Le Catalogue de la bibliothèque de M. de Saint-Martin (1806) n’est pas celui du « Philosophe Inconnu »

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13. Histoire du vieux et du nouveau Testament, Enrichie de plus de quatre cens Figures En Taille-Douce. Anvers, Pierre Mortier, 1700, 2 vol. in-fol., gr. pap., mar. bleu. Epreuves avant les clous. 160 fr.

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15. Physique sacrée, ou Histoire-Naturelle de la Bible. Traduite du latin de MR. Jean-Jaques Scheuchzer. Enrichie de Figures en Taille-douce, gravées par les soins de Jean-André Pfeffel. Amsterdam, Pierre Schenk et Pierre Mortier, 1732-1737, 8 tomes reliés en 4 vol. in-fol., fig., v. f. f. 122 fr.

30. Thomæ a Kempis De Imitatione Christi Libri Quatuor. Lugduni, Apud Joh : et Dan : Elsevirios, [1630], in-12, mar. violet, dent., doubl. mar. citr., dent., lavé, réglé (Duseuil). 150 fr.

95.Œuvres philosophiques de M^R. D *** [Diderot]. Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1772, 6 vol. in-8, fig., v. éc. f. 9 fr. 55 c.

120. Xenophontis œconomicus. Oxonii, E Typographeo Clarendoniano, 1750, in-8, gr. pap., mar. r. à compart. 42 fr. 5 c.

134. Ioannis Marianæ Hispani, e Soc. Iesu, De rege et regis institutione libri III. Toleti, Apud Petrum Rodericum, 1599, in-4, mar. r., lavé, réglé (Padeloup). Ex. du comte Hoym. 23 fr. 95 c.

154. Histoire philosophique et politique Des Établissemens et du Commerce des Européens dans les deux Indes. Par Guillaume-Thomas Raynal. Genève, Jean-Léonard Pellet, 1780, 10 vol. in-8, fig., br. et atlas, demi-rel. 41 fr. 50 c.

176. Essai sur la physiognomonie, destiné A faire Connoître l’Homme & à le faire Aimer. Par Jean Gaspard Lavater. La Haye, Jaques Van Karnebeek, [1781], 3 vol. in-fol., fig., v. éc. f. 147 fr.

187. La Philosophie occulte de Henr. Corn. Agrippa. Divisée en trois Livres, Et traduite du Latin. La Haye, R. Chr. Alberts, 1727, 2 vol. in-8, fig., v. f., tr. dor., gr. pap. de Hollande. 37 fr. 60 c.

205.Œuvres complètes de M. le C.^TE de Buffon. Paris, Imprimerie royale, 1774, 17 vol. in-4, fig., mar. r. (Derome). 140 fr.

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211. Observations sur les volcans des deux Siciles, par le chevalier Hamilton. Auxquelles on a ajouté une carte avec 54 planches enluminées. Naples, Pierre Fabris, 1776-1779, 3 tomes en 1 vol. in-fol., texte pap. satiné, m. r. 224 fr. 19.

241. Memoires pour servir à l’histoire des plantes. Dressez par M. Dodart. Paris, Imprimerie royale, 1676, in-fol. atlant., fig., mar. r., aux armes [de Louis XIV ?]. 22 fr. 95 c.

253. Historia muscorum. Opera Jo. Jac. Dillenii. Oxonii, E theatro Sheldoniano, 1741, 2 vol. in-4, fig., mar. bleu (Derome). 1 des 50 sur pap. fin. 300 fr.

Photographie BnF

265. Memoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux. Paris, Imprimerie royale, 1671-1676, 2 tomes en 1 vol. in-fol. atlant., fig., mar. r., aux armes [de Louis XIV ?]. 51 fr. 95 c.

269. L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, & naïfs portraicts retirez du naturel : escrite en sept livres, Par Pierre Belon du Mans. Paris, Gilles Corrozet, 1555, in-fol., fig. coloriées, lavé, réglé, vélin, tr. dor. 6 fr. 95 c.

283. La Première Partie [La Seconde Partie] de l’Histoire entiere des poissons, par maistre Guilaume [sic] Rondelet. Lion, Mace Bonhome, 1558, in-fol., fig., mar. r. (Derome). Exemplaire Patu de Mello. 18 fr.

Photographie Lynge & Søn, Copenhague

285. Pauli Iovii comensis medici. De Romanis Piscibus libellus. [à la fin :] Basileæ, In officina Frobeniana, 1531, in-8, veau doré à compart. Ex. Grolier [inconnu à Le Roux de Lincy]. 36 fr. 5 c.

288. Martini Lister, Historiæ Conchyliorum. Londini, 1685, in-fol., Susanna et Anna Lister figuras pin., mar. bleu, dent. 330 fr.

Photographie Hordern House, Sydney, Australie

291. Le Conchologiste universel, montrant la figure de chaque coquille aujourd’hui connue, Soigneusement Dessinée, et peinte d’après Nature. Le tout Arrangé selon le Système de l’Auteur, Thomas Martyn. Londres, Chez l’Auteur, 1784, 2 vol. in-fol. oblong, 80 pl. coloriées, mar. vert, dent. 175 fr.

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341. L’Usage des globes céleste et terrestre, et des spheres suivant les differens systêmes du monde. Sixième Edition. Par le Sieur N. Bion. Paris, Jacques Guérin et Nyon fils, 1751, gr. in-8, fig., v. br. 7 fr.

Photographie Lascar Publishing Ltd., Hong Kong

349. Les Vrayes Centuries et Propheties de Maistre Michel Nostradamus. Amsterdam, Jean Jansson à Waesberge & la « vefue de fu Elizée Weyerstraet » [sic], 1668, in-12, fig., mar. r., dent., tabis (Bozerian). 29 fr.

351. Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres. Mis en ordre & oublié par M. Diderot et M. d’Alembert. Paris, Briasson, David l’aîné, Le Breton et Durand, 1751-1780, 35 vol. in-fol., gr. pap., v. f., tr. dor. (Derome). 1.201 fr. 50 c.

Photographie BnF

382. La Gallerie du Palais du Luxembourg peinte par Rubens, Dessinée par les S^rs Nattier. Paris, Duchange, 1710, gr. in-fol., mar. r. Ex. du comte d’Hoym. 120 fr.  

Photographie Jonathan A. Hill, New York

394. Catalogue d’une nombreuse collection d’estampes et de dessins de grands maîtres, Après le décès de Madame Alibert. Par Franç. Léand. Regnault. Paris, Chez l’Auteur, An XI (1803), in-8, br.

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395. Catalogue raisonné d’un choix précieux de dessins, et d’une nombreuse et riche collection d’estampes anciennes et modernes, en feuilles, en recueils et en œuvres, livres à figures, sciences et arts, tableaux et autres objets curieux, Qui composoient le cabinet de feu Pierre-François Basan père, graveur & ancien marchand d’estampes. Par L. F. Regnault, peintre & graveur. Paris, l’Auteur, An VI, in-8, br. 2 fr. les numéros 394 et 395.

Photographie BnF

421. Memoires d’artillerie, Recueillis par M. Surirey de Saint Remy. Troisième edition. Paris, Charles-Antoine Jombert, 1745, 3 vol. in-4, fig., v. m. f. 18 fr. 95 c.

440. La Fortification perpendiculaire, ou Essai Sur plusieurs manieres de fortifier la ligne droite, le triangle, le quarré, & tous les polygônes. Par M. le Marquis de Montalembert. Paris, Philippe-Denys Pierres, 1776, 5 vol. gr. in-4, pl., mar. r. 26 fr.

449. Exposé des preuves discutées dans le comité ordonné par le Roi, relativement à l’importance de l’objet de sûreté à l’Isle de France. Manuscrit in-fol.

450. Réflexions sur un mémoire donné au ministre duc de Praslin, en 1768, sur la nécessité de conserver l’Isle de France et les moyens d’y parvenir. Manuscrit in-fol.

464. Mes Rêveries. Ouvrage posthume de Maurice comte de Saxe. Amsterdam et Leipzig, Arstée et Merkus ; et se trouve à Paris, Desaint et Saillant, Durand, 1757, 2 vol. in-4, gr. pap., fig. color., v. j., tr. dor. 37 fr.

482. Traité sur la cavalerie, par M. le comte Drummond de Melfort. Paris, Guillaume Desprez, 1776, in-fol. maximo, fig. et atlas, v. m. f. 32 fr. 60 c.

489. La Venerie de Iacques du Fouilloux. Paris, Claude Cramoisy, 1628, in-4, fig., v élin vert. 7 fr.

593. Les Metamorphoses d’Ovide, en Latin et en François, De la Traduction de M. l’Abbé Banier. Paris, Pissot, 1767, 4 vol. in-4, fig., mar. r. 100 fr.

Photographie Camille Sourget

687.Œuvres de Molière. Paris, 1734, 6 vol. in-4, fig., mar. bl., dent., lavé, réglé. 100 fr. 5 c.  

716. Drammi scelti di Pietro Metastasio. Parigi, Vergani, An XIII (1804), 2 vol. in-12, br.

748.Œuvres de maitre François Rabelais, avec des remarques historiques et critiques De Mr. Le Duchat. Nouvelle Edition, Ornée de Figures de B. Picart. Amsterdam, Jean Frederic Bernard, 1741, 3 vol. in-4, fig., gr. pap., cuir de Russie. 317 fr.

775. Les Avantures de Telemaque, fils d’Ulysse, Par feu Messire François de Salignac, de La Mothe Fenelon. Nouvelle Edition, enrichie de Figures. Amsterdam, J. Wetstein et G. Smith, et Zacharie Chatelain ; Rotterdam, Jean Hofhout, 1734, in-fol., fig. de Picart, mar. violet doublé de tabis. Ex. Gouttard. 151 fr.

Photographie BnF

804. Galatée, roman pastoral ; imité de Cervantes par M. de Florian. Figures en couleur, d’après les Dessins de M. Monsiau. Paris, Defer de Maisonneuve, 1793, gr. in-4, fig., cart. 11 fr.

Photographie BnF

826. L’Eloge de la folie, Composé en forme de Déclamation, par Erasme, Et traduit par Mr. Gueudeville. Nouvelle Edition. Amsterdam, François L’Honoré, 1728, in-8, fig. de Holbein, mar. r. 5 fr.

Photographie Patrick Sérouge

878.Œuvres completes de Voltaire. [Kehl], Imprimerie de la Société littéraire-typographique, 1785, 70 vol. in-8, gr. pap. vélin, fig., v. éc., tr. dor. 540 fr.

913. Collection complète des trois voyages de James Cook. Edition originale de la traduction française. Paris, Saillant et Nyon, et Panckoucke, 1774, 4 vol. ; Paris, Hôtel de Thou, 1778, 5 vol. ; Paris, Hôtel de Thou, 1785, 4 vol. Ensemble 13 vol. in-4, 207 pl. et cartes, mar. r. (Derome). 392 fr. 95 c.

937. Voyage à l’Isle de France, à l’Isle de Bourbon, au Cap de Bonne-Espérance, &c. Par un officier du Roi [Bernardin de Saint-Pierre]. Amsterdam, Et se trouve à Paris, Chez Merlin, 1773, 2 vol. in-8, fig., v. m. 10 fr.

959. Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile. Paris, [Jean-Baptiste Delafosse], 1781-1786, 5 vol. gr. in-fol., fig., non rogné, demi-rel. dos de mar. r., pap. satiné. 521 fr.

973. Opus. Auree et inexplicabilis bonitatis et continentie. Conformitatũ scilicet vite Beati Frã. ad vitã. d. nr̃i Jesu rp̃i. [à la fin :] Impressum Mediolani in edibus Zanoti Castilione, 1513, in-fol. goth., fig., mar. r. Ex. Girardot de Préfond. 6 fr. 85 c. 

996. Q. Curtii Rufi Historiarum libri, accuratissime editi. Lugd. Batavorum, Ex officina Elzeviriana, 1633, in-12, fig., mar. violet (Du Seuil). Ex. comte d’Hoym. 24 fr.

999. Titi Livii Historiarum Libri ex recensione Heinsiana. Lugd. Batavorum, Ex Officina Elzeviriana, 1634, 3 vol. in-12, vél. Ex. comte d’Hoym. 27 fr.

1.010. C. Iulii Cæsaris quæ exstant Ex emendatione Ios. Scaligeri. Lugduni Batavorum, Ex officina Elzeviriana, 1635, in-12, fig., mar. violet, doublé de mar. citr., dent., lavé, réglé (Du Seuil). Ex. comte d’Hoym. 74 fr. 95 c.

Photographie Laurent Lahierle, Dun-sur-Grandry

1.049.Œuvres posthumes de Marmontel. Régence du duc d’Orléans. Paris, Xhrouet, Déterville, Lenormant et Petit, An XIII-1805, 2 vol. in-8, br.

1.063. Fastes [en latin et en français par L. Petit-Radel]. Paris, P. Didot l’aîné, An XIII = 1804, in-4, gr. pap. vélin, cart. Recueil de 50 inscriptions commémoratives composées à l’occasion du couronnement de Napoléon I^er. 7 fr.

1.102. Recherches sur l’origine, l’esprit et les progrès des arts de la Grèce. Londres, B. Appleyard, 1785, 3 vol. gr. in-4, fig., cart. 85 fr. 50 c.

1.108. Discours sur les medalles et graveures antiques, principalement Romaines. Par M. Antoine Le Pois. Paris, Mamert Patisson, 1579, in-4, fig., mar. r. 33 fr. 5 c.

1.125. Antiquités etrusques, grecques et romaines tirées du cabinet de M. Hamilton. Naples, 1766-1767, 4 vol. in-fol., fig. color., v. éc., tr. dor. 730 fr.

1.170. Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. R [Renouard]. Paris, Antoine-Augustin Renouard, XIII-1804, in-8, br. 2 fr.

1.171. Catalogue des livres de la bibliothèque de feu C. L. L’Héritier de Brutelle. Paris, G. De Bure père et fils, J. G. Mérigot et Thierry, An XIII-(1805), in-8, br. 1 fr. 50 c.

1.176. Cornelii Nepotis excellentium imperatorum vitæ. Londini, Jacobi Tonson & Johannis Watts, 1715, in-12, mar. bleu. Ex. du comte d’Hoym. 5 fr.

1.189. Histoire de notre tems [sic]. Faite en Latin par M. Guillaume Paradin, & par lui mise en François. Lion, Ian de Tournes & Guil. Gazeau, 1558, in-18, mar. bleu, dent. (Du Seuil). Ex. du comte d’Hoym. 13 fr.

Dans son Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes (Paris, Lucien Dorbon, 1912 [1913 sur la couv.], t. III, p. 462, n° 9791), Albert-Louis Caillet (1869-1928) attribua cette bibliothèque à Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), dit le « Philosophe Inconnu », en ne signalant que le n° 157 du catalogue : Œuvres philosophiques. Demonstration de l’existence de Dieu. Par feu Messire François de Salignac de la Motte Fenelon (Paris, Florentin Delaulne, 1718, in-12, v. f.), chargé de notes manuscrites de J. Meslier, curé d’Estrepigny en Champagne.

Louis-Claude de Saint-Martin

 

Louis-Claude de Saint-Martin est né le 18 janvier 1743 à Amboise [Indre-et-Loire] : depuis 1978, on sait que sa maison natale n’est pas celle située au 52 rue Rabelais, sur laquelle avait été apposée une plaque commémorative en 1946, mais celle située 14 bis place Richelieu, anciennement place du Grand Marché. Il était le fils de Claude-François de Saint-Martin (1717-1793), seigneur de la Borie et du Buisson, dont le père avait été anobli par Louis XIV en 1672 : il avait épousé, le 9 mai 1739, Louise Tournier (1710-1746), fille de François Tournier, officier de son altesse royale Madame.

Louis-Claude de Saint-Martin perdit sa mère trois ans après qu’elle l’eût mis au monde ; son père se remaria avec Anne Trézin (1723-1797), qui fut une belle-mère attentive. Ses parents possédaient une maison de campagne sur les bords du Cher, au hameau de Chandon, sur la commune d’Athée-sur-Cher [Indre-et-Loire]. Ses études commencèrent à l’internat de l’abbaye de Pontlevoy [Loir-et-Cher], puis il entra à la Faculté de droit de Paris en 1759 et devint, en 1762, avocat au bailliage et présidial de Tours [Indre-et-Loire], où il ne resta que six mois. Il se fit octroyer en 1765 un brevet de sous-lieutenant de grenadier dans le régiment de Foix, en garnison à Bordeaux [Gironde]. En 1771, il quitta l’armée et devint le secrétaire personnel de Martinès de Pasqually (1710-1774), fondateur de l’Ordre mystico-théurgique des Chevaliers Maçons Élus Coen de l’Univers, qu’il avait rencontré pour la première fois en 1768.

En 1772, tandis que Martinès de Pasqually quittait la France pour Saint-Domingue [Haïti], où il mourut, Louis-Claude de Saint-Martin quitta Bordeaux pour la Touraine, puis, l’année suivante, pour Lyon, chez le franc-maçon Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), où il donna des conférences et où fut publié son premier ouvrage : Des Erreurs et de la Vérité, ou les Hommes rappellés au principe universel de la science. Par un Ph….. Inc….. [Philosophe Inconnu](Édimbourg [Lyon], [Jean-André Périsse-Duluc], 1775). En 1775, il quitta Lyon pour Paris, se rendit à Toulouse en 1776-1777, à Lyon en 1785, à Londres en 1787, à Strasbourg de 1788 à 1791, où il découvrit l’œuvre du théosophe allemand Jacob Boehme (1575-1624). De 1792 à 1797, il entretint une correspondance théosophique avec le suisse Nicolas-Antoine Kirchberger (1739-1799), baron de Liebistorf.

Entre ses déplacements, le « cultivateur de la philosophie divine » résidait la plupart du temps à Chandon, ou chez une admiratrice, la mystique Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d’Orléans (1750-1822), duchesse de Bourbon et princesse de Condé, adepte de Catherine Théot (1716-1794), qui se prenait pour « la Mère de Dieu », dans son hôtel parisien, 66 rue du Faubourg-Saint-Honoré [VIII^e], ou dans son château de Petit-Bourg [Évry-Courcouronnes, Essonne, détruit par les Allemands en 1944].

Louis-Claude de Saint-Martin mourut le 21 vendémiaire An XII [14 octobre 1803] d’un œdème aigu pulmonaire, au hameau d’Aulnay, commune de Châtenay-Malabry [Hauts-de-Seine], chez son ami avocat et sénateur Jean-Jacques Lenoir de La Roche (1749-1825) :

« - M. de Saint-Martin, qui avoit fondé en Allemagne une secte religieuse connue sous le nom de Martinistes, vient de mourir à Aunai, près de Paris, chez le sénateur Lenoir-Laroche. Il s’étoit acquis quelque célébrité par ses opinions bizarres, son attachement aux rêveries des illuminés, et son livre inintelligible des Erreurs et de la Vérité. »

(Journal des Débats, et loix du pouvoir législatif, et des actes du gouvernement, 14 Brumaire an 12 – Dimanche 6 Novembre 1803, p. 3)

La Bibliothèque nationale de France, comme le Petit Larousse illustré, le fait mourir à Aulnay-sous-Bois [Seine-Saint-Denis], pour les mêmes raisons que d’habitude … 

Le « Philosophe Inconnu » n’était pas bibliophile, et ses rapports avec les livres ont toujours été très ambigus :

« De plus, j’ai cru ne devoir employer aucune citation, parce que premiérement [sic], je fréquente peu les Bibliotheques, & que les Livres que je consulte ne s’y trouvent pas ; en second lieu, parce que des vérités qui ne reposeroient que sur des témoignages, ne seroient plus des vérités. »

(Des Erreurs et de la Vérité. Édimbourg, 1775, p. VI).

« Les livres que j’ai faits, n’ont eu pour but que d’engager les lecteurs à laisser là tous les livres, sans en excepter les miens. »

(« Portrait historique et philosophique de M^R. de S^T. Martin, Fait par lui-même ». Œuvres posthumes de M.^R de S.^T Martin. Tours, Letourmy, 1807, t. I, p. 7, 45)

L’inventaire fait après son décès le 13 brumaire An XII [5 novembre 1803], à son appartement, au 2^eétage du 668 rue Saint-Florentin [VIII], ne dénombra que « Trois Cents Volumes environ tant reliés que brochés, dont le dictionnaire de Valmont de Bomard [sic], plusieurs théâtres, les œuvres de Voltaire, l’histoire ecclésiastique, plusieurs ouvrages allemands et de littérature prises ensemble la Somme de Deux Cents Cinquante francs. »

Il est surprenant que les libraires associés Nicolas-Noël et Jacques-François Tilliard, 16 rue Pavée-Saint-André-des-Arcs [rue Séguier, VI^e], n’aient pas jugé utile de préciser sur le catalogue qu’il s’agissait de la bibliothèque du « Philosophe Inconnu », dont la notoriété, à l’époque, aurait constitué un bon argument de vente.

Les ouvrages liés à l’ésotérisme ou à la mystique sont quasi inexistants et aucun livre de Jacob Boehme, que le « Philosophe Inconnu » a traduit, n’y figure.

Surtout, argument rédhibitoire : ce catalogue comprend des volumes dont les dates d’édition sont postérieures à 1803, année de la mort de Louis-Claude de Saint-Martin [n^os 716 (1804), 1.049 (1805), 1.063 (1804), 1.170 (1804) et 1.171 (1805)].

 

Ce catalogue est en réalité celui de la vente de la bibliothèque de Didier-Michel de Saint-Martin, d’une famille originaire de Meaux [Seine-et-Marne]. Officier d’artillerie, puis commissaire des guerres, il est né le 25 octobre 1741 à Port-Louis de l’Isle de France [île Maurice] et est décédé le 1^er frimaire An XIV [22 novembre 1805] à Paris [I^er], 39 rue Croix-des-Petits-Champs.

Il était le petit-fils de Paul Martin (1651-1704), chirurgien de l’évêque de Meaux, et le fils de Didier de Saint-Martin, né à Meaux [Seine-et-Marne] le 6 juin 1697, baptisé le lendemain en l’église de l’abbaye Notre-Dame de Chaage. Parti de Lorient [Morbihan] le 30 mai 1721, avec sa future épouse, sur la « Diane », vaisseau de 330 tonneaux de la Compagnie des Indes orientales, commandé par le capitaine Jean-Marie Briand de la Feuillée († 1739), 

Didier de Saint-Martin débarqua au Port-Sud-Est, autrement dit Port-Bourbon [Vieux-Grand-Port], de l’Isle de France le 9 avril 1722. Devenu notaire, Didier de Saint-Martin épousa à Saint-Paul de l’Isle Bourbon [île de La Réunion], le 15 mai 1724, Magdeleine, dite « Michelle », du Hamel, fille d’un capitaine de vaisseaux, née à Lorient le 28 mai 1709. Nommé commandant pour le Roi et la Compagnie des Indes de l’Isle Bourbon le 13 décembre 1743, Didier de Saint-Martin assura en 1745 l’intérim à l’Isle de France comme gouverneur. Il quitta définitivement l’Isle Bourbon pour la France le 11 novembre 1748, et fit affranchir tous ses esclaves, conformément à l’autorisation que sur sa demande le Roi lui en avait donnée. Il décéda à Paris le 20 septembre 1777 ; son épouse décéda le 24 septembre 1778.

 

La vente de la bibliothèque de Didier-Michel de Saint-Martin avait été précédée par la vente de ses tableaux et de ses dessins, le mercredi 7 mai 1806, Maison Desmarets, rue du Bouloi, au coin de celle Coquillière [I^er] : Catalogue des tableaux, dessins sous verre et en feuilles, estampes et galeries, figures et bustes en terre cuite, peintures en émail, agates précieuses, vieux laque du Japon et de la Chine, porcelaines rares, etc., composant la curiosité de feu M. ST-Martin (Paris, Alex. Paillet et Fournier aîné, 1806, in-8, [1]-[1 bl.]-jv-36 p., 125 lots), dont un portrait peint en émail représentant Vitré, imprimeur du clergé, par Bordier, placé en médaillon sur une boîte d’écaille noire, encadré d’une bordure en or à huit pans, adjugé 3.200 francs ; 

et un portrait d’homme, identifié comme celui d’Arnauld d’Andilly, par Philippe de Champaigne, daté 1650, adjugé 3.780 francs, aujourd’hui au Musée du Louvre.

Il s’agit bien, ici aussi, de Didier-Michel de Saint-Martin, comme le prouve l’inventaire fait après son décès le 22 janvier 1806, qui décrit les mêmes articles que ceux inclus à cette vente.