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Edgar Mareuse (1848-1926), le tabuliste

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Château de Moÿ
In J. Taylor, Ch. Nodier et Alph. de Cailleux. Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Picardie (Paris, Firmin Didot Frères, 1840, 2e vol.)

Joseph-Francis-Edgard Mareuse, dit « Edgar Mareuse », est né le 4 décembre 1848 au château de Moÿ-de-l’Aisne [Aisne, prononcer « Mo-i »], l’une des quatre communes françaises comportant un « y tréma » dans leur nom [avec Aÿ-Champagne (Marne), L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et Faÿ-lès-Nemours (Seine-et-Marne)].


Descendant d’une famille de mulquiniers [paysans tisserands] de Sequehart [Aisne], son grand-père, Pierre-Joseph Mareuse (1760-1826), avait épousé, en l’église Saint-Jean de Saint-Quentin [Aisne], le 18 août 1788, Louise-Sophie-Pélagie Poré (1769-1813). Acquéreur de biens nationaux, il était devenu un riche négociant et un important propriétaire terrien.

Le père d’Edgar Mareuse, André-Joseph Mareuse, né à Saint-Quentin le 9 avril 1796, s’était marié à Marché-Allouarde [Somme], le 7 octobre 1828, à Marie-Pauline Daudré (1808-1897). Négociant à Saint-Quentin comme son père, il demeurait au château de Moÿ et mourut à Paris [VIIIe] dans son hôtel particulier du 81 boulevard Haussmann, le 19 décembre 1870 ; il fut inhumé au cimetière du Père Lachaise [div. 65]. Pauline Daudré mourut le 9 février 1897, 81 boulevard Haussmann, et fut inhumée le 12 février au cimetière de Chaville [Hauts-de-Seine], où elle possédait le château de la Source, 44 route de Versailles.

Edgar Mareuse fit ses études au lycée Condorcet, 8 rue du Havre et 65 rue de Caumartin [IXe], puis son droit. Devenu professeur à l’Association polytechnique pour le développement populaire, il épousa, le 25 mai 1874 à Paris [VIIIe], Anne-Catherine-Marie-Marguerite Barde, née à Bordeaux [Gironde] le 13 août 1855. De cette union naquirent : André-Joseph-Pierre-Paul-Louis, le 12 août 1880, 81 boulevard Haussmann ; Pierre-Edgar-Joseph-Louis-Clément, le 8 avril 1888, au château du Dorat [Bègles, Gironde] ; Marguerite-Marie-Paule-Charlotte, le 19 avril 1889, au château du Dorat ; Pâquerette-Pauline-Marie-Clémence-Andrée, le 6 avril 1890, 81 boulevard Haussmann ; Louis-Joseph-Marie-Henri, le 4 janvier 1892, 81 boulevard Haussmann ; Paul-Joseph-Charles-Louis, le 18 décembre 1893, 81 boulevard Haussmann.         

81 et 83 boulevard Haussmann (août 2020)

La fortune de Mareuse était considérable : outre le 81 boulevard Haussmann – son habitation principale -, il était propriétaire, à Paris, du 83 boulevard Haussmann [VIIIe], 

6 bis rue Lavoisier

du 6 bis rue Lavoisier [VIIIe] – construit en 1906 -, 

In L'Illustration, 18 décembre 1869, p. 396

du 49 avenue de l’Opéra [IIe] - où était établi le Splendide Hôtel -, 

23 et 25 rue de la Chaussée d'Antin (1919)
photographie Charles Lansiaux. Musée Carnavalet

du 23 rue de la Chaussée d’Antin [IXe] – dont une partie vendue aux Galeries Lafayette -, 

Château du Dorat, 62 rue Durcy, Bègles

et, en province, du château du Dorat – vendu à la compagnie de Chemin de fer du Midi en 1924 -, 

Villa Marpa, 17 boulevard de la Falaise, Vaux-sur-Mer

de la villa « Marpa » à Pontaillac [Vaux-sur-Mer, Charente-Maritime], construite vers 1880. Le château de Moÿ fut dynamité par les Allemands en février 1917.

Edgar Mareuse
In Dictionnaire biographique international des écrivains

Mareuse consacra toute sa vie à l’histoire de Paris et à sa topographie et disait être membre de soixante-dix Sociétés savantes, artistiques et littéraires, dont il fut souvent le photographe : Société de géographie (1873), Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France (1875), Comité des Inscriptions parisiennes (1879), Société des Amis des monuments parisiens (1885), Société historique et archéologique de l’arrondissement de Pontoise et du Vexin (1888), Société archéologique de Rambouillet (1889), Société française d’archéologie (1890), Commission des Antiquités et des Arts du département de Seine-et-Oise (1891), Société historique d’Auteuil et de Passy (1892), Société d’Histoire et d’archéologie de Senlis (1894), Société d’Histoire et d’Archéologie du XVIIIe arrondissement de Paris (1896), Société de Géographie commerciale de Bordeaux (1896), Commission municipale du Vieux Paris (1898), Société historique et archéologique des VIIIeet XVIIe arrondissements de Paris, Société archéologique de Bordeaux (1900), Société de l’Histoire de l’art français. Il était membre à vie de l’Association française pour l’avancement des sciences.

« au début des séances, on le voyait entrer ici, l’œil vif et le nez en avant, dominant l’assistance de sa haute taille, que l’âge n’avait pas courbée, et faire le tour de la salle en donnant des bonjours d’une voix claironnante. » (Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art français. Paris, Armand Colin, 1927, p. 78)

Photographie INHA

Après avoir publié Le Dit des rues de Paris (1300). Par Guillot (de Paris), avec préface, notes & glossaire (Paris, Librairie générale, 1875, in-8, 360 ex.), Mareuse devint secrétaire adjoint de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France en 1881, secrétaire en 1904 et président en 1922. On lui doit la Table décennale des publications de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France 1874-1883, 1884-1893 et 1894-1903(Paris, H. Champion, 1885, 1894 et 1909, 3 vol. in-8), dans lesquelles il a donné de nombreux articles, et la Table des Mémoires de la Société historique et archéologique de l’arrondissement de Pontoise et du Vexin 1877-1890 (Pontoise, Imprimerie de Amédée Paris, 1891, in-8). Il a fait de fréquentes communications à L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, sous le nom de « Gomboust ».

Pour l’Exposition universelle internationale de 1900, il prêta sa collection de plans de Paris :

Plan de Paris de 1641. Photographie BnF

« Au moyen des plans de Paris prêtés par M. Mareuse, il était facile de suivre ses transformations et ses agrandissements successifs. Cette collection, commençant en 1572, comprenait des pièces d’une grande rareté, comme ce plan de l’époque Louis XIII [Paris, Nicolas Berey, 1641, 31,5 x 42,7 cm], découvert par M. Mareuse dans un recueil factice pendant l’Exposition, et qu’il a tenu à faire connaître immédiatement au public, les plans de Gomboust (1652), de Jouvin de Rochefort (1714), et celui de 1789, où Paris est divisé en 60 districts et en 20 quartiers. » (Musée rétrospectif de la classe 14. Cartes et appareils de géographie et de cosmographie. Topographie. A l’Exposition universelle internationale de 1900, à Paris. Rapport du comité d’installation, p. 25 et 57)

Place du Palais de Justice, rue Boncenne et Hôtel du Palais (à droite), à Poitiers

C’est à Poitiers [Vienne], dans une chambre de l’Hôtel du Palais [détruit par les bombardements alliés dans la nuit du 12 au 13 juin 1944], à l’angle de la rue Pierre Boncenne et de la place du Palais de Justice [place Alphonse Lepetit], que Edgar Mareuse mourut subitement le samedi 2 octobre 1926, à la suite d’un accident d’automobile. Ses obsèques furent célébrées le 7 octobre en l’église de Saint-Augustin [VIIIe] ; 

Cimetière du Père Lachaise (Division 65)

il fut inhumé au Père Lachaise dans le caveau de famille.

Edgar Mareuse avait été membre de la Société des Bibliophiles contemporains, fondée en 1889 et dissoute en 1894 par Octave Uzanne (1851-1931), puis de la Société Les Cent Bibliophiles, fondée en 1895 par Alfred Piat (1826-1896).



Son ex-libris [64 x 77 mm], gravé à l’eau-forte par Adolphe Lalauze (1838-1906), représente une vue du vieux Paris, prise de la porte Saint-Bernard, d’après la gravure d’Adam Pérelle (1638-1695), et le plan de Gomboust.

Photographie BnF

Une partie de sa bibliothèque fut vendue Salle Silvestre, 9 rue Guénégaud [VIe], du lundi 10 au vendredi 28 décembre 1928, en 8 vacations : Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse […]. Première partie. Histoire de Paris et de ses environs. Ouvrages sur les beaux-arts. Journaux et revues (Paris, Lucien Gougy et L. Giraud-Badin, 1928, in-8, VII-[1 bl.]-592-[1]-[1 bl.] p., 6.760 + 8 doubles [bis] = 6.768 lots), dont Histoire générale de Paris [89 lots = 1,31 %], Descriptions. Guides. Dictionnaires [289 lots = 4,27 %], Histoire des quartiers de Paris [156 lots = 2,30 %], Études et essais historiques. Dissertations archéologiques. Mélanges [139 lots = 2,05 %], Histoire particulière à diverses époques [666 lots = 9,84 %], Histoire de la bourgeoisie [41 lots = 0,60 %], Histoire physique et naturelle [138 lots = 2,03 %], Histoire topographique et monumentale [711 lots = 10,50 %], Histoire religieuse [299 lots = 4,41 %], Histoire civile et administrative [645 lots = 9,53 %], Histoire judiciaire et de la police [209 lots = 3,08 %], Histoire des lettres, des arts et des sciences [1.439 lots = 21,26 %], Histoire des mœurs et des coutumes [249 lots = 3,67 %], Fêtes et divertissements [414 lots = 6,11 %], Ile-de-France [1.273 lots = 18,80 %], Bibliographie parisienne [11 lots = 0,16 %].

« M. Mareuse, avec sagesse, évitait les excès de la passion. Si, avant une vente, il pensait à un livre qu’il désirait et espérait acquérir, il ne se désolait pas quand les enchères ne lui avaient pas été favorables : il comptait sur le temps et une autre occasion. Pendant plus de soixante ans il a formé une bibliothèque, reflet de ses goûts et de ses études, que nous avons vu successivement occuper boulevard Haussmann, au n° 81, une vaste pièce et une longue galerie ; au n° 83, tout un appartement ; et, finalement, rue Lavoisier, au n° 6 bis, tout un corps de bâtiment. Dans ces cadres divers, nous évoquons les figures d’amis chers, disparus avant le maître du logis : Fernand Bournon [1857-1909, archiviste paléographe, spécialiste de l’histoire de Paris], Jules Cousin [1830-1899, conservateur à la Bibliothèque historique de la ville de Paris], Paul Lacombe [1834-1919, archiviste paléographe, historien], Anatole de Montaiglon [1824-1895, archiviste paléographe, professeur à l’École des chartes], Georges Monval [1845-1910, avocat, archiviste à la Comédie française], Maurice Tourneux [1849-1917, historien]. C’est la mélancolie de la vie ; successivement on voit disparaître ceux que l’on aimait ; puis, après les personnes, les choses. Voici, maintenant, après la mort de M. Mareuse, la dispersion de sa bibliothèque.

Tout d’abord, on remarquait dans cette bibliothèque des classiques grecs et latins que M. Mareuse avait achetés dans sa jeunesse, alors que l’on trouvait encore des éditions des XVIe et XVIIe siècles pour quelques sous ; puis des livres et des cartes de géographie, science dont M. Mareuse s’occupait activement : dans cette division figuraient notamment les cartes d’Etat-Major des divers pays d’Europe. Grand pérégrin, M. Mareuse avait recueilli une importante collection d’Indicateurs de Chemins de fer et de Guides, sans cesse tenue à jour avec l’édition la plus récente. Par attachement au pays natal, M. Mareuse, né à Moy [sic], collectionnait sur la Picardie ; tandis que le séjour qu’il faisait chaque année au château du Dorat, à Bègles, l’avait amené à réunir une importante collection d’ouvrages sur Bordeaux et la Gironde. Enfin, venu jeune à Paris, aimant Paris, M. Mareuse, qui aurait voulu pouvoir signer “ E. Mareuse, parisien ” et faire partie des “ Parisiens de Paris ”, avait réuni sur l’histoire et la topographie de Paris l’une des plus importantes collections formées par un particulier. » (Un Vieux Bibliophile [Pierre Dufay (1864-1942), homme de lettres, ancien bibliothécaire de la ville de Blois (Loir-et-Cher)]. Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse […]. Première partie, p. VI)

Photographie BnF

Le reste de sa bibliothèque fut vendu dans la même Salle Silvestre, du mercredi 29 mai au mercredi 12 juin 1929, en 7 vacations : Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse[…]. Deuxième partie. Histoire de la France et de ses provinces. Histoire de divers pays étrangers. Géographie. – Belles-lettres. – Bibliographie. Publications de Sociétés de bibliophiles (Paris, Lucien Gougy et L. Giraud-Badin, 1929, in-8, [4]-482-[1]-[1 bl.] p., 5.667 [chiffrés 6.761-12.427] + 2 doubles [bis] = 5.669 lots), dont Provinces [976 lots = 17,21 %], France et colonies [155 lots = 2,73 %], Postes-télégraphes [25 lots = 0,44 %], Chemins de fer [60 lots = 1,05 %], Géographie [47 lots = 0,82 %], Cartographie - Atlas [47 lots = 0,82 %], Revues, sociétés, congrès de géographie [18 lots = 0,31 %], Recueils de voyages [30 lots = 0,52 %], Europe [398 lots = 7,02 %], Afrique [20 lots = 0,35 %], Amérique [29 lots = 0,51 %], Asie [22 lots = 0,38 %], Océanie [5 lots = 0,08 %], Histoire ancienne [4 lots = 0,07 %], Histoire de France [1.130 lots = 19,93 %], Histoire d’Allemagne, d’Angleterre, etc. [18 lots = 0,31 %], Dictionnaires historiques, études biographiques [193 lots = 3,40 %], Armorial, généalogies, noblesse, distinctions honorifiques [21 lots = 0,37 %], Numismatique [13 lots = 0,22 %], Histoire des religions, théologie [31 lots = 0,54 %], Sciences [63 lots = 1,11 %], Droit [29 lots = 0,51 %], Économie, commerce, statistique [43 lots = 0,75 %], Philosophie [18 lots = 0,31 %], Sociologie [16 lots = 0,28 %], Œuvres de bienfaisance, médecine, hygiène sociale [19 lots = 0,33 %], Amélioration et protection des animaux, histoire naturelle, sociétés diverses [14 lots = 0,24 %], Belles-Lettres [1.573 lots (« N° 40.785 » = N° 10.785) = 27,74 %], Bibliographie [120 lots = 2,11 %], Bibliophilie [38 lots = 0,67 %], Catalogues de ventes et d’expositions [156 lots = 2,75 %], Cartons, dossiers non classés [29 lots = 0,51 %], Dons et legs [309 lots = 5,45 %].

Marguerite Mareuse (à gauche) et Odette Siko

Le 21 juin 1930, sa fille Marguerite Mareuse (1889-1966) et Odette Siko (1899-1984) furent les premières femmes à prendre le départ des 24 Heures du Mans, dans une Bugatti Type 40.

 


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