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Les Exemplaires aux armes de Dufresnoy

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On peut lire, dans le Mercure galant dédié à Monseigneur le Dauphin. Mars 1698 (Paris, Michel Brunet, p. 180-182) :
 
« Le Samedi 15. du mois passé mourut à Paris, Mr Dufresnoy, Seigneur de Fleury [près de Meudon] & de Glatigny [près de Versailles], premier Commis de Mr  le Marquis de Barbesieux et Tresorier de l’Ordre militaire de S. Loüis. Il entra dans le Service pendant le Ministere de Mr  Desnoyers, secretaire d’Etat, à qui il fut donné tout jeune par Mr le Cardinal de Richelieu, pour le former aux affaires. Son Service est si ancien, qu’il a fait les Ordres pour l’heureuse Naissance de Sa Majesté, qu’il a toûjours continué de servir sous les Ministeres de Mrs le Tellier, de Louvois, & de Barbesieux. Nul homme n’a esté plus generalement aimé, estimé & regretté, n’ayant laissé échaper aucune occasion de faire plaisir. Mad. du Fresnoy sa femme a eu l’honneur d’être dix ans Dame du Lit de la Reine. Il ne laisse point d’enfans mâles, ayant perdu il y a trois ans son fils unique, Colonel d’Infanterie & en estime d’un fort brave homme. Il laisse trois Filles l’aînée veuve de feu Mr le Comte d’Alegre, de l’illustre & ancienne Maison d’Alegre originaire d’Auvergne ;  la seconde, mariée à Mr le Comte de Rochefort, aîné de la maison de Chastenay, qui ont porté le nom de Lanty prés de trois cens ans, l’une des plus grandes de Bourgogne ; & la troisiéme âgée de quinze à seize ans, fille. » [sic] 






Fils de Marie Bardin et de Mathieu Dufresnoy, apothicaire installé à l’angle des rues Saint-Honoré et Croix-des-Petits-Champs (Ier), qui était l’un des échevins de Paris et qui fut élu juge consul en 1646, Élie Dufresnoy [ou Hélie Du Fresnoy] naquit en 1614. Il devint le premier commis du secrétaire d’État à la Guerre, François Sublet de Noyers, puis ses successeurs, le chancelier Michel Le Tellier, le marquis François-Michel Le Tellier de Louvois et Louis-François-Marie Le Tellier de Barbezieux.
Il était moins connu que sa femme, qu’il épousa vers 1664, et dont on trouve souvent le nom dans les lettres de Madame de Sévigné et dans celles de Madame de Maintenon. La belle et séduisante Marie Colot était fille de Antoine Colot, conseiller du Roi, contrôleur des Postes de France. Dans une lettre à Madame de Grignan, datée du 29 janvier 1672, Madame de Sévigné écrivait, à son propos : « Hier au soir, madame Dufresnoi soupa chez nous : c’est une nymphe, c’est une divinité ». Elle fréquenta la Cour, fut la maîtresse de Louvois et devint dame du lit de la Reine en 1673, quand les filles d’honneur furent remplacées par des dames.
En 1693, Dufresnoy fut nommé trésorier de l’Ordre militaire de Saint-Louis. Il mourut le 15 février 1698 d’un accident vasculaire cérébral. Il était le frère cadet de Charles-Alphonse Dufresnoy (1611-1668), peintre et poète, ami de Pierre Mignard.

D’un esprit agréable et vif, sachant très bien le latin et disposant de revenus confortables – il possédait environ 50 à 60.000 livres de rente –, il commença une bibliothèque vers 1650.

La plus grande partie fut reliée en veau écaille, mais, pour les livres latins classiques et quelques français privilégiés, il fit exécuter des reliures en maroquin rouge.


D’abord vraisemblablement par Gilles Dubois († 1671), reçu maître en 1628 et relieur du Roi en 1648 : double filet, encadrement intérieur quadrilobé, décoré de petits fers aux angles et en écoinçons, armoiries au centre [« D’or, au sautoir de sable chargé de cinq billettes d’argent »], flanquées au haut et au bas de son chiffre [réunion des neuf lettres qui composent le nom de Dufresnoy], dos orné du même chiffre répété.


Puis vraisemblablement par Éloy Levasseur († v. 1700), reçu maître en 1636 et qui passait alors pour le plus habile relieur de Paris : armoiries au centre des plats, triple filet en encadrement avec chiffre aux angles, dos à nerfs orné de chiffres dorés répétés.

Le baron Jérôme Pichon avait commencé à dresser une liste, malheureusement mal renseignée et parfois erronée, des 28 exemplaires de Dufresnoy dont il avait pu connaître l’existence (Bulletin du bibliophile. Paris, Techener, septembre-octobre 1893, p. 436-438) :

Appianus. Amsterdam, 1670, 2 vol. in-8 [Appiani Alexandrini Romanarum historiarum. Amstelodami, apud Joannes à Waesberge et à Someren, 1670]. Vente Techener, n° 683 [Cat. Léon Techener, 1886], 2380 fr. Aujourd’hui chez Morgand.

Adrien, en grec. Amsterdam, 1668, in-8 [Arriani de expedit. Alex. magni historiarum libri VII. Amstelodami, J. J. à Waesberge et vidum E. Weyerstraet, 1668]. Catal. Cigongne (2) [sic], n° 2428 [1861] ; chez S.A.R.  Mgr le Duc d’Aumale. (Annoncé à compartiments de couleurs dans le cat. Cigongne [ ?]).

Saint-Augustin. Ses Confessions traduites par Arnauld d’Andilly. Paris, Ve Camusat, 1651, in-8 [Les Confessions de S. Augustin. Paris, veuve J. Camusat et P. Le Petit, 1651]. Chez M. le Bon J. Pichon.

Aurelius Victor. Leyde, 1670, in-8 [Sex. Aurelii Victoris historiae romanae breviarium. Lugduni Batavorum, 1670]. Chez M. Morgand.

Ausonius. Amsterdam, 1671, 2 vol. in-8 [D. M. Ausonii Burdigalensis opera. Amstelodami, J. Blaeu, 1671, 1 vol.]. Vente Debure, (1863), n° 545 [J. J. De Bure, 1853], 175 fr. Chez M. Dutuit.

La Sainte Bible, trad. par René Benoist. Paris, 1563, 2 vol. in-4 [La Sainte Bible. Paris, Michelle Guillard, veuve de G. Desbois1568], mar. olive (reliure unie ne portant que les armes). Vente Potier (1870), n° 6, 260 fr. Bibliothèque de mon ami bien regretté M. de Lignerolles. [n° 37, adjugé 300 fr. à Porquet en 1894]
Aujourd'hui à la Pierpont Morgan Library (New York)
Caesaris Commentarii. Amsterdam, 1661 [in-8] [C. Julii Caesaris quae exstant cum selectis variorum commentariis. Amstelodami, ex officina Elzeviriana, 1661]. Catal. du Cte de Mosbourg, n° 275 [1893], 2200 fr. [acheté 3.419 fr. vente Gosford, 1882, n° 385]

Cornelius Nepos. Leyde, 1667, in-8 [Cornelii Nepotis vitae excellentium imperatorum. Lugduni Batav., ex officina Hackiana, 1667]. Vente Potier [1870], n° 612 [n° 2.209], 700 fr. A appartenu à M. de La Roche Lacarelle, puis au Cte de Fresne [1893, n° 612] chez qui il a été vendu 2000 fr.

Engelgrave. Lux evangelica. Cologne, 1655, 4 vol. in-12 [Lux evangelica sub velum sacrorum emblematum recondita. Coloniae. Prostant apud Jacobum à Meurs. Amstelodami 1655]. Vente Debure (1853), n° 4074 [J. J. De Bure, n° 1074], 155 fr.

Florus. Leyde, 1655, in-8[L. Annaei Flori Hist. Rom. lib. IV. Lugduni Batavorum, Elzevier, 1655]. Chez M. Morgand.

Frontinus. Amsterdam, 1661, in-8 [Sexti Julii Frontini, quae extant omnia. Amstelodami, ex officina J. Waesberge, 1661]. Chez M. Dutuit.




Greco (Gioachino). Jeu des échecs. Paris, Pépingué, 1669, pet. in-12 [Le Ieu des eschets. Paris, chez N. Pepingué, 1669]. (Armes et chiffres seulement.) Chez M. le Bon J. Pichon [qui l’a acheté à Lisieux en 1868]. [Paris, 2e vente P. Berès, 1ère partie, 28/10/2005, 17.500 € ; Paris, 17/05/2011, 14.500 €].

Horatius. Leyde, chez les Hacke, 1654, in-8 [Q. Horatius Flaccus cum commentariis selectissimis variorum. Lugd. Batavorum, apud Franciscum Hackium, 1654]. Vente Debure, n° 545 [ ?]. Cat. Cigongne, n° 419 [1861]. – Chez S. A. R. Mgr le Duc d’Aumale.

Juvenalis. Leyde, 1648, in-8 [D. Junii Juvenalis et Auli Persii Flacci satyrae. Lugd. Batav., apud Franciscum Hackium, 1648]. Cat. Cigongne, n° 447 [1861]. Chez S. A. R. Mgr le Duc d’Aumale.

Lactantius. Leyde, 1652, in-8 [L. Coelii Lactantii Firmiani Opera. Lugduni Batavorum, ex officina P. Leffen, 1652]. Biblioth. Cousin à la Sorbonne.

Lucianus. Amsterdam, 1687, 2 vol. [Luciani Samosatensis opera. Amstelodami, 1687, 2 vol. in-8]. Chez M. Dutuit.


Macrobius. Leyde, 1670, in-8 [Aur. Theodosii Macrobii opera. Lugduni Batavorum, 1670]. Vente Debure, n° 1022 [J. J. De Bure, 1853], 180 fr. Chez M. Dutuit.

Martialis epigrammata. Leyde, 1656, in-8 [M. Valerii Martialis epigrammata. Lugd. Batavorum, apud Franciscum Hackium, 1656]. Cat. Cigongne [1861, n° 451]. Chez S. A. R. Mgr le Duc  d’Aumale.

Messel (sic) romain, traduit en français par ordre de Mme la princesse de Conti (Martinozzi), par J. de Voisin. Paris, Siméon Piget, 1661, 6 vol. in-12. Chaque volume contient un exemplaire de la préface intéressante de Voisin (1) [sic], une table des fêtes mobiles, etc. C’est un livre arrangé pour l’usage fréquent et qui a dû servir à Du Fresnoy, ce qui ne l’empêche pas d’être d’une fraîcheur extraordinaire. Chez M. le Bon J. Pichon.

Phœdri Fabulæ. 1667, in-8 [Phædri Augusti Caesaris liberti fabularum Æsopiarum libri quinque. Amstelodami, Waesberge et Weyerstraet, 1667]. Cat. Cigongne, n° 440 [1861]. Chez S. A. R. Mgr le Duc d’Aumale.






Plinii secundi epistolæ. Leyde, 1669, in-8 [C. Plinii Secundi epistolarum libri X. Lugduni Batav., Hackius, 1669]. Vente Brunet, n° 526 [1868], acheté 760 fr. par M. de Villeneuve [Cat. Guyot de Villeneuve, 1900, n° 1116]

Saint François de Sales. Introduction à la vie dévote. Paris, de l’Imprimerie Royale, 1641, in-fol., veau marbré. Mis néanmoins ici à cause de son importance relative. Vente Debure [J.J. De Bure, 1853, n° 149]. Aujourd’hui chez M. le Bon J. Pichon.

Saluste [sic]. Leyde, 1654 [C. Sallustii Crispi opera quae extant omnia. Lugduni Batavorum, Franciscus Hackius, 1654, in-8]. Chez M. Dutuit.

Senacæ Tragœdiæ. Leyde, 1651 [L. Annaei Senecae tragoediae. Lugduni Batavorum, F. Moyardi, 1651, in-12]. Chez M. Dutuit.

Suetone. Leyde, 1656, in-8 [C. Suetonii Tranquilli de XII Caesaribus libri VIII. Lugduni Batavorum, ex officina Francisci Hackii, 1656]. Chez Lord Gosford [1882], n° 191 [391], 1800 fr. Aujourd’hui chez M. de Sauvage.

Tacite. Amsterdam, 1672, 2 tomes en 4 volumes [C. Cornelii Taciti opera, quae exstant. Amstelodami, apud Danielem Elsevirium, 1672]. Vte Seillière, 3000 fr. Chez M. Robert Hoe, à New-York.

Testament (Nouveau). Mons, Migeot, 1667, 2 vol. in-12 [Le Nouveau Testament de nostre seigneur Jesus Christ. Mons, Gaspard Migeot, 1667]. Bull. Morgand, n° 18240, 2500 fr.

Testament politique du Cal  de Richelieu. Amsterdam, 1688, in-12 [Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu. Amsterdam, Desbordes, 1688]. Biblioth. Cousin à la Sorbonne.

(1)C’est pour que les fidèles entendent ce que nous disons, écrit voisin, que le Roy Charles V et ensuite la Reine Isabeau de Bavière firent traduire ce missel en français avec l’explication, etc.
(2)Dans ce beau catalogue, les exemplaires de Du Fresnoy sont indiqués à leur place, mais on ne les a pas groupés dans l’introduction, comme ceux d’Hoym et autres amateurs connus. 

Depuis, toujours très recherchées, d’autres reliures aux armes de Dufresnoy ont été découvertes, en particulier :

Essais de Michel seigneur de Montaigne. Paris, Abel l’Angelier, 1588, in-4. Maroquin brun, triple filet, chiffre aux quatre angles, armes au centre, dos à cinq double-nerfs à caissons avec le même chiffre cinq fois répété, tranches dorées, gardes marbrées. (Bibliothèque de l’Université catholique de Lyon). [A. Bollini. « Un précieux exemplaire des Essais de 1588 ». In Bibliothèque d’humanisme et renaissance. Tome LIII, 1991, n° 2, p. 419-421]

Pub. Ovidii. Nasonisopera omnia, in tres tomos divisa, ex accuratissima recensione Nicol. Heinsii. Lugduni Batavorum, apud Petrum Leffen, 1662, 3 vol. in-8. Maroquin rouge, double encadrement d’un double filet doré, courbé au milieu des côtés du rectangle central, tous les angles ornés de fleurons, écoinçons, armoiries centrales, chiffres frappés deux fois sur chaque plat et dans quatre entre-nerfs au dos, tranches dorées. Des bibliothèques E. Rahir (IV, 1936, n° 1.131) et R. Esmerian (II, 1972, n° 44). (Paris, Drouot, 25/06/2004, 10.500 €).



Claudien. Cl. Claudiani quae exstant. Amsterdam, D. Elzevier, 1665, in-8. Maroquin rouge, double filet, encadrement central quadrilobé, décoré de petits fers aux angles et en écoinçons, armoiries au centre, flanquées au haut et au bas de son chiffre, dos orné du même chiffre répété entouré de petits fers, roulette intérieure et sur les coupes, tranches dorées sur marbrure. Charnières fendillées, accroc à la coiffe supérieure sans manque. (Paris, Christie’s, Coll. Michel Wittock, 8/11/2004, 4.700 €).





Simon van Leewen. De origine et progressu juris civilis romani. Leyden, A. Doude et C. Driehuysen, 1671, in-8. Maroquin rouge, décor doré, armes au centre des plats, filets courbes et droits, fleurons, dos à nerfs orné, tranches dorées sur marbrure. (Jean-Baptiste de Proyart, Catalogue 1, 2007, n° 29).

Charles Estienne. Dictionarium historicum geographicum poeticum. Londres, N. Lloyd, 1671, in-fol. Plein veau, triple filet doré avec chiffre dans les angles, armoiries au centre, dos orné de chiffres, pièce de titre de maroquin rouge, tranches jaspées. Reliure frottée, charnière fendue, coiffe abimée, mouillures, rousseurs. (Paris, 13/12/2011, 400 €).

Louis de Grenade. Additions au mémorial de la vie chrestienne. Paris, Pierre Le Petit, 1662, 2 vol. in-8, veau marbré, triple filet, armoiries au centre et chiffres aux angles, dos orné avec chiffres répétés, tranches jaspées. Reliure usagée, coiffes arrachées, charnières en partie fendues. (Paris, 22/12/2008, pas d’adjudication ; Librairie Picard, Cat. n° 606, janvier-mars 2013, 1.200 €).




La Bibliothèque de Lord Gosford

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« In the early ’forties, the third Earl of Gosford (1806-1864) had formed at Gosford castle [Markethill],





in Ireland [Irlande du Nord], a large and extremely beautiful library which was sold by private contract in 1878 to the London bookseller James Toovey.







Londres, 177 Piccadilly


In 1880 Toovey printed a special catalogue of the Aldines [A catalogue of an extensive and extraordinary assemblage of the productions of Aldine press. London, James Toovey, 1880, in-8], probably the finest set that had come on the market since the Renouard sale of 1828 [Bibliotheca Aldina, an extensive and extraordinary assemblage of the productions of the Aldine press, the property of M. Renouard. London, R. H. Evans, 26 june 1828]. The French books, of which the series was exceptionally choice, he sold by auction in Paris (1 May 1882) for some £ 12,000 [302.336 francs], as “ la Bibliothèque d’un Amateur anglais ” ;



the history, topography, natural history and the important series of books on large paper were dispersed by Puttick and Simpson (21 April 1884), the total for 3363 lots being over £ 11,000 [282.960 francs]. When James Toovey died, in 1893, his stock was sold by auction (26 February and 8 March 1894); it also included a number of Gosford books. But his son, Charles James Toovey, had retained the choicer portion of the library, including the whole of the Aldines and a number of books in beautiful bindings. This collection he sold in 1899 to the late Mr J. Pierpont Morgan and it may be considered one of the notable sections of the latter’s great library [A catalogue of a collection of books formed by James Toovey, principally from the library of the Earl of Gosford, the property of J. Pierpont Morgan. New York, 1901, in-4, [6]-194 p.]. »

(Seymour de Ricci. English collectors of books & manuscripts. Indiana University Press, 1960, p. 156-157)


En 1878, Archibald Acheson 4e comte de Gosford (1841-1922) vendit à James Toovey (1813-1893) la bibliothèque de son père, Archibald Acheson 3e comte de Gosford (1806-1864). Le père de ce dernier, Archibald Acheson 2e comte de Gosford (1776-1849) avait été capitaine général et gouverneur en chef dans et pour les provinces du Bas-Canada et du Haut-Canada de 1835 à 1837.






La vente des livres français du troisième comte de Gosford se déroula à Paris, du 1er au 16 mai 1882 : Catalogue de livres rares et précieux, la plupart reliés en maroquin ancien avec armoiries, provenant de la bibliothèque d’un amateur anglais (Paris, Charles Porquet, 1882, in-8, xi-140 p., 564 lots). Tous les livres de cette vente intéressèrent les bibliophiles français. Parmi les principales adjudications :

4. Psalterium Davidicum. Parisiis, apud Gomaerum Stephanum, 1555, in-16. Maroquin noir à compart., tr. dorée et ciselée. Ex. du connétable Anne de Montmorency : 3.950 fr. pour le duc d’Aumale.
6. Le Psautier de David. Paris, Jamet Mettayer, 1586, in-4, réglé, fig. sur cuivre, mar. br., fil., tr. dor. Reliure exécutée pour le roi Henri III : 620 fr. pour Janzé.
14. L’Histoire du Vieux et du Nouveau Testament. Paris, chez Pierre le Petit, 1670, in-4, fig., réglé, mar. rouge, fil., dos orné, doublé de mar. rouge (Duseuil) : 5.100 fr. pour Richard Lyon.
46. De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction nouvelle. Paris, Antoine Dezallier, 1692, in-12, front. et fig., v. br., tr. dor. Ex. portant sur les plats la croix de la maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr, et provenant des bibliothèques de Nodier, du marquis du Roure et de Borluut de Noortdonck : 510 fr. pour Van Trigt.
48.Œuvres spirituelles de feu Monseigneur Fr. de Salignac de la Mothe-Fénelon. S. l. (Paris), 1767, 4 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor. Aux armes de la comtesse d’Artois : 270 fr.
50. Réfutation des principales erreurs des Quiétistes. Paris, Guillaume Desprez, 1695, in-12, mar. rouge, fil. Ex. aux armes de Madame de Maintenon et portant à l’intérieur du volume l’ex-libris de la bibliothèque de la maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr : 515 fr. pour le comte de Fresne.
52. Méditations sur l’histoire et la concorde des Evangiles. Lyon, 1696, 3 vol. in-12, mar. bleu, doublé de mar. rouge, dent. intérieure, tr. dor. Ex. de Longepierre : 1.650 fr. pour le comte de L’Aigle.
60. Les Œuvres morales et meslées de Plutarque. Paris, Vascosan, 1574, 7 vol. in-8, réglés, mar. vert, compart., arabesques et entrelacs, dorure à petits fers. Riche et belle reliure portant les armes royales, entourées du cordon de l’Ordre de Saint-Michel, exécutée par l’un des Ève : 1.510 fr. pour Richard Lyon.
62. M. Tullii Ciceronis de officiis libri tres. Amstelodami, 1688, 1 tome en 2 vol. in-8, front. gravé, mar. rouge, fil., dos ornés, doublé de mar. rouge, dent. (Boyet). Ex. de Lamoignon : 320 fr.
73. Maximes et réflexions du duc de La Rochefoucauld. Paris, de l’Imprimerie royale, 1778, in-8, portr., mar. bleu, larges dentelles, doublé de tabis, dent. int. à petits fers, dos fleurdelisé. Au bas du dos, les armes d’Anisson du Perron (Derome) : 2.005 fr. pour Richard Lyon.
75. Réflexions, sentences et maximes morales, avec les Maximes de la marquise de Sablé. Paris, 1714, in-12, front. gravé, mar. rouge, fil., dos orné, tr. dor. (Padeloup). Ex. aux armes du comte d’Hoym : 1.400 fr. pour le comte de L’Aigle.
79. Les Devoirs des maîtres et des domestiques. Paris, Pierre Aubouin, 1688, in-12, réglé, mar. vert, doublé de mar. rouge, tr. dor. Aux armes du comte de Toulouse : 800 fr.
88. Mémoires pour servir à l’histoire des insectes. Paris, Imprimerie royale, 1734-1742, 6 vol. in-4, pl. gravées par Simonneau et Haussard, mar. bl., dent., aux armes du roi Louis XV : 450 fr.
90. La Dissection des parties du corps humain divisé en trois livres, faictz par Charles Estienne. Paris, Simon de Colines, 1546, in-fol., fig. sur bois, réglé, mar. blanc, compart., volutes et rinceaux en noir bordé d’argent. Ex. de Diane de Poitiers, avec chiffre, croissants entrelacés, flèches, carquois, fleurs de lis. Dos de la reliure refait : 1.500 fr.
109. Le Sacre de Louis XV, roi de France et de Navarre, dans l’église de Reims, le 25 octobre 1722 (Paris, 1723), gr. in-fol., mar. rouge, large dent., dos orné. Aux armes de Madame Victoire, fille de Louis XV. Dos refait : 570 fr. pour le comte de Grammont.
120. M. Tullii Ciceronis orationes ex recensione J. G. Graevii, cum ejusdem animadversionibus. Amstelodami, ex typographia P. et J. Blaeu, 1699, 3 tomes en 10 vol. in-8, front. gravé, mar. rouge, fil., dos ornés, doublés de mar. rouge, dent., tr. dor. (Boyet) : 810 fr. pour le baron de La Roche Lacarelle.
148. V. Ampliss. Christophori Thuani Tumulus, in Jacq.-Aug. Thuani Æmerii pietatem. Lutetiae, apud Mamertum Patissonium, 1583. – V. C. Joannis Thuani, regis consiliarii et libellorum supplicum in regia magistri, Tumulus. Lutetiae, apud Mamertum Patissonium, 1580. Deux parties en 1 vol. in-4, portr. gravé par Léonard Gaultier, mar. br., fil., semé de larmes sur le dos et sur les plats. Grand papier aux armes de J.-A. de Thou : 3.500 fr. à Quentin-Bauchart.
171.Œuvres de Nicolas Boileau-Despréaux, avec des éclaircissements historiques.Amsterdam, David Mortier, 1718, 2 vol. in-fol., front. gravés, portr. et fig. de Bern. Picart, mar. rouge, larges dentelles, doublés de mar. citron, larges dent., tr. dor. (Padeloup) : 3.500 fr. pour Roll.
176. Les Baisers, précédés du mois de Mai, poëme. Paris, 1770, in-8, pap. de Holl., titre, figures, 23 vignettes et 22 culs-de-lampe, gravés d’après Eisen, mar. rouge, fil., dos orné, tr. dor. (Rel. anc.) : 2.700 fr. pour le comte de Greffulhe.
203. Aristophanis Comoediae undecim, graece et latine. Amstelodami, apud Jo. Ravesteinium, 1670, 2 vol. pet. in-12, front. gr., mar. rouge, fil., tr. jasp. Aux armes et aux chiffres de Colbert : 155 fr. pour Le Barbier de Tinan.
208. Les Comédies de Térence. Rotterdam, G. Fritsch, 1717, 3 vol. pet. in-8, front. et fig. de B. Picart, mar. rouge, dentelle, doublés de tabis, dos ornés, tr. dor. (Derome). Grand papier des bibliothèques de Le Blond, de Châteaugiron et de Pixerécourt : 3.050 fr.
210. L’Andria et l’Eunucho di Terentio. In Venegia, Francesco d’Asola, 1544, in-8, mar. br. à compart. et entrelacs, tr. dor. Grand papier bleu, avec le monogramme de Maioli sur le plat, et portant au verso du titre un chiffre formé des lettres M P S F doré, entouré et couronné de feuillages : 880 fr.
218.Œuvres de M. de Molière. Paris, Denys Thierry, 1682, 8 vol. in-12, fig., mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.) : 6.500 fr. pour Paillet.
219.Œuvres de Molière. Paris, 1734, 6 vol. in-4, mar. bleu, fil. (Anguerrand). Ex. de premier tirage de la bibliothèque de Lamoignon : 2.050 fr.
240.Œuvres de Maistre François Rabelais. A Lion, par Pierre Estiart, 1571, in-12, titre gr. avec le portrait de Rabelais au verso, mar. citr., milieu de feuillage, laurier et fougère  (Trautz-Bauzonnet) : 350 fr.
242.Œuvres de Maître François Rabelais. Amsterdam, chez J.-F. Bernard, 1741, 3 vol. in-4, front. par Folkema, port. par Tanjé, culs-de-lampe et vign. par B. Picart et 12 estampes gr. par Folkema et Tanjé d’après Dubourg, mar. rouge, larges dentelles, dos ornés (Rel. anc.). Grand papier : 6.100 fr.
247. Lettres d’une Péruvienne. A Peine, s. d., 1747, in-12, mar. bleu, fil., dos orné, tr. dor., aux armes d’Amelot de Beaulieu : 1.450 fr. pour Quentin-Bauchart.
250. La Nouvelle Héloïse. A Neuchâtel, 1764, 4 vol. in-8, front. de Cochin, grave par de Longueil, et fig. de Gravelot, gravées par Saint-Aubin, Le Mire, Choffard, etc., mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor., aux armes du duc de Choiseul-Stainville : 600 fr.
255. Mémoires historiques et secrets, concernant les amours des rois de France. Paris, vis-à-vis le cheval de bronze (Amsterdam), 1739, pet. in-12, mar. rouge, fil., dos orné (Derome) : 200 fr. pour le comte de Mosbourg.
256. Les Cent Nouvelles nouvelles. Cologne, chez Pierre Gaillard (Holl.), 1701, 2 vol. pet. in-8, mar. rouge, fil., dos ornés (Rel. anc.) : 255 fr. pour Champ-Repus.
263. Il Decamerone di Giovanni Boccaccio. Londra (Parigi), 1757, 5 vol. in-8, réglés, port., fig. et culs-de-lampe de Gravelot et Cochin, gravés par Le Mire, etc., mar. vert, larges dentelles, doublés de tabis, dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Pixerécourt : 1.400 fr.
265. Hypnerotomachia Poliphili. Venetiis, in aedibus Aldi Manutii (1499), in-fol., fig. sur bois, veau fauve, tr. dor. Reliure du xvie à fond d’or, avec compartiments et entrelacs, admirablement conservée ; la figure représentant le « Sacrifice » est intacte : 14.800 fr. pour le comte de Mosbourg.
303. Lettres de Madame de Maintenon. Amsterdam, aux dépens de l’éditeur, 1756, 9 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor. aux armes de la comtesse d’Artois : 1.020 fr. pour le comte de Mosbourg.
305. Lucien, de la traduction de N. Perrot, sieur d’Ablancourt. Amsterdam, P. Mortier, 1709, 2 vol. pet. in-8, front. gr. et fig., mar. r., fil., dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de la bibliothèque de J.-J. De Bure : 350 fr. pour Emeric.
306. M. Tullii Ciceronis opera, cum delectu commentariorum. Parisiis, apud Joan. Bapt. Coignard et Guerin, 1740-1742, 9 vol. pet. in-fol., front. gr., mar. rouge, fil., tr. dor. aux armes du chancelier d’Aguesseau. Un des 25 sur grand papier de format petit in-folio : 2.000 fr.
312. Œuvres complètes d’Alexis Piron. Paris, 1776, 7 vol. in-8, port. dess. et gr. par Saint-Aubin, d’après Caffieri, mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor., pap. de Holl. Aux armes de Hue de Miromesnil : 400 fr.
324. Essai géographique sur les Isles Britanniques. (Paris), 1757, in-4, titre gravé, cartes, vignettes et culs-de-lampe, mar. rouge, larges dent., tr. dor., aux armes de Madame de Pompadour, avec les trois tours argentées sur fond de maroquin bleu : 1.100 fr.
327. Mémoires du chevalier d’Arvieux. Paris, 1735, 6 vol. in-12, mar. rouge, fil., tr. dor., aux armes et aux chiffres du roi Louis XV : 290 fr. pour le comte de Fresne.
338. La Mer des hystoires. Imprimé par maistre Pierre Le Rouge, imprimeur du roy, (Paris, 1488), 2 vol. gr. in-fol. goth. à 2 col. de 50 lignes, fig. sur bois, mar. rouge, dent., dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.) : 1.280 fr. pour Ellis.
359. Histoire du clergé séculier et régulier, des congrégations de chanoines et de clercs, et des ordres religieux de l’un et de l’autre sexe qui ont été établis jusques à présent. Amsterdam, 1716, 4 vol. in-8. – Histoire des ordres militaires ou des chevaliers des milices séculières ou régulières de l’un et de l’autre sexe. Amsterdam, 1721, 4 vol. in-8. Ensemble 8 vol. in-8, front. de B. Picart et nombreuses fig., mar. rouge, filets (Derome le jeune), grand papier : 6.020 fr. pour le comte de Mosbourg.
360. Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, et des congrégations séculières de l’un et de l’autre sexe, qui ont été établies jusqu’à présent, avec des figures (800) qui représentent tous les différens habillemens de ces ordres et de ces congrégations. Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1714-1719, 8 vol. in-4, fig. de Thomassin, Duflos, etc., mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor., aux armes de Jean-Jacques de Mesmes, comte d’Avaux : 845 fr.
385. C. Julii Caesaris quae exstant, cum selectis variorum commentariis. Amstelodami, ex officina Elzeviriana, 1661, in-8, titre gravé, fig., mar. rouge, comp., dorure à petits fers, aux armes et aux chiffres de Du Fresnoy : 3.419 fr. pour le comte de Mosbourg.
386. C. Julii Caesaris quae exstant omnia. Lugd. Batav., 1713, in-8, réglé, front. gr., cartes et fig., mar. rouge, fil., dos orné, doublé de mar. rouge, dent. (Boyet). Ex. de Coulon et de F. Didot : 1.285 fr.
391. C. Suetonii de XII Caesaribus libri. Lugd. Batav., 1656, in-8, titre gravé, mar. rouge, comp., dorures à petits fers, tr. dor. Aux armes et aux chiffres de Du Fresnoy : 1.800 fr.
396. Nouvel abrégé chronologique de l’Histoire de France. Paris, Prault, 1752. – Supplément au Nouvel abrégé chronologique. Paris, Prault, 1756. 2 vol. in-4, réglés, 36 vignettes d’après Cochin, mar. rouge, larges dentelles, doublés de tabis, dos fleurdelisés, tr. dor. Aux armes du roi Louis XV. Ex. auquel on a ajouté 240 portraits gravés par Desrochers et 2 grandes planches gravées par Gasp. Bouttats : 4.350 fr. pour Richard Lyon.
405. Mémoires de messire Philippe de Commines. Paris, 1747, 4 vol. in-4, front. gravé, mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor. (Derome), grand papier :4.110 fr. pour le comte de Lignerolles.
409. Anecdotes de la cour de François Ier , par Mademoiselle de Lussan. Londres, 1748, 3 vol. in-12, mar. vert, fil. tr. dor. Aux armes de Madame de Pompadour : 255 fr.
429. Mémoires de Maximilien de Béthune, duc de Sully. Paris, 1747, 3 vol. in-4, front. gravé, fleurons et vignettes d’après Gravelot, mar. vert, dent., dos orné, tr. dor., aux armes de Madame de Pompadour : 3.040 fr. pour le comte de Foy.
430. Mémoires de Maximilien de Béthune, duc de Sully. Paris, 1763, 8 vol. in-12, port., mar. bleu, fil., doubl. de tabis, dos ornés, tr. dor. Aux armes et aux chiffres du roi Louis XV. De la bibliothèque de Pixerécourt : 3.750 pour Richard Lyon.
446. Histoire du roy Louis le Grand par les médailles, emblèmes, devises, etc. Paris, 1689, in-fol., titre gr., 61 planches, mar. rouge, fil., doublé de mar. rouge, dent. int., tr. dor., aux armes du prince de Conti : 1.300 fr.
447. Mémoires du comte de Brienne. Amsterdam, 1719, 3 vol. in-12, gr. pap., mar. bl., dent., dos ornés (Rel. anc.). Ex. de Méon : 240 fr.
453. Mémoires de M. de la Porte, premier valet de chambre de Louis XIV. Genève, 1756, pet. in-12, mar. rouge, fil., dos orné, gardes de pap. doré, tr. dor. Aux armes de Madame du Barry : 1.080 fr. pour le comte de Mosbourg.
462. Mémoires de la Régence de S. A. R. Mgr le duc d’Orléans, durant la minorité de Louis XV. La Haye, 1729, 3 vol. in-12, portr., fig. et fleurons gravés d’après B. Picart, mar. vert clair, fil., tr. dor. (Derome). Ex. de Pixerécourt : 1.120 fr. à Quentin-Bauchart.
472. Mémoires pour servir à l’histoire de Louis, Dauphin de France, en 1758. Paris, 1777, 2 vol. in-12, mar. citron, fil., tr. dor. (Derome). Ex. de Méon et de Pixerécourt : 300 fr.
480. Histoire de la Milice françoise. Amsterdam, 1724, 2 vol. in-4, fig., mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.), grand papier : 245 fr. pour Édouard Bocher.
487. Histoire civile et politique de la ville de Reims, par Anquetil. Reims, 1756, 3 vol. in-12, front. gr., mar. rouge, riches et larges dentelles, doublés de tabis, dos ornés, tr. dor., aux armes de Joly de Fleury. Le frontispice du tome I est tiré sur satin : 910 fr.
527. Histoire de la conqueste du Mexique ou de la Nouvelle Espagne. Paris, 1704, 2 vol. in-12, réglés, fig., mar. bleu, doublé de mar. rouge, dent., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de Madame de Chamillart, avec ses armes à l’intérieur et son chiffre à l’extérieur : 3.500 fr.
534. Armorial des principales maisons et familles du royaume, par Dubuisson. Paris, 1757, 2 vol. in-12, nombreux blasons, mar. rouge, fil., larges dentelles, doublés de tabis, dos ornés, tr. dor. Aux armes et aux chiffres de la reine Marie Leczinska, peints sur les plats dans des médaillons bordés de maroquin vert et recouverts de talc : 2.000 fr. pour Richard Lyon.
552. Valerius Maximus. Venetiis, in aedibus Aldi, 1534, in-8, mar. br. à compart., initials peintes en or et en couleur, tr. dor. (Grolier). 1 des 6 ex. de Grolier possédés par Gosford : 1.960 fr.
558.Œuvres du seigneur de Brantome. La Haye, 1740, 15 vol. pet. in-12, front. gravés, mar. citr., fil., dos ornés, tr. dor., aux armes de Madame de Pompadour : 2.420 fr. pour le comte de Mosbourg.
559. Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec leurs portraits au naturel, par Charles Perrault. Paris, 1696-1700, 2 tomes en 1 vol. in-fol., front. gravé, portraits gravés par Edelinck et autres, mar. rouge, fil., dos orné, tr. dor. (Derome) : 2.800 fr. pour Richard Lyon. 







Deux ans plus tard, du 21 avril au 2 mai 1884, eut lieu la vente de Londres : Catalogue of the fine, extensive and valuable library of the Rt. Hon. The Earl of Gosford (London, G. Norman & Son, 1884, in-8, vii-175-xxxiv p., 3.363 lots). Elle a produit exactement. £ 11.318 5 s. 6 d.






Le lot le plus remarquable fut un exemplaire du tome 1er seul, sur papier, de la Bible de Gutenberg, adjugé £ 500 à Toovey. Il fut acheté par Lord William Amherst of Hackney (1835-1909), puis successivement par Charles-William Dyson Perrins (1864-1958) en 1908 (Londres, Sotheby’s), par Sir Philip Frere pour £ 22.000 (Londres, Maggs Bros, 1947), par la Californienne Carrie-Estelle Doheny (1875-1958) pour 70.093, 75 $ en 1950.






Cette dernière légua ses collections au Séminaire Saint-John de Camarillo, qui finit par les confier à Christie’s, New York : la Bible fut vendue 5, 39 millions de dollars (avec les 10% de frais), le 22 octobre 1987, au libraire japonais Maruzen, puis fut acquise le 22 mars 1996 par la Keio University de Tokyo. Elle est dorénavant la seule Bible de Gutenberg (incomplète) détenue par le Japon.






Autre lot remarquable : un exemplaire du « First Folio Shakespeare » [nom donné à la première compilation publiée des œuvres de Shakespeare], qui a été adjugé £ 470.

 

 



N° 114. Annotations upon all the books of the Old and New Testament.
London, J. Legatt, 1651, 2 vol. in-fol..
Sotheby's, Londres, 29/10/2009 : £ 4.750

N° 745. Travels in Turkey and back to England.
London, W. Bowyer, 1747, in-fol.
Sotheby's, Londres, 29/10/2009 : £ 8.125



N° 1.206. Acts and monuments of matters most special and memorable happening in the church.
London, the compagny of stationers, 1684, 3 vol. in-fol.
Sotheby's, Londres, 29/10/2009 : £ 5.250




N° 2.614. A voyage performed by the late earl of Sandwich round the Mediterranean.
London, T. Cadell Jun. and W. Davies, 1799, in-4.
Sotheby's, Londres, 29/10/2009 : £ 9.375




N° 2.852. Strafford. Letters and dispatches.
London, W. Bowyer, 1739, 2 vol. in-fol.
Sotheby's, Londres, 29/10/2009 : £ 7.500


N° 3.183. Sawyer. Memorials of affairs of state in the reigns of Q. Elizabeth and K. James I.
London, W. B. Fort T. Ward, 1725, 3 vol. in-fol.
Sotheby's, Londres, 29/10/2009 : £ 2.750


Aujourd’hui, un certain nombre d’exemplaires ayant appartenu au 3e comte de Gosford sont à la Pierpont Morgan Library, à New York : 


Anthologia epigrammatum graecorum. Florentiae, 1494.
Aux armes de De Thou et de sa seconde femme.



Liber psalmorum. Parisiis, 1582.
Relié pour le roi Henri III.



Heures nouvelles. Paris, s.d.


Caesaris opera. Amstelodami, Elzevier, 1661.
Armes et chiffre de Dufresnoy.


James Thomson. The Seasons. London, 1779.




 




          
   
  







  









 














 


          
   
  







  









Du Fay, le premier « curieux » en fait de livres ?

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D’une très ancienne famille originaire de Touraine, qui avait fait profession des armes sans discontinuation depuis la fin du xve siècle, Charles-Jérôme de Cisternay du Fay naquit à Paris le 2 juillet 1662, fils de Catherine Duret et de Charles de Cisternay (+ 27 novembre 1686), seigneur du Fay, Gencien et la Garenne, qui était capitaine des gardes de Armand de Bourbon, 1er prince de Conti et frère du Grand Condé. Quoique homme de guerre, Charles de Cisternay s’entêta de chimie, et dépensa beaucoup d’argent dans le dessein de parvenir à la réalisation de la pierre philosophale.

Charles-Jérôme de Cisternay du Fay fit ses études au collège de Clermont [aujourd’hui lycée Louis-le-Grand, Ve]. Dès cette époque, il manifesta son goût pour les livres. Après avoir fini sa philosophie, il suivit la carrière militaire, mais chaque fois qu’il allait en Flandre ou en Allemagne, il rapportait des trésors littéraires.






Il était alors lieutenant aux gardes françaises, régiment d’infanterie, quand il eut la jambe gauche emportée par un boulet, au honteux bombardement de Bruxelles, qui eut lieu du 13 au 15 août 1695, ce qui lui valut la décoration de l’ordre militaire de Saint-Louis. Ayant atteint sa quarantième année, il commença à étudier le grec, afin de pouvoir lire les ouvrages écrits en cette langue qu’il se procurait.


Capitaine aux Gardes françaises en 1697


Après avoir obtenu le grade de capitaine en 1705, il finit par être obligé de renoncer au service, à cause de son handicap.

Du Fay se forma alors une très belle bibliothèque. Économe sur tous les autres objets de sa dépense, il ne ménagea rien pour se procurer les livres qui lui manquaient ou dont il avait envie.

« Il s’adonna à la curiosité en fait de livres, curiosité qui ne peut qu’être accompagnée de beaucoup de connaissances agréables pour le moins. Il rechercha avec soin les livres en tout genre, les belles éditions de tous les pays, les manuscrits qui avaient quelque mérite outre celui de n’être pas imprimés, et se fit à la fin une bibliothèque bien choisie et bien assortie, qui allait bien à la valeur de 25,000 écus. Ainsi il se trouva dans Paris un capitaine aux gardes en commerce avec tous les fameux libraires de l’Europe, ami des plus illustres savans, mieux fourni que la plupart d’entre eux des instrumens de leur profession, plus instruit d’une infinité de particularités qui la regardaient. » [sic]
(« Éloge de Du Fay » In Œuvres de Fontenelle. Paris, Salmon, 1825, t. II, p. 385) 

En 1723, Du Fay fut victime d’un accident vasculaire cérébral, responsable d’une hémiplégie. Le comte d’Hoym, ministre plénipotentiaire à Paris du roi de Pologne, apprit que le cabinet de Du Fay pourrait être à vendre. Alors que le catalogue de la bibliothèque était paru, il voulut faire acheter en bloc cette collection par le roi de Pologne et écrivit à son secrétaire, Thioly, le 18 juin 1723 :

« Cette petite bibliothèque, qui est inférieure en nombre de volumes à celle du feu baron de Hohendorff [Bibliotheca Hohendorfiana. La Haye, Abraham de Hondt, 1720, 3 t. en 1 vol. in-12], que l’Empereur [Charles VI] a achetée, je crois, 150 000 florins et que le Roi a tant regrettée, est infiniment supérieure pour le choix et la rareté des livres, et l’on peut assurer hardiment que c’est une collection unique en Europe, et il seroit impossible d’en faire à présent une pareille à aucun prix.

Il ne l’auroit pas donnée autrefois pour 200 000 livres monnoie forte ; mais à présent qu’il est infirme par l’accident de la paralysie, dont il a été frappé il y a quelques mois, et que d’ailleurs il songe à établir ses enfans, je crois qu’on en pourroit avoir bonne composition. Je crois que c’est une chose qu’il ne faudroit pas manquer, car c’est une collection unique, et le prix est pour ainsi dire au-dessous du modique. » [sic]

(Vie de Charles-Henry comte de Hoym. Paris, Techener, 1880, t. I, p. 152)




Le catalogue avait été publié par le libraire Gabriel Martin, sous le titre de Bibliotheca Fayana, seu catalogus librorum bibliothecæ ill. viri d. Car. Hieronymi de Cisternay du Fay, gallicanæ cohortis prætorianorum militum centurionis [Catalogue des livres de la bibliothèque de très illustre homme Charles Jérôme de Cisternay du Fay, capitaine aux gardes françaises] (Paris, Gabriel Martin, 1725, in-8, [12]-xxij-450-107*-[2]-[1 bl.]-[51]-[1 bl.] p., 4.414 lots + 31 numéros doublés) : 1.618 lots pour l’Histoire, 1.396 lots pour les Belles-Lettres, 841 lots pour la Théologie, 446 lots pour les Sciences et les Arts, 113 lots pour la Jurisprudence.

La préface, en latin, qui est de l’abbé Michel Brochard, professeur au collège Mazarin, nous apprend que Du Fay étudia principalement l’histoire et les poètes latins au collège de Clermont, et que Virgile, Horace et Térence étaient ses auteurs de prédilection ; qu’il était d’une charmante physionomie, doux et grave dans la conversation, parfois aussi très gai, très plaisant, bien que généralement silencieux ; qu’il s’était toujours montré fort communicatif, pour ses amis, des trésors littéraires qu’il avait amassés ; qu’un mutuel amour des livres rapprocha Brochard et Du Fay à partir de 1700.






Le portrait frontispice de Du Fay, gravé par Pierre-Imbert Drevet (1697-1739), le fils, d’après Hyacinthe Rigaud, porte ses armoiries



[Écartelé : au 1, d’azur, au dragon ailé d’or, armé et lampassé de gueules ; au 2, bandé d’argent et de gueules de six pièces ; au 3, d’azur, à la tour crénelée d’argent, ajourée et maçonnée de sable ; au 4, d’argent, à quatre fasces vivrées de gueules, à la bande brochante d’azur semée de fleurs de lis d’or, qui est de Gencien] et la devise : « Me læsit Mavors, læsum mulsere Camœnæ » [Mars (i.e. la guerre) m’a blessé, les Camènes (i.e. les Muses) ont adouci ma blessure].






La vignette de la page de titre, gravée par Jean-Baptiste Scotin (1678-v. 1730), représente un cabinet où Minerve assise soutient un écu frappé d’une étoile, enseigne de Gabriel Martin, portant la devise « Per umbras stella facem ducens » [Une étoile rayonne au milieu des ténèbres], tirée de L’Énéide de Virgile (livre II, vers 693-694),  et consulte la Bibliotheca Fayana ; elle est accompagnée de deux putti dont l’un consulte quatre catalogues de vente antérieurs, dus à Gabriel Martin (Charles Bulteau, 1711 ;  Étienne Baluze, 1719 ; Philippe de La Coste, 1722 ; Claude Fessart, 1724).

Le catalogue est complété par une « Clavis notarum, quibus varia Librorum ligatura distinguitur », par un « Indiculus librorum, quos è Bibliotheca distractos in usum suum servat D. du Fay filius, Regia Scientiarum Academiae Socius ; qui hac de causa auctioni non exponentur » [203 lots distraits en apparence parce qu’on n’osait les vendre publiquement, ont été vendus dans une assemblée particulière indiquée aux amis dans la maison même de Madame Du Fay en septembre 1725, son fils faisant fonction de crieur et d’huissier] et par un « Index Auctorum ».

Après la réception du catalogue, le président Jean Bouhier (1673-1746) écrivit à l’avocat Mathieu Marais (1665-1737) le 3 juillet 1725 : « Cela sent moins le savant que le bibliomane ». Marais lui répondit le 8 : « Le jugement que vous portez du catalogue de M. du Fay est excellent : ce n’est pas une bibliothèque, c’est une boutique de livres curieux faite pour vendre et non pour garder ». Il semble que le sentiment bibliophilique leur avait échappé : « Les livres de cette riche bibliothèque furent vendus à des prix bien supérieurs à ceux des ventes de tous ces temps-là. Il paroît que Du Fay étoit difficile sur le choix de ses exemplaires, et fort curieux de belles reliures. » (In Catalogue de la bibliothèque d’un amateur. Paris, Renouard, 1819, t. III, p. 246)


Les livres de Du Fay, extrêmement bien reliés par Duseuil, Padeloup et Boyet, avaient en général des dos à la grotesque ; beaucoup aussi avaient le beau fleuron à palmes attribué à Duseuil, ou celui pointillé ou à jour de Boyet. Du Fay possédait en outre 6 reliures de Grolier.

921. Corpus juris civilis. Amstelodami, Elzevir, 1664, 2 vol. in-8, m. r.: 30 liv. [reliure de Boyet, sur laquelle Hoym fit mettre ses armes ; 1.300 fr. à la vente Brunet, 1868, n° 76]
1.742. Horatii Opera, cum annotat. & figuris. Argentinæ [Strasbourg], Reinhardus [Johann Gruninger], 1498, in-fol., v. f., exemplar Grolierii. 16 liv. [cat. Hoym n° 1.893]

1.828. Vidæ Christiados libri sex. Cremonæ, in ædibus Divæ Margaretæ, Ludovico Britanno Impressore, 1535. in-4. m. v. exemplar Grolierii. 26 liv. 2 s. [acheté par Pissot]

1.929. Le Chevalier deliberé, en vers, comprenant la mort du duc de Bourgogne qui trépassa devant Nancy en Lorraine : avec figures. Impr. en lettres gotiq., in fol., v.: 4 liv. [reliure de Boyet ; 16.100 fr. à la vente Ganay, 1881, n° 98]
2.160. Les Œuvres de Me. Fr. Rabelais, nouvelle édition avec des remarques historiques & critiques (par M. le Duchat :) avec figures. Amsterdam, Desbordes, 1711, 5. vol. in 8. G. P. m. r.: 60 liv. [reliure de Boyet ; 14.000 fr. à la vente Ganay, 1881, n° 168]
2.364. La tres élegante, delicieuse, melliflue & tres plaisante Histoire de Perceforest Roy de la Grand Bretaigne, fundateur du franc Palais & du Temple du Souverain Dieu ; où l’on pourra veoir la source & decoration de toute Chevalerie ; avec plusieurs Propheties, Comptes d’Amans &c. Paris, Galiot du Pré. 1528. 6. tomes en 3. vol. in fol. v. f. Exemplar Grolierii. 158 liv. [vient de la bibliothèque du comte de Toulouse ; acheté par G. Martin ; acquis par Cigongne à la vente du roi Louis-Philippe, en 1849, pour 1.260 fr.]
2.731. Franc. Philelfi Epistolarum libri 37. Venet. Greg. de Gregoriis, 1502. in fol. v. f. Exemplar Grolierii. 50 liv. [acheté par G. Martin ; cat. Hoym n° 3.136]
3.112. Guidonis de Columna, Messanensis, Trojana Historia. Argentinæ, 1494. in fol. v. Exemplar Grolierii. 5 liv. 8 s.
3.263. Historie Fiorentine, di Nicolo Machiavelli, dal principio di Firenze infino al 1492. Venetia, apresso Aldo, 1540. in 8. m. r. Exemplar Grolierii. 15 livres. [acheté par G. Martin ; cat. Hoym n° 3.682]   

Du Fay mourut le 24 juillet 1723, laissant une veuve, Élisabeth Landais, et un fils, Charles-François de Cisternay du Fay 1698-1739), qui fut premier intendant du Jardin des plantes et reçu en 1733 à l’Académie des sciences.  

« La Bibliothéque de feu M. du Fay passoit pour l’une des plus singulieres de Paris, non seulement par rapport à la condition des Livres & à l’élégance des reliures ; mais sur tout, par rapport au choix des meilleures éditions, & à l’assemblage de ce qu’il y avoit de plus curieux, de plus rare & de plus cher en chaque genre de littérature. On peut dire que cette Bibliothéque soûtient merveilleusement sa réputation, dans le Catalogue, que nous en donne le sieur Martin, déjà connu par divers ouvrages de cette espéce, qui lui ont fait honneur. Il a eu soin, dans celui-ci, d’exposer aux yeux du Public les Livres de M. du Fay dans tout leur lustre ; c’est-à-dire, qu’outre les titres, qui sont détaillez avec la dernier exactitude, & rangez dans l’ordre le plus méthodique suivant les différentes matiéres ; il a même fait mention de la maniere dont chaque volume est relié : & ils le sont presque tous en maroquin de diverses couleurs, ou en veau soit fauve, soit marbré ; ce qui ne pique pas médiocrement la curiosité de ceux, que possede la Bibliomanie.
Selon l’idée générale, que nous donnons ici de cette Bibliothéque ; il ne faut pas s’attendre d’y trouver des suites bien complettes, dans ce qui s’appelle les Facultés scientifiques. Les deux Classes qui fournissent le plus, sont celles des belles-Lettres & de l’Histoire. Parmi les Livres de belles-Lettres, les Poëtes, les Livres de Chevalerie & les autres Romanciers, font le plus grand nombre, & rappellent à eux la principale attention. Aussi M. du Fay avoit-il fait une étude particuliere de ces sortes de livres, assez peu connus vulgairement ; & il n’avoit épargné ni peine ni dépense, pour les rassembler dans son cabinet. Les Poëtes Grecs & les Latins s’y trouvent presque tous, & des meilleures éditions. […]
Ce Catalogue renferme 4414. articles, qui font environ 6500. volumes de toutes grandeurs. Ces volumes, sans égard à leurs différentes formes, sont rangés chacun dans la Classe à laquelle doit se rapporter la matiére dont il traite. Nous ne finirions pas, si nous voulions entrer ici dans le détail des Livres singuliers, qui sont une des principales richesses de cette Bibliothéque. Nous remarqueront seulement, que ces Livres, (si l’on en excepte ceux qui empruntent leur relief de la correction & de la beauté des Editions,) ne sont recommandables que par la rareté, qui les a mis à un prix excessif ; & qu’un moyen infaillible de les faire tomber & de les réduire à leur juste valeur, seroit de les réimprimer.
Nous en avons déjà vû quelques exemples dans le Cymbalum mundi, dans le Petit-Jean de Saintré, dans quelques vieux Poëtes François, tels que Cretin, Coquillart, Jean Marot, du Molinet& quelques autres, dont les Poësies, à l’exception d’un très-petit nombre de piéces, sont des plus fades & des plus ennuyeuses.
Les lettres de Pierre Dauphin, (qu’on trouve ici à l’article 2729.) & qui dans quelques ventes de Bibliothéques, ont été poussées à des prix exorbitans, ne font que la moindre partie des ouvrages de ce genre, composez par ce Camaldule Venitien, & qui sont ensevelis dans l’obscurité d’une Bibliothéque, d’où l’on ne daigne pas les tirer, pour les mettre au jour ; ce qui prouve le peu d’estime, qu’on en fait.
En quoi consiste, par exemple, le mérite du Livre intitulé Hieronymi Morlini Novellæ (article 2252.) qui fut donné il y a quelques années pour cent sols, à la vente d’une Bibliothéque, par des Libraires qui ne le connoissoient pas, & qui sera peut-être vendu cent francs, à celle-ci ? Tout ce mérite roule uniquement sur l’extrême rareté de ce Livre, & sur la circonstance singuliere, qu’étant un amas fastidieux des plus grossiéres obscénitez, il a neanmoins été imprimé à Naples en 1520. avec privilege du Pape & de l’Empereur pour dix ans.
Le Spaccio della bestia trionfante de Jordano Bruno, autre Livre qui n’a point de prix, (& qu’on ne trouve ici que manuscrit, (n°. 822) n’est qu’un galimathias inintelligible, & par conséquent un ouvrage très-méprisable.
Qu’on parcoure tous les Livres de cette catégorie, & l’on reconnoîtra que la plûpart ne sont devenus rares, que parce qu’on n’en a pas multiplié les exemplaires par des réimpressions ; & que s’ils n’ont pas été réimprimez, c’est qu’ils n’en valoient pas la peine. Par la raison des contraires, il ne doit point y avoir de Livres plus communs que les bons Livres ; & c’est aussi ce que l’expérience justifie tous les jours.
On trouve à la tête de ce Catalogue, le portrait de feu M. du Fay, gravé par Drévet d’après l’original de Rigaud ; et un Systême bibliographique dressé très-méthodiquement& très-exactement par le sieur Martin. […] » [sic]
(In Le Journal des sçavans pour l’année M. DCC. XXV. Aoust. Paris, P.-N. Lottin et H. D. Chaubert, 1725, p. 516-518)

Un journaliste du temps essaya de plaisanter sur les livres, leur propriétaire et sur l’abbé Brochard :

« Cet excellent Catalogue a été dressé par le Sr. Martin, Libraire de Paris, qui a du sçavoir, & qui a sur tout une parfaite connoissance des Livres. M. du Fay étoit un célébre Bibliophile, un véritable amateur. L’Abbé Brochard, autre Bibliophile, mais d’une espece differente & qui possede, dit-on, un très beau cabinet de Livres, est l’Auteur de la Preface qui est à la tête du Catalogue dont il s’agit. Il nous apprend que M. du Fay aimoit les Livres avec une passion demesurée. Huic cupiditati, ne dicam βιβλιομανία, ita indulsit, ut in cæteris impensis diligens & attentus, in colligendos rarissimos quosque codices aurum plenis manibus ultro profunderet. Il se mit à apprendre le Grec à l’âge de 40. ans, afin de pouvoir sans honte faire emplette des bonnes éditions des Auteurs Grecs ; sans quoi il auroit ressemblé un peu à ces riches Partisans, qui achettent la Polyglotte & les Peres de l’Eglise pour en décorer leurs cabinets & les tapisser à la mode. M. du Fay ne voulut donc pas qu’on put lui reprocher, au moins par raport au Grec, ce qu’on auroit pu lui objecter touchant ses belles Editions Hebraiques. M. l’Abbé Brochard eut le zèle industrieux de lui donner un excellent Maître, accito græcarum litterarum peritissimo magistro. Ce sçavant du College Mazarin parloit ainsi de lui-même : on ne pourroit qu’admirer la modestie qui lui sied si bien.
Au reste cette fameuse Bibliotheque de M. du Fay se distingue de toutes les autres par un recüeil assez rare des plus curieux Romans anciens, & sur tout des Livres de Chevalerie. Si l’on demande quel est le mérite de ces sortes de Livres & à quoi ils servent ; il faut repondre, qu’ils sont si bons, qu’aucun Libraire n’a jugé à propos de les réimprimer. Leur rareté fait leur prix. Consolez vous donc, mauvais Auteurs de ce siécle, Poëtes infortunés, dont personne n’achete les ouvrages. Lorsqu’ils auront été vendus à la rame par vos Libraires, quelques exemplaires auront peut-être le bonheur d’échapper à leur vile destination ; & un jour viendra que ces exemplaires seront recherchez par les futurs Bibliophiles. Mais malheur à vous, si quelque Coutelier des siécles à venir s’avise de vous réimprimer. Vous aurez le sort de Cretin, de Fai-feu, de Coquillart, &c. vous retournerez chez l’Epicier, si vous ne pourrissez pas dans le Magasin.
M. du Fay étoit non seulement curieux des belles éditions, mais encore des belles reliures, presque tous ses Livres étoient couverts de maroquin rouge, vert, bleu, jaune, ou au moins de veau fauve. Croiroit-on que le luxe put s’étendre sur les Livres mêmes ? On assure que cette Bibliotheque, ou plutôt ce Cabinet, dont la vente en détail a été ouverte vers la fin du mois de Juin, a été vendu très cherement. On s’est imaginé qu’un Livre, qui avoit apartenu à un homme qui aimoit les Livres rares, ne pouvoit être commun.
Ceux qui veulent connoître les belles éditions en tout genre & les Romans anciens, qu’on prise pour leur rareté, doivent se pourvoir du Catalogue dont nous parlons. » [sic]
(In Bibliothèque françoise, ou Histoire littéraire de la France. Amsterdam, Jean-Frédéric Bernard, 1726, janvier-février, p. 53-55)

Les principaux acquéreurs furent Rothelin, Caumartin, Saint-Ange, Hallé, Voltaire, Lorangère, etc., et surtout le comte d’Hoym. Celui-ci fit acheter à cette vente pour 25.339 livres et 4 sols de livres par Gabriel Martin, et paya par acomptes du 11 juin au 20 décembre :


« Ce fut à la vente de Du Fay que le comte de Hoym fit ses plus nombreuses acquisitions. On peut, en comparant les prix des deux catalogues, voir comment il savoit payer les livres qui lui convenoient. Pour en citer un exemple, le Villon de 1532, annoté par Ménage, qui se vendit chez lui (n° 2254) 8 liv. 10 s., lui avoit coûté 43 liv. 1 s. chez Du Fay [n° 1.913] (Ce même exemplaire étoit chez le président Bernard de Rieux. Il se vendit à sa vente, en 1747 (n° 1523), seulement 9 liv. 1 s.). Quelques ouvrages, il est vrai (le Triomphe de très haute dame Verolle, par ex., qui lui coûtoit 17 liv. et se vendit chez lui 72), atteignirent à sa vente un prix plus élevé que chez Du Fay, mais ils sont en petit nombre. […]

Il est fâcheux que Gabriel Martin et les autres anciens libraires n’aient pas indiqué, dans leurs catalogues, l’origine des exemplaires quand cette origine étoit facile à connoître, comme, par exemple, quand la reliûre portoit un fer armorié connu. » [sic]

(Claude Gauchet. « Centième anniversaire de la vente de la bibliothèque de M. Charles Henry, comte de Hoym. » In Bulletin du bibliophile. Paris, Techener, mai 1838, p. 152-153)


Le 29 janvier 1726, Hoym racheta à Madame Du Fay pour 551 livres et 10 sols de livres omis ou retirés, et pour 250 livres d’autres livres et manuscrits sur la magie, cabale, etc., à Ramsey, qui les avait achetés à la vente.

On a dit que la bibliothèque et les reliures d’Hoym étaient la bibliothèque et les reliures de Du Fay, sur lesquelles Hoym n’avait fait qu’ajouter son fer armorié ; en réalité, les livres provenant de chez Du Fay représentaient, comme valeur, moins du quart de la bibliothèque d’Hoym, et probablement beaucoup moins comme nombre.





Quelques bibliothèques, dont celle de Du Fay, semblent montrer que la bibliophilie française commença, au début du xviiie siècle, à s’affranchir du modèle « savant » de Gabriel Naudé et de son Advis pour dresser une bibliothèque (1627), qui avait dominé jusqu’alors, pour s’installer progressivement dans le modèle « curieux », qui s’imposa définitivement avec De Bure « le Jeune » et sa Bibliographie instructive (1763-1768).















Les Fondateurs et les Premiers Sociétaires de la Société des Bibliophiles français

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« MM. de Chateaugiron, de Pixerécourt, Walkenaer, de Malartic, Durand de Lançon, Berard, Edouard de Chabrol, & de Morel-Vindé, tous Amateurs de Livres et Possesseurs de Bibliothèques, ayant conçu le projet de former une Société dont le but serait de faire imprimer des Ouvrages inédits ou de faire réimprimer des Ouvrages devenus très-rares, ont arrêté les Statuts suivants :
Article 1er .
La Société prend le nom de Société des Bibliophiles Français [« François » à partir de 1846]. Elle est fondée à dater du 1er janvier 1820.
Le nombre de ses Membres est fixé à vingt-quatre ; elle pourra néanmoins s’adjoindre cinq Associés étrangers.
Art. 2.
Aucune personne faisant le commerce de Livres ne pourra être admise dans la Société.
Art. 3.
Pour faire partie de la Société, il faudra être présenté par deux de ses Membres.
L’admission aura lieu au scrutin secret et sans ballottage : le scrutin sera réitéré jusqu’à ce qu’un des candidats ait réuni la majorité absolue des suffrages des Membres présents.
Art. 4.
La Société nommera un Président, un Secrétaire et un Trésorier, qui, réunis, formeront le Conseil d’Administration.
Ils sont élus pour un an.
Art. 5.
Il y aura chaque année deux assemblées générales, l’une au mois de Mars et l’autre au mois de Décembre.
Pour des motifs imprévus, le Président, et en son absence le Secrétaire, pourront, dans l’intervalle de l’une à l’autre assemblée, convoquer les Membres de la Société.
Art. 6.
Toute décision sera prise à la majorité des voix des Membres présents et au scrutin secret.
Art. 7.
Toute discussion politique est interdite aux Sociétaires assemblés.
Art. 8.
Tous les ans, dans l’assemblée du mois de Décembre, chaque Sociétaire versera entre les mains du Trésorier la Somme de 100 francs, à titre de Souscription pour l’année suivante.
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux associés étrangers.
Art. 9.
Le Trésorier présentera ses comptes dans l’assemblée générale du mois de Décembre de chaque année ; ils seront discutés et approuvés par la Société.
Art. 10.
Le montant des Souscriptions sera employé à faire imprimer, soit des ouvrages français inédits ou devenus très-rares, soit des ouvrages en langues étrangères, avec la traduction française.
Art. 11.
La Société ne fera imprimer d’ouvrages manuscrits d’auteurs vivants que ceux dont la propriété lui aura été exclusivement garantie.
Art. 12.
La collection publiée par la Société portera le titre général qui suit :

MÉLANGES
PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇAIS.

Toute pièce qui entrera dans la composition d’un volume, sera imprimée séparément, aura sa pagination distincte et un titre particulier : elle sera en outre marquée d’un timbre sec portant le chiffre de la Société.
Chaque volume de la Collection sera indiqué par le millésime de l’année dans laquelle il aura été imprimé : il contiendra le titre général, portant le fleuron de la Société, une table des matières et la Liste des Sociétaires.
Chaque exemplaire portera le numéro et le nom du Sociétaire auquel il appartient.
Art. 13.
Les ouvrages imprimés pour le compte de la Société, seront tous de format Grand In-8°. Rien ne devra être négligé pour atteindre le plus haut degré possible de perfection typographique.
Art. 14.
La Société fera tirer à vingt-quatre exemplaires, destinés aux Membres qui la composent, les volumes qui formeront sa collection.
Un vingt-cinquième exemplaire sera donné à la Bibliothèque du Roi.
Il es sera tiré en outre un pour chaque associé étranger.
Lorsque la Société aura reçu un ouvrage manuscrit inédit, elle pourra en faire imprimer un exemplaire particulier pour la personne de qui elle le tiendra.
Art. 15.
La distribution annuelle des volumes sera faite dans l’assemblée générale du mois de Décembre.
Chaque Sociétaire aura le droit de proposer dans cette assemblée un ouvrage à imprimer.
Une Commission, composée du Conseil d’Administration et de deux Membres, fera son rapport dans l’assemblée du mois de Mars, et la Société votera sur l’acceptation ou le rejet de chaque ouvrage ; l’adoption devra avoir lieu à la majorité des deux tiers de voix.
Art. 16.
L’impression sera surveillée par le Conseil d’Administration et par deux Membres que la Société désignera.
Art. 17.
Tout volume de la collection qui sera exposé dans une vente publique, sera couvert, au nom de la Société, d’une enchère de cent francs.
Art. 18.
Les Procès-Verbaux des Séances de la Société, rédigés par le Secrétaire, seront inscrits sur un registre tenu à cet effet ; ils seront signés du Président, du Secrétaire, et de trois au moins des Membres présents à la Séance. » [sic]



Articles supplémentaires adoptés dans la séance du 4 août 1823 :

« Article 1er.
Si la Société juge convenable de livrer au public un des Ouvrages qui seront entrés dans la collection de ses Mélanges, il pourra être réimprimé, mais dans un format différent de celui de la Collection.
Art. 2.
Le timbre sec qui devait, aux termes de l’Article 12 des Statuts, être apposé sur toutes les feuilles des volumes de la Collection, est supprimé. Chaque pièce à l’avenir sera imprimée sur papier fabriqué exprès au filigrane de la Société. » [sic]

Article supplémentaire adopté dans la séance du 27 juin 1825 :

« A l’avenir, pour être reçu Membre de la Société des Bibliophiles Français, il faudra présenter au moins une pièce susceptible d’être insérée dans ses Mélanges. Il sera fait à la Société un rapport sur les pièces présentées par les divers concurrents. » [sic]

Articles supplémentaires adoptés dans la séance du 9 janvier 1826 :

« Article 1er.
La Société se réunira le premier et le troisième Lundi de chaque mois.
Art. 2.
Tout Membre, résidant à Paris, qui aura passé un an sans assister aux Séances de la Société, et sans avoir fait connaître le motif de son absence, sera censé avoir manifesté le désir de cesser d’en faire partie, et en conséquence il sera remplacé. » [sic]

Article supplémentaire adopté dans la séance du 6 avril 1829 :

« Les Mélanges de la Société seront clos avec le sixième volume, qui sera terminé par une Table générale des matières, et par ces mots : Fin du sixième et dernier volume des Mélanges de la Société des Bibliophiles français. » [sic]

Articles supplémentaires adoptés dans la séance du 1er juin 1829 :

« Article 1er.
A l’avenir, la Société publiera séparément les pièces dont elle aura ordonné l’impression ; ces pièces seront tirées format grand in-8°, pareil à celui de ses Mélanges, à moins que, par des considérations particulières, elle n’en décide autrement.
Art. 2.
Chacune de ces publications aura au moins une feuille d’impression, et dans le cas où le manuscrit adopté ne suffirait pas pour la composer, on le réunira avec un ou plusieurs autres, à peu près du même genre, autant qu’il sera possible, pour que la feuille soit complète.
Art. 3.
Les pièces publiées porteront sur leur titre l’indication suivante : Publié par la Société des Bibliophiles français, le fleuron de la Société [changera en 1882], le millésime, et sur le verso du faux-titre, le numéro et le nom du Sociétaire auquel l’exemplaire appartient.
Art. 4.
La Société, par une délibération conservée dans ses archives, fixera le prix auquel les pièces publiées successivement devront être rachetées par elle, en cas de vente publique.
Art. 5.
Chaque année, la Société publiera séparément une Table indicative de toutes les pièces qu’elle aura fait imprimer dans le cours de cette année, de leur format et du nom de ceux qui les auront publiées. On placera avant cette Table les Statuts et la Liste des Sociétaires.
Art. 6.
Le nombre des pièces qui doivent être publiées chaque année, sera au moins de six ; et le mode de publication sera le même que celui que prescrit le réglement. » [sic]



Les premiers sociétaires furent :

I. le marquis de Châteaugiron, fondateur, président.
II. Guilbert de Pixerécourt, fondateur, secrétaire.
III. Walckenaer, fondateur, trésorier.
IV. Alphonse de Malartic, fondateur.
V. Durand de Lançon, fondateur.
VI. Bérard, fondateur.
VII. Édouard de Chabrol, fondateur.
VIII. le vicomte de Morel-Vindé, fondateur.
IX. 30 janvier 1820. La duchesse de Raguse.
X. 30 janvier 1820. Sensier.
XI. 13 février 1820. Le comte de Noailles.
XII. 13 février 1820. Le baron Hély d’Oissel.
XIII. 27 février 1820. Le marquis Scipion du Roure.
XIV. 27 février 1820. Hippolyte de La Porte.
XV. 27 février 1820. de Monmerqué.
XVI. 27 février 1820. Coulon.
XVII. 27 février 1820. Le duc de Crussol.
XVIII. 3 avril 1820. Le comte d’Ourches.
XIX. 3 avril 1820. Le chevalier Langlès.
XX. 3 avril 1820. Duriez.
XXI. 30 avril 1820. Le marquis Garnier.
XXII. avant avril 1821. Le chevalier Artaud.
XXIII. avant avril 1821. L’abbé de La Bouderie.
XXIV. avant avril 1821. Le comte de Fortia d’Urban.

Associés étrangers :

I.                   1821. Le prince Alexandre Labanoff, à Saint-Pétersbourg.
II.                25 mai 1821. Le comte Spencer, à Londres.
III.             1821. Le révérend Th. Frognall Dibdin, à Kensington.
IV.              9 février 1824. Le comte Orloff, à Paris.
V.                 3 septembre 1827. Le baron de Reiffenberg, à Louvain.
VI.              3 septembre 1827. L’abbé Costanzo Gazzera, à Turin.



Les Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français (Paris, de l’imprimerie de Firmin Didot, 1820-1829, 6 vol. gr. in-8, pap. vél.) se composent de pièces diverses, anciennes et modernes, de différents auteurs, et presque toutes inédites. La collection a été tirée à très petit nombre et pour les seuls membres de la Société. Il n’y a que 26 exemplaires du premier volume, 28 du second et 30 de chacun des autres. Ce recueil ne sera pas continué dans la forme où il a été commencé, mais les membres publieront séparément les ouvrages qu’ils feront imprimer, et toujours au nombre limité.

I. Fils de René-Joseph Le Prestre de Lezonnet (1753-1802), comte de Châteaugiron, et de Agathe de Trécesson, René-Charles-Hippolyte Le Prestre de Lezonnet, marquis de Châteaugiron, est né à Rennes,





 
rue de Corbin, le 17 septembre 1774, dans l’hôtel que sa famille occupait depuis 1731 et qui fut confisqué en 1790, quand son père émigra [aujourd’hui hôtel du Commandement, 10-12 rue de Corbin].

Après avoir passé une partie de sa jeunesse à l’étranger, Hippolyte de Châteaugiron entra au service militaire en 1793, comme aide de camp du général Marceau, et put faire rayer son père de la liste des émigrés.


Celui-ci vendit en 1793 le château de Trécesson, à Campénéac (Morbihan), qui lui venait de sa femme,





offrit en 1794 le donjon et la tour de l’horloge à la municipalité de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine), puis vendit le château et ses dépendances en 1795,


ainsi que ses terres d’Espinay, à Champeaux (Ille-et-Vilaine),





pour s’installer au château du Marais, à Argenteuil (Val-d’Oise), remarquable par ses eaux abondantes et les belles plantations de son parc, et qui appartenait avant la Révolution à Mirabeau.
Suspect comme ancien noble, Hippolyte de Châteaugiron dut quitter l’armée pour faire une carrière diplomatique. Il fut secrétaire de légation, puis d’ambassade à Berlin et à Saint-Pétersbourg. Membre du Conseil général du département de la Seine pour l’arrondissement de Sceaux (1826-1837), il fut élevé à la dignité de pair de France (1835), en considération des services rendus à l’État. Il demeurait à Paris, 4 rue de Castiglione (Ier), ou à Aulnay, hameau de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), près de Sceaux, et était membre de la Société royale des Antiquaires de France.
La bibliothèque du marquis de Châteaugiron, qui disait avec conviction que « les femmes ne sont pas, ne peuvent être bibliophiles » (P.-L. Jacob, bibliophile. « Les Bibliophiles et les Livres ». In Catalogue de livres anciens et modernes rares et curieux de la Librairie Auguste Fontaine. Paris, Auguste Fontaine, 1878-1879, p. IV),  fut « une des belles bibliothèques vendues avant 1830 » (Gustave Brunet. Dictionnaire de bibliologie catholique. Paris, J.-P. Migne, 1860, p. 430) : Catalogue des livres la plupart rares et précieux, et tous de la plus belle condition, faisant partie de la bibliothèque de M. le marquis de CH*** (Paris, J.-S. Merlin, 1827, in-8, [4]-iv-360 p., 2.754 lots).








« Le goût éclairé qui a présidé à la composition de cette Collection, le soin scrupuleux qu’on a vu mettre dans le choix des exemplaires, l’élégance et la richesse des reliûres ont fait regarder depuis longtemps cette bibliothèque comme une des plus belles de la capitale. […]
Nous nous bornerons à indiquer :
Dans la LITTÉRATURE ANCIENNE, les principaux classiques grecs et latins, dont l’Homère de Barnès, n°. 485 ; le Lucrèce de Wakefield, n°. 526 ; l’Horace de Combe, n°. 549 ; le César de Clarke, n°. 1829 ; une suite des éditions dites variorum , exemplaires du plus beau choix, la plupart non rognés, dont le Théocrite de 1699, avec notes autographes de Van Staveren, n°. 498 ; le Plaute de 1684, n°. 603 ; et diverses traductions de ces mêmes classiques, telles que celles de Térence par Mme. Dacier, 1717, gr. pap., et d’Hérodote par Larcher, Ire . et 2me. éditions in-4, pap. de Holl. et pap. vélin.
Dans la LITTÉRATURE FRANÇAISE, les poètes du premier âge, tant dans les anciennes éditions que dans les belles réimpressions modernes, tels qu’Alain Chartier de 1529, sur papier blanc, n°. 671, et sur papier jaune, n°. 672 ; Coquillart de 1599, n°. 674 (rarissime) ; les Fabliaux de M. Méon, de 1806 et de 1823, gr. pap. de Hollande, nos. 655 et 656, etc. ; les éditions les plus estimées du siècle dernier, dont le Molière de Bret, de 1773, non rogné, figures avant la lettre, n°. 903 ; les nouveaux chefs-d’œuvre de la typographie française, la plupart enrichis par M. de Ch… d’ornemens accessoires (lettres autographes des auteurs, portraits et vignettes de tous les genres). Voir les nos. 473 (*), 906, 910, 916, 925, 936, 1023, 1098, 1107, 1120, 1124, 1131, 1174, 1205, 1213, 1425, 1432, 1451, 1454, 1457, 1946, 2706, 2738, etc. ; le Longus, n°. 1137 ; les Mémoires de Grammont de 1772 et de 1792, nos. 1180 et 1181 ; le Rabelais de 1741, non rogné, n°. 1306, etc. ; la nouvelle Héloïse avec notes autographes de Rousseau, n°. 1186 ; et 4 vol. de Voltaire, dont la Henriade, chargés de notes autographes de Voltaire et d’Helvétius, n°. 1449.    
Dans la LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE, Klopstock, n°. 1072, et autres beaux ouvrages allemands ; D. Quichotte, n°. 1245 ;  Milton, n°. 1102, etc.
Dans L’HISTOIRE MODERNE, nombre de productions curieuses du temps de la ligue, et de pièces satiriques du règne de Louis XIV ; une suite de Mémoires et de Recueils relatifs à la fin du règne de Louis XVI, aux diverses époques de la révolution et aux premières années de la restauration.
Dans L’HISTOIRE LITTÉRAIRE, le Journal allemand d’Iéna, 39 vol. in-4, diverses raretés bibliographiques et les beaux ouvrages anglais de M. Dibdin.
Dans les SCIENCES, le Dictionnaire des sciences naturelles, pap. vél., n°. 206 ;  le Buffon, de Sonnini, avec plus de 1000 fig. ajoutées, n°. 208 ; les Insectes de Mlle. de Mérian, dont toutes les figures sont peintes, n°. 233 ; les Insectes de Clerck, en pap. de Holl., n°. 234.
Les ARTS ne le cèdent point aux autres classes de cette Collection. Sans parler de tout ce qui a été ajouté de gravures et de dessins à divers ouvrages, nous rappellerons les nos. 335 à 411, parmi lesquels on distinguera le n°. 339 ; le Recueil de caricatures, n°. 340 ; le Musée dit de Filhol, épreuves choisies, n°. 344 ; la Galerie de Florence, avant la lettre, n°. 345 ; les Vignettes du Racine de M. Didot aîné, n°. 361, et le n°. 401 (les figures de ce numéro sont avant la lettre, sur papier de Chine, bien que le Catalogue n’en fasse point la mention). […]
Il nous semble inutile de parler des ouvrages imprimés à petit nombre, des exemplaires tirés sur des papiers particuliers ou sur peau de vélin. La rareté de ces sortes de livres suffit pour les recommander, bien que la plupart aient d’ailleurs un mérite plus réel ; mais nous ferons remarquer parmi les manuscrits, le n°. 8, Autographe du diacre Pâris ; le n°. 18, Autographe de Mme. de Maintenon ; et les Décades de Tite-Live, superbe manuscrit, décrit au n°. 1812. 
(*) On a omis d’indiquer au Catalogue qu’il a été ajouté à cet ouvrage 25 portraits gravés par Mellan, Savart, Marcenay, Gaucher, Saint-Aubin, Laugier et autres, plusieurs de ces portraits avant la lettre. » [sic]

(« Avertissement », Ibid., p. i-iv)

18. Instruction de Bourdaloue à Madame de Maintenon, in-18, mar. noir, tr. dor. Reliure ancienne. Manuscrit autographe de Madame de Maintenon, qui l’a copié sur l’original : 48 fr. à Pixerécourt.
339. Physiognomical portraits ; one hundred distinguished character, from undoubted originals. London, 1822 and 1823, in-4, 2 vol., d.-rel., dos de cuir de Russie, avec ornemens, non rognés. Thouvenin A. Magnifique exemplaire en gr. pap. vél., fig. avant la lettre, pap. de Chine : 295 fr.
340. Un Recueil de caricatures, en 5 vol. in-fol., d.-rel. Cette collection, composée de plus de 1.300 pièces, forme un monument historique extrêmement curieux. Disposée dans un ordre méthodique et chronologique, elle présente, sous une forme grotesque, le tableau des événemens qui se sont passés en France depuis 1813 : 1.220 fr.
574. Phædri fabularum æsopiarum libri V, nunc primum in lucem editi (à Petro Pithœo). Augustobonæ-Tricassium, Jo. Odotius, 1596, pet. in-12, mar. vert, dent., dos de mar. bleu, riches ornem. en or, tr. dor. 1reédition, rare. Exemplaire qui, au mérite d’une très belle conservation, joint celui d’une reliure de la plus grande élégance. Elle est de Lewis, premier relieur de Londres : 131 fr.
603. M. A. Plauti comœdiæ ; accedit commentarius ex variorum notis et observationibus, recensuit Joh.-Fred. Gronovius. Amst., ex typogr. blaviana, 1684, in-8, 2 vol., mar. bleu, dent., d. de tabis, non rognés. Thouvenin A. Très rare dans cet état : 80 fr.
610. Les Comédies de Térence, avec la traduction et les remarques de Mme. Dacier. Amst., Gasp. Fritsch, 1717, 3 vol. in-12, fig. de B. Picart, mar. r., dent., d. de tabis, tr. dor. Derome. Grand papier, bel exemplaire d’un livre fort rare sur ce papier : 210 fr. à Pixerécourt.
674. Les Œuvres de Guill. Coquillart. Paris, 1597. Imprimé l’an 1598. = Maistre Pierre Pathelin, farce à cinq personnages. Corrigé et imprimé l’an 1599. = Monologue du franc archier de Bagnolet ; par Fr. Villon. = Le Recueil des repeues franches de maistre Françoys Villon et de ses compaignons. = Le Monologue du résolu. = Recueil de poésie récréative. Pet. 1599, in-8, mar. bleu, fil., tr. dor. Cette édition rarissime paraît n’avoir été connue de nos bibliographes que par l’exemplaire de Lair, décrit par Brunet, et le même que nous présentons ici. Sous le seul titre d’œuvres de Coquillart, et sous une pagination commune de feuillets, dont le dernier est coté 285, le volume renferme les poésies de plusieurs auteurs. A la fin de Coquillart, il y a interruption de pagination, et le volume passe du feuillet 162 (qui est blanc) au feuillet 165 : 400 fr. Payé 82 fr. à la vente Lair en 1816.
1.812. Les Décades de Tite-Live, trad. en franç. et présentées à Jehan, roy de France, par frère Pierre Bercœur (Berchoire), prieur de Saint-Éloy. Gr. in-fol., rel. en velours rouge, tr. dor. Superbe manuscrit sur vélin, contenant 300 feuillets de 73 lignes à la page. Il est écrit sur deux colonnes, ornées de lettres initiales en or et en couleur, d’encadrements peints en arabesques, et de 30 magnifiques miniatures. Dans la première des deux grandes miniatures, l’auteur est représenté offrant son livre au roi Jehan, et dans la seconde la suite de son ouvrage au roi Charles VII : 1.200 fr. (adjugé 555 fr. en 1812 à la vente Firmin Didot).
1.820. Polybii historiarum quidquid superest, gr. et lat. Lipsiæ, Weidmann, 1789-1795, 9 vol. –  Supplementum editionis Polybii. Lipsiæ, Weidmann, 1818, 1 vol. : les 10 vol. in-8, pap. de Hollande, mar. bleu, fil., non rognés. Thouvenin A. : 320 fr.
2.546.The Bibliographical Decameron, by T. F. Dibdin. London, Bulmer, 1817, 3 vol. in-8, gr. pap. vél., fig., 3 vol., d.-rel., dos de mar. r., dent., non rognés. Thouvenin J. Magnifique ouvrage devenu rare : 190 fr.

La vente, en 30 vacations, du lundi 2 avril au jeudi 10 mai 1827, produisit la somme considérable de 62.596 francs.

Hippolyte de Châteaugiron revint dans le service diplomatique, fut consul général à Bucarest en 1837, à Tanger en 1839 – mais son état de santé ne lui permit pas de rejoindre ce poste –, puis à Nice en 1841. Il fut nommé membre honoraire de la Société des Bibliophiles français le 11 février 1846, et remplacé le 27 janvier 1847 par Prosper Mérimée. Il mourut à Nice le 6 juin 1848, sans postérité. Il fut enterré à Saint-Laurent-du-Var.

Catalogue de livres, musique, etc., provenant de la bibliothèque de feu M. le marquis H. de Chateaugiron [sic] (Paris, P. Jannet, 1849, in-8, [2]-25-[1] p., 225 lots)

Il avait aussi réuni une précieuse collection d’autographes, qui a beaucoup servi pour l’établissement de l’ Isographie des hommes célèbres ou Collection de fac-simile [sic] de lettres autographes et de signatures (Paris, A. Mesnier, 1828-1830, puis Th. Delarue et Truttel et Wurtz, 1843, 4 vol. in-4), publiée avec Bérard, Duchesne, Tremisot et Berthier. Cette collection fut dispersée le 15 octobre 1851 et jours suivants, par P. Jannet, libraire ; le catalogue comprenait 2.016 numéros, dont quelques manuscrits de Madame de Maintenon.
 

II. Fils d’un ancien officier, René-Charles Guilbert de Pixerécourt [sans accent aigu sur le premier « e » : prononcer « Pisserécourt »],





du nom du château familial à Malzéville (Meurthe-et-Moselle), est né à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 22 janvier 1773. Après des études au collège des chanoines réguliers de Nancy, il allait être reçu avocat lorsqu’il dut rejoindre les princes émigrés en 1791. Revenu en France en 1793, il ne parvint qu’à travers mille dangers à dérober sa tête au couperet de la guillotine, commença à écrire pour le théâtre et épousa en 1795 Marie-Jeanne-Françoise Quinette. Soucieux de s’assurer des revenus, il se fit attacher dès 1802 à l’administration de l’enregistrement et des domaines, et exerça jusqu’en 1836 les fonctions d’inspecteur, à Paris.








Auteur de 120 pièces, dont 59 mélodrames, et surnommé « le Shakespeare des boulevards » ou « le Corneille des boulevards », il fut directeur de l’Opéra comique de 1824 à 1827, puis du Théâtre de la Gaîté en 1830.





En 1835, il fut ruiné par la reconstruction de ce dernier après un incendie en février, fut victime d’un accident vasculaire cérébral en juin et se retira à Nancy, au 21 Cours d’Orléans [aujourd’hui Cours Léopold], où il mourut, solitaire et brouillé avec sa femme, le 25 juillet 1844, après avoir publié son Théâtre choisi de G. de Pixerécourt  (Paris, Tresse, et Nancy, chez l’auteur, 1841-1843, 4 vol. in-8, le 5e, annoncé dans le prospectus, n’a pas paru).




Tombe au cimetière de Préville, à Nancy

Il avait démissionné le 7 mai 1838 de la Société des Bibliophiles français. Il fut remplacé le 5 février 1840 par le duc de Caraman.

Il avait été obligé de vendre sa maison de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), qu’il avait achetée en 1809, et sa troisième bibliothèque : il avait déjà perdu au jeu la première, qui était composée d’environ 200 volumes de petits formats dits « de Cazin », et vendu la deuxième, composée principalement de grandes éditions des classiques de Didot. Il avait fait inscrire au fronton de sa bibliothèque :
                                     

«  Tel est le triste sort de tout livre prêté,

Souvent il est perdu, toujours il est gâté. »






Le catalogue de la vente de la troisième, qui eut lieu en 29 vacations, du mardi 22 janvier au mardi 26 février 1839, fut rédigé par lui-même et ses deux fidèles amis : Bibliothèque de M. G. de Pixerécourt, avec des notes littéraires et bibliographiques de ses deux excellens [sic] amis Charles Nodier et Paul Lacroix (Paris, [Crozet, Merlin, Silvestre, Techener], 1838, in-8, [4]-vii-[1 bl.]-342 p., 2.313 lots), suivi, en pagination continue (p. 343-414), du catalogue d’une collection de 168 cartons et 1 portefeuille formant atlas sur la Révolution française, détaillant le lot n° 1.910.
Outre ces 150 exemplaires en papier de Hollande, vendus ou distribués aux bibliophiles et aux riches amateurs, 1.000 exemplaires en papier ordinaire furent réservés pour la vente et reçurent un titre différent :





Catalogue des livres rares et précieux et de la plus belle condition, composant la bibliothèque de M. G. de Pixerécourt (Paris, J. Crozet, décembre 1838, [8]-4-vii-[1 bl.]-341-[1 bl.] p., 2.313 lots), suivi du même catalogue sur la Révolution française,





ou Bibliothèque de M. G. de Pixerécourt, […] avec des notes littéraires et bibliographiques de MM. Charles Nodier et Paul Lacroix (Paris, [Crozet, Techener], 1839, in-8, [8]-4-vii-[1 bl.]-342 p., 2.313 lots), suivi du même catalogue sur la Révolution française.
Cette bibliothèque était peut-être la plus riche qui existait en éditions elzéviriennes brochées ; la plupart des articles étaient tirés sur papier vélin ; les reliures anciennes, dont une réunion considérable de Derome, étaient les plus nombreuses ; les reliures modernes portaient la signature de Bozerian, de Thouvenin, de Bauzonnet ;






chaque volume était marqué d’un ex-libris lithographié sur papier vert, portant la maxime : « Un livre est un ami qui ne change jamais ».
Le total de la vente dépassa 82.000 francs.

1. Biblia Sacra, Vulgatae edit. Parisiis, Vitré, 1652, 8 tomes en 10 vol. in-12, l.-r. mar. bl. fil. tr. d. Padeloup. Superbe exemplaire de Longepierre : 471 fr. à Techener.
22. Prières de la messe. In-18, mar. bl. doré en plein, mors de mar. dent. tabis, tr. d. ; renfermé dans un étui de mar. v. Bozerian. Manuscrit sur vélin, xviie siècle, 46 f., 14 miniatures. Toutes les pages sont encadrées d’une très jolie bordure surmontée d’un vase de fleurs. 446 fr. à St. Amand.
53. Traités de l’existence et des attributs de Dieu. Par Clarke (trad. de l’angl. par Ricotier). Amsterdam, Bernard, 1727-28, 3 vol. pet. in-8, l. r. mar. r. fil. Tr. d. Padeloup. Magnifique exemplaire aux armes du comte d’Hoym. 300 fr. à Motteley.
291. Histoire naturelle, par Buffon, Daubenton et Lacepède. Paris, Impr. royale, 1752-1805, 90 vol. in-12, l. r. mar. v. du Levant, dent. tr. d. Bozerian. Magnifique exemplaire provenant de la bibliothèque d’Anisson du Perron. Nombreuses gravures ajoutées. 540 fr.
307. Les Roses, par Redouté. Paris, impr. de F. Didot, 1817-21-24, 3 vol. in-fol. gr. pap. vél. fig. coloriées et retouchées au pinceau, dos de mar. r. Purgold. Non rogné. Très bel ex. Vendu 700 fr. Galliot. 365 fr.
309. Histoire naturelle des colibris, par Audebert et Vieillot. Paris, Desray, 1802, 2 vol. gr. in-fol. pap. vél. fig. coloriées, mar. r. dent. tr. d. Bozerian. Superbe ex. avec le titre des planches imprimé en or. 370 fr. à Debas.
327. Le Pastissier françois. Amsterdam, Louys et Dan. Elzev., 1655, pet. in-12 fig. m. bl. fil. Bauzonnet. Très rare. Cet ex. est peut-être le seul qui existe avec toutes ses marges et dans un état parfait de conservation. L’ex. venduplus de 200 fr. en 1837 était bien inférieur à celui-ci. C’est le second qu’on a vu passer dans les ventes depuis 40 ans. 221 fr.
484. Livre de musique, orné de lettres initiales en or et en couleur, pet. in-4, rel. en vélin doré. Manuscrit de la fin du xve siècle, sur vélin et composé de 198 feuillets. 601 fr. à Crozet.
600. Les Œuvres feu maistre Alain Chartier. Paris, Galliot du Pré, 1529, pet. in-8, mar. viol., comp. mors de mar. dent. tr. d. Thouvenin. Ce magnifique exemplaire d’un livre rare qui figurait à l’exposition de 1823, est accompagné d’une lettre de Thouvenin à de Châteaugiron : « Je considère cette reliure comme ce que j’ai fait de mieux, et je suis flatté de voir la plus parfaite de mes productions dans votre bibliothèque. » 120 fr. à Crozet.
602. Cy est le chevalier aus dames (par Olivier de la Marche). Metz, Gasp. Hochffeder, 1516, in-4, goth. fig. sur bois, mar. r. fil. tr. d. Derome. Admirable ex. d’un livre très rare, avec la signature de Guyon de Sardière : il vient de la bibliothèque de Girardot de Préfond. 671 fr. à St. Amand [Cet exemplaire fut porté à 1.200 fr. sur le catalogue de Techener, 1853, n° 1.052].
618. Recueil des Œuvres de feu Bonaventure des Periers. Lyon, J. de Tournes, 1544, in-8, l. r. mar. r. fil. doublé de mar. r. dent. tr. d. Padeloup. Rare, ex. aux armes du comte d’Hoym. 259, 50 fr. à Techener.
906. Recueil de Pièces choisies rassemblées par les soins du cosmopolite (de Moncrif et le duc d’Aiguillon). Anconne, Uriel B. (Verret), 1735, in-4, v. f. Padeloup. Ce livre, imprimé par le duc d’Aiguillon dans sa terre de Verret, n’aété tiré qu’à 7 exemplaires : celui de La Vallière a passé dans une bibliothèque d’Aix ; celui de Labey, dans une bibliothèque de Saint-Wandrille ; celui de Châteaugiron appartient à Coste, de Lyon ; selui de Duriez, au duc de Rivoli ; les trois derniers sont ceux de Bignon, de La Bédoyère et de Pixerécourt. Nodier prétend en avoir vu 4 autres. 265 fr. à Duprat.
1.171. Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé. (Paris, Quillau), 1718, pet. in-8, fig. gravées par Audran, d’après les dessins du Régent, mar. r. du Levant, riches dent. tabis, tr. d. Bozerian. Ex. de J. P. G. Chastre de Cangé, qui y a mis sa signature et quelques notes bibliographiques. Les marges sont chargées des notes critiques du savant Lancelot. Enrichi d’un portrait d’Amyot, par Le Mire, avant la lettre ; le dessin original à la plume de la gravure dite « les Petits Pieds » par le Régent ; un autre dessin du même sujet, avec des différences, exécuté également à la plume par Massé ; l’eau-forte de la gravure faite par le comte de Caylus en 1728, avec une contre-épreuve ; une autre gravure du même sujet qui n’a jamais été publiée ; un feuillet in-4 autographe du Régent, contenant le premier projet des gravures qu’il voulait ajouter à son édition. 262 fr. à Sylvain.
1.278. Les Liaisons dangereuses. Londres (Paris), 1796, 2 vol. in-8, pap. vél., fig. avant la lettre, et eaux-fortes (rares), dos et coins de mar. r. Non rogné. Ex. unique orné des 14 dessins originaux de Monnet et de Mademoiselle Gérard. 160 fr. à Techener.
1.336. Les Aventures de Télémaque. Amsterdam, Wetsteins, 1734, pet. in-fol., fig. de Bernard Picart, mar. bl. large dent. tabis, mors de mar. dent. tr. d. Derome. Magnifique ex. de La Vallière, dans un étui en cuir de Russie. Pixerécourt assistait pour la première fois, en 1795, à une vente de livres, celle d’Anisson-Duperron : c’est là qu’il acheta au prix énorme de 101.000 francs, en assignats, cet exemplaire, qu’il céda depuis à son ami le comte d’Ourches, pour le racheter ensuite à la vente des livres de ce dernier. 311 fr. à Crozet.
1.360. Le Zombi du grand Pérou, ou la Comtesse de Cocagne (par Corneille Blessebois). Sans nom de lieu [Antilles], 1697, pet. in-12, mar. bl., tr. d. Bauzonnet. On n’en connaît que 3 ou 4 exemplaires. 100 fr. à Techener.
1.407. Les Œuvres de François Rabelais. Amsterdam, J. F. Bernard, 1741, 3 vol. in-4, gr. pap., fig. de Bernard Picart, v. f. fil. tr. d. Padeloup. Vient de la bibliothèque de Gaignat. Plus grand de marge (5 lignes en tous sens) que l’exemplaire de Girardot de Préfond vendu 560 fr. chez Mac- Carthy. 379 fr. à Techener.
1.632. Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français. Paris, Didot, 1820-1829, 6 vol. gr. in-8, pap. vél., brochés. 320 fr. Techener.
1.745. Voyage pittoresque de Naples et de Sicile, par l’abbé de St-Non. Paris, Lafosse, 1781-1786, 4 tomes en 5 vol. gr. in-fol., fig. avant la lettre, et eaux-fortes, v. marbr., fil. tr. d. Derome. De la plus grande rareté et sans doute unique, car contient toutes les fig. avant la lettre et toutes les eaux-fortes, dont la collection entière ne se trouvait pas même dans l’ex. vendu 1.650 fr. chez Le Gendre. 460 fr.
1.821. Abrégé chronologique de l’Histoire de France, par Mezeray. Amsterdam, Abr. Wolfgang, 1673-1674, 6 vol. fig. = Histoire de France avant Clovis, par le même. Ibid., Ant. Schelte, (au quaerendo) 1696. En tout 7 vol. in-12, l. r. mar. r. fil. doubl. de mar. r. dent. tr. d. Duseuil. Le plus bel exemplaire connu d’une édition rare et recherchée. 550 fr. à Techener.
1.923. Journal de Henri III. La Haye (Paris, Veuve de F. Gandouin), 1744, 5 vol. in-8, fig. = Cartons du Journal de Henri III. = Journal du règne de Henri IV. La Haye, (Vaillant, Paris), 1741, 4 vol. En tout, 10 vol. pet. in-8, mar. r. tr. d. et v. f. le 10e vol. contenant les cartons. Padeloup. Le plus bel exemplaire connu d’une collection très rare avec les cartons. On ne connaît de ces derniers que 3 exemplaires. 519 fr. au marquis de Ganay.
1.945. Les Heures françoises, ou les Vêpres de Sicile et les Matines de la Saint-Barthelemi. Amsterdam, Ant. Michiels (à la Sph.), 1690, pet. in-12, l. r. mar. bl. comp. tabis, mors de mar. dent. tr. d. Bozerian. Un des deux exemplaires connus. Il a passé de la bibliothèque de l’abbé Sepher dans celle de Mac-Carthy, à la vente duquel Pixerécourt l’acheté 153 fr. 140 fr. à Leber.
1.985. Registre de la Bastille, depuis le 12 octobre 1705, jusqu’au 11 décembre 1758, in-f. dos et coins de mar. r. Non rogné. Manuscrit de 116 feuillets, dont Charpentier, dans les 9 livraisons de la Bastille dévoilée, ne paraît pas avoir eu communication. 100 fr. à St. Amand.               

La collection révolutionnaire [n° 1.910], retirée faute d’enchère sur une mise à prix à 5.000 fr., fut acquise par la Bibliothèque de la Chambre des Pairs, moyennant la somme de 6.000 francs. Suivit une vente des Autographes et manuscrits de M. G. de Pixerécourt (Paris, [Techener], 1840, in-8, VII-[1]-114-[1]-[1 bl.] p., 1.024 lots), qui produisit environ 15.000 francs ; il avait été le premier à ajouter à ses livres des lettres autographes des auteurs.
Une dernière vente eut lieu après son décès : Catalogue de livres, manuscrits, autographes, provenant de la bibliothèque de feu M. G. de Pixerécourt (Paris, Jannet, 1849, in-8, 42 p., 280 lots).

III. Né à Paris le 25 décembre 1771, Charles-Athanase Walckenaer est le fils naturel de Charles-Nicolas Duclos du Fresnoy (1733-1794), notaire, financier du roi Louis XV et mécène du peintre Jean-Baptiste Greuze, et de Anne Pajot de Villepenot, marquise d’Asfeld. Il suivit des cours à l’Université d’Oxford, devint inspecteur général des transports militaires (1793-1794) avant de sortir parmi les premiers de l’École polytechnique (promotion de l’an III) et d’épouser sa cousine germaine. Sa fortune lui permit de conserver son indépendance, n’acceptant aucune fonction, et de commencer à rassembler sa splendide bibliothèque.




Château de Touteville (Val-d'Oise)

Habitant la campagne au château de Touteville, à Asnières-sur-Oise (Val-d’Oise), puis à Sèvres (Hauts-de-Seine) et à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine), ou résidant à Paris au milieu des jardins de l’hôtel de son père, 121 rue du faubourg Poissonnière (IXe) [aujourd’hui lycée Lamartine], il s’occupa d’entomologie. Il fut détourné de l’histoire naturelle par la géographie, qui fut toujours sa principale vocation. Il fut élu à l’Institut en 1813, en remplacement de l’académicien Champagne. Après le retour de la famille royale, donnant satisfaction à ses sentiments de royaliste, il accepta en 1816 les fonctions de maire du Ve arrondissement, puis celles de secrétaire général de la préfecture de la Seine. Comme récompense, Louis XVIII lui accorda en 1823 le titre de baron.






En 1826, il fut nommé préfet du département de la Nièvre, puis du département de l’Aisne en 1828. La Révolution de 1830 le poussa à s’établir, avec sa femme et ses deux filles, à Bayonne, tandis que son fils, sous-préfet, s’était retiré dans son domaine du Paraclet. Il fut nommé en 1831 conservateur adjoint au département des cartes et plans de la Bibliothèque royale. En 1836, démissionnaire de la Société des Bibliophiles français, il fut remplacé le 17 février par le baron Creuzé de Lesser. En 1840, il fut élu secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il ne travaillait bien qu’en été, à sa campagne de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), où il avait transporté sa bibliothèque. Il fut président de la Société de géographie de Paris en 1846. Atteint d’une fluxion de poitrine, il mourut le 27 avril 1852 [et non le 4, ni le 28]. Savant, il fut aussi écrivain et a laissé une production littéraire considérable, dont la Géographie ancienne historique et comparée des Gaules cisalpine et transalpine (Paris, P. Dufart, 1839, 3 vol. in-8) est son ouvrage capital. Il a excellé aussi dans la biographie : Histoire de la vie et des ouvrages de J. de La Fontaine (Paris, A. Nepveu, 1820, in-8), Histoire de la vie et des poésies d’Horace (Paris, L. Michaud, 1840, 2 vol. in-8) et Mémoires touchant la vie et les écrits de Marie de Rabutin-Chantal dame de Bourbilly marquise de Sévigné (Paris, Firmin Didot frères, 1842-1852, 5 vol. in-12, inachevé).






La vente de sa bibliothèque eut lieu en 42 vacations, du mardi 12 avril au mardi 31 mai 1853 : Catalogue des livres et cartes géographiques de la bibliothèque de feu M. le baron Walckenaer (Paris, L. Potier, 1853, in-8, XV-[1 bl.]-550 p., 6.539 lots).

« Cette bibliothèque est considérable, et relativement assez complète dans tous les genres ; mais ce qui y domine principalement, c’est l’histoire naturelle dans quelques-unes de ses spécialités ; ce sont surtout la géographie, les cartes et les voyages ; c’est la littérature du grand siècle ; c’est enfin l’histoire générale et particulière de la France. » (G. D. [Gratet-Duplessis]. « Préface ». Ibid., p. VIII)

43. Explication des maximes des saints sur la vie intérieure, par Fénelon. Paris, P. Aubouin, 1697, in-12, v. f. Ed. originale. 22 fr.
44. Réflexions sur la Miséricorde de Dieu (par Mad. de La Vallière). Paris, Ant. Dezallir, 1680, pet. in-12, v. br. Ed. originale très rare. 40 fr.
153. Réflexions ou Sentences et maximes morales (du duc de La Rochefoucauld). Paris, Cl. Barbin, 1665, pet. in-12, v. ant. fil. tr. dor. (Simier). Première éd. 36 fr.
169. Les Caractères de Théophraste. Paris, Est. Michallet, 1688, in-12, v. ant. fil. (Simier). Première éd. des Caractères de La Bruyère. 19,50 fr.
268. Dictionnaire des sciences naturelles. Strasbourg et Paris, Levrault, 1816-1830, 60 vol. in-8, et 13 vol. de pl, v. fauve fil. 165 fr.
492. Die Arachniden…Les Arachnides fidèlement représentées d’après nature, par C. W. Hahn et Herrich-Scheffer. Nuremberg, 1831-1848, 16 tomes en 3 vol. in-8 et 2 vol. de pl. color. dem. rel. mar. r. non rog. 110 fr.
513. Abbot’s Georgian spiders. Gr. in-4, dem. rel cuir de Russie. Recueil de 535 différentes espèces d’araignées de l’Etat de Georgie, aux U.S.A., dessinées et coloriées avec soin par Abbot. Acheté 600 fr. à Londres par Walckenaer. 225 fr.
552. Mémoires pour servir à l’histoire des insectes, par Ch. de Geer. Stockholm, 1752-78, 7 vol. in-4, fig. v. m., rare. 202 fr.
1.343. Contes et Nouvelles en vers de M. de La Fontaine. Paris, Cl. Barbin, 1665, pet. in-12, mar. bl. fil. tr. dor. (Simier). Seconde édition qui peut être regardée comme la première des Contes, car celle qui l’a précédée sous le titre de Nouvelles en vers tirées de Boccace et de l’Arioste, ne renferme que deux contes. 110 fr.
1.344. Nouvelles en vers tirées de Boccace et de l’Arioste, par M. D. L. F. Paris, Cl. Barbin, 1665, pet. in-12, mar. r. fil. tr. dor. (Rel. anc.) A appartenu à Méon. Réimpression de l’édition précédente. 100 fr.
1.345. Contes et Nouvelles en vers de M. de La Fontaine. Sur l’imprimé à Paris, chez Cl. Barbin, 1665, pet. in-12, mar. bl. tr. dor. Réimpression hollandaise du n° 1.343. 60 fr.
1.347. Contes et Nouvelles en vers de M. de La Fontaine. L. Billaine, 1667, pet. in-12 – Deuxième partie des Contes… Paris, L. Billaine, 1667, pet. in-12. Les deux parties en 1 vol. mar. r. fil. tr. dor. (Simier).Première édition des deux parties réunies. 121 fr.
1.374. Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine. Paris, Cl. Barbin, 1668, in-4, fig. de Chauveau, portrait de La Fontaine par Ficquet, ajouté, mar. r. fil. tr. dor. aux armes du comte de Toulouse. Ed. originale des six premiers livres. 465 fr.
1.380. Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine. Paris, D. Thierry et Cl. Barbin, 1678-79, 4 parties in-12. – Les mêmes, cinquième partie. Paris, Cl. Barbin, 1694, in-12. Les 5 vol. in-12, mar. r. fil. tr. dor. (Simier). Seule éd. complète que La Fontaine ait donné de ses Fables. Avec les cartons pour Le Savetier et le Financier, et Le Singe et le Léopard. 306 fr.
1.842. Histoires ou Contes du temps passé. Paris, Cl. Barbin, 1697, in-12, front. gravé, fig. v. br., aux armes de Condé. Ed. originale très rare des Contes des fées de Charles Perrault. A fait partie de la bibliothèque des princes de Condé à Chatilly. 301 fr. au duc d’Aumale.
1.859. Histoires des amans fotunez dédiées à très illustre princesse Madame Marguerite de Bourbon, duchesse de Nivernois. Paris, Gilles Robinot, 1558, in-4, dem. rel. mar. r. Première éd. 351 fr.
2.038. Lettres de Madame de Sévigné. Paris, Blaise, 1820, 12 vol. in-8, pap. vél., portr. vues et fac-simile, cuir de Russie, fil. tr.dor. (Purgold) et 3 vol. dem. rel. c. de Russie, tr. dor. 441 fr.
2.127. Collection des auteurs grecs, publiée par MM. Firmin Didot, 28 vol. in-4, v. bleu, fers à froid, dent. (Lebrun). 320 fr.
2.148. Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français. Paris, imp. de J. Didot, 1820-1834, 7 vol. gr.in-8, pap. vél. dem. rel. mar. r. non rogné (Caroll). 385 fr.
2.216. Geographiae veteris scriptores graeci minores, cum interpretatione latina, dissertationibus, ac annotationibus. Oxoniae, 1698-1712, 4 vol. in-8, vel. tr. dor. 128 fr.
2.236. Cl. Ptolemei cosmographia, 1478, in-fol., 27 cartes, dem. rel. mar. r. Deuxième éd. latine de Ptolémée et la première avec des cartes. 975 fr. au duc d’Aumale.
2.237. Ptolemaei cosmographia latine. Romae, Petri de Turre, 1480, in-fol., cartes color. mar. r. à compart. (Rel. xvie). Titre manuscrit, 27 cartes de l’éd. de 1478. 230 fr.
2.238. Cl. Ptolomaei cosmographia latine reddita a Jac. Angelo. 1462 [i.e. 1492], gr. in-fol., cartes gr. sur cuivre, mar. r. dor. (Rel. anc.). Provient de la bibliothèque de Colbert. 360 fr.
3.028. Plan de Paris, de Gomboust. 1642, 9 grandes feuilles assemblées sur toile. Rare et recherché. 700 fr.
5.759. Cy apres sensuyvent les nouvelles de la terre de prestre Jehan. S. l., s. d. [fin xve] , pet. in-4, goth., 13 f. n. chiffr., à longues lignes et 1 f. bl. 550 fr.

La vente a produit près de 80.000 francs. Les prix indiqués pour certains articles ne sont considérés comme élevés que par la condition fort médiocre des exemplaires qui, presque tous, nécessitèrent de grands frais de restauration et de reliure, avant d’être admis dans les collections d’élite.

IV. Charles-Jean-Baptiste-Alphonse de Malartic, né le 21 février 1786 à Paris, ancien conseiller d’État, ancien préfet des départements de la Drôme (1828), des Vosges et du Gers (1830), qui avait épousé en 1821 Louise-Laurence-Amélina Pasquier, nièce du baron Étienne-Denis Pasquier, président de la Chambre des Pairs, est décédé le 17 août 1860 au château de Fondat, à Arouille, aujourd’hui Saint-Justin (Landes).

Château de Fondat en 1846

Château de Fondat aujourd'hui
Démissionnaire de la Société des Bibliophiles français le 7 avril 1844, il fut remplacé par Benjamin Delessert le 3 juin 1846.

V. Pierre-Philippe-Clément Durand, né à Metz le 21 mai 1786, receveur des finances à Lure (Haute-Saône), à Béthune (Pas-de-Calais), à Heugnes (Indre), a été autorisé, par ordonnance royale du 4 novembre 1818, à ajouter à son nom celui de Lançon [Durand-Lançon], qui était celui de sa mère. Il était membre de la Société de l’Histoire de France.
Démissionnaire de la Société des Bibliophiles français le 2 août 1844, il fut remplacé par la vicomtesse de Noailles le 17 juin 1846. Sa bibliothèque fut vendue le 30 mai 1870 : Catalogue de livres rares et curieux dépendant de la succession de feu M. Ph. Durand de Lançon (Paris, A. Claudin, 1870, in-8, 36 p.).          

VI. Fils de l’un des administrateurs de la Compagnie des Indes, Auguste-Simon-Louis Bérard (Paris, 3 juin 1783 – La Membrolle-sur-Choisille, Indre-et-Loire, 23 juillet 1859), maître des requêtes au Conseil d’Etat (1814-1820), puis homme d’affaires, – créateur d’une banque, d’une compagnie française d’éclairage au gaz et des fonderies et forges d’Alais (Alès, Gard) – fut élu député d’Arpajon en 1827, réélu en 1830, puis se retira en Touraine et fut nommé receveur général des finances à Bourges (Cher) en 1839.





Il est l’auteur, anonyme, d’un Essai bibliographique sur les éditions des Elzévirs les plus précieuses et les plus recherchées, précédé d’une notice sur ces imprimeurs célèbres (Paris, Firmin Didot, 1822, in-8), que Alphonse Willems (Les Elzevier. Histoire et annales typographiques. Bruxelles, G.-A. Van Trigt, Paris, Adolphe Labitte, et La Haye, Martinus Nijhoff, 1880, p. XIX) qualifie :

« Son Essai est d’une insignifiance absolue, et nous avouons ne rien comprendre à la réputation dont il a longtemps joui parmi les bibliophiles français. C’est tout au plus s’il peut passer pour un catalogue descriptif de la collection particulière de l’auteur. Nulle méthode : les divisions sont purement arbitraires ; d’insipides bouquins sont cités et décrits tout au long, alors que bon nombre d’articles des plus importants et des plus rares ne sont pas même l’objet d’une simple mention. Nulle critique : tout volume pet. in-12 imprimé dans les Pays-Bas durant la seconde moitié du dix-septième siècle sort invariablement des presses elzeviriennes. Wolfgang, Foppens, Fricx, etc., autant de pseudonymes des Elzevier. A peine Bérard consent-il à faire honneur à d’autres typographes des livres parus après la mort de Daniel Elzevier ; encore a-t-il l’air d’hésiter, car citant telle production de Wolfgang parue en 1682 ou 1688, il constate qu’elle a été imprimée avec les caractères de Daniel et sous un de ses pseudonymes habituels.
Dans un travail spécial sur les Elzevier, nous ne pouvions nous dispenser de mentionner l’Essai de Bérard. Il fallait bien expliquer pourquoi dans le cours de ce travail nous l’avons constamment passé sous silence. A nos yeux Bérard n’a pas même eu le mérite de poser des jalons ; il n’y a pas lieu de discuter ses opinions, pour l’excellent motif qu’il ne s’est pas mis en frais de conjectures. Son livre, dépourvu de toute autorité, est comme non avenu, et si nous le citons ici c’est uniquement pour mémoire. »

Sa collection fort nombreuse de volumes imprimés par les fameux typographes hollandais fut vendue avec sa bibliothèque à partir du jeudi 7 mai 1829 : Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. B*****,membre de la Société des Bibliophiles français (Paris, J.-S. Merlin, 1829, in-8, vii-250 p., 2.197 lots).
Démissionnaire de la Société des Bibliophiles français le 27 mars 1858, il fut remplacé par Prosper Blanchemain.

VII. Fils du comte Christophe de Chabrol-Crousol (1771-1836), ancien ministre de la Marine, puis des Finances, sous la Restauration, le comte Anne-François-Édouard de Chabrol-Crousol (Paris, 31 août 1798 - Le Molay-Littry, Calvados, 18 décembre 1883), fut maître des requêtes au Conseil d’État (1823) et gentilhomme de la Chambre de S.M. le roi Charles X. Démissionnaire en 1830, il se fixa au château du Molay (Calvados).






Maire de sa commune, il la dota d’une école de filles. Érudit et surtout linguiste des plus distingués, il s’attacha à réunir une bibliothèque composée des œuvres des poètes et des mémoires ayant trait à l’Histoire, qui fut vendue à Drouot : Catalogue de beaux livres anciens et modernes provenant de la bibliothèque de M. le comte de Chabrol-Crousol (Paris, Ch. Porquet, 1884-1885, 2 vol. in-8).

VIII. Charles-Gilbert Morel (Paris, 20 janvier 1759 - 19 décembre 1842), conseiller au Parlement de Paris (1778), épousa en 1789 Renée Chopin d’Arnouville, qui lui donna une fille.






Il acheta en 1791 le château de Magnanville (Yvelines), où il se réfugia pendant la Révolution, et le






vendit en 1797 pour acquérir en 1804 celui de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines), où il éleva un important troupeau de moutons mérinos. L’agriculture devint chez lui une passion qui ne s’affaiblit jamais.




Château de Vindey (Marne)

Dans le département de la Marne, ses fermes de Vindé [auj. Vindey], de Le Meix-Saint-Époing et de Chichey ont, des premières en France, présenté de nombreuses prairies artificielles.






Devenu pair de France en 1815, il prit le titre de vicomte de Morel-Vindé, ses ancêtres étant vicomtes de Morel depuis 1657. Membre de l’Académie des sciences depuis 1824, il mourut des suites d’une chute qu’il fit en allant s’asseoir pour assister à l’ouverture d’une écluse qui venait d’être achevée dans sa propriété. Le baron Jérôme Pichon le remplaça, le 5 avril 1843, à la Société des Bibliophiles français.

Contraint de déménager et faute de place, il avait été forcé de vendre en 1819 le cabinet de dessins et estampes de Gilbert Paignon-Dijonval (1708-1792), riche manufacturier du textile à Sedan, son aïeul maternel, dont il était l’unique héritier, à un marchand anglais, Samuel Woodburn (1786-1853) :





Bénard, peintre et graveur avait rédigé l’état détaillé et raisonné du Cabinet de M. Paignon Dijonval (Paris, impr. de Madame Huzard, 1810, in-4, 420 p., 4.461 numéros pour les dessins, 11.055 numéros pour les estampes) ; de même, à partir du lundi 17 mars 1823, en l’une des salles de l’Hôtel de Bullion, pour la bibliothèque, qu’il avait augmentée :





Catalogue des livres rares et précieux, des manuscrits, etc. de la bibliothèque rassemblée par feu M. Paignon Dijonval, et continuée par M. le vicomte de Morel-Vindé, pair de France (Paris, De Bure frères, 1822, in-8, xvj-488 p., 3.892 + 28 lots), avec une table alphabétique des noms des auteurs et une table des titres des livres sans noms d’auteurs.

« Nous nous contenterons d’indiquer quelques uns des articles marquans dans chacune des classes : dans la Théologie on trouvera un grand nombre de figures de la Bible, dont plusieurs gravées en bois. Le n° 33, la Bible de Mortier, avant les clous ; le n° 39, un superbe exemplaire des figures de la Bible de Saurin, sans le texte ; un grand nombre de paires d’heures gothiques, manuscrites et imprimées sur Vélin, ornées de miniatures en or et en couleurs, dont plusieurs sont de la plus grande beauté, parmi lesquelles nous ne citerons que le n° 71, Breviarium fratrum minorum, etc.
Dans la Jurisprudence, qui ne se compose que d’un très petit nombre d’articles, on trouvera plusieurs manuscrits curieux, dont : le n° 321, Extrait de Loyseau fait par le président Hénault, et le n° 333, Procès de la Brinvilliers [vient de la bibliothèque de Lamoignon], etc.
Dans les Sciences et Arts, nous aurions beaucoup d’articles que nous pourrions faire remarquer ; mais nous nous bornerons aux plus importants, tels que, le n° 521, les Clavicules de Salomon, manuscrit ; de beaux livres de Botanique, d’oiseaux et de coquilles, avec les figures coloriées, dont : le n° 673, Oiseaux de la Grande-Bretagne [The Birds of Great Britain], par Lewin, 7 vol. in-4°, Imprimés sur Vélin, avec les figures peintes avec le plus grand soin. Le n° 686, Recueil de Coquilles ; le n° 697, les Genres des vers, etc. dont les figures sont peintes sur Vélin ; un très grand nombre de livres d’estampes, où l’on trouve tous ceux connus sous le nom de Galeries, telles que celle de Florence, le Musée françois de MM. Robillard Péronville et Laurent, etc. des livres sur les costumes et les modes des différens pays, parmi lesquels on remarquera différens livres de peintures Orientales, tels que le n° 945, Costumes turcs, manuscrit ; le n° 950, Peintures persanes et mogoles, l’un des plus beaux volumes de ce genre qui soit encore passé dans une vente ; le n° 1071, Collection de tous les uniformes militaires de France, 6 vol. in-folio ; les nos 1110 et 1111, Recueils de peintures chinoises représentant, l’un l’art de faire la porcelaine, l’autre celui de faire les étoffes.
Dans les Belles-Lettres, on trouvera parmi les orateurs, sous les nos 1161, un bel exemplaire du Cicéron d’Elzevier, et 1162, un du Cicéron variorum, in-8° qui ne se rencontre pas communément réuni. Parmi les poètes grecs et latins, le n° 1205, l’Anacréon, trad. par Moutonnet de Clairfons, avec les dessins originaux ; le n° 1220, Lucretius, Imprimé sur Vélin ; le n° 1228, Catullus de Coustelier, Imprimé sur Vélin ; une belle suite de poètes françois, dont plusieurs Manuscrits, tels que le n° 1375, le Roman de la vie des Pères ; le n° 1376, le Roman du Renard [vient de la bibliothèque de La Vallière, n° 2.717 du t. II] ; le n° 1379, les Œuvres de Jean de Meung, etc. tous sur Vélin, avec des miniatures ; le n° 1627, le Molière de Didot, avec les dessins originaux de Boucher, des figures peintes, etc. exemplaire unique. Dans les poètes italiens et anglois, le n° 1721, l’Orlando Furioso de Baskerville, in-4° très Rare de ce format ; le n° 1773, le Shakespeare, 10 vol. in-8° reliés à Londres, avec des paysages peints sur toutes les tranches, comme il y en a encore sur beaucoup d’autres volumes, entre autres au n° 3639, Hunter, Nummi vet. populorum, etc. gr. in-4°, volume d’autant plus Rare que M. Edwards, qui peignoit ces tranches ainsi que le plat des volumes, n’a presque jamais fait que des in-8°, et des in-12. Dans la mythologie, le n° 1792, le Temple des Muses, exemplaire unique, par la réunion des figures et autres ornemens qui y ont été insérés ; un très grand nombre de livres de facéties, de romans, dont plusieurs Romans de chevalerie, entre autres les nos 1920, la Nef des Princes ; 1923, la Fleur des Batailles, Paris, Vérard, 1501, Imprimé sur Vélin ; 1927, Histoire des nobles emprises, etc. connue sous le nom de Roman d’Alexandre. Superbe manuscrit sur Vélin, orné de 203 miniatures ; dans les Emblèmes, dont il y a une belle collection, on remarquera le n° 1287 [2.287], Alciati emblemata [vient de la bibliothèque de Beaucousin] ; exemplaire d’autant plus précieux, aujourd’hui que l’on recherche avec la plus grande ardeur des lettres originales et des signatures des personnages célèbres, que celui-ci renferme 180 signatures. Parmi les recueils de Polygraphes françois, on remarquera le n° 2317, Pièces diverses, manuscrit sur Vélin, du xive siècle ; et 2319, Collection des Poésies et Romans imprimés par ordre de Mgr Comte d’Artois ; cet ouvrage déjà très Rare par lui-même, l’est encore davantage lorsque, comme celui-ci, il est d’une aussi belle conservation, et qu’on l’a enrichi d’un grand nombre de gravures avant la lettre, et de plusieurs dessins originaux.
Il ne nous reste plus à parler que de l’Histoire. Cette classe n’est pas moins riche ni moins belle que les autres. Elle commence par une suite nombreuse de Voyages, parmi lesquels se trouvent les Voyages pittoresques, le grand ouvrage de M. de Humboldt. Dans l’Histoire-Sainte, on remarquera plusieurs manuscrits de Vies des Saints, sur Vélin, tels que les nos 2851 et 2858 ; dans l’Histoire des Religions, un bel exemplaire des Cérémonies religieuses, avec les figures de Bernard Picart, en Grand Papier ; et dans l’Histoire de France, qui est très nombreuse, nous citerons le n° 3024, Description de la France, avec les figures avant la lettre ; des Mémoires en Grand Papier, tels que les nos 3077, Mémoires de Commines, et 3132, Mémoires de Sully, avec les portraits d‘Odieuvre ; un grand nombre de pièces rares, in-8° et in-12 ; des Mémoires manuscrits, et le n° 3313, Figures des monnoies de France, par Haultin, volume extrêmement Rare ; une suite nombreuse et très curieuse de Descriptions de Fêtes et Cérémonies publiques, ornées de dessins, gravures, etc. Dans l’Histoire de l’Afrique, on trouvera sous le n° 3649 [3.549] le superbe ouvrage de la Description de l’Égypte, première édition, Papier Vélin. L’Histoire héraldique, ainsi que les additions qui se trouvent à la fin du Catalogue, renferment un grand nombre de manuscrits avec des blasons coloriés, tels que le n° 3583, Nobiliaire des Chevaliers du Saint-Esprit, des Nobiliaires de différentes provinces de France : la partie des Antiquités se compose des meilleurs comme des plus beaux livres sur cette matière ; mais ne voulant point multiplier les citations, nous nous contentons de renvoyer au Catalogue, et nous terminerons en disant que la condition des livres répond à leur rareté et à leur mérite. » [sic] (« Avertissement ». Ibid., p. vj-ix)                 




La Bibliothèque des Le Peletier

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D’une famille originaire du Mans, illustre dans la magistrature, Michel Le Peletier, seigneur de Souzy, fils de Louis, et de Marie Leschassier, est né à Paris le 12 juillet 1640. Avocat du Roi au Châtelet en 1661, conseiller au Parlement le 23 août 1666, intendant de Franche-Comté en février 1668, de Lille au mois de juin suivant, Conseiller d’État en 1683 ; intendant des finances en janvier 1684 ; directeur général des fortifications du royaume en août 1691 ; conseiller au Conseil royal des finances en octobre 1702, honoraire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres la même année ; membre du Conseil de Régence en novembre 1715 ; quitta les affaires et la Cour en 1720, pour se retirer à l’abbaye de Saint-Victor, à Paris ; une arête qui lui perça l’œsophage, et qu’il fut impossible de retirer, lui causa, pendant les trois dernières années de sa vie, des douleurs aiguës ; il mourut doyen du Conseil d’État le 10 décembre 1725. Il avait épousé en août 1669 Marie-Madeleine Guérin, morte le 21 septembre 1691, et inhumée à Saint-Paul, fille d’Étienne Guérin, seigneur des Forts, conseiller au Parlement de Paris, puis conseiller d’État, et de Marie Bruneau.   



Déjà propriétaire d’une maison à l’angle des rues d’Anjou et du Grand Chantier (aujourd’hui 76 rue des Archives, IIIe),





il avait fait construire par Pierre Bullet, de 1686 à 1690, un hôtel rue Culture-Sainte-Catherine (aujourd’hui 29 de la rue de Sévigné, IIIe) qui porte le nom de son descendant régicide ; la Bibliothèque historique de la ville de Paris, formée par Jules Cousin en 1871 à l’hôtel Carnavalet, 23 rue de Sévigné, a été transférée dans cet hôtel en 1898, puis à l’hôtel Lamoignon, 24 rue Pavée (IVe), en 1968.  
Le jurisconsulte troyen Pierre Pithou était son bisaïeul maternel. Homme de lettres au milieu de ses occupations, il connaissait tous les auteurs latins des bons siècles ; il les avait lus avec tant de fruit et d’application que dès qu’on lui en indiquait quelque endroit remarquable, il le rapportait communément dans les termes de l’original : Cicéron, Horace et Tacite étaient les compagnons inséparables de ses voyages, et il savait presque tout le dernier par cœur. Il parlait aisément et avec grâce l’Italien et l’Espagnol, et Jacques de Tourreil (1656-1714), de l’Académie française, avait coutume de le définir par cette expression de Cicéron : « Homo limatissimi judicii » [Homme d’un goût exquis]. Il communiqua fréquemment à l’Académie des inscriptions et belles-lettres des inscriptions et des médailles découvertes dans les fouilles qu’il faisait faire pour les fortifications, et il a enrichi le cabinet du Roi d’un assez grand nombre de fragments d’antiquités.



Le Peletier des Forts (atelier de Hyacinthe Rigaud)
Paris, Drouot, 7 juin 2013 (est. 20.000/30.000 € : non vendu)
Paris, Drouot, 2 décembre 2013 (est. 8.000/12.000 €)


Son fils, Michel-Robert Le Peletier, seigneur des Forts et de Saint-Fargeau, naquit le 25 avril 1675. Conseiller au Parlement de Metz le 29 avril 1695, au Parlement de Paris le 3 février 1696, il devint maître des requêtes le 27 avril 1698, intendant des finances en survivance le 20 décembre 1700, titulaire en juin 1701 ; conseiller d’État en juin 1714 ; du Conseil des finances en novembre 1715 ; du Conseil de la Régence en janvier 1719 ; commissaire des finances le 7 juin 1720 ; contrôleur général le 14 juin 1726 ; ministre d’État le 30 décembre 1729, dont il se démit le 19 mars 1730 ; gouverneur et grand bailli de Gien (Loiret) en février 1729, mort le 11 juillet 1740. Il avait épousé, le 12 septembre 1706, Marie-Madeleine de Lamoignon, morte le 8 août 1744, âgée de 57 ans, fille de Nicolas de Lamoignon de Bâville, comte de Launay-Courson, conseiller d’État, et d’Anne-Louise Bonnin de Chalucet.





Il avait acheté le château de Saint-Fargeau (Yonne) au financier Antoine Crozat (1655-1738), le 16 décembre 1715.
Ce fut sur les conclusions de son petit-fils, Michel-Étienne Le Peletier de Saint-Fargeau (1736-1778), avocat général, que les Jésuites furent supprimés en 1761. Son arrière-petit-fils, Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau (1760-1793), déshonora un nom illustre par ses fureurs révolutionnaires et par sa lâche conduite à la Convention ; il fut assassiné, peu de jours après, par un garde-du-corps, qui avait résolu de venger la mort de Louis XVI sur le premier conventionnel qu’il rencontrerait.






La bibliothèque formée par Le Peletier de Souzy, considérablement augmentée par son fils Le Peletier des Forts, fut vendue à partir du lundi 10 avril 1741 : Catalogue des livres de feu M. Le Peletier des Forts, ministre d’État, etc. (Paris, Jacques Barois, 1741, in-4, xij-291-[1 bl.]-27-[1bl.] p., 2.711 lots [i.e. 2.720 lots, dont 9 numéros doublés]), avec une Table alphabétique des auteurs.    
La vente eut lieu au couvent des Grands Augustins, car il n’existait pas encore, au xviiie siècle, d’espace fixe dévolu aux ventes publiques, comme ce fut le cas ensuite avec les hôtels d’Aligre, rue Saint-Honoré, et de Bullion, rue Plâtrière, puis l’hôtel Drouot. Les ventes se déroulaient donc dans trois lieux différents : la boutique, le domicile du défunt, ou le couvent des Grands Augustins, sur le quai du même nom, où étaient pratiquées de nombreuses activités commerciales et judiciaires.








Les livres d’histoire dominent (1.214 lots), suivis par les belles-lettres (515 lots), les livres de jurisprudence (412 lots), de sciences et des arts (313 lots) et de théologie (257 lots).







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Un « livre de psaumes » datant de 1640, le premier ouvrage imprimé sur ce qui allait devenir le territoire américain, est devenu mardi 26 novembre 2013 le livre le plus cher jamais vendu aux enchères, adjugé à 14 millions de dollars à New York.








Le Grenier du Toqué

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« Dans les sphères de la bibliophilie, il n’y a assurément personne qui ne connaisse, tout au moins en effigie, le créateur du fameux Grenier dont les préciosités affriolantes, qui vont prendre le chemin de l’hôtel Drouot, suscitent en ce moment d’ardentes convoitises. Il serait téméraire de rêver un collectionneur plus accompli, aimant les choses belles ou intéressantes avec plus de passion, y apportant plus de discernement, de goût et d’impartialité, et qui pourtant ne s’est point figé dans l’exercice du sacerdoce auprès du moderne Olympe, et chez qui ce culte, souvent exclusif, n’a pas supprimé l’Homme. Et l’Homme en lui est excellent, d’une amabilité captivante, d’un esprit aiguisé comme une fine lame de Tolède, mais “ bonhomme, nullement médisant, et ami du prochain, ” et avant tout “ Français et Lorrain jusqu’aux moelles ”. De là une existence qu’il déclare “ très agitée et très laborieuse ”, mais qu’il reconnaît aussi “ très heureuse et finissant bien ” ».

(G. Pawlowski. « La Bibliothèque et le Grenier de M. Charles Cousin. » In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Techener, 1891, p. 164)    



Charles-Marie-Gabriel Cousin, né le 15 avril 1822 à Avallon (Yonne), était le fils de Gilbert-Marie Cousin (1784-1837), un ingénieur au corps royal des Ponts-et-Chaussées, qui avait épousé en 1815, à Château-Thierry (Aisne), Rose-Alexandrine-Julie Tanevot de Brasles (° 1797), dont la grand-mère maternelle descendait du poète Jean de La Fontaine.


Il fit ses études à Paris, au lycée Louis-le-Grand, fut lauréat du Concours général, répétiteur de rhétorique dans un collège, puis secrétaire du prince de Capoue, frère du roi de Naples. En 1843, il fut admis comme surnuméraire au ministère de l’Instruction publique. Trois ans plus tard, il entra au service de la Compagnie des chemins de fer du Nord, devint inspecteur et principal délégué en 1867 et secrétaire de l’exploitation en 1890. Pendant la guerre 1870-1871, il a commandé un bataillon de 2.400 hommes formé par ses soins avec le personnel de la Compagnie, assurant la protection de la voie ferrée ;






la Compagnie reconnaissante alloua à son défenseur un appartement composé de deux étages, 20 rue de Dunkerque, à Paris Xe, dont le plus élevé, le 4e, fut converti en « Grenier » où Cousin, qui était curieux de livres et d’antiquités, commença à accumuler ses richesses.

Quand le duc d’Aumale, camarade de collège et de concours de Cousin, rentra en France, il visita le « Grenier », il y dîna avec les « Amis des livres » ; Cousin vint tirer des faisans à Chantilly.







Cousin a joué un grand rôle dans la maçonnerie. De la loge « La Clémente Amitié », à l’Orient de Paris, dont il fut vénérable, il organisa en 1875 la cérémonie d’initiation d’Emile Littré et de Jules Ferry ; la loge devint la plus importante du Grand Orient, avec 250 membres en 1877. Cousin fut grand maître de l’Orient de France de 1883 à 1885 ; il démissionna avant les législatives de 1885, ne supportant pas les attaques portées par les radicaux contre Jules Ferry.   


Il a publié quelques beaux livres dont : avec de Lovenjoul, Charles Baudelaire. Souvenirs – Correspondances. Bibliographie suivie de pièces inédites (Paris, René Pincebourde, 1872) ; Voyage dans un grenier (Paris, Damascène  Morgand et Charles Fatout, 1878) ; Racontars illustrés d’un vieux collectionneur (Paris, Librairie de l’Art, 1887, 2 vol.).






Racontars, t. I, dédicace


Il fut l’un des fondateurs, en 1874, et premier vice-président de la Société des Amis des livres et de la Société des Bibliophiles contemporains.

D’humeur joviale, il affectait la loufoquerie et se surnommait lui-même « le Toqué », ce qui ne nuisait pas à son prestige de bibliophile.


« Le Toqué est bibliophile, iconophile, isophile, gynophile, chromotypophile, démesurément polyphile ; il est encore gastrolâtre et adéphagique, cynégétique, hypergenétique et arthritique à la fois. Il a élevé dans le temple de sa toquade un autel à la physiocratie et dans les cryptes une chapelle à la déesse Raison ; si sa furie ne s’arrête, le Grenier de la rue de Dunkerque menacera bientôt les dépendances de la gare du Nord, aux destinées de laquelle il préside. »

(Octave Uzanne. Les Zigzags d’un curieux. Paris, Quantin, 1888, p. 215)


Cousin possédait quatre ex-libris, dont le quatrième fut le plus utilisé :


- une étiquette dorée, estampée sur papier noir. Deux C enlacés. 10 x 10. « figure avec l’Ex-libris sur quelques livres achetés par le Toqué, il y a bien longtemps, et auxquels il attachait une certaine valeur ».     




Armes de Cousin de Crèvechamps, en Lorraine

- une petite vache rouge sur fond doré. Etiquette ronde. Diamètre 19. « extraite d’une planche d’armoiries reproduite page 138 des Racontars illustrés d’un vieux collectionneur. Cette marque destinée aux tableaux, faïences et bibelots de mon grenier a été exceptionnellement appliquée au-dessous de mon Ex-libris, sur quelques volumes peu édifiants. »






- un cartouche rocaille ; au centre, on lit : « Jean s’en alla comme il était venu », épitaphe du poète, et le monogramme J. F. T. [Jean de La Fontaine Toqué] brochant sur le tout. Autour, la légende : « C’est ma toquade » ; au bas, deux C enlacés ; à l’extérieur, marotte, livre et guirlande de roses. Signé : P. V. 110 x 78.




- un cartouche ogival. Au centre, sur un fond azuré, on lit : l’épitaphe du poète, « Jean s’en alla comme il était venu », et le monogramme J. F. T. [Jean de La Fontaine Toqué] brochant sur le tout. Autour, la légende : « C’est ma toquade » ; au bas, deux C enlacés. 37 x 29.







Un contemporain de Cousin, Georges Badillé, banquier à Fontenay-le-Comte (Vendée), utilisait aussi la devise « C’est ma toquade » dans son ex-libris : un grand livre debout ; sur la marge supérieure est assise une petite folie montrant du doigt les lettres B G enlacées sur le plat du volume ; le tout encadré par un grand C sur le plein duquel on lit la devise. Signé : Stern, Graveur. 61 x 51.   


Il prit sa retraite en décembre 1890, et conçut l’idée d’une Encyclopédie populaire illustrée qu’il pensa faire distribuer gratuitement au plus grand nombre possible d’écoles, en demandant un sacrifice de quelques centaines de francs à tous ceux qui exerçaient un mandat au nom du suffrage universel. Le numéro spécimen adressé aux sénateurs, députés et conseillers généraux n’ayant pas réussi à provoquer les souscriptions nécessaires, Cousin garda pour lui toutes les dépenses de son essai. Cette circonstance, jointe à des sacrifices qu’il avait faits pour la publication ruineuse de ses Racontars (dont il a distribué libéralement nombre d’exemplaires), le détermina à liquider prématurément la partie la plus précieuse de ses collections.





Le catalogue, qui porte le titre générique de Collections de Charles Cousin. Livres, manuscrits, faïences anciennes, tableaux, dessins, objets d’art (Paris, Maurice Delestre, Charles Mannheim, A. Durel, 1891, in-4, [4]-VI-26-[2]-XIX-[1 bl.]-236 p. et 13 pl.)  contient deux parties :   


Urbino Diana 1535

Catalogue de faïences anciennes françaises, italiennes, hollandaises, etc. de tableaux & dessins anciens et modernes et de quelques objets d’art provenant du grenier de Charles Cousin (Paris, Maurice Delestre et Charles Manheim, 1891, in-4, [2]-VI-26 p. et 7 pl., 150 lots), avec un « Avant-propos » du collectionneur de faënces Gustave Gouellain. La vente à Drouot, le lundi 6 avril 1891, a rapporté 25.159 francs.



Le Catalogue de livres & manuscrits la plupart rares et précieux provenant du grenier de Charles Cousin (Paris, Marice Delestre et A. Durel, 1891, in-4, [2]-XIX-[1 bl.]-236 p. et 6 pl., dont un portrait frontispice, 836 lots) est précédé d’une « Oraison funèbre » due à la plume de Henri Beraldi, vice-président des Bibliophiles contemporains :


« Tu quoque ! Le Toqué, lui aussi, vend ses livres ! Et au moment de la douloureuse séparation, il demande à la “ clémente amitié ” de son collègue des Amis des Livres, de son co-vice-président des Bibliophiles Contemporains, une préface ; – premières paroles de son catalogue, mais surtout dernières paroles prononcées sur ses volumes, et leur oraison funèbre. Cousin, ce franc-maçon de haut grade, entend qu’on jette de l’eau bénite sur le cadavre de sa bibliothèque ! […]

Bibliomane d’une espèce unique. Bibliophiliquement, ce Toqué était un sage. Il ne se donnait pas comme nous tous la préoccupation de se tracer un plan de bibliothèque et de le poursuivre, au prix de peines infinies, et de douleurs amères à chaque contretemps. Il n’avait pas de plan, ou il avait tous les plans. Il voulait cueillir tout ce qui lui paraissait bien ; incunables et livres du xviiie, classiques et romantiques, livres d’heures et Cheik-Neffzaoui, paradis et enfer, mosaïques et jansénistes, reliures des Eve et de Purgold, de Boyet et de Cuzin. […]

La perle du Grenier, c’était le Toqué lui-même. Le Toqué, avec sa figure rabelaisienne, son petit œil émérillonné, sa barbe malicieuse, ses airs enflammés, sa verve éblouissante, ses enthousiasmes indescriptibles, sa brillante vanité de collectionneur rendue plus qu’acceptable, – spirituelle ! – par une conversation en feu d’artifice ! […]

C’est triste ! Et en qualité de bibliophile, je n’ai jamais su voir sans une sincère douleur la disparition d’une collection amie. Adieu donc, bibliothèque du Grenier ! Adieu, livres du Toqué ! Je verse sur vous des larmes …

Ça ne fait rien ! Je suis bien curieux de savoir combien se vendra le La Popelinière ! »


On y trouve plusieurs manuscrits du xive au xviiie siècle.

L’imprimerie au xve siècle n’y est représentée que par deux œuvres : « Ces deux perles ont été, il y a plus d’une vingtaine d’années, l’objet d’une lutte héroïque entre le Grenier et la Librairie Techener. »

Il y a quelques produits des presses des Alde et de Plantin, mais ce n’est qu’en raison des reliures qui les recouvrent. Les Elzévirs sont plus nombreux, mais encore plutôt pour leurs brillants habits, ou à cause des auteurs dont ils reproduisent les œuvres.

Bien qu’il soit avant tout un moderniste, Cousin témoigne d’une singulière tendresse pour les poètes du Moyen Âge et de la Renaissance.

Dans la section consacrée au théâtre, on remarque d’excellentes éditions de Corneille, de Molière, de Racine et même l’édition originale du Misanthrope, exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet au chiffre du duc d’Aumale. Dans l’histoire, la rarissime Chronique de Commines de 1525 et les Illustrations de Gaulle de Le Maire de Belges de 1548 en reliure du temps mosaïquée.

C’est surtout sous le rapport de l’art que cette bibliothèque brille d’un vif éclat. La taille-douce y joue un rôle important.





Mention spéciale pour la Galerie du Palais-Royal (1786), exemplaire du duc d’Orléans, en épreuves de premier choix, en 22 livraisons cartonnées en papier bleu de roi, aux armes et aux écoinçons du duc.

Le xixe siècle illustré est aux honneurs : la plupart des beaux livres s’y trouvent, en exemplaires exceptionnels, souvent avec des dessins originaux ajoutés.

Il y a aussi une section « gaillarde », dont le roi est le fameux livre du fermier général de La Popelinière.

Quant aux belles reliures de cette collection, il y en a des centaines, les unes plus riches ou plus intéressantes que les autres, de toutes les époques. Le Grenier se glorifiait encore de posséder des exemplaires dont la reliure est à l’effigie, aux armes ou au chiffre de François Ier, de la reine Margot, de Marie Leczynska, de Marie-Antoinette, du cardinal de Richelieu, de Madame de Maintenon, de la duchesse de Retz, de la comtesse de Verrue, de De Thou, du comte d’Hoym, etc.




1. Bible en hébreu, sans lieu ni date. Très petit volume relié en veau brun, couvert d’ornements en argent ciselé, milieux et coins, fermoirs composés chacun de deux cigognes.







23. Officium SS. Ursulae et sociarum ejus virginum et martyrum. In Festo et per Octavas die XXI Octobris. Paris, François Muguet, 1688. In-12 réglé, mar. rouge, tr. dor., dos et plats décorés des pièces d’armoiries du blason du cardinal de Fleury, dont l’écu figure au centre des plats, doublé de mar. bleu, dentelles, gardes de papier doré. (Padeloup).



90. Les Charactères des passions, par le Sr de La Chambre, médecin de Monseigneur le Chancelier. Paris, P. Rocolet et P. Blaise, 1640. In-4, mar. rouge, doré en plein, dos et plats, aux petits fers. (Le Gascon). Ex. d’Ambroise Firmin Didot portant son ex-libris. [Sotheby’s, Paris, 19 novembre 2012, est. 25.000/35.000 €. Selon Isabelle de Conihout, la reliure fut exécutée dans l’atelier Rocolet en 1645]

163. Bouchardon. Etudes prises dans le bas peuple, ou Les Cris de Paris. Paris, Fessard, 1737-1746. Cinq suites de 12 pièces chacune, en tout 60 pièces, la dernière suite avant les numéros. Petit in-folio, mar. rouge, tr. dor. (Hardy). 670 fr.

173. Gavarni. Œuvres choisies. Paris, Hetzel, 1846-1848. 4 vol. grand in-8, demi-mar. bleu avec coins, fil., dos orné, plats en brocart, éb., tr. sup. dorée. Ex. colorié au pinceau. 330 fr.

181. Moreau le Jeune. Seconde suite d’estampes pour servir à l’histoire des Modes et du Costume en France, dans le xviiie siècle. Année 1776. Paris, chez Moreau. In-8, mar. rouge, dos orné, tr. dor. (Cuzin). 455 fr.






187. Suitte d’estampes gravées par Madame la Marquise de Pompadour, d’après les Pierres Gravées de Guai, Graveur du Roy. Un front. par Boucher et 63 pl. gr. in-4 numérotées, glomisées dans des cadres tracés en noir et rouge. Texte explicatif et tables calligraphiés à la main. Mar. brun, dos très orné en mosaïque, larges dentelles sur les plats et milieux fleuris en mosaïque rehaussée d’argent et d’or de plusieurs nuances, tr. dor. (Padeloup). Ex. de présent. 2.100 fr.

207. Anacréon, Sapho, Bion et Moschus, traduction nouvelle en prose, suivie de la veillée des fêtes de Vénus et d’un choix de pièces par différens auteurs, par M. C. (Moutonnet de Clairfons). Paphos et Paris, Le Boucher, 1773. In-8, fig. d’Eisen, gravées par Massart. Ex. en papier de Hollande, relié sur brochure en mar. rouge, filets, comp. à la Duseuil, tr. dor. (Duru). 50 fig. ajoutées à celles de l’édition. 315 fr.

223. Ovide. Les Métamorphoses, gravées sur les dessins des meilleurs Peintres français. Par les soins des srs Le Mire et Basan, graveurs. Paris, Basan et Le Mire. In-4, mar. rouge, tr. dor. (Rel. anc.). 620 fr.

231.Œuvres en rime de Jan Antoine de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1573. Les Amours de Jan Antoine de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1572. Les Passe-Tems de Jan Antoine de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1573. Les Jeux de Jan Antoine de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1573. Ensemble, 4 vol. in-8 mar. bleu, dos orné, milieu à feuillages, doublé de mar. rouge, larges dent. à petits fers, tr. dor. (Chambolle-Duru). 280 fr.

233. Les Œuvres de maistre Alain-Chartier. Paris, Samuel Thiboust, 1617. In-4, mar. rouge jans., doublé de mar. rouge, larges dent. à petits fers, tr. dor. (Chambolle-Duru). En grand papier. 240 fr.

235. Les Œuvres poétiques d’Amadis Jamyn. Paris, Robert le Mangnier, 1579. Le Second volume des Œuvres d’Amadis Jamyn.Paris, Félix le Mangnier, 1584. Ensemble 2 vol. in-12, mar. brun, fil., dos orné, tr. dor. (Bauzonnet). 217 fr.

260. La Fontaine. Elégie, etc. In-4 de 2 feuillets, mar. orange, fil. à compart., milieux en mosaïque, tr. dor. (Lortic). Edition originale de cette célèbre Elégie, aux Nymphes de Vaux, écrite à l’occasion de la disgrâce du surintendant Fouquet. C’est une pièce volante imprimée probablement à Paris en 1661, d’une manière occulte. Les exemplaires en sont introuvables. Cet ex. a appartenu à Fouquet. On a ajouté un précieux autographe de La Fontaine : brouillon de son Ode pour la paix, qui a paru pour la première fois en 1671, écrite sur du papier aux armes du cardinal Mazarin, en filigrane, ce qui prouve qu’elle a été improvisée dans le cabinet même de ce ministre. 2.055 fr. Toqué l’avait acheté à la vente Ambroise Firmin Didot (juin 1878, p. 138) pour 1.980 fr.

261. Fables choisies, mises en vers par Jean de La Fontaine. Paris, Desaint et Saillant, et Durand, 1755. 4 vol. in-fol., front. et fig. d’Oudry. En-têtes et culs-de-lampe gravés sur bois, mar. rouge, filets, dos très ornés, tr. dor. (Rel. anc.). Premier tirage (avant l’inscription « au Léopard »). 1.525 fr.

262. Fables choisies ; mises en vers par J. de La Fontaine. Nouvelle édition, gravée en taille-douce, les Figures par le sr  Fessard, le Texte par le sr  Montulay. Paris, chez l’Auteur, Graveur ordinaire du Roy, 1765-1775. 6 vol. in-8, mar. rouge, triples filets, dos très ornés, tr. dor. (Rel. anc.). 485 fr.

272. Contes de Monsieur de La Fontaine enrichis de tailles-douces.Amsterdam, Henry Desbordes, 1685. Petit in-8 réglé, front. et figures de Romain de Hooge, mar. bleu, dos orné, trois fil., tr. dor. (Padeloup). Ex-libris Guy Pellion. 450 fr.

273. Contes et Nouvelles en vers par M. de La Fontaine. Amsterdam, 1762. 2 tomes en 2 vol. in-8, mar. rouge, filets, dos orné, tr. dor., doub. de tabis bleu. (Derome). Premier tirage de l’édition des fermiers généraux, double épreuve du « Cas de conscience », couverte et découverte ; le « Diable de Papefiguière » et le « Rossignol » découverts. 1.170 fr.

274. Contes de La Fontaine. Paris, 1875. 2 vol. in-4, mar. grenat, dos orné, fil., comp. doublé de mar. vert, riches ornements , tr. dor. Ex. composé du texte de la réimpression de Lemonnyer, avec les vignettes coloriées, et orné de 60 dessins originaux au lavis, exécutés pour le comte de R******, par un artiste inconnu. 295 fr.

278. Les Amours de Psyché et de Cupidon, avec le poëme d’Adonis, par La Fontaine. Edition ornée de figures dessinées par Moreau le Jeune, et gravées sous sa direction. Paris, Saugrain et Didot, an V-1797. 2 vol. in-12, mar. rouge, dentelle, tr. dor., doublé de tabis (Rel. anc.).

289. Les Baisers, précédés du Mois de Mai, poème. La Haye, et se trouve à Paris chez Lambert, et Delalain, 1770. Front. gravé et vignettes, mar. vert foncé, dos orné, plats couverts d’animaux, feuillage et mosaïque, doublé de mar. orange, ornements spéciaux, comp., gardes de mroquin dorées, tr. dor., grand papier. Rel. non pas doublée, mais triplée.

290. Fables nouvelles (par Dorat). La Haye, et se trouve à Paris chez Delalain, 1773. 2 part. en 1 vol. in-8, front. et vignettes par Marillier, mar. orange, dos et plats couverts d’ornements, feuillages et animaux, doublé de mar. vert foncé, fil., comp., gardes mar. vert ornées de feuillages, tr. dor., grand papier. Rel. triplée.

296. Hero et Léandre. Poëme nouveau en trois chants, traduit du grec, sur un manuscrit trouvé à Castro, auquel on a ajouté des notes historiques. Edition ornée d’un front. et de 8 estampes en couleur, dessinées et gravées par P.-L. Debucourt, de la ci-devant Académie. Paris, Pierre Didot l’Aîné, an IX-1801. Gr. in-4, gr. papier vélin, dans son premier cartonnage, non rogné. Figures avant la lettre. 315 fr.






306. Adam et Eve, tragédie, dédiée à l’Académie française, revue et corregée [sic], par l’auteur (Tanevot). Le prix est de 24 sols, broché. Paris, Jean-Baptiste Garnier, 1752. In-8, front. de Marillier gravé par Delaunay. Mar. rouge, plats entièrement couverts d’ornements rocaille, aux armes du contrôleur des finances, comte de Boulongne, tr. dor. Ex. de Méon, de Soleinne et de La Bédoyère. 385 fr. Acheté par Cousin chez Rouquette : « Le Sr Tanevot, premier commis des Finances, quadrisaïeul du Toqué, ne se doutait guère que mon ami Rouquette demanderait à son descendant, pour le prix d’une tragédie cotée 24 sols, la somme de 450 livres tournois. » 

314. Zélis au bain. Poëme en quatre chants. Genève. In-8, mar. rouge, fil., tr. dor. (Derome). Gr. papier vélin fort, épreuves hors ligne des fig. d’Eisen, gravées par Le Mire et Longueil, portant au verso les initiales autographes de l’auteur (De Pezay) ; front. du 3e chant est avant toute lettre. 560 fr.

320.Œuvres complètes de Béranger, nouvelle édition revue par l’auteur, contenant cinquante-trois gravures sur acier, d’après Charlet, Lemud, Johannot et autres. Paris, Perrotin, 1857, 2 vol. – Dernières chansons de P. J. de Béranger, de 1834 à 1851, avec lettre de préface de l’auteur. Paris, Perrotin, 1857, avec portrait et 15 fig., 1 vol. – Ma biographie, ouvrage posthume de Béranger, avec un appendice et un grand nombre de notes inédites de Béranger sur ses chansons. Paris, Perrotin, 1859, 1 vol. avec portraits et figures. Ensemble 4 vol. in-8, pap. vélin, mar. vert, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Capé pour les 2 premiers vol. ; Marius Michel pour les 2 autres : rel. uniforme). 500 fr.

334.Œuvres de Alfred de Musset. Paris, Lemerre, 1876. 11 vol. in-12, pap. de Chine. Illustrations de Henri Pille, gravées par Monziès en trois états : avant la lettre, avec la lettre, en noir et sanguine. Fig. de Bida, gravées par Lalauze, ajoutées. Mar. vert clair, fil., dos orné à petits fers, tr. dor. (Lortic). 500 fr.

341. La Gerusalemme liberata di Torquato Tasso. Parigi, 1771. Delalain, Durand, Molini. 2 vol. gr. in-8, illustrés par Gravelot, mar. rouge, filets, tr. dor., dos ornés avec les fers spéciaux des éditeurs. (Rel. anc.). Double provenance anglaise : Westdean Library et ex-libris John Peachey. 230 fr.







415. Recueil des épistres, lettres et préfaces de Monsieur de La Chambre. Paris, Claude Barbin, 1664. In-8, front. gravé, mar. rouge, tr. dor., dos et plats dorés en plein à petits fers et au pointillé (Le Gascon). Ex. de Colbert portant l’ex-libris de La Roche Lacarelle. 

478. Les Cent Nouvelles nouvelles. Suivent les Cent Nouvelles contenant les Cent Histoires nouveaux qui sont moult plaisans à raconter. En toutes bonnes compagnies ; par manière de joyeuseté. Avec d’excellentes figures en taille-douce, gravées sur les dessins du fameux Mr  Romain de Hooge. Cologne, Pierre Gaillard, 1701. 2 vol. in-8, mar. bleu, triple fil., dos orné, tr. dor. (Boyet). Nom de la marquise d’Entraives sur le titre. Passé dans la Beckford Library. Acheté à la vente Hamilton en 1882. 400 fr.

486. Contes de Perrault, illustrés par Edouard de Beaumont. Deux vol. in-fol. contenant : le premier Cendrillon et Les Fées, avec 33 aquarelles ; le second La Barbe bleue et La Belle au bois dormant, avec 41 aquarelles reproduites en fac-similé et imprimées en couleur par les Editeurs Boussod, Valadon et Compagnie. Les deux vol. sont datés d’Asnières-sur-Seine, où l’impression a été achevée, pour le premier le 1er décembre 1886, pour le second le 1er décembre 1887. Mar. grenat, doré en plein à l’aide d’une plaque spéciale, tr. dor., doublure et gardes de satin blanc ; rel. exécutée pour les éditeurs ; chaque vol. dans un étui. 375 fr.

488.Œuvres de maître François Rabelais, avec des remarques historiques et critiques de M. Le Duchat. Amsterdam, Jean-Frédéric Bernard, 1741. 3 vol. in-4, mar. citron, fil. et coins fleuronnés, dos à petits fers (vermiculés) à la Padeloup, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Jean, comte de Cobentzel, ministre d’Autriche aux Pays-Bas. On a ajouté le dessin original du frontispice pr Folkema, lavé à la sépia et signé du maître. « Le Toqué ne craint pas d’avouer qu’il a payé 1500 fr. ce dessin admirable et d’un effet bien supérieur à la gravure. » 1.475 fr.

492. Aline, reine de Golconde, conte par le chevalier Stanislas de Boufflers. A Paris, gravé et imprimé pour les Amis des Livres. Compositions jointes au texte dessinées par Albert Lynch, eaux-fortes au lavis gravées par Gaujean, lettres bâtardes du texte burinées par A. Leclerc. In-8, pap. de Hollande, broché en pap. de soie bleue. Ex. n° 6 sur 115. Exécuté sous la direction d’Octave Uzanne. 340 fr.

497. Jacques le Fataliste, par Diderot. Imprimé pour les Amis des Livres, 1884. In-8, fig. , broché. Papier du Japon, figures de Maurice Leloir, gravées par Mongin, Courtry, Teissonnières, de Los Rios, sous la direction de Henri Beraldi, n° 16 sur 138. 200 fr.

499. Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut (Prévost). Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1753. 2 vol. in-12, fig., mar. bleu, fil., tr. dor., doublé de mar. orange, larges dentelles (Trautz-Bauzonnet). Vendu 2.000 fr. à la vente Delbergue. 805 fr.

501. Le Paysan perverti, ou les Dangers de la ville, par Restif de la Bretonne. Impr. à La Haye et se trouve à Paris, chez Esprit, 1776, huit parties en 4 vol. – La Paysanne pervertie, ou les Dangers de la ville, impr. à La Haye et se trouve à Paris, chez la veuve Duchesne, 1784, huit parties en 4 vol. Ensemble 8 vol. in-12, fig. de Binet, mar. bleu, fil., dos orné, dent. int., tr.dor. (Chambolle-Duru). Magnifique ex. 570 fr.

504. Primerose par M..el de V..dé (Vindé). Paris, impr. de P. Didot l’Aîné, 1797. Pet. in-12, fig., veau racine, dent., tr. dor. (Rel. anc.). Gr. pap. vélin, eaux-fortes avant la lettre. 300 fr.

513. Jules Claretie. Le Drapeau, ouvrage couronné par l’Académie française. Paris, Calmann-Lévy, 1886. In-16, gr. pap. du Japon (n° 21 sur 25), figures tirées à part, mar. bleu, couv. cons., tr. dor. (ébarbé), dos et plats ornés de filets mosaïqués tricolores, larges mors de mar. bleu à fil. fleuronnés, doublure et gardes de moire rouge (Marius Michel). Envoi autographe de l’auteur. 460 fr.

519. La Dame aux camélias, par Alexandre Dumas fils. Illustrations de A. Lynch. Paris, Quantin, pour Calmann-Lévy. Gr. in-4, mar. bleu, tr. dor. Camelia en mosaïque sur le plat recto, et chiffre du Toqué en mosaïque sur le plat verso, doublure en vieux brocart doré avec mors orné de larges compartiments mosaïqués (Ruban). Un des 30 ex. sur Japon, avec 3 suites des figures, nombreuses pièces ajoutées. Reliure exposée par Ruban à l’Exposition universelle de Paris en 1889. 399 fr.

521. Madame Bovary, mœurs de province, par Gustave Flaubert.Paris, Michel Lévy frères, 1857. Deux tomes en 1 vol. in-12, papier fort, édition originale, cart. en percaline, non rogné (Behrends). Avec une lettre autographe de l’auteur. 295 fr.

523. Salammbô, par Gustave Flaubert. Paris, Michel Lévy frères, 1863. In-8, gr. pap. de Hollande, br., éd. originale. 290 fr.

524. Mademoiselle de Maupin. Double Amour, par Théophile Gautier. Réimpression textuelle de l’édition originale, notice bibliographique par Charles de Lovenjoul. Paris, L. Conquet et G. Charpentier, 1883. 2 vol. in-8 raisin, demi-mar. vert, coins, fil., dos plats, superbe dorure originale de Cuzin, non rognés. Ex. sur Japon extra, n° 124 sur 150, double suite avant et avec la lettre des fig. de Toudouze gravées par Champollion. « Cuzin ne demandait pour ces dos merveilleusement décorés que cinquante ou cinquante-cinq francs par volume : ce n’était pas payé. » 535 fr.

525. L’Eldorado ou Fortunio, par Théophile Gautier, publié sur l’édition originale. Paris, impr. pour les Amis des Livres par Motteroz, 1880. Eaux-fortes de Milius, vignettes d’Avril. In-8, br., n° 14 sur 115. 325 fr.

528. Trois coups de foudre, par Ludovic Halevy. Dix dessins de Kauffmann, gravés par T. de Mare. Paris, L. Conquet, 1886. In-16, mar. orange, tr. dor., ébarbé, couv. cons., dos orné à petits fers, filets et fleurons mosaïqués de noir, mors de mar. à filets fleur., doublure et gardes en moire violacée (Marius Michel). Pap. du Japon (n° 138 sur 150), avec double suite des figures, aquarelles d’Henriot ajoutées, « ainsi que des eaux-fortes gracieusement offertes par l’éditeur, qui a pris la peine d’ordonner pour son Toqué la reliure de ce joli volume et de la plupart de ceux que la rue Drouot a cédés au Grenier. » 365 fr.

537. Chronique du règne de Charles IX, par Prosper Mérimée, illustrée de trente-une compositions dessinées et gravées à l’eau-forte par Edmond Morin. Paris, impr. pour les Amis des Livres, par George Chamerot, 1876. 2 vol. in-8 br. (n° 51 sur 115). Publication dirigée par Eugène Paillet. Le premier et le plus recherché des ouvrages édités par la Société des Amis des Livres. 460 fr.






567. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé, avec fig. Front. de Coypel, fig. du Régent gravées par B. Audran. 1745. Pet. in-8, mar. citron, mosaïque de losanges rouges et verts alternés, dos orné avec fers spéciaux, gardes dorées, tr. dor. (Padeloup, avec son étiquette).

673. Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie (suivi de Daïra, fantaisie orientale, par Le Riche de La Popelinière). In-4, 18 miniatures, dont 2 au lavis d’encre de Chine et 16 en couleurs, mar. rouge, tr. dor. Aux armes de l’auteur, de gueules à une chaîne d’or, supportant un coq de même, regardant une étoile au canton dextre d’argent. Dos et coins ornés de pièces d’armoiries. Ex. unique dont l’exécution a coûté plus de 60.000 livres au fermier général. A sa mort, l’imprimé fut saisi pour le Roi [2 autres exemplaires auraient été détruits] ; mystérieusement passé dans les mains du duc de La Vallière, puis dans celles du marquis de Paulmy, du Russe Michel Galitzin, du baron Pichon, de l’Anglais, vivant à Paris, Frédérick Hankey. Cousin avait acquis ce livre aux héritiers Hankey pour 20.000 fr. Adjugé 20.200 fr. à Durel pour Henri Bordes, de Bordeaux.


« Quelques jours avant la vente, il courait un bruit persistant : le La Popelinière n’était pas complet. – On se disait et répétait que le baron Pichon, lorsqu’il céda le livre à Hankey, avait, pour équilibrer le prix qui lui était offert avec celui qu’il réclamait, détaché deux des miniatures les plus aimables, dont une scène de Lesbiennes d’un pâmant intérêt. Le La Popelinière devrait donc, si ce qu’on raconte est juste, comprendre Vingt Miniatures. Il appartient au propriétaire actuel de faire la clarté sur cette question. » (Le Livre moderne. Paris, Quantin, 1891, t. III, p. 298)     






729. Suecia, sive de Suecorum Regis dominis et opibus, commentarius politicus. Lugduni Batav., ex officinâ Elzevirianâ, 1631. Très pet. in-16, réglé, mar. rouge, tr. dor., filets, comp., milieux mosaïqués de vert et dorés aux petits fers (Le Gascon). Pour Habert de Montmor.







775. L’Institution et Ordonnance des chevaliers de l’Ordre des très chrestiens Roys de France, en 1469. Manuscrit sur vélin très fort, 24 feuillets, daté in fine de 1501. Ecriture gothique, titre courant en rouge, ainsi que les numéros des 98 chapitres, commençant chacun par une lettre ornée rehaussée d’or. In-4. Rel. à la Grolier, portant au centre des plats « De die in diem salutare meum », avec la date de la reliure : 1562.                        


La vente à Drouot, en 5 vacations, du mardi 7 avril au samedi 11 avril 1891, a rapporté 110.841 francs.


Cousin mourut le 14 septembre 1894, à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), à l’Institut Joseph Magot, « asile communal desservi par les sœurs de Saint-Charles de Nancy et destiné à recevoir les vieillards indigents mais encore valides, des deux sexes », fondé par décret impérial du 22 mai 1869. Son fils Henri Cousin, ingénieur des Mines, demeurait à Nancy.


Les livres furent vendus à Drouot, en 5 vacations, du lundi 8 au vendredi 12 avril 1895 : Catalogue de la bibliothèque de feu Monsieur Charles Cousin (Paris, A. Durel, 1895, in-8, 196 p., 1.108 lots).

55. L’Arétin d’Augustin Carrache, ou Recueil de postures érotiques d’après les gravures à l’eau-forte par cet artiste célèbre, avec le texte explicatif des sujets (par Croze-Magnan). A la Nouvelle Cythère (Paris, P. Didot, 1798), in-4, portr. et fig., mar. citron, dos orné mosaïque de mar. rouge et vert, encadrem. de fil. et dent. sur les pl. doublé et gardes de tabis, dent., mors de mar. citron, tr. dor. (Bozerian). Ensemble 28 pièces. Ex-libris de Pixerécourt.
59. Aristotelis. Alexandri, et Cassii Problemata, cum Theophrasteorum quorundam collectancis … graecum et latinum. Francofurdi, Andreae Wecheli, 1585, in-4, mar. citron. Aux armes et chiffres d’Auguste de Thou.
78. Ballades dans Paris, au Moulin de la Galette, à l’Hôtel Drouot  – Sur les Quais – Au Luxembourg. Notes inédites par MM. E. R. Paul Eudel, B.-H. Gausseron et Ad. Retté. Paris, imprimé pour les Bibliophiles contemporains, 1894, in-4, fig., br.,  couv. Tiré à 160 ex. non mis dans le commerce. Double suite des pl. en noir et coloriées.  


Super ex-libris


Salon de 1845. Paris, Jules Labitte, 1845
Paris, Sotheby's, 19 juin 2013 : 25.000 €






109. Baudelaire-Dufays. Salon de 1845-1846. – Richard Wagner et Tannhauser à Paris, par Ch. Baudelaire. Paris, 1845-1861. – Ensemble 3 vol. in-12, demi-rel. mar. r., dos orné, fil., tête dor., non rog., couv.
125. Beraldi (H.). Bibliothèque d’un bibliophile (1865-1885). Lille, impr. de L. Danel, 1885, pet. in-8, pap. de Holl., br., couv. Tiré à petit nombre, rare, ex. avec envoi autographe signé de l’auteur.
129. Béranger (P. J. de). Chansons anciennes, nouvelles et inédites, avec des vignettes de Devéria et des dessins coloriés d’Henri Monnier, suivies des Procès intentés à l’auteur. Paris, Baudouin frères, 1828, 2 vol. in-8, v. br., ornem. à fr. sur le dos et les pl., tr. dor. (Thouvenin). Ex. de Lebarbier de Tinan.
139. Beroalde de Verville. Le Moyen de parvenir, contenant la raison de tout ce qui a été, est et sera. Dernière édition, exactement corrigée et augmentée d’une Table des matières. Nulle-Part, 100070039 (1739), 2 vol. pet. in-12, v. marb., dos orné, tr. r. Aux armes du marquis d’Osmont.
176. Boileau (Jacq.). De l’abus des nuditez de gorge, seconde édition, revue, corrigée et augmentée. Suivant la copie imprimée à Bruxelles. Paris, J. de Laize de Bresche, 1677, pet. in-12, mar. vert, fil. à fr., tr. dor. Ex. de J. Richard.
223. Recueil de poésies anciennes, farces et facéties, etc., publiées par Simon Caron de 1798 à 1806.– Complément du recueil de Caron et pièces diverses ajoutées, publiées par M. de Montaran (Paris, 1829-1830). Ensemble 39 pièces. Le tout en 5 vol. pet. in-8, mar. rouge, fil., dent. int., non rog. (Thouvenin). Ex. complet du marquis du Roure et du comte de La Bédoyère.
242. La Célestine en laquelle est traicte des déceptions des serviteurs envers leurs maistres, et des macquerelles envers les amoureux, traslate dytalie en fracois. Paris, Galliot du Pré, 1527, in-8 goth., fig. sur bois, mar. r., dos orné à petits fers, fil., dent. int., tr. dor. (Hardy-Ménil). Fort rare. Aux armes du baron Seillière.
294. Les Controverses des sexes masculin et femenin. Toulouse, J. Colomies, 1534. In-4 goth., fig. sur bois, mar. citron, comp. de mosaïque de mar. rouge, vert et brun, tr. dor. étui (E. Niedrée). Edition originale. Vient de la bibliothèque de Rob. S. Turner (cat. n° 285). La reliure a figuré à l’Exposition de 1853.
317. Psalterium Davidis, ad exemplar Vaticanum anni 1592.Lugduni. apud Joh. et Dan. Elzévirios, 1653, pet. In-12, titre gr., mar. vert foncé, dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Vient de la bibliothèque du marquis de Ganay, avec ses armes au dos et aux angles des plats (vendu 360 fr.).
332. Delvau (Alfred). Son dernier carnet de poche, in-12, cart., dans un étui de mar. rouge, à son chiffre. Notes prises au jour le jour sur des personnages très connus. Retiré de la vente en 1891 par Cousin, désirant éviter à plusieurs journalistes l’ennui que pourrait leur causer la publication probable de ce carnet.
358. Dorat. Fables nouvelles. La Haye et se trouve à Paris chez Delalain, 1773, 2 tomes en 1 vol. gr. in-8, fig., mar. bleu, dos orné, fil., doublé de mar. bleu, clair, fil., large dent. à petits fers avec attributs, mors de mar. bleu, doubles gardes, tête dor., non rogné (Lortic). Superbe ex. en gr. pap.
465. Gérard de Nerval. Sylvie, souvenirs du Valois, préface par Lud. Halévy, 42 compositions dessinées et gravées à l’eau-forte par Ed. Rudaux. Paris, L. Conquet, 1886, in-16, pap. vél. du Marais, mar. rouge, comp. de fil. avec coins, dor. sur les pl. et le dos, doublé de mar. La Vall. avec feuillages et fleurs mosaïqués de mar. de diverses couleurs, mors de mar. rouge, doubles gardes, tr. dor. (Ruban). Superbe ex. enrichi de 8 jolies aquarelles originales par Bourdin.
502. Gringore (Pierre). Le Chasteau de labour. Lyon, Claude Nourry, 1526, pet. in-8, goth., fig. sur bois, mar. rouge, comp. de fil. avec coins dor., doublé de mar. olive, dent., mors de mar. rouge, tr. dor. (Koehler). Rare. Vient des bibliothèques Nodier et Yemeniz.
627. Lamartine (A. de). Chant du Sacre, ou la Veille des Armes. Paris, Baudouin et U. Canel, 1825, gr. in-8, cart., non rog. Ex-libris de Viollet Leduc.
758. Les Faictz et Dictz de feu de bõne memoire maistre Jehan Molinet. Paris, Jehan Petit, 1537, pet. in-8, goth., mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. (Derome). Vient des bibliothèques Henri Bordes et Guy Pellion.
1.054. Uzanne (O.). Caprices d’un Bibliophile. Paris, Rouveyre, 1878, pet. in-8, pap. vergé de Holl., front. à l’eau-forte de Ad. Lalauze, demi-rel. mar. gren. tête dor. non rog. couv.     
  



Le Dictionnaire bibliographique de Psaume

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D’une famille de tanneurs exerçant à Commercy (Meuse), Étienne Psaume  y est né le 21 février 1769 :

« Etienne fils Légitime de Christophe Pseaume et de Catherine Marquant son Epouse de cette Paroisse y est né et a été baptisé le vingt un fevrier mil sept cent soixante neuf ; Il a eu pour parrein Etienne Marquant et pour marreine Marie Richard tous deux de cette Paroisse qui ont signé avec moi Curé de Commercy » [sic] (paroisse Saint-Pantaléon)

L’orthographe « Pseaume » est un lapsus calami commis par le prêtre de la paroisse, les membres de cette famille signant « Psaume » tout au long des xviiieet xixe siècles. Cette orthographe fautive fut parfois reprise par quelques auteurs, après la mort d’Étienne Psaume.



Commercy (Meuse)
Château du roi Stanislas


Destiné à l’état ecclésiastique – son patronyme semblait l’exiger –, Psaume reçut les ordres mineurs à Paris quand la Révolution éclata. Il s’enthousiasma alors pour les idées nouvelles et quitta son collège. Dans son entourage, on lui conserva le surnom d’ « abbé Psaume », d’autant qu’il prétendait être l’arrière-petit-neveu de Nicolas Psaume (1518-1575), évêque de Verdun. Ayant quelque facilité de plume, il publia son premier pamphlet, où il traite Louis XVI de « Néron moderne » : Réponse aux objections des monarchistes contre la possibilité d’une république en France (Paris, Rainville, 1792).

De retour dans sa ville natale, il fut appelé aux fonctions de procureur-syndic du district de Commercy. S’étant fait un grand nombre d’ennemis par la raideur de son caractère, il donna sa démission, resta quelque temps administrateur du même district, puis se déclara négociant.





Il avait épousé Jeanne-Claude Picquot, fille d’un vigneron de Boucq (Meurthe-et-Moselle), qui lui donna trois filles, Cornélie (12 prairial an II [31 mai 1794]), Catherine-Sophie (13 floréal an V [2 mai 1797]) et Victoire (7 frimaire an VII [27 novembre 1798]), avant de mourir prématurément le 24 messidor an IX [13 juillet 1801], à l’âge de 34 ans.

Psaume quitta alors son domicile de la rue des Capucins pour aller à Nancy, où il ouvrit une libraire et un cabinet de lecture, rue de la Douane [aujourd’hui rue Saint-Jean], avant de fonder en 1807 le Journal de la cour d’appel de la Meurthe, de la Meuse et des Vosges qui, bien que ne s’occupant pas de politique, fut interdit de publication dès l’année suivante, après 159 numéros.

« En ces temps, Psaume était libraire à Nancy, mais libraire d’une singulière espèce ; il ne pouvait se déterminer à vendre un bon ouvrage, il en avait toujours un extrême besoin comme faisant partie de sa bibliothèque réservée. Sous la restauration, je l’ai trouvé à Paris ; il était correcteur d’imprimerie à raison de 1 fr. 50 c. par feuille. Il était logé dans un vaste cabinet tout rempli de livres. Son matelas posait sur une tablette prolongée de sa bibliothèque, et lui servait de chaise. C’est assis à côté de lui que nous avons causé ; il écrivait sur une pile d’in-folios [sic], surmontée d’une planche. Cependant, il avait une chaise et une table ; la chaise portait sa garde-robe et la table des assiettes. Voilà un temple de bibliomane. Nous disons bibliomane et non bibliophile : le premier est passionné pour ce que contient [sic] les livres ; le second nous paraît plus curieux des raretés et des belles reliures. Le luxe était inconnu à Psaume. Nous ne nous souvenons pas d’avoir trouvé chez lui de ces magnifiques ou délicieuses reliures qui recouvrent souvent des livres sans mérite. » (Catalogue raisonné des collections lorraines de M. Noël. Nancy, chez l’auteur, 1850-1851, t. I, p. XI, note)    

Psaume retourna à Commercy, devint avocat et se remaria le 30 janvier 1809 avec la fille d’un avocat de Vaucouleurs (Meuse), Jeanne Lemoussu, de vingt ans sa cadette : elle lui donna une fille, Anne-Élisabeth-Stéphanie, dite « Élisa », le 14 décembre de la même année.
Après la Restauration, Psaume fit de fréquents voyages à Paris, tentant d’obtenir, en vain, la place de juge de paix de son canton. À Commercy, sa fille Cornélie épousa Pierre-Charles Simon, fils d’un notaire, marchand de bois et de vin, le 13 mars 1817. De son côté, brûlant d’une flamme adultère, Jeanne Lemoussu quitta son mari pour aller vivre à Pierrefitte (Meuse) : d’abord avec Jean-Claude Cabouat, marchand épicier, puis avec Alphonse-Nicolas Grandjean, un cousin, ancien aide-chirurgien major, chez lequel elle  accoucha d’un garçon  le 25 novembre 1819. Tandis que Psaume avalait la pilule – le divorce avait été aboli en 1816 –, les parents de Jeanne, désespérés par la conduite de leur fille, se suicidaient par noyade.

Appelé par le Journal du département de la Meurthe, qui traversait une crise, Psaume retourna à Nancy en 1820 pour relever le journal et revint à Commercy.
Femme battue par son mari, Cornélie fit son testament le 17 mai 1824, léguant à son père la moitié de son bien en usufruit et le chargeant de veiller à l’éducation de ses trois enfants nés à Commercy : Catherine-Stéphanie, née le 24 janvier 1818, Charles-Etienne, né le 29 mai 1819, et Sophie, née le 23 février 1821. Elle décéda le 28 mai suivant en son domicile de la rue Royale, à peine âgée de 30 ans.


La brouille survint alors entre le beau-père et son gendre Simon, lésé dans ses intérêts. En 1826, à la suite du quadruple incendie de sa maison, dont la cause restera inexpliquée, et de ses démêlés orageux avec l’adjoint au maire, Psaume résolut de quitter à nouveau Commercy, s’éloignant ainsi de sa fille excentrique, Élisa, et de son gendre. Désormais, il fit la navette entre Nancy et Commercy.




Le 22 mai 1828 à Pierrefitte, Élisa fut trainée de force à l’autel par sa mère, l’obligeant à épouser le fils de son amant, Étienne-Adolphe Cabouat, marchand épicier comme son père.





Le 27 octobre suivant, au retour des vendanges à Boucq, Psaume voulut rentrer à pied à Commercy, par la forêt du Hazois. Simon et Cabouat - ce dernier pressé d'hériter -, qui avaient résolu de tuer leur beau-père, le frappèrent à coups de gourdin et traînèrent son cadavre dans la forêt ; trois jours après, Simon revint sur les lieux pour récupérer la montre de son beau-père. Le cadavre de Psaume ne fut retrouvé que le 15 novembre, vers le milieu du jour, dans un taillis, à 30 mètres du chemin de Boucq à Aulnois-sous-Vertuzey (Meuse) ; il fut ramené à Sorcy-Saint-Martin (Meuse) et inhumé le lendemain dimanche :


Cimetière de Sorcy-Saint-Martin (Meuse)


« L’an dix huit cent vingt huit, le quinze novembre à six heures du soir ; Pardevant nous Maire, officier public de l’Etat civil de la Commune de Sorcy, Canton de Void, Département de la meuse ; sont comparus les sieurs françois fristeaux agé de quarante deux ans Marchand tanneur demeurant à Commercy, neveu par alliance, et George Esselin agé de trente un ans tanneur demeurant En la ditte Ville, neveu au décédé, lesquels nous ont déclaré que le sieur Etienne Pseaume agé de soixante ans, natif de Commercy, demeurant à Nancy, fils du deffunt Christophe Pseaume Et Catherine Marquant, Epoux de deffunte Victoire [i.e. Jeanne Claude] Picquot décédée à Commercy, Et en seconde noce de Jeanne Moussu sa survivante demeurante à Pierre-fitte, Est décédé, Est décédé [sic] le jour d’hier sur le territoire de Boucq dans la forest du hazois ; Et ont Lesdits déclarants signé avec nous le présent acte de Décès, après qu’il leur En a Eté fait Lecture. » [sic]      

Simon et Cabouat furent renvoyés devant la cour d’assises de la Meuse, à Saint-Mihiel, sous l’accusation d’assassinat. Les débats durèrent du 8 au 11 juillet 1829, au cours desquels 187 témoins déposèrent, tant à charge qu’à décharge. Après une heure et demie de délibérations, le jury déclara les deux accusés coupables. Ils furent condamnés à la peine capitale et guillotinés le 14 septembre 1829 à Saint-Mihiel.  








Cette fin tragique inspira un homme d’esprit, le sieur Brossais, receveur des contributions à Vaucouleurs, qui composa une Grande complainte tirée des journaux et des audiences de la cour d’assises de la Meuse, avec les portraits des deux criminels, sur l’horrible et épouvantable assassinat commis le 27 octobre de l’an 1828, dans la forêt dite Le Hazois, avec préméditation et de guet-apens, sur la personne de M. Étienne Pseaume [sic], en son vivant avocat et homme de lettres, demeurant à Commercy, département de la Meuse, imprimée en 1829 à Bar-le-Duc et à Nancy, qui fit probablement plus pour la célébrité de Psaume que ne le firent ses publications. 





Dans la forêt du Hazois, une croix a été dressée sur le lieu du crime, qui porte seulement : « Ici est décédé Etienne Psaume. Priez Dieu pour son âme. »    

Membre de la Société royale des Antiquaires de France et associé correspondant de l’Académie de Nancy, Psaume a été l’auteur de quelques pamphlets et éloges, a fourni beaucoup d’articles politiques ou littéraires aux journaux de la capitale, au Journal du département de la Meurthe, au Narrateur de la Meuse, première feuille périodique de Commercy fondée en 1804, etc. Il a collaboré à la Biographie moderne, ou Galerie historique, civile, militaire, politique et judiciaire (Paris, Alexis Eymery et Delaunay, 1815, 2 vol. in-8).





Il a surtout été l’auteur, anonyme, d’un Dictionnaire bibliographique, ou Nouveau Manuel du libraire et de l’amateur de livres (Paris, Ponthieu, 1824, 2 vol. in-8, 264-ij-264 et [4]-507-[1 bl.] p.) :

« Notre travail se compose de deux parties distinctes ; la première est un Essai sur la bibliographie, dans lequel nous donnons les notions élémentaires qui doivent entrer dans la sphère de cet art ; la seconde et la principale, contient un Dictionnaire bibliographique, dans lequel les livres tant anciens que modernes sont indiqués avec leur prix, et des notes sur les principales éditions qui en ont été faites, ainsi que sur le mérite littéraire de la plupart. » (t. I, p. vj)   

L’édition de cet ouvrage avait été très perturbée. Sa confection avait été commencée par le libraire Émile Babeuf, fils du fameux révolutionnaire Gracchus Babeuf. Mais, libéré en 1818 après avoir été emprisonné sous la seconde Restauration pour la publication du journal Le Nain tricolore, Babeuf fit faillite et alla mourir inconnu en Amérique. L’édition fut alors confiée au libraire Ulfrand Ponthieu qui tenait une des plus belles librairies du Palais-Royal. Mais, sous prétexte du temps perdu et du coût d’un trop gros manuel, Ponthieu fit remplacer de nombreux articles et notes par d’autres, tirés de la 3eédition du Manuel du libraire et de l’amateur de livres de Jacques-Charles Brunet (Paris, chez l’auteur, 1820, 4 vol. in-8).  

On trouve dans le Dictionnaire de Psaume des notes sévères pour certains écrivains dont il ne partageait pas les opinions. Ainsi, il écrit contre le vicomte Louis de Bonald (1754-1840), de l’Académie française, publiciste, théoricien du parti ultra :

« En général toutes les productions de ce ténébreux écrivain, que l’on a surnommé avec juste raison le Lycophron de la politique, n’ont eu un peu de vogue que parce que certains valets de plume de la tyrannie avaient fait autrefois à leur auteur un immense trousseau de réputation. Mais, comme toutes les choses humaines, ce trousseau commence à s’user et tombe même en lambeaux depuis que les théories du despotisme, si ingénieuses qu’elles puissent être, ne sont plus de mode, et parce que l’on sent enfin que la clarté dans le style doit être comptée pour quelque chose, et que l’obscurité dans les idées n’est pas toujours de la profondeur. » (t. I, p. 75)  

De même, contre le comte Antoine Ferrand (1751-1825), de l’Académie française, historien et homme politique partisan actif des Bourbons :

« Le même auteur a aussi publié plusieurs pamphlets politiques, imprégnés, comme tous ses autres ouvrages, d’un esprit de parti d’autant plus étonnant, et d’une intolérance d’autant moins pardonnable dans M. le comte Ferrand, qu’il a été le rédacteur de cette fameuse adresse du parlement de Paris au roi Louis XVI, pour presser la convocation des états-généraux, et qu’ayant ainsi contribué à rompre la digue du torrent de la révolution, il devrait se montrer un peu plus indulgent envers ceux qui n’ont pu résister à son impétuosité. » (t. I, p. 216-217)  

Ou encore, contre le comte Joseph de Maistre (1753-1821), écrivain et philosophe, catholique ultramontain et monarchiste :

« M. de Maistre a publié un traité du pape, qui n’a pu trouver d’apologistes que parmi quelques ultramontains exaltés. En général les ouvrages de cet écrivain sont écrits avec beaucoup de nerf, quoique parfois plus obscurs que profonds ; les partisans de la théocratie et du despotisme dans toute sa pureté en font surtout beaucoup de cas. » (t. II, p. 106)


Le Dictionnaire de Psaume n’est qu’une contrefaçon de la seconde édition du Nouveau Dictionnaire portatif de bibliographie (Paris, Fournier frères, 1809, in-4) de l’imprimeur François-Ignace Fournier (1778-1842). Ce dernier ouvrage n’est lui-même qu’un abrégé du Dictionnaire bibliographique, historique et critique des livres rares (Paris, Cailleau et fils, et Liège, Jean-Jacques Tutot, 1791, 3 vol. in-8) de l’imprimeur André-Charles Cailleau (1731-1798), dont un mystérieux abbé R. Duclos, bibliophile, avait composé la plus grande partie.

Ce qui semblait être de Psaume seul est l’ « Essai élémentaire sur la bibliographie », qui est en tête du tome premier et que Charles Nodier (1780-1844) a loué le 15 février 1834 dans le journal Le Temps :

« C’est une analyse bien faite de la science bibliographique, où il n’y a presque rien de nouveau à apprendre pour ceux qui ont appris, mais où rien d’essentiel n’est omis pour ceux qui apprennent. »




Mais cet « Essai » a été calqué sur l’ouvrage inachevé qu’avait publié Claude-François Achard (1751-1809), médecin, puis bibliothécaire de la ville de Marseille : Cours élémentaire de bibliographie, ou la Science du bibliothécaire (Marseille, impr. de Joseph Achard fils et Compagnie, 1806-1807, 3 vol. in-8).





En outre, cet « Essai » est suivi d’un « Appendice de l’Essai sur la bibliographie, Contenant une bibliographie spéciale et chronologique des principaux ouvrages sur l’imprimerie et la  bibliologie » (t. I, p. 216-264), qui est la reproduction de la bibliographie d’Antoine-François Delandine (1756-1820), bibliothécaire de la ville de Lyon, publiée dans son Histoire abrégée de l’imprimerie (Paris, Renouard, Lenormand et Maradan, et Lyon, s. d. [1814], in-8), à ceci près qu’elle ne commence qu’en 1541 et qu’elle est augmentée des ouvrages publiés de 1811 à 1822.

Plus tard, à propos du Manuel du bibliothécaire, accompagné de notes critiques, historiques et littéraires (Bruxelles, J. B. Tircher, 1834) du bibliographe belge Jean-Pie Namur (1804-1867), qui avoua en 1838 s’être servi des travaux de Étienne-Gabriel Peignot (1767-1849) et de Delandine, le bibliographe français Joseph-Marie Quérard (1796-1865) écrivit, dans Les Supercheries littéraires dévoilées (Paris, l’Éditeur, 1850, t. III, p. 313) :

« La bibliographie vit d’emprunts, mais l’emprunteur nomme toujours l’écrivain à qui il a des obligations ; celui qui s’en dispense est moins qu’un compilateur […]
Ce livre offre une particularité peut-être unique jusqu’à ce jour : c’est que rien n’appartient à l’auteur dont il porte le nom ; le titre même n’est pas de M. Namur ; il l’a trouvé page IX du “ Dictionnaire raisonné de bibliologie ” de G. Peignot, où on lit que cet ouvrage devait paraître sous le titre de “ Manuel du bibliothécaire ”. Préfaces, matières, notes et notules, tout s’est fait à coup de ciseaux,  et le bibliognoste Peignot peut revendiquer pour sa part les trois quarts du volume, et Psaume le reste. »

Dans ce labyrinthe d’auteurs, on pourrait ne plus savoir qui a fait quoi. C’est la démonstration, si elle était nécessaire, que les livres, et particulièrement les bibliographies, se font avec des livres.

Psaume avait réuni une des plus belles bibliothèques du département, qui contenait 14.000 volumes, parmi lesquels les publications politiques tenaient une large place, qu’il avait recueillis lors de la vente des livres des maisons religieuses de la province et sur les quais de la capitale.Elle fut vendue à la maison Silvestre, rue des Bons-Enfans, du 12 au 24 octobre 1829 : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. Pseaume [lire Psaume] (Paris, J. J. Techener, 1829, in-8, 147 p., 1.470 lots). Le principal acheteur fut Jacques-Joseph Techener (1802-1873), qui débutait alors dans la carrière de libraire.

   






















Premier anniversaire

Le Musée bibliographique de Charles Motteley

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Agent diplomatique sous Napoléon Ier, Jean-Charles Mottelay, dit « Motteley », est né à Giberville (Calvados), le 12 avril 1778 :



« Aujourd’huy jeudy dousieme jour d’avril mille sept sept [sic] Cents soixante dix huit, jean charles Motelay né d’aujourd’huy du légitime Mariage de jean françois Motelay et d’anne Catherine le febure son epouse de Cette paroisse, a été baptisé par nous prêtre Curé de Ce lieu, son parain Charle estienne philippe Motelay [signe avec deux « t »] tonsuré, sa Mareine anne françoise Bourget qui ont signés avec nous. » [sic]

Morose et peu accessible, Motteley ne vécut que pour ses livres. L’origine de sa bibliothèque et de son goût pour les livres date du temps de ses études : élève distingué, il avait beaucoup de prix, et sa mère lui faisait présent d’autres livres encore quand elle le voyait revenir chargé d’ouvrages.

« Quand on entre chez lui, on voit d’abord des livres assez ordinaires, fort mal rangés ; on entre à droite dans une grande pièce (son salon) qui contient trois corps de bibliothèque et trois armoires. Ça et là, sur la cheminée et au dessus des armoires, sont de belles reliures anciennes montrant le plat. Il a la coutume de ranger de cette manière quelques exemplaires du comte d’Hoym, de de Thou, de Longepierre et autres en dedans de ses armoires ; ses plus belles choses sont dans une petite armoire qui est dans sa chambre à coucher, dans son secrétaire et dans sa commode. C’est là que sont le Virgile, le Tacite et l’Horace elsevier d’Hoym, l’Horace de Longepierre, etc. » [sic]
(Baron Jérôme Pichon. « Bibliophiles & relieurs ». In Bulletin du bibliophile, 1906, p. 393)

« Mais, puisque je parle de livres, laissez-moi vous raconter une aventure qui m’est arrivée, ces jours derniers, avec un bibliophile distingué. J’étais allé, un matin, rendre visite à Jules Janin (qui habite toujours modestement, comme s’il était encore garçon et qu’il ne fût pas un grand écrivain), son 3eétage de la rue de Vaugirard. Là, j’examinais un magnifique Byron sur papier de Chine, avec dessins originaux. Vis-à-vis de moi se trouvait un homme d’une cinquantaine d’années, à belle physionomie, un peu pâle, mais dont les traits sont pleins de douceur. A l’une de mes exclamations, je vis paraître sur son visage un léger sourire qui me sembla vouloir dire : “ J’ai beaucoup mieux que cela, Monsieur.”
Je le regardai d’une façon qui l’engageait à s’expliquer, Oui, Monsieur, dit alors cette personne, le Byron de M. Janin est certainement très-beau, et j’avoue que cette reliure de Lewis, le Thouvenin de Londres, est réellement admirable, Mais, je possède mieux que cela, Monsieur. J’ai, par exemple, en un volume, grand papier, les Mémoires de Langey-Dubelley, exemplaire de Catherine de Médicis, que j’ai refusé de céder pour 1,500 fr. à feu le Marquis de Chalabre, l’adorateur de Mademoiselle Mars. J’ai aussi un Ronsard, petit in-12, pour lequel on m’assassinera quelque jour ; enfin, je possède un Missel du ixe siècle, en lettres d’or, couvert d’une reliure en bois, dans laquelle est incrusté un distique d’ivoire ciselé, qui est un véritable chef-d’œuvre. Mais là ne se bornent pas mes richesses. J’ai, chez moi, tout ce qui a paru de mieux en reliure depuis Charles VIII, Louis XII, Anne de Bretagne, le chancelier Séguier, le Comte d’Hoyne [i.e. Hoym], François Ier, Henri II, Charles IX et Anne d’Autriche, jusqu’à nos jours. Aussi, pour réunir ces chefs-d’œuvre, ai-je parcouru dix ans l’Europe. Si vous voulez me faire l’honneur de venir me voir un matin, je vous montrerai cela.





Ce disant, M. Motteley (ainsi se nomme mon bibliophile) me remit sa carte. Deux jours après, je frappais, sur les dix heures, à la porte d’une grande maison, située dans le faubourg Poissonnière, non loin de l’habitation de M. Sauvageot, notre plus riche collectionneur de verrerie italienne. Parvenu au 3eétage, je sonnai et le bibliophile lui-même m’ouvrit l’entrée de son sanctuaire. Imaginez-vous une assez longue suite de chambres décorées, pour tout ameublement, de grandes armoires à vitraux contenant plusieurs milliers de livres. Là, pas de glaces, pas de candélabres ni de pendules sur les cheminées. Non, partout des livres et rien que des livres.
M. Motteley me montra, outre 4,000 Elzevirs, arrachés à tous les pays, l’œuvre de botanique de Matthiole, enrichie des notes manuscrites de Nodier et de peintures, comme Redouté et quelques miniaturistes seuls en ont su faire ; –  un très-beau Faustus aux armes de Louis XII ; une Somme de Saint Thomas, édition des Juntes ; – un Coran, aux armes de Henri II et de Diane de Poitiers ; – enfin, l’Image de la vie chrétienne, Paris, in-4° gothique, relié aux armes de Henri III, c’est-à-dire, ayant une tête de mort et des ossemens en sautoir sur le dos du livre, et au-dessus la devise de ce Prince : Spes mea salus.
M. Motteley estime sa collection environ 500,000 fr. » [sic]
(Achille Jubinal. « A M. Gras, gérant de la Revue du Midi. » In Revue du Midi, Montpellier, Gras, 1845, 3e série, t. I, p. 259-260)


« Le 24 février 1848, les révolutionnaires (ceux-là même qui ont incendié la bibliothèque de Motteley dans le palais du Louvre, aux derniers soupirs de l’affreuse Commune de 1871) envahirent le Palais-Royal et commencèrent par jeter dans la cour du palais les livres de la Bibliothèque pour en faire un feu de joie. Motteley accourt ; ce n’est plus un bibliophile ; c’est un lion, c’est un apôtre : “ Brûler des livres ! s’écrie-t-il. Vous n’êtes pas des hommes, vous êtes des bêtes brutes ! Vous ne savez donc pas lire ? ” On s’empare de lui, on veut le coucher sur un bûcher de livres, auxquels on a mis le feu. “ O Voltaire ! crie Motteley, ce ne sont plus les Parlements qui brûlent les livres, c’est le bon peuple de Paris ! ” L’invocation à Voltaire sauva Motteley et la Bibliothèque du Palais-Royal.
Cependant quelques centaines de volumes avaient été brûlés, déchirés ou volés. Motteley errait autour des grilles du Palais-Royal […] Il vient s’adresser au concierge, qui est à peine remis des émotions de la journée : […] “ Monsieur le concierge, dit solennellement Motteley, je vous somme de vous assurer si le Grand Perceforest est encore à sa place dans la Bibliothèque. C’est une affaire d’Etat. Depuis longtemps l’Angleterre convoite ce magnifique exemplaire. Allez donc dans la Bibliothèque, seconde salle, première armoire, à gauche, six volumes, grand in-folio, portant au dos : Perceforest. Je vous rends responsable du sort de ce livre incomparable. Aidez-moi à le conserver, mon ami, et je vous promets la protection de l’illustre Arago.” […] Il disparut pendant quelques instants, qui parurent des siècles à Motteley ; il revint bientôt, le sourire sur les lèvres, et dit à voix basse : “ Oui, monsieur, il est là ! On n’y a pas touché. J’ai lu sur le dos des volumes : Percefort. Est-ce la même chose que Perceforest ? ”
(« Lettre du bibliophile Jacob à l’auteur des Amoureux du livre » In F. Fertiault. Les Amoureux du livre. Paris, A. Claudin, 1877, p. xxiij-xxv) 

Motteley publia, à ses frais, à l’instar des Elzévirs, dans un but mercantile, des réimpressions offrant aux amateurs l’élégance des éditions elzéviriennes : marques, têtes de pages, fleurons, vignettes et lettres grises, tout y est imité.  


Exemplaire unique sur peau de vélin, relié par Niedrée.
17.500 $ Jonathan A. Hill bookseller

- Un fac-similé du seul exemplaire original qu’on connaissait alors du Catalogus librorum officinæ Danielis Elsevirii (Amstelodami, 1681, pet. in-12, 12-[40] p.), fort rare, exécuté en 1823 par Firmin Didot, tiré à 101 exemplaires (1 sur peau de vélin, avec les armes des Elzévirs peintes en or et couleur, estimé par l’éditeur à 140 fr. ; 20 sur papier superfin de Hollande, numérotés à la presse ; 80 sur papier fin de Hollande, numérotés à la presse), avec vignettes gravées sur bois par Tompson ; le titre est répété et,




au dernier feuillet, Motteley a appliqué à la main son chiffre formé des initiales J. C. M. enlacées.






- Les Cérémonies et prières du sacre des rois de France, accompagnées de recherches historiques (Paris, Firmin Didot, 1825, pet. in-12, [8]-108 p.), que Motteley publia, sont ornées de vignettes elzéviriennes. Il en a été tiré 2 exemplaires sur peau de vélin ; le tirage ordinaire, à petit nombre, est sur papier fin ; il y en a sur grand papier vélin superfin.





- Discours de Michel de L’Hospital, chancelier de France, sur le sacre de François II (Paris, Firmin Didot, 1825, pet. in-12, 24 p.), orné de vignettes copiées sur celles des Elzévirs dont on a imité la typographie. Il en a été tiré 2 exemplaires sur peau de vélin [1 dans la bibliothèque du grand duc de Toscane ; 1 dans la bibliothèque de Louis Van Gobbelschroy, puis dans celle de Jean De Meyer], 25 sur papier de Hollande, numérotés à la presse, et le reste, tiré à petit nombre, sur papier ordinaire.

- Histoire des révolutions de la barbe des Français, depuis l’origine de la monarchie (Paris, Ponthieu, 1826, gr. in-24, 48 p.), avec des vignettes elzéviriennes, tiré à 4 exemplaire sur peau de vélin, 30 exemplaires sur papier de Hollande numérotés à la presse, le reste sur papier ordinaire.




- Sermon pour le Vendredi-Saint, prononcé en l’église catholique de Smyrne, l’an 1644 (Paris, Ponthieu, 1827, gr. in-24, viij-72 p.), avec fleurons, vignettes et lettres grises, tiré à 2 exemplaires sur peau de vélin, à un petit nombre d’exemplaires sur grand papier vélin, le reste sur papier ordinaire.

Les Elzévirs furent constamment l’objet de ses recherches et de ses études.







Aperçu sur les erreurs de la bibliographie spéciale des Elzevirs et de leurs annexes, avec quelques découvertes curieuses sur la typographie hollandaise et belge du xviie siècle (Paris, Panckoucke, 1847, pet. in-12, 40 p.), suivi d’une Liste des éditions en petit format avec fleurons, vignettes, lettres grises, publiées par le bibliophile Ch. M. ([4] p.). Volume orné de fleurons, vignettes, lettres grises et d’une sphère sur le titre et la couverture, tiré à 246 exemplaires : 1 sur peau de vélin, 15 sur papier bleu, numérotés, 30 sur papier superfin de Hollande, numérotés, 200 sur papier ordinaire :


« Quand quelqu’un parle de livres elzeviriens d’une manière pertinente, il a beau se cacher sous le voile de l’anonyme, on devine aisément M. Charles Motteley, le plus heureux possesseur d’Elzevirs de la France et l’on peut dire de l’Europe. Le joli livret que nous annonçons tombe naturellement dans notre domaine, parce qu’il restitue à d’habiles typographes belges bon nombre de livres attribués jusqu’ici aux Elzévirs. Nous voulons parler de François Foppens, de Bruxelles, qui lutte avec les illustres typographes hollandais, de telle sorte qu’il a fallu l’œil exercé de M. Motteley pour distinguer leurs labeurs de ceux de la Hollande ; de Jean Mommart, de la même ville, qui approche de près la perfection de Foppens ; de Lambert Marchant, également de Bruxelles, moins expert que les deux autres, mais dont les productions typographiques sont aussi admises dans les collections elzeviriennes. M. Motteley restitue à ces honnêtes imprimeurs leurs travaux, que M. Bérard et même l’exact M. Brunet leur avaient enlevés, pour les accorder, sans distinction, à la famille déjà si riche des Elzevirs ; et cela sur l’enseigne d’une sphère ou de quelqu’autre vignette adoptée par les célèbres typographes hollandais. L’intraitable dénicheur des véritables artisans de tous ces petits livrets si chèrement payés, rend également à Philippe de Croy, de Leyde, à Guillaume de Hoeve, de Goude, à Vander Marse, de Leyde, à Hackius, de la même ville, à Jean Blaeu, d’Amsterdam, les labeurs justement recherchés qui leur appartiennent ; il restitue même à L. Maurry, de Rouen, des soi-disants Elzevirs parfaitement français : ce sont des contrefaçons de la contrefaçon hollandaise. Après avoir rendu à chacun le sien, M. Motteley applique aussi aux presses elzeviriennes plusieurs ouvrages connus jusqu’ici seulement sous les noms de libraires réels ou supposés, et il rectifie ainsi les dernières données du Manuel de M. Brunet, si excellent en beaucoup de choses, mais qui n’a pu s’arrêter aux mille et un détails de lettres grises, de vignettes, et de l’œil des caractères des nombreuses productions typographiques qui forment aujourd’hui ce qu’on appelle la collection des Elvezirs [sic] et de leurs annexes. Il fallait une étude spéciale pour faire ces rectifications, et personne mieux que le collecteur infatigable de la plus vaste bibliothèque elzevirienne connue n’était à même d’opérer ces redressements. Le succès qu’obtiendra ce petit aperçu, charmant du reste par sa forme comme il est intéressant par le fond, devra encourager son auteur à publier une bibliographie complète des Elzevirs ; c’est à lui qu’est réservé ce droit. » [sic]

(A. Dinaux. In Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du Midi de la Belgique. Valenciennes, au bureau des Archives, 1847, nouvelle série, t. 6e, p. 152-153) 


Cette brochure avait été donnée dans le Bulletin des arts (Paris, L’Alliance des arts, 1846, Ve année, t. V, p. 245-250, 293-295, 322-324, 400-403, 434-439), sous le titre « Sur les éditions elzeviriennes » [sic], et fut réimprimée à Bruxelles, avec le nom de l’auteur, à 200 exemplaires numérotés : le capitaine De Reume, flatté du compliment que lui a adressé Motteley dans sa préface, a fait faire une élégante contrefaçon dans laquelle 16 impressions attribuées aux Elzévirs sont restituées à F. Foppens, de Bruxelles :





Aperçu sur les erreurs de la bibliographie spéciale des Elzevirs et de leurs annexes, avec quelques découvertes curieuses sur la typographie hollandaise et belge du xviie siècle (Bruxelles, impr. de la Société des beaux-arts, 1848, pet. in-12, 43-[1 bl.] p.), suivi d’une Liste des éditions en petit format avec fleurons, vignettes, lettres grises, publiées par le bibliophile Ch. Motteley ([3]-[1 bl.] p.).  


Motteley fut un bibliophile des plus ardents et des plus fougueux. Il aurait voulu que dans les ventes aucun bibliophile ne surenchérit sur lui ; lorsque l’un d’eux se faisait adjuger un livre qu’il convoitait, il l’injuriait. Guglielmo Libri (1803-1869) et Jean-Louis Bourdillon (1782-1856), de Genève, et d’autres, ont eu se plaindre de ce sauvage procédé.
Bourdillon s’était trouvé le concurrent de Motteley dans une vente. Les invectives ordinaires envers son rival ne lui avaient pas suffi : il avait conservé de la rancune. Ayant rencontré Bourdillon l’une des journées révolutionnaires de 1830, il lui prodigua des outrages publics, et le signala à la multitude effervescente comme un Suisse, lui faisant courir un danger.
Dans un procès intenté par Motteley, à l’honorable Jacques-Simon Merlin (1765-1835), lui réclamant des dommages intérêts sous prétexte d’une prétendue perte causée par la révolution de 1830, à la suite d’un délai apporté à une vente, le libraire gagna et publia en 1831 un mémoire qui établit aussi l’habileté de ce bibliophile commerçant.   
C’est pourquoi on le disait plus bibliopole que bibliophile, donnant l’impression de ne former des bibliothèques que pour les vendre. Il se disait très géné et disait vivre du produit de ventes successives de mauvais bouquins qu’il faisait passer en province et aussi de cartulaires, chartes, etc. Jacques-Charles Brunet le traita très durement d’ « industriel en librairie » (Nouvelles Recherches bibliographiques. Paris, Silvestre, 1834, t. II, p. 202).







Son ex-libris (56 x 59 mm.), qui renvoie à un numéro de catalogue et qui est signé « F. Perry », représente un portique formé par des livres, avec la devise « Instruit et ornat », dans lequel une feuille de papier déroulée montre l’inscription « Ex-libris J. C. M. »




Il mit en vente à la maison Silvestre, rue des Bons-Enfans, du 2 au 24 décembre 1824, une première bibliothèque : Catalogue des livres de la bibliothèque de M. Motteley, composée d’une collection considérable d’Elzévirs et autres beaux livres et manuscrits rares, précieux et singuliers, la plupart reliés par Desseuil, Padeloup, Derome, Simier, Purgold, Thouvenin et Vogel (Paris, Silvestre, 1824, in-8, 4-219-[1 bl.] p., 2.173 lots), sur grand papier de Hollande, tiré à 20 exemplaires, dont 12 seulement seront vendus.

« Ce catalogue renferme une réunion très-nombreuse de livres imprimés par les Elzeviers [environ 550 lots] ; il en est de très-rares et qui étaient jusqu’alors restés inconnus aux bibliographes. Le propriétaire de cette collection y avait ajouté plusieurs volumes petit in-12, avec la sphère et autres figures d’ornements employées par les Elzeviers. Il les avait surtout choisis dans la classe des livres que ces derniers n’ont point imprimés, de sorte que, loin de déparer sa bibliothèque elzevirienne en y faisant entrer des productions de ce genre, il l’avait au contraire enrichie d’éléments de même format, quelquefois supérieurs sous le rapport de la typographie à certains ouvrages imprimés par les Elzeviers eux-mêmes. […]
On trouve aussi, sur ce catalogue, divers volumes ayant appartenu à Louis XIII ou à Anne d’Autriche ; d’autres provenaient de quelques bibliothèques d’amateurs célèbres, tels que le comte d’Hoym et Girardot de Préfond ; enfin, plusieurs ouvrages portaient des notes de la main d’érudits renommés, tels que Bochart, Villoison, Chardon de la Rochette, etc. » [sic]
(Gustave Brunet. Dictionnaire de bibliologie catholique. Paris, J.-P. Migne, 1860, col. 498)

L’état si rare de « non rogné » augmentant la valeur d’un volume elzévirien, on en paya quelques-uns fort cher : Psalterium, 1653, très grand de marges, 190 fr. ; Lipsius, de constantia, 1652, in-24, non rogné, 44 fr. ; Baconus, de ventis, 1662, non rogné, 58 fr. ; Glissonius, de ventriculo, 1677, non rogné, 51 fr. ; Aphthonii progymnasmata, 1649, non rogné, 68 fr. ; Juvenal, 1671, in-16, non rogné, 50 fr. ; Senecae tragoediae, 1678, in-16, 45 fr. ; Decameron di Boccacio, 1665, très bel exemplaire, 150 fr. ; Satyre ménippée, 1677, non rogné, 74 fr. ; Defensio pro Carolo I, 1650, non rogné, 78 fr.






Une deuxième bibliothèque fut vendue par Motteley, à la maison Silvestre, en 22 vacations, du mardi 15 février au vendredi 11 mars 1842 : Catalogue d’anciens livres et manuscrits de la bibliothèque de M. ***, composé en partie d’ouvrages rares, précieux ou singuliers, et dont quelques uns en belles reliuresanciennes (Paris, Silvestre, 1841, in-8, vij-[1]-335-[3] p., 2.652 lots). On a tiré 20 exemplaires sur grand papier de Hollande, avec fleurons, vignettes, lettres grises et culs-de-lampe, 20 exemplaires sur papier ordinaire avec les mêmes figures d’ornement, le reste sur papier ordinaire ; on a tiré en or et en noir sur papiers de diverses couleurs, un fac-similé de la reliure du volume porté sous le n° 323 [Hieronymi Cardani de rerum varietate libri XVII. Avinione, Matthaeus Vincentius, 1558, in-8, vélin à riches compartiments et à recouvrements]. Cette collection nombreuse contient des manuscrits, des livres imprimés sur vélin, des ouvrages curieux en tout genre, sans offrir cependant de veritables trésors bibliographiques. On remarque quelques volumes aux armes de Henri II, d’Anne d’Autriche, de Richelieu, de Mazarin. Contrairement à ce que dit Jean-George-Théodore Graesse (Trésor de livres rares et précieux. Dresde, Rudolf Kuntze, 1861, t. II, p. 72), la vente n’a pas été annulée : on trouve des exemplaires du catalogue avec les prix d’adjudication.






Le Catalogue de livres et manuscrits, la plupart d’une haute antiquité, rares, précieux et singuliers, ou qui se font remarquer par la beauté et la richesse de leurs anciennes reliures, suivis d’une collection considérable d’Elzevirs de format petit in-12 et infra, et d’autographes (Paris, Silvestre, 1842, in-8, [8]-213-[1] p., 1.974 lots de livres et 123 lots d’autographes) nécessita 15 vacations, du jeudi 2 mars au samedi 18 mars 1843.

Du 18 au 30 novembre 1844, Motteley mit en vente des manuscrits, des elzévirs, des éditions hollandaises et belges et des autographes précieux : Catalogue d’anciens livres et manuscrits de la bibliothèque de M*** (Paris, Silvestre, 1844, in-8, 187 p.).   


Le Catalogue d’une collection très-considérable de livres imprimés par les Elzevirs de formats in-f°, in-4° et in-8°, recueillis par un bibliophile pendant ces vingt dernières années, en France et dans les pays étrangers (Paris, Claye et Ce, 1846, in-8, 40 p., 302 numéros), avec des fleurons elzéviriens, tiré à petit nombre sur papier ordinaire et à 20 exemplaires sur papier bleu vélin, possède un avis sur la 3e de couverture :  


« Vingt années de recherches dans presque toutes les contrées de l’Europe, ont à peine suffi pour réunir cette précieuse Collection d’Elzevirs de grands formats, composée de 300 articles, contenant près de 600 volumes, tomes ou pièces, tous et toutes avec de grands titres.

Si elle pouvait convenir en masse, et sans être disséminée, à une Bibliothèque publique ou particulière, on la céderait au prix peu élevé de 7,500 fr., avec autant d’exemplaires de ce Catalogue qu’on en pourra désirer.

S’adresser franco à M. Motteley, rue du Faubourg-Poissonnière, n° 7, à Paris. » [sic]







Une seconde édition suivit : Catalogue d’une collection très-considérable de livres imprimés par les Elzevirs de formats in-f°, in-4° et in-8°, recueillis par un bibliophile pendant ces vingt dernières années, en France et dans les pays étrangers, accompagné de curieuses notes bibliographiques, et pouvant servir à l’étude de la bibliographie elzevirienne (Paris, Panckoucke, 1848, in-8, [2]-II-44 p., 334 numéros), avec des fleurons elzéviriens.

Motteley mourut célibataire à Paris, le 1er septembre 1850, au petit matin, en son domicile situé au 3eétage du n° 7 de la rue du Faubourg-Poissonnière (IXe).

« Quant à l’autre collectionneur, M. Motteley, il mourut de la vraie mort du bibliophile ; c’était un amateur enragé et jaloux, chaque porte de son appartement était garnie d’une serrure à secret, et la porte d’entrée, outre la serrure ordinaire, était encore agrémentée d’un énorme cadenas. Il recevait fort peu n’aimant pas les visites, et se refusait obstinément de faire à sa demeure les réparations les plus urgentes, dans la crainte d’un contact imprévu mais possible entre des ouvriers aux mains blanches de plâtras et les superbes reliures de ses livres, lesquels furent seuls témoins de sa mort – qui arriva brusquement au milieu de la nuit. Son cabinet valait bien 100,000 francs, mais on ne découvrit chez lui qu’une somme à peine suffisante pour le faire enterrer…, et, lui aussi, eut le convoi du pauvre sans chien, sans amis, sans parents. C’est peut-être payer bien cher l’amour des belles reliures. »
(Firmin Maillard. Les Passionnés du livre. Paris, Emile Rondeau, 1896, p. 139)

« Un des bibliophiles les plus ardens et les plus fougueux qui aient jamais existé, M. Charles Motteley, mort au mois de septembre dernier, a laissé un testament par lequel il lègue sa bibliothèque à la nation française, sous les auspices du Président de la République. Avant la Révolution de 89, de pareils legs n’étaient pas rares, et la plupart des grandes bibliothèques publiques devaient leurs richesses et leurs accroissemens à des donations du même genre ; mais depuis longtemps on avait en quelque sorte perdu l’habitude d’assurer ainsi la conservation des collections littéraires formées à force de patience et de recherches. Motteley possédait la plus riche et la plus nombreuse réunion d’éditions elzeviriennes, le plus magnifique musée de reliures françaises et étrangères, le plus curieux cabinet de livres rares, de manuscrits à miniatures, etc. Tout cela fait un ensemble fort intéressant qui témoigne des soins intelligens et éclairés du collecteur. Motteley, qui devait s fortune à l’empereur, qu’il avait servi honorablement dans la carrière diplomatique, a voulu consacrer en quelque sorte sa reconnaissance envers son bienfaiteur en confiant au neveu de l’empereur l’exécution d’un legs fait à la France. Il a espéré que sa collection serait placée soit au Louvre, soit aux Tuileries, soit au Luxembourg. Cette collection avait été presque achetée par le roi Louis-Philippe, et récemment par le British Museum de Londres, qui l’eût payée 300,000 fr. ; mais elle ne sortira pas de France, et nous la verrons bientôt sans doute dans un établissement public de Paris. Voici le texte du codicille en vertu duquel le gouvernement est appelé à recueillir le legs de M. Motteley :
“ Je donne de mon vivant et en cas de mort prématurée je lègue à la nation française, sous les auspices de M. le président de la République, ma remarquable bibliothèque, à condition :

1° Que le gouvernement la fera placer dans une galerie ou salon portant cette inscription : Musée bibliographique formé par le bibliophile Motteley ;

2° Qu’il n’y sera introduit d’autres livres ou manuscrits que ceux que le donateur y pourra ajouter de son vivant ;

3° Qu’il sera construit dans le local où elle sera établie une longue montre en acajou avec glaces, propre à recevoir le plus beau et le plus nombreux Musée de reliures (exécutées depuis Louis XII et Anne de Bretagne jusqu’à nos jours) qu’il y ait bien certainement en Europe.

4° Que le savant bibliophile Paul Lacroix sera spécialement chargé de rédiger une Notice sur cette bibliothèque et d’en rédiger le catalogue, qui devra passer à la postérité, à la condition expresse que ce travail important sera rémunéré d’une manière digne du gouvernement français.

Quant à moi ou à ma famille, je laisse à la générosité du même gouvernement d’agir comme il l’entendra, lui offrant en outre, autant que mon âge et mes forces me le permettront, d’être le conservateur honoraire de ce musée jusqu’à mon décès, mais avec l’aide d’un employé ou sous-conservateur rétribué qui pourra me suppléer au besoin.

Paris, le 5 août 1849.

Signé Mottelay, dit Motteley.” » [sic]

(Journal des débats. Vendredi 8 novembre 1850, p. 2)


« Il est vrai que, il y a quelques années, Louis-Philippe fut sur le point d’acheter ce petit musée, sur la proposition que lui en fit M. Vatout ; mais ce n’était pas au prix de 300,000 fr., ni même à celui de 200,000 fr. que le roi voulait en faire l’acquisition, qui n’a été rompue qu’en raison des prétentions qu’avait M. Motteley qu’il fût établi un local pour recevoir ses livres, et qu’on mit au-dessus de la porte cette inscription : Musée bibliographique Motteley. Cette inscription parut si singulière à Louis-Philippe, qu’il dit à son bibliothécaire : “ Je trouve une pareille demande aussi peu fondée que si, lorsqu’un cheval est attelé à ma voiture, son ancien propriétaire exigeait qu’on lui appliquât son nom sur le dos. La demande de M. Motteley ne serait raisonnable qu’à la condition qu’il ferait don de sa bibliothèque ; mais du moment qu’il en exige un prix, sa proposition est inacceptable.”

Le British Museum n’a pas offert non plus 300,000 fr. de la bibliothèque de M. Motteley, et n’a même entamé aucune négociation à ce sujet ; mais, dans le dernier mois de sa maladie, ce bibliophile avait été mis, par le libraire Techener, en rapport avec un lord anglais qui eût pu s’en rendre acquéreur, mais à un prix bien moindre.

Je tiens ces détails de M. Motteley lui-même, que je visitais très souvent pendant sa maladie, et j’étais la seule personne qu’il reçût volontiers ; c’est même par mes soins qu’il a été procédé à son inhumation, son concierge n’ayant pas cru pouvoir mieux s’adresser qu’à moi, qu’il avait l’ordre de laisser monter seul chez lui.

Quant à l’acceptation du legs fait par M. Motteley à l’Etat, j’espère, et c’est l’avis d’hommes très hauts placés, que le gouvernement prendra en considération l’état voisin de la misère d’une partie de la famille du donateur, dont un neveu même est domestique, et qu’une juste appréciation du legs en fera prononcer la répudiation, attendu que, à quelques reliures près, la Bibliothèque Nationale possède tous les livres, elzevirs et autres, qui se trouvent dans le cabinet de M. Motteley. » [sic]

(JulesChenu. In Journal des débats. Dimanche 17 novembre 1850, p. 3)

  






La vente du reste de sa bibliothèque eut lieu le 14 novembre et les 23 jours suivants : Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. M*** (Paris, Techener, 1850, in-8, ii-476 p.).


« Tous les amateurs d’élite, tous les notables du monde bibliographique assistoient ou étoient représentés à cette vente. […] Nous citerons en premier lieu, le duc d’Aumale qui s’est rendu acquéreur pour 98 fr., du bel exemplaire en reliure ancienne de l’Imitation, Elzevir, sans date, ainsi que de la Sagesse de Charron, édition de 1606, et pour 38 fr., du Virgile rétabli en 1741, d’après un antique manuscrit. Le duc d’Aumale a, de plus, acheté 30 fr., un joli Voiture relié en maroquin bleu, et on lui a laissé pour 67 fr. un bel exemplaire des Cent Nouvelles nouvelles, reliées par Capé. C’est aussi cet amateur distingué qui a enlevé à M. Yemeniz, une relation inconnue de la Prise d’Alger par Charles-Quint, adjugée pour 376 fr. […]

M. Armand Bertin s’est rendu adjudicataire des Heures de G. Hardoyn, imprimées sur vélin, au prix de 140 fr. ; de l’édition gothique du Sacrifice d’Abraham, pour 60 fr. ; du Molière de 1682, pour 124 fr. ; et enfin de l’édition originale de l’Iphigénie de Racine, pour 36 fr.

Le docteur Desbarreaux Bernard a obtenu un certain nombre de livres choisis avec un goût exquis. Nous indiquerons seulement l’Imitation de l’abbé de Choisy, élégamment reliée et qui ne s’est vendue que 62 fr. ; l’édition elzévirienne si rare de l’Anatomie de la Messe, adjugée à 34 fr., et deux plaquettes reliées par Bauzonnet, contenant deux Noëls imprimés à Toulouse et tellement rares qu’ils étoient inconnus même à M. Desbarreaux qui, depuis fort longtemps, s’occupe à réunir les ouvrages relatifs à l’histoire littéraire et bibliographique de son pays : l’un de ces Noëls a été vendu 51 fr. et l’autre, 60 fr. […]

Lucien Bonaparte qui non-seulement est un amateur, mais encore un connoisseur, a été assez heureux pour combler quelques lacunes qui déparoient sa nombreuse et belle collection sur les langues. M. Léon B***, quoique fort éloigné de Paris, avoit envoyé une liste de desiderata et il a recueilli une ample moisson de livres curieux et rares. M. Boutron-Charlard n’a pas laissé à M. de Sacy, au prix de 49 fr., le Télémaque, édition de 1717. M. Armand Cigongne a eu pour la modique somme de 120 fr. les Cantiques et Noëls du Mans, goth. : ce livre valoit le double du prix de l’adjudication. Il a obtenu, en outre, pour 83 fr., les Dévotes Louenges à la Vierge Marie, de Martial d’Auvergne.

M. Alfred Ch*** s’est rendu adjudicataire, contre M. Yemeniz du magnifique Aristote des Aldes, pour 700 fr., et de l’Albertus Magnus de 1470, au prix de 240 fr. : ces deux articles figuroient parmi les plus importants de la vente. Un amateur bien connu de la ville de Rouen a acheté la Bible de Cologne, si richement dorée et si splendidement reliée par Padeloup ; il l’a payée 154 fr., en concurrence avec M. le marquis de Ganay, le baron Ernouf, etc. M. Delasize est venu de Rouen pour assister à cette vente, et il a encore augmenté sa collection de livres, déjà si précieuse quoiqu’elle soit d’une récente origine. M. Duplessis de Blois a acquis le Mézeray complet et d’autres volumes curieux qui faciliteront ses études sérieuses sur l’histoire de France. M. Dupire et M. Ch. Dufour avoient aussi fourni leur liste et ils ont obtenu de bons résultats.

M. Costes, le bibliophile lyonnois, a fait aussi de précieuses acquisitions. Il a obtenu le Livre du Faulcon, cet exemplaire si rare, au prix de 175 fr. : il a acheté, en outre, des livres à figures gravées sur bois, des pièces de théâtre et des raretés historiques. M. J. Chenu, l’ami que feu M. Motteley, ce bibliophile distingué, consultoit toujours sur la valeur des livres qu’il désiroit acquérir, est devenu possesseur du Rabelais, elzevier, relié par Dusseuil, au prix de 156 fr. ; il avoit M. Hebbelynck pour concurrent. Le Montaigne de 1595, ce bel exemplaire que M. de Sacy regrette d’avoir laissé échapper encore une fois, a été adjugé à M. Del***, pour 170 fr. M. Ernouf a acquis pour 84 fr. le joli Euripide du comte d’Hoym. M. Giraud de Saviné a enlevé à M. L. Tripier, au prix de 85 fr., le volume du Miroir des Courtisannes ; il a obtenu aussi plusieurs pièces rares dans la musique et les ballets, ainsi que le beau Molière, exemplaire de la duchesse du Maine, adjugé 210 fr., et les Heures de Vérard, vendues 60 fr. M. G*** a acheté le Trésor des pouures de Arnauld de Villeneuve, 45 fr. ; l’Ambroise Paré sur papier, 50 fr. ; la Manière d’amollir les os, pr Papin, 35 fr. ; l’édition ancienne de Daphnis et Chloé, 84 fr. ; le beau volume du Labyrinthe de l’Hercule gaulois, 70 fr. ; et bien d’autres ouvrages […]

Le marquis de Ganay a obtenu pour 40 fr. les Poésies de Buchanan, en latin, exemplaire de De Thou. M. Genty de Bussy a acquis plusieurs articles, et entre autres les Baliverneries d’Eutrapel, si bien reliées par Bauzonnet. Le comte d’Hu*** est devenu acquéreur pour 120 fr., du magnifique exemplaire de la Relation du siège de Metz, en 1552, par de Salignac, de la Guerre cardinale contre le sieur de Salcède et de l’exemplaire punition de Fr. de la Motte, deux volumes fort rares et très-élégamment reliés.

Jules Janin, notre spirituel feuilletoniste, suivoit la vente avec assiduité, et, chaque soir, il emportoit quelques volumes qu’il se plaisoit à acheter lui-même sous le feu des enchères. […]

M. Leroux de Lincy a pu enrichir encore sa collection déjà si belle par le choix et l’ensemble des ouvrages qui la composent […] Le baron de la Roche-Lacarelle a obtenu, pour 133 fr., le Marotà l’enseigne du Rocher, relié par Duru, et pour 90 fr. la jolie plaquette des Devis de la coquille. M. de Lignerolles, qui a déjà réuni une charmante collection de livres, a trouvé plusieurs articles à sa convenance, malgré le cadre restreint qu’il a adopté.

Quant au marquis de Morante, […] nous nous bornerons aujourd’hui à citer, parmi deux cents articles environ achetés […] les Synonyma Stephani Filisci, vendus 32 fr., et les Synonyma Ciceronis, 38 fr. ; le Virgile polyglotte, 82 fr. ; le Remède d’amour d’Ovide, 119 fr. ; le Juvénal des Aldes, 73 fr. ; le Martial, 39 fr. ; les trois éditions d’Ausone, la première avec autographes de Ménage, 30 fr. ; la deuxième aux armes de De Thou, 130 fr. ; les deux volumes de Pontanus, 85 fr. ; plusieurs livres fort rares dans les poëtes latins modernes, qu’il a enlevés à M. de Varenghein qui les désiroit tous ; le Plaute de 1495, 117 fr. ; le Dialogus Salomonis, 73 fr. ; le Tombeau de la Mélancolie, exemplaire Nodier, 65 fr., et un grand nombre d’autres livres non moins précieux […]

Nous sommes heureux de constater la présence à cette vente du président de la Société des Bibliophiles, M. Jér. Pichon, qui a acheté lui-même plusieurs articles. M. P*** avoit envoyé une liste de desiderata qui contenoit près de trois cents numéros. Il en a obtenu la moitié à des prix modérés […] M. Léon Tripier a acheté quelques articles comme il sait les choisir : par exemple, pour 65 fr., le charmant volume des Facétieuses journées de Favoral, et pour 50 fr. les Ruses innocentes, ce bel exemplaire si bien décrit par Jules Janin dans un numéro du Journal des Débats du mois de novembre 1850. Le comte Roger a pu ajouter à sa collection elzévirienne la Princesse de Clèves, volume si élégamment relié par Bauzonnet : il a été adjugé pour 76 fr. M. E. de Sermizelles a eu pour sa part le joli volume de la Muse folâtre, adjugé à 66 fr., et au prix de 33 fr. et 50 c., un livre espagnol fort rare, Processo de cartas de amores. M. de Sacy a obtenu pour 110 fr. les Lettres de madame de Sévigné, exemplaire en papier vélin. M. de Toustain a acquis divers articles, tels que les Poésies de Moisant de Brieux, avec autographes, pour 33 fr. ; les Origines de la ville de Caen, avec autographes, pour 30 fr.

Nous terminerons notre revue par M. Yemeniz, ce bibliophile distingué qui recueille avec tant d’ardeur les livres rarissimes dont la possession devient un triomphe. Voici l’indication de quelques articles qui lui ont été adjugés : les Figures de la Bible, d’Holbein, volume dont la reliure est un chef-d’œuvre de Niédrée, 168 fr. ; les Horæ Virginis de G. Godard, 1523, 83 fr. ; l’Ambroise Paré, sur vélin, 526 fr. ; les Vigiles de la mort de Charles VII, 285 fr., et l’Arbre des batailles, 443 fr. ; pour ces derniers ouvrages, M. Yemeniz avoit pour concurrent le duc d’Aumale. » [sic]

(J. Techener. « Bibliothèque de M. M*** ». In Bulletin du bibliophile, 1850, p. 891-896)






Plan du Louvre


Après la mort de Motteley, le gouvernement fut invité à entrer en possession du legs du savant bibliophile, par décret du 25 janvier 1853. Pour on ne sait quels motifs, le directeur de la Bibliothèque nationale, qui était à cette époque Taschereau, refusa d’ouvrir les portes de cet établissement à la collection Motteley. Après avoir été déposée pendant quelque temps dans une des salles du musée du Louvre, le gouvernement décida que cette collection ferait partie de la bibliothèque du Louvre, dirigée par Louis Barbier, le fils de son fondateur. Conformément aux intentions du donateur, un corps de bibliothèque spécial fut affecté à la collection Motteley, et l’on installa les volumes dans des vitrines à hauteur d’appui, de manière à ce que le public pût aisément les voir et étudier leurs superbes reliures. Un buste de Motteley en marbre blanc sculpté par Madame Claude Vignon fut placé au centre de ces vitrines.
  






Paris incendié
En 1871 à Paris, les communards, dans leur rage stupide de destruction, incendièrent l’Hôtel de ville, les Tuileries, la Légion d’honneur, le ministère des Finances, la colonne Vendôme, la Cour des comptes, le Grenier d’abondance, le Palais-Royal et une partie du Palais de justice. Mille souvenirs précieux, qui se rattachaient à tous les événements historiques de la vie sociale et politique de la France, disparurent.
De tous ces sinistres, le plus épouvantable fut l’incendie de la Bibliothèque du Louvre. Elle fut incendiée dans la nuit du 23 au 24 mai 1871 et fut complètement détruite. Elle avait été créée sous la Restauration par A.-A. Barbier. Vers 1822, elle reprit son ancien titre de Bibliothèque du Cabinet du Roi. Sous le règne de Louis-Philippe, on lui donna le nom de Bibliothèque du Louvre. Au moment de l’incendie, elle était dirigée par le fils de son fondateur et comptait plus de 100.000 volumes.
L’une des plus précieuses collections était la collection Motteley. Elle se composait de 2.000 volumes environ, tous remarquables, soit par leur reliure, soit par leur rareté comme impression, ou pour avoir appartenu à de grands personnages. C’est particulièrement au point de vue de la reliure que cette collection avait un grand prix et était admirée des amateurs. On y rencontrait les reliures types les plus rares et les plus splendides, depuis le xvie siècle jusqu’à nos jours, chefs-d’œuvre de Vérard, Duseuil, Purgold, Bozerian, Derome, Boyet, Padeloup, Duru, Capé, Thouvenin, Bauzonnet ; reliures en bois, avec fermoirs en cuivre, en bronze, mosaïques et incrustations ; reliures en parchemin, telles qu’elles étaient lorsque l’ouvrage sortait de la librairie des Elzévirs ; reliures indigènes, historiques, avec armoiries, chiffres, devises, etc.
Les ouvrages que recouvraient ces reliures n’étaient pas indignes de leurs parures précieuses. Il y avait une collection nombreuse d’Elzévirs authentiques, entre autres : l’Horace, le Tacite, le Virgile, du comte d’Hoym ; le Procès de Charles Stuart d’Angleterre, exemplaire dit de Coligny ; des Ovide, des Sénèque, des Pétrone, des Lucain, des Virgile, d’une conservation parfaite ; le Rabelais du comte d’Hoym, l’Ovide de Longepierre, les Prophéties de Nostradamus, la Bible hébraïque en 4 volumes, l’Appien et l’Histoire romaine de Robert Estienne, la Bible (1567) de François Estienne ; le Novum Testamentum, le Xenophon, 1561 (exemplaire du comte d’Hoym), de Henri Estienne ; le Plaute (1522), l’Ausone (1517), le Livre du Courtisan (1547) des Alde ; les Contes de La Fontaine (1795), le Boileau (1681), le Corneille (1783) de Didot ; des gothiques comme les Faits de maître Alain Chartier (1514), etc.

Pour former la collection des Elzévirs, Motteley avait mis 40 ans, parcourant l’Europe entière, fouillant dans leurs moindres recoins la Hollande, l’Allemagne, la Hongrie et la Belgique. Pas une bibliothèque un peu importante, pas un magasin de librairie ne lui avaient échappé. Aussi l’infatigable et ardent bibliophile avait-il acquis en cette matière une rare compétence et une science profonde, science dont il a tracé les règles dans divers ouvrages qui sont devenus le bréviaire de tous ceux qui s’occupent de bibliographie. Il avait divisé cette collection en trois parties :
- les Elzévirs authentiques avec ou sans nom, par ordre chronologique et par imprimeries, Amsterdam, Leyde, Utrecht ;
- les faux Elzévirs ou pseudo-Elzévirs sortis des diverses imprimeries de Hollande, de Belgique, d’Allemagne et de France ;     
- les petits livres imités des Elzévirs, avec leurs formats, leurs caractères et leurs fleurons.
Les dédicaces ex-libris, armoiries, portaient les noms suivants : François Ier, Henri II, Henri III, Diane de Poitiers, Henri IV, Louis XIII, Anne d’Autriche, Marie-Thérèse d’Autriche, Marie Leszczynska, Alexandre VII, Grégoire VII, Pie V, Napoléon Ier, comtesse d’Artois, Madame de Pompadour, Séguier, Grolier, comtesse de Verrue, Choiseul, cardinal Alexandre, Le Tellier, cardinal de Noailles, De Thou, Hozier, Colbert, Madame de Maintenon, cardinal Mazarin, maréchal d’Estrées, cardinal Albain, Grotius, cardinal Salviati, Marie-Antoinette, duchesse d’Angoulême, etc.
Une des plus belles reliures pour Grolier sur Hippocrates Cous. Elenchus octoginta librorum Hippocratis Coi, quos M. Fabius Calvus, civis Rhavennas, millesimi quingintesimi quintique, decimi mensis julii, die octavo Romæ convertit (Romæ, ex ædibus Francisci Minitii Calvi Novocomensis, 1525, in-fol.), en veau fauve, compartiments de maroquin orange, rouge et noir, tr. dor., avec titre, nom et devise (dos refait au xviiie siècle).

La section des manuscrits comprenait des richesses nombreuses, parmi lesquelles on peut citer : un Manuscrit de la Cité de Dieu, de Saint Augustin, daté de 1476, Florence, avec miniatures ; un Virgile du xve siècle ; un manuscrit sur vélin, Andrelini Fausti epistola, adressée à Anne de Bretagne ; un Traité de géométrie, par Léonard de Pise, écrit dans le xive siècle ; un Horace in-folio, du milieu du xiie siècle ; les Evangiles et la Passion de Jésus-Christ, manuscrit avec peintures de style byzantin, du ixe siècle ; un Evangéliaire du xe siècle ; un autre du ixe siècle, avec canons or et couleur en style byzantin, offert à Agobart ; un Extrait des Offices de Cicéron, dédié à Enoeas Sylvius, le pape Innocent II ; une Bible du xiiie siècle ; un Horace du xiie siècle ; les Tables astronomiques du roi Alphonse du xiie siècle ; les Campagnes de Louis XIV, avec plans de ville coloriés et un dessin de Van der Meulen en tête de la campagne de 1692 ; un manuscrit en langue basque de 1452, des chartes nombreuses et des portulans très bien conservés.

Toutes ces merveilles de typographie, tous ces chefs-d’œuvre de reliure ont été anéantis. Le feu a réduit en cendres cette collection précieuse, unique au monde. Il n’en reste plus aujourd’hui que le souvenir, d’autant plus douloureux que cette perte immense n’est pas due à un caprice du hasard ou à des circonstances indépendantes de la volonté humaine, mais à la bêtise. 





                


Joyeux Noël ! Merry Christmas !

La Bibliothèque de la comtesse de Verrue

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Originaire de Florence, la famille d’Albert est venue s’installer en Comtat-Venaissin au début du xv e siècle. Par son mariage avec Jeanne de Ségur en 1535, Léon d’Albert, tué à la bataille de Cérisoles (Italie) en 1544, acquiert la seigneurie de Luynes, à la porte d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).


En 1619, son petit-fils Charles d’Albert, premier duc de Luynes, pair et connétable de France, fit ériger en duché-pairie, sous le nom de Luynes, le comté de Maillé (Indre-et-Loire).







Fille de Louis-Charles d’Albert, deuxième duc de Luynes, pair et grand fauconnier de France, constructeur du château de Dampierre (Yvelines), Jeanne-Baptiste d’Albert de Luynes naquit à Paris, le 18 janvier 1670 à l’hôtel de Luynes [antérieurement de Chevreuse, 33 rue Saint-Dominique (VIIe)], aujourd’hui détruit. Elle fut baptisée  le 21 du même mois en l’église Saint-Sulpice (VIe) [et non Saint-Eustache], tenue sur les fonts baptismaux par Jean-Baptiste Colbert, ministre d’État, qui lui donna ses prénoms, et par Anne-Julie de Rohan, princesse de Soubise.

Elle fut élevée à Port-Royal, avec une telle austérité que la première fois qu’elle fut à l’Opéra, elle n’osa pas lever les yeux sur la scène.







Le 25 août 1683, âgée de 13 ans et 7 mois, elle épousa, en l’église Saint-Sulpice, Joseph-Ignace de Scaglia (1661-1704), comte de Verrue [Verrua Savoia, province de Turin, Italie], colonel de dragons. Les époux vécurent à Turin et eurent quatre enfants.

La comtesse de Verrue devint, après une résistance convenable, la maîtresse en titre de Victor-Amédée II (1666-1732), duc de Savoie, qui reconnut en 1701 deux enfants nés en 1690 et 1694.



En 1700, elle quitta furtivement Turin pour venir se réfugier à Paris, dans le couvent des religieuses bénédictines de Notre-Dame de Consolation de la rue du Cherche-Midi (VIe, n° 25), qui avait été conduit par sa tante maternelle, Marie-Éléonore de Rohan (1629-1681), abbesse de Malnoue (Émerainville, Seine-et-Marne).








Dès le 30 septembre 1701, les bénédictines lui vendirent l’hôtel voisin, n° 37 de la même rue, situé entre une cour et un jardin, à la suite duquel s’étendaient l’immense enclos des Carmes et, plus loin, les verdures du Luxembourg. De cet hôtel, détruit en 1907, qui était devenu en 1800 l’hôtel des Conseils de guerre, restent le portail, remonté dans le parc de Jeurre (Essonne),


et un plafond peint à décor de singeries, provenant d’un cabinet ovale et déposé au Musée des arts décoratifs. En 1703, elle acheta à la marquise de Louvois, moyennant 24.000 livres, une maison assez vaste, avec de grandes dépendances, sise à l’entrée de Meudon [Hauts-de-Seine, 18 rue de la République], aujourd’hui disparue.   


Veuve en 1704 – son mari ayant été tué à la bataille de Höchstädt (Allemagne) –, elle se partagea entre Paris, rue du Cherche-Midi, où elle était tout l’hiver, et sa maison de Meudon, où elle se réfugiait quand arrivaient les chaleurs.






Elle séjourna régulièrement au château de Sainte-Assise, que le magistrat et bibliophile Jean-Baptiste Glucq (1674-1748) possédait à Seine-Port (Seine-et-Marne),





et chez le diplomate et poète Jean-François Leriget, marquis de La Faye (1674-1731), au château de Condé-en-Brie (Aisne).


Riche, belle, intelligente et lettrée, elle noua des liens avec une société choisie d’écrivains et de philosophes et dépensa tous les ans cent mille francs en curiosités de toute sorte, meubles, tableaux – « une des plus grandes et des plus précieuses collections qu’il y eut en Europe » –, et livres. Ce qui lui valut l’admiration et les compliments de Jean-François Melon († 1738), secrétaire du Régent du royaume :


« Je me flatte d’avoir démontré, dans mon Essai politique sur le commerce, combien ce goût des beaux-arts et cet emploi des richesses, cette âme d’un grand état qu’on nomme luxe, sont nécessaires pour la circulation de l’espèce et pour le maintien de l’industrie ; je vous regarde, madame, comme un des grands exemples de cette vérité. Combien de familles de Paris subsistent uniquement par la protection que vous donnez aux arts ? Que l’on cesse d’aimer les tableaux, les estampes, les curiosités en toute sorte de genre, voilà vingt mille hommes, au moins, ruinés tout d’un coup dans Paris, et qui sont forcés d’aller chercher de l’emploi chez l’étranger. »

(« Lettre à la comtesse de Verrue sur l’apologie du luxe » tracée dans Le Mondain,par Voltaire, 1736)


Elle possédait environ 18.000 volumes, conservés dans des armoires en marqueterie de Boulle, aux portes garnies de rideaux de taffetas vert, le dessus couvert de marbre. À Paris, la bibliothèque contenait deux tables, sept « tablettes », quatre fauteuils, une chaise, deux tabourets, deux paravents, une pendule ; une grande carte du monde était accrochée au mur. 







Gilbert Saulnier du Verdier. Rozemire ou l'Europe délivée.
Paris, Denis Thierry, 1657, in-8
Librairie Camille Sourget, 2013 : 7.500 €

Les livres étaient reliés en maroquins de diverses couleurs – plutôt bleue et rouge – ou en veau fauve, à ses armes, faites de deux écus accolés : « d’argent, à la croix de sable, cantonnée de quatre losanges de même, qui est de Verrue ; écartelé aux 1 et 4, d’or au lion de gueules, armé, lampassé et couronné de même, qui est d’Albert de Luynes ; aux 2 et 3, de gueules à neuf macles d’or, qui est de Rohan ». Les entre-nerfs des dos sont décorés de lions et macles rappelant les armes d’Albert de Luynes et de Rohan.


« ils n’offrent pas le fini et l’élégance de ceux de Madame de Maintenon, de Madame de Chamillart et de la duchesse de Bourgogne. L’artiste moins surveillé, trop pressé, peut-être, n’a pas apporté les mêmes soins à son corps d’ouvrage ; de plus, les coiffes et les cartons sont lourds, la dorure est quelquefois défectueuse, et les armes, frappées à la hâte, laissent souvent à désirer. » [sic]

(Ernest Quentin Bauchart. Les Femmes bibliophiles de France. Paris, Damascène Morgand, 1886, t. I, p. 417)


La comtesse de Verrue n’était pas une bibliophile de « montre » : elle ne possédait pas des livres pour en tirer vanité, mais pour les lire, les étudier, et y mettait des notes. Sa bibliothèque était la plus riche connue alors en romans badins et en pièces de théâtre, réunis avant le comte de Pont-de-Veyle (1697-1774) et la marquise de Pompadour (1721-1764).     


« En 1719, elle achetait à Marguerite de Ratabon, comtesse de Crécy, moyennant la somme de 176,250 livres, trois maisons à porte cochère situées rue du Cherche-Midi, sur le devant de son hôtel. Mais ce n’était là qu’un placement de fonds, car elle ne les réservait pas pour son usage et les louait. Nous avons les traités de location de M. de Montullé qui s’installa dans l’une en 1729 moyennant un loyer de 2,200 livres, et celui de l’autre maison, qui devait être occupée en 1735 par le marquis de Parabère, moyennant 3,500 livres par an. En 1721 elle achetait aux Bénédictines de la rue du Cherche-Midi une maison joignant la porte cochère de son hôtel et qui donnait sur la rue du Regard où elle portait le n° 1 [payée 30.000 livres].

Cette maison, qu’elle faisait relier à son ancien pavillon, allait former une aile de son nouvel hôtel. De l’autre côté, elle faisait élever une aile semblable et surélever le bâtiment principal. Le plan de l’abbé de La Grive, de 1728, et le plan de Turgot, de 1739, montrent parfaitement ses nouvelles proportions : un bâtiment avec deux ailes en retour, accolé aux jardins des trois couvents qui l’enserraient, apparaissant derrière les bâtiments qui bordaient la rue du Cherche-Midi  et qui étaient sans doute les maisons qu’elle avait achetées deux ans auparavant.

Cet hôtel existe du reste encore presque en entier, non dans ses dispositions principales mais dans quelques-unes d’entre elles qui furent conservées lors de la construction de l’hôtel de Toulouse, beaucoup plus vaste et qui est aujourd’hui l’hôtel des conseils de guerre du gouvernement militaire de Paris. Le plan de Jaillot de 1774 indique parfaitement l’hôtel de Verrue comme incorporé à l’hôtel de Toulouse.

Les dépendances fort vastes renfermaient des écuries pour les 13 chevaux de carrosse qu’elle avait achetés, « belles bêtes noires à courtes queues » et pour ses deux juments de selle « sous poil bai », et des remises pour « sa grande berline dorée, montée sur quatre roues, garnie de trois glaces, tendue de velours ciselé cramoisi, pour ses deux berlines de campagne en drap rouge, pour un petit berlingot, un autre grand carrosse, une chaise à deux roues et une chaise de poste également à deux roues ».

Dans l’hôtel, les appartements étaient au premier, sur les jardins. Deux salons attenaient à sa chambre qui avait une sortie sur une grande galerie allant du jardin à l’extrémité d’une des ailes de l’hôtel où avait été établie une volière. […] Dans chaque aile il y avait deux appartements complets au rez-de-chaussée et au premier, et qui furent bientôt désignés par le nom de ceux auxquels Mme de Verrue les réservait le plus souvent. […]

Une seconde galerie faisait suite à la salle à manger et à la bibliothèque, pièce magnifique à deux fenêtres donnant sur une terrasse intérieure, séparait le corps principal de l’aile opposée. […]

Mme de Verrue apporta son goût, mais aussi un peu son désordre dans l’ameublement de son hôtel qu’elle renouvela en partie à cette époque, ne conservant qu’un certain nombre des meubles qu’elle avait précédemment et dont elle fit porter le surplus dans sa maison de Meudon et dans une seconde, plus grande, contiguë à la première, et qu’elle avait achetée, avec ses jardins et dépendances, à Pierre Caillot, en décembre 1719, moyennant 50,000 livres. […]

Les maisons de Meudon servirent ainsi petit à petit de débarras. A mesure que la place manquait à Paris et qu’il fallait caser les nouveaux tableaux ou les éditions plus rares de livres, on garnissait les murs de Meudon de tous les tableaux de peu de prix qu’elle avait achetés d’abord, et d’une partie des gravures qu’elle possédait, […]

Ses collections l’occupaient d’ailleurs beaucoup […] La Faye et Boulongne [Louis de Boullogne « le jeune », 1654-1733, peintre] la guidaient dans le choix de ses tableaux et des livres de sa bibliothèque sur lesquels Melon  lui donnait souvent aussi un avis utile […]

On peut dire qu’elle collectionnait un peu en toutes choses […]

Ainsi nous voyons qu’elle eut la passion des tabatières, celle des cachets gravés, celle des montres et des pendules, des boites de toutes formes et de toutes dimensions en écaille, en or, celle des cachets gravés [sic], des pierres dures, des médailles. » [sic]

(G. de Léris. La Comtesse de Verrue et la Cour de Victor-Amédée II de Savoie. Paris, A. Quantin, 1881, p. 198-206)   

  





Après une maladie de plus de deux ans, elle mourut étouffée par un abcès du poumon dans son hôtel de la rue du Cherche-Midi, le 18 novembre 1736. Elle fut enterrée dans le cimetière de la paroisse Saint-Sulpice. Attendu son goût pour les arts et pour les plaisirs, elle avait été surnommée « dame de volupté », et avait fait elle-même un quatrain pour lui servir d’épitaphe :


« Ci-gît, dans une paix profonde,

Cette dame de volupté

Qui, pour plus grande sûreté,

Fit son paradis en ce monde. »


L’inventaire, commencé le 10 décembre 1736, se poursuivit pendant tout le mois de janvier 1737. La vente des tableaux et celle des livres se firent à l’hôtel de la rue du Cherche-Midi, en mars et avril 1737. Le catalogue des tableaux n’existait qu’en manuscrits. L’inventaire des livres signale un lot de 68 ouvrages qui furent écartés de la vente, parce que traitant de querelles religieuses ou licencieux, parmi lesquels :


- Journal de la cour, par M. Dangeau. Manuscrit, 12 vol. in-fol. reliés en basane.

- La Clef du sanctuaire ou traduction de Spinosa. In-12, veau.

- Lettres philosophiques de Voltaire. In-12, veau.

- Les Princesses Malabarres. In-12, veau.

- Les Amours de Sainfroid, jésuite, et d’Eulalie, fille dévote. In-12, veau.

- La Galanterie monacale. In-12, veau.

- Vénus dans le cloitre. In-12, fig., mar. bleu.

- Tanzaï et Néadarné, histoire japonaise. 2 vol. in-12, mar.

- Aloisia ou l’Académie des dames. In-12, mar. bleu.

- Histoire amoureuse de France, de Bussy Rabutin. In-12, veau.

- Les Contes de La Fontaine, avec figures. 2 vol. in-8, mar.

- Relation du quiétisme en France. 2 vol. in-12, veau.

- L’Inceste innocent ou la Mauvaise Mère, aventure galante. In-12, mar. rouge.







La bibliothèque fut mise en vente avec un Catalogue des livres de feue Madame la comtesse de Verruë (Paris, Gabriel Martin, 1737, in-8, [4]-240 p., 389 numéros), dont l’ « Avis » prévient :


« Des raisons particulieres Nous ayant obligé de suivre scrupuleusement l’ordre & les n° de l’Inventaire, Nous n’avons pû donner aux Livres d’autre arrangement que celuy qu’ils avoient dans la Bibliotheque : Nous nous sommes seulement attachez à en exposer les titres clairs & detaillez, & à marquer les Auteurs & les Editions. Il en resulte une necessité de lire entierement le Catalogue, non-seulement à cause de la diversité des sujets qui peut se rencontrer dans les Livres compris sous un même n°, mais encore à cause des mélanges, c’est-à-dire des volumes qui renferment plusieurs Traitez reünis sous un crochet. » [sic]


Sous chaque numéro sont souvent compris plus d’une dizaine d’ouvrages, chacun en plusieurs volumes.



Gilbert Burnet. Histoire des dernières révolutions d'Angleterre.
La Haye, Jean Neaulme, 1725, 2 vol. in-4, fig.
Sotheby's, Paris, 19 novembre 2012 : est. 3.000/5.000 €, non vendu


Quentin-Bauchart a affirmé, sans preuve, que presque tous les livres avaient souffert de l'humidité :

« Le Pétrone, en deux volumes, maroquin rouge, qui provient de la vente de Bure et appartient à M. Édouard Bocher ; les Œuvres de Voiture, achetées également par M. Bocher, à la vente du baron Jérôme Pichon ; le très joli Regnier (Elzévier), de la bibliothèque du comte de Lignerolles ; le Cyrano de Bergerac, acquis par M. Dutuit, de Rouen, à la vente des livres du marquis de Ganay ; l’exemplaire des Portraits et Éloges, de Mademoiselle de Montpensier, acheté également par M. Dutuit ; la Jérusalem délivrée (Paris, 1648, in-8, mar. r., fig. de Michel Lasne), de la collection de M. Félix Vallois, de Rouen ; le Chef-d’œuvre d’un inconnu, que possède le comte de Mosbourg, et un Recueil de tragédies [relié en maroquin vert, avec les macles des Rohan servant de dentelle autour des plats, et les lions des Luynes aux angles et au milieu ; doublure en maroquin rouge avec dentelles], du cabinet du baron J. Pichon, le seul livre doublé de maroquin que nous ayons vu aux armes de la comtesse.

Quelques volumes auxquels Madame de Verrue attachait moins de prix et qui servaient à garnir ses armoires de campagne, portent au-dessus [plus rarement au-dessous] de l’écusson le mot Meudon, timbré en or. Les plus importants sont les Œuvres de Benserade (Paris, Ch. de Sercy), 1697, deux volumes maroquin rouge, aujourd’hui chez S. A. R. le duc d’Aumale, au château de Chantilly ; le Théâtre de Pierre Corneille (Rouen et Paris), 1664, de la collection de M. Abel Patoux, de Saint-Quentin ; l’Histoire de Palmerin d’Olive… (Anvers), 1572, pet. in-4, de la bibliothèque de M. de Terrebasse ; l’Astrée, d’Honoré d’Urfé, en sept volumes in-8, mar. bleu, prisé dans l’inventaire, par le libraire Gabriel Martin, 21 livres ; Cassandre, de la Calprenède, en dix volumes, prisé 25 livres ; Cléopâtre, du même, 12 vol. estimés 36 livres [cet exemplaire a reparu à la vente des livres du comte de Béhague, en 1880, et a été adjugé au prix de 200 fr.] ; Pharamond, du même, douze volumes prisés 36 livres ; Artamène ou le grand Cyrus de Mademoiselle Scudéry, dix vol. maroq. rouge, prisés 48 livres ; Clélie, Histoire romaine, par Scudéry, 10 vol. in-8, estimés 25 livres, aujourd’hui chez M. le marquis de Lagoy, à Aix en Provence ; les Œuvres de Scarron en 10 vol. prisés 20 livres ; Don Quichotte avec la suite, prisé 26 livres ; les Lettres de Bussy Rabutin, Paris, 1697, de la Bibliothèque Nationale ; les Mille et un jours [passé chez Lignerolles], en 5 vol. mar. bleu prisés, avec les Mille et un quarts d’heures [passé à la BnF] en un vol., 18 livres 10 sols, etc. » [sic]  

(Ernest Quentin Bauchart. Les Femmes bibliophiles de France. Paris, Damascène Morgand, 1886, t. I, p. 417-419)






Garcilaso de la Vega. Histoire des Incas (suivi de :) Histoire des guerres civiles des Espagnols dans les Indes
Amsterdam, Gérard Kuyper, 1704-1706, 4 vol. in-12
Librairie Camille Sourget, 2013 : 11.000 €


Gustave Brunet (In Bulletin du bibliophile, 1893, p. 253-259) a complété la liste de Quentin-Bauchart :

    

ABERY. Histoire du cardinal Mazarin. Paris, 1688, 2 vol. pet. in-8 (Giraud, n° 2827)

Amant de bonne foy. Paris, 1695, in-12 mar. vert (Béhague, n° 1009)

AULNOY (Mme d’). Voyage d’Espagne. Paris, 1699, 3 vol. in-12, veau (Grangier de la Marinière, 1883)

Axiamire ou le roman Chinois. Paris, 1675, in-12, veau (J. Techener, 1865)

BACILLY (De). Recueil des plus beaux vers. Paris, 1661, in-12, mar. bl. (vente Giraud, 1855, n° 1497)

BASSOMPIERRE.Mémoires. Cologne, 1665, 2vol. in-12, mar. (vente M. Avril, 1883)

BAUDOT DE JUILLY. Germaine de Foix. Paris, 1701, in-12, mar. (Fontaine, 1875)

BAUDOUIN.Les Advantures de la cour de Perse. Paris, 1629, in-8, mar. noir, (vente Pichon, 1869, n° 746, 205 fr. ; Béhague, 1880, n° 973, 150 fr.)

BAYLE. Lettres choisies. Rotterdam, 1714, 2 vol. in-12, mar. (A.-F. Didot, 1883)

BEKKER. Le Monde enchanté. Amsterdam, 1694, 4 vol. in-12, veau (P. J. D., 1856)

BELLEAU (Remy). Œuvres. Paris, 1578, in-12, mar. (Béhague, n° 592)

BENSERADE. Œuvres. Paris, 1697, 2 vol. in-12, mar. rouge (Cat. Cigongne, 1861, n° 988)

BLACKWOD (Adam). Histoire et martyre de la royne d’Escosse. Paris, 1589, in-16 mar. (Turner, 1878)

BONNECASE (R.-A.). Voyage d’Espagne fait en 1655. Cologne, 1666, in-12, veau (vicomte d’Auteuil, 1864)

BOULAINVILLIERS. Mémoires présentés au duc d’Orléans. La Haye, 1727, in-12, veau (J. Techener, 1865)

CAMUS. La Cleoreste, histoire française. Lyon, 1626, 2 vol. in-8, mar. r. (vente Giraud, 1855, n° 1947)

Célinte, première. Paris, 1641, in-8, mar. (J. Techener, 1865)

CERVANTES.Nouvelles. Paris, 1707, in-12, mar. (vente M., 1880)

Chansons pour danser et pour boire. Paris, 1645-1652, 2 vol. in-8, mar. (L. Techener, 1889)

COLET (Cl.). Histoire palladienne. Paris, 1555, in-fol., veau (A.-F. Didot, 1881)

CRENNE (Mme Hélisenne de). Œuvres. Paris, 1560, in-16, mar. (vente Brunet, 1868, n° 540)

DESJARDINS (Mlle). Alcydamie. Paris, 1661, in-8, mar. (J. Techener, 1865)

DESMARETS. L’Ariane. Paris, 1639, in-4, mar. (Pichon, 1869, n° 718 ; Fontaine, 1872)

Diversités curieuses. Paris, 1700, 10 vol. in-12, mar. r. (vente Didot, 1883, n° 435)

DUCHESNE (François). Recherches historiques de l’Ordre du Saint-Esprit. Paris, 1710, 2 vol. in-12, mar. r. (vente Béhague, 1880, n° 1899, 159 fr. ; Techener, 1886, n° 807, 140 fr.)

DU PERRET. La Cour d’amour. Paris, 1667, 2 vol. in-8, mar. (vente de J. Techener, 1865 ; comte de L., 1866)

DU VERDIER. Sibile, histoire de notre temps. Paris, 1633, in-8, mar. vert (vente Giraud, 1855, n° 1945)

FÉNELON. Télémaque. Paris, 1699, 2 vol. in-12, mar. citron, (vente Didot, 1878, n° 637,120 fr.)

GACON. Le Poète sans fard. S. l., 1702, in-12, mar. rouge (vente Giraud, 1855, n° 1405)

GASCON (LE). Extravagant. Paris, 1639, in-8, veau (Giraud, n° 1955)

Germaine de Foix. Paris, 1701, in-12, mar. (Fontaine, 1877)

GUMBLE. La Vie du général Monk. Londres, 1672, in-12, mar. rouge (vente Ganay, 1881, n° 260, 105 fr.)

Histoire de Gustave Adolphe. Prade, 1695, in-12, veau (Giraud, n° 3067)

Histoire des ordres militaires. Amsterdam, 1721, 4 vol. in-8, veau (Giraud, 1855, n° 2503)

Histoire Palladienne traitant des gestes et faits d’armes de plusieurs grands princes et seigneurs. Paris, 1555, in-fol., veau écaille (vente Didot, 1881, n° 412)

Histoire politique et secrète de la cour de Madrid dès l’avènement du roi Philippe V. Cologne, Pierre le Sincère, 1719, in-8, veau.

JODELET. Comédie. Paris, 1648, in-4, mar. (Marquis, 1890)

LA CALPRENÈDE. Faramond ou l’histoire de France. Paris, 1661, 12 vol. in-8, veau (Solar, n° 1932)

LA CHAMBRE (De). Discours sur les débordements du Nil. Paris, 1665, in-12, veau (P. J. D., 1856)

LAFAYETTE (Mme de). Zayde, histoire espagnole. Paris, 1670, 2 vol. pet. in-8, mar. bl. (vente comte Roger du Nord, 1884, n° 335)

LA FONTAINE. Œuvres. Anvers, 1726, 3 vol. in-4, texte encadré, veau (un amateur étranger, 1877)

La Gibecière de Mome. Paris, 1644, in-8, veau (vicomte d’Auteuil, 1864)

La Liberté des dames. Paris, 1693, in-12, veau fauve (vente Pichon, 1869, n° 817)

L’Ambigu d’Auteuil. Amsterdam, 1725, in-12, veau (Fontaine, 1875)

LA MOTTE. Odes. Paris, 1707, in-12, mar. (Béhague, n° 719, ex. Génard, 1882)

LARREY.Histoire de France sous le règne de Louis XIV. Liège, 1723, 9 vol. in-12, veau (Grangier de la Marinière, 1883)

Le Courrier dévalisé. Villefranche, 1644, in-12, mar. (Fontaine, 1875, 120 fr.)

L’Heureux Chanoine de Rome. 1707, in-12, mar. (P. J. D., 1856)

MACHIAVEL. Œuvres. Amsterdam, 1697, 6 vol. in-12, mar. rouge (vente L. Techener, 1886, n° 603, 178 fr.)

MAFFÉE (J. P.). Histoire des Indes. Paris, 1665, in-4, veau (J. Techener, 1865)

MARCASSUS.La Clorymène. Paris, 1626, in-8, veau fauve (vente Huillard, 1870, n° 705)

MARGUERITE DE VALOIS. Mémoires. La Haye, 1715, in-12, mar. (Destailleur, 1891)

Marie Stuart, reine d’Écosse. Paris, 1675, in-12 (Chedeau)

MARIGNY.Œuvres. Paris, 1674, in-12, veau (comte de L., 1866)






MAROT (Clément). Œuvres. 1731, 6 vol. in-12, mar. Provient des bibliothèques Double et Huillaire (G. Haminski, 1866)

MATHIEU (Pierre). Histoire des troubles de France. 1601, in-8, veau (vente Grangier de la Marinière, 1883)

Meliadus de Leonnoys. Paris, Denis Janot, 1532, in-fol., veau (vente Didot, 1881, n° 404)

Mémoire du chevalier Hazard. Paris, 1705, in-12, mar. (Béhague, n° 1032)

MONTAIGNE. Essais. S. l., 1725, 3 vol. in-4, veau (vente Silvestre de Sacy, mai 1879, n° 177, 125 fr.)

MONTPENSIER (Mlle). Recueil de portraits en vers et en prose. Paris, 1659, 2 vol. in-8, mar. (Pichon, 1869)

NADAL (L’abbé). Le Voyage de Zulma dans le pays des fées. Amsterdam, 1734, in-12, veau (vente comte Roger du Nord, 1884, n° 352)

NICOLE (Le président). Œuvres. Paris, 1693, 2 vol. in-8, mar. (vicomte d’Auteuil, 1864)

NODOT. Histoire de Mélusine. Paris, 1700 (Beckford, 220 fr.)

Nouvelliste du Parnasse (Le). Paris, Chaubert, 1731, 3 vol. in-12, veau.

PALAPRAT.Œuvres. Paris, 1712, 2 vol. in-12, mar. (Solar)

PLUTARQUE. Décade contenant les vies des empereurs. Paris, 1567, in-8, mar. r. (vente Didot, 1884, n° 499)Poètes français de la collection Coustelier. 7 vol. in-12, veau.

Polixène de Molière (La). 1635, in-8, veau (catalogue Fontaine, 1875)

Prison sans chagrin (La). Paris, 1704, in-12, mar. (Giraud, n° 1974). Autre édition, Paris, 1669 (Génard, 1882)

PUGET DE LA SERRE. Le Roman de la cour de Bruxelles. Paris, 1628, in-8, mar. (Béhague, n° 972)

PURE (L’abbé). La Prétieuse. Paris, 1660, 2 vol. in-8, mar. (Pichon, 1869)

Quinte Curse. Amsterdam, 1696, pet. in-8, mar. (Giraud, n° 2573)

Recueil de soixante-cinq mazarinades. 1649, in-4, mar. (Pichon, 1869)

Recueil en deux parties de poésies diverses. Paris, 1678, in-12, mar. (voir Cabinet d’un curieux, p. 92)

RICHARD (L’abbé). Vie du père Joseph Leclerc. Paris, 1702, 2 vol. in-12, veau (Grangier de la Marinière, 1883)

ROUSSEAU (J.-B.). Œuvres. Amsterdam, 1726, 3 vol. in-12, mar. (Morgand, 1891, 500 fr.)

SAINT-AMANT. Œuvres. Paris, 1629, in-4, mar. (Pichon, 1869)

SAINT-HYACINTHE. Historiettes. La Haye, 1730, in-12 veau (Destailleur, 1891)

SAINT-HYACINTHE. Le Chef-d’œuvre d’un inconnu. La Haye, 1714, in-12 ; mar. (vente M., 1880)

SAINT-PIERRE (L’abbé de). Discours sur la polysynodie. Amsterdam, 1719, in-12, veau (P. J. D., 1856)

SCARRON. Théâtre. S. l., s. d., in-4, mar. bleu (L. Techener, 1886, n° 425, 305 fr.)

SCUDÉRY (Mlle). Célinte. Paris, 1661, in-8, mar. (Béhague, n° 989)

SCUDÉRY. Clélie, histoire romaine. Paris, 1656, 9 vol. in-8, mar. Ex. de Sainte-Beuve, avec des notes de sa main (Fontaine, 1870)  

SCUDÉRY (Mlle de). La Morale du monde. Paris, 1686, 2 vol. pet. in-8, mar. r. (vente comte Roger du Nord, 1884, n° 411)

SOREL (Ch.). La Maison des jeux. Paris, 1657, 2 vol. in-8, mar. (Pichon, 1194)

STRAPAROLE. Les Facécieuses nuits. Paris, 1726, 2 vol. in-12, veau (Béhague, 1194)

TASSO.La Jerusalem de la version de Baudouin. Paris, 1648, in-8, mar. (G. Kaminski, 1882)

Tideric, prince de Galles. Paris, 1677, in-12, veau (comte de L., 1866)

Valesiana. Paris, 1695, in-12, veau (vente H. de ***, 1885)

VILLEDIEU (Mme de). Alcidamie. Paris, 1661, 2 vol. in-8, mar. bleu (vente Béhague, 1880, n° 993, 72 fr.)

VOITURE. Œuvres. Paris, 1691, in-12, mar. (Pichon, 1869)

Voyages de Sulma (Les). Amsterdam, 1734, in-12, veau (Roger du Nord, 1884)

WILKINS (John). Le Monde dans la lune. Rouen, 1656, pet. in-8, mar. r. (vente Soleil, 1871, n° 623, 32 fr.)


Les volumes de théâtre passèrent, pour la plupart, dans la riche collection du duc de La Vallière et sont aujourd’hui à la Bibliothèque de l’Arsenal.La bibliothèque de Nîmes conserve néanmoins 95 volumes, contenant 400 pièces de théâtre publiées entre 1572 et 1714.






Boulainvilliers. Mémoires. La Haye et Amsterdam, 1727, in-8
Librairie Patrick et Elisabeth Sourget, 2013 : 9.500 €


À part quelques exemplaires qui se trouvaient provisoirement à Paris, les livres de la bibliothèque de la maison de Meudon restèrent en place. Par testament du 20 septembre 1736, la comtesse de Verrue avait légué à son frère Louis-Joseph, prince de Grimberghen, et après lui à la duchesse Angélique-Victoire de Duras sa nièce, sa maison toute meublée « parce qu’il n’en possède aucune à la campagne ». L’héritière unique du prince de Grimberghen mourut sans postérité en 1736. Les héritiers firent relier des volumes portant la mention « Meudon », sans les armes de la comtesse sur les plats, mais avec lions et macles sur le dos. Des livres furent vendus après la mort du prince : Catalogue des livres de M. le comte d’Albert, prince de Grimberghen (Paris, Osmont, 1759, in-8). Les Villeroy, seuls héritiers de la duchesse de Duras, vendirent la maison en 1766, conservant une bibliothèque jusqu’aux confiscations de 1794. Entre-temps, la bibliothèque du duc d’Aumont, grand collectionneur d’objets d’art, avait été dispersée en 1783.

La Bibliothèque nationale de France possède 199 volumes ayant fait partie de la bibliothèque de Meudon.    


A droite : Gerzan. Histoire asiatique de Cerinthe, de Calianthe et d'Artenice. Paris, P. Lamy, 1634, in-8.
Exemplaire de Michel Wittock. Christie's, Paris, 8 novembre 2004 : 2.115 €

     

Bonne Année 2014 ! Happy New Year !

Jean Berque (1896-1954), illustrateur vigoureux et probe

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Jean-Jules-Paul Berque est né le 31 janvier 1896 à Reims, 10 rue Perseval, domicile de ses parents, Charles-Marie Berque, négociant en vins de Champagne, un des associés administrateurs de la Maison Ernest Irroy *, rue de la Justice, et de Marguerite-Charlotte Pierrard.



* La Maison Ernest Irroy a été fondée en 1820 par Charles-François-Benjamin Irroy, père de Ernest-Benjamin Irroy (1829-1896), lequel s’était adjoint comme associés, en 1890, F. Blondeau et Charles Berque, administrateurs de la Société anonyme qui exploita cette marque après sa mort. Ces administrateurs formèrent en 1900 avec G. Goerg, neveu de Ernest Irroy, la raison sociale « Blondeau, Berque et Cie ». La Première Guerre surprit en plein essor le champagne Irroy. Après l’armistice, il fallut constater que les celliers avaient été presque entièrement détruits par le bombardement de la ville et que des pillages avaient été pratiqués dans les caves. L’établissement fut reconstruit à l’emplacement des anciens bâtiments.




Jouant du violon et peignant déjà avec talent, son enfance se passa dans un milieu favorable au développement des activités artistiques, entre le salon de musique de sa mère et les sculptures de sa sœur aînée, Andrée. Des aquarelles réalisées au cours de sa dixième année témoignent de l’influence des voyages qu’il fit alors avec ses parents, sur la Côte d’Azur et en Italie.


En 1916, il quitta Reims pour Paris, et s’inscrivit à l’Académie Paul Ranson, fondée rue Henri Monnier (IXe) en 1908, dirigée par sa veuve dès l’année suivante et transférée en 1911 rue Joseph Bara (VIe). Il y fut l’élève de Maurice Denis et de Paul Sérusier, l’ami qu’il retrouva en Bretagne et qui lui écrivit de Châteauneuf-du-Faou (Finistère) :

« Quand vous dessinerez, tâchez que vos dessins ne ressemblent pas aux classiques académies, mais qu’ils soient nets et précis comme des Holbein. »

Mobilisé, il fut réformé en 1917, pour raison de santé.
Le 25 septembre 1920, il épousa à Paris (XVIe) Raymonde-Emmanuelle-Louise-Marie Thorel, fille d’un juge au Tribunal civil de la Seine, née en 1895 à Épernay, qui lui donnera deux enfants. Le mariage fut célébré le 28 septembre à Notre-Dame de Passy.
Le couple voyagea beaucoup, au Maroc, en Italie, en Espagne, et passa de nombreux mois dans le Var, entre Toulon et Saint-Tropez, fréquentant le peintre André Dunoyer de Segonzac (1884-1974), les femmes de lettres Colette (1873-1954) et Lise Deharme (1898-1980). À Collioure, il rencontra le sculpteur Aristide Maillol (1861-1944).

En 1922, Jean Berque fut un des premiers membres de « L’Union rémoise des arts décoratifs », dont le président-fondateur, Ernest Kalas (1861-1928), architecte et époux d’une artiste peintre, tentait de rendre leur place aux arts, dans une ville ruinée en pleine reconstruction.

L’année suivante, Georges Charbonneaux (1865-1933), fondateur en 1912 de la Société « Le Foyer rémois », fit poser la première pierre de l’église Saint-Nicaise, dans la cité du Chemin-Vert, construite sur les plans de Jean-Marcel Auburtin (1872-1926).
La décoration intérieure fut confiée à Gustave Jaulmes (fresques de la nef), Maurice Denis (fresques des absides des deux transepts et du baptistère), Ernest Laurent (baptême du Christ à l’entrée du baptistère), René Lalique (vitraux et luminaire) et Jean Berque (Vierge à l’enfant au revers de l’entrée et chemin de croix).


Reims. Eglise Saint-Nicaise. Chemin de croix. Station XIV.

Les quatorze stations du Chemin de croix, réalisées après un voyage en Italie pour « se retremper aux sources pures de l’art religieux », peintes à l’huile sur des panneaux en fibro-ciment de 70 cm. de côté, furent l’objet d’articles élogieux dans la presse spécialisée française et étrangère, avant d’être inaugurées en 1925.

Au début de l’année 1924, Jean Berque fut invité à l’exposition « Premier groupe » de la galerie Eugène Druet, rue Royale, à Paris, où il exposa huit toiles près des œuvres de Maurice Denis, Georges d’Espagnat, Hermann-Paul, Pierre Laprade, Henri Lebasque, Aristide Maillol, Théo Van Rysselberghe, Paul Sérusier, Félix Vallotton, Louis Valtat et Auguste Guénot :

« Le 1er groupe a réuni Maurice Denis, Hermann-Paul, Lebasque, Sérusier, Vallotton, peintres bien divers dont la notoriété ne sera pas accrue par leurs envois. Jean Berque et Auguste Guénot, invités, apportent plus d’intérêt vrai. » (Images de Paris, n° 49-50, 1924)  





En novembre, il fit ses débuts au Salon d’Automne, au Grand Palais : admiratif, Jean Martel lui proposa d’échanger une toile de nus contre une de ses sculptures.

Il exposa au Salon d’Automne jusqu’en 1928, mais aussi au Salon des Tuileries – entre 1927 et 1934 –, à la galerie de Jacques Rodrigues, rue Bonaparte, et chez Marcel Bernheim, rue Caumartin, à La Haye, etc.

Ses natures mortes, ses paysages, et surtout ses nus, furent toujours très remarqués.



C’est ainsi que le mensuel Le Crapouillot, ayant illustré la couverture de son numéro du 1er  janvier 1927 avec la reproduction photographique de l’un de ses nus, fut interdit d’affichage dans les kiosques parisiens.

Du 15 au 24 mai 1931, avec un catalogue préfacé par un éminent orientaliste, le Docteur Joseph-Charles Mardrus, il présenta à la galerie de la Renaissance, rue Royale, à Paris, 51 toiles – « avec surtout des nus, isolés ou groupés, d’une robuste exécution et d’un beau modelé. Dans un coin, un charmant paysage provençal en gris. » –, des dessins et deux livres – L’Offrande lyrique, de Tagore, et Connaissance de l’est de Paul Claudel –, ainsi que la maquette de L’Apocalypse. Le critique d’art René Barotte écrivit alors :

« En feuilletant l’ouvrage, j’ai retrouvé Babylone beaucoup plus féérique qu’avaient pu me la révéler mes rêves d’enfance, et avec le peintre j’ai monté dans cette atmosphère céleste si picturalement décrite par le prophète. J’ai vu le Trône du Seigneur entouré d’un arc-en-ciel d’une apparence semblable à l’émeraude et j’ai vécu dans l’adorable sillage des anges, de ces beaux anges verts dont les ailes étaient d’or. »

Tandis que l’État faisait l’acquisition d’une toile pour le musée du Luxembourg, l’auteur dramatique Henri-René Lenormand donnait un article :

« Je ne crois pas que Jean Berque ait jamais obéi aux disciplines collectives qui, ces dernières années, remplacèrent pour tant de peintres la justesse de l’instinct et le goût profond de la peinture. » Puis, parlant des œuvres qu’il expose :
« l’œil non spécialisé peut y découvrir un amour des formes et de la lumière, un plaisir de peindre, un harmonieux souci de l’expression par la couleur, qui doivent le placer, à l’abri des hasards de la mode et de la spéculation, au premier rang des peintres de sa génération […] Sa prédilection pour le gris est évidente. Le gris, non comme une excuse à une vision incertaine ou à de complaisantes rêveries, mais comme une source de repos et d’équilibre, comme un signe de la douceur et de la noblesse de l’âme. […]
Feuilletons les gravures dont Jean Berque a illustré La Connaissance de l’Est. Regardez cette proue de navire suspendue au-dessus de la mer tropicale, cette vasque verte et jaune où, entre des cocotiers efféminés, des embarcations sont posées, ce fleuve où des jonques aux cent rames, telles des insectes inconnus, épousent le courant limoneux, vous comprendrez que Jean Berque est un artiste complet, car le monde des rêves et de l’imagination se traduit, chez lui, en visions aussi impérieuses que celui des formes vivantes et des paysages quotidiens. »

Dès 1925, Jean Berque avait effectivement commencé à consacrer une grande partie de son activité à l’illustration du livre.
De 1930 à 1939, il illustra tous les ans, sauf en 1931, des ouvrages pour Philippe Gonin à Paris, ou pour les frères Gonin à Lausanne **.

** Les Éditions Gonin sont nées en 1926, de l’association de deux frères, Philippe et André Gonin, fils d’un libraire de Lausanne. La guerre les sépara en 1940. Tandis que Philippe poursuivait seul en France, André rentra en Suisse, à Lausanne, et s’adjoignit son fils Pierre en 1956.


En 1935, lors de la parution de l’ouvrage de Denise Boas, Le Bruit du silence, Pierre Mornand, conservateur à la Bibliothèque nationale, écrivit :

« Pour illustrer “ Un Regard ”, madrigal triste, Jean Berque a peint en grisaille, avec une perspicacité elle aussi pleine de nuances, des femmes et des cavaliers sous les ombrages clairs d’un bois empreint de la même poésie que ce parc au camaïeu roux et mauve. Il peint encore des fleurs d’une légèreté charmante dont la fraîcheur de tons s’exalte au sein de blancheurs nimbées ; leur éclat chaud et précieux rappelle Odilon Redon. »






Son mariage ayant été dissout par jugement de divorce du Tribunal civil de la Seine du 21 juillet 1943, Jean Berque épousa, le 22 novembre suivant, à Argenton-sur-Creuse (Indre), Germaine-Ninette-Wilhelmine Kohn. Tous deux participèrent activement à la Résistance, accueillant chez eux des officiers anglais du service secret britannique «  Special Operations Executive » [Direction des opérations spéciales]. Comme une récompense, ils eurent un fils le jour de la victoire.

Après les Amours de Marie, de Ronsard, illustrés en 1942, il illustra encore quelques livres, de 1946 à 1951, en particulier de Colette, qui lui écrivit en 1946 :

« Je n’aime pas du tout les lettres autographes, quand elles sont de moi. Et voyez ma malchance : je n’ai pas même de secrétaire. De sorte que toutes mes lettres sont des autographes. Prenez donc celle-ci : choisirais-je un destinataire plus sympathique ? Votre souvenir est attaché désormais à ce Blé en Herbe, auquel vous avez mis tant d’amour, un bleu si authentique et si cancalais et une “ ressemblance ” – presque magique – entre mes petits héros et vos adolescents longs et purs. Quand j’ai soif de mer, je regarde la laiteuse page où glissent les barques. Voyez tout le bien que je vous dois, car je ne suis sortie que trois fois une heure depuis le 5 décembre dernier. Cher Jean Berque, j’ai écrit Le blé en herbe, mais vous l’avez réinventé. Une grande poignée de main, et l’affectueux sentiment que je vous porte accompagnent ce mot. »

Jean Berque avait préparé l’illustration de Malatesta, à la grande satisfaction de Montherlant, mais se brouilla avec l’éditeur. Il grava également un Roman de la rose qui resta inachevé.



Il réalisa aussi les décors de On ne badine pas avec l’amour, de Alfred de Musset, pour la Comédie française, et l’affiche de Perrier, avant d’être fait chevalier de la Légion d’honneur, au titre des beaux-arts, en 1953.
L’après-midi du 27 avril 1954, il mourut soudainement dans une librairie de la rue de Seine, à Paris. Il repose au cimetière de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines).     

Livres illustrés par Jean Berque :




1. Rabindranath Tagore. L’Offrande lyrique. Paris, F.-L. Schmied, 1925.



2. Abel Bonnard. Au Maroc. Paris, Emile-Paul frères, 1927.



3. André Maurois. « Kate ». In D’Ariane à Zoé [par vingt-six écrivains et autant d’artistes]. Paris, Librairie de France, 1930.




4. Paul Claudel. Connaissance de l’Est. Lausanne, Gonin & Cie [sic], 1930.



5. Pax Mundi. Livre d’or de la paix. Genève, Paxunis, 1932.

6. Johann Wolfgang von Goethe. Prologue dans le ciel. Paris, Philippe Gonin, 1932.




7. Paul Verlaine. Les Amies-Filles. Lausanne, Philippe Gonin, 1932.

8. Paul Verlaine. Les Poètes maudits. S. l., Desjobert et Gonin, 1932.

9. Le Cantique des cantiques du roi Salomon. Lausanne, Gonin et Cie, 1933.



10. Retour de l’enfant prodigue. Paris, Philippe Gonin, 1933.

11. Pierre de Ronsard. Poèmes. Lausanne, frères Gonin, 1934.




12. Abel Bonnard. « Le Cœur sentimental ». In Affaires de cœur. Paris, Nativelle, 1934.

13. Lucrèce. De la nature. Lausanne, Gonin, 1934.

14. Paul Verlaine. Poésies choisies. S. l., s. n., 1934.



15. Denise Boas. Le Bruit du silence. Paris, Éditions des Amis de l’artiste [Philippe Gonin], 1935.


16. Anna de Noailles. Les Jardins. Poèmes. Paris-Lausanne, frères Gonin, 1935.

17. Pierre Louÿs. Les Chansons secrètes de Bilitis. [Paris], aux dépens d’un amateur, 1935.

18. Claude Ramboz. Vers toi. Paris, aux dépens d’un ami de l’auteur, 1935.

19. Le Chemin de la croix selon les Évangiles. Paris, Philippe Gonin, 1936.

20. Denise Boas. La Danse des masques. Paris, Philippe Gonin, 1936.

21. Jean Berque. Recueil d’illustrations pour Tristan et Iseult. Paris, P. Gonin, 1936.




22. André Mary. Tristan. Paris, Philippe Gonin, 1937.

23. Denise Boas. Fabulettes. Paris, Philippe Gonin, 1937.


24. Denise Boas. Tu dépends de ta nature ou la Brune et la Blonde. Paris, Philippe Gonin, 1937. 




25. Joachim du Bellay. Œuvres poétiques. Sonnets de l’Olive. Paris, Philippe Gonin, 1938.




26. Apocalypse de Saint Jean. Lausanne, frères Gonin, 1938.

27. Charles Baudelaire. Douze poèmes. Paris, Philippe Gonin, 1939.

28. Percy Bysshe Shelley. Douze poèmes. Paris, Philippe Gonin, 1939.

29. Pierre de Ronsard. Amours de Marie. Paris, A. Tallone, 1942.




30. Pierre Louÿs. Les Chansons de Bilitis. Paris, Lallemand, 1946.



31. Sidonie Gabrielle Colette. Le Blé en herbe. Paris, aux dépens de l’artiste, 1946.



32. Pierre de Ronsard. Livret de folastries. Paris, aux dépens d’un amateur, 1947.



33. Paul-Jean Toulet. Mon amie Nane. Paris, La Bonne Compagnie, 1918 [i. e. 1948].

34. Pierre Louÿs. Trois filles de leur mère. Paris, aux dépens d’un amateur, 1897 [v. 1950].


35. Pierre Louÿs. Aphrodite. Mœurs antiques. Paris, La Bonne Compagnie, 1951.

N’ayant pas pu examiner suffisamment d’exemplaires des numéros 5-6-8-9-14-17-18-20-21-23-24-28-29-34, voire aucun pour le n° 13, merci aux heureux propriétaires – bibliophiles, libraires et bibliothécaires –, de bien vouloir m’en adresser les caractéristiques (format, pagination, tirage et illustration) afin de pouvoir compléter utilement cette bibliographie.




De gauche à droite : J.-P. Fontaine, Madame Berque, Patrick Chatelin
Reims, Bibliothèque Carnegie, 26 septembre 1992

Grâce aux prêts de Madame Berque, à la collaboration de Pierre Gonin et avec la bénédiction de Claudine Belayche, conservateur à la Bibliothèque municipale de Reims, dite « Carnegie », Patrick Chatelin et Jean-Paul Fontaine purent monter une exposition qui dura du 22 septembre au 3 octobre 1992, et qui fut accompagnée d’un catalogue, tiré à 150 exemplaires, qui leva le voile sur cet artiste injustement oublié de ses compatriotes :




Vitrine 1.

-          Article de R. Druart dans le journal L’Union du 12 mai 1954 (photocopie)
-          Invitation à la remise de la Légion d’honneur de Jean Berque par A. Sarraut (photocopie)
-          Lettre de Colette à Jean Berque, 1946 (photocopie)
-          Portrait de Jean Berque (photographie noir et blanc)
-          Andrée Berque (photographie noir et blanc)
-          Marguerite Pierrard, épouse Charles Berque (photographie noir et blanc)
-          Charles Berque posant pour un buste réalisé par sa fille Andrée (photographie noir et blanc)
-          Madame Charles Berque et ses deux enfants (photo bistre sur carton vert)
-          J. Berque peignant l’actrice Rosine Derean, épouse de Claude Dauphin, 1931 (photo bistre sur carton beige)
-          Jean et sa sœur Andrée Berque enfants (photo noir et blanc)
-          Carnet de dessins aquarellés de J. Berque âgé de 9 ans, 1905
-          Lettre de P. Sérusier à J. Berque (photocopie)
-          E. Bénézit : Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs. Paris, Gründ, 1976, t. I, 682-683 (photocopie)
-          Lettre de M. Denis à G. Charbonneaux, à propos du Chemin de croix de l’église Saint-Nicaise, 1923 (photocopie)

Vitrine 2

-          Maquette gouachée de l’affiche Perrier destinée aux couloirs du métro, v. 1950
-          Catalogues des première et deuxième expositions d’Arts modernes organisées par l’Union des Arts décoratifs, 1922 et 1923 (photocopies des listes des pièces exposées par J. Berque)
-          Catalogue des Éditions Gonin, Paris-Lausanne
-          Percy Bysshe Shelley : Douze poèmes, 1939 (2 pages et 1 gouache)

Vitrine 3

-          8 cuivres gravés du Roman de la rose, resté inachevé

Vitrine 4

Le Chemin de la croix selon les Évangiles, 1936 :
-          Pages 2 et 3
-          Dessin de recherche pour la IIIe station
-          Épreuve d’essai pour la IIIe station
-          IIIe station
-          Cuivre gravé de la IIIe station
-          Dessin gouaché préparatoire à la VIIIe station
-          VIIIe station
-          Cuivre de la XIIe station
-          Lettre de J. Berque au sujet de la couronne d’épines sur la tête du Christ, que le curé voulait lui imposer, 1923

Vitrine 5

-          6 cuivres gravés du Roman de la rose, resté inachevé

Vitrine 6

-          7 cuivres gravés du Roman de la rose, resté inachevé

Vitrine 7

-          Anna de Noailles : Les Jardins. Poèmes, 1935 : 2 pages
-          Rabindranath Tagore : L’Offrande lyrique, 1925 : page de titre et frontispice, 2 illustrations
-          Abel Bonnard : Au Maroc, 1927 : page de titre et frontispice

Vitrine 8

-          Paul Claudel : Connaissance de l’Est, 1930 : page 25 et 2 gravures de la suite en noir

Vitrine 9

-          P. L. [Pierre Louÿs] : Trois filles de leur mère, v. 1950 : page de titre
-          Pierre Louÿs : Les Chansons secrètes de Bilitis, 1935 : page de titre et 1 gravure
-          Paul Verlaine : Les Amies-Filles, 1932 : page de titre et frontispice, page 23


Visite commentée de l'exposition
Vitrine 10

-          Le Cantique des cantiques du roi Salomon, 1933 : page de titre et frontispice, pages 18-19
-          Goethe : Prologue dans le ciel, 1932 : page de titre et frontispice, page avec lettrine « L »

Vitrine 11

-          Pierre de Ronsard : Livret de folastries, 1947 : page de titre et frontispice, 1 gravure de la suite en un ton, 1 cuivre gravé
-          P. de Ronsard : Poèmes, 1934 : 1 gravure et page 28

Vitrine 12

-          André Mary : Tristan, 1937 : page de titre et 3 gravures

Vitrine 13

Retour de l’enfant prodigue. Évangile selon Saint Luc, 1933 :
-          Page de titre
-          1 page et illustration en regard
-          1 suite de 4 gravures en couleur

Vitrine 14

-          Denise Boas : Le Bruit du silence, 1935 : page de titre et page 28
-          Abel Bonnard : « Le Cœur sentimental », 1934 : 1 gravure de la 1èreédition, couverture de la 2eédition
-          Paul-Jean Toulet : Mon amie Nane, 1948 : page de titre et frontispice
-          Pierre Louÿs : Aphrodite, 1951 : page de titre et frontispice

Vitrine 15

-          Joachim du Bellay : Œuvres poétiques, 1938 : 1 page et 1 gravure
-          Apocalypse de Saint Jean, 1938 : 1 page et 1 gravure

Vitrine 16

-          Colette : Le Blé en herbe, 1946 : page de titre, 1 gravure et son cuivre
-          Pierre Louÿs : Les Chansons de Bilitis, 1946 : page 115

Une nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée du catalogue fut publiée à l’occasion d’une exposition sur « Le Livre Art déco », à la Bibliothèque municipale de Reims, du 17 mars au 10 juin 2006.       


Les Premiers Ex-Libris français : définitions et classement.

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« Ex libris » [sans trait d’union] est une expression latine signifiant littéralement « des livres de ». Par métonymie, l’« ex-libris » [avec trait d’union], nom masculin, que les Anglais appellent « bookplate », est une étiquette volante, ou mieux, une vignette volante, que les bibliophiles collent sur le contreplat supérieur des reliures de leurs livres, et qui les désigne, textuellement ou figurément.

La place des ex-libris ne peut être que dans les livres, permettant le rattachement des livres à leurs propriétaires, la reconstitution de leurs bibliothèques dispersées et l’évocation de leurs personnalités : « C’est que, collés aux livres, les ex-libris sont vivants, et que, réunis en tas, ils sont morts. » (Henri Bouchot. Les Ex-Libris et les Marques de possession du livre. Paris, Édouard Rouveyre, 1891, p. 17).

Tandis que les bibliophiles français privilégiaient la reliure et faisaient mettre leurs armes ou leur chiffre sur les plats [« reliures aux armes et/ou au chiffre »], ou bien leurs noms ou initiales, avec ou sans devise, sur le plat supérieur, ou plus rarement sur les deux plats, voire sur le dos pour les initiales [« super ex-libris » *], les bibliophiles allemands, qui faisaient peut-être plus de cas de la valeur intrinsèque du livre que de son habillement, recoururent à l’ex-libris intérieur pour attester leur possession. C’est ainsi que l’ex-libris est né d’abord en Allemagne.

* les expressions « super-libris », « supra-libros », « super libros » et « supra libros » sont incorrectes.  




Le plus ancien des ex-libris allemands incunables conservés est celui de Hans Knabensberg, surnommé « Igler » (de « Igel », hérisson), aumônier de la famille Schönstett, en Bavière : gravée sur bois entre 1450 et 1480, cette vignette mesure 143 x 210 mm., et représente un hérisson qui broute un gazon fleuri ; au-dessus de l’animal une banderole porte l’inscription « Hanns Igler das dich ein Igel küss ». Deux exemplaires sont conservés au Cabinet des médailles de Munich.

Dès 1918, dans L’Intermédiaire des chercheurs et curieux (N° 1479. Vol. LXXVII. Col. 311), Georges Saffroy donna, d’après les notes de son père, la liste des « sept plus anciens ex-libris français imprimés, avec leurs dates approximatives :
1515. Cardinal de Tournon, né en 1489.
1528. Jean Bertrand (ou Bertaud) de La Tour-Blanche, né en 1502.
1541. Nicolas de Lescut, jurisconsulte, né à Nancy, vers 1500.
1544. Wolfrart, dit Conrad de Lycosthènes, de Schelestadt (Alsace) ; né en 1518.
1558. Désiré Buffet, dijonnais. Daté 1558.
1574. Ch. d’Alboise, d’Autun. Pièce typographiée datée 1574.
1580. Cardinal de Larochefoucault, abbé de Tournus, né en 1558. »




L’ex-libris de Nicolas de Lescut est un « travail incontestablement allemand, que son titulaire put commander pendant qu’il représentait à la diète de Spire (1541) le duc de Lorraine Antoine dont il était secrétaire. » (A. Poulet-Malassis. Les Ex-Libris français depuis leur origine jusqu’à nos jours. Paris, P. Rouquette, 1875, p. 3)



Le blason de l’ex-libris historié alsacien de Conrad Wolfhart (1518-1561), dit « Lycosthènes », de Rouffach (Haut-Rhin), professeur de philosophie morale et d’histoire à Bâle, collé sur la garde d’un ouvrage publié à Bâle en 1550, a été gravé sur un métal mou (plomb ou étain) et mesure, sans les inscriptions, 110 x 75 mm. (Auguste Stœber. Petite revue d’ex-libris alsaciens. Mulhouse, veuve Bader et Cie, juillet 1881, p. 29-30)
L’ex-libris de François de La Rochefoucauld-Randan (1558-1645), abbé de Tournus, qui naquit à Paris et mourut cardinal, était considéré comme le premier ex-libris français armorié, dont la date pouvait se déterminer entre les années 1575 et 1584. Il porte la mention « Ex bibliotheca ». (F. S. L’Ex-Libris de F. de La Rochefoucauld, abbé de Tournus. Paris, L. Joly, 1896)    

Aujourd’hui, les plus anciens ex-libris français connus, dans les limites géographiques de la France du xvie siècle, sont, chronologiquement :




1. L’ex-libris de Fausto Andrelini (1461-1518), établi à Paris en 1488, imprimé avec un bois gravé sur la page de garde d’un livre édité en 1496. Il représente un pin déraciné, avec un écu suspendu à une branche portant une fleur de lis et une pomme de pin, une devise « . Spes . mea . Deus . » sur un listel et, comme une signature, « B f ».
Timbre humide avec un bois gravé, non encadré. Un seul exemplaire, conservé à la Bibliothèque de Yale.

2. L’ex-libris héraldique de François de Tournon, archevêque d’Embrun (Hautes-Alpes). 
Timbre humide avec un bois gravé, non encadré, ou vignette ? Un seul exemplaire, perdu.





3. L’ex-libris de Jacques Thiboust (1492-1555), seigneur de Quantilly (Cher), notaire et secrétaire du Roi, gravé sur bois, avec sa devise « Lex et Regio », son nom anagrammatisé « Qui voyt s’esbat » et ses armes : « au 1 et 4, d’azur, à une étoile-comète d’or, qui est de Villemer ; au 2 et 3, d’or, à deux perroquets adossés de sinople, membrés et becqués de gueules, qui est de Rusticat ; sur le tout, d’argent à la fasce de sable, chargé de trois glands attachés à leurs coupettes et branchettes d’or, accompagné de trois feuilles de chêne de sinople, deux en chef, une en pointe ». Il est imprimé au verso du titre d’un livre des coutumes du Berry, publié à Lyon en 1517.
Timbre humide avec un bois gravé, non encadré. Plusieurs exemplaires, conservés à la Bibliothèque municipale de Bourges.




4. L’ex-libris de Jean Bertaud (1502-1572), né à La Tour-Blanche (Dordogne), collé sur le revers de la reliure d’un traité de linguistique latine publié à Paris en 1529. Il mesure 142 x 94 mm., avec les inscriptions, et la gravure sur bois, de 80 x 57 mm., représente saint Jean avec son aigle et, à l’arrière-plan, la bête à sept têtes de l’Apocalypse. Dans le haut, les inscriptions indiquent le nom et les titres de Jean Bertaud, suivis d’un distique adressé au lecteur, promettant à boire à celui qui, en cas de perte, rapportera ce livre, et se terminent par la devise « Bon vouloir ».
Vignette gravée sur bois, encadrée, avec texte typographié. Un seul exemplaire, conservé à la Bibliothèque municipale de Périgueux. Serait donc le plus ancien ex-libris, « stricto sensu ».



5. Un deuxième ex-libris de Jacques Thiboust, également gravé sur bois, portant une inscription, imprimé au recto du premier feuillet du « Terrier de Quantilly », manuscrit de 1543.
Timbre humide avec un bois gravé, encadré. Plusieurs exemplaires, conservés aux Archives départementales du Cher.



6. L’ex-libris de Désiré Buffet, prieur des Carmes de Dijon, gravé sur bois aux environs de 1558, est imprimé sur ou au revers du titre des livres. Il représente un cœur surmonté d’une croix, dans lequel sont inscrits trois lobes renfermant une étoile, une larme et une croix, avec autour, l’inscription « .Gaudia.post fletu.tua Christe.parit. », et au-dessous, la signature « DBuffet ».
Timbre humide avec un bois gravé, circulaire. Plusieurs exemplaires, conservés à la Bibliothèque municipale de Dijon.




7. L’ex-libris de Jean Gaudon, de Moulins (Allier), lieutenant-général au domaine de Bourbonnais, mesure 18 x 67 mm., est daté de 1570 et est imprimé sur le volume même, à la fin. Il porte la mention « Ex libris ».
Timbre humide avec un composteur, non encadré. Un seul exemplaire. Il correspond plutôt à ce qu’on appelle aujourd’hui la mention d’un exemplaire nominatif.




8. L’ex-libris de Charles d’Ailleboust, évêque d’Autun (Saône-et-Loire), mesure 45 x 85 mm. et porte, sur quatre lignes : « Ex Bibliotheca Caroli Albosij, E.Eduensis. Ex labore quies. 1574. ».
Étiquette imprimée, non encadrée. Plusieurs exemplaires.




Dans les limites géographiques de la France d’aujourd’hui, l’ex-libris de Martin et Melchior Ergersheim, de Sélestat (Bas-Rhin), occupe la 5e place. Collé le plus souvent au-dessous des colophons des volumes, il porte une inscription en latin : « J’appartenais à M. MartinErgersheimArchiprêtre & Recteur. Son frère & héritier Melchior me légua àl’église Notre-Dame de Sélestat. » La date de 1535 qui lui est attribuée est celle de la donation. 
Étiquette imprimée, non encadrée. Plusieurs exemplaires, conservés à la Bibliothèque humaniste de Sélestat. 















Une des dernières grandes bibliothèques d’Ancien Régime

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À défaut d’héritiers mâles, le duc Montmorency-Luxembourg fut autorisé par Louis XV à aliéner la seigneurie de Mello (Oise), qui fut vendue à la barre de la grande chambre du Parlement le 10 mai 1769, et adjugée au prix de 62.050 livres à André-Claude Patu, chevalier, fils du notaire des Montmorency.


Dès l'année suivante, Patu de Mello fit reconstruire le château. Il porta dès lors le titre de seigneur et baron de Mello, seigneur de Cires-les-Mello, de Maysel, de Saint-Vaast-les-Mello, de Cramoisy et autres terres. Il épousa à Paris, le 17 juin 1775, Nathalie-Joseph-Alexandrine de Bousies, de 31 ans sa cadette. La Révolution lui fit perdre la plus grande partie de sa fortune. Au lendemain d’un dîner copieux, au retour du marché de Mouy (Oise), il mourut d’apoplexie en son château de Mello le 3 messidor an VII.



Catalogue des livres de la bibliothèque de feu A.-C. Patu de Mello, suivi de la Notice d’une collection précieuse d’instrumens de physique, de chymie, de mathématiques, d’astronomie, d’optique, ect. [sic] (Paris, veuve Tilliard et fils, s. d. [an VIII-1800], in-8, xij-250-3-[1 bl.] p., 1.957 + 77 lots), avec une « Table des auteurs » (p. 221-250).

« AndrÉ-Claude Patu de Mello, ancien Payeur des rentes de l’Hôtel-de-Ville de Paris, né le 23 février 1726, mort le 21 juin 1799, (v. st.) était fils de Jean-Baptiste-Claude Patu, mort Doyen des Notaires de Paris ; il étoit né d’un caractère sérieux et réfléchi. Elève de Rivard [François Rivard (1697-1778), professeur de philosophie], au Collège de Beauvais, il se distingua dans ses études, et les thèses de mathématiques qu’il soutint avec honneur, manifestèrent pour cette science un goût qu’il a toujours conservé. Il acquit de bonne heure des connaissances dans plusieurs genres, et commença, dès le collège, à former sa bibliothèque. Elle était l’univers pour lui ; seul au milieu de ses livres, il n’enviait le sort de personne ; les savans trouvèrent auprès de lui des conseils utiles ; modeste dans ses mœurs, il se plaisait à faire du bien, mais il voulait que ce fût dans le secret.
Quelques manuscrits de la main de M. de Mello attestent ses connaissances ; ils furent suivis d’un travail sur le Leeuwenhoeck Arcana naturæ [n° 305, 4 vol. in-4, vendu 33 liv.], et de notes sur les Transactions Philosophiques[nos 1.896, 80 vol. in-4, et 1.899, 8 vol. in-4, vendus 1.251 liv.], dont il s’était procuré, à grands frais, la collection la plus rare et la plus complette, puisqu’il y a joint tout ce qu’il a été possible de trouver en Angleterre de pièces accessoires.
La classe des sciences la plus abondante dans cette Bibliothèque, représente encore de ces beaux exemplaires de nos ventes célébres des Colbert, Hoym, Girardot de Préfonds, la Valliere, Soubise et de Thou. Nous nous sommes attachés particulièrement à désigner ceux de cette dernière, non pour leur rareté, mais pour leur conservation précieuse.
Dans l’histoire, un exemplaire complet et de première édition de la collection de Théodore de Bry, connue sous le nom de Grands et Petits Voyages[n° 1.564, in-fol., vendu 732 liv.] ; l’Atlas de Blaeu[n° 1.557, 14 vol. in-fol., vendu 260 liv.], enluminé, dont la majeure partie de l’édition a été consumée dans un incendie chez le Libraire ; les 20 vol. de Montfaucon[nos 1.735, 5 vol. in-fol.,  1.824, 15 vol. in-fol., et 1.826, 1 vol. in-fol., vendus 910 liv.] grand papier, première édition, reliûre en veau fauve ; le Maittaire, Annales Typographici[n° 1.880, 9 vol. in-4, vendu 179 liv.], en grand papier, de première reliûre ; l’Académie des Sciences[n° 1.885, rel. par Derome, vendu 1.299 liv.], complette jusqu’à ce jour, exemplaire magnifique et précieux par son uniformité, v. f. f. b. et b.Acta eruditor Lyps. [n° 1.901, 117 vol. in-4, rel. par Derome, vendu 475 liv.] 117 vol. complets, v.f.f.b. et b. etc., etc. sont de ces livres dont les reliûres, aujourd’hui si dispendieuses, seraient très-difficiles à établir en aussi bon état.
Nous nous hasarderons à dire que l’on ne verra peut-être de longtems, formée avec autant de soin, une collection de livres rares d’un aussi beau choix, sans aucune épargne pour les reliûres, presque toutes de Deseuille, Padeloup et de Rome, dont tous les Amateurs connaissent la supériorité.
Nous prévenons cependant que parmi ces reliûres, toutes très-élégantes, les moindres étant en veau fauve, filets, bords et bordures, et la plupart en maroquin du Levant, il s’en trouve de ces dernières quelques-unes qui, par un goût particulier du propriétaire, n’ont pas été dorées sur tranches, mais comme elles sont marbrées, on peut aisément y faire appliquer l’or. » [sic] (p. vj-viij) 

La vente eut lieu en 24 vacations, du 1er au 26 ventose an VIII [20 février au 17 mars 1800], en l’une des salles Silvestre, rue des Bons-Enfans :

40. De la vérité de la Religion Chrétienne contre les athées et autres infidèles, par Phil. de Mornay. Leyde, Elzevier, 1651, in-8, v. f. f. De la bibliothèque du comte Hoym. 2 liv. 1.
61. Corpus Juris Civilis, cum indice. Parisiis, Chevallon, 1552, 9 vol. in-8, m. r.,  lavés, réglés. De la bibliothèque du comte Hoym. 19 liv. 1.
86. Divini Platonis opera omnia é græco in lat. translata, cum interpretatione Marsilii Ficini. Lugduni, Ant. Vincent, 1567, in-fol., mar. vert, dentelle. De la bibliothèque de Boze. 8 liv. 5.
94. Hieron. Cardani opera omnia philosophica ac medica, curâ Car. Sponii. Lugduni Huguetan, 1663, 10 vol. in-fol., mar. r. , dentelle, charta magna. De la bibliotheca Lamoniana. 68 liv.
95. Antoniana Margarita, opus nempe physicis, medicis ac theologis non minus utile quam necessarium, per Gometium Pereyram. Methymnœ Campi, de Millis, 1554. = Objectiones Mich.à Palacios, adversus nonnulla ex multiplicibus paradoxis Antonianæ Margaritæ, et apologia eorumdem. Methymnœ Campi, de Millis, 1555, in-fol., m. r. l. r.        
96. Gometii Pereyræ nova veraque Medicina, experimentis et evidentibus rationibus comprobata. Methymnœ Duelli, Fr. à Canto, 1558, in-fol., m. r. l. r. Les deux volumes 95 et 96 : 39 liv. Achetés 120 livres à la vente La Vallière.
118. Marci Antonini Imperatoris eorum quæ ad seipsum, libri 12, græcè et lat.cum notis varior. Oxonii è Theatro Sheldon. 1704, in-8, v. f. f. De la bibliothèque Soubise. 6 liv. 15.



206. L’Art et Science de trouver les eaux et fontaines cachées sous terre, par Jacq. Besson, Orléans, Gibier, 1569, in-4, vélin. Ex. De Thou. 3 liv. 1.
214. Hieron. Cardanus de rerum Varietate libri XVII. Basileæ, 1557, in-fol., fig., veau f. f. b. et b. Ex. Hoym. 5 liv. 9.
219. Traité de la pluralité des mondes, par Hughens. Paris, 1702, in-12, fig., v. f. f. b. et b.
220. De la connaissance et merveilles du monde et de l’homme, par P. de Dampmartin. Paris, 1675, in-fol., v. f. f. Ex. de Guyon de Sardière. Les deux vol. 219 et 220 : 2 liv. 19.
240. Essais de physique, par Cl. Perrault. Paris, 1680-1688, 4 vol. in-12, fig. mar. r. Ex. de la bibliothèque Colbert auquel on a ajouté le 4e vol. 10 liv. 12.
376. De metallicis libri tres.Romæ, Zannetti, 1596, in-4, mar. vert. Ex. De Thou. 8 liv.
418. Caspari Bauhini de lapidis bezaar ortu, natura et usu liber. Basileæ, 1613, in-12, mar. vert. Ex. De Thou. 2 liv. 5.
434. Andreæ Baccii, de gemmis et lapidibus pretiosis tractatus. Francfurti, 1603, in-12, mar. vert. Ex. De Thou.
435. Anselmi Boetii de Boot gemmarum et lapidum historia. Hanoviæ, 1609, in-4, fig. mar. citron. Ex. De Thou. Les deux vol. 434 et 435 : 2 liv. 5.
441. Prædium rusticum Caroli Stephani. Lutetiæ, apud eumdem, 1554, in-8, vélin doré. Ex. De Thou. 6 liv. 12.
442. Jo. Baptistæ Villæ Portæ libri XII, de re rustica. Francofurti Wecheli hæredes, 1592, in-4, mar. vert. Ex. De Thou. 4 liv. 10.
460. De stirpium collectione Tabulæ, per Conrad Gesnerum. Tiguri, 1587, in-12, fig., v. f. f. Ex. De Thou. 1 liv. 10.
464. De herbis et arboribus biblicis, à Levino Lemmio, de gemmis aliquot, à Franc. Ruæo, libri II, et Levini Lemnii de astrologia liber unus. Francofurti, 1596, in-12, mar. vert. Ex. De Thou.
465. Jac. Christ. Schaefferi Isagoge in botanicam expeditiorem. Ratisbonæ, 1759, in-8, fig. color. v. éc. f. b. et b. Les deux vol. 464 et 465 : 3 liv.
468. Dioscoridis libri VIII, græcè et latinè, cum notis et castigationibus. Parisiis, Birkmann, 1549, in-8, mar. r. Ex. De Thou. 8 liv.
470. Historia plantarum et vires ex Dioscoride, per Conrad Gesnerum. Parisiis, 1541, in-8, mar. vert. Ex. De Thou. 7 liv. 1.
496. Augerii Clutii opuscula singularia de nuce medica et de hemerobio sive ephemero insecto et majali verme. Amsterodami, 1634, in-4, fig., br. en carton.
497. Ant. Muza de Herba Veronica. Tiguri, 1542, 3 tomes, un vol. in-4, mar. citron. Ex. De Thou. Les deux vol. 496 et 497 : 9 liv.
566. Gualteri Charletonis exercitationes de differentiis et nominibus animalium. Oxoniæ, e Theatro Sheldoniano, 1677, in-fol., fig., m. r. Ex. Bibliotheca Colbertina. 15 liv.

572. Aristotelis liber decimus historiarum de animalibus latinè, ex vers. Jul. Caes. Scaligeri. Lugduni, de Harsi, 1584, in-8, mar. citron. Ex. De Thou. 2 liv. 16.
602. Nic. Leoniceni de serpentibus, opus singulare ac exactissimum. Bononiæ, per Joannem Antonium juniorem de Benedictis, 1518, in-4, v. f. f. b. et b. Ex. Girardot de Préfond. 5 liv. 16.

623. Hippiatrique, ou Maladies des chevaux, d’Horace de Francini. Paris, Marc Orry, 1607, in-4, mar. vert. Ex. De Thou. 8 liv.
629. Pub. Vegetii Ars veterinaria, edente Joa. Sambuco. Basileæ, 1574, in-4, mar. vert. Ex.De Thou. 1 liv. 10.
632. L’Histoire de la nature des oiseaux avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirés du naturel, en 7 livres, par P. Belon. Paris, Corrozet, 1555, in-fol., fig., mar. vert. Ex. Guyon de Sardière. 24 liv.
640. Conradi Gesneri de piscibus et aquatilibus omnibus, libri III. Tiguri, Gesnerus, in-8, mar. citron. Ex. De Thou. 3 liv. 11.




641. L’Histoire naturelle des étranges poissons marins, avec la vraie peinture et description du Daulphin et de plusieurs autres de son espèce, observée par Pierre Belon. Paris, Chaudière, 1551, in-4, fig. en bois, mar. r. Le plus rare des ouvrages de Belon. 34 liv. 1.
721. Les Observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, etc., divisées en III livres, par P. Belon. Paris, Cavellat, 1555, in-4, fig., v. f. doublé de taffetas vert. Ex. Guyon de Sardière. 9 liv.



727. Histoire naturelle de la Caroline, de la Floride et des îles de Bahama, par Marc Catesby. London, 1754, 3 part., 2 vol. in-fol., fig. enlum., mar. r., larges dentelles. Ex. Pompadour. 380 liv.
737. Bern. Telesii de rerum naturâ. Romæ, 1585, in-4, fig., mar. citron. Ex. De Thou. 5 liv. 4.

768. Athanasii Kircheri Opera varia. Collection en 42 vol. (26 in-fol., 13 in-4, 1 in-8, 2 in-12) la plus complète qu’on ait encore vue, difficile à rassembler à cause des différents pays où sont imprimés les vol.. Le Camus de Limare n’avait que 28 vol. (vendus 1.450 fr.). 280 liv.
774. Gasparis Bauhini Theatrum anatomicum, cum figuris de Bry. Francofurti ad Mænum, Becker, 1605, in-8, fig., mar. r. Ex. De Thou. 4 liv. 6.

775. Vidi Vidii de Anatome corporis humani, libri VII. Venetiis, apud Juntas, 1611, in-fol., mar. v. Ex. De Thou. 6 liv. 1.

776. Adriani Spigelii de humani corporis fabrica, libri X. Venetiis, 1623. = Ejusdem opera varia posthuma. Patavii, 1626, 2 tomes, 1 vol. in-fol., fig., v. f. f. Ex. De Thou. 5 liv. 19.

801. Alberti Dureri institutiones geometricæ. Parisiis, Wechel, 1535, 2 tomes, 1 vol. in-fol., fig. mar. citron. Ex. De Thou. 9 liv. 12.

809. G. Harvæus de motû cordis, etc. Lugduni Batav., 1639, in-4, fig., v. f. f. b. et b. Ex. De Thou. 6 liv. 1.
813. Julii Casseri de vocis auditusque organis, Historia anatomica. Ferrariæ, Baldinus, 1600, in-fol., charta magna, fig., mar. vert. Ex. De Thou. 37 liv. 2.
814. Hieron. Fabricius ab Aquâ-pendente de locutione et ejus instrumentis. Venetiis, 1601, in-4, mar. vert. Ex. De Thou. 3 liv.
869. Avicennae Arabum medicorum Principis opera omnia. Venetiis apud Juntas, 1695, 2 tomes, 1 vol. in-fol., mar. citron. Ex. De Thou.

874. Andreæ Cæsalpini Aretini quæstionum peripateticarum libri V. Venetiis apud Juntas, 1593, in-4, mar. citron. Ex. De Thou. 8 liv.
878. Epistolarum medicinalium Conradi Gesneri libri III. Tiguri, 1577, in-4, mar. citron. Ex. De Thou. 2 liv.
902. Isaaci Judæi de Diætis universalibus libri II. Basileæ, 1568, in-8, mar. citron. Ex. De Thou.
903. Specimen physico-medicum de saporibus et gust, a P. Luchtmans. Lugduni Batav., 1758, in-4, fig., broché. Les deux vol. 902 et 903 : 1 liv. 10.
904. Ludov. Nonni Ichtyophagia, sive de piscium Esu commentar. Antverpiæ, 1616, in-8, v. f. Ex. De Thou.
905. De Manna liber singularis, a Joa. Chrisost. Magneno. Hagæ Comitum, 1658, in-12, vélin. Les deux vol. 904 et 905 : 1 liv. 10.
912. Ars magirica, hoc est coquinaria, de cibariis, ferculis, opsoniis, alimentis et potibus diversis parandis, a Jodoco Willichio. Tiguri, Gessner, in-8, mar. vert. Ex. De Thou. 1 liv. 16.
934. De Efficacia et usu aeris mechanico in corpore humano. Amstelodami, 1738, in-8, v. f. f. b. et b.

935. Hermannus Conringius de sanguinis generatione. Amstelodami, Elzevir, 1646, in-8, v. f. Ex. De Thou. Les deux vol. 934 et 935 : 4 liv. 10.

956. Geor. Agricolæ de peste libri III, ed. Leon. Bauscho. Swinfurti ad Mœnum, 1607, etc. 4 parties en 1 vol. in-8, mar. vert. Ex. De Thou. 4 liv. 5.
996. Jac. Primerosius de mulierum morbis et symptomatis. Roterodami, Leers, 1655, in-4, mar. r. Ex. Colbert. 5 liv.
1.005. Melchioris Guilandini Opuscula. = Ejusdem de stirpibus. Patavii, 1558, etc. 4 part., 1 vol. in-4, mar. vert. Ex. De Thou. 4 liv. 19.
1.006. Nonius de morbis Argentorati, 1568, græce et latine, etc. 7 part., 1 vol. in-8, mar. v. Ex. De Thou. 5 liv. 3.
1.028. Hieron. Mercurialis Tractatus de compositione medicamentorum, de morbis oculorum et aurium. Venetiis apud Juntas, 1601, in-4, mar. citr. Ex. De Thou. 2 liv. 17.
1.029. Andr. Vesalii de radice chymæ. Venetiis, 1546. = Demetr. Canevarius de ligno sancto. Romæ, 1602, in-8, mar. vert. Ex. De Thou. 1 liv. 10.
1.034. De veneno animantium naturali et adquisito tractatus Dominici Brogiani. Florentiæ, 1755, in-4, br.


1.035. Précis des moyens de secourir les personnes empoisonnées par les poisons corrosifs, par Navier. Paris, Impr. royale, 1778, in-8, br.
1.036. De Theriaca liber ab Elia Bonvinio. Vratislaviæ, 1610, etc. 2 tom., 1 vol. in-12, v. f. Ex. De Thou. Les trois vol. 1.034, 1.035 et 1.036 : 2 liv. 1.
1.043. De Thermis Andreæ Baccii libri VII. Venetiis, Valgrisius, 1571, in-fol., m. r. Ex. La Vallière. 31 liv. 1.
1.046. Discours admirables de la nature des eaux et fontaines, tant naturelles qu’artificielles, par Bernard Palissy. Paris, 1580, in-8, v.f. Ex. De Thou. 2 liv.
1.061. Conradus Gesnerus de remediis secretis. Tiguri, Christ. Frosch. 1569, 2 vol. in-8, fig. vélin doré. Ex. De Thou. 12 liv.
1.081. Heronis Alexandrini spiritalium liber. Urbini, 1575, in-4, fig., mar. vert. Ex. De Thou. 9 liv. 1.

1.082. Ejusdem altera editio, cum theoremate spiritali J. B. Aleotti. Amstelodami, 1680, in-4, fig., veau brun. Ex. de la bibliothèque Hellot.
1.083. Joa. Bapt. Portæ de distillationibus libri IX. Argentorati, Zetzner, 1609, in-4, fig., v. br. f. Les deux vol. 1.082 et 1.083 : 6 liv.
1.091. Alchymia Andr. Libavii. Francofurti, 1606, in-fol., fig., mar. vert. Ex. De Thou.
1.092. Speculum lapidum Camilli Leonardi. Parisiis, 1610, in-8, mar. vert. Ex. De Thou. Les deux vol. 1.091 et 1.092 : 5 liv.
1.093. Rob. Fludd alias de Fluctibus opera omnia. Oppenhemii et Goudæ, 1617, et annis sequentibus, 6 vol. in-fol., fig. mar. bleu. Ex. conforme à celui de La Vallière (n° 1.784). On a joint : Ejusdem Clavis philosophiæ et alchymiæ Fludanæ. Francofurti, G. Fitzer, in-fol. 162 liv.
1.106. Hypomnemata mathematica, a Simone Stevino. Lugd. Batav., 1608, 3 tom., 1 vol. in-fol., mar. citron, dentelle. Ex. De Thou. 16 liv. 8.


1.107.Œuvres mathématiques de Simon Stevin. Leyde, Elzevir, 1634, in-fol., fig., v. f. Ex. De Thou. 12 liv. 1
1.108. Marini Ghetaldi de Resolutione et Compositione mathematica libri V.Romæ, 1630. = De la Faille Theoremata de centro gravitatis partium circuli et ellipsis. Antverpiæ, 1632, 2 tom., 1 vol. in-fol., fig., v. f. Ex. De Thou. 17 liv.
1.109. Hugonis Sempilii de Mathematicis disciplinis libri XII. Antverpiæ, Plantin, 1635, in-fol., v. f. Ex. De Thou. 5 liv.
1.115. Cl. Fr. Milliet de Chales cursus, seu Mundus mathematicus. Lugd., Anisson, 1674, 3 vol. in-fol., fig., mar. r. Ex. Colbert. 9 liv.
1.131. L’Arpenterie d’Elie Vinet. Bourdeaux, 1577, in-4, fig., mar. citron. Ex. De Thou.
1.132. La Géométrie ou Mesure des lignes droites éloignées par le quarré géométrique, par Boulenger. Pris, 1623, in-4, vélin. Les deux vol. 1.131 et 1.132 : 2 liv. 10.
1.140. Guidi Ubaldi de Cochlea, libri IV. Venetiis, 1615, in-fol., fig., mar. citron. Ex. De Thou. 4 liv. 3.
1.174. Les Echappemens à repos comparés aux échappemens à recul, par Jean Jodin. Paris, 1754, in-12, fig., mar. r. Ex. Pompadour. 2 liv. 14.
1.175. Traité d’horlogerie, par J. A. Le Paute. Paris, 1755, in-4, grand papier,mar. r., dentelles. Ex. Pompadour. 24 liv. 19.
1.186. Dissertatio astronomica ad cognoscendum statum Astronomiæ. Franekeræ, 1640, in-12, fig., v. f. Ex. De Thou.

1.187. Atlas cœlestis secundum Nicol. Copernic. Norimbergæ, 1742, in-fol. maximo, fig., mar. r., dentelle. Les deux vol. 1.186 et 1.187 : 14 liv. 16.

1.189. Traité de la sphère, par Rivard. Paris, 1743, in-8, fig., v. j. f. b. et b.
1.190. G. Blaeu institutio astronomica latine reddita. Amstelodami, G. Blaeu, 1634, in-8, v. f. Ex. De Thou.
1.191. Institution astronomique de l’usage des globes et sphères, par Guillaume Blaeu. Amsterdam, J. et C. Blaeu, 1642, in-4, fig., v. f. Ex. De Thou. Les trios vol. 1.189, 1.190 et 1.191 : 2 liv. 1.

1.204. Ptolomæi Planisphærium, Jordani planispherium. Venetiis, Aldus, 1558, etc. 4 tomes, 1 vol. in-4, fig., mar. vert. Ex. De Thou. 33 liv.


1.205. La Figure de la Terre, déterminée par les observations des Académiciens, publiée par de Maupertuis. Paris, Impr. royale, 1738, in-8, fig., v. f. Ex. prince de Soubise.
1.206. Théorie de la figure de la Terre, par Clairaut. Paris, 1743, in-8, fig., v. f. f., tr. dorées. Les deux vol. 1.205 et 1.206 : 9 liv. 4.
1.207. Erasm. Oswaldi Schrecfenfuchsii Commentarius in novas theoricas planetarum, Georgii Purbachii. Basileæ, 1556, in-fol., fig., mar. citron. Ex. De Thou. 4 liv.

1.208. Sidereus Nuncius a Galileo Galileo. Francofurti, 1610, etc. 3 part., 1 vol. in-8, fig., v. f. Ex. De Thou. 3 liv. 5.
1.223. Astrologia gallica principiis et rationibus stabilita opera et studio, J. B. Morini. Hagæ Comitum, 1661, in-fol., fig., v. f. f. Ex. De Thou. 3 liv.



1.243. La Dioptrique oculaire, par Chérubin d’Orléans. Paris, 1671, 3 parties, 1 vol. in-fol., rempli de fig., mar. r. Ex. Colbert.
1.244. La Vision parfaite, ou le Concours des deux axes de la vision en un seul point de l’objet, par Chérubin d’Orléans. Paris, 1677 et 1681, 2 tom., 1 vol. in-fol., fig., mar. r. du Levant. Les deux vol. 1.243 et 1.244 : 29 liv.
1.250. Optique de portraiture et peinture, en deux parties, par Greg. Huret. Paris, 1670, in-fol. lavé, fig., mar. r. Ex. Colbert. 14 liv.
1.277. Gustavi Seleni, Augusti, ducis Brunswicensis, Cryptomenytices et Cryptographiæ, libri IX. Luneburgi, 1624, in-fol., fig., mar. r. Ex. Girardot de Préfonds. 4 liv.
1.317. Le Parfait Capitaine, autrement l’Abrégé des guerres de Gaule, des Commentaires de César (par Henri de Rohan, chef des Ligueurs). Paris, 1638, in-4, v. f. Ex. Hoym.
1.318. Les Rêveries, ou Mémoires sur l’art de la guerre du maréchal de Saxe, publiés par Bonneville. La Haye, 1756, in-fol., fig., v. m. Les deux vol. 1.317 et 1.318 : 6 liv.
1.344. La Cavalerice français, par Salomon de la Broue. Paris, Langelier, 1602, in-fol., fig., grand papier, mar. vert. Ex. De Thou. 12 liv.
1.423 [1.425]. T. Lucretii Cari de rerum Natura libri VI. Lutetiæ, Benenatus, 1570, in-4, v. f. tr. dor. Ex. Hoym. 2 liv. 19.

1.471.Œuvres diverses de Jean de La Fontaine. Paris, 1729, 3 vol. in-8, v. f. Ex. Soubise. 12 liv. 19.
1.472.Œuvres de Nicolas Boileau Despréaux. Amsterdam, 1718, 2 vol. in-fol., fig., mar. r. Ex. Guyon de Sardière. 55 liv.
1.511.Lexicon Philologicum, præcipué etymologicum latinum, auctore Matthia Martinio. Bremæ, 1623, in-fol., v. f. f. b. et b. Ex. De Thou. 24 liv.
1.528. Justi Lipsi Opera omnia critica, philologica, et historico-philosophica, etc. Antverpiæ, Moretus, 1607-1638, 6 vol. in-fol., mar. citron. Ex. De Thou. 38 liv.
1.539. Neuf Dialogues faits à l’imitation des ancienspar Oratius Tubero (la Mothe le Vayer). Francfort, Sarius, 1506 [1606], 2 tom., 1 vol. in-4, mar. r. Ex. Pompadour. 13 liv.
1.545. Bernhardi Varenii, Geographia generalis cumappendice Jac. Jurin. Cantabrigiæ, 1712, in-8, fig., v. f. f. Ex. prince de Soubise. 7 liv. 12.


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1.557. Le Grand Atlas, ou Cosmographie Blaviane, enrichie de cartes et figures enluminées. Amsterdam, Blaeu, 1667, 12 vol. in-fol., forma maj. = Atlas maritime. Amst., Jansson, 1657, in-fol. forma maj. = Atlas cœlestis. Amstelod., Jansson, 1661, in-fol., forma majori. Reliés vélin doré. Ex. Colbert (1738). 260 liv.
1.695. C. Cornelii Taciti, et C. Velleii Paterculi Scripta quæ exstant. Parisiis, 1608, 2 tom., 1 vol. in-fol., charta magna, mar. r. Ex. De Thou. 5 liv.
1.701. C. Suetonii Tranquilli de XII Cesaribus libri VIII. Parisiis, Cramoisi, 1610, in-fol., mar. r. Ex. De Thou. 6 liv.
1.707. Herodiani Historiarum libri VIII. Oxonii, e Theatro Sheldon, 1704, in-8, v. f. Ex. Soubise. 10 liv. 3.
1.744. Eclaircissement de quelques difficultés touchant l’administration du cardinal Mazarin, par Silhon. Paris, Impr. royale, 1750, in-fol., grand papier, mar. r. Ex. Colbert. 2 liv.
1.764. Aquila inter Lilia, sub qua Francorum Cæsarum, a Carolo Magno usque ad Conradum Imperatorem Occidentis X. Venetiis, 1671, in-fol., fig., mar. r. Ex. Colbert.
1.765. Aquila Saxonica sub qua Imperatores Saxones ab Henrico Aucupe usque ad Henricum Sanctum. Venetiis, 1673, in-fol., fig., mar. r. Ex. Colbert. Les deux vol. 1.764 et 1.765 : 15 liv. 1.
1.791.Chronicon Turcicum, in quo Turcorum origo, Imperatores, bella, etc. Francofurti ad Mœnum, 1578, 3 tom., 1 vol. in-fol., fig., mar. r. Ex. De Thou. 5 liv.

1.803. Histoire naturelle, civile et ecclésiastique de l’Empire du Japon. La Haye, 1729, 2 vol. in-fol., fig., mar. r. Ex. Pompadour. 28 liv.
1.816. Histoire des Incas, rois du Pérou, et des guerres civiles espagnoles. Amsterdam, 1737, 2 vol. in-4, fig. de B. Picart, v. f. f. b. et b. Ex. Soubise. 60 liv.
1.820. Desseins de professions nobles, contenant divers traités rares, avec l’Histoire de la maison de Bourbon. Paris, Langelier, 1612, in-4, v. f. Ex. Guyon de Sardière.
1.821. Histoire de l’art chez les anciens. Paris, 1766, 2 tomes, 1 vol. in-8, fig., v. f. f. b. et b. Les deux vol. 1.820 et 1.821 : 6 liv.
1.831. Lazarus Bayfius de captivis, etc. Lutetiæ, Rob. Stephanus, 1549, in-4, fig., mar. r. Ex. Colbert. 3 liv. 19.

1.860. Cæsarum XII primorum, et LXIV ipsorum uxorum, et parentum ex antiquis numismatibus, etc. Spiræ, 1599, in-4, fig., vélin. Ex. De Thou. 2 liv. 19.
1.861. Imagines XII Cæsarum Romanorum a numismatibus expressæ, etc. Antverpiæ, Plantin, 1612, in-4, fig., rel. en carton. Ex. De Thou. 2 liv. 13.
1.862. Romanorum Imperator. Pinacotheca, etc. Amstelodami, 1699, in-4, fig. de Strada, v. f. Ex. Soubise.
1.863. Augustarum imagines æreis formis expressæ, etc. Venetiis, 1558, in-4, fig., mar. r. Ex. De Thou. Les deux vol. 1.862 et 1.863 : 4 liv. 1.
1.870. Monumenta Paderbornensia, ex Historia Romana, Francisca, etc. Amstelod., Daniel Elzevir, 1672, in-4, fig., mar. r. Ex. Colbert. 4 liv. 2.



1.876. Le Cabinet de la Bibliothèque de Sainte-Geneviève, par Claude du Molinet. Paris, 1692, in-fol., gr. pap., fig., v. br. Ex. Titon du Tillet. 12 liv.
1.936. Illustrium imagines ex antiquis marmoribus, numismatibus, etc. Antverpiæ, Plantin, 1688, in-4, fig., mar. r. Ex. De Thou. 15 liv. 10.


Suivirent la vente de paquets de peaux de maroquin, de « Douze Corps de Bibliothèques de différentes grandeurs, partie en bois de chêne, avec crémaillères, quelques-uns avec vantaux, garnis de grillages en laiton, de tiroirs et serrures, et d’autres avec armoires dans le bas, fermans à clefs » et de la collection d’instruments, dont une « Superbe Pendule astronomique à secondes, faite par Ferdinand Berthoud avec verges et condensation. Cette pendule, exécutée avec le plus grand soin par ce très-habile artiste, a servi aux voyages du feu de Courtanvaux, et passe pour un chef-d’œuvre. »     
   


Après le décès de Patu, la terre de Mello fut mise en vente et adjugée à Pillot, agent de change. En 1800, il fit démolir les deux énormes tours qui étaient à la porte d'entrée du château. Le banquier François-Alexandre Seillière (1782-1850) en devint propriétaire en 1819.



Catalogue. Exemplaire de Maurice Excoffier et de Pierre Berès
 
  
  
       
          
    

                           



La Bibliothèque du baron Achille Seillière

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Les Seillière furent des officiers à la cour de Lorraine jusqu’à l’époque où François (1707-1749) devint négociant en laine à Saint-Mihiel (Meuse). Ses enfants, Aimé (1742-1793) et Florentin (1744-1825), élargirent leurs activités en devenant fournisseurs des armées, en vêtements et en canons. Ils créèrent en 1776 une manufacture de drap à Pierrepont (Meurthe-et-Moselle), et obtinrent en 1789 le bail de la forge royale de Ruelle (Charente), dirigée par Ignace de Wendel (1741-1795).

Les deux frères suivirent ensuite des voies différentes.
Aimé acheta des entreprises en difficulté pour les revendre avec profit, puis délaissa les affaires, acheta une charge de garde du corps du comte de Provence et devint le premier receveur du district de Nancy.
Florentin, qui sera anobli en 1814, s’installa en 1795 comme banquier à Nancy.
L’un de ses fils, Nicolas (1770-1844), partit à Paris en 1798 pour y créer une antenne de la banque, rue des Moulins (Ier). Profitant de la situation catastrophique des finances publiques, il se spécialisa dans le recouvrement des créances publiques détenues par les entreprises travaillant pour les armées.
Son frère François-Alexandre (1782-1850) le rejoignit en 1805 et fonda avec lui en 1808 une banque installée rue Le Peletier (IXe), puis, en 1817, rue de Provence (IXe). Davantage entrepreneur que financier, François-Alexandre s’impliqua beaucoup dans l’industrie textile. Ainsi, il aida son oncle, Aimé-Benoît (1776-1860), propriétaire d’une filature mécanique de laine à Reims. De même, il nomma son cousin Benoît-Aimé (1801-1852) gérant de l’affaire de son beau-père, John Heywood, à Senones (Vosges). Lui-même profita de la situation de son propre beau-frère, Achille-Louis Gibert, receveur général de l’Oise, pour acheter une usine textile à Beauvais (Oise).
Avec toutes leurs usines, les Seillière purent répondre à l’augmentation de la demande de l’État, lors de l’expédition d’Espagne en 1823 et lors des campagnes d’Alger en 1830.

La forte présence des Seillière dans la sidérurgie s’explique par leurs très anciennes relations avec la famille Wendel, à laquelle ils accordèrent longtemps des crédits, et par la confiance que François-Alexandre accorda à deux de ses employés, Adolphe et Eugène Schneider, qui devinrent ses associés. Quand les forges du Creusot des Wendel furent mises en vente après leur faillite, en 1836, c’est l’entreprise Schneider, Boigues et Seillière qui remporta l’adjudication. François-Alexandre entra en outre dans le capital de nombreuses sociétés ferroviaires, débouché naturel des entreprises sidérurgiques.
Son fils Florentin-Achille (1813-1873), qui épousa la fille adoptive de son oncle Nicolas, devint un acteur important de ce secteur, essentiellement en 1852 avec la Compagnie des Ardennes et de l’Oise, qui fusionna en 1864 avec la Compagnie de l’Est. Il poursuivit le développement des activités industrielles de la banque dans le textile et dans la sidérurgie. Il aida les frères Pereire à fonder le Crédit mobilier, dont il devint administrateur, ce qui lui procura des profits importants. Il participa à la création, en 1869, de la Banque de Paris, prolongement du Crédit mobilier, qui fusionna en 1872 avec la Société des dépôts et de crédit des Pays-Bas, pour donner la Banque de Paris et des Pays-Bas. Mais sa situation personnelle devint délicate à partir de 1869 car il fut poursuivi pour fraudes dans la fourniture de drap à la gendarmerie et la garde de Paris. Il finit par se suicider le 14 mai 1873 :

« Les regrets qui ont accueilli cette triste nouvelle attestent combien son existence était chère à sa famille et à ses amis ; ils attestent aussi ses nombreux bienfaits. Personne ne savait mieux jouir d’une grande fortune. Il aimait à obliger, et chose rare à notre époque, parmi les financiers, il obligeait avec désintéressement. Que de services il a rendus ! que de gens lui doivent leur position !
Ses dépenses avaient presque toujours pour but d’augmenter les richesses de tout genre qu’il a réunies dans le château de Mello. Pendant sa vie entière, il s’est occupé de recueillir des meubles de grande valeur, des tableaux, des émaux, des objets rares et des livres. La bibliothèque de M. le baron Seillière est magnifique. Les livres précieux et les splendides reliures qu’elle renferme prouvent le goût exquis et l’intelligence de l’éminent bibliophile. La recherche et le choix des ouvrages qu’il jugeait dignes de faire partie de sa collection, et l’ambition bien légitime de former une bibliothèque exceptionnelle, étaient sa constante préoccupation.
Espérons que les fils de M. le baron Seillière, héritiers du goût éclairé de leur père, continueront à enrichir le musée et la bibliothèque, dont la création lui fait tant d’honneur […] » (Léon Techener. In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, L. Techener, 1873, p. 193) 

Le baron François-Alexandre Seillière (Nancy, Meurthe-et-Moselle, 11 septembre 1782-Mello, Oise, 27 juillet 1850) avait acheté la terre de Mello au mois d’août 1819.


Château de Mello. "La Princesse", en haut, à gauche.

« M. le baron Achille Seillière a été le digne successeur de son père. Il s’est mêlé, avec une profonde intelligence, aux grandes opérations financières. Sa fortune patrimoniale s’en est accrue, et il a pris rang parmi les plus hautes notabilités de la finance, en Europe.
Ami et protecteur des arts, il avait fait du château de Mello un PALAIS-MUSÉE, où l’on trouvait réunis, meubles, horloges, pendules, montres, émaux, tableaux, pierres précieuses, métaux rares, objets d’antiquité, tels que camées, bijoux, etc. ; enfin tout ce qui fait partie du domaine de l’art et de la curiosité.
M. le baron Seillière, à qui ne suffisaient plus les améliorations successives qui avaient déjà transformé le château de Mello, l’a augmenté d’un magnifique appendice, en faisant construire [en 1871] un nouveau château, enrichi de sculptures et d’ornementations du meilleur goût. Ce nouveau château [dit « Petit château » ou « La Princesse », du nom de sa fille Jeanne, princesse de Sagan] a été exécuté sur les plans et sous la direction de M. Destailleurs [Hippolyte Destailleur (1822-1893)], l’habile architecte qui dirige depuis longtemps, à quelques lieues de Mello, les travaux d’agrandissements et d’embellissements du château du duc de Mouchy.
Si M. le baron Sellière avait encore vécu dix années, Mello serait devenu le plus somptueux et le plus curieux château de France. […]
Le baron Achille-Florentin Seillière, né en 1813, est décédé à Paris, en son hôtel de la rue Saint-Dominique-Saint-Germain, le 14 mai. Mais d’après ses dernières volontés, ses restes mortels ont été transférés à Mello, où ses obsèques ont eu lieu le 17 mai, quoique avec simplicité, au milieu d’un concours immense de personnages notables, d’amis, et surtout des populations environnantes. L’église de Cires-lès-Mello était trop petite pour contenir l’assistance, et malgré une pluie diluvienne, tous ont voulu escorter le convoi jusqu’à la chapelle mortuaire que le baron Seillière a fait construire avec des soins minutieux, lors de la mort de la baronne son épouse (la baronne Seillière – née Camille-Zoé Seillière – est morte le 5 mai 1866, à l’âge de quarante-cinq ans), au milieu du parc de Mello. » (Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, L. Techener, 1873, p. 202-204)  

L’écrivain bibliophile Xavier Marmier (1808-1892) n’avait pas tout à fait le même avis :

« Parmi les fournisseurs compromis dans les investigations de la commission des marchés, on a d’abord nommé tout bas, on cite à présent tout haut, M. Sellières [Achille Seillière], l’opulent, le pompeux baron Sellières qui, après son père, a obtenu à peu près en entier le monopole de la fourniture des draps à l’armée. C’est ainsi qu’il a fait une fortune colossale. Son père déjà fort riche et encore plus vaniteux, n’a voulu avoir que des gens titrés, M. de Bondy [Pierre-Marie Taillepied, comte de Bondy (1766-1847), préfet de la Seine], M. de Siméon [Joseph-Balthazar, comte Siméon (1781-1846), secrétaire d’ambassade, préfet, conseiller d’Etat], M. de Cotesola [ ?], le prince de Bergues [Eugène-Joseph prince de Berghes-Saint-Winock, beau-frère d’Achille Seillière] condamné pour escroquerie en 1845. Le nouveau Sellières n’est pas moins prétentieux. Il donne en son château de Mello des bals et des fêtes où il déploie un luxe effréné. Il a invité dernièrement à dîner tous les princes d’Orléans. Pour ce jour-là, toutes les livrées de ses gens ont été renouvelées. Six mille bougies éclairaient ses salons. Cinquante convives s’asseyaient dans sa salle à manger, et derrière chaque convive était un domestique en grande tenue, escarpins, bas de soie, tête poudrée. Pour subvenir à toutes ses dépenses de table, d’équipage, de chasse, et de fantaisies de toutes sortes, il faut faire marcher activement la manufacture, et il faut qu’elle rapporte le plus d’argent possible. On dit que pendant la guerre d’Italie, l’intelligent M. Sellières demandait avec inquiétude si l’on n’ensevelissait pas les soldats morts avec leur uniforme. Autant d’uniformes ainsi enterrés, autant de fournitures nouvelles. Pendant la guerre des Prussiens, il avait la même touchante sollicitude, et cette guerre qui a ruiné tant de gens lui a été propice. Au grand scandale des êtres charitables qui pensent qu’en un temps de désastre universel on devrait faire plus que jamais un religieux emploi de son bien, M. Sellières vient de payer 300 000 francs une garniture de cheminée. On dit que depuis une dizaine d’années, à l’aide de quelques employés soudoyés par lui, il a fourni à l’Etat et fait accepter avec de fausses estampilles, des draps avariés, et des couvertures de mauvaise qualité. Pauvres soldats à qui on les donnait, et qui devaient avoir froid pour que l’avare manufacturier achetât quelques tableaux ou quelques chinoiseries de plus ! Le crime paraît bien démontré. Mais le riche coupable emploiera tous les moyens imaginables pour se soustraire à la justice. Il fait à présent une cour assidue à M. Thiers. Il lui a prêté son cuisinier le jour où les princes dînaient à la présidence. Je voyais hier un député qui me disait que M. Thiers avait envie d’étouffer cette affaire de fournitures. Ce serait un autre crime ! »(Journal1848-1890. Genève, Droz, 1968, t. II, p. 294-295)

Les enfants de Florentin-Achille Seillière dispersèrent petit à petit les collections du château de Mello, soit à l’amiable, soit en des ventes successives.




La Bibliothèque de Mello. Catalogue of an important portion of the very choice library of the late baron Seillière (Londres, Sotheby, Wilkinson & Hodge, 1887, in-8, iv-[2]-150 p., 1.147 lots).


Les éditions françaises du xvie siècle s’y trouvaient en grand nombre et en exemplaires de choix. La vieille littérature espagnole était largement représentée : le baron Seillière avait fait l’acquisition en bloc des romans de chevalerie introuvables réunis par un banquier madrilène, le marquis José de Salamanca (1811-1883). Transportée à Londres, cette bibliothèque unique en son genre a été livrée aux enchères publiques du 28 février au 4 mars 1887. Suivant l’usage adopté en Angleterre, les livres présentés aux amateurs sont rangés dans l’ordre alphabétique.




23. Amadis de Gaula. Las Quatro libros del virtuoso cavallero Amadis de Gaula. Caragoça, por George Coci Aleman, 1508, in-fol., goth., mar. rouge, doublé de mar. olive, dessins genre Grolier, tr. dor. (Chambolle-Duru). Unique ex. de la première édition. Armes de Seillière. 135 £ à Quaritch.


Coupé de 2 traits : au 1, de gueules au bélier saillant d'or, tourné à senestre, accosté d'un caducée
mis en pal ; au 2, d'or à l'ancre de sable traînant dans une mer de sinople à destre, accompagnée
d'une étoile de gueules à senestre ; au 3, de gueules au sautoir d'argent.

68. Arthur. Le Roman du très noble et puissant roy Artus, chevalier de la Table ronde. Rouen, Jehan le Bourgois, 1488, in-fol., goth., mar. r., tr. dor. Ex. unique venant de la bibliothèque du duc de La Vallière. Armes de Seillière. 106 £ à Gaisse.
81. Augustinus (S. Aurelius). De Civitate dei lib. XXII. Venetiis, per Joannem et Vindelinum de Spira, 1470, in-fol., mar. brun, tr. dor. (Marius Michel). Ex. sur vélin. Vendu 280£ Sunderland. 175 £ à Bain.
87. Aymon. Les Quatre Fils Aymon. S. l. [Lyon], s. d. [v. 1480], in-fol., goth., mar. r., double de mar. r., riches ornements, tr. dor. (Chambolle-Duru). Première édition très rare. Un ex. moins beau, venant de La Vallière, a été adjugé 5.000 fr. Yemeniz. 200 £ à Ellis.
123. Bertrand du Guesclin. Cy finist le livre des faiz de messire Bertrand du Guesclin. S. l. [Lyon], s. d. [v. 1485], in-fol., goth., grav. sur bois, mar. r., riches ornem. à la Grolier, doublé de mar. r., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Rare première édition. Vendu 3.300 fr. Yemeniz (1867). 125 £ à Quaritch.
124. Autre ex. rel. mar. r. doublé de mar. bleu fleurdelisé. 105 £ à Ellis.
176. Boutillier (Jehan). La Somme rurale. Abbeville, Pierre Gérard, 1486, in-fol., goth., mar. r., t. d. (Niedrée). Premier livre imprimé à Abbeville. Ex. Armand Bertin. 110 £ à Ellis.
252. Cervantes. El Ingenioso Hidalgo Don Quixote de la Mancha. Madrid, Juan de la Cuesta, 1605, in-4, vélin. Première édition de la première partie. 113 £ à Quaritch.




295. Cid. Cronica del famoso cavallero cid Ruy diez campeador. Burgos, Fadrique Aleman de Bâle, 1512, in-fol., veau. Un des deux ou trois ex. connus. 124 £ à Quaritch.
372. Diogenes Cynicus. Diogenis, Bruti, Yppocratis medici epistole. Florentiæ, Ant. Franc. Venetum, 1487, in-4. Ex. de Grolier. 800 fr. Coste (1853), 1.000 fr. Riva de Milan, 1.200 fr. Solar. 198 £ à Quaritch.
413. Eschenbach (Wolfram von). Partzifal. S. l., s. n., 1477, in-fol., mar. vert, petits fers (Chambolle-Duru).

414. Eschenbach (Wolfram von). Tyturell. S. l., s. n., 1477, in-fol., mar. vert, riches compart. à la Grolier (Thibaron). Les deux vol. 413 et 414 : 145 £ à Quaritch.
424. Euthymii Monachi Zigaboni commentationes in omnes psalmos. Veronæ, Stephanum Nicolinum sabiensem et fratres, 1530, in-fol., mar. olive, tr. dor. Ex. de Grolier. A figuré en 1859 à la vente Quatremère, non signalé comme étant à Grolier, fut retiré des enchères et vendu à l’amiable 1.500 fr. à Solar ; acheté par Joseph Techener 1.005 fr. à la vente Solar ; payé 900 fr. à la vente Techener (1865). 176 £ à Quaritch.
460. Froissart (Jehan). Le Premier (le second, le troisième et le quart) volume des croniques de France. Paris, Anthoine Vérard, s. d. (v. 1500), 4 tomes en 3 vol. in-fol., goth., mar. vert, t. d. (Duru). Armes de Seillière. 100 £ à Sotheran.
709. Matthioli (Petri Andreæ). Commentarii, in libros sex Pedacii Dioscoridis anazarbei, de medica materia. Venetiis, 1554, in-fol., grav. sur bois. Magnifique specimen de reliure vénitienne du xvie siècle. 195 £ à Bain.
851. Phœbus (Gaston). Des deduitz de la chasse des bestes sauvaiges et des oyseaulx de proye. Paris, Jehan Treperel, s. d. (v. 1506), in-fol., goth., 33 fig. grav. sur bois, mar. vert, tr. dor. (Duru). Armes de Seillière. Vendu 10 fr. La Vallière (1784). 101 £ à Quaritch.
873. Ponthus et la belle Sidoine. Lyon, Guillaume Le Roy, s. d. (v. 1480), in-fol., goth., 60 bois, mar. vert doublé de mar. r., riches compart., tr. dor. 1.501 fr. prince d’Essling ; 3.350 fr. Yemeniz. 103 £ à Quaritch.
922. Rhenani (Beati). Rerum Germanicarum libri tres. Basileæ, in officina Frobeniana, 1531, in-fol. Ex. Grolier. 30 £ Libri (1859) ; 1.100 fr. Techener (1865). 121£ à Quaritch.
1.015. Stunicæ (Jac. Lopidis). Annotationes contra Erasmum Roterodamum in defensionem translationis Novi Testamenti. Impressum in Academia complutensi per Arnaldum Guill. de Brocaris, 1519, in-fol. Ex. Grolier. 179 £ à Quaritch.






1.044. Tirant lo Blanch. A honor lahor. e gloria de nostre senvor deu Jesu Crist. Valencia, Nicolas Spendeler, 1490, in-fol., mar. r. doublé de mar. r., t. d. (Chambolle-Duru, Marius Michel doreur). Première édition. Un des trois ex. connus (ex. Heber au British Museum, ex. à la Bibliothèque de l’Université de Valence). Armes Seillière. 605 £ à Quaritch. [aujourd’hui à la bibliothèque de la Hispanic Society of America, New York, fondée par Archer Huntington (1870-1955)]





1.094. Vespucius (Americus). Paesi novamente retrovati et novo mondo de Alberico Vesputio Fiorentino Intitulato. Vicentia, 1507, in-4, mar. r. doublé de mar. brun, dans le style Grolier, t. d. (Chambolle-Duru). Première édition extraordinairement rare. 255 £ à Ellis.



Les meubles et les objets d’art du château de Mello furent vendus dans les vastes locaux de la Galerie Georges Petit, 8 rue de Sèze (IXe), du 5 au 10 mai 1890 :


Armes des Seillière sur pièce d'argenterie

Catalogue des objets d’art de haute curiosité et de riche ameublement provenant de l’importante collection de feu M. le baron Achille Seillière au château de Mello (Paris, Galerie Georges Petit, 1890, in-8, 108 p., 661 lots).




Parallèlement, à l’Hôtel des commissaires priseurs, 9 rue Drouot, du lundi 5 au mercredi 14 mai 1890, une autre partie de la bibliothèque fut dispersée en 9 vacations : Catalogue de livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le baron Ach. S****** (Paris, Charles Porquet, 1890, in-8, XII-321-[3] p., 1.240 lots). Le n° 639, Le Roman de Jason et Médée (S. l., n. d., pet. in-fol., 2 col., goth., réglé, mar. r., fil., mosaïque de mar. vert et citron, compart. et arabesques, tr. ciselée et dorée) a été volé lors de l’exposition, dans l’après-midi du dimanche 4 mai.

28. Les Euvres de sainct Justin, philosophe et martyr. Paris, Michel de Vascosan, 1559, in-fol. réglé, veau fauve, arabesques de couleurs, dorure au pointillé sur le dos et sur les plats, tr. ciselées et dorées. Rel. exécutée pour Louis de Sainte-Maure, marquis de Nelle et comte de Joigny. 197 fr. à Greppe.
34. Vita e pistole de sancto Hieronymo vulgare. Ferrare, Lorenzo di Rossi, 1497, in-fol., 2 col., caract. romains, fig. sur bois, mar. orange, fil., larges dentelles, dorure à petits fers, doublé de mar. bleu, compart. et arabesques, dos orné, tr. dor. (Hardy, Marius Michel doreur). 2.960 fr. à Porquet.
55. Cy commence le livre intitulé le miroir de vie humaine fait par Rodorique Hispaignol évesque de Zamoresis. Lyon, Bartholomeu Buyer, 1477, in-fol., 2 col., goth., mar. brun jans., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Racommodage au premier Feuillet. 980 fr. à Cohn.
75. Le Livre intitule lart de bien mourir. Traicte des paines denfer et de purgatoire. Traicte de ladvenement de antechrist. Lart de bien vivre. Paris, Anthoine Vérard, 1492. Ensemble 4 parties en 1 vol. pet. in-fol., fig. sur bois, mar. r. jans., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 3.600 fr. à Cohn.
85. De l’institution, usage et doctrine du Sainct Sacrement de l’Eucharistie en l’Eglise ancienne. La Rochelle, Hierosme Haultin, 1598, in-4, grand papier, mar. r., dent. à feuillages, semis de marguerites, de Φ. et de C. entrelacés sur le dos et sur les plats, tr. dor. Ex. donné par l’auteur, Philippe de Mornay, à sa fille Marthe de Mornay. 162 fr. à Morgand.
129. Sénèque. Des bienfaicts, de la providence, de la clémence, opuscules. Paris, Jean Borel, 1578-1582, in-12, mar. citron, dos fleurdelisé. Aux armes de Henri III, avec la devise « Manet ultima cœlo ». 80 fr.
135. Le Jeu des eschez moralisé (par Jacques de Cessole). Paris, Anthoine Vérard, 1504, in-fol., 2 col., goth., fig. sur bois, mar. vert, fil., doublé de mar. r., compart. et arabesques, dos orné, tr. dor. (Chambolle-Duru, Marius Michel doreur). 1.355 fr. à Morgand.
187. Livre de la génération de l’homme […] mis en François par Guillaume Chrestian. Paris, Guillaume Morel, 1559, 3 parties en 1 vol. pet. in-8, v. brun, fil., tr. dor. Ex. de Laurin (Marc Lauwereins), avec l’inscription « Laurini et amicorum », sa devise « Virtus in arduo » et ses armes. Dos refait. 375 fr. à Porquet.

227. The Fayt of armes and chyvalrye (by Christina of Pisan). Westminster, Caxton, 1489, in-fol., goth., veau à comp., fil., tr. dor. Les 2 f. de la Table et 2 f. à l’intérieur du vol. ont été refaits à la plume et 25 f. remontés. Un des plus rares et des plus curieux livres imprimés par Caxton. 3.240 fr. à la B.n.F.
302.Œuvre de Juste-Aurèle Meissonnier, peintre, sculpteur, architecte et dessinateur de la chambre et cabinet du Roy. Paris, Huquier, s. d., gr. in-fol., mar. r., larges dentelles, dos orné, tr. dor. 1.880 fr. à Morgand.
393. Homeri batrachomyomachia. Venetiis, Laonicus Cretensis, 1486, in-4, mar. r., fil., dent., fers à froid, dos orné, tr. dor. (Lortic). 510 fr. à Morgand.
399. Q. Horatii Flacci Opera omnia. Basileæ, apud Ludovicum Regem, 1615, in-fol., mar. vert, fil., tr. dor. Aux armes de Henri II de Lorraine, duc de Guise ; un semis de croix de Lorraine sur le dos et les plats. 300 fr. à Greppe.
405. Ovidio Nason. Taula dels quinze libres d’transformacion del poeta ovidi partida per libres : e capitols com se segueix. Barcelona, 1494, in-fol., 2 col., goth., mar. r. jans., tr. dor. 1.450 fr. à Quaritch.  
419. Le Rommant de la rose. S. l. [Lyon], s. n. [Guillaume Le Roy], s. d. [v. 1485], in-fol., 2 col., goth., fig. sur bois, mar. r., coins, dorure à petits fers, doublé de mar. vert, compart., arabesques et feuillages, dos orné, tr. dor. (Chambolle-Duru). Edition la plus ancienne du Roman de la rose. Titre refait. 700 fr. à Van Trigt.
427. Les Œuvres de feu maistre Alain Chartier. Paris, Galliot du Pré, 1529, pet. in-8, fig. sur bois, mar. bleu, milieux de feuillages, doublé de mar. r., dent., semis d’œillets, de marguerites et de pensées, riche dorure à petits fers, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 700 fr. à Van Trigt.
431. Le Chevallier délibéré (par Olivier de La Marche). [Gouda, Gotfrid Van Os, entre 1486 et 1500]. Petit in-fol. goth., 2 col., fig. sur bois coloriées, mar. vert, comp. à froid, doublé de mar. r., très riches compart. et arabesques, dorure au pointillé, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Seul ex. connu. 4.000 fr. à Porquet.
448. Les Loups ravissans. Paris, Anthoine Vérard, s. d. [v. 1503], in-4, goth., mar. vert, fil., dos orné, double de mar. r., compart. et arabesques, dorure au pointillé, tr. dor. (Chambolle-Duru, Marius Michel doreur). 655 fr. à Belin.
449. Lespinette du jeune prince conquérant le royaulme de bonne renommée. Paris, Anthoine Vérard, 1508, in-fol., 2 col., goth., fig. sur bois, mar. citron, compart., mosaïque de mar. noir, doublé de mar. vert, dent. int., tr. dor. (Niedrée). 520 fr. à Greppe.
501. Traducion del Dante per don pero fernandez de villegas. Burgos, Fadrique Aleman de Bâle, 1515, pet. in-fol., goth., mar. brun, fers à froid, doublé de mar. r., compart. et arabesques, tr. dor. (Chambolle-Duru). 900 fr. à Quaritch.
530. Cancionero d’diversas obras de nuevo trobadas. Sevilla, Dominico d’Robertis, 1537, in-4, 2 col., goth., mar. La Vallière, fil., dos orné, doublé de mar. r., compart., arabesques, rinceaux de feuillages, dorure à petits fers, dos orné, tr. dor. (Hardy, Marius Michel doreur). 2.000 fr. à la British Library.
628. Ogier le Dannoys duc de Danemarche qui fut lung des douze pers de France. Lyon, Claude Nourry, 1525, in-4, goth., fig. sur bois, mar. r., compart. et arabesques, doublé de mar. vert, compart. et arabesques, dos orné, tr. dor. (Thouvenin). Raccommodage au bas du titre. Vient de la bibliothèque de De Bure. 1.100 fr.  à Van Tright.
630. Les Quatre Fils Aymon. S. l. [Lyon], s. d. [v. 1480], in-fol., fig. sur bois, lettres ornées, mar. r., compart. de fil., coins dorés, doublé de mar. r., larges dentelles, dorure à petits fers, dos orné, tr. dor. (Chambolle-Duru). 2.900 fr. à Van Tright.
643. The Recuyles or gaderige to gyder of y historyes of Troye how it was destroyed. London, Wynken de Worde, 1503, in-fol., 2 col., goth., fig. sur bois, mar. brun, coins dorés, double de vélin blanc, tr. dor. 1.900 fr. à la British Library.
649. Lhistoire de tresnoble et chevaleureux prince Gérard comte de Nevers et de Rethel et de la tresvertueuse princesse Euriant de Savoie samye. Paris, Philippe Le Noir, 1526, pet. in-4, goth., fig. sur bois, mar. bleu jans., dent. int., tr. dor. (Duru). Ex. de Yemeniz. 710 fr. à Morgand.
677. Baudoin conte de Flandres. Chambéry, Anthoine Néret, 1484, pet. in-fol., goth., fig. sur bois, réglé, mar. r. jans., doublé de mar. bleu, compart., arabesques, rinceaux de feuillages, tr. dor. (Thibaron, Marius Michel doreur). Le plus ancien livre connu imprimé à Chambéry. Titre et f. I1 refaits. 1.680 fr. à la British Library.
679. Cy commence Guy de Warvich chevalier Dangleterre. Paris, Anthoine Coureau pour François Regnault, 1525, pet. in-fol., 2 col., goth., fig. sur bois, mar. r., larges dentelles, doublé de tabis, dent. int., tr. dor. (Purgold). 2.700 fr. à Cohn.
685. Cy commence le prologue du livre de Cleriadus et Meliadice. Paris, Anthoine Vérard, 1495, in-fol., goth., fig. sur bois, peau de truie, compart., arabesques et feuillages, petits fers à froid, tr. dor., coins et fermoirs en argent oxydé, étui en peau de truie (Trautz-Bauzonnet). Première édition. Ex. unique imprimé sur vélin, orné de 35 miniatures, lettres initiales des chapitres peintes en or et en couleurs. Vient des bibliothèques Yemeniz (10.000 fr. 1867) et Didot (19.100 fr. 1878). 8.200 fr. à Porquet.




761. Le Decameron de messire Jehan Bocace Florentin. Paris, Estienne Roffet, 1545, in-fol., mar. r., fil., coins dorés, dos orné, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Première édition. Ex. Armand Bertin. 1.200 fr. à la British Library.        
813. La Cronica del muy valiente. Valladolid, Nicolas Tyerri, 1533, in-fol., 2 col., goth., fig. sur bois sur le titre, mar. r., fil., doublé de mar. brun, mosaïque de mar. vert et rouge, compart. et arabesques, dorure au pointillé, dos orné, tr. dor. (Chambolle-Duru, Marius Michel doreur). Vient de la bibliothèque de la Sapienza à Rome. 2.600 fr. à Quaritch.
879. L’Histoire joyeuse et récréative de Tiel Ulespiegle. Orléans, Eloy Gibier, s. d. [v. 1571], in-16, mar. r. jans., dent. int., tr.dor. (Cuzin). 265 fr. à Porquet.
898.Œuvres satirique [sic] de P. Corneille Blessebois. Leyde, 1676, pet. in-12, front. gravé par Smelztzing, mar. vert, fil., doublé de tabis, tr. dor. (Simier). Ex. Pixerécourt. 405 fr. à Rouquette.
911. Adagiorium opus des. Erasmi. Lugduni, apud Sebastianum Gryphium, 1550, in-fol., veau brun, fil., compart. et arabesques noires et argentées, tr. ciselée et dorée. Rel. exécutée pour Charles Ier duc de Croy, portant sur le dos et sur les plats son chiffre, ses armes et sa devise « J’y parviendrai ». 2.510 fr. à Porquet.
928. Les Images ou Tableaux de platte peinture des deux Philostrates. Paris, veuve Abel L’Angelier, 1614, gr. in-fol., front. et 58 gr. pl. grav. par I. Isac, L. Gaultier et Thomas de Leu, réglé, mar. r., fil., dent., tr. dor. (Rel. ancienne). Ex. marquis de la Vieuville, portant sur le dos et les plats un semis des lettres W. F. et R. surmontés d’une couronne. 495 fr. à Belin.



942. La Cosmographie universelle […] par Sébast. Munstere. Basle, Henry Pierre, 1556, in-fol., réglé, fig. sur bois, cartes et plans, mar. brun, tr. dor. Ex. de Henri II. Sur chaque plat son médaillon gravé en relief, milieux dorés, à mosaïque de couleur, entourés du collier de l’ordre de Saint-Michel, semis de fleurs de lis. 2.200 fr. à Porquet.
1.005. Herodoti Halicarnassei historiæ lib. IX. Henricus Stephanus, 1566, in-fol., mar. brun, compart. arabesques et feuillages sur le dos et sur les plats, dorure à petits fers, tr. dor. Rel. exécutée pour Pierre-Ernest comte de Mansfeldt prince du Saint-Empire. 1.280 fr. à Porquet.
1.014. Le Premier Livre des discours de l’Estat de paix et de guerre, de messire Nicolas Macchiavegli. Paris, Denys Janot, 1544, in-fol. réglé, v. à compart., tr. dor. Ex. de François Ier, avec son chiffre, ses armes et la salamandre. 8.900 fr. à Morgand.
1.037. Pauli Aemylii Veronensis, historici clarissimi, de rebus gestis Francorum. Paris, Vascosan, 1550, in-fol., veau brun, fil., compart. et arabesques à fond d’argent et de couleur, tr. ciselée et dorée. Rel. exécutée pour Charles Ier duc de Croy, portant sur le dos et sur les plats son chiffre, ses armes et sa devise « J’y parviendray ». 2.010 fr. à Porquet.
1.038. Carte générale de la monarchie françoise. Paris, Giffart, 1733, gr. in-fol., mar. bleu, larges dentelles, dos fleurdelisé, tr. dor. (Padeloup). Aux armes de Louis-Charles de Bourbon, comte d’Eu. 405 fr. à Morgand.
1.186. Pauli Jovii Novocomensis, episcopi Nucerini, illustrium virorum vitæ. Florentis, in officina Laurentii Torrentini, 1549, in-fol., veau brun, tr. dor., dos refait. Ex. de Grolier. 2.550 fr. à Quaritch.
  



Une troisième vente de livres eut lieu à l’Hôtel des commissaires priseurs, 9 rue Drouot, du lundi 24 au jeudi 27 avril 1893, en 4 vacations : Catalogue de livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. le baron Ach. S****** (Paris, Charles Porquet, 1893, in-8, [4]-III-[1 bl.]-117-[1 bl.] p., 434 lots).

« Cette vente a eu lieu dans des conditions fâcheuses. Elle suivait de trop près un trop grand nombre de ventes importantes [Marigues de Champ-Repus en janvier ; Mosbourg, puis Bouret, en février ; Fresne en mars]. Elle contenait, à côté de livres remarquables, beaucoup d’exemplaires défectueux. On savait, dans le monde des amateurs, que certains ouvrages, jugés indignes de figurer dans la première vente Ach. S…, faite il y a trois ans, y avaient été recueillis. On savait, en outre, qu’indépendamment des livres de cette provenance, le catalogue renfermait des volumes venant d’un peu partout, et notamment des bibliothèques d’amateurs vivants, qui n’avaient pas choisi, pour s’en défaire, les meilleures pièces de leurs cabinets. Toutes ces circonstances réunies ont jeté de la défaveur sur la vente, et il ne faudrait pas considérer comme indiquant les cours véritables certaines adjudications ridiculement basses. » (D’Eylac. La Bibliophilie en 1893. Paris, A. Rouquette, 1894, t. II, p. 139)

9. Le Nouveau Testament de Nostre Seigneur Jesus-Christ. Mons [Amsterdam], Gaspard Migeot [Daniel Elzevier], 1668, 2 t. en 1 vol. in-12, réglé, front. grave, mar. r., fil., doublé de mar. r., dos orné, dent. int., tr. dor. (Boyet). Armes du comte d’Hoym. Vient des bibliothèques Saint-Martin, Coulon et marquis de Ganay. 1.205 fr.
24. Heures à l’usaige de Romme. Paris, Gillet Hardouyn, 1509, gr. in-8, mar. r., fil., arabesques, dorure en plein à petits fers et au pointillé sur le dos et les plats, tr. dor. (Rel. xviie s.). Imprimé sur vélin, 20 gr. pl. et celle du titre reproduite en fin de vol., chiffre L.C.D.M. surmonté d’une mitre sur le dos et aux angles. 1.370 fr.
30. Les Présentes Heures à lusaige de Rouan. Paris, Symon Vostre, s. d. [almanach 1508-1528], pet. in-4, veau brun, fil., compart. tr. dor. (Rel. xvie s.). 25 gr. pl. 1.870 fr.
35. Horæ in laudem Beatiss. Virginis Mariæ. Paris, Geofroy Tory, 1531, in-8, dent. et arabesques, tr. ciselée et dorée. (Rel. xvie s.). Orné de 13 gr. sujets et de 3 plus petits. La reliure représente le Pot cassé de Tory et ses accessoires. Dos refait portant le chiffre de François Ier et la salamandre. Ex. Ambroise-Firmin Didot (1879, n° 129, 2.500 fr.). 1.085 fr.
78. M. T. Ciceronis de natura deorum libri tres. Cantabrigiæ, C. Crownfield, 1721-1723, 3 vol. in-8 réglés, mar. bleu, fil., dent. int., tr. dor. (Boyet). Armes du comte d’Hoym, avec l’aigle couronné de Pologne sur le dos. Vient de la bibliothèque du duc de Hamilton. 850 fr.
94. Livre de la génération de l’homme […] mis en François par Guillaume Chrestian. Paris, Guillaume Morel, 1559, 3 parties en 1 vol. pet. in-8, v. brun, fil., tr. dor. Ex. de Laurin (Marc Lauwereins), avec l’inscription « Laurini et amicorum », sa devise « Virtus in arduo » et ses armes. Dos refait. 300 fr. [n° 187, cat. 1890]
163. Les Œuvres feu maistre Alain Chartier. Paris, Galliot du Pré, 1529, pet. in-8, fig. sur bois, mar. citron, fil., dos orné, tr. dor. (Derome). Ex. Solar. 399 fr.
167. Les Œuvres de maistre François Villon. Paris, Galliot du Pré, 1532, pet. in-8, veau marbré, fil., tr. dor. (Rel. anc.). 750 fr.
168. Les Œvres maistre Francoys Villon. Paris, veuve Jean Trepperel, 1533, in-16, mar. La Vallière clair, fil., mosaïque de mar. noir, vert et rouge, compart. et arabesques, doublé de vélin blanc, coins et milieux de feuillages, dorure à petits fers, dos orné, tr. ciselée et dorée, étui en mar. brun. (Cuzin, Mercier doreur). Vendu 555 fr. à la vente Franchetti en 1890, revêtu depuis lors d’une reliure mosaïquée : 1.400 fr.
173. Les Œuvres de Clément Marot de Cahors. Lyon, Estienne Dolet, 1542, pet. in-8, mar. r., fil., dos orné, doublé de mar. vert, dent. de feuillage, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Raccommodages au titre. Vendu 340 fr. à la vente Delbergue-Cormont. 310 fr.




197. Fables nouvelles (par M. Dorat). La Haye et Paris, Delalain, 1773, 2 vol. gr.in-8, fig., mar. r., fil., dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.). Ex. sur pap. de Hollande, renfermant 2 front., 2 fig., 99 vignettes et 99 culs-de-lampe dess. par Marillier. Ex. de Guy-Pellion vendu 3.000 fr. en 1882. 1.495 fr.
204. Choix de chansons mises en musique par M. de La Borde. Paris, de Lormel, 1773, 4 tomes en 2 vol. gr. in-8, v. marbré, fil., dos ornés, tr. dor. 1.210 fr.
224.Œuvres de Corneille. Imprimé à Rouen et se vend à Paris, 1644-1652, 3 vol. pet. in-12, mar. r., compart. de fil., milieux dorés à petits fers, dos ornés, doublés de mar. bleu, large dent., tr. dor. (Lortic). Recueil factice formé par Ambroise-Firmin Didot, vendu 5.050 fr. à la vente Didot en 1878. Depuis, on a estimé, avec raison, que ce recueil ne représentait que trois vol. dépareillés. 875 fr.
261. Cy commence le prologue du livre de Cleriadus et Meliadice. Paris, Anthoine Vérard, 1495, in-fol., goth., fig. sur bois, peau de truie, compart., arabesques et feuillages, petits fers à froid, tr. dor., coins et fermoirs en argent oxydé, étui en peau de truie (Trautz-Bauzonnet). Première édition. Ex. unique imprimé sur vélin, orné de 35 miniatures, lettres initiales des chapitres peintes en or et en couleurs. Vient des bibliothèques Yemeniz (10.000 fr. 1867) et Didot (19.100 fr. 1878). 8.650 fr. [n° 685, cat. 1890]





272. La Plaisante et Joyeuse Histoyre du grand Géant Gargantua. Lyon, Estienne Dolet, 1542, 2 tomes en 1 vol. in-16, fig. sur bois, mar. r., compart. de fil., tr. dor. (Rel. anc.). Raccommodage au titre. 1.090 fr.
277. Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Amsterdam [Paris, Didot], 1753, 2 vol. pet. in-12, fig. de Gravelot et Pasquier, mar. bleu, fil., dos ornés, doubles de mar. orange, fil., coins dorés à petits fers, tr. dor. (Cuzin). 500 fr.
292. Tirant lo Blanch. A honor lahor. e gloria de nostre senvor deu Jesu Crist. Valencia, Nicolas Spendeler, 1490, pet. in-fol., 2 col., goth., mar. r. ; fil., dos orné, doublé de mar. r., fil., coins, arabesques et feuillages, tr. dor. (Chambolle-Duru, Marius Michel doreur). Première édition. Un des trois ex. connus (ex. Heber au British Museum, ex. à la Bibliothèque de l’Université de Valence). 10.500 fr. [n° 1.044, cat. 1887]

308. Voyages de Gulliver (par Swift, trad. abbé Desfontaines). Paris, Gabriel Martin, 1727, 2 vol. in-12, fig., mar. r., fil., gardes de pap. dor., tr. dor. E.O. de la trad. française. Armes de la comtesse du Barry. 1.500 fr.
313. Léon Hébrieu (Abarbanel). De l’amour (trad. Pontus du Thyard). Lyon, Jean de Tournes, 1551, 2 tomes en 1 vol. pet. in-8, réglé, mar. vert, compart. de filets, dorure à petits fers, dos orné, tr. dor. (Le Gascon). Chiffres couronnés de Louis XIII et d’Anne d’Autriche sur les plats. Vente Portalis, 1889, 820 fr. 780 fr.
326. Recueil de pièces curieuses et nouvelles. La Haye, Adrian Moetjens, 1694-1701, 30 parties en 5 vol. pet. in-12, mar. bleu, fil., dent. int., dos ornés, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Vient des bibliothèques E. Bancel [1882, 1.070 fr.], La Roche-Lacarelle [1888, 1.051 fr.] et Franchetti [1890, 510 fr.]. 605 fr.
327. La Cosmographie universelle […] par Sébast. Munstere. Basle, Henry Pierre, 1556, in-fol., réglé, fig. sur bois, cartes et plans, mar. brun, tr. dor. Ex. de Henri II. Sur chaque plat son médaillon gravé en relief, milieux dorés, à mosaïque de couleur, entourés du collier de l’ordre de Saint-Michel, semis de fleurs de lis. 2.000 fr. [n° 942, cat. 1890]




328. Collectiones peregrinationum, in Indiam orientalem et in Indiam occidentalem XXIII partibus comprehensæ cum figuris aenis fratrum de Bry et Meriani. Francofurti ad Moenum, Joan. Wecheli, 1590-1613, 23 parties en 17 vol. in-fol., demi-rel. mar. violet. Collection connue sous le nom de Grands et Petits voyages. 1.500 fr.
379. C. Cornelii Taciti Opera quae exstant. Amstelodami, apud Danielem Elzevirium, 1672, 2 tomes en 4 vol. in-8, front. gravé, mar. r., compart., dorure à petits fers, tr. dor. (Rel. xviie s.). Aux armes et au chiffre de du Fresnoy. 3.000 fr.
420. Spectaculorum in susceptione Philippi Hisp. Princ. divi Caroli V. Caes F. Anvers, P. Alosten, 1550, in-fol., fig., v. brun, fil., compart., tr. dor. Dos refait. Plats ornés de riches compartiments noir et or, entre lesquels les trois croissants de Diane de Poitiers sont répétés quatre fois au recto et au verso. Signature de Ballesdens au titre. Ex. de Grolier. Vient des bibliothèques de Coste [1.092 fr., 1854] et du marquis de Ganay [900 fr.]. 2.100 fr.     
  
Timbre humide de la Bibliothèque du château de Mello
avec les initiales F. A. S.


 
 


                





Charles Bouret, libraire hispaniste et bibliophile paradoxal

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Fils d’un vannier, Adolphe-Émeri Bouret (Orléans, Loiret, 28 novembre 1816 – Paris, 25 mars 1876) fut envoyé à Paris pour être commis dans la librairie espagnole de Jacques-Frédéric Le Cointe et Antoine Lasserre, 6 rue de l’Éperon (VIe). Il s’associa en 1850 avec le libraire Frédéric Rosa, qui avait succédé à son père Frédéric-Guillaume Rosa (Wissembourg, Bas-Rhin, v. 1780 – Paris, 4 mars 1833), spécialisé dans la librairie espagnole ; ils devinrent les représentants d’Hachette à Mexico en 1854. D’abord 13 rue de l’Abbaye (VIe), la « Libreria de Rosa, Bouret et CIA » s’installa 23 rue Visconti (VIe), de 1862 à 1873.

 

En 1874, Bouret s’associa avec son fils, Charles-Adolphe-Henry Bouret (Paris, 27 novembre 1841 – 8 octobre 1892), qui lui succéda à sa mort en 1876. Après le décès de Charles Bouret en 1892, sa veuve, Anna-Faustine Esnault, dirigea la célèbre « Libreria española ».

 

 

Surtout attiré par le livre neuf, Charles Bouret avait constitué une collection composée presque exclusivement de livres contemporains. Il avait été guidé dans ses goûts bibliophiliques par Conquet. Il avait admis exceptionnellement sur ses rayons les principaux ouvrages illustrés duxviiie siècle, dont la condition était ordinaire, et quelques publications à gravures sur bois parues de 1830 à 1850.

 

 

 

Son ex-libris, illustré et gravé par Deville, porte son nom et la devise, en espagnol, « Siempre mas » [Toujours plus].

 

La première partie de sa bibliothèque fut dispersée du 16 au 18 février 1893 et a produit la somme respectable de 120.000 francs : Catalogue de très beaux livres modernes, livres à figures du xviiie siècle, livres illustrés du xixe siècle, livres modernes avec aquarelles originales […] composant la bibliothèque de feu M. Ch. Bouret (Paris, A. Durel, 1893, in-8, 93 p., 592 lots).

 

5.Tolla, éd. Hachette, in-4, ex. sur Japon avec une aquarelle de Myrbach et 3 dessins de Giraldon, reliure de Marius Michel, 780 fr.

35.Les Contes drolatiques de Balzac, 1855, ex. sur Chine, reliure de Reymann, 945 fr.

37. Balzac. Eugénie Grandet, édition des Amis des livres, reliure de Thibaron, 750 fr.

61. Béranger. Œuvres, 2 vol., 1828-1833, avec envoi autographe de Béranger. Ex. contenant les 40 lithographies d’Henry Monnier et les 103 figures de Devéria, Johannot, Charlet, etc., tirées sur Chine, 1.150 fr.

 

 

82.Aline, reine de Golconde, édition des Amis des livres, reliure de Marius Michel, 400 fr.

90. Le journal La Caricature, par Philipon, collection complète, 660 fr.

112.Les Chants et Chansons populaires de la France, Delloye, 1843, 4 vol., reliure de Chambolle, ex. sans les couvertures, 520 fr.

113. La collection du journal LeChat noir, 485 fr.

115.Les Poésies d’André Chénier, Charpentier, 1862, 2 vol. avec 37 aquarelles de Paul Avril et reliure de Joly, 2.165 fr.

 

 

 

132. La collection complète du journal Le Courrier français, 1.000 fr.

139. A. Daudet. Les Contes du lundi, édition in-12 Charpentier, sur Hollande, illustrée de 250 aquarelles de Draner, 905 fr.

142.Fromont jeune et Risler aîné, collection des 12 dessins originaux d’Emile Bayard et épreuves d’artistes, édition Conquet, 2.220 fr.

225 et 225 bis.Émaux et Camées, édition Conquet, ex. sur vélin blanc, avec une aquarelle de Fraipont, et la collection des 112 dessins originaux de Fraipont ayant servi à l’illustration, reliure en mosaïque de Marius Michel, 1.925 fr.

227.Mademoiselle de Maupin, édition Conquet, ex. sur Japon, relié par Chambolle, 765 fr.

235. Gérard de Nerval. Sylvie, édition Conquet, ex. sur Japon, avec aquarelle de Rudaux sur le faux-titre, reliure de Marius Michel, 505 fr.

285.Les Mémoires de Grammont, par Hamilton, édition Conquet, ex. sur Japon, avec une aquarelle originale de Delort, somptueuse reliure de Cuzin, 850 fr.

 

 


Christie's, Paris, 11 mai 2011 : 5.000 €


296.Les Quatre Fils Aymon, édition Launette, ex. sur Japon, reliure en cuir incisé et incrusté par Marius Michel, 660 fr.

328.Les Chansons de La Borde, 1773, 4 vol., reliure de Reymann, 1.385 fr.

333.La Fontaine, 4 vol. figures d’Oudry, maroquin ancien, 1.240 fr.

362. La collection de la revue Les Lettres et les Arts, reliée par Champs, 930 fr.

 

 

 

369. Pêcheur d’Islande de Loti, édition Calmann-Lévy, 1886, ex. contenant 118 dessins et aquarelles de Jazet, reliure de Cuzin, 1.660 fr.

389.La Chronique de Charles IX, édition des Amis des livres, reliure de Marius Michel, 720 fr.

412.Scènes de la bohème de Murger, édition des Amis des livres, reliure de Chambolle, 745 fr.

441. Silvio Pellico. Mes Prisons, ex. de la reine Marie-Amélie, portant sur les plats son nom et son chiffre couronnés, 500 fr.

 

 

 

490.Les Confessions de J.-J. Rousseau, édition de Launette, ex. sur Japon, avec une aquarelle de Maurice Leloir, reliure de Marius Michel, 1.565 fr.

546. Theuriet. Les Œillets de Kerlaz, édition Conquet, ex. unique sur Japon fort, avec les 12 dessins de Rudaux et Giacomelli, reliure de Marius Michel, 2.165 fr.

591. Richepin. La Mer, ex. de l’édition originale sur Hollande, orné des 54 aquarelles et dessins de Paul Léonnec, 910 fr.

   

« Il suivait le mouvement littéraire et se procurait, dès leur apparition, toutes les œuvres de quelque mérite ; épris des papiers de luxe, il possédait des exemplaires sur hollande, sur chine, sur wathman, etc., de la plupart des livres connus de notre époque, en éditions originales. Il était à l’affût de toutes les éditions de luxe que publiaient Jouaust, Conquet, Launette et Boudet, Ferroud, Calmann Lévy, Testard, Hachette, Quantin, etc. Il ne lui suffisait pas, le plus souvent, d’avoir des exemplaires exceptionnels de ces éditions, avec des tirages à part et des suites d’épreuves : il cherchait à les enrichir de dessins originaux ; il en faisait ainsi des exemplaires uniques qu’il confiait ensuite, pour les habiller richement, à Cuzin, ou à Marius Michel, ou à Chambolle, ou à Champs. Il jouissait de ses livres d’une façon quelque peu égoïste, ne les montrant qu’à un petit nombre d’initiés et les entourant de précautions minutieuses. Aussi leur fraîcheur était-elle parfaite.

[…] les livres à figures sur bois du milieu de notre siècle étaient fort beaux. Voici les prix d’adjudication de quelques-uns d’entre eux : les Chansons de Béranger, édition de 1828-1833, lithographies coloriées de Henri Monnier, avec nombreuses suites ajoutées, 1.150 fr. ; les Chants et Chansons populaires, 1843, 520 francs ; les Français peints par eux-mêmes, 1840-1841 550 francs ; le Journal de l’Expédition des portes de Fer, 1844, non rogné, dans un simple cartonnage, 450 fr. ; le Paul et Virginie, de 1838, dans une demi-reliure de Cuzin, 440 francs.

M. Bouret possédait toutes les publications de la Société des amis des Livres, dont il était membre. Leurs prix ne cessent pas de monter. C’est ainsi qu’Eugénie Grandet, 1883, s’est vendue 750 fr. ; Aline, reine de Golconde, 1887, 400 fr. ; la Chronique du règne de Charles IX, 1876, 720 fr. ; les Scènes de la Bohême, 1879, 745 fr.

Il y avait un exemplaire sur japon de l’Armée française, de Detaille ; il s’est vendu 1.650 fr. Il y avait toutes les éditions de Jouaust, en grand papier ; on a pu constater que les prix accusaient une hausse sensible ; la dépréciation causée, il y a deux ans, par la vente en bloc du fonds de la librairie tend à disparaître.

Il y avait des collections de journaux illustrés. La revue les Lettres et les Arts, collection complète de 1886 à 1889, a atteint le chiffre de 930 francs ; le Chat noir, 1882 à 1891, 485 francs ; le Courrier Français, depuis sa fondation, 1.000 fr. Après cela, il faut tirer l’échelle !

Un exemplaire des Quatre fils Aymon, 1883, dans une reliure en cuir ciselé de Marius Michel, a trouvé acquéreur à 660 fr. L’abbé Constantin, illustré par Mme Madeleine Lemaire, sur japon, avec une aquarelle originale, s’est vendu 620 fr.

Les diverses publications de Conquet se sont maintenues à des prix élevées.

Citons enfin, parmi les livres ornés de dessins originaux :

L’Album Parisien pour 1887, avec aquarelles originales d’Henriot, 900 francs ; le Chénier de 1862, avec dessins et aquarelles de Paul Avril, 2.165 francs ; Emaux et Camées de Th. Gautier, édition Conquet, sur papier vélin, avec aquarelles de Fraipont, 1.925 francs ; Pêcheurs d’Islande, de Loti, avec les dessins originaux et des compositions inédites de P. Jazet, 1.660 francs ; Fromont jeune et Risler aîné, de Daudet, édition Conquet, avec douze dessins originaux d’Emile Bayard, 2.220 francs ; les Contes du Lundi, du même, dessins de Draner, 905 francs ; les Œillets de Kerlaz, d’A. Theuriet, édition Conquet, dans une superbe reliure de Marius Michel et avec des dessins de Rudaux et de Giacomelli, 2.165 francs ; les Confessions de J.-J. Rousseau, édition Launette, avec une très belle aquarelle de M. Leloir, 1.565 francs ; la Mer, de Richepin, dessins de Paul Léonnec, 910 francs, etc., etc. » [sic]

(D’Eylac. « Vente Ch. Bouret ». In La Bibliophilie en 1893. Paris, A. Rouquette, 1894, t. II, p. 116-119)

 

 La seconde partie de la bibliothèque ne comprenait que des livres courants. Elle a été vendue du 9 au 11 mars 1893 et a produit la somme de 18.312 francs. 














L’Ardent et Exclusif Comte de Fresne

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Charles-Guillaume-Victor-Marcellin, comte de Fresne, fils de Adolphe-Marcellin de Fresne (1793-1869), secrétaire général de la préfecture de la Seine, conseiller d’Etat, et de Sophie Le Roy, fille de Jean-Joseph Leroy (1771-1849), député de la Seine, est né à Mons (Belgique) le 1er août 1830.
Le 30 juillet 1857, il épousa, à Paris, Marie-Saubade du Plessis-Guichard de Noäs (1836-1886), qui



mourut dans leur château de La Boulaye, sur la commune de Clos-Fontaine (Seine-et-Marne). Membre de la Société des Bibliophiles français depuis le 11 janvier 1860, dont il devint le secrétaire, le comte de Fresne était exclusif :

« Il n’admettait, en fait de livres, que les éditions originales du seizième et du dix-septième siècle ; en fait de reliures, que celles de Trautz-Bauzonnet. Il lui arriva de faire casser d’anciennes reliures qui auraient pu et même dû être conservées, pour leur substituer des maroquins travaillés par le grand artiste dont il fut le fidèle client. A peine si quelques livres à figures du dernier siècle trouvaient grâce devant lui : il n’avait et ne voulut avoir que les principaux, tels que les Chansons de Laborde en vieux maroquin, et le La Fontaine des Fermiers Généraux dans une reliure de l’époque. Quant aux livres modernes, il professait pour eux un souverain mépris ; et nous nous demandons ce qu’il aurait dit si, assistant à sa vente, il avait constaté que des nécessités de librairie avaient fait introduire dans le catalogue, au milieu de ses chers livres anciens, quelques spécimens, qui étaient d’ailleurs des spécimens hors ligne, des genres dédaignés par lui … »

(D’Eylac. « Vente de Fresne ». In La Bibliophilie en 1893. Paris, A. Rouquette, 1894, t. II, p. 128-129)

 

Jules Janin, dans Le Livre (Paris, Henri Plon, 1870, p. 164), raconte l’extravagance des prix et l’ardeur du comte de Fresne à la vente La Bédoyère [vacation du vendredi 14 février 1862] :

 

 

 

« Mais une des plus fortes extravagances et les plus dignes d’envie, c’est le Daphnis et Chloé, du Régent (1718), en condition charmante, il est vrai, et dans une reliure exceptionnelle de Pasdeloup [sic], coûtant 1,210 francs à M. Salomon Rothschild [vacation du mardi 11 février, n° 1.355] contre un bibliophile trop ardent, M. Defresne, lequel, comme fiche de consolation, s’est donné pour 490 francs un exemplaire en reliure moderne du Perrault de 1781, sur papier de Hollande [n° 1.535] ! Il y a des gens heureux à bon marché. »

 

Le comte de Fresne décéda dans sa résidence parisienne, 15 rue Bellechasse (VIIe), le 3 mai 1891. Impatiemment attendue par les bibliophiles et les libraires, la vente de sa bibliothèque eut enfin lieu, à l’Hôtel Drouot, du 13 au 18 mars 1893. L’important Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés provenant de la bibliothèque d’un amateur (Paris, Charles Porquet, 1893, in-8, 198 p., 625 lots) a produit la somme de 188.482 francs.




Les livres portent un ex-libris parlant [un arbre].

69. Essais de Montaigne, édition originale de 1580, rel. Trautz-Bauzonnet : 1.350 fr.
71. Essais de Montaigne, édition de 1588, la dernière parue du vivant de l’auteur, rel. Trautz-Bauzonnet : 1.360 fr.



90. Tortorel et Perissin ; recueil d’estampes historiques, au nombre de 40, plusieurs en double état, sur cuivre et sur bois : 523 fr.
109. Eléments d’orfèvrerie de Germain : 950 fr.
111. Traité des pierres précieuses, par Pouget : 1.385 fr.
112. Le Livre du roy Modus, édition de 1526, imprimée par Philippe Le Noir, rel. doublée de Trautz : 685 fr.
113. Même ouvrage, édition de 1560, également dans une reliure doublée de Trautz : 675 fr.
115. La Vénerie de Jacques du Fouilloux, seconde édition, 1562, rel. Trautz : 500 fr.
125. La Meute et Vénerie pour le chevreuil, de Jean de Ligneville, 1655, rel. Trautz : 900 fr.
136. La Fauconnerie, de François de Saint-Aulaire, 1619, très rare, rel. doublée de Trautz : 2.000 fr.
178. Salmonii Macrini […] odarum libri tres, 1546, aux armes de François Ier : 1.135 fr. Passé dans la bibliothèque de Guyot de Villeneuve.
185. Le Rommant de la rose, édition de Galliot du Pré, 1529, rel. doublée de Duru : 515 fr.
187. Les Œuvres d’Alain Chartier, 1529, rel. doublée de Trautz : 320 fr.
190. Les Œuvres de Villon, édition de 1532, rel. doublée de Trautz : 1.090 fr.
194. Les Œuvres de Coquillart, 1532, rel. mosaïquée de Trautz (1874) : 9.000 fr.
196. Le Chasteau de labour, par Pierre Gringore, édition de Galliot du Pré, 1532, mar. rouge xviiie : 980 fr.
201.Œuvres de Clément Marot, édition dite « du Rocher », Lyon, 1545, ex. très grand de marges, rel. doublée de Trautz : 855 fr.
205. Dispute de Marot et de Sagon, recueil de pièces relatives à cette dispute célèbre, rel. doublée de Trautz-Bauzonnet : 755 fr. Ex. de Nodier (1844, 300 fr.) qui était alors dans une reliure de Thouvenin.
208. Marguerites de la Marguerite, 1547, rel. doublée de Trautz : 810 fr.


213. Le Second Enfer d’Etienne Dolet, Lyon [Troyes], 1544, unique ex. : 820 fr. Provient de la vente Ganay (1881, n° 109, 1.000 fr.). Aujourd'hui à la Bibliothèque Mazarine. 
215.Œuvres de Pernette du Guillet, 1552, ex. unique : 3.380 fr. Provient des ventes Ganay (1881, 5.100 fr.) et Techener (1889, 3.750 fr.)
216.Œuvres de Louise Labé, 1556, seconde édition, raccommodages, rel. doublée de Bauzonnet-Trautz : 1.000 fr. Provient de la vente Pichon (1.000 fr.)
223-226. Olivier de Magny. Les Amours, 1553 : 975 fr. Les Gayetés, 1554 : 980 fr. Les Soupirs, 1557 : 960 fr. Les Odes, 1559 : 555 fr. Tous ces ex. reliés par Trautz.
248. Les Deux premiers livres des Foresteries de Vauquelin de la Fresnaye, très rare, rel. de Cuzin : 925 fr.
250. Les Œuvres de Vauquelin de la Fresnaye, 1605, grand papier, raccommodages : 1.410 fr.
271. Les Premières Œuvres poëtiques de Lasphrise, 1597, rel. doublée de Trautz : 520 fr.
278. Hécatomphile, 1539, fig. sur bois, très rare : 1.240 fr.
305. Les Baisers, de Dorat, rel. de Duru : 770 fr.
309. Fables de La Fontaine, édition originale de 1668, in-4, grand de marges, rel. de Trautz : 640 fr.
313. Fables de La Fontaine, 1755-1759, avec les figures d’Oudry, grand papier, rel. ancienne de Padeloup : 5.280 fr.
317. Contes de La Fontaine, 1762, édition des fermiers généraux, rel. anc. à petits fers : 3.000 fr.
326. L’Eschole de Salerne, 1651, édition elzévirienne, rel. de Niedrée : 430 fr. Provient de la vente Nodier (1844, 216 fr.)
334. Chansons de Laborde, 1773, 4 tomes en 2 vol., rel. anc. en mar. rouge : 2.000 fr.
348. Maistre Pierre Pathelin, Paris, Etienne Groulleau, s. d., rel. anc. en mar. : 1.255 fr. Provient de la vente Lacarelle (1888, 1.700 fr.)
361. Les Œuvres de Molière, 2 vol. in-12, édition de 1666, rel. doublée de Trautz : 1.335 fr.
363.Œuvres de Molière, 1739, 8 vol. in-12, fig. de Punt, rel. anc. d’Anguerrand : 1.405 fr. Provient de la vente Ganay (1881, 1.600 fr.)
366-370. Pièces de Molière en éditions originales, dans une condition assez ordinaire. Le Dépit amoureux, 1663 : 326 fr. Le Mariage forcé, 1668 : 285 fr. Le Sicilien, 1668 : 262 fr. Monsieur de Pourceaugnac, 1670 : 480 fr.
372.Œuvres de Racine, 1676, 2 vol. : 550 fr.
377-388. Pièces de Racine en éditions originales, rel. mar. rouge de Trautz : entre 160 et 300 fr. Les Plaideurs, grand de marges : 865 fr.
389. Les Œuvres de Régnard, 1708, 2 vol., rel. doublée de Trautz : 499 fr.
416. Les Songes drolatiques de Pantagruel, 1565, in-8, rel. de Cuzin : 630 fr.
441. Les Nouvelles Récréations de Bonaventure des Périers, 1561, in-4, rare, rel. de Trautz : 701 fr. Provient de la vente Lacarelle (1888, 1.100 fr.)



Rarissime deuxième édition originale
Christie's, Paris, 21 avril 2010 : 133.000 €


455. Les Contes de Perrault, 1697, véritable première édition originale : 5.000 fr. On n’en connaît que 2 autres ex. : B.n.F. (incomplet) et Sorbonne.
456. Même ouvrage, édition de 1781 : 1.300 fr. Provient de la vente La Bédoyère (1862, 490 fr.)
458. Complainte très piteuse de Flamette, édition très rare de François Juste, 1532, in-24, rel. de Trautz : 795 fr.
485. Le Cochon mitré (vers 1689), rel. mar. vert de Derome : 455 fr. Provient des ventes Nodier (1844, 47 fr.) et Ganay (1881, 410 fr.)
515. Les Voyages du sieur de Champlain, 1613, 2 parties en 1 vol. in-4, très rare, rel. de Chambolle : 1.400 fr.
530. La Conjuration de Catilina, édition espagnole de Harra, Madrid, 1772, rel. de Derome avec dentelles : 680 fr. Provient de la vente Lacarelle (1888, 470 fr.)
542. Les Mémoires de Commines, édition elzévirienne, ex. le plus grand connu (137 mm.), rel. de Trautz : 1.505 fr. Provient de la vente Lacarelle (1888, 1.750 fr.)
587. Almanach parisien, 1776, in-16, mar. rouge aux armes de Marie-Antoinette : 1.100 fr.
608. Armorial de Dubuisson, 1757, 2 vol. in-12, ex. en mar. ancien aux armes du comte de Saint-Florentin : 1.780 fr.
612. Cornelius Nepos, 1667, aux armes et chiffre de Du Fresnoy : 2.100 fr. Provient des ventes Potier (1869, 700 fr.) et Lacarelle (1888, 2.650 fr.)     
  



Jean-Philibert Berjeau, rat de bibliothèque

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Jean-Philibert Berjeau, fils d’un garde-champêtre, est né à Ballon (Sarthe), porte d’entrée de la province du Maine, le 29 novembre 1809. Après des études à Château-Gontier (Mayenne), en Anjou, il devint clerc de notaire à Paris et se mit à écrire.


De cette époque, on a de lui Le Commanditaire, drame en un acte et en vers (Paris, Chez les marchands de nouveautés, 1838) et Seguidillas, répertoire d’un théâtre de société (Paris, J.-N. Barba, 1839).



Au retour de huit années de voyages imprécis, il devint franc-maçon et codirecteur d’une feuille anarchique et démagogique, La Vraie République, quotidien à 1 sou fondé le 26 mars 1848 par le critique d’art sarthois Théophile Toré (1807-1869), et auquel collaborèrent l’imprimeur Pierre Leroux (1797-1871), inventeur du mot « socialisme », la femme de lettres George Sand (1804-1876) et le républicain Armand Barbès (1809-1870). 



Ayant pris, avec l’économiste Victor Borie (1818-1880), amant de George Sand, la défense des insurgés du 13 juin 1849, dans les Calomnies de la presse réactionnaire sur l’insurrection de juin (Paris, Gustave Sandré, 1849), « Relevé exact des mensonges, dénonciations, ou insinuations des journaux, avec le démenti authentique ou officiel au-dessous de chaque fait », il fut poursuivi et dut s’enfuir à Londres, lieu d’asile de nombreux proscrits.


Gazette des tribunaux, vendredi 31 août 1849
Il fut condamné par défaut le 30 août 1849, comme coupable d’avoir cherché à troubler la paix publique en excitant la haine et le mépris des citoyens les uns contre les autres, délit résultant d’un article intitulé « La Liberté des pauvres », publié dans le numéro de La Vraie République du 23 avril précédent.


Une quinzaine de proscrits du 13 juin 1849, dont Alexandre Ledru-Rollin (1807-1874), fondèrent avec Berjeau Le Proscrit, journal de la République universelle (Bruxelles, J. Tarride, 1850), paraissant tous les mois par livraisons de 48 pages in-8 ; ce journal n’eut que deux numéros (juillet et août) et fut remplacé par La Voix du proscrit, organe de la République universelle (Paris et Londres), publiant un numéro hebdomadaire (46 numéros, 27 octobre 1850-6 septembre 1851). La Voix du proscrit fut remplacée à son tour le 29 novembre 1851 par Le Peuple, journal des proscrits de la République universelle (Troyes), hebdomadaire qui n’eut qu’un numéro (29 novembre 1851).
Pendant ce temps, l’écrivain Jean-Étienne Marconis de Nègre (1795-1868), qui avait fondé en 1838 le Rite maçonnique de Memphis, voyait son rite végéter à Paris. Il se rendit à Londres et y installa, en 1851, la « Grande Loge des Sectateurs de Menès », qui se transforma en une « Grande Loge des Philadelphes », dont Berjeau fut nommé le Grand Maître en 1853.



Berjeau écrivit également pour L’Homme, journal de la démocratie universelle, organe des proscrits à Jersey (53 numéros, 30 novembre 1853-28 décembre 1855), pour certains journaux londoniens (The Morning Chronicle, The Observer, The Athenæum) et publia des Biographies bonapartistes (Londres et Jersey, Imprimerie universelle, 1853).


Speculum humanae salvationis

Illustrateur talentueux, Berjeau s’adonna à la reproduction et à la publication des fac-similés des plus anciens monuments de la typographie – Biblia pauperum (Londres, J.-R. Smith, 1859, 40 pl.), Canticum canticorum (Londres, Trübner & Co, 1860, 16 pl.), Speculum humanae salvationis (Londres, C.J. Stewart, 1861, 64 pl., 155 ex.) – pièces indispensables à la résolution du litige entre Mayence et Harlem sur la question de priorité dans l’invention de l’imprimerie. Il voulut créer une publication périodique qui pourrait recueillir quelques-uns des résultats de ses investigations bibliographiques, faites en particulier au British Museum, ainsi que les communications que voudraient bien lui adresser les bibliophiles.




C’est ainsi que le 1er janvier 1861 fut publié à Londres, par Trübner & Co, Paternoster Row, le premier numéro d’une nouvelle revue intitulée Le Bibliomane.
Nicholas Trübner (1817-1884), libraire et bibliophile, fils d’un orfèvre de Heidelberg, avait été employé dans plusieurs librairies en Allemagne avant d’arriver à Londres en 1843, appelé par les Éditions Longman. Après s’être associé en 1851 au libraire Thomas Delf (1811-1866), il s’associa en 1856 au libraire David Nutt (1810-1863) : ils prirent le nom de Trübner & Co et se spécialisèrent dans les publications orientales, américaines et européennes.
Imprimée par Thomas Richards, Great Queen Street, sur un épais papier gris, dans le format grand in-8, la couverture de la revue, couleur saumon, était illustrée par une gravure copiée sur celle du « fou de livres » de Stultifera navis, traduction latine de l’ouvrage du poète satirique strasbourgeois Sébastian Brant (1458-1521), Das Narren Schyff  (Bâle, Johann Bergmann von Ope, 1494). Les initiales du bibliophile propriétaire de la revue étaient données au verso de la page de titre, où on pouvait lire : « Lorsque le texte ou les gravures ne seront pas de J. Ph. B., le nom des auteurs ou des artistes sera indiqué au bas des articles et des gravures. »
Des réclamations s’élevèrent rapidement au sujet du titre et du papier, et Le Bibliomane cessa de paraître avec le deuxième numéro du 1er juillet suivant.
Les deux livraisons formèrent un volume de 42 pages à numérotation continue. Au sommaire du N° I : Préface, signée Bibliophile ; W. Caxton et Shakespeare – Wynkyn de Worde et les livres de St. Albans, par Bibliolâtre ; Les marques du papier, par Papyrourgos ; Le restaurateur de livres, par Bibliopegus ; Les livres de fauconnerie, par Bibliopola. Au sommaire du N° II : De l’emploi des anciennes xylographies dans les livres imprimés aux xve et xvie siècles ; Dialogus creaturarum ; Le premier livre imprimé avec date – Psalmorum codex de 1457.



Dès le 15 août 1861, Le Bibliomane fut continué par Le Bibliophile illustré, « revue mensuelle de la Bibliographie antiquaire », paraissant le 15 de chaque mois, dans le même format in-8, dont le tirage n’excéda pas 500 exemplaires. Le bois gravé illustrant la couverture fut remplacé par une copie de celui représentant le théologien Jean Charlier (1363-1429), de Gerson,  sur la page de titre de La Mendicité spirituelle (Paris, Michel Le Noir, 1501 [n.s.]). Le Bibliophile illustré devait contenir : une revue des livres rares et curieux, avec fac-similés gravés sur bois ou sur métal en relief ; de courtes notices sur les imprimeurs célèbres avec leurs marques ; des gravures et la description de reliures anciennes et modernes ; des rectifications d’erreurs de collation, de date, etc., qui se sont glissées et propagées dans les ouvrages de bibliographie ; les communications reçues, en français, en anglais et en allemand, des bibliographes, collecteurs de livres, bibliothécaires et libraires antiquaires, sur tous les sujets qu’embrasse la bibliographie. Les fac-similés justifiaient le qualificatif d’ « illustré » donné à la publication par l’auteur.

Le Bibliophile illustré fut publié successivement par Trübner & Co (Nos I-III), John Russell Smith, Soho Square (Nos IV-VI), William Jeffs, Burlington Arcade (Nos VII-XII) et Eugène Rascol, Brydges Street (Nos XIII-XXV). Les imprimeurs furent successivement Thomas Richards (Nos I-VI) et John Edward Taylor, Little Queen Street (Nos VII-XXV).
La collection complète se compose effectivement de 25 numéros. Les numéros I à XII sont grand in-8 (15 août 1861-15 juillet 1862) ; ils forment un beau volume illustré, avec titre et tables, de xiv-[2]-192 pages. Les numéros XIII à XXIV sont in-8 (1er janvier-1er décembre 1863) et forment, avec le numéro XXV (1er janvier 1865), de même format, un volume de vii-[1 bl.]-146-16 pages, avec titre, table des matières et une planche hors-texte dépliante ; la modification de format avait été demandée par la plupart des abonnés. Les pages de titre révélèrent le nom de l’auteur : Jean-Philibert Berjeau.


Tandis que Berjeau donnait une introduction remarquée à An Inquiry concerning the Invention of Printing (Londres, Joseph Lilly, 1863), important ouvrage de feu l’historien et artiste William Young Ottley (1771-1836), Le Bibliophile illustré devint « une des plus importantes publications bibliographiques de l’Europe » à laquelle collaborèrent : Paul Lacroix (1806-1884), plus connu sous le nom de Bibliophile Jacob, conservateur à la Bibliothèque de l’Arsenal, Gustave Brunet (1805-1896), bibliographe, Johan Willem Holtrop (1806-1870), bibliothécaire à la Bibliothèque royale des Pays-Bas, John Bellingham Inglis (1780-1870), bibliophile et premier traducteur du latin en anglais du Philobiblion de Richard de Bury, Auguste Bernard (1811-1868), correcteur à l’Imprimerie nationale et historien, et Octave Delepierre (1802-1879), consul général de Belgique à Londres et beau-père de Nicholas Trübner.

Parmi les articles contenus dans les deux volumes, les lecteurs pouvaient remarquer : Le Philobiblion de Richard de Bury ; Ars natandi de Digby, ;  Essai d’un catalogue de livres rares ou curieux non décrits jusqu’à ce jour ; Le Chan-hai-king ; Les Satires d’Érasme, ouvrage non décrit jusqu’ici ; Les reliures de Grolier ; Le Livre des sauvages ; Feuilles d’épreuves autographes de « L’Iliade » de Pope ; Les Fables d’Ésope – Éditions latines du quinzième siècle ; « Philobiblon Society » de Londres ; Histoire de la Bibliothèque Mazarine ; Livres xylographiques ; De quelques éditions de l’Ars moriendi au xve siècle ; Catalogue choisi des livres rares qui se trouvent actuellement dans les collections publiques et particulières en Angleterre et sur le continent ; Le Grand compost et calendrier des bergers – Les gravures d’Antoine Vérard en Angleterre ; Types des imprimeurs du xve siècle ; Le premier livre imprimé en Amérique ; Le premier livre de conversation anglo-française, et le premier livre de civilité en français ; Supplément au Répertoire bibliographique de L. Hain.

 

LeBibliophile illustré, publié à Londres, s’adressait surtout à un public anglais : sa publication en français fut donc critiquée et, faute d’encouragements en France, il cessa de paraître. 



Après avoir publié son Catalogue illustré des livres xylographiques (Londres, C.J. Stewart, 1865, 105 ex.), Berjeau remplaça Le Bibliophile illustré  par une publication mensuelle intitulée The Book = Worm (« Le Rat de bibliothèque »), sous-titrée An illustrated literary and bibliographical review, imprimée et éditée par Eugène Rascol dès janvier 1866. La couverture était la même que celle du Bibliomane.




Dans le même temps, Berjeau commença la publication, en plusieurs parties, de Early Dutch, German, & English Printers’ Marks (Londres, E. Rascol, 1866-1869, 250 ex.).



The Book = Worm présenta dans chacun de ses numéros des reproductions très exactes des gravures sur bois de volumes des xve et xvie siècles, rendit compte des principales ventes publiques de livres qui eurent lieu à Londres ; il consacra plusieurs pages à des notices sur d’anciens typographes anglais, allemands et néerlandais dont il reproduisit fidèlement les marques, en laissant de côté les imprimeurs français, objet d’un travail publié par le libraire Louis-Catherine Silvestre (Marques typographiques. Paris, P. Jannet, 1853 ; Paris, Imprimerie Renou et Maulde, 1867), et italiens ; des questions relatives à la bibliographie, et leurs réponses, furent publiées ; des notices succinctes firent connaître des livres fort rares et parfois restés ignorés.


Autoportrait (n° III, mars 1866, p. 40-41)


La première année (Nos I à XII, 1866) forma un volume grand in-8 de 192 pages, avec 100 fac-similés et 2 planches dépliantes, la deuxième année (Nos XIII à XXIV, 1867) un volume grand in-8 de 188 pages, et la troisième année (Nos XXV à XXXVI, 1868) un volume grand in-8 de 198 pages. 



Deux nouvelles séries suivirent, éditées par Eugène Rascol et imprimées par Strangeways & Walden, Castle Street : la quatrième année (Nos I-XII, 1869) et la cinquième année (Nos I-XII, 1870) formèrent chacune un volume grand in-8 de 188 pages.





La couverture de chaque numéro était verte, au lieu d’être saumon, et conserva le bois gravé du « fou de livres ». Le N° XII de décembre 1870, qui fut le dernier, commence par une note de l’éditeur :

« With the last number of the fifth volume of the Bookworm we conclude, for the present, our bibliographical labours, with many thanks to the Subscribers who have kindly supported us in an ungrateful talk. [...] We bid then farewell to our readers, with apologies for our too many deficiencies ; although all our commissions and omissions were all done in good intentions ; “car cecy est un liure de bonne foy.” »







Berjeau ne rentra à Paris que plusieurs années après la chute du Second Empire. Son Calcoen, a Dutch narrative of the second voyage of Vasco da Gama to Calicut (Londres, Basil Montagu Pickering, 1874) fut alors réédité en français sous le titre Le Second voyage de Vasco da Gama à Calicut (Paris, Charavay frères, 1881, 272 ex.). Le 7 novembre 1891, une maladie, qui n’avait duré que deux jours, emporta le doyen des journalistes républicains français à l’âge de 82 ans, en son domicile du 44 rue Mazarine (VIe), entrée du passage du Pont-Neuf [démoli en 1912], dont une description ouvre le roman d’Émile Zola, Thérèse Raquin (1867) :





« Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu’on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine. Ce passage a trente pas de long et deux de large, au plus ; il est pavé de dalles jaunâtres, usées, descellées, suant toujours une humidité âcre ; le vitrage qui le couvre, coupé à angle droit, est noir de crasse. »

Aux funérailles de Berjeau, le député de la Drôme Noël Madier de Montjau (1814-1892) et le journaliste et poète Charles-Alfred Canivet (1839-1911) prononcèrent des discours particulièrement émouvants. Seule, la revue The Bookworm, an illustrated treasury of old time literature, qui avait commencé de paraître à Londres en 1888, publia alors une notice nécrologique (London, Elliot Stock, 1892, n° 50, janvier, p. 37) :       


« We cannot let the death of Mr. J. P. Berjeau pass without a few notes. He was the doyen of the French Republican journalists, and died in Paris in November, after only two days’ illness, at the advanced age of eighty-two years. Having opposed Louis Napoleon’s candidature with all the might of his pen, he was exiled on the Prince-President’s accession to power, returning to France only after the fall of the Empire. During his long residence in England he not only continued his contributions to the French political press, but also wrote for the London journals – the Morning Chronicle, the Observer, the Athenæum, and others. It is, however, chiefly as a learned bibliophile that he will be remembered on this side of the Channel ; and it is to him that we owe the beautiful and accurate reproduction of the block-books in the British Museum, and a number of books – in the English language – on the invention and early days of printing. He was almost the first in this country to popularize bibliography by publishing a periodical devoted solely to this subject. First came the Bibliophile (in French) and The Bookworm. Our nominal predecessor lives for several years, published much valuable and interesting “bookish” matter, and a complete set is now a rarity which commands a figure considerably beyond his original price – a very unusual occurrence with periodical publications. M. Berjeau’s funeral was attended by a deputation representing the Parisian journalists, and sympathetic speeches were delivered at the graveside by MM. Madier de Montjau and Canivet. »


On a oublié depuis longtemps le publiciste français qui avait marqué de son empreinte l’Europe bibliophilique du dernier tiers du xixe siècle.



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