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Joannis Guigard (1815-1892), passionnément armorialiste

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Rue Mercière, Lyon

Jean-Marie, dit « Joannis », Guigard, est né à Lyon [Rhône], 49 Grande rue Mercière [la rue Mercière se distinguait autrefois en « Petite rue Mercière » au nord de la rue Chalamont (rue Dubois), et « Grande rue Mercière » au sud], le 5 novembre 1815 [et non le 4 novembre 1825, comme l’annoncent toutes les notices biographiques]. Il était l’un des enfants de Jean Guigard, charcutier, descendant d’une famille de laboureurs de Chassieu [province du Dauphiné, département de l’Isère, puis du Rhône à partir de 1968], où il est né le 7 mai 1785, mort à Caluire-et-Cuire [Rhône] le 16 novembre 1856, et de Marguerite Bouvier, née le 17 juillet 1784 à Chassieu, où ils s’étaient mariés le 6 septembre 1808.


Mathieu [I] Guigard avait épousé, le 18 juin 1688 à Chassieu, Françoise Morel, décédée le 13 novembre 1736, à 70 ans ; il mourut le 7 octobre 1747, âgé de 86 ans.

Benoît [II] Guigard, né le 3 février 1701 à Chassieu, y épousa, le 1er mars 1726, Pernette Bouvier [ou Pétroline, ou Pétronille], qui mourut le 12 mars 1759, âgée de 50 ans environ ; il mourut lui-même le 28 juillet 1763.

Mathieu [II] Guigard, baptisé le 5 septembre 1726 en l’église Saint-Galmier de Chassieu, épousa Étiennette Payet le 12 février 1754 à Saint-Priest [Rhône], où elle était née le 23 décembre 1729. Elle mourut à Chassieu le 21 ventôse An I [11 mars 1793], son mari le 21 floréal An IV [10 mai 1796].

Benoît [III] Guigard est né à Chassieu le 16 janvier 1755. Le 29 mai 1780, il épousa à Décines-Charpieu [Rhône], où elle était née le 11 mars 1759, Françoise Quinon. Elle mourut à Chassieu le 4 mars 1829, son mari le 21 avril 1832, après avoir été maire de Chassieu de 1815 à 1830.

Collège Rollin
Photographie Musée Carnavalet

Joannis Guigard fit ses premières études dans sa ville natale, puis vint les continuer à Paris, au collège Rollin, rue des Postes [rue Lhomond, Ve].


Étudiant, Guigard fréquentait le café Momus, rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois [Ier], où la demi-tasse ne coûtait que cinq sous et où se réunissait la bohème, qui menait une existence misérable et qui avait à sa tête le poète Henry Murger (1822-1861) :

« Joannis Guigard montait le premier, et on lui servait son café avec quatre morceaux de sucre et un petit verre. Il n’y touchait qu’un peu, assez pour être content. Murger entrait, demandant rapidement au comptoir : “ Guigard est-il là-haut ? ” et il montait plus rapidement encore à l’estaminet du premier étage. Après lui venait Fauchery [Antoine Fauchery (1823-1861), graveur sur bois], qui demandait tout en montant : “ Murger est-il là-haut ? ” Après lui, Jean Wallon [1821-1882, dit “ le philosophe ”], qui demandait : “ Fauchery est-il là-haut ? ” Et ainsi de suite, jusqu’à ce que le cénacle fût au complet. Alors, avec l’unique demi-tasse servie à Guigard, on faisait un verre d’eau à celui-ci, un grog à celui-là, un canard à cet autre, etc., etc. De cette façon six individus sur sept passaient à l’état de consommateurs – sans payer un sou de consommation. »

(Alfred Delvau. Histoire anecdotique des cafés & cabarets de Paris. Paris, E. Dentu, 1862, p. 217)

Ecole polytechnique
Paris and its environs. London, Jennings and Chaplin, 1831, vol. II, p. 195

 

En 1841, Guigard fut autorisé à assister, comme auditeur libre, aux cours d’amphithéâtres de l’École royale polytechnique, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève [Ve].

Après deux années d’École, il fut employé aux études préliminaires de lignes de chemin de fer départementales, Rouen à Caen et Creil à Saint-Quentin. Il donna bientôt sa démission pour revenir au culte des lettres, mais, privé de ressources, il dut momentanément enseigner les mathématiques.

Il prit part activement à la révolution de février 1848, puis seconda Philippe Le Bas (1794-1860), membre de l’Institut, dans ses recherches historiques. 

La Sorbonne. Bibliothèque des Hautes Etudes. Salle de travail

Ce dernier, qui demeurait 20 rue d’Enfer [boulevard Saint-Michel, Ve] et était conservateur depuis 1844 de la Bibliothèque de l’Université de Paris, installée en Sorbonne depuis 1823, le fit travailler au catalogue de cet établissement.

Le 12 mai 1849, à Paris, Guigard épousa Clara-Adolphine de Lancey Muirson, née au village de La Potelière, à Saint-Senier-sous-Avranches [Manche], le 3 mai 1830, fille de Marie-Louise-Michelle Cordon, née à Avranches le 26 messidor An VIII [15 juillet 1800], et de Jean de Lancey Muirson, né le 1eraoût 1797 à Guernesey [Angleterre], mariés à Avranches le 22 novembre 1821. Ancien officier anglais, Jean de Lancey Muirson avait excité les passions républicaines par des écrits virulents, avant de devenir maître d’anglais aux collèges d’Alençon [Orne], puis de Pontivy [Morbihan], et d’obtenir la citoyenneté française en 1848. Le fils du jeune couple, Mathieu-Valéry-Adolphe Guigard, naquit le 6 mai 1851 au 25 rue d’Enfer, voisin du Jardin du Luxembourg.  

Salle de lecture de la Bibliothèque impériale
 édifiée entre 1860 et 1866 par l'architecte Henri Labrouste

Guigard collabora ensuite au catalogue de la Bibliothèque impériale.

« Celui-ci entre à la Bibliothèque nationale en juillet 1850 comme attaché aux travaux du catalogue des imprimés. Il devient par la suite employé de troisième classe en août 1858. Ses relations avec Jules-Antoine Taschereau [1801-1874, administrateur général de la Bibliothèque impériale de 1858 à 1874] n’ont pas toujours été difficiles : il sollicite son aide pour l’entrée de son fils dans un lycée d’État et lui offre un exemplaire de sa Bibliothèque héraldique de la France portant la dédicace « En témoignage de reconnaissance et de respect». La situation se détériore en 1863, lorsque Guigard, désireux de poursuivre sa publication, demande un congé de plusieurs mois. Devant le refus de Taschereau, il s’adresse alors directement au ministre de l’Instruction publique et sollicite une mission pour dresser le catalogue des manuscrits qui dans les bibliothèques de Paris et des départements ont trait à la science héraldique.

Taschereau, consulté par son ministère de tutelle, déclare avoir refusé ce congé pour plusieurs raisons qui tiennent aux nécessités du service public et au bien-fondé du travail mentionné. L’administrateur doute en effet que la science héraldique doive “ tout supplanter ” et considère qu’il s’agirait de faire là “ un tour de France bien long et bien coûteux ” quand les principales sources se trouvent à la Bibliothèque et aux archives de l’Empire. Agacé, il ajoute qu’un tel travail aurait surtout pour conséquence d’amener tous les hobereaux de province à verser, en vue de leur publication, les pièces plus ou moins fiables qu’ils possèdent sur leur famille. Enfin, il estime que Guigard a manqué de méthode pour son premier ouvrage, quoi que puissent en dire certains savants [Paulin Pâris, Léopold Delisle], et qu’il ne possède pas les compétences nécessaires, en paléographie notamment, pour mener à bien un tel travail qui reviendrait plutôt au directeur de l’École des chartes, également responsable du Cabinet des titres, Léon Lacabane.

L’année suivant ce refus, en 1864, plusieurs journaux tels que Le Nain jauneLa Petite RevueLe CharivariL’Étincelle ou Le Temps critiquent l’administration de Taschereau et publient sur un ton de moquerie des informations relatives au service intérieur de la bibliothèque que seul un membre du personnel peut connaître. Un article consacré à l’héraldique semble désigner Guigard comme l’auteur de ces publications. Il doit changer de service. Le Nain jaune réagit en faisant paraître une nouvelle à la main intitulée “ Un homme disparaît ”, qui loue les qualités de Guigard. Ce dernier continue cependant de travailler à la bibliothèque pendant deux ans, Taschereau se refusant à renvoyer un homme “ ayant charge de famille ” et disposant de peu de ressources. Ce n’est qu’au début de l’année 1867, dans le difficile contexte précédant l’ouverture des deux salles de lecture des imprimés, que, suite à plusieurs absences non autorisées, l’administrateur obtient la mise en disponibilité de Guigard. Encore celui-ci bénéficie-t-il pendant quelques mois d’une indemnité mensuelle prélevée sur le budget des catalogues.

À aucun moment, donc, la correspondance personnelle de Taschereau au ministre de l’Instruction publique ne mentionne les opinions républicaines de Guigard. Si elles constituent la raison réelle de sa mise en disponibilité, cela n’est en tout cas pas précisé. Il reste que Guigard a quitté la bibliothèque dans de très mauvaises conditions. Il est donc compréhensible que le personnel craigne de sa part l’assouvissement de quelque vengeance. Sa connaissance des collections fait redouter d’éventuels détournements. De plus, Guigard se révèle très vite imbu de ses pouvoirs. Il s’estime chargé de la réorganisation radicale de la bibliothèque au même titre qu’Élie Reclus [1827-1904, directeur de la Bibliothèque nationale en 1871] et aspire à devenir codirecteur. […]

Les procès-verbaux du Comité consultatif rapportent que Jean-Marie Guigard passe ses dernières heures de présence couché au rez-de-chaussée d’une salle donnant sur la rue de Richelieu, afin de ne pas être blessé par les affrontements entre communards et versaillais faisant rage au dehors[contrairement à ce dit le Dictionnaire de biographie française de Roman d’Amat]. Bien plus tard, Guigard se défendra d’avoir fui la bibliothèque. Dans une lettre adressée au ministre de l’Instruction publique le 1er janvier 1878, il déclare que « Huit jours avant la chute de la Commune, [il] s’est imposé de force aux agents de ce pouvoir comme sous-directeur de la Bibliothèque nationale afin de préserver cet établissement de tout accident ». Il sollicite par conséquent le versement de son traitement depuis sa mise en disponibilité, en 1867 ! Consulté sur le sujet en 1878, le nouveau directeur, Léopold Delisle [1826-1910, administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1874 à 1905], refuse d’accéder à cette demande[“ ne saurait témoigner la moindre bienveillance à un homme qui s’est fait nommer par la Commune directeur adjoint de la Bibliothèque nationale, qui a désorganisé l’établissement en faisant révoquer les fonctionnaires les plus dévoués, qui a mis les collections à la merci d’aventuriers, qui s’est associé à la violation d’un domicile privé par M. le Commissaire de police de la Commune et qui après s’être violemment imposé à la Bibliothèque l’a lâchement abandonnée douze heures avant l’arrivée des troupes, au moment même où ses complices incendiaient dans le voisinage la bibliothèque du Louvre et le Palais Royal ” (lettre de Delisle au ministre de l’Instruction publique le 31 mars 1879)]. »

(Marie Galvez. « La Bibliothèque nationale et la Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871) » dans Revue de la BNF, 2015/2, N° 50, p. 70-85)

Barricade au Faubourg du Temple, le 7 février 1870, après l'arrestation de Rochefort
Allgemeine Familien-Zeitung, Stuttgart, 1870, N° 12, p. 185

« Lorsque tout le monde aujourd’hui s’agite et se rue avec une ardeur fiévreuse vers les domaines fulgurants de la politique, il est curieux de voir un homme, un savant, marcher calme, tranquille et désintéressé de tout ce qui l’entoure, à la poursuite de son idéal. Ni les variations de la Bourse, ni les intrigues des cabinets étrangers, ni les mouvements ministériels, ni les clameurs des rues, ni les débats passionnés de la Chambre, n’ont le privilège de captiver un seul instant son attention.

Je l’ai vu cet érudit charmant et plein de délicieuses naïvetés. Je l’ai vu, le jour même [7 février 1870] de l’arrestation de Rochefort [Henri Rochefort (1831-1913)] ; il descendait la rue du Faubourg-du-Temple, chargé de bouquins moisis et poudreux. Sous cet air souffrant et sympathique qui le distingue perçait un indéfinissable sourire de satisfaction. Que lui était-il donc arrivé, ou plutôt qu’avait-il découvert dans les régions sereines de la bibliophilie ?

Je l’abordai, et pour entrer en conversation, je lui dis ce que tout le monde disait alors : Eh bien ! Rochefort ?

Il ouvrit de grands yeux étonnés comme un quelqu’un qui tombe brusquement des espaces azurées sur notre jaune macadam.

Je lui répétai ma question.

- Ah ! mille pardon, fit-il, j’y suis. C’est une des plus anciennes maisons du Berry et de la Tourraine [sic]. Les Rochefort de Lussay, dès le XVe siècle, se font remarquer par leur dévouement à l’ancienne monarchie. René de Rochefort, en 1577, et Dominique de Rochefort de Lussay, en 1657, étaient chevaliers de l’ordre de Malte, et sous la Restauration on trouve un gardu-de-corps [sic] de ce nom. Cette famille portait : d’azur semé de billettes d’or, au chef d’argent, chargé d’un lion léopardé de gueules.

Je me mis à sourire de son adorable méprise.

- Puisque vous aimez les livres, ajouta-t-il, en me montrant un volume écorné à la reliure fruste et maculée, que je vous fasse part de ma trouvaille. C’est un incunable, un des premiers exemplaires sortis des presses de Guttemberg [sic]. Voyez, il est sans signatures, et les initiales ont été laissées en blanc pour les imagiers. Et de plus, ce qui lui donne un prix inestimable, ce sont les armes peintes au bas du premier feuillet : il a appartenu au cardinal d’Amboise, archevêque de Rouen, mort en 1510, l’un des plus grands bibliophiles que nous connaissions.

J’étais ahuri !

Bien que je n’eusse rien compris à tout ce qu’il me disait, je ne manquai pas de le féliciter chaleureusement sur sa découverte.

Il en rougit jusqu’aux blancs des yeux et me quitta en se plongeant le nez dans son incunable. Il avait déjà oublié et ma question et ma personne.

C’est ainsi, me dis-je tout rêveur, en le voyant s’en aller, c’est ainsi que l’on produit des œuvres utiles, curieuses et originales, comme l’ARMORIALDU BIBLIOPHILE, en s’y livrant corps et âme. »

(Louis Bernier. Dans Le Jockey, 29 mars 1870, p. 3)

Avenue de Clichy, par Louis Anquetin (1887)

« Au lendemain de la Commune, pendant que les conservateurs de la Bibliothèque nationale – à l’exception de ce pauvre vieux père Richard [Paulin Richard (1798-1871)] qui mourut troué par une balle alors qu’il se rendait à son poste [22 mai 1871] – gagnaient, rapides comme des lapins, Versailles et les environs en prenant toutes les précautions imaginables pour se mettre à l’abri des obus (conservation bien ordonnée commence par soi-même), Joannis Guigard - comme Élisée Reclus [i.e. Élie Reclus] – avait accepté la mission de veiller à la sûreté et à la conservation du précieux dépôt. Ils s’acquittèrent fidèlement de leur mission temporaire, mais quand le moment de régler les comptes arriva, Guigard qu’on avait oublié un instant, fut invité à passer, non pas à la caisse, mais devant un conseil de guerre afin de s’entendre condamner aux peines les plus sévères qu’il s’était attirées par sa conduite révolutionnairement conservatrice.

- En résumé, dit le colonel qui procédait à l’interrogatoire, à qui demander des renseignements, aux propriétaires ! allons donc, quelle plaisanterie !... à propos de gens qui le plus souvent n’ont point de domicile ou en changent si fréquemment que c’est comme s’ils n’en avaient pas…. ; ainsi, vous habitez Batignolles [quartier du XVIIe arrondissement], dites-vous, mais il y a des parties de Batignolles qui ne valent pas mieux que Montmartre sous certains rapports… Où habitez-vous actuellement ?

- Avenue de Clichy [ex-Grande Rue], aux Batignolles,

- Et pendant l’insurrection ?

- Avenue de Clichy, aux Batignolles.

- Ah ! et avant d’habiter là ?

- J’ai toujours habité aux Batignolles, avenue de Clichy, voilà vingt-sept ans que j’habite la même maison, et comme elle n’a jamais changé de propriétaire… si celui-là ne vous suffit pas pour les renseignements…

- Ah ! ah ! vingt-sept ans, c’est particulier ; ce n’est pas une mauvaise note, savez-vous, bien au contraire…

Tous opinèrent du képi, et Guigard fut rendu à ses chères études, ce qui nous a valu encore de bons et beaux travaux. »

(Firmin Maillard. La Cité des intellectuels. Paris, H. Daragon, s. d. [1905], p. 257-258)

Almanach des orphéons et des sociétés instrumentales (1863)

Guigard avait beaucoup écrit dans les feuilles périodiques avant et pendant 1848. Il collabora ensuite avecLe Monde illustré, L’Illustration, Les Émaux de Petitot du Musée impérial du Louvre, l’Almanach des orphéons et des sociétés instrumentales, la Revue des provinces, Le Bibliophile français[« Les Boîtes à quatre sols », N° 12, 30 juin 1866, p. 179-184 et N° 13-14, 15-31 juillet 1866, p. 197-207], Le Bibliophile français - Gazette Illustrée [« Armorial du bibliophile », t. I, 1868, p. 254-265, 305-318, 385-396 ; t. II, 1868, p. 43-50, 172-179, 245-252, 325-332, 374-382 ; t. III, 1869, p. 106-115, 175-184, 233-248, 298-313, 364-373 ; t. IV, 1869, p. 44-58, 116-128, 184-191, 241-256, 308-320, 360-375 ; t. V, 1870, p. 42-52, 104-118, 167-180, 239-354], La Chronique illustrée, le Musée des Deux-Mondes, Le Livre. Bibliographie rétrospective [« La Reliure illustrée. Nouvel armorial du bibliophile », 1880, p. 17, 73, 153, 208, 301, 335, 401 ; 1881, p. 33, 97, 170, 233, 296], le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, etc.

À l’instar du comte Henry de La Bédoyère (1782-1861), légitimiste de naissance et de conviction, qui érigea la bibliothèque la plus vaste qu’on ait vue sur la Révolution française, Guigard, républicain, publia :


Bibliothèque héraldique de la France (Paris, E. Dentu, 1861, in-8, [3]-[1 bl.]-XXIII-[1]-527-[1 bl.] p.). Couronné par l’Institut, l’ouvrage dut subir la critique de l’historien Jules de Saint-Genois, ardent défenseur des intérêts flamands :

« LA BELGIQUE BIBLIOGRAPHIQUEMENT ANNEXÉE ÀLA FRANCE. – Chez beaucoup d’écrivains français, comme chez certains hommes politiques de la France, l’annexionisme est devenu une infirmité incurable, qui en est presque arrivée à l’état chronique. […]

Un bibliographe au talent et aux patientes recherches duquel nous nous plaisons du reste à rendre hommage, M. Joannis-Guigard, vient de publier une Bibliothèque héraldique de la France, travail immense qui va faire tourner la tête à toute la gentilhommerie moderne, tant il y a là de livres à consulter sur l’histoire de la noblesse : cinq mille [5.014], si je ne me trompe, classés méthodiquement avec un soin digne d’éloge. Toutes les subdivisions de la France y sont représentées.

Jusque là tout est bien ; mais au milieu de cet amas, accumulé laborieusement, de documents imprimés, qui ne devraient concerner que le territoire actuel de l’Empire français, je trouve, comme faisant naturellement partie de ce vaste état : la Belgique et la Suisse française. De par l’estimable bibliographe, notre Royaume, Genève et Neuchâtel sont de fait incorporés à la France. […]

Certes, cette manière cavalière de s’annexer bibliographiquement un pays voisin, est une fantaisie commode et pacifique en apparence, que nous passerions volontiers à l’auteur, si elle n’était appuyée, dans la préface, de quelques explications d’une outrecuidance que nous ne voulons pas qualifier. »

(J. D. S. G. Dans Messager des sciences historiques, ou Archives des arts et de la bibliographie de Belgique. Gand, Léonard Hebbelynck, 1862, p. 110-112) 


Indicateur du Mercure de France, 1672-1789 (Paris et Londres, Bachelin-Deflorenne, 1869, in-8, [3]-[1 bl.]-[2]-142 p.)


Armorial du Bibliophile, avec illustrations dans le texte (Paris et Londres, Bachelin-Deflorenne, 1870-1872, 4 parties en 2 tomes, gr. in-8, [3]-[1 bl.]-128, [3]-[1 bl.]-126 [chiffrées 129-254], [3]-[1 bl.]-144 et [3]-[1 bl.]-128 [chiffrées 145-272] p.)


Photographie Robin Halwas

Nouvel armorial du Bibliophile, guide de l’amateur de livres armoriés (Paris, Émile Rondeau, 1890, 4 parties en 2 tomes, [3]-[1 bl.]-XVII-[1]-390-[2] et [3]-[1 bl.]-494 p.)

Joannis Guigard mourut le 23 mai 1892 en son domicile, 81 avenue de Clichy [XVIIe].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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