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Antoine-Augustin Renouard, le bibliophile devenu libraire

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En 1781, Antoine-Augustin Renouard, qui avait été baptisé le 21 septembre 1765 en l’église Saint-Sauveur [démolie en 1787], embrassa la profession de son père, fabricant de gazes et d’étoffes de soie à Paris, rue Sainte-Apolline (IIe).




Cimetière du Père Lachaise (23e division)

Il et se mêla, dès ses débuts, au mouvement révolutionnaire, jusqu’à devenir membre de la Société des Amis de la Constitution et publier des Réflexions sur les fabriques nationales et sur celles des gazes en particulier (S.l., s.n., s.d. [1790]), des Idées d’un négociant sur la forme à donner aux tribunaux de commerce (Paris, Desenne, 1790), un Avis aux citoyens qui veulent rester libres (Paris, impr. de Chalon, 1790), un Essai sur les moyens de rendre le reculement des barrières véritablement avantageux au commerce, tant intérieur qu’extérieur (Paris, impr. de Chalon, 1790), qui provoqua la suppression par l’Assemblée nationale de toutes les entraves à la circulation des marchandises, et Le Cri de douleur, ou Nécessité de réformer le tarif proposé par le Comité des impositions, pour les contributions indirectes (1791).

Il devint membre de la Commune de Paris et publia un Coup d’œil sur les monnaies, sur leur administration et sur le ministre des contributions publiques (Paris, Garnery, 1793).



Observations de quelques patriotes (1793) : frontispice


Mais, passionné pour l’art de la typographie, il fut indigné de la décision prise en octobre 1793 de supprimer dans les livres des dépôts littéraires les armoiries et tous les signes de la royauté, préfaces ou dédicaces à des rois comprises, et publia, à ses risques et périls, des Observations de quelques patriotes sur la nécessité de conserver les monuments de la littérature et des arts (Paris, s. n. [P. Didot], an II [1793]), signées également par le libraire Charles Chardin et l’instituteur Jean-Philippe-Victor Charlemagne, dit « Charlemagne fils ». Il les adressa à tous les établissements publics et littéraires de Paris et à la Convention pour chacun de ses membres. Dès le lendemain de leur distribution, une motion d’ordre des députés Anne-Alexandre-Marie Thibaut et Marie-Joseph Chénier appela l’attention de l’Assemblée sur les dégradations commises dans les établissements littéraires par un fanatisme souvent simulé (22 octobre). Renouard adressa alors une lettre au comité d’instruction publique (23 octobre), et le 25 octobre, sur le rapport de Gilbert Romme, fut rendu le Décret qui défend d’enlever ou de détruire les livres, gravures, &c. revêtus de signes de féodalité (Paris, Impr. nationale, an II). Craignant une distribution trop lente de ce décret, Renouard le fit imprimer à ses frais et l’envoya à toutes les bibliothèques publiques, à toutes les administrations départementales et à tous les établissements littéraires qu’il connaissait.


Le 12 janvier 1794, à Paris, ce patriote épousa Anne-Louise-Catherine de Saintes (Londres, 1772-Saint-Valery-sur-Somme, Somme, 7 juin 1858), fille adultérine d’un aristocrate, Charles-Grégoire marquis de Beauchamps (1731-1817), nommé député de la noblesse de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime) aux états généraux de 1789 et émigré à Liège. Après les journées des 9 et 10 thermidor an II (27et 28 juillet 1794), qui entraînèrent la chute de Robespierre, Renouard fut emprisonné momentanément avec la plupart des membres de la Commune de Paris, et c’est pendant qu’il était en prison que naquit son fils aîné ; il fut libéré le 3 décembre 1794.


Le calme revenu, Renouard retourna à sa passion pour l’édition, mais, après la publication de son Catalogue des livres imprimés par J.B. Bodoni (Paris, Renouard, 1795), il redevint momentanément fabricant de gazes, avant de s’installer définitivement libraire :


« Ce petit catalogue étoit une espèce d’adieu que je faisois à la fabrication des livres, pour redonner tous mes soins à une fabrication de tout autre genre, et qui m’avoit occupé dès l’année 1781 ; mais ces belles dispositions ne tinrent guère, et dix-huit mois après je fus libraire pour tout de bon, et pour trop long-temps. » (Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, 1819, t. IV, p. 244)

Son premier catalogue de commerce, en un feuillet in-4, date de 1796. Il poursuivit la publication d’une collection de seize volumes latins et quatre français dans le format in-18, tirés à deux cent soixante-dix exemplaires sur papier vélin et vingt sur papier de Hollande :

Marci Tullii Ciceronis in Catilinam Orationes quatuor (1795, 1 vol.)

Caii Crispi Sallustii Opera (1795, 2 vol.)

Taciti Germania, Agricola (1795, 1 vol.)

M. T. Ciceronis Cato major, seu de Senectute, Somnium Scipionis, Laelius, seu de Amicitia, Paradoxa (1796, 2 tomes en 1 vol.)

C. Plinii Caecili Secundi Panegyricus Trajano Augusto dictus (1796, 1 vol.)

Apuleii Metamorphoseon libri undecim (1796, 3 vol.)

Psyches et Cupidinis Amores ex Apuleii Metamorphoseon libris excerpti (1796, 1 vol., 90 exemplaires seulement)

Eutropius, Sextus Rufus (1796, 2 vol.)
Cornelii Nepotis Vitae excellentium imperatorum (1796, 2 vol.)

Discours sur l’Histoire universelle par M. Bossuet (1796, 4 vol.)

Petronii Satyricon, cum fragmentis Petronianis et glossario (1797, 2 vol.)


« Bien exécutées et très correctes, ces éditions ont un défaut capital, qui tient au goût du temps où elles furent imprimées, c’est que les volumes sont trop minces, et surtout les pages trop peu pleines. [...] Le volume des Catilinaires se trouvant très fautif, parce que Bailly, prote de l’imprimerie de Didot le jeune, s’étoit permis de mettre sous presse sans vérifier si mes corrections avoient été exécutées, je pris le parti de sacrifier ce volume à vil prix, avec un titre Amstelaedami, 1794, et de le recommencer, en y ajoutant Porcii Latronis in Catilinam Declamatio. Ce qui fait que ce volume se trouve quelquefois en double dans cette collection. » (Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, 1819, t. II, p. 82)





Renouard déménagea en 1798 du n° 25 de la rue Apolline au n° 55 de la rue Saint-André-des-Arts (VIe), dans l’hôtel de Villayer [aujourd’hui n° 47].



Ex-libris


Toutes ses éditions portent, à l’exemple des Alde, la marque d’une « Ancre surmontée du coq, symbole de la vigilance qui présidait à ces éditions, et de la confiance qu’on pouvait avoir dans les textes ». Elles sont remarquables non seulement par leur correction et leur élégance, mais aussi par leurs gravures réalisées par Jean-Michel Moreau (1741-1814), Alexandre-Joseph Desenne (1785-1827), Pierre-Paul Prud’hon (1758-1823) et Augustin de Saint-Aubin (1736-1807). On lui doit en particulier : Œuvres de Salomon Gessner (1795, 4 vol. ; édition imprimée par Pierre Causse, à Dijon), Les Provinciales, ou Lettres de Louis de Montalte, par B. Pascal (1803, 2 vol. ; sort des presses de Louis-Nicolas Frantin, à Dijon), Les Pensées de Blaise Pascal (1803, 2 vol.), Œuvres complètes de Berquin, nouvelle édition, rangée dans un meilleur ordre (1803, 17 tomes en 24 vol.), Cours de morale, Opuscules en vers et en prose et Théâtre (1804, 2 vol.), Les Souvenirs de madame de Caylus (1804), Mémoires du duc de La Rochefoucauld (1804-1817, 2 vol. ; la première partie publiée pour la première fois en 1817, a été tirée à bien moindre nombre que l’autre volume), Morceaux choisis de Buffon (1807), Stanze del poeta Sciarra Fiorentino (1809 ; édition de fantaisie tirée à 12 exemplaires), Œuvres de Massillon (1810, 13 vol.).

Ayant déserté à la veille de la bataille de Wagram, l’officier d’artillerie Paul-Louis Courier (1772-1825), helléniste fort habile, prit la route de l’Italie et arriva à Florence le 4 novembre 1809. Dès le lendemain, il se rendit à la Bibliothèque Laurentienne, construite dans le cloître de l’église San-Lorenzo, pour examiner avec soin un manuscrit de l’hypothétique Longus, Daphnis et Chloé, qu’il n’avait que feuilleté l’année précédente. Il le trouva complet, et les jours suivants il en copia environ dix pages du premier livre, qu’il savait manquer dans tous les manuscrits connus et dans toutes les éditions existantes.



Oeuvres complètes de P. L. Courier (Paris, Firmin Didot, 1837, p. 444)


La copie était terminée, lorsque, par malheur, il fit sur une des pages du morceau inédit une tache d’encre qui couvrait une vingtaine de mots. Pour calmer le bibliothécaire, Francesco del Furia, il lui remit le certificat suivant : « Ce morceau de papier, posé par mégarde dans le manuscrit pour servir de marque, s’est trouvé taché d’encre : la faute en est toute à moi, qui ai fait cette étourderie ; en foi de quoi j’ai signé. Courier. Florence, le 10 novembre 1809. »

Le surlendemain, Renouard, qui se trouvait alors à Florence, et qui s’intéressait à la découverte de ce fragment, comptant le publier lui-même, se rendit à la bibliothèque où le bibliothécaire lui présenta le manuscrit : il réussit à décoller la feuille souillée d’encre qui y était encore attachée.

Tandis que Renouard attendait le fragment inédit et sa traduction pour les publier à Paris, Courier changea d’avis, soupçonnant Francesco del Furia de s’attribuer sa découverte, et résolut de donner lui-même une édition de la traduction d’Amyot, retouchée et complétée, et une autre du texte grec : Daphnis et Chloé, traduction complète d’après le manuscript de l’abaye de Florence (Florence, impr. Piatti, 1810, 60 ex. numérotés) et Longi Pastoralium libri IV, graece (Rome, 1810, 52 ex. numérotés ; les pages 189-192, contenant des corrections et imprimées après coup, manquent souvent).

Averti par ses amis de Paris qu’on se proposait de sévir contre lui-même, Courier sentit enfin la nécessité de se défendre, et adressa à Renouard, le 20 septembre 1810, une lettre où se manifestèrent pour la première fois ses qualités de pamphlétaire.


La loi du 25 mars 1817 dispensa des droits de timbre les annonces, prospectus et catalogues de librairie, qui y étaient assujettis par une loi du 6 prairial an VII. La suppression de cet impôt fut provoquée par une brochure publiée par Renouard, et qui avait pour titre : L’Impôt du timbre sur les catalogues de librairie, ruineux pour les libraires, et arithmétiquement onéreux au trésor public (Paris, Renouard, 1816).





En 1821, Renouard s’installa au 6 rue de Tournon (VIe), dans l’hôtel de Brancas, acheté au libraire Martin Bossange (1766-1865). Il aménagea sa riche bibliothèque dans l’ancienne orangerie.


Breveté libraire depuis 1812, Renouard se retira des affaires et remit la direction de sa maison de librairie à son fils Jules en 1826. Après la révolution de 1830, Renouard fut maire du XIe arrondissement [aujourd’hui VIe] avant de se retirer en 1834 à l’abbaye de Saint-Valery-sur-Somme (Somme), qu’il avait achetée  à un cousin.




C’est dans les anciens bâtiments de l’abbaye que le bibliophile a passé les dernières années de sa vie au milieu de sa magnifique bibliothèque.

Jules Renouard se distingua par un très grand nombre de publications importantes, notamment : Abrégé de géographie (1833), par Adrien Balbi, Atlas historique et chronologique des littératures anciennes et modernes, des sciences et des beaux-arts (1827-29), par Adrien Jarry de Mancy, Histoire des peintres de toutes les écoles (1849-1855), par Charles Blanc, illustrée de magnifiques gravures sur bois. Jules-Romain Tardieu (1805-1868), qui était entré comme commis en 1822 dans la maison de Renouard, devint l’ami puis l’associé de Jules Renouard en 1837. 




Le Bibliophile français. Paris, Bachelin-Deflorenne, 1868, t. II, p. 60


Renouard avait été amené à l’édition et à la bibliographie par la bibliophilie :

« Ma bibliothèque fut commencée en 1778 avec le premier écu que me donna mon père et dont je fis usage pour acheter un Horace ; j’avais alors treize ans. »


Acheté en mai 1783, le Manuel d’Épictète trad. par Mr. Dacier, avec une préface de Mr. Louis Dutens (Paris, Didot aîné, 1775, in-18, mar. vert, tabis, dent., tr. dor., rel. Derome) fut le premier livre imprimé sur vélin qui soit entré dans sa bibliothèque :


« C’étoit bien un peu de luxe, pour un jeune homme de dix-sept ans ; mais aussi toutes mes petites économies s’employoient à l’acquisition de livres. Parties de plaisir, recherches de toilette, tout étoit sacrifié à ma chère bibliothéque ; et d’ailleurs un commerce actif et brillant permettoient alors des dépenses que de bien rudes années ont depuis remplacées par de longues et pénibles privations. C’est dans ma première jeunesse que j’ai le plus facilement dépensé pour mes livres. » [sic] (Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, 1819, t. I, p. 210-211)


Il raconta sa participation à la vente Soubise de 1788 :


« Jeune homme, peu maître de mon temps, et ne pouvant que rarement assister à la vente de Soubise, je chargeai ce M. Leclerc [« fort honnête libraire, et assez instruit, mais il avoit les beaux livres en horreur »]  de quelques commissions. Un beau jour, au lieu d’un exemplaire réglé, à riche et antique reliure, du Nouveau Testament grec d’Estienne, 1549, il m’achète un double de la même édition, mais de l’espèce de ceux qui restent invendus en étalage sur les quais ; et il me dit en me le remettant : “Je n’ai pas eu l’autre, mais c’est toujours la même écriture.” Il n’y avoit  la dedans ni ironie, ni persiflage : le bon-homme pensoit ainsi et agissoit en conséquence. » [sic] (Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, 1819, t. IV, p. 257-258)


La première acquisition importante que fit Renouard fut celle des éditions aldines du cardinal de Loménie-Brienne, en février 1794, que le libraire Gian Claudio Molini (1724-1812), rue du Jardinet (VIe), venait d’acquérir. En 1801, Richard-François-Philippe Brunck, ancien commissaire des guerres et receveur des finances, lui proposa l’acquisition d’une partie de sa bibliothèque. En 1809, Renouard fut présent, à Paris, à la vente de Carlos-Antonio de La Serna Santander, conservateur de la bibliothèque de Bruxelles.


« des voyages multipliés dans les diverses parties de l’Europe [Londres en 1792, 1813 et 1816 ; Italie en 1800 et 1809 ; Leipzig en 1801 ; Anvers en 1817], une correspondance active, et [...] mon attention continuellement dirigée vers cet objet de prédilection, voilà la baguette qui a rassemblé toutes ces merveilles bibliographiques. » (Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, 1819, t. I, p. x-xj)


Pour les reliures, Renouard avait employé Derome dans sa première jeunesse. Il se servit plus tard de Pierre-Joseh Bisiaux, rue du Foin-Saint-Jacques, l’ancien relieur de Madame du Barry, et de Alexis-Pierre Bradel, dit « l’aîné », successeur de Derome. Depuis, il s’adressa aux plus habiles relieurs de l’époque, tels que Bozerian, Simier, Thouvenin, Purgold, et Bauzonnet.





Il réunit donc un remarquable ensemble de beaux livres et fit une première vente de livres avec un Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. R. (Paris, Renouard, XIII-1804, in-8, viij-215-[1 bl.] p., 1.808 lots) ; la vente, en 23 vacations, du lundi 28 brumaire au vendredi 23 frimaire an XIII [19 novembre au 14 décembre 1804], produisit 48.818 francs. Il récidiva sept ans plus tard, avec un Catalogue des livres rares et précieux de M*** (Paris, Renouard, 1811).

 « En 1804, je fis faire une vente publique d’une partie de ma Bibliothèque, parce que véritablement j’avois trop de livres, et surtout de certains grands ouvrages dont je finissois par me soucier fort peu. » (Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, 1819, t. III, p. 78)

« Il est bien difficile de former une bibliothèque sans avoir de temps en temps à en écarter plus ou moins de volumes. Ces deux ventes [1804 et 1811] se composèrent donc et d’exemplaires remplacés par d’autres plus beaux, ou par des éditions meilleures, et aussi de livres dont je me suis défait pour ne pas augmenter indéfiniment et indiscrètement mes collections. » (Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, 1819, t. IV, p. 263)





Renouard constitua une nouvelle bibliothèque dont il établit un catalogue particulièrement soigné : Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, avec notes bibliographiques, critiques et littéraires (Paris, Renouard, 1819, 4 tomes en 4 vol.) :

Tome I. Théologie, jurisprudence, sciences et arts : [4]-xx-360 p.

Tome II. Belles-lettres – Première partie : [2]-354 p.

Tome III. Belles-lettres – Seconde partie : [4]-348 p.

Tome IV. Histoire : [2]-407-[1 bl.] p., se terminant par : « Livres imprimés dans le xve siècle, qui se trouvent dans cette bibliothèque » (p. 297-307), « Editions aldines qui ne sont point dans cette bibliothèque » (p. 308-312), « Liste des livres imprimés sur vélin » (p. 313-321), « Notice des dessins, avec l’indication des ouvrages dans lesquels ils sont placés » (p. 322-332), « Table alphabétique des noms des auteurs et titres des ouvrages anonymes » (p. 333-401), [1 bl.],  « Errata » (p. 403-404) et une « Table des divisions contenues dans ce volume » (p. 405-407).  


« Ce n’est, que l’on me permette cette expression, rien qu’un livre de fantaisie, et sans prétentions, une série d’intitulés formée par un ami des lettres, d’abord et surtout pour le bon ordre de sa bibliothèque » (Catalogue de la bibliothèque d’un amateur, 1819, t. I, p. vij).


Son collègue Jacques-Charles Brunet le jugea alors un peu sévèrement : « peut-être s’aperçoit-on trop, en le lisant, que l’auteur a voulu prouver qu’il savait faire toute autre chose que de la bibliographie. » 


Charles Nodier (1780-1844) ne fut pas plus tendre dans son article publié dans le Journal des débats politiques et littéraires du 15 août 1819 : « Je n’essaierai pas de dissimuler que le Catalogue de M. Renouard est dans son ensemble un monument de bibliomanie, et que cette manie qui est la plus excusable, et peut-être la plus aimable de toutes, n’en est pas moins une manie. Je conviens que j’ai peine à m’expliquer à moi-même le motif qui peut déterminer un amateur à amasser les unes sur les autres dix-huit éditions des Canons du Concile de Trente et dix-sept de son Catéchisme. »


Renouard vendit une partie de tous ces livres en 1820, en 1821 et en 1825.



La vente de sa série aldine eut lieu à Londres, en 4 vacations, le 26 juin 1828 et les trois jours suivants, et a produit £ 2.704. 1 s. [env. 60.000 fr.] : Bibliotheca Aldina. An extensive and extraordinary assemblage of the productions of the aldine press, the property of M. Renouard (London, R. H. Evans, 1828, in-8, [2]-42 p., 1.028 lots).

Deux autres ventes eurent lieu à Londres :



- le 26 avril 1830 et les 4 jours suivants : Catalogue of a very select portion of the choice and valuable library of M. Renouard (London, R. H. Evans, 1830, in-8, [3]-[1 bl.]-52 p., 1.091 lots).  


Annonce de la vente Renouard
In Catalogue of the splendid, choice and curious library of P. A. Hanrott, esq. Part the third
(London, R. H. Evans, 1834)


- le 23 juin 1834 et les 6 jours suivants : Catalogue of a distinguished portion of the choice, curious and splendid library of Monsieur Renouard(London, R. H. Evans, 1834, in-8, 86 p.).  


Ses éditions elzéviriennes furent vendues à Paris, en 1829 : Catalogue d’éditions elzéviriennes et autres bons livres dépendant de la bibliothèque de M. A. A. R. (Paris, Merlin, 1829, in-8, 9 feuilles).




Il renfloua sans cesse sa bibliothèque, dont il donna le dernier état en 1853, à la veille de son décès : Catalogue d’une précieuse collection de livres, manuscrits, autographes, dessins et gravurescomposant actuellement la bibliothèque de M. A. A. R.  (Paris, Jules Renouard et Cie, 1853, in-8, [4]-IV-420 p.,  3.604 lots), avec une « Nomenclature abrégée des ouvrages imprimés sur vélin », une « Table des noms des auteurs » et une « Table des divisions » ; il « a voulu que ces livres se présentassent un jour devant le public accompagnés de la recommandation authentique de celui qui les a le mieux connus. » (p. II).
Étant mort peu après, cette bibliothèque fut vendue à Paris, en 25 vacations, du lundi 21 novembre au lundi 18 décembre 1854 : la vente produisit 203.600 francs.



Le catalogue avait fait l’objet d’une seconde édition augmentée d’une « Préface » et d’un « Supplément » de 96 lots (p. 369-377) à l’occasion de cette vente. Catalogue d’une précieuse collection de livres, manuscrits, autographes, dessins et gravurescomposant la bibliothèque de feu M. Antoine-Augustin Renouard  (Paris, L. Potier et Jules Renouard et Cie, Londres, Barthès et Lowel, 1854, in-8, XXXII-430 p.,  3.700 lots) :

« Les raretés de toute espèce abondent dans la collection de M. Renouard. On y remarque plusieurs manuscrits précieux […] ; de brillants spécimens de l’art typographique […] ; un choix d’exemplaires hors ligne des plus beaux Elseviers ; des livres rares dans les classes de la vieille poésie française, des romans et de l’histoire de France du xvie siècle ; une réunion tellement considérable de livres imprimés sur vélin, qu’on a cru devoir en donner la liste à la fin du Catalogue.
[…] Les littératures ancienne et moderne y sont représentées par les plus belles et les meilleures éditions, entre lesquelles on ne s’étonnera pas de voir au premier rang celles que M. Renouard a données comme éditeur. […] il n’a voulu admettre dans sa collection que des exemplaires sur papier supérieur, tirés à petit nombre, choisis avec soin entre plusieurs, et ornés avec profusion, mais toutefois avec goût, de nombreux portraits et gravures avant la lettre, et en outre d’une multitude (c’est le mot) de dessins originaux des meilleurs artistes […]. (p. XI-XII)

4. Biblia sacra vulgatae editionis. Romae, ex typographia apostolica Vaticana, 1590, in-fol., charta magna, v. f. dent. tr. dor. Aux armes du pape Pie VII. Bible dite « de Sixte-Quint ». 2.650 fr. à J. Towey, vivement disputé par Boone, tous deux libraires à Londres.
5. Biblia sacra latina. Coloniae Agrippinae, Bernardus Gualterus, 1630, pet. In-8, mar. r., fermoirs et coins en or émaillé. Rel. pointillée, à compart., tranche à fleurs, un des chefs-d’œuvre de Le Gascon. 1.305 fr. à Potier.
14. Le Nouveau Testament en latin et en françois, traduit par Le Maistre de Sacy. Paris, Didot jeune, 1793, 5 vol. in-4, grand pap. vélin, mar. vert, tabis. Joints, les 112 dessins originaux de Moreau le jeune. 1.640 fr. à Potier.



28. Ars memorandi. In-fol., mar. fauve, tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Fig. coloriées dans le temps. 2.750 fr. à Techener.
50. Preces piae. In-4, chagrin noir, fermoir de vermeil. Manuscrit sur vélin. 10.350 fr. à J. de Rothschild.
64 bis. D. Aurelii Augustini libri XIII confessionum. Lugduni, Dan. Elzev., 1675, in-12, papier fin, mar. bl., fil., tr. dor., très grandes marges (137 mm.). Ex. de Longepierre. 495 fr. à Potier.




120. Ars moriendi. Pet. in-fol., mar. fauve, fig. (Bauzonnet-Trautz). 1.050 fr. à Boone.
171. Il Catechismo, di Bernardino Ochino da Siena. In Basilea, 1561, in-8, mar. vert, fil., tr. dor.,  tabis (Derome). Acheté par Renouard en 1791. Ex. de Montaigne, avec sa signature au titre, qui en fit présent à Charron. 200 fr. Aujourd’hui à la B.n.F.
269. Nova Compilatio decretalium Gregorii noni cum glossa. Moguntiae, Petrum Schoiffer, 1473, gr. In-fol., v. br. Sur vélin, 5 petites miniatures. 805 fr. à Boone.



284. Omnia Platonis opera. Graece. Venetiis, in aedibus Aldi et Andreae Soceri, 1513, in-fol., vieux mar. Précieux volume, quoiqu’il lui manqué le dernier feuillet. Bien conservé et de très grandes marges, il porte sur son titre, en deux lignes, la signature de Rabelais. Sur onze feuillets, outre le titre, sont des notules, pareillement de l’écriture de Rabelais. 550 fr.

« L’exemplaire qui nous occupe se trouvait, au commencement du siècle dernier, dans la bibliothèque du prince Lebrun, duc de Plaisance [Charles-François Lebrun (1739-1824)]. Il figura, relié en veau brun, sous le n° 156 du catalogue de cette bibliothèque, lorsqu’elle fut vendue, en novembre 1824. Il ne comprenait que la première partie de l’édition aldine. Le volume fut adjugé à M. Renouard au prix de 83 fr. Ce dernier en détacha le frontispice, qui portait la mention autographe mise par Rabelais : “ Francisci Rabelesi medici σπουδαιοτάτου καί τών αύτού φίλων χριστϊανών ” et il l’adapta à un exemplaire des deux parties de la même édition [Renouard créa donc une fausse provenance, sans troubler « ses habitudes de conscience scrupuleuse »], relié en vieux maroquin, qu’il possédait, et où se trouvaient, sur onze feuillets, des notules manuscrites d’une ancienne écriture qui n’était pas celle de Rabelais. C’est ainsi, remarque Brunet [Manuel du libraire, 1863, t. IV, col. 694-695], que la première partie, reliée en veau brun, annoncée dans le catalogue du prince Lebrun, est devenue, sous le n° 284 de celui de M. Renouard, un exemplaire complet (sauf le dernier f.), relié en vieux maroquin, et qui, “ au moyen d’une note adroitement conçue ”, a pu être porté à 550 fr. »
(Abel Lefranc. « Le Platon de Rabelais ». In Bulletin du bibliophile. Paris, Henri Leclerc, 1901, N° 3-15 Mars,  p. 106)

358.Manuel d’Épictète, trad. par M. Dacier, avec une préface de M. Louis Dutens. Paris, Didot aîné, 1775, in-18, mar. vert, tabis, dent., tr. dor. (Derome). Son premier livre impr. sur vélin. 49 fr.




529. Histoire naturelle des perroquets, par François Levaillant. Paris, Levrault, 1801, 2 vol. in-fol., gr. pap. vél. relié à dos de mar. r. non r. Dix ex. seulement ont été tirés de ce grand format. 100 fr.
658. Le Musée françois, ou Recueil des tableaux, statues et bas-reliefs qui composent la Collection nationale. Paris, 1803-1809. 4 t. en 5 vol. gr. in-fol., pap. vél., rel. à dos de cuir de Russie, non r. Ex. avant la lettre. 1.800 fr.
670.Œuvre de Callot. 737 estampes en 1 vol. de fort papier blanc, grandeur d’atlas. 660 fr. au baron de Salis.
877. M. Tullii orationes. Venetiis, Christophorus Valdarfer, 1471, in-fol., sur vélin, veau fauve ancien richement travaillé, compart., fermoirs en cuivre. 9.000 fr. à Boone.
1.057. Lucretius. Venetiis, in aedibus Aldi et Andreae soceri, 1515, in-8, mar. r., tr. dor. Ex. de Grolier. Dos refait. 200 fr.

« Renouard est un des bibliophiles français qui ont possédé le plus grand nombre de ces livres [de Grolier] : dans le catalogue de sa bibliothèque, j’en ai compté jusqu’à seize, dont deux manuscrits ; et ce ne sont pas les seuls qu’il ait eus aux différentes époques de sa vie. Dans le catalogue de vente de sa bibliothèque, vente faite après sa mort en 1854, on ne trouve plus que trois volumes à la reliure de Grolier : Lucrèce, Virgile, Erasme ; les deux derniers dans un état parfait de conservation. »
(Le Roux de Lincy. Recherches sur Jean Grolier. Paris, L. Potier, 1866, p. 167)

1.072. Virgilius. Venetiis, in aedibus Aldi et Andreae soceri, 1527, in-8, mar. jaune, riches compart., tr. dor. Ex. de Grolier. 1.600 fr. à Solar.




1.280. Les Œuvres de Pierre de Ronsard. Paris, 1609, in-fol., gr. pap., mar. vert. Armes de De Thou. 680 fr. à Solar.
1.314. Les Contes de La Fontaine. Amsterdam [Paris, Barbou], 1762, 2 t. en 4 vol. in-8, mar. bl., tabis, non r. (Lefèvre). Ed. des fermiers généraux. Ex. unique contenant les premières épreuves, toutes les planches doubles, les eaux-fortes, 16 dessins d’Eisen, etc. 1.100 fr.
1.389. Fables, ou Allégories philosophiques, par Dorat. Paris, 1772, 4 vol. in-8, pap. de Holl., mar. bl. moire. 1.400 fr.
1.532. Dessins de Moreau, pour Molière. 1 vol. pet. in-4 de pap. blanc, à dos de mar. r. 30 pièces avec leurs gravures correspondantes et 4 crayons du portrait de Molière par Saint-Aubin. Chef-d’œuvre de Moreau. 1.105 fr.
2.013. Le Temple de Gnide. Paris, Didot, 1796, in-4, pap. vél., fig., rel. en vélin, moire, étui mar. bl. doublé de tabis. Sur chaque côté de la couverture en vélin blanc, doublée de moire, est un dessin de Moreau. 260 fr.  
2.180. Le Grand Roy de Gargantua. Lyon, v. 1532, pet. in-4, goth., mar. violet, dent. tr. dor. (Thouvenin). Seul connu. 1.825 fr. à la Bibliothèque impériale.
2.305. Erasmi Roterodami adagia. Venetiis, in aedibus Aldi et Andreae soceri, 1520, in-fol., mar. bl., compart., tr. dor. Ex. de Grolier. 1.720 fr.
2.687. Histoire du clergé séculier et régulier, des ordres religieux, de Schoonebeek, etc. Amsterdam, Pierre Brunet, 1716, 4 vol. in-8, fig., gr. pap., mar. r., fil., tr. dor. (Rel. Derome jeune, 1763). Ex. de Bonnemet et de La Vallière. 300 fr.
2.770. Sallustius. Venetiis, Aldus, 1509, in-8, mar. ancien, compart. à la Grolier. Signatures de Henri IV (Henry de Bourbon) et de l’abbé Hédelin au titre. 80 fr.
2.838. Guillaume Postel. La Loy salique. Paris, 1552. – L’Histoire mémorable des expéditions depuys le déluge faictes par les Gaulois. Paris, Sébastian Nivelle, 1552. In-12, v. f. dans un étui de mar. r. doublé de tabis. Aux armes du comte d’Hoym. 111 fr.
2.973. Recueil de Mazarinades. 4.066 pièces en 86 paquets in-4. Collection la plus complète qui existe peut-être, commencée par Secousse et continuée par La Vallière. 1.590 fr.
3.079. Le Livre des statuts et ordonances de l’Ordre Sainct Michel (Paris, v. 1550). In-4, veau fauve, compart., tr. dor. Sur vélin. Aux armes et au chiffre de Henri II. 120 fr.

Armes de Gabriel Bernard de Rieux (1687-1745)
3.592. Dictionnaire historique et critique par P. Bayle. 3eéd., Rotterdam, 1720, 4 vol. in-fol., mar. citr., larges dent., tr. dor. Aux armes du président Bernard de Rieux, fils de Samuel Bernard. 401 fr.     

Une partie de ces beaux livres fut acquise par le duc d’Aumale. Suivit, le 21 juin 1855, à la même Maison Silvestre, la vente sur Catalogue de lettres autographes provenant du cabinet de feu M. Antoine-Augustin Renouard (Paris, L. Potier, 1855, in-8, 90 p., 754 lots).


Renouard avait dirigé également quelques ventes de bibliothèques privées : sa première vente, celle de Detune, libraire à La Haye, Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de feu M. D… (Paris, Renouard, 1806) ;


celle de Lamy, libraire à Paris, Catalogue des livres manuscrits et imprimés, des peintures et estampes du cabinet de M. L… (Paris, Renouard, 1807) ;


celle de Eugène de Cyvert, Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. Eugène de C... (Paris, Renouard, 1808).


Renouard fut encore un bibliographe érudit : après son Catalogue des livres imprimés par J.B. Bodoni (Paris, Renouard, 1795), il publia :



Annales de l'imprimerie des Alde (Paris, J. Renouard, 1834, 3e éd.) : frontispice


Annales de l’imprimerie des Alde, ou Histoire des trois Manuce et de leurs éditions (Paris, Renouard, XII-1803, 2 vol.) ; Supplément (ibid., 1812) ; Seconde édition (ibid., 1825, 3 vol.) ; Troisième édition (Paris, Jules Renouard, 1834 ; 350 exemplaires in-8 et 30 exemplaires in-4), qui a reçu de nouvelles améliorations et additions, surtout pour la « Notice sur la famille des Junte ».




Robert [I] Estienne
(Annales de l'imprimerie des Estienne. Paris, J. Renouard, 1837, p. 24*)

Annales de l’imprimerie des Estienne, ou Histoire de la famille des Estienne et de ses éditions (Première partie : Paris, Jules Renouard, 1837 ; Seconde  partie : Paris, Jules Renouard et Cie, 1838 ; 3 exemplaires grand in-4). À la fin de la seconde partie se trouve une « Note sur Laurent Coster » qui avait déjà paru moins complète dans le Catalogue de la bibliothèque d’un amateur de 1819 (t. II, p. 152-158) ; de cette même note on avait tiré quelques exemplaires à part sous la date de Paris, Crapelet, 1818. La Revue des deux mondes concluait alors :

« Le nom de M. Renouard doit être désormais associé, dans l’histoire littéraire, au souvenir de nos grands et célèbres imprimeurs, et on peut dignement l’inscrire à côté des Debure et des Van Praët, dans cette science bibliographique qu’ont renouvelée et étendue les excellens [sic] travaux de M. Brunet. »

Pour la liste des éditions des Estienne, la Deuxième édition (Paris, Jules Renouard et Cie, 1843, in-8 ; 16 exemplaires in-4) laisse encore beaucoup à désirer.


Antoine-Augustin Renouard mourut au bord de la mer, dans son abbaye, le 15 décembre 1853, dans sa 89e année.

Son fils et successeur Jules Renouard (Paris, 13 février 1798-20 février 1854) fut l’un des fondateurs du Cercle de la librairie et de la Société formée pour la défense de la propriété littéraire et artistique ; il était juge au tribunal de commerce et chevalier de la Légion d’honneur quand la mort le frappa prématurément. Sa veuve, Amélie Talabot (Limoges, Haute-Vienne, 28 octobre 1810-Chamberet, Corrèze, 21 janvier 1869), sa seconde épouse depuis 1837, lui succéda ; Jules Tardieu la seconda pendant quelques temps avant de fonder lui-même un autre établissement en 1856.







Les Hédouin de Pons-Ludon, bibliophiles rémois

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D’une famille alliée aux Colbert, Joseph-Antoine Hédouin de Pons-Ludon (Reims, Marne, 5 février 1739-27 octobre 1817), du nom d’un pré situé entre Reims et Cormontreuil (Marne) qui avait appartenu à son grand-père maternel, signait « Hédoin », du nom du séducteur d’une fille de Charlemagne assassiné sur ordre de Louis le Débonnaire : le jeune Joseph-Antoine avait lu cette anecdote dans l’Histoire de France de l’abbé Velly (Paris, Desaint et Saillant, 1755, t. II, p. 2) et avait tellement admiré le bonheur d’ « Hédoin », amant favorisé d’une fille de Charlemagne, qu’il retrancha la voyelle « u » de son nom, pour devenir l’homonyme du seigneur carolingien. Mais cet acte d’originalité ne fut imité par aucun des membres de sa famille, qui ont toujours signé « Hédouin ».   





Né dans une maison située au coin de la rue de la Clef et de la rue de l’Ermitage, sur la paroisse Saint-Pierre, Joseph-Antoine avait fait des études au Collège des Bons-Enfants, puis s’était engagé dans les gendarmes de la garde ordinaire du Roi. Il eut ensuite une vie militaire assez intense, allant jusqu’à Saint-Domingue avec un régiment de volontaires américains : il servit sur mer en 1757 sous le capitaine François Thurot (1727-1760), corsaire qui troublait le commerce anglais dans la Manche ; il se trouva à la bataille de Crévelt (Rhénanie) en 1758 comme officier dans le régiment d’Eu ; il devint aide-major en 1763 dans le régiment de Bourges, ville où il resta trois ans ; en 1771, il fut nommé lieutenant dans le régiment provincial de Champagne. Il rentrait quelquefois au pays, où il possédait des vignes à Thil (Marne) et à Cormicy (Marne) et une maison à Reims, 4 rue Saint-Hilaire, juste avant son débouché sur la rue de l’Échauderie :


Plan Legendre (1769)

c’était une petite maison à deux niveaux du xvie siècle, à l’architecture intéressante mais vétuste, dont les étroites fenêtres sans rideaux étaient ornées de sculptures gothiques lépreuses.



Là, entouré de ses livres, il lisait les gazettes et écrivait.




Un jour de 1763, il commanda un ex-libris au Rémois Simon-Nicolas Varlet de Semeuze (1738-1804) : un écusson écartelé aux armes de cinq familles rémoises, dont les Colbert et les Rogier, surmonté d’une couronne de marquis, accompagné sur les côtés d’attributs guerriers avec palmes et branche de chêne, et posé sur le titre « EX LIBRIS HEDOUIN ». Il publia anonymement deux textes qui ne passèrent pas inaperçus : en 1766, un placard intitulé Livres nouveaux, qu’il avait fait imprimer sur deux colonnes à Tournai, qui attaquait des personnalités honorablement connues en leur attribuant des titres diffamatoires ; en 1768, un Essai sur les grands hommes d’une partie de la Champagne, daté d’Amsterdam mais imprimé à Reims, qui raillait les origines de certaines familles. À cette époque, il lui était arrivé de déambuler parmi des cruches qu’il avait fait placer devant l’Hôtel de Ville et de répondre aux interrogations des passants : « Je ma promène dans le Conseil de Ville ».


Revenu définitivement à Reims après une destitution en 1773 qu’il ne cessa de juger arbitraire, il multiplia ses interventions contre les abus de pouvoir et finit par être incarcéré, à deux reprises, au château de Ham (Somme). Pendant son séjour dans cette prison, son cousin Jean-Baptiste-Antoine Hédouin (1749-1802), chanoine régulier de l’abbaye de Prémontré, publia anonymement Esprit de Guillaume-Thomas Raynal (Londres, 1782, 2 vol.), qui fut aussitôt saisi et le libraire menacé de la Bastille s’il ne nommait l’auteur. Celui-ci alla voir son parent à Ham et l’engagea à s’avouer l’auteur du livre incriminé, ce que Joseph-Antoine accepta : il envoya une déclaration au censeur de la police et garda le secret jusqu’à la mort de son cousin.   

En 1778, il avait acheté la charge de Conseiller du Roi, son rapporteur du point d’honneur au tribunal des maréchaux de France au bailliage d’Épernay (Marne). Il épousa dans cette ville, le 11 avril 1780, Marie-Françoise-Clémentine Malavois, fille fortunée d’un Conseiller du Roy, lieutenant particulier au dit bailliage, descendant d’un héros de la septième croisade (1248-1254), qui possédait une maison à Épernay et des vignes à Ay (Marne)  et à Mareuil-sur-Ay (Marne) .

Après la Révolution, Joseph-Antoine se fit remarquer par son dévouement lors des massacres de septembre 1792 à Reims – sauvant du massacre, au péril de ses jours, une mère de famille –, ainsi que par sa participation sans succès à plusieurs élections et par le renouvellement périodique de ses réclamations d’ « officier spolié en 1773 ». Il fut arrêté en 1794 sur ordre du Conventionnel Jean-Baptiste Armonville (1756-1808), sous prétexte de propos contre-révolutionnaires, et passa quatre mois à la prison de Bonne Semaine, rue Vauthier-le-Noir. En l’an VIII, il écrivit en vain au Premier Consul Bonaparte, pour obtenir le poste de bibliothécaire des Invalides.


« L’apôtre et martyr de la vérité » finit son existence excentrique et agitée au milieu de ses livres. Il avait rédigé son épitaphe :


« Ci-gît sous ce triste cyprès

Un homme de tous les mérites.

Il fut médisant, mais exprès

Pour démasquer les hypocrites. »


On formerait un très gros volume avec tous les madrigaux, épigrammes, épitaphes, épithalames, satires et chansons dont il fut l’auteur.





Le benjamin de ses trois fils, Aubin-Louis Hédouin de Pons-Ludon (Épernay, Marne, 24 mai 1783-Reims, Marne, 29 novembre 1866) commença ses études sous la direction de son père, dans l’admiration des philosophes et des encyclopédistes. Envoyé tout naturellement à l’École militaire de Brienne-le-Château (Aube), il renonça par la suite au service militaire et utilisa sa prodigieuse mémoire à l’étude des langues – latin, grec, allemand, italien, espagnol et anglais –, de l’étymologie, de l’histoire et surtout de la géographie.


Dès 1802, il présenta à l’abbé Antoine Bertin (1761-1823), curé de Saint-Remi et auteur de plusieurs ouvrages pour l’instruction de la jeunesse, une liste de 104 fautes relevées dans ses Éléments de géographie. Ses connaissances en cette dernière matière lui valurent l’amitié du géographe Konrad Malte-Brun (1775-1826), qui apprécia ses critiques des dictionnaires de Boiste et de Vosgien au point de les publier dans ses Annales des voyages (Paris, F. Buisson, 1811, t. 13, p. 365-376, et t. 15, p. 282-288). En 1814, Aubin-Louis fustigea l’hypocrisie de certains écrivains dans son Apologie de Buonaparte, ce qui lui valut, l’année suivante, d’être condamné à trois mois de prison


et une Réponse à l’auteur anonyme de l’Apologie de Bonaparte  de la part de l’avocat et journaliste Adrien-Joseph Havé (1739-1817) qui fit alors de lui un portrait sans concession.




Accueillant favorablement la révolution de 1830, Aubin-Louis entra dans les rangs de la Garde nationale, montant sa garde avec le costume républicain d’un élève de l’école de Mars en 1794 : la gravure l’a popularisé au moment où il jure de vivre libre ou de mourir.
En 1835, il écrivait à sa cousine Augustine, dont il avait été amoureux :



« les Rhémois ont répandu le bruit de ma richesse, de mon opulence même, dans l’espoir d’exciter la cupidité de la canaille pour piller ma maison, et pour détourner les personnes qui désireraient prendre de mes leçons, ou m’acheter des livres, par cette réflexion :il est célibataire, trop riche, n’a besoin de rien, ce serait un crime de faire gagner de l’argent à cet avare-là.

Ce n’est pas pour le plaisir de propager mes connaissances que j’ai donné des leçons, mais bien pour acquérir de l’or dont j’ai le plus pressant besoin. Avant la révolution de juillet, j’avais pour ennemis les prêtres, les nobles, les magistrats, enfin tous ceux que nos imbécilles français regardent comme les honnêtes gens, ou gens comme il faut ; depuis cinq ans, j’ai eu la gloire de conserver tous mes ennemis & d’acquérir de plus tous les partisans du Napoléon de la paix. Aussi je n’ai pas gagné en 5 ans autant d’argent qu’en une seule année du règne de Napoléon.

Il m’est impossible de mettre ma recette au niveau de ma dépense, & j’attends avec impatience l’âge heureux de 60 ans, qui me permettra de placer mes débris à rente viagère, pour pouvoir végéter dans la bonne ville de Rheims, peuplée de 36,000 scélérats, voleurs, hypocrites, méchants, envieux, imbécilles, ignorants et banqueroutiers. » [sic]



Cette même année, il publia un Errata pour servir de Corrigé à l’ouvrage intitulé :Les 86 Départemens de la France et ses colonies, par J. Lefebvre, dans le but « de démasquer un ignorant », ce qui provoqua une réplique insolente de l’auteur contre laquelle il publia Mon Apologie, où il déclare : « je suis parvenu à une supériorité incontestable, et seulement contestée par les sots et par les ignorants. »



De son père, Aubin-Louis avait donc hérité le caractère, mais aussi une importante bibliothèque qui se trouvait au 1erétage de la maison :


« dans une sorte de sanctuaire sombre et empoussiéré où s’empilaient en un fatras de bric-à-brac, des livres de tous âges, de toutes valeurs, de toutes provenances, rangés sans ordre ni classement sur des rayons, ou jetés pêle-mêle dans des bannettes d’osier, sur des tables ou des chaises » et dans une autre « vaste pièce qui lui servait de salon, salle à manger, bibliothèque et chambre à coucher. C’est là qu’il recevait, lisait, mangeait dormait … Là étaient les vitrines, les armoires de chêne, les bahuts recouverts de tapisserie qui contenaient les livres de choix et les portefeuilles bondés de gravures et débordant de paperasses. »




De l’entrée jusqu’au grenier, tout était garni de rayons pliant sous le poids des volumes, les escaliers comme les murs. On y trouvait des ouvrages de théologie, de sciences naturelles, à figures, de poètes anciens, de théâtre, de polygraphes, de voyages, d’histoire, sur la Révolution, de mémoires, sur les provinces, d’art héraldique, d’antiquités, de numismatique, de bibliographie, etc. Une fois par an, il y réunissait les littérateurs rémois. Il y recevait aussi tous ceux qui, par curiosité ou intérêt, frappaient à sa porte. Aubin-Louis ne vivait que pour les choses de l’esprit. Les préoccupations de sa vie, que d’aucuns qualifièrent fort maladroitement de monotone, étaient la lecture, la visite des libraires, dont il était souvent le courtier sans titre, et la mise en ordre du catalogue des livres d’une bibliothèque.



C’est ainsi que le 9 décembre 1842, il était à la vente des livres de Nicolas Cirier (1792-1869), ancien correcteur à l’Imprimerie royale, qui avait été déplacée de la salle des ventes de la rue Colbert à la librairie d’Alexandre Cordier, rue de l’Ecrevisse, où était distribué Le Plus Étonnant des Catalogues (Reims, impr. Luton, s.d., in-8, 32 p.).


Ce catalogue présentait une numérotation fantaisiste des 564 livres imprimés, dont 26 qui n’étaient pas à vendre étaient entre parenthèses, 39 favoris étaient marqués d’une croix mortuaire et d’autres en langue proconchie, langue des académiciens de Petapa dans Le Bachelier de Salamanque de Lesage, avec quelques prix et de nombreuses déclarations annexes. Cette vente, a priori imaginaire, fut effectivement réalisée. Six jours avant la vente, le libraire avait écrit à Cirier :


« Il ne faut pas se faire d’illusion du côté des Rémois : vous savez qu’ils ne sont rien moins qu’amateurs de livres et qu’ils achettent plus tôt pour le plumage que pour le ramage. » [sic]





C’est ainsi qu’en 1843, il dressa le catalogue de la bibliothèque de Henri Jacob, composée d’environ 1.500 volumes parfaitement reliés, dont la vente eut lieu dans la salle de la rue Colbert.


Aubin-Louis vécut toutefois dans les soucis matériels : chaque jour il allait vider son seau hygiénique dans le fossé des remparts ; l’hiver, il s’échauffait en faisant faire à son bois l’aller et retour du grenier à la cave. Vieillissant, toujours à cent lieues des modes de vie de ses contemporains :





« on le voyait circuler en ville d’un pas encore alerte, la tête couverte d’une casquette plate placée de travers sur de longs cheveux dont les mèches grisonnantes avaient déposé un épais vernis sur le col d’une lévite couleur olive, à boutons métalliques. Les basques relevées de cette houppelande laissaient entrevoir de vastes poches de lustrine, ballottant sous le poids des livres qu’elles contenaient. Un pantalon à pont de même couleur, boutonné au-dessus de la cheville, livrait passage à des bas bleus qui s’engouffraient dans de vastes souliers lacés. Son costume se complétait d’un large gilet rayé recélant dans les profondeurs de ses poches une énorme montre en cuivre, de la famille des bassinoires, dont la breloque d’acier, toujours flottante, suivait tous les mouvements de son corps. Sa main droite s’appuyait sur un énorme gourdin, datant des beaux jours de la jeunesse dorée et du genre dit juge-de-paix ou rosse-coquin. Pendait à son bras un large panier couvert, où il entassait pêle-mêle, avec des livres et des brochures, du pain, des œufs durs, de la viande cuite au four, sa nourriture exclusive. »



Cette description du « Bibliophile rémois au xixe siècle » est conforme à la caricature, sans visage, dessinée par Jean-Hubert Rève (1805-1871), professeur de dessin au Lycée de Reims, et imprimée à Paris par Lemercier ; elle est devenue aussi célèbre dans le monde des collectionneurs que celles rendues par Bertall, Gavarni ou Tony Johannot.




Dans sa 84e  année, Aubin-Louis Hédouin de Pons-Ludon quitta ce bas monde qu’il trouvait de plus en plus étrange. L’inhumation eut lieu au cimetière du Nord, où on peut voir aujourd’hui son monument funéraire :



le soubassement, en pierre bleue de Givet, est surmonté d’un obélisque en marbre blanc portant l’épitaphe « A Aubin Louis Hédouin de Ponsludon de Malavois. Homme de lettres 1783-1866. » et un petit buste en bronze, non signé, de Jean-Hubert Rève.



Resté célibataire, Aubin-Louis laissait tous ses biens à une vieille fille qu’il avait un jour engagée,  Joséphine Thierrart, qui prisait et qui l’avait épousseté ainsi que ses bouquins. Elle « se laissa gruger en vendant pour six mille francs toute la bibliothèque existante à un libraire parisien, lequel en remplit deux wagons. »





Les estampes, portraits et pièces historiques furent vendus à l’Hôtel Drouot les 13 et 14 février 1867, les livres dans une salle de la rue des Bons-Enfants du 29 mars au 5 avril suivants : outre les 566 numéros figurant au catalogue rédigé par l’expert-libraire Lavigne, de nombreux livres non catalogués furent vendus en lots.


























Le Cardinal Loménie de Brienne, un des hommes les plus éclairés du clergé de France

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Toutes les branches de la famille de Loménie ont leur origine dans la terre de Loménie, sur la paroisse de Flavignac (Haute-Vienne), « près de l’orme de la croix », ce qui explique l’arbre des armes : « d’or, à l’arbre de sinople sur un tourteau de sable, au chef d’azur, chargé de 3 losanges d’argent ».




La branche des Loménie de Brienne est issue du mariage de Henri-Auguste de Loménie (1595-1666) avec Louise de Béon, qui apporta en 1623 le comté de Brienne (Aube).


Étienne-Charles de Loménie de Brienne, né à Paris le 19 octobre 1727, fut docteur de Sorbonne en 1752, évêque de Condom (Gers) en 1760, puis archevêque de Toulouse (Haute-Garonne) en 1763 :


« ce prélat ne cessa pendant tout le temps que dura son épiscopat de travailler à l’embellissement de la capitale du Languedoc. Malheureusement il ne put réaliser ses vastes projets, qui auraient rendu Toulouse une des plus belles villes du Midi. Secondé par l’ingénieur Saget, il voulait faire de l’île de Tounis une promenade d’été ; de belles usines auraient bordé la rive opposée du canal de fuite. Il fit creuser dans l’intérêt de la navigation, le canal de Brienne, qui unit la Garonne, au-dessous du Bazacle, à l’immortel ouvrage de Riquet ; il usa constamment de l’ascendant qu’il exerçait dans les états du Languedoc, pour faire allouer à sa ville archiépiscopale la plus grande partie des fonds consacrés annuellement aux travaux de la province. Il fit doter des bibliothèques publiques déjà créées par le généreux abbé d’Héliot ; il établit les chaires de chimie et de physique expérimentale : appelé à l’archevêché de Sens et à la place de premier ministre en 1788, il ne cessa de favoriser les Toulousains ; et pourtant la capitale du Languedoc n’a pas élevé une statue à ce prélat bienfaiteur ! »

(Cayla et Perrin-Paviot. Histoire de la ville de Toulouse. Toulouse, Bon et Privat, 1839, p. 541)  




Les philosophes lui firent une réputation d’homme d’esprit et d’administrateur qui lui valut son admission à l’Académie française en 1770, puis en 1787 la place de contrôleur-général des finances et enfin de premier ministre. Sa politique de réformes financières le fit entrer en lutte avec le Parlement, et l’opinion se déclarant contre lui avec force, il fut remplacé par Necker en 1788. Le Roi le consola en lui donnant l’archevêché de Sens (Yonne) et en lui faisant obtenir le chapeau de cardinal. Malgré son serment à la Constitution civile du clergé, il fut arrêté par les patriotes en 1793, mais obtint la permission de retourner chez lui, faubourg des Sans-Culottes. Le 30 pluviose an II [18 février 1794], des soldats chargés de l’arrêter de nouveau se conduisirent à son égard avec tant de barbarie qu’on le trouva mort dans son lit le lendemain, 1er ventose an II [19 février 1794], à 9 h. 30.


Embrassant tous les genres, il s’était composé une riche et curieuse bibliothèque qui devint un dépôt universel. Elle contenait en particulier presque tous les ouvrages imprimés au xve siècle, la plupart des éditions de Mayence, et beaucoup d’autres de divers pays qui étaient restées jusqu’alors inconnues. Il fut obligé de se défaire d’une partie de sa collection pour payer ses dettes.




Le catalogue des incunables fut rédigé en latin par le Père François-Xavier Laire (1738-1801), son bibliothécaire depuis 1786 : Index librorum ab inventa typographia ad annum 1500. Prima [Secunda] pars (Senonis, apud viduam et filium P. Harduini Tarbé, 1791, 2 vol. in-8, viij-iij-[1 bl.]-475-[1 bl.] p., 723 lots et [4]-464 p., 639 lots dont 56 manuscrits), avec quatre tables alphabétiques (auteurs, matières, villes et imprimeurs). On y trouvait beaucoup d’articles extrêmement rares, classés dans l’ordre chronologique, qui passèrent alors dans le commerce pour la première fois.




Le troisième volume du catalogue, intitulé Catalogue des livres de la bibliothèque de M *** faisant suite à l’Index librorum ab inventa typographia ad annum 1500. Tome III (Paris, G. De Bure l’aîné, 1792, in-8, [4]-112 p., 632 lots), fut rédigé par Guillaume De Bure « l’aîné » (1734-1820) et refermait une collection de livres aussi précieux que ceux des deux premiers volumes :


« Outre les superbes livres imprimés par les Baskerville, Ibarra, Didot & Bodoni, les meilleures & les plus belles éditions des auteurs classiques grecs, latins & françois, en grand papier, on y trouvera des livres rares, des livres imprimés sur vélin, des manuscrits très-précieux écrits pas Nic. Jarry, ornés de fleurs & de miniatures, les plans coloriés & les profils des écluses, acqueducs, & autres ouvrages du canal de Languedoc, qui joint l’Océan à la Méditerranée ; des livres d’estampes ; une suite magnifique de livres d’antiquités, & la collection la plus belle & la plus complette des grands & des petits voyages de Théodore de Bry.

Le supplément contient la plus grande partie des Cartes marines & des ouvrages imprimés par ordre du gouvernement, pour perfectionner la navigation.

Pour satisfaire le goût des acquéreurs, on vendra tous les jours des livres contenus dans chacun des trois volumes. » [sic] (« Avertissement »)


Personne ne s’étant présenté pour l’acquisition de la bibliothèque en totalité, la vente en détail débuta le lundi 12 mars 1792, en l’une des salles de l’Hôtel de Bullion, rue J.-J. Rousseau :


« Le nombre des ouvrages vendus a été de 1371 [ ?] ; celui des exemplaires retirés, de 58 ; et le produit de la vente a été de 106,324 liv. 19 s. »

(G. Peignot. Répertoire bibliographique universel. Paris, A.-A. Renouard, 1812, p. 85)





Les livres de l’archevêque de Sens portent le plus souvent ses armes : « Ecartelé : aux 1 et 4, d’or, à deux vaches passantes de gueules accornées, colletées, clarinées et onglées d’azur, l’une sur l’autre (Béon) ; aux 2 et 3, d’argent, au lion de gueules, la queue nouée, fourchée et passée en sautoir, armé, lampassé, couronné d’or et d’azur (Luxembourg). Sur le tout, d’or, à l’arbre de sinople, au chef d’azur, chargé de trois losanges d’argent (Loménie). »





Le reste de la bibliothèque, qui avait encore de quoi piquer la curiosité des amateurs, fut vendu à partir du 29 thermidor an V [16 août 1797], en l’hôtel de Brienne, 14 rue Saint-Dominique (VIIe), acheté en 1776 par Louis-Marie-Athanase de Loménie de Brienne (1730-1794), confisqué en 1794 et restitué en 1795 [abrite aujourd’hui le ministère de la Défense]. Le Catalogue d’une partie des livres de la bibliothèque du cardinal de Loménie de Brienne (Paris, Mauger et Lejeune, an V-1797, in-8, viij-252 p., 2.754 lots) :


« s’il n’est pas recommandable par l’importance des grands articles, l’est du moins par le nombre des livres rares & singuliers, qu’on y trouvera dans toutes les classes. L’histoire littéraire sur-tout, & particulièrement celle d’Italie, fournit des articles qu’on chercheroit inutilement à Paris, même dans nos grandes bibliothèques publiques. » [sic] (« Avertissement », p. vi-viij)  





La Bibliothèque de la marquise de Vassé

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Emmanuel-Armand, marquis de Vassé (Paris, 1683-30 avril 1710), vidame du Mans (Sarthe), baron de La Roche-Mabile (Orne), colonel de dragons, brigadier des armées du Roi, gouverneur du Plessis-lèz-Tours (Indre-et-Loire), épousa, le 11 juillet 1701, Anne-Bénigne-Fare-Thérèse de Beringhen (Paris, 1682-26 septembre 1749), d’une famille protestante originaire des Pays-Bas, installée en France à la fin du xvie siècle, fille de Jacques-Louis de Beringhen (1651-1723), chevalier des ordres du Roi et son premier écuyer, et de Élizabeth-Madeleine-Fare d’Aumont (1648-1718).


La marquise de Vassé possédait un grand nombre de romans de chevalerie, imprimés en gothique, et d’autres ouvrages en français et en italien. La plupart de ces volumes étaient reliés en veau fauve, à l’exception de quelques livres de théologie et d’histoire qu’elle avait fait recouvrir de maroquin, et dont plusieurs étaient revêtus de compartiments à mosaïque.



Après sa mort, sa bibliothèque fut vendue en l’hôtel de Beringhen [démoli sous l’Empire], rue Saint-Nicaise, faisant le coin de la rue des Orties (Ier), à partir du 12 février 1750 : Catalogue des livres de feüe Madame la marquise de Vassé (Paris, Bauche père et Bauche fils, 1750, in-8, [1]-[1 bl.]-68 p., 124 numéros). Les livres sont classés suivant l’inventaire. Sauf les numéros 8, 9, 19, 94, 95, 96, 97 et 102, qui n’en comprennent qu’un seul, chaque numéro comprend plusieurs titres : 1.327 titres et 2.451 volumes au total, auxquels il faut ajouter quelques dizaines de tomes séparés (nos 78, 79, 86 et 105), des brochures (nos 108 et 122), des cartes (nos 88, 120, 121 et 124) et des estampes (n° 124).


2. Les Faits & Dits de Me Jehan Molinet. Paris, 1531, fol. goth. 3 liv.5

    Le Champion des Dames. Fol. goth. 4 liv.


4. Le Roman de la Rose. Paris, 1521, in-fol., goth. 12 liv.

    Meliadus de Leonnoys. Paris, 1532, in-fol. goth. 3 liv. 5

    Gyron le Courtoys. Paris, 1519, in-fol. goth. 11 liv.

    Histoire du très-noble Perceforêt, Roy de la Grande Bretagne. Paris, 1531, 6 vol. in-fol. reliés en deux, goth. 80 liv.

   



    Lancelot du Lac. Paris, 1533, in-fol. goth. 75 liv.

    Tristan Chev. de la Table ronde.Paris, Ant. Verard, in-fol. goth. 80 liv.

   




     Les Prophéties de Merlin. Paris, 1498, 3 vol. fol. goth. 75 liv.

    Dom Flores de Grèce. Paris, 1552, in-fol. La Destruction de Troye & le Ravissement d’Hélène. Lyon, 1544, in-fol. Les deux : 35 liv. 10


5. Les Navigations de Despuce Florentin. Paris, in-4, goth. 5 liv.


9. Hist. Universelle Trad. du Lat. de M. de Thou. Amst., 1740, XI vol. in-4, V. écaillé. 160 liv. 10



11. Il Decameron di Boccaci. In Fiorenza, 1573, in-4. 5 liv.

      La Fiameta Alamorose del Joan. Boccazo. In Venetia, 1481, in-4, goth. 22 liv.


14. Histoire de France avant Clovis par Merzerai. Amst., 1696, in-12. Abrégé de l’Histoire de France par le même. Amst., 1673, 6 vol. in-12, vélin. Les deux : 24 liv.     


17. Le Jardin de Plaisance & fleurs de Rhétorique. Paris, 1527, in-4, goth. 4 liv. 4


18.Œuvres de Boileau. Genève, 1716, 2 vol. in-4, gr. pap. 12 liv. 3

      Œuvres de Marot. La Haye, 1731, 4 vol. in-4, v. marbré, d. s. t. 28 liv. 19


32. Vies des Hommes illustres de Plutarque trad. par Amyot, Paris, Vascosan, 1567, 6 vol. Œuvres morales du même, Paris, Vascosan, 1574, 7 v. Décade contenant les Vies des Empereurs, Paris, Vascosan, 1567, 1 v. En tout 14 v. in-8, maroquin rouge avec dentelles, doublé de satin, lavé, réglé : 405 liv.


48.Œuvres de P. & Thom. Corneille. Amst., 1723, 10 vol. in-12, M. Bl. 42 liv. 5





76. La Fouyne de Séville ou l’Hameçon des bourses. Paris, 1661, in-8. 4 liv.


90. Différentes Prières de l’Ecriture Sainte. In-16, m. r. à comp., avec fermoirs dorés. 30 liv. 19


91. Pseaumes en forme de Prières. Paris, 1700, in-12, m. v. l. r. d. de mar. 3 liv. 9

      Le Missel Romain, trad. en françois. Paris, 1689, in-12, m. à comp. 1 liv. 11


92. Lettres de S. Ambroise, trad. par le P. de Bonrecueil. Paris, 1741, 3 v. in-12, m. v. 6 liv. 4

      Les Pseaumes de David L. F. par le P. Lallemant. Paris, 1715, in-12, m. r. d. de mar. avec dent. l. r. 4 liv. 1

      Heures du Chrétien. Paris, 1683, in-24, ch. doub. de m. à comp., avec ferm. dorés. 4 liv. 1


95. La Sainte Bible de M. de Sacy, toute Françoise avec petites notes. Anvers, 1700, 9 v. in-12, m. r. l. r. rel. en 12. 48 liv.


97. Les Sermons du P. Bourdaloue. Paris, 1707 et suiv., 14 v. in-8, mar. rouge. 159 liv. 19


98. Lettres de S. Augustin, trad.par Dubois. Paris, 1684, 6 v. in-8, m. r. l. r. 3 liv. 2

      De l’Imitation de Jésus-Christ, trad. par de Beuil. Paris, 1690, in-8, m. r. l. r. 7 liv. 6


99. Pratiques de Dévotion. Paris, 1706, in-12, mar. r. avec dent., doub. de mar. 1 liv. 12


100. Prières Chrétiennes. In-16, m. à comp. doub. de mar. bl. avec fermoirs. 5 liv.

        Prières pour la Messe. In-18, m. bl. M. sur velin avec miniatures. 6 liv. 1 

  



















Alphonse Lemerre, « le Barbin des jeunes poètes »

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Fils de cultivateur, né à Canisy (Manche) le 9 avril 1838, Alphonse-Pierre Lemerre avait été pendant quelques années le coursier d’un notaire à Saint-Lô, avant d’arriver à Paris vers 1860. Dans la capitale, au 47 du passage Choiseul (IIe), passage qui joint la rue Saint-Augustin à la rue des Petits-Champs, il était devenu le commis du libraire Pierre-Paul Percepied, spécialisé dans les ouvrages religieux et les objets de piété depuis 1842. Percepied céda à son gendre, Paul-Marie-Daniel Haëring, son fonds de livres religieux, puis à Lemerre, en 1862, son fonds de librairie classique. Le 11 août 1864, Lemerre épousa Antoinette-Sophie Faynot (Cusset, Allier, 1837-Ville-d’Avray, Hauts-de-Seine, 1894), modiste au n° 44, en face de la librairie, qui lui donnera deux enfants : Désiré-Jean-Alphonse (1865-1928) et Jeanne-Modeste-Aurélie, (1868-1960). La caisse de sa femme permit à Lemerre de transformer sa petite librairie en maison d’édition, souhaitant ne donner que des volumes remarquables par la beauté des caractères et du papier :


Jean Maire, Leyde

Alphonse Lemerre, Paris (1)

Alphonse Lemerre, Paris (2)

la couverture porterait une marque rappelant ses origines, l’ « Homme à la bêche », avec ses initiales « AL » et la devise  « Fac et spera » [Agis et espère], reprenant la marque et la devise de Jean Maire, imprimeur à Leyde au xviie siècle dont il fera dessiner deux modèles, le premier par Jacques-Louis Roux, dit « Browne », le second, avec un soleil levant, par Félix Bracquemond.  




Librairie Lemerre, 23 passage Choiseul (v. 1907)
« Le célèbre éditeur n’était pas installé alors dans l’élégant magasin que tout Paris connaît et dont les vitrines ornées de glaces magnifiques sont bondées de livres précieux, de riches reliures et d’eaux-fortes avant la lettre. Il occupait dans le passage Choiseul, à quelques pas de son établissement actuel, une boutique ouverte à tous les vents et bizarrement encombrée de piles de bouquins, où se réunissait tous les jours, entre quatre et six heures de l’après-midi, un groupe de jeunes poètes, tumultueux et chevelus, jadis épars dans la grand’ville [sic] et qui avaient enfin découvert et adopté ce lieu d’asile.

Ils étaient venus là d’instinct, parce que Lemerre annonçait une réimpression de la Pléiade française, et ils avaient trouvé bon accueil près de ce grand gars normand qui lui-même, avec sa barbe blonde, son nez droit et ses cheveux en brosse, avait une physionomie du xvie siècle, et ressemblait un peu à Pierre de Ronsard, gentilhomme vendômois.
Le passage Choiseul se transforma donc en Galerie du Palais, et l’étalage de Lemerre tint lieu du pilier de Barbin. Là fut fondé ce Parnasse contemporain qui a fait tant de bruit dans Landernau [sic], et là se célébrèrent les rites du culte nouveau pour le vers bien ciselé et la rime sévère.
Nous devons dire que, malgré sa sympathie naturelle pour les rythmeurs, l’honnête Lemerre, encore jeune et timoré, fut d’abord un peu effrayé de voir éclore dans sa boutique toute cette nichée d’aiglons tapageurs. Les discussions violentes, les éclats de rire juvéniles, les plaisanteries au gros poivre des jeunes poètes, autant que leurs toilettes étranges et négligées et leurs cheveux décoiffés par l’ouragan, épouvantèrent les anciens clients de la maison, paisibles bouquineurs à la chasse d’un introuvable Elzévir, et bonnes dames du quartier venant renouveler leur Journée du Chrétien ou leur Cuisinière bourgeoise. Avant d’enrichir Lemerre comme éditeur, les poètes le ruinaient comme libraire détaillant ; et l’inquiétude légitime, mais courtoisement dissimulée, du patron se trahissait quelquefois dans la mauvaise humeur du commis, un bossu du nom d’Émile, qui ne cessait de gronder contre l’encombrement de la boutique et, sous prétexte d’épousseter l’étalage, bousculait malignement les infortunés lyriques et leur passait son plumeau sous le nez. » (Adolphe-Mathurin de Lescure. François Coppée, l’homme, la vie et l’œuvre. Paris, A. Lemerre, 1889, p. 51-52)


La librairie passa en effet du n° 47 du passage Choiseul au n° 27 en 1872, puis au n° 23 en 1889. Le jeune éditeur avait réimprimé des œuvres des poètes Ronsard, Du Bellay, Remi Belleau, Jodelle, Baïf, Dorat et Pontus de Thiard, dans une collection intitulée « La Pléiade françoise » (1866-1898, 20 vol. in-8), tirée à 250 exemplaires numérotés et paraphés par l’éditeur (230 ex. sur papier de Hollande, 18 ex. sur papier de Chine, 2 ex. sur vélin). Mais dès le début du mois de novembre 1865 était sorti des presses de l’imprimerie L. Toinon et Cie, à Saint-Germain-en-Laye, le premier volume publié par lui, Ciel, rue et foyer, par Louis-Xavier de Ricard (1843-1911). Celui-ci avait été présenté à Lemerre par un ami de Verlaine, le violoniste et poète Ernest Boutier : de cette rencontre naquit, le 2 novembre 1865, le premier numéro de L’Art,journal hebdomadaire in-folio de huit pages à trois colonnesqui, avec la collaboration du poète et dramaturge Catulle Mendès (1841-1909), fut remplacé en 1866 par Le Parnasse contemporain.




Le Parnasse contemporain, « Recueil de poésies inédites des principaux poètes de ce temps », se composera de trois volumes grand in-8 publiés en 1866, 1871 et 1876 auxquels participeront 99 poètes : le mouvement littéraire « parnassien » lui doit son nom.



En novembre 1866, dans l’indifférence quasi générale, Verlaine publia chez Lemerre, à compte d’auteur, ses Poèmes saturniens, imprimés dans le format in-18 par Damase Jouaust (1835-1893), tirés à 491 exemplaires sur papier vélin blanc, plus 5 exemplaires sur papier de Chine, 9 exemplaires sur papier vergé de Hollande, et peut-être quelques exemplaires sur parchemin, dont on ne connaît pas d’exemplaire ; seul, Stéphane Mallarmé (1842-1898) y avait reconnu « un métal vierge et neuf ». Suivront, toujours aux frais de Verlaine et chez Lemerre, les Fêtes galantes (petit in-12, 1869) et La Bonne Chanson (petit in-12, 1870).


En 1867, Lemerre débuta deux collections : la « Bibliothèque d’un curieux » (in-12), imprimée par Damase Jouaust sur papier de Hollande, avec quelques exemplaires sur papier de Chine, pour les auteurs anciens tombés dans l’oubli, Pogge, Ferry Julyot, Tahureau, Guillaume Bouchet, Bonaventure des Périers, Olivier de Magny, Cholières, etc., et les « Poètes contemporains » (in-8 et in-18 sur papier vélin, in-12 sur papier vergé ou teinté) pour Banville, Bergerat, Coppée, Dierx, Sully Prudhomme, Theuriet, Verlaine, etc., qui compteront environ 900 volumes en 1908.


À partir de 1868, la « Collection Lemerre » (in-8) rassembla les classiques français, Agrippa d’Aubigné, La Bruyère, La Fontaine, Molière, Montaigne, Pascal, Rabelais, Mathurin Régnier, Villon, etc., imprimée sur papier de Hollande : la mention « Collection Lemerre » se trouve au dos des couvertures ; dans les exemplaires en grand papier, les titres sont en rouge et noir et les portraits en double épreuve (en noir et à la sanguine ou à la sépia).

Commencée également en 1868, la section « auteurs anciens » de la « Petite bibliothèque littéraire » (petit in-12, format des Elzévirs), imprimée sur papier de Hollande, avec un tirage sur papier Whatman et un autre sur papier de Chine, offre des volumes ornés d’un portrait frontispice gravé à l’eau-forte pour Arioste, Beaumarchais, Boccace, Boileau, Corneille, Dante Alighieri, Hamilton, Horace, La Fontaine, La Rochefoucauld, Le Sage, Longus, Marguerite de Navarre, Molière, l’abbé Prévost, Racine, Regnard, Mathurin Régnier, Bernardin de Saint-Pierre, Scarron, Shakespeare, Sterne, Térence, Virgile, Voltaire, etc. ; elle fut complétée par une section « auteurs contemporains », imprimée sur beau papier vélin teinté, avec quelques exemplaires sur papier de Hollande, sur papier Whatman et sur papier de Chine, pour Arène, Banville, Barbey d’Aurevilly, Baudelaire, Louis Bouilhet, Bourget, Jules Breton, Brizeux, Byron, Chateaubriand, Chénier, Cladel, Claretie, Constant, Coppée, Courier, Alphonse Daudet, Desbordes-Valmore, Flaubert, Théophile Gautier, Goethe, Goncourt, Hugo, Lamartine, Michelet, Musset, Sainte-Beuve, Vigny, etc.



« Voici maintenant deux nouvelles publications de l’éditeur Alphonse Lemerre, le Barbin des jeunes poètes, l’Elzevier des vieux classiques : Les Contes de La Fontaine, le premier volume des Œuvres de Rabelais. Les contes appartiennent à la Petite Bibliothèque littéraire, collection de charmants petits volumes imprimés en caractères antiques, sur papier de Hollande, qui comprendra Molière, Corneille, Racine, La Bruyère, La Rochefoucauld, Régnier, les Contes de Voltaire, Paul et Virginie, Manon Lescaut, Gulliver, Don Quichotte, Marianne et autres chefs-d’œuvre. Le Rabelais appartient à la grande Collection Lemerre, – comme on dit la collection constellée ou la collection Didot, – qui comprendra Villon, Montaigne, Régnier, Agrippa d’Aubigné, et les poètes de la pléiade du seizième siècle. Ce sont de superbes volumes in-8°, en papier de Hollande, imprimés par Claye, avec lettres ornées et culs-de-lampe, gravés spécialement pour cette édition, d’après les modèles du temps. L’élégance du format, la solidité du papier, la beauté des caractères et des ornements, c’est beaucoup déjà ; ce n’est pas tout. Une véritable idée a présidé à ces publications. Les textes y sont reproduits intégralement sur les éditions originales, avec la ponctuation et l’orthographe du temps. Cela avait déjà été tenté, quoique avec certaines restrictions, pour les écrivains du seizième siècle. Et il est vraiment agréable de lire La Fontaine comme il s’est lu lui-même. Les éditions Lemerre sont non seulement des livres de bibliophiles, mais encore des livres de philologues. »

(Charles Coligny, dit « Xavier de Villarceaux ». In Revue du xixe siècle, IIIe année-Tome IX, octobre-novembre-décembre 1868, p. 410)




La même année, Lemerre complétait ses activités érudites en faisant paraître, le 20 février 1868, le premier numéro d’une Gazette bibliographique, dont la publication cessa avec le n° 12 de janvier 1869, et qu’il présentait ainsi :


« La publication périodique que nous entreprenons aujourd’hui ne veut être ni une table complète des productions quotidiennes de la librairie, ni un compte rendu aride et stérile des raretés bibliographiques.

Anecdotique et littéraire, la Gazette bibliographique, ainsi que son titre l’indique, se propose de tenir les bibliophiles, les lettrés et les amateurs au courant non-seulement [sic] de toutes les œuvres nouvelles dignes de remarque à quelque titre que ce soit : originaux ou réimpressions, - mais encore de toutes les nouvelles, de tous les bruits et on dit. Elle regardera aussi en arrière, et signalera les curiosités capables de fixer l’intérêt.

C’est ainsi que, tout en donnant régulièrement ce qu’on pourrait appeler le Cours de la Bourse des livres, en rendant un compte raisonné et intéressant des ventes, elle ne se bornera pas à attirer l’attention sur les éditions anciennes, depuis longtemps cotées : elle remettra encore en lumière certains livres dont l’apparition ne remonte pas au delà de ces quarante dernières années, et qui néanmoins acquièrent chaque jour une valeur plus grande, soit par les noms, alors obscurs, – quelques-uns illustres, et tous célèbres aujourd’hui, – qui les ont signés, soit par suite des suppressions ou modifications repentantes des éditions postérieures, qui font des éditions originales des documents uniques pour l’histoire, encore à écrire, de la littérature contemporaine.

La Gazette bibliographique sera donc à la fois contemporaine et rétrospective. C’est dire que l’article Variétés y tiendra une place importante. Nous nous sommes assurés le concours de noms éprouvés, de fureteurs patients, et notre revue sera ouverte aux communications de nature à intéresser le public, et rentrant dans le cadre que nous nous sommes tracé.

En un mot, la Gazette bibliographique, sans être une Revue purement littéraire, sera plus qu’un catalogue. Elle tâchera d’avoir l’intérêt de l’une, en échappant à l’aridité de l’autre. »




Le 20 décembre 1868 fut achevé d’imprimer le deuxième « livre de peintre » : Sonnets et eaux-fortes, portant la date de 1869, un très beau volume in-4°, imprimé sur papier vergé des Vosges et tiré à 350 exemplaires, plus quelques exemplaires hors commerce (20 sur Whatman, 12 sur Chine, 4 sur Japon). De grands artistes, Camille Corot, Édouard Manet, Gustave Doré, Johan-Barthold Jongkind, Jean-François Millet, Félix Bracquemond, Célestin Nanteuil, etc., avaient été sollicités par le critique d’art Philippe Burty, qui avait dirigé l’illustration de cet ouvrage, pour illustrer, à l’aide de 42 eaux-fortes hors-texte, 42 sonnets d’écrivains célèbres, Théodore de Banville, Anatole France, Théophile Gautier, José-Maria de Heredia, Sainte-Beuve, Verlaine, etc. Une des curiosités du livre, qui suffirait pour certains puristes à lui retirer le titre de « livre de peintre » – dans le « livre de peintre », l’artiste ne doit pas être interprété par un graveur, mais doit graver lui-même –, est une gravure de Charles Courtry (1846-1897), intitulée « L’Éclair », d’après un dessin de Victor Hugo, illustrant un sonnet de Paul Meurice. Les planches furent détruites, ce qui scandalisa Millet :


« Entre nous, je trouve cette destruction de planches tout ce qu’il y a de plus brutal et de plus barbare. Je ne suis pas assez fort en combinaisons commerciales pour comprendre à quoi cela aboutit, mais je sais bien que, si Rembrandt et Ostade avaient fait chacun une de ces planches-là, elles seraient anéanties. »


Le premier « livre de peintre » est bien le Faust. Tragédie de M. de Goethe (Paris, Charles Motte et Sautelet, 1828, in-fol.), dans la traduction en français par Albert Stapfer (1766-1840), avec une couverture illustrée attribuée à Achille Devéria (1800-1857), un portrait de l’auteur et 17 dessins exécutés sur pierre par Eugène Delacroix (1798-1863), hors-texte. Et non, comme cela est répété partout, Le Fleuve (Paris, Librairie de L’Eau-Forte [Richard Lesclide], s.d. [1874], in-4, tir. 100 ex.) par Charles Cros (1842-1888), avec 8 eaux-fortes par Édouard Manet (1832-1883), dans le texte, qui n’est que le troisième.


C’est en 1869, dans la collection nommée « Bibliothèque contemporaine » (in-18), faite de volumes imprimés sur beau papier vélin, que fut publié Charles Baudelaire, sa vie et son œuvre, par Charles Asselineau (1820-1874), orné de 5 portraits à l’eau-forte, 3 gravés par Bracquemond et 2 par Manet.

La « Nouvelle collection Jannet » (in-16), imprimée en caractères anciens sur beau papier, brochée ou cartonnée en toile bleue, ou sur papier vélin de fil, brochée dans un étui en percaline bleue, ou sur papier de Chine, fut reprise par Lemerre après la mort de son fondateur, son confrère Pierre Jannet (1820-1870).


Portrait de Jeanne Lemerre, par Paul-Alexandre-Alfred Leroy (1895)
La collection des « Poèmes nationaux » (in-16), imprimée en caractères antiques sur papier teinté, compte Le Sacre de Paris par Leconte de Lisle, la Lettre d’un mobile breton par François Coppée, Les Cuirassiers de Reichshoffen par Émile Bergerat, Les Paysans de l’Argonne par André Theuriet, La Colère d’un franc-tireur par Catulle Mendès, Les Paroles d’un vaincu par Léon Dierx, etc.

La « Bibliothèque dramatique » (in-16) est constituée de volumes imprimés en caractères elzéviriens, avec fleurons et culs-de-lampe, pour les comédies et drames de François Coppée, Alphonse Daudet, Albert Glatigny, Auguste Villiers de L’Isle-Adam, etc.

La « Bibliothèque illustrée », publiée de 1874 à 1880, comprend 7 vol. in-8 : Les Pastorales de Longus, Voyage autour de ma chambre, Les Contes de Perrault, Histoire de Manon Lescaut, Paul & Virginie ; Le Livre des ballades et Le Livre des sonnets ne sont pas illustrés, mais on peut y ajouter les portraits de tous les auteurs qui y figurent, publiés par l’éditeur.

À partir de 1889, Lemerre publia des ouvrages de la « Collection Guillaume » et ceux de la « Collection Guillaume et Lemerre » (in-18) ; à partir de 1893, il publia des ouvrages illustrés de gravures sur bois dans la « Collection Lemerre illustrée » (in-32).



Théophile Gautier. Le Tombeau de Théophile Gautier. Paris, A. Lemerre, 1873, in-4.
Reliure par Sangorski et Sutcliffe, Londres.
Christie's, New-York, 7 décembre 2012 : 20.000 $

On compte encore, dans le catalogue de la librairie Alphonse Lemerre, le Cours historique de langue française, par l’historie et grammairien Charles Marty-Laveaux (1823-1899), publié en volumes in-12, sur papier teinté, à partir de 1872 ; Paul & Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre, un splendide volume grand in-4 illustré de 170 dessins par le Belge Hippolyte de La Charlerie (1828-1869), imprimé par Jules Claye (1806-1886), le premier qui avait réussi l’impression des gravures sur bois avec une presse mécanique, relié en toile anglaise, doré en tête ; 15 eaux-fortes de Félix Bracquemond, pour illustrer les Œuvres de Rabelais, in-8, sur papier vergé ; Les Vosges, par Théophile Gautier, 20 dessins d’après nature de Jean-Joseph Bellel (1816-1898), lithographiés par Jules Laurens (1825-1901), in-folio, papier vélin superfin, planches sur Chine, dans un beau carton ; Légendes rustiques, par George Sand (1804-1876), dessins de son fils Maurice Sand (1823-1889), petit in-folio orné d’un frontispice, d’un fac-similé de Madame Sand, et de 12 belles lithographies tirées sur papier de Chine, cartonné toile gaufrée, doré sur tranches.   


De 1870 à 1878, la « Petite bibliothèque d’un curieux » de Lemerre fut imprimée par Perrin fils et Marinet, à Lyon. En 1880, les affaires devenant de plus en plus difficiles, Marinet se retira et Perrin fils vendit les poinçons et les matrices des caractères « augustaux » à Lemerre, pour 10.000 francs, d’une part, et la bibliothèque de l’imprimerie Louis Perrin d’autre part, ce qui n’empêcha pas la faillite en 1883.

L’imprimeur lyonnais Louis Perrin (1799-1865) était entré en 1818 dans l’imprimerie de Mathieu-Placide Rusand (1768-1839). Il avait fondé en 1822, avec Zacharie Durand, gendre de Rusand, un établissement dont il était resté le seul directeur en 1826. Pour l’impression des Inscriptions antiques de Lyon, par Alphonse de Boissieu, et suivant les conseils du peintre d’histoire Pierre Revoil (1776-1842), il avait dessiné les capitales « augustales » relevées sur les monuments de l’époque romaine d’Auguste, qu’il avait fait graver et fondre par Francisque Rey en 1846, puis, à partir de 1853, les « augustaux » bas de casse, romains et italiques, nommés également ainsi, bien qu’ils aient été inspirés de la Renaissance. La veuve de Louis Perrin,Cécile Grand, avait dirigé l’atelier de 1865 à 1870, en attendant que leur fils Alfred-Louis Perrin (1848-1904) puisse lui succéder, associé à Marinet.


Anatole France (1844-1924) était entré dans le groupe des Parnassiens en 1867 et dans la maison d’édition Lemerre en 1869 : il y demeura jusqu’en 1878, en qualité de lecteur de manuscrits, aux appointements de 150 francs par mois, composant en outre des notices et des préfaces sur commande, moyennant de très modestes rémunérations, ce qui ne l’empêcha pas d’écrire, dans L’Amateur d’autographes (n° 172, 16 février 1869, p. 61), à propos de la publication chez Lemerre des Œuvres de Mathurin Régnier :


« il est de notre devoir de témoigner à M. Alphonse Lemerre, éditeur, combien nous inspirent de sympathie son zèle heureux et son art exquis à établir de beaux livres. Pour le choix des caractères, la beauté des fleurons, la grâce du format, il est peu d’éditeurs qui puissent rivaliser avec ce jeune libraire. Et il laisse les publications des Perrin bien loin derrière lui. »

 



Afin d’initier le bibliophile aux mystères de l’édition, Lemerre décida de publier, en 1874, Le Livre du bibliophile. L’édition originale, tirée à 100 exemplaires sur papier Whatman, 25 exemplaires sur papier de Chine, 3 exemplaires sur parchemin et 3 exemplaires sur vélin, tous numérotés et paraphés par l’éditeur, a été imprimée « aux presses à bras » de Jules Claye. La seconde édition, de la même année, a été imprimée « aux presses mécaniques » du même imprimeur. Même s’il contient des corrections de Lemerre, le manuscrit est entièrement de la main d’Anatole France ; mais le petit ouvrage ne porte pas de nom d’auteur, et l’éditeur a laissé croire que c’était lui, en en signant l’avertissement :

  

« Ce travail a pour objet d’exposer les points principaux de l’art auquel nous nous sommes adonné tout entier, et de déterminer les conditions que doit, à notre avis, nécessairement remplir une édition pour être digne d’être appréciée et estimée des véritables connaisseurs.

Nous ne parlerons guère que de la réimpression des vieux écrivains, non que la publication des œuvres contemporaines nous paraisse d’un moindre prix, mais parce que les textes anciens présentent à l’éditeur des difficultés particulières et qu’une nouvelle publication de ces textes universellement connus est vaine quand elle n’est pas à peu près définitive.

Nous examinerons en peu de mots les soins qu’exige le Livre depuis l’élaboration du manuscrit ou, pour parler le langage technique, de la copie qui doit être livrée à l’imprimeur, jusqu’au moment où le volume parachevé entre, vêtu de sa reliure, dans la vitrine du bibliophile.

Pour cette longue série d’opérations si différentes, si variées, le libraire-éditeur a de nombreux auxiliaires : homme de lettres, fondeur, imprimeur, fabricant de papier, dessinateur, graveur, brocheur, relieur, etc., tous concourent au même but : la perfection du livre ; mais il importe que l’éditeur-libraire [sic] entretienne constamment l’harmonie de leur concours dans l’exécution d’une entreprise qu’il a conçue et dont il peut seul embrasser l’ensemble.

Nous examinerons successivement le Livre sous les rapports du texte, de l’impression, de l’ornementation, du papier, et enfin de la reliure. »


Sans avoir passé de contrat, Lemerre avait publié deux volumes d’Anatole France, Les Poèmes dorés (1873) et Les Noces corinthiennes (1876), et lui avait commandé une notice sur Molière et une histoire de France en deux ou trois volumes s’arrêtant en 1879. Jocaste, le premier récit romanesque d’Anatole France, publié en douze feuilletons, du 9 au 24 octobre 1878, sans nom d’auteur, dans Le Temps, devait paraître ensuite en un volume chez Lemerre ; mais, Anatole France ayant signé un contrat d’exclusivité avec la maison d’édition Calmann Lévy, le volume ne put paraître et les relations avec Lemerre se dégradèrent. C’est alors que l’orientaliste Eugène Ledrain (1844-1910) succéda à Anatole France comme lecteur chez Lemerre. Anatole France remit à Lemerre les deuxième et troisième volumes de l’histoire de France en 1882, et ne lui remit la Notice sur Molière qu’en 1906. Quand Lemerre se décida enfin en 1909 à publier l’histoire de France, l’auteur, défendu par Raymond Poincaré, s’en remit au tribunal : celui-ci, en décembre 1911, estima que la publication ne pouvait être faite loyalement par Lemerre, le délai étant alors excédé ; l’éditeur dut restituer le manuscrit tandis que l’auteur dut rendre les 3.000 francs reçus jadis pour son ouvrage.



En 1892, Le Figaro et Lemerre éditèrent ensemble Cosmopolis, par Paul Bourget (1852-1935), illustré de 8 planches hors-texte, dont 3 en couleurs, par Ange-Ernest Duez (1843-1896), Pierre-Georges Jeanniot (1848-1934) et Félicien de Myrbach (1853-1940), et tiré à 16.500 exemplaires. Bourget reçut 6.000 $, 11.500 $ furent attribués aux dessinateurs, fabricants de papier, imprimeurs et relieurs, Le Figaro et Lemerre se partagèrent un bénéfice de 5.000 $. Lors d’un séjour en Amérique, Bourget apprit que l’ouvrage avait été traduit en anglais par quatre éditeurs américains et vendu à environ 40.000 exemplaires : il réclama alors ses droits d’auteur à Lemerre qui, n’ayant rien reçu des éditeurs américains, les lui refusa. Bourget poursuivit son éditeur en justice ; le résultat du procès fut rapporté par Émile Zola, dans Le Figaro du 13 juin 1896, sous le titre « Auteurs et éditeurs » :


« Peut-être mes quatre années de présidence à la Société des Gens de lettres me donnent-elles quelque compétence sur la matière. […] toutes les grandes maisons d’édition de Paris ont maintenant des rapports d’une entière correction commerciale avec leurs auteurs, basés sur une entente de plus en plus nette de la propriété littéraire. […] cependant, l’ancienne façon de comprendre le métier d’éditeur a persisté, puisque voici M. Bourget qui se querelle avec M. Lemerre, puisque voici un procès qui nous révèle les agissements les plus singuliers, tout un cas curieux et typique. […]. Ce serait, en vérité, une figure bien intéressante à peindre que celle de M. Lemerre […] je ne l’ai rencontré que deux ou trois fois dans ma vie ; mais, à chaque rencontre, il m’a paru plus violent qu’instruit et plus content de lui-même que bien élevé. […]. Il faut le revoir, au début, dans la petite boutique du passage Choiseul, n’éditant que quelques volumes de poètes qui paraissaient invendables. Pourtant, sa puissance est partie de là, de ces poètes qui payaient leurs éditions et dont il n’arrivait pas à écouler les livres.[…] ils n’en contractaient pas moins une dette de gratitude envers leur éditeur, de sorte que celui-ci se constituait ainsi une famille […]. Des comptes, à quoi bon ? puisqu’on est en famille. […] dans un nouveau traité, passé en novembre 1895, il fut convenu qu’on arrêterait contradictoirement ce compte, qui portait sur un nombre de quatre cent dix mille exemplaires que M. Lemerre disait avoir tiré des œuvres complètes de M. Bourget, depuis 1883 […].

Et le procès est né de là […]. M. Bourget, après tant d’autres, soupçonnant son éditeur de l’avoir trompé sur les chiffres des tirages, a exigé de connaître ces chiffres avec les preuves décisives à l’appui. Et, s’il a traduit M. Lemerre devant le Tribunal de commerce, c’est parce que celui-ci a refusé de lui donner ces preuves et c’est pour que le tribunal le condamne à les lui donner. […].

Avant de conclure, je voudrais bien dire un mot de Me Pouillet […]. Il a soutenu que l’auteur n’était pas l’associé de l’éditeur, que le contrat d’édition n’était pas un contrat de participation, mais un contrat de confiance ; de sorte que l’éditeur doit être cru sur parole, qu’il n’a pas de pièces justificatives à fournir, et que l’auteur […] ne risque rien dans l’affaire, tandis que l’éditeur risque son argent. […]. M. Bourget ne doit absolument rien qu’à lui-même, et quant à M. Lemerre, il doit sa fortune à M. Bourget, voilà le vrai ! Sans auteur, pas d’éditeur, tandis qu’on peut très bien concevoir l’auteur sans l’éditeur […] M. Bourget a rendu un grand service aux écrivains, en faisant déclarer par un tribunal que le contrat d’édition est bien un contrat de participation, qui donne à l’auteur un droit de contrôle absolu. […] La propriété littéraire est une propriété, et le travail littéraire doit être soumis aux lois qui règlent actuellement l’exploitation de tout travail […]. » 

 




Le 10 avril 1875 Lemerre acheta, dans une vente aux enchères, la résidence d’été de Camille Corot (1796-1875), 7 rue du Lac, à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine), pour 52.100 francs (52.250 avec les frais), payables en deux fois : 26.200 le 1er décembre 1875, et le solde, 26.050, le 9 février 1876. Dans cette maison du xviiie siècle, il fit construire la terrasse sur l’étang et aménager une bibliothèque.

C’est après avoir apprécié la résidence secondaire de Lemerre que Léon Gambetta (1838-1882) finit par acheter en 1878 l’ancienne propriété de Balzac, « Les Jardies », à Sèvres.



La bibliothèque de Ville-d’Avray renfermait la fameuse toile de Paul Chabas (1869-1937), exécutée en 1893 et retouchée en 1895, aux dimensions  impressionnantes de 285 x 338 cm, intitulée « Chez Alphonse Lemerre, à Ville-d’Avray » et où sont représentés la plupart des auteurs du passage Choiseul : André Theuriet (1833-1907), le premier à gauche, debout derrière le peintre Jules Breton (1827-1906) assis, voisin de Jeanne Loiseau (1860-1921), dite « Daniel Lesueur »,  Charles Leconte de Lisle (1818-1894), « le demi-dieu de la maison », debout au centre, Paul Bourget (1852-1935), 17e en partant de la gauche, debout, François Coppée (1842-1908), 19e et assis, Marcel Prévost, Auguste Dorchain, Léon Dierx, Henri Cazalis, Alphonse Daudet, Sully Prudhomme, Paul Arène, Jules Claretie, José-Maria de Heredia, Paul Hervieu, Henry Roujon et Georges Lafenestre ; à l’extrême droite, on reconnaît Lemerre, « massif, carré, la poitrine vaste, la face large dans un encadrement de barbe blonde, des yeux gris au regard perspicace et doux », écrivait Laurent Tailhade (1854-1919), sa femme, assise, son petit-fils avec un cerceau, et son fils Désiré, debout derrière son père.

Républicain et anticlérical, Lemerre fut élu maire de Ville-d’Avray, de 1881 à 1892, puis de 1897 à 1911.



Sa résidence principale était un hôtel particulier qu’il fit construire en 1880, au 10 rue Chardin (XVIe), sur les plans de l’architecte Eugène Monnier (1839-1892). L’enseigne de la maison d’édition, l’ « Homme à la bêche », fut reproduite sur le linteau du portail d’entrée. Le corps de logis était en retrait de la rue ; côté cour, un jardin d’hiver, surmonté d’une terrasse, prolongeait la salle à manger. L’illustrateur Henri Pille (1844-1897) et Paul Chabas décorèrent l’escalier.




Bienfaiteur de sa commune natale, Lemerre y fit construire le château de Montmireil, en 1898. Très attaché au Cotentin, il y séjourna souvent, acheta une villa à Agon, un château à Dangy, une ferme à Cerisy-la-Forêt, un manoir au Mesnil-Angot, le château de Gratot, etc.



Château de Gratot (Manche)
Il mourut dans la maison de Corot, le 15 octobre 1912. Le Figaro du 16 octobre 1912 en rendit compte sous la plume de Louis Chevreuse :



« Alphonse Lemerre, l’éditeur des poètes, est mort hier, âgé de soixante-quatorze ans. C’était une figure parisienne très connue, célèbre même, et dont le souvenir est lié à l’histoire de la poésie française.

Un éditeur, et un éditeur d’un genre assez particulier, d’un genre d’autrefois et charmant, du genre de ces bons libraires, si bien lettrés et dans la boutique desquels se réunissent les écrivains et les amis de la littérature, pour de savantes causeries dont l’amour des livres fait tous les frais.

Tel fut Alphonse Lemerre, au temps illustre du Parnasse florissant et verdissant. On voyait chez lui le jeune Verlaine qui lui avait donné son premier recueil ; Xavier de Ricard, timide et chevelu ; le bel et blond Mendès, déclamant des strophes sonores et tendres ; l’impeccable José-Maria de Heredia, qui avait l’air et l’art de ne bégayer un peu que pour le plaisir de prolonger l’attente admirable de la rime ; Coppée, rêveur et doux, extrêmement spirituel et attendri ; et Leconte de Lisle, au visage olympien ; et, je crois, Théodore de Banville. Toute la poésie d’alors ; et quelle poésie charmante et magnifique ! Alphonse Lemerre présidait à l’échange des propos juvéniles et superbes.

Il avait, pour ses poètes, inventé un très joli type de volume, élégant, mince, bien en pages, composé très soigneusement, avec de fins caractères d’elzévirs. Et les adolescents qui voyaient en songe les muses voyaient aussi, comme la fête de leur ambition réussie, le volume jaune imprimé sur les presses d’Alphonse Lemerre, éditeur, au passage Choiseul.

Cette fortune, un beau jour, leur advenait. Et ils étaient heureux. Ils voisinaient, dans les bibliothèques à la mode, avec les maîtres renommés. Et ils aimaient Alphonse Lemerre, qui les avait gratifiés de cette gloire excellente.

Il sembla que la poésie française fût née dans la maison de cet éditeur qui, sans étonner personne, publia bientôt une exquise Anthologie en tête de laquelle on lisait, ou à peu près : « Quand la maison Lemerre fut fondée, il n’y avait pas de poètes français… » Il s’agissait évidemment de la collection dite des Poètes français ; seulement la formule prit, ou parut prendre, une signification plus générale que toute une jeunesse approuva.

Un peu plus tard, Alphonse Lemerre devint aussi un grand éditeur de romans. Il eut Anatole France, il eut Paul Bourget : - et, avec ces deux écrivains, il eut en outre des démêlés qui ont fait quelque bruit dans la république des lettres. Mais il a Marcel Prévost, Paul Hervieu, etc.

Depuis quelques années, le fondateur de la maison Lemerre vivait assez retiré, laissant à son fils, M. Désiré Lemerre, le soin de la maison. Il était officier de la Légion d’honneur.

Les Parnassiens que nous citions, Verlaine, Xavier de Ricard, Mendès, Heredia, Coppée, Leconte de Lisle, sont tous morts. L’œuvre du Parnasse survit au Parnasse défunt, comme durent et dureront les livres parfaits qu’imprima le libraire des poètes et leur ami. »


Les obsèques furent célébrées le jeudi 17, à midi, en l’église Notre-Dame de Grâce de Passy.



L’inhumation eut lieu au cimetière du Père-Lachaise (15e division).



















Les Houry, éditeurs de livres scientifiques et de l’Almanach royal

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Jean d’Houry (1611-1678), fondateur d’une dynastie de libraires et imprimeurs parisiens, fils de Jacqueline de Roussel et d’Antoine de Houry, vigneron à Jaux (Oise), apparut à Paris le 7 janvier 1629, quand il entra en apprentissage chez la veuve de Fleury Bourriquant, libraire en l’île du Palais [île de la Cité], vis-à-vis des Augustins, à l’enseigne du Lys fleurissant. Le 27 mai 1635, il contracta mariage avec la petite-fille de sa patronne, Madeleine, fille de François Beauplet, libraire, et de Dauphine Bourriquant. Installé depuis plus d’une dizaine d’années au bout du Pont-neuf, sur le quai des Augustins, à l’Image saint Jean, il fut reçu maître libraire le 26 août 1649 et s’intéressa alors particulièrement à l’édition de livres d’alchimie et de médecine :




L’Or potable qui guarit [sic] de tous maux, par le R. P. Gabriel de Castaigne (1660),




Canadensium plantarum aliarumque nondum editarum, Historia, par Jacques Cornut (1662), Questions nouvelles sur la sanguification & circulation du sang, par P. de Betbeder (1666), Divers traitez de la philosophie naturelle (1672), 


Nouvelles experiences sur la vipere, par Moyse Charas (1672),



Observations sur la pratique des acouchemens [sic] naturels contre nature et monstreux [sic], par Cosme Viardel (1674),


L’Art de guérir les maladies vénériennes, par Nicolas de Blegny (1677-1678), Discours philosophiques sur les deux merveilles de l’art et de la nature, par Des Comtes (1678), etc. Il mourut au mois de novembre 1678.




Laurent d'Houry


Dès 1665, Jean d’Houry avait intéressé à son officine son fils Laurent, né le 10 mars 1644, qui épousa en 1678 la fille de la femme de chambre de la chancelière Le Tellier, Élisabeth Dubois, et qui fut reçu maître libraire le 10 octobre de cette dernière année. Laurent d’Houry imagina un almanach qu’il donna
d’abord sous le titre Almanac [sic] ou Calendrier pour l’année mil six cens quatre-vingt-trois et quitta l’officine de son père en 1683 pour s’installer rue Saint-Jacques, au Saint Esprit, près les Mathurins, laissant sa




mère poursuivre l’œuvre de son mari : elle publia Le Bon Usage du thé, du caffé [sic] et du chocolat pour la preservation & pour la guerison des maladies, par Monsieur de Blegny (1687), etc.  En 1688, Laurent d’Houry était rue Saint-Jacques, devant la Fontaine Saint Séverin, au Saint Esprit. La veuve de Jean d’Houry mourut 19 décembre 1695.

 


Louis XIV l’ayant désiré, Laurent d’Houry eut l’honneur de lui présenter son almanach en 1699 et, par lettres patentes de sa majesté données à Versailles le 29 janvier 1699, il lui fut permis d’imprimer l’Almanach royal pendant six années consécutives.

Laurent d’Houry déménagea en 1702 « rue S. Severin, au St Esprit, devant la rue Zacharie ».


Almanach royal pour 1704. Exemplaire de J.-J. De Bure
Christie's, Paris, 2 juin 2005 : 1.440 €

Il fut poursuivi en 1708 pour avoir établi une imprimerie dans sa maison et dut revendre son matériel. Il se fixa définitivement en 1710 « au bas de la rue de la Harpe, vis à vis la rue saint Séverin, au Saint Esprit ». En 1712, il acheta du matériel d’imprimerie à André Cramoisy (1634-1722), qui se démettait en faveur de Pierre Cot, et fut reçu maître imprimeur le 15 novembre. 

En février 1716, sur les plaintes du comte de Stairs, il fut conduit à la Bastille, pour avoir omis dans l’Almanach royal qu’il avait imprimé, de donner au roi de la Grande-Bretagne, au prince et à la princesse de Galles, les titres qui leur étaient dus ; ces titres furent insérés dans l’Almanach royal de l’année suivante. Laurent d’Houry fut élu adjoint du syndic de la Communauté le 12 novembre 1716. Le combat qu’il mena contre un concurrent redoutable, le Calendrier de la Cour, édité par Jacques Collombat (1668-1744), entraîna des frais énormes et se termina par un arrêt du Conseil du 29 décembre 1717 qui lui défendit « d’imprimer, vendre ni débiter aucun abrégé de son Almanach Royal ni de contrefaire le Calendrier de la Cour », et à Collombat « d’imprimer, vendre et débiter ledit Calendrier en autre forme qu’il a fait jusqu’à présent ni de l’augmenter et ajouter à l’ancien aucune chose. »


Laurent d’Houry mourut le 2 novembre 1725. Il était resté spécialisé dans l’édition d’ouvrages scientifiques, surtout de médecine, de chirurgie et de pharmacie :



Histoire anathomique [sic] d’un enfant, qui a demeuré vingt-cinq ans dans le ventre de sa mère, par Nicolas de Blegny (1679),




Thériaque d’Andromacus, par Moyse Charas (1685), La Décade de medecine, ou le Medecin des riches & des pauvres, par François du Port (1694),



Pharmacopée universelle, par Nicolas Lémery (1697), L’Usage des astrolabes, par Bion (1702),



L’Art de faire les raports [sic] en chirurgie (1703), Instruction familiere et utile aux sages-femmes pour bien pratiquer les accouchemens [sic], par Madame de La Marche (1710), Cours d’opérations de chirurgie, par Dionis (1714), Traité de la matière médicale, ou l’Histoire et l’Usage des médicamens [sic], par Pitton de Tournefort (1717),




Vers solitaires et autres de diverses especes (1718),


Histoire naturelle du cacao, et du sucre (1719), Abrégé de la doctrine de Paracelse, et de ses archidoxes (1724), etc.


La succession de Laurent d’Houry fut difficile car elle présentait un passif de 5.000 livres et le libraire-imprimeur avait testé en faveur de son petit-fils, André-François Le Breton, au même titre que sa veuve et son fils Charles-Maurice.


La veuve de Laurent d’Houry, Élisabeth Dubois, conserva l’officine de la rue de la Harpe, au Saint-Esprit, et continua de publier des livres de médecine et de chirurgie : Le Maistre en chirurgie, ou l’Abrégé complet de la chirurgie de Guy de Chauliac, par L. Verduc (1731),


Le Chirurgien d’hopital [sic], par Belloste (1734), La Maniere de guérir, par le moyen des bandages, les fractures et les luxations, par L. Verduc (1738),


Traité des maladies de l’œil, par Antoine Maître-Jan (1740), Dictionnaire ou Traité universel des drogues simples, par N. Lémery (1748), etc.
Elle continua également d’exploiter le privilège de l’Almanach royal.

En 1731, la veuve d’Houry entreprit de nouveaux procès contre l’imprimeur du Calendrier de la Cour, qu’elle accusait d’avoir enfreint l’arrêt de 1717 et d’avoir attenté à son privilège renouvelé de 1722, en ajoutant à sa publication des listes qui n’y figuraient pas antérieurement ; les procédures se prolongèrent jusqu’après 1734, avec André-François Le Breton, et ne s’éteignirent qu’avec la mort de Jacques-François Collombat en 1751.


Orphelin de père et de mère à l’âge de 13 ans, André-François Le Breton (2 septembre 1708-4 octobre 1779), dit « petit-fils d’Houry », fut élevé par ses grands-parents maternels. Après avoir terminé son apprentissage chez Claude-Louis Thiboust (1667-1737), il fut reçu maître libraire le 1er septembre 1733, obtint une charge d’imprimeur du roi en 1740, après la démission de François-Hubert Muguet (1667-1742), et fut enfin reçu, après la mort de Jacques-François Grou (1683-1745), un des 36 imprimeurs de Paris le 5 mars 1746.


Almanach royal 1747
Paris, Drouot, 6 avril 2012 : 1.700 €


Almanach royal 1746. Armoiries peintes non identifiées.
Christie's, Paris, 2 juin 2005 : 6.000 €


Almanach royal 1748
Paris, Drouot, 6 avril 2012 : 3.000 €



Almanach royal 1749. Exemplaire du roi Louis XV.
Paris, Drouot, 6 avril 2012 : 39.000 €


Ayant aidé sa grand-mère dans la mise au point annuelle de l’Almanach royal depuis 1727, il le signa avec elle à partir de 1746. En 1752, on disait de la veuve d’Houry : « elle est très riche et n’est point suspecte, fort âgée et très infirme ». Elle mourut le 18 juillet 1757. Le Breton resta seul au titre de l’almanach qu’il conserva, rue de la Harpe de 1751 à 1774, puis rue Hautefeuille de 1775 à 1779, tandis qu’il vendait son imprimerie à Jean-Georges-Antoine Stoupe le 13 août 1773. Cette dernière année, il avait acquis la maison du 14 rue Hautefeuille, partie de l’hôtel d’Alègre. Élu adjoint du syndic de la Communauté le 29 août 1747, il était devenu syndic le 15 juin 1762, consul des marchands de Paris le 29 janvier 1767 et juge-consul le 29 janvier 1770.


Charles-Maurice d’Houry, né le 18 novembre 1688 et reçu maître libraire le 13 juillet 1717, fut pendant quelques années en activité chez son père, où il publia :



Traité général des accouchemens [sic], par Dionis (1718), Les Secrets les plus cachés de la philosophie des anciens, par Crosset de la Haumerie (1724),


Traité de chymie [sic], philosophique et hermetique (1725),


Les Aphorismes d’Hippocrate (1726), etc. Il devint « Seul imprimeur de Monseigneur le duc d’Orléans » dès 1725, et fut reçu maître imprimeur le 15 janvier 1726. Ayant perdu son procès pour avoir tenté d’évincer sa mère, il ne signa avec elle que l’Almanach royal pour l’année MDCCXXVI . Il s’installa alors rue Saint-Séverin, où il publia :


Histoire du cardinal de Tournon ministre de France, par le P. Charles Fleury (1728), Cours d’operations de chirurgie, démontrées au Jardin royal, par Dionis (1740), L’Office de la quinzaine de Pasque [sic], latin-françois, à l’usage de Rome et de Paris, pour la maison de Monseigneur le duc d’Orléans (1742), etc. En 1743, il déménagea rue de la Vieille-Bouclerie, au S. Esprit & au Soleil d’or, où il publia :



La Chirurgie complete, par Leclerc (1743),





L’Art de faire les rapports en chirurgie, par Devaux (1746), Traité des plaies d’armes a feu, par Desportes (1749), Recueil de pieces importantes sur l’operation de la taille, faite par le lithotome caché (1751), etc. Élu adjoint du syndic de la Communauté le 7 août 1745, il mourut le 11 décembre 1755.


La veuve de Charles-Maurice d’Houry, Marie-Élisabeth Laisné, lui succéda, rue de la Vieille Bouclerie :


Chirurgie complette [sic], suivant le systême [sic] des modernes (1757), Observations de chirurgie, par Joseph Warner (1757),



Memoire sur les défrichemens [sic] (1760), etc. Elle déménagea rue Saint Séverin, près la rue Saint-Jacques, en octobre 1761 :


L’Art de cultiver les peupliers d’Italie, par Pelée de Saint-Maurice (1767), Traité des effets et de l’usage de la saignée, par Quesnay (1770), etc. Nicolas-Léger Moutard, reçu maître libraire le 7 mai 1765, lui acheta son fonds de librairie et son imprimerie lorsqu’il fut reçu maître imprimeur le 28 janvier 1777. Marie-Élisabeth Laisné mourut le 15 juin 1783.


Le fils de Charles-Maurice d’Houry, Laurent-Charles, avait été reçu maître libraire le 14 janvier 1741 et succéda à son père, rue de la Vieille Bouclerie, au S. Esprit et au Soleil d'or, publiant parfois avec lui :



Traité des maladies des femmes grosses, par François Mauriceau (1740), Chirurgie complete, contenant l’osteologie exacte et complete, le squelete [sic] chiffré, un traité des maladies des os, & de leur guérison, par Leclerc (1743), etc. Il fut reçu maître imprimeur le 8 mai 1750 : Description d’un nouvel instrument propre à abaisser la cataracte avec tout le succès possible, par Pallucci (1750), Histoire de l’operation de la cataracte, faite à six soldats invalides, par Pallucci (1750), Recueil de pieces importantes sur l’operation de la taille, faite par le lithotome caché (1751),



Methode d’abbattre [sic] la cataracte, par Pallucci (1752),



Essai sur les différentes espéces de fiévres [sic], par Jean Huxham (1752), Remarques de M. Winslow, sur le mémoire de M. Ferrein, touchant le mouvement de la machoire [sic] inferieure (1755), Le Miroir des urines, par Davach de la Rivière (1762), Traité complet des accouchemens [sic], par de La Motte (1765), Maladies des femmes et des enfans [sic], par Boerhaave (1769), etc.    


Imprimeur-libraire de Monseigneur le duc d’Orléans à la mort de son père, Laurent-Charles d’Houry fut élu adjoint du syndic de la Communauté le 11 mai 1763.






Almanach royal 1780
Paris, Librairie Camille Sourget : 8.500 €



Almanach royal 1781. Armes de Jean-Charles-Pierre Le Noir.
Christie's, Paris, 8 novembre 2004 : 2.938 €

Légataire universel de son cousin germain, André-François Le Breton, il hérita de la maison du 14 rue Hautefeuille, partie de l’hôtel d’Alègre, et de l’édition de l’Almanach royal en 1780, qu’il poursuivit jusqu’à son décès arrivé le 7 octobre 1786. Il était devenu consul des marchands de Paris le 30 janvier 1785.


Sa fille Anne-Charlotte d’Houry avait épousé François-Jean-Noël De Bure (Paris, 23 mars 1743-Châteaurenard, Loiret, 6 novembre 1802), dit « De Bure d’Houry », l’année où il fut reçu maître libraire le 4 juillet 1769. Quand il fut reçu maître imprimeur le 1er décembre 1786, De Bure obtint l’autorisation d’exercer concurremment avec sa belle-mère, Jeanne Nérat, veuve de Laurent-Charles d’Houry, pour l’édition de l’Almanach royal de 1787 à 1790 inclus.



Almanach royal 1791
Hs Rare Books, Argentine : 2.450 $

Mais les investissements de De Bure le conduisirent à une retentissante faillite en 1790, de sorte que Jeanne Nérat édita seule l’Almanach royal de 1791.
Anne-Charlotte d’Houry vendit alors son imprimerie à Laurent-Étienne Testu (1765-1839), se réservant le produit de l’Almanach ainsi que les caractères servant à son impression, dont Testu était chargé moyennant un prix convenu.



Almanach royal 1792. Armes de la Caisse d'escompte.
New York, Bauman Rare Books : 22.000 $


C’est ainsi qu’il imprima l’Almanach de 1792. Le 9 avril 1793, Anne-Charlotte d’Houry se sépara de De Bure par divorce, « attendu les sévices et injures graves du mari envers la femme », puis épousa Laurent-Étienne Testu en juillet 1795. Les nouveaux époux ne tardèrent pas à se séparer, en septembre 1801, et s’intentèrent de multiples procès concernant la propriété de l’Almanach qu’Anne-Charlotte finit par perdre en 1814. Elle mourut le 22 juillet 1828. Sa mère était décédée le 22 février 1815.  





Les Tribulations de la bibliothèque dramatique de Pont-de-Veyle

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C’est à tort que très souvent, notamment en tête du catalogue de sa bibliothèque, on a écrit « Pont-de-Vesle ».



Son grand-père,Jacques de Ferriol, originaire de Saint-Chamond (Loire), dans le Lyonnais, naquit en 1621. Après avoir été conseiller à la Cour des aides de Vienne (Isère), puis à la Cour souveraine de Bourg-en-Bresse (Ain), il fut reçu conseiller au Parlement de Metz (Moselle), le 18 février 1662. Il fut l’un des commissaires de la Chambre de justice établie en cette ville la même année, et il mourut prématurément en 1666. Sa charge de conseiller resta vacante et fut supprimée par l’édit du mois de décembre 1669, moyennant 22.000 livres d’indemnité que le Roi fit payer à ses héritiers.

Il avait épousé Marie de Silvecane, fille du conseiller de ce nom au Parlement de Metz. De ce mariage sont issus plusieurs enfants, dont :


1°. Charles de Ferriol, dit « le marquis de Ferriol », fut ambassadeur de France à Constantinople et acquit une certaine notoriété à cause d’une jeune Circassienne [Caucase] qu’il ramena en France en 1698 et connue sous le nom de Mademoiselle Aïssé, forme francisée et corrompue du nom d’Haïdé. L’acte de son décès, daté du 27 octobre 1722, contredit l’annonce que fit Le Mercure de novembre 1722 (p. 201) :


« Haut et puissant seigneur, messire Charles de Ferriol, baron d’Argental, conseiller du Roi en tous ses conseils, ci-devant ambassadeur extraordinaire à la Porte ottomane, âgé d’environ 75 ans, décédé hier en son hôtel, rue Neuve-Saint-Augustin, en cette paroisse, a été inhumé en la cave de la chapelle de sa famille, en cette église [Saint-Roch], présens Antoine de Ferriol de Pont-de-Veyle, écuyer, conseiller, lecteur de la chambre du Roi, et Charles-Augustin de Ferriol d’Argental, écuyer, conseiller du Roi en son Parlement de Paris, ses deux neveux, demeurants dit hôtel, rue Neuve-Saint-Augustin, en cette paroisse. »


Château de Pont-de-Veyle (Ain)
2°. Augustin de Ferriol, comte de Pont-de-Veyle (Ain), en Bresse, et baron d’Argental [i.e. Bourg-Argental, Loire], en Forez, naquit à Saint-Chamond, 18 mars 1653. D’abord trésorier général du Dauphiné (1693), il fut conseiller au Parlement de Metz le 16 avril 1701 et devint président à mortier en la même cour le 20 août 1720. Il avait épousé le 13 mai 1696 Marie-Angélique Guérin de Tencin, née à Grenoble (Isère), le 21 août 1674, sœur de Claudine-Alexandrine (1682-1749), chanoinesse relevée de ses vœux qui tint un salon littéraire à partir de 1726. Le couple s’installa rue des Fossés-Montmartre, puis acheta l’hôtel de Charles Renouard de la Touanne, trésorier de l’extraordinaire des guerres, rue Neuve-Saint-Augustin, qui communiquait, par le jardin, avec celui du maréchal d’Uxelles.

Tous les Ferriol, Augustin, Charles, Antoine et Charles-Augustin, ainsi que Mademoiselle Aïssé († 1733), habitèrent ensemble cet hôtel.

Angélique de Tencin mourut subitement à Paris, le 2 février 1736, son mari le 3 février 1737.


Le 8 juillet 1736, Augustin de Ferriol avait réglé ses affaires avec ses enfants, par une donation entre vifs. Les biens dont il disposait dans cet acte se composaient de :

- La finance de la charge de lecteur du Roi, achetée en 1720 à son fils aîné Pont-de-Veyle [vendue le 12 décembre 1736 à Jean-Bonaventure Le Lay de Guébriant, 60.000 livres] ;

- De celle de conseiller au Parlement de Paris, dont son second fils, d’Argental, avait été pourvu en 1721 ;

- De celle de l’office de conseiller d’honneur de la Cour des Monnaies, acheté en 1737 pour Pont-de-Veyle ;

- Du comté de Pont-de-Veyle, acquis le 3 mars 1703 [vendu le 22 octobre 1739 à Elisabeth-Thérèse-Marguerite Chevalier, veuve Kadot, comte de Sébeville, 238.880 livres] ;

- La baronnie d’Argental, près d’Annonay, affermée par bail 550 livres [achetée par d’Argental le 7 octobre 1739, 15.000 livres] ;

- Une rente de 400 livres, au principal de 20.000 livres, due par Masso de la Ferrière [constituée le 13 août 1720] ;

- Une rente de 6.900 livres, au principal de 276.000 livres sur les Aides et Gabelles [constituée le 28 février 1721].

Cette donation était faite aux conditions suivantes :

- De la réserve de l’usufruit pour le donateur ;

- De payer ses dettes ;

- De prélever sur les biens restants 50.000 livres en argent pour Pont-de-Veyle, fils aîné, ou bien un fonds de pareille valeur ;

- De prélever 20.000 livres de principal sur la rente des Aides et Gabelles en faveur du même Pont-de-Veyle « en qualité de légataire universel de demoiselle Charlotte-Elisabeth Aïssé, à cause du legs à elle fait par le feu sieur Ferriol, ambassadeur, suivant son testament » ;

- De partager le surplus également entre ses deux fils Pont-de-Veyle et d’Argental.


Il faut ajouter à ces biens l’hôtel de la rue Neuve-Saint-Augustin, vendu le 29 avril 1737, 166.000 livres à Étienne Perrinet, fermier général [cet hôtel a subsisté jusque vers 1850] ; la chapelle funéraire de l’église Saint-Roch, où avaient été inhumés l’ambassadeur et Mademoiselle Aïssé, vendue 4.800 livres à François Olivier, comte de Senozan, époux de Jeanne-Anne-Magdelaine de Grolée de Viriville.


Sa bibliothèque, augmentée de celle de son frère qui l’avait institué héritier de tous ses biens, fut dispersée à partir du 10 décembre 1737, rue de Savoye, près les Grands Augustins : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. de Ferriol, président à mortier au Parlement de Metz (Paris, Prault fils, 1737, in-12, [4]-107-[1 bl.] p., 1.566 lots).


*****




Antoine de Ferriol, comte de Pont-de-Veyle, fils aîné d’Augustin de Ferriol, naquit à Paris le 1er octobre 1697. Élevé jusqu’à l’âge de dix ans dans la maison paternelle, il eut un précepteur dont le caractère et les manières lui inspirèrent du dégoût pour l’étude. Envoyé alors au Collège des Jésuites de Louis le Grand, il y fut un écolier médiocre, mais se révéla doué pour composer des chansons. Destiné à la magistrature, Antoine de Ferriol avait été pourvu d’une charge de conseiller au Parlement de Paris (1719). Etant un jour allé faire une visite au procureur général au Parlement, Guillaume-François Joly de Fleury, il s’amusa, en l’attendant dans le salon, à répéter devant une glace la danse du Chinois, dans l’opéra Issé, que l’on donnait alors. Le procureur général, qui le surprit dans cet exercice, lui fit comprendre qu’il n’avait pas une vocation assez marquée pour l’état qu’il embrassait. Il le sentit lui-même, et renonça à sa charge, que fut obligé d’accepter son frère, Charles-Augustin, comte d’Argental, d’abord destiné à l’état militaire.

Ses parents lui achetèrent en 1720 la charge de lecteur du Roi. Reçu chevalier d’honneur en la Cour des monnaies de Paris le 20 août 1738. Le comte de Maurepas le nomma en 1740 intendant général des classes de la marine, place qu’il occupa jusqu’à la disgrâce du ministre en 1749. Depuis, il se livra alors aux lettres et à la société.





En 1719, il avait fait la connaissance de Madame du Deffand (1697-1780). Il formait, avec son frère d’Argental et Nicolas-Claude Thieriot, ce que Voltaire appelait son « triumvirat », qui examinait les ouvrages du grand homme avant leur publication.


Pont-de-Veyle a pris part aux Mémoires du comte de Comminge (La Haye, J. Neaulme, 1735), ainsi qu’à Le Siège de Calais (La Haye, J. Neaulme, 1739), romans de Madame de Tencin, sa tante, et dont le premier est parfois attribué à d’Argental. Il donna, également anonymement, trois comédies : Le Complaisant (Paris, François Le Breton et Nicolas Le Breton, 1733), en cinq actes et en prose ; Le Fat puni (La Haye, Antoine van Dole, 1739), en un acte et en prose, tiré de Le Gascon puni, conte de La Fontaine ; Le Somnambule (Paris, Prault fils, 1739), en un acte et en prose.


Le dimanche 10 juillet 1774, Madame du Deffand écrivit à Horace Walpole :


« L’ami Pontdeveyle se rétablit tout doucement ; je n’ai point de meilleur ami ni de plus contrariant ; le pauvre homme ne peut consentir à vieillir, il a tous les goûts de la jeunesse. Les spectacles, les grands soupers sont nécessaires à son bonheur ; mais ses jambes, sa poitrine et son estomac n’y sont pas d’accord. »


Pont-de-Veyle mourut à Paris le 3 septembre 1774. Le lendemain, dimanche, Madame du Deffand écrivit à son correspondant :


« J’ai appris ce matin à mon réveil la mort de mon pauvre ami : je l’avais quitté hier à huit heures du soir ; je l’avais trouvé très-mal, mais je croyais qu’il durerait encore quelques jours ; il y en avait quatre ou cinq qu’il ne pouvait pour ainsi dire plus parler, il avait cependant toute sa tête. Je fais une très-grande perte ; une connaissance de cinquante-cinq ans, qui était devenue une liaison intime, est irréparable. »


Il s’était composé une bibliothèque riche en pièces de théâtre, qui fut vendue : Catalogue des livres imprimés & manuscrits de M. le comte de Pont-de-Vesle, divisé en deux parties, dont la première contient une collection presque universelle des pièces de théâtre, avec la table alphabétique des auteurs & des pièces. Et la seconde partie contient les autres livres (Paris, Le Clerc, 1774, in-8, [4]-292-61-[3] p., 2.406 lots).   


« Ce catalogue mérite d’être conservé & d’être consulté par l’avantage qu’il a principalement de présenter la plus ample collection de pieces de théâtre imprimées & manuscrites qui ait été fite encor. M. le Comte de Pont-de-Vesle connu par son goût & ses talens dans la littérature, s’en étoit fait une occupation & un amusement depuis vingt cinq ans.

Pour mettre le Public à portée de juger du mérite de cette collection précieuse ; le Libraire très-instruit & très-intelligent qui a rédigé ce catalogue, a placé les pieces de theâtre sous le titre de chacune des Nations qui les ont produites depuis les Grecs jusqu’aux Russes ; mais comme les pieces produites en France sont l’objet principal de cette collection, & en forment le plus grand nombre, elles ont été divisées sous le titre des différens théâtres sur lequels elles ont été jouées, observant, autant qu’il a été possible, l’ordre chronologique dans chaque théâtre. Cette riche collection est suivie d’une table alphabétique des Auteurs & des pieces qui facilitera beaucoup les recherches. » [sic] (Mercure de France. Amsterdam, M.-M. Rey, décembre 1774, N° XVI, p. 158-159)


Le libraire, Charles-Guillaume Le Clerc (1723-1794), qui des Augustins, annonçait, dans l’avertissement du catalogue, l’intention de vendre en bloc la partie du théâtre :


« Il serait à désirer que la partie du Théâtre ne fût pas divisée ; c’est un objet précieux en France, et encore plus pour les pays étrangers où notre Théâtre s’est fait admirer et où il ne serait pas possible, par le détail, de réunir une collection aussi immense. »


Cette collection de 1.569 articles de pièces de théâtre, mise aux enchères à 14.000 livres, fut poussée seulement à 14.459 livres 19 sous, pour le compte d’un amateur allemand. Elle resta donc en la possession des héritiers de Pont-de-Veyle qui la revendirent 15.000 livres (25.000 suivant l’opinion générale) Louis-Philippe duc d’Orléans (1725-1785). Celui-ci en fit présent à Madame de Montesson qui la conserva et l’augmenta jusqu’à sa mort.

Cette bibliothèque est composée avec un goût parfait, mais les exemplaires sont souvent défectueux ou d’un condition médiocre. Cette collection avait peut-être plus de célébrité que celle du duc de La Vallière, tous les gens de lettres étant admis à la consulter sans cesse. Elle s’était enrichie des livres de Louis-Urbain Lefèvre de Caumartin (1653-1720), marquis de Saint-Ange, de Joseph-Antoine Crozat (1699-1750), de Madame de Pompadour (1721-1764), des manuscrits de Louis Fuzelier (1672-1752), etc.

La seconde partie, de 837 articles, fut vendue au détail.


*****

 





D’une famille de Bretagne, Charlotte-Jeanne Béraud de La Haye de Riou, fille de Louis Béraud de La Haye de Riou et de Marie-Joseph Minard, était née à Paris le 4 octobre 1738. Elle n’avait que seize ans lorsque Jean-Baptiste marquis de Montesson (1687-1769), lieutenant général des armées du Roi, riche gentilhomme de la province du Maine, mais déjà avancé en âge, lui fut donné pour époux. Madame de Montesson resta veuve en 1769 ; son excellente réputation, ses talents, son amabilité et la bonté de son caractère, la firent rechercher dans le monde. Le duc d’Orléans, petit-fils du Régent, se détermina vers la fin de 1772 à lui offrir sa main. Et le 23 avril 1773, la bénédiction nuptiale fut donnée dans la chapelle de Madame de Montesson, par le curé de Saint-Eustache, dont elle était paroissienne. Il y avait été autorisé par l’archevêque de Paris, sur le consentement du Roi, sa majesté voulant que le mariage restât secret, autant que faire se pourrait, c’est-à-dire aussi longtemps qu’aucun enfant n’en serait le fruit. La fortune personnelle de Madame de Montesson était considérable. Elle contribuait à l’encouragement, au perfectionnement des sciences, des arts utiles, et des arts d’agrément. Devenue veuve une seconde fois en 1785, elle fut payée, après quelques discussions, du douaire qui avait été stipulé par son contrat de mariage. La réserve qu’elle garda pendant toute la durée de sa vie, la douceur et l’affabilité qui lui étaient naturelles, le souvenir des bienfaits répandus par elle autrefois dans la classe indigente du peuple, tout concourut à la sauver des plus grands dangers de la Révolution. Elle avait autrefois connu Madame de Beauharnais, avec laquelle sa liaison s’était renouée pendant l’expédition d’Égypte et dans un voyage aux eaux de Plombières, et l’affection du Premier consul lui fut acquise.





Elle mourut à Paris le 5 février 1806 dans l’hôtel Montesson, rue de la Chaussée d’Antin (IXe), construit pour elle en 1770 par le duc d’Orléans [incendié en 1810, démoli en 1829, aujourd’hui à l’emplacement de la cité d’Antin].



Son corps fut transporté dans une chapelle de l’église de Seine-Port (Seine-et-Marne), qui est la paroisse du château de Sainte-Assise, où le duc d’Orléans était mort : il avait ordonné, par son testament, que son cœur et ses entrailles seraient apportés dans cette église, « espérant que la dame du lieu y serait inhumée à ses côtés ».




Château de Sainte-Assise
à Seine-Port (Seine-et-Marne)

Madame de Montesson s’était distinguée par des talents d’agrément peu communs. Élève de Gérard Van Spaendonck (1746-1822), elle a laissé plusieurs tableaux de fleurs dignes de l’école de ce grand maître. Elle jouait bien de la harpe, chantait de manière à faire le plus grand plaisir, et passait pour une excellente actrice de société. Elle a pu encore recevoir des leçons de physique et de chimie de Claude Berthollet (1748-1822) et Pierre-Simon de Laplace (1749-1827), admis jusqu’à sa mort dans son intimité, et composer, entre autres ouvrages, seize pièces de théâtre.  




Christie's, Londres, 4 juin 2008 : £ 2.750

Ce fut sous le titre de Œuvres anonymes qu’elle avait livré à l’impression le recueil de ses vers, de ses compositions en prose, et de son théâtre (Paris, Didot aîné, 1782-1785, 8 vol. grand in-8, sur papier d’Annonay) : le huitième volume se compose de Mélanges, désigné comme tome 1er, et qui n’est suivi d’aucun autre.


 



« Avec de l’esprit, des connoissances et beaucoup de qualités aimables, madame de Montesson eut un travers, celui de se faire auteur, et qui pis est auteur dramatique. Au moins diminua-t-elle ce tort par l’incognito presque complet auquel elle condamna ses trop nombreuses productions, même après les avoir fait si magnifiquement imprimer. Ces huit volumes exécutés avec un luxe de prince ne furent, dit-on, tirés qu’à douze exemplaires, et j’ai dans le temps su de l’imprimeur qu’elle ne lui avoit pas permis de se réserver les deux exemplaires qu’accorde sinon un droit réel, au moins un usage constant. Le succès de cette secrète publication fut encore tellement équivoque, que cette dame un peu dépitée ne tint pas même compte de distribuer tous les exemplaires d’une si peu nombreuse édition ; elle en laissa la moitié périr dans ses garde-meubles. Ainsi donc qu’il ait été tiré douze exemplaires, ou quelques-uns de plus, on ne peut contester à ces huit somptueux volumes, au moins le mérite d’une excessive rareté. »

(Catalogue de la bibliothèque d’un amateur. Paris, A.-A. Renouard, 1819, t. III, belles-lettres-seconde partie, p. 50)


*****


Homme de grande culture, amant et héritier de la marquise de Montesson, Jean-Cyrus-Marie-Adelaïde de Timbrune [corruption de Thiembronne, commune de Fruges, Pas-de-Calais], comte de Valence, conserva intacte la bibliothèque de Pont-de-Veyle et Montesson jusqu’à sa mort. Ses prénoms et sa date de naissance ont été donnés constamment de façon erronée, personne n’ayant apparemment réussi à retrouver son acte de baptême, vraisemblablement à cause de son ajournement :


« Le seize mai mille sept cent soixante huit les cérémonies du baptême ont été suppléées par moi soussigné à Messire Jean Cyrus Marie Adelaïde de Timbrune, comte de Valence, âgé de dix ans, sept mois, vingt quatre jours, fils naturel et légitime de Messire Vincent Silvestre de Timbrune, comte de Valence, seigneur baron de Montesquieu en Roussillon, seigneur des terres de Boussan, Terre-Basse, Esplas au pays de Foix, et du marquisat de Bruch, de Ferrières en Quercy, et maréchal de camp, et de Dame Marie Louise de Losse, né le vingt deux septembre mille sept cent cinquante sept, et baptisé sans solennité dans sa maison paternelle le vingt trois septembre mille sept cent cinquante sept par Me Arbeau alors curé de St Étienne d’Agen, les cérémonies du baptême différées par permission de feu seigneur Joseph Gaspard Gilbert de Chabannes, évêque et comte d’Agen, parrain messire Jean Cyrus marquis de Losse, seigneur de Banes, Sauveterre et autres places, aïeul maternel, marraine Dame Marie Adelaïde de Levis, marquise de Valence, tante paternelle, ont tenu pour eux Arnaud Bole et Jeanne Anne Malere, pauvres de cette ville. Les dites cérémonies du baptême ont été suppléées en présence des soussignés. »

[Agen, Lot-et-Garonne, paroisse Saint-Étienne, orthographe corrigée]


Petit-cousin de Madame de Montesson, il fut élevé au palais d’Orléans et fait colonel des dragons de Chartres à 27 ans et premier écuyer de Louis-Philippe duc d’Orléans. Maréchal de camp au moment des premières campagnes de la Révolution, il fit, à l’armée d’Alsace du maréchal Luckner, preuve d’une bravoure merveilleuse, rejoignit l’armée du Nord et s’empara de Courtrai, ce qui lui valut le grade de général le 20 août 1792.



Sa conduite valeureuse à Valmy et à Jemmapes, ne l’empêcha pas, après l’échec de Nerwinde (18 mars 1793), où il fut blessé au front, et malgré ses protestations, d’être accusé de complicité avec Dumouriez. Il dut s’exiler et vint à Utrecht, d’où il se rendit en 1795 dans le Holstein, à Silk, près de Hambourg, prendre la direction d’une ferme. Il se reposa de ses travaux agricoles en écrivant un Essai sur les finances de la République françoise, et sur les moyens d’anéantir les assignats (Hambourg, Pierre François Fauche, 1795). Rappelé en France après le 18 brumaire an VIII [9 novembre 1799] par Bonaparte, il fut nommé sénateur en 1805, reprit du service, fit les campagnes d’Autriche et d’Espagne, et montra pendant la campagne de Russie, à Mohilow, un héroïsme que l’âge n’avait pas affaibli.

Élevé à la pairie par Louis XVIII, il consacra les dernières années de sa vie à rétablir la maçonnerie écossaise, dont il était devenu le grand commandeur et chef en France ; la plupart des loges du rite ancien accepté lui durent une vie nouvelle.

Au Sénat, il fut rapporteur de l’affaire Lesurques, « victime de la plus déplorable des erreurs humaines », dont il fut l’un des défenseurs les plus décidés.

Il présidait encore, le 29 juin 1821, la fête funèbre donnée par les loges maçonniques en l’honneur des maréchaux Kellermann, Lefebvre, Masséna, Pérignon, Bournonville.


Il s’éteignit le 4 février suivant et fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise, 24e division.

Il avait épousé, en 1786, Pulchérie Brûlart de Genlis (1767-1847), fille de Charles-Alexis Brûlart, comte, puis marquis de Genlis et de Sillery, et de Stéphanie-Félicité du Crest de Saint-Aubin, si connue dans la république des lettres sous le nom de comtesse de Genlis. Ils avaient divorcé en 1793. De leur mariage était né un fils mort en bas âge et deux filles qui épousèrent, l’une le comte Ghislain de Visscher de Celles, l’autre le maréchal comte Gérard.  



*****

Restée intacte dans les mains du général Valence, la bibliothèque de Pont-de-Veyle et Montesson fut vendue après la mort de celui-ci, en 1823, à Alexandre Martineau de Soleinne (1784-1842), dont la vie reste un mystère, qui la conserva entière, à côté de la sienne : possédant déjà la plupart des livres qui la composaient, il n’en sortit que vingt ou trente Mystères et Moralités en mauvais état, qu’il confia aux soins de Thouvenin, mais ne toucha pas au reste.





Chargé de diriger la vente des livres de Soleinne, le Bibliophile Jacob avait pris à cœur de conserver la bibliothèque Pont-de-Veyle et en fit rédiger le catalogue par Jules Goizet, auteur de la Table générale du Catalogue de la bibliothèque dramatique de M. de Soleinne (Paris, Alliance des arts, 1845), intitulé Bibliothèque dramatique de Pont de Vesle (Paris, Alliance des arts, 1846, in-8, VIII-279-[1 bl.] p., 2.472 lots) :


« Aussi, ayant été chargé de rédiger le catalogue de l’admirable Bibliothèque de cet amateur, nous eûmes toujours la pensée de sauver du moins la Bibliothèque de Pont de Vesle que nous ne confondîmes pas avec celle de M. de Soleinne. Bien au contraire, nous rachetâmes à la vente de cette Bibliothèque bien des livres qui manquaient à l’autre, soit qu’ils y eussent déjà occupé leur place, soit qu’ils n’y fussent jamais entrés ; ensuite, nous réservâmes les doubles qui se trouvaient dans l’immense Bibliothèque de M. de Soleinne, pour les introduire dans celle que nous augmentions aux dépens de la première : ce nous était une consolation de voir, en quelque sorte, se reformer cette Bibliothèque dramatique, à mesure qu’elle semblait tomber pièce à pièce sous le marteau du commissaire-priseur.

La vente aux enchères de la Bibliothèque-Soleinne ne fut pas plutôt achevée, que nous étions en mesure de proposer la vente à l’amiable de la Bibliothèque dramatique de Pont de Vesle, presque doublée par les additions que nous y avions apportées, et reclassée dans un nouvel ordre qui en a fait une bibliothèque nouvelle. […]

Quant à nous, qui, Dieu merci, n’avons pas expertisé la Bibliothèque de Pont de Vesle au taux des enchères publiques, nous, qui, dans une pièce d’orfèvrerie, par exemple, estimons le travail de l’artiste autant que le poids du métal, nous constaterons seulement que la vente de cette Bibliothèque, faite en détail, produirait environ 64,000 fr., en supposant que les livres qu’elle renferme fussent vendus au même prix que les livres analogues de la Bibliothèque Soleinne. On en jugera d’ailleurs par le Catalogue, qui renvoie pour chaque article à l’article correspondant du Catalogue de cette célèbre bibliothèque, aujourd’hui évanouie comme tant d’autres que nous pleurons en admirant leurs catalogues, et campos ubi Troja fuit. […]

Enfin, nous faisons des vœux pour que quelque ami des lettres et des livres, s’il en est encore parmi les riches de ce triste monde d’égoïsme, fasse ce qu’a fait Madame de Montesson, ce qu’a fait M. de Soleinne, ce que voulait faire M. le marquis d’Aligre au bénéfice du Théâtre-Français, en achetant, en conservant, en perpétuant la Bibliothèque de Pont de Vesle. » (P. L. J. « Préface », p. IV et VIII)


Malgré les efforts faits pour empêcher la dispersion de cette bibliothèque, il fallut se résigner : la vente eut lieu en la salle Techener, 4 rue de la Bibliothèque du Louvre, en 15 vacations, du lundi 10 au mercredi 26 janvier 1848.




Dans le catalogue distribué pour la vente, intitulé Bibliothèque dramatique de Pont de Vesle formée avec les débris des bibliothèques de Saint-Ange, de Crozat, de Mme de Pompadour, etc., continuée par Mme de Montesson, possédée depuis par M. de Soleinne (Paris, Alliance des arts, 1847, in-8, [8]-279-[1 bl.] p., 2.472 lots), la « Préface » fut supprimée et remplacée par :


« C’en est fait : la bibliothèque dramatique de Pont de Vesle et de madame de Montesson est condamnée à périr ! Les livres qui la composent, rassemblés avec tant de peine par un grand seigneur qui faisait des comédies, et conservés avec tant de soin par une grande dame qui faisait des tragédies, vont se désunir et se disperser : les uns, nétoyés [sic], restaurés et remis à neuf, se couvriront de maroquin et de dorures pour devenir des bijoux que les bibliophiles convoitent déjà ; les autres passeront dans les mains de quelques amis de la littérature dramatique et seront encore lus et feuilletés, comme ils l’étaient au 18e siècle ; le plus grand nombre tombera chez les bouquinistes, sur les étalages des quais, et ne s’en relevera [sic] pas. Væ victis [Mort aux vaincus] !

Et pourtant la plupart de ces volumes ont été touchés par des mains illustres ! Parmi ceux qui proviennent des bibliothèques de Saint-Ange et de Crozat, quelques uns avaient appartenu à Molière et aux acteurs de sa troupe ; les armes de madame de Pompadour, du duc de Lavallière et du comte d’Hoym, témoignent encore de l’origine de ces rares exemplaires qui n’avaient pas craint de s’encanailler, en se mêlant aux restes des bibliothèques du théâtre de la Foire et du théâtre Italien.

Aujourd’hui on ne recherche que les livres irréprochables, c’est-à-dire habilement traités par la bibliolatrique ou l’art de guérir les livres malades : ces livres-là, on les paie au poids de l’or. Les livres que renferme la bibliothèque de Pont de Vesle, ne sont pas malheureusement, du moins pour la plupart, dans l’état de conservation et surtout de reliure qu’on exige maintenant pour les collections d’amateurs. Si ces livres étaient tous en belle condition, la bibliothèque vaudrait plus de 100,000 fr.

Car les raretés y sont très nombreuses : on y remarque une foule de pièces introuvables, sans parler des mystères et des éditions originales. Le catalogue, qui était fait pour la protection et non pour la destruction de cette bibliothèque si curieuse, ne donne aucun renseignement sur ce qui est rare et précieux :il décrit, par exemple, la première édition de Louise Labé, avec la même indifférence qu’une brochure publiée chez Barba !

C’est donc affaire aux libraires instruits et aux bibliophiles éclairés, de découvrir eux-mêmes les perles enfouies dans ce catalogue : nous leur recommandons surtout l’ancien Théâtre français et l’ancien Théâtre italien. Il y a là quantité de volumes auxquels il ne manque qu’une reliure digne d’eux, pour atteindre les prix extraordinaires des ventes Cailhava, Libri et Aimé-Martin.

On sera tout étonné d’apprendre, avant une année, que dix ou quinze articles, tirés de ce catalogue, valent à eux seuls le prix que l’on demandait de la bibliothèque entière.

Quant à nous, qui avons fait tant d’efforts pour la sauver, nous n’avons pas, Dieu merci, à nous reprocher de l’avoir sacrifiée, et encore, à cette heure, en écrivant son épitaphe, nous formons des vœux, inutiles sans doute, mais ardents et sincères, pour qu’une bonne âme d’argent s’émeuve en faveur de la dernière bibliothèque dramatique, de la célèbre bibliothèque de Pont de Vesle et de madame de Montesson ! » (p. [5-6])


« Ce qui faisait surtout la valeur de la bibliothèque de Pont-de-Vesle, c’était l’ensemble. Cette valeur disparaissait dès qu’il s’agissait d’une vente en détail, pour faire place aux chances les plus défavorables. D’abord les livres étaient, à l’intérieur comme à l’extérieur, bien loin d’être beaux. On le savait, et la plupart des amateurs, de jour en jour plus difficiles, se sont abstenus. Puis le catalogue n’avait pas été fait en vue de la vente, et M. Goizet, qui en avait accepté la rédaction, s’était borné à faire un bon catalogue pour l’usage de la bibliothèque, sans se préoccuper d’une vente à laquelle on ne songeait pas. Malgré tout cela, le résultat de la vente a prouvé que l’édifice était quelque chose. Les matériaux dispersés ont produit plus de 10,000 francs, et dans cette somme figurent plusieurs mystères dont pas un n’a atteint le prix de 100 fr. ! Cela peut donner une idée de l’influence qu’exerce la condition des exemplaires sur le prix des livres d’amateurs. La différence a été moins sensible sur les livres d’une rareté moins absolue. Notre théâtre du xvie et du xviie siècles s’est mieux vendu, toutes proportions gardées, et les ouvrages relatifs aux provinces de France, Entrées, Cérémonies, etc., se sont vendus plus cher que chez M. de Soleinne. Le théâtre patois n’était pas très nombreux, et le théâtre étranger n’a presque rien produit. » (Journal de l’amateur de livres. Paris, P. Jannet, 1848, p. 52)


 



Armes du comte de Pont-de-Veyle
D'azur, semé de roses d'or, à la bande de même,
chargée de trois lions de sable brochante sur le tout.



      

  

















Pierre Jannet, bibliophile elzévirien

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Né le 5 janvier 1820 à Saint-Germain-de-Grave (Gironde), Pierre Jannet débuta comme clerc d’avoué à Bordeaux. Plus attiré par l’étude des langues – outre le latin et le grec, il posséda rapidement l’allemand, l’italien et l’anglais – et les livres que par les études de droit, il vint ouvrir en 1846 une librairie à Paris, au 37 de la rue de la Fontaine-Molière [aujourd’hui rue Molière, Ier], dans une grande chambre entourée de quelques rayons en sapin.



Dès cette époque, il donna des preuves de son savoir bibliographique. Il proposait gratuitement un Catalogue de livres français et étrangers, anciens et modernes, en vente, aux prix marqués, ce qui était novateur.



Il publia le Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Philippe de Larenaudière (Paris, P. Jannet, 1846, in-8, xvj-272 p., 2.576 lots), ancien magistrat et ancien vice-président de la Société de géographie de Paris, dont la vente eut lieu à la Maison Silvestre, 30 rue des Bons-Enfants (Ier), du lundi 30 novembre au samedi 19 décembre 1846, en 18 vacations. Au mois de janvier 1847, il publia les premiers numéros de deux hebdomadaires : le Catalogue général de la librairie française, qui paraîtra jusqu’en avril 1848,



et la Bibliothèque française. Catalogue méthodique et complet des ouvrages de tout genre qui se publient en France, qui paraîtra jusqu’en décembre 1847. Suivit la publication du Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. O. E. Van Hippe (Paris, P. Jannet, 1847, in-8, [4]-124-[4] p., 1.639 lots), ancien chambellan du roi des Pays-Bas, dont la vente eut lieu à la Maison Silvestre, du lundi 15 au mercredi 31 mars 1847, en 9 vacations.





Bientôt associé à Louis-Catherine Silvestre (1792-1867), pour les ventes L**** [comte Guglielmo Libri], le 28 juin 1847 et Ferd[inando] Belvisi, le 8 décembre 1847,



il devint « son successeur désigné » pour la vente Busca, le 18 mars 1848.


Enfin successeur effectif de Silvestre, il publia les catalogues des ventes L.M.D.R. [le marquis du Roure], le 3 novembre 1848 ; Viollet-le-Duc, le 5 novembre 1849 ; G[uilbert] de Pixerécourt, le 27 novembre 1849 ; H. de Wynne, le 30 novembre 1849 ; marquis H[ippolyte] de Chateaugiron, les 19 et 20 décembre 1849 ; J.G. Pretre, peintre, le 28 février 1850 ; Amans-Alexis Monteil, historien, le 11 juin 1850 ; [Jean-François-Guillaume] Souquet de Latour, curé de Saint-Thomas d’Aquin, 1851 ; R.S.A***, le 22 avril 1851 ; Aimé Leroy, ancien bibliothécaire de la ville de Valenciennes, le 19 avril 1852 ; Truebwasser, le 24 janvier 1853 ; lord N*** [North], le 18 avril 1853 ; J[ean]-L[ouis]-A[ntoine] Coste, ancien conseiller à la cour royale de Lyon, en 1854 ; Duchesne aîné [Jean], ancien conservateur de département des estampes de la Bibliothèque impériale, le 24 mai 1855 ;



baron [Louis-Philippe-François] de Warenghien, ancien commissaire des guerres, le 9 juillet 1855.


Poursuivant ses activités éditoriales, Jannet reprit la devise « Livres nouveaulx, livres vielz et anticques », tirée d’une épître d’Étienne Dolet de 1544, que Silvestre avait adoptée pour toutes ses publications et qu’il avait placée dans un écu.




Le 1er janvier 1848, le premier numéro hebdomadaire de la Bibliographie universelle. Journal du libraire et de l’amateur de livres remplaça la Bibliothèque française.



À la même date parut le premier numéro du bimensuel Journal de l’amateur de livres. Dans le numéro 17 du 1er septembre 1848 (p. 257-271), un spirituel et savant article intitulé « Des livres supposés » est signé par Jannet, sous le pseudonyme de H. Haensel. À la réception du n° 1 de janvier 1850, où se trouve une longue lettre d’Édouard Fournier sur les livres imaginaires et adressée à Haensel, le baron de Reiffenberg écrivit :


« M. Jannet est un jeune homme instruit qui entend les langues vivantes, notamment l’allemand, la plus utile aux bibliologues et la moins connue en France. Il est possédé d’un goût très-vif [sic] pour la bibliographie et l’histoire littéraire ; mais connaissant l’esprit de la plupart de ses confrères, il est convaincu qu’un libraire soupçonné de lire un livre est un homme commercialement perdu et que celui qui serait atteint et convaincu d’écrire serait mis de droit au ban de la librairie.

En conséquence, ne pouvant résister à son goût favori, il a pris un masque : il s’est déguisé aux yeux de la digne corporation des bibliophiles et fait passer ses recherches et ses articles sous le nom de M. H. Haensel. » (Bulletin du bibliophile belge. Bruxelles, Cologne et Bonn, J.-M. Heberlé, 1850, p. 41) 



Publié comme « Complément du Journal de l’amateur de livres Tome II. – Année 1849 », la Bibliotheca scatologica ou Catalogue raisonné des livres traitant des vertus faits et gestes de très noble et très ingénieux Messire Luc (à rebours) seigneur de la chaise et autres lieux […] par trois savants en us (Scatopolis [Paris], chez les marchands d’aniterges [torche-cul ou écrit sans valeur] [P. Jannet], l’année scatogène 5850 [1850]) ne porte pas au titre la vignette scatologique qui orne l’édition tirée ensuite à 150 exemplaires, au milieu de laquelle on lit « Dédié à M. Q » [Quérard], représentant les « trois savants en us » : le docteur Jean-François Payen (1800-1870), Alexandre-Auguste Veinant (1799-1859), employé au ministère des finances et Pierre Jannet.


La même année 1849, Jannet publia La Chasse du lièvre avecques les lévriers, par Isaac Habert, réimpression à 62 exemplaires sur l’exemplaire unique de 1599 de la Bibliothèque nationale, par les soins d’Auguste Veinant.




Le premier numéro de son Courrier de la librairie date du 16 janvier 1851. Cette publication parut chaque mois et fut distribuée gratuitement, par la poste, au nombre de 10 000 exemplaires, aux bibliothèques publiques, aux sociétés savantes, aux cercles, aux libraires et aux principaux bibliophiles de toute l’Europe.




En 1853, outre la parution des Marques typographiques, par Silvestre, son ex-associé, Jannet inaugura une collection nouvelle, bon marché et de qualité, la « Bibliothèque choisie », avec Les Aventures merveilleuses de Fortunatus : 50 centimes le volume in-16, contenant la matière d’un volume in-8 de 7,50 francs ; les volumes de 250 à 400 pages, ou volumes doubles, 1 franc ; il parut deux ou trois volumes par semaine. Mais cette collection, qui devait comprendre les Œuvres de H. de Balzac en 70 volumes à 50 centimes, dut s’arrêter devant l’insuccès.





Commencé le 15 novembre 1854, le mensuel La Propriété littéraire et artistique devint bimensuel à partir de 1er avril 1855,



puis hebdomadaire à partir du 1er janvier 1856 avec le titre de La Propriété littéraire et artistique, Courrier de la librairiepour la France et l’étranger. Tiré alors à 6.000 exemplaires, il fut adressé gratuitement à tous les libraires de France et d’Allemagne, et aux principaux libraires des autres pays, ainsi qu’aux bibliothèques publiques, académies, sociétés savantes, cercles et autres établissements du même genre.



À titre de prime, les abonnés recevaient, par livraisons, le Catalogue général de la librairie française au xixe siècle indiquant, par ordre alphabétique de noms d’auteurs les ouvrages publiés en France du 1er janvier 1800 au 31 décembre 1855, par Paul Chéron (1819-1881), de la Bibliothèque impériale, non mis dans le commerce, qui ne sera pas achevé (Paris, P. Jannet, 1856-1858, 3 t.). L’hebdomadaire fut acheté à la fin de 1858 par le Cercle de l’Imprimerie et de la Librairie, qui la réunit au journal officiel, dont il était devenu propriétaire.



Ouvrage destiné à faire suite au Manuel du libraire et de l’amateur de livres, par Jacques-Charles Brunet, le Manuel de l’amateur d’estampes, par Charles Le Blanc (1817-1865), du département des estampes de la Bibliothèque impériale, fut publié en deux tomes par Jannet, en 1854 et en 1856. 




Le même éditeur donnait jour en 1855 au Manuel-Annuaire de l’imprimerie, de la librairie et de la presse, par Ferdinand Grimont (1818-1874), avocat, sous-chef au ministère de l’intérieur, bureau de la librairie, et en 1857 au premier des quatre tomes de La Muze historique, par Jean Loret (1595-1665), nouvelle édition par Jules Ravenel (1801-1885) et Edmond Valentin de La Pelouze, dont la publication sera poursuivie en 1877 et 1878 par P. Daffis, et à La Presse parisienne, par Ferdinand Grimont.





À côté de ces publications, Jannet fit marcher celle d’une « Bibliothèque elzévirienne », appelée par les amateurs « Édition à la sphère », à cause de la sphère qui figure aux titres et qui sera gravée sur le dos de chaque volume. Pour ce faire, une société de librairie fut formée entre Jannet, gérant, et Charles-Henry Ternaux-Compans (1807-1864), commanditaire, sous la raison sociale P. Jannet, aux termes d’un acte sous seings privés fait à Paris le 12 février 1853.


Henry Ternaux (1807-1864), époux de Louise-Adolphine Compans en 1836, ancien membre du Conseil d’escompte de la Banque de France, à la suite de son père, ancien secrétaire d’ambassade et ancien député de la Loire-inférieure, s’était fait connaître par un certain nombre de publications, dont la Bibliothèque américaine ou Catalogue des ouvrages relatifs à l’Amérique (Paris, Arthus-Bertrand, 1837), les Voyages, relations et mémoires originaux pour servir à l’histoire de la découverte de l’Amérique (Paris, Arthus-Bertrand, 1837-1841, 20 vol.) et la Bibliothèque asiatique et africaine ou Catalogue des ouvrages relatifs à l’Asie et à l’Afrique (Paris, Arthus-Bertrand, 1841). L’année de son mariage, il avait vendu chez Silvestre, sous le nom de Rætzel [ou Ræthsel], sa collection « la plus complète de livres sur la littérature de l’Espagne et du Portugal et de leurs colonies dans les deux mondes, qui ait jamais été offerte en vente publique. »   


La « Bibliothèque elzévirienne » répondait au principe suivant : « Publier une collection d’ouvrages d’élite, dignes de tous par leur exécution matérielle, à la portée de tous par la modicité de leur prix. » Elle devait se composer d’ouvrages anciens, inédits ou rares, utiles pour l’étude des mœurs, de la littérature ou de l’histoire et d’ouvrages antérieurs au xviiie siècle qui jouissent d’une réputation méritée. Le format fut celui des Elzevier un peu agrandi, avec cette différence que la feuille fut tirée in-16, ce qui donna des volumes plus réguliers que l’in-12 des Elzevier. Il fallut faire fabriquer le papier de fil avec un filigrane reproduisant le nom de Jannet. Quant aux caractères, il fit faire des fontes de ceux qui lui parurent les plus convenables, en attendant qu’il lui fût possible d’employer, à partir de 1856, les caractères elzéviriens qu’il devait faire graver par Gouet, 103 rue du Cherche-Midi (VIe). Les ornements furent copiés par un autre graveur, Le Maire, sur ceux dont se servaient les Elzevier. Les imprimeurs se prêtèrent à des modifications qui assuraient la régularité du tirage. C’est l’imprimerie de Jules Guiraudet et Charles Jouaust, 338 rue Saint-Honoré (Ier), qui, de 1853 à 1858, a imprimé les ouvrages composant la « Bibliothèque elzévirienne ». Les neuf premiers volumes ne furent mis en vente qu’au mois d’août 1853. La collection fut accueillie avec faveur. Le 15 février 1855, Jannet publia un « Avis important » :




« Les volumes de la Bibliothèque elzevirienne [sic] sont imprimés sur papier collé et très chargés d’encre : il est difficile de les relier tout de suite sans les maculer. D’un autre côté, leur couverture en papier blanc perd promptement sa fraîcheur, et on ne peut les garder long-temps [sic] brochés. J’ai pris le parti de faire couvrir ces volumes d’un élégant cartonnage en toile [percaline rouge], à la manière anglaise, ce qui permettra aux amateurs soit de les garder toujours ainsi, soit de ne les faire relier que dans un an ou deux. A partir d’aujourd’hui, tous les volumes seront vendus cartonnés, non rognés et non coupés, SANS AUGMENTATION DE PRIX. Les personnes qui possèdent des volumes brochés non coupés pourront les échanger, sans frais, contre des volumes cartonnés ; quant aux volumes coupés, je me chargerai de les faire cartonner moyennant 75 centimes. » (Catalogue de la Bibliothèque elzévirienne et des autres ouvrages du fonds de P. Jannet. Paris, P. Jannet, 1855, p. 6)





En 1856, Jannet dut quitter la salle Silvestre et s’installa au 15 rue de Richelieu. C’est alors que parut le Specimen des nouveaux caractères destinés à l’impression de la Bibliothèque elzevirienne [sic] suivi du Plan de la collection (Paris, P. Jannet, 1856), livret de 80 pages qui marqua la rupture avec le style Didot jusqu’alors dominant.  

En moins de six ans, Jannet fournit plus de cent volumes, annotés par lui-même et par les plus érudits : Prosper Mérimée, de l’Académie française ; Célestin Moreau, auteur de la Bibliographie des mazarinades ; Anatole de Montaiglon, de la Société des antiquaires de France ; le littérateur Viollet-le-Duc ; le poète Prosper Blanchemain ; P.L. Jacob, bibliophile ; Jean-Baptiste Tenant de Latour, bibliothécaire du roi Louis-Philippe Ier au palais de Compiègne ;  Alexandre Gratet-Duplessis, ancien recteur de l’Académie de Douai ;  l’amateur Adrien Destailleur ; l’écrivain Paul Boiteau ; le critique Charles Asselineau ; l’historien Édouard Fournier ; Victor Fournel, critique littéraire passionné par le vieux Paris ; Charles d’Héricault, journaliste ; Louis Lacour de La Pijardière, archiviste paléographe ; Édouard Lancereau, de la Société asiatique ; l’historien Ludovic Lalanne ;  le prince Augustin Galitzin ; Thomas Wright, membre correspondant de l’Institut de France ; Auguste Vallet de Viriville, archiviste paléographe ; Jules Taschereau, administrateur de la Bibliothèque nationale ; Paul Pougin, archiviste paléographe ; Edélestand du Méril, philologue, cousin germain de Jules Barbey d’Aurevilly ; Émile Mabille, archiviste paléographe ; Charles Marty-Laveaux,  archiviste paléographe ; Louis Moland, critique littéraire ; Charles-Henry Ternaux-Compans, ancien député ; Charles Brunet, inspecteur général, chef de bureau au Ministère de l’Intérieur ; Francisque-Michel, correspondant de l’Institut de France ; Charles-Louis Livet, spécialiste du xviie siècle français ;  Émile Chasles, professeur de littérature étrangère à la Faculté des lettres de Nancy ; Gustave Aventin [anagramme de Auguste Veinant], employé au Ministère des Finances ; Charles Alleaume, archiviste-paléographe ; Gustave Brunet, bibliographe ; etc.


Les relations de l’éditeur avec ses amis auteurs n’étaient pas sans nuages. En 1856, Édélestand du Méril a fourni à Jannet une édition de Floire et Blanceflor dont les notes, oiseuses, inutiles ou malencontreuses, étaient presque aussi longues que le texte lui-même, déclenchant une querelle entre eux qui se termina devant les tribunaux. Ceux-ci donnèrent tort au libraire, qui avait fait imprimer une Note pour P. Jannet libraire-éditeur, contre M. Édélestand du Méril homme de lettres (Paris, impr. Guiraudet et Jouaust, s.d.), distribuée avec le volume même, véritable pamphlet contre l’auteur :


« Voilà ce candidat à l’Académie des inscriptions, qui fait un livre dans lequel moi, humble libraire, je découvre plus d’erreurs que je n’en pourrais relever, alors même que je voudrais faire un volume plus gros que le sien !

Voilà donc ce livre énorme qui me coûte tant d’argent et qui déshonore ma collection ! ce qui m’oblige à dire au public :

“ N’ayez aucune confiance en ma circonspection ordinaire : n’achetez point ce livre, dont la Préface est absurde, dont le texte est déplorable et dont le Glossaire est ridicule ; ne l’achetez point, car vous mettriez sur vos tablettes le chef-d’œuvre de l’éducation incohérente, vide et sans utilité ” » (p. 32-33)


L’édition des Œuvres complètes de Théophile (Paris, P. Jannet, 1855 [t. II]-1856 [t. I]), donnée par Charles Alleaume (1820-1900), contient à la fin du tome second des « Pièces du Parnasse satyrique attribuées à Théophile lors de son procès » (p. 437-439) et des « Pièces attribuées à Théophile par un manuscrit de la Bibliothèque de l’Arsenal » (p. 440-448), très libres. Le critique Désiré Nisard (1806-1888) ayant écrit que « Théophile est condamné à n’être connu des honnêtes gens que de nom […] M. Alleaume a donné une nouvelle édition des Œuvres de Théophile »,  Alleaume exigea la suppression desdites pièces ou, à défaut, leur transcription en caractères grecs ! Devant la résistance de son éditeur, l’auteur en appela en 1859 aux tribunaux, qui acquittèrent Jannet et condamnèrent Alleaume aux dépens. 


Pour des raisons financières, et non à cause de la mort de son commanditaire, comme on l’a constamment écrit, la société de librairie formée entre Jannet, 15 rue de Richelieu, seul gérant responsable, et Ternaux-Compans, 39 rue Neuve des Mathurins, simple commanditaire, sous la raison sociale P. Jannet, fut dissoute d’un commun accord, suivant acte sous signatures privées, fait à Paris le 25 janvier 1858. Tous pouvoirs furent donnés aux liquidateurs, Jannet et Émile Hécaen, 9 rue de Lancry, pour continuer la publication de la « Bibliothèque elzévirienne » et de divers autres ouvrages. Pour terminer la liquidation de ladite société, Jannet abandonna à Ternaux-Compans tout l’actif de la société, tant pour le remplir du montant de sa commandite que pour le couvrir du passif.





Au début de l’année 1859, Jannet céda la « Bibliothèque elzévirienne »  à  la veuve de Antoine-Laurent Pagnerre (1805-1854) qui tenait, avec sa fille, au 18 rue de Seine, une étroite et sombre librairie, jadis florissante. Pagnerre ne tarda pas à la revendre, en 1865, à la librairie Albert Franck (Albert L. Herold successeur), 67 rue de Richelieu, installée en face de la Bibliothèque impériale.


Jannet avait donc quitté la librairie, mais pas l’édition, pour se réfugier dans sa grande maison du 30 boulevard Jourdan, à Montrouge, où il se livrait à l’élevage des poules et des faisans. Il avait formé une collection composée d’exemplaires les plus rares, de faisans, de coqs et de poules exotiques dans le jardinet de sa propriété, à côté de ses magasins de consignation de librairie.


Dès 1859, dans les cinq premiers tomes de la première année de sa parution, la Revue européenne employa les talents de Jannet pour rédiger la chronique « Tablettes d’un amateur », de son chapitre « Bulletin bibliographique », qui traita de la définition de l’amateur, des catalogues de Libri, de Cigongne, de Veinant, de Brunet, des reliures, et même des oiseaux de basse-cour, etc., mais aussi des ventes de livres, d’estampes, etc., le tout complété par des notes. Mérimée lui avait écrit de Cannes, le 6 février 1860 :


« M. Pelletier m’avait déjà appris quelque chose de votre histoire ; vous ne m’en dites guère davantage, mais seulement assez pour me faire beaucoup de peine. Je suis désolé de cette affaire, d’abord pour vous, puis pour tout le monde qui y perdra. […].

Je ne puis croire cependant que vous ne continuiez pas à édifier le monde savant par des ouvrages moraux. Si vous n’imprimez pas ceux des autres, pourquoi n’en feriez-vous pas qu’on imprimerait ?

Pourquoi ne raconteriez-vous pas au public vos tribulations dans le même style que la notice qui accompagne le poème de Blancheflor ?

Je suis ici pour une quinzaine de jours ; dès que je serai à Paris, j’irai vous relancer parmi vos poules, et j’espère vous y trouver fier comme un coq. » (Maurice Tourneux. Prosper Mérimée ses portraits ses dessins sa bibliothèque. Paris, Charavay frères, 1879, p. 93-95) 


C’est sous le pseudonyme de P. J. Ferdermann qu’il publia Quelques mots sur les oiseaux de basse-cour, à propos du Concours général et national d’agriculture (Paris, E. Panckoucke, 1860). Bien que son nom ne soit pas « d’un grand poids dans les questions financières », Jannet signa La Banque de France, le Crédit et la Monnaie (Paris, A. Poulet-Malassis, 1861), se proposant « d’indiquer en quelques mots les causes du mal et les moyens de le faire cesser. » Il avait effectivement un projet de banque, la Société générale de librairie, sous la raison sociale P. Jannet et Cie, 5 rue du Pont-de-Lodi, dont la description fut imprimée en 1865.


Fondée cette dernière année par Paul Chéron, de la Bibliothèque impériale, Jules Cousin, de la Bibliothèque de l’Arsenal, Louis Lacour, de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, Lorédan Larchey, de la Bibliothèque Mazarine, et Anatole de Montaiglon, secrétaire de l’École des chartes et ancien bibliothécaire à l’Arsenal, l’Académie des bibliophiles était une « Société libre pour la publication à petit nombre de livres rares ou curieux », la plupart imprimés par Damase Jouaust (1834-1893), fils de Charles, auquel il venait de succéder. Un extrait de l’article IV des Statuts était rappelé au verso du faux titre de chaque exemplaire :


« Chaque ouvrage appartient à son auteur-éditeur [sic]. La Compagnie entend dégager sa responsabilité collective des publications de ses membres. »


Le premier titre de la collection, achevé d’imprimer le 15 novembre 1866, fut De la bibliomanie, par Bollioud-Mermet, de l’Académie de Lyon, tiré à 160 exemplaires (2eédition de la réimpression). Membre du Conseil de l’Académie, Jannet publia dans la collection La Seiziesme joye de mariage (1866), pastiche dont il était l’auteur, tiré à 500 exemplaires, et Saint Bernard. Traité de l’amour de Dieu (1867), imprimé par Jules Bonaventure et tiré à 313 exemplaires.


Le 15 novembre 1866, le libraire Edmond Picard, 47 quai des Grands-Augustins, entreprit la publication de la « Nouvelle Collection Jannet » : en effet, Jannet voulut bien se charger de la direction littéraire et typographique de la collection. Le format adopté fut l’in-16.




Tous les volumes furent reliés en percaline bleue, après leur impression en caractères antiques, sur du beau papier, par Damase Jouaust. Il fut tiré pour les amateurs un petit nombre d’exemplaires sur papier vélin et sur papier de Chine, livrés brochés, dans un étui. Il parut deux volumes par mois. Les deux premiers furent Les Pastorales de Longus, ou Daphnis et Chloé et Les Aventures de Til Ulespiègle. On pouvait lire, dans La Petite Revue anecdotique du 1er février 1867, de René Pincebourde, éditeur l’année précédente des fameux Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique, par Charles Asselineau :


« Et d’abord, grande nouvelle, M. Jannet, Pierre Jannet, le vrai Jannet, le Jannet de cette Bibliothèque elzevirienne [sic] si malheureusement étranglée, au dire des amateurs et des gens de lettres, M. Jannet enfin rentre en lice avec une collection nouvelle bravement intitulée : Collection Jannet, et, certes, il ne se pouvait pas de baptême plus heureux. »


À l’apparition du troisième tome du Rabelais de la « Nouvelle Collection Jannet », Lorédan Larchey écrivit :


« Bien qu’il ait été oublié dans la première édition de M. Vapereau, M. P.-G. Jannet m’a toujours semblé une des individualités les plus remarquables de la librairie parisienne, qui en possède tant et de si diverses. En comptant sur mes doigts, je trouve d’abord en lui un écrivain financier qui ne manque point de justesse ; il a fait comme un autre sa brochure sur la Banque, et celle-là n’était pas la moins riche en idées pratiques. Il fut aussi ornithologue, et il a peut-être encore une des collections de poules les plus distinguées de Paris ; ce qui nous a valu une brochure non moins instructive que celle dont nous avons parlé tout à l’heure. Cela n’empêche point M. Jannet d’être un philologue sagace auquel il ne fait toujours pas bon se frotter. Il me souviendra longtemps d’un débat dans lequel lui, libraire, porta un coup sensible à la réputation scientifique d’un de ses auteurs. Ce fut, bien entendu, au moyen d’une troisième brochure.

Enfin, M. Jannet est pour nous un confrère. Sous le titre de Tablettes, il a rédigé une chronique pour la défunte Revue Européenne. J’oserai ajouter qu’elle était plus lue que le Jessie de M. Mocquard.

Voilà, n’est-il pas vrai ? bien des aptitudes diverses, et, s’il fallait en croire le préjugé, un homme qui sait tant de métiers a dû négliger le sien.

Eh bien ! détrompez-vous. M. Jannet est réellement un éditeur. En cette qualité, il a su créer déjà deux collections qui sont bien à lui. La première fut cette Bibliothèque Elzévirienne, qui n’est pas trop tombée au rabais, bien qu’elle n’ait point rapporté de gros dividendes à feu Ternaux-Compans. On peut dire de plus qu’elle a donné le branle à cette renaissance dite elzévirienne qui influe si heureusement depuis une douzaine d’années sur l’aspect des produits de notre librairie.

La seconde, commencée depuis deux années, avec le concours de M. Picard, est appelée à un succès plus grand qu’elle mérite au même titre. Je ne crois pas qu’il soit possible d’établir à un prix aussi insignifiant des volumes édités dans des conditions relativement meilleures.

Je ne sais si la Nouvelle Collection Jannet s’est risquée à l’Exposition de 1867, mais, si j’avais été jury, comme dit M. Prudhomme, j’aurais donné aux livres dont je parle la médaille acquise à tout fabricant unissant dans ses produits trois mérites qui s’appellent : la correction, l’élégance, le bon marché. » (Le Bibliophile français. Gazette illustrée. Paris, Bachelin-Deflorenne, 1868, t. I, p. 191-192)


Selon Georges Vicaire, Jannet aurait signé Rabelais et ses éditeurs (Paris, Auguste Aubry, 1868), extrait de la Revue moderne du 25 novembre 1868, sous le pseudonyme de H. Émile Chevalier : mais Henri-Émile Chevalier (1828-1879), journaliste et homme de lettres, auteur en particulier des Drames de l’Amérique du Nord, a bel et bien existé.   

Partisan, avec Ambroise Firmin-Didot, d’une réforme de l’orthographe, Jannet écrivit « La Réforme de l’orthographe » dans la Revue moderne du 10 janvier 1869 (p. 107-136).




Il publia la même année De la langue chinoise et des moyens d’en faciliter l’usage (Paris, A. Franck, 1869),




puis, avec Gustave Brunet, Les Supercheries littéraires dévoilées, par Quérard (Paris, Paul Daffis, 1869-1872, 4 vol.) : seconde édition, considérablement augmentée, suivie du Dictionnaire des ouvrages anonymes, par Barbier, troisième édition revue et augmentée par Olivier Barbier, conservateur sous-directeur adjoint à la Bibliothèque impériale, fils de l’auteur, et d’une Table générale des noms réels des écrivains cités dans les deux ouvrages.

La dernière publication signée par Jannet fut une Notice sur le château de Méréville (Paris, J. Bonaventure, 1870). La même année, le libraire Paul Daffis, 9 rue des Beaux-Arts, se rendit acquéreur de la « Bibliothèque elzévirienne » : Jannet accepta alors de se charger de la direction littéraire et typographique de la collection et envoya chez l’imprimeur le premier des 20 volumes de la série intitulée Les Conteurs français.

Après la déchéance de Napoléon III, le 4 septembre 1870, il avait commencé à se livrer à la vie publique. Membre de la commission d’armement du XIVe arrondissement, il échoua aux élections à la mairie, mais organisa avec succès la nourriture gratuite des enfants des écoles de filles et de garçons.


Une épidémie de variole régnait depuis quelque temps à Paris. Une violente attaque, contractée en visitant les écoles communales de Montrouge, enleva Jannet le 23 novembre 1870, malgré les soins du Dr. Jean-François Robinet (1825-1899), médecin d’Auguste Comte, en son domicile du 30 boulevard Jourdan, dans un quartier qui appartenait à la commune de Montrouge et qui avait participé, avec les communes de Gentilly et de Vanves, à la formation du XIVe arrondissement, en 1860.


« Du vingt trois novembre mil huit cent soixante dix à deux heures du soir. Acte de décès de Pierre Jannet, décédé ce matin à cinq heures, en son domicile, boulevard Jourdan, n° 30 ‹ XIVe mairie › âgé de cinquante ans, propriétaire, né à Saint André des Bois ‹ Gironde › célibataire, sans autre renseignement. Constaté suivant la loi, par nous Jean Pierre Héligon officier de l’Etat Civil, sur la déclaration de Pierre Laffitte, âgé de quarante sept ans, professeur de mathématiques, demeurant à Paris rue d’Assas n° 126, et de Edmond Picard, âgé de trente sept ans, libraire, demeurant à Paris quai des Grands-Augustins n° 47 qui ont signé avec nous après lecture »


Moins d’une trentaine de personnes accompagna sa dépouille au cimetière du Montparnasse. Très peu de temps avant la mort de Jannet, Pierre Laffitte (1823-1903), son exécuteur testamentaire, professeur de mathématiques, devenu directeur du « Positivisme » et successeur d’Auguste Comte, avait chargé le libraire Delaroque aîné, 21 quai Voltaire, de procéder à une vente publique des manuscrits, notes et brochures de l’éditeur : tout fut entassé, dans un désordre indescriptible, salle Silvestre.

Après la mort de Jannet, arrivée au milieu du siège de Paris, qui dura du 19 septembre 1870 au 28 janvier 1871, sa maison, à cause de la proximité des fortifications, fut employée comme poste et comme ambulance.

Par suite du décès de Daffis, la « Bibliothèque elzévirienne » fut acquise en 1882 par Eugène Plon et Cie, installée 8 et 10 rue Garancière : elle fut achevée en 1898 et compta au total 90 titres, pour 175 volumes.


 


































La Bibliothèque du marquis de Courtanvaux

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Le chancelier Michel Le Tellier (1603-1685), seigneur de Chaville [1], trisaïeul du marquis de Courtanvaux, avait fondé la grandeur de sa famille, que François-Michel Le Tellier (1641-1691), marquis de Louvois [2], son fils, accrut encore.



Les armes des Le Tellier, « le clan des lézards », de souche parisienne et commerçante,étaient : d’azur, à trois lézards d’argent posés en pal ; au chef cousu de gueules, chargé de trois étoiles d’or.


François-César Le Tellier, marquis de Courtanvaux [3], duc de Doudeauville [4], Grand d’Espagne de la première classe, capitaine-colonel des Cent-Suisses de la Garde du Roi, naquit à Paris le 18 février 1718, de François-Macé Le Tellier (1693-1719), marquis de Louvois, et d’Anne-Louise de Noailles (1695-1773).

À l’âge de quinze ans, en 1733, il fit sa première campagne comme aide-de-camp du maréchal de Noailles son oncle. Dans la guerre suivante, il servit à la tête du régiment Royal, dont il avait été nommé colonel en 1740, pendant les campagnes de Bohême et de Bavière. En 1745, sa santé l’obligea de quitter le service.

Il eut alors à combattre le désœuvrement, les plaisirs de vanité n’étant rien pour lui. Un goût naturel pour les sciences le sauva : elles devinrent bientôt son unique occupation. Il s’appliqua successivement à l’Histoire naturelle, à la Chimie, à la Géographie, à la Physique, aux Mécaniques, à l’Astronomie.


Le 25 février 1732, il fut marié très jeune à Louise-Antonine de Gontaud (1718-1737), fille du duc de Biron, et devint père à seize ans. La nature donna également le goût des sciences à son fils Charles-François Le Tellier (1734-1764), marquis de Montmirail [5], qui fut président de l’Académie royale des sciences en 1763, comme l’avait été son arrière-grand-oncle, l’abbé Camille Le Tellier, en 1703 et en 1708. Quand le marquis de Montmirail mourut en 1764, l’Académie choisit son père pour successeur, qui devint à son tour président en 1769, puis en 1775.

Le marquis de Courtanvaux se fit remarquer à l’Académie par deux mémoires imprimés en 1768 : l’un avait pour objet l’éther marin [6], et l’autre la concentration et l’inflammation du vinaigre radical [7].

L’Académie proposa en 1767, pour sujet d’un prix, la construction d’une montre marine. Le marquis de Courtanvaux se chargea d’éprouver à la mer celles qui avaient été présentées aux concours.



Il suivit au Havre (Seine-Maritime) tous les détails de la construction de la corvette « L’Aurore », apprit la théorie et la pratique de la manœuvre et du pilotage, et s’instruisit de toutes les parties de l’art nautique.





Accompagné d’Alexandre-Guy Pingré (1711-1796) et Charles Messier (1730-1817), de l’Académie, et de Pierre Le Roy (1717-1785), auteur de deux de ces montres, il parcourut, pendant trois mois et demi, les côtes de France, de Flandre et de Hollande.


Chronomètre de marine de Pierre Le Roy, 1766
L’Académie, satisfaite de cette épreuve, décerna le prix à l’une des deux montres de Le Roy, en 1769.



Tour Courtanvaux vers 1851, détruite en 1887
Le marquis de Courtanvaux avait établi à Colombes (Hauts-de-Seine) un observatoire, où il allait souvent et dont il laissait la libre disposition à ceux de ses confrères auxquels cet observatoire, et les instruments dont il l’avait enrichi, pouvaient offrir quelques secours. Il fit exécuter un grand nombre d’instruments et en construisait lui-même.



Courtanvaux (Hospice de Tonnerre) [8]
Après avoir supporté avec constance de longues infirmités, il succomba le 7 juillet 1781. La branche aînée des Louvois se trouva éteinte dans sa postérité mâle.

Le marquis de Courtanvaux avait eu deux enfants, le marquis de Montmirail et Félicité-Louise Le Tellier (1736-1768), duchesse de Villequier, auxquels il avait survécu. Il laissait un petit-fils, le marquis d’Aumont, et deux petites-filles, Bénigne-Augustine Le Tellier (1764-1849), duchesse de Doudeauville, et Louise-Charlotte-Françoise Le Tellier (1765-1835), marquise de Montesquiou, toutes deux filles du marquis de Montmirail.  




Sa bibliothèque devait être vendue en son hôtel [9], rue de Richelieu, du lundi 4 mars au jeudi 25 avril 1782, en 33 vacations : Catalogue des livres de la bibliotheque de feu François-César Le Tellier, marquis de Courtanvaux, capitaine-colonel des Cent-Suisses (Paris, Nyon l’aîné, 1782, in-8, xvj-434 p., 3.599 lots), avec une « Table des matières » (p. 353-370 et p. 434) et une « Table des noms des auteurs et des personnes » (p. 371-433).



Elle n’eut lieu que du lundi 7 juillet au samedi 9 août 1783, en 30 vacations, en une salle des Grands Augustins ; le même catalogue fut utilisé, avec une nouvelle page de titre et un nouvel « Ordre des vacations » :

  

« LA Bibliotheque dont j’ai l’honneur de présenter au Public le Catalogue, a été commencée par M. le Marquis DEMontmirail, & augmentée considérablement par M. le Marquis DE Courtanvaux son pere. Tous deux n’ont eu en vue, en la formant, que de satisfaire leur goût pour les Sciences & les Arts, & de contribuer autant qu’il étoit en eux à leur perfection. […]

Enfermé très-souvent dans sa Bibliotheque, il [le marquis de Courtanvaux] en faisoit ses principales délices, & il chérissoit particuliérement les personnes qui s’entretenoient de livres avec lui. […]

Son fils avoit conçu le projet d’une Bibliographie de tous les Voyages connus, avec une Notice de ce qu’ils renferment de plus curieux, un jugement sur leur mérite, sur le caractere des Voyageurs, & sur la foi qu’on doit à leur récit, & il n’avoit épargné ni soins ni dépenses pour les ramasser. M. le Marquis de Courtanvaux qui savoit également toutes les Langues étrangeres, n’a rien négligé pour compléter cette Collection. Elle s’est accrue à un tel point, qu’elle doit être regardée comme une des plus considérables qui aient jamais existé.

La Partie d’Histoire Naturelle est aussi composée des livres les plus précieux & les plus recherchés.

On trouvera dans les différens genres de Littérature & d’Histoire les Ouvrages les plus estimés. En général, cette Bibliotheque mérite de tenir un rang parmi celles qui sont distinguées. » [sic] (« Avertissement », p. v-vj)







Les ouvrages portent son ex-libris gravé sur cuivre (82 x 45 mm) ou un cachet humide sur la page de titre et au dernier feuillet. Liste des lots adjugés à plus de 100 livres :

  

22. Discours hist. crit. théol. & mor. sur la Bible, par Saurin, avec des fig. gravées sur les dessins de Hoet, Houbraken & B. Picart. La Haye, Dehondt, 1739, 6 vol. in-fol. Pap. Roy., mar. r. 180 liv.





23. Physique sacrée, ou Histoire nat. de la Bible, trad. du lat. de J. J. Scheuchzer, enrichie de figures en taille douce, gravées par les soins de Jean-André Pfeffel. Amst., Schenk, 1732, 8 vol. in-fol., fig., v. f., d. s. tr. 223 liv.

48. L’Office de la Vierge, très-beau mss. sur velin, écrit par Jarry en 1655, avec une grande miniature, & les pages encadrées en or, et quelques lettres majuscules peintes en or. In-18, chag. noir, avec ferm. d’or. 200 liv. 

49. L’Office de la Vierge, très-beau mss. sur velin, écrit par Jarry, avec deux grandes miniatures & deux plus petites. In-32, mar. bl., avec ferm. d’or ém. 306 liv.   

51. Les Sept Offices de la semaine avec leurs litanies, mss. sur velin, avec des cadres à chaque page, & quelques lettres peintes en or, & ornemens en miniature, très-bien écrits par Jarry. 1653, in-32, chag. noir, ferm. d’or. 121 liv.


Buffon, l'abbé Needham et Danbenton pratiquent l'autopsie d'un animal (tome II, p. 1)

415. Histoire naturelle générale & particuliere, & la description du cabinet du Roi, par MM. DE Buffon& d’Aubenton, avec le supplém. & l’histoire des oiseaux, par M. Guenaud de Montbeliard, & des fig. en taille-douce. Paris, Imprim. royale, 1749 & suiv., 27 vol. in-4°, m. r. 499 liv. 

416. Histoire naturelle des oiseaux, par MM. de Buffon& Guenaud de Montbeliard. Paris, Impr. royale, 1771 & suiv., 5 vol. in-fol., fig. enluminées, gr. pap., v. éc. doré sur tr.  

417. Planches enluminées du même ouvrage, pour être insérées dans les volumes qui seront imprimés dans la suite. In-fol. en feuilles. Numéros 416 et 417 ensemble : 500 liv.

434. Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle & sur les arts, par M. l’Abbé Rozier, depuis Juillet 1771 jusqu’en Décembre 1772. Paris, le Jay, 1772, 9 vol. in-12, fig., v. m.

435. Suite des mêmes Observations, depuis 1773 jusqu’en 1781 inclus. Paris, Pankouke, 1773 & suiv. 18 vol. in-4°, v. m. Numéros 434 et 435 ensemble : 162 liv.





538. Phytanthoza Iconographia, sive conspectus aliquot millium à Joanne Guillelmo Weinmanno collectarum plantarum, etc. Ratisbonae, Lenzius, 1737, 4 vol. in-fol., g. pap., v. br. 240 liv. 2 s.

542. Figures des plantes décrites dans le Dictionn. du Jardinier, gravées d’après nature, et décrites suivant les systèmes de Ray, Tournefort& Linnaeus, par Philippe Miller. Lond., Rivington, 1760, 3 vol. in-fol., fig. enl., cuir de Russie. 540 liv.

543. Système végét. avec l’expl.de la maniere dont les plantes se nourrissent, par Jean Hill, avec fig. Lond. 1770, 23 tom., 21 vol. in-fol., g. pap., v. m. 152 liv.   





550 *. Hortus Romanus juxta systema Tournefortianum paulo strictius distributius à Georgio Bonelli, etc. Romae, Bouchard, 1772 & suiv., 5 vol. in-fol., gr. pap., fig. enlum., cart. 140 liv.  

560. Flora Danica, seu icones plantarum sponte nascentium in Regnis Daniae & Norvegiae, editae à Georgio-Christiano Œder, etc. Hafniae, Philibert, 1766, 3 vol. in-fol., v. f., d. s. t. 250 liv.

580. Ulissis Aldrovandi opera omnia. Bononiae, ex Typogr. Manolessiana, 1681 & seq., 13 vol. in-fol., fig., vel. 168 liv.

613. Histoire d’oiseaux peu communs, & d’autres animaux rares qui n’avoient point été décrits, par Georges Edward, avec 210 planches en taille douce, coloriées d’après nature. Lond., 1751, 2 vol. in-4°, g. pap., mar. bl., dent., doublés de tabis. 312 liv.





629. Traité général des Pêches, & hist. des poissons qu’elles fournissent, par MM. Duhamel du Monceau& de la Marre. Paris, Saillant & Nyon, 1769, 2 vol. in-fol., fig., v. m.





636. Choix de coquillages & de crustacés peints d’après nature, gravés en taille-douce & enlum. de leurs vraies couleurs, par François-Michel Regenfuss. Copenhague, 1758, in-fol., gr. pap., fig. 150 liv.

672. Hans Sloane Historia naturalis insularum Jamaïcarum, Maderae, etc., cum figuris aeneis elegantissimis. Lond., 1707 & 1725, 2 vol. in-fol., v. br. 160 liv.1 s.  

673. Histoire naturelle & civile de la Jamaïque, par Patrick Browne, avec figures en taille-douce. Lond., Osborne, 1756, in-fol., v. m., d. s. tr. 121 liv.

675. Histoire des raretés de la nouvelle Angleterre, par Jean Josselin. Londres, Widowes, 1672, in-12, fig. v. f.







676. Histoire naturelle de la Caroline, de la Floride & des Isles de Bahama, par Marc Catesby avec fig. enluminées. Londres, 1731 & 1743, 2 vol. in-fol., gr. pap., v. m., d. s. tr. Numéros 675 et 676 ensemble : 240 liv. 

1.023. Dictionnaire raisonné des sciences, des arts & des métiers, etc., par MM. Diderot& DAlembert. Paris, Briasson, 1751 & suiv., 33 vol. in-fol., fig., v. m. 730 liv. 

1.024. Nouvelle description des arts & métiers représentés par des figures gravées en taille-douce. Paris, Desaint & Saillant, 1761 & suiv., 17 vol.in-fol., fig. v. m. Numéros 629 et 1.024 ensemble : 240 liv. 2 s.

1.044. Recueil d’estampes d’après les plus beaux tableaux & dessins qui sont en France dans le  cabinet du Roi. Paris, Impr. royale, 1729, 3 vol. in-fol., gr. pap., v. m. 284 liv. 4 s.

1.258. Le Roman de la rose, par Guill. de Lorris& Jean de Meun dit Clopinel, mss.sur velin, avec des miniatures bien conservées. In-fol., goth., velours vert. 101 liv. 19 s.

1.279. Fables choisies mises en vers par Jean de La Fontaine, avec les figures dessinées par M. Cochin. Paris, Desaint & Saillant, 1755, 4 vol. in-fol., gr. pap., fig., v. f., d. s. tr. 150 liv.

1.407. Recueil de chansons & vers, depuis l’année 1600 jusqu’à présent, 10 vol. in-fol., mss., bas. 120 liv.





1.629.Œuvres de François Rabelais, avec des remarques historiques & critiques de MM. de la Monnoye & le Duchat, & des figures gravées en taille-douce par Bern. Picart. Amsterd., Bernard, 1741, 3 vol. in-4°, gr. pap., mar. violet. 239 liv. 19 s.

1.724. Collection complette des Œuvres de Voltaire. Genève, 1768 & suiv., 30 vol. in-4°, fig., v. m., d. s. tr. 199 liv. 19 s.





1.827. Histoire générale des voyages, ou nouvelle collection de toutes les relations de voyages par mer & par terre, qui ont été publiés jusqu’à présent dans les différentes langues de toutes les nations connues ; par Antoine-François Prevost, avec la continuation par Querlon. Paris, Didot, 1746 & suiv., 19 vol. in-4°, gr. pap., v. f., d. s. tr. 220 liv.

1.940. Collectiones peregrinationum in Indiam orientalem & Indiam occidentalem, xxv partibus comprehensae, opus figures aeneis, fratrum de Bry& Meriani illustratum. Francofurti ad Manum, 1595 & seq., 6 vol. in-fol., m. violet. 330 liv.




2.450.Voyage d’Egypte & de Nubie, par Frédéric-Louis Norden, enrichi de cartes & de fig. dessinées sur les lieux. Copenhague, Imp. r., 1755, 2 tom. 1 vol. in-fol. , v. f., d. s. tr. 180 liv.

2.756. Histoire universelle depuis le commencement du monde jusqu’à présent, traduite de l’anglois d’une société de gens de lettres. La Haye, Gosse, 1732 & suiv., 42 vol. in-4°, v. m. 211 liv.





2.789. Cérémonies & coutumes religieuses de tous les peuples du monde, représentées par des figures dessinées par Bernard Picard, avec le frontispice gravé par le même, & une explication historique & quelques dissertations curieuses. Amsterdam, Bernard, 1723 & suiv., 11 vol. in-fol., g. p., fig., v. f., d. s. tr. 600 liv.

2.810. Histoire des Ordres monastiques, religieux & militaires, & des Congrégations séculières de l’un & de l’autre sexe, par le Pere Helyot, avec figures en taille-douce. Paris, Gosselin, 1714, 8 vol.in-4°, fig., v. brun. 112 liv.

2.897. La Conjuration de Catilina, & la Guerre de Jugurtha, par Caius Salluste, traduites en espagnol par l’Infant d’Espagne, avec le texte latin. Madrid, Ibarra, 1772, in-fol., fig., bas., d. s. tr. 271 liv. 19 s.

2.961. Cartes de la France, par MM. de Cassini, v. m. En tout 143 cartes en 29 étuis in-4°. 620 liv.




2.976. Histoire de France depuis l’établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, par le Pere G. Daniel, avec des remarques historiques par le Pere Griffet. Paris, Comp., 1755 & ann. suiv., 17 vol. in-4°, gr. Pap., fig., v. m. 120 liv.

3.467. Antiquité expliquée & représentée en figures, par Dom Bernard de Montfaucon, avec le supplément. Paris, Delaulne, 1722 & 1724, 15 vol. in-fol., gr. pap., v. m. 299 liv. 19 s. 




3.486. Le Pitture antiche d’Ercolano e contorni incise con qualche spiegazione, e catalogo de gli antichi monumenti da Ottavio Ant. Bayardi. Napoli, nella Regia Stamperia, 1757 & suiv., 7 vol. in-fol., g. p., fig., m. r. 719 liv. 19 s.

3.487.Museum Florentinum exhibens insigniora vetustatis monumenta quae Florentiae sunt. Florentiae, Nistenus, 1731 & seq., 10 vol. in-fol., gr. pap., v. f., d. s. tr. 550 liv.

3.490. Histoire & Mémoires de l’Académie royale des Inscriptions & Belles Lettres, depuis son établissement jusqu’à présent. Paris, Imprim. royale, 1736 & suiv., 41 vol. in-4°, v. m. 264 liv.

3.491. Histoire & Mémoires de l’Académie royale des Sciences, depuis & compris 1666 jusqu’en 1777. Paris, Martin & Imprimerie Royale, 1733 & suiv., 93 vol., etc. En tout 126 vol. in-4°, fig., v. m. 650 liv.

3.516. Opuscules de M. F*** [Fréron], contenant des critiques de quelques ouvrages de littérature, une vie de La Fontaine, de Pope, & diverses poésies, etc. Amsterdam [Paris], 1753, 3 vol. in-12, v.m.

3.517. Lettres sur quelques écrits de ce temps, & année littéraire, par Freron, depuis 1749 jusqu’en 1781, inclusiv. Paris, Duchesne, 1752 & suiv., 239 tom. , 115 vol. in-12, v. m. Numéros 3.516 et 3.517 ensemble : 120 liv.

3.553. Les Vies des hommes illustres Grecs & Romains. Paris, Vascosan, 1567, 6 vol. in-8, mar. r., l. r., double de maroq.

3.554. Les Œuvres morales de Plutarque. Paris, Vascosan, 1574, 7 tom., 6 vol. in-8, m. v. double de mar. Numéros 3.553 et 3.554 ensemble : 226 liv.



3.560. L’Europe illustre, contenant l’histoire abrégée des souverains, des princes, etc., par Dreux du Radier, avec leurs portraits gravés par Odieuvre. Paris, Nyon, 1755, 6 vol. in-fol., v. m. 143 liv.

3.597. Le Grand Dictionnaire historique, par Louis Moreri, nouvelle édition donnée par M. Drouet. Paris, 1759, 10 vol. in-fol., v.m. 159 liv. 19 s.




Relation de la grande Tartarie
Amsterdam, J.-F. Bernard, 1737, in-12
Paris, Drouot, 18 mars 2010 : 800 €
(n° 2.407 du catalogue de Courtanvaux,
vendu 2 livres le samedi 16 mars 1783)

La vente a rapporté 37.193 livres. Les livres de voyage (lots 1.814 à 2.701), qui représentent presque un quart de la totalité des lots, n’ont eu qu’un succès relatif : seuls 3 lots ont été adjugés plus de 100 livres ; la Bibliothèque du Roi a acheté 134 lots de livres de géographie et de voyage (parmi les lots 1.779 à 2.701) pour 752 livres et 13 sols, soit un prix moyen de moins de 6 livres.


___________________________________________________________________________


[1] Domaine situé dans le département des Hauts-de-Seine. Acheté en 1596 pour 1.600 écus, vendu à Louis XIV en 1695 pour 390.000 livres. Détruit en 1764, il se situait à l’emplacement de l’actuel groupe scolaire Anatole France. 

[2] Domaine situé dans le département de la Marne. Acheté en 1656 par le futur chancelier Michel Le Tellier, pour 480.000 livres. Passa en 1662, pour son mariage, à François-Michel Le Tellier, qui fit construire un château et un parc terminés en 1681 ; passa en 1694 à Louis-François Le Tellier, marquis de Barbezieux ; racheté à la mort de ce dernier en 1701 par la veuve de Louvois, Anne de Souvré ; resta dans la famille jusqu’à sa vente aux filles de Louis XV en 1776.

[3] Domaine situé dans le département de la Sarthe, acquis par la commune de Bessé-sur-Braye en 1981. Passa des Souvré aux Le Tellier en 1662, lors du mariage de Louvois avec Anne de Souvré, puis aux Montesquiou-Fezensac en 1781, lors du mariage de Louise-Françoise Le Tellier de Courtanvaux avec le comte de Montesquiou-Fezensac.

[4] Domaine situé dans le département du Pas-de-Calais. Passa aux La Rochefoucauld en 1779, par le mariage de Bénigne-Augustine Le Tellier de Courtanvaux avec Ambroise-Polycarpe, vicomte de La Rochefoucauld.

[5] Domaine situé dans le département de la Marne. Acheté en 1678. Passa par mariage aux La Rochefoucauld en 1679.

[6] Chloroéthane, ou chlorure d’éthyle, issu du mélange éthanol + acide chlorhydrique (appelé alors « acide marin »).

[7] Acide acétique concentré.

[8] Domaine situé dans le département de l’Yonne. Acheté par Louvois aux Clermont-Tonnerre en 1684. A l'hôpital-hospice de Tonnerre, un médaillon en bas-relief, par Charles-Antoine Bridan, situé à gauche du mausolée de Louvois, représentant le marquis de Courtanvaux, est le seul débris qui reste d'un tombeau détruit en 1792.
[9] Hôtel de Louvois, rue de Richelieu (IIe), acheté en 1669 par Louvois pour 160.000 livres. Rénové par l’architecte Charles Chamois. Vendu en 1786 pour payer des dettes, et destiné dès ce temps-là à être abattu, il fut démoli en 1789 et fit place au square Louvois.





L’État civil perdu de « Vrain Lucas »

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L’incurie des pseudo-biographes de « Vrain Lucas » pourrait faire croire que son état civil était aussi perdu que son honneur. À défaut de pouvoir lui rendre celui-ci, rendons-lui celui-là.


Fils d’un ouvrier travaillant à la journée, Denis-Vrin Lucas, dit « Vrain Lucas », est né le 1er décembre 1816 dans un lieu modeste de la commune de Lanneray (Eure-et-Loir) :   


« Du premier jour du mois de décembre mil huit cent seize une heure du soir.

Acte de naissance de Denis Vrin Lucas, fils de François Lucas et de Marie Madeleine Bret, ses père et mère, journalier demeurant aux Places, commune de Lanneray, né aujourd’hui au domicile de ses dits père et mère à une heure du matin, sur la déclaration à moi faite par le dit François Lucas père de l’enfant, en présence de Denis Beauger, laboureur demeurant à Fougueil, commune de Lanneray, et de François Cellier, journalier demeurant à Loisilière, commune de Lanneray, et majeurs, lesquels ont déclaré ne savoir signer, de ce interpellés.

Constaté par moi adjoint et officier de l’état civil soussigné. »

(Orthographe corrigée)


Il compléta le peu d’instruction qu’il avait reçu à l’école communale de Lanneray par de nombreuses lectures à la Bibliothèque de Châteaudun (Eure-et-Loire), où il trouva une place de clerc d’avoué et où il épousa, le 27 septembre 1842, Clémentine Luxereau (Châteaudun, 27 janvier 1824-Paris, 7 septembre 1856), couturière, fille d’un charretier de labour. Son travail lui valut ensuite un emploi de copiste au greffe du tribunal et à la conservation des hypothèques en 1846.

En 1852, il décida de monter à Paris, où il chercha vainement – faute d’être bachelier et de savoir le latin – un emploi à la Bibliothèque impériale, puis dans la librairie Auguste Durand, rue des Grès (Ve). Un malheureux hasard le fit entrer comme collaborateur et démarcheur dans le cabinet généalogique de Paul Letellier, qui fabriquait des chartes vieilles de six siècles pour des familles soucieuses de nobles ascendances. Il fréquenta les Bibliothèques Sainte-Geneviève, de l’Arsenal, Mazarine et la Bibliothèque impériale, et suivit les cours de la Sorbonne. En 1856, il réussit à se faire nommer membre correspondant de la Société archéologique du département d’Eure-et-Loir.


En 1861, il eut le bonheur de rencontrer le célèbre mathématicien Michel Chasles (1793-1880), membre de l’Institut, né dans le même département que lui et passionné collectionneur d’autographes.

 

« Il sortait de chez lui à onze heures, et déjeunait, tantôt au café Riche, lorsqu’il était en fonds, tantôt à la crêmerie, lorsque l’argent manquait. Tout le jour il travaillait à la Bibliothèque impériale, et le soir il rentrait chez lui après avoir diné. Il ne parlait à personne et n’allait que chez M. Chasles. » [sic] (Henri Bordier et Émile Mabille. Une fabrique de faux autographes ou Récit de l’affaire Vrain Lucas. Paris, Léon Techener, 1870, p. 94-95)


On connaît la suite : de 1861 à 1869, Vrain Lucas réussit à vendre à Chasles, pour plus de 140.000 francs, plus de 27.000 manuscrits d’une invraisemblable antiquité. Sa fraude suspectée, il fut surveillé par la police pendant un mois, avant d’être arrêté le 9 septembre 1869, à son domicile, rue Saint-Georges (IXe).   




« L’accusé, Vrain-Lucas, […], présente un aspect assez vulgaire qui tient de l’homme d’affaires et du maître d’école, l’œil très-couvert est protégé par le voile des paupières contre toutes les indiscrétions que le regard pourrait commettre. Le nez, d’un dessin vulgaire, est envahi par les joues dont le rictus, ni joyeux, ni triste, a quelquechose des physionomies campagnardes. Les cheveux sont foncés et un peu rares sur le crane ; la bouche a un caractère de prudence et de discrétion qui est le trait saillant de toute cette physionomie banale. Vrain-Lucas a paru tel à l’audience ; dans toutes ses relations antérieures, il avait produit cette même impression de vulgarité. » [sic] (Étienne Charavay. Affaire Vrain-Lucas. Étude critique. Paris, Jacques Charavay aîné, 1870, p. 14)


Il fut condamné pour escroquerie, le 24  février 1870, à deux ans d’emprisonnement, 500 francs d’amende et aux dépens. Mais Vrain Lucas était un bibliomane incorrigible et récidiviste : sorti de prison, il s’était lancé dans le commerce des livres rares et fut de nouveau condamné, dès 1873, à trois ans de prison pour vol, escroquerie et abus de confiance, puis en 1876 à quatre ans de prison , 500 francs d’amende et dix ans de surveillance. Libéré, il rentra à Châteaudun, où il mourut le 11 avril 1881 :


« L’an mil huit cent quatre-vingt-un, le onze avril, à onze heures du matin, devant nous Denis François Hippolyte Pateau, adjoint au maire et suivant délégation officier de l’état civil de la ville de Châteaudun, ont comparu Messieurs Clément Édouard Daubignard, âgé de trente-sept ans, et Paulin Zéphirin Pechoteau, âgé de trente-cinq ans, tous deux employés de la mairie et demeurant tous deux à Châteaudun, lesquels nous ont déclaré que Denis Vrin Lucas, sans profession, âgé de soixante-quatre ans, né à Lanneray le premier décembre mil huit cent seize, fils de feu François Lucas et de feue Marie Madeleine Bret sa femme, et veuf de Clémentine Luxereau, est décédé aujourd’hui à neuf heures du matin à l’hôpital de cette ville. Nous officier de l’état civil, après nous être assuré du décès, en avons dressé le présent acte que les comparants ont signé avec nous après lecture. » (Orthographe corrigée)


La Boutique d’esprit des Dentu

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Le dernier représentant de la dynastie des Dentu, Édouard-Henri-Justin, s’est éteint à son domicile, 56 rue de Boulainvilliers [XVIe], le 13 avril 1884, à 13 heures 45, après une agonie cruelle, dans sa 54e année, au même âge que son père, malgré les soins pratiqués par le docteur Carl-Pierre-Édouard Potain.

Édouard Dentu suivait un traitement pour le diabète, conséquence d’une maladie du foie. Pressentant sa fin, il voulut que le mariage de sa fille Mélanie-Louise-Léonie-Jeanne, avec le baron Philippe-Louis-Henri de Labatut, avocat stagiaire, se célébrât quand même le 29 mars. C’est son frère aîné, Gabriel-Louis-Édouard Dentu, qui conduisit sa fille à l’autel.

Ses obsèques eurent lieu le mercredi 16 avril 1884 :


« Les obsèques du célèbre éditeur ont été telles qu’elles devaient être. Une affluence considérable a suivi le convoi des hauteurs de Passy au fond du Père-Lachaise.

A onze heures et demie, la cour du joli hôtel de la rue Boulainvilliers était déjà pleine de monde.

Toutes les notoriétés du Paris littéraire et artistique sont venues s’inscrire sur le registre ouvert par la famille.

A midi, le convoi se dirige vers l’église Notre-Dame-de-Grâce. Il est conduit par MM. le baron de la Borie de la Batut, Gabriel Dentu et Hons-Olivier, gendre, frère et beau-frère du défunt ; Sauvaître [Louis Sauvaitre (1828-1909)] et Emile Faure [(1826-1893)], les deux collaborateurs de Dentu.

Derrière eux, MM. Aclocque, conseiller municipal du quartier ; Alphonse Daudet, Jules Claretie, Georges Ohnet, Malot, Francis Magnard, Saint-Genest, Pierre Véron, Henri Houssaye, de Goncourt, PaulDalloz, Arnold Mortier, Calmann Lévy, Marpon, Ollendorff, Racot, Palmé, A. Delpit, Henri de Bornier, l’artiste Lafontaine, Edmond Lepelletier, qui fait aujourd’hui sa première sortie ; Camille Debans, le peintre Guillemet, F. du Boisgobey, Plon, Eudel, Catulle Mendès, Emile Blavet, les dessinateurs Guérard et Somm, Grévin, Brébant, Edmond Stoullig, Paul Perret, Théodore de Grave, Albéric Second, Jules Prével, Georges Grison, de Molènes, Léopold Stapleaux, Deslys, Joliet, Alexis Bouvier, A. de Launay, Victor Havard, Gourdon de Genouillac, Jules de Gastyne, G. de Cherville, Louis Dépret, Chabrillat, Troubat, d’Amezeuil, Henri Barrière, Félix Ribeyre, Hippeau, l’artiste Saint-Germain, Alfred d’Aunay, Mmes Edouard Fournier, Claude, Olympe Audouard, Mie d’Aghonne, Anaïs Ségalas, etc., etc. Mais comment citer tout le monde ? Il y avait cinquante-quatre voitures.

Le corbillard est couvert de fleurs et de couronnes. Sur l’une de celles-ci, hommage spontané des domestiques, on lit : A notre bon maître.

Après la messe chantée, tout le cortège se dirige vers le Père-Lachaise, où l’on assiste à une scène pénible. On a le plus grand mal à entrer la bière dans le caveau, situé à quelques pas de celui de Scribe, un des auteurs de la maison Dentu.

Les prières dites, M. Charles Diguet s’approche et lit le discours de M. Arsène Houssaye, président de la Société des gens de lettres, retenu chez lui par indisposition :


Messieurs, la passion du travail a aussi sa fatalité : on en vit, mais on en meurt. Edouard Dentu en a vécu et il en est mort.

Minuit seul l’arrachait à cet étroit cabinet de travail où il oubliait, dans la poussière des livres, les enchantements de sa maison, entourée d’un parc qui répandait la vie … Ce qui l’a tué, c’est l’amour des livres, non pas qu’il n’aimât sa famille avant tout, non pas qu’il ne fut le meilleur ami du monde ; mais il se passionnait au jour le jour pour tout livre nouveau-né ou pour tout manuscrit qu’il allait mettre au monde. La question d’argent n’était pas une question pour lui : il se préoccupait de ses livres parce que c’étaient ses livres, mais non pour l’argent qu’ils donnaient à sa librairie. Aussi fut-il la Providence des jeunes romanciers, quoique fidèle à ses anciens amis. Il ouvrait galamment sa porte à tous ceux qui tentent la fortune littéraire. Certes, il n’avait pas le temps de lire tous les volumes qu’il éditait. Rivarol a dit qu’il n’y avait de bons libraires que ceux qui ne lisent pas.

… Hélas ! les nuages ont trop tôt obscurci son ciel. Il y a un admirable sonnet de Soulary où la jeune mariée, dans son cortège nuptial, rencontre un cortège funèbre. Ce fut l’histoire terrible de son dernier jour, puisque déjà il voyait la mort quand il essayait de sourire au mariage de Mlle Dentu. Il n’y a pas quinze jours, l’espérance entrait dans la maison, quand déjà la mort était debout sur le seuil. Mais le bonheur qui éclairait le front de sa fille fut cette étoile du matin, dont parle la Bible, qui rayonne au delà des horizons du tombeau …


Puis M. Emmanuel Gonzalès prononce, au nom des amis du défunt, un éloquent discours, dont nous regrettons de ne pouvoir citer que les passages suivants :


Rien de plus touchant, à ces époques troublées où les traités de morale sont craquelés comme de vieux tableaux, qu’une amitié fidèle.

Edouard Dentu, pour la plupart des écrivains, n’était pas un éditeur, mais un ami à toute épreuve, le confident des heures difficiles, le sauveteur obligatoire.

… S’il achetait des villas et des forêts, c’était pour le plaisir de sa famille et de ses amis. Il ne se sentait heureux qu’au milieu d’eux, et il ne les astreignait pas à l’étiquette de la vie de château. A son beau domaine de la Grand’Cour [du Palais-Royal], chacun des hôtes se trouvait chez lui.

… L’excellent homme a été un des heureux de la vie, – mais comme tout se paie en ce monde, il a payé ses joies par les tortures d’une atroce agonie. Il a tant souffert qu’il appelait dans son délire les valets de la mort et qu’il invoquait ses amis les plus chers pour l’aider, lui croyant et chrétien, à se délivrer des derniers spasmes de la vie !


Après ces paroles émues, la foule défile, le cœur serré, devant le monument. En jetant l’eau bénite sur le corps, il nous a semblé que nous donnions une dernière poignée de main à celui qui a compté autant d’amis qu’il a connu d’auteurs pendant ses trente années de travail. »

(Le Figaro, jeudi 17 avril 1884, p. 2)


*****


Son arrière-grand-père, Jean-Gabriel Dentu (Paris, 1770 – 18 mars 1840), fondateur de la dynastie, était le fils d’un employé de l’Administration publique et avait commencé à travailler comme ouvrier imprimeur chez Philippe-Denis Pierres, dès 1782.


Après un établissement provisoire à l’extrémité de la rue des Colonnes [IIe], à l’endroit que coupe aujourd’hui la rue du Quatre-Septembre,


il installa en 1794 un dépôt général de librairie dans les galeries de bois du Palais-Royal [Ier]. Outre son dépôt de librairie, il ouvrit une imprimerie-librairie qui fut successivement rue du Champ-Fleuri en 1802 [Ier, rue supprimée en 1854], puis, dans le VIe arrondissement, quai des Augustins en 1804 [quai des Grands-Augustins], rue du Pont-de-Lodi en 1807,



Hôtel de Bessan, 5 rue Bonaparte, Paris VI

rue des Petits-Augustins en 1817 [partie de la rue Bonaparte après 1852 : dans l’ancien hôtel Bessan, qui ne faisait qu’un avec l’hôtel voisin du marquis de Persan] et rue du Colombier en 1826 [partie de la rue du Vieux-Colombier].  


Très tôt, il s’engagea, avec ses confrères Jacques Le Cointe, Louis Maison et l’imprimeur Moller, à




vendre le Journal des dames et des modes, créé en 1797 par le libraire Jean-Baptiste Sellèque (1767-1801) et l’abbé Pierre de La Mésangère (1761-1831).


Il entreprit ensuite la publication de livres de voyages, d’histoire naturelle et de géographie :



Voyage au Sénégal (1802), par André-Charles de Lajaille, Voyage de la Troade (1802, 3 vol. et 1 atlas), par Jean-Baptiste Lechevalier, Faune parisienne ou Histoire abrégée des insectes (1802, 2 vol.), par Charles-Athanase Walckenaër,



Géographie moderne (1804, 6 vol.), par John Pinkerton, Voyage aux Indes orientales et à la Chine (1806, 4 vol.), par Pierre Sonnerat, Géographie physique de la Mer Noire (1807), par Adolphe Dureau de La Malle, Voyage en Grèce (1807, 2 vol.), par Jacob-Ludwig-Salomon Bartholdy, traduit de l’allemand par Auguste du Coudray, Voyages dans l’Amérique méridionale (1809, 4 vol. et 1 atlas), par Félix de Azara, etc.


Quand en 1810 Conrad Malte-Brun publia chez François Buisson, rue Gilles-Cœur [Gît-le-Cœur], son ouvrage intitulé Précis de la géographie universelle, Jean-Gabriel Dentu, propriétaire de la Géographie moderne de Pinkerton,



fit paraître une brochure dans laquelle il imputait à Malte-Brun d’avoir copié servilement les ouvrages d’un grand nombre de géographes, et surtout la plus grande partie de celui de Pinkerton. Malte-Brun se crut insulté et appela Dentu devant les tribunaux pour le faire condamner comme diffamateur. Celui-ci, de son côté, rendit plainte en plagiat ou contrefaçon partielle. Les parties furent renvoyées des plaintes respectives, et en 1812, l’appel et la cassation confirmèrent.

En littérature, il fit paraître les Œuvres complètes de P.J. Bitaubé (1804-1810, 9 vol.), une édition des Œuvres complètes de Vauvenargues (1806, 2 vol.), les Lettres historiques, politiques, philosophiques et particulières de Henri Saint-John, lord vicomte Bolingbroke (1808, 3 vol.), Ossian, fils de Fingal, barde du 3e siècle ; poésies galliques (1810, 2 vol.), traduites de l’anglais par Pierre Letourneur, etc.

Il publia également diverses productions de Jean-Baptiste-Antoine Suard, dont les Mélanges de littérature (1803, 5 vol.), de Jacques-Antoine Dulaure, dont Des divinités génératrices, ou du culte du phallus chez les anciens et les modernes (1805), de Pierre-Charles Levesque, dont une Histoire critique de la république romaine (1807), de Charles Botta, dont une Histoire de la guerre de l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique (1812-1813, 4 vol.), de l’abbé Galiani, dont la Correspondance inédite (1818, 2 vol.), de Constant Leber,



Jacques-Barthélemy Salgues et Jean Cohen, dont les 12 premiers volumes de laCollection des meilleures dissertations, notices et traités particuliers relatifs à l'histoire de France(1826), – les 8 volumes suivants, par Leber seul, seront édités par son fils en 1838 – , etc.

Il donna encore une bibliothèque d’auteurs étrangers, offrant au public des traductions de romans des meilleurs auteurs allemands et anglais, dont Werther (1825), traduit par Charles-Louis de Sevelinges, et le Voyage sentimental de Sterne (1828), traduit par Louis-Mathurin Moreau-Christophe.


Il fut enfin un des premiers éditeurs d’ouvrages sur le magnétisme, dont ceux de Armand-Marie-



Jacques de Chastenet de Puységur, Recherches, expériences et observations physiologiques sur l’homme dans l’état du somnambulisme naturel, et dans le somnambulisme provoqué par l’acte magnétique (1811) et Mémoires pour servir à l’histoire et l’établissement du magnétisme animal (1820), de Joseph-Philippe-François Deleuze, Instruction  pratique sur le magnétisme animal (1825) et de Simon Mialle, Exposé par ordre alphabétique des cures opérées en France par le magnétisme animal (1826).


Jean-Gabriel Dentu avait été breveté imprimeur le 1er avril 1811 [brevet renouvelé le 15 octobre 1816] et libraire le 1er octobre 1812 [brevet renouvelé le 15 mars 1817].

Il fut l’éditeur en 1812 de nombreux écrits pour ou contre l’accusation de plagiat portée par un obscur journaliste, Jean-Antoine Brun, dit « Lebrun-Tossa », contre Charles-Guillaume Étienne, élu à l’Académie française à la suite du succès de sa comédie Les Deux Gendres (Paris, Le Normant et Barba, 1810).




En 1815, pendant les Cent-Jours, imprimeur et éditeur de Des lois existantes, et du décret du 9 mai 1815, par Louis-Florian-Paul de Kergorlay, Jean-Gabriel Dentu fut emprisonné sans jugement et ne fut libéré qu’au second retour des Bourbons, en août. Ardent royaliste, presque toutes les brochures légitimistes sortirent alors de ses presses.



En 1819, il fonda Le Drapeau blanc, avec Alphonse Martainville (1770-1830), feuille hebdomadaire, puis quotidienne, monarchique et indépendante, tirée à 2.500 exemplaires, qui compta Félicité Robert de Lamennais et Charles Nodier comme collaborateurs.




Parmi les poursuites dirigées contre les biographies, aucune n’excita plus d’intérêt que celle de la Biographie des députés de la chambre septennale de 1824 à 1830 (1826).

Jean-Gabriel Dentu fut d’abord seul en cause. Sur une lettre adressée par l’un de ses fils au ministère public, Pierre Masséy de Tyrone, ancien procureur du Roi, reçut une assignation. Une nouvelle instruction entraina la mise en prévention de cinq autres prévenus : Morisse et Cyprien Desmarais, hommes de lettres ; Gabriel-André et Anselme-Phocion Dentu, fils associés de leur père ; Bigi, commissionnaire en librairie, chez qui plusieurs exemplaires de l’ouvrage avaient été saisis.

À la première audience du 11 novembre 1826, Dentu père fit défaut. Les six autres prévenus prirent place sur des sièges en face du tribunal, et un débat très vif s’engagea entre les prévenus eux-mêmes sur la part que chacun d’eux pouvait avoir prise à la rédaction ou à la révision de la Biographie des députés. Masséy de Tyrone soutint qu’il n’avait composé qu’un petit nombre d’articles ; il ajouta que ces notices, et particulièrement celles qui concernaient le baron Dudon et d’autres députés, avaient été révisées par un autre à l’instigation des frères Dentu, qu’il présenta comme les véritables éditeurs de l’ouvrage.

Tarbé, avocat du Roi, lut, sans citer le nom d’aucun député, les nombreux passages qui faisaient l’objet de la prévention. Il présenta Masséy de Tyrone comme le principal auteur et Gabriel-André Dentu comme le plus ardent instigateur de la diffamation. Il lut quelques billets adressés par lui à Masséy de Tyrone, sur la rédaction qu’il trouvait trop faible ; dans l’une de ses lettres, il l’engageait à ne pas omettre deux anecdotes scandaleuses contre un certain député en disant : « Tous les coups sont bons sur de mauvaises bêtes. »

Dans ces circonstances, attendu que l’ouvrage inculpé attaquait des fonctionnaires publics à l’occasion de leurs fonctions, délit prévu par l’article 6 de la loi du 17 mai 1819, l’avocat du Roi a conclu à ce que Jean-Gabriel Dentu, Masséy de Tyrone et Gabriel-André Dentu, fussent condamnés chacun à treize mois d’emprisonnement ; Anselme-Phocion Dentu, Morisse et Cyprien Desmarais, chacun à cinq mois d’emprisonnement, et tous solidairement à 4.000 francs d’amende et aux dépens ; et à l’égard du sieur Bigi, s’en est rapporté à la prudence du tribunal.

Cette cause ayant été renvoyée à huitaine, les avocats présentèrent leurs moyens de défense, et le tribunal rendit son jugement le 29 novembre, qui, attendu que la Biographie des députés offrait dans son ensemble des outrages envers un grand nombre de députés, à raison de leurs fonctions et de leurs qualités ; qu’il résultait évidemment des pièces produites des insinuations odieuses que renfermait cet ouvrage, des reproches de servilité et de nullité qui y étaient prodigués, l’intention coupable, de la part des prévenus, de signaler un grand nombre de députés au mépris et à la haine de leurs concitoyens, condamnait Masséy de Tyrone, à six mois d’emprisonnement et à 600 fr. d’amende ; Morisse et Desmarais, chacun à quinze jours de prison et 100 fr. d’amende ; Jean-Gabriel Dentu, à quinze jours d’emprisonnement et 1.000 fr. d’amende ; Gabriel-André Dentu, à six mois d’emprisonnement et 600 fr. d’amende ; Anselme-Phocion Dentu, à 100 fr. d’amende, et tous solidairement aux dépens ; renvoyait Bigi de la plainte.


Seuls Masséy de Tyrone, Jean-Gabriel Dentu et Gabriel-André Dentu firent appel du jugement : le 26 février 1827, la Cour déchargea Dentu père de la condamnation prononcée contre lui, et confirma le jugement à l’égard des deux autres prévenus, en réduisant néanmoins l’emprisonnement à un mois.  


Jean-Gabriel Dentu avait voulu se retirer des affaires dès 1826 et céder sa maison à son fils Gabriel-André, mais celui-ci ne fut breveté imprimeur à la résidence de Paris que le 25 août 1829, en remplacement de son père démissionnaire.



Ce fut cette année-là que les galeries de bois du Palais-Royal firent place à la galerie d’Orléans, ou galerie vitrée.

*****

Gabriel-André Dentu (Paris, 9 janvier 1796 – 6 août 1849) succéda donc à son père, 21 rue du Colombier. Conservant le dépôt général de la librairie au Palais-Royal, galerie d’Orléans, l’imprimerie-librairie resta dans le VIe arrondissement, mais déménagea,




d’abord au 1 bis rue d’Erfurth [absorbée en 1866 par le boulevard Saint-Germain] en novembre 1831, puis aux 3 et 5 rue des Beaux-Arts en 1838 et enfin au 17 rue de Buci en 1842, jusqu’à sa vente aux enchères le 6 décembre 1847, au cours de laquelle Plon, Chaix et Lorilleux se partagèrent les presses et les plombs.


Gabriel-André Dentu exagéra les convictions légitimistes de son père, ce qui lui valut 27 procès de presse.



Il fut condamné à de fortes amendes et même deux fois à l’emprisonnement à la prison Sainte-Pélagie [détruite en 1899], rue du Puits-de-l’Ermite [Ve], pour attaque de la dignité royale.




Le 6 décembre 1830, Charles de Nugent, ancien auditeur au Conseil d’État, comparut devant la cour royale et le jury, comme auteur d’une brochure intitulée Réclamation d’un Français (1830), où étaient discutés les droits du gouvernement et les événements qui l’avaient établi, et où ceux de Henri V étaient franchement défendus. La cour le condamna à trois mois de prison et 300 francs d’amende, comme coupable d’attaque à l’autorité constitutionnelle du Roi et d’excitation à la haine et au mépris de son gouvernement ; l’imprimeur, Gabriel-André Dentu, fut acquitté.




Dans Le Revenant du 15 mai 1832 [p. 4], journal quotidien imprimé par Dentu, on pouvait lire :


« Nous nous proposons de distribuer sous peu de jours à nos abonnés le portrait du courageux Bérard, père des Cancans. On n’a pas oublié qu’il a été condamné, le 10 de ce mois, à dix-huit mois de prison et 3.500 francs d’amende. […]

Hier, M. Denis, commissaire de police, accompagné de plusieurs agens [sic], s’est présenté chez Mme Bérard et Dentu pour opérer la saisie des Cancans décisifs. Quoique cet écrit, imprimé au nombre de vingt-deux mille, ne fût en vente que depuis quelques heures, son débit avait été si rapide, que M. le commissaire a eu la douleur de n’en pouvoir saisir un seul. »


Le 5 février 1833, la Cour d’assises de la Seine ordonna la destruction des Cancans indignés et des Cancans véridiques, écrits séditieux, convaincus d’offense envers la personne du Roi, d’attaque contre ses droits constitutionnels et d’excitation à la haine et au mépris du gouvernement, condamna l’auteur, Pierre-Clément Bérard, ancien officier de la garde royale, à deux ans de prison et à 1.000 francs d’amende, et Gabriel-André Dentu, pour avoir imprimé les Cancans décisifs, les Cancans flétrissants et les Cancans inflexibles, à six mois de prison et à 500 francs d’amende.




Pour deux de ses brochures, Atrocité, sottise et fourberie, sous le scalpel de raison et vérité, ou Autopsie du monstre Pankataphagos [dévorant tout] et de toute sa famille, par L. C. H. D. B. (1832), plaidoyer en faveur de la monarchie légitime héréditaire, et Henri, duc de Bordeaux, ou Choix d’anecdotes sur la vie de ce prince (1832), Dentu fut condamné le 6 mai 1833 à trois mois de prison et 500 francs d’amende.


Gabriel-André Dentu était très excité à la lutte par sa femme, Adélaïde-Mélanie-Simplicie Caumartin (1806-1874), qu’il avait épousée à Paris le 13 juin 1826. Elle écrivit la musique d’un grand nombre de romances et de chants qui restèrent populaires, notamment « La Piémontaise », qui sera un énorme succès en 1859, au moment de la guerre d’Italie.


Malgré les coups répétés, payant de sa bourse et de sa personne, Gabriel-André Dentu réussit à réaliser d’autres publications, dont la Collection des meilleures dissertations, notices et traités particuliers relatifs à l’histoire de France (1838), par Constant Leber, une Histoire comparée des littératures espagnole et française (1843), par Adolphe de Puibusque,



une Histoire des Mores mudejares et des Morisques (1846), par le comte Albert de Circourt, etc. Malade, il mourut prématurément en 1849, dans sa 54e année.


*****


Son plus jeune fils, Édouard-Henri-Justin Dentu (Paris, 21 octobre 1830 – 13 avril 1884), lui succéda, mais seulement comme éditeur, l’imprimerie ayant été vendue en 1847. La maison de librairie continua d’avoir son siège au Palais-Royal, galerie vitrée, et d’éditer le même genre d’ouvrages.



La Librairie du Palais-Royal en 1869

« Sa boutique, car on ne saurait donner d’autre nom au local dans lequel il exerçait sa profession, était grande comme un mouchoir de poche. Au rez-de-chaussée, où l’on ne pouvait s’asseoir que sur des piles de livres, se tenait son commis principal Sauvaitre, que nous avons tous connu comme le factotum de Dentu et plus tard, après la mort de celui-ci, libraire à son compte boulevard Haussmann. Sauvaitre était probablement le plus petit homme de Paris, comme son patron en était le plus gros. Pour arriver à ce dernier, il fallait passer sur le corps du premier. Le patron perchait au-dessus de la boutique, dans un entresol exigu, dont le commis était le cerbère. On y accédait par un escalier tournant, véritable échelle en fer par laquelle Dentu, affligé d’une obésité maladive, avait peine à passer.

La pièce qui lui servait de cabinet ne recevait, durant le jour, d’autre lumière que celle de la célèbre galerie vitrée dite Galerie d’Orléans où, sous le Directoire, on avait vu se presser, le soir venu, toutes les prostituées de Paris et les chercheurs d’aventures nocturnes. La croisée en rotonde qui éclairait le cabinet de l’éditeur avait exactement la hauteur de la pièce dont le vitrage formait le mur, de telle sorte que, lorsque Dentu était assis devant son bureau, les promeneurs qui circulaient dans la galerie pouvaient le voir des pieds à la tête. C’est dans ce réduit aussi encombré que le rez-de-chaussée et où une seule chaise était placée à côté de son fauteuil, qu’il a reçu pendant de longues années les écrivains arrivés et les débutants, et qu’il a traité les affaires les plus importantes. […]

J’y rencontrais presque toujours des littérateurs : Edouard Fournier, le commentateur des curiosités du vieux Paris, Henri d’Audigier, le chroniqueur de la Patrie, Henri Delaage, l’apôtre convaincu du spiritisme, Xavier Aubryet, le plus nerveux de mes confrères. Mais la boutique, qui se remplissait promptement et se vidait non moins vite, obligeait les habitués, vu son exiguïté, à se disperser plus tôt qu’ils n’auraient voulu et les conversations se continuaient dans la Galerie d’Orléans. » (Ernest Daudet. « Souvenirs de mon temps. » In Le Correspondant, 10 novembre 1920, p. 454-455)


Si Édouard Dentu était d’humeur moins belliqueuse que ses aînés, la politique joua encore un rôle dans son existence : toutes les questions religieuses et politiques qui se rattachèrent à la question italienne firent éclore 5.800 brochures, dont quelques-unes furent tirées à 500.000 exemplaires et firent le début de sa fortune. Celles d’Arthur de La Guéronnière justifiaient les orientations prises par l’empereur :




L’Empereur Napoléon III et l’Italie (1859), Le Pape et le Congrès (1859) et La France, Rome et l’Italie (1861). Quand cette dernière brochure fut reproduite in extenso par le journal Le Siècle, Dentu éleva des réclamations et, après des explications échangées avec le journal, renonça à toute action.


À la fin du mois de juin 1863, Ernest Renan, membre de l’Institut, publia à la Librairie Michel Lévy frères un volume intitulé Vie de Jésus. En 1863 et 1864, Dentu multiplia les pamphlets hostiles à l’auteur de ce livre qui attaquait dans ses fondements les dogmes et les croyances de la religion chrétienne et qui souleva contre lui une avalanche de critiques venant des catholiques, des protestants et même des juifs.


Parmi les nombreuses publications faites par Édouard Dentu, on remarque : La Révolution c’est l’Orléanisme (1852), par Henri de Lourdoueix, Des tables tournantes (1854), par le comte Agénor de Gasparin, L’Esprit dans l’histoire (1857) et Énigmes des rues de Paris (1860), par Édouard Fournier, Récits d’un chasseur (1859), par Ivan Tourguéniev, Le Drame de la jeunesse (1861), par Paul Féval, Comment aiment les hommes (1862), par Olympe Audouard, Les Galants de la couronne (1862), par Paul Mahalin, Le Duc des moines (1864), par Paul Avenel, Les Hommes d’épée (1865), par Ernest Billaudel, Mémoires d’un gendarme (1867), par Pierre-Alexis Ponson du Terrail, Misères d’un prix de Rome (1868), par Albéric Second, Les Mystères du blason (1868) et Le Crime de 1804 (1873), par Henri Gourdon de Genouilhac, Les Grandes Dames (1868), par Arsène Houssaye, Le Crime d’Orcival (1869), par Émile Gaboriau,



Histoire de l’imagerie populaire (1869), par Champfleury, Les Cours et les Chancelleries (1876), par Louis Léouzon Le Duc, Léa (1876), par Alfred Assollant, Chez nous et chez nos voisins (1878), par Xavier Aubryet, La Dame voilée (1878), par Émile Richebourg, Fanfan Latulipe (1879), par Charles Deslys, Les Frères de la côte (1880), par Emmanuel Gonzalès, Les Trappeurs de l’Arkansas (1882), par Gustave Aimard, Mémoires d’un fusil (1883), par Charles Diguet, La Femme du fou (1884), par Élie Berthet, etc.


Dentu a édité aussi beaucoup de livres de sciences occultes : du fondateur du spiritisme Allan Kardec, des médiums Victor Hennequin et Daniel Dunglas Home, de son ami Henri Delaage, du spirite Eugène Nus, etc.     

Après la chute du Second Empire, c’est surtout le roman qui fut exploité chez Dentu, qui en publiait jusqu’à quinze ou vingt par mois.


En 1856, le journal L’Univers porta plainte en diffamation contre Dentu, éditeur, et l’auteur d’un ouvrage anonyme, revendiqué par l’abbé Joseph Cognat, curé de Notre-Dame-des-Champs, qui portait pour titre L’Univers jugé par lui-même ou Études et documents sur le journal L’Univers de 1845 à 1855 (1856) ; ce procès, qui fit beaucoup de bruit, se termina par une transaction.

En 1866, la Commission impériale de l’Exposition universelle de 1867 concéda à Dentu le droit



exclusif d’imprimer et de vendre le Catalogue officiel de l’Exposition universelle de 1867, dont la première édition fut tirée à 2.200 exemplaires. Pour faire valoir la propriété exclusive de ce catalogue, Dentu eut à soutenir des procès, qu’il gagna, contre plusieurs de ses confrères, dont les frères Lebigre-Duquesne qui désiraient publier un Guide-Livret international.

La même année 1866, Dentu fut encore impliqué dans le différend opposant Lorédan Larchey, auteur de Les Excentricités du langage (1862), et Alfred Delvau, auteur du Dictionnaire de la langue verte (1866), accusé de plagiat ; les débats se terminèrent par une transaction à l’amiable.


« En 1876, M. Dentu, ayant agrandi son magasin, s’est installé au rez-de-chaussée, dans une pièce donnant sur la cour du Palais-Royal. Comparé au fameux réduit de l’entresol, ce cabinet est d’un luxe inouï. Il y a un vrai bureau à cylindre, dont on peut faire le tour sans trébucher dans les livres. On peut s’asseoir sans difficulté pour causer d’affaires.

Ce nouveau cabinet est précédé d’une pièce où se tient un secrétaire dont l’occupation principale est de découper dans les journaux et de coller sur du papier blanc, les articles publiés sur les volumes de la maison. Cette pièce sert aussi de salon d’attente. » (Auguste Lepage. Les Boutiques d’esprit. Paris, Th. Olmer, 1879, p. 273)


Libraire de la Société des Gens de lettres depuis 1860, Édouard Dentu prit en 1880 la présidence du « Dîner Taylor », fondé en 1866, qui devint le « Dîner Dentu ».



Cinquième invitation (1883)

Les menus de ce dîner, qui avait lieu chaque mois au Restaurant Notta, boulevard Poissonnière [IXe], étaient gravés par Henri Guérard (1846-1897) et sont aujourd’hui recherchés. En même temps que le goût des lettres, Dentu possédait le goût des arts, et sa maison de la rue de Boulainvilliers [XVIe], achetée seulement en 1879 pour 180.000 francs, était ouverte aux artistes : il avait épousé, le 5 juillet 1862, Louise-Léonie Faure, de douze ans sa cadette, fille de l’illustre peintre Alexandre Decamps (1803-1860) et adoptée par le second mari de sa mère.

Pendant ce temps, le centre de Paris s’était déplacé, le boulevard avait détrôné le Palais-Royal, et la parlotte de la galerie d’Orléans, condamnée par sa situation même à ne pas s’agrandir, tenait ses assises à la « Librairie nouvelle », boulevard des Italiens [IIe].








Olivier de Harsy, imprimeur de Rabelais

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À cinquante-sept années d’intervalle, deux imprimeurs ont imprimé Les Œuvres de M. François Rabelais, Docteur en Médecine, plusieurs fois condamnées : le second, identifié en 1913 par Pierre Louÿs, a emprunté la fausse adresse du premier, resté inconnu et pour lequel j’ai avancé une hypothèse dès 1998 (Le Bibliophile rémois, n° 50-septembre 1998, p. 15-19).



En 1613, paraissait la seconde édition « troyenne » connue des Œuvres de Rabelais : très rare volume in-12, divisé en trois parties factices de 347-[7] pages pour les livres I et II, 469-[9] pages pour les livres III et IV, et 166-[32]-[2bl.] pages pour le livre V et les pièces annexes.

Bien que le titre précise « Le tout de nouveau reveu corrigé & restitué en plusieurs lieux. », cette édition est, comme beaucoup d’ouvrages de la « Bibliothèque bleue », pleine d’incorrections. En outre, y figure une adresse fantaisiste, avec la ville de Troyes sans « s » et l’imprimeur « Loys, qui ne se meurt point ».

La pagination de cette édition est exactement la même que celle de Jean Martin (Lyon, 1558), probablement imprimée après 1600. Mais l’identification de l’imprimeur fut faite en 1913 par Pierre Louÿs, en comparant les lettres ornées [le « C » accidenté de la « Prognostication »] et les culs-de-lampe [eux aussi accidentés : page 469 de la deuxième partie et dernier feuillet] à ceux d’autres éditions (« Raphaël du Petit Val imprimeur de Rabelais ». In Revue des livres anciens. Paris, Fontemoing, 1913, t. I, p. 166-170).


L’ouvrage a donc été imprimé clandestinement à Rouen –  troisième ville du royaume, après Paris et Lyon, pour l’édition –, par Raphaël du Petit Val, marchand libraire, puis imprimeur installé en 1587 dans la rue aux Juifs, à l’enseigne de l’ange Raphaël, devant la grande porte du Palais de Justice.



Sa marque représente le jeune Tobie qui, sur l’indication de l’ange Raphaël, arrache d’un énorme poisson le fiel qui servira à rendre la vue à son père.

Raphaël du Petit Val avait un faible pour le format in-12. Editeur zélé de Siméon-Guillaume de La Roque, poète thuriféraire de Sully, il fut le premier à imprimer toute la production poétique et dramatique de son temps. Imprimeur du Roi en 1596, il mourut le 5 janvier 1614. Son fils David lui succéda ; ses filles, Andrée et Jeanne, avaient épousé respectivement le libraire Pierre Berthelin et l’imprimeur Jacques Besongne.


*****


Raphaël du Petit Val avait emprunté son adresse fantaisiste à la première édition « troyenne » des Œuvres de Rabelais, datée de 1556 : rare volume in-16, divisé en deux parties factices de 415-[1 bl.] pages pour les livres I et II et 547-[1 bl.] pages pour les livres III et IV, avec [23]-[1 bl.] pages pour les « Tables ».





La page de titre porte le lieu « Troye », sans « s », et l’imprimeur « Loys que ne se meur point ». La faute de la page de titre – « Panurge » au lieu de « Pantagruel » –, a reçu une explication saugrenue de la part du Bibliophile Jacob :


« Le nom de Panurgeétait introduit à dessein, dans le titre de cette édition, au lieu du nom de Pantagruel, qui sentait l’hérésie et que les catholiques, comme les protestants, avaient mis à l’index : il fallait détourner l’attention des caphars, comme les appelle Rabelais, et non l’attirer sur un livre imprimé en secret pour les pantagruélistes et non aultres. » [sic] (Étude bibliographique sur le Ve livre de Rabelais. Paris, Damascène Morgand & Charles Fatout, 1881, p. 9-10)


Outre celui de la page de titre des Œuvres, l’ouvrage contient quatre titres pour les livres II, III et IV, et la « Pronostication » :

-          le titre du livre II mentionne « Reveu & corrigé pour la seconde edition MDXLVI » (page 221 = 7e feuillet du cahier M) : la date fautive de 1546 est une simple coquille, le livre II ayant été imprimé en même temps que le livre I.

-          le titre du livre III porte « Par Loys qui ne se meurt point. »

-          le titre du livre IV (page 253) donne « Reveu & corrigé pour la seconde edition. A Troye par Loys qui ne se meurt point. »

-          le titre de la « Pronostication » est page 532.


Le texte de cette édition – y compris la faute de la page de titre générale –, suit celui de la première édition publiée sous le titre d’Oeuvres (S. l., s. n., 1553), probablement parisienne, dont les deux premiers livres suivent le texte de Pierre de Tours sans date, le « Tiers livre » celui de Wechel 1546, et le IVe livre l’édition sans lieu de 1552.


Le dilettante Charles Nodier, qui en possédait un exemplaire [« mar.noir, ornem., fil. (Bauzonnet.) »], le citait comme l’ouvrage préféré de son cabinet ; c’est lui qui créa la légende de Louis Vivant :


« Charmant exemplaire d’une édition très difficile à trouver. Loys qui ne se meurt point est un jeu de mots qui indique Louis Vivant, libraire de Troyes. » [sic] (Description raisonnée d’une jolie collection de livres. Paris, J. Techener, 1844, p. 359, n° 860)


La capitale de la Champagne n’a jamais possédé de libraire ou d’imprimeur du nom de Louis Vivant. Si ces Œuvres avaient été imprimées à Troyes, elles ne pouvaient sortir que des ateliers de Jean [II] Le Coq ou de la veuve de Thibaut Trumeau : mais la typographie n’a rien à voir avec ce qui se faisait à Troyes à cette époque.


L’identité de ce mystérieux imprimeur, « Loys que ne se meur point », se cache derrière la vignette du titre.





Cette vignette, généralement qualifiée de « tête de femme ailée », représente en réalité un phénix à tête de femme, pour rappeler l’origine de l’enseigne apportée par Anne Gromors à son troisième mari.

En effet, le Champenois Pierre Gromors, établi à Paris, rue des Sept-Voyes, au coin de la rue d’Écosse, avait donné à sa maison, en 1536, l’enseigne du Phénix, oiseau mythologique qui, une fois brûlé, renaissait de ses cendres.




Marque de Louis Bégat, reprise par Jean Gueullart (I G)


Sa fille Anne transmit la maison du Phénix à ses trois maris imprimeurs, qui furent successivement : Louis Bégat (mort en 1551), Jean Gueullart (mort en 1554) et Olivier de Harsy qu’elle épousa en 1555.

En 1556, en souvenir du premier mari de sa femme et pour célébrer la permanence de la maison, Olivier de Harsy, qui devait cacher son identité lors de l’impression d’un texte condamné, utilisa une vignette énigmatique et la formule « Loys que ne se meur point », qui rappelaient l’enseigne du Phénix et Louis Bégat.    




 

Pour l’honneur de Pierre Louÿs

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« La seule vérité établie avec certitude,

c’est le mensonge historique »

André Gillois, 1990.





On dit que « les humbles se font parfois mieux comprendre que les orgueilleux ». J’ai eu du mal à comprendre le sens de la déclaration de Monsieur Claude Bourqui, professeur à l’Université de Paris-Sorbonne, selon laquelle Pierre Louÿs « n’avait pas la culture littéraire suffisante pour comprendre les textes de Corneille et de Molière, il n’était pas assez familiarisé avec le xviie siècle. » (Lire, février 2007, no 352). Manquant du temps nécessaire pour m’expliquer sur le bien-fondé de « L’Affaire Corneille-Molière », je me contenterai, ici, de défendre l’honneur de Pierre Louÿs, insulté par cette déclaration qui prêterait à rire si elle n’était pas aussi affligeante et qui témoigne de l’ignorance de son auteur sur le sujet et, d’une manière plus générale, du manque d’arguments des moliéristes dans les recherches qui tentent d’éclairer un point obscur de l’histoire de la littérature. C’est une des raisons pour lesquelles l’autorité des spécialistes de  La Bibliothèque de la Pléiade est devenue contestable quand on connaît, en outre, les indications inexactes données dans certains volumes publiés par Gallimard (Bibliophile Rhemus. Les Illustrateurs des « Contes » de Jean de La Fontaine. In Le Bibliophile rémois. 1995, mars, no 37, p. 7-10).


Faut-il rappeler que Pierre Louÿs fut un grand écrivain dont l’essentiel de l’œuvre fut publié en une dizaine d’années ?


Né en 1870, il créa une revue dès 1891, La Conque, à laquelle collaborèrent Gide, Heredia, son futur beau-père et son « maître en bibliophilie comme en littérature », Mallarmé, Valéry et Verlaine. Dans sa vingt-deuxième année, il  publia son premier recueil de vers, Astarté (1892). Les Chansons de Bilitis (1894), qu’il fit passer avec succès, même auprès des spécialistes du temps, pour une traduction de poèmes antiques, est « l’un des plus heureux spécimens de poèmes en prose jamais conçus dans notre langue », selon le grand baudelairien Yves-Gérard Le Dantec (1898-1958) ; le compositeur Claude Debussy (1862-1918) composa un accompagnement pour trois des chansons. Le premier roman de Louÿs, Aphrodite. Mœurs antiques (1896), dont 31.000 exemplaires furent vendus dans la seule année de parution,  fut un immense succès : « on n’a rien écrit de plus parfait en prose française depuis Le Roman de la momie et depuis Salammbô » s’exclama l’académicien François Coppée (1842-1908) ; le compositeur Camille Erlanger (1863-1919) en fera une œuvre lyrique représentée à l’Opéra-Comique en 1906. Le chef-d’œuvre de Louÿs fut un autre roman, ayant pour cadre l’époque contemporaine, La Femme et le Pantin (1898) ; adapté au théâtre dès 1900, on en tira un mélodrame (« Conchita », 1911) et trois films : « The Devil is a woman » (1935), de Josef von Sternberg, avec Marlène Dietrich, « La Femme et le Pantin » (1959), de Julien Duvivier, avec Brigitte Bardot, « Cet obscur objet du désir » (1977), de Luis Buñuel, avec Carole Bouquet. Suivit un conte libertin, Les Aventures du roi Pausole (1901), d’après lequel Arthur Honegger (1892-1955) composa une opérette en 1930 et Alexis Granowsky (1890-1937) un film en 1933, avec Edwige Feuillère. De ses nombreux manuscrits érotiques, qui ne furent connus qu’après sa mort, Trois filles de leur mère fut publié clandestinement dès 1926.


C’est à partir de 1903 que « l’un des plus vastes et féconds cerveaux de son temps », selon Yves-Gérard Le Dantec, s’occupa de plus en plus de recherche littéraire, mais aussi de bibliophilie, comme moyen d’approfondir ses connaissances sur la littérature et l’histoire. « Il y avait du chartiste en lui », dira le peintre Jacques-Émile Blanche (1861-1942) qui fit son portrait.


Portrait de Pierre Louÿs, par Jacques-Emile Blanche (1893)
Coll. priv.
Le bibliographe et critique littéraire Frédéric Lachèvre (1855-1943), « le plus grand historien des libertins du xvie au xviiie siècle », selon le libraire René-Louis Doyon (1885-1966), reconnaissait en Louÿs l’un des dix-septiémistes les plus savants de sa génération. 


« Il connaissait admirablement la littérature et la poésie du xvie et du xviie siècle. [...] Il pouvait de mémoire citer sans erreur une page du Cymbalum mundi, une ode de Ronsard, une satire de Sigogne, une facétie de Bruscambille ou le dernier acte de Suréna », ajouta le journaliste Pascal Pia (1903-1979).


« Louÿs avait non pas une érudition, mais une connaissance vertigineuse de la littérature, mais aussi de l’histoire, de la société et de la politique des xvie et xviie siècle, et être à sa hauteur n’est pas facile du tout » confirme Jean-Paul Goujon, professeur à l’Université de Séville.


Jusqu’en 1911, il collabora régulièrement à L’Intermédiaire des chercheurs et curieux : ses articles, notes, questions et réponses concernaient des sujets aussi variés que les cadrans solaires, les danses espagnoles ou la virgule, car non seulement il s’intéressait à tout, mais il approfondissait tout. Il traduisait le grec, avait des connaissances approfondies sur l’Antiquité, l’histoire, la littérature, la philologie, la linguistique, la bibliographie, les auteurs érotiques, les fous littéraires, les mazarinades, n’ignorait rien de Restif de la Bretonne et savait par cœur Victor Hugo et Pierre Corneille. « Ce que Louÿs a pu, dans ces nuits insensées, feuilleter de livres et y apprendre de choses est inimaginable », déclara l’historien de la littérature et académicien Fernand Gregh (1873-1960).


Chercheur doué d’une clairvoyance qui lui faisait découvrir et comprendre les choses les plus difficiles, il fut le premier à trouver la clef des fameux manuscrits cryptographiques de Henry Legrand sur les scandales de la haute société du milieu du xixe siècle, et le premier à trouver les clefs du roman biographique de Pierre-Corneille Blessebois intitulé Le Zombi du grand Pérou (s.l. [Rouen], 1697). Il avait aussi entrepris une étude sur l’évolution de l’alexandrin, analysant avec une rare acuité les techniques inédites de Ronsard, de Corneille, d’André Chénier, jusqu’à celles de Paul Valéry dont il fut le mentor pour La Jeune Parque (1917), travail qui conforta toujours plus sa conviction que le vers de Corneille et celui du Tartuffe, du Misanthrope ou d’Amphitryon avaient une seule et même origine.


Perplexe et déçu devant le manque de culture de ses contradicteurs, Louÿs décida en 1920 de ne plus publier le résultat de ses recherches, en particulier sur Molière.


Pendant longtemps, il désira créer une revue de bibliophilie. Le premier numéro parut le 1er janvier 1913 : la Revue des livres anciensétait tirée à 500 exemplaires. Trois numéros parurent en 1913, deux en 1914, deux en 1916 et un, le dernier, en 1917 : huit numéros au total formant deux tomes de (4)-472 et (4)-399 pages (Paris, Fontemoing et Cie, 1914 -1917). Louÿs en fut le directeur, son ami Louis Loviot, bibliothécaire à l’Arsenal, en fut le rédacteur en chef et l’écrivain Paul Chaponnière le gérant. Plusieurs autres érudits, tous bibliophiles et unanimes sur les connaissances et la sagacité de Pierre Louÿs, collaborèrent sans réticence à cette revue : l’historien Georges Ascoli, le bibliothécaire Jean Babelon, le chartiste Jacques Boulenger, le bibliographe Alfred Cartier, le bibliothécaire Ernest Coyecque, l’écrivain Remy de Gourmont, le bibliographe Frédéric Lachèvre, le bibliographe Paul Lacombe, l’historien Abel Lefranc, l’historien Émile Magne, le bibliothécaire André Martin, l’archiviste paléographe Jules Mathorez, le philologue Émile Picot, le professeur Jean Plattard, le bibliographe Marie-Louis Polain, le libraire Édouard Rahir, le bibliographe Philippe Renouard, l’archiviste René-Norbert Sauvage, le bibliographe Seymour de Ricci, l’écrivain René Sturel, le bibliographe Maurice Tourneux et le docteur H. Voisin. Outre six notes, les cinq articles de Louÿs figurent tous dans le premier tome : « Le Poète Antoine du Saix », « Un roman inédit de Restif », « Raphaël du Petit-Val imprimeur de Rabelais », « Antiperistase ou contraires différences d’amour (1603) » et « La Phrase inoubliable ». La guerre mit fin à cette belle aventure. En 1918, endetté, Louÿs vendit 708 de ses plus précieux livres au bibliophile Émile Mayen, pour 300.000 francs (441.183 € de 2007).


Pierre Louÿs mourut en 1925, entouré d’inestimables richesses bibliophiliques, constituées d’environ 20.000 volumes, manuscrits et imprimés, et de tas de notes et de lettres. Quatre ventes publiques eurent lieu à l’Hôtel Drouot : le 14 mai 1926, pour ses manuscrits ; du 15 au 17 avril 1926 (éditions originales d’auteurs contemporains), du 4 au 9 avril 1927 (théologie, jurisprudence, procès célèbres, sciences et arts, médecine, obstétrique, tératologie, histoire, importants recueils manuscrits de chansons satiriques, biographie, bibliographie) et du 10 au 14 mai 1927 (belles lettres, théâtre), pour sa bibliothèque : 3.276 numéros au total.


Le 30 juin 1934, Georges Serrières, son ancien secrétaire, organisa une dernière vente au château d’Écrouves, dans le département de Meurthe-et-Moselle ; le libraire Maurice Chalvet confiait alors : « Tous les papiers de Louÿs, ses livres, ses photos, ses notes, tout cela était jeté par terre, pêle-mêle, dans la cour du château... La chose la plus triste que j’aie vue de ma vie ! ». Jusque dans les années 1960, Serrières continua à vendre à l’amiable de nombreux livres et manuscrits.


Depuis des siècles, les bibliophiles sont passionnément les plus fins connaisseurs de l’histoire des littératures, comme de celle du livre. Pierre Louÿs fut l’un des meilleurs d’entre eux.


Jean-Paul Fontaine. In http://corneille-moliere.org, 4 juin 2008. 
                                                                                                                                                                                




Bibliographie des Contes rémois de Chevigné

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Edition de 1832, dans une reliure en maroquin grain long signée Carayon.
Lyon, 25 octobre 2012 : 750 €

La véritable édition originale des Contes rémois est contenue dans La Chasse et la Pêche, suivies de poésies diverses du comte Louis-Marie-Joseph de Chevigné (Chavagnes-en-Paillers, Vendée, 30 janvier 1793-Reims, 19 novembre 1876), qui fut imprimée en 1832 à petit nombre pour les amis de l’auteur, par Pierre Delaunois, natif de Verzenay (Marne), installé place Royale, à Reims.


Nicolas Galaud, conservateur, et J.-P. Fontaine
examinent l'exemplaire acheté en 1999.
Bibliothèque municipale de Reims, 9 mars 2000

On ne connaît que 7 exemplaires de ce volume in-18 de 268 pages. Pages 216 à 265 se trouvent 14 contes. Trois de ces contes ne seront pas réimprimés avant 1880 : « Le Barbet vicaire », « Le Garçon clairvoyant » et « Les Deux Missionnaires ».





L’édition des Contes rémois qui est généralement considérée comme la première est parue anonymement à Paris en 1836. Edité et imprimé par Firmin Didot frères, rue Jacob, associé pour l’occasion à Simon Delaunay, au Palais-Royal, le volume in-12 de [4]-121-[1 bl.] pages, sans table, contient 17 contes et, sur la page de titre, la célèbre épigraphe de Jean de La Fontaine, tirée de son conte intitulé « Les Rémois » :


« Il n’est cité que je préfère à Reims :

C’est l’ornement et l’honneur de la France,

Car, sans compter l’ampoule et les bons vins,

Charmants objets y sont en abondance. »



Cette édition fut l’objet d’un second tirage en 1839, avec un nouveau titre portant la même épigraphe, une réimpression de la page 121 et une augmentation du nombre des pages, formant un volume in-18 de [4]-176 pages, dont 2 pour la table.



Même couverture imprimée que celle de l’édition de 1836, avec date différente, et même vignette sur le second plat. Ce second tirage comprend 23 contes.




La 2eédition, toujours anonyme, fut publiée à Paris en 1843, chez Pierre-Jules Hetzel, rue de Seine, et imprimée par Jean-Baptiste Lacrampe, rue Damiette, dans le format in-8 ; elle contient [4]-196 pages, dont 2 pour la table.




Sur la page de titre, une vignette gravée par Louis-Joseph Brugnot, représente le comte de Chevigné assis. C’est la première édition illustrée, qui comprend 30 eaux-fortes hors-texte de Pierre-Étienne Perlet, une pour chacun des 30 contes, dont celle du premier conte en frontispice. Dans cette édition, « Le Curé breton », dont l’action se déroulait en Armorique, devient « Le Jeûne rompu », dont le décor est la Champagne.

Quelques exemplaires de cette édition ont 214 pages, sans table, car augmentés d’une réduction du poème de « La Chasse » du même auteur.





La 3eédition fut publiée à Paris en 1858, chez Michel Lévy, rue Vivienne, et imprimée par Jules Claye, rue Saint-Benoît, dans le format in-18 ; elle contient [8]-239-[1 bl.] pages, dont 3 pour la table.





La page de titre porte Les Contes rémois par M. le Cte de C… et une vignette empruntée au conte « Le Bon Docteur », représentant deux personnages à table, un bourgeois et un ecclésiastique.





Les portraits de l’auteur et de son ami Charles-Guillaume Sourdille de La Valette (1792-1852), auteur de Fables (Paris, Firmin Didot, 1828), illustrées par Jean-Jacques Grandville en 1841, ont été gravés par Jean-Marie Buland, d’après Ernest Meissonier. Cette édition comprend 40 contes illustrés en tête de page : 34 par Meissonier, 6 par Valentin Foulquier. Elle présente aussi, pour la première fois, l’épître en vers à La Valette :


« Tu veux, ami, dans une humble préface,

Qu’à mes censeurs j’aille demander grâce

Pour quelques tours faits à de vieux maris ;

Ou pour avoir égayé mes récits

De doux péchés par des curés commis ?

Mais ces curés, ce sont ceux de Boccace,

Bien différents de ceux de mon pays,

Qui sont des saints. Je le dis à leur gloire :

Pour un curé qui tombe en purgatoire,

Il en est cent qui vont au paradis. »





et un « Épilogue » :


« Est-il un vin plus gai que le champagne ?

La bonne humeur en tout lieu l’accompagne ;

Il rit de tout, même de ses amis,

Et je lui dois mes plus joyeux récits.

Je ne sais pas si le cidre en Bretagne

Peut, sans danger, se croire tout permis ;

Mais, pour leur vin, nos curés de Champagne

Sont indulgents, et, loin d’être fâchés,

Ils riront tous en lisant leurs péchés. »


Il existe un tirage in-8 en grand papier, dont des exemplaires sur papier vélin, 40 exemplaires sur Hollande avec les gravures sur Chine, et quelques exemplaires contenant 2 feuillets supplémentaires non chiffrés pour le conte « Le Travail inutile ».

L’exemplaire de l’Académie nationale de Reims, avec envoi autographe de l’auteur, reliure de Charles Meunier en maroquin bleu, doublée de maroquin framboise mosaïqué, avec gardes de soie brochée, tranches dorées et couverture imprimée sur papier glacé de couleur mauve, a été volé au cours des bombardements de Reims en 1914.

Dans une lettre adressée le 13 avril 1858 au libraire rémois Charles-Antoine Brissart-Binet, le comte de Chevigné compare la 3eédition à la 1ère :


« L’ancienne édition des “Contes rémois” est épuisée. La nouvelle vaut mieux que l’ancienne sous tous les rapports. Qu’elle ait du succès ou qu’elle n’en ait pas, je désire que mon nom ne soit pas prononcé. Comme Saint-Pierre, je renie. »


Les éditions suivantes furent publiées à Paris, sauf la 11e, toujours sous le titre Les Contes rémois, et avec le nom de l’auteur qui ne craignait plus la censure impériale.


Deux éditions semblables furent publiées en 1861 chez Michel Lévy, rue Vivienne, et imprimées par Jules Claye, rue Saint-Benoît, avec des erreurs de pagination :





-          la 4e, dans le format in-18, de [10]-323 [i.e. 321]-[1 bl.] pages [pages 284-321 chiffrées 286-323], dont 36 pages pour la première partie de l’ « Opinion des journaux sur les Contes rémois » et 3 pages de table,







avec un portrait frontispice de l’auteur, offrant un exemplaire de son livre à un ecclésiastique, gravé par Jean-Marie Buland d’après Valentin Foulquier, et un portrait médaillon de La Valette, gravé par Jean-Marie Buland, d’après Ernest Meissonier, dans un encadrement de Martin Riester.    





-          la 5e, dans le format in-8, de [12]-323 [i.e. 347]-[1 bl.] pages [pages 284-347 chiffrées 276-298, 283-320 et 321-323], dont 38 pages pour la première partie de l’ « Opinion des journaux sur les Contes rémois » et 3 pages de table, avec le portrait frontispice de l’auteur, offrant un exemplaire de son livre à un ecclésiastique, gravé par Jean-Marie Buland d’après Valentin Foulquier,



un portrait médaillon de l’auteur, gravé par Jean-Marie Buland, d’après Auguste Debay, et celui de La Valette, gravé par Jean-Marie Buland, d’après Ernest Meissonier, dans un encadrement de Martin Riester.   .

La vignette de la 3eédition est au titre. Ces éditions contiennent 49 contes illustrés en tête de page : 34 par Meissonier, 15 par Foulquier.




Reliure de Tinot, relieur rémois, élève de Capé, sur un exemplaire de l'édition de 1864 (détail)

La 6eédition fut publiée en 1864 chez Michel Lévy, rue Vivienne, et imprimée par Jules Claye, rue Saint-Benoît, dans le  format in-16 ; elle contient 320 pages, dont 66 pages pour la deuxième partie de l’ « Opinion des journaux sur les Contes rémois » et 6 pages de table. Le titre est imprimé en rouge et noir, la vignette de la 3eédition est présente, le texte est encadré et les portraits médaillons de l’auteur et de La Valette ont été gravés par Jean-Marie Buland d’après Valentin Foulquier. Cette édition comprend 53 contes, avec illustrations réduites de Meissonier et de Foulquier. Il existe un tirage sur papier de couleur et un autre sur peau de vélin qui contiennent 2 feuillets supplémentaires pour les contes « Colin-Maillard assis » et « L’Oncle et ses deux nièces ».


Deux éditions semblables furent publiées en 1868 par la Librairie de l’Académie des Bibliophiles, rue de la Bourse, et imprimées par Jules Claye, rue Saint-Benoît :



la 7e de [6]-352 pages, dans le format in-18,



la 8e de [6]-398 pages dans le format in-8. Le portrait frontispice de l’auteur dans un encadrement est signé par Jean-Marie Buland, d’après Auguste Debay. La vignette de la 3eédition est au titre. Ces deux éditions comprennent : 56 contes illustrés en tête de page, 34 par Meissonier, 22 par Foulquier ; un dessin de Foulquier pour l’ « Épilogue » ; la troisième partie de l’ « Opinion des journaux sur les Contes rémois ». Le dessin du conte « Le Jour des rois » a été refait.

Quelques exemplaires de la 8eédition contiennent un portrait de l’auteur à l’eau-forte par Léopold Flameng, et une eau-forte hors-texte par Paul Rajon, d’après Jules Worms, pour le conte « Le Mari borgne ».


La 9eédition fut publiée en 1871 par la Librairie des Bibliophiles, rue Saint-Honoré, dans le format in-24 : [4]-231 pages, dont 4 pages de table et 20 pages d’ « Opinions diverses sur les Contes rémois », avec un titre imprimé en rouge et noir. La marque de l’imprimeur Damase Jouaust est au titre. C’est une édition non illustrée, avec en-têtes et culs-de-lampe pour chacun des 50 contes. Le tirage a été limité à 380 exemplaires : 30 sur Chine et 350 sur Hollande. Cette édition comprend les 8 contes dits « réservés » : « Le Mari pris à mentir », « Colin-Maillard assis », « L’Oncle et ses deux nièces », « Le Malentendu », « Le Petit Paquet », « La Niaise », « Chacun son droit » et « Un bel enfant », qui paraît pour la première fois. À la page 196, apparaît un nouvel « Épilogue » qui commence par « Avec l’Ay, l’on se grise aisément ».


La 10eédition fut publiée en 1873 chez Alphonse Lemerre, passage Choiseul, dans le format in-16. Sortie des presses de Damase Jouaust, imprimeur de la Librairie des Bibliophiles, elle contient [6]-246-[2]-14-[2] pages, dont 5 pages de table et 14 pages d’ « Opinions diverses sur les Contes rémois ». Le titre est imprimé en rouge et noir et la marque de l’éditeur est au titre. Un nouveau portrait de l’auteur a été gravé à l’eau-forte par Léopold Flameng. Cette édition est sans les contes « réservés ». Des entêtes et des culs-de-lampe existent pour chacun des 50 contes. Une « Conclusion » paraît ici pour la première fois. Il a été tiré 25 exemplaires sur Chine. Il existe un tirage in-8 limité à 120 exemplaires, dont 100 sur Hollande et 20 sur Whatman (75 sur Hollande et 10 sur Whatman, d’après les registres de l’éditeur). Quelques exemplaires, donnés à l’auteur avant la mise en vente, portent le nom de la Librairie des Bibliophiles qui devait être l’éditeur.
À propos de cette édition, Prosper Blanchemain a fait des rimes « A Monsieur le comte de Chevigné » (in Le Bibliophile français. Paris, Bachelin-Deflorenne, 1873, t. VII, p. 192) :


« On m’a dit qu’autrefois en France

L’esprit courait les carrefours ;

On perdrait sa peine, je pense,

A le chercher dans nos faubourgs.


Nos grands auteurs, de fortes têtes,

N’en ont guère en leurs cerveaux creux ;

La Fontaine en donnait aux bêtes,

Il n’en a point laissé pour eux.


La Fontaine, aimable annaliste

Des amours piquants et badins,

Le semait jadis sur sa piste,

Comme les fleurs dans nos jardins.


Mais avec le bon La Fontaine

Son esprit est parti là-haut !...

– N’ayez pas peur, on en a la graine,

Il fleurit encore à Boursault.


C’est cette graine qu’à Ferrare

Boccace plantait autrefois,

Que Marguerite de Navarre

Implanta sur le sol gaulois ;


C’est le bouquet, naïve offrande

De La Fontaine à Sévigné,

Qui s’épanouit en guirlande

Dans les contes de Chevigné. »



La 11eédition est l’ « Édition miniature » tirée à 651 exemplaires en 1875, sur les presses de Bonnedame père et fils, imprimeurs et éditeurs à Épernay (Marne), dans le format in-32, de viij-[2]-231-[1] pages, dont 8 pages pour une « Notice bibliographique » : 1 sur peau de vélin, 150 sur Chine avec texte noir, encadrement violet et lettrines en rouge, 500 sur vergé sans encadrement. Le titre est imprimé en rouge et noir. La marque de l’imprimeur est au titre. Un portrait frontispice de l’auteur a été gravé par Adolphe Varin, graveur des encadrements et des culs-de-lampe. Cette édition, qui n’est pas illustrée, comprend 50 contes, dont les 8 « réservés ». C’est la dernière édition réalisée du vivant de l’auteur.




(Cliché Bertrand Hugonnard-Roche)

La 12eédition fut publiée en 1877 par la Librairie des Bibliophiles, rue Saint-Honoré, et imprimée par Damase Jouaust, dont la marque est au titre, dans le format in-16. De xxxvi-224 pages, elle présente un titre imprimé en rouge et noir, des lettres ornées, des en-têtes et culs-de-lampe. Le tirage a été réalisé à petit nombre sur Hollande, plus 25 exemplaires sur Chine et 25 exemplaires sur Whatman avec épreuve des gravures avant la lettre. Le portrait frontispice de l’auteur, d’après Léopold Flameng, et six hors-texte d’après Jules Worms, ont été gravés par Paul Rajon. Cette édition comporte 50 contes, sans les contes « réservés ». Elle est précédée de « La Muse champenoise » de Louis Lacour, et est suivie d’une bibliographie. Il existe un tirage en grand papier : 20 exemplaires sur Chine et 20 sur Whatman qui contiennent les gravures en double épreuve, avant et avec la lettre, et 170 sur Hollande.      




Château de Boursault (Marne)


Les Ventes publiques de livres à Paris au XIXe siècle (1848-1900)

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La IIe République fut proclamée le 25 février 1848. Élu à la présidence de la République le 10 décembre 1848, le prince Louis-Napoléon se désolidarisa des mesures de réaction de l’Assemblée législative et s’attacha à la déconsidérer aux yeux du pays, avant de rétablir l’Empire le 2 décembre 1852. La capitulation de Sedan le 2 septembre 1870 entraîna l’effondrement de l’Empire et la proclamation de la IIIe République.


Hôtel Drouot en 1868


Hôtel Drouot en 1853

L’hôtel actuel de la rue Drouot fut inauguré en 1852. Désormais, les ventes publiques des objets d’art eurent lieu à l’hôtel Drouot, celles des livres à la salle Silvestre.



Rue des Bons Enfants, Paris Ier
La hausse des prix s’accentua pendant tout le Second Empire. Le genre des livres recherchés fut toujours à peu près le même, mais les amateurs devinrent plus exigeants sur la rareté, le conditionnement et l’importance des particularités distinctives.

La raréfaction progressive des livres provoqua la création de nouvelles catégories de sources d’alimentation : les beaux livres à gravures du xviiie siècle, négligés jusqu’alors, les livres signalés par les Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique (Paris, R. Pincebourde, 1866) de Charles Asselineau, les beaux livres dont Henry Cohen fit paraître un Guide de l’amateur de livres à vignettes du xviiie siècle (Paris, P. Rouquette, 1870), les publications illustrées dont Jules Brivois dressa l’inventaire dans son Guide de l’amateur. Bibliographie des ouvrages illustrés du xixe siècle (Paris, L. Conquet et P. Rouquette, 1883), les ouvrages d’ornement ou de décoration artistique et même industrielle, les beaux ouvrages illustrés contemporains et les publications de bibliophiles, etc.

Si ces nouvelles catégories facilitèrent la création de nouvelles couches d’amateurs, elles les écartèrent des livres anciens. D’où la défaveur, qui atteignit son maximum aux ventes Lignerolles et Tandeau de Marsac. Pour les romantiques, ce fut la vente Noilly qui réalisa la valeur moyenne la plus élevée.

La fin du siècle s’acheva par une modification fiscale : le doublement, à partir du 1er janvier 1901, du droit de 5% sur les prix de vente acquittés par l’acheteur. Toutefois, ce doublement n’était que fictif, car auparavant cette majoration était supportée par le vendeur ; mais elle ne figurait pas par suite dans le prix d’adjudication, qui se trouva désormais majoré d’autant.    


Louis-Antoine Martin (1781-1847), dit « Louis Aimé-Martin », du 21 au 28 février 1848 : Bibliothèque de M. Aimé-Martin, composée de livres anciens et modernes, tous d’une belle condition, manuscrits et autographes […]. Deuxième partie (Paris, Techener, 1848, in-8, [1]-[1 bl.]- [1]-[1 bl.]-75-[1 bl.] p., 792 lots).


Marie-Jacques De Bure (1767-1847), du 13 au 18 mars 1848 : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Marie-Jacques De Bure, ancien libraire du Roi et de la Bibliothèque du Roi (Paris, Victor Tilliard, 1848, in-8, [3]-[1 bl.]-[2]-88 [i.e. 86] p., 769 + 6 lots).


Busca, du 18 au 25 mars 1848 : Catalogue de livres espagnols, ouvrages relatifs à l’Amérique, livres de linguistique, etc., etc., provenant de la bibliothèque de M. Busca (Paris, L.-C. Silvestre et P. Jannet, 1848, in-8, [2]-76 p., 939 lots).  


Isidore-Justin-Séverin Taylor (1789-1879), baron Taylor, du 17 octobre au 15 novembre 1848 : Catalogue de livres rares et précieux composant la première partie de la bibliothèque de M. J. Taylor (Paris, J. Techener, 1848, in-8, XII-511-[1] p., 2.636 lots).


Auguste-François-Louis-Scipion du Roure (1783-1858), du 3 novembre 1848, et jours suivants : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. L. M. D. R. [M. Le Marquis Du Roure] (Paris, P. Jannet, 1848, in-8, [3]-[1 bl.]- 3]-[1 bl.]-312 p., 2.400 lots). 


Louis-Antoine Martin (1781-1847), dit « Louis Aimé-Martin », du 20 au 23 décembre 1848 : Bibliothèque de M. Aimé-Martin. Troisième partie (Paris, Techener, 1848, in-8, [2]-52-[1]-[1 bl.], 481 lots).


Armand-Jérôme Bignon (1769-1847), du 8 janvier au 12 février 1849 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Jérôme Bignon composée d’un choix considérable de livres rares, curieux et singuliers manuscrits et imprimés dont une partie sur peau vélin de grands ouvrages à figures et d’une collection d’autographes de personnages célèbres (Paris, Chimot, 1848, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[4]-260 p., 3.298 + 141 lots).


René-Charles Guilbert de Pixerécourt (1773-1844), en 1849 : Catalogue de livres, manuscrits, autographes, provenant de la bibliothèque de feu M. G. de Pixerécourt (Paris, Jannet, 1849, in-8, 42 p., 280 lots).


Victor-Alexandre de Saint-Mauris (1797-1868), du 15 janvier au 23 février 1849 : Catalogue de la bibliothèque de M. Victor de Saint-M ***** composée d’un choix considérable de très-beaux livres […] suivi d’un catalogue de belles estampes (Paris, L. Potier et Defer, 1848, in-8, [8]-424-16 p., 3.326 + 216 lots).


Edme-Hippolyte-Jacques Michau de Montaran (1780-1848), du 12 mars 1849 et jours suivants : Catalogue d’une collection d’Elzevirs (petit format) et d’autres livres rares et curieux composant le cabinet de feu M. Edme Hippolyte-Jacques Michau baron de Montaran (Paris, J.-F. Delion, 1849, in-12, XI-86 p., 623 lots).


Henri-Jules Klaproth (1783-1835), du 16 au 28 avril 1849 : Catalogue de livres anciens, rares, curieux, en grande partie ornés de gravures ; des dessins, des vieilles estampes, des ouvrages sur les beaux-arts, et d’un choix de livres précieux imprimés en Chine, composant le cabinet de M. K. L. A** P. de M. (Paris, J.-F. Delion, 1849, in-8, [2]-110 p., 1.184 + 42 lots). « La vente de la bibliothèque de M. K. L. A** P. de M., commencée le 17 février 1848, fut interrompue au bout de quatre jours par les troubles qui précédèrent la révolution. L’importance de cette collection, dans laquelle on remarque bon nombre de livres précieux, notamment les Vies des hommes illustres de Plutarque, exemplaire de Henri II, nous a engagé à faire réimprimer, sous une numérotation nouvelle, les vacations restées en suspens. »  


Pierre Leblanc, du 24 au 28 avril 1849 : Catalogue de curiosités bibliographiques, livres rares, précieux et singuliers […] recueillis par le Bibliophile voyageur. Onzième année. (Paris, Leblanc, 1849, in-8, VIII-68 p., 583 lots).


George Buchanan (1790-1852), du 30 avril au 12 mai 1849 : Catalogue des livres rares et curieux composant la bibliothèque de M. G. B**** (Paris, L. Potier, 1849, in-8, [4]-136 p., 1.278 lots).


Antoine-Jean Letronne (1787-1848), du 29 mai au 27 juin 1849 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. A. J. Letronne […] membre de l’Institut (Paris, J. F. Delion, 1849, in-8, XII-398 p., 3.184 lots).  


Charles Buvignier (1823-1902), de Verdun, du 9 au 21 juillet 1849 : Catalogue d’une précieuse collection de livres anciens, rares et curieux […] et particulièrement remarquables par un choix d’ouvrages sur l’histoire de Lorraine provenant du cabinet de M. Ch. B*** de V. (Paris, J. Techener, 1849, in-8, [2]-II-260 p., 1.750 lots).  




Emmanuel-Louis-Nicolas Viollet-le-Duc (1781-1857), père du célèbre architecte, du 5 au 21 novembre 1849 : Bibliothèque de M. Viollet le Duc. Première partie. Poésie, conteurs en prose, facéties, histoires satyriques, prodigieuses, etc. (Paris, P. Jannet, 1849, in-8, xj-[1 bl.]-224 p., 1.623 lots). La Deuxième partie. Théologie, jurisprudence, beaux-arts, théâtre, histoire ([2]-42 p.) fut mise en vente le 17 février 1853 et jours suivants.


Hyacinthe-François-Joseph Despinoy (1764-1848), du 12 novembre au 22 décembre 1849 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu le lieutenant général Despinoy (Paris, J. Techener, 1849, in-8, XLVII-[1 bl.]-432 p., 4.002 lots).


Wynne, du 30 novembre au 15 décembre 1849 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. H. de Wynne (Paris, P. Jannet, 1849, in-8, [3]-[1 bl.]-[4]-159-[1 bl.] p., 2.075 lots).


Hippolyte de Châteaugiron (1774-1848), les 19 et 20 décembre 1849 : Catalogue de livres, musique, etc., provenant de la bibliothèque de feuM. le marquis H. de Châteaugiron (Paris, P. Jannet, 1849, in-8, [2]-25-[1] p., 225 lots).


Jean-Denis Barbié (1760-1825), dit « Barbié du Bocage », les 1er et 2 février 1850 : Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de feu J. D. Barbié du Bocage membre de l’Institut (Paris, Lavigne et L. Hachette et Cie, 1850, in-8, 16 p., 129 lots).


Pierre-Hyacinthe Audiffret (1773-1841), du 25 au 27 février 1850 : Notice des livres anciens et modernes, (littérature, histoire, voyages, etc.), des opéras à grandes partitions, et des autographes composant la bibliothèque de feu M. Hyacinthe Audiffret, attaché au cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale (Paris, J.-F. Delion, 1850, in-8, [2]-21-[1] p., 98 + 93 lots).


Augustin-Jean-Marie de Schonen (1782-1849), du 14 au 18 mai 1850 : Catalogue des livres anciens et modernes […] composant la bibliothèque de feu M. le baron de Schonen ancien pair de France (Paris, Guilbert, 1850, in-8, [4]-52 p., 537 + 27 lots).


Alexandre-Charles-Omer Rousselin de Corbeau (1773-1847), comte de Saint-Albin, du 20 mai au 29 juin 1850 : Catalogue des livres et des manuscrits composant la bibliothèque de feu M. le comte de Saint-Albin (Paris, J.-F. Delion, 1850, in-8, XII-292 p., 3.501 lots).


Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy (1755-1849), du 27 mai au 6 juin 1850 : Bibliothèque de M. Quatremère de Quincy, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres […] ; collection d’ouvrages relatifs aux beaux-arts et à l’archéologie (Paris, Adrien Le Clere et Cie et J.-F. Delion, 1850, in-8, [3]-[1 bl.]-[2]-XII-215-[1 bl.] p., 1.191 + 9 lots).  


Amans-Alexis Monteil (1769-1850), du 11 au 15 juin 1850 : Catalogue des manuscrits et d’une partie des livres imprimés composant la bibliothèque de feu M. Amans-Alexis Monteil (Paris, P. Jannet, 1850, in-8, [3]-[1 bl.]-VIII-68 p., 566 lots).


Jean-Charles Motteley (1778-1850), le 14 novembre 1850 et les 23 jours suivants : Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. M*** (Paris, Techener, 1850, in-8, ii-476 p.).


Claude-François de Méneval (1778-1850), du 21 au 23 novembre 1850 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le baron de Meneval […] ancien secrétaire de Napoléon (Paris, J.-F. Delion, 1850, in-8, [2]-21-[1] p., 267 lots).    


Jules Goddé (1812-1876), du 9 au 21 décembre 1850 : Catalogue raisonné d’une collection de livres pièces et documents, manuscrits et autographes relatifs aux arts de peinture, sculpture, gravure et architecture […] réunie par M. Jules Goddé, peintre (Paris, L. Potier et Defer, 1850, in-8, [3]-[1 bl.]-XVI-434-[2] p., 1.650 lots).


Moret, les 21 et 22 février 1851 : Notice de beaux livres à figures ouvrages sur les villes de France et de l’étranger avec figures et dessins ajoutés provenant de la bibliothèque de feu M. Moret (Paris, P. Jannet, 1851, in-8, [2]-21-[1 bl.] p., 224 lots).


Louis-Jean-Nicolas de Monmerqué (1780-1860), du 12 mai au 9 juin 1851 : Catalogue de livres imprimés et manuscrits faisant partie de la bibliothèque de M. de Monmerqué, membre de l’institut (Paris, L. Potier, 1851, in-8, [6]-356 p., 2.881 lots).


Adrien-Jean-Quentin Beuchot (1773-1851), du 10 au 12 novembre 1851 : Catalogue de livres provenant de la bibliothèque de feu M. B*** (Paris, L. Potier, 1851, in-8, [1]-[1 bl.]-39-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 352 lots).


Lefèvre Dallerange, du 15 au 24 décembre 1851 : Catalogue d’un très-beau choix de livres anciens et modernes composant la bibliothèque de M. Lefèvre Dallerange (Paris, J. Techener, 1851, in-8, VII-[1]-199-[1] p., 1.503 lots).


Étienne-Gabriel Peignot (1767-1849), du 8 au 30 mars 1852 : Catalogue d’une nombreuse collection de livres anciens rares et curieux provenant de la bibliothèque de feu Gabriel Peignot, membre des Académies de Dijon, Besançon et de plusieurs Sociétés savantes (Paris, J. Techener, 1852, in-8, [4]-II-[2]-535-[1 bl.] p., 4.406 lots).  


Louis-Philippe Ier (1773-1850), du 8 mars au 7 avril 1852 : Catalogue de livres provenant des bibliothèques du feu roi Louis-Philippe, […]. Bibliothèques du Palais-Royal et de Neuilly. Première partie (Paris, L. Potier et Defer ; Londres, Barthès et Lowell, 1852, in-8, VIII-349-[1 bl.] p., 3.042 lots). 


Louis-Philippe Ier (1773-1850), du 6 au 30 décembre 1852 : Catalogue de livres provenant des bibliothèques du feu roi Louis-Philippe, […]. Bibliothèques du Palais-Royal et de Neuilly. Deuxième partie (Paris, L. Potier et Defer, 1852, in-8, viij-264 p., 2.523 lots + livres en nombre + planches gravées + 9 lots de médailles). 


Jean-Pierre Collot (1764-1852), du 20 au 25 janvier 1853 : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. Collot ancien directeur de la Monnaie (Paris, L. Potier, 1852, in-8, [1]-[1 bl.]-46-[1]-[1 bl.] p., 468 lots).


Truebwasser, le 24 janvier 1853 et jours suivants : Catalogue des livres rares et curieux de la bibliothèque de M. Truebwasser (Paris, P. Jannet, 1852, in-8, [1]-[1 bl.]-215-[1 bl.] p., 2.991 lots).




Charles-Athanase Walckenaer (1771-1852), du 12 avril au 31 mai 1853 : Catalogue des livres et cartes géographiques de la bibliothèque de feu M. le baron Walkenaer, membre de l’Institut (Paris, L. Potier, 1853, in-8, XV-[1 bl.]-550 p., 6.539 lots).


Alfred Chenest (1816-1880), du 4 au 6 mai 1853 : Catalogue d’une petite collection de livres rares et précieux, anciennes poésies, romans de chevalerie, chroniques, manuscrits, etc., provenant du cabinet de M. A. C. (Paris, J. Techener, 1853, in-8, [3]-[1 bl.]-III-[1 bl.]-48 p., 302 lots).


Jean-Jacques De Bure (1765-1853), du 1er au 21 décembre 1853 : Catalogue des livres rares et précieux, manuscrits et imprimés, de la bibliothèque de feu M. J. J. De Bure, ancien libraire du Roi et de la Bibliothèque royale (Paris, L. Potier, 1853, in-8, XII-11-[1 bl.]-306-[2] p., 1.853 lots).


Jean Labouderie (1776-1849), du 2 au 27 mars 1854 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. l’Abbé J. Labouderie, ancien vicaire de Notre-Dame de Paris (Paris, J.-F. Delion, 1854, in-8, xj-[1]-278 p., 2.893 + 60 lots).


Rodet, du 29 mars au 10 avril 1854 : Catalogue des livres de la bibliothèque d’économie politique de feu D. L. Rodet ancien maire de Saint-Cloud (Paris, Techener, 1854, in-8, VIII-290-[1]-[1 bl.] p., 1.986 lots).   


Jean-Louis-Antoine Coste (1784-1851), du 17 avril au 13 mai 1854 : Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de feu M. J. L. A. Coste, conseiller honoraire à la Cour royale de Lyon (Paris, L. Potier et P. Jannet ; Lyon, A. Brun, 1854, in-8, XII-386 p., 2.584 lots).


Louis-Marie-Armand Bertin (1801-1854), du 4 au 20 mai 1854 : Catalogue des livres, estampes et dessins composant la bibliothèque et le cabinet de feu M. Armand Bertin, rédacteur en chef du Journal des débats (Paris, J. Techener, 1854, in-8, IX-[1 bl.]-8-256-[2] p., 1.868 lots). L’article de la vente qui a produit le plus de sensation, le précieux Pantagruel de 1533, dans une reliure de Niedrée [n° 1.156], fut obtenu par la Bibliothèque impériale pour la somme énorme de 1.800 francs.


François Arago (1786-1853), du 19 juin au 7 juillet 1854 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. François Arago, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences (Paris, Dusacq, s.d. [1854], in-8, [4]-188 p., 2.225 lots).


Nicolas-Maximilien-Sidoine Séguier (1773-1854), marquis de Saint-Brisson, du 6 au 16 novembre 1854 : Catalogue des livres de théologie, de littérature ancienne grecque et latine de philologie et d’histoire composant la bibliothèque de feu M. N.-M.-S. Séguier (Paris, H. Labitte, 1854, in-8, VIII-104 p., 1.191 lots).


Antoine-Augustin Renouard (1765-1853), du 20 novembre au 23 décembre 1854 : Catalogue d’une précieuse collection de livres, manuscrits, autographes, dessins et gravures composant la bibliothèque de feu M. Antoine-Augustin Renouard, ancien libraire (Paris, L. Potier et Jules Renouard et Cie ; Londres, Barthès et Lowel, 1854, in-8, XXXII-433-[1 bl.] p., 3.700 lots).


Eugène Burnouf (1801-1852), du 5 au 23 décembre 1854 : Catalogue des livres imprimés et manuscrits composant la bibliothèque de feu M. Eugène Burnouf, membre de l’Institut (Paris, Benjamin Duprat, 1854, in-8, [3]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[2]-358 p., 2.730 + 218 lots).


Louis-Étienne-François Héricart de Thury (1776-1854), du 18 au 29 décembre 1854 : Catalogue des livres principalement relatifs aux sciences et aux beaux-arts, à l’histoire et à l’archéologie, qui composaient la bibliothèque de feu M. le Vte L.-E.-F. Héricart de Thury, […] membre de l’Académie des sciences de l’Institut de France (Paris, J.-A. Toulouse et J.-F. Delion, 1854, in-8, XVI-104 p., 1.228 lots).


Raoul Rochette (1789-1854), du 20 mars au 12 avril 1855 : Catalogue des livres composant la bibliothèque artistique, archéologique, historique et littéraire de feu M. Raoul Rochette, membre de l’Institut (Paris, J. Techener, 1855, in-8, [2]-XVI-387-[1 bl.]-[1]- [1 bl.] p., 3.363 lots), avec un portrait frontispice.


Charles-Joseph-Barthélemy Giraud (1802-1881), du 26 mars au 28 avril 1855 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. CH. G***** (Paris, L. Potier, 1855, in-8, XIX-[1 bl.]-464 p., 3.304).


Jean Duchesne (1779-1855), du 24 au 31 mai 1855 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Duchesne ainé [sic] conservateur du département des estampes de la Bibliothèque impériale (Paris, P. Jannet, 1855, in-8, XI-[1 bl.]-94 p., 1.135 lots).


Jean-Baptiste de Bearzi, du 31 mai au 28 juin 1855 : Catalogue de livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. l’Abbé Jean-Baptiste chevalier de Bearzi, protonotaire apostolique et chargé d’affaires de S. M. le roi des Deux-Siciles à la cour de Vienne (Paris, Edwin Tross, 1855, in-8, XII-222-191-[1] p., 4.487 lots).


Louis-Philippe-François de Warenghien (1771-1854), du 9 au 28 juillet 1855 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baron de Warenghien ancien commissaire des guerres, ancien maire de la ville de Douai (Paris, P. Jannet, 1855, in-8, X-[2]-304 p., 3.440 lots).


Alexandre-Auguste Veinant (1799-1859), le 20 décembre 1855 : Catalogue des livres rares et précieux du cabinet de M. *** (Paris, E. Tross, 1855, in-8, VI-[2]-118 p., 1.093 lots).


Pierre-Alexandre Gratet (1792-1853), dit « Gratet-Duplessis », du 18 au 28 février 1856 : Catalogue des livres en partie rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. G. Duplessis ancien recteur de l’Académie de Douai (Paris, L. Potier, 1856, in-8, [3]-[1 bl.]-XX-234-[1]-[1 bl.] p., 1.472 lots).


Jean-Pierre-Agnès Parison (1771-1855), du 25 février au 18 mars 1856 : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. Parison, homme de lettres (Paris, Henri Labitte, 1856, in-8, [8]-XVI-262 p., 2.694 lots + 7 manuscrits de la main de Parison + 34 articles omis).


Riva, du 8 au 23 janvier 1857 : Catalogue de livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de M. C. R *** de Milan (Paris, L. Potier, 1856, in-8, XII-256 p., 2.083 lots).


André Salmon, du 23 avril au 4 mai 1857 : Catalogue de livres rares manuscrits et imprimés lettres autographes, etc. provenant de la bibliothèque de M. A. S*** T. [André Salmon Tourangeau] (Paris, L. Potier, 1857, in-8, VIII-221-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 1.462 + 85).


Louise-Antoinette-Scholastique Guéheneuc (1782-1856), veuve de Jean Lannes, du 27 avril au 1er mai 1857 : Catalogue des livres anciens et modernes composant la bibliothèque de Mme la maréchale Lannes duchesse de Montebello (Paris, Bossange père et J. Techener, 1857, in-8, [3]-[1 bl.]-67-[1 bl.] p., 627 lots).


Anne-Marie-Hortense Perrégaux (1779-1857), maréchale Marmont, duchesse de Raguse, du 17 au 23 décembre 1857 : Catalogue de très-beaux livres richement reliés composant la bibliothèque de Madame la maréchale duchesse de Raguse (Paris, Victor Tilliard, 1857, in-8, [1]-[1 bl.]-[6]-79-[1 bl.] p., 806 lots).

Adrien de Jussieu (1797-1853), du 11 janvier au 11 février 1858 : Catalogue de la bibliothèque scientifique de MM. de Jussieu (Paris, Henri Labitte, 1857, in-8, XV-[1 bl.]-464 p., 4.069 lots).



Antoine-François-Émile Chavin de Malan (1814-1856), du 18 janvier au 4 février 1858 : Catalogue des livres de M. Chavin de Malan, ancien bibliothécaire du Palais du Luxembourg (Paris, François, 1857, in-8, XII-275-[1 bl.] p., 2.423 lots).


François-André Isambert (1792-1857), du 22 février au 2 mars 1858 : Catalogue de livres composant la bibliothèque de feu M. Isambert, conseiller à la Cour de cassation (Paris, Auguste Durand et Édouard Garnot, 1858, in-8, [8]-75-[1 bl.] p., 927 lots).


Jean-Baptiste-Antoine Lassus (1807-1857), du 3 au 12 mars 1858 : Catalogue des livres dessins, estampes et tableaux, composant le cabinet de feu M. J.-B.-A. Lassus, architecte de Notre-Dame de Paris et de la Sainte-Chapelle (Paris, J. F. Delion, 1858, in-8, XIV-[2]-118-[2] p., 1.071 lots, dont 771 de livres).


Élisabeth-Rachel Félix (1821-1858), dite « Mademoiselle Rachel », les 26 et 27 avril 1858 : Catalogue des livres composant la bibliothèque littéraire et dramatique de Mlle Rachel (Paris, Auguste Aubry, 1858, in-8, 32 p., 288 lots).


Étienne-Marc Quatremère (1782-1857), le 25 novembre 1858 et jours suivants : Bibliothèque Quatremère. Catalogue d’une collection de livres précieux et importants provenant pour la plupart de la bibliothèque de feu M. Étienne Quatremère de l’Institut. […] Première partie : Numismatique. Archéologie. Epigraphie. Art moderne. (Paris, A. Franck, s. d., in-8, [1]-[1 bl.]-IV-52 p., 485 lots).  


H.-M. Erdeven, du 1er au 29 décembre 1858 : Catalogue de livres bien conditionnés composant la bibliothèque de feu M. H.-M. Erdeven, ancien chef de bureau à la préfecture de la Seine (Paris, A.-C. Cretaine, 1858, VIII-207-[1 bl.] p., 2.858 lots).


François-Xavier Michel (1809-1887), dit « Francisque Michel », du 10 au 29 janvier 1859 : Catalogue des livres rares et curieux de M. Francisque-Michel [sic] (Paris, François, 1858, in-8, XII-356 p., 2.762 lots).


Étienne-Marc Quatremère (1782-1857), du 3 au 19 février 1859 : Bibliothèque Quatremère. Catalogue d’une collection de livres précieux et importants provenant pour la plupart de la bibliothèque de feu M. Étienne Quatremère de l’Institut. […] Deuxième partie : Encyclopédie. Histoire littéraire. Philosophie. Histoire naturelle. Belles-lettres. Livres espagnols et portugais. Auteurs grecs et latins. Incunables. Livres rares et curieux. Livres avec gravures. Imprimés sur vélin. Xylographe. (Paris, A. Franck, s. d., in-8, X-[2]-218 p., 2.750 lots). 


Jean-François Boissonade (1774-1857), du 3 mars au 13 avril 1859 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. J. Fr. Boissonade membre de l’Institut (Paris, Benjamin Duprat, 1859, in-8, LXIV-655-[1 bl.] p., 6.920 lots).


Étienne-Marc Quatremère (1782-1857), du 21 mars au 12 avril 1859 : Bibliothèque Quatremère. Catalogue d’une collection de livres précieux et importants provenant pour la plupart de la bibliothèque de feu M. Étienne Quatremère de l’Institut. […] Troisième partie : Théologie. Écriture sainte Littérature orientale. Langues modernes. (Paris, A. Franck, s. d., in-8, XVI-224 p., 3.138 lots). 


Pierre-Léon Leclerc (1781-1858), du 22 mars au 9 avril 1859 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Léon Leclerc, ancien membre de la Chambre des députés (Paris, J.-F. Delion et A. Jullien, 1859, in-8, IV-280 p., 2.538 lots).


Charles Guenoux, du 30 mai au 14 juin 1859 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Ch. Guenoux (Paris, A. Franck, 1858, in-8, IV-179-[1] p., 2.555 lots).


Étienne-Marc Quatremère (1782-1857), du 7 au 30 novembre 1859 : Bibliothèque Quatremère. Catalogue d’une collection de livres précieux et importants provenant pour la plupart de la bibliothèque de feu M. Étienne Quatremère de l’Institut. […] Quatrième partie : Littérature grecque et romaine, Histoire et Géographie, Voyages (Paris, A. Franck, s. d., in-8, XVI-270 p., 3.825 lots). 


Jean-Baptiste-Félix Lajard (1783-1858), du 14 au 19 novembre 1859 : Catalogue des livres principalement sur l’archéologie, les voyages, la numismatique, &c composant la bibliothèque de feu M. Félix Lajard membre de l’Institut (Paris, Ernest Gouin, 1859, in-8, [3]-[1 bl.]-[3]-[1 bl.]-112 p., 1.095 lots).    


Alexandre-Auguste Veinant (1799-1859), du 30 janvier au 6 février 1860 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. Auguste Veinant (Paris, L. Potier, 1860, in-8, XV-[1 bl.]-187-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 1.081 lots).


Giovanni Gancia († 1872), de Brighton, du 13 au 18 février 1860 : Catalogue des livres rares et précieux provenant de la collection de M. G. G….. de Br…… (Paris, L. Potier, 1860, in-8, XII-161-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 1.026 lots).


Perret, du 31 mai au 6 juin 1860 : Catalogue d’une collection de livres rares provenant de la bibliothèque de feu M. Perret conseiller et chatelain [sic] de Villeneuve (Paris, Tross, 1860, in-8, [4]-131-[1 bl.] p., 1.193 lots).


Jean-Michel-Constant Leber (1780-1859), le 3 novembre 1860 et jours suivants : Catalogue des livres imprimés, manuscrits lettres autographes, dessins et estampes provenant de la bibliothèque de M. C.Leber […] ancien chef du bureau du contentieux des communes au ministère de l’Intérieur [suivi de, avec pagination continue :] Notice d’estampes de diverses écoles gravures historiques et portraits provenant de la bibliothèque de M. C. Leber (Paris, Clément, 1860) (Paris, L. Potier, 1860, in-8, IX-[1bl.]-117-[1 bl.] p., 542 + 90 + 9 lots).


Aaron-Euryale Solar (1811-1870), dit « Félix Solar », du 19 novembre au 8 décembre 1860 : Catalogue de la bibliothèque de M. Félix Solar (Paris, J. Techener, 1860, in-8, XIX-[1 bl.]-516-[2]-79-[1] p., 3.148 lots).


Charles Sauvageot (1781-1860), du 3 au 13 décembre 1860 : Catalogue des livres manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de M. Charles Sauvageot […] conservateur honoraire des Musées du Louvre (Paris, L. Potier, 1860, in-8, XXXI-[1 bl.]-175-[1 bl.] p., 1.691 lots).


Philippe Le Bas (1794-1860), du 10 au 26 décembre 1860 : Catalogue des livres et des manuscrits composant la bibliothèque de feu M. Philippe Le Bas […] membre de l’Institut (Paris, H. Labitte, 1860, in-8, XII-187-[1 bl.] p., 1.081 lots).


Louis-Jean-Nicolas de Monmerqué (1780-1860), du 11 mars au 6 avril 1861 : Catalogue des livres imprimés manuscrits et autographes faisant partie de la bibliothèque de feu M. de Monmerqué, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Paris, J. Techener, 1861, in-8, XVIII-[2]-458 p., 4.229 lots).


Louis-Nicolas-Jean-Joachim de Cayrol (1775-1859), du 29 avril au 22 mai 1861 : Catalogue des livres manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. de Cayrol ancien député (Paris, L. Potier, 1861, in-8, IV-320 p., 3.317 lots).


Joseph de Filippi, du 27 mai au 4 juin 1861 : Catalogue de la bibliothèque théatrale [sic] de M. Joseph de Filippi (Paris, A. Aubry et Tresse, 1861, in-8, [2]-VI-184 p., 1.162 lots).


Millot, du 17 au 25 juin 1861 : Catalogue de livres rares et curieux parmi lesquels on remarque une jolie collection d’éditions elzéviriennes […] ayant appartenu à M. Millot (Paris, François, 1861, in-8, VIII-204 p., 1.463 lots).





Abbé Claverie de Cassou, 11 novembre au 4 décembre 1861 : Catalogue des livres rares qui composent la bibliothèque de feu M. l’Abbé Claverie de Cassou (Paris, Baillieu et Madrid, C. Bailly-Baillière, 1861, in-8, VIII-315-[1 bl.] p., 3.055 lots).


Jacques Bresson (1798-1860), du 2 au 10 décembre 1861 : Catalogue des livres rares & précieux la plupart richement reliés par Simier, Petit, Thompson, Closs, etc., […] composant la bibliothèque de M. Jacques Bresson, auteur de l’Histoire financière de la France (Paris, Auguste Aubry, 1861, in-8, [3]-[1 bl.]-96 p., 1.119 lots).


Noël-François-Henri Huchet, comte de La Bédoyère (1782-1861), du 3 au 24 février 1862 : Catalogue des livres rares et précieux imprimés et manuscrits, dessins et vignettes, composant la bibliothèque de feu M. le comte H. de La Bédoyère (Paris, L. Potier, 1862, in-8, xiv-[2]-400 p., 2.846 lots).


Toussaint-Bernard Éméric (1755-1839), dit « Éméric David », du 20 mars au 15 avril 1862 : Catalogue des livres anciens et modernes composant la bibliothèque de feu M. Émeric David, membre de l’Institut (Paris, J. Techener, 1862, in-8, XX-553-[1 bl.] p., 4.462 lots).


Noël-François-Henri Huchet, comte de La Bédoyère (1782-1861), du 24 novembre au 5 décembre 1862 : Catalogue des livres vignettes et lettres autographes, composant la bibliothèque de feu M. le comte H. de La Bédoyère (Paris, L. Potier, 1862, in-8, VI-192 p., 1.658 lots + 71 lettres autographes + 8 livres en nombre).


Léon Cailhava (1795-1863), du 8 au 13 décembre 1862 : Catalogue d’un choix de livres anciens rares et curieux de la bibliothèque de M. Léon Cailhava (Paris, J. Techener, 1862, in-8, [3]-[1 bl.]-VII-[1 bl.]-184 p., 975 lots).


Henri de Chaponay (1812-1878), du 26 au 31 janvier 1863 : Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. le comte H. de Ch***. (Paris, L. Potier, 1863, in-8, X-[1]-[1 bl.]-147-[1 bl.] p., 890 lots).


Louis-Charles-Joseph de Manne (1773-1832), du 9 au 26 mars 1863 : Catalogue des livres de feu M. de Manne ancien conservateur-administrateur de la Bibliothèque impériale […]. Suivi de manuscrits, lettres autographes et autres documents provenant du cabinet de M. d’Anville ancien premier géographe du Roi (Paris, François, 1863, in-8, VIII-263-[1] p., 2.438 + 112 lots).


Joseph Archinto (1783-1861), le 21 mars 1863 : Catalogue d’une petite collection de livres rares et précieux imprimés et manuscrits provenant de la bibliothèque de feu M. le comte Archinto de Milan (Paris, L. Potier, 1863, in-8, 39-[1 bl.] p., 177 lots).


Joseph-Louis-Léopold Double (1812-1881), du 24 au 27 mars 1863 : Catalogue de la bibliothèque de M. Léopold Double (Paris, J. Techener, 1863, in-8, VIII-92 p., 397 lots).


Alfred-Laurent-Joseph Le Poultier d’Auffay (1809-1861), du 13 au 16 avril 1863 : Catalogue des livres rares et précieux la plupart concernant la Normandie composant la bibliothèque de feu M. le comte Alfred d’Auffay (Paris, L. Potier, 1863, in-8, VII-[1 bl.]-88 p., 545 lots).


Raifé, le 15 décembre 1863 et jours suivants : Catalogue des livres imprimés et manuscrits de la bibliothèque de feu M. Raifé (Paris, E. Tross, 1863, in-8, VIII-72 p., 744 lots).  


Jules-FrançoisChenu (1806-1863), du 20 au 23 avril 1864 : Catalogue raisonné de la bibliothèque de feu M. Jules Chenu […]. Première partie. (Paris, J. Techener, 1864, in-8, VIII-124 p., 674 lots).


Jules-FrançoisChenu (1806-1863), du 2 au 4 mai 1864 : Catalogue raisonné de la bibliothèque elzévirienne de feu M. Jules Chenu […]. Deuxième partie de sa bibliothèque. (Paris, J. Techener, 1864, in-8, [4]-80 p., 545 lots).


Arthur-Martin Dinaux (1795-1864), du 20 octobre au 19 novembre 1864 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Arthur Dinaux […]. Première partie. (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1864, in-8, XVI-436 p., 4.500 lots).


Charles-Simon Favart (1711-1792), du 21 novembre au 1er décembre 1864 : Catalogue des livres de la bibliothèque de M. Favart (Paris, Tross, 1864, in-8, XI-[1 bl.]-149-[2]-[1 bl.] p., 1.912 lots).  


Arthur-Martin Dinaux (1795-1864), du 14 au 29 décembre 1864 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Arthur Dinaux […]. Deuxième  partie. (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1864, in-8, VII-[1 bl.]-260 p., 2.670 [i.e. 2.669] lots).


Charlemagne-Ferdinand Fossé-Darcosse (1780-1864), du 18 au 23 janvier 1865 : Catalogue des livres et autographes composant la bibliothèque de feu M. Fosse-Darcosse (Paris, J. Techener, 1865, in-8, XIII-[1 bl.]-126-[1]-[1 bl.] p., 952 lots).


Jean Chédeau, 3 au 15 avril 1865 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de M. Chedeau de Saumur (Paris, L. Potier, 1865, in-8, XI-[1 bl.]-250 p., 1.430 lots).


Mathieu-Guillaume-Thérèse Villenave (1762-1846), du 17 au 19 avril 1865 : Catalogue de lettres autographes rares de manuscrits et de livres curieux d’environ huit mille gravures sur la Révolution française et portraits anciens gravés provenant d’une partie de l’importante collection de feu M. G.-T. de Villenave avocat (Paris, François Vallete, mars 1865, in-8, [2]-26 p., 347 lots).


Charles Le Blanc (1817-1865), du 7 au 9 décembre 1865 : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. Charles Le Blanc ancien employé au Cabinet des estampes de la Bibliothèque impériale (Paris, Auguste Aubry, 1865, in-8, 9-[1 bl.]-79-[1 bl.] p., 551 lots).


Sigismond Radziwill (1822-1892), du 22 janvier au 2 février 1866 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. le prince Sigismond Radziwill (Paris, L. Potier, 1865, in-8, XII-236 p., 1.707 lots).


Sigismond Radziwill (1822-1892), du 19 février au 6 mars 1866 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. le prince Sigismond Radziwill. Seconde partie (Paris, L. Potier, 1866, in-8, [3]-[1 bl.]-152 p., 1.409 lots).


Paul Desq, du 25 avril au 2 mai 1866 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de M. P. Desq, de Lyon (Paris, L. Potier, 1866, in-8, XII-203-[1] p., 1.101 lots).


Louis-Augustin Le Ver (1760-1840), du 19 novembre au 7 décembre 1866 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. le marquis Le Ver membre de la Société des Antiquaires de la Normandie (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1866, in-8, XV-[1 bl.]-354 p., 2.773 lots).


Benjamin Duprat, du 3 au 22 décembre 1866 : Catalogue des livres de linguistique, de littérature et d’histoire en langues européennes et orientales […] et de 51 manuscrits orientaux dépendant de la succession de M. Benjamin Duprat libraire de la Bibliothèque impériale, de l’Institut et du Sénat (Paris, Adolphe Labitte, 1866, in-8, [3]-[1 bl.]-[3]-[1 bl.]-234 p., 3.061 lots).


H. de Lassize, du 30 janvier au 12 février 1867 : Catalogue des livres rares manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de M. H. de Lassize (Paris, L. Potier, 1867, in-8, VII-[1 bl.]-316 p., 2.395 lots). Les sciences occultes sont représentées par 53 numéros.


Honoré-Pierre François (1799-1867), du 31 janvier au 12 février 1867 : Catalogue des livres de M. François libraire, ancien directeur du Chasseur bibliographe (Paris, Aug. Aubry, 1867, in-8, VII-[1 bl.]-288 p., 2.367 lots).




Louis-Augustin Le Ver (1760-1840), du 25 février au 7 mars 1867 : Catalogue de livres et manuscrits provenant de la bibliothèque de feu M. le marquis Le Ver et de diverses autres bibliothèques (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, in-8, [3]-[1 bl.]-204 p., 1.855 lots).


Nicolas Yemeniz (1783-1871), du 9 au 31 mai 1867 : Catalogue de la bibliothèque de M. N. Yemeniz, membre de la Société des Bibliophiles français (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, in-8, lxiv-823 p., 3.954 lots).


Joseph-Toussaint Reinaud (1795-1867), du 11 au 25 novembre 1867 : Catalogue des livres des manuscrits orientaux et des ouvrages en nombre composant la bibliothèque de feu M. J.-T. Reinaud membre de l’Institut (Paris, Adolphe Labitte, 1867, in-8, XII-211-[1] p., 2.231 lots).   


Charles-François Capé (1806-1867), du 27 janvier au 3 février 1868 : Catalogue des livres rares et précieux la plupart en belles reliures anciennes et modernes composant la bibliothèque de feu M. Capé ancien relieur (Paris, L. Potier, 1868, in-8, XVI-167-[1 bl.] p., 1.137 lots).


Charles-Joseph-Honoré Van der Helle de Perdekerchof (1794-1868), du 10 au 26 février 1868 : Catalogue de la bibliothèque de M. Van der Helle (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1868, in-8, xvj-276 p., 2.372 lots).


Victor Luzarche (1805-1869), du 9 au 28 mars 1868 : Catalogue des livres rares curieux et singuliers en tous genres, bien conditionnés et des manuscrits anciens […] composant la bibliothèque de M. Victor Luzarche […]. Première partie. Tome premier (Paris, A. Claudin, 1868, in-8, XII-504 p., 3.598 lots).


Louis-Marie-Pantaléon Costa de Beauregard (1806-1864), du 16 au 28 mars 1868 : Catalogue des livres manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le marquis Costa de Beauregard […] président de l’Académie de Savoie (Paris, L. Potier, 1868, in-8, XI-[1 bl.]-272 p., 1.765 lots).


Jacques-Charles Brunet (1780-1867), du 20 au 24 avril 1868 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. Jacques-Charles Brunet auteur du Manuel du libraire et de l’amateur de livres […]. Première partie (Paris, L. Potier et A. Labitte ; Londres, Th. et W. Boone, 1868, in-8, XLVI-143-[1 bl.] p., 713 lots).


Giovanni Gancia († 1872), du 27 avril au 2 mai 1868 : Catalogue de la bibliothèque de M. G. Gancia composée en partie de livres de la première bibliothèque du cardinal Mazarin (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1868, in-8, XVI-189-[1 bl.] p., 1.150 lots). « Ce catalogue fourmille d’erreurs, d’erreurs coupables, erreurs qui sentent autant la mauvaise foi que l’ignorance » (Intelligenz-Blatt zum Serapeum. N° 10, 31 mai 1868, p. 78)


Jacques-Charles Brunet (1780-1867), du 18 au 29 mai 1868 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Jacques-Charles Brunet auteur du Manuel du libraire et de l’amateur de livres […]. Deuxième  partie (Paris, L. Potier et A. Labitte , 1868, in-8, XIII-[1 bl.]-232 p., 1.786 lots).


Louis Briant de Laubrière (1816-1908), du 9 au 28 novembre 1868 : Catalogue des livres anciens et modernes de littérature et d’histoire des ouvrages sur la noblesse et particulièrement sur la noblesse de Bretagne composant la bibliothèque de M. L. de L. (Paris, Adolphe Labitte, 1868, in-8, VII-[1 bl.]-251-[1 bl.] p., 3.113 lots).  

Comte d’U…, du 30 novembre au 22 décembre 1868 : Catalogue d’une importante collection de livres rares et de manuscrits précieux provenant en grande partie de feu M. le comte d’U…. (Paris, Schlesinger frères, 1868, in-8, XV-[1 bl.]-655-[1 bl.] p., 4.474 lots).


Victor Luzarche (1805-1869), du 1er  au 16 mars 1869 : Catalogue des livres rares curieux et singuliers en tous genres, bien conditionnés et des manuscrits ancienscomposant la bibliothèque de M. Victor Luzarche […]. Seconde et troisième partie. Tome second (Paris, A. Claudin, 1869, in-8, VIII-373 [i.e. 375]-[1 bl.]-[12] p., lots 3.599 à 6.425).    


Vaillant de Meixmoron, du 1er au 20 avril 1869 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Vaillant de Meixmoron (Paris, Adolphe Labitte, 1869, in-8, 3.254 lots).    


Jérôme-Frédéric Pichon (1812-1896), du 19 au 24 avril 1869 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés de la bibliothèque de M. le baron J. P***** (Paris, L. Potier, 1869, in-8, XXVIII-263-[1 bl.] p., 1.087 lots).


Saint-Ylie, du 3 au 25 novembre 1869 : Catalogue des livres composant la bibliothèque du chateau [sic] de Saint-Ylie (dans le Jura) (Paris, Adolphe Labitte, 1869, in-8, XI-[1 bl.]-580 p., 4.627 lots).


Jacques-Joseph Corbière (1766-1853), du 1er au 10 décembre 1869 : Catalogue de la bibliothèque de M. le comte de Corbière, ancien ministre de l’Intérieur et membre de la Société des Bibliophiles français (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1869, in-8, [4]-188 p., 1.594 lots).


François-Frédéric Garde (1818-1878), du 13 au 18 décembre 1869 : Catalogue de la bibliothèque illustrée de M. F. Garde rédacteur principal du journal l’Imprimerie [L’Imprimerie, journal de la typographie et de la lithographie]. Comprenant la collection presque complète des plus beaux ouvrages illustrés publiés en ce siècle […] le tout relié avec le gout [sic] le plus fin par Derome, Simier, Bauzonnet, Capé, Hardy, Despierres, Raparlier, Allô, Behrends, etc. (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1869, in-8, VIII-200 p., 1.097 lots).


Éléonore-Claude-Marie [sic] Huillard (1811-1869), du 14 au 19 février 1870 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. El. Huillard. Première partie (Paris, L. Potier, 1870, in-8, XII-231-[1] p., 1.168 lots).


Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869), du 21 au 26 mars 1870 : Catalogue des livres rares et curieux composant la bibliothèque de M. Sainte-Beuve membre de l’Académie française […]. Première partie (Paris, L. Potier et Adolphe Labitte, 1870, in-8, XX-154-[1]-[1 bl.] p., 1.009 lots).


Antoine-Laurent Potier (1806-1881), du 29 mars au 9 avril 1870 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés faisant partie de la librairie de L. Potier, libraire de la Bibliothèque impériale (Paris, L. Potier et Adolphe Labitte, 1870, in-8, XXVII-[1 bl.]-452 p., 2.257 lots).


Antoine-Jean-Victor Le Roux de Lincy (1806-1869), du 20 au 30 avril 1870 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Le Roux de Lincy homme de lettres (Paris, Adolphe Labitte, 1870, in-8, XVI-144 p., 1.976 lots).


Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869), du 23 au 28 mai 1870 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. Sainte-Beuve membre de l’Académie française […]. Deuxième partie (Paris, L. Potier et Adolphe Labitte, 1870, in-8, [3]-[1 bl.]-81-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 805 lots).

Alexandre-Joseph-Hydulphe Vincent (1797-1868), du 20 au 29 novembre 1871 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. A.-J.-H. Vincent membre de l’Institut […]. Première partie (Paris, Adolphe Labitte, 1871, in-8, IV-123-[1] p., 1.634 lots).        

        

Charles-Pierre Monselet (1825-1888), du 30 novembre au 2 décembre 1871 : Catalogue détaillé, raisonné et anecdotique d’une jolie collection de livres rares et curieux dont la plus grande partie provient de la bibliothèque d’un homme de lettres bien connu (Paris, René Pincebourde, 1871, [2]-X-125-[2]-[1 bl.] p., 222, 178, 22 et 115 lots).


 Léon-Joseph-Simon-Emmanuel de Laborde (1807-1869), le 8 janvier 1872 et les 11 jours suivants : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. L. J. S. E. marquis de Laborde […] membre de l’Institut […]. Première partie. (Paris, Adolphe Labitte, 1871, in-8, VI-168 p., 1.781 lots).


Félix Soleil (1803-1870), du 22 janvier au 10 février 1872 : Catalogue des livres anciens et modernes en partie rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. F. Soleil caissier principal de la Banque de France (Paris, L. Potier, 1871, in-8, XII-396 p., 2.974 lots).


Antoine-Constant Danyau (1803-1871), du 19 au 24 février 1872 : Catalogue des livres anciens et modernes rares et curieux composant la bibliothèque de feu M. le Docteur Danyau […]. Deuxième partie. Bibliothèque médicale. Obstétrique (Paris, Léon Techener, 1872, in-8, [2]-VIII-181-[1 bl.] p., 1.418 lots).


Léon-Joseph-Simon-Emmanuel de Laborde (1807-1869), du 19 février au 2 mars 1872 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. L. J. S. E. marquis de Laborde […] membre de l’Institut […]. Deuxième partie. (Paris, Adolphe Labitte, 1872, in-8, VIII-166 p., lots 1.782 à 3.471).


Don Joachim Gomez de la Cortina (1808-1868), marquis de Morante, du 21 février au 2 mars 1872 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. le marquis de Morante (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1872, in-8, XL-352 p., 1.909 lots). 


Paul de La Villestreux (1828-1871), du 8 au 10 avril 1872 : Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de feu M. le baron P. de La Villestreux, premier secrétaire d’ambassade (Paris, L. Potier, 1872, in-8, XII-105-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 641 lots).


Antoine-Constant Danyau (1803-1871), du 15 au 27 avril 1872 : Catalogue des livres anciens et modernes rares et curieux provenant de la bibliothèque de feu M. le Docteur Danyau (Paris, Léon Techener, 1872, in-8, XII-311-[1 bl.] p., 2.035 lots).

Alexandre-Joseph-Hydulphe Vincent (1797-1868), le 22 avril 1872 et jours suivants : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. A.-J.-H. Vincent membre de l’Institut […]. Deuxième partie (Paris, Adolphe Labitte, 1872, in-8, XV-[1 bl.]-88 p., 912 lots).       

Don Joachim Gomez de la Cortina (1808-1868), marquis de Morante, du 20 mai au 25 mai 1872 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. le marquis de Morante (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1872, in-8, VIII-206 p., 1.165 lots).


Octave Penguilly-L’Haridon (1811-1870), le 3 juin 1872 : Catalogue des livres d’architecture beaux-arts, art militaire […] composant le cabinet de feu M. Penguilly-L’Haridon, directeur du Musée d’artillerie (Paris, Pillet fils aîné, 1872, in-8, 14 p., 85 lots).


Émile Bigillion (1803-1868), du 12 au 29 août 1872 : Catalogue des livres anciens et modernes composant la bibliothèque de feu M. Émile Bigillion (de Grenoble) (Paris, A. Claudin, 1872, in-8, [4]-304 p., 2.700 lots).


Charles Brunet (1805-1878), du 11 au 19 novembre 1872 : Catalogue de livres anciens et modernes […] composant la bibliothèque de M. Charles Brunet (Paris, A. Labitte, 1872, in-8, IV-155-[1 bl.] p., 1.488 lots).

Émile Gautier, 2 au 7 décembre 1872 : Catalogue des livres rares et précieux la plupart imprimés sur peau vélin et reliés en maroquin […] composant la bibliothèque de feu M. Émile Gautier trésorier payeur des hospices civils de Nantes (Paris, Adolphe Labitte, 1872, in-8, [3]-[1 bl.]-172 p., 979 lots).


Don Joachim Gomez de la Cortina (1808-1868), marquis de Morante, du 20 janvier au 1er février 1873 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. le marquis de Morante (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1872, in-8, VII-[1 bl.]-339-[1 bl.] p., 2.265 lots).


Théophile Gautier (1811-1872), les 24 et 25 février 1873 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Théophile Gautier (Paris, Adolphe Labitte, 1873, in-8, 63-[1 bl.] p., 405 lots).

Ruggieri, du 3 au 11 mars 1873 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. E.-F.-D. Ruggieri (Paris, Adolphe Labitte, 1873, in-8, [3]-[1 bl.]-280 p., 1.200 lots).


Jules Niel (1800-1872), le 20 mars 1873 : Catalogue des livres rares et curieux composant la bibliothèque de feu M. J. Niel, bibliothécaire du ministère de l’Intérieur (Paris, Adolphe Labitte, 1873, in-8, 24 p., 172 lots).


Richard Tufton (1813-1871), les 7 et 8 avril 1873 : Catalogue des livres rares et précieux et des manuscrits anciens composant la bibliothèque de feu sir Richard Tufton, baronnet (Paris, Adolphe Labitte, 1873, in-8, VII- [1bl.]-63-[1 bl.] p., 228 lots).

 
Jean-Henri Burgaud des Marets (1806-1873), le 5 mai 1873 et les 11 jours suivants : Bibliothèque patoise de M. Burgaud des Marets. Livres rares et précieux la plupart avec reliure de Capé et de Trautz-Bauzonnet (Paris, Maisonneuve et Cie, 1873, in-8, VII-[1 bl.]-130p., 3.561 lots).



Charles Asselineau (1820-1874), du 1er au 3 décembre 1874 : Catalogue de la bibliothèque romantique et des livres modernes d’histoire et de littérature de feu M. Charles Asselineau homme de lettres (Paris, A. Voisin, 1874, in-8, [4]-112 p., 503 lots).


Paul de La Villestreux (1828-1871), le 17 décembre 1874 : Catalogue de livres anciens imprimés en partie par les Elzeviers provenant de la bibliothèque de feu M. le baron de La Villestreux (Paris, Adolphe Labitte, 1874, in-8, [2]-24 p., 182 lots).


François Guizot (1787-1874), du 8 au 20 mars 1875 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Guizot. Première partie (Paris, Adolphe Labitte, 1875, in-8, [3]-[1 bl.]-218 p., 2.586 lots).


Jules-Antoine Taschereau (1801-1874), du 1er au 14 avril 1875 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Jules Taschereau administrateur général de la Bibliothèque nationale (Paris, Adolphe Labitte, 1875, in-8, XXVII-[1 bl.]-300 p., 2.096 lots).


Ernst-Léopold-S. Benzon († 1873), du 21 au 23 avril 1875 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés provenant de la bibliothèque de feu M. Benzon (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1875, in-8, VIII-104 p., 400 lots).


François Guizot (1787-1874), du 26 avril au 3 mai 1875 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Guizot. Deuxième  partie (Paris, Adolphe Labitte, 1875, in-8, [3]-[1 bl.]-110 p., lots 2.601 [sic]-3.843).

Adrien-Louis Lebeuf de Montgermont (1824-1876), du 27 mars au 1er avril 1876 : Catalogue de livres rares et précieux imprimés et manuscrits composant la bibliothèque de M. L. de M*** (Paris, Adolphe Labitte, 1876, in-8, XVI-216-24 p., 991 lots).


Isidore-Justin-Séverin Taylor (1789-1879), baron Taylor, du 10 au 13 avril 1876 : Catalogue de livres anciens et modernes rares et curieux sur les beaux-arts la littérature, les voyages et principalement sur l’art dramatique provenant de la bibliothèque de M. le baron T***, membre de l’Institut […]. Première partie (Paris, Léon Techener, 1876, in-8, [3]-[1 bl.]-IV-136-[1]-[1 bl.] p., 846 lots).


Edme-Jacques-Benoît Rathery (1807-1875), du 1er au 8 mai 1876 : Catalogue des livres la plupart anciens, rares et curieux composant la bibliothèque de feu M. E.-J.-B. Rathery […] conservateur sous-directeur adjoint à la Bibliothèque nationale (Paris, Adolphe Labitte, 1876, in-8, XVI-108-[1]-[1 bl.]-[2] p., 1.154 lots).


Isidore-Justin-Séverin Taylor (1789-1879), baron Taylor, du 22 au 24 mai 1876 : Catalogue de livres anciens et modernes rares et curieux sur les beaux-arts la littérature, les voyages et principalement sur l’art dramatique provenant de la bibliothèque de M. le baron T***, membre de l’Institut […]. Deuxième partie (Paris, Léon Techener, 1876, in-8, [3]-[1 bl.]-VIII-71-[1] p., lots 847 à 1.245).


Gabriel-Jules Janin (1804-1874), du 16 au 24 février 1877 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. Jules Janin membre de l’Académie française (Paris, Adolphe Labitte, 1877, in-8, XV-[1 bl.]-231-[1] p., 1.375 lots).




Isidore-Justin-Séverin Taylor (1789-1879), baron Taylor, du 6 au 17 mars 1877 : Catalogue de livres anciens et modernes rares et curieux sur les beaux-arts la littérature, les voyages et principalement sur l’art dramatique provenant de la bibliothèque de M. le baron T***, membre de l’Institut […]. Troisième partie (Paris, Léon Techener, 1877, in-8, [3]-[1 bl.]-IV-310 p., lots 1.246 à 4.375).


Robert-Samuel Turner (1818-1887), du 12 au 16 mars 1878 : Catalogue de livres rares et précieux imprimés et manuscrits la plupart français et latins provenant de la bibliothèque de M. Robert S. Turner (Paris, Adolphe Labitte, 1878, in-8, XV-[1 bl.]-176 p., 774 lots).


Ambroise Firmin-Didot (1790-1876), du 6 au 15 juin 1878 : Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés faisant partie de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Belles-lettres – Histoire (Paris, Adolphe Labitte, 1878, in-8, XVI-224 p., 715 lots).


Paul-Emmanuel-Auguste Poulet-Malassis (1825-1878), du 1er au 4 juillet 1878 : Bibliothèque, portraits, dessins et autographes de feu M. Auguste Poulet-Malassis (Paris, J. Baur, 1878, in-8, [3]-[1 bl.]-140 p., 611 + 24 + 50 lots).


Étienne-Antoine-Benoît Rouard (1792-1873), du 17 février au 15 mars 1879 : Catalogue des livres manuscrits et imprimés, anciens et modernes, composant la collection de feu M. E. Rouard bibliothécaire de la ville d’Aix-en-Provence (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1879, in-8, [5]-[1 bl.]-XVI-716-[4] p., 4.566 lots).


Joseph-Héliodore Garcin de Tassy (1794-1878), du 17 mars au 2 avril 1879 : Catalogue des livres orientaux et autres composant la bibliothèque de feu M. Garcin de Tassy, membre de l’Institut (Paris, Adolphe Labitte, 1879, in-8, [2]-VIII-272 p., 2.975 lots).


Frédéric Reiset, du 15 au 30 avril 1879 : Catalogue des livres sur les arts tous bien reliés composant la bibliothèque de M. R*** ancien directeur des Musées nationaux (Paris, Adolphe Labitte, 1879, in-8, [3]-[1 bl.]-IV-377-[1] p., 3.123 lots).


Samuel-Ustazade Silvestre de Sacy (1801-1879), du 5 au 10 mai 1879 : Catalogue des livres rares et précieux […] composant la bibliothèque de feu M. U. Silvestre de Sacy de l’Académie française. Première partie (Paris, Adolphe Labitte et Léon Techener, 1879, in-8, [3]-[1 bl.]-148 p., 922 lots).


Ambroise Firmin-Didot (1790-1876), du 26 au 31 mai 1879 : Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés faisant partie de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Théologie – Jurisprudence – Sciences – Arts – Beaux-arts (Paris, Adolphe Labitte, 1879, in-8, XXXII-276 p., 525 lots).


Samuel-Ustazade Silvestre de Sacy (1801-1879), le 9 juin 1879 et jours suivants : Catalogue des livres anciens et modernes bien reliés composant la bibliothèque de feu M. U. Silvestre de Sacy de l’Académie française. Deuxième partie (Paris, Adolphe Labitte et Léon Techener, 1879, in-8, 92 p., 954 lots).


Joseph-Guilhen de Lagondie (1809-1879), du 24 au 28 novembre 1879 : Catalogue des livres imprimés par les Elsevier ou pouvant s’annexer à leur collection reliés par Trautz-Bauzonnet, Cuzin, Chambolle, Duru, Capé, Lortic composant le cabinet de feu M. le colonel comte de Lagondie (Paris, Adolphe Labitte, 1879, in-8, [3]-[1 bl.]-180p., 1.009 lots).


François-Vincent Raspail (1794-1878), du 19 au 31 janvier 1880 : Catalogue des livres principalement sur les sciences et sur la Révolution française composant la bibliothèque de feu M. F.-V. Raspail (Paris, Adolphe Labitte, 1879, in-8, [8]-XL-259-[1 bl.] p., 2.217 lots).     


Octave de Béhague (1826-1879), du 8 au 22 mars 1880 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. le comte Octave de Béhague membre de la Société des Bibliophiles français. Première partie (Paris, Ch. Porquet, 1880, in-8, XXIII-[1 bl.]-338 p., 1.985 lots).


Octave de Béhague (1826-1879), du 19 avril au 1er mai 1880 : Catalogue des livres rares et curieux composant la bibliothèque de M. le comte Octave de Béhague membre de la Société des Bibliophiles français. Deuxième partie (Paris, Ch. Porquet, 1880, in-8, VII-[1 bl.]-263-[1 bl.] p., 2.150 lots).


Édouard Fournier (1819-1880), du 17 janvier au 3 février 1881 : Catalogue des livres des manuscrits et des autographes composant la bibliothèque de feu M. Édouard Fournier, homme de lettres (Paris, Adolphe Labitte, 1880, in-8, [1]-[1 bl.]-XI-[1 bl.]-[2]-302 p., 2.710 lots).


Quentin-François-Victor Bauchart (1830-1909), dit « Ernest Quentin-Bauchart », le 14 février 1881 : Catalogue d’une petite collection de livres précieux appartenant à M. E. Q. B. (Paris, Adolphe Labitte, 1881, in-8, 30-[1]-[1 bl.] p., 60 lots).      


Joseph Renard, du 21 au 30 mars 1881 : Catalogue de livres rares et précieux imprimés et manuscrits la plupart français et latins de la bibliothèque de M. J. Renard (de Lyon) (Paris, Adolphe Labitte, 1881, in-8, XV-302 p., 1.587 lots).     


Charles-Alexandre de Ganay (1803-1881), du 12 au 14 mai 1881 : Catalogue d’un choix de livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant le cabinet de feu M. le marquis de Ganay (Paris, Ch. Porquet, 1881, in-8, [3]-[1 bl.]-XV-[1 bl.]-135-[1 bl.] p., 267 lots).


Ambroise Firmin-Didot (1790-1876), du 9 au 15 juin 1881 : Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés faisant partie de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Belles-lettres – Histoire (Paris, Adolphe Labitte, 1881, in-8, VIII-230 p.).


Alfred et Paul de Musset, les 7 et 8 octobre 1881 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de MM. Alfred et Paul de Musset (Paris, Adolphe Labitte, 1881, in-8, 39-[1 bl.] p., 283 lots).



P. Guy Pellion, du 6 au 11 février 1882 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. P. Guy Pellion (Paris, A. Durel, 1882, in-8, [3]-[1 bl.]-XXIII-215-[1] p., 734 lots).


Chiaramonte, les 31 mars et 1er avril 1882 : Catalogue de livres ornés de suites de vignettes estampes anciennes composant le cabinet de M. C*** (Paris, Adolphe Labitte, 1882, in-8, [3]-[1 bl.]-42 p., 265 lots).


Paul de Saint-Victor (1825-1881), du 11 au 15 avril 1882 : Catalogue de bons livres anciens et modernes […] composant la bibliothèque de feu Paul de Saint-Victor (Paris, Ch. Porquet, 1882, in-8, [1]-[1 bl.]-XIII-[1 bl.]-172 p., 1.066 lots).


Antoine Rochebilière (1811-1881), du 31 mai au 6 juin 1882 [Première partie] : Bibliographie des éditions originales d’auteurs français composant la bibliothèque de feu M. A. Rochebilière ancien conservateur à la Bibliothèque Sainte-Geneviève.(Paris, A. Claudin, 1892 [i.e. 1882], in-8, XXIII-[1 bl.]-454 p., 841 lots).   


Ambroise Firmin-Didot (1790-1876), du 12 au 17 juin 1882 : Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés faisant partie de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Théologie – Jurisprudence – Sciences – Arts – Beaux-arts (Paris, Adolphe Labitte, 1882, in-8, VIII-232 p., 500 lots).    


Hippolyte-François-Jules-Marie Cocheris (1829-1882), le 6 novembre 1882 et les 10 jours suivants : Catalogue de la bibliothèque et des autographes de feu M. H. Cocheris, directeur général de l’Instruction publique (Paris, Alphonse Picard, 1882, in-8, [3]-[1 bl.]-III-[1 bl.]-145-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 2.000 lots).


Victorien-Louis-Jean-Baptiste Delbergue-Cormont (° 1816), du 9 au 11 avril 1883 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant le cabinet de M. D *** C *** (Paris, Ch. Porquet, 1883, in-8, [2]-VIII-123-[1 bl.] p., 257 lots).


Ambroise Firmin-Didot (1790-1876), du 11 au 16 juin 1883 : Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés faisant partie de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Théologie – Jurisprudence – Sciences – Arts – Lettres – Histoire (Paris, Adolphe Labitte, 1883, in-8, VIII-184 p.).


Alphonse-Louis Pinart (1852-1911) et Charles-Étienne Brasseur de Bourbourg (1814-1874), du 28 janvier au 5 février 1884 : Catalogue de livres rares et précieux manuscrits et imprimés principalement sur l’Amérique et sur les langues du monde entier composant la bibliothèque de M. Alph.-L.Pinart et comprenant en totalité la bibliothèque mexico-guatémalienne de M. l’Abbé Brasseur de Bourbourg (Paris, Vve Adolphe Labitte, 1883, in-8, VIII-248 p., 1.440 lots).


Édouard-Léon Roger (1803-1881), du 28 avril au 6 mai 1884 : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. le comte Roger (du Nord) (Paris, Ch. Porquet, 1884, in-8, VIII-303 p., 911 lots).    


Édouard-René Lefebvre de Laboulaye (1811-1883), du 1er au 23 mai 1884 : Catalogue de livres anciens et modernes principalement sur la jurisprudence et l’histoire composant la bibliothèque de feu M. Édouard Laboulaye, sénateur (Paris, Vve Adolphe Labitte, 1884, in-8, VII-[1 bl.]-478 p., 4.267 lots).


Ambroise Firmin-Didot (1790-1876), du 10 au 14 juin 1884 : Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés faisant partie de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Théologie – Jurisprudence – Sciences – Arts – Lettres – Histoire (Paris, Adolphe Labitte, 1884, in-8, VIII-184 p.).


Antoine Rochebilière (1811-1881), du 23 juin au 2 juillet 1884 [Deuxième partie] : Catalogue des livres rares et curieux en tous genres composant la bibliothèque de feu M. A. Rochebilière ancien conservateur à la Bibliothèque Sainte-Geneviève (Paris, A. Claudin, 1884, in-8, VII-[1 bl.]-390-[2] p., 2.409 lots).   





Nathan-James-Édouard de Rothschild (1844-1881) : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le baron James de Rothschild. Tome premier. (Paris, Damascène Morgand, 1884, in-8, [6]-XIX-[1 bl.]-671-[1] p., 1.058 lots).


Charles-Alphonse-Léon Renier (1809-1885), du 14 au 23 décembre 1885 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Léon Renier membre de l’Institut (Paris, Alphonse Picard, 1885, in-8, X-115-[1] p., 1.594 lots).


Jules Noilly, du 15 au 20 mars 1886 : Catalogue de livres rares et curieux anciens et modernes et d’une précieuse collection de livres de l’école romantique composant la bibliothèque de M. J. Noilly (Paris, Vve Adolphe Labitte, 1886, in-8, XIX-[1 bl.]-340 p., 1.046 lots).


Léon Techener (1832-1888), du 4 au 8 mai 1886 : Catalogue de livres précieux composant la bibliothèque de M. Léon Techener libraire à Paris (Paris, Vve Adolphe Labitte, 1886, in-8, [3]-[1 bl.]-VIII-185-[1 bl.] p., 855 lots).


Charles Jourdain (1817-1886), du 7 au 12 mars 1887 : Catalogue des livres anciens et modernes composant la bibliothèque de feu M. Charles Jourdain, membre de l’Institut (Paris, Vve Adolphe Labitte, 1887, in-8, VIII-146 p., 1.126 lots).


Léon Techener (1832-1888), du 10 au 14 mai 1887 : Catalogue de livres précieux manuscrits et imprimés provenant de la bibliothèque particulière de M. Léon Techener libraire à Paris. Deuxième partie (Paris, Ve Adolphe Labitte et Léon Techener, 1887, in-8, XI-[1 bl.]-175-[1 bl.] p., 746 lots).


Nathan-James-Édouard de Rothschild (1844-1881) : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le baron James de Rothschild. Tome second. (Paris, Damascène Morgand, 1887, in-8, [4]-595-[1] p., lots 1.059 à 2.141).


Louis-Auguste-Napoléon Bossuet (1806-1888), du 9 au 21 avril 1888 : Catalogue des livres relatifs à l’histoire de la ville de Paris et de ses environs composant la bibliothèque de M. l’Abbé L. A. N. Bossuet, curé de Saint-Louis en l’Isle (Paris, Damascène Morgand, 1888, in-8, [3]-[1 bl.]-III-[1 bl.]-384 p., 2.336 lots).  


Jean-Joseph-Sosthène de La Roche Lacarelle (1816-1887), du 30 avril au 5 mai 1888 : Catalogue des livres rares et précieux, manuscrits et imprimés, composant la bibliothèque de feu M. le baron S. de La Roche Lacarelle (Paris, Charles Porquet, 1888, in-8, [XI]-XV-190 p., 540 lots), avec un portrait à l’eau-forte du baron.


Marquis, du 24 au 28 février 1890 : Catalogue de très beaux livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. Marquis (Paris, E. Jean-Fontaine, 1890, in-8, VII-[1 bl.]-172 p., 614 lots).


Maurice Sand (1823-1889) et George Sand (1804-1876), du 24 février au 3 mars 1890 : Catalogue de la bibliothèque de Mme George Sand et de M. Maurice Sand (Paris, A. Ferroud, 1890, in-8, [3]-[1 bl.]-107-[1 bl.] p., 1.211 lots).


John-Auguste-Patrick Madden (1808-1890), du 14 au 22 avril 1890 : Catalogue d’une collection importante d’incunables d’impressions gothiques du xvie siècle et de livres anciens et modernes manuscrits et imprimés dans tous les genres composant la bibliothèque de feu M. J.-A.-P. Madden, agrégé de l’Université (Paris, Labitte, Ém. Paul et Cie, 1890, in-8, VIII-212 p., 1.284 lots).


Florentin-Achille Seillière (1813-1873), du 5 au 14 mai 1890 : Catalogue de livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le baron Ach. S****** (Paris, Charles Porquet, 1890, in-8, XII-321-[3] p., 1.240 lots).


Jules Husson (1821-1889), dit Champfleury, du 15 au 18 décembre 1890 : Catalogue des livres rares et curieux composant la bibliothèque Champfleury (Paris, Léon Sapin, 1890, in-8, XXI-[1 bl.]-166-[2] p., 967 lots).


Philippe Burty (1830-1890), du 9 au 14 mars 1891 : Catalogue de la bibliothèque de M. Philippe Burty (Paris, Ém. Paul, L. Huard et Guillemin, 1891, in-8, [3]-[1 bl.]-XVI-180 p., 1.383 lots).

Charles-Marie-Gabriel Cousin (1822-1894), du 7 au 11 avril 1891 : Catalogue de livres & manuscrits la plupart rares et précieux provenant du grenier de Charles Cousin (Paris, Marice Delestre et A. Durel, 1891, in-4, [2]-XIX-[1 bl.]-236 p. et 6 pl., dont un portrait frontispice, 836 lots).


Charles Lebœuf, le 9 mars 1892 : Catalogue de beaux livres modernes éditions de luxe auteurs contemporains en éditions originales provenant de la bibliothèque de Mr C. L. membre de la Société des Bibliophiles contemporains (Paris, A. Durel, 1892, in-8, [4]-48 p., 236 lots). 


Michel-Pierre-Antoine-Laurent Agar (1824-1892), comte de Mosbourg, du 6 au 9 février 1893 : Catalogue deslivres rares et précieux, manuscrits et imprimés, provenant de la bibliothèque de feu M. le comte de Mosbourg (Paris, Ch. Porquet, 1893, in-8, IX-112 p., 367 lots).   

  

Charles Bouret (1841-1892), du 16 au 18 février 1893 : Catalogue de très beaux livres modernes […] composant la bibliothèque de feu M. Ch. Bouret (Paris, A. Durel, 1893, in-8, [4]-93-[1 bl.] p., 592 lots).


Charles Bouret (1841-1892), du 9 au 11 mars 1893 : Catalogue de livres modernes bien reliés […] composant la bibliothèque de feu M. Ch. Bouret. Seconde partie (Paris, A. Durel, 1893, in-8, [4]-94 p., lots 593-1.328).

 
Nathan-James-Édouard de Rothschild (1844-1881) : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le baron James de Rothschild. Tome troisième. (Paris, Damascène Morgand, 1893, in-8, [4]-516-[1]-[1 bl.] p., lots 2.142 à 2.735).



Florentin-Achille Seillière (1813-1873), du 24 au 27 avril 1893 : Catalogue de livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. le baron Ach. S****** (Paris, Charles Porquet, 1893, in-8, [4]-III-[1 bl.]-117-[1 bl.] p., 434 lots).


Isidore-Justin-Séverin Taylor (1789-1879), baron Taylor, du 27 novembre au 13 décembre 1893 : Catalogue de la bibliothèque dramatique de feu le baron Taylor membre de l’Institut (Paris, Techener, 1893, in-8, XVI-491-[1 bl.]-[2] p., 2.989 lots).


Raoul-Léonor L’Homme Dieu du Tranchant de Lignerolles (1816-1893), du 29 janvier au 3 février 1894 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Charles Porquet, 1894, in-8, [4]-IV-153-[1 bl.] p., 675 lots).


Octave Uzanne (1851-1931), les 2 et 3 mars 1894 : Quelques-uns des livres contemporains en exemplaires choisis, curieux ou uniques revêtus de reliures d’art et de fantaisie tirés de la bibliothèque d’un écrivain et bibliophile parisien dont le nom n’est pas un mystère (Paris, A. Durel, 1894, in-8, XVI-185-[2]-[1 bl.] p., 474 lots).


Raoul-Léonor L’Homme Dieu du Tranchant de Lignerolles (1816-1893),du 5 au 17 mars 1894 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Charles Porquet, 1894, in-8, XII-319-[1 bl.] p., 1.485 lots numérotés de 676 à 2.160).


Raoul-Léonor L’Homme Dieu du Tranchant de Lignerolles (1816-1893),du 16 au 26 avril 1894 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Charles Porquet, 1894, in-8, XI-[1 bl.]-277-[1 bl.] p., 1.126 lots numérotés de 2.161 à 3.286).


Hippolyte-Alexandre Destailleur (1822-1893), du 28 novembre au 1er décembre 1894 : Catalogue de livres et estampes relatifs à l’histoire de la ville de Paris et de ses environs provenant de la bibliothèque de feu M. Hippolyte Destailleur architecte du gouvernement (Paris, Damascène Morgand, 1894, in-8, [3]-[1 bl.]-128 p., 585 lots).


Raoul-Léonor L’Homme Dieu du Tranchant de Lignerolles (1816-1893),du 4 au 16 mars 1895 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Charles Porquet, 1895, in-8, VIII-272 p., 2.010 lots).


Charles-Marie-Gabriel Cousin (1822-1894), du 8 au 12 avril 1895 : Catalogue de la bibliothèque de feu Monsieur Charles Cousin (Paris, A. Durel, 1895, in-8, 196 p., 1.108 lots).


Hippolyte-Alexandre Destailleur (1822-1893), du 20 au 31 mai 1895 : Catalogue de livres et estampes relatifs aux beaux-arts […] provenant de la bibliothèque de feu M. Hippolyte Destailleur architecte du gouvernement (Paris, Damascène Morgand, 1895, in-8, [2]-[1 bl.]-[2]-[1 bl.]-XXVIII-420 p., 1.753 lots).


Joseph-Noël, dit « Natalis », de Wailly (1805-1886), les 14 et 15 février 1896 : Catalogue de livres anciens imprimés et manuscrits provenant en partie de la bibliothèque de feu M. N*** de W*** membre de l’Institut (Paris, Techener, 1896, in-8, [3]-[1 bl.]-130-[2] p., 320 lots).


Joseph-Eugène-Lucien Double (1846-1895), les 22 et 23 février 1897 : Catalogue des livres précieux composant le cabinet de feu M. le baron Lucien Double (Paris, Techener, 1897, in-8, [3]-[1 bl.]-VI-[1]-[1bl.]-57-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 166 lots).


Gabriel-Jean-Amand Tandeau de Marsac (1825-1896), du 3 au 9 mars 1897 : Catalogue de bons livres anciens et modernes provenant de la bibliothèque de M. T. de M. Troisième partie (Paris, Ch. Porquet, 1897, in-8, [4]-93-[1 bl.] p., 903 lots).


Gabriel-Jean-Amand Tandeau de Marsac (1825-1896), du 22 au 24 mars 1897 : Catalogue de beaux et bons livres modernes avec illustrations et dessins originaux collections diverses grands ouvrages à figures livres imprimés sur peau vélin provenant de la bibliothèque de M. T. de M. Deuxième partie (Paris, Ch. Porquet, 1897, in-8, [3]-[1 bl.]-60 p., 388 lots).


Gabriel-Jean-Amand Tandeau de Marsac (1825-1896), le 26 mars 1897 : Catalogue de vignettes anciennes et modernes dessins originaux portraits provenant de la bibliothèque de M. T. de M. Cinquième partie (Paris, Charles Porquet et Paul Roblin, 1897, in-8, 28 p., 186 lots).


Gabriel-Jean-Amand Tandeau de Marsac (1825-1896), du 8 au 10 avril 1897 : Catalogue de bons livres anciens et modernes manuscrits et imprimés relatifs au Limousin et provinces voisines provenant de la bibliothèque de M. T. de M. Quatrième partie (Paris, Ch. Porquet, 1897, in-8, 55 p., 512 lots).


Gabriel-Jean-Amand Tandeau de Marsac (1825-1896), du 26 avril au 1er mai 1897 : Catalogue de livres rares manuscrits et imprimés provenant de la bibliothèque de feu M. T. de M. Première partie (Paris, Ch. Porquet, 1897, in-8, VII-[1 bl.]-181-[1 bl.] p., 773 lots).


Jérôme-Frédéric Pichon (1812-1896), du 3 au 14 mai 1897 :Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baron Jérôme Pichon, président honoraire de la Société des Bibliophiles français. Première partie (Paris, Techener, 1897, in-8, [4]-XLVI-459-[1], 1.875 lots).


Jérôme-Frédéric Pichon (1812-1896), du 14 février au 1er mars 1898 :Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baron Jérôme Pichon, président honoraire de la Société des Bibliophiles français. Deuxième partie  (Paris, Techener, 1898, in-8, [4]-274-[2] p., 1.910 lots).


Jérôme-Frédéric Pichon (1812-1896), du 7 au 24 mars 1898 :Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baron Jérôme Pichon, président honoraire de la Société des Bibliophiles français. Troisième partie (Paris, Techener, 1898, in-8, [4]-309-[1]-[2] p., 2.532 lots).

  

Antoine-Léon Conquet (1848-1897), du 28 au 30 mars 1898 : Catalogue des livres modernes composant la bibliothèque particulière de feu M. L. Conquet, éditeur (Paris, A. Durel et Leclerc et Cornuau, 1898, [6]-113-[3] p., dont un frontispice, 447 + 5 lots).


Octave Uzanne (1851-1931), le 24 avril 1899 : Catalogue d’un choix de livres contemporains en exemplaires choisis, curieux ou uniques tirés de la bibliothèque d’un bibliophile parisien (Paris, A. Durel, 1899, in-8, 55-[1] p., 135 lots).


Joseph-Étienne-Alphonse de Ruble (1834-1898), du 29 mai au 3 juin 1899 : Catalogue des livres rares et précieux composant le cabinet de feu M. le baron de Ruble (Paris, Em. Paul et fils et Guillemin, 1899, in-8, XVI-192 p., 688 lots).


Hippolyte Crosse (1826-1898), du 20 au 30 novembre 1899 : Catalogue de la bibliothèque et des collections de feu Crosse directeur du Journal de conchyliologie (Paris, les fils d’Émile Deyrolle, 1899, in-8, [10]-156 p., 1.163 lots [bibliothèque] + 345 [collections]).


Charles Marty-Laveaux (1823-1899), les 16 et 17 mars 1900 : Catalogue de livres de linguistique de littérature et d’histoire anciens et modernes composant la bibliothèque de feu M. Ch. Marty-Laveaux archiviste-paléographe (Paris, Em. Paul et fils et Guillemin, 1900, in-8, [2]-48 p., 301 lots).




François-Gustave-Adolphe Guyot de Villeneuve (1825-1898), du 26 au 31 mars 1900 : Catalogue des livres manuscrits et imprimés des dessins et des estampes du cabinet de feu M. Guyot de Villeneuve, président de la Société des Bibliophiles françois. Première partie (Paris, Damascène Morgand, 1900, in-8, XVI-158-[2] p., 556 + 36 lots).


Arthur de Marsy (1843-1900), du 25 novembre au 1er décembre 1900 : Catalogue de la bibliothèque archéologique de feu M. le comte Arthur de Marsy directeur de la Société française d’archéologie (Paris, Lucien Gougy, 1900, in-8, [3]-[1 bl.]-IV-150 p., 1.605 lots).




Les Ventes publiques de livres à Paris au XIXe siècle (Index alphabétique)

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Abel-Rémusat  1833

Abrial  1841

Aimé-Martin  1825, 1847, 1848

Amabert  1815 

Andry  1830

Anquetil-Duperron  1805

Ansse de Villoison  1806

Arago  1854

Archinto  1863

Arnault  1835

Asselineau  1874

Aubron  1840

Audenet  1841

Audiffret  1850

Auffay  1863

Auger  1829

Auguis  1845


Barbié du Bocage  1850

Barbier  1828

Barbier de Neuville  1822

Baroud  1821

Barthélemy  1801

Bearzi  1855

Béhague  1880

Belderbusch  1826

Benzon  1875

Bérard  1829

Berry  1837

Bertin  1854

Béthune Charost  1802

Beuchot  1851

Bibliophile Jacob  1840

Bigillion  1872

Bignon  1837, 1849

Boissonade  1859

Boissy  1803

Bosquillon  1815

Bossuet  1888

Boucher de La Richarderie  1826

Boulard  1828, 1829, 1830, 1833

Bourbon-Busset  1802
Bouret  1893

Boutourlin  1839, 1840, 1841

Bouvard  1843

Brasseur de Bourbourg  1884

Breschet  1846

Bresson  1861

Brial  1828

Brochant de Villiers  1841

Brunet Charles  1872

Brunet Jacques-Charles  1868

Bruyères Chalabre  1833

Buchanan  1849

Bunel  1846

Burgaud des Marets  1873

Burnouf  1854
Burty  1891

Busca  1848

Buvignier  1849

By  1810


Cailhava  1845, 1862

Caillard  1810

Camus  1805

Canazar  1835
Capé  1868

Caussin de Perceval  1836

Cayrol  1861

Chabrol de Volvic  1829

Chaillon  1818

Champfleury  1890

Chaponay  1863

Chardin  1806, 1811, 1824

Chateau  1838

Châteaugiron  1827, 1849

Chaumette des Fossés  1842

Chavin de Malan  1858

Chédeau  1865

Chenest  1853

Chénier  1811

Chenu  1864

Chézy  1834

Chiaramonte  1882

Claret de Fleurieu  1810

Claverie de Cassou  1861

Clavier  1819

Clermont-Lodève de Sainte-Croix  1809

Clicquot  1843

Clos  1812

Cocheris  1882

Coislin  1847

Collot  1853

Conquet  1898

Corbière  1869

Costa de Beauregard  1868

Coste  1854

Cotte  1804

Cotteret  1842

Coulon  1829

Courbonne  1842

Courcelles  1834, 1835

Courtois  1820

Cousin  1891, 1895

Cramayel  1826

Crosse  1899

Croze-Magnan  1809

Crozet  1841

Cyvert  1808


Dacier  1833

Danyau  1872

Daru  1830

Daunou  1841

De Bure de Saint-Fauxbin  1825

De Bure frères  1835, 1837, 1838

Decroix  1843

Delambre  1824

Delatour  1808, 1810

Delbergue-Cormont  1883

Desgenettes  1837

Despinoy  1849

Desq  1866

Destailleur  1894, 1895

Detienne  1807

Detune  1806

Deville  1841

Didot Firmin  1808, 1811

Didot François-Ambroise  1804

Dinaux  1864

Dincourt d’Hangard  1812

Dosnier  1805 

Double Léopold  1863

Double Lucien  1897

Duchesne  1855

Dufour  1841

Dufresne de N***  1838
Duprat  1866

Duquesnoy  1803

Duriez  1828


Éméric David  1862

Erdeven  1858

Essling  1839, 1847

Eyriès  1846


Falaize  1844

Fauconnier  1836
Favart  1864

Feuillet  1844

Filippi  1861

Firmin-Didot  1878, 1879, 1881, 1882, 1883, 1884

Fontanes  1822

Fortia d’Urban  1844

Fossé-Darcosse  1840, 1865

Fourcroy  1810

Fournier  1881

François  1867


Ganay  1881

Gancia  1860, 1868

Garcin de Tassy  1879

Garde  1869

Garnier  1822
Gautier Émile  1872

Gautier Théophile  1873

Geoffroy Saint-Hilaire  1845

Gérando  1844

Ginguené  1818

Giraud  1855

Giraud de Saint-Fargeau  1847

Goddé  1850

Gohier  1831

Gomel  1803

Gossellin  1831

Gratet-Duplessis  1856

Guenoux  1859
Guizot  1875

Guy Pellion  1882 

Guyot de Villeneuve  1900


Haigniéré d’Ardres  1843

Haillet de Couronne  1811

Hallé  1823

Hamare-Delaborde  1838

Hardley  1843

Heber  1836

Hély d’Oissel  1833

Hémey  1816

Héricart de Thury  1854

Hérisson  1841

Hoffmann  1828

Hoffmanns  1843

Huillard  1870

Hulsmann  1837

Hurtault  1825

Huzard  1843, 1844


Isambert  1858

Isoard  1818


Janin  1877

Joly  1840

Jourdain  1887
Jussieu  1858


Klaproth  1840, 1848, 1849


La Bédoyère  1837, 1862

Labey  1839

La Blétonnière d’Ygé  1813

Laborde  1872

La Borde d’Estouteville  1842

Labouderie  1854

Laboulaye  1884

Lacroix  1840

Lafontaine  1841

Lagondie  1879

La Harpe  1803

Lajard  1859

Lamberty  1842

La Mennais  1837

La Mésangère  1831

Lamy  1808

Langlès  1825

Lanjuinais  1827

Lannes  1857

La Porte du Theil  1816

Larcher  1814

Larenaudière  1846

La Roche Lacarelle  1888

La Rochefoucauld  1841

Larrey  1842

Lassize  1867

Lassus  1858

Laubrière  1868

La Villestreux  1872, 1874

Lavoisier  1836

Le Bas  1860
Leber  1860

Lebeuf de Montgermont  1876

Le Blanc  1865

Leblanc  1839, 1840, 1842, 1846, 1849

Lebœuf  1892

Leclerc  1859

L’Écuy  1834

Leduc  1819

Lefèvre Dallerange  1851

Lefrançois de La Lande  1808

Le Gris  1836
Le Monnier  1804

Le Prestre Châteaugiron  1803

Lerouge  1833, 1835

Le Roux de Lincy  1870

Le Talland  1845

Letronne  1849

Le Ver  1866, 1867

L’Héritier de Brutelle  1802

Libri  1835, 1847

Lignerolles  1894, 1895

Louis-Philippe Ier   1852

Luzarche  1868, 1869


Mac-Carthy-Reagh  1817

Madden  1890

Malafait  1845

Malartic de Fondat  1809 

Manne  1863

Marchant  1834

Marquis  1890

Marsy  1900

Marty-Laveaux  1900

Méchain  1805

Méneval  1850

Méon  1803

Mérigot  1801, 1811

Michau de Montaran  1849

Michel  1859

Millin André  1845

Millin Aubin-Louis  1819

Million  1841

Millot  1846, 1861

Molini  1813

Monmerqué  1851, 1861

Monselet  1871

Monteil  1850

Montréal  1819

Morante  1872, 1873

Moreau  1846

Moreau de Saint-Méry  1819

Morel-Vindé  1823

Morellet  1819

Moret  1851

Mosbourg  1893

Motteley  1824, 1842, 1843, 1844, 1850

Mounier  1844
Musset  1881


Naigeon  1810

Nardot  1812

Née de La Rochelle  1839

Neubourg  1839
Niel  1873

Nodier 1827, 1830, 1844

Noël  1841

Noilly  1886


Ourches  1811


Paignon-Dijonval  1823

Parison  1856

Parquoy  1805

Peignot  1852

Penguilly-L’Haridon  1872

Perey  1845

Perret  1860

Philippe de Saint-Vandrille  1839

Pichard  1838

Pichon  1869, 1897, 1898

Pihan de La Forest  1843

Pinart  1884

Pixerécourt  1839, 1849

Pont-de-Veyle  1848

Poterlet  1840

Potier  1870

Poulet-Malassis  1878

Psaume  1829


Quatremère  1858, 1859

Quatremère de Quincy  1850

Quentin-Bauchart  1881

Quetant  1823


Rachel  1858

Radziwill  1866

Rætzel  1836

Raguse  1857

Raifé  1863

Raspail  1880

Rathery  1876

Reboul  1843

Reina  1834, 1839, 1840

Reinaud  1867
Reiset  1879

Rémusat  1815
Renard  1881

Renier  1885

Renouard  1804, 1829, 1854

Richer du Bouchet  1845
Riddle  1846

Riva  1857

Rochebilière  1882, 1884

Rochette  1855

Rodet  1854

Rœderer  1836

Roger  1884

Roisy  1843

Rosny  1837

Rothschild 1884, 1887, 1893

Rouard  1879

Roure  1848

Ruble  1899
Ruggieri  1873


Saint-Albin  1850

Saint-Martin  1806, 1833

Saint-Mauris  1840, 1849

Saint-Victor  1882

Saint-Ylie  1869

Sainte-Beuve  1870

Salmon  1857

Sampayo  1842

Sand  1890

Sauvageot  1860

Scherer  1813

Schonen  1850

Séguier  1854

Seillière  1890, 1893

Sengensse  1843

Sensier  1828

Silvestre de Sacy père  1843, 1846, 1847

Silvestre de Sacy fils  1879 

Solar  1860

Soleil  1872

Soleinne  1843, 1844

Suard  1818

Surzy  1807


Tandeau de Marsac  1897

Taschereau  1875

Taylor  1848, 1876, 1877, 1893

Techener Léon  1886, 1887

Tersan  1819

Trudaine  1802, 1804

Truebwasser  1853

Tufiakin  1845
Tufton  1873
Turner  1878 


U… comte d’  1868

Uzanne  1894, 1899


Vaillant de Meixmoron  1869

Van der Helle  1868

Van Hippe  1847

Vauvilliers  1805 

Veinant  1860

Ventenat  1809

Villenave  1865
Vincent  1871, 1872

Viollet-le-Duc  1849

Visconti  1818


Wailly  1896

Walckenaer  1853

Warenghien  1855

Wolters  1844
Würtz 1841

Wynne  1849


Yemeniz  1867

Le Livre à la Renaissance. Introduction à la bibliographie historique et matérielle.

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Jean-Paul Pittion. Le Livre à la Renaissance. Introduction à la bibliographie historique et matérielle.Turnhout [Belgique], Brepols, 2013, in-8 [150 x 250 mm], XXXI [i.e. xxxi]-[1 bl.]-429-[1]-[1 bl.]-[1] p., 32 ill.


Sommaire.  p. v-vii

Préface. Frédéric Barbier, École pratique des hautes études.  p. ix-xv

Symboles & abréviations.  p. xvii

Avant-propos.  p. xix-xxiv

Introduction.  p. xxv-xxxi


1 Les matériaux du livre. p. 1-67

1 Le papier.

2 Les caractères typographiques.

3 Identifier et dater. 


2 La fabrication du livre. p. 69-107

1 Composition, imposition, corrections, tirages.

2 Du colophon à la page de titre.

3 Cataloguer, décrire, transcrire. 


3 La structure du livre. p. 109-149

1 Format, cahiers, signatures.

2 Collationner.

3 Lire un catalogue d’incunables. 


4 Le décor du livre. p. 151-233

1 Les marques typographiques.

2 L’essor de l’illustration.

3 La reliure. 


5 Le livre, objet de commerce. p. 235-306

1 L’espace européen du livre.

2 Le régime de l’édition.

3 L’économie de la production imprimée. 


6 Le livre, objet culturel. p. 307-355

1 L’auteur devant l’imprimé.

2 Lecteurs, lectures, bibliothèques. 


Conclusion. Vie, mort et survie de l’imprimé depuis la Renaissance.  p. 357-369


Bibliographie générale.  p. 371-430


*****


Comme l’écrit Frédéric Barbier dans sa « Préface », les compétences du savant Jean-Paul Pittion « seront bien difficilement prises en défaut ». Son ouvrage, dense, quasi exhaustif, agréablement construit, pédagogique et efficace, devrait effectivement s’imposer comme l’ouvrage de référence pour tous les chercheurs travaillant sur les xve et xvie siècles.


Dans la même « Préface », Frédéric Barbier rappelle, à juste titre, que la consultation des éditions anciennes numérisées, utile pour accéder au texte, ne remplacera jamais celle de l’exemplaire réel, et le plus grand nombre possible, pour l’étude de l’objet livre : ces livres anciens, qui ont résisté pendant quatre ou cinq siècles à toutes les agressions imaginables, résisteront bien à quelques consultations supplémentaires, le livre en main et sans gant.


L’ « Avant-propos » précise que cet ouvrage « est rédigé dans une perspective de synthèse et vise à transmettre l’état des connaissances et des questions sur l’histoire de l’imprimerie et de la librairie aux débuts de l’époque moderne et à présenter les acquis de ce que la recherche anglo-saxonne appelle analytical bibliography. » (p. xxii, dernier paragraphe).


Dans l’« Introduction », l’auteur, après avoir résumé le processus de fabrication du livre, présente les six parties de son ouvrage, désignées dans le « Sommaire ».

Les trois premières parties offrent des chapitres historiques, complétés par d’autres chapitres relatifs aux méthodes de l’analyse bibliographique. La quatrième partie est consacrée au décor du livre, reflet des goûts de son époque. L’espace européen du livre, la mise en place d’une réglementation et les politiques éditoriales sont présentées dans la cinquième partie. La sixième partie étudie les rapports qu’entretiennent les auteurs et les lecteurs avec le livre.   


Quelques remarques accessoires :

Les caractéristiques du livre objet ne sont pas seulement « sensibles à la vue, au toucher et à l’odorat » (p. xxvii, 2e paragraphe), mais aussi au goût : on se souvient de l’acteur Terence Stamp, qui jouait le rôle d’un éditeur anglais dans le film intitulé Tiré à part (1996), dans lequel il goûtait la colle du dos des livres.

Des éditeurs (Plein Chant, à Bassac) publient encore aujourd’hui des livres brochés et non rognés, comme autrefois (p. xxvii, 3e paragraphe).

Il faudrait corriger « ancrage » (page xxix, 3e paragraphe) et supprimer un « par » surnuméraire (même page, 4e paragraphe).


Les six parties principales de l’ouvrage, telles qu’elles ont été conçues, sont pratiquement sans défaut. 

Les illustrations sont toutefois de qualité critiquable.

Certaines précisions auraient pu éclairer le lecteur : ainsi, préciser que l’exemplaire du Psautier de Mayence de 1457 de la Bibliothèque nationale d’Autriche est le seul des dix exemplaires qui ont survécu dans le monde dont le colophon contienne la double marque des presses de Fust et Schöffer (p. 156, 1er paragraphe).  

On peut regretter, dans le chapitre sur la reliure, l’absence de mention des faiseurs de fausses reliures du xvie siècle, notamment du relieur français Théodore Hagué (1823-1891), dont les faux plaisaient tant au libraire londonien Bernard Quaritch (1819-1899), qui fournissait l’amateur John Blacker (1823-1896), et au bibliophile parisien Ambroise Firmin-Didot (1790-1876).

Incidemment, ne pourrait-on pas remplacer « ca » [circa] par « v » [vers] (p. xvii), « collation » [qui devrait être réservé au vocabulaire de l’alimentation] par « collationnement » (p. 127 et suivantes), « vide » par « voyez » (p. 378 et suivantes) ?


Ce n’est que dans la « Conclusion » qu’on trouve quelques erreurs, concernant le domaine bibliophilique, qui n’ont aucune incidence sur le sens du chapitre.

Page 365, 2e paragraphe : Pierre Dupuy est mort en 1651, et non en 1649 ; Menars (département du Loir-et-Cher), sans accent sur le « e », s’écrit avec un « s » et non avec un « d » ; c’est en 1706, et non entre 1713 et 1720, que le marquis de Menars céda la bibliothèque des De Thou au cardinal de Rohan, alors évêque de Strasbourg, pour la somme de 36.300 livres.

Page 365, 3e paragraphe, et p. 366, 5 premières lignes : c’était l’occasion de préciser que la bibliothèque de Jean Ballesdens, décédé en 1675, et non en 1676, contenait 9 reliures commandées par Grolier ; avant sa mort, Ballesdens avait disposé de ses manuscrits en faveur de Colbert, raison pour laquelle on les retrouva dans la Bibliothèque du Roi.

Page 369 : l’édition du Manuel de Jacques-Charles Brunet utilisée par les libraires et les amateurs est la 5e, définitive (Paris, Firmin-Didot frères, fils et Cie, 1860-1865, 6 vol. in-8, 6.000 ex.) ; la 4e, donnée en marge (note 36), est la contrefaçon belge (Bruxelles, Hauman et Cie, 1838-1845, 5 vol. in-8) de celle de Paris (Silvestre, 1842-1844, 5 vol. in-8).


Les bibliophiles ne manqueront pas d’apprécier le dernier paragraphe de l’ouvrage de Jean-Paul Pittion :

« Dans la constitution et la survie du patrimoine imprimé de la Renaissance et des siècles suivants, les collections institutionnelles, en dépit des vicissitudes de leur histoire, ont, sans aucun doute, joué un rôle essentiel. Mais, tout compte fait, la bibliophilie et la démocratisation progressive du marché du livre ancien ont-elles aussi contribué de façon importante à sa sauvegarde. »


Les notes en marge et la bibliographie permettent de compléter l’étude des divers points traités.


L’ouvrage aurait eu avantage à être d’un format plus large (170 mm au lieu de 150), afin de rester ouvert sur la table, sans l’aide des mains, et à être pourvu d’un « Index des noms de personnes » et d’un « Index des termes techniques ».  


 


 


 

Prix de Bibliographie du S.L.A.M. 2014

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Éric Bertin. Chronologie des livres de Victor Hugo imprimés en France entre 1819 et 1851. Alfortville, Librairie Jérôme Doucet, 2013, in-8 [160 x 240 mm], 250 p., 16 pl. h.-t., 500 ex.


Entrepris par Éric Bertin depuis plusieurs années, cet ouvrage, indispensable à tout amateur de livres romantiques, présente une préface de Jean-Marc Hovasse, auteur d’une monumentale biographie de Victor Hugo, des notes de synthèse décrivant notamment le contenu des éditions collectives et l’ordre de publication des premières éditions, un tableau chronologique contenant 276 notices détaillées et commentées d’éditions d’œuvres de Victor Hugo, dont un grand nombre étaient inconnues des bibliographes, des index, compléments bibliographiques et annexes (index des envois, listes d’ouvrages de Victor Hugo établies par ses éditeurs, sources utilisées, annonces du Journal des débats, catalogues de Eugène Renduel, etc.).


Après les renseignements divergents ou erronés donnés par Carteret, Vicaire et Clouzot, cet ouvrage remet en cause tout ce qu’on croyait savoir de la bibliographie des ouvrages de Victor Hugo avant l’exil. Et on peut répondre aujourd’hui à la question posée par Jacques Seebacher en 1968, « qui connaît la “quatrième” édition de Bug-Jargal en 3 volumes in-12 chez Gosselin et Bossange, 1829 ? » : Éric Bertin.



Besoin d'un conseil

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... à défaut d'une intervention auprès des Editions Gallimard.

Tout est dans ce mail, que j'ai adressé à Françoise Cibiel, responsable de la Collection Quarto, le 28 avril 2014, et resté, malgré un rappel le 22 mai, sans réponse :

"Madame,

Le 21 février 2012, j'ai fait parvenir à Madame Patricia Sustrac, présidente de l'Association des Amis de Max Jacob, une autorisation de publication, à titre gracieux, du texte "Le Cancer" de Max Jacob (in Petite astrologie. Reims, Le Bibliophile rémois, 1989, p. 31-32) dans les Oeuvres de Max Jacob, de la Collection Quarto, Gallimard, 2012.
Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir me faire parvenir un exemplaire de cet ouvrage, à titre de justificatif.
Avec mes remerciements, je vous prie de croire, Madame, à mes sentiments bibliologiques attentionnés."






De son côté, Patricia Sustrac, sollicitée pour intervenir, me répond ce 2 juin : "Je n'ai aucune possibilité d'intervenir"

Labitte ou la passion de l’expertise

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Bresles (Oise). Eglise et château des évêques de Beauvais.

C’est à Bresles (Oise), bourg situé entre Clermont et Beauvais, que naquit le 29 septembre 1762 Gervais-Michel-Jérôme Labitte, fils de Gervais Labitte, jardinier, et de Marie-Anne Chantrelle. Il fit ses études au collège de Beauvais, et vint à Paris en 1780, pour doubler sa seconde et sa rhétorique au collège Louis-le-Grand. Jérôme Watrin († 1808), avec lequel il était lié depuis longtemps, lui confia l’éducation de ses enfants, dont l’un, François Watrin (1772-1802), deviendra général de Bonaparte en 1799 et dont le nom sera gravé sous l’arc de triomphe de l’Étoile. Labitte passa avec succès ses examens et fut reçu agrégé de l’Université :

« En 1787, au concours de l’agrégation pour la philosophie [dite « agrégation de premier ordre »], M. Maugras [Jean-Baptiste Maugras (1762-1830)] obtint la première place, à la suite d’une lutte brillante, dont le souvenir s’est conservé longtemps dans la mémoire des vieux universitaires. Il avait pour concurrent M. Labitte. Pendant deux années, Maugras suppléa l’abbé Royou [Thomas-Marie Royou (1743-1792)] dans la chaire de philosophie au collège Louis le Grand. En 1789, il fut nommé titulaire de la même chaire au collège de Montaigu. »


Collège Louis-le-Grand

 

Ce fut Labitte qui remplaça Maugras comme suppléant de l’abbé Royou, et en 1791 il devint titulaire par suite de la démission de ce professeur ecclésiastique qui, effrayé des doctrines nouvelles, renonça tout à fait à l’enseignement. Il occupa la chambre où Jean-Baptiste-Louis Gresset (1709-1777) avait composé son poème intitulé La Chartreuse.




À cette époque, Labitte se lia d’une étroite amitié avec plusieurs autres de ses collègues : Nicolas-Joseph Sélis (1737-1802), traducteur des Satires de Perse et suppléant de l’abbé Delille au Collège de France en 1796 ; René Binet (1732-1812), traducteur de Virgile et d’Horace ; Jean-Louis Chambry (1756-1832), à qui nous devons une bonne édition des Julii Phaedri fabulae[Fables de Phèdre] en 1812 ; Jean-François Champagne (1751-1813), auteur d’une traduction de La Politique d’Aristote en 1797 ; Jean-Denis Rousseau (1776-1835), qui fut depuis proviseur du collège de Lyon, puis inspecteur de l’Académie de Caen ; etc.
Contrairement à ce qui a été souvent écrit, Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques, ne ferma pas vraiment sous la Révolution. À partir de 1793, les classes du collège Egalité se vidèrent, leurs cours ayant été officiellement suspendus. On se vit obligé « de laisser aller en vacances un assez grand nombre d’élèves, tant pour diminuer une dépense qu’on ne pouvait plus soutenir, qu’à cause de l’embarras causé par la construction de la maison d’arrêt [la « prison du Plessis », octobre 1793]»

Étant donné les circonstances, Labitte avait ouvert en 1792 une librairie classique, grecque et latine, rue de la Liberté [rue Monsieur-le-Prince, VIe], utilisant sa bibliothèque de professeur comme premier fonds. À la même époque, Jean-Charles Silvestre († 1837) ouvrait sa librairie rue des Bons-Enfants.
La plupart des professeurs de Louis-le-Grand furent mis en disponibilité en 1795. Labitte eut alors sa librairie comme seule ressource, conservant l’amitié, la bienveillance et l’appui de ses anciens collègues et de ses anciens élèves.
Une dizaine d’années plus tard, quand Napoléon songea à rétablir les études, Martial-Borye Desrenaudes (1775-1825) fut chargé de rappeler les professeurs de l’ancienne Université. Presque tous ceux qui avaient échappé à la faux du temps ou à l’orage révolutionnaire, consentirent à rentrer dans l’enseignement. Labitte, qui à cette époque était marié et avait des enfants, se trouvant placé convenablement et dans une position indépendante, à l’angle de la rue du Bac et du quai Voltaire, près le pont des Tuileries [Pont Royal, VIIe], refusa l’offre.




En 1815, il fit entrer son fils Henri dans la librairie.


À la fin de cette même année eut lieu la vente publique, au Collège de France, place Cambrai, des livres rares et précieux d’Édouard-François-Marie Bosquillon, médecin de l’Hôtel-Dieu et professeur au Collège de France.
En 1822, la librairie fut transférée au 11 quai Malaquais [VIe]. Henri Labitte en devint le chef en 1829. Son père succomba à une attaque de paralysie le 28 octobre 1844, dans sa 83e  année.

Henri Labitte était né le 15 juillet 1799 et avait épousé Louise-Laure Guillebert.


En 1845, tandis que son frère cadet,  Jules Labitte, installé depuis 1837, quittait le 3 quai Voltaire pour une boutique moins luxueuse 61 passage des Panoramas, Henri Labitte quittait le 11 quai Malaquais pour le numéro 5 voisin, près l’Institut. Il obtint son brevet de libraire le 19 juin 1852.




Il a rédigé de nombreux catalogues de vente de bibliothèques, parmi lesquels ceux de Amédée Chaumette des Fossés (1842), Laurent-François Feuillet (1844), Gilbert Breschet (1846), Jean-Baptiste-Benoît Eyriès (1846), Nicolas-Maximilien-Sidoine Séguier (1854), Jean-Pierre-Agnès Parison (1856), Adrien de Jussieu (1858), Philippe Le Bas (1860), etc.
Henri Labitte laissa en 1863 la direction de sa maison à son fils Adolphe Labitte, qui venait de se marier. La librairie déménagea en 1869 au 4 rue de Lille [VIIe]. La mort surprit Henri Labitte pendant son sommeil, le 11 juillet 1873, quatre jours avant son 74e  anniversaire, à son domicile, 4 rue de Lille.

Adolphe Labitte demeurait alors 7 rue Bonaparte, chez ses beaux-parents. Il était né à Paris le 1er janvier 1832 et avait été élevé au collège Saint-Louis, où il avait eu pour condisciples Reinhold Dezeimeris (1835-1913), érudit et bibliophile, Georges Duplessis (1834-1899), conservateur au Cabinet des estampes de la BnF, Léon Techener (1832-1888) et Eugène Potier (1832-1866), tous deux fils de libraires.




Son père l’avait envoyé à Londres en 1853, chez Barthes et Lowell, 14 Great Marlborough Street, qui avaient pris la suite des affaires de la maison de librairie française fondée dans la capitale anglaise par Bossange père et connue autrefois sous le nom de « Galerie Bossange ». Breveté le 25 novembre 1861, Adolphe Labitte avait épousé, le 24 août 1863, Marie-Augustine-Adolphine Homolle (1842-1890), fille du célèbre médecin et pharmacologue Augustin-Eugène Homolle (1801-1883).
Comme son père, il s’appliqua à la rédaction des catalogues de ventes aux enchères. Sa première grande vente fut celle de Jacques-Charles Brunet en 1868, qu’il dirigea avec son voisin du quai Malaquais, Laurent Potier (1806-1881). Il remplaça bientôt Potier dans l’importance des ventes publiques, de même qu’il lui succéda en 1873 en qualité de libraire de la Bibliothèque nationale.




En moins de vingt ans, il dirigea environ 400 ventes aux enchères, dont celles de Carl-Benedikt Hase (1864), Benjamin Duprat (1866), Joseph-Toussaint Reinaud (1867), Jacques-Charles Brunet (1868), Louis Briant de Laubrière (1868), Vaillant de Meixmoron (1869), Château de Saint-Ylie (Jura) (1869), Charles-Augustin Sainte-Beuve (1870), Antoine-Laurent Potier (1870), Antoine-Jean-Victor Le Roux de Lincy (1870), Alexandre-Joseph-Hydulphe Vincent (1871 et 1872), Léon-Joseph-Simon-Emmanuel de Laborde (1872), Charles Brunet (1872), Émile Gautier (1872), Théophile Gautier (1873), Ruggieri (1873), Jules Niel (1873), Richard Tufton (1873), Paul de La Villestreux (1874), Jules-Antoine Taschereau (1875), François Guizot (1875), Edwin Tross (1875), Adrien-Louis Lebeuf de Montgermont (1876), Edme-Jacques-Benoît Rathery(1876), Gabriel-Jules Janin (1877), Robert-Samuel Turner (1878), Ambroise Firmin-Didot (1878, 1879, 1881 et 1882), Joseph-Héliodore Garcin de Tassy (1879), Frédéric Reiset (1879), Samuel-Ustazade Silvestre de Sacy (1879), Tibulle Desbarreaux-Bernard (1879), Joseph-Guilhen de Lagondie (1879), Eugène Viollet-le-Duc (1880), François-Vincent Raspail (1880), Édouard Fournier (1881), Joseph Renard (1881), Alfred et Paul de Musset (1881), Ernest Quentin-Bauchart (1881), Chiaramonte (1882), Étienne-Marie Bancel (1882), etc.     
Ses jugements avaient force de loi auprès des amateurs, auxquels il disait souvent : « L’amour des livres vient par les yeux. Plus on voit les beaux livres, plus on les aime. »



Il créa un journal spécial pour sa clientèle, La Bibliophilie, mais il ne se borna pas à un rôle d’expert : il fut aussi éditeur et publia le Manuel de l’amateur d’illustrations, de Jacques Sieurin (1875), L’Œuvre de Moreau le Jeune, par Marie-Joseph-François Mahérault (1880), Les Elzevier, de Adolphe Willems (1880), etc.




La cessation de la librairie Duprat en 1866, qui fut chargée pendant longtemps de la vente du Journal asiatique ou Recueil de mémoires d’extraits et de notices relatifs à l’histoire, à la philosophie aux langues et à la littérature des peuples orientaux, a obligé la Société asiatique à choisir Adolphe Labitte comme nouveau libraire, qui démissionna le 8 avril 1870.

« Adolphe Labitte, avec ses favoris et ses lunettes d’or, avait l’aspect d’un notaire, mais loin d’avoir la gravité d’un officier ministériel, il était toujours trépidant. Il ne reculait devant aucune fatigue, bravant les intempéries des saisons et déployant une ardeur et une activité fébriles. C’est ainsi qu’il montait sur les voitures de l’Hôtel Drouot lorsqu’elles venaient enlever les livres destinés aux enchères, aidant les commissionnaires à déballer les paniers, procédait au rangement des volumes, harcelant et gourmandant de sa voix de fausset l’employé qu’il avait emmené pour l’aider. L’après-midi à l’Hôtel, le soir aux salles Silvestre, il était partout sur la brèche, ne ménageant ni son temps, ni sa peine. » (Bulletin du bibliophile, 1939)

« Dans la vente d’une bibliothèque dirigée par feu Labitte, se trouvaient de faux Lortic et de faux Chambolle-Duru.

Adolphe Labitte, avec son coup d’œil infaillible, avait aisément reconnu toutes les gaucheries de la contrefaçon. Les cartons étaient trop épais et les châsses trop grandes. Quant au tour des plats, il n’avait rien qui rappelât l’élégance des maîtres relieurs parisiens. […]

Au moment de l’adjudication, Labitte tira son canif, et, en quatre incisions, fit sauter les signatures. Puis, s’adressant au public, il dit à haute et intelligible voix :

– Maintenant que justice est faite, je vais pouvoir vendre ces livres sans aucune garantie pour la reliure.

Constatons-le à la gloire de l’école française, malgré leurs écrasantes dorures, ils furent vendus à un prix misérable. » (Paul Eudel. Le Truquage. Paris, Librairie Molière, s.d. [1884], p. 268) 


En 1880, un soir d’hiver, sortant de la rue des Bons-Enfants, il prit froid en traversant la Seine. Depuis cette date, les maladies ne cessèrent de l’assaillir. D’une rare dureté pour lui-même, il lutta contre les douleurs sans alarmer les siens, remplissant ses fonctions, pâle, épuisé, la voix éteinte, cotant les livres et soutenant les enchères.



Il voulut assister à la 4e vente Firmin-Didot, mais dut y renoncer après les deux premières vacations, et succomba le 19 juin 1882, dans sa 51e année. Il fut inhumé au cimetière Montparnasse.

Émile Paul, né en 1847 et qui avait débuté en librairie chez Charles Reinwald, 15 rue des Saints-Pères, était entré chez Labitte en 1874. À la mort de ce dernier, il prit la gérance de la librairie, puis devint en 1887 l’associé de la veuve Labitte. Après la mort de cette dernière, en 1890, il acheta les salles Silvestre, qu’il modernisa, et s’associa avec L. Huard et Guillemin.











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