Château et hameau de Varey |
Au XVIe siècle, la famille Vicaire habitait au Varey, hameau de Saint-Jean-le-Vieux [Ain], dont les archives antérieures à 1669 sont perdues.
Hameau de Sécheron Pont sur la rivière Le Riez |
Hameau de Sécheron N° 13 : maison Vicaire, détruite en 1842 (Blog Jacques Ruty) |
Au siècle suivant, elle s’installa au hameau voisin de Sécheron, sur la même commune, où ses membres cultivèrent la vigne.
Antoine Vicaire, né à Saint-Jean-le-Vieux le 2 juin 1676, devint commis du greffier des tailles de la paroisse en 1691, se maria le 8 février 1695 et mourut le 11 novembre 1734. Son fils François Vicaire naquit à Saint-Jean-le-Vieux le 30 décembre 1702 et y mourut le 6 mars 1778 ; il se maria à Poncin [Ain] le 8 février 1724.
Vinrent ensuite Claude Vicaire, né à Saint-Jean-le-Vieux, le 19 février 1728, mort au clos de « La Jayette » [18 rue Bir Hakeim], à Jujurieux [Ain], le 16 décembre 1788, qui fut châtelain de Varey, et son frère cadet, Claude-Joseph Vicaire, né à Saint-Jean-le-Vieux, le 12 novembre 1740, qui fut notaire royal à Saint-Vulbas [Ain], où il mourut le 7 mars 1808, après s’être marié à Chavagneux-Montbertrand [Isère] le 30 janvier 1770.
Jean-Baptiste Vicaire, né à Saint-Vulbas le 3 mars 1771, devint greffier de la Justice de paix du canton d’Ambérieu-en-Bugey [Ain], s’y maria, le 30 brumaire An VII [20 novembre 1798], et y mourut, ancien notaire et membre du Conseil général du département de l’Ain, le 4 avril 1857. Son fils Louis-Henri Vicaire devint parisien, provisoirement en 1837-1838, puis définitivement en 1849.
Georges Vicaire |
Ernest-Marie-Georges Vicaire naquit à Paris, 11 rue de l’Isly [VIIIe], le 8 décembre 1853, fils de Louis-Henri Vicaire, alors administrateur général des domaines et forêts de la Couronne, né à Ambérieu-en-Bugey le 4 frimaire An XI [25 novembre 1802], ancien élève de l’École forestière de Nancy [Meurthe-et-Moselle], chevalier de la Légion d’honneur en 1842, officier en 1854, commandeur en 1861, et mort à Paris [VIIIe], directeur général des Forêts, le 16 janvier 1865, et de Marie-Marthe Blais, née à Sauxillanges [Puy-de-Dôme] le 26 août 1817 et décédée à Paris [IXe] le 11 novembre 1875, qui s’étaient mariés à Mâcon [Saône-et-Loire] le 2 février 1835.
Bachelier en 1872 au lycée Saint-Louis, Georges Vicaire suivit les cours de l’École de droit. Dès 1876, il débuta dans des journaux de province [L’Éclaireur de la Somme, Écho de la Somme, L’Abbevillois, La Vie lyonnaise], puis collabora surtout, pendant de nombreuses années, avec Le Petit Moniteur universel et La Petite Presse, publiant des articles sur des sujets divers : politique, beaux-arts, chroniques, fantaisies, bibliographie.
Le 5 juillet 1882, à Saint-Germain-en-Laye [Yvelines], Vicaire, demeurant alors 74 rue de la Tour, à Paris [XVIe], épousa Jeanne-Élisabeth-Marie Gras, née à Saint-Germain-en-Laye le 31 mai 1862, fille de Jean-Marc Gras et de Marie-Catherine Stroobant, qui lui donna : Henriette-Louise-Marie-Marthe, née le 27 décembre 1883, 1 rue de Mantes, à Saint-Germain-en-Laye ; Jean-Marie-Constant, né le 15 avril 1888, 24 bis rue Singer, à Paris [XVIe] ; Marcel-Marie-Émile, né le 29 septembre 1893, et Élisabeth-Marie-Odette-Jeanne, née le 25 septembre 1898, tous deux 6 Villa Scheffer, 51 rue Scheffer, à Paris [XVIe].
Primitivement gravé pour sa collection de publications gastronomiques, l’ex-libris [98 x 78 mm] de Vicaire le représente « en costume de cuisinier, le tablier garni d’un assortiment de couteaux, la broche au côté en guise de flamberge, le livre d’une main, la plume de l’autre, devant une haute et traditionnelle cheminée dans laquelle se prépare un substantiel rôti … bibliographique. » (L. Bouland. « Ex-libris de M. Georges Vicaire ». In Archives de la Société française des collectionneurs d’ex-libris. Paris, 1896, p. 25-26). En bas, à gauche, cette eau-forte est signée « F R Tatt » [Francis Tattegrain (1852-1915)] et porte la mention « ultima » [la dernière] et la date « 1888 ».
Un jour, chez le libraire Pierre-Jean Rouquette (1833-1912), 57 passage Choiseul [IIe], Vicaire fit la connaissance du baron Jérôme Pichon (1812-1896), qui lui ouvrit les portes de sa bibliothèque et le nomma, plus tard, son exécuteur testamentaire.
A la Librairie Leclerc, en 1906 De gauche à droite : Paul Lacombe, Maurice Tourneux, Georges Vicaire, François Courboin, Léon Gruel et Henri Leclerc |
En 1891, Vicaire entra à la Bibliothèque de l’Arsenal, comme conservateur surnuméraire, non rétribué, puis fut nommé attaché, toujours non rétribué, à la Bibliothèque Mazarine.
Institut de France. Collection Spoelberch de Lovenjoul 23 rue du Connétable, Chantilly (août 2018) |
Devenu sous-bibliothécaire à la Mazarine, l’Institut vint le chercher en 1909 pour lui confier les fonctions de conservateur de la collection de manuscrits, autographes, livres, gravures et estampes, que le vicomte Charles de Spoelberch de Lovenjoul (1836-1907) lui avait léguée, à Chantilly [Oise], dans un ancien pensionnat de jeunes filles, une grande maison voisine des Grandes Écuries, 23 rue du Connétable.
« S’il y a peut-être quelque exagération à nommer, comme on l’a fait, les archives littéraires du XIXe siècle une collection qui ne concerne guère que la France et dans la France même quelques-uns seulement de ses écrivains les plus célèbres (Balzac, Gautier, Sainte-Beuve, Musset, George Sand, Mérimée, Augier, Lamennais), il est du moins incontestable que les documents recueillis par M. de Lovenjoul seront fort précieux pour l’histoire de nos écrivains et de leurs œuvres. Il a lui-même, dans quelques livres relatifs surtout à Balzac, montré tout le parti qu’on en pouvait tirer. »
(Bibliothèque de l’École des chartes, 1907, t. 68, p. 680)
De 1914 à 1917, les Vicaire accueillirent un hôpital militaire, appelé « ambulance », dans les locaux de la bibliothèque, après évacuation de la collection avec celles du Musée Condé, localisé dans le château voisin.En 1987, la collection fut rapatriée à la bibliothèque de l’Institut de France, 23 quai de Conti à Paris [VIe], et le bâtiment de Chantilly fut vendu, en appartements, à des particuliers.
Georges Vicaire dans son bureau |
Malade, Georges Vicaire mourut le 4 novembre 1921 dans son cabinet, alors qu’il écrivait une des dernières fiches de l’inventaire de la collection Lovenjoul. Il fut inhumé au cimetière de Montmartre.
Il était membre fondateur de la Société des Bibliophiles contemporains en 1889, directeur du Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire depuis 1896 et membre de la Société des Bibliophiles françois depuis 1901. Cette dernière année, il avait publié une histoire de La Société des Bibliophiles françois, pour les membres de la Société, tirée à 34 exemplaires non mis dans le commerce.
Outre de nombreux articles publiés dans le Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, Vicaire a laissé en particulier :
Roti-Cochon ou Méthode tres-facile pour bien apprendre les enfans a lire en latin & en françois (Paris, Morgand, 1890, pet. in-8, 330 ex.). Réimpression de l’édition de Claude Michard, Dijon [v. 1690], dont il n’existe plus qu’un seul exemplaire à la Bibliothèque de l’Arsenal, pour la Société des Bibliophiles françois. Introduction par Georges Vicaire. Tiré à 30 exemplaires sur gr. pap. de Hollande pour les membres de la Société et 300 ex. sur pet. pap., tous numérotés à la presse ; 220 ex. seulement ont été mis dans le commerce.
Ode à la goinfrerie par le Sieur du Vieuget (Châteaudun, Joseph Pigelet, 1890, pet. in-8, 35 ex.) Réimpression de l’édition de Paris, 1632, pour Georges Vicaire. Tiré à 1 ex. sur pap. rose et 34 ex. sur pap. de Hollande, non mis dans le commerce. Un des 2 vol. de la « Petite collection gourmande ».
Le Brie et le Pont-l’Evesque par Saint-Amant et H. Le Cordier(Châteaudun, Joseph Pigelet, 1890, pet. in-8, 35 ex.) Réimpression de l’édition de Paris, 1629-1662, pour Georges Vicaire. Tiré à 1 ex. sur pap. bleuté et 34 ex. sur pap. de Hollande, non mis dans le commerce. Un des 2 vol. de la « Petite collection gourmande ».
Bibliographie gastronomique par Georges Vicaire (Paris, P. Rouquette et fils, 1890, gr. in-8, fac-similés, 500 ex.). Préface de Paul Ginisty. Tiré à 50 ex. sur pap. de Hollande et à 450 ex. sur pap. vélin.
Bibliographie des publications faites par M. le baron Jérôme Pichon (Paris, Aux dépens de l’auteur, 1892, pet. in-8, 51 ex. H. C.). Tiré à 1 ex. sur parchemin et à 50 ex. numérotés sur pap. vélin, non mis dans le commerce.
Photographie Librairie Le Feu follet |
Photographie BnF |
Le Viandier de Guillaume Tirel dit Taillevent […] par le baron Jérôme Pichon et Georges Vicaire (Paris, Techener, 1892, 2 vol. in-8, 6 planches, 354 ex.). Tiré à 300 ex. sur pap. vélin du Marais de format in-8 et à 50 ex. sur pap. de Hollande de format pet. in-4 ; il a été tiré en outre 1 ex. sur vélin et 3 ex. pet. in-4 sur pap. de Hollande, portant imprimés les noms de leurs possesseurs et non mis dans le commerce.
Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle 1801-1893 […]. Par Georges Vicaire. Préface de Maurice Tourneux (Paris, A. Rouquette, 1894-1920, 8 vol. gr. in-8). Tiré à 50 ex. sur pap. de Hollande et 1.000 ex. sur pap. vélin, tous numérotés à la presse ; il a été tiré en outre 2 ex. sur pap. de couleur, numérotés I et II, non mis dans le commerce.
« En un mot, - et dans ma pensée l’éloge n’est pas mince -, votre Manuel sera pour les écrivains du XIXe siècle ce que le livre de M. Henri Beraldi est pour les graveurs de la même période : le vade mecum indispensable à tous ceux qui, à un point de vue quelconque, voudront se rendre compte de l’effort continu de dix générations successives dans des voies et sous des influences prodigieusement diverses. »
(« Préface », t. I, p. XVIII-XIX)
« En treize ans, de 1893 à 1910, le livre fut achevé ; la table ne parut qu’en 1920. Vicaire, admirable bibliographe, apparaissait, dès lors, comme un investigateur original et comme un précurseur ; c’est à son “ Manuel ” que remonte la vogue, qui bat son plein maintenant, des éditions romantiques ; comme intérêt, comme variété, comme choix, comme scrupule, il égala et dépassa peut-être les Brunet et les Quérard. Par lui s’est débrouillée la confusion de ces éditions originales et de ces impressions et réimpressions si longtemps négligées, dont les rares exemplaires étaient perdus au fond des cabinets de lecture de province. On lui doit la bibliographie de Balzac (un monde), la bibliographie de Stendhal (un casse-tête), la bibliographie de Victor Hugo (un abîme). Il a dirigé les pas de toute la bibliographie moderne. Grâce à lui ont été sauvés des trésors inestimables. »
(Gabriel Hanotaux. « Georges Vicaire ». In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Henri Leclerc, 1922, p. 53-54)
Documents pour servir à l’histoire des libraires de Paris, 1486-1600, publiés par le baron Jérôme Pichon & Georges Vicaire(Paris, Techener, 1895, in-8, 2 pl. en couleurs).
Catalogue des livres précieux composant le cabinet de feu M. le baron Lucien Double (Paris, Techener, 1897, in-8, [3]-[1 bl.]-VI-[1]-[1 bl.]-57-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 166 lots). Préface de Georges Vicaire.
Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baronJérôme Pichon(Paris, Techener, 1897-1898, 3 vol. gr. in-8,[4]-XLVI-[2]-459-[1], [4]-274-[2] et [4]-309-[3] p., 1.875, 1.910 et 2.532 lots). Le 1ervolume contient « Le Baron Jérôme Pichon 1812-1896 » par Georges Vicaire et des tables ; 500 des 2.250 exemplaires ordinaires et 75 ex. de luxe sur papier de Hollande contiennent 11 planches hors-texte, dont le portrait et l’ex-libris du baron Pichon.
Collection du bibliophile parisien. Les Bourbons bibliophiles par Eugène Asse (Paris, Henri Daragon, 1901, in-12, 375 ex.). Avant-propos par Georges Vicaire. Tiré à 10 ex. sur pap. du Japon (A à J), 5 ex. sur pap. de Chine (K à 0), 10 ex. sur pap. de Hollande (P à Y), 350 ex. sur alpha vergé (1 à 350).
Imprimerie de Balzac, rue des Marais Saint-Germain Photographies BnF |
La Jeunesse de Balzac. Balzac imprimeur 1825-1828. Par Gabriel Hanotaux et Georges Vicaire (Paris, A. Ferroud - F. Ferroud, successeur, 1903, in-8, 3 estampes et 2 portraits gravés sur bois par A. Lepère, 350 ex.). Tiré à 60 ex. sur pap. du Japon et à 290 ex. sur pap. vélin d’Arches, tous numérotés.
Les Livres composant le cabinet de M. Eugène v. W*** [von Wassermann] (Bruxelles, 1913, in-4, 58 pl. en noir et en coul., [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]- VII-[1]-239-[2]-[1 bl.] p., 1.198 + 4 doubles [bis] = 1.202 lots). Préface par Georges Vicaire. Tiré à 100 ex. par la Librairie Henri Leclerc, Paris. Catalogue imprimé « ad usum amicorum ».
Le Vicomte de Savigny de Moncorps, de la Société des Bibliophiles françois et de la Société des Amis des livres 1837-1915 (Paris, Henri Leclerc, 1916, in-8, 2 pl.).
Le Figaro, 16 avril 1923 |
La bibliothèque de Georges Vicaire fut dispersée à l’Hôtel Drouot : Bibliothèque de feu M. Georges Vicaire. Première partie [Deuxième partie] (Paris, Henri Leclerc et L. Giraud-Badin, 1922-1923, 2 vol. in-8).