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Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire (1772-1844), soldat lettré de l’armée d’Orient

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Étienne Geoffroy est né à Étampes [Essonne], 3 rue Henri Tessier, le 15 avril 1772, 7e enfant d’une fratrie de 14, dont seuls 7 survécurent. Il fut baptisé le surlendemain en l’église Saint-Basile.



Il était d’une famille originaire de Villy-le-Maréchal [Aube] : son grand-père, Jean Geoffroy (1690-1759), directeur des postes et messageries, était venu à Étampes en 1719, pour épouser Marie Héricart (1697-1784).

Étienne Geoffroy était un des fils de Jean-Gérard Geoffroy (1734-1804), alors « procureur ès sièges royaux de cette ville » - qui sera reçu avocat à Amiens le 16 juin 1772 -, et de Marie-Anne-Thérèse Brizard (1744-1803).

Chacun des fils de Jean-Gérard Geoffroy avait un surnom : Jean-Gérard Geoffroy (Étampes, 21 avril 1767-2 septembre 1843), « Dumortous », du nom de Marie-Sophie Dumortous (née à Étampes le 16 février 1773), qu’il avait épousée le 12 avril 1790, en l’église Saint-Pierre ; Étienne Geoffroy, « Saint-Hilaire », du nom du village où il fut élevé, à 6 km d’Étampes ; Jean-Marie Geoffroy (né à Étampes, le 12 juillet 1773), « Maison-Rouge », du nom de l’écart de Valpuiseaux, à 11 km d’Étampes ; Marc-Antoine Geoffroy (Étampes, 18 août 1774-Augsbourg, Allemagne, 23 février 1806), « Château », du nom de la rue du Château, à Étampes ; Louis-Marie Geoffroy (Étampes, 20 octobre 1778 -Paris, 19 septembre 1838), « Du Port », du nom de la promenade du Port, à Étampes.


Destiné à l’état ecclésiastique, Geoffroy-Saint-Hilaire entra, après le collège d’Étampes, au collège de Navarre, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève [Ve], où le physicien Mathurin-Jacques Brisson (1723-1806) lui fit entrevoir sa véritable vocation.


Ayant obtenu en 1788 un des canonicats du chapitre de Sainte-Croix d’Étampes, il quitta le collège de Navarre en 1790 et entra comme pensionnaire en chambre au collège du cardinal Lemoine, rue Saint-Victor [Ve] : il délaissa alors la théologie pour le droit, puis le droit pour la médecine. Il rencontra le minéralogiste René-Just Haüy (1743-1822). Des souvenirs communs – Haüy avait fait ses études à Navarre et apprécié Brisson – les rapprochèrent.


Le Jardin des plantes en 1794
Photographie BnF

Bientôt, Geoffroy-Saint-Hilaire fréquenta de moins en moins l’École de médecine, de plus en plus le Jardin des plantes – où il devint un auditeur assidu du chimiste Antoine-François Fourcroy (1755-1809) - et le Collège de France – où il suivit avec ardeur les cours du naturaliste Louis Daubenton (1716-1799).


En 1792, des événements graves éclatèrent : Haüy et la plupart des maîtres des collèges de Navarre et du cardinal Lemoine furent arrêtés le 13 août et conduits au séminaire Saint-Firmin [2 rue des Écoles, Ve, détruit en 1920], dont on avait fait une prison. Avec l’aide d’hommes influents, Geoffroy-Saint-Hilaire obtint la libération d’Haüy, puis, le 3 septembre, réussit à faire évader une douzaine d’ecclésiastiques.


Reconnaissant, Haüy sollicita Daubenton, qui, le 13 mars 1793, fit nommer Geoffroy-Saint-Hilaire sous-garde et sous-démonstrateur du Cabinet d’histoire naturelle, son adjoint au Jardin des plantes, 35 rue de Seine Saint-Victor [Ve, rue Cuvier à partir du 4 novembre 1838], ou, dès lors, il demeura.


Galerie d'Histoire naturelle

La Convention réorganisa le Jardin des plantes sous le nom de Muséum d’histoire naturelle et, le 10 juin 1793, investit Geoffroy-Saint-Hilaire, alors minéralogiste, de l’une des 12 chaires, celle de zoologie. Le 4 novembre 1793, il créa la ménagerie du Muséum, puis enrichit les collections par voies d’échanges avec l’étranger. Nul, avant 1793, n’avait professé la zoologie au Jardin des plantes : le 6 mai 1794, Geoffroy-Saint-Hilaire ouvrit son cours dans les galeries d’histoire naturelle.


Bonaparte et les savants sur le pont de l'"Orient", en route vers l'Egypte

Membre de la commission scientifique qui accompagna Bonaparte en Égypte, il quitta Paris le 4 floréal an VI [23 avril 1798], puis partit de Toulon [Var], le 19 mai, à bord de la frégate l’Alceste, avec son frère Marc-Antoine Geoffroy : il arriva à Malte le 12 juin, puis débarqua à Alexandrie le 1er juillet. Il s’installa à Rosette, avec la plupart de ses collègues. Membre fondateur de l’Institut d’Égypte, au Caire, il fit trois voyages, successivement dans le delta du Nil, dans la Haute-Égypte jusque par-delà les cataractes du Nil, et à la Mer Rouge, au cours desquels il recueillit de nombreuses observations zoologiques. En septembre 1801, il rentra en France et fut à Paris dans les derniers jours de janvier 1802 ; ses collections le suivirent de près. Les trois années passées en Égypte eurent une profonde influence sur l’évolution de la pensée scientifique de Geoffroy-Saint-Hilaire. En 1803, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur.


Portrait de Geoffroy-Saint-Hilaire

Le 26 frimaire an XIII [17 décembre 1804], il épousa Angélique-Jeanne-Louise-Pauline Brière de Mondétour (Paris, 19 novembre 1785-12 avril 1876), fille de Isidore-Simon Brière de Mondétour (1753-1810), ancien receveur général des économats et maire du IIe arrondissement de Paris, et de Marie-Anne-Louise Poussepin (1764-1788), qui lui donnera : Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire (25 frimaire an XIV [16 décembre 1805]-10 novembre 1861) et deux jumelles, Marie-Stéphanie Geoffroy-Saint-Hilaire (5 décembre 1809-13 juin 1860) et Louise-Anaïs Geoffroy-Saint-Hilaire (5 décembre 1809-août 1830).


Geoffroy-Saint-Hilaire en costume d'académicien en 1828
Par F.-J. Heim

Geoffroy-Saint-Hilaire fut élu membre de l’Institut, classe des sciences, le 14 septembre 1807. Le 20 mars 1808, il partit pour une mission d’inspection des bibliothèques et musées scientifiques en Espagne et au Portugal, en guerre napoléonienne, et en rapporta des collections d’animaux du Brésil. 

© Jimmy NICOLLE, CC-BY-SA, Wikimedia Commons
En récompense de sa conduite pacifique au Portugal, il devint chevalier de l’Empire le 26 octobre 1808 [Armes : tiercé en bande d’or à la pyramide de sable, de gueules au signe des chevaliers légionnaires et d’argent au crocodile d’azur] et, le 20 juillet 1809, le premier professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Paris.


Château de Voisins

Gravement malade en 1812, il se retira quelques mois à Chailly-en-Brie [Seine-et-Marne], où il possédait les châteaux de Voisins et de La Bretonnière, sans interrompre ses recherches.


Le 12 mai 1815, il fut élu représentant à la Chambre des Cent-Jours, pour l’arrondissement d’Étampes, mais n’y joua aucun rôle marquant jusqu’au 13 juillet 1815.

Il fut maire de Chailly-en-Brie de 1816 à 1820.

Lors de la création de l’Académie royale de médecine, en 1820, Geoffroy-Saint-Hilaire fut nommé académicien libre.



Du 20 mai au 30 juin 1827, Geoffroy-Saint-Hilaire ramena à Paris, à pied, la première girafe [appelée « Zarafa » après sa mort] jamais vue en France, don du pacha d’Égypte Méhémet-Ali au roi des Français Charles X, débarquée à Marseille le 23 octobre 1826. Elle mourut le 12 janvier 1845 : naturalisée, elle est aujourd’hui au Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle [Charente-Maritime].  


En 1830, les idées transformistes de Geoffroy-Saint-Hilaire, proches de celles du naturaliste Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829), le conduisirent à affronter publiquement l’anatomiste Georges Cuvier (1769-1832), résolument fixiste.


Fondateur de l’anatomie comparée, de l’embryologie expérimentale, de la tératologie et de la paléontologie évolutive, les nombreux travaux de Geoffroy-Saint-Hilaire se rattachent tous à une même idée : l’unité de composition organique, conception qui le conduisit à découvrir un véritable système dentaire chez les oiseaux, à signaler les analogies entre les squelettes de tous les vertébrés, à considérer la tête comme formée d’un ensemble de vertèbres.


Photographie Librairie Rita De Maere, Namur (Belgique)

L’ouvrage capital dans son œuvre est la Philosophie anatomique : Des organes respiratoires sous le rapport de la détermination et de l’identité de leurs pièces osseuses (Paris, J.-B. Baillière, 1818, t. I, in-8, xxxix-[1 bl.]-517-[1] p.), avec un Atlas de 10 pl. in-4, est dédié « A la mémoire de mon père Jean Gérard Geoffroy, habile jurisconsulte, intègre et courageux magistrat, et du colonel du Génie Marc Antoine Geoffroy mon frère, mort à Austerlitz. » ; Des monstruosités humaines (Paris, Chez l’Auteur, 1822, t. II, in-8, xxxiv-550-[1]-[1 bl.] p.), avec un Atlasde 7 pl. in-4, est dédié « A mes maitres Louis Jean Marie Daubenton et René Just Haüy, hommage de piété filiale. » ; Fragmens sur la stucture [sic] et les usages des glandes mammaires des cétacés (Paris, Chez l’Editeur, 1834, [t. III], in-8, viij-87-[1] p., 2 pl. in-4) est dédié « A Mon Ami M. le docteur Serres, Chef d’Ecole pour les études anatomiques en France. »     


Filigrane de la Description de l'Egypte

« DESCRIPTION DEL’ÉGYPTE, par la COMMISSION DES SCIENCES.


Dix vol. in-folio, avec atlas composé de 10 vol. Jésus et de 3 vol. format grand-Monde. Paris, 1808 à 1829. – 2meédit., 24 vol. in-8°, avec le même atlas, Paris, 1821 à 1830.

La part de collaboration de Geoffroy Saint-Hilaire dans le grand ouvrage sur l’Égypte se compose des parties suivantes :

Dans l’atlas, t. Ierde la partie relative à l’histoire naturelle : 1° 7 planches de Mammifères (17 espèces) ; 2° 8 de Reptiles (25 espèces) ; 3° 17 de Poissons du Nil (29 espèces) ; 4° 10 de Poissons de la Méditerranée et de la mer Rouge (28 espèces). Ces magnifiques planches, dessinées par Redouté jeune, les unes en Égypte, les autres à Paris de 1802 à 1807, ont été publiées, partie en 1808 (Poissons du Nil), partie en 1813 (Mammifères et Reptiles), partie en 1817 (Poissons de la mer Rouge et de la Méditerranée).

Dans le tome Ierdu texte de l’Histoire naturelle (t. 24 de l’édit. in-8°) : 1° Histoire naturelle des Poissons du Nil, 1809 ; comprenant le Polyptère, les Tétrodons et plusieurs Salmonidés (voy. Chap. X, p. 314) ; 2° Description des Reptiles qui se trouvent en Égypte, 1809 ; comprenant les Trionyx ; 3° Description des Crocodiles d’Égypte, 1829. – Le texte des autres planches de Poissons et de Reptiles a été publié, en 1827, par l’auteur de cet ouvrage, d’après les notes de Geoffroy Saint-Hilaire.

Dans le tome II (t. 23 de l’éd. in-8°) : Description des Mammifères qui se trouvent en Égypte, 1813 ; comprenant les Chauves-souris (travail considérable), l’Ichneumon et l’Hyène. – Le texte des autres planches a été rédigé par M. Audouin.

Les quatre parties du grand ouvrage sur l’Égypte qu’a rédigées Geoffroy Saint-Hilaire, ont été tirées à part en un volume in-folio. On a, en outre, imprimé séparément, en un vol. in-8°, le travail sur les Crocodiles d’Égypte. Voy. Chap. X, p. 308. » [sic]

(Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Vie, travaux et doctrine scientifique d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. Paris, P. Bertrand, Strasbourg, Veuve Levrault, 1847, p. 425)

  

Président de l’Académie des sciences en 1833, officier de la Légion d’honneur en 1838, Geoffroy-Saint-Hilaire, déjà atteint vers la fin de son séjour en Égypte d’une ophtalmie endémique, devint complètement aveugle au cours du mois de juillet 1840. Le docteur Jules Sichel (1802-1868) fixa le moment où il devait subir l’opération de la cataracte, mais une congestion cérébrale survint quelques jours auparavant et il fallut ajourner indéfiniment. Geoffroy-Saint-Hilaire démissionna de la chaire de zoologie du Muséum le 6 avril 1841, mais resta jusqu’à sa mort professeur à l’Université, quoique suppléé par son fils depuis 1837.



En 1843, Balzac lui dédia la nouvelle édition du Père Goriot[in Scènes de la vie parisienne. Paris, Furne, J. J. Dubochet et Cie, J. Hetzel, 1843, t. I].


Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire mourut le 19 juin 1844, en son domicile, 35 rue Cuvier. Les obsèques eurent lieu le samedi 22, à l’église Saint-Médard, rue Mouffetard [Ve]. La cérémonie religieuse terminée, le convoi se dirigea vers le cimetière du Père-Lachaise [XXe]. À peine en avait-il franchi les portes, que des employés au Jardin des plantes dételèrent les chevaux et portèrent à bras les restes du naturaliste jusqu’au lieu de la sépulture [19e division]. Plusieurs discours furent prononcés, par le zoologiste André-Marie-Constant Duméril (1774-1860), au nom de l’Académie des sciences, le chimiste Michel-Eugène Chevreul (1786-1889) au nom du Muséum, le chimiste Jean-Baptiste Dumas (1800-1884) au nom de la Faculté des sciences, le docteur Étienne Pariset (1770-1847) au nom de l’Académie de médecine, le docteur Antoine Serres (1786-1868) au nom de l’amitié, le philosophe Joseph Lakanal (1762-1845) un des derniers survivants de la Convention et l’écrivain Edgar Quinet (1803-1875) représentant de la jeunesse respectueuse et reconnaissante.




« Rien de plus simple, en effet, que toute la partie inférieure du monument. La pierre tumulaire, surmontée à son extrémité par un [sic] stèle quadrangulaire qui élève l’inscription à la hauteur du regard, est entourée à quelque distance par un mur d’appui que la magnificence de la perspective qui se déroule au pied de la colline du Père-Lachaise semble assimiler à un mur de terrasse ou de balcon. Dans tout cet ensemble grave et modeste, la sculpture s’est abstenue, sauf sur les deux montants antérieurs, où deux trépieds symbolisent, par le sonvenir [sic] de l’encens, le sacrifice et la prière. Toute la richesse s’est concentrée dans la partie supérieure. Cette partie supérieure, composée d’un [sic] stèle superposé au premier, porte le nom glorieux de Geoffroy Saint-Hilaire, et c’est à ce nom que l’ensemble de l’ornementation se rapporte. Au-dessus du nom, un médaillon en bronze de grande proportion [signé et daté 1831], dû à la main puissante de David, est couronné par une élégante corniche qui lui sert d’abri, et dont les angles découpés suivant le mode antique signalent de loin le caractère funéraire du monument. Au-dessous du médaillon, deux branches de laurier, seule récompense que Geoffroy Saint-Hilaire ait retirée d’une vie pleine de labeur et de génie. Enfin, sur le soubassement, deux ibis soutenant une guirlande. Ces oiseaux sont une heureuse idée, car ils sont figurés ici, non pas seulement comme animaux sacrés, mais en commémoration des travaux qui ont immortalisé le nom de Geoffroy Saint-Hilaire. C’est à notre expédition d’Égypte, dont il fut un des membres les plus actifs, que remonte, en effet, la carrière de découvertes de ce savant, et c’est lui qui, en nous apportant des bords du Nil des ibis vivants et des momies d’ibis, a remis en lumière cet oiseau célèbre, sur lequel nous n’avions eu jusqu’alors que des données douteuses. »

(Le Magasin pittoresque. Paris, 1849, p. 31)



La bibliothèque de Geoffroy-Saint-Hilaire fut vendue au Jardin des plantes, 33 rue Cuvier, du jeudi 20 au vendredi 28 novembre 1845, en 8 vacations : Catalogue des livres de sciences, particulièrement de zoologie, d’anatomie comparée et d’anatomie philosophique, composant la bibliothèque de feu M. Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, membre de l’Institut, professeur et administrateur du Jardin du Roi, professeur d’anatomie et de physiologie à la Faculté des sciences, etc. (Paris, J. F. Delion, successeur de R. Merlin, 1845, in-8, [2]-130 p., 1.182 + 3 doubles [bis] = 1.185 lots), dont Sciences en général [72 lots = 6,07 %], Sciences mathématiques [13 lots = 1,09 %], Physique, Chimie et Technologie [70 lots = 5,90 %], Histoire naturelle en général [61 lots = 5,14 %], Minéralogie et Géologie [49 lots = 4,13 %], Botanique et Physiologie végétale [78 lots = 6,58 %], Zoologie [516 lots = 43,54 %], Agriculture [15 lots = 1,26 %], Sciences médicales [75 lots = 6,32 %], Sciences morales et politiques [44 lots = 3,71 %], Voyages, Géographie [69 lots = 5,82 %], Archéologie, Histoire [57 lots = 4,81 %], Littérature [48 lots = 4,05 %], Beaux-Arts [8 lots = 0,67 %], Mélanges [10 lots = 0,84 %].



227. Haüy.Traité des caractères physiques des pierres précieuses, pour servir à leur détermination lorsqu’elles ont été taillées. Paris, 1817, 1 vol. in-8, demi-rel., 3 pl.   



344. Antelme (Adr.). Galerie zoologique, ou exposé analytique et synthétique de l’histoire nat. des animaux, sous la direction de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Paris, 1837, 2 vol. in-12, br., avec pl.


Photographie Librairie Clagahé, Lyon

347. Cuvier (G.). Le Règne animal, distribué d’après son organisation, pour servir de base à l’histoire nat. des animaux, et d’introduction à l’anatomie comparée. Paris, 1817, 4 vol. in-8, demi-rel., avec fig.



367. Lacépède et Cuvier. La Ménagerie du Muséum d’histoire nat. Paris, an X (1802), 38 pl. in-fol., avec le texte en regard, plus 7 pl. sans texte et 2 feuilles (Introduction double).


Plan du Jardin des plantes

371. Pujoulx (J.-B.). Promenades au Jardin des plantes, à la ménagerie et dans les galeries du Muséum d’histoire naturelle. Paris, an XII (1803), 2 vol. in-8, br., 2 pl. – A companion to the royal surrey zoological gardens, containing a list of the animals, and descriptive notices, 3eéd., London, 1835, in-8, 32 p., 1 cart.


Paris, A. Belin (I-III) et A. Blaise (IV), 1818-1842, 4 t. en 3 in-fol., 430 lithos., demi-mar. bleu (H. Haye, Amsterdam). Christie's, Paris, 11 mai 2011 : 49.000 €

413. Geoffroy-Saint-Hilaire (Et.) et Cuvier (Fr.). Histoire naturelle des mammifères. Sans titre et sans date (Texte et pl. coloriées). Gr. in-fol., tomes 1, 2 et 3, demi-rel., dos en parch. ; pluspl. et feuilles de texte.



428. Audebert (J.-B.). Histoire naturelle des singes et des makis. Paris, an VIII (1800), 1 vol. in-fol., rel., v., fil., doré sur tr., pl. col.


434. Cadet de Vaux. De la taupe, de ses mœurs, de ses habitudes et des moyens de la détruire, avec grav. et indications autographes de M. Geoffroy-Saint-Hilaire. Paris, an XII (1803), 1 vol. gr. in-12, demi-rel.



462. Lecomte (Jules). Pratique de la pêche de la baleine dans les mers du Sud. Paris, 1833, 1 vol. in-8, br.



492. Brisson. Ornithologia. Parisiis, 1760, 6 vol. in-4, rel., avec pl. (lat. et fr.).



503. Edwards (Georg.). Histoire naturelle d’oiseaux peu communs, et d’autres animaux rares qui n’ont pas été décrits, consistant en quadrupèdes, reptiles, poissons, insectes, etc., représentés sur 110 pl. col. Londres, 1747-1751, 4 vol. in-4, rel. mar., dor., fil.


Christie's, Paris, 11 mai 2011 : 97.000 €

505. Levaillant (F.). Histoire naturelle des oiseaux de paradis et des rolliers, suivie de celle des toucans et des barbus. Paris, 1806, 2 vol. gr. in-fol., rel. en v., dor. sur tr. (pl. col.).



506. Levaillant (F.). Histoire naturelle des oiseaux d’Afrique. Paris, an VII (1799) à 1808, 6 tomes en 3 vol., et pl. col., 2 vol., ensemble 5 vol. in-4, rel. en v., fil. dor. (complet).


Christie's, Londres, 28 novembre 2001 : 35.250 €

509. Temminck. Histoire naturelle générale des pigeons, fig. peintes par Mlle Pauline de Courcelles. Paris, 1808, 1 vol. in-fol., demi-rel.



510. Temminck (C.-J.) et Meiffren-Laugier. Nouveau recueil de planches coloriées d’oiseaux, pour servir de suite et de complément aux planches enlum. de Buffon, édit. in-fol. et in-4, de l’Imprimerie royale, 1770. Paris, 102 liv. in-fol. (en feuilles).


Christie's, Paris, 29 avril 2013 : 5.625 € 

511. Vieillot (L.-P.) et Oudart (M.-P.). La Galerie des oiseaux. Paris, 1825 (texte), 2 tomes en 1 vol. in-4, et Atlas in-4, demi-rel., col.



512. Werner (J.-C.). Atlas des oiseaux d’Europe, pour servir de complément au manuel d’ornithologie de M. Temminck. Paris, 1826-1843, 45 liv. in-8, contenant 410 pl. col. (en feuilles).



523. Savigny (Jul.-Cés.). Histoire nat. et mythologique de l’Ibis. Paris, 1805, 1 vol. in-8, demi-rel.



561. Lacépède. Histoire naturelle des poissons. Paris, an VI, 1798 ; à l’an XI, 1803, 5 vol. in-4, demi-rel., avec pl.



586. Lucas (H.). Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons d’Europe. Paris, 1834, 20 liv. in-8, gr. raisin (texte) et 80 pl. col. (complet).



591. Desmarest (Ans.-Gaet.). Considérations générales sur la classe des crustacés et description des espèces de ces animaux, qui vivent dans la mer, sur les côtes, ou dans les eaux douces de la France. Paris, 1825, 1 vol. gr. in-8, cart., avec 56 pl. col.



605. Cubières (S.-L.-P.). Histoire abrégée des coquillages de la mer, de leurs mœurs et de leurs amours. Versailles, an VIII, 1 vol. in-4, cart., avec fig.


Photographie Librairie Bernard Quaritch, Londres

663. Stephanus (Car.). De dissectione partium corporis humani libri tres editi. Parisiis, 1545, 1 vol. in-fol., pl., demi-rel.

677. Geoffroy Saint-Hilaire (Et.). Philosophie anatomique, organes respiratoires. Paris, 1818, 1 vol. in-8, avec Atlas de 10 pl. in-4 5plusieurs pages maculées).



837. Palfyn (Jean). Description anatomique des parties de la femme qui servent à la génération, avec un traité des monstres, de leurs causes, de leur nature et de leurs différences, et une description anatomique de la disposition surprenante de quelques parties externes et internes de deux enfants nés dans la ville de Gand, etc. Leide, 1708, 1 vol. in-4, rel.



986. Fleureau (Basile, le R. P.). Les Antiquités de la ville et du duché d’Estampes, avec l’histoire de l’abbaye de Morigny, et plusieurs remarques considérables qui regardent l’histoire générale de France. Paris, 1683, 1 vol. in-4, rel.



1.018. Denon (Vivant). Voyage dans la Basse et Haute-Egypte, pendant les campagnes du général Bonaparte. Paris, an X (1802), 3 vol. in-12, demi-rel.



1.064. Grobert. Description des pyramides de Ghize, de la ville du Kaire et de ses environs. Paris, an IX (1801), 1 vol. in-4, demi-rel., 4 pl.


La ville d’Étampes s’empressa de donner à une de ses places le nom de l’homme qui avait été son représentant à la Chambre des Cent-Jours.


L'Illustration, 17 octobre 1857, p. 260



Un des élèves de David d’Angers, né à Étampes, Élias Robert (1819-1874), offrit de faire une statue en marbre. 

L'Illustration, 17 octobre 1857, p. 260

La statue, exposée pendant le mois d’août 1857 devant une des portes du Louvre, en face de l’Institut, fut inaugurée à Étampes le dimanche 11 octobre suivant, devant le Théâtre, construit en 1852, place Geoffroy-Saint-Hilaire : le naturaliste est représenté dans l’attitude de la méditation, revêtu de son grand costume de professeur et au moment où une découverte inattendue se révèle à son esprit ; divers attributs concourent à rappeler et à caractériser la série de ses études.  

La ville d’Étampes fit aussi consacrer, par une inscription sur marbre noir, le souvenir de la naissance de Geoffroy-Saint-Hilaire, au-dessus de la porte de la maison paternelle.

Une rue voisine du Jardin des plantes, la rue du Jardin du Roi, reçut en 1868 le nom de Geoffroy-Saint-Hilaire [Ve].

    

























Jean-Paul Fontaine " Cazin, l’éponyme galvaudé " (Paris, L’Hexaèdre, 2012). ERRATA & CORRIGENDA

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ERRATA & CORRIGENDA





-          p. 51, 1ère et 2e lignes : « (1837-1903) », au lieu de « (1838-v. 1904) »

-          p. 52, 5e ligne : « volume », au lieu de « volime »

-          p. 53, 4e§, 1ère ligne : « 1900 », au lieu de « 1899 »

-          p. 139, 2e§, 4e ligne : « 1814 », au lieu de « 1816 »

-          p. 143, 2e§, 3e ligne : « 31 figures », au lieu de « 29 figures »

-          p.143, 2e§, 5e ligne : « 9 au tome IV », au lieu de « 7 au tome IV »

-          p. 149, 5e§ : « avaient », au lieu de « avait »

-       p. 151, dernier §, 3e ligne : « . Au tome II : frontispice gravé par Chatelain d’après L. Pignon avec la légende « J’ai fait un peu de bien j’y songeC’est assez ; » et la mention « Edition de Cazin » ; virgule à la place du point qui suit « Londres » au titre », au lieu de « ; frontispice gravé par Chatelain d’après L. Pignon avec la légende « J’ai fait un peu de bien j’y songeC’est assez ; » et la mention « Edition de Cazin ». Au tome II : même frontispice qu’au tome I, virgule à la place du point qui suit « Londres » au titre »

-          p. 271, note 6, dernière ligne : « Brissart-Binet », au lieu de « Brissart-Binert »

 





Charles Demandre (1805-1875), dit « Charles de Mandre », poète et autographophile

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Charles Demandre, qui appartenait à une famille de maîtres de forges du nord de la Haute-Saône, a prétendu appartenir à une branche de la maison de Mandre [ou Mandres]. Cette maison lorraine, qui tire son nom de Mandres-sur-Vair [Vosges], se compose de deux branches principales : la branche de Haute-Marne, qui porte « D’or à la fasce d’azur », et la branche de Haute-Saône, qui porte « D’azur à une bande d’or, accompagnée de sept billettes du même, posées quatre en chef et trois en pointe » ; couronne de comte, avec deux sauvages pour supports ; devise « Aliquid in minimo » [Il y a quelque chose même dans le plus petit].


Cette branche de Haute-Saône serait éteinte depuis le XVIIIe siècle et certains auteurs auraient voulu la continuer en établissant l’identité de Claude de Mandre, 3e du nom, seigneur de Vereux [Haute-Saône], avec un Claude Demandre (1628-1690), de Baulay [Haute-Saône]. Or, si on les identifie, il faut admettre que ce Claude Demandre est né deux ans après la mort de son père ; qu’il a été parrain et qualifié « Dominus Claudius » à l’âge de trois ans ; qu’il a renoncé à la noblesse et à l’héritage considérable de sa famille. En réalité, la famille qui remonte à Claude Demandre est différente et porte pour armes « D’or à la fasce d’azur » : cela la rattacherait aux de Mandre de Haute-Marne, mais il faudrait encore l’établir.



Dans une Franche-Comté ruinée par la « Guerre de dix ans » (1634-1644), Claude Demandre et Catherine Vaucard (1628-1697) s’étaient réfugiés à Amance [Haute-Saône], où furent baptisés leurs enfants : Nicolas, le 21 janvier 1659 ; Barbara, le 17 décembre 1660 ; Marguerite, le 29 décembre 1662 ; Claude-François, le 15 décembre 1664 ; Nicolas, le 2 mai 1666 ; Catherine, le 13 octobre 1668. La paix revenue, après le traité de Nimègue (1678), ils louèrent la ferme de Beauregard, à Baulay, en 1682.

Jean-Baptiste Demandre (1696-1755), petit-fils de Claude Demandre, s’établit dans le voisinage de son aïeul : après avoir épousé Claude-Françoise Massey (1695-1770), il prit à ferme toute la baronnie de Saint-Loup-sur-Semouse [Haute-Saône] en 1720. Dans cette terre se trouvaient plusieurs forges, dont la prospérité fit la fortune de ses descendants.



Charles Demandre naquit le 8 messidor an XIII [27 juin 1805] aux forges de La Chaudeau [Aillevillers-et-Lyaumont, Haute-Saône], fils de Claude-François Demandre « le Jeune » (1777-1847), maître de forges, et de Marguerite-Rose Aubert (1770-1845), mariés à Bourmont [Haute-Marne], le 20 pluviôse an IX [9 février 1801].


Portrait de Charles Demandre

Le 10 août 1833, à Vellexon-Queutrey-et-Vaudey [Haute-Saône], il épousa Louise-Pauline Petit, dite « Louise-Apolline », née le 6 floréal an XI [26 avril 1803] à Queutrey [Vellexon-Queutrey-et-Vaudey, Haute-Saône], fille de Pierre Petit, cultivateur, et de Marie-Thérèse Sériot.



De 1836 à 1839 fut construit le château Demandre, à La Chaudeau, sur l’emplacement de la première demeure.


Le Mercure de France, 1832

Cultivé, Charles Demandre eut, dans sa jeunesse, quelques velléités littéraires et poétiques et, pendant toute sa vie, accueillit à La Chaudeau les écrivains et les artistes de son temps. Parmi ses amis figurèrent le romancier Jules Sandeau (1811-1883), le peintre Faustin Besson (1821-1882), l’écrivain Ivan Tourguenev (1818-1883), l’écrivain Alphonse Toussenel (1803-1885), le bibliothécaire Lorédan Larchey (1831-1902) et l’homme de lettres Xavier Marmier (1808-1892).

Napoléon III, pendant son séjour aux eaux de Plombières-les-Bains [Vosges], visita aussi La Chaudeau ; ce fut là qu’il eut, en 1858, avec le comte de Cavour, des entretiens secrets d’où devait sortir l’unité italienne.  


Houillères de Champagney et Ronchamp
par J. Rothmüller, 1826

Conseiller général de la Haute-Saône de 1839 à 1871, Charles Demandre, associé avec Joseph Bezanson, filateur à Breuches [Haute-Saône], acheta en 1843 les Houillères de Ronchamp [Haute-Saône].

Chevalier de la Légion d’honneur en 1856, il devint chevalier de l’Ordre de Malte en 1863 et maire d’Aillevillers-et-Lyaumont du 3 septembre 1865 au 13 septembre 1871.


Par décret du 4 mai 1867, il fut autorisé à séparer la particule « de » de son patronyme.


Château de Beaujeu



Charles de Mandre mourut en son château de Beaujeu-Saint-Vallier-et-Pierrejux [ Beaujeu-Saint-Vallier-Pierrejux-et-Quitteur, Haute-Saône], le 28 juin 1875 ; il fut inhumé au cimetière de Saint-Loup-sur-Semouse. Son épouse décéda à La Chaudeau, le 31 mai 1886.

Sa bibliothèque fut vendue à Paris, Maison Silvestre, 28 rue des Bons-Enfants, salle n° 1, au premier, du 31 janvier au 9 février 1887. Le catalogue fut rédigé par Lorédan Larchey : Catalogue des livres et autographes composant la bibliothèque de feu M. Ch. de Mandre (Paris, A. Claudin, 1887, in-12, [4]-314-[2] p., 1.714 lots).

La plupart des livres ne comportaient d’autre intérêt que les autographes que de Mandre y avait ajoutés. La condition des exemplaires était plus que médiocre.


Albert Mansfeld. Napoléon III. Paris, Henri Plon, 1863

De mauvaises demi-reliures sur lesquelles le possesseur avait fait mettre des armoiries sur le plat recto [super ex-libris] : écusson armorié, sommé d’une couronne de comte et orné de lambrequins ; armes « D’azur, à la bande d’or, accompagnée de sept billettes d’argent, posées 2 et 2 à senestre, 1 et 2 à dextre » [36 x 36 mm]. 


Charles de Mandre utilisait trois ex-libris, réalisés après 1867 :



-          Cartouche ovale, sommé d’une couronne de comte que tient, à senestre, un génie ailé ; à la pointe de l’écu, une coquille sépare en deux parties la légende « Aliquid in minimo ». De menus ornements, plus abondants à dextre en matière de support, entourent l’écu et la légende, au-dessous de celle-ci : « Exlibris C. de Mandre ». Armes : « D’azur, à la bande d’or, accompagnée de sept billettes de même, posées 2 et 2 à senestre et 1 et 2 à dextre ». Cadre formé d’ornements semblables à ceux de la composition [48 x 52 mm – Dernière eau-forte de Lorédan Larchey].


-          Écu droit, à la française, sans ornements, sommé d’une couronne de comte ; au-dessous, sur une banderole qui se développe de chaque côté de l’écusson, la légende : « ALIQUID IN MINIMO ». Armes : « D’azur, à la bande d’or, accompagnée de sept billettes de même, posées 2, 1, 1 à senestre et 1, 2 à dextre ». Sous la banderole, en caractères gothiques : « CHARLES DE MANDRE ». La composition est encadrée de deux filets doubles ; au-dessus du filet intérieur, à gauche, on lit : « DURANT ET MONNEHAY, GRAV. QUAI DE L’HORLOGE, 31, PARIS » [119 x 96 mm – Litho].


-          Deux écus : « D’azur, à la bande d’or, accompagnée de sept billettes de même, posées 2, 1, 1 à senestre et 1, 2 à dextre » (Mandre) et « D’or à la croix ancrée de gueules » (Petit) [46 x 44 mm].



247. Timon (vicomte de Cormenin). Livre des orateurs. Paris, Pagnerre, 1842, gr. in-8, 27 portraits gr. sur acier, demi-rel., non rogné. Avec 21 lettres la plupart autographes. 100 fr.

347. Barbier (Auguste). Iambes. Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-8, demi-rel., non rogné, avec une pièce de vers autographe de Barbier. Première édition. 139 fr.

393. Gautier (Théophile). Poésies complètes. Paris, Charpentier, 1845, in-12, demi-rel., avec une lettre autographe de Th. Gautier à son éditeur. 44 fr.

415. Lamartine. Œuvres complètes. Paris, Charles Gosselin et Furne, 1836-1837, 10 vol. gr. in-8, portr., demi-rel., non rog., avec une lettre autographe de Lamartine. 34 fr.

443. Musset (Alfred de). Premières poésies. Paris, Charpentier, 1854. – Poésies nouvelles. Paris, Charpentier, 1854. Deux tomes en 1 vol. in-12, chag. vert, dos orné, fil., comp., tr. dor., avec un fragment autographe des Poésies nouvelles. 40 fr.

497. Sainte-Beuve. Poésies complètes. Paris, Charpentier, 1845, in-12, demi-rel., autographe de l’auteur ajouté. 23 fr.



569. Beaumarchais. La Folle Journée ou le Mariage de Figaro. Paris, Ruault, 1785, gr. in-8, fig., demi-rel., autographe de l’auteur ajouté. 63 fr.

592. Vigny (Alfred de). La Maréchale d’Ancre, drame. Paris, Charles Gosselin et Barba, 1831, in-8, fig., demi-rel., avec envoi autographe de l’auteur et deux lettres autographes de l’auteur. Première édition. 29 fr.


Photographie Librairie des Carrés, Gennes, Maine-et-Loire

654. Le Sage. Histoire de Gil Blas de Santillane. Paris, Paulin, 1835, gr. in-8, front., portr., ill. de Gigoux, mar. noir, comp., tr. dor., lettre autographe de Gigoux. Ex. rare en pap. vélin fort. Premier tirage. 70 fr.



665. Rousseau (J. J.). Les Confessions. Paris, Barbier, 1846, gr. in-8, front. et grav. sur bois, demi-rel., lettre autographe de Rousseau et lettre autographe de madame de Warens. 185 fr.

688. Balzac (Honoré de). Scènes de la vie privée. Paris, Mame et Delaunay-Vallée, Levavasseur, 1830, 2 vol. in-8, demi-rel., envoi autographe à Émile de Girardin, lettre autographe de l’auteur. Première édition. 48 fr.

691. Balzac (Honoré de). Le Curé de village. Pet. in-4, obl., portr. photo. ajouté, demi-rel. Fragment du manuscrit original autographe. 200 fr.



751. Gautier (Théophile). Les Jeunes France, romans goguenards. Paris, Eugène Renduel, 1833, in-8, front., demi-rel., lettre autographe de l’auteur. Première édition. 270 fr.

764. Nerval (Gérard de). Le Rêve et la Vie. Paris, Victor Lecou, 1855, in-12, demi-rel., lettre autographe de l’auteur. Première édition. 35 fr.

779. Hugo (Victor). Œuvres. Paris, Eugène Renduel, 1838-1840, 6 vol. in-8, demi-rel., 3 lettres autographes de l’auteur. 100 fr.



780. Hugo (Victor). Notre-Dame de Paris. Perrotin et Garnier frères, 1844, gr. in-8, fig., demi-rel., lettre autographe de l’auteur. 49 fr.

904. Sandeau (Jules). La Roche aux mouettes. Paris, s. d. (Hetzel), gr. in-8, fig., demi-rel., non rog., lettre autographe de l’auteur. 50 fr.

915. Stendhal (H. Beyle). La Chartreuse de Parme et Le Rouge et le Noir. Paris, 1846, 2 vol. in-12, demi-rel., 2 lettres autographes de l’auteur. 74 fr.

981. Balzac (H. de). Les Contes drolatiques. Paris, Société générale de librairie, 1855, in-8, fig., demi-rel., lettre et fragment de lettre de l’auteur. Premier tirage. 125 fr.



1.110. Balzac (Honoré de). Œuvres complètes. Paris, Houssiaux, 1855, 20 vol. in-8, portr. et fig., demi-rel., 5 lettres autographes de l’auteur et 2 fragments manuscrits. 210 fr.

1.157. Pontmartin (Armand de). Les Jeudis de madame Charbonneau. Paris, Michel Lévy frères, 1862, in-12, demi-rel., lettre autographe de l’auteur et lettre autographe de J. Sandeau. Première édition. 30 fr.

1.430. Las Cases (Comte de). Mémorial de Sainte-Hélène. Paris, Ernest Bourdin, 1842, 2 vol. gr. in-8, 2 front., demi-rel., 7 lettres dont lettre de Napoléon à sa mère. 107 fr.



1.629. Baudelaire (Charles). Théophile Gautier. Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1859, in-12, portr. photo. de l’auteur, demi-rel. Ex. d’épreuves avec corrections de la main de l’auteur. 150 fr.

1.641. Mérimée (Prosper). Notice sur Henri Beyle. In-8, demi-rel., lettre autographe de l’auteur. Copie calligraphiée de la Notice très rare, impr. chez F. Didot à 25 ex. dont 17 furent détruits par l’auteur. 102 fr.

1.665. Album de 45 pièces de poésies autographes de Piron, Barbier, Pigault-Lebrun, Murger, Banville, La Chambeaudie, etc. Gr. in-8, demi-rel. 200 fr.



 

Charles Collé. Chansons joyeuses. Paris, Londres et Ispahan, 1765.
Enrichi d'une lettre autographe de l'auteur.
Photographie Librairie Bonnefoi, Paris















Joyeux Noël 2018 !

Joyeuses fêtes de fin d'année 2018

Très Bonne Année 2019 !

Alexandre Paulin (1796-1859) cofondateur de L’Illustration

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D’une famille originaire de Ville-sous-la-Ferté [Aube], Nicolas-Jean-Baptiste Paulin, dit « Jean-Baptiste-Alexandre », est né le 30 prairial an IV [18 juin 1796], à Rizaucourt [Haute-Marne], fils de Jean Paulin (1761-1825), instituteur, et de Marie-Madeleine-Thérèse Deschamps (1761-1838), mariés à Éclance [Aube], le 15 juillet 1793.


Arbre généalogique simplifié

Après ses humanités au collège de Wassy [Haute-Marne], Paulin entra de bonne heure dans la carrière des armes, puis la quitta pour celle des lettres. Saluant avec enthousiasme la liberté renaissante, il était maître d’études au collège Henri IV à Paris, quand il fut compromis dans l’affaire dite « conspiration de Belfort », du 31 décembre 1821, qui échoua faute de coordination : arrêté à Rougemont-le-Château [Territoire de Belfort] et emprisonné à Colmar [Haut-Rhin], il fut traduit devant la Cour d’assises du Haut-Rhin avec vingt-deux autres conspirateurs, dont Jacques-Julien Dubochet (1798-1868), tous « mis en accusation pour avoir pris part à un complot et s’être rendus coupables d’un attentat ayant pour but de détruire le gouvernement et d’exciter les citoyens à s’armer contre l’autorité royale, ou de s’être rendus complices des dits complot et attentat, en aidant et en assistant avec connaissance les auteurs dans les faits qui les ont préparés, facilités ou consommés ». Acquitté et remis en liberté en 1822, il fit son droit et fut reçu avocat en 1827.


Place de la Bourse : angle de la rue Vivienne et de la rue Feydeau

Entre-temps, le 28 avril 1825, Paulin, qui demeurait alors 4 rue des Jeûneurs, à Paris [IIe], s’associa avec Auguste Sautelet (1800-1830), breveté libraire le 22 mars précédent, pour fonder un commerce de librairie et d’édition, 31 place de la Bourse [détruit, aujourd’hui 31 bis rue Vivienne, IIe], à l’angle de la rue Vivienne et de la rue Feydeau. Il existait alors à Paris 480 libraires et 84 bouquinistes.

Sous la raison sociale « A. Sautelet et Cie », Paulin resta modestement dans l’ombre jusqu’à la mort de Sautelet, qui édita une centaine d’ouvrages, fut l’éditeur du journal LeProducteur, fondé le 1erjuin 1825, le dépositaire du journal Le Globe, fondé le 15 septembre 1824, 

Premier numéro du National

et le gérant du journal LeNational, fondé le 3 janvier 1830 par Armand Carrel (1800-1836), François-Auguste Mignet (1796-1884) et Adolphe Thiers (1797-1877).    


En 1828, « A. Sautelet et Cie » transportèrent leur librairie et leur domicile au 14 rue de Richelieu [Ier], le jeune François-Alexandre Mesnier, né à Lisieux [Calvados], le 15 mars 1809, ayant acquis le fonds de détail de la place de la Bourse.


10 rue Saint-Marc (1907)
Photographie Eugène Atget

En avril 1830, ils déménagèrent au 10 rue Neuve-Saint-Marc [rue Saint-Marc, IIe], au coin de la place des Italiens [place Boieldieu].


Saisie des presses du National, le 27 juillet 1830

Après le suicide de Sautelet, le 13 mai 1830, Paulin reprit la direction de la librairie et assura, à partir du 1erseptembre 1830, jusqu’au 31 décembre 1833, la gérance du journal Le National et celle de la Gazette littéraire, qu’il avait fondée le 1er décembre 1829 avec Jean Gauja (1801-1875), jusqu’au 4 septembre 1831.


A partir du 1er décembre 1831, Paulin s’installa de nouveau place de la Bourse, au n° 31, tandis qu’Alexandre Mesnier s’associait avec Alphonse Levavasseur, au Palais-Royal [Ier].

Paulin édita : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot, publiés d’après les manuscrits confiés, en mourant, par l’auteur à Grimm (1830-1831, 4 vol. in-8), avec Alexandre Mesnier ; Documens pour servir à l’histoire des conspirations, des partis et des sectes, par François de Corcelle (1831, in-8) ; 


Histoire de Hainaut, par Jacques de Guyse (t. VIII-t. XV, 1830-1833), avec Arnold Lacrosse, imprimeur-libraire à Bruxelles [Belgique].



En 1832, Paulin édita : La Danse et les Ballets depuis Bacchus jusqu’à mademoiselle Taglioni. Par Castil-Blaze (in-8) ; Lettres écrites de Paris pendant les années 1830 et 1831, par M. L. Börne ; traduites par M. F. Guiran (in-8) ; 


Chapelle-Musique des rois de France. Par Castil-Blaze (in-8) ; Destination de l’homme, de Fichte. Traduit de l’allemand par Barchou de Penhoën (in-8) ; Mémoires, fragmens historiques et correspondance de madame la duchesse d’Orléans, princesse Palatine, mère du Régent (in-8) ; Journal d’une expédition entreprise dans le but d’explorer le cours et l’embouchure du Niger, ou Relation d’un voyage sur cette rivière depuis Yaouri jusqu’à son embouchure ; par Richard et John Lander ; traduit de l’anglais par Mme Louise Sw.-Belloc (3 vol. in-8) ; Histoire de la Régence et de la minorité de Louis XV jusqu’au ministère du cardinal de Fleury. Par P.-E. Lémontey, de l’Académie française (2 vol. in-8).


Suivirent l’année suivante : Histoire de l’Ordre des assassins, par J. de Hammer ; ouvrage traduit de l’allemand et augmenté de pièces justificatives, par J. J. Hellert et P. A. de La Nourais (in-8) ; Mélanges philosophiques, par Théodore Jouffroy (in-8) ; Essai sur l’histoire des Arabes et des Mores d’Espagne. Par Louis Viardot (2 vol. in-8) ; Discours préliminaire exposant les considérations qui doivent servir de base au système administratif propre à la régence d’Alger, par le DrBarrachin, ex sous-intendant civil d’Oran (in-8), avec Antoine Garnier, libraire au Palais-Royal, 1 cour des Fontaines ; De l’esclavage des noirs, et de la législation coloniale ; par Victor Schœlcher (in-8) ; Littérature et voyages, par J.-J. Ampère, professeur au Collège de France et à l’École normale (in-8) ; La République, histoire de la famille Clairvent, publiée sur le manuscrit de M. B…., par L. L’Héritier (de l’Ain) (2 vol. in-8) ; 

Librairie Amélie Sourget : 7.500 € (Automne 2012)

Mémoires de Jacques Casanova de Seingalt, écrits par lui-même (1833-1837, 10 vol. in-8) ; Histoire des progrès de la civilisation en Europe, depuis l’ère chrétienne jusqu’au XIXe siècle ; cours professé à Nîmes pendant l’année 1832 par H. Roux-Ferrand (1833-1841, 6 vol. in-8), avec Louis Hachette (1800-1864), libraire, 12 rue Pierre Sarrazin [VIe].


En 1834, Paulin édita : Œuvres complètes de P.-L. Courier. Nouvelle édition, augmentée d’un grand nombre de morceaux inédits(4 vol. in-8), avec Charles-Arthur Perrotin (1796-1866), libraire, 1 rue des Filles-Saint-Thomas [IIe] ; Histoire parlementaire de la Révolution française, ou Journal des assemblées nationales, depuis 1789 jusqu’en 1815 […] par B.-J.-B. Buchez et P.-C. Roux (1834-1838, 40 vol. in-8).


Photographie Librairie des Carrés

Le 15 mai 1834, Paulin s’associa avec Achille Ricourt (1797-1875), directeur du journal L’Artiste, 5 rue de Beaujolais [Ier], et Jacques-Julien Dubochet, 16 rue du Croissant [IIe], pour la publication de l’Histoire de Gil Blas de Santillane, par Le Sage (1835, in-8) :


« L’idée première en était venue à Paulin. Par malheur, sa situation était assez embarrassée, et il ne pouvait entreprendre l’affaire à lui seul, faute d’argent. Il s’adressa donc à Dubochet, le Genevois, qui devait plus tard emprunter au gaz le moyen de faire une si brillante fortune. Dubochet possédait toutes les qualités d’homme d’affaires nécessaires à la prospérité de l’entreprise, jointes à la parcimonie radicale, sans laquelle un éditeur sérieux prétend ne pas pouvoir atteindre le succès. Par malheur, il n’était pas non plus en situation de fournir à lui seul les capitaux demandés. Mais il s’engagea à les trouver, et s’aboucha dans ce but avec Hingray [Charles Hingray (1796-1870), 10 rue des Beaux-Arts, VIe], qui faisait des publications internationales. Plus tard, un autre libraire, nommé Ricourt, vint jouer le rôle de satellite dans l’association. Ils parvinrent, à eux tous, à réunir une quinzaine de mille francs, avec lesquels ils résolurent de se mettre en campagne. Heureux temps, où une publication de luxe ne réclamait pas, dès le début, des déboursés plus considérables !

Il fallait un illustrateur. Paulin se chargea d’en trouver un. Au Salon de l’année précédente, M. Gigoux [Jean-François Gigoux (1806-1894), 55 rue Saint-André-des-Arts, VIe] avait remporté de très honorables succès. […]. L’ouvrage devait paraître par livraisons. M. Gigoux se chargeait de toute l’illustration, calculée à raison de trois cents vignettes. […].

Les premières livraisons parurent en temps utile pour les étrennes de 1835. Le succès fut presque immédiat. […]. On demanda à M. Gigoux de fournir cinq cents vignettes, au lieu de trois cents. »

(Eugène Forgues. « Les Illustrateurs de livres au XIXe siècle. Jean-François Gigoux ». In Le Livre. Bibliographie rétrospective. Paris, A. Quantin et Octave Uzanne, 1882, p. 252-253)


6 rue de Seine (1912)
Photographie Archives de Paris

Cette même année 1834, Paulin mit en vente son fonds de détail du magasin de la place de la Bourse et s’installa au 6 rue de Seine [VIe, Librairie des Alpes depuis 1933, après celle de Lucien Dorbon (1882-1960)], dans l’ancien hôtel construit en 1623 à l’emplacement de celui de la reine Marguerite de Valois (1553-1615), dite « Margot », que Victor Riquetti (1715-1789), marquis de Mirabeau, avait acheté le 28 juin 1775 ; le mathématicien d’origine italienne Roger-Joseph Boscovich (1711-1787) y a vécu de 1775 à 1777 ; revendu le 16 novembre 1800 au libraire Jean-Baptiste Garnery (1764-1843), l’hôtel fut démoli et reconstruit en partie, avant la faillite du libraire en 1811.


33 rue de Seine

Le 13 décembre 1834, Nicolas Pichard, ancien libraire, avait acheté l’hôtel Mirabeau et entreprit d’importants travaux qui devaient modifier son état d’origine, provoquant le déménagement de Paulin en 1835, au 33 rue de Seine, immeuble construit en 1825, après la parution del’Histoire de Gil Blas de Santillaneà l’adresse du 6 rue de Seine.


Photographie Librairie-Galerie Emmanuel Hutin

Au 33 rue de Seine, Paulin édita jusqu’en 1844 : Œuvres de Molière, précédées d’une notice sur sa vie et ses ouvrages par M. Sainte-Beuve (1835-1836, 2 vol. in-8) ; Histoire du soulèvement, de la guerre et de la révolution d’Espagne, par M. le comte de Toréno (1835-1838, 5 vol. in-8 ; les 3 premiers volumes, détruits dans l’incendie de la rue du Pot-de-Fer [Ve], furent remis sous presse en 1836) ; Essai d’histoire universelle, ou Exposé comparatif des traditions de tous les peuples, depuis les temps primitifs jusqu’à nos jours, par J. F. A. Auguste Boulland (1er juillet 1836, 2 vol. in-8) ; 

Frontispice tome I

L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, par Miguel de Cervantès Saavedra, traduit et annoté par Louis Viardot (1836-1837, 2 vol. gr. in-8), avec J.-J. Dubochet et Cie ; 


Le Livre des enfants. Contes des fées, choisis par mesdames Élise Voiart et Amable Tastu (1836-1838, 6 vol. in-16) ; 


Les Évangiles de notre seigneur Jésus-Christ, selon S. Matthieu, S. Marc, S. Luc, S. Jean, traduction de Le Maistre de Sacy (1837, in-8), avec J.-J. Dubochet et Cie ; 

Frontispice

Itinéraire descriptif et historique de la Suisse, du Jura français, de Baden-Baden et de la Forêt-Noire ; de la Chartreuse de Grenoble et des eaux d’Aix ; du Mont-Blanc, de la vallée de Chamouni, du Grand-St-Bernard et du Mont-Rose […]. Par Adolphe Joanne (1841, in-8) ; 


Scènes de la vie privée et publique des animaux (1842, in-8), avec Jules Hetzel (1814-1886), son ancien commis ; L’Union du midi. Association de douanes entre la France, la Belgique, la Suisse et l’Espagne, avec une introduction sur l’union commerciale de la France et de la Belgique ; par M. Léon Faucher (1842, in-8) ; 


La Comédie humaine (1842-1855, 20 vol. in-8 ; le nom de Paulin ne figure que sur les 2 premiers vol.) avec Charles Furne (1794-1859), 55 rue Saint-André-des-Arts, J.-J. Dubochet et Cie, 33 rue de Seine et J. Hetzel, 33 rue de Seine ; Les Musées d’Italie, guide et memento de l’artiste et du voyageur […]. Par Louis Viardot (1842, in-8) ; 


Manuel de philosophie moderne, par Ch. Renouvier (1842, in-8) ; Examen de la phrénologie, par P. Flourens(1842, in-8) ; Le Livre des proverbes français, par Le Roux de Lincy(1842, 2 vol. in-8) ; Génie du dix-neuvième siècle ou Esquisse des progrès de l’esprit humain, depuis 1800 jusqu’à nos jours, par Édouard Alletz (1842-1843, in-8) ; 


État de la question d’Afrique. Réponse à la brochure de M. général Bugeaud intitulée : L’Algérie, par M. Gustave de Beaumont, membre de la Chambre des députés (1843, in-8) ; Manuel de l’histoire générale de l’architecture chez tous les peuples, et particulièrement de l’architecture en France au Moyen-Age ; par Daniel Ramée (1843, 2 vol. in-18) ; Précis de l’histoire de l’Hindoustan, contenant l’établissement de l’empire Mogol […]. Par L. M. C. Pasquier, ancien magistrat de Pondichéry (1843, in-8), avec Lezin Ledentu (1784-1861), libraire, 31 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe] ; Œuvres de Diderot, publiées d’après les manuscrits confiés, en mourant, par l’auteur à Grimm (1843, 4 vol. in-8) ; Encyclopédiana, recueil d’anecdotes anciennes, modernes et contemporaines (1843, in-8) ; Histoire des États Généraux et des institutions représentatives en France, depuis l’origine de la monarchie jusqu’à 1789, par A. C. Thibaudeau (1843, 2 vol. in-8) ; Fables de M. Viennet, l’un des quarante de l’Académie-française(1843, in-8) ; 


Le Monument de Molière, poème par madame Louise Colet (1843, in-8) ; Les Constitutions des Jésuites, avec les déclarations ; texte latin d’après l édition de Prague. Traduction nouvelle (1843, in-8) ; Histoire et description naturelle de la commune de Meudon, par le docteur L. Eugène Robert, membre des commissions scientifiques du nord (1843, in-8) ; Notices et mémoires historiques par M. Mignet, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, membre de l’Académie française (1843, 2 vol. in-8) ; Recherches sur l’or et sur l’argent considérés comme étalon de la valeur […] par M. Léon Faucher (1843, in-8) ; L’Urne. Recueil des travaux de J. Ottavi (1843, in-8) ; Mélanges philosophiques, littéraires, historiques et religieux par M. P.-A. Stapfer (1844, 2 vol. in-8), avec L.-R. Delay, libraire, 2 rue Tronchet [VIIIe].


Premier numéro de L'Illustration

Le premier numéro de L’Illustration, journal universel parut le samedi 4 mars 1843 : ce magazine d’actualité fut créé par Paulin, Dubochet, Édouard Charton (1807-1890), fondateur du Magasin pittoresque en 1833, et le journaliste Adolphe Joanne (1813-1881). 

Bureau de rédaction de L'Illustration, 60 rue de Richelieu (Dubochet et Paulin, au centre)
In L'Illustration, n° 53, samedi 2 mars 1844, p. 9

Le siège social de L’Illustration, situé d’abord 33 rue de Seine, fut transféré 60 rue Richelieu [IIe] le 1er juillet 1844 [le journal porta la nouvelle adresse dès le n° du 22 juin].


Pendant des années, la librairie de Paulin consomma une partie des revenus dégagés par L’Illustration : 


Histoire de la poésie française à l’époque impériale […], par Bernard Jullien(1844, 2 vol. in-8) ; Œuvres de Victorin Fabre (1844, 2 vol. in-8) ; Voyage dans l’Inde et dans le golfe persique par l’Égypte et la Mer Rouge, par V. Fontanier(1844-1846, 3 vol. in-8) ; Buffon. Histoire de ses travaux et de ses idées, par P. Flourens (1844, in-8) ; Les Musées d’Allemagne et de Russie […]. Par Louis Viardot (1844, in-8) ; Manuel de philosophie ancienne, par Ch. Renouvier (1844, 2 vol. in-8) ; Ligue nationale contre la misère des travailleurs ou Mémoire explicatif d’une pétition à présenter à la Chambre des députés dans le courant de l’année 1845. Par J. Terson (s. d. [1844], in-18) ; Histoire du Consulat et de l’Empire, faisant suite à l’Histoire de la Révolution française, par M. A. Thiers (1845-1860, 18 vol. in-8), avec Achille-Armand Lheureux (1795-1869) ; Nicolas Gogol. Nouvelles russes. Traduction française publiée par Louis Viardot (1845, in-8) ; 


Photographie Librairie Thierry Corcelle

Le Juif errant, par Eugène Sue (1845, 4 vol. gr. in-8) ; La Bibliothèque de poche (1845-1855, 10 vol. in-16), avec Armand-Gilbert Le Chevalier (1802-1873) ; Souvenirs de l’Ardèche, par Ovide de Valgorge (1846, 2 vol. gr. in-8) ; Deleytar. Arabian Godolphin. – Kardiki. Par Eugène Süe [sic] (1846, in-18) ; Deux histoires 1772-1810 […]. Par Eugène Süe [sic] (1846, 2 vol. in-16) ; Discours de M. Thiers sur les députés fonctionnaires (1846, in-8) ; Roland furieux, traduit de L’Arioste, par le comte de Tressan (1846, 4 vol. in-8) ; Caleb Williams ou les Choses comme elles sont, par W. Godwin. Traduction nouvelle par M. Amédée Pichot (1846, 3 vol. in-8) ; Voyage en Abyssinie, dans les provinces du Tigre, du Samen et de l’Amhara [sic t. I, Ahmara t. II et III], dédié à S. A. R. Monseigneur le duc de Nemours, par MM. Ferret et Galinier(1847, 3 vol. in-8) ; De la réforme parlementaire et de la réforme électorale, par M. P. Duvergier de Hauranne, député du Cher (1847, in-8), avec Laurent-Antoine Pagnerre (1805-1854), 14 bis rue de Seine ; Œuvres complètes de Benvenuto Cellini, orfèvre et sculpteur florentin. Traduites par Léopold Leclanché (1847, 2 vol. in-12) ; Érard du Chatelet. Esquisses du temps de Louis XIV, 1661-1664, par M. le marquis de Pastoret (1847, in-8) ; Récit de la captivité de l’empereur Napoléon à Sainte-Hélène, par M. le général Montholon (1847, 2 vol. in-8) ; 


Manuel des droits et des devoirs. Dictionnaire démocratique, par Francis Wey (1848, in-8), avec Le Chevalier ; De la propriété, par M. A. Thiers (1848, in-8), avec Lheureux ; Campagne réformiste de 1847. Par M. R. D. (1848, in-8) ; 


La Grande-Chartreuse. Fantaisie de touriste. Par Ovide de Valgorge (1848, in-8) ; Mémoires de Massena, rédigés d’après les documents qu’il a laissés […], par le général Koch(1848-1850, 7 vol. in-8), avec Le Chevalier et Pierre-Jean-Baptiste Rousseau ; Du communisme, par M. A. Thiers (mai 1849, in-8), avec Lheureux ; Lettre à M. Paul Lacroix (Bibliophile Jacob) […] par Achille Jubinal (1849, in-8) ; Discours de M. Thiers sur le régime commercial de la France (1851, in-8), avec Lheureux ; 


Tableau de Paris, par Edmond Texier. Ouvrage illustré de quinze cents gravures (1852-1853, 2 vol. in-fol.), avec Le Chevalier ; Les Paquebots du Levant, guide des voyageurs des paquebots-poste de la Méditerranée (1853, in-8), avec Le Chevalier ; Notices historiques, par M. Mignet […]. Deuxième édition, considérablement augmentée (1853, 2 vol. in-8), avec Lheureux ; Tableau historique, politique et pittoresque de la Turquie et de la Russie, par MM. Joubert et F. Mornand(1854, in-8), avec Le Chevalier ; Histoire politique et sociale des principautés danubiennes par M. Élias Regnault (1855, in-8), avec Le Chevalier ; Guide dans l’Exposition universelle des produits de l’industrie et des beaux-arts de toutes les nations (1855, in-8), avec Le Chevalier ; Guide dans les environs de Paris (1855, in-8), avec Le Chevalier ; 


Charlet, sa vie, ses lettres, suivi d’une description raisonnée de son œuvre lithographique, par M. de La Combe (1856, in-8), avec Le Chevalier ; 


Gavarni. Masques et visages (1857, in-8), avec Le Chevalier ; Varia, poésies par Jules Canonge. Nouvelle édition, choisie, augmentée et complètement remaniée(1857, in-8).


In L'Illustration, 11 avril 1846

Dans la bataille du bon marché, Paulin engagea la lutte avec vigueur. À partir de 1846, il publia dans la « Bibliothèque-Cazin », format in-18, les chefs-d’œuvre des romanciers modernes, ainsi que des romanciers anciens, tels que Mesdames Cottin, de Graffigny, Lafayette, Riccoboni, de Staël, de Tencin, MM. Cazotte, Hamilton, Lesage, Marivaux, Marmontel, Montesquieu, l’abbé Prévost, Scarron, Tressan, etc., et des traductions des meilleurs romans étrangers, de Lewis, miss Burney, Fielding, de Foë, Goethe, Goldsmith, miss Inchbald, Johnson, Anne Radcliffe, Sterne, Swift, etc.


Paulin édita aussi la Revue rétrospective ou Archives secrètes du dernier gouvernement. Recueil non périodique en mars 1848, 

Premier numéro de L'Ami de la maison

puis, en 1856, avec Le Chevalier, L’Ami de la maison, revue hebdomadaire illustrée. Son amitié pour Carrel le poussa à publier, avec Émile Littré (1801-1881), de l’Institut, les Œuvres politiques et littéraires d’Armand Carrel (Paris, F. Chamerot, 1857-1859, 5 vol. in-8).


In L'Illustration, 12 novembre 1859, p. 337

Malade depuis plusieurs mois, Alexandre Paulin mourut à Paris, le 2 novembre 1859.


« Il s’est doucement endormi, le 2 novembre, à l’heure où ceux qui se souviennent revenaient de ce pieux pèlerinage qui signale chaque année la fête des morts. C’était un des hommes les plus estimés de notre temps, et aussi l’un des esprits les plus aimables. Ami passionné de la jeunesse, bienveillant pour tout le monde, Paulin joignait à l’esprit le plus vif une candeur d’enfant, qui étonnait d’abord, tant il paraissait difficile qu’on pût rencontrer dans le même homme une si grande simplicité de cœur unie à une si grande vivacité d’esprit. Il avait la bonhomie et la grâce, la simplicité et la finesse. Ses critiques, justes et bienveillantes, étaient toujours tempérées par un mot aimable et encourageant. “ Il vaut mieux relever qu’abaisser ”, disait-il, et il a relevé beaucoup de gens tombés sur son chemin, l’honnête homme ! Il me disait un jour : “ Je ne sais pas louer, et j’en suis fâché, car je dois paraître indifférent. ”

Et personne, au contraire, ne louait avec plus de grâce délicate, mais jamais directement. Il prenait toutes sortes de détours charmans [sic] pour vous faire accepter un éloge ou vous exprimer son estime, comme s’il eût craint, en insistant un peu, de blesser votre susceptibilité. Il avait le goût sûr, la répartie vive et gaie, l’abord toujours souriant, et avec cela l’esprit nourri de tous nos chefs-d’œuvre. Pendant douze ans que j’ai eu l’honneur d’être son ami, je l’ai journellement feuilleté comme un livre, sans arriver jamais à la fin du volume. Il était la meilleure partie de ma bibliothèque ! Et quel bonheur pour lui de raconter un fait, d’indiquer une source, de citer un document ! et le travail fait, imprimé, paru, jamais la plus petite allusion à sa discrète collaboration ! Si depuis quelque temps on n’avait un peu abusé du mot, je dirais que Paulin, qui passait pour l’honnête homme modèle, était aussi le galant homme par excellence. […]

Depuis deux ans, la santé de Paulin déclinait à vue d’œil. Mais, heureusement, il ne se voyait pas mourir. Mercredi dernier, il me parlait encore d’une publication, d’un livre dont il me traçait le plan, et, comme je ne lui répondais que vaguement : “ Si c’est la besogne qui vous effraye, me dit-il, nous ferons cela ensemble. ” Le lendemain, il était mort.

Ses obsèques ont eu lieu vendredi. Une foule immense suivait son convoi. Un des plus anciens collaborateurs de l’Illustration, M. Philippe Busoni [(1804-1883)], a prononcé sur sa tombe quelques mots vrais, sincères, qui ont vivement ému l’assemblée. M. Busoni a fait ressortir les discrètes vertus de cet homme qui fut le plus modeste des hommes, de ce lettré qui se contenta de publier les livres qu’il aurait pu écrire. La vie de Paulin fut une vie toute de dévouement, de sacrifice et d’effacement. »

(Edmond Texier. In Le Siècle, dimanche 6 novembre 1859, p. 3)    



Ses obsèques eurent lieu le vendredi 4 novembre dans l’église des Petits-Pères [Basilique Notre-Dame des Victoires, IIe]. Il fut inhumé au cimetière du Nord [cimetière de Montmartre, XVIIIe].


« La santé de M. Paulin était altérée depuis longtemps. Une maladie de foie qui avait dégénéré en hydropisie partielle inquiétait son fils et ses amis, qui cependant ne croyaient pas sa fin si prochaine. Jusqu’au dernier moment, malgré ses souffrances, il a gardé la lucidité de son esprit et sa laborieuse énergie. Soldat de la pensée, il est mort sur la brèche. Le jour même de sa mort, quelques heures auparavant, il se faisait lire les épreuves de l’Illustration, et il faisait des remarques et des corrections pleines de tact et de bon sens.

Les funérailles de M. Paulin ont été accompagnées de circonstances particulièrement émouvantes et dramatiques. Son cercueil, en attendant qu’on ait construit le caveau définitif qui doit le recevoir, devait être placé dans un caveau provisoire. La fosse béante était entourée d’amis désolés. Les fossoyeurs descendaient le cercueil. Tout à coup l’un d’eux, de cette voix glacée et indifférente que leur donne l’habitude de ces scènes funèbres, s’écrie brusquement :

-          Il n’entre pas ! C’est un mort extra. Il a plus de soixante-cinq.

Ces mots cruels, cet argot de cimetière ont produit sur tous les assistants un effet profondément douloureux, un de ces effets de contrastes dont nous parlions en commençant. M. Lechevalier, copropriétaire de l’Illustration et ami de M. Paulin, n’a pu y résister, il s’est trouvé mal et est tombé évanoui aux cris de madame Lechevalier et au milieu de l’émotion générale.

Il a fallu placer le corps dans un caveau plus grand. Les assistants se sont ensuite retirés vivement affectés de la perte qu’ils venaient de faire et des scènes cruelles auxquelles ils venaient d’assister. »

(Paul d’Ivoi. In Figaro, Jeudi 10 novembre 1859, p. 3)


Son fils Victor Paulin (1834-1868), ancien élève du Collège Sainte-Barbe et ex-officier de la Marine impériale, lui succéda dans la direction de L’Illustration. Il vendit la majorité de ses actions à un manufacturier d’Amsterdam, qui confia la direction de la revue à l’illustrateur Jean-Auguste Marc (1818-1886). Le tapis vert ayant englouti son dernier sou, Victor Paulin se suicida le 8 novembre 1868, trouvé « mort sur son lit, la face couverte de linges imbibés de chloroforme », dans son appartement du 3 rue de la Grange-Batelière [IXe], immeuble construit en 1850.


















Édouard Meaume (1812-1886), biographe de Jacques Callot

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Il y avait autrefois en Lorraine quatre bibliophiles, passionnés pour les livres relatifs à l’histoire de cette province : Jean-Nicolas-Pascal-Antoine-Modeste Gillet (1803-1865), à Nancy ; Jean-Nicolas Beaupré (1795-1869), à Nancy ; George-Gustave Chartener (1813-1884), à Metz ; Édouard Meaume, à Nancy.



D’une famille originaire du village de Farges, sur la commune de Saint-Marc-à-Frongier [Creuse], en Limousin, passée en Saintonge [Charente-Maritime], à Saint-Jean-d’Angély, puis à Landes, Édouard Meaume est né à Rouen [Seine-Maritime], le 18 janvier 1812, fils de Jean-Jacques-Germain Meaume (1774-1856), professeur de mathématiques, et de Renée-Marie Lagarosse (1777-1862), mariés à Saintes [Charente-Maritime], le 5 fructidor an VI [22 août 1798].



Jean-Jacques-Germain Meaume était le cousin germain de Jean-Augustin Meaume (1762-1819), imprimeur à Saintes [Charentes-Maritime].


« M. Jean-Jacques-Germain Meaume est né le 24 septembre 1774, au petit bourg de Landes, près Saint-Jean-d’Angély, dans la Charente-Inférieure [Charente-Maritime]. Sa famille, aux mœurs patriarcales, appartenait à la riche bourgeoisie du pays. Sa mère était déjà d’un âge avancé, lorsque, après avoir eu onze enfants, elle le mit au monde en compagnie d’un autre frère, ce qui explique la petite stature et la frêle constitution qui le caractérisaient ; néanmoins, il survécut, et resta seul avec son frère aîné, qui fut son premier maître [son frère jumeau, Jacques-Ferdinand est mort le 23 octobre 1774].

Son éducation se continua chez un curé de campagne, qui joignait à beaucoup d’instruction une philosophie éclairée, et qui, tout en expliquant à son jeune élève les auteurs anciens, lui apprenait à la fois à connaître les hommes des temps passés, à bien apprécier les mœurs du siècle, et lui donnait des règles de conduite qu’il déduisait de ses observations et de son expérience.

“ Ce premier enseignement,” dit M. Meaume dans une notice autobiographique qu’il rédigeait en 1829 [i. e. 1839], “ a eu la plus grande influence sur ma vie entière ; je lui dois d’avoir appris à supporter, sans me plaindre, les dégoûts attachés à de pénibles fonctions et à des changements de position sociale ; à recevoir les consolations d’une amitié bienveillante ; à rire un peu des prétentions de la vanité, sans jamais la blesser, et en la couvrant de quelque indulgence. Heureux les enfants dont les premiers instituteurs se sont appliqués à former leur jugement ! Ce service est aussi utile que celui d’orner leur esprit et d’exercer leur imagination….”

De 1786 à 1793, M. Meaume acheva de parcourir le cercle des études scolaires au collège royal de Saintes, et se fit remarquer par son aptitude et ses succès ; il brilla dans les exercices littéraires et soutint avec éclat une thèse en philosophie, ce qui ne l’empêcha pas de s’adonner de préférence aux mathématiques, qui lui paraissaient plus claires et mieux démontrées que les autres parties des hautes sciences qu’on enseignait à cette époque.

Le décret de 1793, qui mettait en réquisition tous les jeunes gens de 18 à 25 ans, le transforma, bien malgré lui, en soldat pendant six mois. Ayant été fait prisonnier par les Vendéens à la prise de Fontenay-le-Comte, le 25 mai 1793, il fut rendu à sa famille par la protection de quelques chefs qui connaissaient ses parents ; mais bientôt il fut renvoyé à l’armée. Sans goût pour l’état militaire, et n’ayant pas d’ailleurs les forces physiques nécessaires pour en supporter les fatigues, il réclama du Gouvernement la faveur de passer dans une autre carrière. Le Comité de salut public l’autorisa à se faire examiner à Tours, pour entrer à l’Ecole centrale des Travaux publics, qui prit plus tard le nom d’Ecole Polytechnique. Il eut le bonheur d’y être admis, et il en sortit deux ans après avec le titre d’ingénieur-géographe. On le destinait, avec plusieurs de ses camarades, à faire partie de l’expédition d’Egypte, mais il préféra rester en France, et, vers la fin de 1796, il concourut pour la chaire de physique et de chimie à l’Ecole centrale de Saintes. Il sortit vainqueur de cette lutte. C’est ainsi qu’il passa sept années comme professeur dans ce même établissement où il avait été huit ans écolier. Ce furent sept années de bonheur ; en 1798, il se maria avec la fille [Renée-Marie Lagarosse] d’un administrateur du département de la Charente-Inférieure, et devint père. Mais des quatre enfants qu’il eut de ce mariage, deux seuls lui restèrent. Bientôt après, le Gouvernement consulaire supprima les Ecoles centrales ; mais on lui offrit un dédommagement en le nommant, en 1803, professeur de mathématiques au Lycée de Rouen. […]

Après trente-quatre ans accomplis dans la pénible carrière de l’enseignement, M. Meaume fut nommé, en 1830, inspecteur de l’Académie d’Amiens, et, dans ces délicates fonctions, il sut conquérir de nouveaux titres à l’estime publique, obtenir la haute approbation de l’Université ; aussi, lorsqu’à la fin de 1834, il sollicita sa retraite, reçut-il en même temps le grade d’inspecteur honoraire. Notre Académie lui avait déféré, en 1831, les honneurs de la vétérance.

Le recteur d’Amiens avait demandé pour lui la décoration de la Légion d’honneur ; elle lui avait été promise. Ce ne fut, néanmoins, qu’en 1846, que cette juste récompense de trente-huit années de travaux et de services publics lui fut octroyée.

C’est à Paris, auprès de sa fille [Isaure Meaume], mariée à M. Plougoulm, de Rouen, qui s’est fait un nom respecté dans le barreau et la magistrature, que M. Meaume a doucement écoulé le restant de ses jours, en conservant toutes ses facultés et cette aimable gaîté qui rendait son commerce si attrayant pour sa famille et ses amis.

Notre vénérable confrère a eu le bonheur de voir son fils [Édouard Meaume], né à Rouen en 1812, conquérir à Nancy une belle position sociale dans la profession d’avocat, et mériter, par ses travaux, la chaire de législation et de jurisprudence à l’Ecole forestière. Son vœu le plus cher était que ce fils appartînt à l’Académie de Rouen, pour continuer, pour ainsi dire, une tradition de famille ; ce vœu a été exaucé en 1853.

Le digne vieillard, dont je viens d’esquisser la vie si modeste et si utilement remplie, s’est éteint dans les bras de ses enfants le 6 septembre 1856 [à Nancy]. »

(J. Girardin. In Précis analytique des travaux de l’Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, pendant l’année 1856-1857. Rouen, Alfred Péron, 1857, p. 133-137)


Édouard Meaume fit des études de droit à Paris. Demeurant alors chez ses parents, 39 rue de la Madeleine [rue Pasquier, VIIIe], il épousa à Nancy [Meurthe-et-Moselle], le 14 novembre 1837, Anne-Charlotte-Joséphine-Émélie Thouvenin (1816-1889), fille de Antoine-Nicolas Thouvenin (1792-1862), négociant, et de Anne-George-Émélie Millot (1796-1877), qui lui donna deux enfants : Georges-Édouard (1840-1867) et Marie-Isabelle (1841-1863), morts prématurément.


Ecole forestière de Nancy
In Louis Rousselet. Nos grandes écoles (Paris, Hachette, 1892, p. 519)
14 rue Girardet, Nancy

Meaume fut inscrit au tableau de l’Ordre des avocats de Nancy le 25 juillet 1838. Nommé juge suppléant au tribunal civil de Nancy, il songeait à faire carrière dans la magistrature, quand le directeur de l’École royale forestière, créée en 1824, l’engagea à devenir professeur de législation et de jurisprudence le 28 mars 1842.

Dès 1844 parut le premier volume de son monumental Commentaire du Code forestier (Paris, Delamotte et Cie, et Nancy, Grimblot, Raybois et Cie, 1844-1846, 3 vol. in-8), dédié « A Monsieur Plougoulm, Procureur général, Officier de la Légion d’honneur. Son beau-frère & ami, Edouard Meaume. »



Le 14 mai 1846, Meaume fut reçu membre correspondant de l’Académie de Stanislas, puis fut membre titulaire le 6 février 1851 et président en 1856.


Meaume partagea son temps entre ses travaux professionnels et les œuvres d’érudition, rassemblant une collection de livres, d’estampes, d’autographes, de monnaies et de médailles sur la Lorraine. Il ne séparait point de ses travaux projetés les objets qu’il avait achetés : le travail une fois achevé, il revendait la plupart des pièces qu’il avait eu tant de peine à recueillir, pour en rechercher d’autres et continuer ainsi la suite de ses études. C’est ainsi qu’il a vendu des livres en 1861 et des estampes en 1874 et en 1879.



Après plusieurs années de travail, Meaume produisit ses Recherches sur la vie et les ouvrages de Jacques Callot dans les Mémoires de l’Académie de Stanislas : première partie, contenant la biographie de Callot (1852, p. 191-327), seconde partie, se composant du catalogue de l’œuvre authentique de Callot (1853, p. 81-210 ; 1854, p. 363-430 ; 1855, p. 297-386 ; 1856, p. 275-382), troisième et dernière partie, comprenant les pièces douteuses, les pièces faussement attribuées à Callot, les pièces gravées par différents artistes d’après les dessins du maître, les imitations, les copies (1859, t. I, p. 58-310). La première partie, seule, fut publiée ensuite à part (Nancy, Grimblot et Veuve Raybois, 1853, in-8). L’ensemble de cet ouvrage, qui contribua le plus à la renommée de son auteur, ne fut publié que plus tard, l’impression du catalogue et de ses annexes ayant duré six années (Paris, Vve Jules Renouard, 1860, 2 vol. in-8).  


Meaume a beaucoup écrit. Outre une trentaine d’ouvrages juridiques et une collaboration aux Annales forestières, à la Revue des eaux et forêts, à la Jurisprudence générale par Désiré Dalloz (1795-1869), il a collaboré aux Mémoires de l’Académie de Stanislas, aux Mémoires de la Société d’Archéologie lorraine, au Journal de la Société d’Archéologie lorraine, au Bulletin du bibliophile, aux Mémoires de l’Académie de Metz, à L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, au Journal de la Meurthe et au Peintre-Graveur français par Alexandre-Pierre-François Robert-Dumesnil (1778-1864). Il rédigea l’introduction du Catalogue des livres rares et précieux et des estampes, composant la bibliothèque de feu M. Gustave Chartener, de Metz (Paris, Vve Labitte, 1885, 2 vol. in-8, 1.733 lots).


Admis à la retraite le 26 décembre 1873, Meaume abandonna Nancy pour s’établir à Neuilly-sur-Seine [Hauts-de-Seine], 45 avenue de Neuilly, plus rapproché de ce qui lui restait de famille. Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1855, Édouard Meaume mourut le 5 mars 1886. Son épouse lui survécut, à Paris, 94 rue de Rennes [VIe], jusqu’au 11 mars 1889.



La 1ère partie de la bibliothèque de Meaume fut vendue en trois vacations, du lundi 7 au mercredi 9 février 1887, en l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 3 : Catalogue de livres rares composant la bibliothèque de feu M. Édouard Meaume, ancien avocat à la Cour d’appel de Nancy, ancien professeur à l’École forestière, membre de l’Académie de Stanislas, chevalier de la Légion d’honneur. Première partie (Paris, Vve Adolphe Labitte, 1887, in-8, [3]-[1 bl.]-108 p., 487 lots).



9. Ces présentes heures à lusaige de Tou [Toul]. Paris, Simon Vostre, s. d. (Almanach de 1515 à 1530), gr. in-8, fig., mar. viol., fil. à fr., doublé de mar. r., large dent., étui (Duru). Sur vélin. 910 fr. [à Marigues de Champ-Repus].

10. Heures de Paris contenant plusieurs oraisons dévotes. Paris, Thielman Kerver, 1552, in-12, fig. et bordures sur bois, v. f., comp. dor. et à mosaïque sur les plats, fermoirs en argent ciselés ajoutés (Rel. époque). Ex-libris manuscrit Marie des Marquets, amie de Ronsard. A appartenu à Nodier, à Aimé-Martin, à Chedeau et à J. Renard. 635 fr.


Exemplaire Pierre Bergé
Drouot, 11 décembre 2015 : 145.000 €

53. Essais de Messire Michel, seigneur de Montaigne. Bourdeaux, S. Millanges, 1580, 2 tomes en 1 vol. in-8, mar. vert (Duru). Aux chiffres du comte Roger (du Nord). 226 fr.

« On recense aujourd’hui 39 exemplaires de cette édition de 1580 dans des collections publiques et environ 50 dans des collections privées, soit un total d’un peu moins de cent exemplaires. Il est difficile d’évaluer avec précision le tirage pour cette édition. La rareté des exemplaires laisse supposer que l’impression ne dépassa pas 300 ou, au plus, 400 exemplaires. [...] Les deux livres de cette première édition des Essais sont presque toujours reliés en un seul volume - du moins aux XVIe et XVIIe siècles - et les exemplaires en vélin sont extrêmement rares. » (Desan, Bibliotheca Desaniana, 2011, n° 8).

55. Les Caractères de Théophraste (par La Bruyère). Paris, Estienne Michallet, 1688, in-12, mar. r., dos orné, fil. et comp. à la Du Seuil, dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Ex. de Yemeniz. 125 fr.



79. Pratique de la géométrie sur le papier et sur le terrain (par Séb. Le Clerc). Paris, Thomas Jolly, 1669, in-12, front. et fig., mar. r., dos orné, fil. et comp. à la Du Seuil (Thibaron-Joly). 85 fr.



94. Histoire des peintres de toutes les écoles […] par M. Charles Blanc. Paris, Vve Jules Renouard, 1862-1876, 12 tomes en 10 vol. gr. in-4, fig., demi-rel. mar. r. et 2 vol. en feuilles. 280 fr.

111. Eaux-fortes et gravures des maîtres anciens tirés des collections les plus célèbres et publiées avec le concours d’Édouard Lelièvre. Paris, 1874-1878, 9 vol. in-fol. 370 fr.



117. L’Œuvre de Rembrandt, décrit et commenté par M. Charles Blanc. Paris, A. Quantin, 1880, 1 vol. in-fol. de texte et 2 atlas in-fol. de pl. dans des cartons. 225 fr.




123. Pinax iconicus antiquorum ac variorum in sepulturis rituum. Lugduni, apud Clementem Baldinum, 1556, pet. in-4 obl., 13 fig. par P. Woeiriot, mar. ol., plats semés de C entrelacés et de croix de Lorraine (Capé). 595 fr.




124. Devises héroïques, par M. Claude Paradin chanoine de Beaujeu. Lion, Jan de Tournes et Guil. Gazeau, 1557, in-8, titre gravé et fig., mar. citron, grand milieu doré, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 245 fr.



127. Jani Jacobi Boissardi Vesuntini Emblemata cum tetrastichis latinis. S. l. (Metz), Jean Aubry, s. d. (1584), pet. in-8 obl., 45 fig. d’Alexandre Vallée, de Bar-le-Duc, vél. 74 fr.




129. Jani Jacobi Boissardi Vesuntini Emblematum liber. Francfort-sur-le-Main, 1593, in-4, titre-front. gravé, portr. et 52 pl. par Théodore de Bry, mar. bleu, fil. à fr. et comp. dorés, dent. int., tr. dor. (Duru et Chambolle). 142 fr.


Frontispice du second tirage

133. Les Images de tous les saincts et saintes de l’année suivant le Martyrologue romain. Faictes par Jacques Calot (sic). Et mises en lumière par Israel Henriette (sic). Paris, Israel Henriette (sic), 1636, pet. in-fol., 490 fig., vélin. Ex-libris manuscrit du comte Ségur d’Aguesseau. 275 fr.

Exemplaire du 1er tirage, caractérisé par le titre où les noms de Callot et d’Henriet sont écrits « Calot » et « Henriette », par le frontispice où le cartouche du bas ne contient que les mots « A Paris chez Israel Henriet. Avec Privilège du Roy, 1636 », et par l’absece d’inscriptions dans les marges inférieures des sujets qui sont tous à l’eau-forte pure et portent tous le nom d’Israel.


Photographie Bibliothèque municipale de Lyon

139. Figures de la Passion de N. S. Jésus-Christ. Présentées à Madame la marquise de Maintenon, par son très humble et très obéissant serviteur Séb. Le Clerc. Paris, G. Audran, s. d., pet. in-4 obl., 36 pl.,  mar. r., milieu orné, dent. int., tr. dor. (Masson-Debonnelle). Neuf dessins originaux ajoutés. 580 fr.



140. Histoire sacrée en tableaux, avec leur explication, tirée du texte de l’Ecriture, […] par Monsieur de Brianville. Paris, Charles de Sercy, 1670, 1671, 1675, 3 vol. in-12, front. et fig. de Sébastien Le Clerc, mar. violet, fil. à fr., dent. int., tr. dor. (Duru). 125 fr.

148. Paul et Virginie, par J.-H. Bernardin de Saint-Pierre. Paris, L. Curmer, 1838, gr. in-8, front., portr., fig. et vignettes, demi-rel. mar. bleu avec coins, dos orné, fil., tête dor., ébarbé (Bauzonnet). 1er tirage, avec tous les portraits sur Chine, avant la lettre et la légende sur papier de soie. Le portrait du docteur est celui gravé par Cook d’après Parsons, que Curmer avait placé dans les premiers exemplaires en attendant celui de Meissonier. 157 fr.



160.Œuvres complètes de P.-J. de Béranger. Paris, Perrotin, 1847, 2 vol. gr. in-8, portr. et fig., demi-rel. mar. vert avec coins, dos orné, fil., tête dor., non rog. (Allô). 1ertirage. Suite complète des fig. de Grandville pour l’édition de Paris, 1836, sur Chine volant, ajoutée. 110 fr.



170. Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce Siècle : avec leurs Portraits au naturel. Par Mr Perrault, de l’Académie Françoise. Paris, Antoine Dezallier, 1696-1700, 2 tomes en 1 vol. in-fol., 2 front. et 102 portr., mar. r., dos orné, comp. à la Du Seuil, dent. int., tr. dor. (Capé). Gr. pap. avec les portraits d’Arnauld et de Pascal, supprimés par ordre de Louis XIV dans la plupart des exemplaires, pour cause de Jansénisme. 210 fr.


Exemplaire Lignerolles (1894, n° 800)
Paris, 2 octobre 2015 : 9.000 €

206. Métamorphoses d’Ovide en rondeaux (par Isaac Benserade). Paris, Imprimerie royale, 1676, gr. in-4, fig., mar. r., dos orné, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. de présent aux armes royales (Bulletin du bibliophile, 1875, p. 285). 100 fr.  


Photographie Bibliothèque nationale de France

222. Le Rommant de la Rose. Paris, Arnoul et Charles, les Angeliers frères, 1538, pet. in-8 goth., fig. sur bois, mar. r. avec mosaïque de mar. vert, riches comp. au pointillé, dent. int., tr. dor. (Capé). 360 fr.


Photographie Bibliothèque nationale de France

232. Les Amours d’Olivier de Magny Quercinois, et quelques odes de luy. Paris, Estienne Groulleau, 1553, in-8, mar. bleu, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Des bibliothèques Chaponay, Behague et Bancel. 475 fr.



268. Les Baisers, précédés du Mois de Mai, poëme. (Par Dorat). La Haye, et se trouve à Paris, Lambert et Delalain, 1770, in-8, front., fig., vign. et culs-de-lampe gravés, mar. bleu, dos orné, large dent. int., tr. dor. (Lortic). Ex. en gr. pap. de Hollande, titre rouge et noir. 585 fr.



271. Fables nouvelles (par Dorat). La Haye, et se trouve à Paris chez Delalain, 1773, 2 tomes en 1 vol. in-8, front., titre, vignettes et culs-de-lampe gravés, mar. orange, dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Allô). Gr. pap. de Hollande. 405 fr.



275. Choix de chansons mises en musique par M. de La Borde. Paris, Lormel, 1773, 4 tomes en 2 vol. in-8, titres gravés, portr. de La Borde, fig., texte et musique gravés, dos orné, large dent. genre Derome, dent. int., tr. dor. (Capé). Chef-d’œuvre de J.-M. Moreau. Portrait de La Borde, dit « à la lyre », dessiné par Denon et gravé par Masquelier en 1774. 1.640 fr.  



280. Le Premier (et le Second) Volume du triumphant Mystère des Actes des Apostres […] dernierement ioue à Bourges. Paris, Arnoul et Charles les Angeliers frères, 1540, 2 tomes en 1 vol. in-4, goth. à 2 col., mar. r., dos orné, fil., dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Des bibliothèques Cailhava, Chédeau et J. Renard. 235 fr.



281. Les Œuvres et Meslanges poétiques d’Estienne Jodelle. Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1583, pet. in-12, mar. bleu, doublé de mar. rouge, large dent. (Trautz-Bauzonnet). Au chiffre du comte Roger (du Nord). 145 fr.



283. Les (six premières) Comédies facécieuses de Pierre de Larivey. Lyon, Benoist Rigaud, 1597. – Trois comédies des six dernières de Pierre de Larivey. Troyes, Pierre Chevillot, 1611. Ensemble 2 vol. pet. in-12, réglés, mar. vert jans., dent. int., tr. dor. (Thibaron-Echaubard). 118 fr.

285. La Salmée, pastorelle comique, ou fable bocagère, sur l’heureuse naissance du filz premier-né de très-hault et très-généreux prince Monseigneur de Vaudemont François de Lorraine, par Nicolas Romain. Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1602, pet. in-8, mar. bleu, fil. à fr., dent. int., tr. dor. (Duru). 145 fr.



296.Œuvres de Racine. Paris, Denys Thierry, 1679, 2 vol. in-12, front. et fig. par Chauveau et Séb. Le Clerc, mar. r. jans., doublé de mar. bleu, large dent. dite « roulette Chamillard », tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. Bancel. 679 fr.



306. La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro, comédie en cinq actes, en prose. Par M. de Beaumarchais. (Kehl), Imprimerie de la Société littéraire-typographique, et se trouve à Paris chez Ruault, 1785, in-8, fig. de Saint-Quentin gravées par Halbou, Liénard et Lingée, mar. r., dos orné, fil. et comp. à la Du Seuil, dent. int., tr. dor. (David). Pap. vélin. Aux armes du prince d’Essling. 126 fr.



310. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé (par Longus). S. l. [Paris], s. n. [Quillau], 1718, pet. in-8, front. gravé, fig., mar. r., dos orné, large dent., doublé de tabis bleu, tr. dor. (Derome). Ex. réglé avec toutes les figures encadrées de filets vert et rouge. 900 fr.

311. L’Heptaméron des nouvelles de Marguerite de Valois, royne de Navarre. Paris, Gilles Robinot, 1560, in-4, mar. bleu, dos et plats ornés de marguerites (Trautz-Bauzonnet). Ex. Monmerqué. 350 fr.



313. Le Printemps d’Yver. Lyon, Benoist Rigaud, 1582, in-16, titre gravé, mar. r., dos orné, fil., tr. dor. (Du Seuil). Ex. de Nodier, aux armes du marquis de Coislin. 60 fr.



315. Histoire amoureuse des Gaules (par Bussy-Rabutin). Liège, s. n., s. d. (1665), pet. in-12, mar. or., dos orné, fil. et milieu à petits fers et au pointillé, dent. int., tr. dor. (Allô). Édition originale, dite « à la croix de Malte » ([2]-190-69-[4] p.). 51 fr.



334. Histoire de Gil Blas de Santillane. Par M. Le Sage. Paris, Libraires associés, 1747, 4 vol. in-12, 32 fig. non signées gravées par Dubercelle, mar. La Vallière, dos orné, large dent., petits comp. en mosaïque de mar. r. sur le dos et aux angles des plats, dent. int., tr. dor. (David). Premier tirage de la dernière édition et la meilleure du vivant de l’auteur. 161 fr.


Photographie Musée Médard, à Lunel

374.Œuvres de Monsieur Scarron. Amsterdam, J. Wetstein, 1752, 7 vol. in-12, portr. et fig., mar. bleu à long grain, dos orné, fil., tête dor., non rog. (Muller successeur de Thouvenin). 122 fr.


Photographie Library of Congress

380. Cosmographiae Introductio. Saint-Dié, 1507, in-4, fig. sur bois, mar. bleu, fil. à fr., dent. int., tr. dor. (Duru). Des bibliothèques de Yemeniz et du Dr Court. 1.080 fr.


Photographie Le Scriptorium d'Albi, à Montolieu

386. Chronologie universelle des souverains pontifes, anciens pères, empereurs, rois, princes et hommes illustres dès le commencement du monde. S. l. [Paris], s. d. [1622], gr. in-fol., titres manuscrits entourés d’un encadrement gravé, portr. et texte gravés, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). Recueil connu sous le nom de « Chronologie collée » : ces portraits se débitaient en rouleaux ainsi que le texte et étaient ensuite collés pour former les volumes. 365 fr.



387. Chronique de Nuremberg. Nuremberg, Koberger, 1493, in-fol., 2.000 fig. en bois. 375 fr.



420. La Vie et Faits notables de Henry de Valois. S. l. (Paris), s. n. (Millot), 1589, in-8, 1 fig. sur bois, mar. r., dent., dos orné, tr. dor. (Bauzonnet). Édition originale attribuée à Jean Boucher. Des bibliothèques de Nodier et de M. de Montesson. 80 fr.


Exemplaire Guy Bechtel
Drouot, 6 mars 2015 : 19.000 €

450. Le Recueil ou Croniques des hystoires des royaulmes daustrasie ou france orientale dite à présent lorrayne. De hierusalem, de Cicile. Et de la duche de bar (par Symphorien Champier). Lyon, Vincent de Portunaris, 1510, in-fol. goth., fig. sur bois, dos orné, 6 fil., dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Purgold). 290 fr.

453. Chronicque abregee par petits vers huytains des empereurs, roys et ducz daustrasie (par Nicolas Volcyr de Serrouville). Paris, Didier Maheu, 1530, in-4 goth., mar. orange, fil., tr. dor. (Koehler). Ex. de Pixerécourt et Nodier. 255 fr.



464. Elegie de ce que la Lorraine a souffert depuis quelques années par peste, famine et guerre. Sur l’elegie latine de l’auteur et par soy mesme. Nancy, Antoine Charlot, 1660. – Deplorandi Lotharingiæ status ab aliquot annis. Elegia in qua videre est quid passa sit. Peste, fame, bello, author plurium testis est oculatus. Nanceii, apud A. Charlot, 1660. - De serenissimi atque invictissimi principis Lotharingiæ et Barri ducis. Caroli IIII. optatissimo reditu panegyris. Nanceii, apud Anthonium Charlot, 1660. Ensemble 3 pièces de Jean Heraudel en 1 vol. in-4 réglé, mar. vert jans., dent. int. tr. dor. (Capé). 100 fr.





466. Le Siège de Mets, en l’an M. D. LII (par Bertrand de Salignac). Paris, Charles Estienne, 1553, pet. in-4, plan de Metz, mar. r., fil. et comp. à la Du Seuil, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes et au chiffre de Philippe de Béthune. 120 fr.  



La 2e partie, qui ne comprenait que des livres courants, fut vendue en sept vacations, du jeudi 10 au jeudi 17 février 1887, 28 rue des Bons-Enfants, à la Maison Silvestre, salle n° 1 : Catalogue de livres anciens et modernes composant la bibliothèque de feu M. Édouard Meaume, ancien avocat à la Cour d’appel de Nancy, ancien professeur à l’École forestière, membre de l’Académie de Stanislas, chevalier de la Légion d’honneur. Deuxième partie (Paris, Vve Adolphe Labitte, 1887, in-8, [3]-[1 bl.]-140 p., 1.291 lots [chiffrés 488-1.778]).



Parallèlement, sa collection d’estampes fut vendue en trois vacations, du jeudi 10 au samedi 12 février 1887, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 5 rue Drouot, salle n° 4 : Collection de feu M. Édouard Meaume. Estampes anciennes. Œuvres de J. Callot, Claude Lorrain, Sébastien Leclerc, artistes lorrains. Portraits historiques pour l’histoire de la Lorraine, etc. (Paris, Maurice Delestre et Danlos fils et Delisle, février 1887, in-8, 57-[1] p., 708 lots).  

   

Sa collection de monnaies fut vendue le lundi 14 février 1887 : Catalogue d’un choix de monnaies françaises, monnaies et médailles des ducs de Lorraine provenant des collections de feu M. Édouard Meaume (Paris, Rollin et Feuardent, 1887, in-8, 163 lots). Pour le plus grand nombre, les monnaies et médailles recueillies par Meaume avaient fait partie de la collection Auguste Monnier (1801-1864) ; malgré cela, la plupart se sont vendues à bas prix. Mais les séries lorraines de la collection ne commençaient qu’à l’époque de la Renaissance ; il s’agissait plutôt d’une réunion de quelques médailles que d’une suite numismatique et Meaume s’était surtout occupé de l’art de la gravure en médailles.


Sa collection d’autographes suivit : Catalogue de l’importante collection d’autographes concernant la Lorraine et composant le cabinet de feu M. Édouard Meaume (Paris Étienne Charavay, 1887, in-8).


« Le 15 février 1887, fut dispersée la collection de l’érudit nancéen Édouard Meaume. Cette vente à Paris fit réapparaître une quarantaine de lettres de Bernardin et de Félicité Didot. Le comité d’acquisition de la bibliothèque [du Havre] accepta alors de consacrer 300 francs à cette éventuelle acquisition, sans se faire trop d’illusion quant à l’issue de la vente, craignant que le manuscrit ne soit acquis par la maison Didot, comme papier de famille. De fait le bibliothécaire Jules Bailliard ne put remporter que deux lots [une lettre de Saint-Pierre à M. Robin et une lettre à sa seconde femme], le principal lot étant adjugé pour 900 francs à la famille Didot. Mais l’histoire des lettres ne s’arrête pas là. Jean Ruinat de Gournier qui étudia cette correspondance échangée par Bernardin et Félicité rapporte avoir consulté ces lettres dans la collection Didot :


“ Aimé Martin fut pendant longtemps dépositaire de ces dernières lettres ; elles appartenaient à Mlle Virginie de Saint-Pierre, fille de Bernardin, qui avait épousé le général de Gazan. Lorsque Mme de Gazan fut morte, le général les conserva, et quand, en 1849, il succomba au choléra, elles furent vendues avec sa bibliothèque et achetées par un collectionneur dont j’ignore le nom. Paul de Saint-Pierre ne se porta pas acquéreur à cette vente ; il ne pouvait, étant fou, songer à la mémoire de son père. Je retrouve ces lettres à Nancy, en 1856, entre les mains de M. É. Meaume, avocat, puis juge, auteur de diverses brochures et président de l’Académie de Stanislas. Comment les a-t-il eues ? « par un heureux hasard », voilà tout ce qu’il dit. Je perds alors la trace de ces lettres et ne les retrouve que chez M. Pierre Gélis-Didot, l’architecte bien connu, qui est le petit-neveu de Bernardin ; il acheta une partie de ces lettres dans une vente publique, en février 1887, et compléta cette très belle collection, dont il est demeuré, depuis lors, l’heureux propriétaire.”


Pierre-Henri Gélis-Didot s’est plus tard défait de cette collection ; contact pris avec la ville du Havre, Didot proposa de les vendre pour 2 000 francs. Finalement, le 3 mai 1914, la bibliothèque du Havre les acquit pour 1 000 francs sous la forme d’un recueil [de 47 lettres autographes de Bernardin de Saint-Pierre adressées à Félicité Didot, d’une lettre de Bernardin de Saint-Pierre à la citoyenne Didot mère et de 6 lettres également autographes de Félicité Didot à Bernardin de Saint-Pierre. Précédées de considérations morales par Aimé Martin sur les calomnies répandues contre Bernardin de Saint-Pierre] somptueusement reliées par un maroquin signé de Jean-Édouard Niédrée que lui avait commandé Édouard Meaume. »

(Véronique Bui. « Bernardin de Saint-Pierre et la Bibliothèque municipale du Havre ou la construction d’un héritage littéraire ». In Sonia Anton. Vers une cartographie littéraire du Havre. Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2014, p. 90-91)



En 1997, la médiathèque de Verlaine-Pontiffroy, à Metz, a acquis 304 gravures de Callot de la collection de Meaume, réapparue au moment de l’exposition « Jacques Callot » organisée au Musée historique lorrain de Nancy en 1992.







Introduction à l’histoire méconnue d’Alexandre Hatier (1856-1928)

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En France, le visage définitif de l’édition scolaire s’est constitué dans le courant du XIXe siècle : aux anciennes maisons Belin et Mame, se sont ajoutées les librairies Hachette en 1826, Larousse en 1852, Delagrave en 1865, Armand Colin en 1870, Henry Vuibert en 1876, Alexandre Hatier et Fernand Nathan en 1881.


Eglise Saint-Bénigne d'Ambonville

D’une famille originaire d’Ambonville [Haute-Marne], dont les membres signaient « Hastier » tout au long du XVIIIe siècle, François-Alexandre Hatier y est né le 9 juillet 1856, fils de Marguerite-Élisabeth Hatier (1829-1901), qui épousa Jean-Baptiste-Félix Persin, sabotier, à Beurville [Haute-Marne], le 26 janvier 1863, sans reconnaissance de l’enfant.



Alexandre Hatier vint à Paris à l’âge de 14 ans, pour travailler successivement chez des libraires du VIe arrondissement : Abel Pilon, 33 rue de Fleurus, de 1870 à 1876 ; L. Schulz & Fils, 12 rue de Seine, de 1876 à 1878 ; Alphonse Pigoreau, 9 quai des Grands-Augustins, de 1878 à 1880.


Au mois de décembre 1880, Hatier fonda sa propre maison d’édition, en reprenant le fonds de la « Librairie d’Éducation » d’Amable Rigaud, 33 quai des Grands-Augustins.


Jean-Amable Rigaud, fils d’Antoine Rigaud, ancien garde magasin général de l’armée d’Italie devenu maître d’école, et de Rose Chiesa, mariés à Milan [Italie] le 16 avril 1797, était né à Déville [Seine-Maritime] le 12 juillet 1810.

Amable Rigaud avait été commis libraire, avant de devenir gérant de la maison de Madame Deschamps, 5 et 7 galerie Vivienne [IIe], à laquelle il avait succédé vers 1840. Il avait déménagé 50 rue Sainte-Anne vers 1855, puis 33 rue des Grands-Augustins [ancienne maison Féréol-Alexis-Joseph Vermot (1828-1893)] en 1869.



Devenu, en 1856, propriétaire du Journal des enfants et Conseiller des enfants, il y avait écrit sous les pseudonymes de « Charles de Ribelle » et « Céline d’Ornans », puis avait publié plusieurs ouvrages, sous les dits pseudonymes, qui eurent quelque succès : 


La Morale en action (1858), Histoire des animaux célèbres (1859), Le Livre des jeunes personnes vertueuses(1859), Le Monde et ses merveilles(1859), Les Récits amusants (1859), Les Fêtes de l’enfance (1859), La France. Types, mœurs et merveilles de la nature (1859), Les Fastes de la marine française (1860), Les Voyages de mon oncle Vincent (1860), Histoire des siècles et des principales inventions et découvertes (1860), Les Aventures du cousin Simon (1861), Les Récits du père François (1861), La Morale amusante (1861), La Jeune Fille chez tous les peuples(1862), L’Œuvre de Dieu (1862), Le Grand Livre des petits chérubins(1862), Histoire de la famille à Riquiqui et du fameux Gargantua (1863), Les Infortunes de ma tante Josuette et du cousin Bernard (1863), Voyage à travers le monde et l’industrie des nations (1863), Les Confidences de Gribouille (1864), Histoires pour rire (1865), Mémoires et souvenirs de Cadet-Roussel et de son ami Dumolet (1865), Les Métamorphoses de Gringalet (1865), La Civilité honnête, instructive et amusante (1866), Les Trente-Six histoires du père Laridon (1867).



Le 25 septembre 1883, Hatier épousa, à Neufchâtel-sur-Aisne [Aisne], Marie-Alphonsine Lefèvre, née le 30 avril 1858, fille de Auguste-Adolphe Lefèvre, négociant, et de Célinie Nottellet.



La librairie Hatier fut orientée, dès sa création, vers l’édition scolaire. Après les livres de prix, reliés en percaline rouge riche en dorures, 


les fameux manuels de Pierre-Albert Brémant (1855-1908), fils d’instituteur et directeur des cours de l’École d’horlogerie de Paris, destinés à l’enseignement primaire, furent, à partir de 1884, un des grands succès de la maison.




L’Histoire de la littérature française, par Charles-Marc Des Granges (1861-1944), professeur au lycée Henri IV, connut 50 éditions entre 1910 et 1958 ; la même année 1910 parut ses Morceaux choisis des auteurs français.


A l'angle de la rue Séguier

En 1910, les inondations de la capitale submergèrent magasins et bureaux, anéantissant les stocks. 


La librairie émigra alors vers le 8 rue d’Assas [VIe], propriété de la baronne de Grovestins. Au siècle précédent, ces locaux étaient occupés par la Société Fée et Cie, brocheur en livres. La librairie Hatier s’étendra progressivement, en traversant le bloc d’immeubles jusqu’aux 59 et 63 du boulevard Raspail d’une part, en englobant le 6 de la rue d’Assas d’autre part.




Dès 1912, Charles Georgin (1868-1932) publia chez Hatier son Manuel latin en vue de la traduction.

En 1913, Hatier racheta les droits d’éditer le Dictionnaire des huit mille verbes usuels de la langue française, dont la 1èreédition était de 1843, par les frères Louis-Nicolas Bescherelle (1802-1883) et Henri-Honoré Bescherelle (1804-1887).


Le 16 juillet 1913, à Chaillenois [Aisne], Blanche-Marie-Augustine-Élisa Hatier, née à Paris le 24 juin 1884, épousa Adrien-Paul-Marie Foulon (1875-1931).

Le 25 février 1916, à Nevers [Nièvre], Jean-Marie-Alexandre-Julien Hatier, né à Paris le 20 mai 1890, épousa Aimée-Rose-Honorine-Hélène Collin (1891-1980). 


Sous-lieutenant au 122erégiment d’infanterie, il fut tué au Mort-Homme, sur la commune de Chattancourt [Meuse], le 20 août 1917.


En 1917, Charles Georgin publia chez Hatier Œdipe-Roi de Sophocle.



En 1925, parut La Littérature anglaise par les textes, par Georges Guibillon.


Alexandre Hatier mourut à Trélissac [Dordogne], le 15 juillet 1928 : son acte de décès mentionne « fils des défunts Jean Baptiste Hatier et de Elisabeth Hatier » … En vertu d’un arrêt rendu le 5 juin 1923 par la Cour d’appel de Dijon [Côte-d’Or], Alexandre Hatier avait été adopté par son oncle Jean-Baptiste-François Hatier. Alexandre Hatier fut inhumé au cimetière du Montparnasse le 18 juillet.

Son épouse Marie-Alphonsine Lefèvre lui succéda, jusqu’à son décès, le 21 février 1931 à Bordeaux [Gironde], puis ce fut sa fille Blanche Foulon qui dirigea la maison jusqu’à son décès, à Paris, le 15 novembre 1934.


Marque de la Librairie Alexandre Hatier
" Je sers le lecteur "


Thomas Phillipps (1792-1872), le plus grand collecteur de manuscrits de tous les temps.

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Descendant d’une famille établie depuis longtemps à Broadway [Worcestershire, Angleterre], Thomas Phillipps est né hors mariage, à Manchester [Lancashire, Angleterre], 32 Cannon Street, le 2 juillet 1792, fils unique de Thomas Phillipps (1742-1818), industriel, et de Hannah [i. e. Anna] Walton (1770-1851), qui épousera Frederick Judd en 1812.


Middle Hill House et la Tour de Broadway

Il fut élevé à Middle Hill, propriété située près de Broadway, que son père avait achetée en 1794 :


« Dans une des parties les plus riantes du Worcestershire, non loin de la petite ville d’Évesham, se présente une chaîne de collines assez hautes, qui surplombent le hameau de Broadway et offrent l’aspect le plus pittoresque. Une belle maison de campagne, construite à mi-côte, s’élève entre de sombres massifs de verdure et domine toute la contrée, jusqu’aux montagnes de Morvan dans le pays de Galles. Le propriétaire de ce beau domaine, sir Thomas Phillipps, a consacré sa vie entière aux sciences et aux lettres. »

(Ernest Van Bruyssel. « La Bibliothèque de sir Th. Phillipps, Bart ». In Compte-rendu des séances de la commission royale d’histoire. Bruxelles, 1862, Troisième série, t. III, p. 119)


Il commença ses études en 1800 dans une académie privée de Fladbury [Worcestershire, Angleterre], avant d’entrer en 1807 à l’école de Rugby [Warwickshire, Angleterre], puis en 1811 à l’University Collège d’Oxford [Oxfordshire, Angleterre]. Il obtint son baccalauréat en 1815 et son diplôme de maîtrise en 1820.



À la mort de son père, le 1er novembre 1818, il hérita de Middle Hill et, le 23 février 1819, à Cheltenham [Gloucestershire, Angleterre], 

Harriet Molyneux

il épousa Harriet [i. e. Henrietta] Molyneux (1795-1832), fille du général Thomas Molyneux (1767-1841) et d’Elizabeth Perrin (1769-1831). Le jeune couple eut trois filles : Henrietta, née à Londres le 21 novembre 1819 ; Maria, née à Salisbury [Wiltshire, Angleterre] le 14 mars 1821 ; Katharine, née à Berne [Suisse] le 26 avril 1823.


Veuf depuis dix ans, Phillipps épousa en secondes noces Elizabeth Mansel (1814-1879), fille du révérend William Mansel (1792-1823) et de Harriet Oliver († 1877), le 2 juin 1842, à Leamington [Warwickshire, Angleterre]. 


Phillipps fut membre de la Society of Antiquaries de Londres en 1819, de la Royal Society [équivalent de l’Académie des sciences, en France] en 1820 et de l’Athenæum Club en 1826. Il fut nommé administrateur du British Museum en 1861 et élu en 1863 membre honoraire de la New-England historic, genealogical Society.

Il fut créé baronnet [titre donnant droit à l’appellation « sir »] en 1821.


Dès son plus jeune âge, il avait manifesté un amour pour la littérature et dépensait tout son argent de poche dans l’achat de livres. Ses modèles étaient Robert Cotton (1571-1631) et Robert Harley (1661-1724) :  


« My principal search has been for historical, and particularly unpublished manuscripts, whether good or bad, and particularly those on vellum. My chief desire for preserving vellum manuscripts arose from witnessing the unceasingdestruction of them by goldbeaters ; my search for charters or deeds by their destruction in the shops of glue-makers and tailors. As I advanced the ardour of the pursuit increased, until at last I became a perfect vello maniac (if I may coin a word), and I gave any price that was asked. Nor do I regret it, for my object was not only to secure good manuscripts for myself, but also to raise the public estimation of them, so that their value might be more generally known, and consequently more manuscripts preserved. For nothing tends to the preservation of anything so much as making it bear a high price. The examples I always kept in view were Sir Robert Cotton and Sir Robert Harley. »


[Ma principale recherche a été faite pour les manuscrits historiques, en particulier inédits, qu’ils soient bons ou mauvais, et plus particulièrement ceux sur vélin. Mon désir principal de préserver les manuscrits sur vélin est né de la destruction incessante de ceux-ci par des batteurs d’or ; ma recherche de chartes ou d’actes par leur destruction dans les magasins de fabricants de colle et de tailleurs. Au fur et à mesure que je progressais, l’ardeur de la poursuite s’intensifiait. Je finis par devenir un parfait vellomaniaque (si je puis dire un mot) et je donnai le prix que l’on me demandait. Je ne le regrette pas non plus, car mon but n’était pas seulement de me procurer de bons manuscrits, mais aussi d’en faire une estimation publique, afin que leur valeur soit plus largement connue et, par conséquent, plus de manuscrits conservés. Car rien ne tend à préserver quoi que ce soit, mais à en faire payer le prix fort. Les exemples que j’ai toujours gardés en vue sont Sir Robert Cotton et Sir Robert Harley]


On lui doit la conservation de très nombreux manuscrits précieux, qu’il a sauvés de la destruction après la suppression des maisons religieuses et durant les guerres qui éclatèrent au début du XIXe siècle.

Dès 1820, il effectua un séjour de plusieurs années sur le continent, en Belgique, en Hollande, en France, en Allemagne et en Suisse, où il acheta des lots très importants de manuscrits.

Il fut en relation avec les plus grandes librairies étrangères et anglaises, dont celle de Thomas Thorpe (1791-1851), à Londres.



Collectionneur compulsif, il fut le principal acheteur dans les ventes  de bibliothèques, dont celles de Charles Chardin (1742-1827) en 1824, à Paris ; de Gérard Meerman(1722-1771) et de Jean Meerman (1753-1815) en 1824, à La Haye ; de Leander Van Ess (1772-1847) en 1824, à Darmstadt ; Gregory Page Turner (1785-1843) en 1824, à Londres ; de Luigi Celotti (1759-1843) en 1825, à Londres ; de Theodore Williams (1785-1875) en 1827, à Londres ; Henry Drury (1778-1841) en 1827, Londres ; de Robert Lang (1750-1828) en 1828, à Londres ; de Craven Ord (1756-1832) en 1829, à Londres ; de Frédéric North, comte de Guilford (1766-1827) en 1829, à Londres ; de Richard Heber (1773-1833) en 1836, à Paris.


Photographie University of California – Berkeley, Bancroft Library

Phillipps utilisait un timbre humide représentant un lion sur une barre, surmontant la mention « Sir T. P. Middle Hill » 

Photographie de Julian's books, New York

et un ex-libris gravé portant le même lion sur une barre, surmontant des armes [De sable, semé de fleurs-de-lis d’or, au lion rampant d’argent] avec la devise « DEUS PATRIA REX. » sur une banderole et la mention « Thomas Phillipps, Middle Hill, Worcestershire. »


Tour de Broadway

Afin de réaliser certaines publications – fac-similés de manuscrits et catalogues de sa bibliothèque - qu’il distribua gratuitement, il installa dès 1822 une imprimerie dans la tour de Broadway, construite en 1798 sur le domaine voisin de Spring Hill et qu’il avait achetée en 1819.


Sir Thomas Phillipps (1860)

En 1862, Phillipps dut déménager sa bibliothèque et son imprimerie dans une résidence plus vaste : 

Thirlestaine House en 1843

Thirlestaine House en 2010
Photographie de Philip Halling

il choisit Thirlestaine House, à Cheltenham. Le déménagement dura huit mois, mobilisa 160 hommes et 103 chariots tirés par 230 chevaux.


Eglise de Broadway

Thomas Phillipps mourut à Thirlestaine House le 6 février 1872 et fut inhumé dans l’église de Broadway.

Sa fille aînée, Henrietta, épouse de l’érudit shakespearien James Halliwell (1820-1889) le 9 août 1842, hérita de Middle Hill. La cadette, Maria-Sophia, épouse du révérend John Walcot (1820-1899) le 1eraoût 1844, était morte le 26 février 1858. La plus jeune, Katharine, épouse du révérend John-Edward Fenwick (1824-1903) le 4 juillet 1845, hérita de Thirlestaine House et de la bibliothèque. 

Bibliothèque de Thirlestaine House

Cette bibliothèque renfermait alors près de 60.000 manuscrits et 40.000 imprimés.


« Assurément tous ces volumes sont loin d’avoir la même valeur. Plusieurs même n’offrent qu’un intérêt très secondaire ou presque nul. Mais il se trouve aussi dans le nombre des monuments tout à fait précieux pour l’histoire de l’art. Parmi les manuscrits français, par exemple, nous rencontrerons un chef-d’œuvre du XIIIe siècle, les histoires de la Bible et une suite de médaillons des Césars qui peuvent être attribués en toute certitude à l’auteur des illustrations du Livre d’Heures de la reine Anne de Bretagne,le fameux Jean Bourdichon. Devant d’autres volumes de premier ordre, sans pouvoir aller jusqu’à une attribution formelle, nous serons autorisés à prononcer les deux plus grands noms de l’histoire de la miniature française au moyen âge, Pol de Limbourg et Jean Foucquet et à rappeler celui d’un des enlumineurs des ducs de Bourgogne, Jean Hennekart. Un autre livre à peintures est des plus intéressants comme rentrant dans cette catégorie, si peu nombreuse, des manuscrits dont l’enlumineur est nommé en toutes lettres. Non seulement il nous révèle l’existence d’un miniaturiste totalement inconnu jusqu’ici, Henry d’Orquevaulz, qui travaillait à Metz, mais il va jusqu’à nous fournir le portrait de cet artiste. Parmi les manuscrits étrangers, c’est l’Italie qui a la plus grosse part. Elle peut revendiquer les très curieuses illustrations d’un livre d’Évangiles exécuté sur les confins du XIe et du XIIe siècle, les remarquables dessins ombrés du XIVe siècle, insérés dans un exemplaire de la Thébaïde de Stace, l’ornementation d’une finesse exquise, digne d’être attribuée avec grande vraisemblance à Francesco d’Antonio del Chierico, le digne rival d’Attavante, d’un manuscrit des historiens de l’Histoire auguste venant des Médicis, les délicieuses petites miniatures de style florentin accompagnant les Fables d’Ésope, enfin l’exécution matérielle irréprochable de volumes transcrits au plus beau temps de la Renaissance pour les plus fins bibliophiles de l’époque, tels que le pape Nicolas V, Mathias Corvin et les rois aragonais de Naples. »

(Paul Durrieu. « Les Manuscrits à peintures de la bibliothèque de Sir Thomas Phillipps à Cheltenham ». In Bibliothèque de l’École des chartes. Paris, 1889, p. 382-383)


Thomas-Fitzroy Fenwick dans la bibliothèque de Thirlestaine (1936)




Première vente de la Bibliotheca Phillippica

Hormis une partie, qui fut dispersée de gré à gré avec plusieurs gouvernements étrangers, la « Bibliotheca Phillippica » fut vendue aux enchères chez Sotheby’s à partir de 1886, un changement dans la loi britannique permettant la vente par Thomas-Fitzroy Fenwick (1856-1938), petit-fils du vellomaniaque.

En 1945, des libraires londoniens, les frères Lionel Robinson (1897-1983) et Philip Robinson (1902-1991), achetèrent la bibliothèque pour 100.000 £.

Catalogues de Sotheby (1965 à 1976)


Catalogue 153 (1979) de H.-P. Kraus

Le célèbre libraire New-Yorkais Hans-Peter Kraus (1907-1988) acheta en 1977 les 2.000 volumes de manuscrits qui restaient de cette bibliothèque, ainsi que 130.000 lettres et documents manuscrits. 















Bernard-Henry Gausseron (1845-1913), homme de lettres, professeur, traducteur, sociologue, critique d’art et bibliographe

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Descendant d’une famille d’artisans originaire de Chantenay-Villedieu, dans la province du Maine et aujourd’hui dans le département de la Sarthe, installée à Toulouse [Haute-Garonne] avant la Révolution, puis dans le département des Deux-Sèvres, dans la province du Poitou, en 1819, Bernard-Marie-Henry Gausseron est né le 20 octobre 1845 à La Mothe-Saint-Héray, au domicile de ses grands-parents maternels, fils de Jean-Bernard Gausseron (1821-1896), employé des contributions indirectes, et de Marie-Delphine Richard (1822-1887), qui demeuraient à Sauzé-Vaussais.



Par sa mère, Bernard-Henry Gausseron était apparenté à Jules-François Richard (1810-1868), député des Deux-Sèvres en 1848-1849 et maire de La Mothe-Saint-Héray de 1866 à 1868. Sa grand-mère était une Jard-Bourdinière, de la famille de Louis-Alexandre Jard-Panvillier (1757-1822), qui fut député des Deux-Sèvres de 1791 à 1799 et de 1815 à 1822.


Lycée de La Roche-sur-Yon

Gausseron fit ses études comme élève interne au lycée impérial de Napoléon-Vendée, place Napoléon [aujourd’hui collège Édouard Herriot, La Roche-sur-Yon, Vendée], où il manifesta de grandes dispositions littéraires et où il fut encouragé par un de ses maîtres, le poète François-Étienne Adam (1833-1900), et le proviseur Louis Ayma (1807-1893). Dès juin 1864, Gausseron dédia une Ode (Napoléon, Imprimerie VeIvonnet, 1864, in-8) au ministre Victor Duruy, à l’occasion de l’Institution des concours académiques.



Ayant obtenu son baccalauréat ès lettres en 1864, il passa deux ans à Paris, au lycée impérial Napoléon [lycée Henri IV, 23 rue Clovis, Ve], qui préparait en particulier aux concours littéraires. En mars 1866, il envoya à son ancien proviseur une Ode, qui fut publiée dans le Guide des baigneurs et des touristes aux Sables-d’Olonne (Napoléon-Vendée, Imprimerie Ve Ivonnet, 1866). Au lieu de se présenter à l’École normale supérieure, Gausseron entra directement dans l’Université.


Il fut nommé, le 17 novembre 1865, aspirant répétiteur auxiliaire audit lycée Napoléon. Devenu aspirant répétiteur au lycée impérial de Pau [Pyrénées-Atlantiques], dirigé alors par Louis Ayma, il fut nommé, le 13 février 1868, maître répétiteur pour l’enseignement secondaire spécial audit lycée, puis, le 15 septembre 1868, professeur de rhétorique au collège de Foix [Ariège], où Louis Ayma avait été nommé inspecteur d’Académie.


Gausseron revint à Paris dès 1868. Tandis qu’il donnait des leçons à l’Institution Lelarge, 20 rue Gay-Lussac [Ve], il participa, avec le caricaturiste Hector Colomb (1849-1909), dit « Moloch », à la fondation d’un petit journal dirigé contre l’Empire, intitulé La Fronde. Ce fut à cette époque qu’il fit imprimer Les Fils de Kaïn, poëme (Paris, Chez tous les libraires et chez l’auteur, 35 rue Laharpe, 1870, in-12).


Mobile de 1870 en armes

Pendant la guerre de 1870, Gausseron fit son devoir sous les murs de Paris comme sergent, puis comme sous-lieutenant au 1erbataillon des mobiles de la Vendée.



Le soulèvement du 18 mars 1871 marqua le début de la Commune. Ayant des sympathies pour les insurgés, Gausseron fut nommé commissaire de police du quartier de la Sorbonne [Ve], puis, le 25 floréal 79 [15 mai 1871], juge d’instruction attaché au parquet du procureur. Compromis dans le soulèvement – mais rien n’autorise à dire qu’il y participa comme combattant -, il se réfugia en Belgique, d’où il passa en Grande-Bretagne. 

2 Bath Place, Ayr (juin 2018)

Après avoir été professeur à Londres, puis marchand de livres anciens en Écosse, à Édimbourg et à Glasgow, il devint professeur de langues modernes à l’Ayr Academy, prestigieuse école secondaire d’Ayr [Écosse], y demeurant 2 Bath Place. En même temps, il envoyait des articles à L’Émancipationde Toulouse, collaborait à la 9eédition de l’Encyclopædia Britannica et devenait correspondant du journal Notes and Queries.


Entre temps, le 30 décembre 1872, il avait été condamné par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée, par le 17e Conseil de guerre. Figurant parmi les 33 signataires du manifeste du groupe « La Commune révolutionnaire », intitulé Aux Communeux, publié à Londres en juin 1874, il écrivit, le 26 mai 1879 :


« J’étais ici, à Ayr, quand ce manifeste a paru. Je suis absolument étranger à son inspiration et à sa rédaction. Je n’en ai même eu connaissance qu’après qu’il eut été imprimé et publié. Peu de temps après, j’ai cru devoir me retirer formellement, par voie de démission écrite, du groupe au nom duquel ce manifeste a paru, et je me suis, depuis lors, tenu isolé, toujours et complètement, dans la petite ville d’Écosse où je suis encore et où j’ai pu me faire une situation honorable et honorée. »


Blanquiste repenti, il fut gracié le 5 juin 1879 et put rentrer en France. Il retrouva une chaire de lettres et d’histoire à l’Institution Lelarge et épousa à Paris [IXe], le 3 août 1880, Louise-Berthe-Marguerite Béguin, née à Paris le 26 avril 1856, fille de Alexandre-Charles Béguin (1827-1907), professeur de mathématiques à l’École Turgot, et de Louise-Frédérique Cohen (1831-1916), professeur de piano. Ils eurent quatre enfants : Jean-René Gausseron, le 21 août 1881, et Renée-Jeanne-Marie-Marcelle Gausseron, le 17 février 1884, 7 rue Berthollet [Ve] ; Marcel-Henri-Jean-Louis Gausseron, le 26 décembre 1891, et Bernard-François-Jacques Gausseron, le 21 janvier 1894, 55 bis rue de l’Assomption [XVIe, détruit].


Utilisant la connaissance de la langue anglaise que son long séjour lui avait permis d’acquérir, il passa avec succès les examens du certificat d’aptitude à l’enseignement des langues vivantes et fut nommé, dès 1881, chargé de cours d’anglais au lycée de Lons-le-Saunier [Jura].



L’année suivante, il fut reçu agrégé d’anglais et nommé professeur d’anglais, successivement au lycée de Toulouse en 1882, au lycée de Rouen [Seine-Maritime] en 1884 et au lycée Janson-de-Sailly, 106 rue de la Pompe [XVIe] en 1885.


Bernard-Henry Gausseron 

« Ecrivain de haute valeur, chez qui l’originalité et la force s’allient à une érudition aussi solide qu’étendue, B.-H. Gausseron a donné des articles et des études sur une grande variété de sujets à beaucoup de publications périodiques, la Revue des chefs-d’œuvre, la Revue générale, le Livre moderne, l’Art et l’idée [sic], le Courrier du Livre, la Revue hebdomadaire, le Monde moderne, la Revue encyclopédique et la Revue universelle, où il fit longtemps la critique littéraire, la Grande Revue pour laquelle il a écrit (1906) des pages remarquables intitulées : Notes d’un Poitevin sur le Poitou, où éclatent son amour et son intelligence de la petite patrie ; la Revue de l’Enseignement des Langues vivantes, l’Ouest artistique et littéraire, la Revue des Poètes, la Famille, etc., etc.

En 1891, il rédigea, sous le titre de Bibliographie instructive, un petit manuel du bibliophile et du libraire, qui paraissait tous les quinze jours chez l’éditeur Rouveyre.

Il a collaboré activement à la Grande Encyclopédie pendant que Ladmirault en était l’éditeur, et plus tard au Nouveau Larousse illustré.

Il fut jusqu’à la fin secrétaire de la rédaction du Livre, magnifique publication qui reste unique en son genre, fondée et dirigée pendant dix ans par Octave Uzanne ; du Bulletin de la Société des Bibliophiles contemporains et de l’Echo de la Semaine qu’il avait acheté en commun avec M. Edouard Petit à la liquidation Dentu (1894). »

(Dictionnaire biographique et Album des Deux-Sèvres. Paris, Librairie E. Flammarion, s. d., p. 203-204)


On peut diviser en trois catégories les œuvres en librairie de Gausseron, à peu près introuvables pour la plupart.


1°- livres d’enseignement.


A short history of England, by miss Julia Corner, texte anglais, avec des notes en français par Bernard-H. Gausseron (Paris, P. Dupont, 1884, in-18).


Morceaux choisis d’auteurs anglais. Par B.-H. Gausseron (Paris, Librairies-imprimeries réunies, s. d. [1892], in-16, portr.). 


Le Thème anglais aux examens de baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne et aux concours d’admission aux écoles spéciales, par B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université, professeur au lycée Jeanson-de-Sailly (Paris, Nony, 1895, in-8).


La Version anglaise aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne et aux différents concours, par B.-H. Gausseron (Paris, Nony, 1899, in-8). 


Dictionnaire de poche et de voyage Français-Anglais et Anglais-Français […], par B.-H. Gausseron, Professeur agrégé d’Anglais (Paris, Paul Ollendorff, 1911, in-12).


2°- Traductions et adaptations.



Les Fidèles Ronins. Roman historique japonais, par Tamenaga Shounsoui. Traduit sur la version anglaise de MM. Shiouichiro Saito et Edward Greey, par B.-H. Gausseron, Professeur de l’Université. Illustré par Kei-Sai Yei-Sen, de Yédo, (Paris, A. Quantin, 1882, in-8, 64 pl. h.-t.).


Bernard H. Gausseron. Le Corbeau. Poème imité d’Edgar Allan Poë (Paris, A. Quantin, 1882, in-8).



Jonathan Swift. Voyages de Gulliver. Traduction nouvelle et complète par B.-H. Gausseron (Paris, A. Quantin, s. d. [1884], gr. in-8, fig. en noir et en coul.).


Jonathan Swift. Voyages de Gulliver. Traduction nouvelle pour la jeunesse par B.-H. Gausseron (Paris, A. Quantin, s. d. [1885], gr. in-8, fig. en noir et en coul.).



Oliver Goldsmith. Le Vicaire de Wakefield. Traduction nouvelle et complète, par B.-H. Gausseron (Paris, A. Quantin, s. d. [1885], gr. in-8, fig. en coul.).



Lady Roxana ou l’Heureuse Maitresse, par Daniel Defoe. Édition illustrée de magnifiques gravures hors texte par les meilleurs artistes. Traduit de l’anglais par M. B.-H.-G. de Saint-Heraye [sic] (Paris, Librairie générale illustrée, 1885, in-8, pl.).


Photographie Pierre Brillard

La Dernière Feuille. Poëme par Oliver Wendell Holmes (Paris, Maison Quantin, 1887, in-fol., 21 pl. h.-t.). Traduction de B.-H. Gausseron.


Lady M. Majendie. Sur la piste. Traduit de l’anglais par B.-H. Gausseron Et illustré de nombreux dessins (Paris, Maison Quantin, 1887, in-16, fig.).


William Black. Sabina Zembra. Traduit de l’anglais par B.-H. Gausseron Et illustré de nombreux dessins (Paris, Maison Quantin, 1888, 2 vol. in-16, fig.).


Gainsborough et sa place dans l’école anglaise. Par Sir Walter Armstrong […]. Traduction de B.-H. Gausseron (Paris, Hachette et Cie, 1899, in-fol., 62 héliogravures, 10 lithographies en couleurs).



Sir Joshua Reynolds […]. Par Sir Walter Armstrong […]. Traduit par B.-H. Gausseron (Paris, Hachette et Cie, 1901, in-fol., 78 photogravures et 6 lith. en coul.). 


Sir Henry Raeburn […]. Traduit par B.-H. Gausseron (Paris, Hachette et Cie, 1902, in-fol., 61 photogravures h.-t. et 16 dans le texte). 



Lectures littéraires. Pages choisies des Grands Écrivains. Dickens. Traduction nouvelle et Introduction par B.-H. Gausseron (Paris, Armand Colin, 1903, in-16).


William Hogarth, par Austin Dobson […]. Traduit par B.-H. Gausseron (Paris, Hachette et Cie, 1904, in-fol.).


B.-H. Gausseron. La Clémence du cardinal, roman tiré de l’anglais de Stanley J. Weyman (Paris, J. Tallandier, 1904, in-18). 



Histoire de la coca. La plante divine des Incas, par le Docteur W. Golden Mortimer […]. Traduction de la deuxième édition (1902) par H.-B. Gausseron (Paris, A. Maloine, 1904, in-8, front. et fig).


Une jeune Anglaise à Paris. Traduit de l’anglais de Miss Constance E. Maud, par B.-H. Gausseron (Paris, A. Hatier, 1905, in-18).


Du 3 août au 12 octobre 1906, le Journal des débats politiques et littérairesa publié en feuilleton une adaptation par B.-H. Gausseron du roman de Stanley J. Weyman A gentleman of France, sous le titre « Au Temps de la Ligue ».




Dans la collection « Les Livres roses pour la jeunesse. Collection Stead. » :


« M. W. T. STEAD, éditeur-propriétaire des “ Books for the Bairns ”, à Londres, et de la Collection Stead, rue Soufflot, à Paris, a l’honneur d’informer le public que, par suite d’un traité passé avec MM. les Directeurs de la LIBRAIRIE LAROUSSE, 13-17, rue Montparnasse, à Paris, cette Collection populaire sera publiée à l’avenir par les soins de la Librairie Larousse, cette maison ayant aussi le droit exclusif de vendre en France la Collection anglaise publiée à Londres, sous le titre de “ Books for the Bairns ” [Livres pour les jeunes enfants] et “ Poets.” »


-          Les Mauvais Tours de Goupil le Renard. Adaptation par B. H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 58 grav., n° 25).

-          Le Sapin merveilleux et autres contes d’hiver et de printemps. D’après Hans Andersen. Adaptation de M. B. H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 58 grav., n° 26).

-          Les Cygnes sauvages et autres contes de fées. D’après Hans Andersen. Adaptation française par B. H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 26 grav., n° 27).

-          Les Aventures du Baron de Munchhausen. Extraites de la relation certifiée authentique par Gulliver, Sindbad et Aladin. Adaptation de M. B. H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 58 grav., n° 28).

-          Aventures d’Alice au Pays des Merveilles. Par Lewis Carroll. Adaptation française par B. H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], 2 vol. in-16, 31 et 25 grav., nos 31 et 32).

-          Les Aventures de Robinson Crusoé. D’après le texte original de Daniel Defoé. Adaptation de B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], 2 vol. in-16, 52 et 56 grav., nos 33 et 34).

-          La Maison dans la forêt et autres Contes de Fées. Par les Frères Grimm. Adaptation française par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 34 grav., n° 35).

-           La Vie à la campagne. Scènes anecdotiques écrites pour les enfants. Adaptation française par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 53 grav., n° 38).

-           Le Chef des géants ou le Brave Prince Kilhiough et la Belle Princesse Olwen. Conte du temps du Roi Arthur. Adaptation par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 33 grav., n° 39).

-          Les Merveilleuses Aventures du Vieux Frère Lapin. Adaptation française par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 58 grav., n° 40).

-          La Vie des insectes en dix récits ou le Premier Livre d’Histoire Naturelle. Adaptation par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 35 grav., n° 42).

-          Le Roi des cygnes et autres Contes de Fées. Adaptation française par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 25 grav., n° 43).

-           Les Merveilleuses Aventures de Don Quichotte de la Manche. Adaptation pour les enfants par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 42 et 39 grav., nos44 et 45).

-           Tom pouce et ses Merveilleuses Aventures. Adaptation par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 45 grav., n° 47).

-          Histoire d’Ondine. Adaptation par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1910], in-16, 25 grav., n° 48).

-          Le Prince joueur suivi de cinq Contes champêtres. Adaptation par M. B.-H. Gausseron, Agrégé de l’Université (Paris, Larousse, s. d. [1911], in-16, 23 grav., n° 60).



Claude Duval ou Au temps des puritains d’Angleterre (Paris, A. Eichler, s. d. [1911], 50 fascicules in-8). Roman historique, d’après Charlton Lea [pseudo. de Alfred-Sherrington Burrage (1850-1906)], traduit par B.-H. Gausseron.


3°- Ouvrages originaux.   



Une série en 6 volumes de livres d’éducation et de morale, publiés anonymement d’abord, puis avec le nom de l’auteur et sous le titre collectif La Vie en famille (Paris, Librairie illustrée, s. d., in-18) : Que faire de nos filles ? -Doit-on se marier ? - Comment élever nos enfants ? - Que feront nos garçons ? - Comment vivre à deux ? - Où est le bonheur ?


Mémoires du comte de Grammont, par Antoine Hamilton […]. Préface de H. Gausseron (Paris, L. Conquet, 1888, in-4, portrait, 33 fig.). 


B.-H. Gausseron. « Les Keepsakes et annuaires illustrés de l’époque romantique en Angleterre et en France ». In Annales littéraires. Paris, Académie des beaux-livres, novembre 1890, p. 201-251. Gausseron fut le premier bibliographe des keepsakes : livres-albums illustrés que l’on offrait à Noël et au Jour de l’an, dont la mode s’est répandue en France de 1825 à 1860.   


Bibliographie instructive. Petit manuel du bibliophile et du libraire, donnant la valeur actuelle des livres anciens ou modernes recherchés et appréciés […], rédigé par B.-H. Gausseron (Paris, 76 rue de Seine [Édouard Rouveyre], 1891, in-12, Nos 1-3).




Académie des Beaux-Livres. Balades dans Paris. Au moulin de la Galette, à l’hôtel Drouot, sur les quais, au Luxembourg. Notes inédites par MM. E. R., Paul Eudel, B.-H. Gausseron et Adolphe Retté (Paris, Bibliophiles contemporains, 1894, in-4). Gausseron fut parmi les membres fondateurs, en 1889, de la Société des Bibliophiles contemporains.



B.-H. Gausseron. Les Keepsakes et les Annuaires illustré de l’Époque Romantique. Essai de bibliographie (Paris, Auguste Fontaine, Émile Rondeau, successeur, 1896, in-8).



Edmond de Chaillac. Mes nerfs. Sensibleries & boutades. Poésies. Préface de B.-H. Gausseron (Paris, Paul Ollendorff, 1897, in-18). 


L’Art romain. Par B.-H. Gausseron (Paris, L.-H. May, s. d. [1898], in-16). 



Collection du bibliophile parisien. Bouquiniana. Notes et Notules d’un Bibliologue, par B.-H. Gausseron (Paris, H. Daragon, 1901, in-12).


La Santé par la mer. Berck-Plage, par B.-H. Gausseron (Paris, Larousse, 1902, in-8, 17 fig.).


F.-E. Adam. Après la moisson, 1857-1900, poésies posthumes (Paris, Revue des poètes, 1907, in-16). Publié par B.-H. Gausseron et Auguste Générès.


Une gerbe […] par F.-E. Adam (Alençon, Imprimerie Vve F. Guy et Cie, 1908, in-16, portr.). Préface de B.-H. Gausseron.


B.-H. Gausseron. Un Français au Sénégal. Abel Jeandet. Préface par Maurice Barrès, de l’Académie française. Avant-propos par Charles Le Goffic (Paris, Édouard Champion, 1913, in-8, portrait).



Retraité au 1er octobre 1908, Bernard-Henry Gausseron devint membre associé de l’Académie de Mâcon [Saône-et-Loire] au mois de novembre.



Il mourut subitement le 17 juin 1913 au hameau de Machonville, sur la commune de Rouxmesnil-Bouteilles [Seine-Maritime]. Sa veuve s’établit chez sa fille unique, restée célibataire, à Chaville [Hauts-de-Seine], où elle mourut en 1941.
















Robert Hoe (1839-1909), entre presse à imprimer et bibliothèque

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Robert Hoe [prononcez « hao »], premier du nom, naquit à Hose [Leicestershire, Angleterre], le 29 octobre 1784. Il était le fils d’un riche fermier, Richard Hoe, et de Anne Marsh. Contre l’avis de son père, il voulut devenir charpentier, puis, en 1803, embarqua à Liverpool pour les États-Unis d’Amérique.

À New York, sans le sou et à la recherche d’un emploi, il fut pris en charge par Grant Thorburn (1773-1863), épicier. Le 10 janvier 1805, à North Salem [comté de Westchester, état de New York], il épousa Rachel Smith, née à Salem [Washington, New York], le 19 janvier 1782, fille de Matthew [I] Smith (1752-1830) et de Theodosia Mead (1756-1816), mariés le 6 août 1776 à South Salem [Westchester, New York].

Il s’associa alors avec ses deux beaux-frères, Matthew Smith [II] (1779-1820), menuisier, et Peter Smith (1795-1823) – qui devait créer une presse à imprimer en 1822 -, pour créer un atelier de menuiserie sous le nom de « Smith, Hoe & Co », 10 Cedar Street, et fabriquer en particulier des presses à imprimer manuelles. En 1811, ils déménagèrent au 241 Pearl Street.


29 et 31 Gold  Street,  New York. In Mechanics' Magazine (New York, 1833, vol 1, front.)

Après le décès des deux beaux-frères, il leur succéda en 1823, sous le nom de « Robert Hoe & Co ». Il déménagea l’entreprise au 29-31 Gold Street.

En 1827, il fabriqua la première presse à cylindre d’Amérique, selon le modèle de celle de l’ingénieur écossais David Napier (1785-1873).

À la retraite depuis 1830, il décéda le 4 janvier 1833, au hameau de Cross River, sur la commune de Lewisboro [Westchester, New York].


Son fils Richard-March Hoe, né à New York le 12 septembre 1812, lui avait succédé dès 1830.

Il était souvent appelé « Colonel », en souvenir de son service dans la Garde nationale.     


The Washington Press. In Thomas F. Adams. Typographia (Philadelphie, 1837)

En 1835, il fit racheter l’entreprise de Samuel Rust - qui avait refusé de la lui vendre - par son contremaître John Colby (1786-1858) : l’imprimeur new-yorkais avait inventé la presse « Washington » en 1821 et lui avait apporté plusieurs améliorations en 1829.

Le colonel Hoe fut l’inventeur, en 1847, d’une presse à imprimer à cylindre rotatif et à vapeur, la « Lightning Press », qui révolutionna l’impression des journaux. Elle fut perfectionnée en 1871 pour utiliser les rouleaux de papier en continu.


Brightside, résidence de Robert-March Hoe (Coll. Historical Society of Pennsylvania)

Marié deux fois, avec Lucy Gilbert (1813-1841), puis avec Mary-Say Corbin (1817-1901), il fit construire en 1859 un hôtel particulier [détruit en 1909] sur le domaine de Brightside, dans le Bronx.



En 1873, l’entreprise déménagea au 504-520 Grand Street, entre Sheriff Street et Columbia Street.

Richard-March Hoe mourut brutalement au cours d’un voyage à Florence [Italie], le 7 juin 1886. Son frère cadet, Robert Hoe, deuxième du nom, né à New York le 19 juillet 1815, étant décédé à Tarrytown [Westchester, New York] le 13 septembre 1884, ce fut Robert Hoe, troisième du nom, qui succéda à son oncle paternel.



Fils aîné de Robert [II] Hoe (1815-1884) et de Thyrza Mead (1817-1893), Robert [III] Hoe est né à New York le 10 mars 1839. Le 12 août 1863, à Wavertree, quartier de Liverpool [Lancashire, Angleterre], il épousa Olivia James, née à Liverpool le 13 mai 1837, fille de Daniel James (1801-1876), épicier en gros, et de Elizabeth Phelps (1807-1847).

Dès 1873, Robert Hoe disposa, à son domicile du 11 East 36th Street [détruit en 1911], de neuf salles pour sa collection de livres.


« Ce fut naturellement en Europe que M. Hoe fit ses plus nombreuses acquisitions. Aux ventes Sunderland, Beckford, Hamilton, Hayford Thorold, Ashburnham, etc., faites en Angleterre, il acheta des manuscrits, des incunables, les éditions originales des œuvres des auteurs anglais. En France M. Hoe se prodigua particulièrement dans les ventes aux enchères publiques de Techener (1886, 1887, 1888), du baron de Lacarelle (1888), du baron Seillière (1890 et 1893), de Müller (1892), du comte de Mosbourg (1893), de B. Maglione (1894), du comte de Lignerolles (1894), du baron J. Pichon (1897), du baron L. Double (1897), du comte de Sauvage (1898), du baron de Ruble (1899), de Guyot de Villeneuve (1900 et 1901), d’Eug. Paillet (1902), de Daguin (1904), etc., etc.

Il fit aussi à l’amiable, avant la dispersion aux enchères, l’acquisition d’une partie de la bibliothèque de M. Édouard Bocher, riche en poètes du XVIesiècle et en bons livres français bien reliés.

En Amérique M. Hoe avait trouvé dans les ventes de MM. S. Barlow et Brayton Ives l’occasion d’enrichir sa collection de beaux incunables et de précieux Americana. »

(Édouard Rahir. « La Vente Robert Hoe ». In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Henri Leclerc, 1913, p. 122)



Séduit par les belles reliures, les acquisitions de Robert Hoe furent faites sans grande méthode, au hasard des enchères. Il aimait répéter : « If the great collections of the past had not been sold where would I have found my books ? » [Si les grandes collections du passé n’avaient pas été vendues où aurais-je trouvé mes livres ?]











Il utilisa trois modèles d’un ex-libris estampé à chaud sur pièce octogonale de maroquin noir, marron, rouge ou bleu, présentant une presse à imprimer, encadrée ou non par deux personnages, et portant la mention « EX LIBRIS ROBERT HOE » dans un écu.


64 Madison Avenue


29 East 32nd Street (Photographie The Grolier Club)

Le soir du 23 janvier 1884, à 20 h. 30, Robert Hoe invita chez lui huit bibliophiles pour discuter de la formation du « Grolier Club de la ville de New York » : « Its object shall be the literary study and promotion of the arts pertaining to the production of books » [Son objet est l’étude littéraire et la promotion des arts relatifs à la production de livres. Article I, section 2, des Statuts et réglements]. Furent présents : William-Loring Andrews (1837-1920), premier bibliothécaire du Metropolitan Museum of Art ; Theodore-Low De Vinne (1828-1914), imprimeur ; Alexander-Wilson Drake (1843-1916), graveur ; Albert Gallup (1853-1892), avocat ; Brayton Ives (1840-1914), banquier ; les éditeurs Samuel-Wesley Marvin (1845-1923), Edward-Spencer Mead (1847-1894) et Arthur-Baldwin Turnure (1856-1906). Le 17 mars 1884, le Grolier Club s’installa au 64 Madison Avenue, puis déménagea au 29 East 32nd Streeten 1890 et, en 1917, au 47 East 60th Street, son domicile actuel.Robert Hoe en fut le premier président, de 1884 à 1888, et siégea au Conseil de 1884 à 1906.


En 1887, Robert Hoe devint membre correspondant de la Société des Amis des livres, présidée par Eugène Paillet (1829-1901).


Reliure signée par Léon Maillard et portant le chiffre de Robert Hoe

En 1895, à l’initiative de Edwin Babcock Holden (1861-1906), Robert Hoe et d’autres membres du Grolier Club fondèrent le « Club Bindery », destiné à fournir aux bibliophiles américains des reliures d’une qualité égale à celles disponibles en Europe, évitant ainsi les inconvénients liés à l’envoi des livres. William Matthews (1822-1896), membre du Grolier Club, relieur d’origine écossaise, qui avait immigré en 1843, fut chargé de son organisation et embaucha les premiers artisans : Frank Mansell, R. W. Smith, Henri Hardy, Adolf Dehertog, Charles Micolci, Mary Neill, Anna Berger et les Français Léon et Paul Maillard. En 1906, le Grolier Club organisa « An exhibition of some of the latest artistic bindings done at the Club Bindery » [Exposition de certaines des dernières reliures artistiques faites au Club Bindery]. Mais le Club Bindery cessa d’exister en avril 1909, faute de moyens financiers nécessaires au fonctionnement de l’atelier de reliure.  


Robert Hoe fut l’éditeur de l’ouvrage de J. Maberly, The Print Collector (New York, Dodd, Mead & Company, 1880) et l’auteur de A lecture on bookbinding as a fine art (New York, Grolier Club, 1886) et de A short history of the printing press (New York, Robert Hoe, 1902).

Il mourut à Londres, au 38 Brunswick Square, le 22 septembre 1909, après une dizaine de jours d’indisposition. Son fils, Robert Hoe (1876-1960), quatrième du nom, prit le contrôle de l’entreprise : il démissionnera en 1924.



Sa bibliothèque fut dispersée par The Anderson Auction Company. Les livres ont produit une somme considérablement plus élevée que celle qu’ils avaient été payés : après 79 vacations pour disperser 14.588 lots, le total général de la vente s’éleva à 1.932.056 $, soit 9.660.280 francs.


« La vente Hoe fit sensation à New York : avant la première vacation de nombreux articles furent insérés dans les journaux et cette publicité attira un assez grand nombre d’amateurs et de libraires, surtout au début. Quelques libraires européens : Mme Th. Belin de Paris, MM. Quaritch et Maggs de Londres, Baër de Francfort assistèrent à une ou plusieurs ventes. Les ordres d’achat venus d’Europe furent importants, mais si quelques beaux volumes ont retraversé l’Océan, beaucoup sont restés en Amérique et c’est à peine si les achats des collectionneurs étrangers se sont élevés à 2 millions de francs. » (Ibid., p. 124)



Les 256 lots de manuscrits, presque tous ornés de miniatures, ont généralement atteint des prix fort élevés.

En livres modernes, Robert Hoe avait réuni une assez importante série des éditions originales de quelques grands écrivains français du XIXe siècle : Victor Hugo, Lamartine, Alfred de Musset, Théophile Gautier, Coppée, Maupassant, Anatole France, Bourget. Dans les livres illustrés, il s’était plutôt attaché à prendre des exemplaires richement reliés, ou avec dessins originaux dans les marges. Les prix atteints par ces ouvrages ont été généralement modérés ; les enchères les plus élevées ont été obtenues par les volumes avec marges ornées de dessins et d’aquarelles.

La bibliothèque était très riche en ouvrages d’auteurs anglais et quelques-uns se sont vendus à des prix extrêmement élevés.

Robert Hoe avait réuni une précieuse série d’ouvrages sur la découverte de l’Amérique et sur les origines de la ville de New York. Un certain nombre d’entre eux avaient été acquis à la vente Court, à Paris, en 1884, mais ils ne passèrent chez lui qu’après les ventes Barlow et Brayton Ives, qui se firent à New York en 1889 et 1891.

La plupart des livres de la collection Hoe étaient dans des reliures somptueuses, soit anciennes, soit modernes ; les volumes avec des armoiries ou les noms et devises des bibliophiles célèbres étaient très nombreux. Robert Hoe avait publié un album reproduisant les plus belles reliures de sa collection : One hundred and seventy-six historic and artistic book-bindings, dating from the fifteenth century to the present time, pictured by etchings, artotypes, and lithographs after the originals selected from the library of Robert Hoe [Cent soixante-seize reliures historiques et artistiques, datant du quinzième siècle à nos jours, représentées par des gravures, des phototypies, et des lithographies d’après les originaux choisis dans la bibliothèque de Robert Hoe] (New York, Dodd, Mead & Company, 1895, 2 vol. in-fol.).

La collection contenait 6 volumes aux armes de la reine Marie-Antoinette, 14 volumes portant le nom de Grolier, 4 de la bibliothèque de Thomas Maioli, 6 de la bibliothèque de Canevarius. Les volumes ayant appartenu à De Thou, à Longepierre et au comte d’Hoym n’étaient pas très nombreux. De Madame de Pompadour, Robert Hoe avait recueilli 21 ouvrages, dont un Manuel chrestien pour 1743 [Part I, n° 338] qui portait des armoiries fantaisistes. Quatre ouvrages portaient les armoiries de Madame Du Barry.

À côté des belles reliures anciennes, Robert Hoe avait placé de somptueux spécimens des relieurs français contemporains : Capé, Duru, Thibaron-Joly, Lortic, Gruel, Mercier, Cuzin et Trautz-Bauzonnet.



La première vente se déroula du 24 au 28 avril 1911, en 10 vacations : Catalogue of the library of Robert Hoe of New York. Illuminated manuscripts, incunabula, historical bindings, early english literature, rare americana, french illustrated books, eighteenth century english authors, autographs, manuscripts, etc. Part I – A to K (xii-322 p., 1.947 lots).


Photographie University of Cambridge

252. Berners (Juliana). The Book of Saint Albans. Saint Albans, 1486, in-fol. 60.000 fr.



269. Biblia Sacra Latina. Mayence (Gutenberg, Fust et Schoiffer) (1450-1455), exemplaire incomplet de 2 f. sur vélin, en 2 vol. in-fol. 250.000 fr. [aujourd’hui à la Bibliothèque Huntington, San Marino, Californie].



280. Acta Scitu dignissima docteque concinnata Constantiensis concilii celebratissimi. – Decreta et acta consilii Basiliensis nuper impressa. – Promotiones & progressus sacrosancti pisani consilii moderni. Mediolani, Gotardus de Ponte, 1511-1512, in-fol. Ex. de Grolier. 7.750 fr. (Vente B. Maglione : 3.110 fr.).


Photographie Centre Etudes Supérieures de la Renaissance, Tours

286. Appianus. Appian Alexandrin, historien grec, des guerres des Romains. Lyon, Antoine Constantin, 1544, in-fol. Aux armes de Henri I, duc de Guise, dit « le Balafré ». 4.500 fr. (Vente Techener, 1887 : 4.100 fr.).



306. Bouvelle (Charles de). Livre singulier et utile, touchant l’art et practique de Géométrie. Paris, Simon de Colines, 1542, in-4. Ex. de François Ier. 5.750 fr. (Vente Lignerolles : 5.160 fr.).

316. Le Contreblason de faulces amours. Paris, Simon Vostre, v. 1512, in-8. Reliure mosaïque de Lortic. 1.800 fr. (Vente Lignerolles : 695 fr.).

317. Coquillart (Guillaume). Les Œuvres maistre Guillaume Coquillart en son vivant official de Reims. Paris, Galliot du Pré, 1532, in-8. Rel. mosaïque de Trautz-Bauzonnet. 10.000 fr. (Vente Fresne : 9.000 fr.).

323. Fregulphus. Fregulphi episcopi Lexoviensis chronicorum. Coloniæ, Melchior Novesianus, 1539, in-fol. Ex. de Maioli. 3.250 fr. (Vente Maglione : 1.855 fr.).



325. Giovio (Paolo). Commentarii delle cose de Turchi. Venise, Figliuoli di Aldo, 1541, in-8. Ex. de Canevarius. 2.500 fr.



328. Heliodorus. Æthiopicæ historiæ libri decem. Bâle, Jean Oporin, 1552, in-fol. Ex. de Grolier. 27.500 fr. (Vente Techener, 1887 : 12.000 fr.).



331. Justine martyr. Les Euvres de Sainct Justin philosophe & martyr. Paris, M. Vascoran, 1559, in-fol. Ex. de Louis de Sainte-Maure, marquis de Nelle. 5.250 fr. (Vente Seillière, 1893 : 1.870 fr.). [Paris, Alde, 12 novembre 2015 : 85.000 €]



364. Sansovino (Francesco). Cronologia del mondo. Venise, nella Stamperia della Luna, 1580, in-4. Ex. de Henri III. 3.750 fr. (Vente Double, 1897 : 1.620 fr.).



371. Valerius Maximus, nuper editus. Venise, in ædibus Aldi et Andreæ soceri, 1534, in-8. Ex. de Grolier. 7.500 fr. (Vente Adert, 1887 : 4.000 fr.).

410. Boccaccio (Giovanni). Il Decamerone. Londres [Paris], 1757, 5 vol. in-8, mar. rouge de Padeloup, fig. galantes ajoutées. 5.000 fr. (Vente Destailleur : 3.705 fr.).



414. Boccaccio (Giovanni). Cy commence Jehan Bocace de Certald son livre intitulé De la ruyne des nobles hommes et femmes. Bruges, Colard Mansion, 1476, in-fol. 35.000 fr. (Vente Ashburnham : 17.375 fr.).

432. Bonaparte (Lucien). La Tribu indienne, ou Édouard et Stellina. Paris, Imprimerie de Honnert, 1799, in-8. Rel. en mosaïque de Cuzin. 8.625 fr. (Vente du baron Franchetti, 1890 : 4.000 fr.).

455. Bouchet (Jean). L’Amoureux transy sans espoir. Paris, A. Verard, v. 1503, in-4, sur vélin. 17.000 fr. (Vente Sunderland : 16.000 fr.).



459. Bouchet (Jean). Le Jugement poetic de l’honneur feminin & séjour des illustres claires et honnestes dames. Poitiers, Jean et Enguilbert de Marnef frères, 1538, in-8. 1.475 fr. (Vente Villeneuve : 505 fr.).



742. Cicero. Rhetorica nova et vetus. Venise, Nicolas Jenson, 1470, in-4, sur vélin. 9.125 fr. (Vente Techener, 1888 : 1.420 fr.).

758. Cleriadus et Meliadice. Paris, A. Verard, 1495, in-fol., sur vélin. Rel. de Trautz-Bauzonnet. 43.000 fr. (Vente Seillière, 1893 : 8.650 fr.).

829. Corneille (Pierre). Mélite ou les Fausses Lettres. Paris, François Targa, 1633, in-4. Rel. de Lortic. 675 fr. (Vente Daguin : 1.205 fr.).

838. Corneille (Pierre). Cinna ou la Clémence d’Auguste. Paris, Toussaint Quinet, 1643, in-4. Rel. de Mercier. 650 fr. (Vente Villeneuve : 900 fr.).

839. Corneille (Pierre). Polyeucte martyr. Paris, A. de Sommaville & A. Courbé, 1643, in-4. Rel. de Thibaron-Joly. 725 fr. (Vente Daguin : 1.155 fr.).

840. Corneille (Pierre). La Mort de Pompée. Paris, A. de Sommaville & A. Courbé, 1644, in-4. Rel. de Cuzin père. 900 fr. (Vente Daguin : 600 fr.).

845. Corneille (Pierre). Andromède. Paris, Charles de Sercy, 1651, in-4. Rel. de Cuzin. 725 fr. (Vente Daguin : 1.200 fr.).


Photographie New York historical Society

1.057. Denton (Daniel). A brief description of New York : Formerly called New-Netherlands. Londres, John Hancock et William Bradley, 1670, in-4. Rel. de F. Bedford. 16.500 fr. (Vente B. Ives : 3.075 fr.).

1.435. Gautier (Théophile). Mademoiselle de Maupin. Paris, 1835-1836, 2 vol. in-8, mar. doublé par Cuzin, couv. conservées. 2.125 fr. (Vente Müller : 1.250 fr.).

1.505. Gohory (Jacques). Livre de la conqueste de la Toison d’Or. Paris, 1563, in-fol. Aux armes de la famille de Guise. 7.500 fr. (Vente Destailleur, 1895 : 11.900 fr.).  

1.545. Gregorius Magnus. Le Dialogue Monsr. Sainct Grégoire. Paris, Anthoyne Verard, 1509, in-4, sur vélin. Rel. Bauzonnet-Trautz. 4.000 fr. (Vente Lignerolles : 1.105 fr.).



1.550. Bessarion (Johannes). Bessarionis cardinalis niceni, & Patriarchæ Constantinopolitani. Venise, in ædibus Aldi & Andreæ soceri, 1516, in-fol. Ex. de Grolier. 15.000 fr. (Vente Techener, 1887 : 5.500 fr.).



1.655. Helyas, knight of the swanne. Londres, Wynkyn de Worde, 1512, in-4, sur vélin. 105.000 fr.



1.715. Homer. Opera græce, cum præfatione græca Demetrii Chalcondylae et latina Bernardi Nerlii typographi ad Petrum Medices, Laurentii filium, etc. Florence, Bartolomeo di Libri per Bernard e Neri Nerli, 1488, 2 vol. in-fol. Mar. r.



Drouot, 22 février 2019

1.729. Horæ. Hore intemerate Dei genitricis Virginis Marie secūdum usum Romanum. Paris, T. Kerver, 1507, in-8, sur vélin. Rel. de Capé.  



1.929. Kempis (Thomas À). Imitatio Christi. Augsbourg, G. Zainer, v. 1471, in-fol. Rel. Trautz-Bauzonnet. 9.875 fr. (Vente Paillet : 4.050 fr.).  


Suivirent 9 vacations, du 1er au 5 mai 1911 : Catalogue of the library of Robert Hoe of New York [Ibid.]. Part I – L to Z ([3]-[1 bl.]-282 [chiffrées 324-605]-[1]-[1 bl.] p., 1.591 [numérotés 1.948-3.538] lots).


2.073. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. S. l. [Paris], s. n. [Quillau], 1718, in-12. Rel. mosaïque de Cuzin. 4.625 fr. (Vente Daguin : 4.020 fr.).


Photographie The Morgan Library & Museum

2.110. Malory (Sir Thomas). Le Morte d’Arthur. Westminster, W. Caxton, 1485, in-fol. 214.000 fr.
2.144. Jarry (Nicolas). Airs nouveaux de la Cour. Manuscrit. S. d. [XVIIe], in-8, sur vélin. Rel. mosaïque de Trautz-Bauzonnet, au chiffre du comte de Lurde. 28.750 fr. (Vente Ruble : 17.050 fr.).

2.189. Marguerite de Navarre.Marguerites de la Marguerite des princesses. Lyon, Jean de Tournes, 1547, in-8. Mar. doublé de Trautz-Bauzonnet. 1.850 fr. (Vente Mosbourg : 1.200 fr.).



2.191. Marguerite de Navarre. Histoire des amans fortunez. Paris, Gilles Robinot, 1558, in-4, riche reliure de Cuzin. 8.000 fr. (Vente Daguin, où on annonçait 2 feuillets refaits : 3.405 fr.).



2.205. Marot (Clément). Les Opuscules et petitz traictez. Lyon, Olivier Arnoullet, s. d. [v. 1530], in-8. 4.375 fr. (Vente Daguin : 2.810 fr.).

2.206. Marot (Clément). Ladolescence Clémentine. Lyon, François Juste, 1534, in-12. Rel. de Duru. 3.850 fr. (Vente L. Double, 1897 : 620 fr.).

2.362. Montesquieu (Charles de Secondat de). Le Temple de Gnide. Paris, Le Mire, 1772, in-8. Rel. de Trautz-Bauzonnet. 3.700 fr. (Vente Quentin-Bauchart : 3.900 fr.).

2.536. Le Pastissier françois. Amsterdam, Louis et Daniel Elzevier, 1655, in-12. Riche reliure de Trautz-Bauzonnet. 6.000 fr. (Vente Champs-Repus, 1893 : 3.020 fr.).


Forum Auctions 14 JUIL 2016 £6

2.558. Pausanias. Græciae Descriptio, græce. Venise, in ædibus Aldi et Andreæ soceri, 1516, in-fol. Mar. r. de F. Bedford.

2.704. Rabelais (François). Œuvres avec des remarques historiques et critiques de M. Le Duchat. Amsterdam, 1741, 3 vol. in-4, sur grand papier, mar. citr. ancien de Padeloup. 5.000 fr. (Vente Portalis, 1878 : 5.940 fr.).



2.978. Shakespeare. The First Folio. Mr. William Shakespeare’s comedies, histories, & tragedies. Londres, Isaac Iaggard et Ed. Blount, 1623, première éd. collective. 65.000 fr.



3.101. Smith (William). The History of the province of New-York. Londres, Thomas Wilcox, 1757, in-4. 11.500 fr.


Photographie BnF (détail)

3.172. Suso (Henricus de). Lorloge de sapience nouvellement imprimée à Paris. Paris, Anthoine Vérard, 1493, in-fol. sur vélin. Rel. mar. r. par Trautz-Bauzonnet. 67.500 fr. (Vente Seillière, 1890 : 6.900 fr.).

3.236. Theseus. Hystoire tresrecreative : traictant des faictz & gestes du noble et vaillant chevalier Theseus de Coulongne, par sa prouesse empereur de Romme. Paris, Anthoine Bonnemère pour Longis et Vincent Sertenas, 1534, in-fol. Rel. de Trautz-Bauzonnet, aux armes du baron A. Seillière. 4.625 fr. (Vente Seillière, 1890 : 299 fr.).

3.323. Verlaine (Paul). Amour. Paris, Vanier, 1888, in-12. Demi-maroquin bleu à coins de Noulhac. On joint 2 poèmes et 2 billets autographes [Paris, Alde, 3 novembre 2010 : 17.500 €].

3.361. Villon (François)Les Œuvres de maistre Françoys Villon. Paris, Galliot du Pré, 1532, in-8. Rel. mosaïque de Trautz-Bauzonnet. 19.000 fr. (Vente Lacarelle : 14.020 fr.).


Photographie John Carter Brown Library
3.484. Winthrop (John). A declaration of former passages and proceedings betwixt the English and the Narrowgansets, with their confederates. Cambridge, Stephen Daye, 1645, in-4, 7 p. 50.000 fr.



La deuxième vente se déroula du 8 au 12 janvier 1912, en 10 vacations : Catalogue of the library of Robert Hoe of New York [Ibid.]. Part II – A to K (xii-285-[1] p., 1.854 lots).



182. Bertaut (Jean). Recueil de quelques vers amoureux. Paris, Veuve de Mamert Patisson, 1602, in-8. Rel. en vélin, aux armes de Henri IV. 9.250 fr. (Vente Lignerolles : 7.450 fr.).

200. Caviceo (Jacomo). Il Peregrino nuovamente revisto. Venise, 1533, in-8. Ex. de Canevarius. 2.000 fr.

215. Doré (Pierre). L’Image de vertu demonstrant la perfection & saincte vie de la bienheurée Vierge Marie mère de Dieu. Paris, P. Vidoue, 1540, in-8. Aux armes de François Ier. 5.250 fr. (Vente Double, 1897 : 1.805 fr.).

238. Hyginus. Fabularum liber. Bâle, Ioan. Hervagium, 1535, in-fol. Ex. de Canevarius. 6.250 fr. (Vente Techener, 1887 : 3.350 fr.).



245. Kempis (Thomas à). L’Imitation de Jésus-Christ. Paris, 1690, in-8. Rel. en mosaïque de Monnier. 28.750 fr. (Vente comte de Sauvage, 1898 : 18.550 fr.).



247. Krantz (Albertus). Saxonia. Coloniæ, 1520, in-fol. Ex. de Grolier, inconnu à Le Roux de Lincy. 8.500 fr.

260. Munster (Sébastien). La Cosmographie universelle. Aux dépens de Henry Pierre, 1556, in-fol. Ex. de Henri II. 7.750 fr. (Vente Seillière, 1893 : 2.000 fr.).

269. Pontanus (Joannes Jovianus). Amorum libri II. Venise, in ædibus Aldi et Andreæ soceri, 1518, in-8. Ex. de Grolier. 18.000 fr. (Vente Franchetti : 6.500 fr.).



272. Procopius. De bello Persico. Rome, Eucharius Silber, 1509, in-fol. Ex. de Maioli. 16.000 fr. (Vente Mosbourg : 5.300 fr.).


Photographie BnF (détail du frontispice)

274. Recueil des portraits et éloges en vers et en prose. Paris, 1659, in-8. Aux armes de Marie-Anne-Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier. 7.500 fr. (Vente Mosbourg : 10.685 fr.).



Photographie BnF (détail de la page du titre)

275. Recueil général des Caquets de l’Acouchée. [Paris], 1623, in-8. Rel. mosaïque de Trautz-Bauzonnet. 18.500 fr. (Vente Müller : 8.500 fr.).

278. Sallustius. De conjuratione Catilinæ. Venise, in ædibus Aldi et Andreæ Asulani, 1509, in-8. Ex. de Grolier. 8.500 fr. (Vente Lacarelle : 7.000 fr.).



287. Theophrastus. De historia plantarum libri decem. Venise, Alde, 1497, in-fol. De la bibliothèque de Henri II et de Diane de Poitiers. 23.500 fr.



656. Biblia Latina. Mayence, (Gutenberg, Fust et Schoiffer), (1450-1455), exemplaire complet sur papier, en 2 vol., rel. mar. rouge doublé par Émile Mercier. 137.500 fr. [aujourd’hui à la Bibliothèque Harvard Widener, Cambridge, Massachusetts].

894. Corneille (Pierre). Théâtre, avec des commentaires [par Voltaire]. S. l. [Genève], 1764, 12 vol. in-8. Mar. r., aux armes de La Borde de Méréville. 7.500 fr. (Vente Portalis, 1878 : 745 fr.).



1.052. Diodorus Siculus. Les Troys Premiers Livres de l’histoire de Diodore Sicilien historiographe grec. Paris, [Olivier Mallard], 1535, in-4, sur vélin. 7.375 fr. (Vente G. de Villeneuve : 4.300 fr.).

1.258. Fénelon (F. de Salignac de La Motte). Les Aventures de Télémaque fils d’Ulysse. Paris, Jacques Estienne, 1717, 2 vol. in-12, aux armes de Louis XV. 6.750 fr. (Vente Bordes, 1902 : 3.520 fr. ).



1.342. Froissart (Jean). Le Premier (le Second et le Tiers) Volume des Chroniques de France. Paris, Antoine Vérard, s. d. [1495-1500], 3 vol. in-fol. sur vélin. 6.250 fr. (Vente Ashburnham : 4.750 fr.).

1.422. Gobin (Robert). Les Loups ravissans. Paris, Anthoine Vérard, 1503, in-4. Rel. par Marius Michel. 1.375 fr. (Vente Seillière : 655 fr.).

1.722. Hugo (Victor-Marie). Notre-Dame de Paris. Paris, 1831, 2 vol. in-8. Mar. doublé par Cuzin, couvertures conservées. 2.000 fr. (Vente Müller : 1.545 fr.).



Elle fut complétée par 10 vacations, du 15 au 19 janvier 1912 : Catalogue of the library of Robert Hoe of New York [Ibid.]. Part II – L to Z ([3]-[1 bl.]-297 [chiffrées 287-583]-[1 bl.] p., 1.767 [numérotés 1.855-3.621] lots).



1.905. La Fontaine (Jean de). Contes et nouvelles en vers. Paris, P. Didot l’Aîné, 1795, 2 vol. in-4, pièces ajoutées. 8.750 fr. (Vente Destailleur : 7.600 fr.).


Paris, Rossini, 3 novembre 2010 : 5.800 €

1.998. Le Loyer (Pierre). Erotopegnie ou Passetemps d'amour. Paris, Abel l'Angelier, 1576, in-8. Rel. Trautz-Bauzonnet. 
2.176. Malherbe (François de). Les Œuvres de Mre François de Malherbe, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy. Paris, Charles Chappellain, 1630, in-4, sur grand papier. Veau aux armes de De Thou et de Gaspard de La Chastre. 1.625 fr. (Vente Villeneuve : 6.000 fr.).


Drouot, 14 décembre 2018 : 312.245 €

2.344. Monstrelet (Enguerrand de). Le Premier (le Second et le Tiers) Volume de Enguerran de Monstrellet, ensuyvant Froissart. Paris, Anthoine Vérard, [1503], 3 vol. in-fol., sur vélin. Riche reliure de Lortic. 20.000 fr. (Vente Techener, 1887 : 28.000 fr.).

2.423. Avril (Paul). Histoire d’une épingle. S. d. Manuscrit in-4, 66 aquarelles de Paul Avril. Rel. doublée de Mercier, aux armes du comte de La Croix-Laval. 5.125 fr. (Vente Lacroix Laval : 5.700 fr.).


Photographie BnF

2.960. Saint Graal. L’Hystoire du Sainct Greaal qui est le premier livre de la Table Ronde. Paris, Jehan Petit, Galiot du Pré et Michel le Noir, 1516, in-fol. Rel. par Trautz-Bauzonnet. 5.000 fr. (Vente Double, 1897 : 999 fr.).


Photographie BnF

3.331. Vespuccius (Americus). Lettera di Amerigo Vespucci delle isole nuovamente trovate in quattri suoi viaggi. Florence, Io. Stephano di Carlo da Pavia, 1516, 2 vol. in-4. Rel. de Lortic. 40.000 fr.



3.334. Vespuccius (Americus). SEnsuyt le Nouveau mōde (et) navigations : faictes par Emeric de Vespuce Florentin. Paris, s. d. [1515], in-4. Rel. par le Club Bindery. 17.500 fr.

3.360. Virgile. Opera. Venise, in ædibus Aldi Romani, 1501, in-8. 4.250 fr. (Vente Lignerolles : 955 fr.).


La troisième vente eut lieu du 15 au 19 avril 1912, en 10 vacations : Catalogue of the library of Robert Hoe of New York [Ibid.]. Part III – A to K (vii-[1 bl.]-238-[1]-[1 bl.] p., 1.790 lots).



266. Castiglione (Baldassare). Il libro del Cortegiano. Venise, Aldo Romano, 1528, in-fol. Ex. de Grolier. 11.750 fr. (Vente Brayton Ives : 4.500 fr.).



283. Daniello (Bernardino). La Poetica. Venise, Giovann’ Antonio di Nicolini da Sabio, 1536, in-4. Ex. de Canevarius. 2.125 fr.

305. Gondot (Pierre-Thomas). Le Prix de la beauté ou les Couronnes. Paris, 1760, in-4. Rel. par Derome, aux armes de Marie-Antoinette. 3.875 fr.



328. Krantz (Albertus). Wandalia. Coloniæ, [Johannes Soter], 1519, in-fol. Ex. de Grolier, inconnu à Le Roux de Lincy. 6.500 fr.



336. Merlin. Le Premier (et le Second) Volume de Merlin (et Les Profecies de Merlin). Paris, Anthoine Vérard, 1498, 3 vol. in-fol. Rel. doublée par Padeloup. 12.500 fr. (Vente Ashburnham : 19.000 fr.).

347. Paré (Ambroise). La Manière de traicter les playes faictes tant par hacquebutes, que par flèches. Paris, Veuve Jean de Bue, 1551, in-8, sur vélin. Aux chiffres de Henri II et de Diane de Poitiers. 7.500 fr. (Vente Didot, 1879 : 6.000 fr.).


Photographie International John Gower Society (détail)

1.349. Gower (John). Confessio Amantis. Westminster, William Caxton, 1483, in-fol. 52.500 fr.


Elle se poursuivit du 22 au 26 avril 1912, en 10 vacations : Catalogue of the library of Robert Hoe of New York [Ibid.]. Part III – L to Z ([3]-[1 bl.]-231 [chiffrées 241-471]-[1 bl.] p., 1.622 [numérotés 1.791-3.412] lots).


1.813.Laclos (P. A. F. Choderlos de). Les Liaisons dangereuses. Londres [Paris], 1796, 2 vol. in-8, fig. avant la lettre. Rel. par Bozerian. 3.875 fr. (Vente Mosbourg : 1.350 fr.).




Photographie Library of Congress

1.997. Locher (Jacobus). Libri Philomusi. Strasbourg, J. Grüninger, 1497, in-4. 175 fr.

2.028. Louvet de Couvray (J. B.). Les Amours du chevalier de Faublas. Paris, 1798, 4 vol. in-8. Rel. par Lefébure. 1.925 fr. (Vente Genard : 980 fr.).

2.353. Musset (Alfred de). Contes d’Espagne et d’Italie. Paris, A. Levavasseur et U. Canel, 1830, in-8. Lettre autographe ajoutée. Rel. doublée de Thibaron. 1.400 fr. (Vente Müller : 455 fr.).



2.393. New York. Beschrijvinghe van Virginia, Nieuw Nederlandt. Amsterdam, Jost Hartgers, 1651, in-4. Rel. par le Club Bindery. Contient la première vue de New York. 8.000 fr.

2.486. Pathelin. Maistre Pierre Pathelin restitue à son naturel. Paris, Anthoine Bonnemère, 1533, in-8. Mar. doublé de Trautz-Bauzonnet, au chiffre du comte de Lurde. 1.625 fr. (Vente de Ruble : 1.505 fr.).


Photographie BnF

2.540. Plutarch. La Touche naifve, pour esprouver l’amy & le flatteur. Paris, Simon de Colines, 1537, in-4 sur vélin. Rel. portant « A. SAXANUS. ITA. GALLICE. LVDEBAT. ». 4.750 fr. (Vente Villeneuve : 7.550 fr.).

3.339. Voltaire (Jean F. M. Arouet de). La Henriade, nouvelle édition. Paris, Veuve Duchesne, 1769-1770, in-8. Fig. d’Eisen en épreuves d’artiste. Mar. doublé par Cuzin. Exemplaire de Beraldi. 3.500 fr. (Vente de Fresne : 1.010 fr.).



La quatrième vente eut lieu du 11 au 15 novembre 1912, en 10 vacations : Catalogue of the library of Robert Hoe of New York. Illuminated manuscripts, incunabula, historical bindings, early english literature, rare americana, french illustrated books, eighteenth century english authors, autographs, manuscripts, and the Library of Bibliography in a separate alphabet [p. 461-534, nos 3.309-4.017]. Part IV – A to K (viii-250 p., 1.840 lots).


Paris, Sotheby's, 30 octobre 2017 :3.750 €


290. Béranger (Pierre-Jean de). Chansons de P. J. de Béranger. Paris (et Bruxelles), 1829-1833, 3 vol. in-12. Rel. par Thouvenin. 


337. Eschole de Salerne, en vers burlesques. Suivant la copie imprimée à Paris (Leyde, B. et A. Elzevier), 1651, in-12. Rel. doublée de Trautz-Bauzonnet. 17.500 fr. (Vente Mosbourg : 10.060 fr.).



341. Gautier (Théophile). Le Roi Candaule. Paris, 1893, dessins d’Avril, rel. en mosaïque de Mercier. 6.500 fr. (Vente Paillet : 5.200 fr.).


Photographie BnF

348. Grapheus (Cornelius). Spectaculorum in susceptione Philippi Hisp. Prin. Divi. Caroli V. Cæs. F. An 1549. Anvers, Petro Alosten., 1550, in-fol. Signature de Ballesdens au titre. Ex. de Grolier. 6.000 fr. (Vente Seillière, 1893 : 2.100 fr.).

352. Horatius. Federici Ceruti Veronensis in Q. Horatii Flacci Carmina. Verone, Hieronymum Discipulum, 1585, in-4. Mar. doublé de Padeloup, aux armes du comte d’Hoym. 3.500 fr.



359. Joannes Chrysostomus. Homélies ou sermons qui contiennent son commentaire sur tout l’Évangile de S. Matthieu. Paris, 1693, 3 vol. in-8. Rel. en mosaïque de Padeloup. 15.625 fr. (Vente Lignerolles : 8.550 fr.).

365. Le Livre des statuts & ordonances de l’Ordre Sainct Michel. Paris, v. 1550, in-4, sur vélin, aux armes de Henri II et chiffre de Diane de Poitiers. 3.050 fr.



366. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. [Paris, Quillau], 1718, in-12. Rel. en mosaïque de Padeloup. 14.000 fr.



387. Pontanus (Joannes). Opera omnia soluta oratione composita. Venise, in ædibus Aldi et Andreæ soceri, 1518-1519, 3 vol. in-4. Ex. de Grolier. 11.750 fr. (Vente Delessert, 1895 : 10.500 fr.).



407. Victorius (Petrus). Variarum lectionum libri XXV. Florence, Laurentius Torrentinus, 1553, in-fol. Ex. de Maioli. 4.175 fr. (Vente Techener, 1887 : 3.000 fr.).


Drouot, 17 décembre 2007

626. Cats (Jacob). Hovwelyck. Middelburgh (Amsterdam), 1625, in-4. Rel. en vélin.

Photographie BnF

714. Cicero. Tusculanarum quæstionum libri V. Venise, Nicolas Jenson, 1472, in-fol., sur vélin. 10.125 fr. (Vente Techener, 1888 : 1.900 fr.).



Librairie Amélie Sourget, automne 2013 : 34.500 €

716. Cicero. De oratore ad quintum fratrem dialogi tres. Paris, Michel Vascosan, 1540, in-fol. Mar. doublé de Padeloup le Jeune, aux armes du comte d’Hoym. 2.250 fr.



Elle se termina du 18 au 22 novembre 1912, en 10 vacations : Catalogue of the library of Robert Hoe of New York [Ibid.]. Part IV – L to Z ([3]-[1 bl.]-291 [chiffrées 251-541]-[1] p., 2.177 [numérotés 1.841-4.017] lots).


2.105. Martial de Paris, dit d’Auvergne. Sensuyt les Vigilles du Roy Charles. Paris, veuve feu Jehan Trepperel, (ap. 1508), in-4. Mar. vert de Duru. 



2.551. Perrault (Charles). Histoires ou contes du temps passé. Paris, Claude Barbin, 1697, in-12. Rel. doublée par Trautz-Bauzonnet. 3.625 fr. (Vente Fresne : 5.000 fr.).


Photographie BnF

2.649.Quentin (Jehan). L’Oreloge de devocion. [Paris], M. E. Jehannot, (v. 1500), sur vélin avec miniatures. Rel. par le Club Bindery. 7.875 fr. (Vente Pichon, 1897 : 1.305 fr.).


Drouot, 13 juin 2014

2.965. Sonnet (Thomas). Satyre contre les charlatans, et pseudomedecins empyriques. Paris, Jean Milot, 1610, in-8. Mar. r. de Trautz-Bauzonnet.


La veuve de Robert Hoe, troisième du nom, Olivia Phelps-James, décéda le 3 août 1935, à Lake Placid [Essex, New York].
















Auguste et Paul Souze, graveurs sur métaux

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Augustin-Désiré, dit « Auguste », Souze, fils de Guillaume-Pierre Souze et de Suzanne Cavé, est né à Paris, le 29 mai 1829.


12 rue des Amandiers (ancien Collège des Grassins) en 1858
Musée Carnavalet

Il fut apprenti, puis ouvrier et enfin contremaître chez Auguste Tambon (1815-1889), 12 rue des Amandiers-Sainte-Geneviève ou Saint-Jacques [rue Laplace depuis 1864, Ve] :


« graveur sur métaux, confectionne toute espèce de composteurs et fers à dorer en tous genres, à l’usage de MM. les relieurs et doreurs sur cuir ; caractères en acier, timbres, cach., etc. »

(Annuaire général du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration, ou Almanach des 500,000 adresses. Paris, Firmin Didot Frères, 1847, p. 448).


Le 19 février 1852, Auguste Souze épousa Clémentine-Joséphine Brunet, née à Paris le 30 avril 1831, fille de Michel-Joseph Brunet et de Jeanne Thomas.


20 rue de l'Ecole-de-Médecins (enseigne de graveur) en 1866
Photographie par Charles Marville


Établi à son compte en 1857, rue Jean-de-Beauvais [Ve], il déménagea en 1860 dans l’immeuble où fut assassiné Jean-Paul Marat (1743-1793), 20 rue de l’École-de-Médecine [VIe, détruit en 1877], puis 79 rue du Cherche-Midi [VIe] en 1876.


Plaque à dorer en bronze (20,9 x 12,4 x 0,6 cm)
pour E. Dubois. L'Espagne ancienne et moderne. Rouen, Mégard, 1859, in-8.
 Librairie Emmanuel Fradois, Paris : 11.000 €



Il inventa un procédé permettant la gravure sur percaline, au moyen de plaques superposées et encrées de diverses teintes.


Fer à dorer aux armes du comte Paul-Ferdinand-Alfred Berthier (° 1834) 
pour G. Flaubert. Madame Bovary. Paris, A. Lemerre, 1874.
Coll Jacques Giber


En 1862, les graveurs sur métaux étaient alors, par ordre d’importance : Haarhaus, 7 rue d’Assas et 8 impasse d’Assas [rue Coëtlogon, à partir de 1869, VIe] ; Liebherre, 29 quai des Grands-Augustins [VIe] ; Souze, 20 rue de l’École-de-Médecine ; Masset, 80 rue Saint-Jacques [Ve] ; Tambon, 12 rue des Amandiers-Saint-Jacques ; Berger fils, 31 rue de Bièvre [Ve] ; Brindy [Chevalier successeur], 67 rue Saint-Jacques ; Brasseur, 107 rue du Temple [IIIe] ; Hérou, 27 rue Saint-Jacques.

À l’Exposition universelle de 1867, à Paris, le jury décerna à Auguste Souze une médaille de bronze. 


En 1880, à la 6eExposition de l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, organisée au Palais de l’Industrie, le jury lui décerna :


« Une médaille d’or pour M. Souze, graveur en fer à dorer, dont l’exposition est complète, tant au point de vue du dessin professionnel qu’au point de vue de l’exécution. Pour décorer la couverture d’un livre de luxe, on remet au graveur un dessin qui n’est la plupart du temps qu’une simple esquisse accompagnée de quelques notes pour les effets à chercher. Il en résulte que le burin, instrument implacable s’il en fut, et dont la raison d’être est la précision, refroidit presque toujours la conception primitive en lui ôtant sa saveur primesautière. Ce qui a charmé le jury dans les ouvrages de M. Souze, c’est que, tout en gardant la rigidité inhérente à son outil, il a su exprimer la chaleur et le charme d’une improvisation au crayon. »

(Revue des arts décoratifs. Paris, A. Quantin, Première Année, 1880-1881, p. 320)


1871


1874
Drouot, 1 mars 2017 : 41.000 €


1875



1876



1884



1887



1889



1893



Sa signature, « A. SOUZE », fut souvent associée à celles des relieurs Antoine Lenègre (1818-1867), Jean Engel (1819-1892) et Charles Magnier (1821-1904) et aux reliures « rouge, noir et or » des livres de prix et des livres d’étrennes de Berger-Levrault, Calmann Lévy, G. Charpentier, Dentu, Maurice Dreyfous, Firmin-Didot, E. Flammarion, Garnier, Hachette, Hetzel, Th. Lefèvre, Lemerre, Librairie illustrée, Mame, C. Marpon & E. Flammarion, Masson, Plon, Quantin, Léon Vanier, etc.

Auguste Souze cessa son activité en 1894 et mourut à Châtillon [Hauts-de-Seine], 24 rue du Ponceau, le 2 avril 1900. Sa veuve décéda le 23 novembre 1915 à Paris [XIVe], 1 rue Cabanis.


Après avoir travaillé avec Auguste Souze, son neveu, Guillaume-Jean Souze, qui signait « PAUL SOUZE SC. », poursuivit seul son œuvre à partir de 1894. Il était né à Paris, le 9 novembre 1852, fils de Paul-Marie Souze (° 1828), serrurier-mécanicien, frère aîné d’Auguste Souze, et de Louise-Françoise Gonnet, relieuse.


16 impasse du Maine où habita le sculpteur A. Bourdelle de 1884 à sa mort en 1929

Il s’installa 18 impasse du Maine [détruit, XVe, rue Antoine Bourdelle depuis 1930], voisin du sculpteur Antoine Bourdelle (1861-1929).



1890


1893


1895


Associé, pour peu de temps, au graveur Auguste-Louis Lofficiaux (1843-1896), il obtint une médaille d’or à l’Exposition de Bordeaux de 1895.

Paul Souze mourut à Paris [XIIIe], 11 rue de la Santé, le 23 novembre 1924. Sa veuve lui succéda jusqu’en 1937.

Il s’était marié trois fois : le 18 août 1877, à Paris [Ve], avec Louise-Antoinette-Léontine Boileau (1857-1892) ; le 17 février 1894, à Paris [VIIe], avec Julia Madroux (1856-1895) ; le 28 octobre 1899, à Paris [Ve], avec Alix-Marie Bordier (° 1865).




Léon Vanier (1847-1896), bibliopole des « Décadents » et des pseudonymes

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Pierre-Léon Vanier, fils de Étienne-Vincent de Paul Vanier, employé, et de Françoise-Eugénie Henchard, est né à Paris, le 28 décembre 1847.


[Les fichiers de l’état civil reconstitué de Paris donnent les dates de naissance, de mariage et de décès et non les dates des actes : ici, la date de naissance est bien le 28 décembre - confirmée dans le dossier de brevet de libraire (A.N., F/18/1832) et dans l’acte de mariage de 1879 -, et non le 27 décembre, comme l’ont écrit Verlaine en 1885 dans Les Hommes d’Aujourd’hui, puis la revue La Plumeen 1889, cette dernière osant même se compter alors parmi « les biographes sérieux » ; ne citons pas les suiveurs, qui ont pris l’habitude de ne pas retourner aux sources.]


Librairie de Théodore Lefèvre, 2 rue des Poitevins
Photographie de Charles Marville (v. 1866)


2 rue des Poitevins et 6 rue Hautefeuille (mai 2018)

Après avoir suivi les cours du soir de la Sorbonne, tandis qu’il était simple commis de librairie chez J. Gosset, boulevard des Italiens, Léon Vanier loua en 1869 une partie de la maison du 6 rue Hautefeuille [VIe], au coin de la rue des Poitevins, pour ouvrir une boutique de libraire : il y succédait au libraire Théodore Lefèvre (1833-1904), lui-même successeur de Joseph Langlumé (1801-1870). Vanier obtint son brevet de libraire le 8 mars 1870, six mois avant la suppression du régime du brevet par décret du 10 septembre 1870. Pendant le siège de Paris (1870-1871), il fit son devoir et fut sergent aux mobiles de la Seine, mis à l’ordre du jour et porté pour la médaille militaire.


Ses débuts furent difficiles et s’il put développer son commerce, ce fut grâce à une bonne opération de librairie : il acheta en solde, à très bas prix, l’Histoire pittoresque, dramatique et caricaturale de la Sainte Russie (Paris, J. Bry Aîné, 1854), illustrée de 500 gravures par Gustave Doré (1832-1883), et vendit très cher les derniers exemplaires. 


De simple libraire, il put devenir alors éditeur dès 1876 : Les Vingt-Huit Jours d’un réserviste (54 croquis à la plume par Raf), dont il était l’auteur ; 


La Frégate L’Incomprise (568 croquis à la plume), par Sahib [pseudonyme de Louis-Ernest Lesage (1847-1919)] 

Photographie BnF

et Lettres et pamphlets de Paul-Louis Courier (portrait gravé à l’eau-forte par Dubouchet).




La librairie est à l'extrême droite

En 1878, il déménagea au 19 quai Saint-Michel [Ve], au rez-de-chaussée d’un immeuble étroit, qui se prolongeait jusqu’à la rue de la Huchette, à l’emplacement de celui qui porte aujourd’hui le n° 21 et qui a été construit en 1900. Il épousa, le 3 juillet 1879, Marguerite-Sidonie-Louise Favrot, née le 5 juillet 1859, fille de Ernest-Louis Favrot, négociant, et de Félicie Beaugendre. Le couple eut trois enfants : Félicien-Paul-Robert, le 21 juin 1882 ; Marcelle, le 22 juin 1886 ; Jeanne, le 15 novembre 1890.


Les poètes « Parnassiens » avaient choisi Alphonse Lemerre (1838-1912) pour éditeur. Les poètes « Symbolistes », désignés d’abord comme « Décadents », eurent Léon Vanier.


L’année 1880 vit la parution du Petit traité de littérature naturaliste(D’après les maîtres), par Camille B[erriat] & Albert H[eimann], et La Journée d’un carabin, par Pierre Infernal [pseudonyme de Léon Épinette (1855-1902)]. 



Et aussi Croquis maritimes, par Sahib, et Peintres & chevalets, par Caran d’Ache [pseudonyme d’Emmanuel Poiré (1858-1909)] et Luque [Manuel Luque (1854-1912)].


En 1881, Vanier édita Amour de chic, étude de brasserie, par Pol Kalig [pseudonyme de Jules Chenantais (1854-1942)], et lança Paris moderne, revue littéraire et artistique, codirigée par Jacques Madeleine [pseudonyme du poète Jacques Normand (1859-1941), et non de son homonyme archiviste-paléographe (1848-1931)] et Georges Moineau [patronyme de Courteline (1858-1929), conforme à celui de son acte de naissance et à sa propre signature sur les actes de ses deux mariages].



Lors de la mise en vente de Sagesse, par Verlaine (Paris, Société générale de librairie catholique, 1881), seulement 8 exemplaires trouvèrent preneur. Vanier racheta les 100 exemplaires d’auteur à vil prix et les remit en vente avec son étiquette sur la couverture.

Cette année 1881, l’éditeur Calmann Lévy (1819-1891) publia un volume portant le même titre que celui de Vanier : Les Vingt-Huit Jours d’un réserviste, par Henri Amic (1853-1929). Vanier s’adressa aux tribunaux et Lévy fut condamné à changer le titre de son volume, d’abord par jugement du tribunal civil du 25 janvier 1884, et sur appel, par arrêt de la cour de Paris du 24 novembre 1886.



En 1882, Vanier commença à publier des « Plaquettes humoristiques », dans la « Collection Vanier » : La Chanson du colonel. Tirée de La Femme à Papa, opérette, par Albert Millaud (1844-1892) et Alfred Hennequin (1842-1887), Le Petit Faust. Chœur des soldats, par Hector Crémieux (1828-1892) et Adolphe Jaime (1824-1901), 


Nos militaires, par Léon Vanier, L’Autruche, par Yveling Rambaud (1843-1899) et Le Général Fricassier, par Nadar [pseudonyme de Félix Tournachon (1820-1910)], illustrés par H. de Sta [pseudonyme de Henri Saint-Alary (1846-1920)]  ; La Pêche à la ligne, par Léo de Marck [pseudonyme de Charles-Bernard Demarque (° 1834)], illustrée par Baric [Jules Baric (1825-1905)] ; Le Chat du bord. Histoire maritime, illustré par Paul Léonnec (1842-1899).



En 1883, Vanier publia deux de ses textes, illustrés par H. de Sta : Un tour au bois. Fantaisie équestre 


Photographie Pierre Brillard

et Armée française. Nouvel alphabet militaire.



L’année suivante, Vanier édita Patara et Bredindin. Aventures & mésaventures de deux gabiers en bordée, par E. P. [i. e. Paul Léonnec], ex-fourrier du Suffren (150 croquis à la plume par Paul Léonnec), 


Pauvre Pierrot, par Adolphe Willette (1857-1926), 

Photographie Thierry Gauville

Les Hirsutes, par Léo Trézenik [« Petite épine » en breton, pseudonyme de Léon Épinette (1855-1902)], et L’Éternelle chanson. Triolets, par Henri Beauclair (1860-1919). 



Jean Moréas [pseudonyme de Jean Papadiamantopoulos (1856-1910)] publia chez Vanier un recueil, Les Syrtes (S. n., 1884, 124 ex., dont la plupart portent une étiquette collée sur la couverture avec l’adresse de Vanier), qui le fit ranger parmi les décadents, puis Les Cantilènes (1886), où il revendiqua, dans la préface, le titre de « symboliste » : il formula les principes fondamentaux de cette nouvelle manifestation d’art dans un manifeste retentissant publié par Le Figaro. Supplément littéraire du 18 septembre 1886 (p. 150-151) :


« Depuis deux ans, la presse parisienne s’est beaucoup occupée d’une école de poètes et de prosateurs dits “ décadents ”. Le conteur du Thé chez Miranda (en collaboration avec M. Paul Adam, l’auteur de Soi), le poète des Syrtes et des Cantilènes, M. Jean Moréas, un des plus en vue parmi ces révolutionnaires de lettres, a formulé, sur notre demande, pour les lecteurs du Supplément, les principes fondamentaux de la nouvelle manifestation d’art. »



En 1885, parurent chez Vanier : Histoire de Marlborough (S. d., dessins de Caran d’Ache), par Jules de Marthold [pseudonyme de Jules-Adolphe Dufour (1847-1927)] ; 


Têtes de pipes (21 photographies par Émile Cohl, pseudonyme de Émile Courtet 1857-1938), par L.-G. Mostrailles [pseudonyme collectif de Léon Épinette et Georges Rall (° 1858), d’où les initiales « L.-G. »] ; 


Les Déliquescences. Poèmes décadents d’Adoré Floupette (Byzance, Chez Lion Vanné, in-12, 33-[3] p., 110 ex.), par Gabriel Vicaire (1848-1900) et Henri Beauclair ; Les Lendemains, par Henri de Régnier (1864-1936) ; Les Pierrots. Fantaisie en vers (S. d., ill. par Adolphe Willette), par Achille Melandri (1845-1905) ; 


Les Complaintes, par Jules Laforgue (1860-1887) ; 


La Vie à cheval (ill. h. de Sta), par Vanier.


À partir de 1885, Vanier fut également l’éditeur de la revue Les Hommes d’Aujourd’hui, série de portraits-charges, dont André Gill [pseudonyme de Louis-Alexandre Gosset de Guines (1840-1885)] avait été le caricaturiste historique.


À l’occasion de la publication de la charge de Léon Vanier, dessiné par Luque, dans le N° 320, Louis Villatte [pseudonyme d’Adrien Bajut (1861-1903)],fondateur en 1886 de la revue Le Décadent littéraire & artistique, devenue Le Décadent. Revue littéraire bi-mensuelle en 1887, écrivit :


« S’il n’était qu’un éditeur, c’est-à-dire un honorable marchand de papier, certes sa gloire serait à l’apogée et il ne pourait [sic] guère espérer davantage. C’est qu’il est en même temps et surtout une idée, c’est qu’il est le centre d’un mouvement littéraire qui ne s’arrêtera pas et auquel son nom demeurera attaché.

Ce mouvement créé par la jeune génération n’est ni le Parnasse, ni le Romantisme, ni le Naturalisme ; on l’a qualifié de décadent, il n’en existe pas moins et il serait trop tard pour le nier. C’est du Quai Saint-Michel, de la maison Vanier qu’il est parti. C’est là que Verlaine, Laforgue, Raynaud, Moréas et tant d’autres firent éditer leurs premières œuvres si bruyamment retentissantes. C’est de là que s’est levée cette constellation de talents si divers : Maurice Barrès aujourd’hui rédacteur au Voltaire ; Jean Ajalbert qui va être joué au Théâtre-Libre ; Francis Viellé [sic]-Griffin, l’auteur des Cygnes ; Henri de Régnier qui prépare les Jardins d’Armide ; l’auteur du Centon, Charles Vignier, aujourd’hui rédacteur à l’Evénement ; Noël Loumo, le gentleman décadent si connu ; Léo Trézenick, l’ancien directeur de Lutèce ; Beauclair, l’auteur de l’Eternelle Chanson ; Edouard Dujardin qui écrivit les Hantises, et combien d’autres qui ne sont pas moins connus ni moins sympathiques, mais dont l’énumération serait trop longue ici.

Enfin, tout ce qui porte un nom parmi les jeunes artistes est passé par là ; Huysmans lui-même tient à y faire éditer ses études sur la vie parisienne et Léon Bloy n’a pas mis ailleurs son volume le Désespéré.  

La Maison Vanier vient au même rang que les plus célèbres maisons d’édition de Paris, Leipzig, Vienne et New-York, et c’est en moins de vingt ans que Vanier a su acquérir cette réputation colossale que les autres ont souvent mis des siècles à asseoir. C’est qu’aussi Vanier n’a épargné ni son temps ni sa peine, et mieux que tout autre il a su manier ce levier puissant de notre monde contemporain : la Réclame. Derrière ses vitrines du quai Saint-Michel s’étalent les livres et les revues du monde entier : plusieurs ne se vendent que peu ou pas. Qu’importe ? ils sont là et le chercheur intelligent est sûr de les y trouver.

Sans Vanier, combien de publications n’eussent jamais vu même le soleil si convoité de Paris ! Ainsi c’est en se rendant utile que cet éditeur si désintéressé s’est attiré l’estime et la sympathie de tous. Moins commerçant qu’artiste lui-même, il a plutôt visé un idéal qu’un gain. Epris des théories de l’école décadente, tous ses efforts tendent à la faire prédominer.

Sans doute, il serait plus nutritif d’éditer de l’Ohnet [Georges Ohnet (1848-1918)] à 150 éditions, mais alors ou [sic] serait le mérite ? ou [sic] serait l’utilité au point de vue artistique, social même ? Car, il ne faut pas l’oublier, Vanier, le champion de tous les progrès, est indifférent à tout ce qui n’a pas une portée intellectuelle ou morale, franchement utilitaire. »

(Le Décadent. Revue littéraire bi-mensuelle. Paris, Troisième Année, N° 6, 1er-15 Mars 1888, p. 9-11)


En 1886, Vanier édita : Les Hantises, par Édouard Dujardin (1861-1949) ; Apaisement, par Henri de Régnier ; 


Poètes mobiles. Monologues, par Maurice Mac-Nab (1856-1889) ; 

Photographie de Bertrand Hugonnard-Roche

Croquis parisiens, par Joris-Karl Huysmans [Charles-Marie-Georges Huysmans (1848-1907)] ; Centon, par Charles Vignier (1863-1934) ; Pentecôte, par Henri Beauclair ; 


L’Imitation de Notre-Dame la Lune, selon Jules Laforgue ; 




L’Armée française. Nouvel album militaire, avec descriptions alphabétiques (25 dessins en couleurs de H. de Sta), par Vanier.


Léon Vanier, par Coll-Toc [pseudonyme de Alexandre Collignon et Georges Tocqueville]
In La Nouvelle Lune, 8 août 1886

Le 10 novembre 1886, Stock refusa de mettre en vente Le Désespéré, par Léon Bloy (1846-1917), ayant découvert des pages diffamatoires sur Francis Magnard (1837-1894), rédacteur en chef du Figaro. Bloy supprima ces pages et se tourna vers un vendeur de journaux Alphonse Soirat (° 1847), qui se fit éditeur : tirée à 2.000 exemplaires, « l’édition véritable » (Paris, Nouvelle librairie A. Soirat, 1886 [1887 sur la couv.]) fut mise en vente le 15 janvier 1887, mais ne se vendit pas. Bloy récupéra une partie des invendus et céda 250 exemplaires à Vanier. Le reliquat de l’édition Soirat fut vendu en 1888 à Albert Savine. Stock se décida en 1893 à mettre en vente son édition (Paris, Tresse & Stock, 1887), qui aurait dû être mise au pilon, expurgée [les exemplaires ayant conservé le carton original se comptent sur les doigts d’une main] et sans l’autorisation de Bloy.  


Puis, en 1887 : Sites, par Henri de Régnier ; 


Le Signe, par Ernest Raynaud (1864-1936) ; 


Légendes de rêve & de sang. Livre II. Le Geste ingénu, par René Ghil [pseudonyme de René-François Ghilbert (1862-1925)] ; André Gill, sa vie, bibliographie de ses œuvres (portraits par Émile Cohl), par Armand Lods (1854-1938) et sa belle-sœur Véga [pseudonyme de Marguerite-Alice de Wegmann (1863-1950)] ; 


L’Après-Midi d’un faune. Églogue (avec frontispice, ex-libris, fleurons & cul-de-lampe par Édouard Manet [1832-1883]), par Stéphane Mallarmé [Étienne Mallarmé (1842-1898)].

Il édita aussi Anatole Baju [pseudonyme d’Adrien Bajut] : L’École décadente(1887), puis L’Anarchie littéraire(1892) et Principes du socialisme(1895).


En 1888, Vanier édita Épisodes, par Henri de Régnier, et, en octobre, le Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes, par Jacques Plowert [pseudonyme de Paul Adam (1862-1920)].  



Suivirent, Les Poèmes d’Edgar Poe. Traduction en prose (portrait et ill. par Édouard Manet), par Stéphane Mallarmé, en 1889 ; Épisodes, sites et sonnets, par Henri de Régnier, 


et Les Amours jaunes, par Tristan Corbière [Édouard-Joachim Corbière (1845-1875)], en 1891 ; 


Poèmes. Les Illuminations. Une saison en Enfer. Notice par Paul Verlaine, par Arthur Rimbaud (1854-1891), en 1892.

En 1892, Vanier reprit, pour un seul numéro [n° 11], l’hebdomadaire de Maxime Bloncourt, Les Femmes du Jour. Il édita Les Cygnes. Nouveaux poèmes (1890-1891), par Francis Vielé-Griffin (1864-1937).



En 1894, il édita ses Petites curiosités bibliographiques. La Lune, histoire, description et particularités, par le Bibliopole Vanier (2 dessins d’André Gill).



En 1895, il édita les Poésies complètes, par Arthur Rimbaud, avec préface de Paul Verlaine.


Fixé à Paris à la fin de l’année 1882, Verlaine avait retrouvé Émile Blémont [pseudonyme de Léon Petitdidier (1839-1927)], qu’il avait connu comme directeur de La Renaissance littéraire et artistique, qui le présenta à Vanier : Paul Verlaine (1844-1896) devint le collaborateur de Paris moderne, donnant également des vers et des proses à La Nouvelle Rive gauche, devenue Lutèce le 6 avril 1883, qui avait aussi ses bureaux à la librairie Vanier.


Drouot, 9 novembre 2016 : 4.100 €


Vanier édita les œuvres de Paul Verlaine à partir de 1884 : Jadis et naguère. Poésies (500 ex.) et Les Poètes maudits. Tristan Corbière. Arthur Rimbaud. Stéphane Mallarmé (253 ex.). En 1886, parurent Fêtes galantes, Les Mémoires d’un veuf et Louise Leclercq. Le Poteau. Pierre Duchatelet. Madame Aubin (Un acte) (1.122 ex.). Puis ce furent Romances sans paroles (1887), Amour(1888, 651 ex.), Sagesse (1889) et Parallèlement (1889, 500 ex.). Les rapports entre l’éditeur et le poète devinrent plus difficiles. Quand Vanier connut la cession faite à l’éditeur Albert Savine (1859-1927) du manuscrit de Bonheur, il éleva une réclamation. Savine reconnut que les revendications de son confrère étaient justifiées, mais conserva le manuscrit des Histoires comme ça, qui fut racheté en 1894 par Vanier à Léonce Grasilier (1850-1930), successeur de Savine en novembre 1893. Grâce à ces arrangements, Verlaine se réconcilia avec Vanier, qui donna successivement Poèmes saturniens (1890), La Bonne Chanson (1891), Les Uns et les Autres (1891), Bonheur (1891), qui forme, avec Sagesse et Amour, le troisième volet d’un triptyque mystique, Chansons pour elle (1891), Mes hôpitaux (1891), Liturgies intimes (1893), Élégies (1893), Mes prisons (1893), Odes en son honneur (1893), Dans les limbes(1894), une seconde édition de Dédicaces. Nouvelle édition augmentée (1894) 


et Invectives(1896).

Après la mort de Verlaine, arrivée le 8 janvier 1896, les amis de Verlaine, sur l’initiative de Vanier, exécuteur testamentaire du poète, voulurent ériger, dans le Jardin du Luxembourg [VIe], du côté de la rue de Fleurus, un monument à la mémoire du poète et en chargèrent le sculpteur Rodo de Niederhausern (1863-1913).


Léon Vanier, vice-président du Syndicat des libraires de Paris, mourut prématurément en son domicile, 19 quai Saint-Michel, le 11 septembre 1896, après une courte maladie, des suites d’une pleurésie contractée à la sortie du banquet du Congrès des libraires de France, qui s’était tenu à Lyon. C’était un chercheur de vieilles estampes, et il possédait des collections très curieuses de caricatures sur tous les hommes politiques et les écrivains de son temps.


« L’éditeur Léon Vanier, qui vient de mourir, laissera un nom dans la littérature, car il a édité la plupart des livres de début des jeunes écrivains actuels. Henry de Régnier, Stuart Merril, Viellé-Griffin, Laurent Tailhade, Adolphe Retté, ont publié des livres chez lui, et aussi Charles Le Goffic, Jules Laforgue, Tristan Corbière, etc., etc.

Il a édité tout Paul Verlaine, et tout Arthur Rimbaud. Il a dirigé la publication des Hommes d’aujourd’hui, une feuille illustrée qui contient les biographies de tous les écrivains et hommes politiques de cette dernière partie du siècle. Parmi elles, vingt-sept qui furent rédigées par Paul Verlaine. Chacune de ces biographies était accompagnée d’un dessin de Gill, Coll Toc, Luque, ou Cuzals [sic].

Les derniers ouvrages qu’a édités Léon Vanier sont : les Poèmes de mes soirs, d’Edmond Pilon ; le Château des rêves, de Fernand Hauser ; Corbeille ancienne, d’Henri Degron, et Invectives, de Paul Verlaine. »

(In Le Gaulois, 14 septembre 1896)


Ses obsèques furent célébrées le 14 septembre en l’église Notre-Dame, sa paroisse.

Le 19 octobre 1896, un nouveau deuil frappa la famille : Jeanne Vanier, presque 6 ans, décéda chez son grand-père maternel, 78 rue Saint-Denis [Ier].



En 1897, une souscription publique fut ouverte, dans la presse quotidienne et périodique, pour la statue monumentale de Verlaine. Celle-ci fut inaugurée le 28 mai 1911 : le buste en marbre est posé sur un haut socle galbé et sculpté, d’où émergent trois figures de femmes, représentant les trois âmes de Verlaine : une âme religieuse, une âme sensuelle et une âme d’enfant.


La veuve Vanier géra son fonds encore quelques années, puis le céda en 1903 à Albert Messein (1873-1957).























Henry Meilhac (1830-1897), homme de théâtre et de plaisir

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2 rue de la Lingerie
Photographie Charles Marville, 1865

D’une famille de la moyenne bourgeoisie, originaire du village de Meilhac [prononcez « Mé-iak »], sur la commune de Hautefage [Corrèze], Henry Meilhac est né le 23 février 1830 à Paris [Ier], 2 rue de la Lingerie, fils de François Meilhac, né à Argentat [Corrèze] le 9 floréal An VI [28 avril 1798], artiste peintre, et de Christine-Aimée Billaux (° 1808), mariés à Versailles [Yvelines], le 3 janvier 1837. Lors de leur mariage, ces derniers reconnurent Henry pour leur enfant légitime, expliquant que c’était « pour des motifs faciles à deviner » que sa mère avait été alors appelée « Antoinette Chomé » dans l’acte de naissance.


[Henry Meilhac n’est pas né en 1831 – ce que confirme son acte de naissance qui figure dans son dossier de légionnaire -, comme l’ont prétendu les journaux contemporains de son décès, date erronée que même Le Petit Larousse illustré répète ! ; son père n’était pas libraire, contrairement à ce qu’a affirmé Jules Claretie, sur la base d’une homonymie, dans La Vie à Paris -1899-, Paris, Eugène Fasquelle, 1900, p. 360]


Son grand-père paternel, Jean Meilhac, né le 17 août 1764 au village de Meilhac, fut reçu docteur en médecine de la Faculté de Montpellier le 23 février 1789. Il exerça à Argentat et accueillit avec enthousiasme les idées nouvelles de la Révolution ; il fut commissaire du pouvoir exécutif près l’administration municipale. Le 2 brumaire An II [23 octobre 1793], il épousa, à Argentat, Jeanne Jourde, de dix ans sa cadette. A la Restauration, il partit pour Paris, avec une carriole et un cheval, emportant avec lui les livres les plus précieux de sa riche bibliothèque. Ces livres constituèrent le premier fonds de l’échoppe de libraire qu’il installa provisoirement entre les colonnades de l’École de médecine [VIe], puis, dès 1815, 11 rue du Cloître-Saint-Benoît [Ve, supprimée en 1855]. Ayant obtenu un brevet de libraire le 20 juin 1820, il déménagea au 10 rue du Cloître-Saint-Benoît, qui fut le rendez-vous des beaux esprits : 


là se réunissaient le chimiste François-Vincent Raspail (1794-1878), le mathématicien Jacques-Frédéric Saigey (1797-1871) et autres savants de l’époque, dont Meilhac fut l’éditeur et l’ami, Louis Hachette (1800-1864), le fondateur de la librairie éponyme. En 1842, Meilhac acheta le fonds des ouvrages qu’avait laissés le naturaliste Thomas-Edward Bowdich (1791-1824), célèbre par ses voyages dans le nord-ouest de l’Afrique. 


Installé au 14 rue du Cloître-Saint-Benoît, Meilhac annonça son désir de cesser le commerce dans le Feuilleton du Journal de la librairie du 4 octobre 1845. Il vendit une partie de ses livres les mardi 20 et mercredi 21 novembre 1849 : Catalogue de livres anciens et de quelques ouvrages modernes en nombre, provenant de la librairie de M. Meilhac. En 1853, à 89 ans, Meilhac démissionna et vendit son fonds, du 28 avril au 12 mai, en 13 vacations : Catalogue des livres relatifs aux sciences naturelles. Géologie, botanique, zoologie, médecine, et ouvrages divers, qui composaient la librairie de M. Meilhac (Paris, Delion, 1853, in-8, 104 p., 1.576 lots).


Après des études brillantes au collège Louis-le-Grand, Henry Meilhac réussit volontairement à ne pas entrer à l’École polytechnique et entra comme commis à la librairie de Louis Hachette, 12 rue Pierre Sarrazin [VIe], puis au ministère des Finances, qu’il quitta rapidement pour se consacrer au théâtre. 

Le Journal pour rire, 20 novembre 1852

De 1852 à 1855, il donna dans Le Journal pour rire, sous le pseudonyme de « Talin », des articles humoristiques agrémentés de croquis, associé avec le dessinateur Abel Damourette (1812-1883).


En 1856, il débuta au théâtre du Palais-Royal par des comédies : Garde-toi, je me garde !, La Sarabande du cardinal et Satania, qui furent remarquées par plusieurs critiques. À propos de la première, Jules Janin (1804-1874) écrivit, dans le Journal des débats politiques et littéraires du 4 février 1856 :


« Il y avait dans cette salle, ordinairement si remplie, assez peu de monde, et ce monde-là paraissait peu disposé à s’amuser. Il y a comme cela des jours où le public boude, comme on dit, contre son propre plaisir […].

Nous-même, dont le métier est d’écouter, nous écoutons distraits. Bon ! tout à coup un mot bien trouvé nous dit : Soyez attentif ! Bientôt une phrase en bel accent français, une ironie, une façon de tourner la pointe en l’air et de la laisser retomber en mille petites sagettes sur le nez de l’auditoire… Oh ! oh ! disons-nous, qu’est-ce ? Un nouveau venu, j’en suis sûr […]. J’entends une voix humaine et j’entrevois un écrivain à travers ces bourdes, ces saillies, ces velléités de comédie en sevrage ! A coup sûr l’homme est jeune qui a fait ces quatre premières scènes, et qui plus est il sait écrire. »    


À propos de la deuxième, Jules Janin écrivit le 16 juin 1856 :


« L’auteur de ce joli petit pamphlet est un jeune homme, il est nouveau dans l’œuvre, il a nom M. de Meilhac ; il ne sait pas encore, et Dieu merci, le truc et le fion de son métier. Mais il a le bel esprit, et sur ce bel esprit il compte pour se faire pardonner son inexpérience. Avant peu vous verrez, s’il persiste à rester seul à sa tâche, que M. de Meilhac aura bien fait de n’admettre personne à l’aider. Il est de ceux qui marchent seuls, parce qu’ils savent où ils veulent aller. »


À propos de la troisième, Jules Janin écrivit le 27 octobre 1856 :


« Ici je voudrais dire un mot à un jeune homme d’un véritable esprit qui se désole et qui se lamente. Il a nom M. Meilhac […]. Hier encore Satania, sa pièce nouvelle, applaudie à outrance, elle a disparu trois jours après par l’ordre absolu et capricieux du parterre élégant, difficile, aristo du Palais-Royal.

Eh bien ! sans nier l’obstacle, au contraire, en reconnaissant tout ce que cette disgrâce a d’imprévu et de trop réel, M. Meilhac aurait tort de se décourager et de s’abandonner aux impressions mauvaises […].

Au contraire, ami (dirons-nous à M. Meilhac), relevez la tête et montrez-vous ce que vous êtes, un esprit courageux. En vain le parterre vous maltraite, en vain il dédaigne et rejette votre comédie, en vain il crie, il s’irrite, il vous blesse, il vous écrase… ; il ne prévaudra pas, soyez-en sûr, contre un esprit sincère, contre un talent réel, contre une énergique volonté à toucher le but. »


Meilhac composa ensuite de nombreuses pièces qui eurent du succès, soit seul, soit en collaboration : avec Arthur Delavigne (1831-1899), Eugène Cormon (1810-1903), William Busnach (1832-1907), Charles Nuitter (1828-1899), Émile de Najac (1828-1889), Jacques Redelsperger (1847-1930), Albert Millaud (1844-1892), Arnold Mortier (1843-1885), Philippe Gille (1831-1901), Jules Prevel (1835-1889), Henry Brougham Farnie (1836-1889), Louis Ganderax (1855-1940), Albert de Saint-Albin (1843-1901) et surtout Ludovic Halévy (1834-1908), rencontré en 1860. 

Avec Offenbach à vélocipède

Avec ce dernier, - couple qu’on baptisa « les Grévins du théâtre » -, il écrivit le livret des opéras bouffes de Jacques Offenbach (1819-1880), La Belle Hélène (1864), La Vie parisienne (1866), La Grande Duchesse de Gérolstein (1867), ainsi que le livret de l’opéra-comique Carmen (1875) ; les comédies Froufrou (1869) et Tricoche et Cacolet (1872) naquirent également de leur association.


Photographie BnF

La liste de ses opéras bouffes, de ses opérettes, de ses livrets, de ses opéras comiques, de ses pièces en un acte, de ses comédies légères et de ses comédies de mœurs contient 89 titres, qui le classèrent parmi les premiers auteurs dramatiques de son temps.


La Vie parisienne, 2 mai 1863

À partir de 1863, il donna des articles à La Vie parisienne, hebdomadaire illustré, fondé cette année-là par Marcelin, pseudonyme du caricaturiste Émile Planat (1829-1887), et dirigé par lui.


Il fut nommé chevalier (1869), puis officier de la Légion d’honneur (1884) et fut élu à l’Académie française en 1888, successeur naturel d’Eugène Labiche (1815-1888).


« Meilhac ne quitte jamais le boulevard, il lui faut le bruit, le mouvement, le cri, la chanson, la poussière, les odeurs, l’air particulier de la ville, sa fausse verdure, son activité de vie enfin, c’est le condiment obligé de son œuvre. Aussi travaille-t-il surtout dehors, en voiture, au restaurant, où il dîne dans un coin réservé de la salle commune, seul presque toujours ; ou bien au Cirque, à l’Hippodrome, partout enfin où les yeux occupés laissent l’esprit libre. […]

Il a longtemps habité, pendant la belle saison, un restaurant du bois, pour entendre encore le bruit de la ville.

Aujourd’hui, il va jusqu’à Saint-Germain : il occupe, au pavillon Henri IV, l’appartement où M. Thiers a rendu l’âme ; la terrasse est son boulevard d’été. Bien que des amis de choix partagent son court exil, il vient souvent dîner à Paris, presque toujours en voiture ; il exècre le chemin de fer et son exactitude brutale. Il rentre coucher à Saint-Germain pour travailler au réveil.

Au fond, Meilhac a horreur de la vie des champs, il est de ceux qui prennent froid à la vue d’un pot de fleurs sur leur fenêtre. »

(Adrien Chabot. « Henry Meilhac ». In Revue illustrée. Paris, Ludovic Baschet, 1888, t. V, p.223-224)


Henry Meilhac au billard

Meilhac a changé trois fois de domicile, avec son billard légendaire – qu’il vendit en septembre 1896, pour agrandir sa bibliothèque - et ses livres. 

10 cité de Trévise
[deuxième immeuble à partir de la gauche]

Il a longtemps occupé un entresol 10 cité de Trévise [IXe], devant la fontaine. L’âge et la fortune l’ont conduit 30 rue Drouot [IXe], dans un logement plus vaste : là, pendant neuf ans, il a complété sa superbe collection de livres. Le nombre de ces derniers augmentant toujours, il a dû se transporter 10 place de la Madeleine [VIIIe], à l’angle du boulevard du même nom, au 2eétage, dans un immeuble de six étages construit en 1815, dont le 5eétait occupé par le « grenier » de Jules Simon (1814-1896) et le rez-de-chaussée par un bar. Au numéro 8 voisin se trouvaient la Pharmacie Virenque et les corsets de Madame Léoty.

[Le domicile de Meilhac et de Simon est bien le n° 10 place de la Madeleine – ce que confirment leurs actes de décès -, et non le n° 7, comme l’a prétendu le marquis de Rochegude dans ses Promenades dans toutes les rues de Paris par arrondissements (Paris, Hachette et Cie, 1910, VIIIeArrondissement, p. 11-12)]


Angle sud-est de la place de la Madeleine, avant 1903


Angle sud-est de la place de la Madeleine, après 1903


Statue de Jules Simon, devant les premier et deuxième étages du 10 et du 8 place de la Madeleine (après 1903)


De G à D : deuxième étage des 10 et 8 place de la Madeleine (avril 2018)

De son appartement, à l’angle sud-est de la place, il avait vue sur l’entrée de l’église de la Madeleine et sur la fontaine de Davioud, qui sera remplacée en 1903 par la statue de Simon : celle-ci fut transférée en 1933 place du Guatémala [VIIIe], à l’arrière de l’église Saint-Augustin.


Intérieur du restaurant Durand (1911)

Pendant trente années, Meilhac prit ses repas au restaurant Durand, 2 place de la Madeleine, fondé en 1836. 

Les abords du restaurant Durand au moment de la sortie du général Boulanger, à 1 h. du matin, le 28 janvier 1889
Dessin de Louis Tynaire (1861-1942). In Le Monde illustré, 2 février 1889 

Célèbre par la visite du général Georges Boulanger (1837-1891), il ferma en 1914, après la reconstruction de l'immeuble en 1900.


Henry Meilhac chez lui, place de la Madeleine
Photographie par Paul Cardon (1858-1941), dit "Dornac", v. 1890 

« Le cabinet de travail de Meilhac est situé au point le plus bruyant de Paris ; de sa fenêtre, il peut voir passer la ville, on pourrait dire le monde.

La pièce, vaste, tendue de drap rouge, est entourée de bibliothèques d’ébène, bourrées d’éditions rares. Il a, entre autres, soigneusement enfermées dans un coffret d’émail, les premières éditions de Molière et la collection de lithographies de Gavarni avec annotations et le bon à tirer.

La petite table de marqueterie sur laquelle pose sa main, dans le portrait de Delaunay, est une amie de jeunesse. Sur elle, Meilhac a écrit toutes ses pièces, au mépris du grand bureau Louis XIV, qui reste encombré de manuscrits et de livres dans un désordre pittoresque.

Il écrit sur de grandes feuilles de papier blanc non rayé, toujours avec des plumes d’oie ; son écriture est franche, nette, très lisible ; un peu dans la forme des écritures du dix-huitième siècle.

Il n’est jamais entré chez lui, ni plume métallique, ni timbre-poste, ni une lampe à huile. Il s’éclaire constamment avec un candélabre à cinq bougies. Le papier à lettre, dont il fait grand usage, porte en jarretière autour du chiffre : Lente dies, celeriter anni.

Deux tableaux dans la pièce, un portrait de femme, tout un drame, et un Diaz argenté, souvenir du Petit Duc. […]

Meilhac n’observe en rien les principes de M. de Buffon ; il n’a pas comme lui, en écrivant, le respect de ses manchettes ; en pantoufles, à peine vêtu, il travaille en tordant nerveusement le bouton d’or de sa manche, ou la patte de sa chemise, s’interrompant souvent pour courir au téléphone ou caresser un chat couché sur la cheminée, au pied de la pendule silencieuse.

A partir de quatre heures, le travail cesse, la porte s’ouvre, le whist et le billard commencent. Du haut de la cheminée de la salle, Molière, de son doux œil de bronze, semble contempler son confrère et sourire aux carambolages qu’il manque.

La soirée s’achève au théâtre, toujours dans une avant-scène, ou chez des amis sévèrement triés ; personne n’est moins banal que lui. » (Ibid., p. 224-225)


Meilhac achetait souvent des livres en se rendant aux Variétés ou au Palais-Royal, chez Fontaine, chez Morgand ou chez Conquet.

Il avait été un des premiers à courir après les Rétif de la Bretonne et avait revendu son fameux Rétif complet au vicomte François-Joseph Toustain de Richebourg (1780-1868), fils du censeur royal et ami de Rétif. Il se sépara aussi de sa collection de toutes les pièces originales de Molière, placées dans un somptueux coffret, surmonté d’un petit buste de Molière : le coffret était resté en place, mais vide.



Son ex-libris circulaire [45 mm], gravé par Stern, présente ses initiales « H M » superposées, entourées d’un ceinturon portant la légende « • LENTE • DIES • CELERITER • ANNI • » [L’heure est lente, les années passent vite].



Membre de la Société des Amis des livres à partir de 1888, il fut l’auteur de l’une des onze notices de Paris qui crie. Petits métiers (Paris, Amis des livres, 1890, pet. in-4, 30 dessins en couleurs de Pierre Vidal, tir. 120 ex.), publié par les soins de Eugène Paillet (1829-1901).


Henry Meilhac mourut, célibataire, le mardi 6 juillet 1897, en son domicile de la place de la Madeleine :


« Depuis quelques mois, il ne quittait plus que rarement son appartement. MM. Weill et Dieulafoy, ses médecins, le lui avaient interdit, bien que le malade dût en souffrir dans ses vieilles habitudes d’activité. Après avoir eu, au mois de novembre, une attaque d’urémie, des soins empressés l’avaient pour une fois mis hors de péril, mais un long repos était indispensable.

M. Henri Meilhac s’y résigna, et cette docilité eut d’heureux résultats ; déjà l’on escomptait sa guérison prochaine : le malade avait pu faire quelques sorties et notamment assister, en qualité de directeur de l’Académie française, au service funèbre du duc d’Aumale ; car, malgré sa faiblesse, il avait tenu à rendre hommage à son illustre collègue.

Quelques jours après, M. Henri Meilhac était de nouveau frappé par une attaque d’apoplexie, avec aphasie et paralysie du côté droit. Un traitement énergique, auquel il se soumit sans résistance, parut triompher encore de la maladie. M. Henri Meilhac se rétablit avec une rapidité extraordinaire ; il fit quelques promenades au Bois et décida de partir pour Saint-Germain, où une villa avait été louée pour lui par M. Ganderax.

Dimanche, après un repas très léger pris d’un excellent appétit, le malade, dont la bonne humeur s’était accrue au reçu d’une dépêche de Mme Réjane disant : “ Grand succès pour Froufrou. Heureuse d’en faire part à mon cher patron, que je suis enchantée de savoir convalescent ”, décida de faire une courte promenade en voiture. Mais, au moment de partir, un frisson subit le saisit. Il dut s’aliter aussitôt.

Le docteur Weill appelé, se montra tout de suite très inquiet. La nuit fut, en effet, fort mauvaise, car le mal faisait des progrès rapides. Lundi, le docteur Dieulafoy fut appelé à son tour en consultation ; mais les moyens énergiques employés pour soutenir le malade furent inutiles, l’état de H. Meilhac s’aggravait toujours ; il fallut enfin perdre tout espoir, le malade s’affaiblissait de plus en plus ; à onze heures du soir [le mardi], il rendait le dernier soupir, sans paraître souffrir, sans avoir repris connaissance. » (Le Monde artiste illustré, 11 juillet 1897, p. 437-438)


Après la messe en l’église de la Madeleine, l’inhumation fut faite au cimetière Montmartre [21e division]. 


En 1900, sa sépulture fut ornée d’une statue de pleureuse, œuvre du sculpteur Albert Batholomé (1848-1928).


De G à D : Ganderax et Meilhac (1889)

Henry Meilhac avait institué Louis Ganderax son légataire universel : il hérita donc de la fortune du maître, de ses droits d’auteur et de sa bibliothèque.



Cette bibliothèque fut vendue en 1922 par Ganderax, qui n’y avait apporté aucune modification, du mardi 25 au samedi 29 avril, en 5 vacations, dans une des salles des Galeries Georges Petit, 10 rue de Sèze [IXe] : Bibliothèque de feu Henry Meilhac, de l’Académie française ([Paris], Lair-Dubreuil et Jules Meynial, [1922], in-8, [4]-148-[1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 787 + 2 doubles [bis] + 1 triple [ter] = 790 lots), dont Livres anciens [173 lots = 21,89 %], Romantiques [270 lots = 34,17 %] et Livres modernes [347 lots = 43,92 %].


« On va vendre la bibliothèque de Meilhac ; ce qui m’étonne, ce n’est pas qu’on la vende, c’est qu’il y reste des livres ! Le bon Meilhac était l’homme le plus obligeant de la terre, et pareil à plus d’un de ses héros, il ne savait rien refuser aux jeunes femmes ; il en recevait une foule, dans son appartement de la place de la Madeleine, et il était rare qu’une de ces jolies visiteuses n’empruntât pas plusieurs bouquins. Vous connaissez la phrase : “ Je vous le rendrai, car, moi, je rends les livres ! ” Meilhac souriait, il savait par expérience qu’on rend parfois l’argent emprunté, mais qu’on ne restitue jamais les volumes prêtés.

L’auteur de Ma Camaradeétait trop heureux de voir évoluer autour de lui ces frivoles créatures, ses modèles favoris, les bergères des Folies, dont il fut le Watteau, et il leur pardonnait leurs larcins. De là vient sans doute que cette bibliothèque ne comprenne que 700 numéros, mais ce sont des numéros de choix, qui nous révèlent un Meilhac bibliophile : des éditions originales pour la plupart. »

(Pierre Veber. « Les Livres de Meilhac ». In Le Gaulois, 9 avril 1922)


Photographie Librairie Camille Sourget

7. Beaumarchais. La Folle Journée ou le Mariage de Figaro. Imprimerie de la Société typographique et Paris, Ruault, 1785, in-8, 5 fig. de Saint-Quentin, mar. r., 3 fil., dos orné, dent. int., tr. dor. sur bro. (Chambolle-Duru). 1.200 fr.



9. Boccace. Le Decameron. Londres (Paris), 1757-1761, 5 vol. in-8, 5 front., portr., 110 fig. et 97 culs-de-lampe, mar. vert, 3 fil., dos orné de pointillé croisé, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). 18.400 fr.



11. Bon Genre. Observations sur les modes et les usages de Paris pour servir d’explication aux 115 caricatures publiées sous le titre de Bon Genre depuis le commencement du dix-neuvième siècle. Paris, (La Mésangère), 1822, in-fol., 115 pl. grav. et coloriées à la main, demi-veau brun, non rogné (Bauzonnet). De la bibliothèque de P. Desq. 7.100 fr.


Photographie Librairie Camille Sourget

22. Choderlos de Laclos. Les Liaisons dangereuses. Londres, 1796, 2 vol. in-8, 2 front. et 13 fig., veau granit, dent., dos orné, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Pap. vélin. 4.000 fr.

24. Constant. Adolphe. Paris, Treuttel et Würtz, Londres, Colburn, 1816, in-12, dos et coins mar. vert, tête dor., non rog. (David). Grand pap. 720 fr.

38. Dorat. Les Baisers. La Haye, Paris, Lambert et Delalain, 1770, in-8, mar. r., 3 fil., dos orné, doublé de mar. bleu, large dent., tr. dor., étui (Thibaron-Joly). 2.800 fr.



46. Fénelon. Les Aventures de Télémaque. Imprimerie de Monsieur, 1785, 2 vol. in-4, mar. vert, fil., fleurons d’angles, dos ornés à petits fers, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). 3.450 fr.




50. Galerie dramatique par Joly (Petite). Paris, Martinet, 11 vol. in-8, 1.637 pl., dos et coins veau fauve, dos ornés, non rog. (Champs). 2.450 fr.



53. Goya. Les Caprices. (Madrid, 1799), 80 pl., in-4, mar. grenat, 3 fil., dos orné, dent. int., tr. dor., sur bro. (Chambolle-Duru). 5.200 fr.



58. Histoire du vieux et du nouveau Testament. Anvers, Mortier, 1700, 2 vol. in-fol., mar. r. à long grain, petite grecque et dent. de lotus, dos orné à petits fers et de mosaïque de mar. vert, doub. et gardes de moire vert d’eau, tr. dor. (Bozerian). Grand pap., avant les clous. 3.550 fr.


Photographie Librairie Le Feu follet

62. Imbert. Le Jugement de Pâris, poëme en IV. chants. Amsterdam, 1772, in-8, titre et 4 fig. par Moreau, mar. bleu, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). Grand papier.



65. La Bruyère. Les Caractères de Théophraste, traduits du grec. 9eédition. Paris, Estienne Michallet, 1696, in-12, mar. r. jans., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 620 fr.



68. La Borde. Choix de chansons. Paris, De Lormel, 1773, 4 tomes en 2 vol. in-8, 4 front., portr., 109 fig., mar. bleu, dent., dos orné, doublé de mar. fauve, dent., tr. dor. (Cuzin). 12.000 fr.



70. La Fayette. La Princesse de Clèves. Paris, Claude Barbin, 1678, 4 parties en 2 vol. in-12, mar. vert, comp. de fil. à la Duseuil, dos orné, dent. int., tr. dor. (Capé). Ex. de Bancel. 2.820 fr.



72. La Fontaine. Œuvres complettes. Paris, Lefèvre, 1814, 6 vol. in-8, mar. bleu à long grain, comp. de fil. et dent., dos ornés, dent. int., tr. dor. (Thouvenin). Un des 30 ex. sur gd. pap. vélin, fig. de Moreau avant la lettre. 2.800 fr.


Le Rat de ville et le Rat des champs

74. La Fontaine. Fables choisies. Paris, Desaint et Saillant, 1755-1759, 4 vol. in-fol., front. et 275 fig. par Oudry, mar. gris bleu, 3 fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Derome le père). Premier tirage sur grand papier dit « Royal », tiré à 50 ex. 15.500 fr.


Les Lunettes

75. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Amsterdam, 1762, 2 vol. in-8, mar. r., fil. et pointillé, milieux dor., mosaïque de mar. bleu aux angles et aux milieux avec orn. dor., dos orn., dent. int., tr. dor. (Thibaron). Éd. des Fermiers généraux. 3.100 fr.



76. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Paris, Didot, 1795, 2 vol. in-4, grand pap. vélin, mar. r., 3 fil., dos orn., dent. int., têtes dor., non rog. (Meyer). 4.000 fr. 



78. La Rochefoucauld. Réflexions ou sentences et maximes morales. Paris, Claude Barbin, 1665, in-12, front., mar. brun, 3 fil. à froid, dent. int., tr. dor. (Dumergue). 785 fr.

81. Le Sage. Histoire de Gil Blas de Santillane. Dernière édition. Paris, Libraires associés, 1747, 4 vol. in-12, 32 fig., mar. r., 3 fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 560 fr.

86. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. S. l. (Paris, Quillau), 1718, in-8, mar. r., fil., dos orné, dent.int., doublures et gardes de soie bleue, tr. dor. (Rel. anc.). 4.000 fr.



89. Marguerite de Navarre. Les Nouvelles de. Berne, Nouvelle Société typographique, 1780, 3 vol. in-8, mar. vert, 3 fil., fleur d’angles, dos orn., dent. int., non rog. (Thibaron-Joly). Ex-libris Saint-Geniès. 1.800 fr.

100. Molière. Les Œuvres. Paris Étienne Loyson et Charles de Sercy, 1666, 2 vol. in-12, 2 front., mar. r. jans., doublé de mar. bleu, fil. et dent., fleurons d’angles, tr. dor. (Motte). 3.480 fr.

101. Molière. Œuvres. Paris, Denys Thierry et Claude Barbin, 1674-1675, 7 vol. in-12, mar. r., comp. de fil. à la Duseuil, dos orné, dent. int., tr. dor. (Capé). 3.450 fr.

102. Molière. Œuvres. Paris, 1734, 6 vol. in-4, portr., fleuron, 33 fig., 198 vign. et culs-de-lampe, mar. r., 3 fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Capé-Masson Debonnelle). 4.900 fr.



103. Molière. Œuvres, avec des remarques grammaticales, des avertissements et des observations sur chaque pièce, par Bret. Paris, Compagnie des libraires associés, 1773, 6 vol. in-8, portr. et fig., mar. vert, 3 fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Derome). Figures de Moreau le Jeune avant la lettre. De la vente Gosford (1882, 7.800 fr.). 40.500 fr.

108. Montaigne. Essais. Bourdeaux, P. S. Millanges, 1580, 2 vol. in-8, vélin, tr. rouge. Court de marges. 4.700 fr.



109. Montaigne. Les Essais. Paris, Michel Sonnius, 1595, in-4, mar. brun jans., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). Ex. avant le carton. 3.500 fr.



116. Ovide. Les Métamorphoses en latin et en françois. Paris, Barrois, 1767-1771, 4 vol. in-4, mar. bleu, fil., dos orn., dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 3.250 fr.



117. Pascal. Les Provinciales. Cologne, Pierre de la Vallée, 1657, in-4, mar. olive jans., dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Lettres et pièces ajoutées. Ex. de J. H. Basse. 1.005 fr.


Photographie BnF

126. Pigal, Pajou et Arago. Anciens proverbes. Paris, Noël et Dauty, in-4, 66 feuilles de texte explicatif et 66 pl. lith. et coloriées, toile, tr. jasp. 390 fr.



127. Plaisirs de l’Isle enchantée (Les). Paris, Imprimerie royale, 1673, 9 pl. – Relation de la feste de Versailles du 18 juillet 1668. Paris, Impr. royale, 1679, 5 pl. – Les Divertissemens de Versailles donnez par le Roy à toute sa cour au retour de la conqueste de la Franche-Comté en 1674. Paris, Impr. royale, 1676, 6 pl. Ensemble en 1 vol. in-4, mar. r., 3 fil., comp. de fil. à la Duseuil, chiffre aux angles, dos orn., dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Louis XIV. 2.700 fr.



129. Prévost. Mémoires et avantures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde. Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, 1731, 7 tomes en 4 vol. in-12, mar. bleu jans., doublé de mar. brun, large dent., tr. dor. (Thibaron-Joly). Le tome VII contient l’édition originale de Manon Lescaut. 1.700 fr.



131. Prévost. Histoire de Manon Lescaut et du chevalier Des Grieux. Paris, Didot, 1797, 2 vol. in-18, mar. r., 3 fil., dos orn., doubl. mar. bleu, fil. et large dent., tr. dor., étui (Cuzin). 1 des 100 sur grand papier. 2.600 fr.

136. Racine. Œuvres complètes. Paris, Agasse, 1807, 7 vol. in-8, mar. r. à long grain, comp. de fil. et dent., dos orn., dent. int., tr. dor. (Bozerian Jeune). Au chiffre de Caroline-Ferdinande-Louise de Bourbon, duchesse de Berry. 2.500 fr.



138. Regnard. Œuvres. Paris, Pierre Ribou, 1708, 2 vol. in-12, front., fig., mar. r., milieux dorés, doublé de mar. bleu, large dent., tr. dor. (Thibaron). 755 fr.




141. et 142. Rétif de la Bretonne. Le Paysan perverti. La Haie, Esprit, 1776, 4 vol. in-12. – La Paysanne pervertie. La Haie et Paris, Veuve Duchesne, 1784, 4 vol. in-12. Mar. rouge, 3 fil., dos orn., dent. int., tr. dor. (David). 2.500 fr.



161. Térence. Les Comédies. Paris, Jombert, 1771, 3 vol. in-8, front. et 6 fig. de Cochin, mar. r., fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Calabre. Grand pap. 3.850 fr.




166. Vernet (Horace). Incroyables et merveilleuses. (Paris, v. 1820). 33 pl. grav. par Gatine et coloriées, in-fol., demi-mar. vert (Rel. anc.). 2.000 fr.



169. Voltaire. Œuvres complètes. (Kehl), Société typographique, 1785-1789, 70 vol. in-8, front. par Moreau, portr., 93 fig. et 12 portr. par Moreau, mar. vert, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). 3.920 fr.



171. Voltaire. Romans et contes. Bouillon, Société typographique, 1778, 3 vol. in-8, veau marbr., dent., dos orn., dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Avant les numéros. 3.500 fr.



172. Voltaire. Zadig ou la destinée. Paris, Amis des livres, 1893, in-4, ill. couleurs, debr., couv. 1 des 115 ex. 2.000 fr.    



173. Watteau. Figures de différents caractères de paysages. Paris, Audran, s. d. (v. 1735), 2 tomes en 1 vol. in-fol., veau marbré, dent., dos orné, tr. marbrée (Rel. anc.). 14.500 fr.



179. Balzac. Les Cent Contes drolatiques colligez ès abbaïes de Touraine. Paris, Charles Gosselin, 1832 et 1833, 2 vol. in-8, couv. impr. avec encadr. rouge sur papier quadrillé. – Paris, Éd. Werdet, 1837, in-8, couv. jaune [non citée par Vicaire]. Ensemble 3 vol. in-8, mar. grenat, 6 fil., dos orn., 6 fil. int., tr. dor. sur bro., couv. cons. (Chambolle-Duru). 1.800 fr.

180. Balzac. Les Contes drolatiques. 5e ed. Paris, Société générale de librairie, 1855, in-8, fig., mar. vert, fil. gras et maigre, comp. de 5 fil., dos orn., dent. int., tr. dor. sur bro. (Cuzin). 1er tirage sur papier de Chine à quelques ex. 7.000 fr.

211. Chénier (André). Poésies. Paris, Baudouin, 1820, in-12, cuir de Russie, fil. gras et maigre, dent. à froid, dos orn., dent. int., tr. dor. (Lefebvre). Des bibliothèques Nodier, Pixerécourt, A. Martin et G. Bolle où Meilhac l’a payé 50 fr. en mai 1849. 6.800 fr.

242. Gautier (Théophile). Mademoiselle de Maupin. Paris, Renduel, 1835-1836, 2 vol. in-8, mar. r. jans., dent. int., tr. dor. (Reymann). Édition originale. 1.900 fr.    

308. Mérimée. Carmen. Paris, Michel Lévy, 1846, in-8, mar. orange jans., dent. int., tête dor., non rog., couv. cons. (Canape rel., Domont dor.). Édition originale. La couv. porte 1847. Ex. de J. Noilly. 5.600 fr.



362. Stendhal. Le Rouge et le Noir. Paris, Levavasseur, 1831, 2 vol. in-8, vign. sur les titres, dos et coins veau rouge, dos ornés, têtes jasp., tr. ébarb. (Rel. romantique). Édition originale. 2.030 fr.



364. Stendhal. La Chartreuse de Parme. Paris, Ambroise Dupont, 1839, 2 vol. in-8, demi-veau fauve, dos ornés, tr. marbr. (Rel. romantique). Édition originale. 3.000 fr.  




Photographies Librairie Camille Sourget

388. Caricature (La). Journal fondé et dirigé par Ch. Philipon. Paris, Aubert, 1831-1835, 10 vol. in-fol., 524 pl. coloriées ou en noir, demi-toile r., non rog., couv. cons. 6.000 fr.



390. Daumier (H.). Les Cent Robert Macaire. Paris, Aubert, 100 lith. montées sur onglets, in-fol., dos et coins mar. rouge. 2.200 fr.


L'Atelier du lithographe

440. Gavarni. Œuvre composée de 5.000 pièces de divers tirages. Ensemble 25 vol. demi-rel. (Petit) et le reste en feuilles. Provenant en partie de Édouard Bocher. 19.100 fr.



473. Baudelaire (Charles). Quinze histoires d’Edgar Poë. Ill. de Louis Legrand. Paris, Amis des livres, 1897, in-4, mar. vert à long grain, dos et coins, non rog., couv. cons. (Paul Vié). 1 des 50 ex. des membres titulaires. 2.500 fr.

555. Flaubert. Salammbô. Paris, Michel Lévy, 1863, in-8, dos et coins mar. rouge, dos orn., tête dor., non rog. (Raparlier). Éd. originale sur pap. de Holl. Envoi de l’auteur à Meilhac. 2.050 fr.



556. Flaubert. L’Éducation sentimentale. Paris, Michel Lévy, 1870, 2 vol. in-8, dos et coins mar. brun, têtes dor., non rog. (Raparlier). Édition originale sur papier de Hollande, avec sur le faux titre du tome I cet envoi autographe : « mauvais titre ? Le véritable titre aurait dû être “ Les Fruits secs ” ? Je soumets cette observation au confrère Meilhac qui s’entend aussi bien à nommer les œuvres qu’à les faire. son tout dévoué G. Flaubert. ». 2.750 fr.



681. Maupassant. La Maison Tellier. Paris, Victor Havard, 1881, in-12, mar. r., 3 fil., dos orn., dent. int., doublé de mar. vert, comp. de fil. et fleurons d’angles, gardes de soie, broch., tr. dor. sur broch. (Marius Michel). Éd. originale. 1 des 25 sur pap. de Hollande. 3.000 fr.

688. Maupassant. Monsieur Parent. Manuscrit autographe signé, de 41 feuillets écrits recto, in-4, vélin, fil. et fleurons dor. 6.700 fr.   


La vente s’est terminée sur un total de 465.152 francs.
























Pierre-Victor Stock (1861-1943), éditeur des anarchistes et ardent dreyfusard

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Les biographes de la maison Stock ont été abusés par la généalogie fictive que Pierre-Victor Stock a contribué à forger, en insérant, dans son Mémorandum d’un éditeur (Paris, Stock, Delamain et Boutelleau, 1935-1938, 3 vol.), la notice historique de Valéry Müller (1873-1917) et Charles Müller (1877-1914) intitulée « Une librairie » (t. I, p. 313-323), qui relia la famille Stock à une famille totalement étrangère, au prétexte d’exercer, dans un quartier différent de la capitale, une fonction semblable.  


Retable de l'église Saint-Claude de Charleville-sous-Bois
Aujourd'hui au Musée de la Cour d'Or, à Metz

Possible descendante lointaine d’une famille écossaise, installée à Charleville-sous-Bois [Moselle] aux XVIIe et XVIIIe siècles, Anne Stock naquit à 7 km au nord, à Burtoncourt [Moselle], le 17 octobre 1828, fille de Jean Stock (1800-1849), cultivateur, et de Marie-Thérèse Willaume (1799-1868), mariés à Burtoncourt le 26 janvier 1828.
Anne Stock épousa, à Paris, le 5 avril 1856, son cousin Nicolas Tresse (1822-1871), né à Burtoncourt, le 25 janvier 1822, fils de Jean-Pierre Tresse (1774-1828) et de Catherine Willaume (1781-1867) mariés à Burtoncourt le 13 janvier 1807 ; 


Nicolas Tresse, libraire depuis 1845, au Palais-Royal, Galerie de Chartres, Nos 2 et 3, derrière le Théâtre-Français [Ier], demeurait 14 rue Sainte-Anne [Ier].


Galerie de Chartres, Palais-Royal 

Le Théâtre-Français en 1886

À la mort de son mari, le 28 août 1871, Anne Stock quitta la rue Sainte-Anne et s’installa dans la maison d’édition de la Galerie de Chartres avec son jeune fils, Joseph-Victor Tresse (1855-1877). Quand ce dernier décéda prématurément le 11 décembre 1877, Anne Stock resta seule, avec sa fille Marie-Louise, née le 28 mars 1860.

Elle proposa alors à son neveu Pierre-Victor Stock (1861-1943), qui était en stage chez Georges Masson (1839-1900) depuis sa sortie du collège l’année précédente, d’entrer dans la librairie Tresse comme vendeur. De cette époque, Pierre-Victor Stock a des souvenirs imprécis et improbables : parlant de sa rencontre avec le comédien Ernest Coquelin (1848-1909), dit « Coquelin Cadet », il affirma ne l’avoir connu « qu’en 1873, lorsque je fis mes débuts dans la librairie de mes parents » (Mémorandum d’un éditeur. Ibid., t. II, p. 83).



Pierre-Victor Stock était né à Paris [XVIIIe], 4 impasse Robert, le 22 juillet 1861, fils de Jean-Victor Stock, né à Burtoncourt le 7 septembre 1835, loueur de voitures, qui avait épousé, le 24 juillet 1860, à Paris [XVIIe], Marie-Louise-Annette Tailleur, née au village de La Chapelle [intégré en 1860 au XVIIIe arrondissement], le 1er juillet 1840, fille de Pierre Tailleur, marchand de vin, et de Marie-Apolline-Angélique Masson.


« Je suis né à Paris, d’une mère parisienne, dont la famille – des cultivateurs et vignerons – était d’Argenteuil [Val-d’Oise]. J’avais trois ans lorsque ma mère est morte.

Mon père appartenait à une famille de paysans lorrains des environs de Metz. Suivant la légende chez les miens, notre famille paternelle serait originaire d’Écosse ; un Stock, lors des persécutions des réformistes, sous les Stuarts, aurait émigré et serait venu échouer en Lorraine. »

(Mémorandum d’un éditeur. Ibid., t. III, p. 14).


L’essentiel du catalogue de la librairie Tresse était un vieux fonds théâtral, constitué par Jean-Nicolas Barba (1769-1846), au Palais-Royal, derrière le Théâtre-Français, qui l’avait vendu, le 6 juillet 1839, à son commis, Christophe Tresse (1808-1867), moyennant 171.000 francs : celui-ci, pour élargir le fonds de sa maison, avait aussitôt acheté le fonds de Pierre-Joseph-Victor Bezou (1795-1860), 29 boulevard Saint-Martin et 34 rue Meslay. Devenu malade, Christophe Tresse avait cédé son affaire, en 1845, à son frère, Nicolas Tresse, qui semble surtout s’être contenté de vendre les œuvres éditées par ses prédécesseurs.


Jean-Victor Stock mourut à Paris [XVIIIe], 59 rue de la Goutte d’Or, le 9 décembre 1869 ; veuf de Marie-Louise-Annette Tailleur depuis le 20 mai 1864, il s’était remarié le 24 juin 1865 avec Victoire-Henriette Martin, née le 2 septembre 1846 à Venthon [Savoie], en présence de Nicolas Tresse, libraire, son beau-frère, et de Jean-Pierre Stock, cocher, son frère.


« Pour m’éviter d’assister à l’agonie de mon père – nous habitions Paris – en 1869, on m’emmena dans son pays où je suis resté jusqu’à 1874 ; je revins cependant – après la bataille de Reichshoffen [6 août 1870] – passer le siège à Paris d’où je suis reparti pour la Lorraine avant la Commune [18 mars-27 mai 1871], que je n’ai pas vue, ce que j’ai toujours regretté. »  

(Mémorandum d’un éditeur. Ibid., t. III, p. 14).



Pierre-Victor Stock commença par enrichir le fonds théâtral avec un recueil collectif de monologues à la mode : Saynètes et monologues (Paris, Tresse, 1877-1882, 8 vol.), par Charles Cros (1842-1888), Paul Ferrier (1843-1920), Gustave Nadaud (1820-1893), Charles Monselet (1825-1888), Léon Supersac (1831-1888), etc.


Pierre-Victor Stock
In Pierre de Coubertin. Une campagne de vingt-et-un an (1887-1908). Paris, Librairie de l'éducation physique, 1909

Stock était un grand sportif : il avait fait en 1883 Strasbourg-Amsterdam à l’avironet, en 1886, il fonda une publication hebdomadaire intitulée L’Aviron, organe officiel du « rowing » [aviron].


Photographie BnF

Ayant assuré pratiquement seul le bon fonctionnement de la librairie, sa tante en fit son associé le 5 mai 1885 : la maison Stock naquit sous le nom de « Tresse & Stock ».



Stock choisit alors une nouvelle marque d’éditeur, allégorique : une femme nue [la Vérité], armée d’une faucille, cueillant des fruits [les livres] à un arbre [l’éditeur], avec la devise « A BON ARBRE BON FRUIT ». 



À partir de 1895, il utilisa, pour les éditions de Huysmans, une marque représentant la médaille de Saint Benoît, où chaque lettre représente un terme latin :

-          « C S P B », à côté des bras de la croix, signifient « Crux Sancti Patris Benedicti » [Croix du Saint-Père Benoît].

-          « C S S M L », sur le bras vertical de la croix, signifient « Crux Sancta Sit Mihi Lux [Que la Sainte Croix soit ma lumière].

-          « N D S M D », sur le bras horizontal, signifient « Non Draco Sit Mihi Dux » [Que le Démon ne soit pas mon chef].

-          autour de la médaille : « IHS », monogramme qui représente le nom de Jésus ; « V••R••S••N••S••M••V », qui signifient « Vade Retro Satana – Numquam Suade Mihi Vana » [Reculez, Satan – Ne m’attirez pas vers les vanités] ; « S••M••Q••L••I••V••B », qui signifient « Sunt Mala Quae Libas – Ipse Venena Bibas » [Vos boissons sont mauvaises – Buvez votre poison vous-même].



À partir de 1897, il utilisa, pour ses éditions de théâtre, une marque au masque portant « P V » au niveau des yeux et « STOCK » au niveau de la bouche.


Stock inscrivit à son catalogue les pièces que le metteur en scène André Antoine (1858-1943) monta au Théâtre Libre, 37 passage de l’Élysée-des-Beaux-Arts [XVIIIe, rue André Antoine depuis 1951], fondé le 30 mars 1887, révélant au public des auteurs comme Auguste Strindberg (1849-1912), Léon Tolstoï (1828-1910), Henrik Ibsen (1828-1906).



Il sentit aussi la nécessité de se tourner vers d’autres formes de littérature et édita des jeunes auteurs de l’école symboliste : Le Thé chez Miranda(Paris, Tresse et Stock, 1886), par Jean Moréas (1856-1910) et Paul Adam (1862-1920).



Par l’intermédiaire de Léon Bloy (1846-1917), dont il avait publié les Propos d’un entrepreneur de démolitions(Paris, Tresse, 1884), Stock rencontra Joris-Karl Huysmans (1848-1907), vers le milieu de l’année 1886, et lui fit signer un contrat de dix ans. Huysmans devint un des fleurons de la maison Stock : En Rade (Paris, Tresse & Stock, 1887), Un dilemme (Paris, Tresse & Stock, 1887), 


Certains (Paris, Tresse & Stock, 1889), Là-Bas (Paris, Tresse & Stock, 1891), 

Deuxième édition. Exemplaire de Mallarmé
Paris, Drouot, 9 novembre 2016 : 6.517 €

À vau-l’eau (Paris, Tresse & Stock, 1894, 2eédition [édition originale : Bruxelles, Henry Kistemaeckers, 1882]), En Route (Paris, Tresse & Stock, 1895), La Cathédrale (Paris, P.-V. Stock, 1898) - dont les 18.000 exemplaires vendus permirent à l’auteur d’imposer ses goûts de bibliophile auprès de son éditeur -, La Bièvre et Saint-Séverin (Paris, P.-V. Stock, 1898), Sainte Lydwine de Schiedam (Paris, P.-V. Stock, 1901), De Tout (Paris, P.-V. Stock, 1902), L’Oblat (Paris, P.-V. Stock, 1903) 

Exemplaire de Maurice Darantière
Un des 10 exemplaires du tirage unique non mis dans le commerce

et Les Deux Faces de Lourdes (Paris, P.-V. Stock, 1905), 

Paris, Sotheby's, 19 juin 2013 : 2.875 €

qui devinrent, après la « guérison liturgique » de l’auteur, Les Foules de Lourdes (Paris, P.-V. Stock, 1906).   


Le 10 novembre 1886, Stock refusa de mettre en vente Le Désespéré, par Léon Bloy, après avoir découvert des pages diffamatoires sur Francis Magnard (1837-1894), rédacteur en chef du Figaro. Bloy supprima ces pages et se tourna vers un autre éditeur, Alphonse Soirat (° 1847), 146 rue Montmartre [IIe] : tirée à 2.000 exemplaires, cette « édition véritable » (Paris, Nouvelle librairie A. Soirat, 1886 [1887 sur la couv.]) fut mise en vente le 15 janvier 1887, mais ne se vendit pas. 

Photographie Librairie Le Feu follet

Stock se décida en 1893 à mettre en vente son édition (Paris, Tresse & Stock, 1887), qui aurait dû être mise au pilon, expurgée [les exemplaires ayant conservé le carton original se comptent sur les doigts d’une main] et sans l’autorisation de Bloy.



La mise en vente, dans les derniers mois de 1889, de Sous-Offs, roman militaire (Paris, Tresse & Stock, 1889), par Lucien Descaves (1861-1949), valut un procès aux éditeurs associés et à l’auteur, sur plainte du ministre de la Guerre du 16 décembre 1889 : ils furent inculpés de quarante-cinq chefs d’accusation pour injures envers l’armée et de sept autres pour offense aux bonnes mœurs. Le procès, qui eut lieu devant la Cour d’assises de la Seine, le 15 mars 1890, se termina par un acquittement et favorisa le succès de l’ouvrage, qui avait été vendu à 34.000 exemplaires au jour du procès.


Encore célibataire à cette époque, Stock dînait chaque soir au Cercle de la Presse, où on jouait beaucoup, 6 boulevard des Capucines [IIe], qui devint, en mai 1894, le Cercle des Capucines.


Stock créa deux collections d’inspiration politique :



-          La « Bibliothèque sociologique », avec une couverture couleur sang de bœuf, dans laquelle on trouva : La Conquête du pain (Paris, Tresse & Stock, 1892), par Pierre Kropotkine (1842-1921) ; La Société mourante et l’Anarchie (Paris, Tresse & Stock, 1893), par Jean Grave (1854-1939) ; De la Commune à l’anarchie (Paris, P. V. Stock, Librairie Tresse & Stock, 1894), par Charles Malato (1857-1938) ; Œuvres (Paris, P.-V. Stock, 1895-1913, 6 vol.), par Michel Bakounine (1814-1876) ; Anarchistes, mœurs du jour (Paris, Tresse & Stock, 1892), par John-Henry Mackay (1864-1933) ;  Psychologie de l’anarchiste-socialiste(Paris, P. V. Stock, Librairie Tresse & Stock, 1895), par Augustin Hamon (1862-1945) ; Philosophie du déterminisme (Paris, P. V. Stock, Librairie Tresse & Stock, 1895), par Jacques Sautarel (° 1870) ; Humanisme intégral. Le Duel des sexesLa Cité future (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Léopold Lacour (1854-1939) ; Biribi, armée d’Afrique (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Georges Darien (1862-1921) ; Le Socialisme en danger (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Doméla Nieuwenhuis (1846-1919) ; Les Inquisiteurs d’Espagne (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Fernando Tarrida del Marmol (1861-1915) ; L’Évolution, la Révolution et l’Idéal anarchique (Paris, P.-V. Stock, 1898), par Élisée Reclus (1830-1905) ; Soupes (Paris, P.-V. Stock, 1898), par Lucien Descaves ;

    
    La Commune (Paris, P.-V. Stock, 1898), par Louise Michel (1830-1905) ; Sous la casaque. Notes d’un soldat (Paris, P.-V. Stock, 1899), par Gaston Dubois-Desaulle (1875-1903) ; Le Militarisme et la Société moderne (Paris, P.-V. Stock, 1899), par Guglielmo Ferrero (1871-1942) ; 



     Au pays des moines (Paris, P.-V. Stock, 1899), par José Rizal (1861-1896) ; L’Amour libre(Paris, P.-V. Stock, 1899), par Charles Albert [pseudonyme de Charles Daudet (1869-1957)] ; L’Unique et sa propriété (Paris, P.-V. Stock, 1899), par Max Stirner [pseudonyme de Johann-Kaspar Schmidt] (1806-1856) ; etc


-          Les « Recherches sociales », qui rassemblèrent : Socialisme théorique et socialdémocratie pratique (Paris, P.-V. Stock, 1900, N° 1), par Éduard Bernstein (1850-1932) ; 
      

     Le Marxisme et son critique Bernstein(Paris, P.-V. Stock, 1900, N° 2), par Karl Kautsky (1854-1938) ; Temps futurs. Socialisme – Anarchie(Paris, P.-V. Stock, 1900, N° 3), par Alfred Naquet (1834-1916) ; Les Jugements du président Magnaud, réunis et commentés (Paris, P.-V. Stock, 1900, N° 4), par Henry Leyret (1864-1944), etc.


Le 19 février 1896, à Paris [XVIIe], en présence de deux écrivains, Lucien Descaves et François de Curel (1854-1928), Stock épousa Cécile-Frédérique-Henriette Oeser, née à Dresde [Allemagne], le 4 décembre 1863, fille de Eugène-Adolphe Oeser et de Sarah Estabroock, qui lui donna deux enfants : 


Madeleine-Frédérique (1897-1983) et Jean-Pierre (1900-1950).


Par acte sous seings privés, la Société Tresse et Stock fut dissoute le 10 mars 1896 et fut vendue à Stock, le 5 juin 1896. Pierre-Victor Stock demeura enfin seul à la direction de la maison Stock. 


L’affaire Dreyfus avait débuté en automne 1894 avec l’arrestation d’Alfred Dreyfus (1859-1935) ; elle s’acheva en juillet 1906 avec sa réhabilitation.



Devenu ardent dreyfusard, Stock publia Une erreur judiciaire. La Vérité sur l’affaire Dreyfus (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Bernard Lazare (1865-1903), brochure qui fit partie des 129 titres publiés au total sur le sujet.

Stock fit la connaissance de Georges Clemenceau (1841-1929) au cours de l’affaire, vers la fin de 1897, et réunit en sept volumes les articles de l’écrivain en faveur de la cause qu’ils défendaient tous les deux : 


L’Iniquité (1899), Vers la réparation (1899), Contre la Justice (1900), Des juges (1901), Justice militaire (1901), Injustice militaire (1902) et La Honte(1903).

Pour répondre à l’hebdomadaire antidreyfusard Psst… ! de Jean-Louis Forain (1852-1931) et Caran d’Ache [pseudonyme d’Emmanuel Poiré (1858-1909)], édité à partir du 5 février 1898 par la librairie Plon, 8 et 10 rue Garancière [VIe], 


Stock publia l’hebdomadaire Le Sifflet, du 17 février 1898 au 16 juin 1899.

Toutes ces publications de Stock lui valurent des menaces, des calomnies et des dettes.


En 1900, Stock racheta le fonds de son confrère antisémite Albert Savine (1859-1927), ruiné par ses condamnations judiciaires et déclaré en faillite en 1897. Il disposa alors d’un fonds étranger important, pour la collection « Bibliothèque cosmopolite », 


qu’il fonda en éditant Au-delà des forces (Paris, P.-V. Stock, 1901, N° 1), par le Norvégien Björnstjerne Björnson (1832-1910) ; il conserva Savine auprès de lui, comme traducteur.


L'Incendie du Théâtre-Français, 8 mars 1900
In L'Illustration, 10 mars 1900



La librairie Stock incendiée, 8 mars 1900
In The Bookman. New York, Dodd, Mead and Co, vol. XXX, november 1909, n° 3, p. 246

L’incendie du Théâtre-Français, le 8 mars 1900, obligea Stock à installer la librairie 27 rue de Richelieu [Ier] et, traversant l’immeuble, son bureau et sa comptabilité 16 rue Molière [Ier], près le Théâtre. 

Restaurant du Boeuf à la mode
Photographie Eugène Atget (1899)

N’étant plus logé dans l’immeuble du Théâtre, Stock déjeunait au « Restaurant du Bœuf à la mode », 8 rue de Valois [Ier].



En 1902, Stock commença la publication des Œuvres complètes du comte Léon Tolstoï (1828-1910), traduites par Jean-Wladimir Bienstock (1868-1933) : cette édition, prévue en 40 volumes, resta inachevée.


Librairie P. V. Stock, 155 rue Saint-Honoré
In The Bookman. New York, Dodd, Mead and Co, vol. XXX, november 1909, n° 3, p. 247

En 1905, la librairie Stock s’installa définitivement 155 rue Saint-Honoré [Ier], devant le Théâtre.


Lâché par les banquiers dreyfusards et ses auteurs fortunés, emporté par la passion du jeu et confondant souvent chiffre d’affaires et bénéfice, Stock dut vendre sa maison d’édition en 1921, qui fut achetée par l’écrivain Jacques Chardonne [pseudonyme de Jacques Boutelleau] (1884-1968), son secrétaire depuis 1909, associé avec Maurice Delamain (1883-1974).


« Il [Stock] travaillera désormais pour la maison de jeu où il s’est ruiné, puis, chassé pour avoir manqué à sa parole de ne plus jouer, il exercera divers métiers en province, de gérant d’auberge à secrétaire d’une association sportive … Enfin, réconcilié avec Boutelleau qui lui verse une petite pension, il reviendra s’installer dans la banlieue parisienne. Il y rédigera ses plus glorieux souvenirs d’éditeur, avant de mourir »

(Histoire de l’édition française. Paris, Promodis, 1886, t. IV, p. 159)


Dernier domicile de Pierre-Victor Stock (1934)
2 quai de Champagne, Le Perreux, près du pont de Bry-sur-Marne

Pierre-Victor Stock, considéré comme l’un des plus grands éditeurs de son temps, décéda à Paris [XIIe], à l’Hôpital Saint-Antoine, 184 rue du Faubourg-Saint-Antoine, le 30 avril 1943 ; il était alors domicilié au 2 quai de Champagne, Le Perreux-sur-Marne [Val-de-Marne]. Son épouse lui survivra jusqu’au 17 juin 1944, en son domicile du 141 boulevard Pereire [XVIIe].




















Henry-Louis Delloye (1787-1846), éditeur par atavisme

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Tombeau du prédicateur Pierre l'Ermite (1050-1115), à Huy


Descendant d’une famille originaire de Huy [Belgique, province de Liège], Henry-Louis-Joseph, « fils illégitime de Marie Louise Mauconduit, fille libre, native d’Aire en Artois », est né le 22 octobre 1787, à Valenciennes [Nord], où il fut baptisé le même jour en l’église Saint-Géry.



Son père, Henry-Joseph Delloye, né à Huy, sur la paroisse de Saint-Mengold, le 13 septembre 1752, avait fait des études de pharmacie à Paris et s’était installé à Liège. Un jour de 1780, invinciblement attiré par les arts et la littérature, il abandonna subitement son métier et sa famille, pour partir, avec son violon, à Londres, où il dut vivre comme secrétaire interprète de maisons de commerce. 

Exemplaire de Jacques-Alexis Thuriot (1753-1829), député de la Marne

De retour sur le continent, il mena la vie errante d’un acteur de province, à Arras (1788 et 1789), à Bordeaux (1792), à Nantes, à Paris (1794) et à Reims, où, le 15 germinal An III [4 avril 1795], il fit paraître le premier numéro de la Feuille rémoise, par Delloye, comédien. De retour à Liège, il publia, le 1er vendémiaire An V [22 septembre 1796], le premier numéro du Troubadour liégeois, ci-devant Feuille rémoise, qu’il continua jusqu’à sa suppression le 20 fructidor An V [6 septembre 1797]. Républicain convaincu, il brava les autorités, s’acharnant à publier un journal qui changea vingt-deux fois de titre pour échapper aux poursuites. En 1804, il reprit la plume avec le Trouverre en tournée chez francs-français, qu’il appelait « le Bréviaire des épiciers et marchands », qui fut interdit le 24 ventôse An XIII [15 mars 1805]. Il mourut à Liège, le 25 septembre 1810. Marié, ce que confirme l’acte de décès de son fils, mais on ne sait à quelle date, ni où, avec Marie-Louise-Joseph Mauconduit, née le 25 mars 1767 à Aire-sur-la-Lys [Pas-de-Calais], sur la paroisse Notre-Dame [église détruite en 1792], qui lui donna aussi une fille, Henriette-Adélaïde-Joseph Delloye, née le 17 juin 1791 à Cologne [Allemagne].


Photographie BnF

Son trisaïeul, Materne Delloye (1657-1719), « médecin artiste » à Huy, fut l’auteur d’un Traité des eaux minérales, nouvellement découvertes au fauxbourg de Sainte Catherine (Hui, Veuve Guilliochon, 1717, in-12), dont le VIIIe et dernier chapitre traite « De l’usage du Marc de raisin dans la cure des maladies » (p. 67-105).


Henry-Louis Delloye fit d’abord une carrière militaire.

Il entra au service en qualité de sous-lieutenant provisoire dans le 1er Régiment étranger le 24 brumaire An XIV [15 novembre 1805] : non confirmé, il devint sergent le 22 frimaire An XIV [13 décembre 1805]. Successivement sergent major le 21 octobre 1808, sous-lieutenant le 11 juillet 1810, officier payeur le 5 décembre 1810, lieutenant le 4 septembre 1812, capitaine le 9 octobre 1813, il passa aide de camp du lieutenant général Fressinet le 13 février 1814. Mis en non activité le 1er septembre 1814, il fut nommé quartier maître des volontaires royaux commandés par le comte de Vioménil le 16 mars 1815 et licencié le 20 mars 1815. Rappelé près le lieutenant général Fressinet le 28 mars 1815, il rentra dans son foyer le 25 août 1815.

Le 18 septembre 1815, il fut autorisé à concourir à l’organisation de la Légion d’Ille-et-Vilaine par le ministre de la Guerre et fut nommé, le 10 novembre 1815, à un emploi de capitaine dans la 6eCompagnie provisoire de ladite Légion par le maréchal de camp commandant le département. Le 1er janvier 1816, il fut nommé provisoirement à un emploi de capitaine dans ladite Légion par le colonel faisant fonction d’inspecteur général, confirmé par lettre ministérielle en date du 15 mai 1816. Le 25 octobre 1816, il était capitaine de la 2e Compagnie de Grenadiers de ladite Légion.

Delloye a fait les campagnes des années 1806 à 1812 dans le royaume de Naples, et 1813 et 1814 à l’armée d’Italie. Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur par ordonnance du Roi en date du 9 novembre 1814.

Le 20 janvier 1825, à Paris, Delloye épousa Charlotte-Catherine-Amalie Riedel, née le 10 août 1797, fille de Ernest-Gottlieb Riedel et de Amalia Nix. Elle lui donna quatre enfants : Charles-Henri-Maurice, le 21 octobre 1825 ; Julien-Alphonse-Thomas, le 3 août 1827 ; Alphonse-Edmond-Victor, le 28 avril 1829 ; Eugénie-Amélie-Marie-Élisabeth, le 20 février 1833.


Bouton du 4e régiment d'infanterie de la Garde royale, sous la Restauration

Delloye était major [lieutenant-colonel] au 4eRégiment de la Garde royale en 1826. Légitimiste ardent, il donna sa démission le 22 août 1830, immédiatement après l’abdication de Charles X.


Rue des Filles Saint-Thomas, vue de la place de la Bourse, en 1866
On reconnaît le N° 7, hôtel du comte de La Marre, avec ses bustes en façade

« Très instruit, écrivant avec une rare élégance, doué d’un esprit vif et entreprenant » [Edmond Werdet. De la librairie française. Paris, E. Dentu, 1860, p. 189], Delloye se lança dans l’édition et s’installa 5 rue des Filles-Saint-Thomas, au coin de la place de la Bourse [IIe] : 

Le N° 13 place de la Bourse, occupé en 1866 par la maison Guelle & Cie

cette adresse fut nommée indifféremment 13 rue des Filles-Saint-Thomas, 5 place de la Bourse, 5 et 13 place de la Bourse, 13 place de la Bourse. Il fut l’éditeur de très nombreuses publications.


Tome III, p. 124

France militaire. Histoire des armées françaises, de terre et de mer, de 1792 à 1833[…] ; revu et publié par A. Hugo, ancien officier d’état-major, membre de plusieurs sociétés savantes, auteur de l’histoire de Napoléon (Paris, Delloye, 1833-1837, 4 vol. in-4, à 2 col., 1.033 cartes et gravures) ; le 5e volume, associé habituellement à cette première édition, appartient en réalité à celle de 1838, qui porte au titre « de 1792 à 1837 ».


Dès le début de l’année 1834, Delloye publia l’annonce de l’ouverture, le 1er septembre, d’un « Dépôt central de la librairie », 5 rue des Filles-Saint-Thomas, où un assortiment de 50.000 volumes de la librairie ancienne, moderne et étrangère étaient exposés et vendus à prix fixes.



Avec Étienne Houdaille, libraire, 11 rue du Coq-Saint-Honoré [rue de Marengo, Ier], né le 18 janvier 1808, « Éditeur de l’Histoire de Napoléon, par M. de Ségur » : Dictionnaire universel de géographie moderne[…] ; par A. M. Perrot, géographe, et MME Alex. Aragon, membres de l’Athénée des arts (Paris, Delloye et Houdaille, 1834, 2 vol. in-4).



Le 20 mars 1835, Delloye s’associa à Jean-Nicolas Barba (1769-1846), au Palais-Royal, derrière le Théâtre Français [Ier], et à Pierre-Joseph-Victor Bezou (1795-1860), 29 boulevard Saint-Martin et 34 rue Meslay [IIIe], pour la publication de pièces de théâtre dans une collection dite La France dramatique au dix-neuvième siècle.


Biographie maritime ou Notices historiques sur la vie et les campagnes des marins célèbres français et étrangers, par Hennequin (Paris, Delloye, 1835, in-8).


Tome I, p. 22

France pittoresque ou Description pittoresque, topographique et statistique des départements et colonies de la France […]. Par A. Hugo, ancien officier d’état-major, membre de plusieurs sociétés savantes et littéraires, auteur de l’histoire de Napoléon (Paris, Delloye, 1835, 3 vol. in-8, à 2 col., 120 cartes et 720 vignettes).


Tome II

France historique et monumentale. Histoire générale de France, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours […]. Par A. Hugo, auteur de l’histoire de Napoléon et de la France pittoresque(Paris, H.-L. Delloye, 1836-1841, 4 vol. in-4, à 2 col., 640 cartes, planches et vignettes).


Delloye était propriétaire de moitié avec Houdaille, de la 8e et dernière édition du Dictionnaire historique ou Biographie universelle […] ; par F.-X. de Feller (Paris, E. Houdaille et Delloye, 1836, 20 vol. in-8).




Après le traité conclu le 22 mars 1836, un acte reçu par Maître Cahouet, notaire à Paris, le 14 mai 1836, forma une Société en commandite par actions entre Henry-Louis Delloye, lieutenant-colonel en retraite, libraire-éditeur, demeurant à Paris, 5 rue des Filles-Saint-Thomas, patenté pour l’année 1836 sous le n° 43, et Adolphe Sala (1802-1867), rentier, ancien officier de la Garde royale, demeurant à Paris, 2 rue de Louvois [IIe], d’une part, et des associés commanditaires d’autre part. La Société avait pour objet la publication et l’exploitation des Mémoireset Œuvres inédits de M. le vicomte de Chateaubriand.


Le 15 novembre 1836 fut formée, avec les éditeurs Delloye, Victor Lecou et Victor Bohain (1804-1856), une Société ayant pour but l’exploitation des Œuvres de Balzac, qui s’engagea à fournir six volumes nouveaux par an, pendant dix ans, en échange d’une avance de 50.000 francs et d’un partage par moitié des bénéfices.


Œuvres complètes de Casimir Delavigne, de l’Académie française. Seule édition avouée par l’auteur (Paris, H.-L. Delloye et VOR Lecou, 1836, in-8).


Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français […] ; par Napoléon Landais, auteur de la Grammaire, résumé général de toutes les Grammaires françaises (Paris, Bureau central des dictionnaires, 1836, 2 vol. in-4).



Panorama descriptif, historique, anecdotique des rives de la Seine, de Paris à Montereau, par Constantin Mazeret et par C. V. Monin, pour la partie géographique (Paris, H. L. Delloye, 1836, in-8, carte et vignettes).


Nouvel almanach des villes et des campagnes, pour 1837(Paris, Delloye, 1836, in-18).


Histoire de la captivité de François IER, par M. Rey, membre de la Société royale des Antiquaires de France, de la Société de l’Histoire de France, de l’Institut historique, etc., etc. (Paris, Techener et Delloye, 1837, in-8).



Histoire du drapeau, des couleurs et des insignes de la monarchie française, précédée de l’Histoire des enseignes militaires chez les Anciens ; par M. Rey, membre de la Société royale des Antiquaires de France, de la Société de l’Histoire de France, de l’Institut historique, etc., etc.   (Paris, Techener et Delloye, 1837, 2 vol. in-8, 24 pl.).



Paris-Londres. Keepsake français, 1837. Nouvelles inédites, illustrées par vingt-six vignettes, gravées à Londres par les meilleurs artistes (Paris, Delloye, Desmé et Cie, 1837).

  

Œuvres complètes du comte Alfred de Vigny (Paris, H. Delloye et V. Lecou, 1837-1839, 7 vol. in-8).


L’Âme exilée, légende, par Anna Marie [pseudonyme de la comtesse de Hautefeuille] (Paris, Delloye, 1837, in-8).



Congrès de Vérone. Guerre d’Espagne. Négociations : colonies espagnoles ; par M. de Chateaubriand (Paris, Delloye, Leipzig, Brockhaus et Avenarius, 1838, 2 vol.).


Stabat Mater dolorosa, en vers français. Dédié à Madame la Vtesse de Chateaubriand, fondatrice de l’Infirmerie Marie-Thérèse (Paris, H.-L. Delloye, 1838, in-8).


Le Livre du peuple, par F. Lamennais (Paris, H. Delloye et VOR Lecou, 1838).


Premier tirage avec la vignette de titre " au squelette "

Balzac illustré. La Peau de chagrin.Études sociales (Paris, H. Delloye et Victor Lecou, 1838, gr. in-8).


Mélanges, par D. Nisard (Paris, Delloye et Lecou, 1838, 2 vol. in-8).



Musée Dantan(Paris, Delloye, 1838, in-8).


Reliure d'Yseux
 Photographie Librairie L'Intersigne, Saint-Xandre (Charente-Maritime) : 1.600 €

Œuvres complètes de Victor Hugo. Drame. Tome septième. Ruy Blas (Paris, H. Delloye, Leipzig, Brockhaus et Avenarius, 1838, in-8).


« Rentré de son voyage à Varennes et Vouziers le 28 août au soir pour s’occuper de la représentation de Ruy Blas, Hugo accueille les propositions de Henri Louis Delloye, lieutenant-colonel en retraite, éditeur 13, place de la Bourse, ce qui est la même chose que 5, rue des Filles Saint-Thomas, siège de la “ Librairie centrale ” et de l’étude d’un notaire, Me Cahouet. Delloye agit au nom de Charles Cornuau, négociant en papier, de MM. Blanchet et Klébert, des Papeteries de Rives, de MM. Gaillard et Rampin, banquiers à Grenoble et à Paris, et de Charles Valéry Duriez, ancien négociant. La littérature devient véritablement affaire d’hommes d’affaires.

L’accord verbal entre Hugo et Delloye, conclu le 29 octobre, est sanctionné par le traité du 29 novembre, passé devant Me Cahouet. Hugo cède à la société constituée pour l’exploitation de ses œuvres pour une durée de dix ans à compter du 1er janvier 1839 ce qu’il a déjà publié et ce qu’il compte publier prochainement. […] Le traité réserve les droits des précédents éditeurs, qui s’éteignent pour Renduel (Odes et Ballades, Orientales, Feuilles d’automne, Chants du crépuscule) fin août ou fin septembre 1839, mais subsistent pour Gosselin en ce qui concerne le tirage à 3 000 exemplaires de deux volumes de romans nouveaux, à écouler en quinze mois, pour 6 000 F le volume. […] Pour l’ensemble il est convenu que Hugo touchera “ 300 000 F comptant, soit en espèces, soit en engagements ou en valeurs ” […].

C’est que les difficultés n’avaient pas tardé à surgir.

D’abord Delloye avait dû traiter avec Renduel pour les invendus des éditions précédentes, qui font un tas de 42 515 volumes, ce qui ne va guère permettre de gros tirages à la Société. Hugo est obligé le 8 février 1839 d’accepter des modifications au contrat : les quatre annuités de 30 000 F sont repoussées d’un an, la durée de l’exploitation passe de dix ans à onze ans et demi, ce qui nous mène au 30 juin 1850, les éditeurs gardant le droit d’imprimer jusqu’au 30 juin 1849. […]

Et là-dessus, Deloye tombe en faillite, sans qu’il soit néanmoins besoin de procéder à liquidation, en juin 1839. Il faut dissoudre la Société et la reconstituer sous la raison sociale C. V. Duriez & Cie, ce qui se fait par accord entre Hugo et Duriez le 31 juillet 1839, et par acte du 2 septembre. La nouvelle Société pour l’Exploitation des œuvres de Hugo possède les droits jusqu’au 1erseptembre 1850. Dès lors il n’y a plus ni libraire ni éditeur devant l’auteur, mais directement les deux banquiers, Gaillard et Rampin. »

(Jacques Seebacher. Victor Hugo ou le Calcul des profondeurs. Paris, P. U. F., 1993)



Les Fastes de Versailles, depuis son origine jusqu’à nos jours, par M. H. Fortoul (Paris, H. Delloye, 1839).


Photographie Librairie Le Feu Follet

Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, 1364-1477. Par M. de Barante, pair de France, membre de l’Académie française et des Académies de Saint-Pétersbourg et de Turin (Paris, Delloye, Duféy et VE Le Normant, 1839, 12 vol. in-8).


New York, Christie's, 22 juin 2012 : 52.500 $

Avec Susse frères [Victor, Amédée et Eugène Susse], 31 place de la Bourse : Historique et description des procédés du daguerréotype et du Diorama, par Daguerre, peintre, inventeur du Diorama, officier de la Légion-d’Honneur, membre de plusieurs Académies, etc., etc. (Paris, Susse frères et Delloye, 1839, in-8).


Le 30 avril 1839, Delloye déposa son bilan avec un passif de 492.665 francs, mais put obtenir un concordat et reprendre ses activités d’éditeur dès le mois d’août suivant :



Barzas [sic] -Breiz. Chants populaires de la Bretagne, recueillis et publiés avec une traduction française, des éclaircissements, des notes et les mélodies originales, par Th. de La Villemarqué (Paris, Delloye, Crozet et Techener, 1839, 2 vol.).



Le Retour de l’empereur, par Victor Hugo (Paris, Delloye, 1840).


Photographie Librairie Camille Sourget

Œuvres complètes de Victor Hugo. Poésie. VII. Les Rayons et les Ombres (Paris, Delloye, 1840, in-8).


Angélique, par Anna Marie, auteur de L’Âme exilée, etc. (Paris, H. L. Delloye, 1840, in-8). 


Histoire des classes nobles et des classes anoblies. Par A. Granier de Cassagnac (Paris, H. L. Delloye, 1840, in-8, t. I seul paru).


Penserosa. Poésies nouvelles, par Madame Louise Colet (Paris, H. L. Delloye, 1840).  


Dans la collection « Bibliothèque choisie », publiée dans le format in-18 [dit « anglais »], à 1 fr. 75 c. le volume, chaque volume est orné d’une vignette ou d’un portrait :



Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon sur le siècle de Louis XIV et la Régence(Paris, H.-L. Delloye, 13 place de la Bourse, 1840-1842, 40 vol.).


Fragoletta, par H. de Latouche. Naples et Paris en 1799 (Paris, H.-L. Delloye, 1840, 2 vol.).


L'Impératrice Joséphine (t. II)

Mémorial de Sainte-Hélène[…], par le comte de Las Cases. Nouvelle édition, soigneusement revue par l’auteur (Paris, H. L. Delloye, 1840, 9 vol.).


Lettres sur le Nord. Danemark, Suède, Norvège, Laponie et Spitzberg. Par X. Marmier (Paris, H. L. Delloye, 1840, 2 vol.).



Les Historiettes de Tallemant des Réaux […]. Seconde édition [...], par M. Monmerqué, membre de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres (Paris, H.-L. Delloye, 1840, 10 vol.).


Le Moine, par M. G. Lewis, traduction nouvelle et entièrement conforme au texte de la première édition originale, par Léon de Wailly (H. L. Delloye, 1840, 2 vol.).


Nicolas Fouquet

Histoire de l’homme au masque de fer, par Paul-L. Jacob, bibliophile. Nouvelle édition (Paris, H.-L. Delloye, 1840).


Sous les tilleuls, par Alphonse Karr (Paris, H.-L. Delloye, 1840, 2 vol.).


Le Maçon, mœurs populaires, par Michel Raymond (Michel Masson et Raymond Brucker) (Paris, H.-L. Delloye, 1840, 2 vol.).


Reliure d'Yseux
Paris, Ader, 18 juin 2014 : NON VENDU

Fortunio, par Théophile Gautier (Paris, H.-L. Delloye, 1840).


Le Chevalier de Saint-Georges, par Roger de Beauvoir. Deuxième édition, avec de nouvelles notes de l’auteur (Paris, H.-L. Delloye, 1840, 2 vol.).



Souvenirs de la marquise de Créquy, de 1710 à 1803. Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée (Paris, H.-L. Delloye, 1840, 9 vol.).


Œuvres littéraires et politiques de Napoléon. Nouvelle édition (Paris, H.-L. Delloye, 1840).


Poésies par Jean Reboul de Nimes. Précédées d’une notice biographique et littéraire. Nouvelle édition, revue et augmentée par l’auteur(Paris, H.-L. Delloye, 1840).


William Shakespeare

Macbeth, tragédie de William Shakspeare, traduction littérale en vers, par Jules Lacroix ; publiée avec une préface par le Bibliophile Jacob (Paris, H.-L. Delloye, 1840).


Édith de Falsen. Par Ernest Legouvé (Paris, H. L. Delloye, 1841).


Poésies de Émile Deschamps. Nouvelle édition, revue et considérablement augmentée par l’auteur (Paris, H.-L. Delloye, 1841).


Poésies de Antoni Deschamps. Nouvelle édition, revue et considérablement augmentée par l’auteur (Paris, H.-L. Delloye, 1841).



L’Âne mort, par Jules Janin. Sixième édition (Paris, H.-L. Delloye, 1841).


Comédies de S. A. R. la princesse Amélie de Saxe, traduites de l’allemand par M. Pitre-Chevalier (Paris, H. Delloye, 1841).


Œuvres de Adam Miçkiewicz, professeur de littérature slave au Collège de France. Traduction nouvelle par Christien Ostrowski (Paris, H.-L. Delloye, 1841, 2 vol.).


Suivant conventions verbales en date du 1eraoût 1841, Delloye céda à Nicolas-Adrien-Édouard Tétu (° 3 mai 1814), libraire, George, rentier, et Christophe-Denis Fouraut (° 4 janvier 1809), employé, la partie de son établissement de librairie ayant pour spécialité les livres élémentaires et d’éducation, et connue sous le titre de « Librairie ecclésiastique, classique et élémentaire ». Ils formèrent une Société en nom collectif sous la raison sociale « Ed. Tétu et Ce », pour l’exploitation de ce fonds, à partir du 1er août 1841. Leur domicile commercial resta établi, provisoirement, 13 place de la Bourse, Delloye continuant, comme éditeur-libraire, l’exploitation des autres parties de son fonds à cette adresse. 


Le lundi 11 octobre 1841, la « Librairie ecclésiastique, classique et élémentaire » fut transférée à l’hôtel Bullion [démoli en 1890], 3 rue J.-J. Rousseau [Ier].



Journal écrit à bord de la frégate La Belle-Poule, par Emmel Bon de Las Cases, membre de la mission de Sainte-Hélène, membre de la Chambre des députés, conseiller-d’État, commandeur de la Légion d’honneur (Paris, H. L. Delloye, 1841, in-8).


Histoire de la lutte des papes et des empereurs de la maison de Souabe, de ses causes et de ses effets […]. Par C. de Cherrier (Paris, H. L. Delloye, 1841, t. I seul).


Histoire de la marine militaire de tous les peuples, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, par Eugène Sue. Marine des peuples anciens. Marine ottomane (Paris, H.-L. Delloye, 1841, t. I seul paru).


Une soirée du Théâtre-Français, 24 avril 1841. Le GladiateurLe Chêne du Roi (Paris, H.-L. Delloye, 1841).


La Divine Epopée, par Alexandre Soumet, de l’Académie française (Paris, H.-L. Delloye, 1841).

 

Œuvres complètes de Victor Hugo, de l’Académie française. Poésie. IV. Les Feuilles d’Automne. Douzième édition (Paris, Delloye, 1841, in-8).


Désirant se consacrer uniquement à son activité d’éditeur, mais sans vendre son fonds, Delloye passa un arrangement avec les frères Garnier, au Palais-Royal, 215 bis péristyle Montpensier, et, à partir de 1845, 10 rue Richelieu [Ier] : Auguste Garnier (1812-1887) et Hippolyte Garnier (1815-1911) furent chargés de vendre, à partir du 1eroctobre 1841, les ouvrages qu’il avait publiés et ceux qu’il publia par la suite.



Lettres sur la Hollande, par X. Marmier (Paris, H.-L. Delloye, Se vend chez Garnier frères, 1841).


Histoire de la royauté considérée dans ses origines, jusqu’à la formation des principales monarchies de l’Europe ; par le Cte Alexis de Saint-Priest, pair de France (Paris, H. L. Delloye, Se vend chez Garnier frères,1842, 2 vol.).



Œuvres complètes de Victor Hugo. Le Rhin (Paris, H. L. Delloye, Se vend chez Garnier frères, 1842, 2 vol. in-8).


Esclavage et liberté. Existence de l’homme et des sociétés en harmonie avec les lois universelles […]. Par Alph. Ride (Paris, H.-L. Delloye et Garnier frères, 1843, 2 vol.).





Chants et chansons populaires de la France. Première [Deuxième, Troisième] série. 1843 (H.-L. Delloye et Garnier frères, 3 vol. gr. in-8) ; seule la couverture de la troisième série porte la date « 1844 ».


Vie de Catherine de Médicis. Essai historique, traduit de l’Italien,d’Eugène Alberi, de Florence, par Mlle S*** (Paris, H. L. Delloye, Se vend à la librairie Garnier frères, 1844, in-12).


Photographie BnF

Vie de Rancé, par M. le Vte de Chateaubriand. Seconde édition, revue, corrigée et augmentée(Paris, H.-L. Delloye, Se vend à la librairie Garnier frères, s. d. [1844]).


Lettres sur l’Islande, et poésies par X. Marmier. Troisième édition (Paris, Delloye et Garnier frères, 1844).


En 1846, Delloye déménagea dans un appartement au 10 ter rue de Trévise [IXe].


Vies des Saints, nouvellement écrites par une réunion d’ecclésiastiques et d’écrivains catholiques, sous ladirection religieuse du comité nommé par Monseigneur l’Archevêque de Paris (Paris, H.-L. Delloye, Garnier frères, Maison, Waille, Sagnier et Bray, St-Hilaire Blanc et Cie, 1846, in-fol.).


Reliure de Lenègre

Les Femmes de la Bible, collection de portraits des femmes remarquables de l’ancien et du nouveau Testament (Paris, H. L. Delloye et Garnier frères, 1846).



Souvenirs des voyages de Monseigneur le duc de Bordeaux en Italie, en Allemagne et dans les États de l’Autriche. Par M. le comte de Locmaria(Paris, H.-L. Delloye et Garnier frères, 1846, 2 vol.).


Henry-Louis Delloye mourut le 21 octobre 1846, en sa demeure, qu’il avait achetée en 1831 à Ermont [Val-d’Oise]. L’inventaire après décès de son appartement parisien eu lieu le 9 décembre 1846. Le 19 juin 1847, parut dans le Feuilleton du Journal de la librairie l’annonce suivante :


« Les personnes qui auraient fait des dépôts de leurs livres dans les magasins de M. H. L. DELLOYE, ancien Editeur, sont prévenues qu’elles devront en faire la réclamation rue de Trévise, 10 ter, avant le 25 juin courant, terme de rigueur, passé lequel délai les volumes seront vendus en vente publique pour le compte de qui il appartiendra. La remise des ouvrages réclamés aura lieu contre la présentation du reçu qui en a été délivré par M. Delloye et le payement des frais d’emmagasinage. »



Les frères Garnier firent l’acquisition du fonds Delloye en 1847 : Impressions de voyage. De Paris à Cadix, par Alexandre Dumas (Paris, Ancienne maison Delloye, Garnier frères, 1847-1848, 5 vol.).


La veuve Delloye survécut jusqu’au 3 janvier 1865, date à laquelle elle mourut à Ermont.














Les Gardiens de Bibliopolis, tome II : ERRATA & CORRIGENDA

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Jean-Paul Fontaine

Les Gardiens de Bibliopolis

(Paris, L’Hexaèdre, 2018, t. II)



ERRATA & CORRIGENDA




-          p. 244, 6e §, 2e ligne : 1847, au lieu de « 1846 ».

-          p. 276, 2e§, 15e ligne : A. R. Courbonne, au lieu de « a. r. courbonne » et FALLITUR, au lieu de « fallitur ».

-          p. 296, 5e§, 1ère et 2e lignes : dimanche 15, au lieu de « lundi 16 ».

-          p. 382, 4e§, 1ère ligne : Alexandre-Jules Domont, né à Amiens [Somme], le 11 octobre 1847, fils d’un garçon d’écurie, au lieu de « Jules-Anatole Domont, né à Amiens [Somme], le 11 février 1847, fils de menuisier ».

-          p. 382, 4e§, 8e et 9e lignes : Le 6 juin 1931, veuf de Céline-Félicie Rassa, il épousa, à Paris [VIe], Henriette Aubry, au lieu de « Le 28 décembre 1925, il épousa, à Amiens, Marie-Esther-Malvina Goret. ».

-          p. 391, 5e§, 6e ligne : Rétif, au lieu de « Restif ».





Adepte de la pseudonymie et des adresses multiples, il fut ruiné par Balzac

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Vue d'une partie du port et des quais de Bordeaux, dits des Chartrons et de Bacalan, par Pierre Lacour (1806)

Antoine Verdet, dit « Edmond Werdet », est né à Bordeaux [Gironde], 11 rue Beaufleury, le 16 brumaire An II [6 novembre 1793], fils de Jean-Baptiste Verdet, dit « Joseph Werdet », écrivain, et de Catherine Bouchardeau, regretière [écrivassière].


Élève au lycée de Bordeaux, il devint en 1809 adjoint de son père, qui y était maître d’écriture.

Il arriva à Paris en novembre 1811, avec son père, la seconde femme de celui-ci, Anne Lacroix, et sa sœur aînée, Marie-Élisa (1789-1834). 

Cour du Collège Sainte-Barbe (1824)

Le 16 février 1812, Antoine Verdet, dit alors « Jean-Baptiste-Antoine Werdet », fut nommé maître d’écriture, comptable adjoint et sous-économe au Collège Sainte-Barbe [Ve].


« Entraîné vers le commerce de la librairie par une vocation irrésistible », selon son propre aveu, Jean-Baptiste-Antoine Werdet entra en février 1820, comme commis-voyageur en librairie chez le libraire Jean-Jacques Lefèvre (1779-1858), 6 rue de l’Éperon [VIe], qui l’envoya vendre des livres dans les départements, mais aussi en Angleterre, en Hollande, en Belgique et en Italie. 
Rue Serpente (ancienne partie rue du Battoir), vue de la rue de l'Eperon vers la rue Mignon
Photographie Charles Marville (1866) 

Il habitait alors 5 rue Serpente [VIe, entre la rue de la Harpe et la rue Hautefeuille].


Jean-Baptiste-Antoine Werdet obtint son brevet de libraire le 27 avril 1824 et s’installa dès l’année suivante 20 rue du Battoir-Saint-André [VIe, entre la rue Hautefeuille et la rue de l’Éperon ; elle sera réunie à la rue Serpente en 1851]. 


Il inaugura la « Collection des meilleurs romans françois dédiée aux dames » avec l’Histoire de Manon Lescaut et du chevalier Des Grieux. Par Prévost(Paris, Werdet, 1825, 2 vol. in-32). Le 1er avril 1826, il s’associa avec Jean-Frédéric-Alexandre Lequien (1803-1885), dit « Lequien fils », tous deux acquéreurs du fonds de librairie de Edme-Alexandre Lequien (1779-1835), dit « Lequien père », grammairien auteur du Traité des participes, alors 45 rue des Noyers [Ve, disparue lors du percement du boulevard Saint-Germain], et édita : Œuvres de J. J. Rousseau, nouvelle édition (Paris, Werdet et Lequien, 1826, 20 vol. in-8) ; 


Œuvres complètes de M. T. Cicéron, publiées en français, avec le texte en regard, par Jos.-Vict. Le Clerc (Paris, Werdet et Lequien, 1826, 35 vol. in-8) ; Œuvres de Crébillon, avec les notes de tous les commentateurs (Paris, Werdet et Lequien, 1828, 2 vol. in-8).


Le 10 novembre 1826, Joseph Werdet père, instituteur, et sa fille Marie-Élisa, domiciliés 31 rue Dauphine [VIe], obtinrent un brevet d’invention et de perfectionnement de cinq ans, pour une méthode servant à faire écrire droit sans être tracé, consistant dans la composition d’un corset appelé « régulateur de la taille », accompagné d’un régulateur pour faciliter l’écriture.

Le frère cadet de Jean-Baptiste-Antoine Werdet, Joseph Werdet fils, né le 29 floréal An VI [18 mai 1798], devint instituteur à Blaye [Gironde].



Entretemps, Jean-Baptiste-Antoine Werdet était devenu père de trois enfants, hors mariage : Marie-Pauline, le 28 décembre 1817, de Marie-Louise Giroux ; Caroline-Valérie, le 9 juillet 1825 ; Oscar-Frédéric, le 5 janvier 1827, de Lucile Bonald. On raconte, sans preuves convaincantes, que ces enfants furent le fruit de sa longue liaison – de 1815 à 1843 - avec Marie-Louise-Joséphine Beix (1795-1880), séparée de son mari, Jean-François Duhalde, depuis 1817.


Portrait de Louise Béchet
par Eugène Goyet


L’association avec Lequien fut dissoute en août 1829 et, en novembre 1830, Werdet accepta de prendre la direction de la librairie de Julienne Béchet, dite « Louise » Béchet (1801-1880), veuve de Pierre-Adam Charlot, dit « Charles-Béchet », depuis le 25 avril 1829, 59 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe], au premier étage de l’avant-dernier immeuble faisant l’angle avec la rue Dauphine. 


Werdet édita Le Suicide, par Servan de Sugny (Paris, Madame Charles-Béchet, Werdet, Lecointe et Pougin, 1832, in-8) et traita avec Balzac, au nom de Madame Béchet, au début du mois d’octobre 1833, 

Les tomes III et IV ont été mis en vente avant les tomes I et II

pour l’édition des Études de mœurs au XIXe siècle(Paris, Madame Charles-Béchet [Werdet pour les 2 derniers vol. de 1837], 1834-1837, 12 vol. in-8) qu’il obtint de tirer à 2.000 exemplaires, pour la somme de 36.000 francs.


Maison natale d'Emile Littré (mai 2018)

En même temps, à l’adresse du 21 rue des Grands Augustins [VIe], maison natale du lexicographe Émile Littré (1801-1881), Werdet édita : Confessions d’un homme de cour, contemporain de Louis XV […] : publiées par J. Dusaulchoy et P.-J. Charrin(Paris, Werdet, Lecointe et Lequien, 1830, 4 vol. in-16), avec Jacques-Frédéric Lecointe, 49 quai des Augustins ; Lettres à Camille sur la physiologie de l’homme […], par Isidore Bourdon, de l’Académie royale de médecine (Paris, Werdet, Gabon et Béchet Jeune, 1830, in-18), avec Gabon et Béchet Jeune, près l’École de médecine ; 

La Physiognomonie (Frontispice)

La Physiognomonie ou l’Art de connaitre les hommes, d’après les traits du visage et les manifestations extérieures […]. Par l’auteur des lettres à Camille sur la physiologie (Paris, Werdet, 1830, in-12, portraits) ; Mémoires, souvenirs et anecdotes sur l’intérieur du palais de Charles X, et les événemens de 1815 à 1830 ; par M. Théodore Anne (Paris, Werdet et Levavasseur pour le t. I ; Werdet et Veuve Charles-Béchet pour le t. II, 1831, 2 vol. in-8), avec Alphonse Levavasseur, au Palais-Royal ; 


Trois satires politiques, précédées d’un prologue, par M. Antoni Deschamps (Paris, R. Riga, Werdet et Levavasseur, 1831, in-8), avec R. Riga, 1 rue du Faubourg-Poissonnière [IXe] ; 


Chroniques et traditions surnaturelles de la Flandre, par MR S. Henry Berthoud. Publiées par M. Ch. Lemesle (Paris, Werdet et VE Charles-Béchet pour le t. I ,1831 ; Werdet et MmeCharles-Béchet pour le t. II, 1834 ; Werdet et E. Legrand et Bergounioux pour le t. III, 1834, 3 vol. in-8).


Rue du Colombier, vue vers le Carrefour de la Croix Rouge
Les numéros 17 et 19 ont été démolis, à gauche, à l'angle de la rue Cassette
 Au fond, le Bureau des démolitions est au N°21 (1867)


Rue du Vieux Colombier (mai 2018)

Le 1er mars 1834, Werdet quitta la librairie Béchet pour s’installer 19 rue du Colombier [rue du Vieux-Colombier, VIe ; démoli lors de la prolongation de la rue de Rennes] et traiter avec Balzac, dès le 28 avril 1834, 


pour la deuxième édition, revue et corrigée, de Le Médecin de campagne (Paris, Werdet, 1834, 4 vol. in-18). Louise Béchet céda son fonds le 24 août 1834 aux associés Édouard Legrand et Jules Bergounioux.


Rue des Quatre-Vents, vue vers la rue de Seine
Photographie Charles Marville (1866)

Dès l’été 1834, Werdet s’installa 18 rue des Quatre-Vents [VIe], à l’angle de la rue du Cœur-Volant [rue Grégoire-de-Tours], 


puis édita les Études philosophiques (Paris, Werdet, 1835-1836, 20 vol. in-12), pour lesquelles il avait négocié un traité avec Balzac, le 16 juillet 1834.


Rue de Seine à gauche, rue de l'Echaudé à droite
Photographie Eugène Atget (1905)

En 1835, Werdet déménagea au 49 rue de Seine-Saint-Germain [rue de Seine, VIe], au coin de la rue de l’Échaudé, et édita, au mois de mars, 

Paris, Drouot, 10 avril 2008 : 26.000 €

Le Père Goriot, histoire parisienne, publiée par M. de Balzac (Paris, Werdet et Spachmann, 1835, 2 vol. in-8), en société avec Charles-Frédéric Spachmann (1807-1850), 24 rue Coquenard [rue Lamartine, IXe], ancien relieur, 


puis Le Livre mystique, par M. de Balzac (Paris, Werdet, 1erdécembre 1835, 2 vol. in-8).


Le 11 février 1835, Joseph Werdet père, devenu professeur à l’École normale primaire, à Paris, 6 rue Carpentier-Saint-Sulpice [rue Marie Pape-Carpantier (sic), VIe], avait été breveté définitivement pour deux moyens de faire pénétrer la couleur de la garance jusqu’au cœur des fils dont se compose l’étoffe, et la rendre semblable à celle des pièces de draps teintes en laine.


Exemplaire relié par Spachmann, offert par Balzac à la marquise de Castries
Paris, Drouot, 11 décembre 2015 : 165.000 €

L’année suivante, Werdet édita Le Lys dans la vallée, par M. de Balzac (Paris, Werdet, 1er juin 1836, 2 vol. in-8), dont le commencement avait paru dans la Revue de Paris (22 et 29 novembre, 27 décembre 1835) :


« aujourd’hui madame Béchet, qui s’est montrée en toute occasion fort délicate, quittant le commerce, j’ai fait choix d’un seul libraire, de M. Werdet, qui réunit toutes les conditions d’activité, d’intelligence, de probité que je désire chez un éditeur ; il est probable que les relations amicales qui doivent s’établir entre un auteur et son éditeur ne seront jamais troublées ; car, outre ces qualités, il est plein de cœur et de délicatesse, comme beaucoup de gens de lettres peuvent l’attester ; tout me présage donc la plus grande tranquillité sur ce point. » (« Introduction au Lys dans la vallée », p. XIV)


Suivirent les éditions de Vierge et martyre, par Michel Masson (Paris, Ed. Werdet et Spachmann, 1836, 2 vol. in-8), avec Spachmann, 19 rue Neuve-des-Petits-Champs [rue des Petits-Champs, Ier] ; 


La Duchesse de Presles, par Jules A. David, auteur de Lucien Spalma(Paris, Ed. Werdet, 1836, 2 vol. in-8) ; Le Chemin le plus court, par Alphonse Karr (Paris, Ch. Gosselin et Ed. Werdet, 1836, 2 vol. in-8), en société avec Charles Gosselin (1795-1859), 18 rue Saint-Germain-des-Prés [partie de la rue Bonaparte, VIe] ; Sous le froc, par Maurice Alhoy (Paris, Werdet, 1836, 2 vol. in-8) ; Portraits littéraires, par Gustave Planche (Paris, Werdet, 1836, 2 vol. in-8).


Écrasé par les dépenses insensées de Balzac pour soutenir son luxe princier, Werdet dut déposer son bilan le 17 mai 1837 :  


« Le jour où ma barque commerciale fut brisée par Honoré de Balzac, le jour où il jugea à propos de briser les liens qui l’attachaient à moi, ce fut ce jour-là, comme un coup de fusil tiré dans un colombier.

Tous mes pigeons familiers prirent leur vol !

Et tous, ou presque tous, la veille encore, avaient pris leur becquée, à ma table hospitalière !...

Les ingrats !

Si l’épigastre n’a point de mémoire, le cœur du moins devrait conserver la reconnaissance des services rendus !

Donnez souvent à dîner à vos amis, ou soi-disant tels, vous n’en retirerez un jour que de l’ingratitude. »

(Werdet. « Gustave Planche. Souvenirs inédits de Werdet, son ancien libraire-éditeur, 1834 – 1843 ». In Revue anecdotique des excentricités contemporaines. Paris, Second semestre, Année 1859, t. IX, N° 2, p. 42-43).


Rue Jacob, vue vers la rue Bonaparte
Photographie Charles Marville (1866)


9 rue Jacob (mai 2018)

Werdet logea alors 9 rue Jacob [VIe], près du coin de la rue de Furstemberg, et édita Mensonge, par Raymond Brucker (Michel-Raymond) (Paris, Werdet, 1837, 2 vol. in-8) ; 

Photographie BnF

Les Cent Contes drolatiques, colligez ez abbaïes de Touraine, et mis en lumière par le sieur de Balzac, pour l’esbattement des pantagruelistes et non aultres. Troisiesme Dixain (Paris, Ed. Werdet, mars 1837, in-8), qui ne parut qu’en décembre 1837.


Le 29 septembre 1837, Werdet avait obtenu un concordat avec ses créanciers et édita, de nouveau au 49 rue de Seine-Saint-Germain : Le Connétable de Bourbon, par Alphonse Royer (Paris, Werdet, 1838, 2 vol. in-8) ; Un serment, par Clémentine Mame (Paris, Werdet, 1838, 2 vol. in-8) ; Le Club des désoeuvrés [sic], par Jules A. David, auteur de La Bande noire. – La Duchesse de Presles, etc., etc. (Paris, Werdet, 1838, 4 vol. in-8) ; Mémoires secretsde 1770 à 1830par M. le comte d’Allonville, auteur des Mémoires tirés des papiers d’un homme d’État(Paris, Werdet, t. I et t. II, 1838, 2 vol. in-8).


18 rue Visconti
Photographie Eugène Atget (1910)


18 rue Visconti (mai 2018)

Puis il déménagea une nouvelle fois, pour se trouver au 18 rue des Marais-Saint-Germain [rue Visconti, VIe], en face de l’ancienne imprimerie de Balzac, et éditer : La Belle au bois dormant, par Arsène Houssaye (Paris, Werdet, 1839, 2 vol. in-8) ; 

Paris, Drouot, 10 octobre 2017 : 6.951 €

La Femme supérieure. La Maison Nucingen, la Torpille ; par M. de Balzac (Paris, Werdet, 1838, 2 vol. in-8) ; Marianna, par M. Jules Sandeau, auteur de Madame de Sommerville (Paris, Werdet, 1839, 2 vol. in-8) ; Le Médecin du Pecq, par Léon Gozlan (Paris, Werdet, 1839, 3 vol. in-8) ; Les Catacombes, par Jules Janin (Paris, Werdet, 1839, 6 tomes en 3 vol. in-12).



En 1840, Werdet édita 10 rue Christine [VIe] : Jacques Patru, par Jules A. David (Paris, J.-B. Werdet et Cie, 1840, 2 vol. in-8) ; Frédéric le Lion, par Jules A. David (Paris, Werdet et Cie, 1840, 2 vol. in-8).


5 rue Mazarine
Photographie Eugène Atget
  

Puis les éditions portèrent l’adresse du 5 rue Mazarine [VIe], où avait habité la tragédienne Marie Desmares (1642-1698), dite « La Champmeslé » : Mémoires secretsde 1770 à 1830par M. le comte d’Allonville, auteur des Mémoires tirés des papiers d’un homme d’État (Paris, Werdet et Ollivier, t. IV, 1841 ; Werdet, t. V, 1841, 2 vol. in-8) ; 


Scandale, par Michel Raymond (Raymond Brucker), auteur de : Les Intimes. – Le Maçon. – Les Sept Péchés capitaux, etc., etc. (Paris, Werdet, 1841, 2 vol. in-8) ; Au milieu des douleurs, par Michel Raymond (Raymond Brucker) (Paris, Werdet, 1842, 2 vol. in-8) ; Dictionnaire élémentaire d’histoire naturelle […] publié sous la direction de M. Victor Meunier (Paris, Werdet, 1842, 2 vol. in-8), objet de la dernière annonce de Werdet dans le Feuilleton du Journal de la librairie du 15 janvier 1842.   


Le 31 mars 1841, Werdet, se disant négociant, 5 rue Mazarine, avait obtenu un brevet d’invention de cinq ans pour la composition d’une huile propre à la frisure des cheveux. Il reprit sa valise de commis-voyageur en librairie l’année suivante.En 1843, après 28 ans de cohabitation, Marie-Louise-Joséphine Beix le quitta pour aller vivre avec le romancier Jules-Antoine David (1811-1890). Il ne tarda pas à épouser, en l’église Saint-Roch, le 24 juin 1845, Reine Simon (1800-1861), libraire 335 rue Saint-Honoré [VIIIe], originaire de Jallaucourt [Moselle]. Mais le 2 octobre 1845, sa seconde faillite le ruina complètement.



Après deux derniers essais éditoriaux, à l’adresse du 15 rue du Dragon [VIe] - Biographie impartiale des représentants du peuple à l’Assemblée nationale. Seule édition complète (Paris, Victor Lecou et Werdet et Sylvestre [sic], novembre 1848, in-8) 


et Louis-Napoléon Bonaparte, représentant du peuple à l’Assemblée nationale, candidat à la présidence de la République française (Paris, Werdet, 28 novembre 1848, in-12) -, 

Hameau de Gare-le-Cou

Werdetse retira avec sa femme dans une des quatre modestes habitations du hameau de Gare-le-Cou, sur la commune de Bicqueley [Meurthe-et-Moselle], à 4 km au sud de Toul. De là, pendant dix ans, neuf mois par an, il partit voyager en qualité de mandataire de l’administration de la Jurisprudence générale, recueil périodique et critique de Dalloz.


Hospice de Petits-Ménages

Joseph Werdet père mourut le 12 avril 1854, à l’Hospice des Petits-Ménages, 24 rue de Sèvres [VIIe] ; sa femme, Anne Lacroix, mourut au même endroit, le 10 juin 1855. C’est sur l’emplacement de cet hospice, démoli en 1868, que fut construit le magasin « Au Bon Marché » en 1869.

   

En 1856, au cours de son dernier déplacement, Werdet fit une chute à Strasbourg [Bas-Rhin], en descendant du chemin de fer, qui le laissa impotent de la jambe droite et estropié du pied gauche, malgré les bons soins prodigués pendant plusieurs mois à Toul, puis à Paris, par les docteurs Alfred Velpeau (1795-1867) et Alexandre Thierry (1803-1858), ami du libraire Alexandre Paulin (1796-1859). Devenu en outre aveugle d’un œil, Werdet ne marcha plus que guidé par sa femme.


Il ne lui resta plus qu’à écrire ses souvenirs. Il commença par publier quelques portraits de gens de lettres dont il avait été l’éditeur, dans les journaux Le Diable boiteuxet Le Béranger


avant la publication du Portrait intime de Balzac, sa vie, son humeur et son caractère, par Edmond Werdet, son ancien libraire-éditeur(Paris, E. Dentu et A. Silvestre, 1859, gr. in-18), où apparut, pour la première fois, son prénom « Edmond », qui s’était déjà signalé en 1836 et 1837 de façon abrégée par « Ed. ». Il fit paraître son article « Gustave Planche. Souvenirs inédits de Werdet, son ancien libraire-éditeur, 1834 – 1843 » dans la Revue anecdotique des excentricités contemporaines (Paris, Second semestre, Année 1859, t. IX, N° 2, p. 29-44 et N° 3, p. 49-72).


Revenu à Paris en 1859, Werdet habita 36 chaussées du Maine [avenue du Maine, XVe], où il rejoignit son ami Eugène Garay de Monglave (1796-1873), fondateur du journal Le Diable boiteux, qui s’y cachait sous le nom d’Oscar Mac Carthy pour échapper à ses créanciers.



Werdet étudia alors à la Bibliothèque de l’Arsenal, pour publier De la librairie française. Son passéson présentson avenir, avec des notices biographiques sur les libraires-éditeurs les plus distingués depuis 1789 (Paris, E. Dentu, 1860, gr. in-18), 


puis son Histoire du livre en France, depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789(Paris, E. Dentu, Auguste Aubry et L. Hachette, 1861-1864, 4 parties en 5 vol. gr. in-18). Lors de la publication de la troisième parte de cette dernière, Jules Tardieu (1805-1868) fit part de sa compassion :


« Un phénomène étrange s’accomplit sous nos yeux distraits, et nous le remarquons à peine : un mourant, un vaincu, une victime du livre se relève et écrit d’une main fiévreuse et défaillante toute l’histoire du livre en sept ou huit gros volumes.

Il peut à peine marcher, et il marche, il cherche, il accumule les documents pour son œuvre ; ses yeux sont perdus, il est presque aveugle, et il lit les textes et les petits textes de commentaires ; il n’a pas d’argent, et il paye son imprimeur.

Le plus clairvoyant, le plus intrépide, le mieux secondé d’entre nous aurait peut-être reculé devant une entreprise pareille, devant une œuvre qui embrasse pour ainsi dire toute l’histoire de l’esprit humain ; eh bien ! ce faible, cet abandonné, le fait ou plutôt l’a déjà fait, car l’œuvre est presque achevée. Nous avons vu le temps où sa pauvre femme soutenait ses pas, suppléait à sa cécité et lui faisait la lecture, et – à présent il est seul.

A quoi nous servirait de tenir une plume si ce n’était pour rendre hommage à tant d’efforts, pour exprimer devant nos confrères notre intérêt et notre pitié pour cet esprit vaillant qui survit à une nature débile, qui lutte contre tant d’infortune. […]

Espérons qu’une récompense, un encouragement, un secours quelconque, ou tout au moins la sympathie de la librairie, viendront réconforter le pauvre travailleur. »

(J. T. « Bibliographie ». In Chronique du Journal général de l’imprimerie et de la librairie, 5 décembre 1863, p. 201-202)   


Malgré les recommandations de ses anciens collègues – Firmin-Didot, Hachette, Baillière, Delalain, Tardieu – et celles de ses amis encore vivants – Sandeau, Jubinal, Dalloz, Lacroix, Lucas, Houssaye, Pichot -, Werdet n’obtint du ministre de l’Instruction publique qu’une modeste pension, très insuffisante pour vivre. Le Cercle de la librairie et la Société des Gens de lettres lui accordèrent plusieurs fois des secours.


Reine Simon décéda le 13 août 1861, à Toul, au nouveau domicile conjugal de la rue Saint-Amand. Werdet revint habiter avec son fils, monteur mécanicien, à Paris [XIVe], 45 rue du Chemin-de-Fer. Il donna sa démission et son brevet de libraire fut repris par Joseph-Baptiste Lefeuvre, le 19 mai 1862. Le 26 juillet 1862, son fils épousa Apolline Grélot, lingère, née à Azerailles [Meurthe-et-Moselle], le 4 avril 1817, veuve de Jean-Baptiste Destape le 4 décembre 1855.


Werdet continua ses publications : « Mon jardin du cap Sunium », dans L’Artiste(Paris, 1862, t. II, p. 60-64) ; 


Extrait de l’Histoire du livre en France. Études bibliographiques sur la famille des Didot (Paris, E. Dentu et Auguste Aubry, 1864, in-8), tiré une première fois à 100 exemplaires, dont 20 seulement furent livrés au commerce, et une seconde fois, la même année, à 70 exemplaires, dont 20 seulement furent vendus.


Désemparé depuis la mort de sa femme, Werdet se décida, en 1865, à aller vivre chez son fils, devenu modeste chauffeur à Champs-sur-Marne [Seine-et-Marne]. Il publia encore dans La Petite Revue ses souvenirs sur Maurice Alhoy (21 avril 1866, p. 153-158) et « Le Pseudonyme Michel Raymond » (30 juin 1866, p. 99-104). 


Il mourut chez son fils, le 27 février 1870 ; son enterrement fut payé par la Société des Gens de lettres.



Ses Souvenirs de la vie littéraire. Portraits intimes (Paris, E. Dentu, 1879, in-8) furent publiés après sa mort.


















Paul Eudel (1837-1911), « le Tite-Live de l’Hôtel des Ventes »*

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Le Crotoy, vu de l'embouchure de la Somme (1830)

Petit port relégué au bout du monde, Le Crotoy [Somme] fut le lieu de naissance de Paul-Charles-Théodore Eudel, rue Albain Lecomte, le 23 octobre 1837, fils de Joseph-François de Paule Eudel (1802-1889), deuxième du nom, receveur des douanes, et de Marie-Corentine-Charlotte Boyé (1812-1864), mariés à Douarnenez [Finistère], le 23 avril 1829.




La famille Eudel eut pour berceau la petite ville de Corbie [Somme], près d’Amiens. Elle remonte par filiation suivie à Pierre Eudel, procureur fiscal de cette ville, dont la veuve, Marie Leclerc, est décédée le 19 juillet 1566. Antoine Eudel, licencié ès lois, fils de Pierre, fut notaire royal à Corbie. Il épousa Jacqueline de Vaulx et en eut, entre autres enfants, deux fils, Pierre et Louis, tous deux notaires à Corbie, qui furent les auteurs de deux branches.

L’auteur de la branche cadette, Louis Eudel, vint se fixer à Doullens [Somme] et fut conseiller du roi en l’élection de cette ville ; il se distingua à la reprise d’Amiens en 1597.

Son fils, Sébastien Eudel, vint se fixer à Péronne [Somme], y exerça les fonctions de conseiller au grenier à sel et en fut élu plusieurs fois échevin. Il avait acheté en 1666 à Brie, à 7 km au sud de Péronne, le fief du Gord ou de la Tour du Gord.

Florimond Eudel, fils du précédent, d’abord président en l’élection de Péronne, fut mayeur de cette ville de 1683 à 1686, charge qui lui conféra, ainsi qu’à ses descendants, la noblesse au premier degré. 


Il fit enregistrer son blason à l’Armorial général, dressé en vertu de l’édit de 1696 par Charles d’Hozier : « D’azur à un chevron d’or accompagné de trois demi-vols d’argent, deux en chef, un en pointe », avec une couronne de comte, deux sirènes pour supports et une sirène tenant un bouclier dans la main senestre et de la dextre une banderole portant la devise « IN PROCELLIS IMPAVIDÆ » [Calmes dans les tempêtes] pour cimier.

Florimond Eudel eut pour fils unique François de Paule-Florimond Eudel, premier du nom, seigneur de la Tour du Gord, né le 30 août 1681, décédé le 13 septembre 1741, qui fut à son tour mayeur de Péronne.


Depuis, les hasards de la carrière administrative fixèrent les membres de la famille successivement à Laval [Mayenne], à Dieppe [Seine-Maritime], à Angers [Maine-et-Loire], à Givet [Ardennes], à Agde [Hérault], à Boulogne-sur-Mer [Pas-de-Calais], à Douarnenez, à Saint-Armel [Morbihan], au Crotoy et à Nantes [Loire-Atlantique].

Fils de François de Paule-Florimond Eudel, premier du nom, François de Paule-Florimond Eudel, deuxième du nom, seigneur de la Tour du Gord, né à Péronne le 9 août 1718, fut contrôleur des fermes du Roi à Laval, puis directeur des fermes du Roi à Angers, où il mourut le 17 avril 1792. Il avait épousé, à Dieppe, le 19 août 1750 Thérèse Bouvet, née à Preuilly-sur-Claise [Indre-et-Loire], et en eut trois fils : François de Paule-Benjamin, auteur d’une branche fixée à Paris ; Pascal-François, auteur de la branche de Thouron, passée en Autriche ; et Joseph-François de Paule, auteur de la branche du Gord, dont les membres habitèrent Paris, Nantes et Chandernagor [Inde].

L’auteur du troisième rameau, Joseph-François de Paule Eudel, premier du nom, né à Angers le 26 février 1764, épousa à Givet, en 1794, Isabelle-Joseph Lambert, née à Cambrai [Nord], et mourut le 21 juillet 1816 à Boulogne-sur-Mer où il était directeur des douanes. Son fils Joseph-François de Paule Eudel, deuxième du nom, né à Agde le 22 juillet 1802, mourut le 4 février 1889 à Nantes, où il avait été nommé vérificateur des douanes en quittant sa résidence du Crotoy en 1841 ; 


il avait loué au 1 rue Mazagran un très modeste appartement, qui donnait sur la rue de Launay, au 3eétage de la maison du serrurier Bernard-Félix Bonnet, au-dessus de celui des parents d’Alexandre Legros, venus de Saint-Malo ; dessinateur de goût et esprit érudit, il laissa des études philosophiques et quelques travaux littéraires.


Après la pension dirigée par Arsène Leloup (1803-1876), ancien pharmacien à Rennes et futur maire de Nantes, Paul Eudel entra au lycée de Nantes en 1850. À la sortie du lycée, il se livra d’abord au commerce. Il entra comme employé dans le comptoir d’armateur de Gabriel Lauriol (1807-1889), habita une chambre rue du Vieux Chemin de Couëron [rue La Bourdonnais] et forma déjà une bibliothèque de ses auteurs favoris, Victor Hugo, Chateaubriand et l’historien Thiers. 


Pour trouver un débouché à son activité, il partit le 25 novembre 1856 pour l’île de La Réunion sur le navire « Anna-Gabrielle » rejoindre son oncle Charles Eudel, riche planteur et grand négociant à Saint-Pierre. Revenu à Nantes le 22 juin 1858 sur le trois-mâts « Antarès », il fut pendant quelque temps principal employé dans la maison de commerce de Suffisant, puis le fondé de pouvoir d’Alphonse Cézard (1831-1892), armateur avec lequel il collabora à plusieurs ouvrages d’intérêt local, dont Nantes et son commerce extérieur (Nantes, Imp. du Commerce, Évariste Mangin, septembre 1860, in-8). Il trouva le temps de collaborer à différents journaux, signant ses articles des pseudonymes « Paul du Crotoy », « Sinbad le Marin » et « Paul du Gord » : ce fut le Courrier de Nantes qui inséra ses premiers essais en 1860. Il débuta ensuite, avec des fonds qui lui furent avancés, comme commissionnaire avec la Guyane, les Antilles et les Indes. 


Membre de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure en 1861, puis de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure en 1863, il publia ses « Souvenirs de voyage. Île de La Réunion. Études pittoresques sur le quartier Saint-Pierre » dans les Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure (Nantes, Ve Mellinet, 1863, t. XXXIV, p. 343-415), qui furent tirés à part l’année suivante (Nantes, Ve Mellinet, 1864, in-8).

Demeurant alors chez ses parents, à Nantes, il épousa, le 4 janvier 1864, Élisabeth-Marie Clémenson, née à Nantes, le 24 septembre 1843, fille d’Alcide-Juste Clémenson (1812-1902), avocat, et de Rosalie-Félicité Mac (1818-1897). 


Le jeune couple, qui s’installa rue des Arts, n’eut pas d’enfant.

Eudel devint consul d’Haïti en 1869. En 1871, ses concitoyens récompensèrent ses efforts patriotiques pendant la guerre – il avait organisé l’artillerie de la Garde nationale - en le nommant conseiller municipal, mais il démissionna au bout de deux ans.



Ses affaires ayant vite prospéré, il prit en 1873 la direction d’une raffinerie de sucre, qu’il quitta en 1877 pour venir habiter à Paris, dans un immeuble construit en 1848, 12 rue Rougemont [IXe], et pouvoir satisfaire enfin ses goûts artistiques et se consacrer entièrement aux lettres.


Paul Eudel dans la bibliothèque du baron Jérôme Pichon

Dès son arrivée dans la capitale, il se mêla au monde des bibliophiles, suivit les grandes ventes et courut les ateliers :


« C’est en admirant un jour les belles choses dont vous avez su vous entourer, grâce à des recherches incessamment poursuivies, que j’ai senti naître en moi le goût de la curiosité. »

(Paul Eudel. « A M. le baron Jérôme Pichon ». In L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1882. Paris, G. Charpentier, 1883, p. [5])


Paul Eudel
Photographie par Nadar

Devenu collectionneur, critique d’art et auteur dramatique, ses publications formèrent une soixantaine de volumes sur des sujets variés – qui furent souvent des tirés à part de publications dans la presse -, et au moins sept préfaces pour : Les Estampes du XVIIIe siècle. École française. Guide-Manuel de l’amateur (Paris, E. Dentu, 1885, in-8), par Gustave Bourcard ; Causerie humoristique sur les éventails, par un revenant duXVIIIe siècle(Châlons-sur-Marne, Martin frères, 1886, in-8), par Armand Bourgeois ; La Garantie française et ses poinçons(Alger, S. Léon, 1898, in-8), par Paul de Cazeneuve ; Répertoire des ventes publiques cataloguées de livres, autographes, vignettes, estampes et tableaux. Index biblio-iconographique (Paris, 1895, gr. in-8), par Pierre Dauze ; Catalogue des livres rares et curieux composant la bibliothèque Champfleury (Paris, Léon Sapin, 1890, in-4) ; Catalogue des eaux-fortes, lithographies, caricatures, vignettes romantiques, dessins et aquarelles formant la collection Champfleury (Paris, Léon Sapin, 1891, in-4) ; Catalogue des autographes composant la collection Champfleury (Paris, Étienne Charavay, 1891, in-4). Il prit en outre une place importante dans des journaux, des revues et des recueils divers, où il publia de nombreuses nouvelles, variétés et études historiques. Il devint membre de nombreuses sociétés savantes, artistiques et littéraires : Association parisienne des Anciens élèves du lycée de Nantes (1883), Société des Gens de Lettres (1883), Société des Amis des monuments parisiens, Société des Traditions populaires, La Marmite, Société amicale des Frans-Picards, Les Rosati, Société des Amis des arts de Nantes, Société des Bibliophiles contemporains (membre fondateur, 1889), Société des Miniaturistes et enlumineurs de France, Cercle funambulesque, Syndicat de la critique littéraire, Association artistique et littéraire de Bretagne, Les Cent Bibliophiles (1895), Société des Amis du Louvre, Société historique algérienne (1898), Société de géographie d’Alger (1899), Société des Agriculteurs de France (1902).


Dans plusieurs journaux, il publia des chroniques sur les ventes de l’Hôtel Drouot et le mouvement général de la curiosité en France, sous divers pseudonymes : « Le Cousin Pons », « Paul du Crotoy », « Un habitué de l’hôtel Drouot ». En particulier, il rédigea pour Le Figaro, du 5 novembre 1883 au 2 juin 1885, 47 articles sur « L’Hôtel Drouot et la curiosité », signés de son nom. Tous ces articles de journaux furent réunis en 9 volumes, qui lui valurent le surnom d’« historiographe de l’Hôtel Drouot » : 



L’Hôtel Drouot en 1881. Avec une préface par M. Jules Claretie(Paris, G. Charpentier, 1882, in-12, 50 ex. numérotés sur papier de Hollande avec front.). Dédié à son ami Léonce Leroux.

L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1882. Avec une préface par M. Armand Silvestre. Deuxième année (Paris, G. Charpentier, 1883, in-12, 50 ex. numérotés sur papier de Hollande avec un portrait de l’auteur). Dédié à son cher maître et ami, le baron Jérôme Pichon.

L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1883. Avec le portrait de l’auteur et une préface par Charles Monselet. Troisième année(Paris, G. Charpentier, 1884, in-12, 50 ex. numérotés sur papier de Hollande avec front.). Dédié au collectionneur le plus érudit de la ville de Nantes, le baron de Wismes.


Vente Hamilton

En 1883, il publia La Vente Hamilton. Avec vingt-sept dessins hors texte (Paris, G. Charpentier, 1883, in-8, 500 ex. numérotés et 50 ex. non numérotés, nominatifs et offerts), sur les ventes anglaises ; 


Le Baron Charles Davillier (Paris, Motteroz, 1883, in-8, ill.), collectionneur ; Collection Aimé Desmottes (Paris, Leroux, Le Puy, Marchessou, 1883, in-18), autre collectionneur.


Exemplaire de Champfleury
Photographie Librairie Alban Caussé et Jacques Desse


60 planches d’orfèvrerie de la collection de Paul Eudel pour faire suite aux Eléments d’orfèvrerie composés par Pierre Germain(Paris, Quantin, 1884, in-4, 400 ex. numérotés) contient la gravure des meilleures pièces de la collection de l’auteur, vendue la même année à l’Hôtel Drouot, les vendredi 25 et samedi 26 avril, avec Catalogue de l’argenterie ancienne appartenant à M. Paul Eudel(Paris, 1884, in-8, 174 lots) :



« Une chocolatière en or a été payée 16,000 fr. Ch. Mannheim [l’expert] en avait demandé 20,000 fr.

Une paire de candélabres à trois branches, admirablement ciselés, faite en 1743 par Regnard, 15,200 fr.

Deux flambeaux décorés d’élégants ornements et datant de 1764, 7,700 fr.

Deux saucières à contours rocaille, signées d’Haudry, en 1745, 9,400 fr. à M. le prince Demidoff.

Deux soupières, l’une Louis XVI, faite par Antoine Cheret, 7,500 fr., l’autre, Louis XV, d’un très beau style, 13,000 fr.

Deux médaillons en argent repoussé, représentant Louis XVI et Marie-Antoinette, 4,600 fr.

Un magnifique pot à boire, 3,250 fr., acheté par M. Stettiner.

Deux remarquables vases japonais, en forme de balustre avec ornements gravés, 2,550 fr.

Un panier à pain, argenterie anglaise, de 1770, 1,200 fr.

Le produit total des deux vacations, dans lesquelles s’est dispersée cette belle collection, adonné 205,296 francs. »

(Le Figaro, dimanche 27 avril 1884)


Photographie Les Livres du Pont-Neuf, Romainville

La même année 1884, Eudel publia : Le Truquage. Les Contrefaçons dévoilées (Paris, E. Dentu, 1884, in-12), dédié à Alexandre Legros, son ami haut fonctionnaire des douanes et poète ; Pornic et Gourmalon (Nantes, Imprimerie du Commerce, 1884, in-12, 50 ex. sur vélin d’Arches) ; Les Locutions nantaises. Avec une préface par Charles Monselet (Nantes, A. Morel, 1884, in-18, front. d’après Girin et 26 lettrines à pleine page par Arcos).


Hôtel du 9 rue Laval, par L. Parent
La Vie parisienne à travers le XIXe siècle  (Paris, Plon, 1901, vol III, p.181)




Chez Paul Eudel, 19 rue Laval

En 1885, Eudel acheta et emménagea dans la célèbre maison du 9 rue Laval [rue Victor Massé, IXe], construite en 1840 par l’architecte Victor Courtiller (° 1798) pour le peintre Paul Delaroche (1797-1856), dont la façade fut sculptée par le célèbre animalier Auguste Lechesne (1815-1888), et où mourut l’ingénieur Georges Leclanché (1839-1882), inventeur d’une nouvelle pile électrique en 1866 :


« L’autre jour, poussé par je ne sais quel caprice de locomotion, je sortis de chez moi à l’aide du moyen indiqué par Dante, - en ne levant pas un pied de terre que l’autre ne fût posé ; un Anglais eût été tout droit manger des sandwichs sur le sommet de l’Himalaya, ou prendre du thé dans le tombeau de Chéops. Moi, plus audacieux, je m’engageai hardiment dans la rue de Laval, une rue fantastique, aussi peu fréquentée que le détroit de Béring, peut-être moins, car l’on n’a pas pour y aller le prétexte de la pêche à la baleine ; - et là, je trouvai un monument qui serait décrit et dessiné avec beaucoup de soin, s’il était noir, écorné et situé à quelques centaines de lieues d’ici, dans une ville à nom bizarre ; c’est tout bonnement un atelier de peintre dont la façade, arrangée dans le goût de la renaissance, est ornée de délicieuses sculptures, non de ces applications de carton peint ou de papier mâché qui enjolivent les cafés, mais de sculptures fines et franches, précieusement fouillées dans la pierre vive, d’un caprice et d’un goût charmants : la principale est une espèce de bordure qui entoure la verrière d’où l’atelier tire son jour ; le motif en est plein de grâce et de naïveté ; c’est la vie d’un oiseau, - un vrai petit poëme de pierre.

A travers les volutes d’une riche arabesque de feuillage se développent toutes les phases de cette existence aérienne : les chants, les amours, la construction du nid, la couvée, la becquée ; chaque enroulement du rameau forme le cadre d’une de ces jolies scènes ; - les périls qui menacent l’oiseau n’y sont pas oubliés ; - sous les larges feuilles se cache le serpent dont l’haleine musquée enivre, et dont l’œil immobile fascine ; l’écureuil gourmand, le lézard alerte, s’accrochent de leurs griffes aux rugosités de l’écorce pour aller sucer les œufs attiédis : le milan plane là-haut, ennemi plus noble, mais tout aussi impitoyable. On ne saurait trop louer la souplesse et la liberté de ciseau avec lesquelles sont rendus les branches, les feuillages qui rappellent le grand style de la guirlande eucharistique du peintre Saint-Jean.

La diversité du travail, en colorant les différentes portions de la bordure, leur donne une valeur et une saillie que l’on n’obtient pas toujours avec un relief plus puissant. Les noirs et les blancs sont parfaitement entendus, et l’air joue dans tout l’ouvrage. Les mascarons, les grappes de fruits, les tresses de fleurs et les figurines qui complètent la décoration sont du plus gracieux effet. Aucun artiste de la renaissance ne désavouerait cette charmante façade. Le temps ne l’a pas encore noircie et n’a pas, comme le dit un grand poëte, passé son pouce intelligent sur les arêtes des sculptures, mais l’outrage ne lui a pas manqué. Quelques-unes de ces hideuses grenouilles de ruisseau qu’on appelle gamins de Paris, à qui Bouffé a le tort de prêter sa sensibilité et sa poésie, ont trouvé spirituel de casser les becs d’oiseaux, les pointes d’ailes, les vrilles de fleurs qui sont à hauteur de la main. – Si la ville n’était pas pavée et que la voie publique fournît des cailloux, il y a longtemps que ces délicates fantaisies seraient bombardées du matin au soir.

(Théophile Gautier. « Maisons sculptées modernes. » In Le Cabinet de l’amateur et de l’antiquaire. Paris, Au bureau du journal, 1843, t. II, p. 540-542)


Lorsque Jules Claretie, nommé directeur de la Comédie-Française, quitta le 22 octobre 1885 les colonnes du journal Le Temps, où il rédigeait depuis le 13 janvier 1880 « La Vie à Paris », Eudel lui succéda à partir du 9 décembre 1885 sous le titre de « La Vie artistique et la Curiosité ».


Exemplaire de Roger Marx
Photographie  Le Bouquiniste, La Motte-Saint-Martin

Au cours de l’année 1885, Eudel publia : Collections et collectionneurs (Paris, G. Charpentier et Cie, 1885, in-12), dédié à son ami et confrère Gustave Gouellain ; 


Constantinople, Smyrne et Athènes. Journal de voyage (Paris, E. Dentu, 1885, in-12, ill. de Frédéric Régamey et A. Giraldon), récit d’un voyage à Istanbul en 1872 ; 

Couverture

Frontispice

Les Ombres chinoises de mon père (Paris, Édouard Rouveyre, s. d. [Achevé d’imprimer le 31 octobre 1885], gr. in-8, ill. par F. Régamey, 10 ex. sur papier de Chine), dédié, « en vers libres et émancipés », à Georgette Bourgoin et à Pierre Berthélier, qui donna au cabaretier Rodolphe Salis (1851-1897) l’idée de créer un théâtre d’ombres au célèbre cabaret parisien « Chat noir », 12 rue Laval.

Eudel poursuivit la publication de ses volumes sur l’Hôtel Drouot :

L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1883-1884. Avec une préface par Champfleury. Quatrième année (Paris, G. Charpentier, 1885, in-12). Dédié au commandant Jacques Georgin, ancien camarade de classe de troisième au lycée de Nantes.

L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1884-1885. Avec une préface par Philippe Burty. Edition ornée d’un portrait de l’auteur par Worms et de nombreuses illustrations. Cinquième année (Paris, G. Charpentier, 1886, in-12, front. et ill.). Dédié à l’écrivain, l’artiste et l’ami Frantz Jourdain.


Une salle de l'Hôtel Drouot

L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1885-1886. Avec une préface par Émile Bergerat. Nombreuses illustrations par Job et Comba. Sixième année(Paris, G. Charpentier et Cie, 1887, in-12). Dédié à Alexandre Perthuis-Laurent, qui l’avait présenté à la Société archéologique de Nantes.

L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1886-1887. Avec une préface par Octave Uzanne. Septième année (Paris, G. Charpentier et Cie, 1888, in-12). Dédié à Roger Marx, critique d’art.

L’Hôtel Drouot et la Curiosité en 1887-1888. Avec une préface par Edmond Bonnaffé. Huitième année(Paris, G. Charpentier et Cie, 1889, in-12). Dédié à Paul Brenot, ancien collègue du temps des affaires commerciales :


« Je m’arrête à ce tome VIII, avec la conviction d’avoir fait une œuvre plus utile que si j’avais écrit des romans et avec l’espérance qu’elle servira à étudier dans l’avenir le mouvement de l’art et de la curiosité à la fin du XIXe siècle. » (p. VI)


L’Hôtel Drouot et la Curiosité. Table des noms cités dans les huit volumes. Préface par Jules Troubat. Neuvième volume(Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, 1891, in-12). Tiré à 500 exemplaires, plus : 10 sur papier de Hollande, 5 sur papier de Chine, 2 sur papier de Wathman [sic], 2 sur papier bleu, 2 sur papier rose.


En 1889, Eudel avait participé à la rédaction du catalogue Exposition rétrospective de l’art français au Trocadéro (Lille, L. Danel,1889, in-8).



Jamais il ne cessa d’écrire : Champfleury, sa vie, son œuvre & ses collections (Paris, Léon Sapin, 1891, in-8) ; La Bourboule à vol d’oiseau (La Bourboule, Jules Petit, 1892, in-12) ; 


un certain nombre de pièces, comédies, ballets ou pantomimes, dont La Statue du Commandeur, pantomime en trois actes (Paris, Au Ménestrel, 1892, in-8), écrite avec Évariste Mangin (1825-1901), ancien imprimeur et ancien directeur du journal Phare de la Loire ; 


L’Argot de Saint-Cyr (Paris, Paul Ollendorff, 1893, in-16), sans nom d’auteur ; 


« A l’Hôtel Drouot », pour les Balades dans Paris (Paris, Bibliophiles contemporains, 1894, in-4, ill., 160 + 20 ex., p. 33-70) ;  A La Bourboule (Paris, Paul Ollendorff, 1894, in-16) ; L’Habitation et le Mobilier à travers les âges (Paris, Imprimerie Pariset, 1894, in-18) ; « Journal de bord de mon frère Émile » dans la Revue illustrée des provinces de l’Ouest (Paris, 1894, t. XIV, p. 188-198, 307-312 ; 1895, t. XV, p. 47-52, 107-111, 171-176 ; 1895, t. XVI, 47-53, 98-101, 180-186 ; 1895, t. XVII, p. 176-179 ; 1896, t. XVIII, p. 75-80, 217-221 ; 1896, t. XIX, p. 40-48, 99-102, 227-232, 274-279 ; 1897, t. XX, p. 158-160, 190-192), qui fut tiré à part plus tard (Savenay, Imprimerie Allair et Huteau, 1897, in-4) ; La Cascade du Plat-à-Barbe (Souvenir d’Auvergne) (La Bourboule, Imprimerie gauloise, 1895, in-12) ; Mosaïque, vers (Paris, 1895, in-32), pour les amis de l’auteur ; Un peu de tout (Paris, Paul Ollendorff, 1896, in-12, t. I ; Paris, Librairie Molière, 1905, in-12, t. II), qui renferme des articles publiés dans divers journaux et revues ; « Poètes bretons inconnus. Alexandre Legros » dans la Revue de Bretagne, de Vendée & d’Anjou (Paris et Nantes, Société des Bibliophile bretons, 1897, t. XVIII, p. 202-223, 285-311, 358-383, 430-444 ; 1898, p. 15-28, 104-116, 222-228), tiré à part (Vannes, Lafolye, 1897, in-8) ; Envois d’auteurs (Issoudun, Imprimerie Louis Sery, 1898, in-12) ; À travers la Bretagne (Paris, Paul Ollendorff, 1898, in-18, ill.), à la mémoire du collectionneur et céramographe Gustave Gouellain (1836-1897).



Le 23 mars 1895 eut lieu, dans une des salles du restaurant Marguery, 36 boulevard Bonne-Nouvelle [Xe], entre le théâtre du Gymnase et l’angle de la rue d’Hauteville, célèbre pour son filet de sole au vin blanc, l’Assemblée générale constitutive de la Société Les Cent Bibliophiles, avec Alfred Piat (1826-1896) comme président, Paul Eudel et Maurice Quentin-Bauchart (1857-1910) comme premier et deuxième vice-présidents.



Eudel mit en vente une partie de sa bibliothèque, à l’Hôtel Drouot, du lundi 9 au mercredi 11 décembre 1895 : Bibliothèque de P. E. Catalogue de livres rares et curieux et d’affiches illustrées (Paris, Léon Sapin, 1895, in-8, XIII-73 p., ill., 561 lots).


En 1896, il profita d’une mission du ministère des Beaux-Arts, renouvelée plusieurs années de suite, pour étudier l’art arabe et séjourner, à plusieurs reprises, en Algérie : le climat y était en outre bénéfique pour sa santé, qui avait fait de lui un habitué, chaque été, des stations thermales du Puy-de-Dôme, La Bourboule et Royat. 


En 1898, il mit en vente son hôtel de la rue Victor Massé :


« Sa distribution intérieure est des plus confortables. Au rez-de-chaussée, vestibule, antichambre correcte, chambres de domestiques, calorifère et cuisine. Au premier étage, les appartements particuliers, antichambre, salle à manger, chambres à coucher, salle de bain et véranda. Au second, grande galerie de huit mètres de hauteur avec serre et loggia et petit salon. Au troisième, immense hall servant de bibliothèque. Au quatrième, quelques chambres à coucher.

Me Moyne, notaire, 7, rue Laffitte, montera le 3 mai “ au fauteuil ” pour procéder à l’adjudication de cette artistique habitation sur la mise à prix de 160,000 fr. Au taux actuel de la rente à 3 %, cela fait, en somme, un loyer de cinq mille francs pour un hôtel de quatre étages au centre de Paris, à cinq minutes du boulevard. C’est une occasion rare. »

(Le Figaro, dimanche 1er mai 1898)    


Suivirent ses collections, dont la vente eut lieu à la galerie Georges Petit, 8 rue de Sèze, du lundi 9 au mercredi 11 mai 1898, et en son hôtel de la rue Victor Massé, le jeudi 12 mai 1898 : Catalogue des tableaux, pastels, aquarelles, dessins anciens et modernes […], gravures, objets d’art et d’ameublement du XVe au XVIIIe siècle, tapisseries composant la collection de M. Paul Eudel (Paris, 1898, in-8, 73 p., ill., 396 lots).



Et une autre partie de sa bibliothèque, vendue à l’Hôtel Drouot, du jeudi 12 au samedi 14 mai 1898, puis rue des Bons Enfants, à partir du lundi 16 mai 1898 : Catalogue de la bibliothèque de M. Paul Eudel. Première partie(Paris, Ém. Paul et fils et Guillemin, 1898, in-8, XX-178 p., 10 pl., ill., 403 lots) ; Catalogue de la bibliothèque de M. Paul Eudel. Deuxième partie (Paris, Ém. Paul et fils et Guillemin, 1898, in-8, 30-[2] p., 165 lots [chiffrés 404-568]).


« On y remarque de nombreux ouvrages anciens et modernes sur la théologie, la jurisprudence, les belles-lettres, l’histoire, les beaux-arts, etc. Des recueils importants de dessins et de gravures, une nombreuse réunion d’Almanachs illustrés du XVIIIesiècle, couverts de reliures anciennes. Des livres sur le costume, l’art décoratif, la céramique et l’orfèvrerie. Des ouvrages d’auteurs contemporains, en grand papier et en éditions originales, souvent ornées d’aquarelles dans le texte, et revêtus de belles reliures de Chambolle-Duru, Marius Michel, Meunier et autres. Une superbe trousse que l’on suppose avoir été exécutée par Ève, probablement pour l’écuyer tranchant de Marguerite de Valois, reine de Navarre. »

(Archives de la Société française des Collectionneurs d’ex-libris. Paris, avril 1898, p. 52)


 
4 rue Gustave Flaubert (avril 2018)
À la fin de 1898, Eudel habita l’immeuble du 4 rue Gustave Flaubert [XVIIe], qui venait d’être construit par l’architecte Paul Miroude (1855-1922). Parmi ses dernières publications : 


Photographies Librairie Eric Casteran, Toulouse

L’Orfèvrerie algérienne et tunisienne. Ouvrage illustré de nombreux dessins, chromolithographies et cartes (Alger, Adolphe Jourdan, 1902, gr. in-8, ill.) ; Mes vingt et un jours à La Bourboule (Niort, L. Clouzot, 1903, in-18, front. et ill.), dédié à Madame Nélie Vimal-Choussy ; Champfleury inédit (Niort, L. Clouzot, 1903, in-12) ; Le Comité républicain de Nantes, 1870-1874 (Niort, L. Clouzot, 1903, in-8) ; Théâtre(Paris, Librairie Molière, 1903, in-16, 1 ex. sur Japon et 4 ex. sur papier à bras), avec une préface de Jules Claretie, qui réunit en un volume les comédies, monologues, monomimes et pantomimes qu’il avait déjà fait paraître séparément ; D’Alger à Bou-Saada. Illustrations de H. Eudel (Paris, Augustin Challamel, 1904, in-12, ill.), dédié à Madame Céline Carpentier, compagne de voyage ; Les Prussiens à Cellettes, 1870-1871(Blois, Migault, 1904, in-18) ; Vocabulaire blésois (Blois, C. Migault, 1905, in-16) ; Le Colonel de Moucheron (Niort, L. Clouzot, 1905, in-18) ; 

Reliure de Chambolle-Duru, aux armes de la Hollande 
Un des 2 exemplaires numérotés sur Japon (N° 292 du catalogue Eudel de 1913)
Lyon, 3 novembre 2016 : 446 € 

La Hollande et les Hollandais. Impressions de voyage (Paris, Le Soudier, 1906, in-12, front.) ; Bibliographie de Royat (Paris, Le Soudier, 1906, in-16) ; Dictionnaire des bijoux de l’Afrique du Nord. Maroc, Algérie, Tunisie, Tripolitaine (Paris, Ernest Leroux, 1906, in-8, fig.) ; « Nantes en 1792 », dans le Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure(Nantes, 1908, t. 49, 2e semestre, p. 207-349) ; 


Trucs et truqueurs. Altérations, fraudes et contrefaçons dévoilées(Paris, Librairie Molière, s. d. [1908], in-12) ; L’Artillerie nantaise, 1870 (Paris, F. Tassel, Nantes, V.-J. Heron, 1909, in-16, 100 ex.) ; Le Crotoy(Paris, Librairie Molière, 1909, in-12, portr. et fig.) ; Figures nantaises (Rennes, Imprimerie de L’Ouest-Eclair, 1909, in-8) ; 


Hivernage en Algérie. Illustrations de H. Craponne-Eudel (Paris, 1909, in-12 agenda, fig., 60 ex. numérotés, 1 ex. sur papier rose, 1 ex. sur papier bleu, 1 ex. sur Japon, 1 ex. sur Chine), dédié à Henriette Craponne-Eudel, sa nièce et fille adoptive ; Fantaisies rimées(Grande Imprimerie de Blois, 1909, 1 ex. sur Japon et 25 ex. numérotés) ; Les Livres de comptes de Hyacinthe Rigaud(Paris, H. Le Soudier, 1910, in-8, 150 ex. ord., 2 ex. sur Japon, 2 ex. sur Hollande, 1 sur pap. rose, 1 sur pap. bleu) ; Annales de La Bourboule (Paris, A. Maloine, 1911, in-12, pl. et tableaux généalogiques).



Après avoir traversé le monde en dilettante, Paul Eudel mourut le 18 novembre 1911 en son château du Gord, à Cellettes [Loir-et-Cher], et fut inhumé à Nantes, au cimetière Miséricorde. 


Dans le même caveau se trouvent sa femme, Élisabeth Clémenson, décédée en 1926, et la grand-mère maternelle de celle-ci, Marie-Joséphine Delorme, née à Yèvres [Eure-et-Loir] le 20 janvier 1782 et décédée à Nantes le 16 avril 1866, veuve de Joseph Mac, médecin.

De tout un peu. Derniers mélanges. Avec préface de M. Olivier de Gourcuff(Paris, H. Le Soudier, 1912, in-16) fut son dernier livre, posthume.


Le vendredi 26 avril 1912, à l’Hôtel Drouot, salle n° 5, furent vendus ses Objets d’art & d’ameublement. Porcelaines de la Chine et du Japon, faïences, tableaux modernes, aquarelles[…], bronzes, pendules, argenterie, masques japonais, deux canons anciens, objets variés, meubles et sièges du XVIIIe siècle et 1er Empire, console d’époque Louis XIV, tapis d’Orient. 



Sa bibliothèque fut vendue à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 8, les mardi 21 et mercredi 22 janvier 1913 : Catalogue de la bibliothèque de M. Paul Eudel (Paris, E. Jean-Fontaine, Jules Meynial Succr, 1912 [1913 sur la couv.], in-8, [4]-153-[1]-[1]-[1 bl.] p., 394 lots), dont Autographes et manuscrits [50 lots = 12,69 %], Livres anciens. Almanachs illustrés du XVIIIesiècle [38 lots = 9,64 %], Beaux-Arts [125 lots = 31,72 %], Littérature [181 lots = 45,93 %]. La vente rapporta au total environ 21.000 francs :


215. About (Edmond). Le Nez d’un notaire. Paris, Calmann-Lévy, 1886, pet. in-8, mar. citron, tête dorée, non rogn., couv. cons. Aux armes de Paul Eudel. De la Collection Calmann-Lévy. 1 des 25 ex. num. sur Japon, enrichi de 31 aquarelles originales de Henry Somm. 230 fr.

229. Champfleury. Le Violon de faïence. Dessins en couleur par Emile Renard de la Manufacture de Sèvres, eaux-fortes par J. Adeline. Paris, Dentu, 1877, in-8, fig., br., couv. ill., dans un étui de mar. brun, plats ornés de filets à froid encadrant deux plaques de porcelaine de Sèvres de P. Avisse et de T. Doat, dos orné, fausses tranches dorées. Ex. de Champfleury, avec 1 lettre de P. Avisse, 1 lettre de J. Adeline, 1 dessin original à la plume, 13 dessins originaux à l’aquarelle. On joint : 40 dessins originaux, 1 pl. d’essai, 9 calques, 8 lettres de Champfleury, 1 lettre de Troubat, les épreuves du texte avec corrections de Champfleury. 500 fr.

307. Halévy (Ludovic). La Famille Cardinal. Paris, Calmann-Lévy, 1883, pet. in-8, cart. mar. rouge, non rogn., couv. cons. Aux armes de Paul Eudel. De la Collection Calmann-Lévy. 1 des 50 ex. num. sur Japon, enrichi en front. d’une aquarelle originale de H. de Sta, et sur les faux titres et les marges de 34 aquarelles originales de H. Dillon. Avec 3 lettres d’Halévy et 1 lettre de Dillon. 230 fr.



328. Maupassant (Guy de). Cinq contes parisiens, illustrations de Louis Legrand. Paris, Pour les Cent Bibliophiles, 1905, in-4, br. Tiré à 130 ex. numérotés [n° 41]. 320 fr.



364. Régnier (Henri de). Trois contes à soi-même. Miniatures de Maurice Ray, gravées par A. Bertrand. Paris, Pour les Cent Bibliophiles, 1907, in-fol., en feuilles dans un étui. 130 ex. 580 fr.



373. Théocrite. Œuvres de Théocrite. Trad. nouvelle de Paul Desjardins, eaux-fortes par Armand Berton. Paris, Société des Cent Bibliophiles, 1910, in-4, fig. br. 130 ex. num. [n° 41 pour Paul Eudel]. 315 fr.



Paul Eudel utilisait un ex-libris qui représente le blason de la famille ; il existe en trois dimensions : 107 x 107 mm, 68 x 68 mm et 52 x 52 mm.





Reliure de Pierson
Photographie Librairie Eric Zink



Les Livres de comptes de Hyacinthe Rigaud (Paris, H. Le Soudier, 1910)
Reliure de Chambolle-Duru
Piasa, 29 novembre 2005


Louis Gonse. Oeuvre de Jules Jacquemart (Paris, Gazette des beaux arts, 1876)

Les fers de reliure utilisés sur les reliures de ses livres sont au nombre de six : le fer N° 1 est la reproduction fidèle de l’ex-libris ; le fer N° 2 diffère du précédent par ses dimensions plus grandes et par l’absence de banderole portant la devise ; le fer N° 3, plus récent, montre, dans un entourage ovale, le blason entouré d’un collier, non identifié ; les fers N° 4 et N° 5 sont semblables, aux dimensions près, et ont été exécutés en 1883 ; le fer N° 6 est un simple écusson français [en accolade par le bas], qui date de 1880.



*Jules Troubat, 1891


  




















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