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Jean-Denis Lanjuinais (1753-1827), défenseur de toutes les libertés individuelles

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Pleumeleuc

La famille Lanjuinais, réputée d’un catholicisme strict, voire de jansénisme, était originaire de Pleumeleuc [Ille-et-Vilaine].



Michel [II] Lanjuinais, baptisé en l’église de Pleumeleuc le 28 mars 1691, était procureur d’office de Joseph Huchet, seigneur vicomte de La Bédoyère, puis du seigneur de La Besneraye. Le 7 février 1719, à l’église de la ville voisine de Bédée, aux portes de Brocéliande, il épousa Fiacrine Oresve. Il mourut à Pleumeleuc le 22 mars 1752.

Son fils, Joseph-Anne-Michel Lanjuinais, seigneur des Planches, en Pleumeleuc, né à Pleumeleuc le 14 janvier 1720, vint à Rennes s’établir comme avocat. Il y épousa, le 15 septembre 1750, en l’église Saint-Sauveur, Hélène-Marguerite Capdeville, fille de Pierre-Denis Capdeville (1702-1784), écrivain des vaisseaux de la Compagnie des Indes, baptisée en l’église Saint-Germain le 19 février 1729, qui lui donna quatorze enfants. Veuve depuis janvier 1787, Hélène-Marguerite Capdeville mourut le 11 fructidor An VIII [29 août 1800].


 

Jean-Denis Lanjuinais naquit à Rennes [Ille-et-Vilaine] le 12 mars 1753, second des enfants de Joseph-Anne-Michel Lanjuinais et de Hélène-Marguerite Capdeville. Il fut baptisé le jour même en l’église Saint-Germain et eut pour parrain son oncle paternel, Jean-Baptiste Lanjuinais, prêtre, et pour marraine sa grande tante maternelle, Madeleine-Denise Capdeville.

Sorti du collège à 16 ans, il fut reçu avocat et docteur en droit canonique à 19 ans, avec dispense d’âge, et obtint la chaire de droit ecclésiastique à la faculté de Rennes à 22 ans.  

Il fut élu avocat conseil des trois ordres des États de Bretagne en 1779. Le 12 juin 1787, en l’église Saint-Jean, il épousa Julie-Pauline-Sainte Deschamps de La Porte, née le 18 avril 1769 à La Bouëxière [Ille-et-Vilaine], fille de Jean-François-Yves Deschamps de La Porte, conseiller du Roi, ancien maître particulier des eaux et forêts de Fougères, lieutenant du siège royal de la maîtrise des eaux et forêts de Rennes, et de Sainte-Anne Gardin. Ils eurent plusieurs enfants, dont trois survécurent : Paul-Eugène, né à Rennes, rue de Fougères [rue Jean Guéhenno], le 19 thermidor An VII [6 août 1799], baptisé le surlendemain en l’église Saint-Germain ; Julie-Pauline, née à Paris, 60 rue d’Enfer, division de l’Observatoire [ancien XIIe, aujourd’hui Ve], le 24 vendémiaire An X [16 octobre 1801] ; Victor-Ambroise, né à Paris, 60 rue d’Enfer, le 14 brumaire An XI [5 novembre 1802].

Dès l’année 1788, il se déclara l’un des défenseurs des droits et des revendications de l’ordre du Tiers, en publiant deux brochures : Réflexions patriotiques, Sur l’Arrêté de quelques Nobles de Bretagne, du 25 Octobre 1788 et Le Préservatif, contre l’Avis à mes Compatriotes.

Envoyé par la sénéchaussée de Rennes, il représenta le Tiers-Etat à l’Assemblée nationale constituante, du 17 avril 1789 au 30 septembre 1791.

Coll. Musée de Bretagne, Rennes


Il fit partie du groupe des députés de Bretagne, dit « Club breton », qui se réunissaient au café de Nicolas Amaury, à Versailles
[23 bis avenue de Saint-Cloud], à l’origine de la Société des Amis de la Constitution, dite « Club des Jacobins », installée à Paris. Lanjuinais prit une grande part à l’établissement de la constitution civile du clergé et proposa le décret qui laïcisait la rédaction et la conservation des actes de l’état civil. A l’expiration de son mandat, il revint à Rennes où il se lia d’amitié avec Claude Le Coz (1740-1815), évêque constitutionnel d’Ille-et-Vilaine. Envoyé par ce département à la Convention nationale, du 5 septembre 1792 au 26 octobre 1795, il siégea parmi les modérés. Dans le procès de Louis XVI, il se prononça pour la réclusion jusqu’à la paix et le bannissement, et s’attaqua ensuite à Marat et aux massacreurs de Septembre.

 Lanjuinais à la tribune de la Convention. Le Monde illustré, 22 mai 1869, p. 329
Agression de Lanjuinais le dimanche 2 juin 1793 par les Montagnards François Chabot, Louis Legendre, Jean-Baptiste Drouet, Maximilien de Robespierre et Louis-Marie Turreau, et défendu par les Girondins Charles Barbaroux, Jean-Augustin Pénières et Lidon. Photographie BnF

Proscrit en 1793 avec les Girondins et gardé à vue, il s’échappa pour venir à Caen [Calvados], puis resta caché à Rennes, dans un petit grenier de sa propre maison. Pour conserver sa liberté et la disposition de ses biens, sa femme demanda le divorce, et son mariage fut civilement dissous le 12 novembre 1793. Malgré la chute de Robespierre, le 9 thermidor An II [27 juillet 1794], il ne fut réintégré dans ses droits de représentant du peuple que le 18 ventôse An III [8 mars 1795]. Il fit annuler son divorce le 29 ventôse An III [19 mars 1795]. Siégeant de nouveau à la Convention, il défendit une politique de conciliation dans les comités de sûreté générale, de Salut public et de législation. Elu par 73 départements au conseil des Anciens, il représenta l’Ille-et-Vilaine. Il fut élu sénateur le 22 mars 1800, vota contre le Consulat à vie en 1802 et contre l’Empire en 1804.

 

Lanjuinais, par Geoffroy, d'après Sudré
Photographie BnF

Nommé cependant chevalier de la Légion d’honneur en 1803, commandeur en 1804 et comte de l’Empire en 1808, Lanjuinais prit alors pour armoiries, sous la devise « Dieu et ses [sic] lois » [nombreux sont ceux qui ont lu « les » : même son fils cadet, dans ses Œuvres de J.-D. Lanjuinais. Paris, Dondey-Dupré Père et Fils, 1832, t. I, p. 60, n. 1] : 

Le Chevalier de Courcelles. Armorial général de la Chambre des Pairs de France. Paris, Lefèvre, 1822, Première partie, pl. 86.

« Écartelé, au 1 d’azur, au serpent d’argent se mirant dans un miroir d’or, autour du manche duquel son corps est entortillé [armes des comtes sénateurs de l’Empire] ; au 2 d’argent, à la croix potencée de sinople [emblème de la religion] ; au 3 d’argent, à trois mains de carnation posées en fasce, 2 et 1 [emblème du travail] ; au 4 d’azur, au lion d’or, tenant de la patte dextre un frein d’argent, et dans la sénestre une balance du même émail [emblème de la force gouvernant par la justice] ».

Photographie Traces Ecrites, Paris

De 1800 à 1804, il se consacra surtout au cours de droit romain qu’il dispensa dans une éphémère école libre de droit, connue sous le nom d’Académie de Législation, dont il avait été un des fondateurs. Le 26 décembre 1808, il fut élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. 

La Chambre des Pairs au moment du procès Louvel (1820)

En 1814, il vota la déchéance de Napoléon et fut nommé pair de France par Louis XVIII le 4 juin 1814. En mars 1815, il se retira momentanément à la campagne, à Férolles-Attilly [Seine-et-Marne], puis fut nommé député de la Seine à la Chambre des Cent-Jours, du 7 mai 1815 au 13 juillet 1815. Il demeura néanmoins à la Chambre des pairs après 1815.

Le 11 janvier 1827, 34 rue du Bac [VIIe], il fut atteint subitement par une « crise d’anévrisme au cœur » [rupture d’anévrisme de l’aorte], qui l’enleva le surlendemain, 13 janvier, à l’âge de près de 74 ans. 

Cimetière du Père Lachaise, division 30

Il fut inhumé au cimetière du Père Lachaise [30e division]. Son épouse mourut à Paris, le 26 mai 1841. Ses deux fils, le comte Paul-Eugène Lanjuinais (1799-1872), pair de France, et le vicomte Victor-Ambroise Lanjuinais (1802-1869), député de Nantes et ministre, ainsi que son petit-fils, le comte Paul-Henri Lanjuinais (1834-1916), député et président du Conseil général du Morbihan, reposent auprès de lui.

 


 

La bibliothèque de Jean-Denis Lanjuinais fut vendue du lundi 21 au mardi 29 mai 1827, en 7 vacations, à la Maison Silvestre, 30 rue des Bons Enfants, salle du premier : Catalogue d’une partie des livres de la bibliothéque [sic] de feu M. le comte Lanjuinais, pair de France, membre de l’Institut. (Académie des inscriptions et belles-lettres.) (Paris, Silvestre et Gallimard, 1827, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-58 p., 689 + 1 double [bis] – 1 manquant = 689 lots, n° 403 chiffré 803), dont Théologie [87 lots = 12,62 %], Jurisprudence [284 lots = 41,21 %], Sciences et Arts [48 lots = 6,96 %], Belles-Lettres [110 lots = 15,96 %], Histoire [160 lots = 23,22 %].

 


17. Novum Testamentum. Lutetiæ, Roberti Stephani, 1546, 2 vol. in-16, v.



25. Divi Iustini, philosophi et martyris Christi, operum, quæ extant, omnium per Ioannem Langum Silesium, è Græco in Latinum sermonem versorum. Basileæ, Ambrosium et Aurelium Frobenios fratres, [à la fin :] 1565, 3 tomes en 1 vol. in-fol., v.



32. D. Gregorii Nazianzeni, cognomento theologi, opera omnia quæ extant […]. Iacobo Billio Prunæo Interprete & Scoliaste. Parisiis, Sebastianum Nivellium, 1583, 2 tomes en 1 vol. in-fol., v.

Photographie Pierre Brillard

45. Problema de anno nativitatis Christi. Auctore P. Dominico Magnan. Romæ, Archangelum Casaletti Typographum et Venantium Monaldini Bibliopolam, 1772, in-8, fig., demi-rel.



82. Die indische mythologie. Von Dorow. Wiesbaden, Ludwig Schellenberg, 1821, in-4, fig., br.



111. Caroli Sigonii de antiquo iure civium Romanorum […]. Libri XI. Parisiis, Iacobo du Puys, 1576, in-fol., v.



117. Juris græco-romani tam canonici quam civilis Tomi duo. Francofurti, Heredum Petri Fischeri, 1596, 2 tomes en 1 vol. in-fol., v.



141. Barnabæ Brissonii […], de formulis et sollemnibus Populi Romani verbis, libri VIII. Parisiis, Sebastianum Nivellium, 1583, in-fol., v.



195. De agrorum conditionibus, & constitutionibus limitum, Siculi Flacci lib. I. […] variorum auctorum. Parisiis, Adr. Turnebum, 1554, in-4, parch.



233. Arnoldi Ferroni Burdigalensis Regii Consiliari In consuetudines burdigalensium Commentariorum libri duo. Lugduni, Antonium Gryphium, 1585, in-fol., bas.



238. Barthol. à Chassenæo Iurisconsulti clarissimi, commentarii in consuetudines ducatus Burgundiæ. Lugduni, Bartholomæum Vincentium, 1574, in-fol., bas.



271. Petri Rat Pictaviensis Decurionis. Pictavii, Marnefiorum Fratrum, 1548, in-fol., v.



290. Stilus antiquus supremæ curiæ amplissimi ordinis Parlamenti Parisiensis. Parisiis, Galeotum à Prato, mense septembris 1558, in-4, parch.



291. Ad legem regiam Molinæis habitam, de abrogata Testium, a Libra centena, probatione, Commentarius. Per Io. Bossellum Borderium. Pictavii, Bochetorum, et Parisiis, Gabrielem Buon, 1582, pet. in-4, parch.

Photographie Livre Rare Book


292. Traicté des peines et amandes [sic]. Par M. Iean Duret. Lyon, Benoist Rigaud, 1573, in-8, parch.



403. Histoire des polypiers coralligènes flexibles, vulgairement nommés zoophytes. Par J. V. F. Lamouroux. Caen, Imprimerie F. Poisson, 1816, in-8, fig., br.



415. Memoria sulla bussola orientale. Letta da Giuseppe Hager. Pavia, Tipografia Bolzani, 1809, gr. in-4, fig., br.



517. Les Métamorphoses ; ou l’Ane d’or d’Apulée, philosophe platonicien. Paris, Jean-François Bastien, 1787, 2 vol. in-8, fig., bas.



564. Histoire du christianisme des Indes ; Par M. V. La Croze. La Hayes, Aux dépens de la Compagnie, 1758, 2 vol. in-12, fig., v.



620. Briefe Ost = Indien. Von C. C. Best. Leipzig, Georg Joachim Göschen, 1807, in-4, fig., v.



640. Mumiographia Musei Obiciani exarata a P. Paulino a S. Bartholomæo. Patavii, Ex Typographia Seminarii, 1799, in-4, fig., bas.

Photographie BnF


645. Dissertation sur les attributs de Vénus. Par M. l’Abbé de La Chau. Paris, Imprimerie de Prault, et Pissot, 1776, in-4, fig., v.



647. Monumens inédits de l’Antiquité […], expliqués par Winckelmann. Paris, David et Leblanc, 1808, 3 vol. in-4, fig., demi-rel.



660. Essai sur l’origine unique et hiéroglyphique des chiffres et des lettres de tous les peuples […] ; par M. de Paravey. Paris, Treuttel et Wurtz, Dondey-Dupré et Merlin, 1826, gr. in-8, pl., br.

 

 

 

 

 

 






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