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Moulins-Engilbert, par Caspar Merian (1657) |
La famille Chauvelin est originaire de Moulins-Engilbert [Nièvre]. Un de ses membres vint s’installer à Paris vers 1530.
Toussaint Chauvelin, écuyer, seigneur de Frémentel [Frémenteau, Juvisy-sur-Orge, Essonne], avocat au Parlement de Paris, épousa, suivant contrat du 11 février 1538, Geneviève de Brée, dont :
François Chauvelin, avocat au Parlement de Paris en 1562, fut intendant de la reine Marie Stuart, maître des requêtes de la reine Catherine de Médicis, puis son procureur général. Il épousa, suivant contrat du 6 février 1566, Marie Charmolue, fille de feu Jacques Charmolue, avocat, et de Marie Malingre. L’inventaire fait après décès le 19 janvier 1618 indique la prisée de sa bibliothèque par Louis Febvrier et Innocent Guiton, libraires à Paris. Il a fait la branche de Crisenoy [Seine-et-Marne].
Chapelle N-D du Carmel, par Victor-Jean Nicolle Photographie BnF |
Il fut inhumé au couvent des Grands-Carmes de la place Maubert [Ve, détruit en 1811]. Le monument funéraire de François Chauvelin et de Marie Charmolue était adossé à la muraille de la chapelle, du côté de la rue des Noyers, dans la deuxième travée :
« Il se composait d’une grande table de marbre noir, encadrée par deux colonnes corinthiennes en marbre du Languedoc, posées sur des consoles et portant un fronton brisé, avec un cartouche au milieu et deux petits enfants aux extrémités. Sur le soubassement étaient sculptés deux écussons accolés, accompagnés de têtes de chérubins et de têtes de morts ailées.
La table de marbre noir portait l’épitaphe suivante, gravée en lettres dorées :
D. O. M. - QUI PRÆTERIS HOC SEPULCHRUM, ADSTA, MORTALIS, ET DE LEGE MORANS, ET NOSCE FRANCISCUM CHAUVELIN, PATRONUM ILLA IN LUCE FORI SPECTATISSIMUM, INDIDEM CONSULTISSIMUM. HIC JACET UNA ET CONJUX, UNICE DILECTA, MARIA CHARMOLUE, PUDENTISSIMA VERO AD SEXI DECUS, AD EXEMPLUM PRUDENTISSIMA. TAM DOLCEIS ANNOS, TAM FIDELEIS ANIMOS MORS SOLA DIVIDERE POSSET, AT CONJUNXIT ; RARISSIMÆ UXORIS FUNUS SED FUNERE SUO MARITUS OPTIMUS PROSECUTUS EST ÆGER ; SIC QUASI ULTIMÆ NECESSITATIS DENUNCIATIONEM ACCEPIT.DIXIT LACRYMANS : JUNGITE AMATO CORPORI AMATUM CORPUS ; ANIMUM ANIMA SEQUETUR. DIXIT ET QUI DIMIDIA TANTUM SUI PARTE VIVERET, NONO DEMUM QUAM SUI DIMIDIUM AMISERAT, DIE V EJUSDEM JANUARII, ANNO CHRISTI INCARNATI M DC XLIX, DEVIXIT. HABES IN VITA QUOD IMITERE, IN MORTE QUOD OPTES, MORTALIS, QUISQUIS ES ; VALE ET BONIS BENE PRECARE ; HOC ENIM CHRISTIANUM EST. DULCIBUS PIISQUE PARENTIBUS DULCES LIBERI POSUERE. »
(Émile Raunier. Épitaphier du vieux Paris. Paris, Imprimerie nationale, 1893, t. II, p. 208-209)
Photographie Bibliothèque Mazarine
Les armes des Chauvelin sont « D’argent, à un chou sauvage à cinq branches de sinople, la tige enroulée d’un serpent d’or, la tête en haut ».
Carte de Cassini
Louis [I] Chauvelin, seigneur de Crisenoy, conseiller du Roi et receveur général des bois au département de l’Ile-de-France, demeurait à Paris, rue Saint-Victor [Ve]. Il fut marié, suivant contrat du 23 janvier 1607, à Anne Robert, fille de Anne Robert, avocat au Parlement, seigneur de Villetaneuse [Seine-Saint-Denis], qui lui apporta la terre de Crisenoy avec toutes ses dépendances.
Louis [II] Chauvelin, seigneur de Crisenoy, conseiller au grand conseil en 1634, procureur du Roi au Châtelet, maître des requêtes en 1643, intendant de l’armée d’Italie, demeurait à Paris, rue Saint-Victor.
Louis [III] Chauvelin, seigneur de Crisenoy, né à Paris le 29 août 1642, conseiller au Châtelet en 1666, conseiller au Parlement de Paris en 1669, maître des requêtes en 1681, intendant de Franche-Comté en 1673 et de Picardie en 1684, et conseiller d’État en 1704. Il épousa le 11 juin 1682, en l’église Saint-André-des-Arts [VIe], Marguerite Billard, fille de Germain Billard, seigneur de Montataire[Oise], avocat au Parlement.
Plan de Turgot (1739) |
Après la mort de Germain Billard en 1695, sa maison de la rue de Richelieu [Ier], sise au coin de la rue Villedo, à l’emplacement du n° 43 actuel, en face de la maison où est mort Molière le 17 février 1673, devint l’hôtel Chauvelin : les deux fils de Louis [III] Chauvelin, Louis [IV] et Germain-Louis, y demeurèrent avec lui. Il y décéda le 31 juillet 1719 et fut inhumé à Saint-Roch. L’hôtel fut alors vendu à Pierre Pougin de Novion. À Crisenoy, il avait fait construire le château, avec un parc embelli de pièces d’eau.
Louis [IV] Chauvelin, seigneur de Crisenoy, né le 24 avril 1683 à Besançon [Doubs, paroisse Saint-Pierre], avocat du Roi au Châtelet en 1703, conseiller au Parlement en 1706, maître des requêtes en 1707, avocat général au Parlement en 1709, commandeur et grand trésorier des ordres du Roi en 1713. Mort à Paris, rue de Richelieu, le 2 août 1715 de la petite vérole [variole]. Il fut enterré au couvent des Grands-Carmes de la place Maubert :
« A côté du monument précédent se trouvait appliquée à la muraille une plaque de marbre blanc, en forme de pyramide contournée sur les côtés et cintrée dans le haut et dans le bas, qui était encadrée par une bordure de marbre. Au sommet, la corniche du cintre supportait un cartouche décoré d’un écusson entouré du collier de l’Ordre de Saint-Michel, surmonté d’une couronne de marquis et accompagné de deux lions accroupis. Les deux côtés de la bordure étaient ornés des trophées en bronze figurant les attributs de la Justice et du Commerce. Au milieu de la base, un autre cartouche soutenant une couronne de marquis portait deux écussons accolés ; aux extrémités étaient fixées des têtes de morts avec des ailes de chauves-souris et des draperies flottantes en bronze.
Sur la plaque de marbre, on lisait cette épitaphe :
ICI REPOSENT LES CORPS DE MESSIRE LOUIS CHAUVELIN, CHEVALIER SEIGNEUR DE CRISENOY, CHANDEUIL, GENOUILLY, PERILLY ET AUTRES LIEUX, CONSEILLER DU ROY EN TOUS SES CONSEILS, MAITRE DES REQUETES HONORAIRE DE SON HOTEL, AVOCAT GENERAL DE SA MAJESTÉ AU PARLEMENT, COMMANDEUR ET GRAND PREVOT DE SES ORDRES, DECEDÉ LE II AOUT M DCC XV, DANS LA XXXIIIE ANNÉE DE SON AGE ;
ET DE DAME MADELAINE DE GROUCHI, SON EPOUSE, DECEDÉE LE IV D’OCTOBRE DE LA MEME ANNÉE, AGÉE DE XXIX ANS. - PRIEZ DIEU POUR LE REPOS DE LEURS AMES. »
(Émile Raunier. Épitaphier du vieux Paris. Paris, Imprimerie nationale, 1893, t. II, p. 209)
Il avait épousé, le 4 avril 1705, en l’église Saint-Roch [Ier], Madeleine de Grouchy, fille de Jean-Baptiste-René de Grouchy (1647-1743), secrétaire du Roi, seigneur de Meneuil. La dot de Madeleine de Grouchy avait été de 400.000 livres ; Chauvelin avait reçu 250.000 livres, plus le château de Crisenois et les terres de Genouilly et Chandeuil [Champdeuil, Seine-et-Marne]. Ce mariage ne fut pas heureux, car Chauvelin eut après son mariage une liaison retentissante avec la maréchale d’Estrées, Lucie-Félicité de Noailles (1683-1745), épouse de Victor-Marie comte d’Estrées (1660-1737), maréchal d’Estrées en 1707. Madeleine de Grouchy mourut le 4 octobre 1715, à l’âge de 29 ans, laissant Louis [V] et Françoise-Madeleine, qui épousa Louis-Denis Talon.
Louis-Denis Talon est né à Paris, rue de Braque [IIIe], le 2 février 1701, et fut baptisé le même jour en l’église Saint-Nicolas-des-Champs [IIIe]. Il était fils de Omer Talon (1676-1709), troisième du nom, marquis du Tremblay [Tremblay-les-Villages, Eure-et-Loir] et du Boulay [Le Boullay-Thierry, Eure-et-Loir] et colonel du régiment Orléanois Infanterie, et de Marie-Louise Molé (1671-1761), fille de Louis Molé, seigneur de Champlâtreux [Épinay-Champlâtreux, Val-d’Oise], conseiller du Roi et président à mortier au Parlement de Paris.
Louis-Denis Talon fut tour à tour conseiller en 1721, avocat général en 1724 et président à mortier en 1731 au Parlement de Paris. Il mourut le 1er mars 1744 et ne laissa de son mariage, le 6 avril 1724, avec Françoise-Madeleine Chauvelin, qu’une fille, Françoise-Madeleine (1730-1767), qui fut mariée en 1746 à Étienne-François d’Aligre (1727-1798), d’abord président à mortier, et ensuite premier président au Parlement de Paris. La branche directe des Talon s’éteignit avec lui. Françoise-Madeleine Chauvelin mourut le 2 mai 1779 en son hôtel rue de Braque.
D’azur, au chevron accompagné de trois épis sortant chacun d’un croissant, le tout d’or. |
Après la mort de Louis-Denis Talon, sa bibliothèque fut vendue, à partir du mardi 29 décembre 1744, dans son hôtel, rue de Grenelle [à l’emplacement de l’hôtel de Galliffet, 73 rue de Grenelle, VIIe] : Catalogue des livres de feu Monsieur le président Talon (Paris, Ch. J. B. Delespine et Barois, 1744, in-12, [1]-[1 bl.]-232 [i.e. 234]-[2] p., 3.385 + 4 doubles [*] = 3.389 + 203 [1 double et 1 manquant] = 3.592 lots), avec erreurs de pagination et de numérotation des lots, dont Théologie-Écriture sainte [589 lots = 16,39 %], Jurisprudence [1.207 lots = 33,60 %], Belles-Lettres [570 lots = 15,86 %], Histoire-Géographie [803 lots = 22,35 %], Livres obmis [sic] [220 lots = 6,12 %], Manuscrits [203 lots = 5,65 %].
Germain-Louis Chauvelin, par Jean-Baptiste Oudry
Musée du Louvre
Germain-Louis Chauvelin, seigneur de Crisenoy, né le 26 mars 1685 à Amiens [Somme, paroisse Saint-Michel], conseiller au grand conseil et grand rapporteur et correcteur des lettres de chancellerie en 1706, maître des requêtes en 1711, avocat général du Parlement de Paris en 1715, au lieu de son frère aîné, président à mortier en 1718, garde des sceaux et secrétaire d’État des Affaires étrangères de 1727 à 1737, secrétaire commandeur des ordres du Roi en 1736.
Jeton aux armes de Germain-Louis Chauvelin (1733) |
Tapisserie des Gobelins aux armes de Germain-Louis Chauvelin (1730) |
En 1727, il fut candidat à l’Académie française au fauteuil de Louis de Sacy, contre Montesquieu. Il nomma successivement à la direction de la Librairie, son neveu Louis [V] Chauvelin en 1727, son cousin Jacques-Bernard Chauvelin en 1729 et Louis-Antoine Rouillé en 1732 [le directeur de la Librairie, ou plus exactement « inspecteur général de la Librairie », transmet les avis des censeurs au chancelier et les décisions définitives au lieutenant général pour exécution]. S’étant attiré la jalousie du cardinal de Fleury, principal ministre de Louis XV, il fut disgracié en 1737 et fut conduit à Grosbois [Boissy-Saint-Léger, Val-de-Marne], puis à Bourges [Cher] ; une seconde disgrâce en 1743 l’exile à Issoire [Puy-de-Dôme], puis à Riom [Puy-de-Dôme]. Il put rentrer à Paris en avril 1746 et n’intervint plus dans la vie politique jusq’à sa mort le 1er avril 1762. Il fut enterré à Boissy-Saint-Léger. Grosbois fut revendu en 1762 à François-Marie Peyrenc de Moras (1718-1771).
Il avait dû abandonner l’hôtel de la rue de Richelieu en 1719 pour vivre successivement rue des Saints-Pères, rue de l’Université et rue de Varenne [VIIe]. En 1729, il avait reçu les seigneuries de Venisy, Turny, Linant et Boulant, dans le département de l’Yonne, données entre vifs par la comtesse de Chemerault.
En 1731, il avait acheté le château de Grosbois à Samuel-Jacques Bernard (1686-1753) pour 400.000 livres, érigé en marquisat en 1734, et, cette dernière année, il avait acheté la seigneurie de Brie-Comte-Robert [Seine-et-Marne] pour plus de 200.000 livres.
Il avait épousé, suivant contrat du 12 janvier 1718, Anne Cahouet, fille de Claude Cahouet (1668-1738), de Beauvais [Oise], premier président du bureau des finances d’Orléans, dont il eut :
Portrait présumé de Claude-Louis Chauvelin |
Claude-Louis, marquis de Grosbois, né à Paris le 24 décembre 1718, pourvu en 1734 du gouvernement de Brie-Comte-Robert, mort sans enfant, de ses blessures reçues dans un combat singulier, le 23 novembre 1750 ; Anne-Espérance, née à Paris le 8 décembre 1725, mariée en 1747 à Édouard-Henri Colbert, marquis de Maulévrier, mort sans enfant en 1748, puis en 1763 à Louis des Acres de l’Aigle ; Anne-Madeleine, née à Paris le 19 novembre 1727, mariée à Louis-Michel Chamillart ; Anne-Sabine-Rosalie, née à Paris le 25 janvier 1732, mariée à Jean-François de La Rochefoucauld-Surgères. Anne Cahouet mourut à Grosbois le 10 août 1758.
On peut s’étonner de ne pas trouver de document iconographique sur le ministre.
Longtemps considéré comme un portrait de Germain-Louis Chauvelin [on ne parlera pas de la ridicule attribution par un expert à celui de Jean Racine], le portrait fait par Hyacinthe Rigaud en 1727 et conservé au Musée des Beaux-Arts de Toulouse est considéré aujourd’hui comme celui de Michel-Robert Le Peletier des Forts (1675-1740).
Ses tableaux, estampes et cartes furent vendus à partir du lundi 21 juin 1762, en son hôtel, rue de Varenne, faubourg Saint-Germain, près la rue Hillerin-Bertin [parie de la rue de Bellechasse, VIIe] : Catalogue des Tableaux, Estampes en livres & en feuilles, Cartes manuscrites & gravées, montées à gorges & rouleaux, du Cabinet de feu Messire Germain-Louis Chauvelin, Ministre d’Etat, Commandeur des Ordres du Roi, & Ancien Garde des Sceaux(Paris, Lottin l’Aîné et Musier le fils, 1762, in-8, 15-[1 bl.] p., 81 + 2 doubles [*] = 83 lots), dont Tableaux [43 lots], Estampes [31 lots], Cartes manuscrites [2 lots], Cartes imprimées et estampes [7 lots]. On y remarque deux Watteau, deux pendants de J. Fr. de Troy et de beaux exemplaires de recueils d’estampes.
Sa bibliothèque fut dispersée du jeudi 1er au mercredi 28 juillet 1762, en 24 vacations, en son hôtel, rue de Varenne, faubourg Saint-Germain, près la rue Hillerin-Bertin : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Messire Germain-Louis Chauvelin, Ministre d’Etat, Commandeur des Ordres du Roi, et Ancien Garde des Sceaux de France (Paris, Lottin Aîné et Musier fils, 1762, in-8, xij-128-36-100-[3]-43 [chiffrées 280-320, avec erreurs de pagination] p., 2.777 – 33 manquants + 121 doubles [*] = 2.865 lots), dont Théologie [586 lots = 20,45 %], Jurisprudence [564 lots = 19,68 %], Sciences et Arts [388 lots = 13,54 %], Belles-Lettres [421 lots = 14,69 %], Histoire [906 lots = 31,62 %], avec une « Table alphabétique des auteurs » (p. 281-319).
L’avertissement contenu dans ce catalogue est très rare, car il aurait été retiré, sur l’ordre de la famille, aux catalogues distribués dans le public, à cause « des éloges et des platitudes de toute espèce » insérés par l’imprimeur Augustin-Martin Lottin (1726-1793), dit « l’Aîné », libraire et imprimeur du duc de Berry, rue Saint-Jacques, près de Saint-Yves, à l’enseigne du Coq.
1.223. Description des plantes des environs de Paris, par Matthieu Fabregou.
Paris, Lambert, 1734, 2 vol. in-12, m. r., fil.
2.168. Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, par Jean-Baptiste du Bos. Paris, Osmont, 1734, 3 vol. in-4, v. |
Louis [V] Chauvelin, seigneur de Crisenoy, né à Paris le 23 janvier 1706, avocat du Roi au Châtelet en 1725, conseiller au Parlement en 1728, avocat général en 1729, président à mortier en 1736. Mourut, pendant l’exil du Parlement, à Soissons [Aisne], le 29 avril 1754, dernier de sa branche, sans enfant de son mariage, le 25 novembre 1729, avec Marie-Renée Jacomel, fille d’Antoine Jacomel, seigneur d’Athis [hameau de Jaulnes, Seine-et-Marne] et de Bienassise [Belle-Assise, hameau de Jossigny, Seine-et-Marne], capitaine de grenadiers au régiment de Stoppa. Marie-Renée Jacomel mourut rue de l’Université, le 3 mars 1772, âgée de 64 ans.
A la mort de Louis Chauvelin, la seigneurie de Crisenoy échut à sa sœur et seule héritière, Françoise-Madeleine, veuve de Louis-Denis Talon, qui la vendit le 8 août 1754 à Étienne Gigault, secrétaire du Roi, contrôleur général de l’audience de la grande chancellerie.
La bibliothèque de Louis Chauvelin fut vendue en son hôtel de la rue de l’Université : Catalogue des livres de feu Monsieur le président Chauvelin (Paris, Damonneville, 1754, in-8, [1]-[1 bl.]-[4]-208 p., 2.783 + 3 doubles [*] + 1 triple [**] = 2.787 lots), dont Théologie [256 lots = 9,18 %], Jurisprudence [1.171 lots = 42,01 %], Sciences et Arts [234 lots = 8,39 %], Belles-Lettres [234 lots = 8,39 %], Histoire [892 lots = 32 %].
Anciens communs du château de Crisenoy
La terre de Crisenoy fut achetée en 1878 par Alfred Sommier (1835-1908), propriétaire du domaine de Vaux-le-Vicomte (Maincy, Seine-et-Marne), qui conserva les communs et vendit le château en 1880 pour être démoli.
Devenu veuf, Toussaint Chauvelin épousa en deuxièmes noces, suivant contrat du 17 février 1550, Marie Malingre, veuve en premières noces de Jacques Charmolue, dont :
Jacques Chauvelin fut trésorier général de la Marine en 1598, flotte du Ponant, puis trésorier des écuries du Roi. Il épousa Cécile Boyer, fille d’un secrétaire du Roi, le 8 mai 1584, en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet [Ve]. Il est décédé à Paris le 25 février 1609. Il a fait la branche de Luzeret [Indre].
Louis Chauvelin, seigneur du Colombier [fief à Santeny, Val-de-Marne], marié le 24 janvier 1656 en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, avec Françoise Lucquin, est décédé à Paris le 26 mai 1683.
Bernard Chauvelin, seigneur de Beauséjour [hameau de Berthegon, Vienne], né à Paris le 19 janvier 1673, maître des requêtes en 1703, intendant à Tours en 1711, à Bordeaux en 1717, puis à Amiens, conseiller d’État en 1723, décéda à Paris, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie [IVe], le 16 octobre 1755. Le 27 janvier 1701, en l’église Saint-Eustache [Ier], il avait épousé Catherine Martin, fille de Louis Martin, seigneur d’Auzielle [Haute-Garonne], secrétaire du Roi.
Jacques-Bernard Chauvelin, seigneur de Beauséjour, né à Paris le 8 décembre 1701, fut avocat du Roi au Châtelet en 1722, conseiller au Parlement en 1725, maître des requêtes en 1728, intendant d’Amiens en 1731, conseiller d’État en 1751, intendant des finances en 1753.
Hôtel de Comans d'Astry, quai de Béthune |
Il fut marié en l’église Saint-Eustache, le 16 février 1729, avec Marie Oursin, qui décéda le 5 avril 1781, en son hôtel de Meslay, quai Dauphin [hôtel de Comans d’Astry, 18 quai de Béthune, IVe], sur l’Île Saint-Louis. Jacques-Bernard Chauvelin mourut à Paris le 10 mars 1767.
Après sa mort, la famille se partagea les plus importantes parties de sa bibliothèque et céda le reste au libraire Prault : Catalogue des livres restant de la bibliothèque de Jacques-Bernard Chauvelin, ancien maître des requêtes, conseiller d’Etat et intendant des finances (Paris, Prault, 1767, in-8, 72 p., 550 lots).
Abbé Chauvelin
Photographie British Museum
Henri-Philippe Chauvelin, né le 18 avril 1714 à Paris, fut chanoine de l’Église de Paris en 1732, abbé de Montieramey [Aube] en 1734, conseiller au Parlement en 1738. Célèbre pour son opposition aux Jésuites, il contribua au bannissement de cet ordre. Attaqué d’une hydropisie de poitrine [hydrothorax], il mourut à Paris, rue de Condé [VIe], dans les bras de ses médecins en plaisantant sur leur art, le 14 janvier 1770.
Jean-Baptiste de La Fosse (1721-1806), graveur au burin, a représenté l’abbé Chauvelin d’après Carmontelle : assis sur un banc près d’une fenêtre, il tient en main les Constitutiones Societatis Jesu, avec cette légende « Non sibi sed patriæ natus » [Nénon pour soi, mais pour la patrie]. Le 8 mai 1753, il fut enfermé au Mont-Saint-Michel, puis, à cause de sa santé, transféré au château de Caen.
Revenu dans son diocèse après l’expulsion des Jésuites, il mourut, léguant une partie de ses livres à l’église de Notre-Dame où il fut inhumé : Catalogue des livres de la bibliothèque de M. l’Abbé Chauvelin, conseiller au Parlement(Paris, Prault fils aîné, 1770, in-8, 88 p., 1.348 lots).
Claude-François Chauvelin, dit aussi « Bernard-Louis Chauvelin », marquis de Chauvelin, né le 1er mars 1716 à Paris, lieutenant général des armées du Roi en 1749, ambassadeur à Gênes en 1751 et à Turin en 1753, maître de la garde-robe du Roi, admis aux honneurs de la cour en 1765, vaincu par Pascal Paoli à la bataille de Borgo [Corse] le 9 octobre 1768. Décédé le 24 novembre 1773 à Versailles [Yvelines], il fut inhumé en l’église Notre-Dame.
Agnès-Thérèse Mazade, par Jean-Baptiste Greuze (1765) |
Il avait épousé, le 5 avril 1758, Agnès-Thérèse Mazade, fille de Henri-Guillaume Mazade d’Argeville, conseiller du Roi et commissaire aux requêtes du palais.
Si la chronique est vraie, sa bibliothèque aurait été acquise par un riche amateur étranger :
« Le marquis de Chauvelin se forma une riche collection de livres, de tableaux, d’estampes et autres objets d’art et de curiosité. Sa bibliothèque contenait un grand nombre de sujets rares et singuliers, et des reliures provenant de Clovis Ève, de Le Gascon, de Du Seuil et de Padeloup. A sa mort, arrivée le 24 novembre 1773, tout fut vendu, et avec une telle précipitation que l’on ne prit pas même le soin de faire un catalogue. C’est au point que sa marque est souvent confondue avec celle des précédents. »
(Joannis Guigard. Nouvel armorial du Bibliophile. Paris, Emile Rondeau, 1890, t. II, p. 133)
Ami de Voltaire, sa maison était le rendez-vous des artistes, des gens de lettres et des savants. Dans une de ces réunions, sept femmes se trouvèrent ensemble : Mesdames de Mirepoix, de Surgères, de Courteilles, de Maulevrier, de Cicé, d’Agénois et de Chauvelin. A leur demande d’improviser en vers, il répondit : « Si vous étiez trois, je vous comparerais aux Grâces ; si vous étiez neuf, je vous comparerais au Muses ; mais, hélas ! vous êtes sept, je ne puis donc que vous comparer aux sept péchés capitaux ».
Le 24 novembre 1773, Louis XV l’invita à souper chez la Du Barry. Quoique déjà indisposé, il commença un whist avec le Roi, se mit à table, mangea deux pommes cuites seulement et revint au jeu. La partie finie, il s’adossa à la chaise de Madame de Mirepoix qui jouait à une autre table. Le Roi, le voyant pâlir, lui demanda s’il ne serait pas incommodé, et à l’instant Chauvelin tomba raide mort.
Bernard-François Chauvelin
Bernard-François Chauvelin, marquis de Chauvelin, est né le 29 novembre 1766 à Paris. Maître de la garde-robe du Roi, ambassadeur à Londres en 1792, membre du Tribunat en 1799, préfet du département de la Lys [Belgique] et officier de la Légion d’honneur en 1804, baron de l’Empire et conseiller d’État en 1811, député de la Côte-d’Or en 1817, il décéda le 8 avril 1832 à Paris, sans laisser postérité de son alliance, le 6 février 1792 à Paris, avec Herminie-Félicianne-Joséphine Tavernier de Boullongne.