Il comporte en plus deux lacunes de 20 feuillets (f. 11-30 et 129-148) c’est-à-dire qu’il manque la fin de la Genèse et le début de l’Exode ainsi que le premier livre des Rois et le début du deuxième livre des Rois. Il est entré en 1926 dans les collections du chanoine Edmond Puissant (1860-1934).




DANEMARK

17- Copenhague (Kongelige Bibliotek) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [t. II seul, f. 1 manque].




ESPAGNE

18- Burgos (Biblioteca publica del Estado) : 2 vol., papier
Exemplaire incomplet [11 f. manquent].

19- Séville (Biblioteca universitaria y provincial) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [t. II seul].

ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

20- Austin, Texas (Harry Ransom Center) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.




21- Bloomington, Indiana (Lilly Library) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [Nouveau Testament, 116 f.].
Appartiendrait, ainsi que l’exemplaire incomplet de Mons, au même exemplaire.




22- Cambridge, Massachusetts (Harvard Widener Library) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.




23- New Haven, Connecticut (Yale Beinecke Library) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.

 




24- New York (Morgan Library & Museum) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.

25- New York (Morgan Library & Museum) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [Vieux Testament seul].

26- New York (Morgan Library & Museum) : 2 vol., vélin
Exemplaire incomplet [4 f. manquent].

27- New York (Public Library) : 2 vol., papier
Exemplaire incomplet.

28- Princeton, New Jersey (Scheide Library) : 2 vol., papier
Exemplaire incomplet [5 f. manquent].




29- San Marino, Californie (Huntington Library) : 2 vol., vélin
Exemplaire incomplet.




30- Washington, District of Columbia (Library of Congress) : 3 vol., vélin
Exemplaire complet.
Acheté en 1930 au Dr Otto Vollbehr (1869-1945), avec sa collection d’incunables [3.114 vol.], qui l’avait acquis à l’abbaye Saint-Paul du Lavanttal (Autriche).



Bibliothèque du Congrès (Washington, 1944)


FRANCE

31- Paris (Bibliothèque Mazarine) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.
On ne sait à quel moment il est entré dans les collections de Jules Mazarin (1602-1661), ni quels furent ses possesseurs antérieurs. Vendu aux enchères en février 1652, au moment de la Fronde, avec l’ensemble de la bibliothèque du cardinal, il fut acheté par Jean Joubert, avocat au Parlement de Paris, qui y traça son ex-libris, mais le restitua après les troubles. Il fut relié en maroquin rouge vers 1770.
Cet exemplaire est le premier à avoir été identifié et décrit par le libraire Guillaume-François De Bure, en 1763, dans sa Bibliographie instructive, et le nom de « Bible Mazarine » a été longtemps en usage pour le désigner.

32- Paris (Bibliothèque nationale de France) : 2 vol., papier
Exemplaire incomplet [149 f. manquent].
Acquis par Dom Jean-Baptiste Maugérard (1735-1815)  auprès de l’évêché de Mayence en 1789. À la fin de chacun des deux volumes, Heinrich Cremer, vicaire de la collégiale Saint-Étienne de Mayence, se présente comme l’auteur des rubriques, de la décoration et de la reliure : d’après la mention manuscrite figurant dans le t. I, le travail aurait été terminé à la saint Barthélemy [24 août] 1456 et, pour le t. II, le jour de l’Assomption [15 août] de la même année. Une troisième mention manuscrite confirme l’antériorité de la Bible sur le Psautier de Mayence [achevé le 14 août 1457] : sur le dernier feuillet, une note de Berthold de Steyna, vicaire de l’église paroissiale de Ville-Ostein, près d’Erfurt, indique qu’il a chanté pour la première fois la messe le jour de la saint Georges [23 avril] de l’année 1457 [d’après le Catalogue des incunables, Paris, BnF, 1996, t. I, fasc. 2, notice B-361, p. 294 : l’auteur en serait Bertholdus Piscator, de l’église de Grossostheim, près Aschaffenbourg, et la date serait 1467]. Maugérard céda cet exemplaire à la Bibliothèque nationale, en 1792, pour la somme de 240 livres.

33- Paris (Bibliothèque nationale de France) : 4 vol., vélin
Exemplaire complet.
Acheté en 1767 par Dom Jean-Baptiste Maugérard (1735-1815) aux moines de Saint-Jacques de Mayence, pour le collectionneur messin Henri-Marie Dupré de Geneste (1716-1799) ; cédé en 1788, avec toute la bibliothèque, au cardinal Étienne-Charles de Loménie de Brienne (1727-1794), qui le fit entrer aussitôt à la Bibliothèque nationale.

34- Saint-Omer (Bibliothèque municipale) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [t. I seul, f. 241 manque].
Provient de l’abbaye de Saint-Bertin [ex-libris gravé de Momelin Le Riche, 78e abbé de 1706 à 1723].




GRANDE-BRETAGNE  

35- Cambridge (University Library) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.
De la collection de A. W. Young (1852-1936), donné à l’Université en 1933.

36- Édimbourg (National Library of Scotland) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.

37- Eton (College Library) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.

38- Londres (British Library) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.
Exemplaire du roi George III (1738-1820), déposé au British Museum en 1828.

39- Londres (British Library) : 2 vol., vélin
Exemplaire complet.
Exemplaire légué en 1846 au British Museum par Thomas Grenville.

40- Londres (Lambeth Palace Library) : 1 vol., vélin
Exemplaire incomplet [Nouveau Testament seul, 190 f.].
Exemplaire ayant appartenu à John Bagford (1650-1716).



Bibliothèque Lambeth vers 1860


41- Manchester (John Rylands Library) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.

42- Oxford (Bodleian Library) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.

JAPON

43- Tokyo (Keio University Library) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [t. I seul].
Adjugé £ 500 à Toovey. Il fut acheté par Lord William Amherst of Hackney (1835-1909), puis successivement par Charles-William Dyson Perrins (1864-1958) en 1908 (Londres, Sotheby’s), par Sir Philip Frere pour £ 22.000 (Londres, Maggs Bros, 1947), par la Californienne Carrie-Estelle Doheny (1875-1958) pour 70.093, 75 $ en 1950. Cette dernière légua ses collections au Séminaire Saint-John de Camarillo, qui finit par les confier à Christie’s, New York : la Bible fut vendue 5, 39 millions de dollars (avec les 10% de frais), le 22 octobre 1987, au libraire japonais Maruzen, puis fut acquise le 22 mars 1996 par la Keio University de Tokyo.




POLOGNE

44- Pelplin (Musée du Diocèse) : 2 vol., papier
Exemplaire incomplet [1 f. manque].




PORTUGAL

45- Lisbonne (Biblioteca nacional de Portugal) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.

RUSSIE

46- Moscou (Bibliothèque nationale) : 2 vol., vélin
Exemplaire incomplet [1 f. manque].

47- Moscou (Bibliothèque Université Lomonosow) : 2 vol., papier
Exemplaire complet.

SUISSE

48- Cologny (Bibliothèque Fondation Martin Bodmer) : 2 vol., papier
Exemplaire incomplet [1 f. manque].

VATICAN

49- Cité du Vatican (Bibliothèque apostolique) : 1 vol., papier
Exemplaire incomplet [t. I seul, 9 f. manquent].

50- Cité du Vatican (Bibliothèque apostolique) : 2 vol., vélin
Exemplaire incomplet [6 f. manquent].

 

Bible de Gutenberg : filigrane Tête de Taureau


Bible de Gutenberg : filigrane Grappe de Raisin


 

















Claude Gros de Boze, un des premiers grands collectionneurs d’incunables

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L’un des plus grands collectionneurs français de la première moitié du xviiie siècle et le plus savant antiquaire de l’Europe, Claude Gros de Boze, intendant des devises et inscriptions des édifices royaux, président trésorier de France au bureau des finances de la généralité de Lyon, garde des médailles du cabinet du Roi, l’un des quarante de l’Académie française, pensionnaire et secrétaire perpétuel de celle des inscriptions, naquit à Lyon (Rhône) le 28 janvier 1680, de Jacques Gros, conseiller du Roi et notaire, et de Marie de Boze.
À la fin de ses études au collège de la Trinité de Lyon [lycée Ampère actuel], dirigé alors par les Jésuites, il soutint en 1695 des thèses générales de philosophie. Il fit son droit à Paris, et y fut reçu avocat en 1698. Son goût pour l’Antiquité lui permit de gagner l’amitié de l’intendant Nicolas-Joseph Foucault (1643-1721), bibliophile et numismate, qui l’introduisit dans le monde des antiquaires érudits.
Le 17 février 1705, il entra en qualité d’élève de l’Académie des inscriptions, en fut fait pensionnaire, et, malgré sa jeunesse, secrétaire perpétuel à la place de l’abbé Paul Tallemant (1642-1712), le 24 juin 1706. Il fut élu en 1715 pour remplir la place de Fénelon (1651-1715) à l’Académie française, et y fit son entrée le 30 mars. Dès 1718, à la mort de l’abbé de Louvois, il fut nommé commissaire de Sa Majesté, conjointement avec le comte de Maurepas, pour l’inventaire et le recollement de la Bibliothèque du Roi.
Il fut nommé en 1719 garde des médailles et des antiques du Roi à la place de Jean-François Simon (1654-1719). Les enrichissements du cabinet des médailles reprirent : le trésor monétaire de Gommégnies (Nord) en 1724, celui de Troyes (Aube) en 1726, les antiquités du médecin Nicolas Mahudel (1673-1747) en 1727, le bouclier votif d’Annibal en 1733, les médailles du maréchal Victor d’Estrées (1660-1737) en 1738 et celles du marquis de Beauvau en 1750, qui comprenait celles de l’abbé de Rothelin.
En 1738, la Cour le chargea du dépôt des présents que le Roi fait aux ministres étrangers et aux personnes de distinction. Cette place de confiance lui donna une relation nécessaire avec le ministre des Affaires étrangères, et avec celui qui a la Maison du Roi dans son département.
En 1742, il se démit de sa place de secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions.
En 1744, l’abbé Jean-Jacques Barthélemy (1716-1795), futur auteur du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce (1788), vint de Marseille à Paris. Il avait des lettres pour le savant De Boze, qui l’accueillit et le fit attacher au cabinet des médailles. Sur les conseils de De Boze, Barthélemy se présenta à une place qui venait de vaquer à l’Académie des inscriptions, et y fut nommé en 1745.
De 1745 à 1747, De Boze fut chargé par intérim de l’inspection de la Librairie du royaume.




Il mourut à Paris le 10 septembre 1753, hémiplégique [des suites d’un accident vasculaire cérébral ?]. Il avait épousé en 1732 Philippine-Charlotte de Chastres de Cangé (1713-1789), fille de Jean-Pierre-Gilbert de Chastres de Cangé (1680-1746) et de Philippine-Charlotte de Wendt.
Elle épousa en secondes noces, en 1758, Jean-Joseph de Bourguignon-Bussière, marquis de La Mure (1721-1789).



Le plus grand ouvrage de De Boze est d’avoir commencé de mettre en règle les volumes de l’Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres : outre la partie historique, qui est toute de lui, on y trouve encore plus de 40 éloges d’académiciens morts, et plusieurs dissertations singulières, qui lui appartiennent.
Il y a beaucoup d’extraits et d’ouvrages même de sa composition dans le Journal des savants, auquel il a travaillé longtemps de suite, et jusqu’à sa mort, par intervalles.
On a de lui un anonyme Traité historique du jubilé des Juifs (Paris, J. François Du Bois, 1702), une Dissertation sur le Janus des anciens, et sur quelques médailles qui y ont rapport (Paris, Pierre Cot, 1705), une Dissertation sur le culte que les anciens ont rendu à la déesse de la Santé (Paris, Pierre Cot, 1705) et une Explication d’une inscription antique trouvée depuis peu à Lyon où sont décrites les particularitez des sacrifices que les anciens appelloient Tauroboles (Paris, Pierre Cot,1705).

Son amour pour les livres lui avait inspiré de bonne heure de se former une bibliothèque ; son érudition et son goût l’ont rendue précieuse ; les livres les plus rares, des plus belles éditions, et les mieux conditionnés, composèrent son cabinet, qui l’emportait sur bien des Bibliothèques publiques. De Boze fut un des premiers grands collectionneurs d’incunables en France.
Il fit établir par le libraire Jean Boudot (1685-1754) un catalogue domestique manuscrit de sa bibliothèque, en latin dès 1729 et en français en 1737, qui aurait été imprimé furtivement à un petit nombre d’exemplaires [25, ou peut-être 12 ou 36, voire 50] par son ami Jacques Anisson (1701-1788), dit « Anisson-Duperron », directeur de l’Imprimerie royale :



Catalogue des livres du cabinet de M. De Boze (S. l. [Paris], s. n. [Gabriel Martin], 1745, in-fol., [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[6]-332-xxxj-[1 bl.] p.), avec une « Table des auteurs ».






Un frontispice et un bandeau (p. 1) ont été dessinés par Edme Bouchardon (1698-1762) et gravés par Johann Martin Preisler (1715-1794) : le frontispice représente un ange ailé porteur d’une affiche avec l’épigraphe « Ede tuos tandem sociis, Faustine, libellos.  Mart. Lib. I. Epig. 26. » [Donne enfin au public tes merveilleux ouvrages, et cède à nos vœux, Faustinus] et le chiffre DB. Ni les livres, ni les estampes ne sont numérotés, et, par suite, les renvois se font aux pages.



Exemplaire du comte de Lignerolles (1894, 120 fr.), puis de Bernard H. Breslauer (2005, 36.000 $)


Gérard Meerman (1722-1771), conseiller et pensionnaire de la ville de Rotterdam, a notifié à David Clément, qui le rapporte dans sa Bibliothèque curieuse (Hanovre, Schmid, 1754, p. 171), que le libraire Guérin de Paris lui avait assuré qu’on n’avait imprimé que 25 exemplaires de ce catalogue, dont l’auteur a fait des présents.





On y rencontre à chaque page des ouvrages de la dernière rareté.



Le Catalogue des livres du cabinet de M. De Boze (Paris, G. Martin et H. L. Guérin et L. F. Delatour, 1753, in-8, [1]-[1 bl.]-x-552 p., 2.723 lots), avec une « Table des auteurs » et une « Table des N°. des Elzevirs, des Dauphins, & des Variorum », devait servir à une vente publique. Les 14 pages de la fin, intitulées « Supplément, livres retirés », manquent souvent : sauf quelques articles exclus d’ordinaire des ventes de l’époque, tels que la 3eédition des Amours des dames illustres de notre siècle (Cologne, Jean Le Blanc, 1708), de Bussy-Rabutin, Le Cochon mitré (1689) ou Le Taureau banal de Paris (1689), rien ne justifie l’exclusion de ces livres, qui n’ont peut-être été qu’omis.



Bandeau (p. 1) gravé par Pierre-Etienne Moitte (1722-1780)

Ce catalogue, qui montre que De Boze n’avait point cessé d’enrichir sa bibliothèque, a été utilisé par Claude-César Teyssier, neveu et héritier de De Boze, pour deux estimations faites à sa demande par Gabriel Martin et Hippolyte-Louis Guérin : elles n’ont eu de différence entre elles que 897 livres sur un total de 114.000 livres. La vente n’eut pas lieu : le président Jules-François de Cotte (1721-1810) et le maître des requêtes Charles-Robert Boutin (1722-1810) achetèrent en bloc la bibliothèque et y opérèrent des choix pour 83.000 livres, dont deux reliures ayant appartenu à Grolier :

327. Matth. Bossi Disputationes de instituendo sapientia animo. Bononiae, Plato de Benedictis, 1495, in-4, m. v. Estimé 60 liv.
924. Virgilii Opera, cum Servii Honorati grammatici commentariis, ac ejusdem Poetae vita. Venetiis, impressa sunt per Antonium Bartolamei impressorum discipulum , 1486 mense Octob. In-fol., m. c. Estimé 150 liv.  

Ils en rétrocédèrent les incunables les plus précieux à Louis-Jean Gaignat (1697-1768) et en proposèrent le restant à la vente.



Cette vente eut lieu en décembre 1754 et produisit 41.898 livres et 7 sols : Catalogue des livres provenans de la bibliothèque de feu M. De Boze (Paris, G. Martin, 1754, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-viij-192 p., 1.319 lots), avec une « Table des auteurs ». Surnommé « le Petit Boze », ce catalogue est le seul authentique de la vente de la bibliothèque de De Boze. La plupart des prix qui avaient été fixés par Martin et Guérin en 1753 ne purent pas être réalisés :

13. Biblia Sacra Latina : Editio perantiqua absque anni, loci & Typographi indicatione. In-fol., 2 vol. dans leur ancienne reliure. Cette même édition est à la Bibliothèque du Roi ; & M. l’Abbé Sallier, qui la croit plus ancienne que celle de Mayence, en a donné la notice dans les Mémoires de l’Académie des Belles-Lettres, Tome XIV, page 238, & suiv. 130 liv. 10 [avait été estimée 500 liv. en 1753]
[prise par certains auteurs pour la Bible à 42 lignes de Gutenberg, la Bible que Claude Sallier avait acheté en 1739 pour la Bibliothèque du Roi est en réalité une Bible à 45 lignes, donnée en 3eédition à Strasbourg par H. Eggensteyn en 1467]  
15. Biblia Latina Vulgatae versionis, jussu Sixti V. recognita & edita ; tribus tomis distincta. Romae, ex Typographia Vaticana, 1590, in-fol., G. P., m. r. 420 liv.
38. Histoire du Vieux & du Nouveau Testament (par David Martin). Avec plus de 400 fig. en taille-douce. Première édition. Anvers (Amsterdam), Mortier, 1700, in-fol., 2 vol., G. P., m. r. 109 liv.
52. Gulielmi Durandi Rationalis Divinorum Officiorum. Mogunt. Fust et Schoiffer, 1459, in-fol., m. r. Imprimé sur vélin, lettres initiales peintes de différentes couleurs. 900 liv.
59. Le Concile de Trente, traduit de Latin en François, par Gentian Hervet, édition augmentée. Rheims, de Foigny, 1566, in-8, m. r. 2 liv.
74. Lactantii Firmiani Institutionum divinarum libri septem : editio secunda. Romae, Corn. Sweynheim & Arn. Pannartz, 1468, in-fol., m. r. 60 liv.
79. B. Hieronymi liber exemplaris, continens ejus Epistolas, libros adversus Pelagium, & alia Opuscula. Mogunt., Pet. Schoiffer de Gernsheim, 1470, in-fol., m. r. 66 liv. 10



138. Michaëlis Serveti (alias Reves) libri VII. de Trinitatis erroribus. 1531… Ejusdem libri duo Dialogorum de Trinitate, & capitula quatuor de Justitia regni Christi. 1532, in-8, m. r. Cet exemplaire est chargé de quelques notes de la main du célèbre Jean Crellius. 940 liv.
169. Clementis Papae V. Constitutionnes, cum apparatu Johannis Andreae. Moguntiae, Petrus Schoiffer de Gernsheim, 1471, in-fol., m. r. Les lettres initiales sont peintes et ornées de figures en miniature. 48 liv. 5
194. Imp. Justiniani Institutiones, seu Elementa Juris. Moguntiae, Petrus Schoiffer, 1472, in-fol., m. r. Toutes les lettres majuscules sont enluminées et on lit à la fin de cet exemplaire, en caractères rouges, au-dessus des écussons de Fust et de Schoiffer, une inscription presque semblable à celle qu’on voit à la fin du Sextus Decretalium de 1465. 60 liv.
213. L. Ann. Senecae Philosophi Opera. (Editio Princeps) Neapoli, sub Domno Blasio Romero Monacho Populeti. Per Matth. Moravum, 1475, in-fol., G. P., m. r. 72 liv.
229. Speculum vitae humanae, in quo agitur de quolibet genere status hominum. Lugduni, Guil. Regis, 1477, in-4, m. r. Ce livre est le premier qui a été imprimé à Lyon et Maittaire n’en a connu que la traduction. Les lettres initiales sont peintes en or et en couleurs. 55 liv. 4
231. Decor Puellarum (livre italien). 1461, Nicolas Jenson, grand in-8, m. c. 241 liv.
258. C. Plinii Secundi Historia Naturalis. (Editio Princeps).Venetiis, Joh. De Spira, 1469, in-fol., G. P., m. r. 429 liv.
273. Recueil de plantes gravées par ordre du Roi, par Nic. Robert, Abr. Bosse, & Louis de Chatillon, au nombre de 319 planches. 2 grands vol. in-fol. 225 liv.



278. Le Jardin de Santé, ou Traité des Bêtes, Oyseaux, Poissons, Pierres précieuses & Urines. Paris, sans date, ni nom d’auteur, imprimé sur vélin en caractères gothiques, par Antoine Vérard, avec plus de 600 planches enluminées, in-fol., m. c. 220 liv. 1
313. Andreae Vesalii de humani corporis fabrica libri VII. Basil., Oporinus, 1555, fig., in-fol., v.m. 10 liv.
418. Joannis de Janua, Ordinis Fratrum Praedicatorum, Summa, quae vocatur Catholicon. Moguntiae, (Fust & Schoiffer), 1460, in-fol., 2 vol. imprimés sur vélin, avec de très belles miniatures, m. r. 221 liv. 4
451. Ciceronis Rhetoricorum novorum & Rhetoricorum veterum libri. (Editio Princeps). Venetiis, Nic.Jenson, 1470, in-fol., m. r. 72 liv.
458. Ciceronis Tusculanae quaestiones. (Editio Princeps). Romae, 1469, per Magist. Ulricum de Han de Wiennae, die prima mensis Aprilis, petit in-fol., m. r. 72 liv.
462. Ciceronis Officiorum libri III. Paradoxa, &c. Moguntiae, Joan. Fust, 1466, petit in-fol., m.r. 160 liv.
464. Marci Fabii Quintiliani Institutionum oratoriarum (EditioPrinceps). Romae, 1470, in-fol., m. r. 125 liv.
484. Homeri Opera (EditioPrinceps). Florentiae, Typis Bernardi & Nerii Tanaidis Nerlii Florentinorum, nono mensis Decembris, 1488, 2 vol. in-fol., m. r. 175 liv.
515. M. Accii Plauti Comoediae XX. (Editio Princeps) Venetiis, per Joannem de Colonia & Vindelinum de Spira, 1472. Nicolao Throno Principe jucundissimo & Duce felicissimo, in-fol., G. P., m. b. 235 liv.
542. Publii Virgilii Maronis Opera. (Editio Primaria, Mich. Maittaire ignota) Absque loci indicatione, sed procul dubio Romae per Adam Rot facta anno 1470 vel 1471, in-fol., m. r. 314 liv.
652. Hieron. Morlini Novellae, Fabulae & Comoediae. Neapoli, Joan. Pasquetus de Sallo, 1520, in-4, m. r. 880 liv.




1.205. Bibliotheca Uffenbachiana. Francofurti ad Moenum, 1729-1731, in-8, 4 vol., v. f. 6 liv.
1.224. Petri Criniti libri V. de Poetis Latinis. Florentiae, Philippus Junta, 1505, in-fol. m. r. A appartenu à Grolier. 26 liv.
1.236. Valerii Maximi Factorum & Dictorum memorabilium libri X. (Editio Princeps in membranis). Moguntiae, Pet. Schoyffer de Gersnhem, 1471, in-fol., m. r. 181 liv.

La plupart des livres de De Boze, timbrés d’un écusson assez simple, reparurent en 1804 à la vente de Jules-François de Cotte : Catalogue des livres rares et précieux, et des manuscrits, composant la bibliothèque de M *** (Paris, G. De Bure père et fils, an XII-1804, in-8, xij-320 p., 2.422 + 2 lots), avec une « Table alphabétique des noms des auteurs », une « Seconde table, contenant les titres des livres sans noms d’auteurs » et une « Collection de manuscrits et recueils provenans des bibliothèques de plusieurs magistrats célèbres, et qui sont relatifs à l’histoire et au gouvernement de la France ».         

Chastre de Cangé, amateur d’histoire curieuse et de littérature érotique

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Jean-Pierre-Gilbert Imbert Chastre, né vers 1680, était le fils aîné de Pierre Imbert Chastre (1654-1739), apothicaire, premier valet de chambre du duc Philippe d’Orléans (1674-1723), et d’Henriette Prieur († 1735), première femme de chambre de Marie-Françoise de Bourbon (1677-1749), duchesse d’Orléans.
En 1723, il occupa les fonctions de maire de Tours, qu’il conserva jusqu’en 1727, quand il fut pourvu de la charge de commissaire des guerres, en remplacement de Charles-Pierre Galland, décédé. Ce fut à partir de 1723 qu’il abandonna le nom usuel de ses parents, « Imbert », pour ajouter une particule à son patronyme et l’enrichir d’un nom de terre :

c’est lui – « J. D. C. E. S. D. C. » [Jean De Chastre Ecuyer Seigneur De Cangé] – le dédicataire de Les Œuvres de Jean Marot (Paris, Antoine Urbain Coustelier, 1723).
Jean-Pierre-Gilbert de Chastre, seigneur de Cangé (commune de Saint-Avertin, Indre-et-Loire), avait également été premier valet de chambre du duc d’Orléans, succédant sans doute à son père dans cette charge, et le 28 novembre 1735, il fut nommé premier valet de chambre du Roi, en place du sieur Binet, démissionnaire.



Il mourut le 11 ou le 12 novembre 1746, et sa veuve vendit presque aussitôt après le château de Cangé. Après avoir été ravagé par un incendie en 1978, le château fut restauré et accueillit en 2012 la Médiathèque de la ville de Saint-Avertin.

Cangé avait réuni une assez riche bibliothèque, dont nous possédons le catalogue imprimé, rédigé par



Claude Gros de Boze : Catalogue des livres du cabinet de M *** (Paris, Jacques Guérin, 1733, in-12, [1]-[1 bl.]-[2]-xij-450 p., 300 ex.), avec un « Ordre des divisions » de 12 pages et où les livres n’étant pas numérotés, les renvois se font aux pages. L’ « Avertissement » est sans ambiguïté :

« Il est bien plus aisé de faire une Bibliothéque, même nombreuse, que de former un bon Cabinet de Livres, en quelque genre que ce soit.
Il suffit aujourd’hui, pour remplir le premier objet, d’acheter une quantité considérable de Volumes différens, […]. Au contraire, le seul dessein de former un bon Cabinet, soit d’histoire, soit de littérature, ancienne ou moderne, suppose déjà des connoissances ; il demande des recherches continuelles, & on ne sçauroit l’exécuter qu’avec des soins infinis& un bonheur presqu’égal. […]
Tel est le Cabinet dont on donne ici le Catalogue. Formé par le travail assidu d’un grand nombre d’années ; on n’a rien épargné, & on a été assez heureux pour y rassembler, presque tout ce que notre Histoire & notre Poësie, notre Littérature et nos aménitez françoises, ont de plus singuliers. Son acquisition en entier devroit faire un extrême plaisir à quiconque pourroit former le projet d’un semblable Recueil, & ce seroit une grande consolation pour celui qui y étoit parvenu, que de le voir passer sans démembrement en des mains capables d’en faire usage. […] »

Le cabinet de Cangé fut acquis le 30 juillet 1733 par la Bibliothèque du Roi. Le 21 novembre 1733, l’abbé Claude Sallier (1685-1761), garde des imprimés de la Bibliothèque du Roi, écrivit au comte de Maurepas (1701-1781), secrétaire d’État à la Maison du Roi, à la Marine et aux Colonies, pour lui rendre compte des dispositions qu’il avait prises à l’égard des livres de Cangé :

« Après avoir manié plusieurs fois pendant ces deux derniers mois le cabinet que le roy a acquis de M. de Cangé, j’ay l’honneur de vous rendre compte des arrangements que j’ay pris, que je soumets à votre jugement et sur lesquels j’attends vos ordres. J’ay fait le recollement du cabinet […]. Après ce recollement j’ay séparé les manuscripts d’avec les imprimés. Le catalogue ne marquoit que 120 manuscripts et j’en ay tiré 158 auxquels il faut joindre les 12 plus considérables dont, après la conclusion du marché, M. de Cangé s’est dessaisi en faveur de la Bibliothèque du roy, ce qui fait 170 volumes. J’ay mis ensuite à part les livres in-f° au nombre de 597 et les in-4° au nombre de 1.171. L’examen fait, j’ay gardé 126 in-f° et 571 in-4° qui manquent à la Bibliothèque du roy. J’ay changé 80 volumes de la Bibliothèque savoir 28 in-f° et 52 in-4° contre les exemplaires des mêmes ouvrages trouvés dans le cabinet de M. de Cangé et qui valoient plus que ceux du roy en raison de la relieure ou des additions de pièces qui y étoient jointes. J’ay tiré ensuite 234 volumes qui sont effectivement doubles et de moindre valeur que les semblables qui se trouvent à la Bibliothèque ; par conséquent sur plus de 6.500 volumes qui composent le cabinet de M. de Cangé, on peut dès aujourd’huy vendre ces 1.300 volumes pour avancer le payement de M. de Cangé. »

La collection était donc composée de 170 manuscrits et d’environ 6.500 volumes imprimés. 5.200 d’entre eux environ sont entrés à la Bibliothèque du Roi, le reste ayant été vendu comme doubles afin d’aider à régler ce qui était dû à Cangé. L’achat s’est effectué en trois règlements : 14.800 livres à l’acquisition, 11.000 livres à la vente des doubles à un libraire et 14.200 livres pour solde du compte : au total 40.000 livres, somme modique en période de flambée des prix dans les ventes publiques de livres, depuis 1720-1725.
Le titre du catalogue fut réimprimé après que la bibliothèque eut été vendue – Catalogue des livres du cabinet de M. de Cangé acheté par le roy au mois de Juillet 1733– et on y ajouta une « Notice de quelques manuscrits d’élite qui n’étaient pas compris dans le catalogue », un seul feuillet contenant les 12 manuscrits qui n’étaient pas compris dans le catalogue.

Contrairement à ce que le classement, dit « des libraires de Paris », pourrait faire croire, le cabinet de Cangé n’est pas une bibliothèque encyclopédique : théologie (24 p.), jurisprudence (5 p.), belles-lettres (112 p.), sciences et arts (24 p.) et histoire (272 p.). 88 % des livres appartiennent donc aux classes de l’histoire (62 %) et des belles-lettres (26 %).
La classe de l’histoire est dominée par les ouvrages d’histoire ecclésiastique et civile des provinces de France (p. 334-407) et d’histoire des règnes des rois de France (p. 215-264) ; on y trouve aussi sept titres concernant la papesse Jeanne (p. 178-179) :



-Erreur populaire de la Papesse Jeanne. 1588, in-12.




-L’Antipapesse, ou Erreur populaire de la Papesse Jeanne, par Florimond de Raemond. Cambray, 1613, in-8.
-Johanna Papissa toti orbi manifestata, adversus scripta Rob. Bellarmini, Caes. Baronii, Florimundi Raemundi.Oppenheim, 1619, in-8.
-La Papesse Jeanne, ou Dialogue entre un Protestant & un Papiste, prouvant qu’une femme nommée Jeanne a été Pape de Rome, par Alexandre Cooke, & trad. en François, par J. de la Montagne. Sedan, 1633, in-8.
-Familier éclaircissement de la question, si une femme a été assise au Siege papal de Rome, entre Leon IV & Benoist III par David Blondel. Amsterd., 1649, in-12.
-Traité contre l’éclaircissement donné par M. Blondel sur la Papesse Jeanne ; par le Sr. Congnard. Saumur, 1655, in-8.



-Histoire de la Papesse Jeanne, tirée de la Dissertation Latine de M. de Spanheim, par l’Enfant. La Haye, 1720, 2 vol. in-12.



La classe des belles-lettres est dominée par les livres des poètes français (p. 47-88)



Symphorien Champier. Les Gestes ensemble la Vie du preulx chevalier Bayard.
Lyon, impr. Gilbert de Villiers, 1525.

et les romans (90-115) ;









on y trouve aussi un grand nombre de traités concernant l’amour et les femmes (p. 128-134).




Cangé avait joué un rôle essentiel dans l’édition de Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé, dite « édition du Régent », traduction du grec de Longus, par Jacques Amyot (Paris, Quillau, 1718, pet. in-8, [2]-12-164 p.), frontispice d’après un dessin de Antoine Coypel (1661-1722) et 28 figures gravées par Benoît Audran (1661-1721), d’après les dessins du Régent.



La 29e gravure, intitulée « Conclusion du roman », et connu aussi sous le nom des « Petits Pieds », n’ayant été donnée qu’après coup, ne se trouve pas dans les anciens exemplaires. Des 250 exemplaires de cette édition réservée à une distribution dans l’entourage du duc, 52 restèrent entre les mains de Cangé, qui garda en outre dans son cabinet un exemplaire en maroquin rouge du Levant, riche dentelle, tabis, tranches dorées [Bozerian] enrichi :
-          Un portrait d’Amyot, par Le Mire, avant la lettre.
-          Le dessin original, à la plume, de la gravure dite « Les Petits Pieds », par le Régent.
-          Un autre dessin du même sujet, avec quelques différences, exécuté également à la plume par Massé.
-          L’eau-forte de la gravure faite par le comte de Caylus en 1728, avec une contre-épreuve. Cangé a écrit derrière l’eau-forte : « S. A. R. ne voulut pas permettre que l’on gravât l’estampe suivante. »
-          Une autre gravure du même sujet, qui n’a jamais été publiée.
-          Un feuillet in-4 autographe du Régent, contenant le premier projet des gravures qu’il voulait ajouter à son édition, et qu’il n’a pas exécutées toutes. On lit derrière le feuillet ces mots de la main de Cangé : « Projet écrit de la main de S. A. R. l’an 1712. »
Cangé a mis sa signature et quelques notes bibliographiques sur cet exemplaire, dont les marges sont chargées de notes critiques du savant Antoine Lancelot qui en a fait usage dans l’édition de 1731.
Cet exemplaire a été payé 301 fr. par Étienne-Alexandre-Jacques Anisson-Duperron à la vente de Cangé de Billy, en 1784 [catalogue remarquable par les 52 exemplaires du Daphnis et Chloé de 1718, en feuilles, qui furent vendus]. Il a été porté à 32.500 livres [en assignats], à la vente Anisson-Duperron, en 1795 ; ensuite 305 fr. à la vente d’Ourches (n° 985), en 1811 ; 262 fr. à la vente Pixerécourt (n° 1.171), le 29 janvier 1739 ; £ 42 [1.155 fr.] à la vente du baron Taylor (n° 1.972), à Londres, en 1853 ; 655 fr. à la vente Le Hon (n° 126), en 1854 ; et en dernier lieu, le duc d’Aumale s’en est rendu acquéreur chez Morgand et Fatout, en 1877.   

La plupart des livres de Cangé avaient été acquis entre 1717 et 1729, en particulier aux ventes de Nicolas-Joseph Foucault en 1719, de René-François marquis de La Vieuville en 1720, du château d’Anet en 1724, de Cisternay du Fay en 1725 et de Michel Brochard en 1729.

Cangé avait encore réuni une collection de 89 volumes in-folio de documents, imprimés ou copies manuscrites, sur l’administration militaire, qu’il garda jusqu’à sa mort. Ils contiennent une quinzaine de lettres à lui adressées, ou de mémoires émanés de lui : on y trouve la trace des diverses fonctions qu’il occupa, comme secrétaire des commandements du duc d’Orléans, comme négociateur à Rastadt de son mariage avec la princesse de Bade, comme valet de garde-robe du Roi. Cangé y inséra, sans doute à cause de son gendre Claude Gros de Boze, un nombre assez considérable de planches concernant l’histoire métallique du règne de Louis XIV.



A.-P.-F. Chastre de Cangé de Billy (par J.-Baptiste Perronneau, 1773)

Son fils, Armand-Pierre-François Chastre de Cangé, sieur de Billy († 1784), premier valet de la garde-robe du Roi, les offrit à Louis XV, qui en ordonna le dépôt dans sa Bibliothèque en février 1751. 


















Les Ex-Libris d’Aglaüs Bouvenne, monogrammophile

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Aglaüs-Ernest Bouvenne [selon l’État-Civil – reconstitué – de Paris], et non pas Ernest-Gustave, dit « Aglaüs », Bouvenne [selon le témoignage de Maurice Tourneux (1849-1917)], est né à Paris, dans l’ancien IIe arrondissement [IXe], le 5 février 1829. Lui-même signait ses œuvres Ernest-Aglaüs, au début, puis Aglaüs Bouvenne.
Il suivit quelque temps les cours du Conservatoire de musique, puis passa dans l’atelier de l’artiste peintre Narcisse Diaz de la Peña (1807-1876), de l’École de Barbizon.



Peu après, il entra à l’imprimerie lithographique de Joseph Lemercier (1803-1887), installée dans un ancien jeu de paume, rue de Seine

                                                                                   
 


















[le sculpteur Antonin Moine (1796-1849) avait reproduit les traits de Joseph Lemercier dans l’une des figures de tritons qui décorent la fontaine des mers et la fontaine des fleuves de la place de la Concorde, inaugurées en 1840].

Il passa 31 ans à l’imprimerie Lemercier, chargé de surveiller les tirages des planches de tout genre qui s’y exécutaient. Le 8 octobre 1853, il épousa Adelphine-Bénédictine Decamps.
À ses rares heures de loisir il maniait volontiers le crayon lithographique ou la pointe de l’aquafortiste, et il reproduisait à petit nombre, pour sa satisfaction propre, diverses compositions de Delacroix ou de Corot ; le dimanche, il courait les quais dont les boîtes regorgeaient de brochures alors dédaignées. Il se forma ainsi une précieuse petite bibliothèque d’art et d’archéologie, et un petit musée de reliures armoriées que l’on rencontrait parfois encore à vil prix, ou qu’il échangeait contre d’autres curiosités.  

Membre des Sociétés archéologiques de Laon et de Soissons, puis de la Société française d’archéologie, il donna d’abord quelques contributions aux recherches archéologiques :

- Notice historique et archéologique sur le château et la ville de Château-Thierry (Paris, Parmentier, 1858), avec P.-J. Delbarre, membre de l’Institut des provinces et des Sociétés archéologiques de Laon et de Soissons.
- articles dans la Revue de l’art chrétien, recueil mensuel d’archéologie religieuse dirigé par l’abbé Jules Corblet (1819-1886), de la Société impériale des Antiquaires de France : « Piscine de l’église d’Ahun (Creuse) » (4e année, 1860, t. IV), 



« Ruines de l’église Saint-Hippolyte à Paris » (5e année, 1861, t. V), « La Lanterne des Morts de Felletin » (8e année, 1864, t. VIII), « Sainte-Wilgeforte » (10e année, 1866, t. X), « Poisson en cristal de roche, provenant des Catacombes » (12e année, 1868, t. XII).




Il ne négligeait pas de prendre un peu partout l’empreinte ou le dessin de monogrammes dont il tira les matériaux pour Les Monogrammes historiques d’après les monuments originaux (Paris, Académies des bibliophiles, 1870), qu’il dédia « A mon père 1798-1864 », tiré à 500 exemplaires sur vergé, 10 sur Chine et 2 sur chamois : quelques erreurs d’interprétation y ont été signalées (L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, LXIIe volume, 10 décembre 1910, col. 841-842). 


Les Monogrammes historiques : bandeau (p. I)



À l’occasion de cette édition, Bouvenne composa et grava un monogramme qu’il utilisa pour ses en-têtes de lettres.   

Le 8 avril 1872, il fonda avec Alexis Martin (1834-1904), historiographe et poète, la Société des Éclectiques, dont le nombre des membres n’excéda pas 25, qui avait pour but de venir en aide aux artistes en difficulté et qui poursuivit ses activités jusqu’en 1902.


Dîner du 14 mai 1894 : eau-forte du Dr Paul Gachet, dit Paul van Ryssel
Les dîners avaient lieu le 1er dimanche de chaque mois dans différents restaurants (Deluc, rue de Seine ; Lafitte, rue Taranne ; Deshays, rue de Saint-Mandé), ou parfois, au printemps et en été, dans les jardins et bosquets de la banlieue, souvent immortalisés par une gravure de l’un des membres, parmi lesquels il y avait


Dîner du 5 octobre 1874 : eau-forte du Dr Paul Gachet, dit Paul van Ryssel

le Docteur Paul Gachet (1828-1905), le sculpteur Emile Guillemin (1841-1907), le journaliste écrivain Ernest d’Hervilly (1838-1911), Charles Asselineau (1820-1874), l’illustrateur Félix Régamey (1844-1907), le graveur Alphonse Leroy (1820-1902), Achille Ricourt (1797-1879), directeur de L’Artiste, l’artiste peintre Eva Gonzalès (1849-1883), l’artiste peintre et graveur Edmond Morin (1824-1882), l’archéologue et lithographe Charles Fichot (1817-1904), l’historien de l’art Maurice Tourneux (1849-1917), etc.
La Société des Eclectiques a publié deux ouvrages : Almanach fantaisiste pour 1882 (Paris, A. Lemerre, s. d. [1881], petit in-8, 195 ex.) et Almanach du vieux Paris pour 1884 (Paris, A. Lemerre, s. d. [1883], petit in-8, 195 ex.).   

Bouvenne orienta ses recherches vers l’art moderne et publia :


Catalogue de l’œuvre gravé et lithographié de R. P. Bonington (Paris, J. Baur, 1873), avec un portrait gravé par Alfred-Alexandre Delauney et plusieurs fac-similés ;





Victor Hugo, ses portraits et ses charges (Paris, J. Baur, 1879), Catalogue de l’œuvre lithographié et gravé de A. de Lemud (Paris, J. Baur, 1881),




Notes et souvenirs sur Charles Meryon (Paris, Charavay frères, 1883, 335 ex.), Théodore Chassériau, souvenirs et indiscrétions (Paris, A. Detaille, s. d. [1884], 115 ex.), premier livre consacré à l’artiste, Le Peintre Émile Garbet (Paris, E. Sagot, 1890),



« Catalogue des pièces gravées de Rodolphe Bresdin » (L’Estampe moderne, 1895-1896).

L’un des premiers, Bouvenne s’avisa de détacher des plats intérieurs des livres qui passèrent par ses mains ces vignettes auxquelles nul alors n’attachait quelque valeur et il se constitua ainsi une collection de plus de 3.600 ex-libris. Cette collection a puissamment aidé Auguste Poulet-Malassis (1825-1878) pour Les Ex-Libris français depuis leur origine jusqu’à nos jours (Paris, P. Rouquette, 1874). Il fut à l’origine de la Société française des Collectionneurs d’ex-libris, fondée le 30 avril 1893, après celles de Londres (1891) et de Berlin (1892).



Félix Bracquemond (1833-1914) lui grava son ex-libris en 1875.



Il a gravé des ex-libris pour lui-même, en 1896, pour ses amis, pour quelques femmes artistes ou lettrées, et pour deux des maîtres qu’il révérait le plus, Victor Hugo et Théophile Gautier, bien que ni l’un ni l’autre ne fussent bibliophiles.
La plupart des 33 ex-libris gravés par Bouvenne portent les monogrammes de leurs possesseurs :



Charles Asselineau,



Arthur Benoît (1828-1898)[daté 1883], Paul Beuve [d’après un dessin d’Alfred Le Petit (1841-1910)],



Édouard Castillon [daté 1882],




Louis Chanut [la banderole porte « Ex-libris [chat] U [grec] »],



François Coppée (1842-1908),



Paul Cordier,



Jules Cousin (1830-1899),



Louis Delatre (1815-1893),



Alexis Martin (1834-1904) [daté 1868],




la Comtesse de Noé [belle-sœur du caricaturiste Cham ; daté 1888],




Alice Ozy (1820-1893) [daté 1884], Léon Sapin (1839-1905) [signé « Aglaüs Bouvenne sc. à l’ami L. Sapin »],



Maurice Tourneux [daté 1871],



Octave Uzanne (1851-1931) [daté 1882], L. West [daté 1876], etc.
 
Pour Jules Husson, dit « Champfleury » (1821-1889), Bouvenne grava 3 ex-libris, dont l’inspiration est la même.



Le premier est anonyme et sans signature : paysage au fond duquel on distingue la cathédrale et la silhouette de la ville de Laon ; un champ fleuri occupe le premier plan et un miroir portant le mot « veritas », pour symboliser le réalisme de l’auteur, est posé au bord d’un chemin, sur lequel on lit « fais ce que dois » ;



un second état de cette même pièce porte le nom du graveur et, à la place de la devise effacée, les mots « Ex libris Champfleury ».




Le deuxième porte, après la signature de Bouvenne, la date de 1874 ; le champ fleuri a poussé, comme la célébrité de celui qu’il représente ; il occupe la plus grande partie du sujet et la cathédrale s’efface à l’horizon.


Dans le troisième, le champ occupe tout l’ex-libris, les fleurs sont largement épanouies et la cathédrale a complètement disparu ; l’indication « Ex libris Champfleury » ne traîne plus dans la poussière du chemin, elle est montée dans le ciel. 



L’ex-libris de Théophile Gautier (1811-1872) porte un monogramme au-dessus d’un grand scarabée égyptien fourni par LeRoman de la momie. Daté de l’année de la mort de l’écrivain, il ne figure que sur un petit nombre de ses livres.



Celui de Victor Hugo (1802-1885) montre Notre-Dame de Paris dans la nuit ayant, en avant, le monogramme Hugo, et sur le sillon d’un éclair, l’inscription « Ex libris Victor Hugo ». Il inspira à Auguste Vacquerie (1819-1895), dont le frère Charles épousa Léopoldine, fille du poète,  le vers fameux « Les tours de Notre-Dame étaient l’H de son nom » (Mes premières années de Paris. Paris, Michel Lévy frères, 1872, livre I, III, « À Paul M. », p. 12). Cet ex-libris, qui porte la date de 1870, n’a probablement jamais servi. 



Celui de Mario Proth, attribué par la plupart des auteurs à Bouvenne, a été composé et gravé par Félix Bracquemond.

Les exigences de la vie matérielle avaient contraint Bouvenne à se défaire de ses livres armoriés et de quelques autres raretés le 22 janvier 1876 : Catalogue de la bibliothèque de M. Aglaüs Bouvenne (Paris, A. Voisin, 1875, in-8, 28 p.). D’autres livres joints à ceux d’un bibliophile anonyme furent vendus du 25 au 28 novembre 1891 : Catalogue de la bibliothèque de M. Aglaüs Bouvenne (Paris, Léon Sapin, 1891, in-8, 104 p., 900 lots).
Aglaüs Bouvenne décéda à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) le 12 décembre 1903, à l’âge de 74 ans. 

L’Abbé Sepher, amateur d’hétérodoxie et d’occultisme

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Pierre-Jacques Sepher, est né le 27 novembre 1710 à Paris.


Reçu docteur en Sorbonne, il fut pourvu d’un canonicat de l’église collégiale de Saint-Étienne-des-Grès [détruite en 1792, elle se situait au niveau du 5 rue Cujas, Ve], où il était « chevecier », c’est-à-dire responsable du chevet, du trésor et du luminaire de l’église. Il voulut être utile aux lettres en se chargeant des fonctions d’éditeur, ce qui lui valut le titre de vice-chancelier de l’Université de Paris. Il avait le goût des livres dans tous les genres, principalement en théologie et en histoire, poussé jusqu’à la bibliomanie.
Les pièces qui composaient son appartement en étaient tellement encombrées, qu’à peine y-avait-il de la place pour les meubles indispensables. Non seulement il avait établi des tablettes le long des murs, mais il en avait multiplié les rangs dans la même pièce, de manière qu’il n’y avait entre eux qu’une sorte de ruelle pour communiquer de l’un à l’autre.
Ses livres aussi étaient d’un choix particulier : la presque totalité avait été achetée sur les quais ou dans les magasins et sur les étals des bouquinistes. C’étaient ceux-là qui de préférence attiraient l’attention de l’abbé Sepher, pour peu qu’ils fussent devenus rares. Dans le grand nombre toutefois il s’en trouvait de curieux et bien choisis. Presque tous portaient sur les gardes des notes de sa main, d’une petite écriture d’allure féminine, facile à reconnaître.

En 1770, Guillaume-André-René Baston (1741-1825) rencontra l’abbé Sepher, président de son second examen de licence de théologie :

« C’était un docteur de la maison et société de Sorbonne. Il avait une bibliothèque magnifique et vraiment précieuse, une multitude de livres qu’il ne lisait point, grand nombre qu’il ne pouvait pas lire, peu qu’il fût en état de bien comprendre : mais il les montrait avec complaisance aux amateurs que la curiosité attirait chez lui et qui, en admirant sincèrement la collection, prenaient trop souvent la liberté de se moquer intérieurement du propriétaire. On m’avait prévenu que le meilleur moyen d’avoir bon marché de ce bibliomane, le jour de l’examen, était de me récrier sur ses richesses littéraires le jour de la première visite. J’employai cette innocente ruse. Le sage maître, entouré d’un monceau de volumes de toutes les tailles, époudrait ses tablettes quand on m’introduisit. Après avoir touché un mot du sujet qui m’amenait et sans lui donner le temps de répondre : “ Qu’on est heureux, lui dis-je, Monsieur, d’avoir chez soi tant de savants réunis, de pouvoir converser avec eux à chaque heure du jour et de la nuit ! Que de dépenses et de talent il a fallu pour en rassembler un si grand nombre et jouir de son travail bien des années avant sa mort ! ” A cette exclamation, le docteur Sépher dépose son époussette sur une table, me prend par la main et me fait asseoir à côté de lui. “ Vous aimez donc les livres ? me dit-il. – Prodigieusement. – Et vous les connaissez ? – Un peu. – En voilà une assez jolie quantité. Pas un bouquin, au moins. Tous livres rares ou éditions recherchées … Sur toutes les sciences, tous les arts …, peu de théologie pourtant, parce que je l’ai dans ma tête … Mais de l’hébreu, du grec, du latin, de l’allemand, de toutes les langues mortes ou vivantes. Un juif y trouve le Talmud, un Turc l’Alcoran, et (souriant finement) un Espagnol, Don Quichotte… Non pas des traductions, je n’aime que les originaux. – Et vous avez, Monsieur, le bonheur de les entendre ? – Passablement. – Je serais bien effrayé d’avoir pour examinateur un homme tel que vous, si je ne savais, par tradition, que les vrais savants se plaisent plus à encourager la jeunesse qu’à l’humilier. – Vous l’avez dit (en me frappant sur l’épaule), je vous encouragerai. D’ailleurs, vous n’êtes pas sans mérite, puisque vous aimez les livres et les bonnes éditions. Tout ira bien. A tel jour … » En me reconduisant, il me fit passer par un cabinet de médailles. « Je donne aussi là dedans, me dit-il ; mais sobrement, parce que même les Vespasien sont d’un prix fol. De plus, les médailles mentent d’une force à les faire rougir de honte. On ne peut pas plus s’y fier qu’à un Te Deum… Vous n’y connaissez rien ? – Pas grand’chose, en vérité. – Il n’y a pas de mal à cela, pourvu que vous soyez fidèle aux bonnes éditions … » (Mémoires de l’abbé Baston chanoine de Rouen. Paris, Alphonse Picard et fils, 1897, t. I, p. 184-186)

Joseph-Marie Quérard, plus bibliographe que bibliophile,  le considérait comme « l’un des plus grands bibliophiles du dix-huitième siècle » (Les Supercheries littéraires dévoilées. Paris, L’Éditeur, 1847, t. II, p. 173) : en réalité, la bibliothèque de l’abbé Sepher était une bibliothèque de travail pour soutenir ses œuvres.      

On doit à l’abbé Sepher une traduction en français de L’Office de Saint-Pierre, ou l’Exercice pour l’Eglise de Saint-Eustache (1747), Le Joli Recueil ou l’Histoire de la querelle littéraire où les auteurs s’amusent en amusant le public (1760). On lui attribue à tort « Les Trois Imposteurs ou les Fausses Conspirations », extraits en réalité de Le Mercure françois  de 1627 (t. XII) et de 1631 (t. XV). Il aurait travaillé à L’Europe ecclésiastique, ou État du clergé (Paris, Duchesne, 1757).

On doit surtout à l’abbé Sepher des éditions corrigées et enrichies de notes :



- La Vie de Saint Charles Borromée, cardinal & archevêque de Milan (Paris, Grangé, 1748, 2 vol. in-12), par Antoine Godeau.



- Histoire des anciennes révolutions du globe terrestre (Amsterdam et Paris, Damonneville, 1752, in-12), traduite de l’allemand de Johann-Gottlob Krüger par Gottfried Sellius.



- Histoire de Guillaume de Nassau, prince d’Orange, fondateur de la République des Provinces-Unies des Pays-Bas (Londres [Paris], Aux dépens de la Compagnie, 1754, 2 vol. in-12), par Abraham-Nicolas Amelot de La Houssaye : réimpression, aux notes près, des Mémoires pour servir à l’histoire de Hollande et des autres Provinces-Unies (Paris, Jean Villette le fils, 1688, in-8), par Louis Aubery du Maurier.



Il y a des exemplaires portant le titre de Mémoires pour servir à l’histoire de la République des Provinces-Unies et des Pays-Bas (Londres [Paris], Aux dépens de la Compagnie, 1754, 2 vol. in-12), où Aubery du Maurier est nommé Aubry du Mouriez.



- Maximes et libertez gallicanes (La Haye, s. n., 1755, in-12).



- Histoires édifiantes, pour servir de lecture aux jeunes personnes de l’un & de l’autre sexe (Paris, Duchesne, 1757, in-12), par Joseph-François Duché de Vancy.
- Madrigaux de M. de La Sablière (Paris, Duchesne, 1758, in-16), avec toutes les pages encadrées en rouge, un avertissement qui fourmille d’erreurs et de fautes d’impression.



- Mémoire sur la vie de M. de Pibrac (Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1761, in-12), par Charles-Joseph de Lespine de Grainville.

L’abbé Sepher mourut à Paris le 12 octobre 1781.



Ses restes mortels reposent probablement dans les Catacombes.

L’important catalogue qu’on forma de sa bibliothèque après sa mort fut rédigé par le libraire Martin-Sylvestre Boulard (1748-1809). Il comporte beaucoup d’erreurs et il manque une table des auteurs pour faciliter les recherches :



Catalogue des livres rares et singuliers, de la bibliothèque de M. l’Abbé Sepher, docteur de Sorbonne, vice-chancelier de l’Université, et chanoine-chevecier de Saint-Étienne-des-Grès (Paris, Fournier, 1786, in-8, xj-[1 bl.]-280 [i.e. 300]-222 + 14 p., 6.993 + 221 lots).

« La Bibliothéque dont nous offrons le Catalogue au Public, est composée de Livres, la plupart rares, curieux, intéressants, &c. L’Abbé Sepher, qui l’avoit rassemblée avec beaucoup de temps & de dépenses, étoit connu avantageusement dans la République des Lettres par ses lumieres & son érudition. Il avoit cherché à rendre toutes les classes complettes, mais il paroissoit s’être attaché principalement à la Théologie & à l’Histoire. Celle de France surtout offre des morceaux de la plus grande rareté, & qui ne se trouvent pas même dans les Catalogues les mieux fournis sur cette matiere. Les autres classes ont aussi leurs beautés, & même en grand nombre, comme il sera facile d’en juger par la lecture du Catalogue. Ces collections, précieuses par elles-mêmes, le deviennent encore plus par les notes savantes qu’il avoit insérées sur des feuillets de papier blanc, au commencement d’une grande partie des Ouvrages qu’il possédoit.
Nous aurions désiré pouvoir donner une liste entiere des Ouvrages que renferme cette nombreuse Bibliothéque composée de plus de trente mille Volumes ; mais des considérations particulieres, & le peu de temps que nous avons eu pour disposer le Catalogue, nous ont forcé à élaguer les articles qui nous ont paru les moins considérables. […] » [sic] (« Avertissement », p. iii-iv)

Outre son « Supplément », le catalogue, en deux parties, présente les divisions suivantes : théologie (p. 1-172, lots 1-2.169, soit 31%), jurisprudence (p. 173-209, lots 2.172-2.652, soit 7%) et sciences et arts (p. 209-280 [i.e. 300], lots 2.653-3.499 b., soit 12% ) ; belles-lettres (p. 1-76 [i.e. 67], lots 3.500-4.614, soit 16%) et histoire (p. 76 [i.e. 67]-222, lots 4.615-6.993, soit 34%).

« A la date de sa mort, celle-ci [sa bibliothèque] comporte quelque 30 000 volumes, mais le catalogue de la vente ne comporte que 6 993 titres et un Supplément de 221 titres. C’est relativement peu : moins du quart des livres ont été répertoriés. […]
Nous avons affaire à un chancelier de l’Université qui s’intéresse de très près à l’hétérodoxie : il possède une collection extraordinaire de toutes les pièces et de tous les ouvrages autour du jansénisme. Il a engrangé bon nombre des écrits de controverse entre catholiques et protestants et s’est intéressé à toutes les Églises et à toutes les sectes nées de la Réforme, non seulement les sociniens et les anabaptistes, mais aussi les quakers, les mennonites et les millénaristes. Enfin,  nous avons remarqué, au sein de la liste des ouvrages imprimés, quelques textes philosophiques manuscrits : les Doutes de Du Marsais, les défenses de Spinoza et de nombreux autres manuscrits de Languener, la Conversation avec un derviche attribué à La Mothe Le Vayer, les manuscrits de Michel de Toul, un Recueil de questions sur la philosophie (n° 2663), un Testament philosophique fait par un homme vivant, et autres pièces (n° 2784), les Entretiens de Telliamed“ de la main de l’auteur M. Maillet ” (n° 2787), l’Instruction et doctrine à bien vivre et mourir (n° 2920), les Pensées d’un honnête homme, par un homme de 78 ans (n° 2945), l’Essai de quelques idées sur Dieu et sur La Trinité, 1756 (n° 3115), et enfin le Recueil de différentes pièces, mss. très curieux (Suppl. n° 211). […]
On a vu que le Catalogue des livres rares et singuliers de l’abbé Sépher ne contient qu’un petit quart de l’ensemble de sa bibliothèque : il est suggestif, mais il est très partiel. Il demande à être complété par la découverte d’ouvrages ayant appartenu à Sépher, identifiés grâce à des ex-libris, p. ex., ou par d’autres indices. Or, depuis les recherches pionnières d’Ira O. Wade, nous connaissons trois fonds où se trouvent des manuscrits philosophiques clandestins copiés ou annotés de la main de Sépher : à Rouen, dans une collection très riche en manuscrits philosophiques clandestins ayant appartenu au fils de Coquebert de Montbret […].
On trouve à la Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence de très nombreux manuscrits clandestins […], dont certains sont mentionnés dans son catalogue, d’autres non. […]
A Saint-Pétersbourg [Leningrad], deux manuscrits philosophiques clandestins proviennent de la bibliothèque de Sépher […].
La collection de Sépher constitue un aperçu, une coupe ou un cliché d’un moment dans la diffusion clandestine des écrits philosophiques : son obsession pour la “ théologie hétérodoxe ” a privé ces textes d’une circulation clandestine, mais, en même temps, elle nous a permis de saisir d’un coup d’œil ce courant clandestin qui a contribué à former l’esprit philosophique du xviiie siècle. De plus, le Catalogue de Sépher met les manuscrits clandestins dans leur véritable contexte : les manuscrits sont entourés des imprimés qui constituent souvent leur source ou leur contexte intellectuel. » [sic]
(Antony Mc Kenna. « La Bibliothèque de l’abbé Sepher ». In Voyages de bibliothèques. P.U. Saint-Étienne, 1999, p. 129-136)

Dommage de confondre lots, titres et volumes, et de ne s’appuyer que sur la déclaration de l’ « Avertissement » du catalogue, quant au nombre de volumes de la bibliothèque de l’abbé Sepher.
En effet, chaque lot comprend un ou plusieurs volumes, et certains numéros de lots, auxquels a été ajoutée la lettre « b », sont doublés : au total, le catalogue décrit la bibliothèque quasi complètement, sachant néanmoins que de rares ouvrages, portant l’écriture de l’abbé Sepher, ont été effectivement retrouvés hors catalogue.

On remarque une liste de seulement 20 lots de « Traités sur les opinions des nouveaux Théologiens sur la Grace [sic] » (p. 42-43, lots 517-536), dont 3 lots de recueils factices représentant à eux seuls 41 volumes :
« 530. Recueil de pieces concernant la traduction du nouveau Testament de Mons. 14 vol. in-8. & in-12.
531. Recueil de pieces concernant Port-Royal. 15 vol. in-12, in-8. & in-4.
532. Recueil de pieces concernant la Constitution. 12 vol. in-4. »  


Lot 536

Cette petite liste se termine par :
« Nota. La Bibliotheque renferme une collection complette de toutes les pieces qui ont paru pour & contre ; mais le tems & les bornes que nous nous sommes prescrites, ne nous ont permis d’annoncer que les princip. »

Plus loin, toute la « Théologie hétérodoxe » (p. 112-172) :
« Anciens Réformateurs, Grecs, Vaudois, Wiclessites, Hussites, &c. » (lots 1.393-1.410)


Lot 1.457

« Nouveaux Réformateurs Luthériens, Calvinistes, Anabaptistes, &c. » (lots 1.410-1.518)
« Anti-Trinitaires Sociniens » (lots 1.519-1.561)
« Traités singuliers des Protestans, Anglicans, Quakers, &c. » (lots 1.562-1.691)
« Traités singuliers des Conciliateurs & Tolérans » (lots 1.692-1.722)
« Traités singuliers des Fanatiques, Athées, Impies, Libertins, Spinosistes, Préadamites, &c. » (lots 1.723-1.781)
« Opinions singulieres » (lots 1.782-1.810)
« Traités singuliers contre l’Eglise Romaine, le Pape & le Saint Siege » (lots 1.811-1.960)
« Traités singuliers contre les Moines & les Prêtres, leur célibat, les cerémonies & les usages » (lots 1.961-2.004)
« Traités singuliers contre le Purgatoire, les Indulgences, les Dogmes, les Sacrements, la Messe & la Transubstantiation » (lots 2.005-2.078)
« Théologie des Juifs » (lots 2.079-2.137)
« Théologie des Payens & des Mahométans » (lots 2.138-2.169)  

On remarque aussi dans ce catalogue un lot important de « Traités singuliers des Anges, Démons, &c. Sorciers, Enchanteurs, Opérations magiques, &c. » (p. 246-256, lots 3.141 b.-3.211 b.).   


Lot 3.150 b.



Lot 3.150 b.
Figure entre les pages 118 et 119.

L’occultiste Stanislas de Guaita (1861-1897) a écrit sur son exemplaire : « Ce catalogue, devenu très rare, se cote couramment de 7 à 12 francs. Il mentionne les livres les plus rares sur les sciences occultes, la sorcellerie, la divination, les possessions, la magie et la mystique. On peut le considérer comme complet sous ce rapport. »

La vente, qui eut lieu dans l’une des salles de l’Hôtel de Bullion, commença le lundi 6 mars 1786 et dura longtemps, sans qu’il en résultât un grand produit : moins de 18.000 livres. L’abbé Rive acheta beaucoup de livres de cette collection, dont les Mémoires de Nicéron, chargé de remarques de la main de l’abbé Sepher, pour 54 livres, dont il devait donner une nouvelle édition. La plupart des articles retournèrent sur les quais ou dans les magasins d’où ils étaient sortis. On rencontre quelques-uns de ces livres, qu’on reconnaît aux notes.



La Bibliothèque de Léon Cailhava

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Aimé Vingtrinier (1812-1903)
Imprimeur, bibliothécaire à la Bibliothèque de Lyon
Biographe de Léon Cailhava

L’une des plus belles bibliothèques de Lyon [Rhône] fut fondée par Claude-Léon Cailhava, né à Lyon le 26 thermidor [et non messidor, comme écrit partout] an III [13 août 1795]. Son père, Pierre-Léon-Justin Cailhava, négociant en soieries, et sa mère, Claudine Massacrier, mariés en 1793, demeuraient rue de la Convention [auj. rue Royale, Ier]. Léon fit ses premières études au Pensionnat de l’Enfance, à la Croix-Rousse, et les acheva au Lycée, où il eut pour maître le philosophe Pierre Gourju (1762-1814).
Vers 1821, il entra dans la maison Bonafous, dont les messageries faisaient le service entre Lyon et l’Italie, dirigée alors par l’agronome Mathieu Bonafous (1793-1852). Il fut employé dans les bureaux de cette entreprise à Turin, puis à Milan, où il resta jusqu’en 1829.
En 1832, il hérita de son oncle Antoine Cailhava (1748-1832), ancien directeur de la Compagnie du canal de Givors [canal du Rhône à la Loire, qui a disparu dans les années 1970 sous l’autoroute A 47, de Lyon à Saint-Étienne], une opulente fortune.
Aimant la peinture, la musique et le théâtre, il se livra alors à son goût pour les arts, que son séjour en Italie n’avait fait que développer, et commença une bibliothèque dont la renommée devint bientôt européenne : elle était particulièrement bien connue de son ami Anthony Panizzi (1797-1879), bibliothécaire au British Museum.



Il initia de bonne heure son neveu Étienne-Claude, dit « Stéphane », Mestre (1813-1877), avoué, dont la sœur légua en 1882 les 822 livres portant l’ex-libris de son frère, avec son monogramme et la devise « Non omnis moriar » [Je ne mourrai pas tout à fait], à la Bibliothèque de Lyon : alors qu’il était encore étudiant en droit à Paris, Cailhava s’en remettait parfois à lui pour des achats chez des libraires, des recherches à la Bibliothèque de l’Arsenal ou des travaux à faire faire chez les relieurs.

Il vécut de 1832 à sa mort au 1 quai de l’Hôpital [auj. quai Jules Courmont, IIe], mais c’est dans sa




maison de campagne qu’il recevait fastueusement l’élite des artistes de l’époque : la « Maison grise », chemin des Fontanières, sur le coteau de Sainte-Foy-les-Lyon, au-dessus du quai Jean-Jacques Rousseau [Ve], sur la rive droite de la Saône, qui avait appartenu au sculpteur lyonnais Jean Thierry (1669-1739).



Cailhava édita L’Entrée magnifique de Bacchus avec Madame Dimanche Grasse sa femme (Lyon, L. Boitel, 1838, in-8, 50 ex.), et son nom restera attaché au poème De tristibus Franciae libri quatuor (Lyon, Louis Perrin, 1840, in-4, ill., 100 ex.), monument précieux pour l’histoire des guerres religieuses du xvie siècle dans le Lyonnais, qu’il publia d’après le manuscrit de la Bibliothèque de Lyon [Ms 156].

« Le cabinet de M. Cailhava est riche spécialement en ouvrages des vieux poètes français, en livres de caractères gothiques, en volumes de planches et de gravures, en raretés précieuses pour l’art et relevées par des reliures qui viennent des plus habiles maîtres de Paris. » (Revue du Lyonnais, 1842)   

Le 24 mars 1843, Cailhava rejoignit la Société gastronomique appelée le « Banquet des Intelligences », après sa fondation qui avait eut lieu le 7 juillet 1841, à l’initiative de l’imprimeur Léonard, dit « Léon », Boitel (1806-1855), fondateur en 1835 de la Revue du Lyonnais. Celui-ci publia le Banquet des Intelligences : recueil de table tant soit peu pantagruélique, à l’usage des trente convives du Pavillon-Nicolas (Lyon, 1844, in-12, 30 ex.), qui sera suivi, en 1852, de La Suite du Banquet des Intelligences.

En 1845, ses habitudes de dépenses, liées plus au plaisir de la table ouverte qu’à la bibliomanie, obligèrent Cailhava à se défaire de sa magnifique collection.



Le libraire Techener fut chargé d’en dresser le catalogue : Catalogue de la précieuse bibliothèque de Monsieur L. C., de Lyon (Paris, J. Techener, 1845, in-8, IV-[2]-176 p., 917 lots). La vente eut lieu à la salle Silvestre, du mardi 21 au vendredi 31 octobre 1845, et produisit 45.000 fr. Cette vente eut un grand retentissement.

« Nous offrons aujourd’hui à nos abonnés un Catalogue digne de toute leur attention : la fameuse collection de livres de M. L. C. (de Lyon) se recommande, comme on sait, par un choix d’ouvrages très rares ou très bons, dans les meilleures éditions, et dans les plus beaux exemplaires de ces éditions.
Tout en recherchant pour sa bibliothèque un caractère de spécialité lyonnaise par la réunion de tous les bons ouvrages qui soient sortis des presses de Lyon aux xve, xvie et xviie siècles, M. L. C. avait rassemblé une foule d’autres livres précieux et moins connus qu’ils ne mériteraient de l’autre ; c’est là ce qui donne à son cabinet une originalité piquante, dont la lecture de notre Catalogue pourra seule donner une idée exacte. On y remarquera une collection d’ouvrages introuvables et qui passent en vente pour la première fois ; des livres délicieusement reliés par nos plus habiles artistes, tant anciens que modernes, etc., etc. Enfin, depuis la vente à jamais mémorable de M. Charles Nodier, il ne s’en est pas fait qui puisse lutter avec avantage contre cette bibliothèque. […] M. G. Duplessis, dont on connaît le goût et les connaissances rares, a bien voulu nous permettre de faire notre profit d’une foule de notes bibliographiques qui lui appartiennent. »

7. D. Erasmi Roteradami Paraphrasis in Novum Testamentum. Basileae, Frobenius, 1541, 2 vol. in-fol., veau à compartim. Magnifique exemplaire de Grolier. Dos refait. 389 fr. au libraire Garnot, pour un amateur de Metz, le comte de Ch.
14. Histoire du Vieux et Nouveau Testament, enrichie de plus de 40 figures en taille-douce. Anvers, P. Mortier, 1700, 2 vol. in-fol., mar. rouge, fil., tr. dor. (Derome). Très bel ex., gd. papier, épreuves avant les clous. 219 fr. au libraire Delion, pour un amateur d’une ville du Nord.
19. Preces piae. In-8, mar. puce, fil., tr. d. (Koehler). Très beau manuscrit sur vélin du xiiie siècle, orné de 20 grandes miniatures, etc. 526 fr. au libraire Fontaine, de Lyon, pour Browman, de Lyon.
21. Heures à lusaige de Romme. Imprimées à Paris pour Germain Hardouyn. In-8, mar. rouge, tr. dor., riche rel. anc. avec armes, chiffre PP surmonté d’une couronne ducale. Superbe ex. sur vélin avec 15 grandes miniatures et 18 petites. 186 fr.
64. Songe du Vergier. Lyon, impr. Jacques Maillet, 21 mars 1491, gr. in-fol., v. ant. (Koehler). Ex. superbe. 121 fr.
70. Le Grant Boece. De consolation. Imprimé à Paris pour Antoine Vérard le 19 août 1493. In-fol. goth. à 2 col., 6 miniatures peintes or et couleurs, sur vélin, mar. rouge doublé à la Duseuil, tr. dor. 1.921 fr. au libraire Tilliard, pour Yemeniz.
72. Essai philosophique concernant l’entendement humain, par M. Locke, trad. de l’anglois par Coste. Amsterdam, 1735, in-4, mar. vert, fil., tr. d. Aux armes de la marquise de Pompadour. Provient de la bibliothèque de Beauchamps. 22 fr.  
93. Discorsi di Nicolo Machiavelli Firentino. Aldus, 1540. In-8, veau à comp., signature de Ballesdens sur le titre. Ex. superbe revêtu d’une rel. Grolier. 625 fr. au libraire Tilliard, pour Yemeniz.
98. La Loy salique, livret de la première vérité humaine, par Guillaume Postel. Suivant la copie de 1552, à Paris, chez Lamy, 1780, pet. in-8, mar. r., dent., tr. d. Ex. de Madame Campan. 5 fr. 75.
129. Ephemerides octavae Spherae auctore Ponto Tyardeo Bissiano. Lugduni, Joan. Tornaesium, 1562, in-fol., mar. citron. Aux armes de De Thou. 58 fr.
134. Theophili Spizelii de vaticiniis quibusdam Angelicis amica et placida collatio, instituta cum viro quodam doctissimo. Augustae-Vindelicorum, 1667, in-8, mar. r., fil. (Anc. rel.). Aux armes de Colbert. 9 fr. 50.




145. Viator (Jean Pelegrin dit). De artificiali perspectiva. In-fol. goth. de 46 f., avec de très belles fig. sur bois. Premier livre connu imprimé à Toul. Mar. rouge, fil., tr. d. (Koehler). Superbe ex. 305 fr.
146. Lebrun. Galerie des peintres flamands, hollandais et allemands, 201 pl. gravées d’après les meilleurs tableaux de ces maîtres. Paris, 1792, 3 vol. in-fol., fig., rel. en 2, mar. r., riches dentelles. Rel. superbe, très belles épreuves presque toutes avant la lettre. 310 fr.
159. La Grant Danse macabre des hommes et des femmes, historiée et augmentée de beaulx dis en latin. Impr. à Lyon par Claude Nourry, le 31 août 1501, in-fol., fig. sur bois, 32 f. non chiffrés, mar. vert à la Duseuil, doublé de mar. rouge, large dentelle composée (Koehler). Superbe rel., magnifique ex. avec témoins. 520 fr. au libraire Tilliard, pour un amateur du Mans, le marquis de Cl.
174. Solitaire second, ou prose de la musique (par Pontus de Thyard). Lyon, J. de Tournes, 1555, in-4, lettres italiques, mar. r., doubl. fil., dor. sur tr. (Koehler). Livre à peu près inconnu. 175 fr.
206. Quinti Horatii Flacci Opera. Londres, J. Pine, 1733, 2 t. en 1 vol. in-8, p. lavé, régl., mar. r., tr. dor., avec armes (Padeloup). Superbe ex. de premier tirage, gd. pap. 216 fr.


222. Mortilogus F. Conradi Reitterii nordlingensis prioris monasterii Caesariensis. [à la fin :] Finit feliciter per Erhardum Onglin et Georgium Nadler, Augusteen IIII, ydus februarii. Anno millesimo quingentesimo octavo. In-4, fig., m. violet, fil., tr. d. (Koehler). 281 fr. au libraire Tilliard, pour Yemeniz.
223. La Nef des folz du monde. Impr. pour Jehan Philippes Man Stener et Geoffroy de Marnef, 1497, in-fol., goth., 2 col., fig., mar. vert, fil., tr.d. (Koehler). Magnifique ex. 199 fr.
232. Geor. Buchanani Scoti poemata quae exstant, edition postrema. Lugduni-Batav., ex officina Elzeviriana, 1628, pet. in-24, mar. bleu, dent., tr. d., doublé de moire rose, rel. par Bradel. Ex. de Renouard. 14 fr.
238. La Callipédie, traduite du poème latin de Claude Quillet. Paris, 1749, in-8, gr. pap. v. Ex. de d’Aguesseau. 5 fr.
242. Jacobi Mosanti Briosii poemata. Cadomi, apud Joannem Cavelier, 1663, in-8, mar. vert antique, tr. d., janséniste (Duru). Ex. avec la signature de Le Duchat. 31 fr. 50.  
272. Cy commance le romant de la rose ou tout l’art d’amours est enclose. In-fol., goth., 2 col., fig. sur bois, 149 f. sign. de A2 à T111, 41 lignes à la page, mar. r. avec plats encadrés, tr. d. (Koehler). Impr. à Lyon par Guillaume Leroy avec les mêmes caractères que le Doctrinal de Sapience. 176 fr.




273. S’ensuyt le rommant de la rose : autrement dit le songe vergier. Paris, Alain Lotrian, s.d. Pet. in-4 à 2 col., titre rouge et noir, vignette sur bois, mar. vert, fil., tr. d. (Koehler). 50 fr.




276. Le Rommant de la rose nouvellement reveu et corrige oultre les precedentes impressions. Impr. à Paris par Pierre Vidoue pour Galliot Dupré, mars 1529. Pet. in-8, fig. sur bois, lettres rondes, mar. r., plats et dos dorés à petits fers, tr. d. (riche rel. de Bauzonnet). 400 fr. au libraire Fontaine, de Lyon, destiné à M***, de Lyon.
281. Le Roman de la rose, par Guillaume de Lorris et Jehan de Meung. Paris, P. Didot l’aîné, 1813, 4 vol. in-8, mar. r. doublé de mar. vert, comp. , tr. d. (riche rel. de Koehler). Un des 2 ex. impr. sur peau de vélin, et enrichi de dessins, etc. 1.000 fr. pour le baron Pichon.
287. Le Pelerinage de l’homme. Paris, pour Anthoine Verard, 4 avril 1511, in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. citron, compart., tr. d. (Koehler). 260 fr. pour le marquis de Coislin.
290. Les Œuvres de maistre Francoys Villon. Paris, Galiot du Pré, 1532, in-16, car. romains, mar. vert, fil., doublé de mar. r., à compart., t. d. (Koehler). Le bijou de la vente. 499 fr. pour le libraire Fontaine lui-même, de Lyon.  
292. La Dance des aveugles. Impr. à Lyon. In-4 goth., 5 fig. sur bois, mar. vert ant., large dent., petits fers, fil., tr. d. (très belle rel. de Duru). Des plus rares. 621 fr. pour Armand Bertin.
296. Les Lunettes des princes composées par noble homme Jehan Meschinot. Impr. à Paris par Pierre le Caron. In-4 goth., mar. vert, tr. d. (la rel. est un chef-d’œuvre de Bauzonnet). 245 fr.
298. Sensuyt le blason des faulses amours fait et composé par frère Guillaume Alexis, religieux de lire et prieur de Busy. Impr. à Rouen par W. Hamel pour Jehan Burges, in-8, goth., mar. r. antique, fil., tr. d. (Bauzonnet). 126 fr. pour Cigongne.
304. Le Débat de deux bons serviteurs. S. l., s. n., s. d., in-4, goth., mar. vert, fil., d. s. tr. (Duru). 250 fr. pour Cigongne.   
318. Les Regrets et Peines des mal advisez, faictz et composez par Dadonville. In-8 goth., mar. vert russe, fil., tr. d. (Bauzonnet). Rarissime. 276 fr.
319. La Grande et Merveilleuse Prinse que les Bretons ont faicte sur mer depuis troys semaines en çà. In-16 goth. de 4 f., au verso du dernier une fig. sur bois, mar. noir, tr. d. à la janséniste (Bauzonnet). 155 fr. pour le marquis de Coislin.
320. Les Œuvres feu maistre Alain Chartier. Paris, Galliot Dupré, 1529, pet. in-8, lettres rondes, mar. bleu, comp., mors de m., coins dent., tr. d. (Thouvenin). Provient des bibliothèques Châteaugiron et Pixerécourt. 450 fr. pour Aimé Martin.
323. Les Œuvres maistre Guillaume Coquillart, en son vivant official de Reims. Paris, Antoine Bonne-Mère, 1532, in-16, mar. vert, fil., tr. d. (Anc. rel.). Provient de la vente Pixerécourt, dans laquelle la reliure fut attribuée à Padeloup. 100fr.
325. Lesperon de discipline pour inciter les humains aux bonnes lettres, etc. par noble homme fraire Antoine du Saix, commandeur de Sainct-Antoine de Bourg en Bresse. S. l. [Lyon], s. n. [Claude Nourry], 1532, in-4, goth., 2 parties, mar. vert, comp., doublé de mar. r., large dent. à petits fers (Koehler). Chaque page est entourée d’une bordure gravée en bois. Impr. sur vélin. Ex. de Antoine du Saix dont le nom est ciselé sur la tranche. Un des plus précieux vol. de cette bibliothèque. 2.160 fr. au libraire Tilliard, pour Yemeniz.
350. Le Tombeau de Marguerite de Valois, royne de Navarre. Paris, Michel Fezandat et Robert Granjon, 1551, in-8, mar. vert, fil., tr. dorée (écusson) (Koehler). 80 fr. pour Lacarelle.
357.Œuvres de Lovize Labé, lionnoize. Lyon, Jean de Tournes, 1556, in-12, mar. bleu à compart. doublé de mar. rouge, dent., tr. d. (Koehler). Petit raccommodage au titre. 230 fr. pour le duc de Fitz-James.
366. Les Controverses des sexes masculin et féminin. Tholose, 1534, pet.in-fol, mar. r. à la Grolier (Duru). 190 fr. pour le Dr. Bernard, de Toulouse.
521. Destructorium vitiorum ex similitudinum creaturarum exemplorum appropriatione, per modum dyalogi. Lyon, Claude Nourry, 11 juin 1505, in-4, goth., mar. vert, antique, fil., tr. d. (Bauzonnet). 160 fr. pour le baron de Salis.  
523. Contes et nouvelles de Boccace, Florentin ; traduction libre, avec fig. de Romain de Hooge. Amsterdam, Georges Gallet, 1697, 2 vol. in-8, mar. r., fil., tr. d. (Derome). Ex. de Pixerécourt. 100 fr.
538. Meliadus de Leonnoys. Paris, Denys Janot, 20 mars 1532, in-fol., goth. à 2 col., mar. vert antique, dos et plats à la Duseuil, double de mar. rouge, mors de m. dessin antique à compart. de fleurons et petits fers. (Bauzonnet). Avec la signature de Guyon de Sardière. 382 fr. au libraire Potier, pour le marquis de Coislin.  
539. Artus de Bretaigne. Lhystoire des faitz et gestes du noble preux et vaillant chevalier Artus de Bretaigne. Lyon, Olivier Arnoullet, 20 octobre 1556, in-4, goth., mar. vert, fil., tr. d., double de mar. r., ornements (Bauzonnet). 401 fr.
542 bis. Valentin et Orson. Lyon, Jacques Maillet, 1489, in-fol., mar. bleu (Bauzonnet). Rarissime. 2 f. en fac-similés. 591 fr. au libraire Tilliard, pour Yemeniz.
547. La Plaisante et Amoureuse Histoire du chevallier doré, et de la pucelle surnommée Cueur dacier. 1542, in-8, fig. sur bois, lettres rondes, mar. bleu, fil., tr. d. (Duru). 255 fr. pour Armand Bertin.
571. Hypnerotomachia Poliphili. Venise, décembre 1499, Alde Manuce, in-fol., mar. r., fil., tr. d. (Koehler). Superbe ex. 151 fr.
575. Le Livre des connoilles. S.l., s.n., s.d. Pet. in-4, goth., mar. vert, d.s.t., fil., double de mar. r. (Duru). Rareté lyonnaise. 650 fr. pour le comte de Ch., de Metz.
577. La Vie inestimable du grand Gargantua, père de Pantagruel. Lyon, François Juste, 1537, pet. in-16, goth., mar. vert, large dent., doublé de mar. rouge, dent., tr. d. (Koehler). 180 fr. pour Salmon de Tour. 
639.Œuvres complètes de Voltaire. Kehl, 1784-1789, 70 vol. in-8 ; Supplément au recueil des lettres de Voltaire, Paris, Xhrouet, 1808, 2 vol. in-8 ; Suite de 140 eaux-fortes d’après Moreau le Jeune et Monnet, suivi d’un brouillon autographe de Voltaire de 4 p., in-8. En tout 73 vol. in-8, gr. pap. vél., mar. r., dent., doublé de moire bleue, tr. d. (Belle rel.de Bozerian). 995 fr. au libraire Techener.
662. Les Passaiges doultremer faitz par les françoys. Paris, Michel Lenoir, 27 novembre 1518, pet. in-fol. goth. à 2 col., mar. lie-de-vin doublé de mar. vert, fil., tr. d. (Koehler). 195 fr. pour le comte de Lescalopier.
695. Jul. Caesaris de bello gallico. 1473, pet. in-fol., mar. rouge, comp., tr. d. 230 fr. au baron de Salis.
710. La Bataille faicte par dela les Mons devant la ville de Pavie. Pet. in-4, goth., 3 fig. gravées sur bois, mar. r. , fil. tr. d. (Bauzonnet). 260 fr. au libraire Tilliard, pour M***, de Gand.
863. Le Imagini con tutti i riversi trovati. Parma, Enea Vico, 1558, fig., in-4, mar., tr. d. Sur le titre, signature d’un seigneur de Labourdaizière. Bel ex. de Grolier. 500 fr. Marquis de Coislin, 1847 : 400 fr. Libri, Londres, 1849 : 15 £ 10 sch.
868. Les Vies des plus illustres philosophes de l’Antiquité, trad. du grec de Diogène Laerce. Amsterdam, 1758, 3 vol. in-12, fig., mar. r., fil., tr. d. (rel. de Chameau, relieur du duc de La Vallière). Superbe ex. 39 fr.

Les reliures sont majoritairement de François Koehler (372 lots, soit 41%), élève de Joseph Thouvenin (1791-1834), dit « l’Aîné », qui a exercé de 1834 à 1849, de Marc-Hippolyte Duru (80 lots, soit 9%), actif de 1840 à 1863,  et de Laurent-Antoine Bauzonnet (79 lots, soit 9%), actif de 1829 à 1851. Suivent Bozerian (38 lots), Padeloup (19 lots), Derome (18 lots), Thouvenin (17 lots), Muller (16 lots), Simier (9 lots), Du Seuil (7 lots), Thompson (6 lots), Bradel (4 lots), Closs (3 lots), etc.
  
Il ne put s’empêcher de créer une nouvelle bibliothèque. Cailhava n’avait pas d’ex-libris imprimé ou gravé.




Un très petit nombre de livres furent reliés en maroquin par le relieur lyonnais Jean-Pierre Bruyère (1804-1870), avec son chiffre « LC » sur les plats.








Ce fut alors qu’il édita encore, avec Jean-Baptiste Monfalcon (1792-1874), bibliothécaire de la ville depuis 1847, les Euvres de Louïze Labé, Lionnoize (Paris, impr. Simon Raçon, 1853, in-8, 120 ex.), qui est un chef-d’œuvre de typographie.
Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, il fut obligé une seconde fois de se défaire de sa bibliothèque, rue des Bons Enfants, du lundi 8 au samedi 13 décembre 1862 :




Catalogue d’un choix de livres anciens rares et curieux de la bibliothèque de M. Léon Cailhava (Paris, J. Techener, 1862, in-8, [3]-[1 bl.]-VII-[1 bl.]-184 p., 975 lots). Techener, se servant du nom de Cailhava pour faire des affaires, glissa dans la collection de l’éminent bibliophile des ouvrages qui prirent immédiatement une valeur aux yeux des acheteurs.
Tenant compte du goût éclairé de Cailhava pour les raretés et les belles impressions, on peut dédaigner tout ce qui pouvait être acheté couramment chez un libraire et ne retenir que les véritables curiosités lui ayant appartenu :

8. Psalmes du royal prophete David. Lyon, Estienne Dolet, 1542, in-16, lettres rondes, mar. brun, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 90 fr.
18. Retratos o tablas de las historias del testamento viejo. Lyon, Joan. Frellonius, 1549, in-4, mar. brun, fil., comp., tr. dor. (Niedrée). 280 fr.
20. Historiarum memorabilium ex Genesi descriptio, per Gulielmum Paradinum. Lyon, Joan. Tornaesium, 1558, pet. in-8, gravures du Petit Bernard, mar. brun, comp., mosaïque. (Duru). 192 fr.
21. Figures de la Bible déclarées par stances, par G. C. T. (Gabriel Chapuis, Tourangeau). Lyon, Estienne Michel, 1582, in-8, mar. brun, fil., comp., tr. dor. (Duru). 430 fig. du Petit Bernard. 225 fr.
36. S. Aur. Augustini, de Civitate Dei. 1467, gr. in-fol. goth., cuir de Russie. Mêmes caractères que le Lactance imprimé dans le monastère de Subiaco en 1465. 450 fr.
37. S. Augustinus ; de verae vitae cognitione libellus. In-4, cuir de Russie, fil., tr. dor. Porte à la fin l’écusson de Fust et de Schoeffer. 36 fr.
38. Sancti Augustini Confessionum libri XIII. In-fol., goth., cuir de Russie, fil., tr. dor. Impr. vers 1468 à Strasbourg par Jean Mentelin. 190 fr.
50. Brief et utile discours sur l’immodestie et superfluité d’habits, par M. H. D. C. P. A. L. [Hiérosme De Chastillon Président A Lyon]. Lyon, Ant. Gryphius, 1577, in-4, veau fauve, fil., tr. dor. (Bauzonnet). 51 fr.



60. De imitatione Christi. Metz, Joh. Colini et Gerhardum, 1482, pet. in-4, mar. brun, tr. dor. janséniste (Duru). Premier livre imprimé à Metz avec date. 380 fr.
105. Bonifacius, Papa VIII. Liber sextus decretalium. Moguntiae, Petrum Schoyffer, 17 avril1470, in-fol., mar. br., fers à froid. Sur vélin, avec initiales peintes en couleurs. 1.260 fr.
112. Platonis opera. Lyon, Jean de Tournes, 1550, 5 vol. in-16, mar. vert, fil., comp., tr. dor. 480 fr.
122. Les Essais de Michel de Montaigne. Paris, Abel l’Angelier, 1595, in-fol., mar. vert russe, tr. dor. (Duru). 575 fr.




177. Dietterlin. Architectura. Nürnberg, 1598, gr. in-fol., mar. r., fil., comp., tr. d. (Hardy). 445 fr.
182. Dictionnaire des graveurs, anciens et modernes, depuis l’origine de la gravure, par Basan père et fils. Paris, 1809. Ex. remonté sur papier in-4 et relié en 4 vol., dos et coins de mar., dorés en tête, non rognés, enrichi de 317 estampes anciennes. 600 fr.
184. Illustrium Ymagines. Lyon, Ant. Blanchard, 1524, pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Capé). Marque de François Juste au titre. 46 fr.
185. Holbein. Les Simulacres et Historiées Faces de la mort. Lyon, 1538, pet. in-4, mar. noir, fil., fers à froid, tr. dor. 420 fr.
190. Costumes de tous les peuples du monde. Gr. in-fol., mar., r., comp., tr. dor. 780 fr.
196. Le Livre du roy Modus. Chambéry, Antoine Neyret, 20 octobre 1486, in-fol., fig. sur bois, mar. r., dent. à l’inter., tr. d. (Trautz-Bauzonnet). Premier livre imprimé sur la chasse. Non vendu.
218. Dolet. La Manière de bien traduire d’une langue en l’aultre. Lyon, Dolet, 1541, in-4, mar. r., fil., tr. d. (Niedrée). 141 fr.
223. Stephani Doleti orationes duae in Tholosam. S. l. [Lyon], s. n. [Sébastien Gryphe], s. d. [v. 1533], pet. in-8, mar. vert, fil., tr. dor. (Hardy). 64 fr.
245. De tristibus Franciae libri quatuor. Lugduni, typis Perrin, 1840, in-4, avec des vignettes, mar. vert, fil., comp., dorure à petits fers, tr. dor., étui. (Bauzonnet). Tiré à 120 ex. Ex. de l’éditeur Cailhava, imprimé sur vélin, avec double titre or et noir. 1.180 fr.
246. Jurisprudentia a primo et divino sui ortu. Lyon, 1554, in-4, mar. bleu, fil., comp. à la Grolier, dent., tr. dor. (Koehler). 320 fr.
267. Lesperon de discipline, pour inciter les humains aux bonnes lettres. S. l., 1532, in-4, goth., veau marb., fil. Aux armes de Madame de Pompadour. 490 fr.
272. Clément Marot. Lyon, Jean de Tournes, 1573, in-16, mar. citr., fil., tr. dor., doublé de mar. rouge, riche dorure à petits fers. Rel. anc., dorure de Le Gascon. 190 fr.




282. Marguerites de la Marguerite des princesses, très-illustre royne de Navarre. Lyon, Jean de Tournes, 1547, 2 vol. in-8, fig. en bois, mar. viol., fil., tr. dor. (Thouvenin). 231 fr.
289.Œuvres de Louïse Labé Lionnoize. Paris, Simon Raçon, 1853, in-8, un des deux ex. sur peau de vélin [l’autre est chez Émile Gautier, à Nantes], mar. r., coins et fleurons sur les plats, tranche ciselée avec chiffre (riche rel. de Duru, dite « à la Rose »). 1.200 fr. pour le duc d’Aumale.
304.Œuvres françoises de Joachim du Bellay, gentilhomme angevin. Lyon, Ant. de Harsy, 1575, pet. in-8, mar. rouge, fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 260 fr.
323. Chrestienne récréation de Jean-Denis de Cecier. Berne, Jean le Preux, 1601, pet. in-8, mar. rouge, fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 131 fr.
337. Recueil des œuvres poétiques du sieur David Rigaud, marchand de la ville de Crest. En Dauphiné. Lyon, 1653, pet. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Niedrée). 220 fr.
422. Dante, con nuove et utili ispositioni. Lione, G. Rouillio, 1575, in-16, mar. brun, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 70 fr.
448. L’Homme pécheur, par personnages joué en la ville de Tours. Paris, Pierre le Dru, 1508, in-fol. goth., mar. r., fil., doublé de mar. bleu, dent., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Provient de la bibliothèque de De Bure et Armand Bertin. 3.750 fr.
500. La Nef des princes et des batailles de noblesse […] par maistre Symphorien Champier. Paris, Phil. Le Noir, 1525, pet. in-4, goth., fig. en bois, mar. brun, fil., comp. (Capé). Recueil qui renferme 20 opuscules de Champier et 2 traités de Robert de Balzac. 390 fr.
502. Paris et la belle Vienne.Lyon, Claude Nourry, 1520, in-4goth., fig. en bois, mar. bleu, comp., fil., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. de Armand Bertin. 355 fr.
593. Les Louanges de la folie. Lyon, Benoist Rigaud, 1567, in-8, mar. vert, fil., tr. dor. (Duru). Ex. de Coste. 68 fr.
634. La Récréation ou mignardises et devis d’amours. Lyon, Benoist Rigaud, 1583, in-16, mar. vert. 30 fr.
636. L’Amant resuscité de la mort d’amour, par Theodose Valentinian. Lyon, Maurice Roy et Loys Pesnot, 1557, in-4, veau fauve, fil., tr. dor. (Niedrée). 30 fr.
639. Les Différens Caractères des femmes du siècle. Lyon, 1695, in-12, mar. br., tr. d. (Trautz-Bauzonnet). 48 fr.
643. Hécatomphile, de vulgaire italien. Lyon, François Juste, 1534, pet. in-8 goth. allongé, mar. r., fil., tr. dor. 109 fr.
669. Proverbios de Seneca. Sevilla, Juan Croberger, 1535, in-fol. goth. à 2 col., lettres initiales gravées en bois, mar. brun, fil., riches comp., tr. d. (Capé). 345 fr.




696. Le Premier Livre des narrations fabuleuses, avec les poésies de Guillaume Gueroult. Lyon, R. Granjon, 1558, in-4, mar. bl., fil., tr. d. (Bauzonnet-Trautz). Imprimé en caractères de civilité. Ex. de Armand Bertin. 285 fr.
729. Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français. Paris, Didot, 1820-1829, 6 vol., gr. in-8, papier vélin, d.-rel., v. n. rog. Tirage à 30 ex. 425 fr.
733. Les Maravilles [Merveilles] de Rome. Rome, Antoine de Bladi de Asula, 1524, pet. in-8 goth., 9 fig. en bois, mar. brun, fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 396 fr.
750. Les Fleurs et Manières des temps passez. Genève, Loys M. Cruse, 1495, in-fol. goth., fig. en bois, mar. brun, fil., comp., tr. d. (Duru). 555 fr.
788. Les Grandes Croniques de France (dites de Saint-Denis). Paris, Guillaume Eustace, 1514, 3 vol. in-fol., mar. bleu, fil., tr. dor., les plats entièrement parsemés de fleurs de lis (Capé). 1.295 fr.
793. Les Chroniques du tres chrestien & tres victorieux Loys de Valoys. S. l. [Lyon], s.n. [Michelet Topie de Pymont], s.d. [v.1488], in-fol. goth., mar. r., fil., doublé de mar. bleu, dent., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Connu sous le nom de « Chronique scandaleuse ». 1.545 fr.
804. Interprétation grecque, latine, toscane et françoise du Monstre, ou Enigme d’Italie (par Gabriel Syméon). Lyon, Ant. Voulant, 1553, in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 91 fr.
819. L’Oracle du chant de Protée, où sont prédictes les glorieuses victoires de Henry IIII. Lyon, Th. Ancelin, 1594, pet. in-4, mar. bleu, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 110 fr.
822. La Gazette française, par Marcellin Allard, Forèsien. Paris, P. Chevalier, 1605, pet. in-8, mar. r., tr. dor. (Duru). 275 fr.
868. Description de la Limagne d’Auvergne en forme de dialogue. Lyon, Guillaume Rouille, 1561, in-4, fig., mar. bleu, fil., tr. dor. (Hardy). 131 fr.
876. Cy commence ung petit livre de lantiquite origine et noblesse de la tres antique cite de Lyon. Imprime a l’Isle Gallique dicte Lyonnoise, 1529, in-4 goth., mar. r., f., tr. d. (Duru). 188 fr.


878. Histoire civile et consulaire de Lyon, par le F. Claude-François Menestrier. Lyon, 1696, gr. in-fol., fig., mar. r., fil., comp., tr. dor. (Koehler). 225 fr.
884. Le Grant Triumphe faicte des nobles princes, M. le Dauphin et le noble duc d’Orléans, et de la royne madame Aliénor, en la noble ville et cité de Lyon. S. l., s. d. [v. 1530], pet. in-8 de 4 f. goth., mar. r., dent., fil., tr. dor. 510 fr.
889. Mémoires de l’histoire de Lyon, par Guillaume Paradin de Cuyseaulx, doyen de Beaujeu. Lyon, Ant. Gryphius, 1573, in-fol., mar. r., fil., dos riche, tr. dor. (Duru). 187 fr.
895. Les Mazures de l’abbaye royale de l’Isle Barbe lez Lyon. Paris, J. Couterot, 1681, 2 vol. pet. in-4, mar. vert, fil., tr. dor., fig. gravées. (Duru). 380 fr.                   

Le produit de cette vente a été de 77.363 francs et 75 centimes ; il aurait été plus élevé si plusieurs articles importants n’avaient pas été retirés.                   
La belle fortune de Cailhava s’était considérablement amoindrie. Assailli par les hommes d’affaires, il succomba dans les soucis le 15 décembre 1863, à son domicile, et fut inhumé à Sainte-Foy-les-Lyon, dans le tombeau de sa famille. Il avait eu une aventure prolongée avec l’actrice Virginie Déjazet (1798-1875), mais était resté célibataire.


« Ceux qui n’ont pas vu l’auction Yemeniz n’ont rien vu » *

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Îles des Princes
A. I. Melling. Voyage pittoresque de Constantinople et des rives du Bosphore. Paris, P. Didot l'aîné, 1819

De nationalité grecque, Nicolas Yemeniz [sans accent sur les « e »] est né le 15 avril 1783 dans l’île de Chalki [aujourd’hui Heybeliada, Turquie], la deuxième en importance des neuf îles des Princes, en mer de Marmara, à quelques kilomètres de Constantinople [aujourd’hui Istanbul], dont elles formaient l’un des districts. Ses parents habitaient le Phanar, ou Fanar, quartier grec de Constantinople, et Chalki leur servait de lieu de villégiature. Sa mère, Smaragda Photius († 1791), descendait de Photius (820-895), patriarche de Constantinople. Ayant participé aux soulèvements qui préludèrent à l’indépendance de la Grèce, son père, Yannakis Yemeniz, fut bientôt dépouillé de ses biens et, menacé dans son existence, dut s’enfuir à Bucarest (Roumanie). En 1822, son grand-père, gouverneur de l’île de Crète, sauva du massacre les chrétiens de l’île.

Nicolas Yemeniz était arrivé dès 1799 en France, avec l’intention de se mettre au service de la Russie, mais les événements le fixèrent définitivement à Lyon, où il s’associa à la maison « Séguin père et fils », avec lesquels il obtint en 1819 une médaille d’or pour des étoffes or et argent, que ces fabricants envoyaient presque exclusivement en Turquie et en Perse : les étoffes en dorure, les velours or et argent qu’ils ont exposés, étaient d’une rare magnificence, par la variété et la complication des dessins ; ces étoffes présentaient de grandes difficultés de fabrication qui ont été vaincues avec habileté par cette compagnie. Cette médaille d’or lui fut rappelée en 1827 sous la raison « Séguin et Yemeniz », puis lorsqu’il géra seul cette ancienne maison, quai Saint-Clair.

« Dans la fabrication des riches étoffes pour ameublement, M. Yemeniz n’a pas de maîtres, c’est tout au plus s’il a des rivaux. » (Archives du commerce. Paris, Bruneau et Renard, janvier 1845, p. 567)

Le 3 décembre 1817, Yemeniz avait bénéficié d’une ordonnance du Roi qui lui avait accordé des lettres de déclaration de naturalité.



Lyon, place Louis-le-Grand, au XIXe
Demeurant alors place des Terreaux [Ier], il épousa, le 4 juillet 1820,  Jeanne-Marie-Adélaïde Rubichon, née à Lyon le 21 floréal an X [11 mai 1802], qui demeurait avec sa mère place Louis-le-Grand [aujourd’hui place Bellecour, IIe], fille de défunt Claude-Gaspard Rubichon (1765-1816), négociant, et de Marie-Anne Bruyset-Ponthus (1764-1849), d’une famille de libraires catholiques et royalistes. Ils auront trois enfants : Martin-Augustin-Eugène (1828-1880), Pierrette-Marie-Louise (1831-1915) et Pauline-Marie-Charlotte (1834-1912).

Dès le début du siècle, une circonstance fortuite avait révélé à Yemeniz ses goûts de bibliophile :

« Un jour, il passait rue Lafont, devant la boutique d’un marchand de curiosités, M. Mercier, auquel il avait coutume d’acheter des bibelots rares. Le marchand l’arrêta, et lui mettant dans les mains un manuscrit [Preces piae. Ms. sur vélin, débutxve s., petit in-fol. dans une reliure en maroquin bleu de Simier] lui dit : “ Emportez cela. – Mais vous savez bien, répondit l’amateur, que je ne veux pas de livres. – Emportez cela, vous dis-je. Vous repasserez demain, et vous me direz si vous gardez mon manuscrit.” Devant cette insistance, M. Yemeniz se rendit, et, avant de partir, il demanda le prix de l’objet qui lui était imposé. “ Douze mille francs ”, répondit M. Mercier. Le lendemain, M. Yemeniz apportait les douze mille francs, il était bibliophile. »
(C. Latreille. « Un salon littéraire à Lyon (1830-1860). Madame Yemeniz ». In Revue d’histoire de Lyon. A. Rey et Cie, 1903, t. II, p. 24-25)

Dès lors, il se livra à une chasse ardente aux livres rares, manuscrits et imprimés, dans toutes les librairies européennes, qu’il faisait revêtir de somptueuses reliures par les artistes parisiens lyonnais. Sa bibliothèque devint bientôt célèbre, au point d’éclipser celles de Charles Nodier, du baron Taylor, du prince d’Essling et d’Armand Bertin. Il entra le 25 décembre 1844 à la Société des Bibliophiles français, remplaçant Jules Janin démissionnaire, et publia à ses frais, toujours à très petit nombre, des ouvrages d’histoire, de littérature et d’archéologie : De urbe et antiquitatibus Matisconensibus liber (Lugduni, Ludovicus Perrin, 1846), de Jean Fustaillier ; Declamationes XIII […] curante Joanne Fr. Boissonade (Parisiis, Dumont et Leleux, 1848), de Georges Pachymère ; Entrée de Charles VIII à Vienne le premier décembre 1490 (Lyon, Louis Perrin, 1850) ; Inventaire des titres recueillis par Samuel Guichenon (Lyon, Louis Perrin, 1851) ; Recherches sur le commerce, la fabrication et l’usage des étoffes de soie, d’or et d’argent et autres tissus précieux enOccident, principalement en France, pendant le Moyen Âge (Paris, Crapelet, 1852, 2 vol.), par Francisque-Michel ; Œuvres du chanoine Loys Papon, seigneur de Marcilly, poète forézien du xvie siècle (Lyon, Louis Perrin, 1857) et un Supplément (id., 1860) ; Aperçu sur les variations du costume militaire dans l’Antiquité et au Moyen-Âge (Lyon, Louis Perrin, 1857), par André Steyert.    



Nicolas Yemeniz en 1868


« De toutes les personnes qui vous connaissent, et le nombre en est grand, il en est peu qui sachent de combien de choses s’occupe votre esprit si actif, si curieux, si pénétrant, en un mot si bien doué. Pour les habitués de la salle Silvestre, pour les bibliophiles, vous êtes le collecteur le plus délicat des trésors de la littérature grecque de tous les temps et des productions de la littérature française du moyen âge, le patron le plus enthousiaste des Bauzonnet, des Niedrée et des autres princes des relieurs modernes. […]
Admis dans votre bureau de commerce, comme dans votre cabinet d’objets d’art, pendant le court séjour que je fis à Lyon en 1850, je profitai de la circonstance, moins pour puiser des lumières bibliographiques et recréer mes yeux de la vue des admirables reliures que renferme votre bibliothèque, que pour m’instruire des progrès, et, jusqu’à un certain point, des procédés d’une industrie qui, entre vos mains, est devenue un art. » (Francisque-Michel. « A Monsieur N. Yemeniz ». In Recherches sur le commerce, la fabrication et l’usage des étoffes de soie. Paris, Crapelet, 1852, t. I, p. I-II) 

Yemeniz recueillit avec soin les éditions originales des classiques grecs (Homère), latins (Cicéron, Virgile et Ovide), français (du xve au xviie siècle) et italiens. Il rassembla 51 manuscrits (36 sur vélin, 15 sur papier), du xiiie au xviie siècle. Les livres appartenant à la bibliographie lyonnaise s’élevèrent au nombre de 505, dont 96 sortaient des presses de Jean de Tournes et 13 de celles de Dolet. Les reliures furent l’ornement et la gloire de sa bibliothèque : Ève (2), Le Gascon (8), Duseuil (30), Boyet (1), Padeloup (30), Derome (89), Simier (36), Thouvenin (16), Courteval (5), Lebrun (2), Bozerian (27), Lefebvre (1), Bauzonnet (98), Bauzonnet-Trautz (65), Trautz-Bauzonnet (243), Bauzonnet-Purgold (1), Purgold (2), Niedrée (135), Koehler (124), Duru (125), Capé (47), Thompson (13). Treize volumes avaient fait partie de la bibliothèque de Grolier (le n° 75 de son catalogue de vente n’est pas un exemplaire de Grolier).



Vingt livres habillés pour Yemeniz se reconnaissent par un chiffre formé de deux « Y » entrelacés, frappé aux angles et au centre des plats, reliures dites « à l’Y ».



À l’intérieur de ses livres figure un ex-libris composé d’une médaille qui présente ses deux faces, côte à côte : sur l’une, on voit un lion avec le mot « Lugdun » ; sur l’autre, le mot « Yemeniz », dont les lettres sont disposées de manière à former une croix.

Lors de leurs fréquents voyages à Paris, les Yemeniz avaient été mis en rapport avec le monde politique et littéraire de la Restauration par un des oncles d’Adélaïde Yemeniz, l’économiste royaliste Maurice Rubichon (1766-1849).




Adélaïde Yemeniz tint ensuite à Lyon un salon célèbre, de 1830 à 1860, dans leurs appartement du 1 rue Saint-Joseph [aujourd’hui rue Auguste Comte, IIe], puis de l’hôtel de Cuzieu, 30 rue Sainte-Hélène [IIe] ; elle fut une correspondante fidèle de Félicité de La Mennais (1782-1854).
Mais Adélaïde Yemeniz décéda prématurément le 10 avril [et non le 10 mai] 1860, âgée de 58 ans, dans sa résidence de Fontaines-sur-Saône (Rhône).



Tombe des Yemeniz au cimetière de Loyasse

Elle fut inhumée au cimetière de Loyasse, sur la colline de Fourvière, le Père-Lachaise lyonnais. Devenu veuf à 77 ans, Yemeniz, découragé et dégoûté de tout, n’ouvrit plus ses livres et décida de s’en séparer. Ils étaient, paraît-il, remplis de poussière quand il les céda pour 400.000 francs, le 4 février 1867, à la librairie Bachelin-Deflorenne ; ils furent revendus le 15 février suivant à la maison Firmin Didot frères, fils et Cie, par l’intermédiaire de Ambroise Firmin-Didot qui, guidé par un sentiment national, a voulu permettre aux amateurs français de disputer à l’étranger les trésors de cette bibliothèque.




Le Catalogue de la bibliothèque de M. N. Yemeniz membre de la Société des Bibliophiles français, de la Société française d’archéologie, chevalier de la Légion d’honneur, consul de Turquie (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, in-8, lxiv-823-[1 bl.] p., 3.954 lots) est précédé d’une « Notice sur la bibliothèque de M. Yemeniz » par Le Roux de Lincy et d’une « Table spéciale des manuscrits, livres imprimés sur vélin, livres uniques ou seul connus, reliures, etc. », et se termine par un « Index alphabétique des noms d’auteurs et des ouvrages anonymes ». Il est une mise à jour du Catalogue de mes livres (Lyon, L. Perrin, 1865-1866, 3 vol. in-4, [6]-243-[1], [4]-307-[1] et [4]-215-[1] p., 3.763 numéros, 100 ex.), rédigé et publié sous la pression de ses amis.

« Un des grands événements bibliographiques de notre époque est sans contredit la vente annoncée pour le 9 mai prochain de la bibliothèque de M. Yemeniz. Il n’est personne qui ne connoisse au moins de réputation le musée du célèbre bibliophile lyonnois, et l’on sait déjà que de toutes les bibliothèques mises aux enchères, depuis mémoire d’homme, aucune n’a offert une pareille réunion de raretés, de curiosités et de bijoux enviables. Je n’en excepte ni la vente Solar et Double, ni celle de M. Cigogne, ni même celle du prince d’Essling, d’ailleurs si remarquables et qui firent tant de bruit en leur temps. » (Louis Paris. Le Cabinet historique. Paris, Au Bureau, 1867, t. XIII, Première partie-Documents, p. 75)

« La qualité de l’exemplaire, qui fixe le véritable prix d’un livre curieux et rare, manquait à la plupart des livres de cette collection. Aussi la bibliothèque de M. Yéméniz [sic] a-t-elle été une déception pour les amateurs. » (Léon Techener. Bulletin du bibliophile. Paris, 1867, p. 226)

La vente eut lieu à l’Hôtel Drouot, du 9 au 31 mai 1867, en 19 vacations.



25. Novum Testamentum (graece).Paris, Robert Estienne, 1546, 2 vol. in-16, mar. vert, large dent., tr. dor. (anc. rel.). Ex. réglé. 41 fr.
52. Missale ecclesiae Argentinensis, scriptum anno 1467. In-4, mar. bleu, riches compart., doublé de tabis, tr. dor. [la reliure n’est pas de Bozerian, comme il est dit au catalogue, mais de Courteval, Paris, 1811]. Manuscrit sur vélin dans lequel on a intercalé 38 peintures paraissant appartenir à l’époque des croisades. 2.400 fr.
69. Preces piae. Petit in-fol., mar. bleu, riches compart., doublé de moire d’or, dent., tr. dor., fermoirs en vermeil ciselé, dans un étui (Simier). Manuscrit sur vélin, du début du xve siècle, 17 petites miniatures et 35 grandes. 23.200 fr. à Boone, libraire à Londres, pour le British Museum, contre le baron de Rothschild.
71. Officium B.Mariae Virginis.Pet. in-4, peau de truie, riches ornements à froid, fermoirs en métal oxydé, dans une boîte en peau de truie (Trautz-Bauzonnet). Manuscrit fin xve-début xvie siècle, sur vélin noir, en lettres courantes en argent, et capitales en or sur fond de couleur. 14 grandes miniatures en or et couleurs. 6.000 fr. à Ambroise Firmin-Didot.
73. Preces piae. In-4, mar. jaune, à compartiments estampés, en creux et relief, fermoirs en cuivre gravé et doré, et fleurs de lis dans les compartiments. Manuscrit sur vélin du xive- xve siècle, 15 grandes miniatures. 1.900 fr. à Lesoufacher.
76. L’Exercice de la messe, et l’Office de la Vierge, écrits par N. Jarry, 1663. In-24, relié en velours bleu, doublé de tabis, fermoirs en vermeil représentant des fleurs de lis. Manuscrit, 4 miniatures. 2.750 fr.
87. Heures à l’usage de Rome. Paris, Anthoine Vérard, 2 mai 1500. In-4, mar. citron, dent. et ornements à froid, doublé de mar. bleu, dent., tr. dor., fermoirs en argent. (Anc. rel.). Sur vélin, 19 grandes gravures et 19 petites. A appartenu à la duchesse du Maine, puis à De Bure. 2.000 fr. à Techener, pour le duc d’Aumale.



103. Heures à lusaige de Romme. Paris, Gilles Hardouyn, 1509, gd. in-8, mar. olive, compart., tr. dor. (anc. rel.). Sur vélin, 20 fig. sur bois. 805 fr.
141. Speculum humanae salvationis. In-fol., fig. sur bois, mar. bleu, compart., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Acheté chez Techener, avant reliure. Attribué à Gunther Zeiner, Augsbourg, v. 1471, par Heinecken. 1.950 fr.
149. Historia S. Johannis Evangelistae ejusque visiones apocalypticae. In-fol., mar. vert, compart., tr. dor. (Smith). Édition xylographique de l’Apocalypse. L’exemplaire de Bearzi (qui n’est pas celui-ci) a été adjugé 6.000 fr. 5.000 fr. à Ambroise Firmin-Didot.




182. Harmoniae Evangelicae libri quatuor. Parisiis apud Galeotũ à prato, 1544, in-8, fig. sur bois, mar. raisin de Corinthe, filets à froid, tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Le dessin des fig. sur bois et attribué à Jean Cousin. 125 fr.
219. Le Grant Vita Christi en francoys. Lyon, Jacques Buyer et Mathieu Hus, 7 juillet 1487. Gros in-fol. goth., fig. sur bois, divisé en 2 vol. reliés en mar. bistre, ornements à froid, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Nombreuses et graves restaurations. 1.855 fr. à Julien, libraire.
295. Ars moriendi. Édition xylographique. Pet. in-fol., mar. bleu, large dentelle à froid. (Trautz-Bauzonnet). Ex. non rogné. 13 f.de texte imprimés d’un seul côté, 11 fig. coloriées. Attribué à Laurent Coster. 9.550 fr. à Ambroise Firmin-Didot.
353. Assertio septem sacramentorum adversus Martinum Lutherum. Londres, Pynson, 1521. In-4, veau brun, reliure restaurée, à laquelle on a conservé les plats de la reliure originale, représentant les armes d’Angleterre et la Rose. Ex. de Henri VIII avec sa signature. 5.600 fr. En 1849, un célèbre libraire anglais offrit à Yemenis un prix énorme pour cet exemplaire, en vain : Yemeniz n’a jamais voulu céder aucun volume de sa collection.
382. Legenda Sanctorum. Pet. in-4, mar. citron, compart. noir et or à la Grolier, doublé de vélin blanc avec dentelle or et couleurs, tr. dorée et ciselée. (Bauzonnet). Manuscrit du xive siècle sur vélin, exécuté en Italie, 22 miniatures. Acquis 1.000 fr. à la vente Chenest. 3.500 fr. à Techener, pour le duc d’Aumale.
404. Sensuit la tressainte vie mort et miracles de Monsr  Sainct Hierosme. Gd. in-fol., mar. rouge, riches compart. à petits fers, tr. dor., fermoirs en argent (Rel. à l’éventail de Duseuil). Manuscrit du xve siècle sur vélin.Provient de la vente Morel de Vindé. 1.500 fr. à Ambroise Firmin-Didot.
448. Coustumes du bailliage de Sens. Sens, Gilles Richeboys, 1556, in-4, veau fauve, riches compart. en mosaïque, tranche ciselée et fleurdelisée (Rel. à la Grolier). Ex. du roi Henri II, avec son buste en bas-relief sur les plats, imprimé sur vélin, les vignettes, les grandes lettres ornées et la marque de l’imprimeur sont peintes en couleurs et or. 2.450 fr. à Techener, pour le duc d’Aumale.



471. Loix et Dialogues de Platon. Amsterdam, 1769-1770, 4 vol. in-8, veau raciné, dent., tr. dor. Gd. papier. 10 fr.



523. Mil quatre vingtz et quatre demandes avec les solutions et responses a tout propos, œuvre curieux et moult recreatif, selon le saige Sidrach. Paris, Galliot du Pré, 1531. In-8, mar. bleu, filets et fleurons, tr. dor. (Duseuil). Aux armes d’Anne d’Autriche. 70 fr.
528. Le Grand Boece de consolation. Paris, Antoine Vérard, 29 août 1494, in-fol. goth. à 2 col., mar. r. doublé de mar. vert, compart. et dent., tr. dor. (à la Duseuil). Sur vélin, 6 grandes peintures. 6.900 fr.
536. (Christine de Pisan). Ci cõmence la table des rubriches du livre des 111 vertus a lenseignement des dames. In-fol., mar. r., fil., tr. dor. Manuscrit du xve siècle sur vélin. 9.500 fr. à Didot, contre Boone.
552. Il Libro del Cortegiano del conte Baldesar Castiglione. In Venetia, nelle case d’Aldo Romano e d’Andrea d’Asola suo socero, nell’ anno 1528, del mese d’Aprile. In-fol., veau brun à riches compartiments. Ex. de Grolier. Conservation médiocre. 1.050 fr.
614. La Grant Danse macabre des hõmes & des femes hystoriee & augmentee de beaulx dis en latin. Lyon, 18 février 1499. In-fol. goth., fig. sur bois, mar. bleu, tr. dor. Ex. de Gaignat et de Mac-Carthy. 2.000 fr. à Techener, pour le duc d’Aumale.
616. La Danse macabre + Les Trois Mortz & les Trois Vifs. Lyon, Claude Nourry, 1523. Pet. in-4 goth., fig. sur bois, mar. r., riche dent. à compart., doublé de mar. bleu, dent. (Trautz-Bauzonnet). Ex. non rogné. 1.650 fr. à Ernest Odiot.
617. La Grant Danse macabre des hõmes & des femes hystoriee & augmetee de beaultz ditz en latin. Troyes, Nicolas Le Rouge, 11 juin 1528. In-fol. goth., fig. sur bois, mar. noir, filets à froid, tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 1.560fr. à Techener, pour le duc d’Aumale.



641. Libro sotilissimo y provechoso para depreder a escreuir y cotar el qual lleua la misma orde que lleua un maestro con su discipulo en que estan puestas las cinco reglas mas principales de guarismo. S. l. [Sarragosse], 1555. In-4, titre rouge et noir encadré d’une vignette, fig., alphabet biblique gravé sur bois, mar. bleu, tr. dor. (Duru). 200 fr.
701. Hieronymi Cardani medici Mediolanensis, de subtilitate libri XXI. Norimbergae, apud Joh. Petreium, anno 1550. In-fol., veau fauve, compart. or et noir. Exemplaire de J.-J. De Bure adjugé 700 fr. à sa vente (1853, n° 293). Ex. de Grolier. Dos refait entièrement. 1.450 fr. à Bossange.
789. Aetii Antiocheni medici de cognoscendis et curandis morbis sermones sex, jam primum in lucem editos, interprete Jano Cornario Zuiccauien medico. Basileae, in officina Frobeniana, anno 1533. In-fol., veau fauve, compartiments ors et noirs. Ex. de Grolier. 1.000 fr.
802. La Maniere de traicter les playes faictes tãt par haquebutes que par fleches […] le tout cõposé par Ambroise Paré. Paris, veuve Jean de Brie, 1551. In-8, mar. jaune à compart., tr. dor. (rel. du temps à la Grolier). Sur vélin, fig. et majuscules peintes en or, argent et couleurs. 5.000 fr. à Didot.
868. Registrum speculi intellectualis foelicitatis humane. 1510. In-fol., veau à compartiments, tranche dorée. Ex. de Grolier. 720 fr.


Paris, vente Alde, 6 mars 2014 : 13.000 €
 


894. Epargne-bois, c'est-à-dire, Nouvelle et par ci-devant non commune, ni mise en lumiere, invention de certains et divers fourneaux artificiels, 1619, in-4, fig., mar. r. doublé de moire, fil., tr. dor. (anc. rel.). 60 fr.
961. Cy est le compost et kalendrier des bergiers. Paris, Guy Marchant, 10 septembre 1500. In-fol. goth., fig. sur bois, mar. vert, filets composés, doublé de mar. r. à compart., tr. dor. (Niedrée). Provient de la bibliothèque d’Armand Bertin. 1.850 fr.
1.036. Phebus de la chasse. In-fol., mar. jaune, compart. genre Grolier. Manuscrit sur vélin du xive siècle, 85 miniatures. 9.500 fr. pour le British Museum.
1.040. Livre de faulconnerie et des chiens de chasse compile par frere Jehan de Franchieres. Pet. in-fol., velours rouge. Manuscrit sur vélin du xve siècle, 5 miniatures, initiales en or et couleurs. A appartenu tour à tour à Gaignat, Mac-Carthy et Huzard. 3.050 fr. pour le British Museum.



1.148. Grammaire generale et raisonnée, contenant les fondemens de l’art de parler. Paris, Pierre le Petit, 1660, in-8, veau fauve, fil. tr. dor. (Bozerian). Ex. de De Bure. 15 fr.
1.336. M. T. C. epistolae familiares accuriatus recognitae. Venetiis, in aedibus Aldi, et Andreae Asulani soceri, 1522. In-8, mar. noir, compart., tr. dor. Ex. Grolier. Rel. très restaurée. 1.825 fr. à Boone.
1.389. Homeri opera, graece. Florentiae, sumptibus Bernardi et Nerlii, 1488, 2 vol. in-fol., mar. vert, tr. dor. (Derome). Chiffre BD entrelacés sur les plats. 2.420 fr.
1.472. A lõneur de Dieu. Lyon, Guillaume Le Roy,1483, in-fol. goth., fig. sur bois, mar. rouge, tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 1.780 fr. à Quaritch.
1.513. Michaelis Tarchaniotae Marulli Constantinopolitani epigrammata et hymni. Paris, Christian Wechel, 1529. Hilarii Cortaesii Neustri Volantilae. Paris, Simon de Colines, 1533. Huberti Sussanaei Ludorum libri. Paris, Simon de Colines, 1538. In-8, veau, tr. dor. Ex. de Grolier. 55 fr.
1.516. Actii synceri Sannazarii de partu Virginis, etc. Venetiis, in aedibus Aldi, 1527. In-8, mar. vert, filets, tr. dor. Ex. de Grolier. 200 fr.
1.588. Le Romant de la rose. S. l., s. d., in-fol. goth., fig. sur bois, mar. r., riches compart., doublé de mar. vert, large dent., tr. dor. (Niedrée). Édition originale. Titre refait. 1.530 fr.
1.611. Lestrif de fortune. S.l., s. d., in-fol. goth., mar. noir, tr. dor. (Duru). Attribué à Colard Mansion. A appartenu à Heber, puis au prince d’Essling. Yemeniz l’a fait recouvrir d’une reliure à l’Y. 7.000 fr. à Asher.
1.616. Les Fais maistre Alain Charetier. Paris, Pierre Le Caron pour Anthoine Vérard, s. d., in-fol. goth. à 2 col., relié en bois, recouvert de velours vert, larges coins et fermoirs en cuivre. Imprimé sur vélin, réglé, 2 grandes miniatures, lettres en or et en couleurs. A appartenu successivement à Pâris, à Mac-Carthy et à Heber. Yemeniz l’a acquis 3.605 fr. en 1847, à la vente Bourdillon. 11.050 fr. à Techener, pour le duc d’Aumale.



1.645. Le Passetemps de tout homme et de toute femme. Paris, Jehan Sainct Denys, s. d., pet. in-4 goth., mar. r., fleurons, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 430 fr.




1.652. Sensuyt le Bestiaire damours. S. l., s. d., in-4 goth. à 2 col., titre en rouge et noir, suivi de 6 figuresx de bestes. Mar. bleu, compart., doublé de mar. citron avec larges dentelles. (Trautz-Bauzonnet). 1.100 fr.
1.653. Cy est le Chevalier aus Dames. Metz, Gaspard Hochfeder, 1516, in-4 goth., fig. sur bois, mar. rouge, compart. chargés de petits fers, double de mar. bleu, larges dentelles (Bauzonnet-Trautz). Provient de la vente Wolters. L’exemplaire du prince d’Essling fut vendu 1.405 fr. à Dutuit. 2.075 fr. à Didot.
1.674. Le Debat de lhomme et de la femme. Paris, Jehan Trepperel, 1493. Et trois autres pièces rarissimes, s. d., réunies en un vol. in-4 goth., mar. rouge, fil. tr. dor. Yemeniz l’a acquis 720 fr. à la vente De Bure. 1.850 fr. à Giraud de Savine.
1.692. Le Doctrinal du temps present, par Pierre Michault, s. l., s. d. [Lyon, 1480, d’après Brunet], pet. in-fol. goth., fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (rel. anc.). Vendu 25 liv. 10 sch. chez Heber, est passé chez le prince d’Essling, à la vente duquel il a été adjugé 1.000 fr. à un bibliophile qui l’a rendu, parce qu’il n’y voyait pas un titre qui n’a jamais existé ; cet ex. a été revendu à Londres en février 1840 et adjugé 23 liv. à Payne et Fosse pour Yemeniz. 2.795 fr.
1.709. Ladolescence Clementine. Lyon, Guillaume Boulle, 1534, 3 parties en 2 vol. in-16, mar. bleu, fil., compart., doublé de mar. rouge, large dent., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 1.800 fr.
1.723. Les Abus du monde, par Pierre Gringore. Pet. in-4, mar. brun, fil. à compart., tr. dor. (Duseuil). Manuscrit sur vélin, 14 grandes miniatures en or et couleurs. Acquis pour 620 fr. par Yemeniz en 1844 à la vente Nodier. 4.100 fr. à Bancel.




1.727. Heures de Nostre Dame trãslatees de latin en françoys & mises en rhyme. Paris, Jehan Petit, s. d., in-4, impr. en rouge et noir, fig.sur bois, réglé, mar. r., tr. dor. (Duru). Ex. d’Audenet. 330 fr.
1.767.Œuvres du chanoine Loys Papon. 2 vol. in-8, mar. cramoisi, compart., genre Grolier, fermoirs et coins en argent, dans une boîte de mar. amarante (Trautz-Bauzonnet). Manuscrit sur peau de vélin, reliure à l’Y. A été édité en 1857 par Yemeniz. 2.450 fr. à Rattier.
1.778. Rymes de gentile et vertueuse dame D. Pernette du Guillet lyonnoise. Lyon, Jean de Tournes, 1545, in-8, non rogné ni ébarbé, cartonné (Bauzonnet). Adjugé à Yemeniz, contre Cigongne, 1.005 fr., à la vente Aimé Martin. 2.900 fr. à Lignerolles.
1.786. Lesperon de discipline. S. l., 1532, in-4 goth., mar. vert, comp., double de mar. r., dent., tr. ciselée (Koehler). Ex. de l’auteur, frère Antoine du Saix, imprimé sur peau de vélin. Payé 2.160 fr. à la vente Cailhava. 6.000 fr. à Boone.
1.911. Le Mistere de la conception nativite mariage et annõciation de la benoiste Vierge Marie. Paris, veuve feu Jehan Trepperel et Jehan Jehannot, s. d., in-4, mar. bistre, compart. estampés, doublé de mar. r., dent., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 2.000 fr.
1.922. Sensuyt la destruction de Troye la grant par personnaiges faicte par les Grecz. Paris, veuve feu Jehan Trepperel et Jehan Jehannot, s. d., pet. in-4 goth., fig. sur bois sur le titre et sur f. O3, mar. bleu, large dent., doublé de mar. r., dent. à compart., tr. dor. (Derome). Ex. de Gaignat et de De Boze (n° 3.362). 2.020 fr.
1.925. Lhomme juste & lhomme mondain. Paris, Anthoine Vérard, 19 juillet 1508, in-4 goth. à 2 col., réglé, mar. vert, large dent., doublé de mar. r. (Derome). Aux armes du marquis de Coislin. 2.000 fr. à Odiot.



2.026. Apophthegmata graeca Regum et Ducum. Paris, Henri Estienne, 1568, in-16, mar. bleu, dent., tr. dor. (Bozerian). 20 fr. 
2.030. Erasmi Roterodami adagiorum chiliades tres, ac centuriae fere totidem. Venetiis, in aedibus Aldi, mense sept. 1508. In-fol., veau fauve, fil., tr. dor.. Volume dérelié, a été relié par Bauzonnet quand il appartenait à Coste. Ex. de Grolier. 700 fr.
2.048. Dyalogue des creatures. Gouda, Gerard Leeu, 20 avril 1482, in-fol., fig.sur bois, mar. bleu doublé de mar. rouge, compart., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Acheté broché, à Gand, en 1849, et relié par Yemeniz. 6.000 fr.
2.072. Aesopi vita et fabulae, latine, cum versione italica. Naples, 1485, in-fol., fig. sur bois, mar. olive, compart., tr. dor. (rel. anglaise). Médiocre ex. 1.610 fr.
2.099. Explication des hieroglyphes d’Orus Apollo. Pet. in-4, veau noir à compart. dorés, aux armes de François Ier sur un plat et de la reine Claude sur l’autre. 2.450 fr. à Techener, pour le duc d’Aumale.



2.121. Dialogo dell’ imprese militari et amorose di Monsignor Giovio Vescovo di Nocera. Lyon, Guillaume Rouille, 1574, in-8, fig. sur bois, vélin doré. 20 fr.
2.160. Le Livre des conoilles. S. l., s. d., pet. in-4 goth., mar. vert, filets, double de mar. rouge à large dentelle, tr. dor. (Duru). Provient de la vente Cailhava. 1.500 fr.



2.177. Meslanges historiques, et Recueil de diverses matieres pour la plus part paradoxalles, et neantmoins vrayes. Lyon, Benoist Rigaud, 1588, in-8, vélin. 5 fr.



New York, Christie's, 23 avril 2001 : 358.000 $


2.249. Hypnerotomachia Poliphili. Venetiis, mense decembri 1499, in aedibus Aldi Manutii, in-fol., fig. sur bois, mar. bleu, large dent., double de moire orange, tr. dor. (Bozerian). Édition princeps. 960 fr.



2.267. La Vie et les Avantures surprenantes de Robinson Crusoe. Amsterdam, E. Van Harrevelt, 1779, 3 vol. in-12, fig., mar. vert, fil., tr. dor. (Derome). 230 fr.
2.270. Larbre des batailles. Paris, Anthoine Vérard, 8 juin 1493, in-fol. goth., fig. sur bois, mar. bleu, doublé de mar. rouge à large dentelle, tr. dor. (Duru). Vient de la vente Maréchal. 1.800 fr. à Didot.
2.272. Cest lhystoire du Sainct Greaal, qui est le premier livre de la Table ronde. Paris, Philippe Le Noir, 24 octobre 1523, in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. r., doublé de mar. vert à riche dentelle, tr. dor. (Duru). 2.000 fr. à Asher.
2.273. Tresplaisante et recreative histoire de tres-preux et vaillant chevallier Perceval Le Galloys. Paris, Jehan Lõgis, Jehan Sainct Denis et Galiot du Pré, 1er septembre 1530, in-fol. goth. à 2 col., mar. r., filets, doublé de mar. olive à riche dent., tr. dor. (Bauzonnet). 2.000 fr. à Asher.
2.280. Tristan chevalier de la Table ronde. Paris, Anthoine Vérard, s. d., in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (Padeloup). Aux armes du duc de Roxburghe. 5.000 fr. à Giraud de Savine.
2.285. Gyron Le Courtoys avecques la devise des armes de tous les chevaliers de la Table ronde. Paris, Anthoine Vérard, s. d. (v. 1501), in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (Padeloup). Aux armes du duc de Roxburghe. Ex. de Girardot de Préfond. 5.850 fr. à Dutuit.
2.288. Lancelot du Lac. Paris, Anthoine Vérard, 1er juillet 1494, 2 vol. in-fol., fig. sur bois, mar. r., large dent., mors de maroquin et dentelle, tr. dor. (rel. anglaise). 4.400 fr. à Quaritch.
2.292. Les Quatre Fils Aymon. Lyon, Claude Nourry, 1531, in-4 goth., fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (rel. moderne). 1.550 fr. à Ernest Odiot.
2.293. Les Quatre Fils Aymon. S. l., s. d., in-fol. goth., fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (Padeloup). Provient des bibliothèques de La Vallière [1784, 118 fr.], puis de Roxburghe [1812, 32 liv. 10 sh.]. 5.000 fr. à Giraud de Savine.
2.303. Ogier Le Danois duc de Dãmemarche. Lyon, Claude Nourry, 7 novembre 1525, in-4 goth., fig. sur bois, mar. r., compart., doublé de mar. vert à riches compart., tr. dor. (Thouvenin). Ex. De Bure. 2.200 fr.



2.307.[chiffré 2.037] Lhistoire tresrecreative traictant des faitz & gestes du noble & vaillant chevalier Theseus de Coulongne. Paris, Jean Bonfons, s. d., in-4 goth., mar. r., compart., tr. dor. (Bauzonnet). 600 fr. au baron Seillière.
2.308. Valentin et Orson. Lyon, Jacques Maillet, 30 mai 1489, in-fol., fig. sur bois, mar. bleu, compart., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Titre et premier feuillet de la Table refaits par Gobert. 2.050 fr. à Boone.
2.312. Fierabras. Lyon, Guillaume Le Roy, 20 janvier 1486, in-fol. goth., fig. sur bois, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Manque le premier feuillet. 2.950 fr. à Quaritch.
2.313. Fierabras. Lyon, Jacques Maillet, 21 juillet 1489, pet. in-fol. goth., fig. sur bois, mar. violet, comp. dor., orn. à froid, tr. dor. (Thouvenin). Acquis par Yemeniz en 1847, pour 855 fr., à la vente Bourdillon. Médiocre ex. 1.700 fr. à Didot.
2.314. Le Nouble Roy Ponthus. S. l., s. d., in-4, fig. sur bois coloriées, veau fauve, aux petites armes d’Orléans. En 1725, le comte de Toulouse l’avait payé 24 liv. 10 sols à la vente Du Fay. Acheté 1.853 fr., en 1852, à la vente du roi Louis-Philippe. 3.950 fr. à Giraud de Savine.
2.315. Ponthus et la belle Sidoine. Lyon, Guillaume Le Roy, s. d., in-fol. goth., fig. sur bois, mar. vert, compart. à froid, doublé de mar. r. à compart., tr. dor. Reliure à l’Y (Bauzonnet). Acheté 1.501 fr. à la vente du prince d’Essling. 3.350 fr. à Odiot.
2.316. Les Excelletes, Magnifiques et Triumphantes Chroniques des trèslouables et moult vertueux faictz de la saincte hystoire de bible du trespreux et valeureux prince Judas Machabeus. Paris, Anthoine Bonnemere, 1514, in-fol., mar. r., compart. à froid, doublé de mar. vert, large dent., coins et fermoirs en argent oxydé, dans un étui en mar. r. Reliure à l’Y (Trautz-Bauzonnet). Ex. sur vélin, de Lange, orfèvre à Saumur. 8.000 fr. à Boone.
2.322. La Genealogie avecques les gestes et nobles faitz darmes du trespreux et renomme prince Godefroy de Boulion. Paris, Jehan Petit, 29 octobre 1511, in-4 goth., fig. sur bois, mar. bleu jans., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 2.000 fr. à Odiot.
2.325. Pierre de Provence. S. l., s. d., in-fol. goth. à 2 col., mar. r., tr. dor. (Duru). Ex. du prince d’Essling. 2.700 fr. à Didot.
2.336. Le Recueil des histoires troyenes. Lyon, (marque de Michel Topie et de Jacques Herenberck), 1486, in-4 goth., fig. sur bois, mar. bleu, dent. à froid et coins en or, tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 1.510 fr. à Quaritch.



2.340. Lhystoire & cronicque du noble et vaillant Baudoin cõte de Flãdres lequel espousa le dyable. Lyon, Olivier Arnoullet, s. d., in-4 goth., fig. sur bois, mar. vert, tr. dor. (Duru). 460 fr.
2.353. La Melusine. Lyon, Mathieu Husz, s. d., in-fol., fig. sur bois, mar. vert, doublé de mar. r. à large et riche dentelle, tr. dor. (Bauzonnet). Vient de la vente du prince d’Essling. 5.700 fr.
2.355. Sensuyt les faits & gestes des nobles conquestes de Geoffroy à la Grande Dent. Lyon, Olivier Arnoullet, 25 octobre 1494, in-4 goth., fig. sur bois, mar. vert, fil., tr. dor. (anc. rel.). Aux armes de Marlborough. 1.720 fr. à Didot.
2.359. Cy commence Guy de Waruich chevalier Dãgleterre. Paris, Anthoine Couteau pour François Regnault, 11 mars 1525, in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. citron, filets et coins, doublé de mar. rouge, dent., tr. dor. (Bauzonnet). Ex. du prince d’Essling. 5.000 fr.
2.360. Histoire et ancienne cronicque de lexcellent roy Florimond. Paris, Jehan Longis, 20 avril 1528, in-4, fig. sur bois, mar. raisin de Corinthe, filets à compart., tr. dor. A appartenu à De Bure [1852, 455 fr.]. Provient de la vente Morel de Vindé [1823, 229 fr.]. 1.500 fr. à Didot.
2.377. Gargantua. La Plaisante, et Joyeuse Histoyre du grand geant Gargantua. Lyon, Estienne Dolet, 1542, 2 parties en un vol. in-16, fig. sur bois, mar. vert, compart. (Boyet). 1.580 fr.
2.676. Cosmographiae introductio. Saint-Dié, 1507, in-4, mar. vert, fil. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Marque de Gautier Lud au recto du dernier feuillet. Première édition. 2.000 fr. à Bossange.



2.698. Relation nouvelle et tres-fidelle du voyage de la Terre Sainte. Paris, Antoine Warin, 1700, in-12, veau fauve, filets, tr. dor. (Simier). 53 fr.




2.776. Histoire du gouvernement de Venise, avec le supplément, par le sieur Amelot de La Houssaie. Sur la copie à Paris, chez Frédéric Leonard, 1677, 2 vol. in-12, mar. bleu, fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 100 fr.



2.803. Scotorum historiae a prima gentis origine, cum aliarum et rerum et gentium illustratione non vulgari. Quae omnia impressa quidem sunt Iodoci Badii Ascensii typis et opera, impensis autem nobilis et praedocti viri Hectoris Boethii Deidonati. Paris, 1526. Ex. de Grolier. 450 fr.



2.876. Voyage du chevalier des Marchais en Guinée et les isles voisines, et à Cayenne, fait en 1725, 1726 et 1727, par le P. Labat. Amsterdam, 1731, 4 vol. in-12, fig., mar. bleu, fil., tr. dor. Vient du cabinet de la mère de J.-J. De Bure. 51 fr.
2.889. Paesi novamente retrovati : et novo mondo da Alberico Vesputio florentino intitulato. Milan, Jacobo et fratelli da Lignano, 17 novembre 1508, in-4, mar. vert chagriné, large dent. en or, filets à froid, chiffre aux quatre coins, tr. dor. Ex. de Nodier. 1.750 fr.



2.947. De viris illustribus ordinis praedicatorum Libri sex. Aeneis caracteribus impressi sunt Bononiae in aedibus Hieronymi Platonis. 1517, in-fol., fig. sur bois, veau fauve à compart. Ex. de Grolier. 3.050 fr. à Eugène Dutuit.
3.021. Discorsi di Nicolo Machiavelli. Aldus, 1540, in-8, veau fauve à compart. (dans un étui). Signature de Ballesdens au titre. Ex. Grolier. 4.150 fr. à Eugène Dutuit.



3.057. Le Imagini con tutti i riversi trovati et le vite degli imperatori.Venise, 1548, in-4, mar. r., compart. noir et or. Ex. Grolier. Acquis 1.800 fr. à la vente Parison. 4.250 fr. à Eugène Dutuit.



3.074. Polydori Vergilii urbinatis de rerum inventoribus libri octo. Basileae, apud Joan. Frob. anno 1525. In-fol., mar. noir, filets et compartiments, tr. dor. Ex. de Grolier. 590 fr. à Gancia.
3.084. Le Pas des armes de larc triumphal. Paris, Galiot du Pré, 23 décembre 1524, pet. in-4 goth., mar. rouge, fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Seul ex. complet connu. Provient d’Aimé Martin. Yemeniz l’a acquis en 1850 à la vente Tripier. 1.620 fr. à Didot.




3.119. Im Frauwenzimmer. Franckfurti, Sigmund Feyrabend, 1586, in-4, mar. r., tr. dor. (Niedrée). Édition avec texte allemande des costumes de femmes de Jost Amman. 105 fr.
3.214. Bertrand du Guesclin. S. l., s. d., in-fol. goth. à 2 col., fig. sur bois, mar. r., compart. à l’Y, doublé de mar. r., large dent., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 3.300 fr.au baron Seillière.
3.223. Premier volume, contenant quarante tableaux ou histoires diverses qui sont mémorables touchant les guerres, massacres et troubles advenus en France en ces dernieres annees. Gd. in-fol., cuir de Russie, filets à compart. 45 planches. 1.580 fr.
3.225. La Tresioyeuse Plaisante et Recreative Hystoire composee par le loyal serviteur, des faiz, gestes, triumphes et prouesses du bon chevalier sans paour et sans reproche le gentil seigneur de Bayart. Paris, Nicolas Couteau pour Galliot du Pré, 18 septembre 1527, in-4 goth., mar. r., fil., tr. dor. (Koehler). Ex. d’Audenet. 1.540 fr.
3.764. Le Temple de la gloire. N. Jarry. Paris, 1646, pet. in-8, mar. r. (Le Gascon). Couverture parsemée, à l’extérieur et à l’intérieur, des lettres CM entrelacées, couronnées de lauriers. Manuscrit sur vélin. 3.200 fr. à Techener, pour le duc d’Aumale.
3.765.Trattato del santo viaggio di Gierusalemme. Bologne, 1616, in-4, mar. bleu, compart. de mosaïque, coins à l’Y, doublé de mar. rouge à large dentelle, tr. dor. (Niedrée). Manuscrit du xviie siècle, autographe de l’auteur, Francesco Cavazzoni, avec nombreux dessins sépia. 2.100 fr. à Boone.



3.778. Icones mortis. Lugduni, sub scuto Coloniensi, 1547, in-12, mar. r., fil. tr. dor. Figures de la mort de Holbein. 115 fr.
3.801. Le Mystere de la conception et nativite de la glorieuse Vierge Marie. Paris, Jehan Petit, Geoffroy de Marnef et Michel Le Noir, 1507, in-fol. goth. à 2 col., mar. vert, fil., tr. dor. (Derome). Aux armes ajoutées du duc de Roxburghe. 2.850 fr.
3.850. Cleriadus. Le Livre de Cleriadus et Meliadice. Paris, Antoine Vérard, 1495, in-fol. goth., peau de truie à compart., petits fers à froid, coins et fermoirs en argent oxydé, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. unique, imprimé sur vélin [on n’en connaît aucun autre, même sur papier], enrichi de plusieurs grandes fig. sur bois enluminées, initiales en or et en couleur. Acheté 1.250 fr., avant la reliure. 10.000 fr. à Didot.                                                                  

La vente produisit la somme de 724.252 fr. 75 c., chiffre le plus considérable qu’aucune bibliothèque d’amateur ait jamais atteint : la vente Solar en 1860, la plus considérable de celles qui avaient eu lieu depuis quelques années, n’a pas dépassé 600.000 fr. ; les ventes les plus importantes, à des époques plus éloignées, celles de La Vallière en 1784 et celle de Mac-Carthy en 1816, ont rendu, l’une 464.677 livres, l’autre 404.746 fr.
Les plus beaux livres de cette collection ont été acquis pour le duc d’Aumale, pour le British Museum, pour la Bibliothèque impériale, par Ambroise Firmin-Didot, Giraud de Savine, Dutuit, le baron Seillière, le comte de Lignerolles, le baron Pichon, Lacarelle, Odiot, le comte de Villeneuve, Huillard, l’abbé Bossuet, le baron de Curnieu, Barjavel, Bocher, Lesoufacher, Scheffer, etc.
Les libraires français et étrangers qui ont apporté le concours le plus actif à cette vente, soit pour leur compte personnel, soit par commission, furent Potier, Techener, Fontaine, Tross, Lécureux, Coccoz, Cherbuliez, Labitte, Bossange, etc., de Paris ; Boone, Quaritch, Toowey, Ellis, Asher, de Londres ; Leleu, de Lille ; Maisonville et Jourdan, de Grenoble ; etc.
Le livre dont le prix a été le plus élevé fut Les Faiz maistre Alain Chartier, de Vérard, sur peau de vélin, acquis au prix de 11.050 fr. pour le duc d’Aumale ; parmi les manuscrits, celui qui a été adjugé au prix le plus considérable fut le Livre d’Heures de la dame de Saluces, acheté pour le British Museum, à 23.200 fr.



Une Table des prix d’adjudication a été publiée (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, in-8, 31-[1 bl.] p.).

Nicolas Yemeniz démissionna en avril 1868 de la Société des Bibliophiles français.



Hôtel Yemeniz (alias de Cuzieu), 30 rue Sainte-Hélène, Lyon (IIe)


Il mourut en son domicile lyonnais, rue Sainte-Hélène, le 30 avril 1871, à 8 heures et demie du matin, âgé de 88 ans, et rejoignit son épouse au cimetière de Loyasse.


* Joannis Guigard (Nouvel Armorial du bibliophile. Paris, Émile Rondeau, 1890, t. II,  p. 478).










Louis Aimé-Martin, l’ami fidèle de Lamartine

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N’en déplaise à Joseph-Marie Quérard (La France littéraire. Paris, Firmin Didot frères, 1833, t. 5, p. 579), à François-Xavier de Feller (Biographie universelle. Paris, J. Leroux, Jouby et Ce, 1849, t. V, p. 536), à Louis-Gabriel Michaud (Biographie universelle ancienne et moderne. Paris, Madame C. Desplaces, s. d., t. 27, p. 136) et à leurs serviles suiveurs jusqu’au xxie siècle, qui ne savent pas chercher un acte dans les archives de l’État-Civil : Antoine-Louis Martin, connu sous le nom de Louis-Aimé Martin, puis, à partir de 1815, de Louis Aimé-Martin qu’il s’était donné, ne se prénommait pas Louis-Aimé, ni Louis-Antoine-Marie, n’est pas né à Lyon en 1786, en 1779 ou le 17 avril 1782, ni en 1786 à Rillieux [Ain, où fut inhumée sa mère en 1834], et n’est pas mort le 18 novembre 1847 à Saint-Germain-en-Laye [Yvelines, où mourut sa femme le 16 novembre 1847]. Affirmer cette dernière date, c’était en outre ignorer que le « Discours prononcé sur la tombe d’Aimé Martin [sic] » par Alphonse de Lamartine était daté du 27 juin 1847 (La France parlementaire. Paris, Librairie internationale, 1865, t. 5, p. 24-26), même si l’éditeur s’est trompé de date, le discours étant du 23 juin. En tout état de cause, les réponses se trouvaient dans L’Intermédiaire des chercheurs et curieux du 20 octobre 1903 (col. 572). Enfin, que penser de l’auteur qui, en 1997, à la suite de Quérard (ibid.), a attribué à Antoine-Louis Martin l’Éloge historique de J.-H.-Désiré Petetin (Lyon, Ballanche père et fils, 1808), qui est en réalité de Aimé Martin (Saint-Rambert-en-Bugey, Ain, 1767-30 mai 1846), docteur en médecine, ex-chirurgien en chef de l’hôpital de la Charité à Lyon ?



Antoine-Louis Martin, dit « Louis Aimé-Martin », est né à Lyon [Rhône], le 21 avril 1782, fils unique d’un père qui avait combattu contre la Convention, au siège de la ville de Lyon, et fut baptisé le lendemain en l’église Sainte-Croix [détruite au xixe siècle] :

« Cejourd’hui vingt deux Avril mil sept cent quatre vingt deux Antoine-Louis fils de Sr Louis Martin Bourgeois et de Dlle Marie Royer son épouse né le jour d’hier a été baptisé dans l’église paroissiale de Ste Croix par moi vicaire d’icelle soussigné. Le parrain a été Sr Antoine Royer Bourgeois oncle maternel de l’enfant et la marraine Dlle Antoinette Pain fille majeure qui ont signé avec le pere présent et autres témoins. » [sic]

Antoine-Louis Martin, dit « Louis Aimé-Martin », est mort à Paris, le lundi 21 juin 1847, à son domicile, 15 rue des Petits-Augustins [aujourd’hui rue Bonaparte, VIe]. Ses obsèques furent célébrées le 23, en l’église de Saint-Germain-des-Prés :

«  Une affluence considérable a suivi jusqu’au cimetière du Père-Lachaise la dépouille mortelle de cet homme de bien, de cet excellent philosophe qui a laissé de si doux et de si utiles souvenirs dans la mémoire de ceux que ses écrits ont instruits et charmés, de vifs regrets dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu. Beaucoup de notabilités de l’armée et de la presse se faisaient remarquer parmi les nombreux amis qui lui rendaient les derniers devoirs : MM. les généraux de Gazan et de Garraube ; MM. de Lamartine, Charles Dupin, Jules Janin, Babinet, de l’Académie des Sciences ; Mahérault, sous-directeur du personnel au ministère de la guerre ; de Lancy, administrateur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève ; F. Fenillet, A. Tastu, Wey, Ferdinand Denys [sic], Philarète Chasles, du Collège de France, etc., etc.
M. de Lamartine, qu’une longue et fidèle intimité avait uni à M. Aimé Martin [sic], a pris la parole sur le cercueil. Nous reproduisons ces mots touchans [sic], dignes en tous points du grand orateur et du fidèle ami :
“ Messieurs, nous voici arrivés auprès de la tombe de l’immortel auteur de Paul et Virginie et des Etudes de la Nature pour y déposer le disciple à côté du maître. […]
Toute la vie d’Aimé Martin [sic] se raconte en un mot : il fut un homme de lettres dans l’antique et grande signification de ce mot ; c’est-à-dire qu’après avoir jeté un regard sur toutes les occupations, sur toutes les ambitions, sur toutes les gloires qui s’offrent à l’homme de talent à son entrée dans la vie, il n’en trouva qu’une digne de lui. Cultiver sa pensée, perfectionner son intelligence, grandir, ennoblir, élever, diviniser son âme et la reporter à son Créateur plus lumineuse, plus pure, plus sainte qu’il ne l’avait reçue de ses mains, découvrir Dieu dans ses œuvres, le faire comprendre, adorer, bénir dans sa création, ce fut sa tâche à lui. Sa vie entière ne fut qu’un travail ; ce travail ne fut qu’un acte de foi dans la Providence ici-bas, dans l’immortalité ailleurs. […] ” » (Journal des débats, jeudi 24 juin 1847, p. 2)




La tombe d’Aimé-Martin (106) était située entre le monument du chevalier de Parny (108) et celui du compositeur François-Adrien Boieldieu (105), non loin de celui de Bernardin de Saint-Pierre (88), où il repose avec ses deux enfants, Virginie (1794-1842) et Paul (1798-1856), et son gendre, le général de Gazan (1784-1849). [A. Henry. Le Père Lachaise historique, monumental et biographique. Paris, chez l’auteur, 1852].

***

Le goût des lettres avait poussé Aimé-Martin à renoncer au barreau et à s’installer au début du siècle – en 1809, dit-on – à Paris, où il occupa souvent diverses positions peu stables. Il a publié et édité un assez grand nombre d’ouvrages, plusieurs fois réimprimés. Il se fit connaître par la rédaction des Étrennes à la jeunesse, recueil d’historiettes morales en vers et en prose (Paris, Demonville, 1809-1812, 4 vol. in-18, fig.) et surtout la publication des Lettres à Sophie sur la physique, la chimie et l’histoire naturelle (Paris, H. Nicolle, 1810, 2 vol. in-8), qui furent bien accueillies du public et le signalèrent à l’attention de l’écrivain Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814). Celui-ci ne tarda pas à se l’attacher comme secrétaire et à le recevoir familièrement. Aimé-Martin édita une nouvelle édition du Traité de l’existence de Dieu (Paris, Demonville, 1811), par Fénelon, et publia un petit roman, Raymond (Paris, Panckoucke et H. Nicolle, 1812, in-8). En 1813, il fut chargé d’un cours d’histoire à l’Athénée. L’année suivante, il fut attaché à la rédaction du Journal des débats, auquel il donna de nombreux articles sur les sciences physiques, l’histoire naturelle et l’agriculture, et édita le Portrait d’Attila (Paris, Librairie Stéréotype, 1814, in-8), par Mme de Staël. En 1815, il fut pourvu de l’emploi de secrétaire-rédacteur à la Chambre des députés, grâce à la protection de son président, Joseph-Henri-Joachim Lainé (1768-1835), et édita les Harmonies de la nature (Paris, Méquignon-Marvis, 1815, 3 vol. in-8) de Saint-Pierre.
En 1816, lors de la réorganisation de l’École polytechnique, il fut chargé de la chaire de professeur de belles-lettres en remplacement de François Andrieux (1759-1833). Il édita les Œuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre (Paris, Méquignon-Marvis, 1818-1820, 12 vol. in-8, 20 fig.), précédées d’un « Essai sur la vie et les ouvrages de Bernardin de Saint-Pierre ». Quelques passages de cet « Essai » donnèrent lieu, en 1821, à un procès intenté par un des frères de Félicité Didot (1773-1799), première femme de Saint-Pierre, Léger Didot (1767-1829), qui se plaignit d’avoir été calomnié par Aimé-Martin : le tribunal condamna Aimé-Martin à 300 fr. d’amende et à 1.000 fr. de dommages et intérêts envers Léger Didot, ordonna que les pages 230 et 231, ainsi que la note au bas de cette dernière page, soient supprimées dans tous les exemplaires encore en vente ; Aimé-Martin ayant fait appel, la Cour royale réforma le jugement du tribunal de première instance en réduisant l’amende au minimum de 16 fr. et en n’allouant à Léger Didot que 25 fr. de dommages et intérêts ; la Cour suprême rejeta le pourvoi en cassation de Léger Didot.   



Aimé-Martin publia, sous le pseudonyme de Charlotte de Latour, Le Langage des fleurs (Paris, Audot, 1819, in-18, front. et 14 fig.), premier ouvrage sur ce thème. Il finit par épouser la veuve de Saint-Pierre, Marguerite-Charlotte-Désirée de Lafite de Pelleporc [sic] (Stenay, Meuse, 28 octobre 1780- Saint-Germain-en-Laye, Yvelines, 16 novembre 1847) : le contrat de mariage fut fait par Maître Flan, notaire à Chambly [Oise], le 8 juin 1822 et le mariage civil eut lieu le 12 juin, à Jouy-le-Moutier [Val d’Oise].
Il se fit encore connaître comme éditeur et annotateur desŒuvres complètes de J. Racine (Paris, Lefèvre, 1820-1821, 6 vol. in-8, fig.), des Réflexions ou sentences et maximes morales de La Rochefoucauld ; avec un examen critique (Paris, Lefèvre, 1822, in-8) et des Œuvres complètes de Molière (Paris, Lheureux, 1823-1824, 8 vol. in-8, fig.).

En 1825, Aimé-Martin céda sa première bibliothèque au libraire Antoine-Augustin Renouard, qui conserva tous les beaux exemplaires qui pouvaient enrichir ou améliorer sa collection, dont Le Grand Roy de Gargantua (Lyon, v. 1532, pet. in-4, goth., mar. violet, dent. tr. dor., rel. Thouvenin), seul exemplaire connu, qui atteignit le prix énorme de 1.825 fr. à la vente de 1854 [n° 2.180].



De ceux qu’il ne garda pas, Renouard fit une vente qui eut lieu à la maison Silvestre, en 29 vacations, du lundi 28 novembre au vendredi 30 décembre 1825 : Catalogue des livres de la bibliothèque de M. Aimé-Martin auxquels ont été joints ceux d’un amateur étranger (Paris, Antoine-Augustin Renouard, 1825, in-8, [7]-[1 bl.]-234 [i.e. 236]-[6] p., 2.716 + 412 lots).

« La Bibliothèque de M. Aimé-Martin, que l’on peut regretter de voir ainsi se disperser, présente une réunion vraiment remarquable de bons livres anciens et modernes, presque tous des meilleures et des plus rares éditions, sur les papiers supérieurs, et reliés avec une somptuosité et une perfection qui attestent le talent des principaux relieurs de Paris.
Plusieurs de ces volumes sont enrichis de lettres autographes de leurs auteurs, parmi lesquelles la seule que l’on indiquera ici est celle de B. Pascal, n° 1897 du Catalogue. Le goût recherché du propriétaire de cette brillante collection, se fait remarquer jusque dans les livres les plus étrangers à toute espèce de prétention au luxe. Les demi-reliûres, nombreuses dans cette bibliothèque, et sorties des mains de Thouvenin, Purgold, Simier, etc., ont dans leur simplicité une perfection égale à celle des volumes les plus luxueux. Aux livres de M. Aimé-Martin ont été réunis un certains nombre de volumes provenant de la bibliothèque d’un riche amateur étranger, décédé il y a quelques années, et qui avait formé sa collection dans les plus belles ventes de Paris.
On s’abstient de donner ici une liste sommaire, et nécessairement incomplète, des principaux articles de cette double collection que cinq minutes de lecture du Catalogue feront bien mieux connaître.
Le supplément est en deux parties ; la première du n° 1er au n° 157, se compose des doubles d’une bibliothèque étrangère. Le second supplément est une collection d’Elzeviers et de volumes du même genre, rassemblés par un amateur qui, pendant beaucoup d’années en a fait son principal amusement. Il s’y trouve plusieurs articles d’une très belle conservation.
Un des plus précieux volumes de la bibliothèque de M. Aimé-Martin ne sera pas exposé en vente publique, mais on l’offre ici aux amateurs, avec lesquels on pourra en traiter à l’amiable.
- Paul et Virginie, par H. Bernardin-de-Saint-Pierre. Paris, P. Didot l’aîné, 1806, petit-in-folio, non relié.
Cet exemplaire imprimé sur vélin, et le seul qui ait été tiré, est enrichi des sept dessins originaux, d’après lesquels ont été exécutées les gravures qui décorent cette édition. Les noms de Gérard, Girodet, Isabey, Lafitte, Moreau et Prudhon, auxquels sont dues ces belles compositions, sont pour les amateurs un témoignage non équivoque du mérite de leur ensemble. »

Le catalogue comprend un choix d’ouvrages intéressants en tout genre, les reliures étant soignées, quelques-unes somptueuses : Belles-Lettres (1.609 lots), Histoire (706 lots), Sciences et Arts (248 lots), Théologie (132 lots), Jurisprudence (21 lots).

961. Miracle de Monseigneur Saint-Nicolas, dung juif qui presta cent escus à ung chrestien à XVIII personnaiges. Paris, Jehan Treperel et Jehannot, in-4, 2 fig. sur bois, goth., mar. vert. 600 fr.
1.897.Œuvres de Blaise Pascal. Paris, Lefèvre, 1819, 5 vol. in-8, gr. pap. vel., m. bl., riche reliure. Au premier vol. est une lettre de Pascal. 350 fr. 

Ayant perdu son emploi à cause d’une polémique avec François Arago, Aimé-Martin était devenu directeur du dépôt légal de la librairie, établi à la Bibliothèque Sainte-Geneviève en 1830. Il publia une Réhabilitation d’Estienne Dolet (Paris, 1830, 60 ex.). De santé médiocre, il s’établit en 1832 à la campagne, au village de Châteaufort [Yvelines], où il trouva « une simple maisonnette, bien ombragée, bien rustique » et où il passa deux années consacrées au travail, dont le fruit fut De l’éducation des mères de famille (Paris, Charles Gosselin, 1834, 2 vol. in-8), ouvrage couronné par l’Académie française.
  
En 1835, son emploi fut supprimé, par suite de la réunion du dépôt légal de la librairie aux archives du ministère de l’Instruction publique, et il se retrouva quatrième conservateur à la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Il édita encore les Œuvres de Fénelon (Paris, Lefèvre, 1835, 3 vol.), les Œuvres de Saint Jérome (Paris, Desrez, 1838), les Œuvres philosophiques de Descartes (Paris, Desrez, 1838), les Lettres édifiantes et curieuses concernant l’Asie, l’Afrique et l’Amérique (Paris, Auguste Desrez, 1838-1843, 4 vol.), Les Mille et Un Jours, contes persans (Paris, Auguste Desrez, 1840), les Œuvres de Platon (Paris, Société du Panthéon littéraire, 1845, vol.), les Œuvres poétiques de Boileau Despréaux (Paris, Lefèvre, 1845), etc.
Son Plan d’une bibliothèque universelle (Paris, A. Desrez, 1837) servit d’introduction au « Panthéon littéraire », collection des chefs-d’œuvre de l’esprit humain conçue par le publiciste Émile de Girardin (1806-1881). Il publia encore une Histoire de la condition des femmes chez les peuples de l’Antiquité (Paris, Ébrard, 1839). Il a collaboré également au Journal des connaissances utiles, au Dictionnaire de la conversation et de la lecture, à Paris-Illustrations et au Bulletin du bibliophile.

Si Aimé-Martin était « un homme assez instruit, un éditeur estimable, mais un écrivain déclamateur et sot » (Sainte-Beuve. Correspondance générale. Paris, Stock, 1935, t. I, p. 426), il était surtout un ami très serviable. Lamartine, avec lequel il correspondait depuis 1824, en abusa souvent, lui empruntant de l’argent, lui demandant de veiller à l’approvisionnement de son domicile parisien en bois de chauffage et en avoine pour ses chevaux, ou d’obtenir des négociants le meilleur prix pour ses vins de Mâcon, et utilisant sa qualité de collaborateur du Journal des débats pour assurer la promotion de ses édits littéraires ou politiques.  

Très peu de temps avant sa mort, Aimé-Martin avait cédé sa deuxième bibliothèque à Joseph Techener.



La première partie fut vendue dans la salle de vente Techener du 4 rue de la Bibliothèque du Louvre, du lundi 15 au samedi 27 novembre 1847 : Bibliothèque de M. Aimé-Martin composée de livres anciens et rares la plupart en riches et élégantes reliures et tout particulièrement remarquable par des ouvrages précieux qui ont appartenu à des personnages célèbres, comme Le Tasse, Rabelais, Montaigne, Racine, Montesquieu, Bossuet, Bourdaloue, Lafontaine [sic], Voltaire, J.-J. Rousseau, etc. (Paris, Techener, 1847,in-8, X-[1]-[1 bl.]-194 p., 1.186 lots).

« La bibliothèque de M. Aimé-Martin, résultat de plus de vingt années de persévérance et de soins assidus, étoit une collection de livres exceptionnels, de curiosités bibliographiques véritables, que l’argent seul n’auroit pu fonder, si le savoir et le goût le plus exquis ne s’y étoient heureusement joints. Cette collection ne se montroit pas exclusive, bien loin de là : elle admettoit tout, pour ainsi dire. M. Aimé-Martin avoit trop d’esprit pour n’être pas quelque peu éclectique. Il est inutile de répéter ici que, dans le cabinet de l’écrivain recommandable, de l’homme au cœur droit, que nous nous surprenons encore à regretter chaque jour, se rencontroient, en nombre considérable, les meilleures compositions de nos anciens poètes, nos vieilles chroniques les plus intéressantes, nos plus naïfs romans de chevalerie. M. Aimé-Martin avoit encore une prédilection toute particulière pour les éditions originales des écrivains du siècle de Louis XIV. A force de recherches et de sacrifices, il étoit, à peu de chose près, parvenu à compléter cette inappréciable réunion des classiques françois. Les livres annotés avoient également un charme infini pour M. Aimé-Martin : il aimoit à surprendre la pensée intime des hommes illustres dans une note destinée à rester inconnue, dans une courte réflexion, dérobée à la foule, et négligemment tracée sur une marge. Aucune autre collection n’étoit, sous ce rapport, digne de rivaliser avec la sienne. »
(Bulletin du bibliophile. Paris, J. Techener, 1847, n° 12-décembre, p. 541)

1. La Sainte-Bible, en latin et en français. Paris, Lefèvre, 1828, 13 vol. in-8, d. rel. mar. viol., n. r. Ex. en gr. pap. vélin, fig. avant la lettre sur papier de Chine. 270 fr. à Riccardo.
5. Les Figures du Vieil Testament et du Nouvel. Paris, Anthoine Vérard, s. d. [v. 1503], pet. in- fol., goth. à 2 col., mar. bleu, fil., tr. d., rel. janséniste (Duru). 201 fig. en bois sur 40 planches. 450 fr. à B. Delessert.
9. Pinder. Speculum Passionis Domini Nostri Jesu Christi. Nuremberg, 1507, petit in-fol., mar. rouge, compart., tr. d. (Trautz-Bauzonnet). 40 grandes et 37 petites fig. sur bois de Hans Schaeufelein. 200 fr.
15. Heures de Paris. Paris, Thielman Kerver, 1552, in-12, première reliure en veau doré, à compart., fermoirs d’argent ciselés. Ex-libris manuscrit de Marie des Marquets sur les gardes. 260 fr.
26. L’Art de bien vivre. Paris, Vérard, 1492. L’Art de bien mourir. Cy commence le traité de l’advenement de Ante-Christ. 3 parties en 1 vol. pet. in-fol., mar. bleu, fil., riche dentelle, tr. d. comp. (Niedrée). 900 fr. à Yemeniz.
48. Bossuet. Ses œuvres complètes revues sur les manuscrits originaux. Versailles, Lebel, 1815-1819, 43 vol. in-8, d.-rel. m. (Thouvenin). Avec l’Histoire de la vie de Bossuet, par le cardinal de Bausset, Versailles, 1814, 4 vol. in-8, rel. uniforme. 281 fr.
96. Les Vies des S. S. Pères des déserts et des Saints Solitaires d’Orient et d’Occident. Anvers, Amsterdam, 1714, 4 vol. Histoire du clergé séculier et régulier. Amsterdam, 1716, 4 vol. Histoire des Ordres militaires. Amsterdam, 1721, 4 vol. En tout 12 vol. mar. bleu, fil., dos à petits fers, tr. d. (Niedrée). 283 fr.
141. Marci Tullii Ciceronis omnia, quae in hunc usque diem extrare putantur opera. Ex inclyta Germaniae Basilea, per And. Cratandrum, 1528, in-fol., mar. olive, fil., comp., dent. tr. d. (Purgold). Avec la signature du Tasse et des notes manuscrites de sa main. 900 fr. à Feuillet de Conches.
309. L. Meigret. Liones. Le Trecté de la Grammere françoeze. Paris, Chrest. Wechel, 1550. Cinq pièces de Meigret en 1 vol. in-4, gr. pap., peau de chèvre brune à dentelles et ornements, tr. dor. gauffrée. Ex. de Nodier avec envoi de Bignon à Nodier. Sort de la bibliothèque de J. A. De Thou, sans ses armes. 251 fr. à Yemeniz.
311. P. de La Ramée. Grammaire. Paris, André Wechel, 1572, et trois autres pièces. In-8, mar. vert, fil. tr. d. (armoiries). Ex. de J. A. De Thou provenant de Nodier. 291 fr. à Yemeniz.
317. Gilbert. Copie de la Grammaire latine de monseigneur le Dauphin pour monseigneur le duc de Bourgogne. In-4, mar. r., fil., comp., tr. d. (anc. rel.). Manuscrit sur vélin signé C. Gilbert, 1690. 256 fr.
323.ΔΗΜΟΣΘΕΝΟΥΣ. (Démosthène). Lutetiae, 1570, in-fol., v. br., fil., comp., tr. d. (anc. rel.). Ex. de J. Racine avec sa signature au titre, notes et additions manuscrites. La reliure porte dans les compartiments les lettres I. A. L. F. 230 fr. à Alfr. Chenest.
360. Guilleville. Le Romant des trois pelerinages. S. l. [Paris], Bartholde et Jehan Petit, s. d. [v. 1500], pet. in-4 goth. à 2 col., mar. r., fil. tr. d. (Padeloup). 201 fr.
369. Les Œuvres maistre Alain Chartier. Paris, Galliot Dupré, 1529, pet. in-8, lettres rondes, mar. bleu, comp., mors de m., dent., tr. d. (Thouvenin). Provient des bibliothèques Châteaugiron, Pixerécourt, Cailhava. 556 fr. à M. de Clinchamp.
373. Le Chasteau de Labour (par Pierre Gringore). Paris, s. d., in-4, mar. vert, fil., tr. d., large dent. (Thompson). 205 fr. au comte de Lurde.
383. Recueil de pièces relatives au débat de Marot et de Sagon. 16 parties en 1 vol. in-8, mar. v., fil., comp. tr. d. (Koehler). Ex. de Nodier. 280 fr. à Tripier.
389. Louise Labé. Ses œuvres, du débat de la folie de l’amour. Rouen, J. Garou, 1556, in-16, mar. r., fil. à riches comp. à petits fers (Bauzonnet-Trautz). 215 fr. à Cigongne.




391. Rymes de gentille et vertueuse Dame D. Pernette du Guillet, Lyonnoise. Lyon, Jean de Tournes, 1545, pet. in-8, broché non rogné par Bauzonnet. 1.005 fr. à Yemeniz.
401. Salel (Hugues). Ses œuvres. Lyon, Benoist Rigaud, 1573, pet. in-12, mar. r., filets à comp., tr. d., doublé (Niedrée). 260 fr. à Yemeniz.
411. Les Premières Œuvres de Philippe Desportes. Paris, Mamert Patisson, 1600, in-8, mar. olive, fil., tr. d. (rel. anc.). Ex. de l’auteur : les plats et le dos du volume sont entièrement couverts de dorures à petits fers, avec le double ΦΦ grec, monogramme de l’auteur. 301 fr. à Potier.



(Coll. Pierre Brillard)

415. Racan. Ses œuvres. Paris, Coustelier, 1724, 2 vol. in-12, mar. bl., fil. tr. d. (Simier). Ex. de Pixerécourt. 251 fr. au marquis de Biancourt.
434. Regnier. Ses satyres et autres œuvres. Suivant la copie imprimée à Paris, 1642 (Elzevir), pet. in-12, v. f. renfermé dans un étui recouvert en mar. rouge, fil., tr. d. (Niedrée). Ex. de Racine avec sa signature et des corrections de sa main. 320 fr. à Alfr. Chenest.
523. Fables choisies mises en vers par M. de Lafontaine. Paris, D. Thierry et Cl. Barbin, 1668, in-4, mar. r., fil., tr. d., fig. de Chauveau. Aux armes de la comtesse de Verrue. 215 fr. au marquis de Biancourt.
573. Les Comédies facétieuses de Pierre Larivey, Champenoy. Rouen, 1611. Trois comédies des six dernières de P. de Larivey. Troyes, 1611, 2 vol. pet. in-12, mar. r., fil. à riches compart., tr. d. (Koehler). 205 fr. à Tripier.
607. Racine. Esther, tragédie tirée de l’Écriture-Sainte. Paris, D. Thierry et Cl. Barbin, 1689, in-4, mar. r., fig., fil., tr. d. Édition originale aux armes de Madame de Maintenon et avec envoi signé de l’auteur. 300 fr. à Potier, pour « un auguste personnage ».
616. Piron. La Métromanie, comédie. In-4, portr., mar. r., fil., tr. d., doubl. de moiré, dent. (Bozerian). Manuscrit autographe de l’auteur. 295 fr. à Feuillet de Conches, pour la Bibliothèque de Dijon.
643. L’Histoire du Saint Graal. Paris, Philippe le Noir, 1523, in-fol., goth. à 2 col., fig. en bois, mar. r., fil. à riches comp., tr. d. (Bauzonnet-Trautz). 435 fr. à la Bibliothèque de l’Institut.
644. Lancelot du Lac, nouvellement imprimé à Paris, Philippe Le Noir, 1533. 3 tomes en 1 vol. in-fol., v. f., anc. rel. Aux armes du duc de Roxburghe. 295 fr. à Charavay.
645. Perceval ; très plaisante et récréative histoire du très-preux et vaillant chevalier Perceval le Galloys. Paris, Jehan Sainct Denys et Jehan Longis, 1er septembre 1530, in-fol. goth. à 2 col., fig. en bois, mar. r., fil., doubl. à comp., tr. d. (Bauzonnet-Trautz). 350 fr. à la Bibliothèque de l’Institut.
647.  Méliadus de Léonnoys. Paris, Denis Janot, 20 mars 1532, in-fol. goth., fig. en bois, mar. r., fil. à comp., tr. d. (Niedrée). 201 fr. à Yemeniz.
653 [chiffré 553]. Les Nobles Prouesses et Vaillances de Baudoyn, comte de Flandres, et de Ferrant, filz au roy de Portingal. Lyon, Claude Nourry, 18 avril 1509, in-fol., goth., fig. en bois, mar. r., fil., tr. d. (Bauzonnet-Trautz). 241 fr. à Yemeniz.
659. Histoire du noble preux et vaillant chevalier Guillaume de Palerme, et de la belle Melior. Paris, Nicol. Bonfons, s. d., in-4 goth. à 2 col., mar. bleu, fil. à comp., dent., tr. d. (Niedrée). 240 fr. à Yemeniz.
675. Sensuyt le premier volume (et le second) de Merlin. Paris, s. d. [1535]. Les Prophéties de Merlin. Paris, s. d., 3 vol. in-4, goth. à 2 col., mar. r. (anc. rel.). 236 à Tripier.
713. Jean-Paul Marat. Les Aventures du jeune comte Potowski. Manuscrit autographe, in-4, mar. noir, fil., tr. dor. (Niedrée). 288 fr. à Alfr. Chenest.



Les Ioyeusetez Facecies et Folastres Imaginacions
Paris, Techener, 1829-1834, 18 vol. in-16. Reliure de Koehler.
Paris, Drouot, 10 juin 2014 : 3.000 €


774. Collection des Joyeusetez facecies et folastres imaginacions de Caresme-Prenant, etc. Paris, Techener, 1833, 20 vol., in-18, mar., fil. à comp., non rogné, doré en tête (Muller). 450 fr.
779. Gargantua. Pantagruel. S. l., 1537. Pãtagrueline prognostication, cetaine, véritable et infaillible pour l’an 1538. 3 pièces en 1 vol. in-16, mar. vert, fil., t. d., large dentelle, doublé de mar. tr. dor. (Koehler) 205 fr.
789. Baliverneries, ou contes nouveaux d’Eutrapel. Paris, Estienne Groulleau, 1548, pet. in-12, fig. en bois, mar. bleu doublé de mar. rouge, fil. (Koehler). Ex. de Nodier. 210 fr. au comte de Lurde.
886. Saint-Lambert. Lettres autographes, non signées, à Madame d’Houdetot. (Niedrée). 232 fr. à Feuillet de Conches.
890. M. Tulli Ciceronis opera. Lugd. Batav., ex officina Elzeviriana, 1642, 10 vol. pet. in-12, vel. blanc de Hollande. 240 fr.
893. Voltaire. Œuvres complètes. Édition de Beuchot. Paris, Lefèvre, 1829-1834, 72 vol. in-8, mar. à nerfs, dor. en tête, n. r., gr. pap. (Niedrée). 575 fr. à Potier.
905. Collection des auteurs classiques latins, publiée par N.-E. Lemaire. Paris, Lemaire, 1819-1838, 144 vol. in-8, d.-rel., mar., n. r. (Muller-Héring et Niedrée). 580 fr.
927. Le Nouveau Monde et Navigations faictes par Emeric de Vespuce, Florentin. Paris, Galliot du Pré, s. d., in-4, goth., mar. vert russe, fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 200 fr. à M. C….r.
961. Chroniques de Saint-Denis. Paris, Guill. Eustace, 1er octobre 1514, 3 vol. in-fol. goth. à 2 col., cuir de Russie, fil., tr. d. (Thouvenin). 297 fr. à Tripier.
967. La Très-Joyeuse, Plaisante et Récréative Histoire […] le gentil seigneur Bayart. Paris, Galliot du Pré, 1527, p. in-4, mar. rouge, fil. (Koehler). 252 fr. à Tilliard.
971. Le Vergier d’honneur. Paris, s. n., s. d., in-fol. goth. à 2 col., fig. en bois, v. fauve, fil. (anc. rel.). Ex. de Gaston d’Orléans, dont la reliure porte sur le dos deux G entrelacés. 240 fr. au comte de Lurde.
1.051. Histoire des roys et princes de Poloigne. Paris, 1573, in-4, mar. r., fil., coins, n. r. (Niedrée). Ex. de Montaigne, dont il parle dans ses Essais, avec sa signature sur le titre et 3 lignes de sa main au dernier feuillet. 211 fr. à Payen [les bibliophiles se sont discrètement retirés devant l’enchère du docteur Jean-François Payen (1800-1870), spécialiste de l’œuvre de Montaigne].
1.093. Plutarchi vitae parallelae Romanorum et Graecorum XLIX, graece. Florentiae, in aedibus Phil. Juntae, 1517, in-fol., v. Signature et notes de Jean Racine. 300 fr. à Alfr. Chenest.
1.094. Plutarchi Chaeronei moralia opuscula. Basileae, 1542, in-fol., mer. Brun, fil. à comp., tr. d. (Niedrée). Signature et notes de Rabelais. 300 fr. à Alfr. Chenest.
1.095. La Vie des hommes illustres grecs et romains, et les œuvres morales et meslées de Plutarque. Paris, Vascosan, 1567-1574, 13 vol. pet. in-8, mar. r., fil. tr. d. (Padeloup). 380 fr. à Tripier.
1.186. La Plaisante et Joyeuse Hystoire du grant géant Gargantua. Lyon, Estienne Dolet, 1542. Pantagruel, roi des Dipsodes, Lyon, Est. Dolet, 2 tomes en 1 vol. in-16, fig. sur bois, mar. v. à riches comp., tr. dor. (Niedrée). 200 fr. à Giraud, de l’Institut.
     


La deuxième partie devait être vendue dans l’appartement d’Aimé-Martin, 15 rue des Petits-Augustins, du lundi 21 au mardi 29 février 1848 : Bibliothèque de M. Aimé-Martin, composée de livres anciens et modernes, tous d’une belle condition, manuscrits et autographes. […]. Deuxième partie. (Paris, Techener, 1848, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-75-[1 bl.] p., 792 lots).




« Au milieu d’un bel appartement de la rue des Petits-Augustins, dont les fenêtres ont pour perspective la délicieuse façade du château d’Anet [sauvée de la démolition par Alexandre Lenoir, elle est visible dans la cour de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, 14 rue Bonaparte], étoient déposés les livres de travail que M. Aimé-Martin tint à conserver lorsqu’il céda sa bibliothèque, et qu’il se réserva alors pour son usage particulier. Bien que le temps qui s’est écoulé entre cette pénible séparation d’avec ses volumes rares et l’instant où il fut mortellement frappé ait été de courte durée, l’aimable bibliophile avoit cependant trouvé moyen de réunir à ces livres vulgaires quelques volumes d’un grand intérêt, qu’il destinoit à former le noyau d’une nouvelle collection. Ces ouvrages furent, par nos mains, réunis soigneusement les uns aux autres. Nous avions déjà commencé, on s’en souvient, la vente de cette collection ainsi composée, lorsque éclata subitement la révolution de février [23 février 1848]. Force nous fut de l’interrompre. Des mois s’écoulèrent ; les temps paroissant enfin plus calmes, nous dûmes songer à reprendre les enchères interrompues. L’époque, long-temps débattue, en fut fixée au 6 novembre. L’agitation politique étoit grande encore : les livres s’en ressentirent et se vendirent mal. La Bibliophilie ne fleurit que sous un ciel tranquille : ses adeptes s’effraient volontiers du moindre signe précurseur de l’orage : peu de commissions furent données. Le lieu de la vente nuisit aussi évidemment à son succès : les amateurs ne songèrent pas à en venir suivre le cours dans un quartier où ils n’avoient pas l’habitude de rencontrer de semblables plaisirs. Ces diverses causes expliqueront suffisamment la défaveur, imméritée s’il en fût jamais, qui s’est fatalement étendue sur la majeure partie des livres anciens de la deuxième série de la bibliothèque de M. Aimé-Martin. »
(Bulletin du bibliophile. Paris, J. Techener, Nos 22-23-24, oct.-nov.-déc. 1848, p. 914)

57. Histoire critique de Manichée et du Manichéisme, par de Beausobre. Amsterdam, 1734, 2 vol. in-4, v. f. (rel. anc.). 54 fr.
91. Histoire de la philosophie moderne, par J.-G. Buhle. Paris, 1816, 6 tomes en 7 vol. in-8, d.-rel. 65 fr.
117.Œuvres de Bacon, trad. par Ant. Lasalles. Dijon, 15 vol. in-8, v. ant., fil. 56 fr.
130 bis. Le Livre intitulé de bonnes meurs. Paris, Pierre Levet, 26 septembre 1486, in-4, mar. bleu, tr. dor. (Koehler). 51 fr.
183.Œuvres complètes de Buffon, revues par Richard. Paris, 1837, 7 vol. gr. in-8, d.-rel., doré en tête, mar. r., n. r. (Niedrée). 78 fr.
189. Recherches sur les ossements fossiles, par M. le baron Cuvier. Paris, 1821, 7 vol. in-4, d.-rel., v. f., planches. 66 fr.
200. Mémoires pour servir à l’histoire des insectes, par Ch. de Geer. Stockholm, 1752, 7 vol. in-4, v. m., fig. 143 fr.




226. Le Jardin fruitier, par L. Noisette, rédigé par L. Gautier. Paris, 1821, 2 tomes en 1 vol. in-4, d.-rel. 90 planches. 50 fr. 50 c.
312. Recueil de (74) farces, moralités et sermons joyeux, publié, d’après le manuscrit de la Bibliothèque royale, par MM. Le Roux de Lincy et Fr. Michel. Paris, 1837, 4 vol. gr. in-8, d.-rel., mar. r., n. r. (Bauzonnet). Tiré à 76 ex. 123 fr.
346. Les Quatre Filz Aymon. Paris, veuve Jean Bonfons, s. d., in-4, mar. r., tr. dor. (Duru). 100 fr. [vendu 299 fr. chez le prince d’Essling].
347. Fier-à-Bras. Lyon, Guillaume Le Roy, 20 janvier 1486, pet. in-fol. goth., fig. en bois, mar. r., fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 650 fr. à Yemeniz. [vendu 900 fr., avant reliure, chez le prince d’Essling].
348. Milles et Amys. Paris, Alain Lotrian et Denis Janot, s. d., in-4 goth., mar. v. doubl. De mar. comp. tr. dor. (Koehler). 151 fr. [vendu 290 fr. chez le prince d’Essling].
349. L’Histoire de Giglan filz de messire Gauvin qui fut roy de Galles. Lyon, s. d. [v. 1530], in-4, fig. en bois, v., tr. dor. 105 fr. à Cigongne.
350. Perceforest. Paris, 18 décembre 1532, 6 tomes en 3 vol. in-fol., 2 col., fig. en bois, v. f., tr. dor., rel. anglaise. 146 fr. à Techener. [vendu 280 fr. chez le prince d’Essling].
352. Mélusine. Paris, Pierre le Caron, s. d., in-fol. goth., fig. en bois, fil., tr. dor. Aux armes du duc de Roxburghe. 495 fr. à Giraud de S. [acheté 1.180 fr. chez le prince d’Essling].
354. La Patience de Griselidis. Paris, s. d., in-4 goth., fig. en bois, mar. bleu, fil., tr. dor. (Duru). 90 fr.
355. Robert le Diable. Paris, Nic. Bonfons, in-4 goth. à 2 col., mar. v. dent. doubl. de mar. rouge dent. tr. dor. (Koehler). 80 fr.
357 [chiffré 367]. Cy commence la cronicque de messire Cleradius filz du conte Desture. Et de Meliadice fille au roy Dangleterre. Lyon, Olivier Arnoullet, 2 mars 1529, in-4, mar. v. fil., tr. dor. (Duru). 95 fr.
358. Le Premier (le second et le troisième) Livre des visions d’Ogier le Dannoys. Paris, pour Ponce Roffet dit le Faulcheur, 1542, pet. in-8, mar. citr., dent. doublé de mar. v., dent. tr. dor. (Bauzonnet). 177 fr.
359. Les Cent Nouvelles. Paris, Jehan Trepperel, s. d., in-4, goth. fig. en bois, mar. bleu, tr. dor. (Duru). 150 fr. à M. de Clinchamp. [vendu 390 fr. chez le prince d’Essling]
414.Œuvres de Lesage et Prévost. Paris, 1784 et suiv., 54 vol. in-8, d.-rel., v. f. 90 fr.
417.Œuvres de J.-J. Rousseau. Paris, Dupont, 1826, 25 vol. in-8, d.-rel., v. f. 69 fr.
441. Géographie de Strabon, édition de La Porte du Theil. Paris, Impr. royale, 1805, 5 vol. in-4, d.-rel., m. r. 103 fr.




496. Les Commentaires de Julius César. Paris, Anth. Vérard, in-fol. goth. à 2 col., fig. en bois, mar. v., tr. dor. (Koehler). 56 fr.
520. Collection des chroniques nationales, publiées par M. Buchon. Paris, 1825-1829, 47 vol. in-8, d. rel., veau viol. 119 fr.
521. Histoire des Français, par Sismondi. Paris, 1835, 30 vol. in-8, d.-rel., v. f. dont 9 brochés. 108 fr.
526. Collection de mémoires sur l’histoire de France, par M. Guizot. Paris, 1823, 29 vol. in-8, d.-rel. 96 fr. 50 c.
527. Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France, depuis Henri IV jusqu’en 1763, par MM. Petitot et Monmerqué. Paris, 1827, 132 vol. in-8, v. ant. fil. 285 fr.
529. Cérémonies de gages de bataille selon les constitutions du bon roi Philippe de France. Paris, Crapelet, 1830, gr. in-8, 11 fig., mar. r., à comp., à petits fers, doubl. de mar. r. à comp. à petits fers, tr. dor. (Thouvenin). 180 fr.
538. Mémoires du duc de Saint-Simon. Paris, 1829, 21 vol. in-8, d.-rel. 138 fr.
559. Collection de mémoires relatifs à la Révolution française. 61 vol. in-8, d.-rel., v. Introduction par Grille, 2 vol. 120 fr.
642. Bibliothèque orientale, par M. d’Herbelot. La Haye, 1777, 4 vol. in-4, v. m. 67 fr.
655. Le Grand Dictionnaire historique, par Louis Moreri. Paris, 1759, 10 vol. in-fol., v. m. 85 fr.
658. Biographie universelle, ancienne et moderne. Paris, Michaud, 1811-1828, 52 vol. in-8, d.-rel., v. f. 180 fr.
659.Œuvres de Bayle, son Dictionnaire. Paris, 1820, 16 vol. in-8, d.-rel. 71 fr.
675. Revue britannique. Paris, 1825-1842, rel. en 100 vol. in-8, d.-rel., v. viol. 122 fr.    




La troisième partie, la moins importante, fut vendue 4 rue de la Bibliothèque du Louvre, du mardi 20 au vendredi 23 décembre 1848 : Bibliothèque de M. Aimé-Martin. Troisième partie (Paris, Techener, 1848, in-8, [1]-[1 bl.]-52-[1]-[1 bl.] p., 481 lots).


Pause estivale à Lorient (Morbihan)

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Devant l'île de Groix
 

Anatole de Montaiglon, « De jour en jour, en apprenant, mourant ».

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Anatole de Courde de Montaiglon appartenait à une famille de petite noblesse provinciale, originaire de Franche-Comté. Fils unique, il naquit à Paris, le 28 novembre 1824 :

« Du mardi trente novembre mil huit cent vingt-quatre, dix heures du matin, acte de naissance de Anatole, que nous avons reconnu être du sexe masculin, né le vingt-huit du courant, à trois heures et demie de relevée, au domicile de ses père et mère, rue Sainte-Anne, 44 [IIe], fils de Auguste-Emma de Courde de Montaiglon, avocat, âgé de vingt-sept ans, et de dame Geneviève-Simonette Fouquet, son épouse, âgée de vingt-huit ans. Les témoins ont été MM. Pierre-Jean-Baptiste de Courde de Montaiglon, avocat, âgé de soixante-six ans, demeurant susdite rue et numéro, aïeul paternel de l’enfant, et Anatole Fouquet, archiviste-adjoint de la Couronne, âgé de trente-deux ans, demeurant à Paris, rue du Regard, 15 [VIe]. »

Il débuta ses études au lycée Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques [Ve], et les poursuivit au lycée Charlemagne, rue Charlemagne [IVe], prenant pension à l’Institution de Jean Massin (1765-1849), 12 rue des Minimes [IIIe]. Après son baccalauréat en 1844, il obtint le diplôme de bachelier en droit en 1847, mais préféra entrer à l’École des chartes, qu’il quitta en 1850, avec le diplôme d’archiviste-paléographe. En 1851, il devint membre résidant de la Société des Antiquaires de France. En 1852, à la mort de son père, qui ne lui laissa que des dettes, il obtint une place d’attaché au Musée du Louvre. En 1855, il fut élu membre de la Société des Antiquaires de Normandie. En 1856, nommé surnuméraire à la Bibliothèque de l’Arsenal, il quitta la rue de Miromesnil [VIIIe] pour s’installer au




9 place des Vosges [IVe, hôtel de Chaulnes], au fond de la deuxième cour, à gauche, au-dessus de l’écurie :

« L’escalier très étroit était fort sombre, en tâtant j’accrochai un cordon de sonnette. Un silence, puis des pas trainés, il m’ouvrit lui-même. Je crus devoir me nommer, il m’arrêta : “ A quoi bon ? Entrez, asseyez-vous et causons, quand nous aurons causé je saurai qui vous êtes.”
Pour arriver à son cabinet de travail, il fallait traverser une sorte de tunnel creusé dans du papier ; une fois là, il me poussa dans un fauteuil où gisaient trois ou quatre gros bouquins et se remit à sa table. Il corrigeait les épreuves d’un article pour une revue d’art. “ Je finis tout de suite, me dit-il, faites comme chez vous : si vous voulez vous chauffer, chauffez-vous ; si vous voulez lire, prenez mes épreuves. ” […]
Entre temps je regardais la chambre, des livres partout, de tous les formats, tous avec des reliures d’amateur et de quel amateur ! Des maroquins superbes, du veau naturel avec de grandes étiquettes rouges, et tout en haut empilés, les petits volumes cartonnés de la bibliothèque Elzévirienne, l’œuvre du cher Jannet à la mémoire duquel le maître de céans a dédié sept dizains de sonnets tirés de Rabelais, ayant tous une citation pour titre. Par terre des piles de brochures, sur les tables des rouleaux d’estampes et des livraisons, par une porte entr’ouverte, on voyait d’autres livres encore qui se miraient dans la glace au-dessus de la cheminée. De temps à autre il se produisait un glissement dans les piles, des brochures tombaient : “ Ne vous dérangez pas, disait Montaiglon, mes livres s’ennuient et ils causent entre eux quelquefois. ”
Au mur une photographie de la Source, plus loin un portrait de l’érudit jeune et deux miniatures de ses grands-parents, dans un coin un vase funéraire de l’époque mérovingienne, pansu, avec un long bec, et, sur la cheminée, dans une coupe, des pipes. C’était tout. » (Mario Schiff. « Anatole de Courde de Montaiglon 1824-1895. » dans La Revue politique et littéraire, Revue bleue, n° 24, 4e série-t. XI, 17 juin 1899, p. 757)

Il devint sous-bibliothécaire à Sainte-Geneviève en 1860, secrétaire-trésorier et professeur suppléant à l’École des chartes en 1864, fut appelé au Comité des travaux historiques, section d’archéologie, en 1865 et titulaire de la chaire de bibliographie et de classement des archives en 1868, après la mort de Vallet de Viriville :




« A l’Ecole les anciens racontaient de lui beaucoup de choses étranges, mais c’était tout de même encore un étonnement que de le voir monter en chaire. Il arrivait lentement, peu soigné dans sa mise, avec une chemise de flanelle, les mains noires de la poussière des livres et un monocle pendu au cou en guise de médaillon. Il était maigre, voûté et ses yeux avaient un regard vague qui, très vite, se muait en un sourire. » (Mario Schiff. Ibid., p. 756)

En 1870, il reçut la croix de la Légion d’honneur et devint président de la Société de l’Histoire de l’art français.
Ses œuvres ont eu particulièrement pour objet l’origine de l’art français et celle de notre ancienne littérature. La bibliographie de Montaiglon compte 684 numéros ([Bournon, Guiffrey, Lacombe, Mareuse, Morel-Fatio et Tourneux]. Bibliographie des travaux de Mr A. de Montaiglon. Paris, Jouaust, novembre 1891) : le chapitre des beaux-arts, le plus long, va du n° 1 au n° 333 ; l’archéologie s’étend du n° 334 au n° 463 ; l’histoire littéraire va de 464 à 605 ; les varia et curiosités vont du 606 au 667 ; les sonnets et poésies vont du 668 au 684. Un supplément (Fernand Bournon et Gaston Duval. Bibliographie des travaux de M. A. de Montaiglon. Paris, Henri Leclerc, 1900) comporte les additions et rectifications au volume de 1891, les œuvres publiées postérieurement à cette date et l’énumération des articles nécrologiques et des études biographiques. Il a été un des plus remarquables éditeurs de Rabelais, de La Fontaine, de Molière, et fut l’un des premiers qui, vers le milieu du siècle, ressuscitèrent en de savantes et élégantes éditions les trésors de la vieille langue française.
Montaiglon s’occupa toute sa vie d’augmenter la bibliothèque qui occupait les pièces de son logement de la place des Vosges, soit dans les ventes publiques, soit sur les quais :

« Ah ! les bouquins, les bouquins, s’écria-t-il une fois, et on me demande pourquoi je ne me suis pas marié ! D’abord parce que je voulais conserver le bénéfice net de l’affection de mes parents, ensuite parce que quand je me voyais épris, je me disais : Voyons Anatole, aimes tu mieux mademoiselle une telle ou un bel incunable ? J’aimais toujours mieux l’incunable ! » (Mario Schiff. Ibid., p. 758)

Donc, resté célibataire et sans enfant, il voulut prendre des dispositions testamentaires pour que ses livres ne fussent pas livrés aux hasards d’une vente publique. Mais les lenteurs administratives, les obstacles inattendus et une certaine indifférence chez les parties intéressées (Bibliothèque nationale, Bibliothèque de l’Arsenal, Bibliothèque municipale de Tours) lui firent changer ces dispositions. En 1894, l’intervention d’un ami commun amena la cession de la bibliothèque de 18.000 volumes [et non 85.000] au prieur d’une Communauté bénédictine parisienne fondée l’année précédente, André-Martin Coutelle de La Tremblaye [† 1909], moyennant le payement d’une rente annuelle et viagère de 1.200 francs, par trimestre et d’avance, et à condition de ne pas la transporter « en dehors de Paris du vivant du vendeur » et de préparer un catalogue qui « devra, dans les cinq ans qui suivront le décès de M. de Montaiglon, être imprimé aux frais de l’acquéreur ».

Atteint par la limite d’âge, Montaiglon avait fait en juillet 1895 sa dernière leçon et était parti se reposer en Touraine chez ses amis.  Comme si sa vie devait finir avec son enseignement, il rendit le dernier soupir à Tours (Indre-et-Loire), le 1er septembre suivant, « à six heures du soir, rue Saint-Pierre, 12, petit hôpital Saint-Gatien. » Il avait touché 1.800 fr. sur sa rente viagère. Le général Gonse, sous-chef d’état-major de l’armée, son cousin, se chargea de faire célébrer à Paris la cérémonie funèbre : le 21 septembre avait lieu le service à l’église Saint-Paul-Saint-Louis et il fut déposé dans le caveau du Père-Lachaise [25e division], auprès de sa mère :




le monument, dû à l’architecte Édouard Corroyer (1835-1904), qui avait dessiné son ex-libris, et au sculpteur François Sicard (1862-1934), consistant en une stèle surmontée du masque de bronze, qui reproduit le moulage même pris sur le cadavre, a été érigé à l’aide de souscriptions particulières et inauguré le 9 novembre 1896.      

En 1894, sa bibliothèque avait été installée dans l’appartement occupé alors par la Communauté bénédictine, loué au nom de La Tremblaye, 34 rue Vaneau [VIIe]. En 1897 [et non en 1899], la Communauté déménagea pour aller s’installer à Auteuil, 5 rue de la Source [XVIe], grâce à la munificence d’une généreuse bienfaitrice, et devint le prieuré de Sainte-Marie. Quand on voulut faire transporter les livres dans le nouveau local, on trouva la porte close. La bibliothèque de Montaiglon, emballée dans de nombreuses caisses, avait été conduite à la gare Saint-Lazare, à destination du Havre. Après avoir quitté son habit de moine, La Tremblaye s’était rendu en Amérique avec les caisses. On sut que les livres avaient été vendus à Boston, que l’ancien prieur s’était marié et qu’il était revenu s’installer dans les environs de Paris. L’Ordre des Bénédictins n’avait aucun recours contre le Père La Tremblaye : l’acte de vente avait été signé par lui, il était légalement le propriétaire des livres qu’il avait payés avec de l’argent donné par sa famille, et les livres étaient installés dans un local loué en son nom.


Paris, Klostermann, 1814
(Coll. B. Hugonnard-Roche)

Les livres étaient en excellent état, plus des deux tiers étaient soigneusement reliés en demi-veau ou en demi-maroquin, tous avaient le monogramme A.D.M. doré sur leurs dos et un grand nombre contenait un ex-libris.

Il existe quatre ex-libris différents de Montaiglon :



l’un, avec encadrement Renaissance rectangulaire, renfermant dans le motif supérieur les initiales A. M. (65 x 43 mm.) ;



l’autre, est simplement entouré d’un double filet, un gras et un mince (91 x 62) ;




le troisième est encadré d’un simple filet, avec fleurons aux quatre angles (54 x 43) ;



le quatrième, monogramme composé des lettres A M enlacées et d’un petit D, dans une banderole circulaire terminée en bas par quatre cordons enlacés, terminés par des houppes (68 x 53). Tous sont typographiques, tirés en noir, avec comme devise, empruntée à l’architecte du xvie siècle Jean Bullant et qui pourrait être celle de tous les travailleurs : « De jour en jour en apprenant mourant » ; les trois premiers portent en outre l’inscription « De la Bibliothèque de M. Anatole de Montaiglon ». Livres et ex-libris sont aujourd’hui aussi rares les uns que les autres. 







La bibliothèque de Montaiglon fut dispersée en trois ventes, à Boston, dans la salle fondée en 1878 par Charles F. Libbie (1837-1904) :















Du lundi 22 au vendredi 26 mai 1899 : Catalogue of the extensive and valuable Library belonging to M. C. Coutelle, Paris, including the entire Library of the late Anatole de Montaiglon, professor of École des Chartes, celebrated Art Historian and Bibliographer. […]. Part I (Boston, C. F. Libbie & CO., 1899, in-8, viii-240 p., 3 ill., 3.504 lots).












Du mardi 6 au vendredi 9 juin 1899 : Catalogue of the extensive and valuable Library belonging to M. C. Coutelle, Paris, including the entire Library of the late Anatole de Montaiglon, professor of École des Chartes, celebrated Art Historian and Bibliographer. […]. Part II (Boston, C. F. Libbie & CO., 1899, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-179 [241 à 419]-[1 bl.] p., front., 2.514 [3.505 à 6.018] lots).







Du mardi 13 au jeudi 15 juin 1899 : Catalogue of the extensive and valuable Library belonging to M. C. Coutelle, Paris, including the entire Library of the late Anatole de Montaiglon, professor of École des Chartes, celebrated Art Historian and Bibliographer. […]. Part III (Boston, C. F. Libbie & CO., 1899, in-8, [2]-160 [421 à 580] p., 1.936 [6.020 (sic) à 7.955] lots).
















Les Deux Bibliothèques des Le Fèvre de Caumartin

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Famille originaire du Ponthieu, où se trouvait la seigneurie de Caumartin, sur la commune de Crécy-en-Ponthieu [Somme], les Le Fèvre avaient pour armes : d’azur, à cinq trangles [fasces rétrécies qui n’ont que le tiers de la largeur ordinaire et qui sont en nombre impair] d’argent.




Louis Le Fèvre, seigneur de Caumartin et de Boissy-le-Châtel [Seine-et-Marne], baron de Saint-Port [i.e. Seine-Port, Seine-et-Marne], vicomte de Rue [Somme], né en 1552, fut conseiller au Parlement de Paris en 1579, maître des requêtes en 1585, président au Grand Conseil en 1587, intendant de Poitou en 1588 et de Picardie en 1590, secrétaire du roi Henri IV en 1594. Bien que bègue, il n’avait pas « la langue empêchée » et déploya beaucoup d’habileté dans les négociations qui lui furent confiées. Il devint garde des sceaux en 1622, mais mourut le 21 janvier 1623. Il fut inhumé dans une chapelle de l’église Saint-Nicolas-des-Champs [IIIe]. Il avait épousé, en 1582, Marie Miron, morte le 4 juin 1645, fille de Marc Miron, seigneur de l’Hermitage, conseiller du Roi, et de Marie Gentien, d’une famille de l’échevinage de Paris. De cette union sont issus quatre fils et deux filles, dont : Louis, qui a continué la descendance ; Jacques, auteur de la branche des seigneurs de Saint-Port et de Cailly [Seine-Maritime], éteinte en 1729 ; François, évêque d’Amiens, qui hérita de sa bibliothèque.



Château de Boissy (Seine-et-Marne)

Louis Le Fèvre, deuxième du nom, seigneur de Caumartin et de Boissy, né le 12 mai 1586, fut d’abord abbé de Saint-Quentin-en-l’Isle [Aisne] en 1600, puis conseiller au Grand Conseil en 1608, maître des requêtes en 1614, intendant en Picardie et conseiller d’État. Il mourut d’apoplexie le 16 août 1624, alors qu’il se rendait à Venise, comme ambassadeur de France. Il avait épousé Marie Lhuillier, morte sans enfant, fille de Geoffroy Lhuillier, seigneur de Malmaison et d’Orgeval, et de Claire Faucon de Ris, puis, le 25 avril 1622, Madeleine de Choisy, morte le 18 septembre 1672, fille de Jean de Choisy, seigneur de Balleroy, et de Madeleine Le Charon. Il eut un fils unique de ce second mariage, Louis-François.



Château de la fée d'Argouges (Calvados)


Louis-François Le Fèvre, seigneur de Caumartin, de Boissy, d’Argouges [commune de Vaux-sur-Aure, Calvados], né le 16 juillet 1624, fut reçu conseiller au Parlement de Paris en 1644, puis maître des requêtes en 1653. Le Roi le nomma en 1665 commissaire pour la tenue des grands jours d’Auvergne à Clermont, puis intendant en Champagne et en Brie en 1667, conseiller d’État de semestre en 1672, conseiller d’État ordinaire en 1685. Ce fut sous sa direction que le généalogiste Charles-René d’Hozier (1640-1732) dressa et publia la Recherche de la noblesse de Champagne (Chaalons, Jacques Seneuze, 1673, 2 vol. in-fol.). Ami du cardinal de Retz, il fut son conseil et son agent pendant les troubles de la Fronde. Il mourut d’apoplexie le 3 mars 1687. Sa bibliothèque, héritée de son oncle François, alla à l’évêque de Blois, son fils. Il avait épousé : le 10 novembre 1652, Marie-Urbaine de Sainte-Marthe, morte le 15 janvier 1654, fille unique de Nicolas de Sainte-Marthe, seigneur du Fresne [commune de Authon, Loir-et-Cher] , lieutenant-général de Poitiers, et d’Urbaine de Launay, dame d’Onglée, sa seconde femme ; le 22 février 1664, Catherine-Madeleine de Verthamon, morte le 28 octobre 1722 et inhumée aux Minimes de la Place Royale à Paris, fille de François de Verthamon, baron de Bréau, conseiller d’État, et de Marie Boucher d’Orsay. Du premier lit, il eut Louis-Urbain. Du second lit, il eut 4 garçons et 5 filles, dont : Louis-François et Jean-François-Paul.




Louis-Urbain Le Fèvre de Caumartin, dit « le Grand Caumartin », marquis de Saint-Ange  [commune de Villecerf, Seine-et-Marne], comte de Moret [Seine-et-Marne], est né à Châlons-en-Champagne [Marne] en 1653. Élevé par les soins du célèbre Fléchier, il fut nommé conseiller au Parlement en 1674, maître des requêtes en 1682, intendant des finances en 1690 et conseiller d’État en 1697.



Château de Saint-Ange vers 1720





Château de Saint-Ange aujourd'hui

Il mourut en sa résidence de campagne, le château de Saint-Ange [appelé château de Challeau jusqu’en 1627], bâti à partir de 1540 par François Ier pour la duchesse d’Étampes, le 2 décembre 1720, après s’être acquis dans l’administration de la justice et des finances une haute réputation de savoir et d’intégrité ; la bibliothèque du château contenait alors 3.362 titres.
On lui doit la conservation des Mémoires du cardinal de Retz et ceux de Guy Joly. Nicolas Boileau Despréaux (Satire XI) a dit de lui et de deux autres personnages, illustres par leur sévère probité :

« Chacun de l’Équité ne fait pas son flambeau,
Tout n’est pas Caumartin, Bignon, ni Daguesseau ; »
(« Satire XI. À Mr. de Valincour, conseiller du Roy en ses Conseils, Secrétaire Général de la Marine, & des Commandemens de Monseigneur le Comte de Toulouze. » In Satires et œuvres diverses de M. Boileau Despréaux. Paris, Rollin, 1757, p. 90)





Ce fut dans son château de Saint-Ange, où il avait rassemblé une riche bibliothèque et dont il avait transformé presque toutes les salles en une sorte de musée qui lui rendait toujours présents les souvenirs historiques dont sa mémoire était remplie, que Voltaire commença La Henriade ; le philosophe a dit du magistrat, qu’il eut tant de plaisir à écouter :

« Caumartin porte en son cerveau
De son temps l’histoire vivante ;
Caumartin est toujours nouveau
À mon oreille qu’il enchante ;
Car dans sa tête sont écrits
Et tous les faits et tous les dits
Des grands hommes, des beaux esprits,
Mille charmantes bagatelles,
Des chansons vieilles et nouvelles,
Et les annales immortelles
Des ridicules de Paris. »
(« Epitre XIII. À M. le prince de Vendôme, grand prieur de France » [1716]. In Œuvres complètes de Voltaire. S. l., Imprimerie de la Société littéraire-typographique, 1785, t. XIII, p. 33)

Caumartin avait épousé, le 6 juin 1680, Marie-Jeanne Quentin de Richebourg, l’amie de Madame de Sévigné et de leurs voisins d’Époisses [Côte-d’Or], les Guitaut,décédée le 21 mai 1709, fille unique de Charles Quentin, seigneur de Richebourg, baron de Saint-Ange, maître des requêtes, et de Marie Feydeau de Brou. Il en eut quatre enfants morts jeunes.

Louis-François Le Fèvre de Caumartin, deuxième du nom, seigneur de Boissy-le-Châtel, né le 3 mars 1665, fut reçu conseiller au Grand Conseil en 1686, et maître des requêtes en 1694. Le Roi le nomma intendant du commerce en 1708. Il mourut le 13 juillet 1722, et fut inhumé à Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris, en la chapelle de ses ancêtres. Il avait épousé, le 19 octobre 1695, Charlotte Bernard, morte le 28 août 1708, à l’âge de 28 ans. Ils eurent trois enfants, dont Antoine-Louis-François.




Jean-François-Paul Le Fèvre de Caumartin, né à Châlons-en-Champagne le 16 décembre 1668, d’abord chevalier de Malte, pourvu ensuite, sur la demande du cardinal de Retz, son parrain, de l’abbaye de Buzay [Rouans, Loire-Atlantique]. Il fut docteur de Sorbonne et doyen de la cathédrale de Tours. Il fut reçu en 1694 l’un des quarante de l’Académie française. C’est lui qui fut chargé de la réponse au discours de réception de l’évêque de Noyon, M. de Clermont-Tonnerre, qui avait une si haute idée de son propre mérite et de sa naissance : le discours de Caumartin, modèle de persiflage déguisé sous une louange exagérée, déplut à Louis XIV. Puis il fut nommé membre honoraire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Ce fut le Régent qui le nomma successivement à l’évêché de Vannes en 1717, et au siège épiscopal de Blois en 1719.


Ex-libris avant 1719

Ex-libris après 1719

Fer de reliure de son demi-frère Louis-Urbain, modifié par l'ajout d'une mitre et d'une crosse

Super ex-libris de l'évêque de Blois
Il avait hérité de la bibliothèque de son père, Louis-François, premier du nom, l’avait enrichie et lui adjoignit la collection de son prédécesseur, David-Nicolas Berthier (1652-1719), premier évêque de Blois. Il mourut à Blois le 30 août 1733. Son éloge fut prononcé à l’Académie des inscriptions, par De Boze.




Après avoir été conservée par quatre membres de la famille, la bibliothèque fut vendue, sur l’ordre de son héritière, sa sœur Madeleine-Charlotte-Émilie, veuve depuis 1725 de Jacques de La Cour, seigneur de Balleroy, maître des requêtes, à partir du lundi 10 janvier 1735, au couvent des Grands Augustins : Catalogue des livres de la bibliotheque [sic] de feu Monseigneur Jean-François-Paul le Febvre de Caumartin, Evéque [sic] de Blois, &c. (Paris, Jacques Guérin et Jacques Barois fils, 1734, in-12, xj-[1 bl.]-3-[1 bl.]-647-[1] p., 6.612 lots).

« La Bibliothéque dont nous donnons le Catalogue, n’a pas besoin de recommandation : toutes les personnes de lettres en connoissent le mérite, & les grands hommes qui l’ont formée, font son éloge.
Le premier qui en jetta les fondements, fut Louis le Févre de Caumartin. […]
Cette Bibliothéque passa entre les mains de François le Févre de Caumartin son fils, qui fut Evêque d’Amiens. […]
Louis François le Fevre de Caumartin fut le troisieme qui posseda cette Bibliothéque. […]
Après sa mort cette Bibliothéque vint enfin à feu M. l’Evêque de Blois son second fils [du second lit], Jean François Paul le Fevre de Caumartin, né à Paris le 16. Decembre 1668. » [sic] (« Avertissement », p. 1-2)    



Le catalogue comprend sept parties : théologie (lots 1-1.365), jurisprudence (lots 1.366-2.420 = 1.055 lots), sciences et arts (lots 2.421-3.048 = 628 lots), « humanitez » (lots 3.048* [l. e. doublé]-3.858 = 811 lots), histoire (lots 3.859-6.180 = 2.322 lots), « livres obmis » (lots 6.181-6.321 = 141 lots) et manuscrits (lots 6.322-6.612 = 291 lots). La vente produisit environ 30.000 livres.

On doit y ajouter la vente des livres qui se trouvaient dans le palais épiscopal de Blois : Catalogus librorum qui extant in bibliotheca illustrissimi ecclesiae principis D. D. de Caumartin, episcopi Blesensis (Blesis, P.-J.Masson, 1734, in-8, 62 p., env. 1.400 lots).
  
Antoine-Louis-François Le Fèvre de Caumartin, marquis de Saint-Ange, comte de Moret [en vertu de la substitution faite à son profit, et pour sa postérité de mâle en mâle, par Louis-Urbain, son oncle], naquit le 6 septembre 1696. Il fut reçu conseiller au Parlement de Paris en 1719, maître des requêtes en 1721, et conseiller au Grand Conseil en 1722 ; fut nommé ensuite rapporteur du point d’honneur au Tribunal des maréchaux de France, puis président au Grand Conseil en 1742, conseiller d’État en 1745, et premier président au Grand Conseil en 1747 ; il mourut le 14 avril 1748. Il avait hérité de la bibliothèque de son oncle, et avait épousé, le 18 août 1722, Élisabeth de Fieubet, dame de Cendré et de Ligny, morte le 29 août 1764, fille de Paul de Fieubet, seigneur de Cendré, de Laussac et de Beauregard, maître des requêtes, conseiller au Conseil de Régence, et d’Angélique-Marguerite de Fourcy, fille de Henri de Fourcy, conseiller d’État. Cinq enfants sont provenus de ce mariage, dont :



Antoine-Louis-François Le Fèvre de Caumartin, deuxième du nom, marquis de Saint-Ange, comte de Moret, né le 30 juillet 1725, nommé conseiller au Grand Conseil en 1746, maître des requêtes en 1749, président au Grand conseil en 1751, intendant des Trois Evêchés en 1754,  de Flandre et d’Artois en 1756, conseiller d’État, chancelier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1771 et prévôt des marchands de 1778 à 1784.



Il avait hérité de la bibliothèque de son père. Sentant la Révolution approcher, il avait donné une importante partie de ses biens à son fils Marc-Antoine.Il mourut en avril 1803. Il avait épousé, le 30 juin 1749, Geneviève-Anne-Marie Mouffle, morte le 25 janvier 1763, fille de Jean-Simon Mouffle, receveur-général des finances, et de Geneviève-Marie Brochet de Pontcharrot. De ce mariage est issu Marc-Antoine.

Marc-Antoine Le Fèvre de Caumartin de Saint-Ange, né le 14 mars 1751, fut conseiller au Parlement en 1775, maître des requêtes en 1777 et intendant de Franche-Comté en 1783. Sorti de France en 1792 pour prendre les eaux à Bristol, la Révolution le décréta immigré et ses biens furent saisis – château de Saint-Ange, mobilier, collections et bibliothèque –, et vendus en 1797 ; le château tomba sous le marteau. Il mourut à Londres le 31 août 1803. Avec lui finit la descendance masculine des Le Fèvre, seigneurs de Caumartin, marquis de Saint-Ange, comtes de Moret, barons de Saint-Port.
















Le Duc de La Vallière, un grand seigneur de la bibliophilie

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La Maison des Le Blanc, seigneurs de La Baume [commune de Le Veurdre, Allier], originaire du Bourbonnais, s’est établie en Touraine, quand Laurent Le Blanc, qui descendait par plusieurs degrés de Perrin Le Blanc et de Jeanne d’Autour, se maria en Touraine en 1536 avec Marie Testu, et acheta en



Château de La Vallière en 1825

Château de La Vallière aujourd'hui

1542 les terres de La Vallière [commune de Reugny, Indre-et-Loire]. Son petit-fils, Jean Le Blanc (1582-1647), seigneur de La Gasserie, de La Vallière, de Reugny, de Boessay et d’Orfeuil, baron de La Papelardière, gouverneur des ville et château d’Amboise et du château de Tours, fut autorisé par le Roi, par lettres patentes du 31 mars 1635, à se faire appeler « de La Baume-Le Blanc ».

Les armes de la Maison de La Vallière [La Baume-Le Blanc] sont : « coupé de gueules et d’or, au léopard lionné d’argent sur gueules, couronné d’or, et de sable sur or. »

L’arrière-petit-fils de Jean de La Baume-Le Blanc, Charles-François de La Baume-Le Blanc, marquis, puis duc de La Vallière, pair de France, lieutenant général des armées du Roi, gouverneur, lieutenant général et sénéchal de la province de Bourbonnais, naquit le 23 janvier 1670. Pendant 36 ans qu’il a servi, il s’est trouvé aux batailles de Staffarda (1690), de Stinkerque (1692), de Nerwinde (1693), de Spire (1703), d’ Höchstädt (1704), de Malplaquet (1709) et de Denain (1712), aux sièges de Namur (1692), de Charleroi (1693), d’Ath (1697), du fort de Kehl (1703), de Brisach (1703), au premier siège de Landau (1704), à celui de Douai (1710), de Bouchain (1711), du Quesnoy (1712) et au second siège de Landau (1713). La terre de La Vallière fut érigée en duché-pairie par Louis XIV en 1667 pour Françoise-Louise de La Baume-Le Blanc (1644-1710), duchesse de La Vallière, sa maîtresse, et pour sa fille Marie-Anne de Bourbon, dite « Mademoiselle de Blois », légitimée de France, mariée au prince de Conti. Institué héritier par cette princesse, sa cousine germaine, Charles-François de La Baume-Le Blanc obtint en 1723 de nouvelles lettres patentes de duché-pairie de la part du roi Louis XV. Il mourut le 22 août 1739. Il avait épousé le 16 juin 1698 Marie-Thérèse de Noailles, fille d’Anne-Jules duc de Noailles, pair et maréchal de France, et de Marie-Françoise de Bournonville, d’où sont issus Louis-César, né le 9 octobre 1708, et Louis-François, né le 5 octobre 1709 et mort sans alliance le 30 avril 1731.


Petit-neveu de la duchesse de La Vallière, Louis-César de La Baume-Le Blanc, duc de La Vallière, annonça dès son enfance le goût des lettres. Son titre, purement honorifique, de grand fauconnier de France, lui permit de partager son temps entre les plaisirs de la campagne et la société des littérateurs les plus aimables et les plus spirituels.



Il épousa le 19 février 1732, Anne-Julie-Françoise de Crussol, fille du duc Jean-Charles et de sa seconde femme, Anne-Marie-Marguerite de Bullion ; née le 11 décembre 1713, elle mourut le 2 janvier 1797, après avoir donné naissance à Charles-Marie en 1736 et Louis-César en 1738, morts tous deux en bas-âge, et Adrienne-Émilie-Félicité en 1740.



Dans son château de Champs-sur-Marne [Seine-et-Marne], à partir de 1739, puis dans celui de



Montrouge [Hauts-de-Seine, détruit en 1879 pour la construction de l’actuel hôtel de ville], qu’il fit construire vers 1750, il se plaisait à réunir souvent des hommes de lettres, dont François-Augustin Paradis de Moncrif (1687-1770), de l’Académie française, et Claude-Henri de Fusée (1708-1775), abbé de Voisenon, que Voltaire appelait « Monseigneur de Montrouge ».

Sa passion pour les livres, quelque peu ostentatoire, se manifesta de bonne heure, et il ne négligea ni soins ni dépenses pour en former une collection non moins remarquable par le choix que par le nombre des volumes : « Nous avons 20.000 livres à dépenser par an », écrivait son bibliothécaire, en 1769.
Cherchant à satisfaire sa passion par tous les moyens, il acheta aux ventes les plus célèbres de son temps : Guyon de Sardière en 1760 [toute la bibliothèque pour 26.500 livres], Gaignat en 1769 [pour 86.000 livres], le comte de Lauraguais en 1770, Bonnemet en 1772 [toute la bibliothèque pour 18.000 livres].



En 1775, il acheta à Prosper Jackson, pour la somme de 35.000 lires [sic], une des plus belles collections de livres italiens et latins des xve et xvie siècles, formée par son père George Jackson (1691-1763), négociant anglais établi à Livourne [Italie], époux de la belle Maria-Giovanna Riminaldi.



La même année, il fit aussi acheter à Londres des ouvrages, pour 15.000 livres, à la vente du Dr. Anthony Askew (1722-1774) : « The catalogue, without any doubt, contains the best, rarest, and most valuable collection of Greek and Latin Books that was ever sold in England » (Thomas-Frognall Dibdin. Bibliomania ; or Book Madness. London, 1811, p. 516).Quelques précieux volumes furent acquis à la vente des livres de Paul-Hippolyte de Beauvilliers (1684-1776), duc de Saint-Aignan, en 1776, qui offrait de très belles heures manuscrites et des précieux volumes de la main de Jarry. La même année 1776, après la mort de Jeanne de La Rochefoucauld, dite « Madame d‘Urfé », La Vallière acheta tous les livres manuscrits et imprimés sur vélin qui restaient de la bibliothèque de Claude d’Urfé.

Le duc de La Vallière ne craignit pas de recourir aux échanges, comme en 1752, avec Pierre Desmarais, bibliothécaire du Collège Mazarin, ou en 1755 avec le procureur général Joly de Fleury, ou encore en 1759 avec la Bibliothèque Saint-Victor. Il refusa même de rendre des livres qu’il avait empruntés à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, qui ne seront restitués que le 27 juin 1781 par son héritière : Tewrdancths ou les Aventures du chevalier Tewrdancths, en vers allemands, imprimés en 1517, in-fol., exemplaire sur vélin ; Anthologia graecae ex editione Joannis Lascaris, Florentiae, 1494, in-4, ex. sur vélin, mar. bleu ; l’An des sept Dames, rondeaux et ballades d’amour, et autres pièces, in-8 ; Le Mystère de l’Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, joué par personnages l’an 1474, à Rouen, in-fol., goth., s. l., s. d. ; Dyonisii Areopagitae Opera, in-8, ex. sur vélin ; manuscrit sur papier contenant neuf mystères à 41 personnages, in-fol.  

Son immense bibliothèque, faite de livres presque tous reliés en maroquin et dorés, était la plus belle et la plus riche qu’aucun particulier n’ait jamais eue en France. Elle devint le centre des réunions des savants bibliographes français et étrangers, durant lesquelles il prenait part aux discussions qui s’élevaient sur le degré du mérite ou de rareté des éditions qu’il était parvenu à se procurer. Il attacha momentanément à la garde de cette précieuse collection l’Abbé Pierre-Jean Boudot (1689-1771), censeur royal et attaché à la Bibliothèque du Roi, puis Louis-François-Claude Marin (1721-1809), censeur royal et secrétaire général de la Librairie.



En 1766, La Vallière quitta Montrouge pour s’installer au bout de la rue du Bac [VIIe], au carrefour de Sèvres, dans l’hôtel de Lassay, qui devint alors l’hôtel de La Vallière, où s’installera en 1813 le couvent des Filles de la Charité. La même année, il avait consenti à céder à Louis XV plusieurs beaux manuscrits, qui devaient être transportés à Trianon, mais que Bignon put incorporer, vers 1775, dans les collections de la Bibliothèque du Roi : ce fut le cas du « Livre des tournois » du roi René, que La Vallière tenait de Louis-François de Bourbon, prince de Conti. En 1767, La Vallière avait vendu à Gaignat et à Randon de Boisset plusieurs de ses manuscrits et livres imprimés sur vélin.



La première vente de livres, avec catalogue, de la bibliothèque du duc de La Vallière, fut une vente anonyme, constituée en grande partie, mais pas seulement, de ses doubles ; prévue « vers le mois de novembre 1767, après la S. Martin », elle eut lieu du 5 janvier au 7 mars 1768 : Catalogue des livres provenans de la bibliothèque de M.L.D.D.L.V. (Paris, Guillaume-François De Bure le jeune [1732-1782], 1767, 2 vol. in-8, 5.633 numéros). Enchères supérieures à 150 livres :

3. Biblia Sacra Polyglotta. Lutet. Parisiorum, Vitré, 1645, 10 vol. in-fol., v. m. 191 liv.
14. Biblia Sacra Latina. Moguntiae, per Joh. Fust & Petrum Schoiffher de Gernsheym clericum diocesis ejusdem, 1462, 2 tomes en 4 vol. in-fol., mar. r. 2.500 liv. à Girardot de Préfond.
16. Biblia Sacra Latina. Nuremberga, 1475, 2 vol. in-fol., m. r. 160 liv.
393. S. Joannis Chrysostomi Opera. Parisiis, Guérin, 1718 et seq., 13 vol. in-fol. v. f. 166 liv. 19 s.
409. S. Aurelii Augustini de civitate Dei. Moguntiae, per Petrum Schoiffer de Gernsheym, 1473, 2 tomes en 1 vol. in-fol., mar. r. rare. 192 liv.
418. S. Cyrilli, Alexandriae Episcopi, Opera omnia. Lutet. Parisiorum, Typis Regiis, 1638, 6 tomes en 7 vol. in-fol., v. br. 210 liv. 4 s.
468. Theophili Raynaudi, Soc. Jesu, Opera omnia. Lugduni, Boissat, 1665 et seq., 20 vol. in-fol., v. br. 240 liv.
469.Œuvres diverses de Messire Jacques Benigne Bossuet. Paris, J. Bapt. Coignard, 1748 et suiv., 20 vol. in-4, v. m. 178 liv. 10 s.
994. Annotomia della Messa & del Messale. Stamp. l’anno 1552, in-4, v. m., rare. 470 liv.
1.040. Les Très Merveilleuses Victoires des femmes du Nouveau Monde. Paris, Jeh. Ruelle, 1553, in-16, m. r. Ouvrage connu sous le nom de « La Mère Jeanne ». 220 liv.
1.215. Teatro Jesuitico. En Cuimbra, Guillermo Cendrat, 1654, in-4, mar. r., rare. 529 liv. 19 s.
1.366. Senecae utriusque Philosophi & Rhetoris Opera omnia. Neapoli, per Matthiam Moravum, 1475, in-fol. mar. r. rare. 240liv.
1.853. Andreae Baccii de naturali Vinorum historia, de vinis Italiae, & de conviviis antiquorum libri VII. Romae, Nic. Mutius, 1596, in-fol. mar. bl. rare. 193 liv.
2.289. Joannis de Janua, Ordr. Fratrum Praedicatorum Summa, quae vocatur Catholicon. Moguntiae (per Johannem Fust), 1460, in-fol., mar. r. 474 liv.
2.356. M. Tullii Ciceronis Opera omnia. Venetiis, Lucas Ant. Junta, 1534-1537, 4 vol. in-fol. m. r. 350 liv.
2.375. M. Tullii Ciceronis Epistolae ad familiars. Moguntiae, per Johannem Fust & Petrum Schoyffher de Gernshem, 1466, pet. in-fol., mar. r. 363 liv.
2.433. Homeri Opera omnia graece. Florentiae, 1488, 2 vol. in-fol., mar. r. 150liv.
2.434. Homeri Ilias & Odyssea, graece tantum. Glasguae, in Aedibus Academicis, excud. Rob. & Andr. Foulis, 1756, 4 vol. in-fol., mar. r. 151 liv. 10 s.
2.529. Q. Horatii Flacci, Venusini, Opera omnia. Impensis Philippi de Lavagnia, civis Mediolanensis, 1476, in-fol., mar. r. 150 liv.
3.308. Il Decamerone di M. Giovanni Boccaccio. In Firenze, per li Heredi di Philippo di Giunta, 1527, in-8, mar. r. E.O. rarissime. 630 liv.
3.380. Le Reali di Franza. Mutinae, per Petrum Maufer, Gallicum, 1491, in-fol., mar. r. rare. 168 liv.
3.809. Petri Delphini, Veneti, Prioris sacri Eremi, & Generalis totius Ordinis Camaldulensis, Epistolarum libri XII. Venetiis, arte & studio Bernardi Benalii, 1524, in-fol., mar. bl., rarissime. 600 liv.
4.085. Dionysii Sammarrhani & aliorum Benedictinorum Gallia Christiana, in Provincias Ecclesiasticas distributa. Parisiis, ex Typ. Regia, 1716 & seq., 11 vol. in-fol. v. m. 174 liv.
4.198. Bartholomaei de Pisis, Liber Conformitatum Vitae S. Francisci. Mediolani, Zanotus Castilioneus, 1513, in-fol., v. f. rare. 162 liv.
4.213. Rogerii Dodsworth & Guill. Dugdale, Monasticon Anglicanum. Londini, Richard. Hodgkinsonne, 1655 & 1673, 3 vol. in-fol. mar. r. rare. 240 liv.
4.235. Bonini Mombritii Acta &Vitae Sanctorum. Mediolani, per Antonium Zarotum Parmensem, 1480, 2 vol. in-fol. mar. bl. Rare. 200 liv.
4.334. Caii Jul. Caesaris Commentatiorum. Londini, Typ. Jacobi Tonson, 1712, in-fol., fig. mar. r. 204 liv.
4.430. Recueil des Historiens des Gaules & de la France, par Dom Martin Bouquet. Paris, 1738 & suiv., 10 vol. in-fol., v. m. 350 liv.
4.456*. Recueil de Pièces fugitives & détachées, tant en prose qu’en vers, & en différentes langues, sur toutes sortes de matières & sur divers sujets, dont la plus grande partie concerne cependant l’Histoire de France. 884 portefeuilles avec des dos de mar., in-fol., in-4 et in-8. Retiré à 1.300 liv., le duc en voulait 1.500 liv.
4.568. Les Conquestes de Louis XIV, par Sébastien Pontault. Paris, s. d., 2 vol. in-fol., v. f. 210 liv.
4.730. Figures des Monnoyes de France, par J. Bapt. Haultin. Paris, 1619, in-4, mar. citron, dent. à compart., rare. 200 liv.



4.856. Olavi Rudbeckii Atlantica. Upsalae, Henricus Curio, 1679, 1689, 1698 & 1699, 4 vol. in-fol. mar. bl. & v. f. 720 liv.
5.075. Dialogos de Medallas, Inscriciones y otras antiguedades. En Tarragona, por Felipe Mey, 1587, in-4, fig., mar. r., rare. 180 liv.
5.215. Journal des Savans, depuis l’année 1665, jusques & compris l’année 1764. Amsterdam, le Grand, 1684 & suiv., 253 vol. in-12, v. f. 230 liv. 1 s.
5.536. Valerii Maximi Opus de Dictis & Factis memorabilibus antiquorum. Moguntiae, per Petrum Schoyffer de Gernshem, 1471, in-fol. relié en bois, rare. 180 liv. 1 s.

À la fin de l’année 1768, La Vallière fit appel à l’Abbé Jean-Joseph Rive (1730-1791) pour lui servir de bibliothécaire.




Rapidement, Rive se comporta comme le maître de cette bibliothèque ; les proches de La Vallière finirent par le détester, et le duc lui-même pensait qu’il « avait fait l’acquisition d’un dogue ». Mais c’est lui qui fut le véritable créateur de la dernière bibliothèque, courant les ventes, les librairies et autres dépôts de livres, reconstituant une bonne partie des collections dont le duc s’était séparé, rédigeant des dizaines de milliers de fiches et publiant de nombreuses notices sur les collections de la rue du Bac : « nous achetons les bibliothèques entières pour y choisir ce qu’il y a de plus curieux et nous nous débarrassons du reste. » À la fin de 1788 ou au début de 1789, Rive écrivit au Père Laire :

« La vétusté des imprimés n’en fait aucunement le mérite, à moins qu’un bouquin du 15me. siecle ne contienne quelque trace remarquable touchant l’Art de l’Imprimerie, & les progrés de son invention, soit extensivement, soit intensivement, il ne doit jamais être recherché, & il est sans valeur quelconque. Ç’a été contre mon gré & contre mes représentations réitérées que la derniere Bibliothéque du Duc de la Valliere, que j’avois formée moi-même, a été inondée de tant de semblables bouquins. Comme le Duc, auquel cette Bibliothéque appartenoit, manquoit absolument d’esprit & de connoissances pour la Bibliothéque qu’il me faisoit former, il achetoit du Moine Maugerard [Jean-Baptiste Maugérard (1735-1815)], des caisses entieres de livres, & quand il les avoit reçues, au lieu d’en rejetter les bouquins qui y etoient contenus, il en faisoit ordinairement relier la totalité en maroquin. De là jugez du beau choix que L’ILLUSTRE GUILLAUME nous a donné des livres de cette derniere Bibliothéque. » [sic] (Chronique littéraire des ouvrages imprimés et manuscrits de l’Abbé Rive. Éleutheropolis, an II [1793], p. 201-202)    

Grâce à l’Abbé Rive, la bibliothèque du duc était devenue une bibliothèque de grande curiosité, avec des manuscrits à enluminures, des incunables, des plaquettes gothiques, des éditions princeps grecques et latines, les principales Bibles imprimées, des pièces de théâtre, les grands livres d’histoire naturelle, des impressions sur vélin, des brochures de colportage.



En janvier 1773, le duc fit une seconde vente, également anonyme, de doubles : Catalogue des livres de M*** (Paris, [Guillaume] De Bure fils aîné [1734-1820], 1772, in-8, 4-146 p., 2.812 lots).

« Le Cabinet de Livres, dont nous donnons le Catalogue, a de quoi piquer la curiosité des Amateurs. Les Classes de la Théologie, de la Jurisprudence & des Sciences & Arts, contiennent quelques premieres Editions & plusieurs Livres rares. Celle des Belles-Lettres renferme une très belle suite de Poésie ancienne & moderne, de Piéces de théâtre & de Romans : elle avoit été formée anciennement par MM. de Bombarde [1698-1783] & Guyon de Sardiere. Une personne distinguée & très versée dans la connoissance de notre ancienne Poésie & des Romans, a bien voulu nous communiquer ses lumieres, & nous désigner, comme rares, les articles qui sont énoncés pour tels dans le Catalogue. Dans la partie de l’Histoire, ainsi que dans les autres Classes, on trouvera plusieurs articles en grand papier & en maroquin, qui viennent du Cabinet choisi de feu M. Bonnemet. » (« Avis », p. 3-4)

52. Histoire du Vieux & du Nouveau Testament. Anvers, Pierre Mortier, 1700, 2 vol. in-fol., gr. pap., v. m., sans clous. 167 liv.
53. Physique sacrée, ou Histoire naturelle de la Bible. Amsterdam, 1732, 8 vol. in-fol., m. r. 321 liv. 2 s.
80. Sancti Augustini de Civitate Dei Libri XXII. Moguntiae, per Petrum Schoyffer de Gernszheym, 1473, in-fol. ch. mag. m. r. 79 liv. 19 s.
130. Sermons de Bourdaloue. Paris, Rigaud, 1707, 16 vol. in-8, m. r. 167 liv. 1 s.
220. Statuta Ordinis Carthusiensis. Basileae, Joan. Amorbachius, 1510, in-fol. relié en bois, rare. 80 liv.
334. Histoire naturelle, par MM. Buffon & d’Aubenton. Paris, Imp. royale, 1749 et suiv., 17 vol. in-4, v. m. 223 liv. 10 s.
351. Hortus sanitatis. Editio Primaria Rarissima. Moguntiae, 1491, in-fol. fig. m. r. 159 liv. 19 s.
353. Elémens de Botanique, par Pitton de Tournefort. Paris, Imp. royale, 1694, 3 vol. in-8, v. m. rare. 100 liv.
421. Méthode & invention nouvelle de dresser les chevaux, par le comte de Newcastle. Anvers, Jacques Van Meurs, 1658, in-fol., fig. m. r. rare. 174 liv. 1 s.
438. Dictionnaire universel de Trévoux. Paris, 1743, 7 vol. in-fol., v. m. 61 liv. 10 s.
445. M. Tullii Ciceronis opera omnia. Lug. Bat., Ex officina Elzeviriana, 1642, 10 vol. in-12, m. b. 72 liv. 1 s.
527. Les Métamorphoses d’Ovide, avec des explications historiques par l’abbé Banier, avec des fig. de B. Picart. Amsterdam, 1732, 2 vol. in-fol., v. f. 137 liv. 15 s.
621. Les Faits, Dits & Ballades de maître Allain Chartier. Paris, Pierre le Caron, in-fol. goth. v. b. Rare. 1 liv. 16 s. [gâté]
631. La Penthaire de l’Esclave fortuné. Paris, Alain Lotrian & Denys Janot, 1530, in-8 goth., v. b., très rare. 4 liv. 11 s.
644. Les Œuvres de Jean Marot. Paris, Pierre Roffet, in-8, non relié, rare. 1 liv. 12 s.
646.Œuvres poétiques de Bonaventure des Periers. Lyon, 1544, in-12, v. f. 2 liv. 1 s.
654. Les Œuvres de Hugues Salel. Paris, Etienne Roffet, dit le Faulcheur, in-8, v. b. 1 liv.
703. Les Poëmes de Pierre de Brach. Bordeaux, 1576, in-4, parch. 1 liv.
767. Les Premières Œuvres poétiques du capitaine Lasphrise. Paris, 1599, in-12, v. b.
768. Les Loyales et Pudiques Amours de Scalion de Virbluneau. Paris, 1599, in-12, v. m. 2 liv. 15 s. avec le précédent.
973. Fables choisies mises en vers, par de la Fontaine, avec les fig. de M. Oudry. Paris, 1755, 4 vol. in-fol., très grand pap., anciennes épreuves. 233 liv. 1 s.
979. Les Œuvres de Nicolas Boileau Despreaux, enrichies de fig. gravées par B. Picart. Amsterdam, David Mortier, 1718, 2 vol. in-fol., v. m. 96 liv. 2 s.
1.233.Œuvres de Molière. Paris, 1736 [i.e. 1734], 6 vol. in-4, fig., m. b. Première édition [i.e. premier tirage]. 132 liv.
1.504. Le Temple des Muses, orné de 60 tableaux dessinés et gravés par B. Picart. Amsterdam, Chatelain, 1733, in-fol. m. r. 100 liv.
1.580. Les Amours pastorales de Daphnis & Chloé, avec les fig. gravées par Audran sur les peintures de M. le duc d’Orléans, Régent de France. Paris, 1718, in-8, m. r. l. r. très rare. 99 liv. 19 s.
1.659. Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse, par François de Salignac de la Mothe Fénelon, enrichie de fig. en taille-douce. Amsterdam, 1734, in-fol. m. r. première édition. 429 liv. 19 s.
2.101. Le Zombi du grand Pérou, ou la Comtesse de Cocagne. 1697, in-12, v. b.
2.102. Le Roman de Merlin l’Enchanteur. Paris, Ant. Vérard, 1498, 3 vol. in-fol. goth. rare. Ex. de Bonnemet. 120 liv. 1 s. avec le précédent.
2.125. Les Principales Aventures de Don Quichotte, représentées en figures. La Haye, 1746, in-fol. m. r. 130 liv. 7 s.
2.428. Cérémonies & Coutumes religieuses de tous les peuples du monde. Amsterdam, 1723 et suiv., 11 vol. g. p. v. f. première édition. 799 liv. 18 s.
2.440.C. Julii Caesaris Commentarii cum annotationibus Clarke. Londini, Tonson, 1712, in-fol., fig. m. r. 194 liv. 4 s.
2.468. Histoire de France, par F. E. de Mezeray. Paris, Mathieu Guillemot, 1643, 3 vol. in-fol., gr. p. m. r. très rare. Ex.de Bonnemet. 350 liv. 1 s.
2.514. Mémoires de Condé. Paris, Rollin fils, 1743, 6 vol. in-4, gr. pap. v. f. 109 liv. 19 s.
2.595. Le Sacre de Louis XV dans l’église de Rheims, le 25 octobre 1722. Gr. in-fol., m. r. 63 liv.
2.631. Recherches curieuses des Monnoies de France, par Claude Bouterouë. Paris, 1666, in-fol., gr. pap., m. r. Rare. 162 liv. 1 s.
    
Une troisième vente anonyme commença le 10 mars 1777, rue Dauphine, à l’hôtel d’Espagne : Catalogue des livres provenans de la bibliothèque de M. L. D. D. L. V.  (Paris, [Guillaume] De Bure fils aîné [1734-1820], 1777, in-8, viij-116 p., 1.308 lots). On y relève : le Quintuplex Psalterium donné par H. Estienne en 1513, imprimé sur vélin fut vendu 330 liv. ; le Lactance de Rome, 1468, 154 liv. ; l’Editio primaria, perrara, de Caesar, de Rome, 1469, in-fol., 610 liv. ;  77 manuscrits sur 159, dont la plupart avaient été acquis en Italie et tirés de la bibliothèque de Jackson, passèrent dans la bibliothèque de Paulmy.


La Vallière mourut à Paris, le 16 novembre 1780, ne laissant qu’une fille, la duchesse de Châtillon, en qui s’éteignit le nom de La Vallière.

« 19 Novembre 1780. M. le Duc de la Valliere vient de mourir ; c’étoit un des Seigneurs les plus corrompus de la vieille cour, ami du feu Roi & voué à toutes ses maîtresses. Il mérite cependant qu’on conserve son nom à la postérité, comme amateur distingué, comme protecteur des lettres, & même comme faiseur. Il avoit vendu une fois sa bibliothèque très renommée alors pour les manuscrits. Il s’en étoit composé une autre d’un nouveau genre, fort précieuse encore : il avoit des tableaux, & moderne Lucullus, il possédoit des jardins délicieux, comme ce Romain. » (Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France. Londres, John Adamson, 1781, t. XVI, p. 73)

La duchesse de Châtillon chassa l’Abbé Rive et confia la rédaction du catalogue des livres de la bibliothèque du duc à Guillaume De Bure (1734-1820) et Joseph Van Praet (1754-1837), ce qui donna lieu à une terrible querelle entre De Bure et Rive. De Bure et Van Praet commencèrent à travailler en mai 1781 et le catalogue fut mis sous presse à la fin de janvier 1782.



Après sa mort, la première grande vente de livres de la bibliothèque de La Vallière, prévue « dans les premiers jours du mois de Décembre 1783 », eut lieu du lundi 12 janvier au 5 mai 1784, en 81 vacations, dans la grande salle de l’hôtel de Bullion, rue Plâtrière : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. le duc de La Vallière. Première partie […]. Tome premier. (Paris, Guillaume De Bure fils aîné [1734-1820], 1783, 3 vol. in-8, [3]-[1 bl.]-lxiv-71-[1 bl.]-602 p., front. et 1 pl., 2.149 lots ; [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-758 p., 3 pl., lots 2.150-4.466 ; [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-388 p., 1 pl., lots 4.467-5.668). Le tome I, avec un portrait du duc en frontispice, dessiné et gravé par Cochin fils, est consacré aux ouvrages de théologie et de droit ; le tome II est consacré aux belles-lettres ; le tome III rassemble les ouvrages d’histoire. Les manuscrits ont été décrits par Joseph-Basile-Bernard Van Praet (1754-1837), qui entra à la Bibliothèque du Roi l’année suivante. On doit y ajouter une « Table des noms des auteurs, graveurs, peintres, écrivains, &c. et des titres de leurs ouvrages. » (376 p.), une « Seconde Table, contenant les titres des livres sans noms d’auteurs » (92 p.) et un Supplément à la première partie du catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. le duc de La Vallière (Paris, Guillaume De Bure fils aîné, 1783, in-8, x-90 p.), qui contient deux pages d’ « Errata » pour les trois tomes et les tables.  
La vente produisit au total 464.677 livres et 8 sols : 98.324 liv. 17 s. (théologie) + 11.776 liv. 14 s. (jurisprudence) + 78.576 liv. 8 s. (sciences et arts) + 156.201 liv. 14 s. (belles-lettres) + 119.797 liv. 15 s. (histoire).
De Bure acquit un très grand nombre d’articles, et des plus importants, pour la Bibliothèque du Roi [imprimés], Mac-Carthy, Montaran, l’abbé de Mayence [représentant l’Évêque-électeur], Lussaret, Montaynard, Paris de Meyzieu, le duc de Penthièvre, Perthuis, etc.
Béjot, conservateur du département des manuscrits à la Bibliothèque du Roi, acheta un grand nombre de manuscrits.
Le libraire Tilliard acheta pour Bolongaro-Crevenna, Carpenter, Collaert [libraire de Bruxelles], Laporte, etc.
Son confrère Mérigot jeune acheta pour Charles-Émérance de Revissinye, comte de Rewiczky (1737-1793), célèbre bibliophile, ambassadeur d’Autriche.
De Tune, libraire à La Haye, acheta pour la Bibliothèque de La Haye et quelques cabinets néerlandais.
Le célèbre Chardin acheta pour d’Hangard, Méon et Firmin-Didot.
L’Abbé Strattman, conservateur à la Bibliothèque impériale de Vienne, fut l’un des gros bordereaux de la vente.
Molini, le grand libraire florentin, acheta quelques livres pour la Laurentiane et la Magliabecchiana.
Payne, de Londres, fut chargé des commissions de Grenville, de lord Spencer et du duc de Roxburghe.
Parmi les amateurs qui furent présents : le marquis de Méjanes, l’abbé de Prémontré, Niel de Saint-Céran, Neerman, le duc de Cossé, Née de La Rochelle, Bailly [futur maire de Paris], Naigeon, Sept-Chesnes, Saint-Cergues, le comte Durazzo, Paulmy, Lolliée, Laujon, Elmsly [libraire à Londres], Yzquierdo [représentant Le Camus de Limare], la duchesse de Châtillon, etc.

Les enchères dépassant 1.000 livres le lot, concernent majoritairement des incunables et des manuscrits :

28. Biblia sacra latina vulgatae editionis. Moguntiae, per Johannem Fust et Petrum Schoiffer de Gernsheym, 1462, 2 vol. in-fol. goth., m. viol., impr. sur vélin. Acheté 3.200 liv. chez Gaignat. 4.085 liv.
84. La Sainte Bible traduite en françois. Lyon, Jean de Tournes, 1557, 3 vol. in-fol., m. r. Impr. sur vélin avec 337 miniatures. 1.002 liv.
124. Speculum humanae salvationis. Pet. in-fol., m. r. dent. doub. de tabis. Vient de la bibliothèque des Célestins, à Paris. 1.260 liv.
214. Guillelmi Durandi rationale divinorum officiorum. Moguntiae, per Johannem Fust et Petrum Schoyffer de Gernszheym, 1459, in-fol., m. r. dent. doub. de m. viol. Première édition, imprimée sur vélin. 2.700 liv.
273. Breviarium secundum usum Sarum, sive Ecclesiae Sarisburiensis, in-4 fort épais, m. r. dent. tabis. Manuscrit sur vélin à l’usage de l’église de Salisbury du xve, 45 grandes miniatures, 4.300 petites. 5.000 liv.
283. Praeces piae, cum calendario, in-fol., v. f. Manuscrit sur vélin du xive, 537 miniatures. 1.850 liv.
285. Heures latines de René d’Anjou, roi de Jérusalem et de Sicile, avec miniatures peintes par lui-même, in-fol., m. r. Manuscrit sur vélin du xve. 1.200 liv.
303. Praeces piae, cum calendario, pet. in-4, m. r. dent. Manuscrit sur vélin du xvie, exécuté en Italie, 42 peintures. 1.499 liv. 19 s.
318. Heures de nostre dame escrites à la main, 1647, par n. jarry parisien, in-8, chagrin noir, avec deux fermoirs d’or. Manuscrit sur vélin, 7 peintures. Acquis en 1776 pour 515 liv. 10 s. à la vente de Paul-Hippolyte de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan. 1.601 liv.
324. Officium Beatae Mariae Virginis, cum calendario, in-4, m. r. dentelles. Manuscrit sur vélin des xvie et xviie, 12 peintures. 3.012 liv.
413. Lactantii Firmiani opera. In monasterio Sublacensi, 1465, in-fol. m. r. Première edition. 1.830 liv. 19 s.
591. Ars moriendi, opus, si structuram spectes, nullius momenti. Dressé et imprimé par P. J. Mariette, 1738, in-4, m. r., doub. de tabis, portrait de Laurent Coster. Acheté 1.070 liv. à la vente Mariette. 1.610 liv.
913. Christianismi Restitutio. 1553, in-8, m. r. à compartiments. Ex. de Richard Mead, qui l’avait offert à De Boze. Acheté 3.810 liv. à la vente Gaignat en 1769. 4.120 liv.
914. Michaelis Serveti Chistianismi Restitutio. 2 vol. in-4 v. f. Réimpression et copie exacte du précédent, faite sous les yeux de Mead. Acheté 425 liv à la vente Paris de Meyzieu. 1.700 liv.
1.049. Decretum Gratiani cum glossis, ex recensione Bartholomoei Brixiensis. Moguntia, Petrus Schoiffer de Gernsheym, 1472, 2 vol. in-fol. goth. m. r. imprimé sur vélin. 1.150 liv. 19 s.
1.445. Caii Plinii Secundi naturalis historiae libri XXXVII. Venetiis, Joannes de Spira, 1469, in-fol., m. r. dent. Première édition. 1.699 liv. 19 s.
1.457. Caii Plinii Secundi naturalis historiae libri XXXVII. Parisiis, Antonius Urbanus Coustelier, 1723, 3 vol. in-fol., m. r. imprimé sur vélin. 1.190 liv.
1.544. Plantes peintes en gouache par Claude Aubriet, in-fol. m. r. 30 plantes peintes sur vélin. 1.100 liv.
1.556. Recueil de Fleurs & d’Insectes peints sur vélin par Daniel Rabel en 1624, in-fol. m. r. 233 fleurs, 7 papillons, 22 divers insectes et 1 reptile à 2 têtes qu’on a appelé « Amphisbena ». L’abbé Rive a donné une notice sur ce recueil. 7.400 liv.
1.618. Recueil d’Oiseaux, peints par Claude Aubriet, in-fol. m. r. 92 oiseaux. Sur vélin.  2.400 liv.
1.677. Papillons, Plantes & Fleurs, peints par Claude Aubriet, in-fol. m. r. Sur vélin. 3.000 liv. 10 s.
1.686. Locupletissimi rerum naturalium Thesauri accurata descriptio, & iconibus artificiosissimis expressio, per universam Physices Historiam. Amstelodami, apud Janssonios Waesbergios, 1734, 4 vol. in-fol. m. r. Toutes les fig. sont coloriées. 1.550 liv.
2.035. Les Chars de triomphe, 1517, 79 pièces. Ex. de Pierre-Jean Mariette (1 des 3 qui ont paru). 1.000 liv.
2.125. Oppiani de Piscatu libri quinque. In Colle Oppido Municipio florentino, Gallus cognomine Bonus, 1478, in-4 goth. m. r. Première edition. 1.000 liv.
2.199. Joannis (Balbi) de Janua summa quae vocatur Catholicon. Moguntia, Johannes Fust & Petrus Schoyffer de Gernszheym, 1460, 2 vol. in-fol. m. r. dent. Première edition, imprimé sur vélin. 2.001 liv.
2.250. M. Tullii Ciceronis Opera omnia. Parisiis, Joannes Baptista Coignard, 1740, 9 vol. in-4, G. P., format petit in-fol. m. r. 1.179 liv. 19 s.
2.275. M. T. Ciceronis Officiorum libri tres. Moguntiae, per Johannem Fust et Petrum Schoyffer de Gernsheym, 1465, pet. in-fol. goth. m. r. Première édition. Impr. sur vélin. 1.400 liv.
2.327. M. T. Ciceronis Rhetoricorum libri quatuor emendati ab Omnibono Leoniceno. Venitiis, Nicolaus Jenson, 1470, in-4, m. bl. Première édition. Impr. sur vélin. 1.100 liv.
2.432. Publii Virgilii Maronis Opera. Romae, Conradus Sweynheym & Arnoldus Pannartz, in domo Petri & Francisci de Maximis, [1469]. In-fol., m. bl., dent. Première édition rarissime. 4.101 liv.
2.514. C. Calphurnii Eclogae XI. Romae, Conradus Sweynheym & Arnoldus Pannartz, in domo Petri & Francisci de Maximo, 1471, in-fol., m. r. Première édition. 1.160 liv.
2.538. Valerii Martialis Epigrammata. Venetiis, Vindelinus de Spira, circa ann. 1470, in-4, m. r. Première édition très rare. 1.274 liv.
2.701. Recueil de Poésies des Troubadours. Gd in-fol., m. r., dent. Manuscrit sur vélin du xive. Vient de la bibliothèque de Madame d’Urfé. 1.500 liv.
2.811. Le Roman de très douce Mercy au Cuer d’Amours épris. In-fol., m. r. Manuscrit sur vélin du xve. Vient de la bibliothèque de Gaignat, à la vente duquel il a coûté 875 liv. 1.620 liv.




3.247. La Guirlande de Julie. Pour Mademoiselle de Rambouillet. Julie Lucine-d’Angennes. Escript par N. Jarry. 1641. In-fol. m. r. doublé de m. Manuscrit sur vélin. 14.510 liv. à la duchesse de Châtillon.
3.358. Le Mystère de la vengeance de Notre-Seigneur Jésus-Christ.Paris, Antoine Vérard, 1493, in-fol., goth., m. r. Imprimé sur vélin, 28 miniatures. 1.500 liv.
3.579. Opere di Francesco Petrarcha. Venetiis, Vindelinus de Spira, 1470, in-4, m. r. 1.330 liv.
3.838. Lucii Apuleii Platonici Philosophi metamorphoseos liber. Romae, in domo Petri de Maximo, die ultima mensis februarii, 1469, in-fol., m. r. Première édition. 1.520 liv.
4.097. La Très Elégante, Délicieuse, Melliflue & très Plaisante Histoire du très noble & victorieux roi Perceforest. Paris, Galliot du Pré, 1528, 6 vol. in-fol., goth., m. r. Imprimé sur vélin. 1.601 liv.
4.199. Auli Gellii Noctes Atticae. Romae, in domo Petri de Maximis, 1469, die vero XI mensis aprilis. Première édition. Manque 1 f. de la Table. 1.130 liv.
4.375. Recueil très précieux de pièces diverses qui traitent principalement de l’histoire de France. 500 portefeuilles in-8, avec des dos de m. r. 1.211 liv.
4.527. Hac introgressus, lector, Magiae familiae arborem, seriem atque insignia Caroli deinde Magii equitis Hierosolymitani filiique imagines Postremo varios viri casus exitusque reperies anno dni 1578 in-fol. m. r. dent. tabis. Ce manuscrit a coûté 902 liv. à la vente Gaignat. 2.000 liv.
4.717. Acta Sanctorum. Antverpiae, apud Joannem Meursium, 1643 et anno seq. 51 vol. in-fol. v. f. 1.799 liv. 19 s.
4.844. Les Faictz & Gestes d’Alexandre le Grant. In-fol., m. bl. Manuscrit sur vélin du xve, 86 miniatures. 1.000 liv.
4.905. Caii Julii Caesaris opera. Romae, in domo Petri de Maximis, die xii mensis Maii 1469, in-fol. m. r. Première édition. 1.260 liv.
4.924. Caii Suetonii Tranquilli de vita & moribus XII. Romae, in Pinea regione via Papae (per Ulricum Han), anno 1740 [i.e. 1470], sextili mense. Pauli autem Veneti. II. Pont. Maximi anno sexto. 1.340 liv.
5.056. Les Cronicques d’Anguerran de Monstrelet. 3 vol. in-fol. m. r. dent. Manuscrit sur vélin du xvie. 2.700 liv.
5.070. Dialogues entre Pierre Salmon et Charles VI roi de France. Manuscrit sur vélin du xve, 27 miniatures. 1.299 liv. 19 s.
5.235. Livre d’Heures du comte de Bussy-Rabutin. Vol. in-16, mar. citr. dent. double de mar. r. Marques de fermoirs. 2.400 liv.
5.295. Ces sunt les chapitres faites et trouees pour le tres excellent prince Monseignour le roy loys pour la grace de Dieu roy de Jerusalem et de Secille. In-fol. m. r. dent. Manuscrit sur vélin des statuts de l’Ordre des chevaliers du Saint-Esprit. 1.510 liv.
5.335.Pompa introitus Ferdinandi Austriaci, Hispaniarum Infantis, Belgarum & Burgundionum Gubernatoris, in urbem Antverpiam XV Kal Maii anno 1635. Antverpiae, veneunt exemplaria apud Theod. a Tulden, qui iconum tabulas ex Archetypis Rubenianis delineavit & sculpsit, 1641, in-fol. m. r. Imprimé sur vélin. Acheté 920 florins [1.994 liv.] à la vente Verdussen, en 1776, à Anvers. 1.700 liv.
5.371.Olavi Rudbeckii Atlantica, 1675-1679-1689, 6 vol. in-fol., fig., m. r. 1.351 liv.
5.418. Nobiliaire de Picardie. 4 vol. in-fol. v. m. Impr. sur vélin. 1.210 liv.
5.420. Recherche de la noblesse de Champagne, par M. de Caumartin. Chalons, Jacques Seneuze, 1673, 2 vol. in-fol., m. r. Imprimé sur vélin avec les armoiries coloriées. 7.601 liv.
5.527.Museum Florentinum exhibens insigniora vetustatis monumenta quae Florentiae sunt. Florentiae, ex typ. Mich. Nesteni, 1731 & seq., 11 vol. in-fol., fig. m. r. dent. 1.199 liv. 19 s.
5.643. Valerii Maximi de Dictis Factisque memorabilibus veterum libri IX. Moguntiae, per Petrum Schoyffer de Gernshem, 1471, in-fol. goth., m. bl. Impr. sur vélin. 1.500 liv. 15 s.
    


Les livres de la seconde grande vente, prévue « dans les premiers jours du mois de Décembre 1784 », furent achetés en bloc par Antoine-René de Voyer d’Argenson (1722-1787), marquis de Paulmy, le 4 mars 1786, pour la somme de 80.000 livres, puis rachetés, dès le 23 juin 1786, par le comte d’Artois,


pour le même prix, et sont aujourd’hui à la bibliothèque de l’Arsenal : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. le duc de la Vallière. Seconde partie, […]. Tome premier. (Paris, [Jean-Luc] Nyon l’aîné, 1784, 6 vol. in-8, lxiv [i.e. lxvj]-561-[1 bl.] p., 3.442 lots ; xij-538 p., lots 3.441 [sic]-7.399 ; xij-464 p., lots 7.400-12.255 ; xij-488 p., lots 12.256-16.999 ; xij-608 p., lots 17.000-21.399 ; xiv-663-[1 bl.] p., lots 21.400-26.537). La classification est beaucoup éloignée du système bibliographique suivi alors en France : le tome I, consacré aux livres de théologie et de jurisprudence, contient un feuillet portant au recto deux bons pour un exemplaire gratis de la « Table des matières et des auteurs » et pour un exemplaire des « Prix imprimés » de la seconde partie du catalogue de la bibliothèque ; le tome II est consacré aux sciences et arts, le tome III aux belles-lettres, le tome IV à la poésie, le tome V à la poésie dramatique et à l’histoire, le tome VI à l’histoire particulière de l’Europe.
L’Abbé Rive n’avait pas tout à fait tort quand il accusait son rival, « le Gros Guillaume », de manquer de goût, de savoir et de connaissances spéciales : il y a dans les catalogues de cette deuxième vente des trésors de rareté et d’élégance, d’une condition et d’une fraîcheur de reliure exceptionnelles, qui auraient dû remplacer nombre d’articles qui figurent dans la collection dispersée en 1784.      



Le catalogue de la seconde partie de la bibliothèque du duc de La Vallière a été réédité en 1788, Jean-Luc Nyon, associé à son fils Marie-Jean-Luc Nyon, se contentant d’enlever sur le titre les mots « dont la Vente se fera dans les premiers jours du mois de Décembre 1784 », d’y changer la date de 1784 par celle de 1788 et de mettre en tête un « Avertissement » dont la fin fut modifiée, compte tenu de l’achat en bloc par le marquis de Paulmy, et qui est contenu dans les pages V-X [sic], ce qui donne lieu à une lacune [feuillet xj-xij manquant] entre les pages x et xiij.

Le duc de La Vallière avait été l’auteur de quelques pièces de vers et de deux romances : Les Amours infortunés de Gabrielle de Vergy et de Raoul de Coucy, et Les Infortunés Amours de Comminges. On lui attribue : Ballets, opéra, et autres ouvrages lyriques, par ordre chronologique depuis leur origine (Paris, Cl.-J.-Baptiste Bauche, 1760) et Bibliothèque du théatre [sic] françois, depuis son origine (Dresde [i.e. Paris], Michel Groell [i.e. J. B. Bauche], 1768, 3 vol.), « contenant un extrait de tous les ouvrages composés pour ce théâtre, depuis les Mystères jusqu’aux Pièces de Pierre Corneille » et rédigée avec un groupe d’érudits, dont Barthélemy Mercier (1734-1799), abbé de Saint-Léger de Soissons et aumônier de la Grande fauconnerie de France, qui écrivit sur le faux titre du tome I de son exemplaire :

« Le duc de La Vallière, qui se croyait auteur de cette bibliothèque, faite par Marin, Capperonier, moy et d’autres gens de lettres, vendit le manuscrit au libraire Jean-Baptiste-Claude Bauche, qui le fit imprimer à ses frais avec une permission tacite. »
 
En souvenir de La Vallière, on appelle « maroquin lavallière » le maroquin de couleur feuille morte, tandis qu’en souvenir de sa grand-tante, la cravate [d’homme ou de femme] formée d’un large nœud flottant est appelée une « lavallière ».






































Bolongaro-Crevenna, négociant francophile à Amsterdam

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Pietro-Antonio [Pierre-Antoine] Crevenna, naquit à Milan en 1735 et s’établit négociant à Amsterdam en 1756. Il tenait une grande partie de sa fortune de son beau-père, Giacomo-Filippo [Jacques-Philippe) Bolongaro (1715-1780), négociant en tabac. Il épousa en effet, en 1768, Antonia-Maria Bolongaro (1748-1784), qui lui donnera huit enfants avant de mourir prématurément à Francfort, chez sa sœur, le 16 juillet 1784, et prit le patronyme Bolongaro-Crevenna. Il ne put rester veuf et épousa, en 1785, Agatha-Cornelia Dommer (1742-1816), veuve de Abraham-Philippus Van Overloop.  

À défaut de devenir homme de lettres, il cultiva les lettres tout en se livrant aux opérations commerciales. Très instruit et très riche, il n’épargna ni peine, ni sacrifices, pour enrichir son cabinet. Il se restreignit d’abord aux belles-lettres et à l’histoire naturelle, puis y joignit les plus belles éditions des principaux auteurs français. Il ne rentra dans les classes de théologie, de droit, de philosophie, de médecine et d’histoire, que parce qu’en formant sa collection, il y rencontra des ouvrages qui, par leur rareté ou par leur singularité, lui parurent intéressants. Il publia lui-même le catalogue de sa bibliothèque, pour son usage, pour ses amis et plusieurs savants de l’Europe :


Catalogue raisonné de la collection de livres de M. Pierre Antoine Crevenna, négociant à Amsterdam (S.l.s.n., 1775, [2]-336-[3]-[1 bl.6 vol. in-4, XII-149-[1], [1]-[1 bl.]-244-[1]-[1 bl.], 322-[1]-[1 bl.], 327-[1], 346-[1]-[1 bl.] et [1]-[1 bl.]-] p., 150 ex.).
Le premier volume embrasse la théologie ; la jurisprudence, la philosophie, l’histoire naturelle et les arts forment le second ;  le troisième et le quatrième offrent ensemble les belles-lettres ; l’histoire remplit le cinquième ; le sixième volume contient les « Additions », la « Table générale des auteurs » et plusieurs listes différentes.
Il y a mis des notes, dans quelques-unes desquelles il relève des erreurs de la Bibliographie instructive de Guillaume-François De Bure (1732-1782), qui l’ont autorisé à le présenter sous le titre de « catalogue raisonné ».



« Il me reste à faire une remarque sur la Vignette en taille douce [gravée par Jakob van der Schley (1715-1779) et datée 1774], qui se trouve sur le titre de ce volume. Elle n’est proprement pas faite pour y figurer : elle est seulement imaginée pour être collée dans chacun de mes livres, afin d’indiquer qu’ils m’appartiennent, comme il est assez d’usage dans les Bibliothéques, qui sont de quelque importance : si je la mets en tête de ce Catalogue c’est par ornement, & par une analogie, qu’on lui reconnoitra bien aisément avec l’ouvrage. » [sic] (Premier volume, « Préface », p. XI)

On écrivit alors de toute part à Crevenna pour le solliciter de donner à son travail une publicité plus étendue. Il en fit recommencer la composition et en fit tirer 150 exemplaires destinés pour le public et déposés chez les libraires Pierre Van Damme (1726-1806), à Amsterdam, et Maria Cappel, veuve de Jean Van Duren (1687-1757), à La Haye :


Catalogue raisonné de la collection de livres de M. Pierre Antoine Crevenna, négociant à Amsterdam (S.l.s.n., 1776, 6 vol. in-4, [1]-[1 bl.]-VIII-149-[1], [1]-[1 bl.]-244-[1]-[1 bl.], 322-[1]-[1 bl.], 327-[1], 346-[1]-[1 bl.] et [1]-[1 bl.]-[2]-336-[3]-[1 bl.] p., 150 ex.).
Il précisa, dans la « Préface » du premier volume qui fut réécrite :

« Ma Collection ne doit donc pas être regardée comme une Bibliothéque de ressource générale, suivie, & complette dans toutes les Classes & en toutes sortes de matières, mais plutôt, comme une Collection qui renferme quelque chose de toutes les Classes, & qui est composée surtout de raretés & de curiosités. […]
Comme j’ai voulu que cet ouvrage fût à la portée de toutes les Nations, j’ai préféré le donner en François plutôt qu’en Italien ou en Latin. »

La mort de son beau-père, en 1780, fit retomber sur lui le poids de toutes ses affaires : il était tuteur de sa belle-sœur célibataire et avait à diriger trois maisons de commerce, une à Amsterdam et les deux autres en Allemagne, à Francfort.
En 1782, il envisagea de construire un bâtiment qui renfermerait sa bibliothèque, composée de deux grands salons communiquant entre eux, l’un d’environ 38 pieds de long sur 25 de large, l’autre de 34 sur 22, tous les deux de la hauteur de 19 à 20 pieds.
Pour la vente du duc de La Vallière, qui eut lieu du 12 janvier au 5 mai 1784, Crevenna avait chargé Guillaume De Bure (1734-1820) de ses commissions, peu nombreuses. Le 18 mars 1784, il écrivit à l’Abbé de Saint-Léger, dont il avait fait la connaissance en 1779 :

« Quant à la vente de la Vallière, on peut bien dire qu’il n’y en a jamais eu de si extravagantes et folles […] Je suis fâché de n’avoir rien pu acquérir [il avait acquis plusieurs romans manuscrits] ; mais d’un autre côté, je ne suis pas assez fou pour oser me mettre en concurrence avec de si grands princes, ce qui aurait été de la dernière témérité. »

En 1785, Crevenna alla à Francfort, à Savone et à Strasbourg : dans cette dernière ville, il vit la bibliothèque du collège et celles de l’Université et du célèbre philologue Richard Brunck (1729-1803), dont il fit la connaissance.
Le 6 décembre 1787, Crevenna écrivit à l’Abbé de Saint-Léger :

« De soi-disants amis de Londres, par pure amitié, m’ont emporté 600,000 florins, et j’en perds environ 200,000 encore avec la maison Hochleiter [Marien Hochleiter & Cie], à cause de la fuite et des malversations de Marien [Tomas-Antonio de Marien y Arrospide]. Cependant mes affaires vont être arrangées sous peu, et je n’aurai pas besoin de vendre aucun de mes livres pour faire face à mes engagements. »

Il confirma le 10 mars 1788 : « Mes affaires sont enfin arrangées, et je satisferai à mes engagements sans toucher à la bibliothèque. »

Néanmoins, en 1789, il dut se résoudre à vendre la plus grande partie de sa bibliothèque, se réservant pour son usage beaucoup de livres utiles en tout genre et tous les ouvrages relatifs à l’histoire littéraire et à la bibliographie. La crise politique fut la raison qu’il donna de ce revirement.



Catalogue des livres de la bibliothéque [sic] de M. Pierre-Antoine Bolongaro-Crevenna(Amsterdam, D. J. Changuion & P. den Hengst [[Daniel-Jean Changuion (1738-1798) et Petrus den Hengst, libraires dans la Kalverstraat], 1789, 5 vol. in-8, [3]-[1 bl.]-[2]-LXXXIII-[1 bl.]-258 p., 1 pl. h.-t., 1.295 lots ; [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-264 p., lots 1.296-2.912 ; [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-254 [i.e. 222]- [1]-[1 bl.]-171-[1 bl.] p., lots 2.913-5.690 ; [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-250-54p., lots 5.691-8.046 ; 208-182-[4] p.).
Ce second catalogue renferme plus d’articles que le précédent, mais il y a peu de notes. On en a tiré 50 exemplaires sur papier superfin de Hollande, de format in-4.
Le premier volume concerne la théologie ; le second, la jurisprudence et les sciences et arts ; le troisième, les belles-lettres, en deux parties ; le quatrième, l’histoire ; le cinquième contient la « Table des noms des auteurs », une « Seconde Table, contenant les titres des livres sans nom d’auteur », des « Errata » et des « Additions ».



Cette bibliothèque était la plus belle, la plus riche et la mieux choisie de toutes celles qui existaient alors en Europe chez des particuliers. La vente se fit dans la maison du possesseur, du lundi 26 avril jusqu’au mardi 15 juin 1790, en 42 vacations.

« Nous présentons au Public le Catalogue de la Bibliothéque la plus riche, la plus choisie, & la plus précieuse qui existe entre particuliers en Europe ; d’une Bibliothéque qui a été à juste titre un des ornements de cette ville, l’objet de la curiosité & de l’admiration des Etrangers instruits, & une ressource sûre & féconde pour tous les Gens de lettres, qui ont voulu s’en prévaloir. […] Outre plus de Deux Cent Soixante Manuscrits, la plupart sur Vélin, & dont un grand nombre est décoré de superbes Miniatures ; outre environ Mille & Cinquante Editions du xve. Siecle, entre lesquelles se trouvent les plus rares & les plus précieuses ; chaque Classe, chaque Division même lui offrira tout ce que l’on connoît en fait de raretés de tout genre, d’Editions originales, & de Livres curieux & singuliers, les plus recherchés, & les plus estimés par les Savans ; […] A tout cela il faut encore ajouter le choix exquis, & la beauté des Exemplaires ; chose, en fait de raretés, inappréciable, & si difficile à trouver, & dans laquelle le Possesseur, qui d’ailleurs n’a rien épargné pour l’obtenir, a presque toujours eu le bonheur de réussir. » [sic] (Premier volume, « Avertissement », p. I-II)    

La librairie et le bureau de loterie de Jan de Groot, dans la Kalverstraat (1779)

Faute de commissions ou de concurrence, 1.529 lots [19%] ont été retenus ; ceux qui souhaitaient en acquérir, devaient s’adresser aux libraires directeurs de la vente.
Adjudications égales et supérieures à 100 florins :

1. Biblia Sacra Polyglotta. Compluti, per Arnoldum Guilielmum de Brocario, 1514, 1515 et 1517, 6 vol. in-fol. m. r. d. f. t. et p. Première Polyglotte. 370 fl.
2. Biblia Sacra Polyglotta. Antverpiae, Christoph. Plantinus, 1569-1572, 8 vol. in-fol., cart. d. de v. 120 fl.
3. Biblia Sacra Polyglotta. Lutetiae Parisiorum, Antonius Vitré, 1645, 10 vol. in-fol., v. m. d. s. t. 130 fl.
4. Biblia Sacra Polyglotta. Londini, Thomas Roycroft, 1653-1657, 6 vol. in-fol., v. n. réglé [Polyglotte de Walton]. Lexicon Heptaglotton, id., 1660, 2 t. en 1 vol. in-fol. v. n. 130 fl.
10. Biblia Hebraica integra cum punctis & accentibus. Soncini, per Abrahamum filium Rabbi Chaiim Pisaurensem, habitantem Bononiae, [1488]. Première édition de tous les Livres du Vieux Testament en Hébreu. 2 vol. pet. in-fol. d. de v. 500 fl.
11. Biblia Hebraica cum punctis & accentibus. S.l.s.n.s.d. In-fol. v. f. Les Juifs la croient imprimée à Lisbonne. Mais Jean Bernard de Rossi de Parme la croit exécutée à Soncin, peu avant ou après l’édition de 1488. 190 fl. 
17. Pentateuchus Hebraicus cum punctis. Brixiae, per Gersonem filium Rabbi Mosis Soncinatem, [1492]. In-8, sur vélin, v. b. 155 fl.
67. Biblia Sacra Latina. Moguntiae, per Johannem Fust & Petrum Schoiffer de Gernsheym, 1462. 4 vol. in-fol. goth. m. r. d. s. t. rég. Impr. sur papier. 1.460 fl. 


68. Biblia Latina ex Versione Vulg. S. Hieron. S.l.s.n.s.d., in-fol. goth. m. bl. d. s. t. 427 f. sur 2 col. de 49 lignes, papier marqué à la tête de taureau. 115 fl.  
69. Biblia Latina ex Versione Vulg. S. Hieron. S.l.s.n.s.d., in-fol. goth. en carton. 493 f. sur 2 col. de 45 lignes. 100 fl.
73. Biblia Sacra Latina. Neapoli, Mathias Moravus, 1476, in-fol. goth., m. bl. d. s. t. Imprimé sur vélin. Reliure de Derome le jeune. 1.500 fl.  
84. Biblia Sacra Vulgatae Editionis. Romae, Ex Typographia Apostolica Vaticana, 1590, in-fol. m. bl. d. s. t. Ex. de la fameuse Sixtine originale. 230 fl.
136. Biblia en Lengua Española. Ferrara, 1553, in-fol., v. f. G. P. 120 fl.
147. Bible en Langue Hollandoise. Delft, Jacob fils de Jacob, & Mauritius fils de Yemants de Middelbourg, 1477, pet. in-fol. v. m. d. s. t. & pl. goth. Première édition. 102 fl.
172. Tableaux des principaux Evenements du V. & du N. Testament, dessinés par Hoet, Houbraken & Picart. La Haye, chez Pierre de Hondt, 1728, 2 vol. très grand in-fol. v. f. Papier impérial, premières épreuves. 120 fl. 
174. Historiae Veteris & Novi Testamenti alias Biblia Pauperum. S.l.s.n.s.d. Seconde édition, 40 pl. 430 fl.
176. Speculum humanae Salvationis, Belgice. S.l.s.n.s.d., pet. in-fol. goth. v. f. Seconde edition, 58 pl. Attribué à Coster. 310 fl. 
177.Cantica Canticorum, sive Historia, vel Providentia Beatae Virginis Mariae ex Cantica Canticorum. S.l.s.n.s.d., pet. in-fol. v. f. Attribué à Coster. 16 f. imprimés d’un seul côté renfermant chacun deux planches. 200 fl.
185. Historia S. Johannis Evangelistae. S.l.s.n.s.d., pet. in-fol.  48 planches m. r. dent. d. s. t. Attribué à Coster. 510 fl.
206. Pentateuchus Hebraicus cum punctis. Bononiae, impressus Abraham Ben Chaiim Pisaurensem, impensis Josephi Chaiim Ben Aaron Argentoratensis, [1482], in-fol. vél. imprimé sur vélin. 125 fl.
207. Pentateuchus Hebraicus cum Chaldaica Onkelosi Paraphrasi & Commentario Rabbi Salomonis Jarchi. Ulyssipone, per Zachaeum filium Rabbi Eliezir, [1491], 2 vol. gr. in-4, v. n. Imprimé sur vélin. 190 fl. 
215. Psalterium cum Commentario Kimchii, Hebraice. S. l., per Magistrum Joseph & filium ejus Chaiim Mordechai, & Ezechiam Montro, [1477], pet. in-fol. v. avec d. de m. r. 152 fl.
224. Nicolai de Lyra Glossarium in universa Biblia. Romae, per Conradum Sweynheym & Arnoldum Pannartz, 1471-1472, 5 vol. gr. in-fol., cart. d. de v. Première édition. 125 fl.   
232. Psalterium Duplex Latinum ex duplici S. Hieronymi Versione. Gros in-fol. m. r. d. s. t. Manuscrit sur vélin du ixe siècle [n° 187 La Vallière]. 126 fl.
285. Guillelmi Durandi Rationale Divinorum Officiorum. Moguntiae, per Johannem Fust & Petrum Gernsheym, 1459. In-fol. goth. m. r. à comp. d. s. t. & pl. Impr. sur vélin. 920 fl.
310. Pontificale Romanum. In-fol. m. r. d. s. t. Manuscrit sur vélin, vers 1460. 315 fl.
337. Officium B. Mariae V., & alia. Gd. in-8 m. r. d. s. t. & pl. dans un étui de v. n. Manuscrit sur vélin du xive siècle. 470 fl.  
345. Officium B. M. V. & alia. In-8 m. r. d. s. t. & pl. dans un étui de v. n. Manuscrit sur vélin du xve siècle. 131 fl.
347. Officium B. M. V. & alia. In-12, velours rouge d.s.t. avec fermoir d’argent. Manuscrit sur vélin du xve siècle. 175 fl.
413. L. Caelii Lactantii Firmiani Opera. In Monasterio Sublacensi, 1465, in-fol. m. r. doré & peint à fleurs sur tranche. Première édition extrêmement rare. 920 fl.
482. S. Augustini de Civitate Dei Libri XXII. Moguntiae, per Petrum Schoiffer de Gernszheim, 1473, in-fol. goth. m. r. d. s. t. Première édition. 185 fl. 
555. S. Thomae de Aquino Prima Pars Secundae. Moguntiae, per Petrum Schoyffer de Gernszheim, 1471, gr. in-fol. goth., v. f. d. s. t. 115 fl.       
556. S. Thomae de Aquino Secunda Secundae. Moguntiae, per Petrum Schoiffer de Gernszheim, 1467, gd. in-fol. goth. v. f. d. s. t. Première edition très rare. 120 fl.
884. Questa sie una opera la quale si chiama Decor Puellarum. [Venetiis], per magistrum Nicolaum Jenson, 1461. Pet. in-4, m. r. d. s. t. dent. 220 fl.
1.160. De Trinitatis Erroribus Libri Septem. Per Michaelem Serveto, 1531. Ejusdem Serveti Dialogorum de Trinitate Libri duo, 1532; In-8, m. v. dent. d. s. t. Edition originale. 180 fl.
1.261.De Tribus Impostoribus, 1598, in-8, cart. Second ex. connu avec celui de La Vallière [5.614]. 190 fl.
1.273. Ceremoniae & Preces Judaicae per totum Annum. Hebraice. Sultzbaci, [1709], 2 vol. gd. in-fol., m. r. d. s. t. & pl. Imprimé sur vélin. 260 fl.
1.274. Kabbala, sive Liber Sohar. Hebraice. Mantoue, [1558-1559-1560], 3 vol. in-4, cart. dos de v. Impr. sur vélin. 125 fl.
1.453. Opus continens Formulas Instrumentorum. Romae, per Johannem Nicolaum Hanheymet de Oppenheym & Johannem Schurener de Bopardia, 1474, in-fol. v. écc. d. s. t. Superbe ex. presqu’unique. 250 fl.
1.462. Decreta Sabaudie Ducalia tam vetera quam nova. Taurini, per Joannem Fabri Lingonensem, 1477, in-fol., v. écc. d. s. t. 115 fl.
1.533.M. T. Ciceronis Tusculanarum Quaestionum Lib. V. Romae, per Con. Sweynheym & Arn. Pannartz, 1471, in-fol. cart. d. de v. 340 fl.   
1.534. M. T. Ciceronis De natura Deorum Lib. III. Venetiis, per Vindelium de Spira, 1471, in-4 vél. 190 fl.
1.537. M. T. Ciceronis Tusculanarum Quaestionum Lib. V. Romae, per Ulricum Han de Wienna, 1469, in-4 G.P. m. r. Première édition très rare. 130 fl.
1.576. Lucii Annaei Senecae Philosophi Opera omnia. Neapoli, Mathias Moravus, 1475, in-fol. vél. Première edition. 300 fl.
1.748. M. T. Ciceronis Officiorum Lib. III. Moguntiae, per Johannem Fust & Petrum Schoyffer de Gernszheym, 1465, pet. in-fol. goth. cuir de Russie. 275 fl. 
2.115. Caii Plinii Secundi Naturalis Historiae Libri XXXVII. Venetiis, per Joannem de Spira, 1469, in-fol. m. r. d. s. t. Première edition. 1.150 fl.
2.446.Der Raupen wunderbare Verwandelung und sonderbare Blümenertahrung [Métamorphose merveilleuse des insects et leur singulière ressemblance avec les couleurs des fleurs]. 1679-1683, 3 vol. in-4, carton. Chaque vol. contient 50pl. coloriées originales par Dorothée Merian. 142 fl.
2.447.Maria Sybilla Merian Over de voortteeling en wonderbaarlyke Veranderingen der Surinaamsche Insecten [De la generation et de la merveilleuse transformation des insectes]. Amsterdam, Jean Fred. Bernard, 1730, in-fol. v. m. fig. coloriées originales. 164 fl.
2.520. Locupletissimi rerum naturalium Thesauri accurate Descriptio. Amstelaedami, ap. Wetsteinium, Smith, & Janssonio-Waesbergios, 1734-1765, 4 vol. in-fol. fig. cart. d. de v. 851 fl.
2.521. Diverse soorten van Hagedissen, Draakjes, etc. [Diverses sortes de lézards, petits serpents, chevaux marins, crocodiles, caméléons, crabes, etc.] peints d’après nature par Adrien Vanden Boogert de Delft. 3 vol. in-4 v. m. Manuscrit du xviiie siècle. 160 fl. 
2.529.Jacobi Petiveri Opera Historiam Naturalem spectantia. London, John Millan, 1767, 2 vol. in-fol. m. r. fig. coloriées. 114 fl.
2.742. Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Paris, Briasson, 1751-1777, 21 vol. de Discours et 12 vol. de pl. in-fol. 24 rel. en carton d. de v. et 9 en feuilles. 275 fl.
2.906. Descriptions des Arts & Métiers. Paris, 1761-1782, 60 vol. in-fol. dont 26 rel. en cart. d. de v., 28 br., 6 en feuilles. 250 fl.
2.933. Thesaurus Linguarum Orientalium Turcicae, Arabicae, etc. Viennae Austriae, 1680-1687, 5 vol. in-fol. m. r. d. s. t. 170 fl.
2.979. Emanuelis Chrysolorae Erotemata. Graece. S. l. s.n.s.d. [Mediolani, 1480 ou Florentiae, 1488], in-8, cart. d. de v. 130 fl.
3.094. Summa quae vocatur Catholicon edita a Fratre Johanne de Janua. Moguntiae, [per Joannem Fust & Petrum Schoyffer de Gernszheym], 1460, in-fol. goth. m. r. dent. Première edition. 700 fl.
3.421. Theocriti Eclogae XXX. Venetiis, Aldus Manucius Romanus, 1495, in-fol. m. r. d. s. t. & pl. Première edition. 105 fl.
3.430. Planudis Rhetoris Anthologia Epigrammatum graecorum, graece. Florentiae, per Laurentium Francisci de Alopa Venetum, 1494, in-4, cart., d. de v. 130 fl.
3.573. Aristophanis Comoediae. Argentorati, Treuttel, 1783, 7 vol. in-8, m. à comp. d. s. t. 115 fl.
3.609. Apollonii Rhodii Argonautica, Graece. Florentiae, per Laurentium Francisci de Alopa, 1496, in-4, v. 125 fl.
3.919. P. Ovidii Nasonis Opera. S. l. s.n.s.d. [Romae, per Con. Sweynheym & Arn. Pannartz, 1472], in-fol. v. f. 200 fl. 
3.965. Phaedri Fabulae. Parisiis, ex Typographia Regia, 1729, in-18, m. r. d. s. t. Sur vélin. 100 fl.  
3.982.M. Annaei Lucani Pharsalia. Romae, Conradus Sweynheym & Arnoldus Pannarts [sic], 1469, in-fol. bas. 530 fl.
4.008. Silii Italici Punicorum Libri XVII. Romae, Conradus Sweynheym & Arnoldus Pannartz, 1471, in-fol. v. Première édition. 350 fl. 
4.009. Silii Italici Punicorum Libri XVII. Romae, [George Lauer ?], 1471, gd. in-4 vélin. Seconde édition. 200 fl.
4.034. D. Junii Juvenalis & Auli Persii Flacci Satyrae. S. l. s.n.s.d. [Venetiis, per Vindelinum de Spira, 1470], gd. in-4, v. écc. Première édition. [La Vallière, n° 2.523]. 200 fl.  
4.035. D. Junii Juvenalis Aquinatis, & Auli Persii Flacci Satyrae. Brixiae, Jubente Praesbytero Petro Villa, 1473, in-fol. cart. 110 fl.  
4.064. Valerii Martialis Epigrammata. Venetiis, per Vindelinum de Spira, v. 1470, in-4, vél. Première édition. 265 fl.
4.065. M. Valerii Martialis Epigrammata. Venetiis, impensis Joannis de Colonia, sociique eius Joannis Manthen de Gherretzem, 1475, in-fol. vél. 100 fl. 
4.105. Claudii Claudiani Opera. Vicentiae, Jacobus Dusensis, 1482, in-fol., m. r. d. s. t. Première édition. 120 fl.
4.542. La Comedia chiamata Inferno, Purgatorio e Paradiso del Chiarissimo Poeta Dante Alighieri. In-fol. m. r. Manuscrit sur vélin du xve siècle [La Vallière, n° 3.555]. 105 fl.
4.544. La Comedia di Dante Alighieri. Foligno, per Giovanni Numeister, 1472, in-fol. vél. Première édition. 180 fl.
4.676. Le Rime di Francesco Petrarca. Venetiis, Vindelinus de Spira, 1470, in-4 vél. Première édition [La Vallière, n° 3.579]. 215 fl.
4.677. Le Rime di Francesco Petrarca. In urbe patavina, Bar. de Valde. patavus. F. F. Martinus de septem arboribus Prutenus. 1472. In-fol. vél. Seconde édition. 290 fl. 
4.712. Incomincia el Libro chiamato Triomphi d’amore facto. Parmae, Andreas Portilia, 1473, in-4, m. r. dent. d. s. t. doub. de tab. [La Vallière, n° 3.598]. 155 fl.
4.942. Fables choisies, mises en vers par J. de La Fontaine. Paris, Desaint & Saillant, 1755-1759, 4 vol. in-fol., fig. cart., d. de v., très grand papier, premières épreuves. 145 fl.




4.944.Œuvres de Nicolas Boileau Despreaux. Fig. gravées par Bernard Picart. Amsterdam, David Mortier, 1718, 2 vol. in-fol., grand papier, vél. Extraordinairement rare. [Le Camus de Limare, n° 1.248]. 960 fl.
4.988. Die geuerlicheiten und einsteils der geschichten des loblichen streytparen und hochberumbten helds und Ritters herr Tewrdannckhs [Les Aventures périlleuses du fameux héros et chevalier Tewrdannckhs]. Nurenberg, Hannsen Schönsperger, 1517, 118 pl. gravées en bois, in-fol. v. Première édition sur vélin. 285 fl.
5.022. Aesopi Vita & Fabulae, Latine & Italice. Neapoli, 1485, in-fol., fig., m. r. d. s. t. & pl. 180 fl.
5.090. Gli Amori Pastorali di Dafni e di Cloe. Crisopoli [Parma], impresso co’ Caratteri Bodoniani, 1786, in-4, br. Première édition. Tirage 50 ex. 130 fl.
5.130. Recueil de Romans des Chevaliers de la Table-ronde. 3 vol. in-fol. m. r. d. s. t. Manuscrit sur vélin de la fin du xiiie siècle [La Vallière, n° 3.989]. 140 fl.
5.131. Le Roman du Bruth. 2 vol. in-fol., m. bl., d. s. t. Manuscrit sur vélin du xve siècle [La Vallière, n° 3.990]. 145 fl.  



5.151. Les Avantures de Télémaque. Amsterdam, Wetstein, 1734, in-4, fig. de B. Picart, m. r. d. s. t. Faussement présentée comme « Edition originale ». 240 fl.
5.152. Les Avantures de Télémaque. Londres, R. Dodsley, 1738, 2 vol. in-8, fig. rel. en tabis couleur de rose, doub. de même, d. s. t., dans des étuis de m. r. doub. de tab. bl. d. Fig. de Picart du précédent, réduites in-8.  120 fl.
5.170. Il Decamerone di M. Gio. Boccaccio. Firenze, per li heredi di Philippo di Giunta, 1527, pet. in-4, vél. Ed. originale. 155 fl.
5.191. Morlini Novellae. Neapoli, in aedibus Joan. Pasquet de Sallo, 1520, in-4, m. à compart., d. s. t. & pl., l. r. doub. de tab., dans un étui de m. r. doub. de tab. 580 fl.
5.193. Le tre Parti de le Novelle del Bandello : Lucca, per il Budrago, 1554, 3 vol. in-4, m. r. d. s. t. La quarta Parte de le Novelle del Bandello : Lione, Alessandro Marsilii, 1573, in-8, m. r. d. s. t. Edition originale. 185 fl. 
5.203. Auli Gellii Noctes Atticae. Romae, [per Conr. Sweynheym & Arn. Pannartz], 1469, in-fol., m. bl. dent. d. s. t. Première edition. 160 fl.
5.218. Macrobii Aurelii Theodosii Opera. Venetiis, Nicolae Jenson, 1472, in-fol. cart. d. de v. Première édition. 290 fl.
5.354. Luciani Opera. Florentiae, 1496, in-fol. v. Première édition. 140 fl.
5.365. L. Apuleii Madaurensis Philosophi Opera omnia. Romae, [per Conr. Sweynheym & Arn. Pannartz], 1469, in-fol., m. r. d. s. t. Première édition. 590 fl.
5.448. El Tesoro di Ser Brunetto Latino du Firenze. Triviso, per Girardo Flandrino, 1474, in-fol. vél. Première édition. 175 fl.
5.562. M. T. Ciceronis Epistolae ad Familiares. Romae, per Conradus Sweynheym & Arnoldus Pannartz, 1467, grand in-4, cart. Première édition. 325 fl.
5.563. M. T. Ciceronis Epistolae ad Familiares. Venetiis, per Joannem de Spira, 1469, in-fol. m. r. d. s. t. 225 fl.
5.564. M. T. Ciceronis Epistolae ad Familiares. Romae, per Conradus Sweynheym & Arnoldus Pannartz, 1469, in-fol. m. r. d. s. t. 230 fl.
5.565. M. T. Ciceronis Epistolae ad Familiares. Fulginei, per Emilianum Fulginatem & Joannem Numeister Alamanum, [v. 1470], 200 ex. In-fol., v. f. 135 fl.
5.595. Caii Plinii Secundi Novocomensis Epistolarum libri VIII. [Venetiis, per Christophorum Valdarfer], 1471, in-4, vél., première edition. 265 fl.
5.642. Petri Delphini Veneti prioris Sacre Eremi & Generalis totius ordinis Camaldulensis Epistolarum Libri XII. Venetiis, Bernardini Benalii, 1524, in-fol. m. bl. d. s. t. très rare. 110 fl.
5.707. Clausii Ptolemaei Alexandrini Cosmographiae Libri VIII. Romae, per Arnoldum Buckinck, 1478, in-fol., cuir de Russie. 120 fl.
5.708.Clausii Ptolemaei Alexandrini Cosmographiae Libri VIII. Bononiae, Dominici de Lapis, 1462 [i.e. 1482], in-fol. m. r. d. s. t. Manquent 2 cartes sur 27. 130 fl.
5.760. Atlas Major. Amstelodami, apud Regnerum & Josuam Ottens, 6 vol. fol. atlantico, vel. D. s. t. avec un Index à part. Manuscrit formé exprès pour un amateur. 420 fl. 
5.767. La Galerie agréable du Monde. Leide, Pierre Van der Aa, 66 tomes en 16 vol. in-fol. v. m. 130 fl.
5.785. Voyage en Sibérie fait par ordre du Roi en 1761. Paris, De Bure père, 1768, 3 vol. in-4, G. P., fig., v. d. s. t. 155 fl.
5.818. Dictionaire [sic] historique & critique, par Pierre Bayle. Rotterdam, Michel Bohm, 1720, 4 vol. in-fol., v., très grand papier. 310 fl.
5.828. Justini Historici in Pompeii Trogi Historias Libri XLIIII. Venetiis, per Nicolaum Jenson, 1470, in-4 vél. Première édition. 220 fl.
5.861. Histoire universelle depuis le Commencement du Monde jusqu’à présent. Amsterdam, Arkstée & Merkus, 1770-1782, 43 vol. in-4, cart. d. de v. 105 fl.
5.880. Les Anciennetez & les Guerres des Juifs par Fl. Joseph. 2 vol. in-fol., m. d. s. t. Manuscrit sur vélin du xve siècle. 125 fl.
5.934. Monasticon Anglicanum. Londres, 1655-1673-1683, 3 vol. in-fol. fig. m. r. d. s. t. 200 fl.
5.997. Fr. Bartholomaei de Pisis Liber Conformitatum vitae Beatae Francisci ad Vitam Domini nostri Jesu Christi. Mediolani, per Gotardum Ponticum, 1510, in-fol. m. à compartiments, doublé de m. r. & de tabis, d. s. t., lavé et réglé. Edition originale. 190 fl.
6.091. Quintus Curtius Rufus de gestis Alexandri Magni, ex correctione Pomponii. Romae, Georgius Lever, [v. 1470], in-4 vél. Première édition. 380 fl.
6.092. Quinti Curcii Ruffi historiarum Alexandri Magni libri IX. [Venetiis], per Vindelinum Spirensem, [v. 1470], in-4, m. r. d. s. t. Seconde edition très rare. 260 fl.
6.120. Polybii Historiarum Libri V. Manuscrit sur vélin du xve siècle. 180 fl. 
6.169. C. Julii Caesaris Commentarii omnes. In-fol., vél. d. s. t. Manuscrit sur vélin du xve siècle. 100 fl. 
6.171. C. Julii Caesaris Opera. Romae, [per Conradum Sweynheym & Arnoldum Pannartz], 1469, in-fol. m. cit. d. s. t. & pl. Première édition. 580 fl.
6.172. C. Julii Caesaris Opera. Venetiis, Nicolaus Jenson Gallicus, 1471, in-fol. m. r. d. s. t. rég. 160 fl.
6.173. C. Julii Caesaris Opera. Romae, [per Conradum Sweynheym & Arnoldum Pannartz], 1472, in-fol. m. r. d. s. t. 155 fl. 
6.191. C. Julii Caesaris Opera. Londini, Tonson, 1712, in-fol. fig. G. P. m. r. d. s. t. 320 fl. 
6.197. Julius Celsus de Vita & rebus gestis Caii Julii Caesaris. S. l. s. n. [Arnold ter Hornen de Cologne], 1473, in-fol., goth. m. r. d. s. t. Première édition extrêmement rare. 430 fl. 
6.207. C. Crispus Sallustius de Coniuratione Catilinae, & de bello Jugurthino. Venetiis, per Vindelinum de Spira, 1470, in-4 vél. Première édition très rare. 165 fl.
6.230. La Conjuracion de Catilina y la Guerra de Jugurta. Madrid, Joachin Ibarra, 1772, in-fol. m. r. d. s. t. doub. de tab. 215 fl.
6.233. T. Livii Patavini Historiarum Romanarum Decades III. Romae, per Uldaricum Gallum, [v. 1470], 2 vol. in-fol., 1 vol. m. viol. d. s. t. et 1 vol. rel. anc. 250 fl.
6.277. Caii Cornelii Taciti Annalium & Historiarum Libri superstites. [Venetiis], per Joannem de Spira, [v. 1468], in-fol. m. viol. dent. d. s. t. doub. de tab. Première édition. 380 fl.
6.291. C. Corn. Taciti Opera recognovit. Parisiis, Delatour, 1771, 4 vol. in-4, tirés sur papier in-fol., m. r. d. s. t. 255 fl.
6.301. C. Suetoni Tranquilli de XII. Caesarum vitis Libri XII. Rome, [per Joh. Phil. de Lignamine], 1470, in-fol. m. r. d. s. t. Première édition. Première production de Lignamine. 500 fl.
6.302. C. Suetonius Tranquillus de XII. Caesaribus. Romae, per Conr. Sweynheym & Arn. Pannartz, 1470, in-fol. v. m. 175 fl.
6.340. Ammiani Marcellini Historiarum libri qui extant XIII. Romae, per Georgium Sachsel de Reichenhal & Bartholomaeum Golsch de Hohenbart, 1474, in-fol. m. r. Première edition. 280 fl.  
6.362. Corpus Byzantinae Historiae. Venetiis, ex Typographia Bartholomaei Javarina, 1729, 22 vol. in-fol. vél. G. P. Seconde édition. 140 fl.
6.503. Journals of the House of Commons. Du 8 novembre 1547 au 10 mars 1768. 31 vol. in-fol. v. m. 310 fl.
6.527. Olavi Rudbeckii Atlantica. 4 vol. in-fol., fig. 1689-1698. 400 fl.
6.554. Kerckringorum & Bassiadum Stemmata, in-fol. atlantique du plus grand format, v. écc. d. s. t. Manuscrit sur vélin du xviie siècle. 305 fl. 
6.555. Carta Executoria de Hidalguia de Sangre. In-fol. rel. velours rouge, brodé en or, fermoirs, coins, armoiries d’argent surdoré. Manuscrit sur vélin du xviie siècle. 230 fl.
6.616. Recueil de Peintures Antiques trouvées à Rome. Paris, Didot l’aîné, 1783. = Histoire critique de la pyramide de Caius Cestius. Paris, Didot l’aîné, 1787. 3 vol. in-fol., v. f. d. s. t. G. P. 286 fl.
6.696. Description des principales pierres gravées du cabinet de S. A. S. le duc d’Orléans. Paris, 1780-1784, 2 vol. in-fol., fig. G. P. v. f. 140 fl.
6.723. Plutarchi Vitae Parallelae. Romae, Uldaricus Gallus, [1470], 2 vol. in-fol. m. r. Première édition. 275 fl.
6.724. Plutarchi Historiographi greci liber De viris clarissimis. S.l.s.n.s.d. [v. 1471], 2 tomes en 1 vol. in-fol., m. r. d. s. t. 145 fl.
6.725. Virorum illustrium vitae ex Plutarcho. Venetiis, per Nicolaum Jenson Gallicum, 1478, 2 vol. in-fol., m. r. d. s. t. 140 fl.
6.730. Probi Aemilii de Virorum excellentium vita. Venetiis, Nicolaus Jenson, 1471, in-4 vél., première édition. 100 fl.
6.746. Le Livre de Jehan Boccace Des cas des nobles hommes & femmes. In-fol. m. r. d. s. t. Manuscrit sur vélin du xve siècle[La Vallière, n° 5.601]. 365 fl.
6.784. Valerii Maximi factorum & dictorum memorabilium libri IX. Moguntiae, per Petrum Schoyffer de Gernszhem, 1471, in-fol. goth. v. 110 fl.
6.785. Valerii Maximi factorum dictorumque memorabilium libri IX. [Venetiis], Vindelinus [de Spira], 1471, in-fol. en cahiers dans une couv. de m. anc. à comp. d. s. t. 250 fl.
6.809. Valère Maxime. 2 vol. in-fol. m. r. d. s. t. Manuscrit sur vélin du xve siècle [La Vallière, n° 5.654]. 115 fl.
7.010. Acta Eruditorum Lipsensium publicata ab Anno 1682. usque ad Mensem Maii 1775. Lipsiae, 1682 & seq., 129 vol. in-4, dont 106 rel. en vél. et 23 br. 105 fl.

Pour se distraire de ses chagrins, Crevenna fit un voyage en Italie en 1792. Se trouvant à Rome pendant les grandes chaleurs de l’été, il s’exposa avec trop peu de précaution au mauvais air des environs de cette ville où il décéda après une courte maladie, le 8 octobre de cette même année, à l’âge de 57 ans.
L’année suivante parut le troisième catalogue de sa bibliothèque :



Catalogue de la bibliotheque [sic] de feu Mr. Pierre Antoine Bolongaro Crevenna (Amsterdam, D. J. Changuion, L. v. Hulst [Laurent van Hulst] & P. d. Hengst, 1793, in-8, XII-148 p., 410 + 1.292 + 1.714 + 294 lots et 5 portefeuilles d’estampes).
La vente se fit dans la maison du défunt, du lundi 11 au mercredi 20 novembre 1793, en 9 vacations.

« Nous croyons donc pouvoir assurer le public, que la Bibliothèque dont nous allons faire la vente, est, à tous egards, dignes de l’attention des Amateurs et Connoisseurs : outre plusieurs manuscrits, il s’y trouve encore un nombre très considerable d’Editions du xvsiecle ; la partie de la Littérature est très riche et très etendue, en un mot c’est la Bibliothèque d’un Homme de gout. » [sic] (« Avertissement », p. V)

Crevenna s’était occupé d’une Histoire de l’origine et des progrès de l’imprimerie. Il avait annoncé lui-même qu’il la ferait paraître aussitôt que le permettrait la gravure du grand nombre de planches qui devait l’accompagner. Il avait eu deux Italiens chez lui pour l’aider dans ses travaux littéraires : l’Abbé Ottolina et Thomas de Ocheda (1757-1831), d’origine espagnole, qui fut son bibliothécaire de 1785 à 1789 [puis de lord Spencer de 1790 à 1818]. On peut regretter qu’il n’ait pas achevé son ouvrage et qu’on n’ait pas publié ce qu’il en avait déjà fait.



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Les Grandes Bibliothèques du clan Colbert

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Le Grand Colbert 



Une plaque apposée sur la façade du n° 13 de la rue Cérès, à Reims [Marne], nous rappelle aujourd’hui la tradition :
« Ici s’elevait la maison du “ Long Vestu ” [détruite pendant la Première Guerre mondiale] ou, le 29 aout 1619, naquit Jean-Baptiste COLBERT Fils d’un Marchand-drapier Ministre de Louis XIV » [sic]

Le 29 août 1619, en l’église Saint-Hilaire de Reims [détruite en 1791], fut baptisé « Jehan, fils de Nicolas Colbert et de Marie Pussort », porté sur les fonts baptismaux par son oncle Charles Colbert et par sa grand-mère paternelle, Marie Bachelier.
Jean a pu être baptisé le jour même de sa naissance ou plus tard : nous ne connaissons pas sa date de naissance exacte. Au xviie siècle, le prénom officiel était Jean, mais pour choisir leur patron, les uns optaient pour saint Jean l’Évangéliste, les autres pour saint Jean-Baptiste, dont on fête le martyre le 29 août. 



Son père quitta le « Long Vestu » en 1618 pour s’associer à son frère aîné, et de 1618 à 1620, date à laquelle il demeure rue de Porte-Cère [aujourd’hui rue Cérès] sur la paroisse Saint-Symphorien [la rue de Porte-Cère délimitait les paroisses de Saint-Hilaire à l’ouest et de Saint-Symphorien à l’est], rien n’indique son domicile : Jean a pu donc naître de l’autre côté de la rue. En interprétant les textes de façon erronée, certains érudits du xixe siècle ont fait du père de Jean un marchand-drapier : il était marchand-mercier, les Colbert n’ayant jamais cessé d’être des grossistes en mercerie. 

D’une famille champenoise connue à Reims depuis 1489, Nicolas Colbert (1590-1661), 3e fils de Jean Colbert (1557-1596), seigneur du Terron [Terron-sur-Aisne, Ardennes], et de Marie Bachelier († 1646), fut nommé capitaine des ville et tour de Fismes [Marne] en 1626. 

Château de Vandières

En 1628, il hérita de son cousin Nicolas Colbert († 1627), seigneur de Magneux [Marne], la terre de Vandières [Marne]. S’étant ensuite établi à Paris, il fut reçu secrétaire du Roi le 7 janvier 1630, maître d’hôtel ordinaire de Sa Majesté en 1650, puis conseiller d’État en 1652, et mourut le 20 décembre 1661. Il avait épousé, le 19 mai 1615, en l’église Saint-Hilaire de Reims, Marie Pussort [1596-1659], de Rethel [Ardennes]. Ils eurent 18 enfants, dont 15 sont connus : 8 naquirent à Reims, sur la paroisse Saint-Hilaire, et 7 à Paris, sur la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs [IIIe].



Jean Colbert, dit « Jean-Baptiste Colbert », premier du nom, puis « le Grand Colbert », fit ses études à Reims, au collège des Jésuites, puis son apprentissage à Lyon, chez le banquier Paul Mascrany, ensuite à Paris dans une étude de notaire, chez un procureur au Châtelet et chez un officier de finances. En 1640, son cousin Jean-Baptiste Colbert (1602-1663), seigneur de Saint-Pouange [Aube], le fit entrer au ministère de la guerre, comme commissaire ordinaire des guerres. En 1643, Michel Le Tellier, beau-frère de Saint-Pouange, devint secrétaire d’État à la guerre et prit Jean-Baptiste Colbert à son service, en 1645, puis le fit nommer conseiller d’État en 1648.
Le 13 décembre 1648, Jean-Baptiste Colbert fit un riche mariage en épousant Marie Charron, sœur du président Menars (1643-1718). Ils eurent dix enfants, dont le 5emourut en bas âge. Il gagna la confiance de Mazarin qui le prit à son service en 1651. Ce fut pendant l’intendance au service de Mazarin qu’il édifia l’essentiel de sa gigantesque fortune : n’oubliant pas ses propres intérêts, ni ceux de son clan, il réclama et obtint charges, abbayes, lieutenances, intendances, bénéfices, etc. 



En 1657, il acheta la baronnie de Seignelay [Yonne], dont il fit moderniser le château [démoli en 1800], que le roi érigea en marquisat en 1668.
Révolté par les pratiques financières de Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des finances depuis 1653, le Grand Colbert travailla à sa disgrâce et le remplaça dès 1661 au Conseil d’En-Haut, où Michel Le Tellier et Hugues de Lionne détenaient les deux seuls départements qui lui échappèrent toujours, la Guerre et les Affaires étrangères.
En 1664, il acheta la surintendance des Bâtiments et manufactures, fut nommé contrôleur des finances en 1665, puis secrétaire d’État à la Maison du Roi en 1668 et à la Marine en 1669.
Élu à l’Académie française en 1667, on lui doit l’Académie des inscriptions (1663), l’Académie des sciences (1666), l’Observatoire de Paris (1667) ; il réorganisa l’Académie de peinture (1663), et créa les Académies de musique (1669) et d’architecture (1671), l’École de Rome et le Cabinet des médailles.

La bibliothèque du Grand Colbert » est attestée dès 1659. Mais ce fut seulement à partir de 1663 qu’elle va vraiment se développer et connaître la renommée : les accroissements de livres imprimés et de manuscrits, d’abord sous la direction du mathématicien Pierre de Carcavy (1603-1684), de 1663 à 1669, puis d’Étienne Baluze (1630-1718), de 1669 à 1683, furent alors continus.



L’hôtel Colbert était situé au coin de la rue Neuve-des-Petits-Champs et de la rue Vivienne [IIe] :

« L’aspect de cette habitation presque royale était des plus imposans. Un large escalier de marbre à balustres conduisait au péristyle d’un principal corps de logis, auquel on arrivait par une vaste cour d’honneur. Deux ailes en retour allaient rejoindre deux pavillons élevés de chaque côté de la grande porte d’entrée qui s’ouvrait sur la rue, et dont le fronton était orné des armes de Colbert, sculptées en pierre. Ces armes étaient d’or à la bisse ou couleuvre d’azur posée en pal ; deux licornes pour support, pour cimier une main tenant une branche d’olivier, avec cette devise : PERITE ET RECTE.
Derrière le bâtiment du fond on voyait pointer les branches dépouillées des grands arbres du jardin ; et l’aile gauche de l’hôtel, prolongée de ce côté, formait une longue galerie, dont le rez-de-chaussée servait de serre chaude et d’orangerie pour une foule d’arbres et de plantes rares et précieuses.
Le premier étage renfermait une magnifique collection de tableaux et d’objets d’arts.
Les communs et les dépendances de cette habitation étaient immenses, et de magnifiques écuries renfermaient vingt chevaux de prix et de choix, élevés en grande partie dans le haras que Colbert avait à sa terre d’Hauterive. […]
[La bibliothèque] était fort grande, ayant cinq fenêtres de façade sur la cour et autant sur le jardin ; les parties de murailles que ne cachait pas une magnifique bibliothèque de noyer sculpté, remplie de livres, étaient tendues de satin de Bruges vert ; les rideaux et portières étaient de la même couleur, mais de gros de Tours, rehaussés d’un galon et d’une frange d’or et d’argent, avec les armes de Colbert, brodées sur la pente des portières richement festonnées.
Les fauteuils, et une grande table située au milieu de cette pièce, étaient aussi de noyer sculpté, avec des housses de velours vert frangées de même en or et en argent ; enfin, sur le marbre d’une large console, on voyait les bustes de bronze de Richelieu et de Mazarin, avec une magnifique horloge au milieu.
Au bout de cette pièce était une grande cheminée garnie de ses chenets et de sa grille de fer bien polie, et défendue des courans d’air par un paravent de velours. Là, attendant Colbert, étaient rassemblés Baluze, bibliothécaire du ministre, l’abbé Gallois, directeur du Journal des Savans, et Isarn, ancien précepteur du marquis de Seignelay. » [sic] (Eugène Sue. « Hôtel Colbert ». In Musée des familles, 3e vol., 1836, p. 110-116)

Le Grand Colbert mourut en son hôtel, le lundi 6 septembre 1683, vers 3 heures de l’après-midi, et fut inhumé en l’église Saint-Eustache [Ier]. 

Tombeau avant la Révolution

En 1686, sa veuve fit élever un tombeau dessiné par Charles Le Brun : Colbert est représenté à genoux, un ange tient devant lui un livre ouvert, la Religion et l’Abondance, assises, les accompagnent ; la figure de Colbert et celle de l’Abondance ont été sculptées par Antoine Coysevox ; celle de l’ange et de la Religion l’ont été par Jean-Baptiste Tuby. À la Révolution, le tombeau de Colbert fut transporté au musée des Petits-Augustins ; 

Tombeau aujourd'hui

il fut ensuite replacé à Saint-Eustache, mais il n’est plus en son emplacement primitif : l’ange a disparu ainsi que l’arcade qui encadrait le monument et qui portait une épitaphe rappelant l’invention, pour des raisons de prestige, du rattachement de la famille Colbert à une noble famille écossaise venue en France en 1285 ; au sommet de cette arcade, on pouvait reconnaître les armes des Colbert.

Deux mois après la mort de Colbert, la famille fit procéder à l’inventaire des livres de sa bibliothèque, qui comptait plus de 20.000 volumes imprimés et plus de 8.000 manuscrits anciens, dont le Livre d’Heures de Charlemagne et la Bible de Charles le Chauve, provenant de la cathédrale de Metz [Moselle]. 



Presque tous les livres imprimés et manuscrits portent sur leurs plats des armoiries, dont les fers ont été gravés en 1672 par Simon Thomassin, et, sur les dos, un chiffre composé des lettres J.B.C. entrelacées et couronnées, ou redoublées de même. 



Les ouvrages imprimés furent estimés 41.844 livres. La prisée des manuscrits, confiée à trois libraires parisiens, Pierre Auboin, Arnoul Seneuze et Jacques Villery, s’éleva à 13.014 livres.

Le Marquis de Seignelay



Fils aîné du « Grand Colbert », Jean-Baptiste Colbert, IIe marquis de Seignelay, acquit la survivance de la charge de son père, qu’il remplaça à la Marine et à la Maison du Roi, et devint ministre d’État en 1689. Il voulut conserver intacte la bibliothèque Colbertine ; il en laissa la garde à Étienne Baluze ; mais il n’avait pas pour les livres la même passion que son père. Toutefois, les acquisitions de manuscrits se succédèrent avec assez de régularité, de sorte qu’un état dressé par Baluze vers 1690 mentionne environ 450 volumes manuscrits ajoutés à la bibliothèque depuis la mort du Grand Colbert. Atteint d’une maladie de langueur, le marquis de Seignelay mourut à Versailles le 3 novembre 1690. Il avait épousé 1°. le 28 février 1675, Marie-Marguerite, marquise d’Alègre, morte le 16 mars 1678. 2°. le 6 septembre 1679, Catherine-Thérèse Goyon de Matignon, comtesse de Gacé, marquise de Lonray, remariée en 1696, qui mourut à Paris le 7 décembre 1699.

L’Archevêque de Rouen


Cette collection échut alors au 2efils du Grand Colbert, Jacques-Nicolas, abbé du Bec-Hellouin [Eure] puis archevêque de Rouen, qui mourut le 10 décembre 1707 et fut inhumé à Saint-Eustache, dans la chapelle de sa famille. Il avait été reçu l’un des 40 de l’Académie française, le 30 octobre 1678, par Racine. 

Super ex-libris de Jacques-Nicolas Colbert, abbé du Bec-Hellouin 

Super ex-libris de Jacques-Nicolas Colbert, archevêque de Rouen

Ce prélat portait un certain intérêt à la bibliothèque Colbertine, dont Baluze continua d’être chargé jusqu’en 1700. Pour remplacer Baluze, il choisit l’abbé Duchesne, qui fut bibliothécaire depuis 1700 jusqu’en 1716. L’administration de l’abbé Duchesne, pas plus que celle de l’abbé Guillaume Milhet (1674-1763), son successeur, n’a été marquée par aucune acquisition, par aucun travail digne d’être mentionné.

Le Comte de Seignelay

L’archevêque de Rouen disposa de la bibliothèque Colbertine en faveur de son neveu, Charles-Léonor Colbert, comte de Seignelay, né le 22 février 1689, espérant qu’il « conservera une bibliothèque qui convient à l’état qu’il a embrassé, laquelle a été formée avec tant de soin par un père si respectable, lequel a toujours désiré qu’elle ne fût point dissipée ». Ce vœu ne devait pas être exaucé. Charles-Léonor Colbert fit commencer, le 24 mai 1728, une vente publique des livres imprimés, qui compta 111 vacations : 

Christie's New York, 22-23 mars 2005 : 9.600 $
Reliure d'Antoine-Michel Padeloup, aux armes de Michel Larcher (1714-1772), marquis d'Arcy
Bibliotheca Colbertina (Paris, Gabriel Martin et François Montalant, 1728, 3 vol. in-12, xviij-[2]-288 p., 4.190 lots ; [1]-[1 bl.]-574 p. [chiffrées 289-862], 7.665 lots [chiffrés 4.191-11.855] ; [1]-[1 bl.]-486 p. [chiffrées 877-1.362], 6.364 lots [chiffrés 11.856-18.219]), dont la première partie contient les livres in-folio, la deuxième partie les livres in-quarto et la troisième partie les livres in-8, in-12 &c., des cinq catégories « Theologia », « Jurisprudentia », « Historia », « Scientiæ et Artes », et « Humaniores litteræ ». Au total : 1.372 pages renfermant 18.219 articles, dont la plupart sont doubles et triples. Les manuscrits, en très grand nombre, ne faisaient point partie de ce catalogue.  

Cette vente, et surtout l’abandon d’environ 600 manuscrits qu’il avait fait en 1727 à François-Nicolas Meigret de Sérilly (1673-1734), trésorier des dépenses du département de la Guerre, pour une somme de 12.000 livres, jetèrent l’alarme dans le monde savant, et des mesures furent prises.
Le comte de Seignelay accueillit favorablement les propositions qui lui furent faites au nom du Roi. Avant tout, il fallait estimer la collection, qui portait, d’une part, sur les 6.645 manuscrits « anciens et de science » qui composaient la première partie de la bibliothèque Colbertine, et d’autre part, sur environ 1.700 volumes remplis de copies diverses ou de documents modernes. Le 25 août 1728, le Roi choisit pour arbitres l’abbé de Targny et Falconet fils ; Lancelot et Montfaucon furent désignés par le comte de Seignelay. Après de longs débats contradictoires, les arbitres donnèrent, au mois d’octobre 1731, leur opinion sur la valeur des manuscrits de Colbert. Montfaucon et Lancelot les estimaient 350.000 livres ; les experts du Roi évaluèrent à 120.000 livres les manuscrits anciens et de science ; ils ne firent aucune proposition pour les autres volumes. Au mois de février 1732, le comte de Seignelay trancha la difficulté : il offrit la collection tout entière, et s’en remit à la générosité du Roi pour fixer l’indemnité qu’il espérait. Louis XV la fixa à 300.000 livres. 

Hôtel Seignelay, 80 rue de Lille, Paris

Ainsi fut consommée l’acquisition des manuscrits de Colbert, qu’on porta de la rue de Bourbon-Saint-Sulpice [aujourd’hui 80 rue de Lille (VIIe), siège du ministère de la fonction publique] à la bibliothèque du Roi les 11, 12 et 13 septembre 1732. Cette collection précieuse consistait :
- en manuscrits de sciences au nombre de 6.117, dont 3.370 in-fol., il y a 645 manuscrits orientaux et environ 1.000 grecs, puis beaucoup de latins, français, etc.
- en manuscrits modernes au nombre de 1.607 vol. in-fol. de copies collationnées des titres et archives de Guyenne et de Languedoc, puis 183 vol. in-fol. des titres et archives de Flandre ; et enfin un recueil, fait par le Grand Colbert lui-même, de titres, mémoires, lettres concernant le royaume et les affaires étrangères, en 524 vol.
- en 60 portefeuilles de pièces originales sur diverses matières, et en 622 diplômes de nos rois avec les sceaux depuis Philippe-Auguste (au xiie siècle) jusqu’à François Ier  (au xvie siècle), et une grande quantité d’autres chartes originales.

Joinville. Histoire de S. Louys.
Paris, Mabre-Cramoisy, 1668, in-fol. : 12.500 €
[Bibliotheca Colbertina, n° 2.598]
Librairie Camille Sourget
Parmi les livres imprimés, détaillés dans le catalogue, il y en a d’un très haut prix ; quelques-uns sont allés, lors de la vente, à plus de 3.000 livres, entres autres la Bible de Mayence, de 1462, imprimée sur vélin, et dont le prix a été porté à 3.005 livres.

[Bibliotheca Colbertina, n° 7.477]
In-4 dans une reliure moderne signée Rivière : 9.000 €
Librairie Camille Sourget
Les manuscrits vendus à Meigret de Sérilly furent rachetés en 1748, mais beaucoup de volumes constitués par les soins des ministres étaient restés dans les administrations qui avaient intérêt à les consulter. D’autre part, un certain nombre de documents étaient entrés au Trésor des chartes, Seignelay en avait gardé d’autres. Mais successivement presque toutes les pièces ainsi dispersées se réunirent à la Bibliothèque nationale, qui possède, à peu d’exceptions près, tous les manuscrits recueillis par le Grand Colbert.
Charles-Léonor Colbert, lieutenant-général au gouvernement de la province de Berry, mourut le 27 mars 1747. Il avait épousé 1°. le 11 mars 1717, Anne, princesse de La Tour et Taxis, morte en couches le 19 février 1719. 2°. le 22 octobre 1726, Marie-Renée de Gontaut-Biron.   

Le Neveu du Grand Colbert



Château de Maillebois

Nicolas Desmaretz, marquis de Maillebois [Eure-et-Loir], fils de Jean Desmaretz (1608-1682), trésorier de France à Soissons [Aisne], et de Marie Colbert (1626-1703), naquit à Soissons le 10 septembre 1648. Ministre d’État, il fut maître des requêtes (1674), puis intendant des finances (1678). Disgracié, pour un temps, à la mort de son oncle, il fut contrôleur général des finances de 1708 à 1715, à la place de Chamillart, et grand trésorier des Ordres du Roi en 1713. Il parvint à soutenir les énormes dépenses de la guerre de succession d’Espagne. 


Hôtel Desmaretz, rue Saint-Marc

Il vécut rue Vivienne, voisin de son cousin Torcy, puis s’installa, en 1710, rue Saint-Marc [IIe], où il mourut le 4 mai 1721. Il avait épousé, le 22 février 1673, Madeleine Béchameil, morte le 14 juin 1725 à l’âge de 76 ans ; ils eurent beaucoup d’enfants, entre autres Jean-Baptiste-François Desmaretz, marquis de Maillebois, maréchal de France (1682-1762).





Sa bibliothèque, dont les livres portent ses armes [D’azur à la dextrochère d’argent tenant trois fleurs de lis de marais du même mouvantes d’une seule tige], fut dispersée : Catalogus librorum bibliothecæ illustrissimi viri D. Nicolai Desmaretz, regni administri(Paris, Gabriel Martin et Jean Boudot, 1721, in-12, [4], 51, [1]; 31, [1]; 7, [1] p., 1.466 lots).


Marquise du Châtelet. Institutions de physique.
Paris, Prault fils, 1740, in-8
Aux armes de Marie-Sophie Colbert
Drouot, 18 mars 2010 : 14.100 €

Après la mort de Nicolas Desmaretz, l’hôtel de la rue Saint-Marc fut vendu à Charles-François de Montmorency-Luxembourg (1702-1764), qui épousa, le 9 janvier 1724, Marie-Sophie Colbert (1711-1747), marquise de Seignelay, comtesse de Tancarville et Dame de Gournay-en-Bray, nièce de Charles-Léonor Colbert. En 1799, on a construit le passage des Panoramas à l’emplacement de l’hôtel de Montmorency-Luxembourg. 
Lettres de Cicéron à Atticus
Paris, veuve Delaulne, 1738, 6 vol. in-12
Aux armes de Marie-Sophie Colbert : 1.850 €

L’Évêque de Montpellier


Château de Croissy, détruit le 17 août 1944
Auteur de la branche des marquis de Croissy [Croissy-Beaubourg, Seine-et-Marne] et de Torcy [Seine-et-Marne], Charles Colbert, frère cadet du Grand Colbert, fut baptisé à Reims, en l’église Saint-Hilaire, le 5 août 1629. Il présida le parlement de Metz (1662), fut ambassadeur à Londres (1668-1674), plénipotentiaire à Aix-la-Chapelle (1668) et à Nimègue (1778). Il devint secrétaire d’État aux affaires étrangères en 1679 et se chargea de l’aspect juridique de la politique des « réunions ». Il mourut, perclus de goutte, à Versailles, le 28 juillet 1696. Il avait épousé, le 20 janvier 1664, Françoise Béraud, morte le 17 septembre 1719, d’une famille niortaise alliée à celle de l’historien Lancelot de La Popelinière, fille de Joachim Béraud, seigneur de Croissy, grand audiencier de France. Ce fut depuis ce mariage qu’il ajouta à son nom celui de Croissy.



Son fils Charles-Joachim Colbert est né à Paris le 11 juin 1667, fut abbé commendataire de l’abbaye cistercienne de Froidmond [Oise, détruite à la Révolution] en 1684, agent général du clergé de France en 1695 et sacré évêque de Montpellier [Hérault] le 10 mars 1697. Il s’opposa à la bulle Unigenitus en 1713 et mourut le 8 avril 1738.
Charles de Pradel avait été évêque de Montpellier de 1676 à 1696 ; il avait une fort belle bibliothèque dans laquelle se trouvaient les livres hérités de son oncle et prédécesseur sur le siège épiscopal de Montpellier, François de Bosquet, évêque de 1655 à 1676. Prélat fort lettré, ce dernier, ami de Baluze, avait été, avant d’occuper le siège de Montpellier, évêque de Lodève, où il avait succédé à l’érudit fameux Jean Plantavit de la Pause, lequel avait démissionné en sa faveur. Les livres qui composaient la bibliothèque de Plantavit de la Pause passèrent dans celle de François de Bosquet. À la mort de Monseigneur de Pradel, sa bibliothèque fut achetée par son successeur Charles-Joachim Colbert de Croissy. Celui-ci l’enrichit de nombreuses acquisitions. Dans cette tâche, il s’aida des conseils du célèbre historien Dom Joseph Vaissette (1685-1756). 

Château des évêques, à Lavérune

La plus grande partie des livres fut mise à l’évêché, le reste à Lavérune, à l’ouest de Montpellier. Colbert de Croissy légua sa bibliothèque aux pauvres de l’Hôpital général de Montpellier, sous la réserve suivante :

« Quoique mes deux bibliothèques de la Vérune et de Montpellier vaillent beaucoup plus de 60.000 livres, je veux néanmoins que si M. le marquis de Torcy, mon frère, et, à son refus, quelque autre de ma famille avait envie de les acquérir, on les lui donne pour le prix de 60.000 livres. »

Le marquis de Torcy, ainsi que ses autres parents, informés, ayant renoncé à ce legs, les administrateurs de l’Hôpital général décidèrent de vendre aux enchères les livres qui composaient la bibliothèque et en firent dresser le catalogue : 



Catalogus librorum bibliothecæ illustrississimi ac reverendissimi D. D. Caroli-Joachimi Colbert de Croissi, episcopi Montispessulani (S. l. [Avignon], s. n. [Girard], 1740, 2 vol. in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[8]-426 p. et [1]-[1 bl.]-[16]-464 p.). Un grand nombre d’exemplaires du catalogue furent répandus à Toulouse, Lyon, Aix, Paris, Bordeaux, Rouen, etc., et l’abbé Brosseau, chanoine de la cathédrale de Montpellier, fit annoncer cette vente dans la Gazette de Hollande. Un acheteur offrit 60.000 livres, et l’acte de vente fut passé le 17 janvier 1741, à Toulouse :

« Nous, intendants, recteurs et syndics de l’hôpital de Montpellier, commissaires, députés par délibération du dimanche 15 janvier, d’une part, et M. Raymond Rivals, conseiller du roi, receveur des tailles du diocèse de Carcassonne, avons convenu : Nous, commissaires députés, avons vendu et vendons à M. Rivals la bibliothèque de feu Mgr C.-J. Colbert et tous les livres qui la composent et sont contenus dans le catalogue imprimé en deux volumes, sauf les livres qu’il a plu à Sa Majesté de retirer et les autres livres qui ne sont pas trouvés dans ladite bibliothèque, quoique compris dans le catalogue […] le tout moyennant 60.000 livres que le sieur Rivals remettra entre les mains du trésorier de l’hôpital. »

Super ex-libris de Charles-Joachim Colbert

Dès le 25 janvier, Rivals retira un grand nombre de volumes et dès lors commença la dispersion de cette collection précieuse. Plusieurs manuscrits intéressants émigrèrent en Angleterre.      

Le Marquis de Torcy



Frère aîné de l’évêque de Montpellier, Jean-Baptiste Colbert, marquis de Torcy, est né à Paris le 14 septembre 1665. En 1689, il succéda à son père comme ministre des affaires étrangères, mais n’exerça sa charge qu’à la mort de son beau-père Simon Arnauld de Pomponne (1618-1699). Il prit une grande part aux négociations préliminaires à la guerre de Succession d’Espagne et à celles des traités d’Utrecht (1713) et de Rastatt (1714). Le Régent l’écarta définitivement du pouvoir en 1715. 

Hôtel de Torcy, 16 rue Vivienne 

Il mourut à Paris le 2 septembre 1746. Il avait épousé, le 13 août 1696, Catherine-Félicité Arnauld de Pomponne, décédée à Paris le 7 avril 1755. Il était membre honoraire de l’Académie des sciences depuis 1718. Il a laissé des Mémoires de M. de **** pour servir à l’histoire des négociations depuis le traité de Riswick jusqu’à la paix d’Utrecht (La Haye, s. n., 1756, 3 vol. in-12).



Sa bibliothèque fut vendue après la mort de sa veuve : Catalogue des livres de M. le marquis de Torcy (Paris, Barrois, 1755, in-8, 78-[1]-[1 bl.] p., 1.294 lots). Van Praet donne la date de 1715, dans son (Catalogue des livres imprimés sur vélin de la bibliothèque du Roi, Paris, De Bure frères, 1822, t. IV, p. 163) : c’est une coquille.































Le Duc de Chaulnes, entre la guerre et les sciences

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Le duc de Chaulnes représenté en Hercule, par Jean-Marc Nattier (1746)
Musée du Louvre

Michel-Ferdinand d’Albert d’Ailly, duc de Chaulnes, pair de France, vidame d’Amiens, chevalier des Ordres du Roi, lieutenant général de ses armées, gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté en la province de Picardie, et pays reconquis d’Artois, gouverneur particulier des villes et citadelles d’Amiens et de Corbie, et capitaine-lieutenant des chevau-légers, naquit à Paris le 31 décembre 1714, de Louis-Auguste d’Albert d’Ailly (1676-1744), pair et maréchal de France, chevalier des Ordres du Roi, capitaine-lieutenant des chevau-légers de sa garde, et de Marie-Anne-Romaine de Beaumanoir (1688-1745), fille du marquis de Lavardin.

Il fut destiné dès l’enfance à l’état ecclésiastique, et pourvu à l’âge de sept ans d’un canonicat de Strasbourg, mais la mort du duc de Picquigny, son frère, arrivée dix ans après, fit changer sa destination ; il remit son canonicat, et entra en 1732 dans les Mousquetaires, d’où il ne sortit que pour passer à la Cornette des chevau-légers de la garde, dont il reçut le brevet en 1733, avec la commission de maître-de-camp de cavalerie.
Dès la fin de la même année il servit au siège de Kehl, comme aide de camps du maréchal de Berwick, 



et se trouva, un an après, à celui de Philippsburg, où le maréchal trouva la mort, la tête emportée par un boulet. Il fit la campagne de l’année suivante et fut pourvu de la place de capitaine-lieutenant des chevau-légers. Pendant le cours de la paix qui termina cette guerre, il fut fait brigadier de cavalerie des armées du Roi.
La guerre s’étant rallumée, il fit en 1742 la campagne de Bohème, et se trouva volontaire au siège de Prague ; l’année suivante, il se trouva à l’affaire de Dettinguen, où il reçut deux coups de feu ; il eut part aux sièges de Menin, Ypres, Furnes et Fribourg ; il fut honoré pendant cette campagne de la Croix de Saint-Louis, du titre de gouverneur des villes et citadelles d’Amiens et de Corbie et du grade de maréchal-de-camp.
Il servit en 1745 comme aide-de-camp du Roi ; après la victoire de Fontenoy, il accompagna le Roi aux sièges de la ville et de la citadelle de Tournai dont la prise termina la campagne.
L’année suivante, le duc de Chaulnes se trouva au siège d’Anvers et à celui de Namur ; il se trouva à la bataille de Rocourt, et en 1747 à celle de Lawfeld, ce fut la dernière opération de cette guerre à laquelle il eut part, la paix d’Aix-la-Chapelle y ayant mis fin en 1748.
Ce fut pendant ce même temps, en 1745, qu’il fut reçu au Parlement en qualité de duc et pair par la démission du maréchal de Chaulnes en sa faveur. A la fin de sa dernière campagne, il fut fait lieutenant général des armées du Roi, et peu de temps après il fut nommé pour assister comme commissaire du Roi aux États de Bretagne.
La guerre s’étant encore rallumée, il servit dans l’armée de Westphalie, et se trouva à la bataille de Hastenbeck en 1757. Le Roi lui avait accordé, dès 1751, une place de chevalier de ses Ordres, et en 1752 le gouvernement de Picardie et d’Artois, vacant par la mort du prince Charles de Lorraine. Il vendit en 1763 au marquis François-Gaston de Lévis (1720-1787) son gouvernement d’Artois. Il tomba malade au début de l’été 1769 et le mal alla en augmentant jusqu’à la mi-septembre ; il se trouva plus mal au moment où on s’y attendait le moins et mourut le 23 septembre 1769, en moins de cinq heures ; son corps fut porté à la sépulture de sa maison, accompagné d’un nombreux cortège de ses amis.   

Il avait obtenu en 1743 la place d’honoraire de l’Académie des sciences, vacante par la mort du Cardinal de Fleury. Tout le temps que ses fonctions lui laissaient libre, était employé à des recherches utiles. Il s’était procuré une nombreuse bibliothèque de livres de sciences, et, à l’instar de son beau-frère, il avait formé un cabinet très curieux de physique, de mécanique et d’histoire naturelle et avait établi un laboratoire destiné à l’augmenter d’un grand nombre de pièces qu’il imaginait tous les jours ; il s’était surtout extrêmement appliqué à la dioptrique et à l’art de perfectionner les instruments de mathématique et surtout ceux qui servent à l’astronomie.


Ses savants mémoires furent lus à l’Académie : « Observations sur quelques expériences de la quatrième partie du deuxième livre de l’Optique de Newton », « Nouvelle méthode pour diviser les instruments de mathématique et d’astronomie »,


Microscope du duc de Chaulnes
Musée des Arts et Métiers

« Description d’un microscope, et de différents micromètres destinés à mesurer des parties circulaires ou droites, avec la plus grande précision ». 
Louis XV se plaisait à faire l’éloge de cet estimable gouverneur, en l’appelant « l’honnête-homme par excellence ». Par de nombreuses faveurs, ce monarque s’étudiait à lui faire oublier, ou du moins à adoucir les malheurs domestiques qui le conduisirent au tombeau.

La duchesse de Chaulnes représentée en Hébé, par Jean-Marc Nattier (1744)
Musée du Louvre

En effet, son cœur vertueux trouvait une juste cause d’affliction dans la conduite de Anne-Joséphine Bonnier, née le 15 avril 1718,  fille de Joseph [I] Bonnier (1676-1726), baron de La Mosson, trésorier général des États de la province de Languedoc, et de Anne Melon († 1727), qu’il avait épousée à Asnières-sur-Seine [Hauts-de-Seine], le 23 février 1734. C’était une femme aussi distinguée par sa richesse que par la vivacité de son esprit ; mais d’une inconstance inconcevable qui la portait avec autant d’ardeur vers le bien que vers le mal. Par ses écarts, ses prodigalités et ses folies, elle causa la ruine de cette illustre maison. Un mot de la comédienne Jeanne-Françoise Quinault (1699-1783) peint le duc de Chaulnes à merveille :

« M. de Chaulnes avait fait peindre sa femme en Hébé [femme d’Hercule] ; il ne savait comment se faire peindre pour faire pendant. Madlle. Quinaut, à qui il disait son embarras, lui dit : faites-vous peindre en hébêté. » [sic] (Œuvres de Chamfort. Paris, an 3 [1795], t. IV, p. 344)

En 1773, la duchesse de Chaulnes contracta un nouveau mariage, aussi ridicule que disproportionné à sa naissance, avec un magistrat, François-Henri, dit « Martial », de Giac (1737-1794) ; les époux se séparèrent, de gré à gré, dès l’année suivante. « La femme à Giac » mourut le 4 décembre 1782 au Val-de-Grâce. 

« La Duchesse de Chaulnes était certainement la plus extravagante et la plus ridicule personne de France. C’était une grosse douairière toute bouffie, gorgée, boursoufflée de santé masculine et de sensibilité philosophique, qui se faisait ajuster et coiffer en petite mignonne, et qui zézéyait en parlant pour se razeunir. Elle était éminemment riche, et c’étaient les enfans du Maréchal de Richelieu qui devaient hériter d’elle ; je pense que c’était à cause de leur grand’mère qui était une Mlle Jeannin de Castille. On supposait bien qu’elle éprouvait la tentation de se remarier ; mais ses héritiers ne s’en inquiétaient guère, en se reposant sur la difficulté qu’elle aurait à trouver un homme de la cour, ou même un simple gentilhomme qualifié qui voulût affronter une pareille exorbitance de chairs, de ridicules et de moustaches.
Il y avait à Paris, d’un autre côté, car c’était dans une des chambres d’enquêtes, un certain Conseiller sans barbe qui s’appelait M. de Giac, et qui était l’homme de justice le plus pédant, le plus risiblement coquet et le plus ennuyeux. Il avait l’air d’un squelette à qui l’on aurait mis du rouge de blonde et des habits de taffetas lilas. Il pinçait de la mandoline en se pinçant la bouche et jouant des prunelles. […]
Pour apprendre à M. de Giac à compromettre sa dignité parlementaire en épousant une folle à cause de son argent, le Parlement de Paris l’obligea de quitter la magistrature, et le Roi l’exila du côté de Barèges où nous l’avons vu se promenant le long des ruisseaux, costumé comme un berger d’Opéra, sous un parasol orné d’églantines, et la houlette à la main. » [sic] (Souvenirs de la marquise de Créquy de 1710 à 1803. Paris, H.-L. Delloye et Garnier frères, 1842, t. II, p. 5-7)

Le duc de Chaulnes n’avait laissé qu’un fils, Louis-Marie-Joseph d’Albert d’Ailly (1741-11793), qui quitta le service à 24 ans, avec le grade de colonel, par goût pour les sciences naturelles. Après de longs et dispendieux voyages, il revint, peu avant la Révolution, dans son château de Chaulnes, avec une santé ruinée, des dettes énormes et l’affaissement de ses capacités intellectuelles. C’est dans cet état déplorable et au milieu de l’abandon de ses serviteurs, qu’il termina sa carrière. Avec lui s’éteignit cette branche de la maison de Luynes.

Hôtel de Chaulnes (Plan Turgot, 1734)

Hôtel de Chaulnes (Plan Pichon, 1793)

Hôtel de Chaulnes (Ecole des Mines)

Le duc de Chaulnes utilisait deux résidences : à Paris, l’hôtel de Chaulnes était situé rue d’Enfer [aujourd’hui 60-62 boulevard Saint-Michel, VIe, siège de l’École des Mines], près des Carmélites ; 

Château de Chaulnes (début XVIIIe siècle)

Château de Chaulnes (fin XIXe siècle)

dans le département de la Somme, le château de Chaulnes fut détruit par son acquéreur, après sa vente en 1806, et un nouveau château fut construit sur son emplacement, qui fut détruitpendant la Première Guerre mondiale.

Super ex-libris

Ses armes étaient « De gueules, à deux branches d’alisier d’argent passées en double sautoir, au chef échiqueté d’argent et d’azur de trois traits [d’Ailly] sur le tout d’or, au lion de gueules armé, lampassé et couronné d’azur, alias de gueules [d’Albert] ».



La vente de la bibliothèque parisienne du duc de Chaulnes, qui eut lieu en 35 vacations, du lundi 19 mars au mardi 15 mai 1770, produisit 41.123 livres : Catalogue des livres manuscrits et imprimés, et des estampes, de la bibliothéque [sic] de M. le duc de Chaulnes (Paris, Le Clerc, 1770, in-8, [1]-[1bl.]-[1]-[1 bl.]-276-32 p., 3.951 articles), avec une « Table des auteurs ». 


Elle renfermait des ouvrages rares et curieux : théologie (312 lots = 8%), jurisprudence (156 lots = 4%), sciences et arts (1.346 lots = 34%) – dont « Arts du Dessein, Peinture & Gravure » (172 lots) et « Musique » (130 lots) –, belles-lettres (551 lots = 14%), histoire (1.585 lots = 40%).



Le duc de Chaulnes possédait une seconde bibliothèque, en son château de Chaulnes, qui fut vendue après le mois de mai 1770 : le Catalogue des livres de la bibliothèque du château de Chaulnes ([Paris], [Le Clerc], 1770, in-8, 52-11-[1] p., 1.105 articles), avec une « Table des auteurs ». Toujours joint au précédent, ce catalogue renfermait : théologie (82 lots = 7%), jurisprudence (22 lots = 2%), sciences et arts (176 lots = 16%), belles-lettres (420 lots = 38%), histoire (405 lots = 37%).  

Ex-libris













Henri Beraldi : « Le nombre est peu, le choix est tout. »

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D’une famille originaire de Pesaro, dans les Marches [Italie], Angelo-Ferdinand Beraldi, dit « Henri Beraldi » 


4 rue de l’Arcade [VIIIe]

[à partir de 1880, sauf à l’État civil] naquit à Paris, le 6 février 1849, 4 rue de l’Arcade [VIIIe], de Suzanne-Mathilde Mazzoli (1823-1909) et de Pierre-Louis Beraldi (1821-1903), commis au Ministère de la Marine [retraité, il devint sénateur du département de l’Aude de 1876 à 1885].

En dépit de toutes les conjectures, son nom doit s’écrire sans accent aigu sur le « e » : venant d’Italie, son grand-père, naturalisé français, avait francisé son nom en arrivant à la Martinique en 1802 ; son père conserva son nom francisé ; Henri Beraldi a voulu reprendre son patronyme d’origine.
Son parrain, Angelo-Ferdinand Mazzoli (1821-1893), illustrateur des rues et des monuments de Toulouse, où sa famille s’était installée en 1832, était son oncle maternel. La famille de sa grand-mère paternelle, née Majorel, était originaire de Castelnaudary [Aude] et avait acheté le château de Montauriol, à 13 km. de la ville.

D’abord élève au lycée Bonaparte [aujourd’hui lycée Condorcet, IXe], Beraldi fut, à partir de 1861, au lycée impérial de Toulouse [aujourd’hui lycée Pierre de Fermat], où il obtiendra son baccalauréat en 1865. Revenu l’année suivante chez ses parents, 68 rue Blanche à Paris [IXe], il fut nommé surnuméraire au Ministère de la Marine et des Colonies, et poursuivit des études de droit jusqu’à la licence, obtenue en 1869. Commis dans le même Ministère (1868), commis principal (1876), sous-chef de bureau (1882), il termina sa carrière en 1890 [et non en 1884 ou en 1886] comme chef de bureau ; il fut fait chevalier (1884), puis officier de la Légion d’honneur (1900).

Sinature de Beraldi
(Acte de mariage, 1880)

Il épousa, le 4 décembre 1880, à Paris [IXe], Cécile-Félicie-Jeanne-Mathilde Gavet (1857-1940), fille de Pierre-Auguste-Bienaimé Gavet (1824-1881), agent de change, et de Alexandrine-Félicie Bornot (1833-1886). Ils eurent cinq enfants : Pierre-Louis-Marie, né le 23 septembre 1881 à Paris [XVIe], Jacques, né le 12 juin 1884 à Boulogne-sur-Seine [Boulogne-Billancourt depuis 1926, Hauts-de-Seine], Cécile-Louise-Marie, André-Fernand-Marie et Hélène-Marie-Mathilde, nés à Paris [VIIIe], respectivement le 23 mai 1887, le 15 novembre 1889 et le 10 juillet 1891. 

10 avenue de Messine [VIIIe]

Il résida successivement : 86 boulevard Haussmann [VIIIe] en 1881, chalet de Longchamp (Bois de Boulogne) à Boulogne-sur-Seine en 1884, 65 rue d’Anjou [VIIIe] en 1887, 10 avenue de Messine [VIIIe] en 1894.

Beraldi acheta ses premiers volumes en 1872, chez Damascène Morgand, pour 1.500 francs : Œuvres Complètes de Voltaire (Paris, Antoine-Augustin Renouard, 1819-1825, 66 vol. in-8, demi-reliure à coins de Purgold).
C’est alors que voyant son fils entrer dans le collectionnisme et la bibliophilie, l’idée vint à son père de s’y mettre aussi, et de rechercher, de son côté, les portraits d’illustration :

« Chaque jour, pendant les instants que lui laissaient le ministère ou le Sénat, M. Beraldi, d’une activité dévorante, faisait les quais et rues voisines, allant de Danlos au timide Rapilly père, de Clément à la face de dogue à Mme Loizelet, fouillant chez Lechevalier, fouillant chez Tinardon, fouillant chez Gosselin, fouillant chez la mère Antony, livrant combat à Vignères le récalcitrant pour le décider à laisser compulser un de ses cartons, poussant une pointe chez Lacroix – d’abord rue du Cherche-Midi, ensuite quai Voltaire, où son magasin était toujours plein de dessins et d’estampes superbes, matière collectionnable qui, par sa profusion et son renouvellement, alors, donnaient l’illusion de ne jamais devoir s’épuiser ; – de là, rue de Rivoli chez Blaisot ; de là, pour renseignements et contrôle des pièces, au Cabinet des Estampes, où Pierre Vidal malicieusement croquait son profil ; de là, pour achat de quelque portrait-vignette de grand prix, chez le libraire Morgand, passage des Panoramas ; de là, chez Sieurin, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, pour conversation sur les portraits d’illustrations. Et les visites aux libraires voyageurs : Gouin rapportant de province ou de Hollande des lots inexplorés, et Bihn, d’Angleterre ou d’Allemagne, des gravures de l’école française et des portraits de femmes de l’école anglaise encore dédaignée – mais oui. Jules Bouillon, à l’air doux qui n’excluait pas la finesse, mettait de côté pour lui la fleur de ses marchés bourgeois. Que de fois n’avons-nous pas entendu prononcer cet arrêt sans appel : “ C’est mis de côté pour M. Beraldi ! ” Après quoi, chez le même Bouillon, commençait l’étude de la prochaine vente publique ; trois ou quatre amateurs, chacun examinant mystérieusement pour son compte, chacun assis à côté d’un des meubles en X et plongeant silencieusement dans un carton auquel il semblait se confesser ! D’ailleurs, notre collectionneur n’aimait pas les ventes publiques : la longue attente, l’aléa, l’incertitude du résultat, “ monter à l’arbre ”, les cahots et les surmenages des prix, l’outrance de certains ponteurs, tout lui déplaisait. Il aimait l’affaire certaine, et à prix loyalement demandé une bonne fois. »
(Baron Roger Portalis. « Une collection de portraits français ». In La Revue de l’art ancien et moderne. Paris, N° 72, mars 1903, p. 164)   





Quelques années plus tard, Beraldi mit de l’ordre dans sa collection d’estampes et dans celle de son père, lors d’une vente qui se déroula dans une salle de l’hôtel Drouot, en trois vacations, du 1er au 3 mai 1879, et qui rapporta un peu plus de 8.000 francs : Catalogue d’une jolie collection de portraits pour illustrations […]. Estampes et vignettes. Œuvre de Moreau le jeune […] (Paris, Vignères, 1879, in-8, 63-[1] p., 791 lots).  


En 1880, il rejoignit, avec d’autres, le petit groupe d’amateurs – Jules Andrieux, Ernest Gallien, Camille Grellet, Ferdinand Lemaire et le vicomte Philippe de Saint-Albin –, qui se réunissaient depuis 1874, pour fonder légalement la Société des Amis des livres, sous la présidence d’Eugène Paillet (1829-1901), conseiller à la Cour  d’appel de Paris, auquel il succéda en 1901.

En 1887, il acheta une bonne partie de la bibliothèque que son maître, Eugène Paillet, avait vendue à Morgand :

Le Gascon puni
par Fragonard
pour 50.000 francs, il devint propriétaire de l’incomparable manuscrit calligraphié sur papier vélin des Contesde La Fontaine, en deux volumes in-4 reliés en maroquin rouge par Derome, contenant 57 dessins originaux à la sépia réalisés en 1773-1774 par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), pour son mécène, Pierre-Jacques-Onézyme Bergeret de Grancourt (1715-1785), receveur général des finances de Montauban, pendant le voyage qu’ils firent en Italie ; 22 seulement furent gravés pour illustrer la fameuse édition des Contes publiée par Pierre Didot en 1795.

Le Gascon puni
par Martial
« Le Duc de Choiseul [Etienne-François de Choiseul (1719-1785)] avait fait faire pour les accompagner une belle copie manuscrite, dont les deux volumes en maroquin rouge, après avoir été longtemps dans les mains de M. Feuillet de Conches [Félix-Sébastien Feuillet de Conches (1798-1887)], passèrent ensuite dans la collection de M. Portalis [Roger Portalis (1841-1912)] et enfin dans celle de M. Eugène Paillet. C’est celui-ci qui a permis à M. Martial [Adolphe-Martial Potémont (1827-1883)] de les graver, et l’on ne saurait trop lui faire honneur de cette intelligente libéralité ; Fragonard y gagne singulièrement. »
(Anatole de Montaiglon. « Les Sources et les Illustrations des Contes ». In Contes de La Fontaine avec illustrations de Fragonard. Réimpression de l’édition de Didot, 1795. Paris, A. Le Vasseur, 1884, t. I, p. XXXIX-XL)



Beraldi devint également membre fondateur en 1889 de la Société des Bibliophiles contemporains, présidée par Octave Uzanne (1851-1931),



et de la Société Les Cent Bibliophiles, fondée en 1895 et présidée par Alfred Piat (1830-1896), notaire, puis par Eugène Rodrigues (1853-1928), avocat.

Sa bibliothèque devint l’une des grandes bibliothèques françaises de l’entre-deux guerres, avec celles de René Descamps-Scrive (1853-1924) et de Louis Barthou (1862-1934).
Il fut le premier à faire exécuter des reliures d’un goût contemporain, le premier à les mettre en valeur et à les faire adopter par les bibliophiles ; la reliure française moderne est sortie du mouvement qu’il a créé.



Pièce de cuir de couleur variable [ivoire, rouge, rose, bleu, jaune, marron], son ex-libris [32 x 23 mm.] porte, dans un encadrement, « Ex libris Henri Beraldi » ;



celui de sa femme [25 x 20 mm.] porte, dans un encadrement, le chiffre « MHB » [Mathilde Henri Beraldi].

Beraldi fut l’auteur de nombreux travaux : L’Œuvre de Moreau le jeune(Paris, P. Rouquette, 1874, in-8, portrait gravé d’après Cochin, 200 ex.), sous le pseudonyme anagramme de Henri Draibel,




Charles-Étienne Gaucher, graveur (Paris, D. Morgand et C. Fatout, 1879, in-8, portrait), sous le même pseudonyme et avec le baron Roger Portalis,





Les Graveurs du dix-huitième siècle (Paris, D. Morgand et C. Fatout, 1880-1882, 3 vol. in-8), avec le baron Portalis,

Tome IX

et Les Graveurs du xixe siècle(Paris, L. Conquet, 1885-1892, 12 vol. in-8, 38 frontispices, sur pap. vélin et 75 ex. sur Hollande), où il proclame :

« Quant à la photogravure, il n’y a pas à en parler. Elle donne des indications de dessin utiles et exactes, mais, comme le dit Victor Hugo (non pas, il est vrai, à propos de gravure ; c’est de la pieuvre qu’il parle : il n’importe !) : “ Chose horrible : c’est mou ! ” En ce qui concerne particulièrement l’illustration des livres, elle doit être rigoureusement écartée ; un volume qui est orné de photogravures doit être proscrit de la bibliothèque de quiconque se proclame bibliophile. » (t. I, p. 69)

Dreweatts & Bloomsbury, 28 novembre 2013
Reliure signée David : £ 450


Dans La Reliure du xixesiècle (Paris, L. Conquet, 1895-1897, 4 vol. in-8, 285 gravures et 10 fac-similés d’autographes h.-t., 295 ex.), il affirme :

« Mais la bibliophilie ne s’apprend pas en allant à l’école : elle s’apprend en faisant des écoles, ce qui est bien différent. On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres. » (Quatrième partie, p. 16)


D’autres ouvrages furent consacrés à ses collections : Mes estampes (Lille, impr. L. Danel, 1884, in-8, 100 ex. sur papier teinté et 50 ex. sur Hollande ; id., 1887, seconde édition, 100 ex. sur Hollande), 




Bibliothèque d’un bibliophile (Lille, impr. L. Danel, 1885, in-8, 200 ex. sur Hollande), consacrée à l’admirable collection d’Eugène Paillet

Paris, Alde, 18 avril 2009
Reliure doublée de Mercier
Exemplaire Solacroup

et Estampes et livres  (Paris, L. Conquet, 1892, gr. in-8, front. et 41 pl., portrait de Cuzin en cul-de-lampe, 390  ex., 1 ex. sur Japon et 1 ex. sur Chine), où il précise :

« Le titre de bibliophile ne devient intéressant que s’il désigne un homme qui, dans la mesure de ses forces, soit un des facteurs actifs du maintien et du renouvellement des quatre arts : la Typographie, l’Illustration, la Gravure, la Reliure. »



Suivirent : Propos de bibliophile. Voyage d’un livre à travers la Bibliothèque nationale (Paris, G. Masson, 1893, in-4, 2 pl. h.-t., pap. ordinaire et 95 ex. sur Whatman), extrait de La Nature, 17 juin, 1er et 29 juillet, 16 septembre 1893,


Paris, Sotheby's, 19 novembre 2012
Reliure de Mercier
Exemplaire A. Bordes
et Propos de bibliophile. Gravure et lithographie. Reliure  (Lille, L. Danel, 1901, in-8, 60 ex.).

Beraldi se rendit presque chaque été dans les Pyrénées, qu’il a connues pendant ses années toulousaines, le plus souvent à Bagnères-de-Luchon [Haute-Garonne], où il résida d’abord à l’emblématique hôtel Sacaron [aujourd’hui Résidence Sacaron],


puis au château Champsaurel [aujourd’hui à vendre : 16 pièces, 10 chambres, 700 m2, 695.000 €]. Il effectua quelques ascensions, dont celle du pic d’Aneto, ou Néthou, le plus haut sommet de toutes les Pyrénées (3.404 m.), et fut l’inventeur du mot « pyrénéisme » en 1898. Il publia plusieurs ouvrages sur cette région, dont l’irremplaçable Cent ans aux Pyrénées (Lille, L. Danel, 1898-1904, 7 vol. in-8, 300 ex.). Les montagnards reconnaissants ont donné son nom, en 1905, à un pic, autrement appelé pic Eriste Norte (3.025 m.), dans le massif des Posets.

Pendant la Première Guerre mondiale, il fut un administrateur actif de l’hôpital de la Croix-Rouge, installé dans le lycée Louis-le-Grand, à Paris.

Vers la fin de sa vie, Beraldi organisa la vente de ses estampes, qui débuta à la galerie Georges Petit, rue de Sèze [IXe, aujourd’hui détruite] :

Catalogue des très belles estampes duxviiie siècle composant la collection de Monsieur H. B. (Paris, s. n., 1927, in-8, 80 p., 266 lots). 
Pour la première vacation du lundi 12 décembre 1927, des collectionneurs connus étaient présents : le baron Henri de Rothschild, Seymour de Ricci, Fix Massan, Vever, Docteur Braud, Trabucco, Mirault, Carteret, Lenseigne, Stern, Mathey, Stettiner, Lefrançois, Meynial, etc. Parmi les adjudications les plus brillantes : une admirable épreuve avant le titre de Le Couché de la mariée, gravée par Moreau d’après Baudoin, 42.000 francs ;


une superbe épreuve, avec la planche de blanc, de Tête de Flore, par Bonnet d’après Boucher, 82.000 francs, sur demande de 30.000 francs. Cette première vacation produisit 650.000 francs.
La deuxième vacation, le lendemain, a eu lieu au milieu d’une affluence considérable, et dès 14 heures, la galerie était archicomble. Les enchères ont été très brillantes, certaines même sensationnelles : deux magnifiques épreuves de Le Compliment et Les Bouquets, par de Bucourt, 31.000 francs à Heucqueville ; une remarquable épreuve de la planche en noir du premier état, la seule connue en cet état de Les Bouquets ou la fête de la grand’maman, par de Bucourt, 69.000 francs à Rousseau ; une superbe épreuve du deuxième état de L’Indiscrétion, par Janinet d’après Lavreince, 33.000 francs à Devilder ; une magnifique épreuve du troisième état de La Promenade publique, par de Bucourt, 37.000 francs ; deux magnifiques épreuves de On la tire aujourd’hui et La Douce Résistance, par Tresca d’après Boilly, 35.000 francs ;


deux superbes épreuves du deuxième état de La Rose et La Main, par de Bucourt, 120.000 francs à Houtacker. La vacation produisit 940.000 francs.

Catalogue des très beaux portraits desxviie, xviiie et xixe siècles composant la collection de Monsieur H. B. (Paris, s. n., 1928, in-8, 112 p., 329 lots).
La première vacation, du vendredi 30 novembre 1928, produisit 564.000 francs. Des enchères superbes furent obtenues, notamment par une superbe épreuve de Mademoiselle Bertin, par Janinet, qui atteignit 70.000 francs sur départ de 35.000 francs, par une très belle épreuve de Madame du Barry, par Gautier d’Agoty, qui fut poussée jusqu’à 33.100 francs, et par une superbe épreuve de Frédérique Sophie de Prusse, par Janinet, qui fut payée 30.000 francs, sur départ de 15.000 francs. La vacation du samedi 1erdécembre 1928 produisit 370.000 francs. 

Catalogue des très belles gravures et lithographies xixe siècle composant la collection de Monsieur H. B. (Paris, s. n., 1929, in-8, 56 p., 200 lots).
La troisième vente se déroula à la salle 8 de l’hôtel Drouot, le vendredi 31 mai 1929. Une lithographie par Géricault, Deux chevaux gris pommelé se battant dans une écurie, fut payée 12.610 francs ; une lithographie par Delacroix, Cheval sauvage terrassé par un tigre, 10.000 francs ; une eau-forte par Lepère, La Cathédrale d’Amiens, 5.100 francs.


Catalogue des très beaux portraits duxvie au xixe siècle composant la collection de Monsieur H. B. (Paris, s. n., 1930, in-8, 132 p., 360 lots).
À la salle 10, Jehan Luillier, par Thomas de Leu, fut payé 4.100 francs ; Guido Bentivoglio, par Jean Morin, 2.520 francs ; Jules Mazarin, par Robert Nanteuil, 3.150 francs ; Jean Loret, par Robert Nanteuil, 3.050 francs ; Jean-Baptiste Colbert, par Robert Nanteuil, 4.500 francs ; Messire Nicolas Foucquet, par Robert Nanteuil, 8.550 francs ; Louis II, prince de Condé, par Robert Nanteuil, 5.300 francs ; Nicolas Boileau-Despréaux, par Drevet, 3.800 francs, et Ortance Manchini, par Gérard Valck, 2.700 francs.

Henri Beraldi mourut le 31 mars 1931, à 82 ans, après une courte maladie :

« Il avait présidé, le mois précédent, le dîner mensuel de la Société des Amis des livres et continué à recevoir ses amis et les membres de la Société à ses réceptions intimes du lundi : ces lundis de l’avenue de Messine connus et renommés de tous les bibliophiles. Nombreux étaient ceux qui se réunissaient autour de lui, chaque lundi, dans cette hospitalière bibliothèque où il accueillait, de façon si affable, tous ceux qui partageaient sa passion pour le livre. Il aimait à les montrer, ces livres et ces belles reliures patinées par le temps, ces admirables suites des originaux de Fragonard, de Moreau le Jeune, d’Eisen, de Cochin ; il aimait qu’on lui demandât à voir spécialement tel ou tel de ses trésors et ceux qui l’on bien connu ne pourront oublier la grâce naturelle avec laquelle, en vous remettant la clé de la vitrine où habitait le livre demandé, il vous indiquait le rayon et la place. […] Sur une table étaient posées les dernières acquisitions, livres rares ou reliures – le plat du jour– disait-il, chacun pouvait, à son aise, toucher et examiner. Il était heureux d’entendre et de discuter les observations, de raconter, avec une mémoire toujours infaillible, l’histoire de chaque volume, de chaque reliure, ancienne, très ancienne, moderne ou faite par ses soins – et avec quel goût, sûr et délicat, faisait-il exécuter ses reliures ! – et aussi des gens, très nombreux, qu’il avait connus, des artistes et des amateurs. »
(Charles Maumené. « M. Henri Béraldi [sic] ». In L’Amateur d’estampes. Paris, N° 3, mai 1931, p. 65-66)

Ses obsèques furent célébrées le mardi 7 avril 1931, à 10 h. 30, en l’église Saint-Augustin [VIIIe]. Les fils du défunt ont conduit le deuil. La cérémonie était présidée par Mgr Crépin, évêque auxiliaire de Paris, qui a donné l’absoute.


La levée du corps a été faite par Mgr Jouin, curé de la paroisse, et l’inhumation a eu lieu au Père-Lachaise. 




Sa bibliothèque fut dispersée à Paris, à la galerie Jean Charpentier [salle des ventes Sotheby’s, depuis 1988], 76 rue du Faubourg Saint-Honoré [VIIIe], face au palais de l’Élysée, puis à l’hôtel Drouot : Bibliothèque Henri Beraldi (Paris, Ader et Carteret, 1934-1935, 5 vol. in-4, [4]-III-39-[5] p., 52 pl., 78 lots ; [8]-152-[4] p., 105 pl., 277 lots ; [4]-IV-252-[4] p., 145 pl., 511 lots ; [4]-IV-112-[4] p., 67 pl., 209 lots ; [4]-162-[4] p., 40 pl., 424 lots).  



« Pour le xvie siècle : splendides reliures (la plupart des Éve), recouvrant, soit des chefs-d’œuvre  littéraires de Baif, Des Portes, Commines ou Ronsard, soit des livres rares, à gravures sur bois (Heures de Simon Vostre, sur papier, reliées comme le plus beau des Grolier), soit enfin quelque précieuse édition (Gesner, Historiae animalium, avec figures coloriées, exemplaire de Diane de Poitiers, provenant du château d’Anet), dans une reliure aux armes, richement ornée et mosaïquée. Somptueux volumes justifiant presque toujours d’origines illustres et, souvent même, royales (Henri III, Catherine de MÉdicis, Charles IX) !
Pour le xviie siècle : remarquable collection d’exemplaires aux armes d’Anne d’Autriche, de Louis XIII et de Louis XIV, habillés par les maîtres relieurs du grand siècle : Boyet, Le Gascon, Antoine Ruette, et provenant de bibliothèques non moins illustres que les ouvrages du siècle précédent : De Thou, Brunet, J.-J. De Bure, Charles Nodier, Baron Pichon, Destailleur, Delbergue-Cormont, etc. »
(Léopold Carteret. « Avant-propos ». In Bibliothèque Henri Beraldi. Première partie. Paris, Ader et Carteret, 1934, p. I-II)
  
La première des quatre journées de gala consacrées à la dispersion de cette admirable bibliothèque eut lieu mardi 29 mai 1934 à la galerie du Faubourg Saint-Honoré, sous la direction de Me Étienne Ader, assisté de Léopold Carteret. Dès l’ouverture des portes, une foule nombreuse se précipita pour occuper les places réservées : la princesse d’Arenberg, la comtesse de Béhague, Madame de Gama Ochoa, Madame Patenôtre, Madame Georges Prade, Madame de Villemorin, Madame Yves Ledoux-Lebard, le général Willems, le baron Henri de Rothschild, Henri Vever, Julien Cain, Raymond Escholier, Miguel Zamacoïs, M. de Billy, le comte de Rosambo, M. de Marinis, le baron Vitta, Christian Lazard, M. de Poliné, le comte Niel, M. Hoeplé, Arthur Weisweiler, M. Dubois, Paul-André Lemoisne, Seymour de Ricci, Mathieu Goudchaux, M. Gruel, M. de Samblaux, M. Burrus, M. Rassat, le comte Edmond de Contades, le colonel Hauët, Maurice Escoffier, etc.
La vacation comprenait les ouvrages du xvie siècle et une partie de ceux du xviiie : Euvres en Rimede Ian Antoine de Baïf (1557), dans une reliure du xvie attribuée à Nicolas Ève, 48.000 francs, sur départ à 5.000 francs ; les Mémoires de messire Philippe de Commines (1581), exemplaire ayant servi au prince Philippe d’Autriche, dans une reliure exécutée par les Ève, 19.000 francs ; Orazioni de Dampierre, manuscrit dans une reliure du xvie, au chiffre du poète Des Portes, 16.500 francs ; Conradi Gesneri medici Tigurini (1550) dans une reliure exécutée pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, 210.000 francs ; Heures de Simon Vostre, 29.000 francs ; De Fausto Caroli, de Masson (1570), 24.000 francs ; Officium Mariae Virginis, 20.000 francs ; cinq dessins originaux de Cochin pour les Œuvres de Belloy, 15.000 francs ; les Idylles de Berquin (1775-1776), avec la suite complète des 32 dessins originaux de Marillier, dans une reliure de Bozerian, 82.000 francs ; la suite des vignettes et culs-de-lampe de Boccace pour le Décaméron, 11.850 francs ; les Œuvres de Boileau (1798), avec la suite complète des 8 dessins originaux de Monsiau et le dessin original de Forty pour le portrait de Boileau, 17.000 francs ; les Principales Avantures de Don Quichotte(1746), dans un maroquin de Padeloup, 28.100 francs

Paris, Sotheby's, bibliothèque de Charles Hayoit, 30 novembre 2005 : 86.400 €
Reliure de Koehler

et les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (1796), avec la suite complète des 15 dessins originaux de Monnet, 111.000 francs.    
Le dernier lot adjugé, l’assistance allait abandonner la salle, lorsque Étienne Ader frappa sa tribune de son marteau d’ivoire et donna lecture de la déclaration suivante :
« Mesdames, Messieurs.
Sous le haut patronage de M. Albert Lebrun, président de la République, de M. Gaston Doumergue, président du Conseil et de M. Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, un certain nombre d’amateurs d’art, de bibliophiles, d’érudits, parmi lesquels le directeur des Beaux-Arts et l’administrateur général de la Bibliothèque nationale, ont associé leurs efforts à ceux de la Fondation Dutuit afin de sauvegarder ce monument de la collection Henri Beraldi : Le manuscrit contenant les 57 dessins originaux de Fragonard pour illustrer les Contes de La Fontaine. Soucieuse également de conserver à notre pays cette merveille nationale, la famille d’Henri Beraldi, ce grand bibliophile qui, par ses dons généreux, a contribué à enrichir plusieurs de nos musées et bibliothèques, a répondu favorablement à l’appel qui lui était adressé. Les Contes de La Fontaine, illustrés par Fragonard, sont retirés de la vente. Ce trésor français reste à la France et à Paris. » [payé 2 millions de francs par le Musée du Petit Palais]
Cette nouvelle fut accueillie au milieu des bravos. Ce fut l’événement marquant de cette séance qui eut, pourtant, tout entière un puissant attrait par l’importance des enchères qui furent réalisées et qui atteignirent au total un million de francs.



« Pour le xviiie siècle, Henri Beraldi fut encore plus attentif à ne rechercher que des ouvrages exceptionnels, uniques. Pour ce siècle de sa prédilection, il ne lui suffira point de posséder de magnifiques exemplaires, reliés en maroquin ancien, ornés de dentelles, contenant les illustrations du livre dans leur état habituel, que tout amateur, possesseur du nerf de la guerre, aurait la possibilité d’acquérir, par exemple :
Le Daphnis et Chloé du Régent (1718), en maroquin ancien à dentelle, aux armes de la Duchesse de Montmorency-Luxembourg.
Le Molière de Boucher (1734), en même extraordinaire condition, avec très riche dentelle, également aux armes de la Duchesse de Montmorency, c’est-à-dire le plus bel exemplaire connu.
Les Contes de La Fontaine (1762), édition des Fermiers généraux, admirable exemplaire en maroquin ancien à large dentelle, aux armes mosaïquées de la Marquise de Pompadour.
Non ! Il ne lui suffira pas de posséder de tels exemplaires dont la perfection ne satisfait point encore ses insatiables exigences d’amateur passionné duxviiie siècle ! Il lui faut mieux encore ; et voici, prise dans son ouvrage Estampes et Livres, une véritable profession de foi : “ Quant à collectionner du vieux maroquin pour du vieux maroquin, à subordonner la belle épreuve à l’habit et à accepter des épreuves usées dans des reliures de Derome, non ! ”
Il s’appliquera donc, avec une persévérance et un bonheur inouïs, non seulement à réunir ces premiers états des gravures, ces eaux-fortes en épreuves d’artiste, ces tirages à part de graveurs célèbres (Eisen, Fessard, de Longueil, Marillier, Lemire, etc.) qui forment les documents essentiels de l’histoire d’un livre d’art, mais encore à retrouver, puis acquérir les dessins originaux qui avaient servi à l’établissement de ces belles gravures : dessins rarissimes de Fragonard, Cochin, Eisen, Gravelot, Choffard, Marillier, Monsiau, Monnet, Mlle Gérard, etc., etc.
Tels sont les admirables exemplaires (presque tous signalés dans le Guide de Cohen) qui représentent le xviiie siècle dans la collection Henri Beraldi et nous offrent les raretés les plus insignes, les chefs-d’œuvre les plus extraordinaires de l’art du livre. Par exemple, pour une œuvre illustre entre toutes, les Contes de La Fontaine, nous trouvons côte à côte dans cette merveilleuse collection :
L’exemplaire unique des Contes de La Fontaine de 1795 contenant les eaux-fortes(sauf une figure) et l’eau-forte inconnue de FÉronde.
2° Le sensationnel recueil, reliÉà l’Époque par Derome, contenant, en deux volumes, les Contes, calligraphiés et ornementés, avec, en regard, une illustration de cinquante-sept dessins originaux de Fragonard, à la sépia, exécutés vers 1780. Originaux d’autant plus précieux que les gravures de la fameuse édition de 1795 ne nous en offraient qu’une infime partie.
Autre rareté non moins magnifique : un exemplaire, unique également, des Métamorphoses d’Ovide, de l’abbé Banier, 1767-1771, renfermant dans une reliure ancienne, en maroquin bleu-vert de Derome (avec insignes de Blondel d’Azincourt), non seulement la collection complète des avant-lettre, mais aussi toutes les eaux-fortes et les 5 figures doubles découvertes. Pures merveilles !
On trouvera plus loin la liste, éloquente dans sa simplicité, de la surprenante réunion de dessins originaux pour des livres célèbres : Pucelle d’Orléans, Liaisons Dangereuses, Faublas, etc.
Quant aux provenances, il nous suffira de citer les noms de : Morel de VindÉ, Brunet, Charles Nodier, PixerÉcourt, De Bure, Feuillet de Conches, Turner, Renouard, La Roche-Lacarelle, Lignerolles, Mahérault, Portalis, Guyot de Villeneuve, EugÈne Paillet, Robert Hoe, etc., etc.
Exemplaires non moins complets et non moins richement illustrés d’épreuves d’état de tous les autres grands livres du xviiie siècle : AnacrÉon, Boccace, Dorat (Baisers et Fables), La Borde (Chansons), etc.
Toutes ces conditions réunies font de la collection de livres illustrés du xviiie siècle, formée par Henri Beraldi, la réunion la plus parfaite et la plus choisie qu’un amateur ait jamais possédée. Il a eu de nombreux imitateurs : pas un instant il n’a connu un rival. »
(Léopold Carteret. « Avant-propos ». In Bibliothèque Henri Beraldi. Première partie. Paris, Ader et Carteret, 1934, p. II-IV)
      
La deuxième séance consacrée aux livres du xviie siècle et à une partie des illustrés merveilleux du xviiiesiècle, avait attiré le mercredi 30 mai 1934, Faubourg Saint-Honoré, une assemblée aussi nombreuse que la veille. Dans la salle, comble avant l’heure, on reconnaissait : la comtesse de Béhague, le général Willems, le comte de Billy, Jean Robiquet, Jean Guiffrey, M. Joubin, M. Dubois, Georges Prade, le docteur Viaud, le docteur Brand, Miguel Zamacoïs, M. Tannery, M. de Bormans, M. de Samblaux, Georges Vaudoyer, M. Fauchier-Magnan, Henri Verez, M. Promanger, M. Perreau, Mademoiselle Ed. Giard, Mademoiselle Dubourg, Maître Edmond Petit, Jules Féral, Auguste Blaizot, Albert Besombes, M. Lardanchet, etc.
Le prix le plus élevé de la vacation fut obtenu par un recueil unique, contenant la suite complète des 44 dessins originaux de Gravelot, dont un inédit, pour les Œuvres de Voltaire (1768) ; cette série, considérée très justement par Beraldi comme le morceau capital de Gravelot, atteignit 105.500 francs et devint la propriété d’un collectionneur parisien très connu.
Carteret poussa jusqu’à 64.100 francs un unique exemplaire des Aventures de Télémaque (1796) contenant la suite complète des 25 dessins originaux de Quéverdo, et jusqu’à 75.000 francs un superbe exemplaire des Baisers de Dorat (1770), contenant la rarissime suite des en-têtes et culs-de-lampe par Eisen, en épreuves d’artistes, tirées hors-texte ; il n’existe, paraît-il, qu’une seule autre suite complète de ces hors-texte.
Citons encore un prix de 60.000 francs en faveur d’un exemplaire sur grand papier, à toutes marges, des Fables de Dorat (1773), contenant également l’introuvable suite des hors-texte ; un prix de 76.000 francs pour un exemplaire unique des Lettres à Émilie sur la mythologie, par Demoustier (1809), contenant les 36 dessins originaux de Moreau, 24 autres dessins de cet artiste et 14 dessins de Le Barbier, et enfin un prix de 51.000 francs que consentit M. Dubois pour un superbe exemplaire de La Mort d’Abel par Gessner (1793), contenant les 5 admirables dessins originaux en couleurs de Monsiau, dans une élégante reliure de Mercier.

La troisième journée, jeudi 31 mai 1934, dépassa deux millions.

Paris, Drouot, 2014 : 5.600 €

Le plus bel exemplaire aux armes de Molière, de Boucher (1734), ayant figuré dans une vente, aux armes de la duchesse de Montmorency-Luxembourg, fut acquis moyennant 300.000 francs, sur départ à 50.000, par Maggs de Londres. Le Choix de chansons de La Borde, renfermant les rarissimes eaux-fortes des figures pour les 4 volumes et de nombreuses pièces supplémentaires, parmi lesquelles l’épreuve d’essai qui porte, au lieu des armes de la Dauphine, le portrait de Marie-Antoinette, exemplaire qui se compléta dans les mains de ses propriétaires successifs : Renouard, Aguillon, Grésy, Gonzalès, Paillet et Henri Beraldi, atteignit la somme respectable de 232.000 francs.

Aujourd'hui dans la bibliothèque de Jean Bonna


Le plus bel exemplaire aux armes des Contes de La Fontaine, édition des Fermiers généraux, dans un maroquin à large dentelle, aux armes de Madame de Pompadour, fut poussé à 149.500 francs par M. Gaillandre, sur départ à 50.000 francs. L’admirable recueil des 30 dessins originaux de Moreau exécutés à la sépia pour les chants 1 à 5 de La Pucelle, de Voltaire, édition de Kehl, volume dans sa reliure originale, sur laquelle est frappé en or le nom de Moreau le Jeune, fut adjugé 200.000 francs à M. Rau, sur mise à prix de 50.000 francs ; l’exemplaire du Nouveau Testament, contenant la suite complète des 108 magnifiques dessins originaux de Moreau le Jeune, fut adjugé 81.000 francs à Albert Besombes, et celui des Amours du chevalier de Faublas, par Louvet du Couvray (1798), renfermant la plus grande partie des originaux l’illustrant, puis encore 6 dessins de Quéverdo et Marillier, dont 4 inédits, devint la propriété de Léopold Carteret, moyennant 110.000 francs.


La dernière journée, vendredi 1erjuin 1934, comprenait la fin des illustrés duxviiie siècle. La dispersion de la première partie de la bibliothèque Beraldi s’est terminée sur un total de 4.784.450 francs ; si on y ajoute les 2 millions représentant le prix d’acquisition pour l’État des sépias de Fragonard pour les Contesde La Fontaine, on arriva à près de 7 millions.
L’enchère la plus brillante de la journée et la plus élevée de la vente fut obtenue en faveur du rarissime exemplaire des Métamorphoses d’Ovide(1767-1771), contenant les eaux-fortes et les avant-lettre en condition ancienne [deux autres exemplaires seuls sont connus dans cet état : celui qui disparut depuis 1862 et qui provenait de la vente La Bédoyère et celui que possédait Édouard Rahir] ; on y joignit les vignettes de Choffard en tirage hors-texte (1 vol.) : mises sur la table à 50.000 francs, ces deux merveilles atteignirent 305.000 francs. Un recueil considérable, formé des états introuvables, dont 43 eaux-fortes des illustrations de Moreau le Jeune et Le Barbier, pour illustrer les Œuvres de Jean-Jacques Rousseau, fut adjugé 140.000 francs à Charles Bosse, ainsi d’ailleurs que, moyennant 62.000 francs, la suite complète des 18 dessins originaux de Cochin, pour les Œuvres de Virgile (1743). Carteret poussa jusqu’à 78.100 francs la suite complète de 27 dessins originaux de Marillier, pour la Nouvelle Héloïse, l’Émile et les Œuvres diverses de Rousseau, et la Bibliothèque nationale, représentée par son éminent administrateur général Julien Cain, acquit pour la somme raisonnable de 13.800 francs un exemplaire unique des Saisons de Saint-Lambert (1796) enrichi des 4 croquis originaux de Choffard, ayant servi pour l’illustration des vignettes de l’édition de 1769.





« Si nous examinons les livres de la période romantique, nous nous trouvons devant un ensemble qui dépasse en richesse tout ce que l’on peut imaginer. Henri Beraldi se passionna pour cette époque fertile en grands relieurs et, dans son ouvrage “ La Reliure au xixe siÈcle”, il consacra des articles du plus vivant intérêt à BozÉrian, Lefebvre, Simier, Thouvenin, Purgold, Vogel, Duplanil, Bauzonnetet à tant d’autres dont il recherchera pour sa collection les plus beaux spécimens de leur art. »
(Léopold Carteret. « Avant-propos ». In Bibliothèque Henri Beraldi. Première partie. Paris, Ader et Carteret, 1934, p. IV-V)

La bibliothèque romantique Henri Beraldi, consacrée aux ouvrages publiés de 1801 à 1875, ne le céda en rien aux deux premières parties dont la dispersion fut effectuée au mois de mai 1934. Des fauteuils avaient été retenus dans la salle par la princesse Amédée de Broglie, la princesse d’Arenberg, la comtesse de Béhague, Madame Pratt, Madame Patenôtre, le marquis de Sayse, le comte de Bary, le baron Henri de Rothschild, le baron Le Guay, le baron Vitta, M. de Bormans, M. de La Ters, M. Horvilleur, M. Fribourg, Henri Vever, M. Tauber, M. Groukowsky, M. Rassa, M. Vigne, M. de Samblaux, M. Lardanchet, M. Miguet, etc.
Les Maggs, revenus de Londres le 17 décembre 1934 au soir, ramenant triomphalement les lettres de Napoléon à Marie-Louise, acquises par le gouvernement français, étaient également présents. Parmi les adjudications les plus brillantes prononcées au cours du mercredi 18 décembre 1934 : Antigone, par Ballanche (1819), avec les 6 dessins originaux de Bouillon, dans une superbe reliure de Simier, atteignit 15.700 francs ;



les Chansons de Béranger (1825) et le Supplément (1829) contenant une suite des figures de Johannot et les eaux-fortes pures, dans de magnifiques reliures mosaïquées de Vogel, 15.000 francs ; La Caricature, collection complète, avec les lithographies sur Chine, mais sans la Mensuelle, 12.200 francs ; l’originale d’Adolphe, de Benjamin Constant, dans une reliure de l’époque, 6.600 francs ; Les Cythères parisiennes, de Delvau (Dentu, 1864), avec les eaux-fortes en tirage à part, des croquis de Rops, dans une belle reliure mosaïquée de Mercier, 18.000 francs, et les 35 dessins originaux de Desenne, pour les Œuvres d’Étienne de Jouy (1812-1824), 11.000 francs.

La séance du jeudi 19 décembre 1934 attira un public aussi nombreux que la veille. Quelques personnalités avaient négligé la première réunion : Madame Lazare Weiler, le comte Balny d’Avricourt, le comte de Flers, le général Lannoy, M. Pibilat, le comte de Grammont, M. Lacour-Gayet, M. Gruel, M. Schulsmann, député de Metz, Miguel Zamacoïs, etc.
Après la mise en vente de quelques albums remarquables par leur composition et leur état de fraîcheur, parmi lesquels : un Album amicorum, ayant appartenu à Madame Rosa de Parron d’Arquinvilliers, contenant des dessins, des aquarelles et des autographes de Devéria, Charles Nodier, Chasselat, Lamartine, Victor Hugo, Gustave Doré, Grandville, Charlet, Amable Tastu, Henri Monnier, Cham, A. Karr, Alfred de Musset, Géricault, qui atteignit 5.000 francs, la série des volumes commença, brillante, déchaînant l’enthousiasme.
Carteret fit monter à 21.320 francs un recueil de 421 aquarelles originales de Garnerey, pour l’Ouvrage sur les costumes de théâtre publié par Vizentini, comédien du Roi ;



Madame Davis acquit, moyennant 20.000 francs, l’édition originale d’Albertus, de Th. Gautier, enrichie de cette dédicace à une amie [Lucile Damarin] : « Aimez-moi comme je vous aime » ; M. Rau paya 11.500 francs l’originale de Mademoiselle de Maupin, avec cet envoi à Eugène de Nully : « A mon très cher Eugène » ; Carteret emporta encore, moyennant 16.300 francs 13 beaux dessins de Devéria pour Les Mille et un jours ; M. Petitot paya 9.200 francs les 58 dessins originaux de Duplessis-Bertaux pour les Différents cris de Paris ; M. de Samblaux, 9.500 francs les Œuvres de Florian (1805) avec 8 dessins originaux de Marillier ; M. Lefrançois, 10.000 francs pour Tipoo-Saïb, de Gobert et Dubois, avec 3 dessins originaux de Garnerey, et 14.500 francs les Poésies de Gresset (1802), dans une admirable reliure empire au vernis sans odeur ; enfin, Camille Bloch poussa à 9.000 francs la 8eédition de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, avec dédicace autographe à Mademoiselle George.

Les deux premières journées de vente des ouvrages romantiques ont pris fin sur le total, plus que satisfaisant, de 685.000 francs.
La troisième séance consacrée à cette dispersion, le vendredi 20 décembre 1934, produisit 325.000 francs. Le prix le plus important le fut en faveur d’un exemplaire unique des Œuvres de Molière (1804), enrichi de 33 aquarelles originales de Auguste Garnerey ; ce monument superbe, qui fut offert par l’impératrice Joséphine et qui porte sur les plats de sa reliure signée Simier le chiffre de Nicolas Corvisart, le célèbre médecin de l’empereur Napoléon Ier, fut poussé à 36.100 francs, sur départ à 5.000 francs, par M. Petitot.
Citons encore les Œuvres de Molière (1825), avec 12 dessins de Chasselat, adjugées 8.600 francs à Madame Pratt, ainsi que les Œuvres de Molière (1826), comprenant les 20 dessins de Desenne pour l’édition des œuvres de 1822, adjugées 12.200 francs.
Un album de dessins originaux par Tony Johannot fit 5.400 francs ; 17 dessins originaux de Louis Laffitte, représentant les uniformes de cérémonie de la cour de Louis XVIII, 11.000 francs ; les Œuvres de La Fontaine(1814), dans de belles reliures de Simier, 6.600 francs ; 17 aquarelles originales de Eugène Lami et Chasselat, pour Étrennes à Terpsichore (1821), 7.900 francs ; le Mémorial de Sainte-Hélène, sur papier de Chine, 6.800 francs ; Les Poésies de Malherbe (1824), dans une reliure de Vogel, 7.000 francs ; 69 dessins originaux de Monnet pour l’Histoire de France par David (1809-1813), 9.300 francs.

La dernière séance, du samedi 21 décembre 1934, se termina sur la somme de 480.000 francs.



Le clou de cette journée fut un exemplaire des Satires de Perse, dans une admirable reliure de Simier, avec son étiquette, exécutée en mosaïque pour l’Exposition de 1827 ; sur départ à 10.000 francs, cette pièce unique atteignit en quelques secondes 51.100 francs, pour Carteret. Parmi les plus brillantes enchères : l’originale d’Un spectacle dans un fauteuil, en reliure d’époque, 11.000 francs ;



les Œuvres choisies de Parny (1827), en reliure mosaïquée de Vogel, 11.000 francs ; Les Œuvres de Rabelais (1823), en reliure de Simier, aux armes de la duchesse de Berry, 12.000 francs ; les aquarelles originales de Raffet, pour les Œuvres de Paul de Kock (1834-1840), 20.350 francs ; un très bel exemplaire sur Chine de La Sainte Bible (Mame, 1886), dans une reliure mosaïquée avec décor Renaissance, signée Hardy-Marius Michel, 12.000 francs ; Paul et Virginie (1806), relié par Mairet, 14.600 francs ; Paul et Virginie (1838), exemplaire sur Chine, relié par Capé, 15.000 francs ; Sonnets et eaux-fortes, exemplaire de Burty, avec dessin original de Victor Hugo, dans une reliure somptueuse de Marius Michel, 16.800 francs ; les dessins originaux pour les Fastes de la Nation(1804-1813), 19.000 francs ; Jardin de Malmaison, par Ventenat (1803), 15.500 francs, et un précieux exemplaire de l’originale de Servitude et grandeurs militaires, de Vigny, dédicacé à Marie Dorval, et superbement relié par Spachman, 29.000 francs.
La bibliothèque romantique a produit 1.489.250 francs.





« Enfin, pour couronner ce monument de la Bibliophilie, viendra la série des livres modernes, ces livres modernes qui furent la grande préoccupation de la vie de Henri Beraldi. Président de la Société des Amis des Livres, n’est-ce pas lui qui, plus et mieux que tout autre, rechercha, découvrit les talents naissants et les encouragea si bien, que des artistes comme Daniel Vierge, Lepère et Legrand, obtinrent très vite, grâce à l’apostolat infatigable de cet animateur enthousiaste, la place glorieuse qu’ils occupent dans l’illustration moderne.
Mais que dirons-nous de la reliure ! N’est-ce pas de Henri Beraldi, que les Cuzin, les Mercier et les Marius Michel reçurent, tout d’abord, ce soutien et ces encouragements qui leur permirent de conduire à la perfection et à la consécration par le succès, l’effort artistique qu’ils avaient entrepris ? »
(Léopold Carteret. « Avant-propos ». In Bibliothèque Henri Beraldi. Première partie. Paris, Ader et Carteret, 1934, p. V)

À l’exposition de la première vacation de la 4e partie de la collection Beraldi, le lundi 17 juin 1935, on reconnaissait : la princesse de Broglie, Georges Prade, M. Jousselin, Madame Étienne Ader, le marquis de Sayve, A. de Saint-André, Henri Dubois, M. Vever, le baron Vitta, M. Avril, M. David-Weill, le général Cadiot, Jacques Guérin, Frédéric Sabatier d’Espeyron, le baron Henri de Rothschild, M. Miguel, M. de Barmans, Madame Demogé, le comte du Bourg de Bozas, M. de Samblaux, le général Lannoy, M. Sibillat, etc.
L’exemplaire unique de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (1889), enrichi des 41 dessins originaux  de Luc-Olivier Merson pour les vignettes, et de ses 12 magnifiques compositions pour les hors-texte, fut acquis moyennant 40.000 francs, sur départ à 10.000 francs, par Henri Dubois, qui triompha de M. Gaillandre.




Quinze histoires d’Edgar Poe (Amis des livres, 1897), avec 10 dessins originaux de Louis Legrand, 16.000 francs. Cent cinquante-sept études ou croquis originaux d’Édouard de Beaumont, 23.000 francs. La Physiologie du goût, de Brillat-Savarin (1879), avec les dessins originaux de Lalauze, 19.500 francs. Les Œuvres poétiques de André Chénier(1923), avec 37 dessins originaux de Maurice Ray, 23.000 francs. Paysages parisiens de Goudeau (1892), avec les 51 dessins originaux de Lepère, 33.300 francs. À rebours, de Huysmans (1903), avec les fumés des bois de Lepère, 20.100 francs. Les Contes de La Fontaine (1885), avec les dessins originaux d’Édouard de Beaumont, 30.100 francs.
Cette première réunion produisit 550.000 francs.

La vente de la 4epartie de l’incomparable bibliothèque d’Henri Beraldi prit fin le mardi 18 juin 1935 à la galerie Charpentier, sur le total de 1.273.460 francs. Ce quatrième épisode obtint un succès considérable, qui dénote, de la part des amateurs, un goût des plus avisés. C’est, une fois encore, le triomphe du beau livre, réunissant ces collaborations si magnifiquement choisies, de l’auteur, de l’illustrateur, de l’éditeur et du relieur. C’est la consécration définitive des Lepère, des Legrand, des Édouard de Beaumont, des Edmond Morin, des Steinlen et celle aussi des Marius Michel, des Mercier et des grands artisans contemporains.
Les honneurs de la journée du mardi 18 juin 1935 revinrent à M. et Madame Léon Cotnareanu, propriétaires du journal Le Figaro depuis l’année précédente : ils acquirent, moyennant 80.000 francs, sur départ à 10.000, un exemplaire des Lettres persanes (Jouaust, 1885), enrichi des 8 superbes dessins originaux d’Édouard de Beaumont ; puis encore, moyennant 70.000 francs, Les Contes de Perrault (1887), avec les 67 croquis, dessins et aquarelles d’Édouard de Beaumont ; ils poussèrent encore à 30.000 francs le Cours de danse fin de siècle de Louis Legrand, contenant les 13 dessins originaux en couleurs ; à 15.000 francs, La Faune parisienne, de Louis Legrand, avec 2 aquarelles originales de l’artiste ; à 9.000 francs, L’Initiation vénitienne, d’Henri de Régnier, contenant la suite des dessins originaux de Lepape, et à 8.500 francs, Rosette en paradis, de Vicaire, avec les 15 charmants dessins originaux de Louis Morin.
Mentionnons encore, parmi les adjudications principales : La Faune parisienne, de Louis Legrand (1901), contenant les 31 dessins de Louis Legrand, 63.000 francs ; Paris au hasard, de G. Montorgueil (1895), avec les dessins de Lepère et les fumés des bois, 16.300 francs ; Fêtes foraines de Paris, de G. Mourey (1906), avec les 106 originaux de Chahine, 17.500 francs ; L’Histoire de Joseph(1878), dans un maroquin de Marius Michel, 20.500 francs ; Vingt dessins originaux de Steinlen : Autour du trottoir, 23.300 francs ; La Vie rustique, de Theuriet (1888), avec 130 aquarelles originales de Giacomelli, 40.100 francs, et Les Heures de la femme à Paris, d’Uzanne (1903), avec les 103 aquarelles originales de Pierre Vidal, 14.400 francs.


Bien que l’intérêt des ouvrages inscrits au catalogue de la 5e partie de la bibliothèque Beraldi ne puisse être comparé à celui de ceux des quatre séances antérieures, il constitue néanmoins un ensemble dont la qualité, l’état et surtout le choix des reliures, eût satisfait un bibliophile raffiné. Parmi les amateurs présents le lundi 28 octobre 1935, dans une salle de l’hôtel Drouot : le comte de Billy, le général Braconnier, le comte du Bourg de Bozas, M. Vever, M. Tauber, M. Miguet, M. de Bormans, M. Lafont, M. Rassat, etc.
Parmi les adjudications les plus importantes : l’originale de Francisci Valesii Gallorum (1539), en reliure ancienne restaurée, 3.000 francs ; De sui temporis scriptoribus, de Sibinius (1501), dans une reliure de Derome, 3.100 francs ;




Documenti d’amore, de Barberino (1640), dans un maroquin à dentelle à l’oiseau de Derome, 3.100 francs ; l’originales des Réflexions de La Rochefoucauld (1665), dans une reliure de Bauzonnet, 2.250 francs ; Les Satyres de Régnier (1652), dans une reliure mosaïquée de Simier, 2.360 francs ; L’Affaire du collier, album composé de portraits de personnages ayant joué un rôle dans cette affaire, reliure de Chambolle-Duru, 2.100 francs ; Le Cabinet des fées(1785), en reliure ancienne, 2.500 francs ; La Collection d’auteurs italiens (1767-1768), en reliure ancienne, 2.020 francs ; Les Contes moraux de Gessner (1773-1777), dans une riche reliure de Bozerian, 7.300 francs ; un exemplaire sur vélin des Œuvres de Gessner (1799), avec un dessin original par Goldenstadt, 4.650 francs ; un exemplaire sur vélin des Amours de Psyché et de Cupidon de La Fontaine (1795), 3.630 francs, et le Recueil de lettres de Madame la marquise de Sévigné (1734), en maroquin ancien, 2.600 francs. Cette première vacation a produit 124.000 francs.



Le mardi 29 octobre 1935, le prix le plus important fut obtenu par la suite très rare et complète des 47 planches en couleurs de Lanté pour les Costumes des ouvrières de Paris : sur départ à 800 francs, ces superbes épreuves atteignirent 6.100 francs. La collection La Mésangère (1812-1824 et an VII à 1832), soit 8 volumes renfermant 610 planches par Horace Vernet, Lanté, Gatine, Delvaux, fut adjugée 3.120 francs. Les Camées parisiens, de Banville (1866), dans un superbe maroquin doublé de Mercier père, 1.050 francs ; l’exemplaire aux armes de Napoléon Ier de la Relation de la bataille de Marengo(1806), avec un dessin original représentant l’empereur sur le champ de bataille, 2.210 francs ; un superbe recueil des 117 planches de Finden pour illustrer La Vie de Byron (1833), 2.700 francs ; les Méditations poétiques et les Nouvelles méditations de Lamartine (1823), dans d’exquises reliures de Thouvenin Jeune, 1.750 francs, et La Reliure par Lesné (1827), dans une reliure doublée de Dewatines, 1.550 francs. La séance a produit 67.000 francs.

La dernière vacation du mercredi 30 octobre 1935 a fourni l’agréable occasion d’apprécier quelques cartonnages d’éditeurs d’un état invraisemblable et quelques œuvres des mieux choisies signées Thouvenin, Lortic, Bauzonnet et Marius Michel. Parmi les adjudications les plus importantes : Les Œuvres de Molière (1835-1836), dans une reliure d’éditeur éblouissante, 1.020 francs ; Le Journal de l’expédition des Portes de fer, de Charles Nodier (1844), dans une admirable reliure de Lortic aux armes de la maison d’Orléans, dont un « Trautzolâtre » disait « Ça, une reliure ? C’est le foyer de l’Opéra ! », 6.500 francs ; les Œuvres complètes de Racine (1811), avec les figures de Moreau en trois états, dans une reliure d’époque, 3.000 francs ; le Catalogue de la bibliothèque de Rosny (1837), exemplaire au chiffre couronné de Marie-Caroline, duchesse de Berry, 1.800 francs ; Paul et Virginie, de Bernardin de Saint-Pierre (1838), dans une riche reliure ornée de la plaque orientale, 1.390 francs.
Parmi les livres modernes : un bel exemplaire des Pantins de Paris, de G. Coquiot (1920), enrichi d’un important dessin original de Forain, 2.960 francs ; un exemplaire unique de Fleurs de Paris, d’Albert Flament (1909), au nom d’Henri Beraldi, dans une somptueuse reliure de Mercier fils, 2.750 francs ; l’édition originale de La Maison Tellier, de Guy de Maupassant (1881), avec dédicace de Maupassant à « sa chère cousine Lucie Le Poittevin », 3.650 francs ; un album d’eaux-fortes de Meissonnier, dans un maroquin doublé de Marius Michel, 3.650 francs, et un recueil de dessins de Daniel Vierge (1870-1887), relié par Chambolle-Duru, 2.000 francs.
La 5e vente Henri Beraldi a produit 280.000 francs.
Le total des cinq ventes Beraldi s’élèva à 9.827.160 francs.

Les trois quarts de la collection pyrénéenne de Beraldi ont été offerts par ses héritiers, en 1939, à la Bibliothèque municipale de Toulouse.     


    

           




















Le Blog est mis en vacances

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En raison de l'écriture d'un ouvrage sur les bibliophiles, à paraître en 2015.


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